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5
Les Cahiers de
la Chaire Immobilier et
Développement Durable
Les bureaux :
de futurs défis
territoriaux et
managériaux
ESSEC Business School,
L’Esprit Pionnier
CRÉÉE EN 1907, ESSEC BUSINESS SCHOOL EST UNE INSTITUTION ACADÉMIQUE
47 000
alumni à travers le monde
D’EXCELLENCE QUI S’EST, TOUT AU LONG DE SON HISTOIRE, ILLUSTRÉE PAR
SON ESPRIT PIONNIER.
5 2 000
large gamme de programmes à tous ceux qui souhaitent vivre une expérience
d’apprentissage hors du commun, fortifier leurs talents, exprimer leur leadership
campus : Cergy, diplômes délivrés et devenir des managers de haut niveau.
Paris-La Défense, chaque année,
Singapour, Rabat et dont 1 600
prochainement à de niveau Master Institution séculaire, forte d’un large réseau d’entreprises et d’institutions acadé-
l’Île Maurice miques en France et partout dans le monde, l’ESSEC fait le choix de fonder son
182
développement sur trois principes : l’innovation, l’implication et l’internationa-
lisation qui constituent les trois axes de la stratégie ESSEC 3i tournée vers 2020.
universités partenaires dans 45 pays
Institution irriguée par la recherche et engagée dans une ambitieuse politique
d’alliances avec des institutions de premier rang, l’ESSEC a le souci constant de
20 158 Marquée par une profonde tradition humaniste, l’ESSEC a fait du lien entre vie
économique et société un sujet majeur de recherche mais aussi un enjeu fonda-
mental de la formation de managers responsables. Par là même, l’ESSEC affirme
centres programmes
d’excellence de doubles diplômes la nécessité de mettre l’innovation, le savoir et la création de valeur au service
chaires (23 internationaux, de l’intérêt général.
d’entreprises 5 nationaux)
professeurs Avec des étudiants originaires de 96 pays, un corps professoral très largement
de 36 nationalités international et une implantation en Asie-Pacifique depuis 2005, l’ESSEC est une
dont 19 professeurs Emeritus
institution internationale et multiculturelle. Cette internationalisation se ren-
force avec un nouveau campus à Singapour, une implantation à Rabat au Maroc, et
bientôt à l’Île Maurice et des projets de développement en Afrique et en Amérique
latine.
5 330
étudiants en formation initiale
Les trois axes de l’ESSEC – l’innovation, l’implication et l’internationalisation -
forgent la philosophie pédagogique, commune à l’ensemble des programmes :
accompagner chaque étudiant tout au long d’un parcours de formation tourné
31 % 96 +100
vers la conquête de sa liberté. Étudier à l’ESSEC, c’est dessiner son propre
chemin vers l’avenir et intégrer une communauté solidaire de 47 000 diplômés à
d’étudiants nationalités associations travers le monde !
internationaux représentées étudiantes
Bienvenue à l’ESSEC !
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managers en formation continue
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Plus de 700
entreprises partenaires de la pédagogie et du recrutement
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#5
Les bureaux : de futurs défis
territoriaux et managériaux
Sous la direction
www.mipim.com
N° dossier : 20141493E
80 60 0 70 P295C
Date : 07/08/2015
AC/DC validation :
Client validation :
Une mention spéciale au MIPIM représenté par Maud Chevalier qui nous a
renouvelé sa confiance pour ce cinquième numéro des Cahiers de la Chaire.
Merci également à tous ceux qui ont aidé à sa mise en œuvre : Nigel Atkins,
Isabelle Bellin, Sihem Debbiche-Meghalsi, Antoine Deshusses, Ann Gallon,
Tom Gamble, Fabien Guisseau, Jacques-Édouard Gree, Corinne Lafon, Sophie
Lasserre, Thomas Ledoux, Jennifer Pain, Alix Petit, Sébastien Plouvier, Delphine
de Saint-Pol et Fanny-Laure Thomas.
Introduction 21
Chapitre 1.
Le marché des bureaux dans les métropoles :
une comparaison européenne 29
–E
ntretien avec Ingrid Nappi-Choulet .................................................................................................................................................. 31
FRICS, Professeur-chercheur à l’ESSEC Business School,
Cergy-Pontoise, France
Chapitre 2.
Le bureau, créateur de valeur pour les territoires :
analyse du cas francilien 59
–E
ntretien avec Vincent Gollain .......................................................................................................................................................................... 61
Directeur du département Économie
de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, Paris
Chapitre 3.
Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise 111
–E
ntretien avec Françoise Bronner .......................................................................................................................................................... 121
Chercheur en organisation et espace de travail,
Co-fondateur de Future Centers & Project Spaces, Paris
–E
ntretien avec Raphael Gielgen ................................................................................................................................................................ 128
Directeur de la recherche et de la détection de tendances de Vitra,
Bâle, Suisse
5
Valeur verte, valeur d’usage :
différents leviers au service de la durabilité 137
–E
ntretien avec Benjamin Mercuriali ................................................................................................................................................... 137
Directeur de la Valorisation des Actifs et
du Développement Durable de PERIAL, Paris
–E
ntretien avec Jean-Marc Castaignon ....................................................................................................................................... 170
Directeur immobilier du Groupe Société Générale,
Fontenay-sous-Bois, France
7
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Créée en janvier 2003, soutenue depuis 2010 par Poste Immo, depuis 2013 par
BNP Paribas Real Estate et depuis 2016 par VINCI Energies, VINCI Immobilier
et PERIAL, la Chaire Immobilier et Développement Durable de l’ESSEC a pour
objectif de favoriser à la fois l’enseignement et la recherche en économie,
finance et management de l’immobilier en prenant en compte les enjeux du
développement durable.
8 www.essec-immobilier.com
Avant-propos
Ingrid Nappi-Choulet
Professeur titulaire
de la Chaire Immobilier et Développement Durable
9
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Poste Immo, filiale du Groupe La Poste, est à la fois foncière de groupe, prestataire
de services immobiliers et développeur-promoteur. L’entreprise gère, développe,
entretient et valorise un parc exceptionnel d’environ 6,4 millions de m² dont
3,6 millions en pleine propriété, représentant plus de 11 000 immeubles tertiaires,
industriels et commerciaux sur l’ensemble du territoire. Poste Immo propose
également une offre de service aux collectivités et aux entreprises pour les
accompagner dans la définition de leur stratégie immobilière, la réalisation de
projets ou la gestion de biens immobiliers. Avec 970 collaborateurs répartis entre
ses directions régionales et son siège, et forte de sa double culture immobilière et
postale, elle entretient en permanence une relation de confiance et de proximité
avec ses clients et les élus.
10 www.poste-immo.fr
Avant-propos
Dang Tran
Directeur Général Adjoint de Poste Immo
11
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
12 www.realestate.bnpparibas.com
Avant-propos
Thierry Laroue-Pont
Président du Directoire de BNP Paribas Real Estate
13
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
14 www.vinci-energies.com
Avant-propos
Hervé Adam
Directeur Général de VINCI Energies France
15
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
16 www.vinci-immobilier.com
Avant-propos
Olivier de la Roussière
Président de VINCI Immobilier
17
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
18 www.perial.com
Avant-propos
Nous croyons que les performances qui durent sont les seules
qui comptent. Nous entendons inscrire ce partenariat dans
la durée, en capitalisant sur un enrichissement réciproque
des étudiants de la Chaire et de PERIAL.
Eric Cosserat
Président de PERIAL
19
Ingrid Nappi-Choulet
Ingrid Nappi-Choulet est chercheur et professeur à l’ESSEC,
titulaire de la Chaire Immobilier et Développement Durable qu’elle
a créée en 2003. Habilitée à diriger des recherches en gestion
et en aménagement-urbanisme, elle enseigne l’économie et le
© Gaël Dupret
Elle a écrit de nombreux articles sur les cycles immobiliers et sur le management de
l’immobilier d’entreprise. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages : Les bureaux, analyse
d’une crise (éditions ADEF, 1997), Management et Marketing de l’immobilier (éditions
Dunod, 1999), Les mutations de l’immobilier : de la Finance au Développement durable
(éditions Autrement, 2009) et Immobilier d’entreprise : analyse économique des marchés
(éditions Economica, 2010, 2013). Elle anime par ailleurs régulièrement des chroniques sur
l’immobilier de bureaux, consultables sur www.ingridnappichoulet.com.
Simon Labussière
Simon Labussière, diplômé d’un Master en aménagement et
urbanisme à l’université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, s’intéresse
notamment aux problématiques de réhabilitation des espaces
urbains. Il a rejoint la Chaire Immobilier et Développement Durable
de l’ESSEC en 2013 pour contribuer à l’animation de la recherche
dans le domaine de l’immobilier et des mutations urbaines.
