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ATTENTES ET INSERTIONS PARENTHÉTIQUES

Alain Berrendonner

Armand Colin | « Langue française »

2016/4 N° 192 | pages 37 à 52


ISSN 0023-8368
ISBN 9782200930462
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Alain Berrendonner
Université de Fribourg

Attentes et insertions parenthétiques

1. CADRE THÉORIQUE (RAPPELS)


Il m’est arrivé naguère d’utiliser le terme d’attente pour décrire un type particu-
lier d’inférence pragmatique, par laquelle on conclut de l’accomplissement d’une
énonciation à l’exécution imminente d’une autre énonciation (Groupe de
Fribourg, 2012 : 134). Cette notion d’attente restait cependant quelque peu allu-
sive et limitée à un cas d’espèce. Je me propose ici d’en fournir une caractérisation
plus précise et plus complète (quitte, d’ailleurs, à renoncer à me servir du terme
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d’attente pour décrire le phénomène dans toute sa généralité).

1.1. Mémoire discursive


Le modèle du discours pris pour cadre 1 repose sur l’idée, devenue banale, que
l’activité de langage a pour but de construire et de faire évoluer un ensemble de
représentations partagées entre un locuteur et un allocutaire. Cet ensemble,
ou mémoire discursive (M), se définit principalement par les caractéristiques
suivantes :
– il ne représente pas les savoirs effectivement détenus par les interlocuteurs,
mais seulement ceux qui sont le produit de l’activité discursive, i.e. ceux qui
revêtent le statut de connaissances publiquement partagées, autrement dit
mutuellement manifestes en vertu des conventions langagières (et notamment en
vertu du principe de pertinence selon Sperber & Wilson 1989). La mémoire
discursive n’est donc pas un attribut psychologique de l’un ou l’autre des

1. Ce modèle, dont on trouvera l’exposé détaillé dans Groupe de Fribourg (2012 : 22 sq.), se caractérise notam-
ment (vs DRT, SDRT) par une stricte distinction entre les signifiés littéraux et les informations communiquées,
qui sont traités comme deux niveaux de représentation différents, l’un de type propositionnel, l’autre non. Il
sera ici surtout question du second.

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Phénomènes d’attente et de projection

interlocuteurs. C’est la modélisation d’une réalité interlocutivement neutre :


l’ensemble de référents construit dans et par le discours. Jouant un rôle
essentiel dans sa cohérence, il fait partie de sa structure immanente ;
– les éléments de M, ou objets-de-discours, sont des représentations de nature
extra-linguistique. Il ne s’agit pas de contenus sémantiques, mais de référents
cognitifs qui résultent de l’interprétation des signifiés véhiculés par les énon-
cés communiqués. On admettra en outre que ces objets-de-discours relèvent
tous d’un type unique, quelles que soient les catégories sous lesquelles ils sont
figurés en langue (propositions, individus discrets, réalités massives, lieux,
instants, procès, classes, types génériques, actes illocutoires, etc.). Une relation
entre objets-de-discours est elle-même un objet-de-discours ;
– les incrémentations de M s’opèrent sur le mode ostensif-inférentiel. Pour
ajouter un objet-de-discours O au savoir partagé, le locuteur exécute une
énonciation, i.e. exhibe des indices verbaux (et non verbaux) permettant d’in-
férer qu’il donne O pour publiquement valide. Les transformations apportées
à M ne sont donc pas codées dans les énoncés sous forme d’instructions
« littérales ». Elles sont accomplies de manière implicite et indirecte, par l’in-
termédiaire d’opérations d’inférence, que chacun des deux interlocuteurs
(ainsi d’ailleurs que tout observateur tiers) sait être pertinentes (Sperber &
Wilson 1989). Certaines de ces opérations sont des déductions et mènent à
des conclusions fiables. Mais la plupart sont de type abductif, ce qui veut dire
que leurs conclusions ne sont pas logiquement nécessaires, mais seulement
plausibles à divers degrés 2 . Il s’ensuit que les objets-de-discours inférés impli-
citement ne le sont pas tous avec le même degré de confiance : les uns sont
pratiquement certains, d’autres résultent d’un pari plus ou moins hasardeux et
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sont donc peu sûrs. Comme je n’aurai pas à faire le détail ici, je me contenterai
de noter :
+O L’objet-de-discours O est ajouté à M
→+O De l’énonciation s’infère l’opération +O
(= conclure de à +O est une inférence valide)
– une mémoire discursive ne contient pas seulement des représentations du
monde des choses ; elle s’alimente aussi en permanence de connaissances
partagées sur l’interaction en cours, sur ses diverses péripéties, sur les opéra-
tions verbales accomplies par chaque interlocuteur et sur leurs effets cognitifs
publiquement manifestes. Toute action langagière, sitôt exécutée, se trouve
enregistrée dans M au format d’un objet-de-discours, qui a dès lors le même
statut que n’importe quel autre référent : on peut ultérieurement pointer sur
lui à l’aide de désignateurs et prédiquer à son sujet. Par exemple, un acte de
question ou d’interdiction, une fois accompli, devient un objet ordinaire, que
l’on peut désigner par un pronom :

