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Le dernier vers du quatrain est construit sur un parallélisme et une antithése : « 

La douceur
qui fascine et le plaisir qui tue » . il exprime d’ailleurs la vision baudelairienne de la femme,
à la fois son idéal (« la douceur »), mais aussi ses peurs (« le plaisir qui tue »).  Le premier
tercet, la troisième strophe, débute par un bouleversement « un éclair… ». Le mot est
évocateur .Seulement, « puis la nuit! ». Ce revirement en quelques mots rappelle la réalité de
la situation. Elle est prosaïque et banale. Une femme passe, un homme (ici Baudelaire) à la
terrasse d’un café la regarde. Elle est déjà partie. Ce que souligne l’adjectif suivant
« Fugitive ».  Le tiret une une prise de parole du poète. Il lui parle directement, en tout cas il
en donne l’impression, puisqu’elle ne l’entend pas. Encore un éloge de sa splendeur
« Fugitive beauté ». Encore l’immédiateté « soudainement » (v.10). Tout est rapide dans ce
sonnet.  « le regard » renvoie à la précédente strophe, il évoque l’espoir. Pendant un instant,
il pensait ne plus être seul dans cette « rue assourdissante »: « renaître ».  La question du
vers 11 est réthorique: « Ne te verrai-je plus que dans l’éternité? ». Il sait qu’il ne la verra
plus, sauf hasard miraculeux. Le terme « éternité » semble hyperbolique par rapport à la
situation prosaïque décrite.
Ce deuxième mouvement complète le précédent. L’éloge de la femme incite le poète à l’émotion

Troisième mouvement: la chute, le désespoir. (Vers 12 à 14, de « Ailleurs » à « qui le savais! »)

Le vers 12 avec ses trois points d’exclamation témoigne de l’urgence de la situation: « Ailleurs,
bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être! ».  Il alterne entre les considérations d’espace « Ailleurs,
bien loin d’ici! » et de temps « trop tard!  jamais peut-être !». L’adverbe « jamais » accentue la
tonalité tragique. Leur amour est impossible… en fait , il n’a jamais commencé. il ne la connaît
pas, il ne connaît même pas son nom. C’est juste son imagination qui travaille, son inspiration de
poète. Le vers suivant avec son parallélisme construit une fausse proximité. Il la tutoie alors qu’il ne
la connaît pas: « Car j’ignore où tu fuis, tu ne  sais où je vais, ». Elle ne fuit pas, elle passe, elle est
« une passante ». Il ne va nulle part, il est attablé à la terrasse d’un café. La rencontre n’a pas eu
lieu, il la crée . Il finit son poème telle une épitaphe décisive : « Ô toi que j’eusse aimé, ô toi qui le
savais! ». Le tragique du point d’exclamation et de la formulation à l’imparfait fait peser un air de
tragédie, de regret. Or, cette femme passait, ne l’avait même pas remarqué. La solitude de l’être qui
veut être aimé explose dans cette dernière ligne. 

Conclusion : Ce sonnet de Baudelaire traite d’un sujet prosaïque de manière poétique. Le lyrisme
des vers, l’éloge de la femme, la solitude criante du poète nous font ressentir sa détresse. La
description d’une beauté parfaite et froide remémore la vision baudelairienne de la femme.
L’urgence du moment en mouvement, la symbolique de la rapidité exaltent  sa sensibilité à fleur de
peau. Le dernier tercet tout en exclamation rythme son désespoir, sa tragique condition d’exclu de
l’amour . D’un thème parfaitement quotidien et banal, Baudelaire crée une situation extraordinaire,
comme si l’amour venait de le frapper. Il idéalise une femme qui passe, pour raconter ses attentes,
pour décrire la femme qu’il aime

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