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De la régulation à la gestion
par Pierre MICHEL
Ingénieur de l’École nationale des travaux publics de l’État (ENTPE)
Habilité à diriger des recherches en sciences
Docteur en Génie civil
Chercheur au Laboratoire des sciences de l’habitat (ENTPE DGCB – URA CNRS 1652)
Cet article fait suite à l’article [BE 9 420] « Conduite des systèmes climatiques. Chaîne de
régulation » auquel le lecteur pourra se reporter.
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CONDUITE DES SYSTÈMES CLIMATIQUES ___________________________________________________________________________________________________
1. Quelques principes,
composants et systèmes Es Ve T
Sollicitations
extérieures Ambiance
Courbe de T
1.1 Lois de correspondance chauffe
Teau Régulateur
Pour une installation de chauffage à eau chaude, si l’on excepte Eau de
les thermostats fonctionnant en « tout ou rien », les régulateurs les Commande
chauffage
plus simples gèrent selon une loi proportionnelle entre la tem-
Départ
pérature de départ de l’eau chaude et la température ambiante. Text V C T
La bande proportionnelle définit la loi de correspondance — Vanne Pompe de
linéaire — entre l’une et l’autre. Teb Tnc circulation
Ce type de régulateur fonctionne en boucle fermée en utilisant
soit la seule mesure d’une sonde d’ambiance par action sur une Retour
Générateur
vanne de mélange, soit en couplant cette mesure à celle de la tem-
pérature de départ d’eau chaude. Dans ce cas, le régulateur agit Es ensoleillement
sur une vanne de mélange trois voies progressive (V) ou sur le brû- Ve vent V vanne
leur par action tout ou rien (figure 1). Le circulateur de chauffage T température C pompe de circulation
(C) fonctionne ici à débit constant.
Cette régulation a été fréquemment mise en œuvre en habitat Figure 2 – Régulation en fonction des sollicitations extérieures
individuel, dans des régulateurs offrant une fonction de program- d’une installation de chauffage à eau chaude
mation temporelle permettant de moduler la consigne. La bande
proportionnelle définissant la pente de l’action proportionnelle est
le plus souvent fixée. Le choix par l’occupant de la consigne opère
une translation horizontale de cette bande.
Destinés aux bâtiments importants (logements collectifs, ter- Es Ve T
tiaire, individuel de grand volume), les régulateurs en fonction de
l’extérieur disposent d’une loi de correspondance de la tempéra- Sollicitations
ture de départ de l’eau chaude en fonction de la température exté- extérieures
Teau Courbe de
rieure et d’une boucle fermée régulant la température d’eau, par chauffe
action sur le brûleur (tout ou rien) ou sur une vanne de mélange Régulateur T
progressive (figure 2). Ils disposent d’une horloge de programma- Ambiance
tion des consignes et peuvent intégrer l’information de sondes Ajustements Commande
individuels Eau de
compensatrices tenant compte du rayonnement solaire ou du vent R
chauffage
autour du bâtiment [2].
Text V C TT
Le paramétrage de la loi de correspondance se fait par : Départ
— détermination de la température de non-chauffage (Tnc ) ; Teb Tnc
— ajustement de la température de non-chauffage pour intégrer
des apports gratuits ; Retour
— détermination de la température maximale de l’eau pour la Générateur
température extérieure de base (Teb ). R régulateur
Cette loi de correspondance doit alors être corrigée dans le cas
d’émetteurs à loi non linéaire (radiateurs) et selon la réponse réelle
Figure 3 – Principe de régulation d’un système mixte « base + appoint »
du système.
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P P
Base (Heures pleines) Ajustement de Élément
Base (Heures creuses) la consigne thermosensible
Chauffage Chauffage d'appoint
d'appoint
Chauffage
de base
Soupape de
Teb Tnc Text Teb Tnc Text réglage du Ressort
débit d'eau d'équilibrage
a b
P puissance fournie
Corps Tête
Élément
Émetteur thermosensible
eau chaude
Positon
T Partie Partie T de la tige
collective individuelle Action sur
le débit
Ambiance Ambiance Consigne
Résistance Résistance
Positon
de la tête
R R
R régulateur
Figure 5 – Bijonction
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Température
P extérieure
T Régulateur
Pointe Ambiance
Es Ve T
Fond Commande T
Sollicitations Départ
extérieures C T
Teb Tnc Text T V
Régulateur Ambiance Retour
P Source
chaude
Pointe Commande
R Générateur PAC Source
froide
Fond
1.4 Biénergie
Certaines installations utilisent conjointement deux énergies
pour tenir compte de contraintes de disponibilité ou de différences
tarifaires importantes. La régulation est alors basée sur une struc-
ture « fond + pointe ».