2. Pour une définition de l’abduction, voir entre autres Chenu (1984 : 25), Desclés & Guentcheva (2001),
Groupe de Fribourg (2012 : 240).

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(1) En cet été 2005, quels pronostics émettre pour la rentrée ? Bien malin celui
qui peut y répondre précisément. (Web)
(2) Il est interdit de faire la lessive après 22 heures. Vous êtes priés de vous y
conformer. (Note à l’intention des locataires d’un immeuble)

De tels faits conduisent à admettre que M contient deux sortes d’objets-de-


discours. Les uns sont des idées de choses et constituent ce que l’on peut
appeler un modèle du monde (MM). Les autres sont des représentations méta-
discursives partagées, qui forment un modèle des actions communicatives
(MAC). Celui-ci enregistre une image de chacun des événements qui constituent
le discours, y compris les opérations effectuées sur M.

1.2. Petite typologie des rapports de dépendance


Quant à leur structure syntagmatique, les discours présentent plusieurs articula-
tions superposées. Je n’en traiterai ici que deux 3 .
1.2.1. La première est celle que A. Martinet (1967) nomme articulation en uni-
tés significatives. À ce niveau d’organisation, morpho-syntaxique, les discours
apparaissent constitués de signes (morphèmes), groupés en monades gramma-
ticales indépendantes, ou clauses (la notion traditionnelle de phrase en est une
approximation floue). La combinatoire interne à ces clauses est faite d’implica-
tions d’occurrence doublées de restrictions sélectives (Berrendonner 2011). Un
pronom clitique comme je, par exemple, implique la cooccurrence d’un verbe
conjugué, qui doit être comme lui porteur d’un trait de 1re personne. En revanche,
un verbe à la première personne, lui, n’implique pas nécessairement la présence
d’un je :
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(3) Mangeais peu, buvais trop, m’endormais aux matins, ne lisais plus les
journaux, m’abrutissais sur de stupides mots croisés, restais des heures
à La Rhumerie, regardais hagard passer des convois protocolaires, punchs
coco, évitais le Meursault, libido zéro, le goût de rien qui ne soit elle [...].
(Simon, La Compagnie des femmes, 2011)

Ce type d’implication unilatérale entre signes (morphèmes, syntagmes de tous


rangs), parfois nommé rection, sera appelé ici Σ -dépendance, et figuré par une
flèche :
(4) je[+p1] → V[+p1,+temps]

1.2.2. À un niveau d’articulation supérieur, pragma-syntaxique, un discours


se présente comme une suite d’actions communicatives élémentaires, ou énon-
ciations. Chacune d’elles consiste à actualiser une clause couplée à un cer-
tain contour intonatif et accompagnée d’éventuels signes co-verbaux (gestes,

3. Il existe, en deçà, une articulation en unités distinctives (phonèmes), et au-delà, une articulation en unités
interlocutives (tours de parole, liés par des dépendances d’ordre interactionnel : paires question > réponse, etc.).
Bien qu’il n’en soit pas question ici, ce qui sera dit des attentes peut aussi leur être appliqué mutatis mutandis.

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Phénomènes d’attente et de projection

mimiques...), afin de provoquer des modifications de la mémoire discursive.


