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SAINT SEIYA GIGANTOMACHIA

Saint Seiya Gigantomachia est une histoire en 2 romans publiée par la Shûeisha
dans la collection Jump Books. Ce récit est co-écrit par Masami Kurumada, auteur
original de Saint Seiya, et Tatsuya Hamazaki, un auteur qui a à son actif de
nombreux romans tirés de mangas tels que "One Piece" ou ".hack". Les 2
romans de Gigantomachia respectivement sortis en août et décembre 2002
s'inscrivent en tant que second projet du revival de Saint Seiya et relatent
l'affrontement opposant les Saints d'Athéna aux Géants menés par le dieu Typhon.

Chronologiquement, l'histoire est supposée prendre place entre la bataille


contre Poséidon et la Guerre Sainte contre Hadès. Tout comme l'arc Asgard de
l'anime, cette histoire se concentre surtout sur les efforts des Bronze Saints et de
quelques nouveaux personnages. Les Gold Saints n'y font par conséquent aucune
apparition, bien que certains soient mentionnés dans le récit. L'auteur s'appuie
sur de nombreux éléments de l'Hypermythe, et le Cosmo Special, livre dont cette
genèse est tiré, est cité dans la bibliographie de Gigantomachia.

Livre 1: Gigantomachia, le chapitre de Mei (ギ ガ ン ト マ キ ア 盟の 章 -


Gigantomakia Mei no Shô)

Livre 2: Gigantomachia, le chapitre du Sang (ギ ガ ン ト マ キ ア 血の 章 -


Gigantomakia Chi no Shô)

Il n'existe pas de version officielle française de Gigantomachia, mais une


traduction japonais->français réalisée par Archange

Livre 1 - Chapitre de Mei - Chapitres 1 (Oreste) et 2 (Les Saints d'Athéna)

Livre 1 - Chapitre de Mei - Chapitre 3 (Sicile)

Livre 1 - Chapitre de Mei - Chapitre 4 (Ressurection) et épilogue

Livre 2 - Chapitre du sang - Prologue et chapitre 1 (La Chevelure de Bérénice)

Livre 2 - Chapitre du sang - Chapitre 3 (Sang)

Livre 2 - Chapitre du sang - Chapitres 4 (Chronos) et épilogue (Deux Ex Machina)


Canonicité et cohérence

Comme le récit fait mention de la trahison de Saga et que Shiryū est aveugle, le
seul moment propice à l'insertion de ces romans est la période entre la bataille
contre Poséidon (où Shiryū a reperdu la vue face à Krishna), et celle
contre Hadès. Cependant, l'histoire de Gigantomachia se déroule en une
quinzaine de jours, ce qui contredit quelque peu cette possibilité, car une phrase
de Nachi dans le manga original laisse supposer que "très peu de temps" s'est
écoulé entre la fin de Poséidon et le réveil d'Hadès.
Il faut donc soit y voir là le fait que Gigantomachia ne soit pas canon (à la
manière des films de Saint Seiya), soit que Gigantomachia est canon et constitue
alors un recton de cet ordonnancement temporel, invalidant donc le commentaire
de Nachi dans le manga originel.

Un autre point sensible pour les gens qui découvrent tardivement ce roman est la
présence de Typhon, vu que celui-ci figure aussi dans un gaiden de Saint Seiya ~
Épisode G où l'on voit Aiolos affronter le dieu en pleine tempête (gaiden publié
en 2004, tandis que Gigantomachia date de 2002). Cependant, Aiolos mentionne
bien que le sceau retenant Typhon est sur le point de se rompre, et ce qu'il
affronte donc semble plus être une émanation du Cosmos du dieu plutôt que le
dieu lui-même. À cet égard, les œuvres peuvent donc être considérées comme
cohérentes si l'on considère cette interprétation. Si l'on choisit en revanche de
choisir le Typhon combattu par le Sagittaire comme la véritable forme du dieu,
les œuvres s'excluent mutuellement. On peut aussi noter que le clan de Géant
invoqué par les Titans dans Saint Seiya ~ Épisode Gsemble différent de celui qui
obéit à Typhon dans Gigantomachia.
Introduction
Dans les temps reculés de la mythologie, Athéna, appuyée par
ses Saints, livra de nombreuses guerres afin de protéger l'amour et
la justice sur Terre, et l'une de ces batailles l'opposa notamment
aux Géants vénérant le dieu Typhon. Au terme de cette terrible
guerre, Typhon et ses Géants furent finalement défaits et scellés
sous l'Etna, en Sicile.

Vingtième siècle. Des nombreux évènements troublants ont lieu en


périphérie du Sanctuaire, des Saints subissent des tentatives
d'assassinat et la jeune Yulij du Sextant est kidnappée par de
mystérieux intrus qui prétendent être des Géants. Quel le but de cet
enlèvement ? Comment ont-ils pu se libérer ?

Athéna et ses 5 Bronze Saints bien connus vont se rendre en Sicile afin de tirer au clair cette histoire, et essayer
d'empêcher le retour de Typhon. Ils seront aidés dans leur périple par un habitué de la Sicile, ce nouveau personnage
nommé Mei, qui se trouve être l'un des 100 enfants envoyés en camp d'entraînement par Mitsumasa Kido, et est donc
le demi-frère de Seiya,Shiryū, Hyōga, Shun et Ikki.

Chapitre 1 : Oreste
L'acropole en vue aérienne

La mythologie grecque raconte qu'il y a bien longtemps, Poséidon et Athéna se


disputèrent le contrôle de l'Attique. Ainsi la célèbre Acropole située dans la
capitale d'Athènes devint le théâtre de leurs affrontements. Le nom
« Acropole » signifie «la ville haute ». Ses habitants, après qu'Athéna leur a
offert un olivier, choisirent finalement de se ranger sous sa protection. Ils
érigèrent alors en son honneur un temple d'une blancheur crayeuse sur une
colline d'une hauteur de 70 mètres et d'une circonférence de 800 mètres. Au fil
du temps et de l'histoire guerrière des hommes, ce temple autrefois prospère
est tombé en ruines, mais on peut encore ressentir sa gloire passée.

La nuit tombée.

« Ne trouvez-vous pas que l'air s'est quelque peu rafraîchi ? »

Ses cheveux bruns flottaient au gré du vent. Shun se trouvait dans un théâtre en plein air situé au sud-ouest de la
colline de l'Acropole. Il porta son regard vers celle-ci.

L'été, le coucher de soleil est tardif en Athènes : il disparaît bien après huit heures du soir et la ville est alors
progressivement absorbée dans une aura de ténèbres indigo, moment où les lumières s'allument sur la colline de
l'Acropole. Face aux pins et aux cèdres plongés dans l'obscurité, ces falaises se dressent dès lors tels des murs baignés
d'un éclat doré qui leur donne l'apparence d'un autel sacré fait de murailles cyclopéennes. Les rangées de colonnes du
Parthénon, ses métopes et même son pédiment luisaient autrefois d'un doux éclat semblable à la lueur du marbre
frappé par la lumière, bien que cette construction soit aujourd'hui en ruines.

« Je vous remercie d'avoir accepté de m'accompagner ce soir, Nicol.

— Voyons, ce n'est rien. »

Nicol esquissa un sourire. Il avait l'élégance de la statue du dieu Hermès adolescent de Praxitèle mais semblait
pourtant être une personne très abordable. Ses cheveux châtains, son regard aussi paisible qu'un lac, et son
intelligence lui valaient l'admiration et les compliments de tous. Cependant, porter des vêtements noirs l'été près de la
mer Egée semblait quelque peu inconfortable.

« En fait j'avais d'abord invité Seiya, mais il a refusé en avançant que le théâtre est ennuyeux.
— Je pense de toute façon qu'un garçon aussi terre à terre que lui ne peut apprécier le théâtre classique à sa juste
valeur, et cela aurait finalement été un gâchis que de le laisser profiter d'un ticket aussi cher. »

Shun émit un léger rire. Son visage semblable à celui d'une délicate jeune fille était éclairé par une faible lumière.
Shun était un beau jeune homme. Il n'avait pas encore quinze ans mais n'arborait cependant pas l'attitude rebelle que
l'on aurait attribué à son âge.

Ils étaient assis côte à côte dans la rangée la plus haute du théâtre.

« Sais-tu ce qu'est l'Odéon ? demanda Nicol.

— Pas vraiment, répondit Shun.

— L'Odéon est un ancien vestige bâti en 161 après J.-C., et dont le nom signifie "construction destinée à des concours
musicaux". Il a la forme d'un cercle et dispose, en plus de son excellente acoustique, d'une capacité d'accueil de 6000
personnes. Il est même possible d'entendre le son d'une pièce qui tombe sur scène.

— Incroyable.

— Le nom de cet Odéon, "Hérode Atticus", provient de celui du politicien romain qui a levé les fonds nécessaires à sa
construction lors de l'ère romaine, et on l'appelle aussi le "théâtre d'Hérode Atticus". Il fut restauré après la Seconde
Guerre Mondiale, et vit désormais cette résurrection en accueillant de nos jours les tragédies grecques antiques.
Pendant les festivals, des artistes du monde entier viennent en ce lieu pour y donner leurs représentations, que ce
soient des pièces de théâtre ou bien encore des opéras, conclut Nicol qui avait tout expliqué à Shun d'un seul bloc.

— Que ce soit aujourd'hui ou pendant l'Antiquité, l'amour des Grecs pour le théâtre reste le même, n'est-ce pas ?

— Pour les Grecs, aller au théâtre est aussi normal que d'aller voir un match de foot. Et d'ailleurs pourquoi s'en
priveraient-ils ? La Grèce jouit d'un climat si agréable. En effet, il n'y a pas à craindre une interruption due à la pluie,
ce qui assure que les programmes annoncés ne souffrent d'aucun retard, et ce même dans ce théâtre à ciel ouvert. »

L'hiver exclu, Athènes bénéficiait d'un temps clair environ 300 jours par an.