20
Introduction
La grande majorité des acteurs publics pour elles de considérer leur intégration
locaux voient d’un très bon œil la pré- dans le tissu urbain environnant, ainsi
sence de bureaux sur leur territoire. que les choix d’aménagement intérieur
Garants d’une vitalité économique qui seront les mieux alignés à leurs
recherchée, ils sont également béné- objectifs et à leurs valeurs. Les choix
fiques aux finances locales grâce à la opérés à chacune de ces échelles – ville,
contribution économique dont leurs quartier, intérieur – par une entreprise
utilisateurs s’acquittent. Ils assurent pour son ou ses immeuble(s) de
la présence d’emplois sans être géné- bureaux s’avèrent au bout du compte
rateurs des nuisances associées aux éminemment stratégiques, car ils
activités logistiques et industrielles, sont à la fois la traduction spatiale
et préservent les communes du d’un projet d’entreprise, le reflet d’un
statut peu envié de « villes-dortoirs ». certain nombre de valeurs, la vitrine
Moyennant une certaine masse cri- d’un attachement plus ou moins
tique, ils attirent dans leur sillage des fort aux enjeux environnementaux
commerces, des activités, parfois des et le réceptacle des attentes des
opérations de logements. S’ils sont collaborateurs. Compétition entre
synonymes de réalisations architectu- territoires pour attirer à eux l’activité
rales de prestige, c’est encore mieux. économique, distribution spatiale des
Au besoin, ils peuvent conférer aux col- fonctions urbaines, prise en compte des
lectivités une légitimité à revendiquer impératifs du développement durable,
auprès des autorités compétentes une porosité entre vie professionnelle et
amélioration de l’accessibilité. Bref, ils vie personnelle : autant d’enjeux en
sont volontiers considérés comme les apparence bien distincts, mais qui
fers de lance du développement local, tous sont mobilisés dès lors que l’on
alors même que les études relatives s’interroge sur l’avenir de l’immeuble
à cette question tendent à mon- de bureau.
trer qu’en la matière, les entreprises
sont davantage suiveuses que pion- Ce cinquième numéro des Cahiers de
nières. L’implantation d’immeubles la Chaire Immobilier et Développement
de bureaux sur tel ou tel territoire Durable se propose de réfléchir aux
attesterait donc de sa bonne santé enjeux à la fois territoriaux et mana-
économique, laquelle, à son tour, serait gériaux auxquels sont confrontés les
dopée par ces nouvelles arrivées. Les immeubles de bureaux et leurs uti-
bureaux ont beau n’être qu’un des lisateurs. À travers une vingtaine
aspects de l’attractivité globale des d’entretiens conduits auprès de cher-
territoires, ils ont tendance à focali- cheurs, d’architectes, d’acteurs publics
ser les rêves, les ambitions et donc et du monde de l’entreprise, cet
les stratégies déployées pour en faire ouvrage propose une diversité d’éclai-
autant de réalités tangibles. rages sur les défis actuels et les avenirs
possibles pour l’immeuble de bureau,
Du côté des entreprises, la question de dans un contexte sociétal, économique
leur localisation à la vaste échelle des et financier en pleine mutation. Il vise
villes et des métropoles n’est qu’un à analyser sa place et son rôle dans le
enjeu parmi d’autres. À charge aussi développement urbain, en faisant un 21
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
les entreprises, qui permet à la fois, prêtent pas à ces partis pris d’amé-
comme le démontrent de concert nagement qui, avant-gardistes il y a
Thierry Laroue-Pont et Raphael quelques années, tendent désormais
Gielgen, d’accroître le bien-être et la à être au fondement d’une certaine
productivité des collaborateurs ainsi standardisation.
que leurs interactions, d’améliorer le
bilan environnemental de l’immeuble, Dans un contexte où les bâtiments
d’influer favorablement sur l’image résidentiels et tertiaires représentent
de l’entreprise et de comprimer les encore, en 2015, 45 % de l’énergie
coûts immobiliers. On pourra toute- consommée en France, la question se
fois attirer l’attention sur deux écueils pose par ailleurs des leviers encore
possibles. Le premier concerne l’im- à disposition des entreprises pour
portance accordée aux attentes des réduire l’empreinte environnemen-
jeunes générations vis-à-vis de leurs tale de leur parc immobilier. En effet,
espaces de travail, considérées comme entre contraintes réglementaires
très différentes de celles de leurs aînés. toujours plus poussées et nécessité
Si la démarche est louable, voire indis- d’être en pointe sur ces enjeux pour
pensable en vue d’attirer les talents livrer des produits pleinement dans
de demain, elle ne doit toutefois pas le marché, promoteurs et investis-
se faire au détriment des collabora- seurs ont développé des stratégies
teurs plus âgés, qui n’ont pas le même volontaristes au service de l’efficacité
rapport à l’open space ou au tout- énergétique. Dès lors, les certifications
numérique. Par ailleurs, la vision que environnementales classiques tendent
les générations Y et Z portent de leurs à devenir de moins en moins différen-
espaces de tra- ciantes. Face à la
vail sont parfois faible marge d’amé-
« Dans un contexte où les
plus conservatrices lioration possible
bâtiments résidentiels et
qu’on veut bien du côté des sys-
tertiaires représentent
le dire, comme tèmes techniques
encore, en 2015, 45 % de
en attestent les et technologiques,
l’énergie consommée en
résultats de l’en- Christophe Rousseau
France, la question se
quête Mon bureau plaide donc pour
pose des leviers encore à
de demain, que un changement de
disposition des entreprises
présente Simon paradigme au profit
pour réduire l’empreinte
Labussière. Le d’un travail accru
environnementale de leur
second écueil de sensibilisation
parc immobilier. »
concerne le référen- des occupants qui,
tiel érigé en modèle via des comporte-
de manière assez systématique s’agis- ments de plus en plus responsables,
sant de l’aménagement des espaces constituent un puissant levier pour
de travail : celui de la start-up cali- réduire la facture énergétique des
fornienne, associant notamment flex immeubles. Cette impulsion, qui néces-
office, importance des espaces de site un engagement fort des directions
détente et omniprésence des outils immobilières, illustre le rôle déci-
technologiques. Or, comme le souligne sif de la société civile en général et
Françoise Bronner, tous les métiers, des entreprises en particulier dans la
tous les secteurs d’activités et toutes construction d’un Grand Paris durable,
les configurations spatiales ne se souligne Nicolas Buchoud. 25
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
27
Chapitre 1
Le marché des
bureaux dans
les métropoles :
une comparaison
européenne
L’analyse des grandes mutations à l’œuvre au
Ingrid Nappi-Choulet
FRICS, Professeur-chercheur à l’ESSEC Business School,
Cergy-Pontoise, France
Christian Lasserre
FRICS, Directeur Académique de l’Executive Master en
Immobilier, Université Saint-Louis, Bruxelles, Belgique
Dominique Perrault
Architecte et urbaniste, fondateur de
Dominique Perrault Architecture, Paris
30
Chapitre 1 Le marché des bureaux dans les métropoles : une comparaison européenne
© Gaël Dupret
cinquante dernières années, et revient sur
ses mutations actuelles et les défis auxquels
il se trouve confronté.
1 Créée en 1955 pour les locaux industriels, étendue en 1958 aux locaux tertiaires et en 1965 aux locaux de stockage, la procédure
d’agrément est une autorisation administrative préalable à toute opération de localisation de ces activités économiques,
notamment en région Île-de-France. Elle permet aux pouvoirs publics de contrôler la répartition des entreprises sur le
territoire. Elle a été assouplie au fil du temps, notamment avec la disparition en 2000 de l’agrément dit « utilisateur », qui
32 imposait à ces derniers de demander un agrément avant de s’installer dans des locaux d’activités existants en Île-de-France.
Chapitre 1 Le marché des bureaux dans les métropoles : une comparaison européenne
1 %
de production de la ville, à l’image du
La deuxième mutation importante fameux appel à projets « Réinventer
du marché des bureaux parisiens Paris » lancé en 2015, et qui a connu
intra-muros est la résultante de la depuis diverses déclinaisons.
Le taux de financiarisation du secteur, ayant eu
renouvellement annuel pour corollaire l’accroissement des J’aimerais citer une dernière grande
du parc de bureaux en
loyers, des valeurs locatives, mais mutation à l’œuvre qui est liée à la
Île-de-France.
également des valeurs vénales. Ce phé- concurrence que se livrent depuis
nomène de financiarisation a conduit près d’un demi-siècle Paris et Londres
les grandes entreprises dont les sièges s’agissant d’attirer les grandes entre-
sociaux sont historiquement implan- prises, et donc de leur offrir un cadre
tés à Paris à définir et prendre en parfaitement adapté à leurs activités.
compte le coût global de leur immo- Si la manne était plutôt, dans les
bilier. Cette prise de conscience s’est années 1960, les multinationales ou les
accompagnée d’un renforcement des cabinets de conseil et d’avocats, elle
politiques de Responsabilité Sociétale est aujourd’hui clairement à chercher
et Environnementale (RSE), lié à la du côté des acteurs de la nouvelle éco-
fois à une sensibilité nomie, dont les
croissante aux enjeux « Réduction des coûts besoins immobiliers
environnementaux immobiliers, installation sont assez spéci-
et à un cadre régle- dans des locaux fiques, et du besoin
mentaire de plus plus respectueux de ressenti par les entre-
en plus fourni en la l’environnement : ce double prises d’évoluer aux
matière (avec les lois enjeu a amené nombre côtés des start-ups,
Grenelle I et II notam- d’entreprises à étudier en jouant à plein sur
ment). Réduction l’idée d’un déménagement la valeur ajoutée per-
des coûts immobi- hors de Paris intra-muros. » mise par la révolution
liers, installation dans digitale. Les lieux
des locaux plus respectueux de l’envi- d’hébergement de ces acteurs font
ronnement : ce double enjeu a amené donc aujourd’hui l’actualité, qu’ils
nombre d’entreprises à étudier l’idée soient publics (le Cargo, dans le
d’un déménagement hors de Paris 19ème arrondissement de Paris) ou
intra-muros. privés (la Station F, dans le 13ème arron-
dissement). Nombre de nouvelles
Les surfaces ainsi libérées dans opérations tertiaires sont donc orien-
Paris peuvent alors constituer des tées non plus vers des fonctions de
opportunités immobilières pour des sièges sociaux de grands groupes,
développements nouveaux, qui sont mais à destination des entreprises de
encouragés moyennant une attention la nouvelle économie, avec par
particulière portée à la question de la exemple l’opération #Cloud livrée en
mixité urbaine, y compris à l’échelle 2016 dans le 2ème arrondissement de
de l’immeuble où elle est rarement Paris, en marge du QCA.