N’importe quelle suite d’énonciations ne forme évidemment pas un discours
cohérent. Leur succession obéit à des contraintes de pertinence, ou Π -dépendances,
qui sont de deux sortes :
– les unes, rétrospectives, ou présuppositionnelles, font dépendre la pertinence
d’une énonciation d’un état préalable de la mémoire discursive. Elles sont du
type : « l’énonciation n’est pertinente que si l’état courant du savoir partagé
contient un objet-de-discours O ». Exemple banal : l’énonciation d’une clause
comme Il voyagea implique, pour être appropriée, que M contienne un objet-
de-discours susceptible d’être unifié avec le référent du pronom il ;
– d’autres contraintes, prospectives, lient la pertinence d’une énonciation
à l’exécution ultérieure d’une certaine opération sur M, et donc à l’accom-
plissement futur d’une énonciation chargée d’effectuer cette opération.
Certaines séquences « pseudo-clivées » en sont un exemple. Leur premier
membre est une énonciation qui asserte l’existence d’un objet-de-discours X
sous-déterminé, portant tout au plus un attribut non distinctif :
(5) (il y a aussi une chose)

Un apport d’information aussi faible manque en soi de pertinence. Il n’en


acquiert que s’il est la phase initiale d’un programme communicatif en deux
étapes, qui consiste à initialiser d’abord un objet-de-discours quasiment
dépourvu d’attributs, puis à lui apporter des déterminations. Autrement
dit, n’est pertinente (et donc énonçable) qu’à condition d’être suivie d’une
énonciation qui vient enrichir X de caractéristiques plus informatives, géné-
ralement en l’identifiant avec un autre objet-de-discours Y (un fait déterminé,
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nommé par une que P) :
(6) (il y a aussi une chose)... (c’est que ton travail est gratuit) (Web)

En notant ‘4’ cette relation de Π-dépendance, on peut schématiser ainsi la


structure pragma-syntaxique de la routine (6) 4 :

Il est à noter que les conditions de pertinence auxquelles est soumise une
énonciation varient selon l’état courant de la mémoire discursive. L’assertion
J’ai ma fille, par exemple, est pertinente si elle est énoncée alors que M contient
déjà un fait connu du genre <je ne suis pas seule> ou <quelqu’un peut m’aider>.
En revanche, en tout début d’interaction, lorsque M est pratiquement vide, la

4. Entre crochets angulaires sont figurés des objets-de-discours complexes. Je me contenterai parfois, pour
faire simple, de décrire certains d’entre eux sous la forme grossière d’une paraphrase.

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même assertion devra, pour acquérir de la pertinence, être suivie d’un apport
de déterminations supplémentaires :
(7) (j’ai ma fille) 4 (elle a toujours mal à la tête) (Web)

Pour être précis, le terme gauche d’une relation4 n’est donc pas une énonciation
mais un couple ( , Mi ) formé d’une énonciation et de l’état du savoir partagé
sur lequel elle opère.
1.2.3. La combinatoire pragma-syntaxique comporte plusieurs rangs de com-
plexité.
– À un premier niveau, les unités élémentaires que sont les énonciations se
trouvent groupées en petits programmes discursifs fortement routinisés, ou
périodes ( ), délimités par une intonation finale exprimant une posture énon-
ciative (Groupe de Fribourg 2012). Les contours intonatifs jouent donc un rôle
dans le marquage des Π-dépendances de ce niveau. La première clause de (7),
par exemple, est énoncée sous intonation continuative (montée de la F0 à H+
et allongement de la syllabe finale), ce qui signale qu’elle est en relation 4 avec
un successeur. La seconde clause, elle, peut porter une intonation conclusive
(descente à B-) signalant qu’elle clôt une période et qu’elle n’entretient donc
pas de Π-dépendance avec une suite.
– Les périodes peuvent elles-mêmes nouer des relations de Π-dépendance, de
façon à composer des unités praxéologiques de rang supérieur 5 . Certains
groupes de périodes, notamment, servent à effectuer sur M une sorte d’hyper-
action, i.e. un programme d’opérations visant un but global. Ces groupes
sont les termes de macro-structures narratives, argumentatives, cognitives-
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pratiques, etc. Les contraintes de planification qui les lient ne semblent pas
d’une autre nature que les Π-dépendances. Une recette de cuisine prototy-
pique, p. ex., est composée de deux parties : une suite S de consignes, pré-
cédée d’une liste L des ingrédients nécessaires à leur exécution. Celle-ci n’a
de pertinence que si elle est suivie par celle-là, dont elle sert à mettre pré-
ventivement en place les prérequis. Soit une Π-dépendance du genre {check-
list}4{procédure} 6 . Un récit, de même, est une série ordonnée de groupe-
ments périodiques liés par des Π-dépendances, selon un plan « quinaire »
[état initial 4 nœud 34 actions 3 résolution 3 état final] (Adam, 2005 : 152).
La grammaire de ces macro-structures reste à faire en détail, et je ne m’y
aventurerai pas plus avant.

