Semestre 3/ matière : systèmes constitutionnels comparés

Droit en français/ Professeur Hassan Zouaoui

Année universitaire 2020-2021

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Séances 4

2. Les moyens d’action du Congrès sur le Président

Ces moyens, qui sont de nature diverse, font du Congrès une puissance face au
Président.

 L’action directe : l’ « impeachment »

Le Congrès peut utiliser cette procédure à l’encontre du Président, du vice-

président et de tous les hauts fonctionnaires civils en cas de trahison, corruption,
crime contre la chose publique ou délit grave.

La mise en accusation est votée par la Chambre de représentants à la majorité

simple. Le Sénat, réuni sous la présidence du président de la Cour suprême, se
prononce alors à la majorité des deux tiers. Cette procédure a été utilisée à trois
reprises contre un président des Etats-Unis. Il a manqué une voix au Sénat pour
qu’Andrew Johnson soit empêché en 1868 à l’occasion d’un conflit avec le
Congrès à propos du pouvoir présidentiel de révocation des fonctionnaires.

Remarques

 Le recours à l’impeachment signifie que le président ne peut pas

gouverner selon ses caprices, au contraire son action doit être objet d’un
contrôle législatif.

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  La procédure d’impeachment contribue à éclairer les principes fondateurs
du système constitutionnel américain.
 Il s’agit en effet d’un système de poids et contrepoids, c'est-à-dire un
équilibre entre le pouvoir présidentiel et le pouvoir du Congrès. C’est
dans ce cadre que nous pouvons saisir l’utilité institutionnelle de
l’impeachment.

 L’action indirecte

Le moyen de pression le plus radical dont dispose le Congrès à l’égard du

Président consiste à lui refuser les moyens financiers de sa politique. Il peut
l’empêcher d’agir : lorsque le Congrès rejette les crédits nécessaires au
Président, celui-ci ne peut plus gouverner. Cette arme oblige le Président à
rechercher de bonnes relations avec le Congrès.

Remarques

 Nous ne devons pas oublier que le Congrès a réuni le pouvoir de lever

l’impôt et le pouvoir d’autoriser la dépense.
 Cet avantage constitutionnel renforce le pouvoir législatif du Congrès en
lui permettant de contrôler le pouvoir présidentiel.
 En effet, quand le Congrès rejette les crédits nécessaires à
l’accomplissement de la politique présidentielle, le président serait
incapable d’appliquer sa politique gouvernementale.
 En réalité, le fonctionnement du régime présidentiel américain se
caractérise par l’influence mutuelle entre deux institutions fondamentales
à savoir : le Président et le Congrès.
 L’interaction entre ces institutions confère au régime présidentiel
américain une particularité institutionnelle, qui le démarque des autres
régimes politiques.

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 o La Cour suprême

Elle est placée au sommet de la hiérarchie judiciaire. Sa compétence n’est donc

pas limitée au contrôle de constitutionnalité des lois et, elle joue simultanément
le rôle qui est attribuée en France au Conseil constitutionnel, à la Cour de
cassation et au Conseil d’Etat.

Le nombre de juges siégeant à la Cour suprême est passé à neuf depuis 1869.

L’article III de la Constitution fixe leur mode de nomination et leur statut. Les
membres de la Cour suprême sont nommés par le président avec l’avis et le
consentement du Sénat. Ils sont inamovibles et peuvent siéger tant qu’ils sont
capables d’exercer leurs fonctions. L’inamovibilité de fait dont ils bénéficient ne
les dispense toutefois pas d’une éventuelle procédure de destitution
(impeachment), mais uniquement pour « trahison, corruption ou autres hauts
crimes et délits » conformément aux dispositions de l’article II, Section 4 de la
Constitution.

Remarques

 Selon Elisabeth Zoller, la puissance de la Cour suprême s’explique par

deux raisons :
1. la Cour suprême est un contre-pouvoir capable de tenir en échec la
volonté des organes politiques : le Congrès et le Président.
2. la Cour suprême tient sous son contrôle l'ensemble des juridictions
des Etats-Unis.
 En fait, la Cour suprême s’attribue le rôle de ce qu’on appelle le «
gouvernement des juges » qui symbolise la puissance des juges et leur
capacité d’annuler les lois inconstitutionnelles.
 L’expression de « gouvernement des juges » a été popularisé dans les
années 1930 lors du bras de fer opposant le président Franklin Delano
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 Roosevelt (1882-1945) à la Cour suprême des Etats-Unis, pour la mise en
place des réformes économiques face à la crise de 1929 (New Deal).
 L’expression de « gouvernement des juges » reflète l’étendue des
pouvoirs dont dispose la Cour suprême américaine.

 Qui gouverne aux Etats Unis : le président ou le Congrès ?

Le régime constitutionnel américain est placé sous le signe de la concurrence

entre le Congrès et le Président.

Le système des « checks and balances » entraîne cette concurrence réciproque

d’un pouvoir congressionnel et d’un pouvoir présidentiel respectueux l’un et
l’autre du pouvoir judiciaire.

Il est certain que le Président, quels que soient son autorité personnelle et le
prestige de la fonction, ne peut gouverner seul ; beaucoup de ses décisions ne
deviennent exécutoires qu’une fois approuvées par le Congrès. Son succès est
pour une large part tributaire de la bonne volonté d’un Congrès.

Remarques

 C’est en effet, l’arrangement institutionnel entre le Congrès et le Président

qui favorise l’application de ce que nous appelons « la stricte séparation
des pouvoirs ».
 Il en résulte que la séparation des pouvoirs est théoriquement stricte mais,
pratiquement est souple. Parce qu’elle est souvent déterminée par des
compromis institutionnels entre le Président et le Congrès.