34
Chapitre 1 Le marché des bureaux dans les métropoles : une comparaison européenne
ront le jour
Évolution du taux de vacance des principaux sous-marchés de Londres
jusqu’en 1985. de 1970 à 2015.
Évolution des loyers « prime » des principaux sous-marchés de Londres de 1970 à 2015. 37
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Quelle proportion des constructions soit occupés par les propriétaires, soit
est offerte à la location immédiate, placés, et 411 000 m² sont disponibles
sans accord de location préalable ? immédiatement. Ce nouveau parc
soulagera les pénuries de bureaux
Les fluctuations du développement de actuelles, et nous prévoyons une
l’immobilier d’entreprise constituent hausse de la vacance au cours de
un élément dynamique clé de cycles l’année, le taux de vacance actuel étant
de marché plus vastes. Londres a de 4,2 %.
connu une série d’expansions et de
contractions marquées dans son Quelles sont les grandes différences
développement immobilier, qui n’ont entre les marchés londonien
pas toujours exactement coïncidé avec et parisien de l’immobilier
les niveaux de demande, et ont donc d’entreprise ? Pourquoi cette
contribué à la volatilité historique du organisation en deux pôles entre
marché en matière de loyers et de la City et les Docklands ?
valeurs en capital.
Paris est le troisième plus important
Sur l’ensemble du marché du marché immobilier d’entreprise au
centre de Londres, le niveau moyen monde, avec un parc de 52 millions
d’achèvement des projets immobiliers de m². Même si Londres est classée
sur ces 20 dernières années est de quatrième, juste derrière Paris, son
440 000 m² par an, soit environ 2 % parc est substantiellement plus réduit,
du parc total. Sur ces projets achevés, représentant moins des deux tiers
210 000 m² par an en moyenne l’ont du volume du parc parisien. Cette
été sans placement préalable, soit différence est principalement due à la
juste en dessous de 50 % du total. distribution des parcs respectifs. Les
bureaux de Londres sont concentrés
Ces moyennes masquent une dans la City et le West End, avec
volatilité significative, avec une offre seulement 40 % du parc en-dehors
excédentaire au début des années de ces secteurs ; alors que 60 %
2000 ainsi qu’en 2009, et une offre du parc parisien est situé hors des
insuffisante en 2015-2016. Le manque 20 arrondissements et de la Défense,
relatif de nouveaux projets ces soit 18 millions de m² en couronne,
dernières années est peut-être un effet dans des secteurs de banlieue.
décalé de la crise financière, certains
promoteurs se montrant plus prudents Le marché londonien est légèrement
et les financements se faisant plus plus spécialisé que le marché parisien.
difficiles à obtenir – particulièrement En tant que capitales nationales,
auprès des banques – pour les projets les deux villes possèdent un
immobiliers sans demande placée. volume significatif de bâtiments
administratifs (voir l’entretien avec
Toutefois, un grand nombre de projets Christian Lasserre) ainsi qu’un large
immobiliers seront achevés cette éventail d’entreprises. Les services
année, pour un volume total prévu de financiers et technologiques sont
827 000 m² dans le centre de Londres, plus importants à Londres, et la
le plus important depuis 2003 et concentration des premiers dans la City
presque le double de la moyenne à long et à Canary Wharf n’a pas d’équivalent
38 terme. Sur ce total, 416 000 m² sont à Paris, même si un certain nombre de
Chapitre 1 Le marché des bureaux dans les métropoles : une comparaison européenne
de l’immobilier d’entreprise
se développe à Southwark,
ce n’est pas un secteur établi
pour les grands groupes ;
construire uniquement des
bureaux (l’édifice en compte
déjà 55 000 m²) aurait accru
le profil de risque du projet.
Ces cinq dernières années, les secteurs « Le gouvernement a reconnu que la
à croissance rapide de Shoreditch et zone de la Tech City était cruciale
de Clerkenwell, au nord du cœur tradi- pour l’avenir économique de Londres.
tionnel de la City, ont aussi fini par être Reflétant la croissance de l’activité des
considérés comme faisant partie du entreprises, la demande des occupants,
marché de l’immobilier d’entreprise de les loyers et les valeurs en capital ont
la City, et plus généralement, du centre fortement augmenté à Shoreditch, pour
de Londres. Shoreditch comprend le atteindre des niveaux comparables à
rond-point d’Old Street (aussi appelé ceux du cœur de la City. »
« Silicon Roundabout »), devenu syno-
nyme du secteur de la « tech », et le notamment les entreprises de techno-
gouvernement a reconnu que la zone logie, de médias, de l’industrie du
de la Tech City était cruciale pour l’ave- numérique et de la création. Bien qu’à
nir économique de Londres. Reflétant ce jour, ces types de locataires se
la croissance de l’activité des entre- concentrent sur les sous-marchés de
prises, la demande des occupants, les Shoreditch, de Clerkenwell et de la
loyers et les valeurs en capital ont for- Southbank, il est probable que peu à
tement augmenté à Shoreditch, pour peu, ils modifieront le mix profession-
atteindre des niveaux comparables à nel dans l’ensemble de la City, réduisant
ceux du cœur de la City, et le quartier sa dépendance vis-à-vis des sociétés
accueille désormais toute une série de financières et stimulant sa capacité à
nouveaux projets immobiliers résiden- rebondir. Ainsi, la croissance continue
tiels et de bureaux haut de gamme. du secteur de la « tech » et la montée
attenante de ces sous-marchés
Face à cette montée en puissance du peuvent être considérées comme com-
secteur, on peut questionner l’impact plémentaires du cœur traditionnel de
possible sur le marché traditionnel de la City, et non comme une menace.
44 la City. Il a certes suscité beaucoup
Chapitre 1 Le marché des bureaux dans les métropoles : une comparaison européenne
49
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
ger l’espace public et les bâtiments projet que nous avons élaboré pour la
et d’apporter de nouveaux usages. La rénovation des tours du Pont de Sèvres,
valorisation du groundscape constitue à Boulogne-Billancourt, en est une
une vaste entreprise de mise en place bonne illustration. Le bâtiment originel
d’un réseau racinaire venant nourrir les a été modifié en y insérant 5 000 m²
arbres, c’est-à-dire les espaces exté- d’emprises qui s’apparentent à un sys-
rieurs, qu’ils soient bâtis ou non bâtis. tème racinaire, formant un ensemble
Dans tous les projets sur lesquels nous de connexions entre ces tours et leur
travaillons, nous creusons cette notion environnement.
d’épaississement, qui permet d’aug-
menter l’adhérence d’un bâtiment Ensuite, ces emprises sont bien sûr les
par rapport à son contexte urbain. Le espaces environnants, avec lesquels la
Fillon Photographe – Dominique Perrault Architecte – ADAGP.
incent
®V
objet qui fonctionne avec la ville et qui pour les architectes et pour les
contribue à en dessiner la silhouette. usagers finaux, est encore un vrai défi
Or, il est vrai qu’une mixité d’usages a pour les promoteurs, plus à l’aise avec
des effets induits sur les circulations les mono-produits.
internes, la sécurité, la maintenance,
le traitement des façades et d’autres L’appel à projets pour la rénovation
aspects encore. Le corollaire en est de la tour Montparnasse, à Paris,
la superposition des réglementations pour lequel nous faisons partie
et des dispositifs normatifs, qui sont des équipes finalistes, me semble
bien sûr indispensables, mais entre révélateur de la manière dont la tour
lesquels aucun effort de synthèse est encore trop souvent considérée
n’est opéré. Au vu des investissements comme un objet isolé, déconnecté de
considérables que ces immeubles son environnement. De fait, l’appel
représentent, il serait souhaitable à projets concerne la tour et elle
que les acteurs de la réglementation seule, alors que son environnement
se réunissent pour optimiser leurs urbain mérite à notre sens de faire
prescriptions, ce qui serait tout à fait l’objet d’une réflexion d’ensemble.
possible et ce, sans que la sûreté et la
durabilité du projet n’en pâtissent.