En fonctionnement simultané (figure 7), l’énergie la moins chère ∆ ∆ Teau
1
est utilisée en fond et l’installation est dimensionnée comme telle. 2
L’énergie la plus onéreuse (ou l’énergie tarifée) n’est appelée qu’en 3
cas de températures basses impliquant un complément de puis- Fonctionnement des générateurs
sance. Le fonctionnement alternatif (seconde loi de la figure 7)
correspond à des situations techniques ou économiques où les
deux énergies ne peuvent être utilisées ensemble : chaudière Figure 9 – Principe de régulation de chaudières en séquence
biénergie monobloc fioul + électricité, chaudière bois et chaudière
fioul montées en parallèle... Dans le premier cas, le passage à un
tarif élevé (heures pleines, jours de pointe...) interdit l’usage de À l’instar d’une bande morte, un différentiel de commutation ∆
l’électricité par délestage. Dans la seconde occurrence, le régula- permet d’éviter des démarrages/arrêts trop fréquents des généra-
teur démarre la chaudière fioul et oriente une vanne trois voies de teurs. L’ordre des générateurs est permuté régulièrement afin
commutation en cas de défaut d’alimentation de la chaudière bois d’harmoniser les temps de fonctionnement des différents généra-
attesté par son niveau de température. teurs dans un souci d’optimisation de la maintenance, la disponi-
Une pompe à chaleur en relève de chaudière constitue une bilité de plusieurs générateurs constituant, en tout état de cause,
configuration intermédiaire dans laquelle existe une plage de fonc- un gage de sécurité [5].
tionnement simultané des deux générateurs (figure 8). Pour les
températures extérieures les plus clémentes, la PAC fonctionne
seule et puise l’énergie dans la source froide (air extérieur, nappe
phréatique, échangeurs enterrés...) ; le fonctionnement de la chau- 1.6 Plancher chauffant
dière est alors interdit pour des raisons économiques. Une limite
inférieure de température extérieure induit l’arrêt de la pompe à L’inclusion d’un réseau hydraulique ou d’une nappe électrique
chaleur pour éviter le givrage [6]. dans une dalle de béton (ou entre une dalle support et une chape)
Dans la zone intermédiaire, les deux générateurs de chaleur peu- permet de constituer un émetteur de chaleur à forte inertie, fré-
vent fonctionner simultanément, la pompe à chaleur travaillant quemment utilisé dans des solutions base + appoint (figure 10). Le
alors à pleine charge. Des dispositifs de sécurité sont en outre choix du revêtement de sol joue alors un rôle important dans la
ajoutés, d’une part pour limiter la température à l’entrée de la qualité de l’émetteur. Les nappes électriques sont dotées de diffu-
pompe à chaleur (température de retour d’eau chaude inférieure à seurs afin d’optimiser la transmission de chaleur entre l’élément
50 oC), d’autre part pour éviter des cycles trop courts d’enclenche- chauffant et la dalle (figure 11).
ment de la machine thermodynamique, susceptibles de réduire sa La masse thermique disponible constitue un réservoir d’énergie
durée de vie. calorifique, particulièrement utile en chauffage électrique pour
bénéficier d’une tarification intéressante en provoquant des sur-
chauffes contrôlées. L’énergie est alors restituée, en fonction de
1.5 Régulation de chaudières en séquence l’inertie, durant les périodes de tarif élevé (figure 12). Dans les ins-
tallations à eau chaude, le plancher chauffant permet de travailler
à plus basse température et donc de limiter les pertes énergétiques
La conduite de plusieurs générateurs régulés en séquence per-
du système.