« Mais en contrepartie il est nécessaire d'attendre la tombée de la nuit pour pouvoir utiliser les projecteurs dans ce
genre de théâtre, ce qui force les représentations à se finir tardivement. Qui plus est, l'Orestie est une pièce en trois
actes », dit Nicol en baillant tel un chat tandis que Shun s'étirait de tout son corps.

« Le temps de représentation annoncé pour cette pièce est de cinq heures.

— Cela va être une longue soirée, lui répondit Shun. »

Même en Grèce, une tragédie antique de ce genre ne pouvait être jouée qu'en été et dans un théâtre à ciel ouvert. La
pièce en question était l'Orestie écrite par Eschyle, une œuvre en trois actes. Le premier acte s'était achevé depuis peu
et c'était maintenant l'entracte avant le deuxième.

« Je vois pourtant qu'aucun spectateur ne rentre chez lui, remarqua Shun.

— Les Grecs, aussi bien les adultes que les enfants, sont habitués à la vie nocturne, lui répondit Nicol.

— Je vois ça.

— Alors comment trouves-tu cela ? Qu'est-ce qu'un jeune homme japonais pense du théâtre classique grec ?

— Je pense sincèrement que c'est très intéressant.

— Vraiment ? L'œuvre d’Eschyle est grandiose, mais je te concéderais qu'elle puisse sembler un peu ennuyeuse de
prime abord », dit Nicol en esquissant un sourire amusé.

Eschyle, l'auteur de cette pièce en trois actes était une personne vivant au Vème siècle avant Jésus-Christ. L'Orestie
qu'il a créée est bien plus ancienne que les pièces de Shakespeare, et au cours du temps plusieurs producteurs l'ont
donc adaptée en ajoutant des choses qui leur semblaient intéressantes. Les représentations de cette pièce se donnent
encore de nos jours partout à travers le monde. Peu de gens connaissent l'Orestie au Japon mais la plupart des
japonais connaissent l'histoire du cheval de Troie, ce qui fait qu'il est donc préférable de leur expliquer que l'Orestie est
l'histoire qui se passe après la guerre de Troie.
Éris, déesse de la discorde, avait envoyé une pomme d'or destinée à la plus belle femme, ce qui provoqua finalement
la guerre de Troie qui avait Hélène pour enjeu. Agamemnon, roi de Mycènes et chef de l'armée grecque, offrit sa
propre fille Iphigénie en sacrifice pour s'assurer la victoire. Sa femme Clytemnestre se mit alors en colère et ourdit
avec son amant Égisthe l'assassinat d'Agamemnon, qu'ils mirent à mort après son retour victorieux de Troie. Ce
moment marque la fin du premier acte nommé "Agamemnon".

« Concernant Seiya, la simple explication des points-clés de cette pièce lui a donné le sommeil, avoua Shun.

— La prochaine fois, invite-le à une comédie. S'il y a un bon nombre de blagues grivoises, de la violence gratuite et
autres choses sans queue ni tête, peut-être que ce garçon immature y trouvera son intérêt. »

Nicol avait eu des paroles assez dures envers Seiya, malgré son visage de sage qui ne ferait pas de mal à une mouche.
Shun abaissa son regard vers la scène de ce théâtre antique situé au pied de la colline de l'Acropole. L'entracte prit fin
et les conversations aux alentours s'éteignirent progressivement tandis que chacun reportait son attention sur la pièce
racontant le drame de cette famille maudite, éclairée par les projecteurs. Le second acte, "les Choéphores", ce qui
signifiait "les prières funéraires des femmes", commençait à se jouer et se situait neuf ans après le premier acte.
Oreste, le fils d'Agamemnon qui avait été confié dans son enfance à un pays voisin, compris après avoir écouté les
paroles de l'Oracle de Delphes qu'il devait venger l'assassinat de son père, répétant sur une nouvelle génération les
tragédies sanguinaires de cette famille.

L'Orestie qui se jouait ce soir-là dégageait un fort sentiment de pièce antique, que ce soit de par les masques des
acteurs, les décors ou bien encore par les effets de scène, au lieu d'être adaptée aux goûts modernes.

Oreste revint secrètement dans son pays natal et s'associa à sa sœur Électre qui nourrissait les mêmes intentions que
lui, à savoir se débarrasser d'Égisthe, l'amant de leur mère. Une fois cet acte accompli et leur père vengé, les enfants
d'Agamemnon se confrontèrent à leur mère Clytemnestre. Celle-ci supplia ses enfants qu'elle avait nourris au sein de
lui laisser la vie, plongeant pendant un moment Oreste dans le doute. Mais celui-ci se fia finalement à la volonté divine
relayée par l'Oracle de Delphes.

« J'ai donc mis au monde un serpent...

— Tu as tué la seule personne que tu n'aurais pas dû. »

Oreste tourmenté par les Érinyes, William Bouguereau, Les Remords d'Oreste, 1862

Le cœur d'Oreste souffrait de cette situation qui n'aurait dû être. Il annonça cependant à sa mère que ce n'était pas lui
qui l'assassinait, mais qu'elle s'était tuée elle-même, tout en pointant son épée dans sa direction. La reine frappée
s'écroula sans vie sur la scène telle une poupée de chiffon. Le sang de la reine tombée s'étendait petit à petit sous le
feu des projecteurs. Un matricide. L'Oreste masqué brandit l'épée utilisée pour son crime tandis qu'il volait l'attention
de douze mille yeux de spectateurs stupéfaits. Il venait d'accomplir un acte qui n'aurait jamais dû être et allait subir le
jugement des Érinyes, qui était le sujet du troisième acte et concernait sa chute dans la folie.

« Comment ? » s'exclama Nicol.


Il se tourna vers Shun pour lui expliquer les codes du théâtre grec classique.

« Aucun meurtre ne doit se produire sous les yeux du public. »

Les scènes violentes n'étaient jamais directement montrées. Au lieu de cela, la convention voulait que les acteurs
quittent la scène puis qu'un intense hurlement d'agonie s'élève, suivi d'une explication du narrateur. Bien que la raison
de ce choix soit inconnue, cela est une règle esthétique du théâtre grec. Il semblait impossible qu'une troupe théâtrale
jouant une pièce antique transgresse cette règle, à plus forte raison dans un théâtre historique.

« Ils n'auraient pas dû montrer cela. »

Nicol, qui connaissait bien le théâtre classique, se leva sans même s'en rendre compte. Et ce n'était pas l'unique chose
étrange.

« Ils sont deux ? » murmura Nicol.

Deux Oreste masqués se tenaient sur scène.

En un instant, le second était sorti de nulle part sans que personne ne s'en rende compte. La représentation venait de
prendre un tournant inattendu et tous les spectateurs en avaient conscience. L'acteur qui avait jusqu'alors donné une
représentation parfaite d'Oreste ne pouvait sortir la moindre réplique, stupéfait par le meurtre qui venait d'être commis
sous ses yeux.

Le masque tomba.

Ainsi que la tête.

L'Oreste qui s'était introduit sur scène venait de porter un coup latéral sur son double avec l'épée qui avait servi au
matricide.

La pièce était brisée.

La représentation n'en était plus une.

Le faux Oreste descendit de la scène tandis que les spectateurs, jusque là transportés par ce qui semblait il y a peu
être un matricide mis en scène avec virtuosité, revinrent à la réalité et des hurlements d'horreur s'élevèrent. L'assassin
des acteurs incarnant Oreste et Clytemnestre s'élança sous les yeux des 6000 spectateurs vers les escaliers qu'il se mit
à grimper, l'épée du meurtre tâchée de sang brandie au-dessus de sa tête.

Shun laissa échapper un cri de surprise tandis qu'il percevait une intention meurtrière. Les yeux cachés par le masque
de cet Oreste fixaient sans le moindre doute la rangée supérieure du public. La lourde lame qu'il tenait répandait des
étincelles derrière elle.

« Que... »

Une chaîne apparut. Shun tendit face à lui avec ses deux bras cette chaîne sortie de nulle part qui bloqua le coup
tranchant porté par l'intrus. Le métal des deux armes se frottant donna naissance à grincement tandis que la chaîne
était tendue à son maximum sous la force du coup. Cette épée n'était pas un objet de théâtre mais une lame de
bronze bien réelle, capable de trancher les os et de faire tomber des têtes. Le fait qu'un jeune homme aussi frêle
parvienne à bloquer ce coup ressemblait par contre à du théâtre.

« Qui es-tu ? » demanda Shun en continuant sa lutte contre le faux Oreste.


Adaptation de la trilogie d'Eschyle par Marco Pernich. Mise en scène par un collectif de metteurs en scène sous la direction de

Mariagiovanna Rosati-Hansen

Celui-ci portait en plus de son masque un vêtement de théâtre court sans manches, et ses longs bras et jambes
semblaient être forgés dans le métal. Shun ne pouvait distinguer plus de détails de l'attaquant au sein de ces ténèbres,
qui plus est avec la lumière de la scène dans le dos de son agresseur. Une odeur de bête sauvage se dégageait de lui.
Un phénomène surprenant se produisit alors. Ce n'était non pas la fine chaîne qui venait de voler en éclats mais l'épée
de bonze.

Nicol interpella Shun. L'Oreste surmonta sa surprise et jeta l'arme dont il ne restait plus qu'un manche.

« Attention ! » cria Shun.

Il vit le corps de Nicol se plier en deux sous l'effet d'un coup qui l'envoya voler contre un mur plusieurs mètres plus
loin. Nicol émit un cri en heurtant le mur avec son dos, puis retomba tête la première vers le sol. Un coup capable de
projeter un homme d'un mètre quatre-vingt tel que lui n'était pas normal. Non, plus que cela, ce ne pouvait être une
attaque portée par un simple être humain. Cette attaque avait été donnée à une vitesse supérieure à celle du son, et
nul hormis Shun n'avait pu la voir parmi l'assistance présente. Les environs sombraient dans la confusion générale. Les
spectateurs, pris de panique suite au meurtre sur scène, fuyaient de manière désordonnée les lieux, semblables à des
fourmis quittant une fourmilière détruite. Un véritable concert de cris de panique, comme si la foule était frappée des
airs de musique du dieu Pan qui conduisent à la folie.