5. Si, dans Groupe de Fribourg (2012), les périodes ont pu être présentées comme les unités maximales de la
pragma-syntaxe, je suis maintenant d’avis que tel n’est pas le cas.
6. Une recette peut éventuellement être réduite à la partie S sans L, mais ne saurait être composée à l’in-
verse d’une liste d’ingrédients sans consignes d’utilisation. La même macro-structure {L}}{S} se rencontre
par ailleurs dans toutes sortes de textes techniques (notices de montage, conseils de bricolage, modes d’em-
ploi, etc.).

LANGUE FRANÇAISE 192 41


Phénomènes d’attente et de projection

2. « ATTENTES »

2.1. Variables provisoires


2.1.1. Les deux types de dépendance Σ (→) et Π (4) ont une caractéristique com-
mune : de l’occurrence de leur terme gauche s’infère publiquement l’occurrence
à venir (nécessaire ou probable, selon les cas) d’un terme droit. Mais l’identité de
celui-ci reste à préciser. Il ne peut donc être ajouté dans M qu’à titre de variable
indéterminée, du type exigé par la relation de dépendance à laquelle il participe.
Je noterai de telles variables en les faisant précéder d’un point d’interrogation.
Exemples :
– Toute occurrence du morphème je implique celle d’un verbe à la 1re personne.
Elle a donc pour conséquence immédiate l’ajout au modèle des actions com-
municatives d’un objet-de-discours qui est une variable de verbe porteuse des
traits congrus :
(8) Je → + ?V[+p1,+temps]
– De l’occurrence d’une énonciation (il y a aussi une chose) s’infère celle
d’une variable d’énonciation venant spécifier ladite chose, probablement en
l’identifiant avec un fait ?Y quelconque :
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On peut appeler création d’attentes, si l’on veut, de telles inférences, qui ali-
mentent le registre MAC du savoir partagé en objets-de-discours langagiers
ayant le statut de variables indéterminées. Mais j’insiste sur l’idée que le terme
d’« attente », ainsi employé, ne recouvre aucune réalité psychologique. Il désigne
simplement une classe particulière de référents sous-spécifiés, qui ne satisfont
pas à l’exigence conventionnelle de pertinence optimale, et dont l’introduction
dans M crée par conséquent un état non stable du savoir partagé. Pour éviter
toute connotation indésirable, je préfère pour ma part parler de variables provi-
soires.
2.1.2. Dans tous les ordres de dépendance, ces variables peuvent être inférées
avec plus ou moins de certitude. À côté des implications matérielles strictes,
qui fondent des déductions nécessaires comme (7), il existe en effet de simples
préférences combinatoires qui autorisent des inférences probabilistes. Au niveau
morpho-syntaxique p. ex., si un SN est actualisé en début de clause, il y a de
fortes chances pour qu’il s’agisse d’un sujet, et donc qu’il soit suivi d’un verbe
accordé, soit : SN 7→?V.
Mais ce n’est là qu’une hypothèse probable, qui comporte une part de risque
(un tel SN peut aussi être un nominativus pendens, une clause averbale, un com-
plément disloqué, etc.). Si elle s’avère incompatible avec le contexte syntaxique

42
ultérieur, le modèle des actions communicatives doit alors être révisé, par élimi-
nation de la variable provisoire ?V (phénomène de « garden path »).
2.1.3. Comme les relations de dépendance ont le plus souvent pour termes
des unités construites selon ces mêmes relations, une variable provisoire peut
en inférer d’autres. Si d’une occurrence de je, on doit conclure à celle d’un verbe
indéterminé ?V, l’existence de celui-ci rend probable celle d’un syntagme verbal
?SV qui l’inclut, lequel implique de même l’existence d’une proposition ?P qui
l’inclut. En gros :

L’occurrence d’un seul morphème suffit ainsi à introduire dans M toute une
structure provisoire, dont les places sont occupées par des variables d’objets
langagiers de divers rangs. (C’est là un argument en faveur des grammaires
algorithmiques qui figurent la combinatoire syntaxique sous forme d’adjonctions
d’arbres ; Abeillé, 2007 : 193.)
2.1.4. Comme les dépendances de tous ordres peuvent se superposer, l’actua-
lisation d’une unité entraîne généralement la création simultanée de plusieurs
variables provisoires de types différents :
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(9) À mon arrivée au logis, Pauline m’interrompit en disant :
– Si vous n’avez pas de monnaie... (Balzac, La Peau de chagrin, 1831)

Cette subordonnée [si P1 ] implique, en vertu d’une Σ-dépendance, l’occurrence


d’une proposition principale inconnue ?P2 . Et du même coup, au plan pragma-
syntaxique, l’énonciation de la clause inachevée [si P1 → ?P2 ] s’inscrit dans
M à titre de variable provisoire, destinée à incrémenter M d’un objet encore
indéterminé : le fait ?F que dénote cette clause (i.e. un état-de-choses conditionné,
qui ne peut prendre sa valeur que parmi les apports d’information actuellement
pertinents). Soit 7 :

7. Σ et Π désignent le type de dépendance qui sert de prémisse aux inférences.