Le contexte de l’Hôtel
Métropole est celui du
conseil scientifique de
l’AIGP (Atelier International
du Grand Paris), dont notre
agence est membre depuis
Perrault Architecte – ADAGP.
de production de logements
Plan en coupe de la DC Tower à Vienne (Autriche), révélant sa mixité fonctionnelle : et de rééquilibrage de l’ha-
hôtel (jaune) – bureaux (bleu) – logements (rouge). bitat et des emplois sur le
territoire du Grand Paris.
l’économie de ce genre de quasi-
fiction, de mise en scène permettant Ceci posé, l’Hôtel Métropole trouve
d’élargir notre vision du monde et des son origine dans le constat que l’en-
villes. semble des usagers de la métropole
54 ne sont pas des métropolitains. En
Chapitre 1 Le marché des bureaux dans les métropoles : une comparaison européenne
effet, d’un point de vue géographique litains par destination ». Les motifs
et historique, la grande majorité de la peuvent être multiples, de même que
population qui y habite et y travaille les catégories socio-professionnelles
est de nature urbaine, mais un pour- concernées : installation temporaire
centage non négligeable d’individus, pour un colloque, pour suivre une for-
dont le poids est d’ailleurs en crois- mation de quelques semaines, pour
sance constante, vient de manière prendre part à un projet professionnel,
temporaire s’inscrire dans la métro- pour rester à proximité d’un proche
pole pour bénéficier des aménités, hospitalisé, pour disposer d’une solu-
des services et des grands équipe- tion d’hébergement transitionnelle
ments qu’elle seule peut offrir. Nous suite à une séparation, etc. L’idée de
pourrions les appeler des « métropo- l’Hôtel Métropole est d’offrir à cette
Perrault Architecte – ADAGP.
ominique
®D
Plan en coupe d’une esquisse pour un Hôtel Métropole, révélant la diversité de ses fonctions possibles :
résidences d’artistes, salles de réunion, commerces, logements, bureaux, Fab Labs, sous-sols
logistiques, le tout bénéficiant d’un accès intérieur aux transports en commun souterrains. 55
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
57
Chapitre 2
Le bureau, créateur
de valeur pour les
territoires : analyse
du cas francilien
Plus d’un an après la création de la Métropole du
Vincent Gollain
Directeur du département Economie
de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, Paris
Pierre Mansat
Chargé de la Métropole auprès de la maire de Paris,
Président de l’Atelier International du Grand Paris, Paris
Daniel Béhar
Géographe, Professeur à l’Ecole d’Urbanisme de Paris,
Directeur de la coopérative Acadie, Paris
Dominique Dudan
FRICS, Senior advisor chez LBO France,
Présidente de l’Observatoire Régional
de l’Immobilier d’Entreprise (ORIE)
Jean-Claude Gaillot
Directeur Général de l’EPADESA, Nanterre, France
Christophe Rousseau
Directeur général VINCI Facilities Île-de-France Tertiaire,
VINCI Energies, Courbevoie, France
Nicolas Buchoud
Président du Cercle Grand Paris de
l’Investissement Durable, Paris
60
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
parmi les plus dynamiques, a gagné à Sur la période 2007-2012, 82 % des
lui seul quelque 400 000 emplois. Cela gains d’emplois opérés à l’échelle de la
signifie que d’autres secteurs en ont région étaient concentrés dans le cœur
perdu : c’est le cas de l’industrie, qui a économique (Paris intra-muros et une
accusé une chute de l’ordre de 150 000 quinzaine de communes proches),
emplois. Le secteur de la construction révélant la primauté de la zone centrale
est, lui, en bonne santé, avec une crois- de l’agglomération. Nous vivons donc
sance estimée entre 40 000 et 50 000 actuellement dans une période de
emplois. Tous secteurs confondus, la rupture. Historiquement, et ce depuis
part des grands établissements (lieu les années 1960, c’est la grande
physique regroupant au moins 1 500 couronne qui absorbait la croissance
salariés) est conséquente puisqu’elle
représente 40 % de l’emploi régional,
soit 5,7 millions d’emplois. « S’agissant de distribution spatiale
et de stratégies de localisation, le
Au regard de ces données, il est tertiaire obéit à un certain nombre
indéniable que la tertiarisation de de règles dont l’accessibilité, et
l’économie se poursuit. Aujourd’hui, même la multi-accessibilité, est
87 % des emplois franciliens sont l’une des plus essentielles. »
tertiaires, un taux considérable mais
qui reste inférieur à celui de Londres,
par exemple, qui est désormais presque de l’emploi. Aujourd’hui, celle-ci a
87 %
totalement tertiaire. L’Île-de-France stabilisé son poids dans l’ensemble
conserve, elle, une base industrielle de l’emploi francilien et c’est la petite
assez conséquente, bien qu’en recul. couronne qui concentre l’essentiel
de la croissance d’emploi. Cela dit, il
La part de l’emploi S’agissant de distribution spatiale existe également d’importants pôles
tertiaire dans et de stratégies de localisation, le d’emplois plus éloignés du cœur
le nombre total
tertiaire obéit à un certain nombre de d’agglomération, mais ils sont souvent
d’emplois en
Île-de-France. règles dont l’accessibilité, et même la liés à la présence d’une activité ou
multi-accessibilité, est l’une des plus d’une infrastructure spécifique : c’est
essentielles. Il est donc, par nature, notamment le cas du Grand Roissy et
beaucoup plus concentré que l’emploi des territoires alentour.
industriel. De manière révélatrice, à
l’heure actuelle, un emploi sur deux On peut donc parler d’un léger
est localisé à Paris et dans les Hauts- desserrement de l’emploi tertiaire au
de-Seine. Cela dit, de nombreuses bénéfice des bordures proches de Paris.
communes de Seine-Saint-Denis et Ce mouvement reste toutefois limité,
du Val-de-Marne situées aux portes d’autant que la crise économique a eu
de Paris ont connu une importante au moins un effet profitable pour les
mutation tertiaire ces dernières entreprises : elle a provoqué une baisse
années : Saint-Denis, Pantin, Montreuil, sensible des valeurs des loyers réels
etc. Mais là aussi, c’est leur accessibilité acquittés par les entreprises, ce qui
qui a joué en leur faveur, suivant ce leur a permis d’envisager un maintien
que l’on pourrait appeler « l’empreinte en zone centrale, voire un retour vers
du métro » : l’existence d’une desserte cette dernière, par exemple à l’occasion
par un transport lourd a été créatrice d’un mouvement de restructuration.
62 d’opportunités pour les entreprises. On ne constate donc pas de véritable
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
© IAU
© IAU
2 Alain Béchade, Richard Malle, Économie immobilière, Economica, 2016, page 23. 67
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Carte du Grand Paris Express (GPE), le futur métro automatique du Grand Paris.
1 Promulguée le 7 août 2015, la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) confie de
nouvelles compétences aux régions et redéfinit clairement les compétences attribuées à chaque collectivité territoriale 71
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
2 Voir le Cahier #4 de la Chaire Immobilier et Développement Durable, Le numérique dans la ville de demain : quels enjeux pour
72 l’immobilier ?, 2016.
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
73
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
1 Surtout employée au Royaume-Uni, l’expression key worker renvoie aux salariés du secteur public que le gouvernement
cherche à accompagner dans leur recherche de logement, car leurs revenus sont trop élevés pour bénéficier d’un logement
social, mais trop limités pour pouvoir accéder aisément à la propriété. 75
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Répartition de
l’urbanisation
© Güller-Güller
Saisons
TEMPS DE TEMPS DE LA MISE TEMPS DU
L’ANTICIPATION EN ACCESSIBILITÉ RENOUVELLEMENT
Évolution des dynamiques de croissance selon les fonctions urbaines dans les quartiers autour des
futures gares du Grand Paris Express, à mesure de l’avancement du projet.
(Toulouse, Nice), alors que les grandes « Le Grand Paris, à travers
villes allemandes, par exemple, sont notamment son réseau de
beaucoup plus spécialisées. Ce projet transport, va générer non pas
des clusters comportait, à mon sens, des fractures mais une sorte de
une part de marketing territorial. fractalisation, c’est-à-dire un
En réalité, pour les entreprises, c’est ensemble d’effets de valorisation
davantage le Grand Paris tout entier et de dépréciation beaucoup plus
qui forme un cluster. fins et beaucoup plus locaux. »
Intensité de
mobilité
© Güller-Güller
Saisons
AVANT L’ANNONCE TEMPS DE TEMPS DE LA MISE TEMPS DU
DU GPE L’ANTICIPATION EN ACCESSIBILITÉ RENOUVELLEMENT
Évolution des dynamiques de mobilité des entreprises et des ménages selon l’état d’avancement du
projet du Grand Paris Express.
de vastes intercommunalités d’au des EPT qui sont la bonne échelle sur
moins 300 000 habitants. En termes ce sujet.
de gouvernance, la véritable rupture
réside à mes yeux davantage dans les Dès lors, un appel à projets comme
EPT que dans la MGP. « Inventons la Métropole », parce
qu’il réactive l’échelle communale
Certes, les intercommunalités existaient comme cadre d’intervention, n’est pas
déjà en Île-de-France, mais d’une part dépourvu d’ambiguïté : une métropole
toutes les communes n’étaient pas ne se bâtit pas par agrégation de
rattachées à l’une d’entre elles, d’autre dizaines de projets extrêmement
part elles étaient davantage techniques localisés. Le mot-clé d’« Inventons la
et syndicales que politiques. Seules les Métropole » est « innovation », alors qu’il
plus importantes (Plaine Commune, pourrait utilement être « composition ».
Est Ensemble, Grand Paris Sud-Ouest) Comment penser les interactions
faisaient réellement usage de leur et élaborer une vision d’ensemble à
compétence en maîtrise d’ouvrage. partir d’une soixantaine de sites de
Par ailleurs, l’Île-de-France est projets extrêmement différents les uns
historiquement caractérisée par le fait des autres ? La synergie entre public
communal, d’une manière parfois un et privé, qui est l’un des héritages
peu féodale ; et comme bon nombre forts de « Réinventer Paris », peut être
de ces communes ont une taille très bénéfique à la programmation et
démographique suffisante pour être à la réflexion sur les usages, mais a
autonomes en termes de services et tendance à reléguer à l’arrière-plan le
d’équipements, l’insularité primait sur jeu sur les échelles de l’espace et du
la vision intercommunale. À mon avis, temps, qui est l’un des attributs par
la compétence « aménagement » de la excellence de la puissance publique.