« Où est-il passé ? » demanda Shun qui se tenait dans la foule en déroute tout en brandissant sa chaîne devant lui
pour protéger Nicol.

Personne. L'homme avait disparu.

L'Oreste avait abandonné son masque sur scène et s'était déjà évanoui dans les ténèbres, loin de toute lumière.
La naissance de l'univers s'accompagna de la libération de la Volonté des Dieux (Big
Will) qui imprégna toute vie et se logea dans les étoiles. Les étoiles trouvèrent leur
place chez Ouranos, le ciel. De l'océan Pontos naquit la vie. Puis lentement, sous
l'action du Temps, le monde prit forme et grandit, tous les humains le peuplant
naissant et mourant en suivant la destinée tracée par les étoiles. Les étoiles sont
dépendantes du monde et le monde dépend des étoiles. À un certain point, des
personnes dont les corps étaient investis de la Volonté des Dieux apparurent. Ceux-ci
devinrent les réceptacles d'âmes immortelles, des prophètes ou étaient eux-mêmes
considérés comme des dieux sur Terre et tentèrent alors de guider le monde pour le
rendre meilleur à l'aide de la Volonté des Dieux.

Les dieux s'affrontèrent.

Des guerriers au service de ces dieux apparurent également, élus par les étoiles qui décidèrent de leurs vies. Ceux qui
accompagnaient Athéna se nommaient les Saints. De sanglantes batailles furent livrées pour déterminer quel dieu
dirigerait le monde, et celles-ci se sont étendues sur de longues durées inimaginables pour l'esprit humain.

Quel que soit le champ de bataille, Athéna était entourée de jeunes garçons originaires des quatre coins du monde
pour la protéger. Ceux-ci étaient véritablement emplis de force et de courage. Il est dit que leurs poings pouvaient
fendre les cieux, et que leurs pieds étaient capables de briser la terre. Ces guerriers de l'espoir apparaissaient à chaque
fois que le mal menaçait le monde. Cependant, leur existence n'est consignée ni dans la mythologie grecque, ni dans
les livres d'histoire.

Ce sont de jeunes hommes de légende.

Ce sont les Saints d'Athéna.

Chapitre 2 : Les Saints d'Athéna


Ce qui est appelé "Mythologie" ne saurait être condensé en un unique livre ou poème
épique. Cette notion est apparue à l'aube de l'humanité et s'est donc depuis scindée en
plusieurs branches correspondant à autant de cultures humaines, ce qui explique
pourquoi les diverses mythologies présentent tant de contradictions entre elles. En fait,
vouloir trouver une vérité absolue n'a que peu de sens car il n'y a pas de version d'un
mythe plus véritable qu'une autre.

Depuis l'Antiquité, les Grecs nomment leur pays "Hellas" et se présentent eux-mêmes comme étant les "Hellènes", ce
qui signifie "peuple de Hellen". Lors des cérémonies d'ouverture des Jeux Olympiques, les Grecs annoncent leur pays
sous le nom de "République Hellène", bien que les langues d'origine latine utilisent plutôt les termes dérivés du latin
"Graecus". C'est pourquoi les étrangers désignent cette contrée sous le nom de "Grèce", ou "Greece" en anglais. Ce
genre de particularité n'est pas exclusive à la Grèce et par exemple les Japonais nomment eux-mêmes leur pays
"nihon" (日本) et se désignent en tant que "nihonjin", mais utilisent par contre pour la Grèce une prononciation tirée de
l'anglais qui donne "girisha".

La mythologie grecque raconte qu'un jour, Zeus, le dieu suprême, provoqua un déluge destructeur pour punir
l'humanité de sa folie. Cependant, Deucalion, fils de Prométhée, le sage Titan qui offrit le feu aux hommes, et Pyrrha,
fille de Pandore qui avait reçu les plus beaux dons des dieux, purent y survivre en bâtissant une immense nef. Ils
nommèrent le premier de leurs fils "Hellen", qui est considéré par la légende comme l'ancêtre de tous les Grecs.
2.1
Le Sanctuaire, lieu saint, Domaine Sacré de la déesse Athéna.

Ce lieu n'est pas si éloigné que cela de la capitale grecque d'Athènes, mais ces montagnes sacrées qui ne figurent sur
aucune carte sont pourtant incroyablement distantes de ce qui est considéré comme le monde normal. Même un
satellite espion doté d'une résolution de l'ordre du mètre serait incapable de localiser le Sanctuaire car celui-ci est
complètement irradié par la Volonté des Dieux. Celle-ci agit comme une barrière protectrice (kekkai) qui l'entoure et le
dissimule complètement, le mettant ainsi à l'abri de toute interférence extérieure. Ces particularités font du Sanctuaire
un lieu qui défie la compréhension humaine, et rechercher son existence revient à rechercher celle des dieux. De
même, douter de son existence équivaut à douter de celle des dieux. Voilà le genre d'endroit qu'est le Sanctuaire.

En pleine nuit.

Chiton

Himation
« Comment se fait-il que la course des étoiles s'affole ainsi ? » murmura Yulij, une jeune femme aux cheveux argentés,
debout dans un observatoire.

Celui-ci était situé au sommet d'une montagne rocheuse et la jeune femme se trouvait dans une salle circulaire
dépourvue de toit. En ce lieu, la terrible pollution atmosphérique d'Athènes ne semblait plus être qu'un mauvais rêve
et ce ciel nocturne dégagé, coupé en demi-sphère, donnait l'impression de se trouver dans un planétarium. Sur le sol
était dessinée une carte astronomique en mosaïque d'une grande finesse représentant les douze constellations de
l'écliptique, ainsi qu'une graduation qui indiquait très précisément les quatre points cardinaux.

Yulij regardait successivement les constellations du Bélier, du Taureau, des Gémeaux, du Cancer...

« C'est comme si les étoiles se détachaient de la Voie lactée pour s'écraser sur Terre », se dit-elle en montant sur le
piédestal destiné à l'observation stellaire.

Yulij était vêtue d'un chiton blanc d'une seule épaisseur auquel un himation écarlate était attaché à l'aide d'une broche
sur l'épaule droite. Ce genre de vêtements lui donnait vraiment l'air d'être sortie de la Grèce antique.

« Et mince, pourquoi a-t-il fallu que le seigneur Nicol parte cette nuit au théâtre en compagnie de ce beau jeune
homme ? » soupira la jeune femme, un masque sur le visage.

Ce masque n'était pas de ceux que l'on peut voir à l'occasion d'une fête, d'une pièce de théâtre, voire de choses
inspirées d'histoires de super-héros. Ce modèle de masque avait en fait été créé pour pouvoir dissimuler les émotions
que ressentaient celles qui en portaient un.

« Encore une autre ! » s'exclama-t-elle en voyant une étoile filante dans la partie ouest de la voûte stellaire.

Celle-ci s'était séparée d'une partie du ciel située dans le triangle que formaient Deneb de la constellation du Cygne,
Vega de celle de la Lyre, et Altaïr de celle de l'Aigle près du zéphyr. Le bolide passa ensuite au nord de la constellation
de la Vierge, alors vers l'horizon, puis continua sa course vers une partie sombre et vide du ciel, suivie d'une traînée de
feu tandis que Yulij l'observait attentivement. Le destin de chaque être humain est lié à la danse des étoiles et c'est
pourquoi les contempler revient à contempler le monde. « Je dois aller prévenir Athéna ! » se dit-elle d'un air
déterminé. Tel était son devoir de diacre du Sanctuaire.

En ce lieu, les Saints n'étaient pas une légende mais des êtres bien réels. Et il en était de même pour Athéna, déesse
protectrice de la Terre et de l'amour, qui veillait sur son domaine.

Yulij sentit soudain un frisson la parcourir, et perçut alors très clairement une intention de meurtre qui lui donna
l'impression d'avoir un couteau derrière le cou. Elle comprit qu'un ennemi venait de la prendre à revers et s'en voulut
de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Son ennemi réalisa que la jeune femme troublée avait pris conscience de sa
présence et s'adressa à elle.
« Tu fais partie des Saints à ce que je vois.

— En effet, je suis Yulij du Sextant », lui répondit-elle sans esquisser le moindre mouvement.

Ce n'était pas tant qu'elle ne voulait pas bouger, mais plutôt qu'elle ne le pouvait pas, tétanisée, et elle continua donc
la conversation le dos tourné à son ennemi.
« Vous savez que vous venez de vous introduire sur les terres du Sanctuaire, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle.

Elle n'eut que le silence pour réponse. Yulij se dit, anxieuse, que cette question était de toute façon stupide car il était
impossible qu'un simple touriste ivre puisse se perdre et arrive par mégarde dans ce Sanctuaire protégé par la barrière
d'Athéna.

« De quel Mal êtes-vous le serviteur ?

— Les femmes qui deviennent Saints se doivent d'abandonner leur féminité et de porter ce genre de masque, telles
sont vos règles n'est-ce pas ? »

L'air fut soudain transpercé d'un coup.

« Qu'est-ce que...? s'exclama-t-elle surprise.

— Quel joli visage. »

Le masque du silence avait été séparé en deux moitiés égales qui heurtèrent bruyamment le sol en oscillant sur elles-
mêmes. Par pur réflexe, Yulij porta ses mains à son visage, ce qui laissa son ventre à découvert, et l'intrus profita alors
de cette faille pour la frapper. Elle s'écroula le souffle coupé puis s'évanouit. L'intrus la prit sur son épaule pour la
transporter, puis fixa avec mépris la mosaïque au sol en laissant échapper un rire mauvais. Il porta un coup qui fendit
le sol en relâchant une grande énergie, créant alors un cratère de même nature que ceux laissés par les météorites.