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Phénomènes d’attente et de projection

2.2. Fermetures
Une fois créée dans M, une variable provisoire peut connaître divers destins.
2.2.1. En général, les relations de dépendance ont leurs deux termes réalisés
côte à côte. Le terme impliquant, qui génère une variable acolyte, est immédiate-
ment suivi du terme impliqué qui vient assigner une valeur à celle-ci. Cette ins-
tanciation a lieu moyennant un calcul d’unification 8 du genre : « M vient d’être
incrémentée d’une variable d’objet langagier ?X ; or, il arrive maintenant un objet
O du même type que ?X ; donc il est probable que ?X=O ». L’interprétation de
toute structure de dépendance complète s’opère ainsi en deux temps : (i) intro-
duction dans le MAC d’une variable provisoire (i.e. création d’une attente), puis
(ii) unification de cette variable avec un objet langagier déterminé (i.e. fermeture
de l’attente).
L’étape (ii) est l’application particulière d’une procédure très générale de la
logique naturelle, qui consiste à instancier une variable d’objet en l’identifiant
avec un référent déterminé. Elle est notamment mise en œuvre dans l’interpréta-
tion des proformes anaphoriques et des connecteurs, à ceci près que la valeur à
affecter est alors introduite dans M avant la variable à instancier, et non après.
En (10), par exemple :
(10) Ça c’est vrai, que ma sœur a un million, mais il fait des petits son million, et
elle n’en donne pas. (Maupassant, L’Héritage, 1884)

Le pronom il désigne une variable d’objet (i.e. un référent dont on ne sait rien,
sinon qu’il s’agit d’un individu porteur d’un nom masculin). Son interprétation
se fait en unifiant cette variable avec un objet déterminé déjà présent en mémoire
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discursive : le référent introduit par le SN antécédent un million. De même, le
connecteur mais a pour terme gauche une variable à instancier par unification
avec un fait déjà présent dans M, en l’occurrence le dénoté de la proposition que
ma sœur a un million.
2.2.2. Il peut toutefois arriver, en cas d’aposiopèse ou d’ellipse, que le second
terme d’une dépendance soit absent. La variable provisoire générée par le pre-
mier terme reste alors non instanciée verbalement. Sa valeur doit être conjecturée
à partir d’indices ambiants (contexte large, évidences extralinguistiques), mais
cette reconstitution d’un terme manquant est une procédure non déterministe,
qui n’aboutit généralement qu’à cerner une classe floue de valeurs possibles,
plus ou moins vraisemblables (Hjelmslev, 1968 : 129). La variable reste alors une
variable, i.e. garde une référence vague :
(11) Va te faire... !

8. J’emprunte ce terme à la programmation logique, où il désigne le remplacement possible d’une variable par
une constante dans des expressions isomorphes, ce qui revient à donner celle-ci pour valeur à celle-là.

44
Si, par un reste de bienséance, cette clause demeure inachevée, la variable
d’infinitif qu’implique l’auxiliaire causatif (faire → ?Vinf) ne peut être instanciée
univoquement, mais admet un vaste ensemble de valeurs plausibles à divers
degrés, qui n’ont en commun que la dénotation d’un procès peu gratifiant :
?Vinf = {..., voir ailleurs, cuire un œuf, tirer le portrait, shampouiner, embaucher chez
les talibans, voiler [sic], ...}. On peut considérer ce trait commun comme le contenu
intensionnel de la variable.
2.2.3. Une variable morpho-syntaxique peut aussi rester non instanciée pour
cause d’abandon-reprogrammation. Cela se produit assez souvent à l’oral,
lorsque des variables de divers ordres se superposent :
(12) j’aime bien aussi c’est regarder les pubs à la télé hein (oral, CFA 80, 222, 231)

Au plan morpho-syntaxique, le verbe aime laisse présumer l’occurrence d’un


complément ?SN. Au plan pragma-syntaxique, dire j’aime bien aussi a pour
effet d’ajouter aux connaissances partagées une énonciation assertant un fait
partiellement indéterminé, dont l’un des ingrédients (l’objet aimé) est encore
inconnu. Soit des variables de deux ordres ouvertes simultanément :

