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Pr. Dr. Benyounes A.

Master Académique -Production et Transformation Laitières- Conduite de la Production Laitière

Chap. VII. Adaptation des Modes de Conduite et Stratégies


de Rentabilité des Elevages Laitiers
En Algérie, la production et/ou la filière laitière(s) se caractérise par une très grande
diversité des facteurs de production.
Et que cette diversité est observée au niveau :
- des régions d’élevage par rapport à leurs spécificités (climat, potentialités
fourragères,…) ;
- de la taille des troupeaux et de l’importance de l’atelier vaches laitières par rapport
aux autres catégories d’animaux et d’espèces exploitées… ;
- des races exploitées (une seule race, plus d’une race, race pure, race mixte, race
locale..) ;
- de la taille des exploitations et de l’importance de l’atelier lait en particulier, et de
la production animale en général, par rapport à l’exploitation agricole dans son ensemble
(production animale, production végétale…) ;
- de la conduite alimentaire ;
- de la conduite de sélection et de reproduction des espèces et races exploitées ;
- de l’importance des infrastructures de soutien à l’exploitation de l’élevage laitier
(tans en amont comme en aval)… .

En conséquence, et pour une meilleure rentabilité des élevages laitiers, dans une
économie laitière en pleine mutation, il y lieu d’adapter des modes de conduite et des
stratégies innovantes, pour augmenter la production laitière, produire un lait de qualité et à
moindre coût, qui peut être vendu et accepté facilement par le consommateur. Ce qui passe
nécessairement, par l’optimisation du prix du litre de lait et la réduction du coût de
production ; situation, qui peut être envisagée par la nouvelle politique de la filière laitière,
initiée par l’état algérien, à travers le PNDA et le PNDAR, au cours de ces 15 dernières
années.

1. L’optimisation du Prix du Lait


Sur le marché formel, le prix du litre de lait varie très peu ; pendant que sur le marché
informel, le prix du lait peut être variable d’une saison à une autre, et même d’un mois à un
autre. Il est conditionné par la situation de l’offre et de la demande. En été, le lait et les
produits laitiers, sont très demandés ; pendant que, en parallèle, la production laitière est en
baisse par manque de fourrages verts, dans la majorité des exploitations laitières. Par contre,
la situation est presque inversée pendant le printemps. Il en est de même pendant le mois sacré
de Ramadan où la demande et donc la consommation explosent.
Ainsi et compte tenu de la situation actuelle du marché, dont les formules de paiement
sont basées (normalement) sur le litre du lait et sur ses qualités nutritionnelle (taux de MG et
taux de MP par rapport au gramme différentiel) et hygiénique (qualité bactériologique par
rapport à la flore totale ; concentration en cellules somatiques : maximum 400000 cellules/ml
de lait en Europe ; et résidus inhibiteurs : par rapport aux antibiotiques, très présents surtout
après des traitements contre les mammites).
En effet, lorsque la concentration en cellules somatiques augmente, l’aptitude
technologique du lait diminue, du fait surtout d’une diminution du rendement fromager et
d’un pouvoir protéolytique plus élevé, qui nuit à la stabilité du lait UHT.
C’est ainsi qu’entre élevages, il peut y avoir beaucoup de différences dans le paiement
du lait, ce qui peut causer des écarts importants entre producteurs livrant à une même laiterie
ou unité de transformation.

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Pr. Dr. Benyounes A. Master Académique -Production et Transformation Laitières- Conduite de la Production Laitière

2. La Réduction du Coût de Production


La réduction du coût de production est une condition nécessaire pour la survie, la
pérennité, et la rentabilité des élevages laitiers.
Cependant, devant la subvention du lait de sachet adoptée par l’état algérien (produit
de première nécessité) et les facilités accordées aux transformateurs laitiers par la livraison
soutenue de la poudre de lait importée de l’étranger, les éleveurs-producteurs laitiers jugent,
pour leur majorité, que le prix de vente du litre de lait est encore faible.
Ceci est considérablement accentué par la cherté des concentrés utilisés dans
l’alimentation des laitières dont les matières premières sont quasi-totalement importées (orge,
soja, maïs…).
En effet jusqu’à l’heure actuelle, les prix à la production du litre de lait continu à être
généralement élevé, malgré les différents soutiens accordés par l’état pour la promotion de
cette filière laitière dans le cadre du PNDAR, tels que : prime à la production, prime de
collecte, prime de transformation, soutiens d’acquisition d’équipements d’irrigation,
d’équipements de traite, prime de mise en place et d’équipement de productions de fourrages,
prime à l’insémination artificielle, prime de production de génisse issues de l’insémination
artificielle…
En conséquence, et comme l’éleveur laitier tire la majeure partie de son revenu de la
vente du lait, l’optimisation du prix du litre de lait, tout comme la réduction du coût de
production, au niveau des exploitations laitières, constituent sans doute un enjeu
incontournable pour la rentabilité des élevages. Ceci peut être obtenu et/ou passe
nécessairement par :
- l’amélioration génétique et la sélection des animaux exploités pour les caractères
d’amélioration de la production laitière et de la richesse du lait en matières grasse et azotée,
ainsi que sur la facilité de traite des femelles laitières…En effet, il faut rappeler que
l’amélioration génétique de la production laitière d’un litre, rapporte à l’éleveur 10 fois que
l’amélioration d’un point de taux butyreux. En parallèle, l’aptitude à la traite, conditionne en
grande partie la productivité de la main d’œuvre chargé de la traite, et prend une grande
importance en raison de l’intensification des élevages laitiers (augmentation des effectifs,
amélioration de la production en lait, utilisation de la traite mécanique…) ;
- l’amélioration de la conduite alimentaire, par l’utilisation du rationnement et
d’aliments plus nutritifs et moins chers, avec la valorisation des sous produits et des pâturages
et l’utilisation des surfaces non cultivées ;
- l’amélioration de la conduite de la reproduction (meilleure détection des chaleurs,
utilisation des meilleurs reproducteurs, utilisation de l’insémination artificielle, suivi de la
gestation, surveillance des mises bas…) ;
- l’amélioration des conditions de traite, sur le plan de la préparation, du matériel
utilisé et de l’hygiène de l’opération dans son ensemble ;
- l’adoption d’une durée de tarissement optimale, en adéquation avec la politique et
l’objectif de production de l’exploitation, de la race exploitée et des conditions de production ;
- l’accroissement de la taille des exploitations d’élevage (surtout en effectif de
femelles laitières), ce qui réduirait la part des charges fixes et augmenterait la charge de
travail par unité de main d’œuvre disponible,
- l’intensification des élevages laitiers, qui passe nécessairement par l’augmentation
de l’utilisation de concentré et de fourrages verts per l’emploi de plus d’engrais/exemple. Ce
qui aboutirait à une augmentation de la production laitière et à une réduction du coût de
production. Mais attention, il faut tout juste trouver le niveau d’intensification rentable pour
cette stratégie, étant donné que le volet alimentaire est très cher et constitue jusqu’à 60 à 70%
du prix de production du litre de lait.

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