La mosaïque montrant les douze constellations du zodiaque n'était plus que miettes éparses.

2.2

Les 12 temples

« Bon sang ! »

Un homme ensommeillé assis sur les marches d'un escalier en pierre, en train

de dodeliner de la tête. Il reçut soudain un coup de pied à l'arrière de celle-ci,

ce qui l'envoya dégringoler une bonne dizaine de ces marches.

« A... Aïe ! Le vent nocturne d'été est si agréable, pourquoi tu...

— Agréable hein ? »

Le visage de l'homme se décomposa en voyant son interlocuteur. Ses deux compères qui s'étaient aussi endormis se

réveillèrent également et arborèrent la même expression lorsqu'ils virent le jeune homme qui venait d'arriver. Les trois

compagnons, gardes du Sanctuaire d'Athéna, portaient les armures de cuir exigées par leur fonction.

« Ce... c'est vous, maître Seiya ? bégaya un des hommes.

— Vous êtes des êtres humains ou des macaques ? Combien de fois faut-il vous répéter les choses pour que vous

compreniez ? rétorqua Seiya en les sermonnant. »


Seiya, qui ne mesurait même pas un mètre soixante-dix, paraissait plutôt petit comparé à ces gardes au physique de

catcheurs, et son vêtement en cuir ainsi que ses sandales donnaient l'impression que ce garçon japonais portait un

costume de scène. S'il avait été scolarisé, il aurait été au collège. Ses cheveux avaient de légères teintes rouges et son

apparence tout entière dégageait un incroyable dynamisme. Une puissante volonté brillait dans ses yeux et il était

empreint de toute la détermination que peuvent avoir les adolescents de son âge.

« En voila une façon plaisante de faire votre tour de garde ! Je vous avais pourtant dit ne pas vous endormir en

surveillant le Sanctuaire !

— Ou... oui ! Nous le savons bien ! répondirent les gardes.

— Alors si vous avez déjà compris ça, pourquoi est-ce que vous faites la sieste, idiots ! »

Seiya, tel un ancien sergent d'armée, leur colla un direct dans l'estomac pour les discipliner. Les hommes finirent par

se retrouver à se tordre par terre après avoir été corrigés par ce qui n'était qu'un gamin comparé à eux.

« Arrêtez de rêvasser ! Ce n'est pas parce que l'on est en temps de paix depuis peu qu'il faut se relâcher ! Un ennemi

peut se montrer n'importe quand !

— C'est à cause de ce genre de comportement que vous ne montez pas en grade et restez de simples gardes ! »

continua Seiya.

Cette leçon terminée, Seiya quitta les lieux en laissant derrière lui les gardes honteux, puis il continua seul sa ronde.

« Bah, il est vrai cependant que cette nuit d'été donne envie de piquer un bon somme, pensa-t-il. »

Il se sentait malchanceux de devoir faire un tour de garde nocturne au lieu de profiter de cette belle nuit, et se dit qu'il

aurait peut-être été préférable d'accepter l'invitation de Shun et d'aller profiter d'Athènes au passage.

« Mais malgré tout, qu'est-ce que Shun peut bien trouver d'amusant dans une vieille pièce de théâtre ? » se dit-il.

Seiya ne pensait déjà plus aux gardes qu'il avait réprimandés peu de temps auparavant, et se mit lui aussi à pousser

un bâillement d'ennui.
De même que les cieux sont le domaine des étoiles de la voûte céleste, le Sanctuaire

est depuis des temps immémoriaux le domaine d'Athéna.

Les Douze Temples du Zodiaque sont nommés ainsi car il représentent les douze

signes zodiacaux, à savoir le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la

Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Ces temples situés sur une

montagne rocailleuse et sauvage sont traversés par un chemin qui mène jusqu'à la Salle du Pope, où se trouve

également le trône de la déesse, et en continuant au delà de cette salle on arrive au lieu le plus important du

Sanctuaire : l'autel sacré d'Athéna.

En plus de cela, une grande place se trouve au pied de la montagne, ainsi qu'un Colisée, l'horloge zodiacale, un théâtre

circulaire, des Stoai, des maisons et bien d'autres choses prouvant qu'il existe toute une vie active autour de ce lieu.

Tous ces éléments donnaient à ce lieu sacré un air de ressemblance avec la célèbres Delphes, réputée pour son oracle

dans l'antiquité grecque. Pour comparer avec le Japon, on pourrait dire que cela dégage le même genre d'impression

que la ville de "monzenmachi" dans les temps anciens.

On peut aussi voir au Sanctuaire de nombreux bâtiments délaissés basés sur des styles architecturaux divers qui

témoignent des milliers d'années auxquels remontent l'existence de cet endroit. Cet état de préservation est en

particulier dû au fait qu'il paraît que depuis les temps anciens, nul ennemi n'a réussi à s'emparer du Sanctuaire.

C'est le quartier général des Saints protecteurs de la Terre. Depuis les anciens temps mythologiques, Athéna a

constamment protégé la paix du monde contre les continuels assauts de dieux hostiles qui voulaient y semer la

désolation, et à chaque fois la déesse a remporté la victoire. Le Domaine Sacré n'a jamais été défait par les forces du

mal.

Tels sont les récits sur le Sanctuaire.

Seiya s'arrêta soudain.

« Je ressens quelque chose d'étrange... qu'est ce que c'est ? » pensa-t-il.

Son cœur battait fort dans sa poitrine. Il se tourna en direction vers une montagne et arrêta son regard sur le sommet

de celle-ci.

« C'est dans cette direction que se trouve l'observatoire stellaire... »

Soudain un hurlement déchira la nuit. Seiya, surpris, fit demi-tour pour revenir en courant vers les gardes qu'il avait
quittés et se mit à grimper les escaliers quatre à quatre une fois parvenus à ceux-ci. Seiya en eut le le souffle coupé.

Une forte odeur de sang se dégageait, comme si le sol tout entier en avait été imprégné.

« Tiens tiens, on dirait qu'il reste encore un microbe par ici. »

Seiya entraperçut trois silhouettes tapies dans l'ombre et celles-ci jetèrent subitement devant lui les propriétaires de

ces cris d'agonie. Le jeune homme, toujours sous le coup de la surprise, reconnut ces personnes. L'un d'entre eux avait

eu tous les os de son corps broyés par une immense pression, un autre avait le corps perforé de part en part par des

trous semblables à ceux que laisseraient des aiguilles.

Le dernier avait eu la peau de tout son corps arrachée comme une orange que l'on aurait pelée et l'expression de son

cadavre était figée sur une grimace témoignant de son intense douleur. Ces hommes étaient les trois gardes que Seiya

avait réprimandé pour s'être endormis pendant leur ronde. Eux, des gardes du Sanctuaire d'Athéna, tués dans leur

propre havre !

Un rire mauvais retentit.

« Qui êtes-vous ?! » hurla Seiya, le regard tourné vers ces ennemis qui avaient répandu le sang dans le Sanctuaire.

Les silhouettes lui répondirent.

« Je suis Agrios, la force brute.

— Et moi Thoas, le coup de tonnerre. »

Le premier, qui venait d'annoncer son nom d'une voix brutale, atteignait aisément les deux mètre et demi, et semblait

masquer la voûte céleste. Celui qui s'était nommé Thoas était aussi d'une taille imposante mais pas autant qu'Agrios et

était difficile à voir.

« Et moi je suis Pallas de la Stupidité. » gloussa le dernier.

Un bruit de métal s'entrechoquant se fit entendre tandis que cet être parlait d'une voix au ton bas et malfaisant. Il se

dévoila à la lumière des étoiles en se surnommant "l'écorcheur". La chose qui se tenait là avait tout d'un démon et

Seiya ne put retenir sa surprise en voyant cet intrus. Il ressemblait aux bossus que l'on trouve dans les récits

occidentaux : sa colonne vertébrale était pliée d'une manière exagérée et ses longs bras traînants donnaient une

impression de déséquilibre tandis qu'il tenait son corps perpendiculairement à ses jambes d'une manière disgracieuse

qui le forçait à lever la tête pour pouvoir porter son regard sur Seiya. Son visage était petit et maladif, semblable à

celui d'un vampire affamé, et des ombres se projetaient sur ses joues émaciées. Une monstruosité fascinante. Ceci
était comparable à l'attrait que peut provoquer une Chimère, l'homme ayant tendance à être fasciné par ce qui a une

apparence inhabituelle.

« Qu'est ce que cette armure ? demanda Seiya.

— Ce sont les Adamas ! Les protections divines que nous tenons de Gaïa », lui répondit Pallas en étendant ses bras en

une pose menaçante qui le faisait ressembler à une araignée.

Ces Adamas brillaient d'un éclat surnaturel comparable à celui de cristaux corrompus, mais qui envoûtaient pourtant

l'esprit. Elles étaient composées de polyèdres qui leur auraient valu sans contestation le surnom d'"armures

cristallines". Les silhouettes des deux autres géants laissaient comprendre qu'ils étaient également vêtus d'Adamas qui

recouvraient tout leur corps à l'instar de Pallas.

« Les Géants ?

— Comment ? lança le gigantesque Agrios, prit d'une violente colère.

— Cette Athéna et ses Saints ! Doit-on comprendre que vous avez oublié jusqu'au nom des Géants ? continua-t-il.

— Reprends-toi, Agrios.

— Thoas !

— C'est compréhensible. Des éons se sont écoulés depuis les temps de la Gigantomachie où nous avons

malheureusement été scellés par Athéna. Nous fumes emprisonnés entre Gaïa et le Tartare, et maintenant que nous

nous sommes échappés de cette prison souterraine, nous ne pouvons que constater que le temps a continué son cours

sans nous... Observe la voûte céleste, l'étoile polaire n'a-t-elle pas changé de place et des étoiles que nous

connaissions ne se sont-elles pas éteintes ?

