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La rémunération du risque
Mesure et comportement du rendement des actifs risqués
Mesure du rendement des actifs risqués
Risque et incertitude
On confond souvent dans le langage courant les contextes de risque et d'incertitude. On supposera dans la
suite de ce document que le contexte est risqué, c'est-à-dire que l'on peut définir chaque " futur " (scénario)
possible, et lui affecter une probabilité.
Ainsi, on a vu dans le cadre de l'évaluation des actifs financiers que la série des dividendes futurs actualisés
permet d'évaluer l'action. Toutefois, le dividende n'est pas connu à l'avance avec certitude : on en est donc
réduit à utiliser des valeurs probables.
Lorsqu'il est nécessaire de remplacer l'ensemble des valeurs probables par un seul nombre les représentant, on
utilisera généralement l'espérance.
L'espérance mathématique
L'espérance mathématique se calcule en faisant la somme des produits des différentes valeurs possibles par
leurs probabilités respectives :
avec :
E(DPA)
DPAk
Pk
0.15 4 500
0.20 6 000
0.30 9 000
0.20 12 000
0.15 13 500
On calcule le dividende espéré en appliquant la formule de l'espérance mathématique.
Probabilité de réalisation Valeur possible des dividendes
Pkx DPAk
Pk DPAk
L'équation générale qui lie le rendement d'un titre quelconque, son prix et les paiements futurs attachés à
sa détention s'écrit :
avec :
P0
Ft
le rendement
Exemple
Soit une action dont on attend successivement pour les années 1, 2, 3, 4 les dividendes suivants :
2, 2, 3 et 3,50 euros et une valeur de cession de 23 euros à l'année 4.
Pour obtenir un rendement au moins égal à 12 %, à quel prix doit-on acheter l'action?
Le prix d'achat P0 est tel que :
Le rendement d'un portefeuille est égal à la moyenne pondérée des rendement des valeurs qui
constituent le portefeuille. La pondération pour chaque valeur est égale au pourcentage investi
dans la valeur par rapport à la totalité investie dans le portefeuille.
L'équation est la suivante :
avec :
E(rp)
Xj
E(rj)
Total 1 0,162
Soient deux actions i et j, dont le rendement moyen observé est respectivement moy(ri) et
moy(rj).
La covariance est une mesure de l'amplitude de la « co-variation » des rendements de deux
titres, c'est-à-dire de leur tendance à varier plus ou moins ensemble : dans le même sens et
les mêmes proportions.
La covariance entre les deux va tenir compte des similitudes (covariance élevée) ou des
différences (covariance faible) dans l'évolution des rendements observés, respectivement
ritet rjt, par rapport à leur moyenne. Et cela par confrontation, pour chaque date t, de
l'amplitude et du signe des écarts (rit- moy(ri)) et (rjt- moy(rj)) :
Exemple
On observe pour le titre i et le titre j les rendements suivants sur sept périodes consécutives :
t rit rjt
1 5% 10%
2 -3% 15%
3 -7% 17%
4 11% 21%
5 18% 12%
6 23% -1%
7 15% -3%
somme -0,03638572
covariance -0,006
En l'état, le seul commentaire que l'on puisse faire porte sur le signe de la covariance : étant
négative, elle indique que les rendements des titres i et j ont tendance à évoluer en sens
inverse, ce que l'on retrouve intuitivement dans le tableau de données ou celui servant aux
calculs. En revanche, on n'est pas en mesure d'apprécier la synchronisation de ces cycles et
donc le degré de fiabilité de leur relation commune.
La notion de corrélation
La corrélation mesure le degré et le sens de la relation qu'ont en commun deux variables, ici
le rendement de deux actifs risqués. Il est difficile d'interpréter et de comparer la valeur des
covariances, en dehors de leur signe, puisqu'on ne dispose pas d'échelle de mesure dans
l'absolu. La corrélation pallie ce problème en transposant la covariance dans l'intervalle [-1 ;
+1].
