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Gematria

La gematria (‫גימטריה‬, aussi « guématrie » ou « gématrie ») est une forme d'exégèse propre à


la Bible hébraïque dans laquelle on additionne la valeur numérique des lettres et des phrases
afin de les interpréter1. Gematria, Temura et Notarikon sont les trois procédés de la combinatoire
des lettres (hokmat ha-zeruf), pour déchiffrer la Torah. La littérature talmudiquereconnaît l'intérêt
de la gematria « classique » mais met en garde les profanes contre le risque de superstition.
Elle se fonde sur la numération hébraïque, dans laquelle, comme dans les autres civilisations
méditerranéennes anciennes, les nombres sont notés avec les lettres de l'alphabet (voir par
exemple numération abjad en arabe). Cette numérologie était utilisée originellement par
lesSofrim (les « scribes », mais aussi « ceux qui racontent » ou « ceux qui comptent ») pour
enseigner lecture et écriture et pour vérifier l'exactitude de leurs copies.
Le mot « gematria » est dérivé du mot grec signifiant « géométrie ». Dans cet article « gematria »
et « guématrie » sont utilisés indifféremment. On rencontre aussi l'expression « numérologie
hébraïque ».

Sommaire

 1Gematria classique
 2La Gematria Sidouri
 3La Gematria  mystique
o 3.1Le procédé par intégration « Millouï »
 4Gematria et herméneutique
 5Gématrie arabe
 6Notes et références
 7Voir aussi
o 7.1Articles connexes
o 7.2Bibliographie
o 7.3Liens externes
o 7.4Gematries fantaisistes

Gematria classique
Une valeur numérique est attribuée à chaque lettre de l'alphabet, selon l'ordre
alphabétiquehébreu. On fait correspondre à chaque mot, la somme de ces valeurs.

Nom Valeur numérique Graphie


aleph 1 ‫א‬
beth 2 ‫ב‬
ghimel 3 ‫ג‬
daleth 4 ‫ד‬
he 5 ‫ה‬
vav 6 ‫ו‬
zayin 7 ‫ז‬
het 8 ‫ח‬
tet 9 ‫ט‬
yod 10 ‫י‬
kaf 20 ‫כ‬
lamed 30 ‫ל‬
mem 40 ‫מ‬

1
nun 50 ‫נ‬
samec
60 ‫ס‬
h
ayin 70 ‫ע‬
pe 80 ‫פ‬
tsade 90 ‫צ‬
qof 100 ‫ק‬
resh 200 ‫ר‬
shin 300 ‫ש‬
tav 400 ‫ת‬

Le Kaph final, Mem final, Noun final, Pé final et Tsadé final ont aussi une valeur numérique
lesquelles sont respectivement 500, 600, 700, 800 et 900.
Un exemple classique de Gematria concerne le verset 14, 14 de la Genèse : « Abram, ayant
appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, enfants de sa maison, trois cent dix huit,
et suivit la trace des ennemis jusqu'à Dan. » Rachi commente2 : « Nos rabbins ont
enseigné : Eliézer était seul, mais la guematria de son nom (1+30+10+70+7+200, ‫ )אֱ לִיעֶ זֶר‬est
trois cent dix-huit (Beréchith raba 42, 2, Nedarim 32a). » Une guématrie chrétienne sur le même
verset se retrouve dans l'Épître de Barnabé (IX, 8)3.

La Gematria Sidouri
Chaque lettre de l'alphabet se voit attribuer comme valeur numérique son rang dans l'ordre
alpha-numérique : Aleph=1, Beth=2...Tav=22.
Exemple : la gematria sidouri du mot yélèd ‫ ילד‬qui signifie enfant vaut 26 car 12=‫ ל‬10=‫ י‬et 4=‫ד‬.
Cette valeur (26) est identique à celle de la gematria, classique et Sidouri, du Tétragramme, ce
qui donne lieu à des interprétations et des discussions approfondies entre kabbalistes.

La Gematria mystique
Dans la numération hébraïque, les neuf premières lettres ont les valeurs 1 à 9, les neuf suivantes
ont les valeurs 10 à 90, et les quatre dernières ont les valeurs 100 à 400. 27 lettres sont
nécessaires pour couvrir l'éventail jusqu'à 900. La gematria mystique fait remarquer qu'aucune
valeur n'est attribuée aux lettres finales (kaf, mem, nun, pe et tsadi sofit), et leur donne donc les
valeurs « manquantes », de 500 à 900, alors que ces valeurs ne sont pas utilisées dans la
gematria classique.