— Kihihihi, cesse donc de faire ton poète Thoas », dit Pallas en pointant ses

griffes vers Seiya.

Son Adamas apparemment faite de Cornaline brillait d'un éclat écarlate sombre

tandis que sa position lui donnait l'horrible apparence d'une araignée venimeuse

en train de ramper sur le sol. Le seul fait de voir Pallas aurait suffit à inspirer la

peur chez bon nombre de gens.

« C'est avec ces griffes que tu les as tués ! Coraline

— La peau d'un gamin comme toi doit se retourner si proprement... »

Pallas frottait les uns contre les autres les cinq doigts d'une de ses mains, chacun équipé d'une griffe pareille à un
sabre qui produisait un bruit de frottement métallique. Ses ongles étaient anormalement longs et chacune de ses

phalanges mesurait à peu près la taille d'un majeur d'être humain.

« Que...

— Puppet Claw ! »

Pallas leva son bras puis l'abattit pour donner un coup de griffe, suivi d'un autre coup en sens inverse. Quelques

cheveux de Seiya furent tranchés et celui-ci prit conscience du danger lorsque les griffes frôlèrent son nez à quelques

millimètres. En un instant, le jeune homme comprit qu'un autre danger le guettait alors que retentissait un hurlement

primaire.

Agrios fondit sur Seiya comme une immense bête en train de charger et lui porta une attaque dans la foulée,

propulsant ainsi le Bronze Saint en l'air. Seiya se mit à tournoyer dans les airs, incapable de reprendre son équilibre,

puis s'écrasa tête la première contre le sol.

« Il m'a seulement effleuré et pourtant j'ai ressenti une incroyable pression sur mon corps... Cet Agrios est un homme

surprenant..., pensa Seiya.

— Oh ! Tu as réussi à survivre à ce coup ? On dirait que tu vaux un peu mieux que le menu fretin que l'on a tué juste

avant, s'étonna Agrios.

— La ferme, gros lard ! lança Seiya en se relevant avec des yeux provocateurs.

— Quoi ?

— Ne me mets pas dans le même sac que ces gardes.

— Insignifiant chimpanzé.

— Seiya ! dit soudain une nouvelle voix qui rompit le dialogue commencé entre Seiya et Agrios.

— Kiki ? »

Ce jeune garçon qui avait environ cinq ans de moins que Seiya venait d'apparaître au-dessus de la falaise. Il porta en

contrebas un regard d'horreur et de surprise sur les intrus qui s'étaient présentés sous le nom de Géants.

« J'avais bien ressenti des présences étranges... Seiya, qui sont-ils ? » demanda Kiki.

Ses courts cheveux blonds étaient rabattus en pointe vers l'arrière, et son apparence formelle ainsi que ses sourcils

étrangement taillés le faisaient ressembler à un membre d'un groupe religieux bouddhiste. Son visage n'était ni

complètement oriental, ni complètement occidental, et cet air particulier laissait supposer que son peuple était issu de
nombreux métissages. Mais le plus incroyable restait quand même le fait que Kiki était apparu de nulle part et restait

même planer en plein dans les airs.

« Hihihi, de la téléportation hein ? Ce nabot a des pouvoirs psychiques ?

— Kiki ! cria Seiya.

— J'ai bien compris Seiya ! Je vais t'aider avec ma télékinésie ! »

En l'espace d'un instant un objet baigné de lumière traversa les dimensions et apparut au dessus de la tête de Seiya.

Les Géants surpris durent détourner leur regard de cet éclat. Une boîte en bronze ornée d'un relief de Pégase était

sortie du néant, et une lumière en jaillit lorsque le couvercle s'ouvrit. Un Pégase vivace nimbé d'une aura de flammes

blanches et bleues en surgit à la grande surprise des Géants. Cependant, ce n'était pas un véritable animal, mais plutôt

une magnifique statue en forme de Pégase. Depuis les âges mythologiques, ces objets étaient portés par les puissants

protecteurs de la paix sur Terre nommés Saints, et étaient la preuve de leur appartenance à cet ordre.

« À moi, Pégase ! » s'exclama Seiya.

La statue hennit comme pour répondre à l'appel de son propriétaire, puis se sépara en morceaux qui partirent recouvrir

le corps de Seiya.

Casque. Épaulettes. Plastron. Bras. Ceinture. Jambières.

Un bruit de choc résonna lorsque l'immense corps d'Agrios fut soulevé du sol pour aller s'écraser contre les rochers qui

se trouvaient derrière lui. Mais plus que le son des pierres brisées, ce bruit avait été provoqué par le coup qui avait

percuté le Géant. Agrios grogna en se tenant le ventre d'une main comme s'il allait vomir, mais se contenta juste de

toussotements rauques. Nul pratiquant de sport de combat tel que le karaté, la boxe, le Muay Thai ou autres arts du

même genre n'était en mesure d'abattre d'un seul coup un adversaire qui faisait plus de trois fois son poids comme

venait de le faire Seiya, en dépit de leur sophistication technique.

« Impossible, son coup de poing était-il invisible ? dit Agrios.

— Je t'avais prévenu, gros lard ! répondit Seiya. »

Une nouvelle attaque fendit l'air et frôla le sommet du crâne d'un Agrios stupéfait en laissant une onde de choc

prouvant que ce coup dépassait allègrement la vitesse du son. Une telle prouesse témoignait également du rang de

Seiya, tout Saint d'Athéna se devant d'être en mesure de maîtriser ce genre d'attaques.
« Je vois... je comprends maintenant ce que tu es, gamin ! » dit Agrios en se relevant, furieux.

Il poussa un grognement tout en chassant l'air de ses poumons, mais ce qui attira l'attention de Seiya fut de voir que

son adversaire n'avait subi aucun dommage, et les muscles désormais saillants de celui-ci lui donnaient l'air d'être

encore plus immense qu'auparavant.

« Tu es un Saint.

— En effet, je suis Seiya, Seiya de Pégase ! » déclara ce jeune homme qui semblait tout droit sorti d'une histoire

fantastique.

Pégase.

La statue à l'effigie de Pégase qui se trouvait dans la boîte s'était divisée en plusieurs parties. La tête de Pégase était

devenue une tiare munie d'ailettes qui s'était posée sur la tête de Seiya. L'échine avait changé de forme et s'était

agrandie pour devenir une pièce munie d'épaulettes capable de protéger le haut du corps du Saint. Le cou de l'animal

ornait désormais le bras droit du jeune homme tandis que la queue s'était mise sur le bras gauche, les deux parties

comportant également des protège-poings. La poitrine était devenue une ceinture entourant les hanches de Seiya. Les

pattes avant et arrière s'étaient combinées, comme si elles avaient été vivantes, et étaient devenues des jambières qui

protégeaient Seiya depuis les cuisses jusqu'au bout des pieds. Cette armure scintillait de la chute de poussières d'étoile

("Stardust Sand") éparses. Les ailes de Pégase s'étaient habilement repliées dans le dos de l'armure à la manière

d'un éventail. La statue avait ainsi bondi dans les cieux comme l'aurait fait Pégase, et la protection qu'elle formait

désormais semblait posséder les battements de cœur d'un être vivant. C'est ce que l'on appelait une Cloth, une armure

placée sous une constellation protectrice. Un héritage que seuls les Saints d'Athéna, élus par les constellations, étaient

autorisés à revêtir.

« Vous avez compris la leçon maintenant ? Je suis vraiment énervé ! » cria

Seiya.

Une aura bleue et blanche semblable à celle qui entourait la Cloth lorsqu'elle

était sortie de sa boîte émana de Seiya.

« Mais qu'est-ce que... une infinité de coups de poing ? dit Agrios.

— Pegasus Ryūsei Ken !

— Ne te laisse pas impressionner, Agrios ! »


Le sol explosa comme sous l'effet d'une météorite tandis que les coups dépassant la vitesse du son furent stoppés par

un obstacle. Seiya n'en croyait pas ses yeux.

Thoas, le coup de tonnerre, qui ne s'était jusqu'alors contenté que d'observer les combats, s'était interposé entre

Agrios et Seiya sans que ce dernier ne s'en rende compte, et les coups du Saint avaient étés bloqués par l'Adamas du

Géant.

« Garde ton sang froid, Agrios.

— Oui...

— Tu ne vas quand même pas te laisser défaire par une attaque de ce niveau... Une infinité de coups de poing,

vraiment ? Où ça ? En ce qui me concerne je vois seulement que chacun de ces coups est aussi lent qu'une limace en

train de ramper.

— Quelle incroyable vitesse » se dit Seiya en regardant Thoas.

Le Saint s'apprêta à ré-attaquer mais Thoas réagit à ceci et parvint à saisir d'une main le poing de Seiya en dépit du

mouvement soudain de ce dernier.

« Cependant, il serait préférable de ne pas prendre trop à la légère les pouvoirs des Saints », ajouta Thoas en serrant

son poing autant que possible.

Seiya finit par fléchir sous la pression exercée sur ce bras.

« Tu l'as bien cherché gamin ! lança Agrios.

— Kihihihi ! Tu as vu dans quelle situation tu te retrouves ? Même si t'es un Saint tu n'as aucune chance de gagner

seul contre nous trois, pas vrai ?

— Et merde ! dit Seiya, qui ne voyait aucune issue bienheureuse à ce combat inégal.

— Qu'est-ce que vous faites ? demanda une voix très claire. »

Kiki s'écrasa par terre avec un cri, sa concentration interrompue par une pression invisible.

« Aïe aïe aïe aïe... Qu'est-ce que c'était que ça ? De la télépathie ? Seiya ! dit Kiki.

— Comment ? dit Seiya »


Lui et Kiki se tournèrent tous deux en direction d'un nouvel envahisseur qui venait d'arriver.