met de moduler la puissance fournie en fonction des besoins. La
température de retour d’eau chaude peut, par exemple, déclencher Longtemps victime d’une image négative, le plancher chauffant
le fonctionnement des chaudières selon une loi de correspondance constitue aujourd’hui une solution intéressante tant sur le plan
illustrée figure 9. énergétique qu’en termes de confort. La conception du réseau
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Dalle 0
support Temps
Fonctionnement
Arrêt
Temps
Blindage tressé acier Gaine extérieure
(Polyéthylène haute densité)
Figure 13 – Principe général du délestage
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Puissance absorbée
Évolution
évitée
Pmax
0
Temps
Fonctionnement
Marche
Période de
délestage
Arrêt
Temps
1.8 Ventilation
Figure 16 – Principe général de ventilation
La ventilation d’un local vise à limiter les concentrations de pol-
luants (humidité, CO2 ...) en deçà de valeurs hygiéniques ou sécu-
ritaires. Qu’il s’agisse de ventilation naturelle, de ventilation La présence et la concentration en CO2 (représentatives de la
mécanique, voire de ventilation hybride, l’insufflation d’air neuf et présence d’occupants) sont deux grandeurs couramment utilisées
l’extraction d’air vicié constituent les éléments essentiels de cet pour contrôler à la demande la ventilation d’un local, en particulier
objectif de qualité d’air. D’autres contraintes peuvent ensuite venir dans les immeubles de bureaux (salles de réunion, bureaux...). Une
compliquer la stratégie à mettre en œuvre : limitation des déperdi- présence ou une concentration excessive conduisent selon les ins-
tions par renouvellement d’air, satisfaction des critères de confort tallations à piloter un ventilateur, à moduler la position d’un regis-
(vitesse d’air, bruit...), limitation des consommations d’énergie tre ou à agir sur un ouvrant en ventilation naturelle. La figure 17
auxiliaire... [10]. illustre un tel asservissement, les zones occupées étant ventilées
La figure 16 illustre le principe général de ventilation d’un loge- alors que l’aération des zones vides est suspendue. Un asservisse-
ment par l’établissement d’un schéma prioritaire de circulation. ment au CO2 peut conduire à moduler les débits extraits.
L’air neuf est introduit dans les pièces de vie, puis pénètre dans les
pièces de service, plus chargées en polluants, où il est extrait.
L’efficacité de ce principe suppose d’une part que puissent exister 1.9 Conditionnement d’air
les passages entre pièces (par exemple sous les portes fermées),
d’autre part que soient évités des courts-circuits dans ce schéma Les installations de conditionnement d’air [10] permettent de
(entrées d’air inappropriées). réguler tout à la fois la température ambiante (par chauffage ou
Les bouches d’entrée d’air autoréglables et les bouches d’extrac- rafraîchissement) et l’humidité (par humidification ou déshumidifi-
tion hygroréglables constituent des systèmes simples de régulation cation) et réalisent la ventilation des locaux concernés. La conduite
de la ventilation, les premières en limitant mécaniquement le débit d’une telle installation, réalisée par exemple par des séquences
entrant maximal sous de forts écarts de pression, les secondes en de signaux ou par programmation logique, obéit à différentes
modulant le débit extrait selon la teneur en humidité intérieure. contraintes parmi lesquelles :
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ion
e
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icat
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hum roid
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Dés terie f
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Hum
Sou
Boî
Pré
F ilt
Bat
Air Bat
neuf
+
Recyclage
Air
extrait
Extraction
Figure 18 – Schéma général d’une installation de conditionnement d’air (d’après J.V. Andersson)
— limiter la vitesse de l’air insufflé, sa température et son humi- 1.10 Production d’eau chaude sanitaire
dité pour éviter des situations d’inconfort local ;
— utiliser, si la température extérieure le permet, la ventilation La production d’eau chaude sanitaire (ECS) obéit à des exi-
comme mode de rafraîchissement ; gences de débit et de température, en termes de niveau et de
— interdire l’usage simultané des batteries chaude et froide ; stabilité [11]. La production par accumulation simplifie la régula-
tion qui doit « simplement » maintenir l’eau à une température pré-
— protéger l’installation contre les risques de gel (batterie
définie, en donnant éventuellement priorité à la production dans le
chaude amont) ou les risques d’incendie (batterie électrique) ;
cas d’une combinaison chauffage-ECS. Dans le cas d’une prépara-
— protéger le réseau de distribution contre les risques de tion instantanée, un échangeur intermédiaire évite les risques de
condensation. trains de chaleur. Dans les installations collectives, une boucle de
circulation évite une attente prolongée en cas de puisage, mais
La conduite combine une régulation centrale agissant sur les
peut conduire à des déperditions thermiques importantes.
