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2, square La Fayette
B.P. 406
49004 ANGERS CEDEX 01
Téléphone : 02 41 20 41 20
Télécopie : 02 41 87 23 50
Synthèse de l’
EVALUATION TECHNIQUE ET ECONOMIQUE
Avril 2004
Auteur : Guy Prévot
ENVALYS
Création de valeur pour le Développement Durable
12, rue de l’Hermitage – 78700 CONFLANS SAINTE-HONORINE
Tél/ Fax. +33 (0)1 39 19 53 77 – e.mail : envalys@envalys.com
Société à Responsabilité Limitée au capital de 20 000 € - RCS Versailles 450 198 783
Contexte
Cette étude répond à une demande de l’ADEME qui souhaitait affiner sa position sur le
procédé de vitrification de déchets proposé par EUROPLASMA pour pouvoir ainsi mieux
conseiller les collectivités ou les industriels intéressés par cette technique. Elle a pour
objectifs essentiels de :
• situer le niveau de développement du procédé sur les plans techniques et
technologiques
• évaluer le procédé sur le plan économique
• évaluer les possibilités de valorisation du vitrifiat
• comparer cette filière avec la mise en décharge de classe 1
• effectuer un examen des filières d’élimination des résidus de l’incinération de la
région de Bordeaux et évaluer l’intérêt du procédé dans ce contexte local.
1. Objet de la vitrification
La vitrification a pour objet de transformer une matière, souvent pulvérulente, en matière
solide vitreuse. Elle consiste à chauffer les déchets au-delà de leur point de fusion, puis
refroidir brusquement ces déchets en fusion afin d’obtenir une matrice vitreuse appelée
« vitrifiat », c’est-à-dire un solide ayant une structure amorphe (non cristallisée, même s’il est
possible d’obtenir divers degrés de cristallisation en jouant sur la cinétique de
refroidissement). Ceci permet entre autre, une immobilisation efficace des polluants minéraux
présents dans la matrice vitreuse.
En France, la vitrification des mâchefers est techniquement possible. Cependant le surcoût par
rapport à la filière actuelle peut apparaître élevé tandis que le bilan environnemental resterait
à déterminer précisément, mais sera forcément mitigé.
La présente expertise étant basée sur les documents mentionnés en préambule, seul le cas
d’une vitrification intégrée à l’UIOM a été étudié. Cette intégration est faite essentiellement
par :
• l’utilisation du système de traitement des fumées de l’UIOM pour le traitement final
des gaz
• l’utilisation du système de traitement des eaux de lavage des fumées de l’UIOM pour
le traitement des eaux d’épuration des gaz de la vitrification
• les stockages et l’alimentation des cendres.
Il est possible de rendre la vitrification complètement autonome d’une UIOM par des
installations dédiées à la vitrification ayant tous les périphériques spécifiques (stockages,
traitement des fumées, traitement des eaux d’épuration).
Rejet à
Arrivée
l’atmosphère
des OM
Vapeur de dégazage
Neutralisation
Incinération Chaudière Dépoussiérage des gaz
Rejets
Stockage solides
CET
des
1 Traitement des eaux
cendres
de lavage des gaz
Rejets
liquides
Stockage
des Prétraitement des
cendres eaux d’épuration des
gaz
Installation de vitrification
CET
Vitrifiat
3 UIOM
Figure 1 : Bloc-diagramme simplifié d’une unité de vitrification intégrée à une UIOM
Les autres références d’EUROPLASMA, pertinentes pour cette expertise sont les suivantes :
• Conception et construction d’une unité de vitrification de déchets divers contenant de
l’amiante, mise eu service en 2003 d’une capacité de 2 t/h
• Conception de systèmes plasma et de four, et vente des torches pour 4 installations en
exploitation au Japon depuis 2002, capacité de 10 t/j à 41 t/j.
• Etude préliminaire d’une installation de vitrification d’une capacité de 2 t/h
• Deux offres préliminaires de principe d’une capacité d’1t/h.
Les informations fournies par EUROPLASMA pour cette expertise ne proviennent donc pas
d’un document de procédé consolidé, présentant les différentes options techniques
envisageables pour des installations types, caractérisées par exemple par leur taille, leur
niveau d’intégration à l’UIOM, les caractéristiques de l’UIOM, etc. Elles ont été fournies et
élaborées à la demande d’ENVALYS pour les besoins de cette expertise ou tirées des études
et documents indiqués ci-dessus.
Compte-tenu de l’hétérogénéité des données, un travail important de mise en cohérence des
données fournies par EUROPLASMA a été nécessaire.
L’expertise a soulevé des questions auxquelles EUROPLASMA a apporté des réponses qui
restent à consolider par les études d’ingénierie nécessaires pour chaque projet à venir.
