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La franc-maçonnerie ne laisse pas indifférent. Sur certains elle exerce de la fascination, et sur
d’autres une crainte superstitieuse. Pour ceux qui sont attirés, il y a un risque de se tromper
d’objectif parce qu’on vient à une organisation pour ce qu’elle n’est pas. Aussi commençons
par définir la franc-maçonnerie. Il est impossible de donner à la franc-maçonnerie une seule
définition. En voici une, du Grand Maître Bernard Lancelot de l’Ordre Maçonnique Hermétique
(OMH) :
Doctrine symbolique = doctrine qui recourt au symbolisme, qui est une forme
d’expression dans laquelle un objet physique (forme, son ...) est conçu pour
représenter, suggérer une réalité supérieure, abstraite, non perceptible par les sens
ordinaires. Avec le symbolisme, le tout ne réside pas dans l’objet que l’on voit, ni la
phrase que l’on entend, ni dans ce que l’homme appréhende par son intelligence. Le
symbole a toujours une dimension supérieure, comme une clé qui vous ouvre la porte
à un monde supérieur, le monde spirituel, qui ne peut être perçu avec l’intelligence
humaine.
Pour réaliser sa mission, à savoir transformer la pierre brute en pierre taillée, la franc-
maçonnerie recourt à deux choses : le rituel et l’enseignement de connaissances secrètes
(ésotérisme).
1° Se tromper d’objectif
Le but de la franc-maçonnerie est de travailler la pierre brute pour aboutir à une pierre taillée,
ce qui s’appelle l’initiation. Que dire alors de celui qui y vient pour obtenir des pouvoirs
occultes ou des relations pour la politique et les affaires ? Celui-là est égaré dès le début. Il
passe à côté de la plaque. La franc-maçonnerie ne va pas l’exclure de ses rangs, parce que
chacun vient à la connaissance quand il est prêt, quand son heure est là.
Très peu de gens comprennent le symbolisme, quand bien même ils pensent connaître les
symboles. LE SYMBOLE N’EST PAS FAIT POUR ETRE ABORDE PAR L’INTELLECT. Réduire le travail
des symboles à définir intellectuellement ce qu’est la pierre brute ou à faire de belles
dissertations (planches) sur le marteau ou l’équerre c’est passer à côté de son sujet. La forme
ou la définition précise du sujet a moins d’importance que le sens qu’il éveille. Une musique
sans parole par exemple peut suggérer un sentiment de joie. Certaines compositions de ce
genre sont réputées d’éveiller le même sentiment dans presque tous ceux qui l’écoutent. Ceci
fait s’exclamer le Grand Maître de l’OMH Bernard Lancelot : « Voilà pourquoi la pratique qui
consiste à parler exclusivement de la symbolique lors des tenues n’est pas bonne ».
Aux yeux de l’homme ordinaire (le profane) le rituel est une suite codifiée d’actes, de paroles,
de gestes, sur lesquels il ne se pose généralement pas de questions : le prêtre qui fait le signe
de la croix, qui balance l’encensoir, qui asperge d’eau les fidèles, le pasteur qui lève les mains
vers le ciel ... Pour l’initié (l’homme informé), « le rituel ouvre et ferme l’espace et le temps
sacrés ». Le rituel fait entrer les participants dans un autre plan, autre que le plan physique,
même si les sens humains ne s’en rendent pas compte. Le rituel se pratique généralement en
loge (qui ne signifie rien d’autre que temple) ou dans l’occultum (lieu sacré personnel, par
exemple dans votre chambre). C’est au cours du rituel que l’on fera généralement la prière,
étant plus près de Dieu (on dit « monté sur la montagne »), avec plus de chance de réussite,
puisque plus près de la Source.
Le piège est que le seul fait d’exécuter le rituel ne suffit pas pour monter vers les plans
supérieurs. Il faut encore que l’esprit y participe. Le rituel devient mécanique lorsqu’on
l’exécute en étant absent, l’esprit distrait, porté vers autre chose. Pratiquer le rituel de
manière mécanique est un piège redoutable bloquant toute votre réalisation intérieure parce
que vous n’arrivez jamais là où vous êtes censé arriver. C’est comme si vous versiez de l’eau
chaque jour par un tuyau mal ajusté ; votre eau n’arrive tout simplement pas à destination et
vous allez vous rendre compte un jour que le tonneau est toujours vide. LE RITUEL DOIT
TOUJOURS S’EFFECTUER EN ETAT DE PRESENCE.
Les conflits religieux, notamment cette accusation de satanisme, que rencontre la franc-
maçonnerie sont une réaction des organisations religieuses contre son esprit de tolérance. Les
rédacteurs de la Constitution d’Anderson, qui sont des pasteurs, ont estimé que Dieu ne peut
pas être compris par tout le monde, tous les peuples, toutes les religions, toutes les couches
sociales, par les érudits et les moins instruits de la même manière. Rappelons que John
Theophilus Desaguliers, qui a aidé Anderson à la rédaction de la Constitution, était à la fois un
pasteur anglican et un scientifique de renom. Aussi, pour trouver un dénominateur commun
à tous ces groupes sociaux, ils ont utilisé le terme « Le Grand Architecte De l’Univers » à la
place de Dieu.
La première opposition religieuse à la franc-maçonnerie remonte à 1738, soit quinze ans après
la promulgation de la Constitution d’Anderson, lorsque le pape Clément XII lui reproche dans
sa bulle In Eminenti Apostolatus Specula de propager le relativisme en matière religieuse,
selon lequel aucune religion ne serait plus vraie que les autres. Il est intéressant de noter
comment trois siècles plis tard le pape Jean-Paul II nuance son prédécesseur, rejoignant ainsi
ce pourquoi l’église catholique avait ostracisé la franc-maçonnerie. « La société ne se situe plus
dans un monde chrétien mais dans un monde pluriculturel, une nouvelle conception qui requiert
d’ailleurs un dialogue interreligieux, mais ne signifiant pas que toutes les religions se valent (encyclique
Redemptoris missio). La nouvelle évangélisation tend à une ouverture aux autres cultures ».
MUALIMU MUTEMBEZI,