MGP va être réduite a minima, au profit 79
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Paris et la Défense :
une attractivité qui se maintient
Obsolescence d’un parc constitué depuis plusieurs décennies, loyers hors
de portée de la plupart des petites et moyennes entreprises, émergence de
localisations alternatives pertinentes (Silicon Sentier, secteurs en renouvellement
urbain aux portes de Paris, communes limitrophes de Paris) : les raisons
théoriques sont nombreuses, qui pourraient entamer l’attractivité de ces deux
hauts-lieux tertiaires franciliens que sont le quartier d’affaires de la Défense et le
Quartier Central des Affaires (QCA) dans Paris intra-muros. Pourtant, force est de
constater qu’il n’en est rien. Présidente de l’ORIE, Dominique Dudan souligne la
prospérité d’un marché parisien des bureaux qui, en dépit de l’ancienneté du parc,
parvient à se renouveler et rester en dynamique. Directeur Général de l’EPADESA,
Jean-Claude Gaillot est quant à lui un interlocuteur de choix pour cerner la
manière dont le premier quartier d’affaires européen travaille à se réinventer, pour
favoriser la mixité de ses fonctions et la diversité de ses occupants.
attractivité.
81
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
peuvent encore émerger dans le cœur est donc non seulement celui d’une
historique de Paris. complexité législative, mais aussi
d’une montée fiscale permanente.
Vous insistez sur l’importance d’une
simplification de la fiscalité pour Cette problématique défavorise
attirer les investisseurs étrangers… nettement Paris par rapport à
Londres, car l’achat d’un immeuble en
Pour avoir beaucoup travaillé avec Angleterre peut se faire dans des délais
des groupes internationaux, je peux très compétitifs, ne serait-ce que parce
témoigner que l’instabilité des lois que les avocats sont aussi notaires. A
fiscales françaises constitue pour eux l’inverse, la complexité administrative
un véritable frein à l’investissement. de la France, pour laquelle nous
La France est connue pour cette sommes célèbres et qui, sur le sujet
spécificité qui génère une certaine qui nous occupe, commence dès la
tendance au French bashing. Il est Déclaration d’Intention d’Aliéner (DIA),
impossible d’établir des notes de détourne de notre marché plus d’un
synthèses claires, complètes et surtout investisseur.
Vue sur Paris depuis le toit de l’immeuble 32 Blanche, dans le 9ème arrondissement de Paris.
L’immeuble CityZen, à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), a été acquis en 2012 par l’investisseur allemand
86 Union Investment.
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
87
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Perspective de la tour Trinity (140 mètres de haut, 52 000 m²), dans le quartier d’affaires de la Défense, dont les travaux seront
achevés en 2018.
1 Voir le Cahier #2 de la Chaire Immobilier et Développement Durable, L’immobilier dans la ville de demain : vers de nouveaux
92 usages et partages, 2014.
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
Vue aérienne du quartier des Groues à Nanterre (Hauts-de-Seine), qui connaîtra un fort développement urbain dans les prochaines
années.
ont su intégrer des espaces où l’on a Denis, des Ardoines ou d’Orly est
accès à l’air extérieur – les loggias de une bonne nouvelle. Peut-être même
Majunga sont une vraie réussite dans que quelques sièges sociaux vont
ce domaine. s’y implanter, par exemple de grands
groupes pharmaceutiques dans la
En tant qu’aménageur, l’EPADESA n’est vallée de la Seine ou des entreprises
pas toujours en mesure d’influencer liées aux médias et au cinéma à
les choix des opérateurs, mais nous la Plaine-Saint-Denis, car certains
pesons dans la balance dès que nous territoires ont développé une forme de
en avons l’occasion. Par exemple, pour spécialisation. Néanmoins, je ne doute
la future tour des Jardins de l’Arche,
pour laquelle nous avons défini nous-
mêmes le cahier des charges en tant « Je ne doute pas que Paris la
que propriétaires du foncier, nous Défense demeure le site privilégié
avons imposé qu’il y ait des espaces des principales fonctions de
ouverts au public au sommet. L’objectif sièges des grands groupes, d’où
est d’initier de nouvelles habitudes, de l’importance pour le quartier
créer des références et de permettre de soigner son rayonnement
à tous les habitants, salariés de international. »
Nanterre ou de la Défense, étudiants,
spectateurs des événements culturels pas que Paris la Défense demeure le
ou sportifs de l’Arena, de fréquenter le site privilégié des principales fonctions
pied et le belvédère de la tour. de sièges des grands groupes, d’où
l’importance pour le quartier de soigner
Le Grand Paris ne risque-t-il pas de son rayonnement international.
faciliter l’émergence de quartiers
tertiaires concurrents, notamment Par ailleurs, le réseau du Grand Paris
grâce à l’accessibilité fortement Express et les autres grands projets
améliorée de certains territoires ? d’infrastructures vont améliorer
l’accessibilité de nombreux territoires,
L’un des phénomènes majeurs de la et la Défense en tirera également parti.
mondialisation est la métropolisation, La nouvelle ligne 15 du Grand Paris
c’est-à-dire la concentration des Express lui sera surtout favorable en
services en un petit nombre de points ce qui concerne les déplacements
donnés. Sur le sujet de la Défense et domicile-travail, en améliorant l’accès
d’éventuels autres pôles tertiaires, au quartier d’affaires pour l’ensemble
comme les loyers coûtent très cher du plateau résidentiel au sud-ouest
dans les emplacements convoités et au sud de Paris. Le bassin de
par le plus grand nombre, avec pour recrutement potentiel de la Défense
conséquence une raréfaction des va donc sensiblement s’élargir. La
mètres carrés disponibles et une ligne Eole, quant à elle, qui est en
congestion du trafic, il y a tout intérêt fait le prolongement de la ligne E du
à ce que l’écosystème régional soit RER en direction de l’ouest jusqu’à
constitué d’une diversité de points Mantes-la-Jolie (Yvelines), constituera
d’attractivité. L’idée que des pôles le véritable fil d’Ariane des centres
complémentaires se développent dans de développement économique de
les années à venir dans les secteurs du l’Île-de-France, en permettant à la
Val-de-Fontenay, de la Plaine-Saint- Défense de regarder à l’ouest vers 95
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
96
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
97
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
consommée en France, loin devant les non en une année. C’est ce qui m’in-
transports (33 %) et l’industrie (19 %) 1. cite à plaider pour des contrats longs
L’amélioration de l’isolation et le rem- avec les opérateurs exploitants, au lieu
placement des équipements obsolètes des contrats de un à trois ans qui sont
particulièrement énergivores sont des presque la norme aujourd’hui et qui
leviers importants en vue de réduire n’incitent personne à s’engager dans
cette proportion. Mais un travail technique
il est également essen- et humain impor-
tiel de conjuguer les
« La consommation tant pour générer des
équipements de régu-
d’énergie dans les gains solides dans la
lation intelligente dont
bâtiments résidentiels et durée.
dispose un bâtiment
tertiaires représente 45 %
avec un contrat d’en-
de l’énergie consommée Aujourd’hui, le vivier
gagement de longue
en France, loin devant d’économies réali-
durée de l’exploitant :
les transports (33 %) et sables réside autant
trop souvent, les pro-
l’industrie (19 %). » dans le remplace-
jets de réhabilitation ment des installations
se caractérisent par une rupture entre techniques que dans l’évolution des
le financeur des travaux et le finan- comportements humains, d’où l’im-
ceur du coût d’exploitation global portance de la sensibilisation des
de l’ensemble immobilier, avec pour occupants. Un occupant qui est pré-
conséquence que les équipements de venu qu’il risque d’avoir un peu froid
régulation sont soit insuffisants, soit ou un peu chaud le tolèrera beau-
verrouillés par l’installateur, soit perti- coup mieux s’il a été bien informé. Or,
nents mais sous-utilisés. cet occupant participe directement
à la bonne régulation du bâtiment,
Demander à celui qui installe l’équipe- puisqu’il a les moyens d’intervenir, par
ment de s’engager sur une garantie exemple sur le réglage des thermos-
des charges et notamment une garan- tats. Ce levier puissant implique de
tie énergétique permet de coupler au s’inscrire dans une dynamique d’ani-
système de régulation une démarche mation, en présentant des tableaux de
de gestion énergétique humaine, qui bord, en montrant les progrès réalisés
détecte les anomalies du système et
lance des actions correctives au quo- « À ces deux leviers – système
tidien. À ces deux leviers – système de régulation, gestion humaine
de régulation, energy management de l’énergie – s’en ajoute un
humain – s’en ajoute un troisième : la troisième : la sensibilisation
sensibilisation des occupants. En réa- des occupants. En réalisant une
lisant une moyenne sur l’ensemble des moyenne sur l’ensemble des
projets que nous avons menés, nous projets que nous avons menés,
nous sommes aperçus qu’un bon tra- nous nous sommes aperçus
vail sur ces trois leviers permettait de qu’un bon travail sur ces trois
réduire la consommation énergétique leviers permettait de réduire
d’environ 30 %. Mais ce chiffre très la consommation énergétique
significatif s’obtient dans la durée et d’environ 30 % »
1 Source : Service de l’Observation et des Statistiques du ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer (2015). 99
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
30 %
gain existe. L’écosystème des acteurs pour objectif de développer l’intelli-
de la construction (bureau d’études, gence de leur bâtiment, en associant la
architectes, investisseurs, promoteurs) direction immobilière, les exploitants et
reste largement déconnecté de celui les occupants et en mobilisant les nou-
des gestionnaires et des exploitants à veaux outils digitaux. Travailler pour Le gain énergétique
moyen qui peut
qui ils passent rapidement la main dès son propre bénéfice mais partager les
être réalisé sur un
la réception du projet. Il existe cepen- idées ayant émergé et les résultats immeuble de bureaux
dant un protocole international baptisé obtenus créent une dynamique inter- grâce à l’orchestration
IPMVP (International Performance entreprises, dans un souci constant de d’un bon outil de
Mesurement and Verification Protocol) mise en œuvre opérationnelle rapide. régulation ouvert,
de l’excellence des
qui permet de mesurer le gain réalisé Nous avons travaillé sur un immeuble
équipes techniques et
suite à une opération de réhabilitation. à Tours (Indre-et-Loire) où nous avons de la sensibilisation
VINCI Facilities dispose de son côté notamment augmenté et déporté la des occupants.