Le domaine des caractéristiques acceptables pour la vitrification est défini par le rapport entre
le calcium et la silice contenu dans les cendres. Celui-ci est conditionné par les tris en amont
de l’incinérateur. Un appoint de 15 % de calcin (verre broyé) est apparu nécessaire pour
vitrifier les cendres de Cenon.
Dans une unité intégrée telle que schématisé ci-dessus, le traitement des gaz de la vitrification
se fait en deux phases : prélavage puis introduction dans le traitement des fumées de l’UIOM.
Il fait appel à des techniques bien connues dans ce métier et maîtrisées par la profession. Les
performances démontrées par l’installation de Cenon montrent que les contraintes
Ils sont formés à concentration élevée mais dans un flux de gaz très petit par rapport au débit
des fumées de l’incinération. Cependant la contribution de la vitrification est suffisante pour
devoir être prise en compte dans la conception du système DENOX des fumées de l’UIOM
rendu nécessaire par les nouvelles réglementations. Cela entraîne cependant un surcoût de
traitement. Dans le cas où le traitement des gaz de la vitrification est indépendant des fumées
de l’UIOM, une étape spécifique de DENOX est nécessaire.
Ils sont produits en abondance par la vitrification mais abattus dans une très grande proportion
dans le lavage des gaz. Dans le cas d’une unité de vitrification intégrée à l’UIOM, leur
contribution dans les fumées rejetées à l’atmosphère est donc faible. Cependant la nouvelle
réglementation (50 mg/Nm3) impose la mise en conformité des UIOM. L’apport de la
vitrification devra être pris en compte dans la conception de leur système.
Métaux lourds
Les métaux vaporisés par la vitrification sont correctement traités par le système d’épuration
des fumées de l’UIOM.
Dioxines
Les dioxines présentes dans les cendres volantes sont détruites dans le four de vitrification, et
ne sont pas reformées en aval du four, du fait du refroidissement rapide par le quench.
L’expérience japonaise montre que le quench partiel est également envisageable. Ce qui ouvre
une perspective d’optimisation du pré-traitement des gaz.
Il faudra vérifier qu’il n’y a pas de risque de reformation, sous certaines conditions à préciser,
dans le système de traitement des fumées de l’UIOM. Il est recommandé d’élucider ce
phénomène avant une décision d’investissement dans une unité de vitrification.
Poussières
Acidité
L’acidité des eaux de lavage des gaz est telle qu’une neutralisation préalable est nécessaire.
De plus, la capacité du système de traitement des eaux de lavage des fumées de l’UIOM à
accepter cet effluent doit être vérifiée.
La vitrification des cendres volantes provoque la volatilisation partielle des métaux lourds qui
sont captés dans le lavage des gaz. La conception de l’installation de traitement des eaux
d’épuration des fumées doit prévoir plusieurs phases de traitement à différents pH pour
assurer, éventuellement au moyen d’adjuvants, leur précipitation sous forme d’hydroxydes
métalliques et de complexes organométalliques. Le cadmium apporté en grande partie par la
vitrification est en ce sens particulièrement délicat à extraire au niveau imposé par la
réglementation.
Chlorures
Il n’y a pas de limite dans la réglementation générale mais les conditions locales peuvent en
imposer, ce qui n’est pas un obstacle. Cela peut entraîner des surcoûts dans le cas de
convention de déversement.
Gâteaux de neutralisation
Ils proviennent de la neutralisation des SOx dans les gaz, eux-mêmes issus de l’oxydation du
soufre présent sous forme de sulfates contenus dans les cendres. Les cendres sous chaudière
représentent moins de 20 % des cendres. En raison de leur forte teneur en sulfates elles ne
sont pas vitrifiées. Cette exclusion fait baisser la production de ces déchets ultimes dangereux
de 210 kg/t de cendres à 100 kg/t de cendres en moyenne.
Vitrifiat
Le vitrifiat a un statut de déchet non dangereux (Cf. Classification européenne des déchets).
Le programme VIVALDI a montré que le vitrifiat de Cenon répond en tous points à la
définition d’un déchet inerte vis-à-vis de la mise en décharge (risque environnemental
négligeable). Les résultats d’études du comportement à long terme sont du même ordre de
grandeur que ceux obtenus sur des basaltes naturels.
VIVALDI a montré également la faisabilité technique de l’utilisation de ce vitrifiat comme
substitut à des granulats de basalte pour la fabrication de pavés et dalles en béton pour voiries.
La préparation du vitrifiat pour cet usage n’entraîne pas de risque pour la santé des
travailleurs dès lors que les prescriptions réglementaires sont respectées. Un système de
contrôle qualité du produit est à mettre en œuvre.