« Yulij ? » s'étonna Seiya.

Seule la silhouette de l'intrus était visible, mais l'on pouvait cependant clairement distinguer Yulij du Sextant sur son

épaule. Sa toge écarlate prouvait que cette jeune femme aux cheveux d'argent faisait partie des diacres du Sanctuaire.

Yulij, apparemment inconsciente, ne renvoya aucune réponse à l'appel de Seiya.

« Et mince, comment se fait-il que je ne l'ai pas remarqué ! » se demanda Seiya, qui avait du mal à croire ce qui était

en train d'arriver.

Un homme capable de passer ainsi inaperçu aux yeux d'un Saint avait nécessairement des capacités hors du commun.

Ce quatrième intrus disparut alors sans un bruit en se fondant dans les ténèbres, emportant Yulij avec lui.

« Non c'est pas vrai, il a disparu ! dit Seiya abasourdi.

— Agrios, Pallas, nous avons fini de nous amuser, fit remarquer Thoas à ses compagnons enclins au combat.

— N'oubliez pas quel est notre but principal, ajouta-t-il.

— Kihihi, en effet, répondit Pallas. »

Agrios quant à lui se contenta d'un soupir exaspéré. Tous deux quittèrent leurs positions de combat.

« Où partez-vous ? cria Seiya.

— Ce n'est pas terminé entre nous gamin, je te rendrai la monnaie de ta pièce, lui répondit Agrios.

— Kihihi, tu t'en tires bien... pour le moment... », ajouta Pallas.

Agrios et Pallas redevinrent des silhouettes qui s'enfoncèrent dans les ténèbres nocturnes.

« Pégase... Seiya si je ne me trompe ? demanda Thoas.

— Oui ?

— Porte nos noms à Athéna. C'est la raison pour laquelle nous te laissons en vie.

— Pardon ?

— Il faudra qu'elle vienne en Sicile si elle souhaite récupérer cette gamine, et nous serons là pour l'attendre, nous les

Géants de descendance divine, issus de Gaïa et autrefois scellés dans les profondeurs de la Terre.
Thoas relâcha le poing de Seiya et disparut à son tour comme s'il n'avait jamais existé.

« Attendez ! Vous...? » commença Seiya, qui ne percevait déjà plus aucune présence de Géants.

Il se remit debout en ruminant le fait qu'il ne pouvait rien y faire. Ceci semblait si irréel, mais pourtant l'effrayante

rencontre de cette nuit n'avait rien d'un cauchemar, comme pouvaient en témoigner les cadavres des gardes autour

desquels on pouvait encore percevoir la noirceur des intentions de leurs meurtriers.

« Les Géants sortis des profondeurs de la Terre ? »

2.3

Sanctuaire, Salle du Pope.

Cet endroit se trouvait aux portes de l'autel sacré d'Athéna, au sommet des

douze temples du zodiaque et c'est de là que le Pope, dirigeant suprême des

Saints qui tient ses ordres d'Athéna elle-même, gouvernait le Sanctuaire.

« Alors Yulij s'est faite kidnapper... » dit Shun,revenu en urgence du théâtre

de l'Acropole et arrivé dans la Salle du Pope, vêtu de la Cloth d'Andromède, étincelante comme un saphir rose et dont

la forme faisait plus penser au vêtement d'une jeune vierge qu'à une armure.

« Et merde dire que j'étais là et qu'ils ont quand même réussi à la prendre sous mes yeux ! » s'écria Seiya en serrant

les poings, furieux de n'avoir su empêcher la fuite des Géants.

Les Cloths qu'ils portaient étaient des armures, un peu comme celles que possédaient les samouraïs, et le fait que ces

Saints soient ainsi réunis avec leurs protections signifiait qu'un conseil de guerre était en train de se tenir.

« Ces intrus on franchi la barrière de protection du Sanctuaire avec une facilité déconcertante », fit remarquer Nicol,

vêtu de la Cloth de l'Autel, d'une couleur argentée, tandis qu'il regardait avec inquiétude le masque fendu en deux de

Yulij qu'il tenait entre ses mains.

« Comment va votre blessure Nicol ? s'enquit Shun.

— Ah, ça peut aller, mais j'ai été pris au dépourvu. »

Tout comme Seiya, Shun et Nicol étaient des Saints d'Athéna. La Salle du Pope était comprise entre des colonnes
arrangées en ordre dorique et était ornée de rideaux. En son centre, un long tapis s'étendait jusqu'à un étage

légèrement surélevé où se trouvait le trône du Pope, lequel était cependant inoccupé car le rôle de Pope était

actuellement vacant. En conséquence, Nicol, qui était déjà affecté à la tâche d'évêque supposé assister le Pope, s'était

vu confier la gestion de toutes les affaires internes du Sanctuaire.

Sauriez vous dire quel est le nombre de constellations présentes sur la voûte

céleste ? Ce nombre est de quatre-vingt huit. À chaque fois que le Mal surgit

pour menacer la Terre, les Saints se chargent de la protéger au péril de leurs

vies. Ces hommes sont élus par la grâce divine qui leur offre des pouvoirs

inaccessibles au commun des mortels et chacun d'entre eux est placé sous

une constellation protectrice. Le ciel comporte 29 constellations boréales au

nord, 47 constellations australes au sud, et enfin les 12 constellations du

zodiaque. Ce sont ces 88 constellations qui furent choisies pour devenir les

constellations protectrices assignées aux Saints sous la forme de Cloths dont

la forme évoque ce qu'elles représentent et qui sont la preuve du statut de ces guerriers.

Pareillement aux constellations, la hiérarchie des Saints se compose de trois ordres qui sont l'or (Gold), l'argent

(Silver) et le bronze. Ceux que l'on nomme les Gold Saints correspondent aux douze constellations du zodiaque bien

connues des astrologues telles que le Bélier, le Taureau, ou les Gémeaux (et c'est évidemment eux qui sont chargés de

la protection des temples du zodiaque précédemment mentionnés, chacun étant affecté à celui de son signe). Viennent

ensuite les Silver Saints, puis les Bronze Saints qui constituent le rang le plus bas de la hiérarchie des Saints, et enfin

les simples gardes ou soldats. Celui qui commande toute cette armée est nommé "Pope". Cet homme, toujours choisi

parmi les Gold Saints, choisit lui-même celui qui deviendra son successeur. Il est aussi nécessaire de sélectionner des

diacres parmi les Bronze Saints et Silver Saints. Ces sages se voient alors confier diverses tâches telles que

l'observation du mouvement des étoiles qui leur permet de réaliser des prédictions sur les intentions d'ennemis

potentiels, la rédaction des chroniques consignant les évènements historiques, ou bien la préservation des rites et

cérémonies traditionnels du Sanctuaire.

Il est habituellement admis que la répartition des Cloths consiste en 12 Gold Cloths, 24 Silver Cloths, et 48 Bronze

Cloths, mais en réalité il n'existe aucune certitude absolue sur les nombres exacts attribués à ces rangs, exception faite

des douze Gold Cloths. D'un point de vue académique, il existe 88 constellations, nombre qui fût fixé par l'Union

Astronomique Internationale en 1930 lors d'une conférence où les constellations australes furent mises en ordre, puis

ajoutées à la liste des constellations définies dans l'antiquité par Ptolémée dans sa quasi-totalité. Cette classification

est donc récente, et ne peut alors être prise comme une raison expliquant le nombre de Cloths, qui elles remontent

aux âges divins d'autrefois.


En plus de cela, il est dit qu'il n'est jamais arrivé un moment de l'histoire où la totalité des Cloths avaient un porteur.

En fait, personne ne sait avec certitude quel est le nombre exact de Cloths ayant existé, pas même le Pope. Les récits

historiques relativement récent du Sanctuaire relatent que le plus grand nombre de Saints en action aurait été de

soixante dix-huit tandis que d'autres sources rapportent que le compte maximal aurait déjà été de quatre-vingt huit

par le passé, et il est même supposé que c'est en prenant vaguement connaissance de ce fait que certains astronomes

auraient proposé le nombre de quatre-vingt huit pour les constellations, dans le but de coller à la légende, et il n'existe

finalement aucune conclusion définitive à ce sujet.

La plupart des gens pensent que les quatre-vingt huit constellations que l'on peut observer existent depuis la création

du monde, alors qu'il n'en est rien. Par exemple, la constellation de Cerbère ne fait pas partie de la liste officielle, mais

pourtant les récits du Sanctuaire prouvent que jusqu'à nos jours la Cloth de Cerbère est restée utilisée. Même l'étoile

polaire qui nous paraît fixe a changé de position sur une échelle d'un millénaire, et des étoiles se sont éteintes. Il est

certain que l'arrangement des étoiles sur la voûte céleste à souvent changé sur une période de cent millions d'années.

Il est donc naturel de penser qu'à l'instar des étoiles, les Cloths ne soient pas figées dans l'immobilisme.

Le destin de chaque être humain est placé sous l'augure des astres, de sa naissance à sa mort. Le monde et celles-ci

sont des reflets respectifs, les changements de l'un se retrouvent sur l'autre, et il en va de même pour l'apparence des

Cloths qui correspondent aux constellations. Les Saints sont parfaitement conscients de cet état de fait et c'est

pourquoi répondre qu'il existe quatre-vingt huit Saints lorsque la question est posée tient plus de la convention

qu'autre chose. Quoi qu'il en soit, le nombre actuel de Saints qui sont encore aux côtés d'Athéna pour protéger la Terre

n'atteint même pas la moitié des quatre-vingt huit théoriques.

Cloth de l'Autel portée par Hakurei au seizième siècle dans Saint Seiya - The Lost Canvas
« Au vu du récit de Seiya il est évident qu'il existe un lien entre l'homme qui nous a agressés au théâtre et les intrus

qui ont enlevé Yulij, dit Nicol en esquissant encore une fois une grimace de douleur.