d’un outil baptisé Hub Energy qui sait Gestion Technique du Bâtiment (GTB)
notamment calculer automatiquement pour la suivre de manière plus fine et
ce gain en continu dans le cadre de agir en temps réel sur la régulation.
contrats d’energy management. Nous avons aussi développé une appli-
cation permettant aux collaborateurs
D’une manière générale, la lutte contre d’avoir une indication des places de
l’obsolescence est un enjeu et un parking disponibles dans les différents
marché important pour nous, ce que parcs de stationnement de l’entreprise.
reflètent nos offres sur la rénovation,
avec des garanties de charges, notam- Je dirais en conclusion que beaucoup
ment au niveau de la consommation d’innovations et de projets intéressants
énergétique, sur la phase d’exploita- émergent depuis quelques années
tion post-rénovation. Nous parvenons s’agissant de mettre en œuvre des
à la déployer chez un certain nombre innovations au service du smart buil-
de clients, mais force est de constater ding et de la smart city. Les derniers
un certain conservatisme dû à l’habi- succès ont conjugué trois facteurs de
tude prise d’un cloisonnement entre réussite : un effort important d’anima-
la phase de conception/installation et tion entre les acteurs impliqués, des
celle de l’exploitation. moyens bien dimensionnés pour
ajuster le projet sur le terrain, et un
laps de temps réduit entre la formula-
tion du projet et la mise en œuvre
effective.
101
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
2 Initiative de l’Organisation des Nations Unies (ONU) lancée en 2000, le Pacte Mondial vise à inciter les entreprises du monde
entier à adopter une attitude socialement responsable, sur les questions ayant trait aux droits de l’homme, aux normes de
travail, à la lutte contre la corruption, etc. 105
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
106 3 Grand Paris Crane Survey Winter 2016, Deloitte, avec Explore et Business Immo.
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
107
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Les lauréats, qui seront dévoilés à l’automne 2017, auront à charge d’acquérir le
foncier et de financer eux-mêmes les projets qui y verront le jour. Ces derniers,
pensés comme autant de concrétisation de l’identité métropolitaine, sont
nombreux à être localisés à proximité des futures gares du Grand Paris Express
(GPE), et participeront du dynamisme et de la mixité de ces quartiers en devenir.
www.inventonslametropoledugrandparis.fr
108
Chapitre 2 Le bureau, créateur de valeur pour les territoires : analyse du cas francilien
Début 2017, BNP Paribas Real Estate, en lien avec Immostat, a communiqué sur
son analyse du marché des bureaux franciliens en 2016 et sur ses prévisions
pour 2017, qui viennent confirmer la très bonne santé de ce marché signalée par
l’ensemble de ses observateurs.
Le Quartier Central des Affaires (QCA) dans Paris intra-muros conserve son
exceptionnelle attractivité, concentrant 18 % des transactions. Le loyer moyen
pour les bureaux neufs s’y établit à 700 euros/m², bien au-dessus du quartier
d’affaires de la Défense (510 euros/m²) et à plus forte raison de la moyenne
régionale (430 euros/m²). Le taux de vacance y est extrêmement faible (3,5 %),
alors qu’il grimpe à 12,2 % dans le Croissant Ouest.
Quant à un éventuel effet positif du Grand Paris Express (GPE), il est encore peu
perceptible du côté des utilisateurs. Avec un premier tronçon inauguré seulement
en 2022 (ligne 15 sud), on n’observe pas, à l’heure actuelle, une réorientation
de la demande en fonction des sites d’implantations des futures gares de ce
nouveau métro. Néanmoins, les investisseurs se montrent très attentifs au projet,
étudiant des prises de positions dans de nombreux secteurs.
109
Chapitre 3
Le bureau,
créateur de valeur
pour l’entreprise
Et si l’avenir des entreprises passait par
Thierry Laroue-Pont
MRICS, Président du Directoire
de BNP Paribas Real Estate, Paris
Françoise Bronner
Chercheur en organisation et espace de travail,
Co-fondateur de Future Centers & Project Spaces, Paris
Raphael Gielgen
Directeur de la recherche et de la détection
de tendances de Vitra, Bâle, Suisse
Simon Labussière
Chargé de recherches à la Chaire Immobilier et
Développement Durable de l’ESSEC Business School,
Cergy-Pontoise, France
Benjamin Mercuriali
Directeur de la Valorisation des Actifs et
du Développement Durable de PERIAL, Paris
Patrick Supiot
Directeur Général de l’Immobilier d’Entreprise
de VINCI Immobilier, Boulogne-Billancourt, France
Dang Tran
Directeur Général Adjoint de Poste Immo, Paris
Catherine Guizol
Directrice des projets immobiliers de Coca-Cola
European Partners France, Issy-les-Moulineaux, France
Jean-Marc Castaignon
Directeur immobilier du Groupe Société Générale,
Fontenay-sous-Bois, France
112
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
113
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Grâce aux exemples des acteurs de les nouveaux sièges sociaux intègrent
la Net économie (Google, Criteo), les de plus en plus d’espaces de
investisseurs sont moins réticents détente (fitness) et des services à la
aux nouveaux modes de travail et personne (conciergerie, crèches, etc.).
les utilisateurs très demandeurs de L’opération Citylights à Boulogne-
nouveaux services. L’état d’esprit Billancourt (Hauts-de-Seine) en est un
a changé, c’est ça la révolution. bon exemple avec ses cinq restaurants,
On voit notamment la restauration sa salle de fitness et sa conciergerie.
se réinventer avec une offre plus
diversifiée. Des restaurants d’entreprise On voit également les sièges sociaux
se situent désormais en étage, à l’image s’ouvrir sur l’extérieur et ainsi s’intégrer
de l’immeuble Ecowest à Levallois- davantage dans leur environnement.
Perret (Hauts-de-Seine) qui prévoit Cela se traduit notamment par le
une partie de son offre de restauration partage des services avec d’autres
au huitième étage, offrant ainsi à ses entreprises ou avec les riverains.
collaborateurs une vue imprenable sur Nous travaillons actuellement sur le
la Seine. projet immobilier Métal 57 à Boulogne-
Billancourt (Hauts-de-Seine) conçu
Pour faciliter la vie des collaborateurs pour être ouvert vers l’extérieur. Ce
et rendre leur journée plus agréable, projet a notamment pour objectif
© Vincent Fillon
1 Etude User Insight, BNP Paribas Real Estate, 2016. Interviews réalisées par téléphone du 2 au 9 octobre 2015 auprès de 202
décideurs immobiliers issus de grandes entreprises (89 %) ou d’administrations et d’établissements du secteur public (11 %).
116 Panel d’entreprises de taille variable, avec 64 % de structures de plus de 1 000 salariés et 36 % de moins de 1 000 salariés.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
46 %
disponibles de seconde main, moins ces bâtiments une réorganisation
performants et attractifs ? des mètres carrés pour accueillir
de nouveaux usages et offrir plus
C’est vrai, le parc immobilier francilien de confort aux utilisateurs. Je pense
de bureaux compte plus de 53 millions que l’enjeu de l’obsolescence est une La part du parc
francilien de
de m² de bureaux, dont seulement 10 % véritable opportunité pour les acteurs
bureaux qui date
a moins de 10 ans et dont 46 % a plus de l’immobilier, pour démontrer notre de plus de 50 ans,
de 50 ans 2. C’est un parc vieillissant créativité et notre capacité à repenser d’après les données
qui représente un enjeu majeur pour l’immeuble. A nous de la saisir ! de l’Observatoire
les acteurs de l’immobilier. Il est Régional de
l’Immobilier
indispensable de le restructurer pour Notre plus grande réussite en termes
d’Entreprise (ORIE).
éviter qu’il ne devienne obsolète. de réhabilitation, c’est l’inauguration
de Citylights au printemps 2016. Situé
On assiste certes à une migration à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-
vers de nouveaux bâtiments qui Seine), Citylights est aujourd’hui une
© Martijn Veldman
Vue des espaces de travail de l’immeuble BNP Paribas Real Estate aux Pays-Bas.
2 ORIE (Février 2016) & Grand Paris Office Crane Survey (Septembre 2015). 117
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
L’open innovation permet aux grands C’est certain, le Grand Paris va venir
groupes de s’ouvrir à l’écosystème pousser les frontières du périphérique
des start-ups de manière à mieux col- et améliorer la mobilité des personnes.
