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Le constat n’a échappé à personne : «La démocratie est l’une des victimes
de la pandémie» de Covid-19. Mais dans quelles proportions et comment ?
Un rapport de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance
électorale(https://www.idea.int/sites/default/files/publications/global-
democratic-trends-before-and-during-covid-19-pandemic.pdf) (Idea) publié
jeudi propose de quantifier ces restrictions aux libertés fondamentales.
Selon l’organisation intergouvernementale qui s’attelle à mesurer «la
qualité de la démocratie», 43% des Etats démocratiques ont mis en place
des mesures restrictives de libertés injustifiées depuis le début de
l’épidémie. Une dégradation des libertés constatée dans 90% des régimes
considérés par l’institut comme «hybrides» ou «autoritaires», où les
atteintes aux droits de l’homme se sont aussi multipliées.
L’institut installé à Stockholm et en partie financé par l’UE classe 162 des
195 pays selon trois catégories (https://www.idea.int/gsod-
indices/#/indices/world-map): démocraties (99), régimes hybrides (33) et
régimes autoritaires (30) en 2019 selon cinq critères prenant en compte la
fiabilité d’élections mais également le respect des droits civiques, sociaux ou
l’égalité entre les sexes. La pandémie ayant servi à justifier ici ou là des
mesures de restriction des libertés publiques au-delà du nécessaire, c’est
un recul sans précédent de la qualité de la démocratie depuis les années 70
que constate Idea.
Dans certains pays, «la pandémie a été clairement utilisée comme prétexte
pour limiter les libertés fondamentales», poursuit Annika Silva-Leander.
En Pologne, les élections législatives se sont
tenues(https://www.liberation.fr/planete/2020/07/13/presidentielle-en-
pologne-courte-victoire-de-l-ultraconservateur-duda_1794123) après une
campagne sous contraintes sanitaires alors que le parti au pouvoir, réélu cet
été, a fait main basse sur la télévision publique.
Etat d’urgence
Parmi les libertés les plus éprouvées : la liberté de mouvement et de
réunion. Nécessaires pour lutter contre la transmission du virus, ces
restrictions n’ont été mises en place que dans 60% des cas dans le cadre
d’un état d’urgence prévoyant des dérogations aux libertés.
Pour autant, ces cadres légaux divergent en fonction des pays «en termes de
motifs, de procédures pour les mettre en œuvre […] d’institutions
compétentes pour les mettre en œuvre». Et «ce qui était initialement perçu
comme un simple problème de santé publique a débordé dans le domaine
politique, affectant les processus démocratiques fondamentaux considérés
comme acquis parfois depuis des décennies», certains Etats omettant d’y
faire figurer des limites temporelles, conclut le rapport.
Désinformation
De fait, des mesures «non nécessaires à la lutte contre la pandémie» ont été
répertoriées, visant par exemple la liberté de la presse et la liberté
d’expression. Harcèlement, expulsions ou emprisonnements de journalistes
se sont intensifiés dans les régimes autoritaires (52% d’entre eux) mais aussi
dans 14% des démocraties. Au total, 81 pays ont restreint les libertés de la
presse et d’expression. En
Hongrie(https://www.liberation.fr/debats/2020/04/19/en-cedant-a-l-
autocratie-la-hongrie-empoisonne-les-ideaux-europeens_1785732), en
Roumanie ou en Russie l’une des justifications étant la lutte contre la
désinformation liée au virus…
A LIRE AUSSI
Manifestations : «Les responsables du maintien de l’ordre ressortent de vieilles recettes
répressives»(https://www.liberation.fr/debats/2020/11/30/manifestations-les-
responsables-du-maintien-de-l-ordre-ressortent-de-vieilles-recettes-
repressives_1807191)