Le coefficient de corrélation entre i et j, noté ρ;ij, apporte le complément d'information
nécessaire par le rapport de la covariance aux écarts-types (L'écart-type, égal à la racine
carrée de la variance, sera présenté à la section suivante. On se focalise ici sur le sens et
l'interprétation de la corrélation.) des rendements de chacune des deux actions :
Exemple
Pour l'exemple, l'écart-type de i est 11,05 % et celui de j 9,03 %. Leur coefficient de
corrélation est de ce fait :
Il s'agit d'une corrélation négative moyenne, indiquant que les cycles de hausse et de baisse
des rendements de i et j sont opposés mais ne sont pas totalement synchrones (dans le
tableau de données, les cycles sont plus long pour j que pour i).
Le risque d'un titre, c'est-à-dire l'incertitude de ses rendements futurs, est lié à la plus ou
moins grande dispersion (vs précision) des valeurs futures.
Pour mesurer cette dispersion, on utilise la variance ou l'écart-type. La variance est égale au
carré de l'écart-type.
Il s'agit de mesurer quel est le risque que le rendement réalisé s'écarte du rendement prévu
en moyenne (le rendement espéré). Le risque ainsi envisagé est de nature symétrique : le
rendement obtenu pouvant être supérieur ou inférieur au rendement espéré.
Sur la base de données historiques, la variance des rendements du titre i est donnée par :
Dans le cas de données prévisionnelles (K scénarios k possibles dont la probabilité est
donnée par Pk) :
Exemple
Calcul de l'espérance
E(R i) 4,05%
0,15 5% 0,75
0,30 3% 0,90
0,15 8% 1,20
Calcul de la variance
Pk ri ri- E(ri) [ri- E(ri)]2 [ri- E(ri)]2x Pk
Variance 22,847500
Le risque d'un portefeuille n'est pas la moyenne pondérée des risques des titres qui le
composent. En effet, les variations de rendement de deux titres peuvent se compenser (au
moins partiellement) lorsqu'elles sont de sens opposé.
Le risque du portefeuille dépend donc de la covariance des titres qui le composent. Le risque
d'un portefeuille p de N valeurs est donné par la relation:
des portefeuilles qui offrent le même rendement que certains titres isolés, mais sont
moins risqués ;
des portefeuilles qui ont le même risque que certains titres isolés, mais offrent un
meilleur rendement.
Ces portefeuilles sont donc plus performants que les titres isolés à partir desquels ils ont été
constitués.
Ce résultat a pour conséquence qu'un investisseur rationnel sera plus intéressé par la
contribution d'une action au risque du portefeuille, qu'au risque de l'action pris isolément. On
verra plus loin qu'il est possible de mesurer l'une et l'autre.
On observe maintenant l'ensemble de tous les portefeuilles qu'il est possible de construire à
partir des actions cotées sur un marché donné. Cet ensemble peut être représenté dans le
plan rendement-risque (appelé également moyenne-variance) en matérialisant chaque
portefeuille par un point. Le résultat obtenu est la forme en coquille d'oeuf brisé de la
figure 1.
Sur le graphique, ces principes renvoient aux portefeuilles qui sont le plus possible en haut
(plus de rendement) et à gauche (moins de risque).
Un portefeuille qui est meilleur qu'un autre selon les critères suivants est appelé portefeuille
dominant ou portefeuille efficace.
L'ensemble des portefeuilles efficaces forme la ligne épaisse représentée sur le graphique. Il
s'agit de la frontière efficiente. L'investisseur rationnel choisira donc son portefeuille sur la
frontière efficiente en fonction du compromis rentabilité-risque qu'il préfère.