Or, la clause ainsi amorcée est abandonnée sans être achevée, si bien que la
variable ?SN reste définitivement non instanciée. Au lieu d’une valeur congrue
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(le SN attendu) arrive l’énonciation d’une seconde clause, qui réfère à la variable
?X au moyen d’un anaphorique ce et en fournit explicitement l’identité :

La pertinence informationnelle est ainsi sauve en ce qui concerne le modèle du


monde, bien que le MAC enregistre l’existence d’une structure syntaxique inache-
vée. Cette routine d’abandon-reprogrammation tend cependant à se « gramma-
ticaliser ». La seconde clause est alors réanalysée comme une instance de la
variable syntaxique ?SN et se voit unifiée avec elle (phénomène syntaxique de
greffe au sens de Deulofeu 2010).
2.2.4. Enfin, dernier cas de figure : il peut se faire que l’instanciation d’une
variable provisoire ne soit ni immédiate ni omise, mais simplement différée, ce
qui fait durer un état instable de M (d’où un effet stylistique d’attente ou de

LANGUE FRANÇAISE 192 45


Phénomènes d’attente et de projection

suspens). Les configurations parenthétiques, notamment, comportent de tels


retardements, puisqu’elles consistent à interrompre un programme discursif A
en cours d’exécution, le temps d’accomplir un programme B, puis à reprendre
et terminer le programme A. Schématiquement :

Ces configurations sont donc un terrain particulièrement favorable pour étu-


dier le traitement des variables provisoires ; c’est pourquoi, je terminerai par
l’observation de quelques cas remarquables 9 .

3. SORTIES DE PARENTHÈSES

3.1. Complétions normales


Dans le cas le plus simple, une variable créée avant la parenthèse est instanciée
sitôt celle-ci refermée :
(13) mais pourquoi détestez-vous/ mon Dieu/ le point-virgule (oral, TV)

Le verbe détester régissant ordinairement un SN complément, son occurrence


en A1 permet d’inférer une variable provisoire de ce type et celle-ci se trouve
unifiée avec le SN qui arrive en A2 10 :
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Une fermeture semblable a lieu en (14), à ceci près que la variable provisoire
est une énonciation qui, en vertu d’une Π-dépendance, doit venir déterminer le
référent introduit en A1 . Elle reçoit sa valeur en A2 , ce qui complète une période
« pseudo-clivée » 11 :

9. Par parenthèse, j’entends, de façon large, toute insertion intercalaire qui vient interrompre momentanément
une construction, que celle-ci soit d’ordre Σ ou Π. Dans ce qui suit, j’exploite les résultats d’un programme de
recherche financé par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (no 100012-11387), auquel ont
collaboré F. Gachet, L. A. Johnsen et A. Tatarova. Je leur suis redevable de certains des exemples cités.
10. Les flèches pointillées figurent les opérations d’unification.
11. Le SN cette recommandation présuppose en outre un référent qui n’existe qu’à l’état de variable jusqu’à ce
que A2 en fournisse la valeur. Sur ce phénomène, voir infra § 3.2.

46
(14)

La séquence (15) illustre le même processus au niveau transpériodique :


(15)

La période qui figure en A1 est un début de récit, et implique une suite confor-
mément aux Π-dépendances qui structurent les routines narratives. On en infère
donc une variable du type série de périodes, comprenant l’énoncé d’une compli-
cation, etc. Après l’interruption par la parenthèse B, cette variable reçoit en A2
un début d’instanciation, qui implique à nouveau une variable du même type.
Ce n’est qu’après la seconde parenthèse C, que cette variable reçoit en A3 une
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valeur complète, fournie par la fin de la fable.

3.2. Variables coréférentielles


3.2.1. Il arrive assez souvent que deux variables provisoires, créées l’une avant
la parenthèse et l’autre dans celle-ci, soient unifiées et instanciées simultanément
en A2 :
(16) professeur vous venez de publier/ il est sorti cette semaine/ un livre sur
l’Europe\ (oral, radio)

De l’occurrence en A1 du verbe publier s’infère celle, probable, d’un complé-


ment ?SN nommant un objet ?X. La parenthèse B contient, quant à elle, un
pronom il qui dénote une variable d’objet ?Y, à unifier avec un référent connu,
déjà présent en mémoire discursive. La seule hypothèse d’unification pertinente
est que ?Y=?X. Elle a pour résultat de proroger un objet-de-discours dont la
caractéristique distinctive reste inconnue. Et c’est finalement le syntagme nomi-
nal énoncé en A2 qui, en même temps qu’il instancie la variable ?SN, introduit
dans M un référent convenablement déterminé unifiable à la fois avec ?X et ?Y.
Schématiquement :