118 laborer avec ces dernières. C’est un Avec le Grand Paris Express, Paris va
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
© Vincent Fillon
3 Mayer T. et Trevien C., 2012, Transports publics urbains et attractivité internationale, enjeux théoriques et évaluation empirique
120 de l’impact du Réseau Express Régional sur les investissements étrangers en Île-de-France, Société du Grand Paris.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
122 Vue des espaces de travail de l’entreprise néerlandaise Nidera, à Rotterdam (Pays-Bas).
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
1 Voir le Cahier #1 de la Chaire Immobilier et Développement Durable, Immobilier et société en mutation : éléments de réflexion
124 sur la ville de demain, 2013.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
© Agence Fokkema & Partners Architects
Vue en plongée sur l’atrium de l’immeuble The Edge à Amsterdam, occupé par Deloitte.
1 Dieter SPATH et al., Produktionsarbeit der Zukunft – Industrie 4.0, Fraunhofer IAO, 2013. 127
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
l’avenir pour leur entreprise, offrant que lieux de travail. Le bureau reflète
ainsi aux employés une orientation et les besoins de la communauté et du
une direction. Il s’agit d’anticiper les modèle économique. C’est le foyer
futures identités narratives des clients d’une identité d’entreprise définie
et les histoires des marchés. par le style et l’attitude de travail
d’une communauté interactive et
En tant que vaisseau amiral d’une dynamique. Il représente la culture
société, le siège social bénéficie- d’entreprise de façon tangible, à la fois
t-il d’un traitement particulier au niveau interne et externe. Comme
en matière de planification de dans une ville, les employés de la
l’espace ? Si oui, à quelles fins ? société s’organisent du point de vue
© Vitra GmbH
130 Vue des locaux de l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien) à Genève, Suisse.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
© Vitra GmbH
Vue d’un espace informel dans les bureaux de Max Havelaar à Utrecht, Pays-Bas.
131
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
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Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
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Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
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Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
exigés finiront par impliquer des sur- d’être à la pointe sur ces enjeux. Mais
coûts exponentiels pour des gains de un immeuble s’inscrit toujours dans un
plus en plus faibles, alors qu’il existe marché, ce qui invite à se demander
d’autres gisements de si le Well, lui aussi, est
performance et d’éco- « La filière immobilière pertinent dans tous les
nomies peu ou pas se retrouve de plus contextes.
traités par la régle- en plus en peine de
mentation, notamment prendre en main et de Pour résumer, je dirais
concernant les usages. gérer correctement les que la profession a
Par ailleurs, le caractère immeubles livrés, qui ont désormais intégré
vert d’un immeuble ne été sur-optimisés dans que cette course à la
me semble pas pouvoir toutes leurs dimensions performance environ-
se résumer à sa seule techniques et ne tolèrent nementale représente
performance énergé- pas les à-peu-près un surcoût, et que s’il
tique : le traitement de s’agissant de leur gestion. devient obligatoire de
HQE
thématiques telles que La volonté louable de respecter toujours plus
la qualité sanitaire des performance énergétique de règlementations,
espaces, la santé au devient dès lors porteuse nombre de régions
travail, la maintenabi- de risques et implique de françaises risquent
lité, la connectivité du former continuellement de voir la production demeure la
certification
bâtiment ou encore la l’ensemble de la chaîne, immobilière neuve
environnementale
capacité d’effacement du promoteur à la réduite du fait de la majoritaire en France.
de consommation maîtrise d’œuvre en difficulté à atteindre
électrique sont éga- passant par l’investisseur, l’équilibre écono-
lement à prendre en l’asset manager et le mique. Tout le territoire
compte. property manager. » français est loin d’avoir
l’attractivité de Paris et
D a n s l e m ê m e ordre d’idées, il faut donc de permettre d’absorber l’évolu-
souligner que la filière immobilière tion des coûts du fait des prix de vente
se retrouve de plus en plus en peine pratiqués.
de prendre en main et de gérer
correctement les immeubles livrés, En quoi le défi de la performance
qui ont été sur-optimisés dans toutes environnementale peut-il être
leurs dimensions techniques et ne créateur de valeur, et comment
tolèrent pas les à-peu-près s’agissant mesurer la valeur verte d’un actif ?
de leur gestion. La volonté louable de
performance énergétique devient dès La mise en place d’une démarche
lors porteuse de risques et implique de volontaire, conduite en anticipation des
former continuellement l’ensemble de contraintes réglementaires par le pro-
la chaîne, du promoteur à la maîtrise moteur, l’asset manager ou le property
d’œuvre en passant par l’investisseur, manager, va lui apporter un puissant
l’asset manager et le property manager. critère de différenciation de son offre
ou de son produit. Trois leviers majeurs
Enfin, on voit aujourd’hui apparaître de peuvent être actionnés : consommer
nouveaux labels comme le label Well, mieux (plus efficacement), consom-
qui est centré sur le bien-être au travail mer moins (plus sobrement) et
et qui réintroduit une différenciation consommer autrement (recourir à
possible pour les immeubles désireux d’autres types d’énergie). Mieux maîtri- 139
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
© PERIAL
1 Les indicateurs IPD de l’immobilier vert, créés par l’entreprise de services financiers MSCI, mesurent par m² la performance
environnementale (énergie, CO2, eau, déchets) et économique (coût global d’utilisation) des bureaux verts. 141
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
© PERIAL
142 Vue extérieure de l’immeuble Seven à Lyon, redéveloppé par PERIAL et livré en 2016.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
Vue intérieure de l’immeuble Seven à Lyon, redéveloppé par PERIAL et livré en 2016.
146
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
© Christine Ledroit-Perrin
Quelles sont selon vous les grandes
tendances qui affectent actuelle-
ment l’immobilier de bureau ?
d’usage, qui recouvre à la fois la flexi- In Situ, est le reflet de notre vision de
bilité pour l’utilisateur, l’évolutivité pour l’aménagement des espaces de travail
l’investisseur et la qualité de vie au telle que nous l’avons formalisée à tra-
travail pour les salariés. Cette valeur vers la démarche OpenWork. D’abord,
d’usage regroupe les qualités intrin- nous avons été vigilants sur la flexi-
sèques du bâtiment qui vont créer bilité des locaux et notamment sa
l’attachement de l’occupant à ses divisibilité. De fait, VINCI Immobilier
locaux. n’occupe que 50 % du bâtiment et
celui-ci est entièrement conçu pour
La démarche OpenWork, que nous recevoir plusieurs sociétés sans que
déployons dans toutes nos opérations cela soit perceptible pour le visiteur. Il
de promotion de dispose ainsi de deux
b u re a u x , d é co u le halls d’accueil distincts.
p l e i n e m e n t d e ce De même, les ascen-
constat puisqu’elle
« Ce qui est devenu seurs et l’ensemble
vise à optimiser cette
un critère essentiel des circulations ver-
valeur d’usage. Nous y
d’appréciation, ticales peuvent être
avons ajouté un autre
c’est la question de affectés à un des loca-
volet : l’exploitabilité
la valeur d’usage, taires : si vous montez
du bâtiment, c’est-à-
qui recouvre à la dans un ascenseur
dire la simplicité et le
fois la flexibilité VINCI Immo bi l i e r,
caractère économique
pour l’utilisateur, celui-ci est pro-
de sa maintenance. Ce
l’évolutivité pour grammé pour ne pas
n’est pas pour autant
l’investisseur et pouvoir vous donner
un label, car un label
la qualité de vie accès aux locaux des
a toujours tendance à
au travail pour les autres locataires. Cette
figer la performance,
salariés. » organisation est parfai-
et nous considérons tement réversible et, au
que pour chaque départ des occupants
opération – neuve ou réhabilitée – les actuels, le bâtiment pourra recevoir
critères d’optimisation de la valeur une autre divisibilité, voire répondre
d’usage sont spécifiques. aux besoins d’un preneur unique.
Ensuite, l’évolutivité du bâtiment a
Évidemment, plus le bâtiment est été étudiée avec soin. S’il nous a été
flexible pour l’utilisateur, plus il possible, par exemple, d’aménager un
est complexe à délivrer pour le étage exclusivement en salles de réu-
promoteur. Faire en sorte qu’un nion au moment où nous avons pris
même espace puisse accueillir possession des locaux, c’est parce que
successivement la place centrale du nous avions prévu une hauteur sous
bâtiment, des bureaux cloisonnés et plafond suffisante pour nous réserver
des bureaux ouverts ne va pas sans cette possibilité – mais nous aurions
un grand nombre de contraintes pu aussi bien y installer des bureaux
techniques. C’est tout le défi que nous ouverts ou fermés. Enfin, une attention
devons relever sur chaque immeuble particulière a été apportée à la qua-
pour optimiser sa valeur d’usage. lité de vie au travail. La morphologie
du bâtiment a été pensée pour optimi-
Notre siège social à Boulogne- ser les espaces en premier jour, et des
Billancourt (Hauts-de-Seine), baptisé lieux indiscutables de convivialité ont 149
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
© Hugo Hébrard
© Intersens
Perspective de l’opération Universeine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), avec la halle EDF réhabilitée.