En exploitation
Une installation de vitrification de déchets fonctionne en continu avec des procédés assez
semblables à ceux qui sont utilisés par une UIOM. Cependant elle ne dispose pas
actuellement, surtout au niveau du four, d’un niveau équivalent d’automatisation des contrôles
et des commandes. Les dérives du fonctionnement sont plus fréquentes en raison de la moins
grande robustesse du procédé. Le recours aux contrôles visuels est plus fréquent. Des
interventions manuelles peuvent être nécessaires pour corriger un dysfonctionnement de
l’installation. C’est donc une charge supplémentaire pour l’exploitant.
A Cenon la vitrification fonctionne en flux tendu avec les incinérateurs pour éviter des
reprises d’humidité durant le stockage gênant l’introduction des cendres dans le four. Dans
ces conditions la vitrification est soumise aux variations de production de cendres volantes par
l’UIOM : une production plus faible de cendres suite aux variations de fonctionnement des
unités d’incinération (saisonnalité, périodes de maintenance des fours) entraîne
automatiquement une baisse de production de vitrifiat. Compte tenu de l’incidence sur le coût
de la vitrification, il est recommandé de rendre les deux unités indépendantes de ce point de
vue par un stockage suffisant des cendres. Ceci implique une bonne maîtrise de la reprise
d’humidité des cendres.
Relations avales, traitement des gaz de la vitrification dans les équipements de traitement des
fumées de l’UIOM
La vitrification peut être considérée comme un des éléments du traitement des ordures
ménagères. Elle ne modifie pas le classement de l’UIOM (322 B). En particulier il n’y aura
pas d’un point de vue réglementaire d’effet de dilution du traitement des gaz. Le vitrifiat sera
considéré comme un déchet issu du traitement de déchets non dangereux (les ordures
ménagères).
La vitrification peut être considérée comme une installation indépendante. Dans ce cas elle
sera classée comme une installation de traitement de déchets toxiques (les cendres) en 167C.
Si elle est associée à une UIOM, elle entraînera le classement de l’ensemble du site en 167C.
Le vitrifiat devra être suivi comme un déchet issu du traitement de déchets toxiques.
Le prix de la vitrification devrait se situer dans une fourchette allant de 340 à 590 €/t de
cendres. Un prix moyen de 521 €/t susceptible de couvrir une grande partie des risques
techniques identifiés dans cette expertise aurait la structure suivante (comparé au prix de la
mise en décharge de classe 1 dans le cas particulier envisagé) :
600
500
400
€/t
300
200
100
0
Mise en décharge Vitrification
L’analyse de sensibilité contenue dans le rapport fournit des valeurs plus précises en fonction
des conditions de réalisation du projet. L’ingénierie de base, indispensable pour chaque projet,
devra fournir au maître d’ouvrage une valeur précise sur la base de laquelle il pourra prendre
sa décision.
L’entreprise dispose des données de procédé suffisantes pour consolider un dossier permettant
d’optimiser les concepts techniques spécifiques des différentes installations envisagées. Ce
travail de consolidation n’est pas achevé. Il constitue la base indispensable des études
d’ingénierie de base spécifiques de différentes installations. Ce n’est qu’avec ces documents
qu’elle sera en mesure de fournir les éléments de décision pour un maître d’ouvrage. Compte
tenu de la taille des installations et de la technicité des études d’ingénierie à réaliser, l’appui
d’un partenaire spécialiste de la construction et de la conception de ce type d’installation est
recommandé, comme d’ailleurs l’a proposé EUROPLASMA pour le projet de St Ouen.
La vitrification proposée par EUROPLASMA est une technique qui transforme un déchet
dangereux en un matériau utilisable et de ce fait répond aux exigences de sécurité vis a vis des
déchets les plus problématiques des UIOM. Les transferts de pollution induits par ce
traitement peuvent être bien contrôlés par des techniques disponibles bien connues de la
profession.
Il est d’autre part recommandé de situer cette technique par rapport à la problématique du
traitement de l’ensemble des REFIOM (cendres sous chaudières, résidus de neutralisation)
voire de tout ou partie des mâchefers d’incinération en fonction des conditions locales
(fraction non valorisable par exemple). En élargissant son domaine d’application (par
exemple après lavage des résidus de neutralisation pour en extraire les sels avant
vitrification), elle peut être une alternative aux filières actuelles, même si celles-ci sont
actuellement conformes à la réglementation. En augmentant sa taille, l’installation profitera
d’un effet de taille qui diminuera les coûts.
La définition d’un projet à construire par exemple sur un mode contractuel « clés en mains »
nécessite donc de réaliser une ingénierie de base suffisamment détaillée dans les conditions
spécifiques de l’UIOM, ce qui n’a pas encore été fait.
Au stade actuel, la décision d’un maître d’ouvrage ne peut porter que sur la réalisation de
cette ingénierie de base. Son coût est à mettre en rapport avec la diminution de la dangerosité
des résidus solides indiqué ci-dessus à un prix qui en première approche peut être évalué dans
une fourchette de 340 à 590 €/t.