LANGUE FRANÇAISE 192 47


Phénomènes d’attente et de projection

Le pronom il fonctionne à la fois comme anaphorique du complément zéro de


publier et comme cataphorique par rapport au SN un livre (Johnsen 2008) 12 . Il
s’ensuit que la parenthèse n’a pas vis-à-vis du discours maître le statut d’un
simple corps étranger ; les informations référentielles apportées par l’une et
l’autre se trouvent intégrées a posteriori.
3.2.2. La même procédure de double unification s’applique lorsque la paren-
thèse est introduite par un connecteur :
(17) A1 : tu sais/ j’ai rencontré /
B : et je l’ai à peine reconnue c’est c’est incroyable ce qu’elle a changé/
A2 : euh la l’ancienne copine de Claude\ (oral)

Le et en tête de B implique un terme gauche, qui ne peut être unifié à ce stade


qu’avec l’objet-de-discours partiellement indéterminé nommé par A1 : le fait
<j’ai rencontré ?X>. Ce fait n’est totalement instancié qu’une fois l’identité de ?X
fournie en A2 .
En (16)-(17), tout se passe comme si la parenthèse B était une continuation de
A qui se trouve énoncée prématurément, sans attendre que A soit fini. Tous les
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présupposés de B qui ont A pour préalable se trouvent ainsi réduits à l’état de
variables provisoires, dont l’instanciation est différée jusqu’à l’achèvement de A.

3.3. Abandons-reprogrammations
3.3.1. Comme on l’a déjà souvent remarqué, l’intercalation d’une parenthèse
dans une structure syntaxique provoque parfois l’abandon de celle-ci, suivi
d’une reprogrammation du discours maître :
(18) A1 : on fait circuler un papier où je demande à tous ceux qui ne dînent pas/
B : je dis bien qui ne dînent pas/
A2 : voudront bien s’inscrire\ (oral)

En A1 est amorcée une première clause. Son verbe (demande) est muni d’une part
d’un argument datif (à tous ceux qui ne dînent pas), qui réfère à un destinataire
pluriel déterminé D ; et d’autre part, il laisse prévoir l’occurrence d’un régime
direct, de référent inconnu ?X (l’objet de la demande). Mais la clause ainsi

12. Cela dit en termes usuels. Mais je préférerais personnellement ne pas user des notions textualistes
d’anaphore et de cataphore, qui ne me semblent pas les plus appropriées pour décrire l’évolution des référents
au fil du discours.

48
amorcée reste inachevée. Elle est suivie en A2 d’une nouvelle clause, elle aussi
fragmentaire, dont le verbe (voudront) a pour complément une proposition
infinitive (s’inscrire) nommant un fait F, et implique d’autre part un sujet pluriel
ellipsé, dénotant un être non spécifié ?Y. La cohérence discursive est assurée,
nonobstant l’anacoluthe, par l’unification de ?X avec F et de ?Y avec D. Chacune
des deux clauses verse ainsi dans M une variable d’objet-de-discours et une
valeur assignable à la variable de l’autre :

3.3.2. Autre exemple :


(19) A1 : et puis le monsieur [...] qui me livrait le porteur il mettait les fleurs dans
l’eau/ et moi quand j’arrivais avec le métro/
B : parce que le métro fallait prendre le métro aux Halles fallait changer [...]
ça me demandait du temps/
A2 : alors j’arrivais mes fleurs étaient là et je commençais à m’en occuper (oral,
CTFP 121, 238)

L’amorce de clause produite en A1 est une subordonnée temporelle qui implique


normalement à sa suite une proposition principale : [[quand P1 ] → ?P]. Mais cette
structure clausale de subordination est abandonnée et remplacée en A2 par une
configuration périodique [ (P1 )4 (P2 )], dont la seconde clause, P2 = mes
fleurs étaient là, est unifiable avec la variable provisoire ?P. Ce type de reprogram-
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mation, qui consiste à remplacer une construction morpho-syntaxique laissée
inachevée par une construction pragma-syntaxique communicativement équiva-
lente, est un modèle très classique à l’oral. Ici en outre, la période actualisée en A2
est connectée par alors au contenu de la parenthèse 13 , ce qui la marque comme
continuation de celle-ci. En fait, A2 n’est donc pas l’achèvement du programme
discursif amorcé en A1 , mais la poursuite du programme B, qui s’y substitue.
3.3.3. Dernier exemple : le fragment de récit (20) illustre, pourrait-on dire, un
cas d’abandon sans reprogrammation :
(20) A1 : alors je suis resté en prison avec les
B : ah je t’assure que je n’en menais pas large parce que j’étais avec des
bandits là hein
A2 : en prison le dos collé contre le mur pendant une journée (oral, CTFP , 217, 34)