Puisque la diversification réduit le risque, on peut se demander s'il est possible d'éliminer
toute trace de risque par ce principe. La réponse est non. Une partie du risque reste
présente systématiquement. Le portefeuille de marché (le portefeuille constitué de
l'ensemble des titres présents sur le marché) est lui-même risqué. Ce risque est appelé
systématique et il est lié à (au moins) un facteur commun à toute action et tout portefeuille.
Ce facteur commun peut être compris comme l'environnement macroéconomique qui
conditionne les performances de toutes les entreprises. Le comportement du marché dans
son ensemble (donc du portefeuille de marché) reflète correctement l'influence de ce facteur
« général » sur le risque. Le risque systématique est donc fonction du risque du (portefeuille
de) marché.
On peut alors représenter le risque total d'un titre comme la somme du risque systématique
et d'un risque qui lui est propre, appelé risque spécifique.
Puisqu'on a convenu de mesurer le risque par la variance des rendements, cette relation
peut se formaliser de la manière suivante :
un risque systématique, lié au marché. Si ce risque a la même origine quel que soit le
titre ou le portefeuille i (c'est-à-dire la variance des rendements du marché), il n'a pas la
même importance selon le titre ou le portefeuille i puisqu'il dépend de la valeur de son
« bêta ». Le coefficient « bêta » mesure la sensibilité d'un titre donné au facteur commun
(qui détermine le risque systématique). Son estimation, nécessite simplement de diviser
une covariance (entre les rendements de i, ri, et ceux du marché, rm) par une variance
(des rendements du marché) :
Une conséquence importante de ces résultats est que le risque rémunéré (pour lequel une
prime de risque est offerte) est le risque systématique. Si un investisseur diversifie peu ou
mal son portefeuille, il ne devrait pas obtenir de compensation pour le risque supplémentaire
encouru, puisqu'il peut l'éliminer sans coût supplémentaire en diversifiant correctement.
On suppose maintenant que l'investisseur répartit son investissement entre deux catégories
d'actif : un actif sans risque offrant la même rémunération rfquoiqu'il arrive, et un portefeuille
d'actifs risqué.
Dans ce cadre, on peut montrer facilement que le rendement espéré pour l'investisseur est
une fonction linéaire du risque de son investissement : la relation rendement-risque est une
droite.
L'équation de cette droite est donnée par la relation :
avec :
E(ri)
σi
rf
E(rp)
σp
Cette relation reste toutefois dépendante du portefeuille d'actifs risqués p que l'on a
choisi.
ou encore :
avec :
E(ri)
βi
bêta du titre i
rf
E(rm)
σim
σm2
le bêta d'un portefeuille est la moyenne des bêtas des titres qui le
composent, pondérée par le poids de ces titres dans le portefeuille :
Exemple
On observe conjointement, à différentes dates, les données suivantes
concernant les rendements des actions de la société Iss et ceux du
portefeuille de marché :
t rIss rm
1 2% 7%
2 3% 10%
3 -5% -6%
4 2,3% 3%
5 18% 23%
t rIss rm
6 14% 19%
7 -8% -5%
8 11% 20%
9 17% 18%
Ce qui donne :
Or, le rendement moyen des actions Iss n'est que de 6 %, ce qui est
insuffisant au regard de l'évaluation faite par le MEDAF. Le risque des
actions Iss est donc trop peu rémunéré.
Risque économique et risque financier
ou t est le taux de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, βi est le bêta de
l'entreprise et βSD est le bêta économique ou "sans dettes".
On peut naturellement inverser la relation pour trouver le bêta économique
à partir du bêta de l'entreprise.
Exemple
L'entreprise Mure recherche le coût de ses capitaux propres. Une
entreprise du même secteur d'activité a un bêta de 1,384 et un ratio de
40% de dettes dans la structure des capitaux. Le même ratio pour Mure est
de 45%.
Le taux libre de risque est 4,60%, le rendement attendu du marché 9,80%
et le taux de l'IS 33,1/3%.
On va dans un premier temps calculer le bêta sans dette de l'entreprise de
référence, soit :