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Musique du Moyen-Âge

Nouvelles compositions

Le répertoire étudié ne commence pas au 9ème, ce sont les sources qui datent de cette époque.
Trois nouvelles techniques de composition : tropes, séquences, drame liturgique.

Il n'y a plus la volonté la même volonté d'unification du répertoire que sous Charlemagne, les répertoires sont
maintenant liés à des centres de composition régionaux. Deux grands centres : le monastère de Saint Gall en Suisse et
l'abbaye de Saint Martial à Limoges.

I. Tropes
Processus de composition poétique et musical sur une mélodie grégorienne préexistante.

Trois types d'intervention possibles :


- addition mélodique. Développement de la mélodie existante avec ajouts d'ornements, de passages mélodiques entiers
(substitution d'un mélisme par un autre par exemple)
- addition textuelles à des chants préexistants. On peut ajouter un texte dont le nombre de syllabes correspond plus au
moins au nombre de notes de la mélodie originelle. Une mélodie mélismatique se transforme ainsi en mélodie
syllabique. C'est probablement la première pratique de tropes car problème de mémorisation des longues mélodies
mélismatiques (traces relatant ce problème à Saint Gall). Le soliste peut ainsi chanter la mélodie syllabique pour aider
le chœur à chanter la mélodie mélismatique.
- addition mélodique et textuelle. Cf document 1 : La durée de l'antienne est doublée par l'addition des tropes. Après le
verset on reprend l'antienne, qui est aménagée à chaque fois différemment.

Le but n'est plus seulement de servir la liturgie et de faciliter la mémorisation, mais de créer. Le répertoire n'est donc
plus contrôlé de manière centrale, il n'y a plus d'unification.

Certaines mélodies originelles sont oubliées et substituées par des tropes.

Certains tropaires (recueil de tropes) sont constitués de tropes médiocres (trop longs, poésie mal agencée...)

Après le XIIème siècle, il y a moins de tropaires à cause du développement de la polyphonie.

II. La séquence, trope de l'alléluia


La vocalise de la fin de l'alléluia s'appelle « iubilus » car elle exprime la joie. L'origine de la séquence est dans ce
iubilus.

- la séquence primitive : ajout de texte et/ou de musique


- la séquence à texte partiel : ajout de mélismes, texte adapté de façon syllabique à deux ou trois phrases musicales.
Cf document 2. Répertoire très virtuose (parfois plus de deux octaves).
- la séquence à double cursus : deux phrases sont répétées comme une unité avec des paroles différentes (AA', BB', CC',
DD'...). Pas de rapport avec l'alléluia de base, nouvelle pièce qui est chantée tout de suite après l'alléluia. Cf document 3
+ Séquence de Noël de Saint Gall, Natus ante saecula.
- la séquence après le XIème siècle : tend vers une égalité dans les lignes et dans les rimes, glissant davantage vers la
poésie.

Il n'y a pas de traités de théorie de la composition, mais plutôt des écrits rétrospectifs sur la pratique régionale.

Au XVIème siècle, lors du concile de Trente il est décidé qu'il faut mettre fin à ces pratiques régionales. On interdit
l'usage des séquences mais on choisit tout de même d'en conserver cinq, particulièrement populaires :
- Victimae pascali, séquence de la messe de Pâques.
- Dies Irae, séquence de la messe des morts.
III. Le drame liturgique
Il s'agit d'un texte et d'une mélodie qui sont théâtralisés. Dans les offices, il y a déjà des moments fortement théâtralisés
tels que le vendredi Saint pendant lequel on chante la passion du Christ, le nombre de chanteurs étant soigneusement
choisi : la voix la plus grave joue le rôle de Jésus, la voix médiane celle du narrateur. Nouvelle notion d'incarnation des
personnages, emploi de la première personne.

Des manuscrits décrivent très précisément la mise en scène de ces moments musicaux. Au départ ce sont des tropes,
puis petit à petit de véritables pièces de théâtre sont composées et jouées.

Quem quaeritis, « qui cherchez-vous ? » : deux drames, un pour Noël et un pour Pâques. Pour Pâques, un ange est au
tombeau du Christ et rencontre trois femmes qui cherchent Jésus qui est en fait ressuscité. Ainsi, seuls les premiers mots
sont communs aux deux drames, pour le reste tout diffère (personnage, lieu, histoire...)

Office des rois mages, les bergers cherchent l'enfant nouveau-né. Production locale, le drame diffère d'une région à une
autre.

Office des innoncents, massacre des enfants innocents ordonné par le roi Érode.

Hildegard von Bingen (12e s), femme compositrice (premiers noms de compositeurs). Religieuse bénédictine allemande
qui a composé de très nombreux textes de poésie latine également mis en musique. Elle a composé un drame, l' Ordo
virtutum, texte qui met en scène les vertus et les vices, chacun représentés par une chanteuse.

Carmina Burana (13e s), recueil conservé à la bibliothèque de Munich. On y trouve quelques textes théâtralisés.

Jeu de Daniel (13e s), texte qui provient de la ville de Bauvais. Drame qui met en scène un épisode de l'Ancien
testament.

Les gens allaient à la messe sans forcément comprendre la messe. Soucis de démocratisation de la messe, importance de
la mise en scène pour la compréhension par les fidèles.

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