Nom Valeur numérique Graphie


Tav Qof ou Kaf Sofit 500 ‫ ת"ק‬ou ‫ך‬
Tav Resh ou Mem Sofit 600 ‫ ת"ר‬ou ‫ם‬
Tav Shin ou Nun Sofit 700 ‫ ת"ש‬ou ‫ן‬
Tav Tav ou Pe Sofit 800 ‫ ת"ת‬ou ‫ף‬
Tav Tav Qof ou Tsadi
900 ‫ תת"ק‬ou ‫ץ‬
Sofit

Le procédé par intégration « Millouï »


« De même que toutes choses sont contenues de manière latente dans les Sephiroth, de même
les nombres et les lettres enferment-ils des ramifications spirituelles et numérologiques sans
fin.  »[réf. nécessaire]

2
Ainsi, la lettre Aleph (‫)א‬, ne vaut pas seulement 1 mais aussi 111, puisqu'elle contient en elle la
valeur des lettres qui composent son nom complet (111 = 80 + 30 + 1 : ‫)אלף‬
Il en va de même pour toutes les autres lettres de l'alphabet. Les kabbalistes appellent ce
procédé par le nom de « Millouï » ou valeur pleine ou « plérôme ».

Gematria et herméneutique
D'un point de vue herméneutique, les rabbins mettent en relation les mots de la Bible ayant une
même valeur numérique et s'interrogent sur la ou les relations que peuvent avoir entre eux les
passages qui les contiennent. Exposant les règles de l'herméneutique talmudique,Marc-Alain
Ouaknin (Le livre brulé) passe successivement en revue les sept règles de Hillel, les règles
de Nahoum de Gamzo (en), les règles de Rabbi Akiba, les 13 règles de Rabbi Ichmaël, enfin
les 32 règles de Rabbi Eliezer ben Rabbi Yossi le Galiléen, dont « la liste apparaît pour la
première fois dans un texte du Xe siècle qui a pour auteur Abou Walid ibn Janah. (...) Les
principales nouveautés sont (...) la Gematria (...) et le procédé appeléNotarikon (...). Ces deux
derniers procédés sont directement inspirés de procédés d'origine grecque. Dans
la Aggada talmudique et dans le Midrach, ce sont essentiellement toutes les règles autres que
celles de Hillel et de Rabbi Ichmaël qui sont utilisées. » Comme l'écrit Roger Le Déaut, « On peut
penser ce que l'on voudra d'une méthode, qui sera poussée à l'extrême dans la Qabbale — qui
considère toute la Bible comme un message chiffré — il s'agit là d'une composante de
l'herméneutique juive ancienne4. »
Les correspondances entre mots/valeurs numériques, en gematria « mystique », sont censées
partager des qualités similaires tout en « révélant d'autres aspects du Divin ». Ce système est
fort utilisé dans des ouvrages majeurs du mysticisme juif, comme le Zohar.
La gematria devient, avec Abraham Aboulafia, un exercice spirituel de préparation à la vision
extatique. La gematria, le Notarikon et la Temourah sont les trois outils du hokhmat ha-zeruf, la
combinaison des lettres, une discipline de méditation propre au judaïsme basée sur la
respiration. Le Tserouf ou « combinaison » est un ensemble de techniques d'accès à l'extase par
la contemplation d'objets abstraits en vue de la libération de l'âme. Dans sa théorie de l'âme,
Aboulafia est très plotinien. D'après ses adeptes, le Tserouf n'est pas une jonglerie de lettres, de
chiffres et de mots mais une technique progressive permettant au disciple de libérer son âme
dans une extase provoquée dont il pourra contrôler le déroulement. Or Ha Sechel, son maître
livre, est un « traité de yoga judaïsé » comme le dit Gershom Scholem.
Raymond Lulle, un courtisan de la cour de Jacques d'Aragon à Gérone au XIIIe siècle qui devint
plus tard Franciscain, invente sa méthode herméneutique à partir des méthodes de calcul
abstrait de Aboulafia. Il nomme cela son grand Art et il consiste à :
« Combiner les noms exprimant les idées les plus abstraites et les plus générales par des
procédés mécaniques, afin de juger par là de la justesse des propositions et de découvrir des
vérités nouvelles. »
À partir du XVIe siècle, spécialement du fait de l'intervention d'humanistes, comme Pic de la
Mirandole, la gematrie devient une forme de numérologie appliquée à l'alphabet hébreu et au
texte biblique.

Gématrie arabe
L'alphabet arabe comprend 28 consonnes qui permettent d'atteindre la valeur 1000 :

Nom Valeur Numérique Graphie


alif 1 ‫أ‬
ba 2 ‫ب‬
jim 3 ‫ج‬
dal 4 ‫د‬

3
hâ 5 ‫ه‬
wa 6 ‫و‬
z 7 ‫ز‬
Ha 8 ‫ح‬
tâ 9 ‫ط‬
ya 10 ‫ي‬
kaf 20 ‫ك‬
lam 30 ‫ل‬
mim 40 ‫م‬
nun 50 ‫ن‬
sin 60 ‫س‬
ayn 70 ‫ع‬
fa 80 ‫ف‬
sad 90 ‫ص‬
qâf 100 ‫ق‬
ra 200 ‫ر‬
chin 300 ‫ش‬
Ta 400 ‫ت‬
th 500 ‫ث‬
kh 600 ‫خ‬
dh 700 ‫ذ‬
dad 800 ‫ض‬
dhad 900 ‫ظ‬
ghay
1000 ‫غ‬
n

Tableau de correspondances hébreu, grec/romain et arabe 

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