différents équipements climatiques et une régulation terminale
contrôlant des registres sur les réseaux de soufflage et d’extraction La régulation d’une installation de production et de distribution
en fonction de grandeurs de contrôle telles que la présence ou la d’eau chaude sanitaire comporte généralement trois niveaux
concentration en CO2 . La figure 18 présente l’organisation géné- principaux :
rale d’une telle installation de conditionnement d’air et de sa régu- — génération : la régulation assure le pilotage du générateur
lation. L’insufflation, le recyclage et l’extraction sont contrôlés par pour le maintien en température du ballon de stockage au niveau
le système central qui régule également le traitement de l’air : de consigne souhaité ;
chauffage ou refroidissement, humidification ou déshumidification. — alimentation : une vanne de mélange commandée assure, en
L’air est alors distribué par le réseau aéraulique dans les différents fonction des besoins, le niveau de température de l’eau chaude
locaux selon les besoins propres. sanitaire distribuée ;
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Utilisateur Supervision
T H T T Équipements
Capteurs Capteurs Capteurs
Actionneurs Actionneurs Actionneurs
a moteur de registre dans un b moteur équipant une vanne
Figure 20 – Les différents niveaux fonctionnels d’une GTB réseau de ventilation trois voies
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émergent, s’appuyant sur des clubs d’utilisateurs regroupant prin- 2.3 Les services
cipalement des industriels, et dont l’objectif est de tendre vers
l’interopérabilité des produits au sein d’un même système.
La disponibilité de personnels en charge de la gestion d’un
Enfin, une GTB communique nécessairement et de plus en plus bâtiment — et donc de l’utilisation de la GTB — est un facteur
avec le monde extérieur : avec un gestionnaire hors des murs, avec essentiel à la fois dans la décision d’un maître d’ouvrage d’installer
des industriels pour des mises à jour de programmes, avec des un tel système de gestion et dans l’efficacité de la gestion du bâti-
prestataires pour un suivi des installations. Les moyens de ment. Une offre de services extérieure existe, qui peut permettre
communication se diversifient rapidement. Aux liaisons Minitel et au maître d’ouvrage d’externaliser la gestion de son patrimoine.
modem sur serveur dédié vient s’ajouter aujourd’hui de manière
générale une communication basée sur IP (Internet Protocol ) per- Les services proposés diffèrent selon la complexité du bâtiment
mettant de bénéficier de tous les outils, infrastructures et dévelop- et de son fonctionnement, le nombre de points physiques et vir-
pements liés à Internet : téléchargement, prise de contrôle à tuels à gérer, les moyens de traitement et de communication à
distance, échanges de données... mettre en œuvre, ainsi que bien sûr le niveau de service offert. Ces
services peuvent être regroupés en cinq catégories :
Les technologies radio offrent par ailleurs des possibilités et des
perspectives importantes, en particulier pour la communication — la téléformation des personnels de gestion ;
entre le bâtiment et le gestionnaire. Aux protocoles GSM (Global — la télémaintenance, gérant essentiellement les pannes ;
System for Mobile communications ) et WAP (Wireless Application — le télésuivi, comportant le recueil d’informations et l’analyse
Protocol ) aux capacités limitées (transmission d’alarmes ou des données ;
d’informations textuelles réduites) devraient se substituer des pro- — la téléassistance, constituée d’un télésuivi et d’une assistance
tocoles beaucoup plus performants, tels que l’UMTS (Universal à la conduite (paramétrage...) ;
Mobile Telecommunications System ) offrant des bandes passantes — la téléexploitation, qui constitue une délégation à la gestion
beaucoup plus grandes (transmission d’images fixes ou de sur la base d’une garantie de performance de l’installation assurée
vidéos...). par le prestataire.
Références bibliographiques
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