— Il a réussi à te prendre par surprise, toi un Silver Saint ? demanda Seiya à Nicol.

— En effet Seiya, et ce n'est pas vraiment à mon honneur... et ils ont aussi eu Yulij de la même manière je pense. »

Yulij était une Bronze Saint, tout comme Shun et Seiya, et le fait qu'elle soit une femme ne diminuait en rien ses

compétences martiales, car la quintessence de la méthode de combat des Saints ne s'appuyait pas sur la force

physique pure. Seiya comprenait très bien au vu du coup qu'il avait reçu d'Agrios que c'était la puissance des

assaillants qui était en cause.

« Qu'est-ce qui vient d'être relâché sur ce monde, quel peut bien être l'objectif de ces ennemis ? demanda Seiya.

— Quoi qu'il en soit nous pouvons nous estimer chanceux que rien ne soit arrivé à notre déesse.

— Qu'y a-t-il de si chanceux Nicol ? »

La salle fût irradiée par une présence affectueuse alors que les rideaux s'entrouvraient. Une jeune femme venait

d'apparaitre depuis les rideaux qui ornaient le fond de la Salle du Pope et s'avançait d'un pas solennel. C'était la

divinité éternelle de ce Sanctuaire: Athéna, déesse de la Sagesse et de la Guerre.

« Athéna ! dit Nicol en se mettant rapidement dans une position de révérence, un genou posé au sol.

— Comment pourrions nous nous estimer chanceux alors qu'un de mes Saints bien aimé est actuellement exposé à un

danger certain », lui dit froidement la déesse Athéna, qui n'était qu'une jeune fille.

Elle avait environ le même âge que Shun et Seiya, et possédait de longs cheveux châtains foncés qui descendaient

jusqu'à sa taille. La jeune fille était aussi vêtue d'une élégante et féminine robe d'un blanc immaculé. Cette déesse

était une jeune vierge d'une beauté sans égal.

« J'ai parlé sans réfléchir, et je vous présente donc toutes mes excuses Athéna, lui répondit Nicol.

— Ah, ne vous en faites pas pour ça. S'il vous plaît, relevez la tête Nicol, lui demanda-t-elle. »

Celle qui venait d'étendre sa main vers Nicol, pourtant bien plus âgé qu'elle, pour lui dire de se relever ressemblait à

une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normal, exception faite de son incroyable beauté. Mais bien entendu, elle était

loin d'être une personne commune.

« Notre problème vient des Géants, annonça Nicol.


— Je vous écoute. »

Les mots et la voix qui franchissaient ses lèvres donnaient l'impression d'être prononcés par une personne

exceptionnelle.

Les cieux sont dirigés par Zeus, le dieu suprême, les océans par l'empereur marin, Poséidon, et les Enfers par

l'empereur des ténèbres, Hadès. En plus des trois royaumes contrôlés par ces dieux se trouve la Terre, qui est

défendue par une déesse d'une puissance égale : Athéna. Chacun des mots qui sortait de la bouche de la jeune fille

était empreint de la puissante volonté divine d'Athéna. L'adolescente ici présente était sa réincarnation, une déesse

vivante.

« Mais qu'est ce que sont les Géants ? demanda Seiya.

— Ce sont les êtres qui appartenaient à ce que l'on appelait le "clan des Gigas" dans la mythologie grecque, Seiya, lui

répondit Nicol.

— Hum, dans la mythologie hein..., dit Seiya, un peu perdu.

— Il faudra que tu viennes faire un tour à la bibliothèque à l'occasion, Seiya. Je me ferais un plaisir de t'enseigner

l'histoire du monde depuis sa création.

— Haha, non merci, les études ne sont pas mon fort, répondit Seiya en se grattant la joue.

— C'est du terme grec "Gigas" que proviennent des mots tels que "géant, gigantesque" qui attestent d'une grandeur

démesurée, continua Nicol.

— Des Géants... ça ressemble quand même à un conte de fée, non ? D'accord les intrus que j'ai rencontré étaient

plutôt grands, mais de là à dire que c'étaient des géants... Ce serait un peu exagéré je pense », dit Seiya en se

passant une main sur la nuque.

Fresque dépeignant la Gigantomachie

Nicol se mit à raconter longuement ce qu'il savait à leur sujet, comme si il avait mémorisé un manuel d'Histoire.

« Les Géants appartiennent aux lointains temps mythologiques, et l'histoire qui nous intéresse s'est produite plusieurs

ères après la bataille qui opposa le dieu Poséidon et Athéna sur les terres d'Attique, à l'occasion de laquelle l'ordre des

Saints fût créé pour contrer l'armée du dieu des mers, et qui devint de fait la première Guerre Sainte de l'histoire.

Notre récit concerne une Guerre Sainte qui cette fois ci n'était pas liée à Hadès, Poséidon ou un autre dieu Olympien,

mais à des êtres au service d'un mal ancien qui désirait s'emparer de la Terre. Comme vous l'aurez deviné, ces êtres
étaient les Géants. Ils prétendaient être les fils de Gaia et étaient munis d'Adamas dont la solidité surpassait celle de

l'Orichalque. Leur puissance ébranlait les cieux, et leurs coups violents ravageaient tout sur leur passage, tel un

incendie destructeur. De nombreux guerriers tombèrent les un après les autres devant eux en tentant de défendre la

Terre. C'est finalement grâce à la présence du pouvoir divin d'Athéna, qui dirigea elle même ses troupes sur le champ

de bataille, que la victoire put être obtenue de justesse, bien que presque tous les Saints furent décimés.

— Quelle guerre terrible, dit Shun.

— Athéna scella ensuite ces divinités maléfiques immortelles dans les entrailles du monde, entre Gaia et le Tartare, de

sorte à ce que leur volontés maléfiques ne puissent plus jamais s'abattre sur le monde. Tels sont les faits concernant la

Gigantomachie.

— Gigantomachie ? demanda Seiya.

— C'est sous ce nom là que cette légende est mentionnée dans la mythologie grecque », dit gravement Nicol.

Seiya en resta bouche bée.

« Si l'on en croit les écrits de l'historien Apollodore au sujet de la mythologie grecque, ce serait en Sicile, sous l'Etna,

qu'Athéna scella les Géants, continua Nicol.

— La Sicile, dis-tu ? s'écria Seiya.

— Athéna, on dirait que ces envahisseurs qui se sont nommés "Géants" se sont effectivement rendus en Sicile, dit

Nicol.

— Mais cependant, quel peut bien être leur but ? Et pourquoi ne s'en sont-ils pas directement pris à moi ? ajouta

Athéna, attristée par les nouvelles de l'enlèvement de Yulij.

— Je me fais aussi beaucoup de soucis pour Yulij, mais si les Géants ont effectivement ressuscités je me demande

surtout pourquoi eux, supposés être emprisonnés dans les profondeurs de la Terre depuis les temps mythologiques,

ont choisi cette ère pour se libérer.

— Rendons nous en Sicile, propose la déesse.

— Vous souhaitez aller vous même en Sicile ? Je me permets de vous le déconseiller.

— Nicol, je sais que vous vous préoccupez toujours beaucoup de ma sécurité personnelle, et j'en suis heureuse, mais

je ne peux pas non plus abandonner un de mes Saints en détresse.

— Athéna...

— L'affection que je porte envers mes Saints et les gens que je protège est comparable à celle que porte une mère à

ses enfants », dit Athéna.


La jeune fille faisait preuve d'une volonté inflexible alors qu'elle comparait les Saints à ses enfants. Tel était le côté

protecteur de la déesse Athéna.

« Bref, peu importe ! s'écria Seiya.

— Je ne sais pas si ce sont vraiment des Géants, mais je préfère aller voir ça par moi même plutôt que de rester sans

agir pour réfléchir à ce qu'ils trament dans leur coin ! J'y vais !

— J'y vais aussi, dit Shun.

— Vous deux..., dit Athéna.

— Bien, Seiya, Shun, je vous autorise à vous rendre en Sicile », déclara Nicol, qui était habilité à donner des ordres en

tant que substitut du Pope et venait de prendre cette décision alors qu'Athéna hésitait.

Les deux Bronze Saints vêtus de leurs Cloths de Pégase et d'Andromède acquiescèrent vigoureusement.

« Votre mission sera dans un premier temps de rechercher et d'observer les mouvements de l'ennemi, puis nous

soumettrons vos résultats au jugement d'Athéna pour déterminer la suite des opérations.

— Mais..., objecta Seiya.

— Le déroulement de votre mission sera conforme à ce plan, trancha Nicol. »

Une voix bruyante se fit entendre hors de la grande salle alors que Nicol finissait sa phrase.

« Je suis de retour !

— Kiki ? s'exclamèrent Shun et Seiya en se tournant dans sa direction.

— Merci pour tous tes efforts Kiki, dit Nicol.

— Vous êtes un véritable maître esclavagiste seigneur Nicol ! Êtes vous une sorte d'ogre ? D'accord il n'y a que 800

kilomètres entre le Sanctuaire et l'Italie. Mais me faire faire un aller-retour instantané sur cette presqu'île de la mer

Ionienne est incroyablement difficile !

— Eh bien si tu as encore suffisamment de forces pour tous ces sarcasmes, c'est que tout va bien, le taquina Nicol.

— Kiki, tu viens de faire un aller-retour en Sicile ?

— Et oui », dit Kiki en faisant un clin d'œil à Seiya.


Franchir les dimensions en se téléportant était spirituellement fatiguant, et il était donc évident que ce genre d'aller-

retour direct avait épuisé Kiki.

« Mais qu'est ce que tu es allé y faire ? demanda Shun.

— Ce que je suis allé y faire ? Ben, par exemple je suis parti faire une mission spéciale dont personne d'autre ne

pouvait se charger, répondit Kiki en rigolant.

« Kiki est revenu en compagnie de celui qui vous servira de guide, expliqua Nicol.