Le parc tertiaire francilien est déjà le sera le fait que de quelques pionniers,
plus important au monde (53 millions dans des quantités limitées. En
de mètres carrés) et la croissance
économique actuelle génère des
besoins nouveaux limités. De nouvelles
opportunités émergent régulièrement
« C’est davantage sur le segment des logements
du fait de l’obsolescence du parc, mais
que le Grand Paris va changer la donne. Le parc
je n’imagine pas un accroissement
tertiaire francilien est déjà le plus important
significatif de celui-ci, en valeur
au monde (53 millions de mètres carrés) et la
absolue, dans les années à venir. Il est
croissance économique actuelle génère des
clair que, suivant un principe de vases
besoins nouveaux limités. »
communiquants, certains secteurs
actuels de bureaux vont connaître un
déclin au profit de nouveaux quartiers revanche, compte tenu des besoins en
ayant gagné en accessibilité ; mais il ne logements qui sont de longue date
faut pas oublier que la localisation ceux de l’Île-de-France, le développe-
dans des sites très tertiarisés est jugée ment de nouveaux secteurs résidentiels
stratégique par les entreprises, et que paraît éminemment souhaitable.
le report vers les nouveaux secteurs ne
155
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
L’équation économique
des stratégies de relocalisation
Des arbitrages complexes associant prix du foncier et de l’immobilier, coût de
revient du poste de travail, accessibilité ou encore proximité des aménités urbaines,
conduisent les entreprises à mettre en place des stratégies de regroupement ou
de rééquilibrage de leurs implantations. S’agissant de l’agglomération parisienne,
les communes de la proche couronne, et notamment celles limitrophes de Paris
(Saint-Denis, Issy-les-Moulineaux, Montrouge, Pantin), parce qu’elles associent
opportunités foncières et proximité au cœur de la métropole, semblent s’imposer
comme les territoires d’accueil de grandes plates-formes d’entreprises. Certains
mouvements de retours en arrière attestent toutefois de l’attractivité évolutive
des territoires, qui n’est jamais définitivement acquise. À travers les exemples
du Village La Poste dans le 15ème arrondissement de Paris, de l’immeuble Noda à
Issy-les-Moulineaux et du campus des Dunes à Fontenay-sous-Bois, Dang Tran,
Directeur Général Adjoint de Poste Immo, ainsi que Catherine Guizol et
Jean-Marc Castaignon, directeurs immobiliers de grandes entreprises, livrent
trois illustrations de stratégies de relocalisation au service de la résilience et de la
performance de leurs entreprises.
156
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
4 ans
tage du sens de la démarche, dans un
La question de la stratégie sous- contexte propre à chaque entreprise.
jacente mérite effectivement d’être
posée car les entreprises, au moment Dans le cas de La Poste, notre
seulement seront d’amorcer un projet tertiaire de grande ambition était double. D’une part, il
nécessaires pour ampleur, se retrouvent devoir faire la s’agissait de transformer les façons
amortir le coût du part des choses parmi les principes de travailler des services des sièges
regroupement de
d’aménagement désormais volontiers et supports (ressources humaines,
dix sites au sein du
Village La Poste. présentés comme indispensables : comptabilité, achats, contrôle de
il faut des espaces ouverts, il faut gestion, etc.). D’autre part, il s’agissait
du coworking, il faut réduire la part de « désiloter » des entités qui, du fait
des postes de travail attribués, etc. du modèle organisationnel du Groupe
Largement véhiculées par les medias, en grandes branches (Courrier-Colis,
les conférences et les parutions spé- Réseau La Poste, etc.), avaient fini par
cialisées, ces solutions pourraient créer une forme de cloisonnement
générer une forme de « prêt-à-pen- préjudiciable au développement
ser » face à laquelle une certaine prise d’offres globales de services, sans
de recul me paraît salutaire. Ce qui est parler de situations où une branche
160 Vue d’un espace informel du Lemnys, dans le 15ème arrondissement de Paris.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
163
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
1 Issu de la fusion en 2016 de Coca-Cola Enterprises, Coca-Cola Iberian Partners et Coca-Cola Erfrischungsgetränke GmbH,
Coca-Cola European Partners, dont le siège est situé à Londres, est le premier embouteilleur indépendant de Coca-Cola au
164 monde.
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
et détente, ainsi que dans les salles de « Le lieu physique de l’entreprise, et
réunion. notamment le siège social, doit rester
l’endroit le mieux adapté pour les
En conclusion, quelles seront selon salariés, sans quoi ils s’orienteront
vous les principales caractéristiques mécaniquement vers les espaces
de l’immeuble de bureaux de demain ? de coworking et les tiers-lieux dans
toute leur diversité, ou resteront tout
La problématique essentielle qui simplement chez eux. »
émerge depuis déjà quelques années
est liée à la multiplication des lieux On pourrait par exemple imaginer que
du travail, dans et en dehors de demain, l’auditorium situé au rez-de-
l’entreprise : demain plus encore chaussée d’un immeuble d’entreprise
qu’aujourd’hui, il sera possible de s’ouvre à des conférences auxquelles
travailler n’importe où. Dès lors, la pourraient assister aussi bien les
question pour l’entreprise est de savoir collaborateurs de l’immeuble que les
comment maintenir une communauté riverains. On pourrait également
physique, liée par un sentiment imaginer des halls d’accueil moins
d’appartenance. formatés et plus transparents, voire
traversants pour les riverains. Les
Je pense que le lieu physique de l’en- immeubles de bureaux pourraient
treprise, et notamment le siège social, accueillir des expositions temporaires,
doit rester l’endroit le mieux adapté des pop-ups, avec une gamme de
pour les salariés, sans quoi ils s’orien- services qui ne seraient pas réservés
teront mécaniquement vers
les espaces de coworking et
les tiers-lieux dans toute leur
diversité, ou resteront tout
simplement chez eux – d’où l’im-
portance de conserver un espace
de collaboration commun, pas
uniquement décentralisé et digi-
tal. Demain, on viendra chercher
dans un immeuble de bureaux
du lien social, une rencontre et
un lieu unique d’expérience de
travail avec de la valeur ajoutée.
J’y vois un enjeu essentiel pour
les bureaux dans le futur, et je
crois que Coca-Cola a contribué
à ouvrir cette voie en permet-
tant de travailler différemment
Vue d’un espace de réunion avec tables hautes, pour des réunions rapides et
et d’accéder à un mode de travail
efficaces (immeuble Noda).
collaboratif et moderne à travers
la création de son nouveau siège. aux seuls occupants de l’immeuble,
tout en gardant en tête les contraintes
Un autre enjeu est selon moi l’ouverture de sûreté et de confidentialité
des immeubles tertiaires à l’éco- auxquelles sont sujettes la majorité des
système extérieur et à la société civile. entreprises. 169
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
rer un rééquilibrage de
nos effectifs en faveur
de la périphérie est de
Paris. 5 000 collabora-
teurs occupent donc
aujourd’hui les Dunes
et sont très majoritai-
rement en provenance
du quartier d’affaires,
où nous avons libéré
90 000 m² dont nous
étions locataires. Nous
sommes en revanche
propriétaires des Dunes,
qui se déploient pour
leur part sur 90 000 m².
idées. Les bâtiments sont donc plei- coûts immobiliers. Nous avons donc
nement au service du fonctionnement installé des capteurs de présence
en mode collaboratif et de la perfor- sous chaque poste de travail afin de
mance collective. permettre un suivi très précis de leur
taux d’utilisation. Dernier point : le
Pour l’heure, les Dunes offrent autant système de visioconférence disponible
de postes de travail qu’elles comptent dans de nombreux espaces de réunion
de collaborateurs, sachant que la est d’une qualité irréprochable, afin
possibilité est donnée à chacun de d’épargner à nos collaborateurs de
télétravailler un jour par semaine. C’est devoir se déplacer à la Défense pour
une amélioration notable par rapport un rendez-vous avec des collègues qui
à nos précédentes implantations de la y sont encore basés.
Défense, où le ratio était d’1,2 poste de
travail par salarié. Notre siège londonien Enfin, l’une des constituantes les
a quant à lui un temps d’avance, car plus originales des Dunes s’appelle
le ratio est tombé à 0,8 sans que cela le « Plateau ». Cet espace de près de
ne pose aucune difficulté pratique. Ce 1 000 m² accueille gracieusement
différentiel n’a rien d’anecdotique, car des start-ups internes et externes qui
l’optimisation des mètres carrés est forment notre écosystème local de
un puissant levier de réduction des l’innovation. Trois collaborateurs de la
© Urbavox / Jean-Pierre Porcher
Vue plongeante sur le pavillon d’accueil des visiteurs du campus des Dunes. 173
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
Une autre vue du campus des Dunes, dont les bâtiments disposent d’au moins un balcon par étage.
175
Les bureaux : de futurs défis territoriaux et managériaux Cahier #5 – 2017
www.wework.com
176
Chapitre 3 Le bureau, créateur de valeur pour l’entreprise
En accord avec les cibles de Well, le 55 Amsterdam a mis l’accent sur les
déplacements doux (accueil renforcé du vélo), l’ergonomie des espaces de
travail, le confort thermique et olfactif, la lumière naturelle, la place de l’art, la
revalorisation des espaces de circulation pour favoriser l’activité physique, la
biophilie ou encore le goût de l’eau. L’investisseur canadien Ivanhoé Cambridge a
quant à lui manifesté son intention de viser le label Well pour son projet des tours
Duo, dans le 13ème arrondissement de Paris, annoncées pour 2020.
www.wellcertified.com
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© ESSEC Business School – Février 2017
Les sièges sociaux exemplaires dans lesquels s’implantent un certain nombre de grands comptes
sont-ils véritablement en voie de diffusion ? Quelle pertinence y a-t-il à répliquer au sein
des grandes plateformes d’entreprises les aménagements innovants propres aux start-ups ?
S’agissant de l’immobilier tertiaire, le Grand Paris va-t-il rebattre de manière significative les
cartes de l’attractivité territoriale ? Comment les entreprises peuvent-elles, à travers leur
immobilier, être parties prenantes d’une démarche active et cohérente à l’échelle
métropolitaine en faveur du développement durable ?