La clause commencée en A1 est en effet continuée et achevée normalement en A2 ,


bien qu’elle contienne un SP lacunaire, impliquant l’occurrence d’un nom pluriel

13. Plus exactement, le connecteur alors implique un terme gauche indéterminé, qui peut être unifié pertinem-
ment avec le fait <ça me demandait du temps> énoncé en fin de parenthèse.

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Phénomènes d’attente et de projection

non instancié : avec les → ?N[plur] . C’est la parenthèse B qui fournit la valeur de
cette variable, du fait qu’elle comprend un SP du même type (avec des bandits).

4. CONCLUSION
Les analyses et schématisations proposées supra ne relèvent ni d’un modèle
de l’encodage, ni d’un modèle du décodage, ni d’un modèle de l’interaction
langagière comme performances coordonnées de deux interlocuteurs. Elles
s’inscrivent plutôt dans le cadre d’une grammaire des discours possibles, i.e. d’une
entreprise visant à décrire ceux-ci comme des schémas d’actions linguistiques
virtuels (types), dotés d’une structure immanente et obéissant à un système de
régularités contraintes dont tout sujet parlant a la compétence (= chacun est
capable de mettre ces schèmes praxéologiques à exécution, i.e. de les actualiser
en tokens).
Les tentatives de description immanentiste des discours qui ont été faites
dans le passé 14 ont généralement consisté à isoler les chaînes parlées de tout
le reste, et notamment de leur contexte informationnel et référentiel, relégué
dans le domaine « extra-linguistique ». Mais comme la cohérence des textes
(i.e. la classe des textes possibles) dépend essentiellement de ces paramètres,
il est au contraire indispensable de représenter ceux-ci dans le modèle. On
doit considérer les référents élaborés au fil des discours (M) comme constitutifs
de leur structure immanente et une certaine logique naturelle comme faisant
partie de leur grammaire. Moyennant ces options, un modèle « neutre » de la
compétence discursive est possible. J’espère avoir montré ici que les phénomènes
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dits d’attente ou de projection peuvent être représentés convenablement, ou même
formalisés, dans le cadre d’un tel modèle.

Références bibliographiques

[CFA80] CREDIF (1989), Cahiers du français des années 1980, Paris : Didier Érudition.
[CTFP] BLANCHE-BENVENISTE C., ROUGET C. & SABIO F. (2002), Choix de textes du français parlé,
Paris : Champion.
ABEILLÉ A. (2007), Les Grammaires d’unification, Paris : Hermès.
ADAM J.-M. (2005), La Linguistique textuelle. Introduction à l’analyse textuelle des discours,
Paris : Armand Colin.
BERRENDONNER A. (2011), « Autour de la rection », in S. Caddéo et al. (éds.), Penser les langues
avec Claire Blanche-Benveniste, Aix-en-Provence : Presses de l’Université de Provence,
83-91.
CHENU J. (1984), Peirce : textes anticartésiens, Paris : Aubier.
DESCLÉS J.-P. & GUENTCHEVA Z. (2001), « La notion d’abduction et le verbe devoir épistémique »,
Cahiers Chronos 8, 103-122.

14. P. ex. les analyses inspirées par le « structuralisme du discours idéal » de Ducrot.

50
DEULOFEU H.-J. (2010), « La greffe d’un énoncé sur une construction : une combinaison originale
de parataxe et de rection », in M.-J. Béguelin, M. Avanzi & G. Corminboeuf (éds), La Parataxe,
t. 1, Berne : Peter Lang, 175-208.
GROUPE DE FRIBOURG (2012), Grammaire de la période, Berne : Peter Lang.
HJELMSLEV L. (1968), Prolégomènes à une théorie du langage, Paris : Minuit.
JOHNSEN L. A. (2008), « Procédés référentiels dans les parenthèses », Verbum XXX (1), 85-102.
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SPERBER D. & WILSON D. (1989), La Pertinence. Communication et cognition, Paris : Minuit.
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