— Se téléporter avec une autre personne est deux fois, non même quatre fois plus crevant ! Ah... je suis

complètement à plat pour aujourd'hui. »

Même si Kiki avait eu l'air en pleine forme au vu de ses interventions animées, il n'en était pas moins fatigué et s'assit

en plein dans la salle.

« Un guide ?

— Vous allez avoir besoin de quelqu'un pour vous montrer le chemin ! dit une nouvelle voix alors que Seiya posait sa

question.

— Hein ?

— À première vue, la Sicile est juste une grande île de la mer méditerranée, mais une fois là-bas ne risquez vous pas

de vous perdre sur ses routes ? Hein, petit Seiya ? »

Le jeune homme qui venait d'entrer dans la Salle du Pope en lançant cette remarque ironique posa familièrement sa

main sur l'épaule de Seiya. Il le dépassait de dix centimètres et devait avoir deux ou trois ans de plus. Il semblait être

réceptif à la mode au vu de son visage, et son style vestimentaire ressemblait à celui des mauvais garçons des bas

fonds de la ville. Ses cheveux teints d'une couleur argentée s'étendaient dans son dos en une crinière qui le faisait

ressembler à un loup.

« Et tu es... ?

— Ahahaha, pas la peine de faire cette tête effrayante. Je vois que t'as pas changé depuis l'époque où on était gosses,

toujours prêt à chercher la bagarre. »

Seiya se sentit emplit d'une intense vague de nostalgie en regardant ce jeune homme qui riait.

« Depuis l'enfance, tu dis ?


— Non, c'est pas vrai, mais alors tu serais... ? »

Une expression de surprise se dessina en même temps sur les visages de Shun et de Seiya. Un moment du passé, une

vision d'autrefois. Ils revirent en même temps un souvenir de leur enfance, un même lieu, une même époque.

« Tu es... Mei ? » demanda Athéna, dont l'expression était redevenue celle d'une jeune fille, et qui revoyait les mêmes

souvenirs que les deux Bronze Saints.

Un vague souvenir se rappela à eux.

« Mei !

— Incroyable, c'est vraiment toi, Mei ?

— Tu n'as pas changé Seiya, et toi tu es Shun, qui passait toujours son temps à pleurnicher. Et enfin... »

Le jeune homme à la chevelure d'argent se dirigea vers Athéna.

« Cela faisait longtemps, mademoiselle Saori. »

Chapitre 3 : Sicile

Chapitre 3.1

« En tout cas tu nous a fait une sacrée surprise Mei ! Je ne pensais pas te
revoir vivant », dit Seiya, appuyé contre son siège, tenant à la main une
boisson qu'il avait apporté.

Ils étaient en plein vol dans une cabine dépourvue de fenêtres. Les "sièges"
ne consistaient en fait qu'en des places assises rudimentaires faites de tissu
étalé sur des tuyaux longeant le fuselage de part et d'autre, et l'agencement
qui en résultait ressemblait plus à celui d'un appareil destiné au transport de
troupes aéroportées qu'à quelque chose fait pour des passagers. Qui plus est, l'espacement entre les rangées était si
étroit qu'il était pratiquement impossible d'étirer les jambes.

« Allons il n'y a pas de quoi être si surpris, après tout toi et Shun êtes vivants aussi. C'est donc naturel que je m'en
sois aussi sorti, non ? Cela va de soi, lui répondit Mei.

— Cela va de soi dis-tu... »

Mei pinça la joue de Seiya sans retenir sa force.

« Au fait, est-ce que tu as déjà réussi ne serait-ce qu'une seule fois à gagner un combat contre moi ? lui dit Mei en le
taquinant.
— Hé ! Je n'avais que six ou sept ans ! Toi tu en avais a peu près deux de plus, pas vrai ? Quand on est gosses, un
écart de deux ans est un immense handicap pour le plus jeune.

— Oui, mais maintenant nous ne sommes plus des enfants, rétorqua Mei.

— Moui... »

Mei rit de bon cœur alors que Seiya tournait le regard ailleurs d'un air boudeur tel un enfant, ce qui amusa également
Shun qui les observait. Nos deux Bronze Saints ne portaient pas leurs Cloths. Celles-ci se trouvaient dans les Pandora
Boxes de Pégase et d'Andromède, qui avaient été placées dans un compartiment situé à l'arrière de l'appareil. L'engin
était en fait un tiltrotor capable de transporter jusqu'à dix passagers. Il était équipé de pales capables de prendre deux
positions au bout des ailes gauche et droite, ce qui lui conférait les capacités d'un ADAV, et le nom "Fondation Graad"
était inscrit sur l'aileron de l'appareil. Le but de ce voyage était de se rendre en Sicile, ce qui nécessitait de traverser la
Mer Ionienne, puis d'effectuer une dizaine de minutes de vol supplémentaires.

« Mais bon, pour être franc si on se battait maintenant je ne gagnerais probablement pas...

— Hein ?

— Même Shun qui était autrefois un pleurnichard me battrait. Après tout, vous êtes devenus des Saints, mais moi je
n'y suis pas parvenu.

— Pas parvenu ?

— J'ai survécu à ces années, mais je n'ai obtenu aucune Cloth. En fait, je ne suis qu'un soldat insignifiant », dit Mei en
lançant un regard furtif à Shun avant d'afficher une expression qui montrait le mépris qu'il avait pour lui-même.

« Mei...

— Combien d'entre nous ? Combien d'entre nous sont revenus ? demanda-t-il en regardant le sol.

— Dix.

— Et avec toi cela fait désormais onze, murmura Shun.

— Je vois, si peu... »

L'histoire qui suit remonte à une dizaine d'années avant la période actuelle.
243 ans après la dernière Guerre Sainte qui avait mis en jeu le destin du
monde, la déesse Athéna s'était de nouveau manifestée au Sanctuaire sous la
forme d'un nourrisson, sa réincarnation, apparu comme par magie.
Cependant, à cette époque là le mal était tapi au sein même du domaine
sacré en la personne de Saga, Gold Saint des Gémeaux, dont le cœur s'était
corrompu et qui désirait prendre le contrôle de la Terre. Saga, dévoré par son
ambition, assassina le Pope de l'époque puis tenta avec une dague de mettre
un terme à la vie d'Athéna qui n'était encore qu'un bébé impuissant. La
déesse fût finalement sauvée in extremis par le Gold Saint Aiolos du Sagittaire, qui fuit le Sanctuaire puis confia
l'enfant à un homme nommé Mitsumasa Kido avant de décéder de ses blessures.

Ce touriste de passage en Grèce ramena le nourrisson au Japon et lui donna le nom de Saori Kido au lieu d'Athéna,
puis il l'éleva comme si elle était sa véritable petite fille et une héritière de la famille Kido. Mitsumasa Kido, fondateur
de la Fondation Graad, était une des fortunes majeures de ce monde, connu de tous et très influent. Tandis qu'il
abritait Athéna, il prit aussi la décision d'offrir en sacrifice cent enfants qu'il avait eu avec des maîtresses. En fait, ces
enfants furent élevés comme des orphelins, ignorant leur véritable filiation, puis le vieil homme les dispersa aux quatre
coins du monde sans la moindre pitié. Il ne leur donna qu'une seule consigne : « Devenez des Saints et revenez avec
des Cloths en votre possession. »

Ces enfants furent envoyés dans des lieux d'entraînement situés dans des zones extrêmement dangereuses pour
bénéficier de l'entraînement martial qui ferait d'eux les plus puissants Saints de ce monde. Un moment de relâchement
signifiait la mort. Ces lieux où nul n'aurait voulu vivre étaient d'immenses forêts remplies de bêtes sauvages aux crocs
et aux griffes acérées, de vastes étendues désertiques, des plateaux situées à des altitudes qui rendaient la respiration
pénible, des plaines gelées balayées par un froid extrême capable de tuer une personne normale en cinq minutes, des
îles volcaniques baignées d'une chaleur torride et entourées de gaz toxiques... Voilà le genre d'endroit où ils furent
envoyés. Presque tous ces enfants y perdirent la vie. Ils avaient été envoyés en enfer par leur propre père et
moururent dans d'infernales douleurs. La maigre consolation que l'on puisse y trouver est qu'au moins ils ignoraient
que c'était leur véritable père qui les avait voués à leur mort. Il n'y a pas de mots pour décrire toutes les souffrances
que ces enfants ont subies, mais comme par miracle dix d'entre eux, dont Seiya et Shun font partie, furent élus par les
étoiles et réussirent à rentrer au Japon en possession d'une Cloth.

La Rébellion de Saga

Saga des Gémeaux

Ce qui est appelé "la Rébellion de Saga" est une affaire de conflit interne du
Sanctuaire qui prendrait un nombre conséquent de pages si elle devait être
racontée ici, et celui qui voudrait en savoir plus aurait tout intérêt à se rendre
dans une bibliothèque. L'aboutissement de ce conflit fût la reprise victorieuse
du Sanctuaire par Athéna après avoir défait l'imposteur Saga, qui se faisait
passer pour le Pope, ceci treize ans après qu'Aiolos ait transmis à Mitsumasa
Kido le bébé qui était la réincarnation d'Athéna et qui fût appelée Saori Kido.
C'est au cours de cette bataille que les dix orphelins revenus des camps
d'entraînement apprirent que la petite fille de Mitsumasa Kido, l'homme qu'ils
avaient toujours haï jusque là, était Athéna. Mitsumasa Kido avait sacrifié ses véritables enfants pour former les Saints
qui protégeraient la véritable Athéna. Après avoir eu la preuve que la jeune fille pour qui ils n'avaient guère plus de
sympathie était Athéna, ces Saints mirent de côté leur douloureux passé et de nombreuses batailles face à d'autres
Saints eurent lieu pour prouver que Saori Kido était la véritable déesse. Au terme de tragiques et difficiles combats,
Athéna et ses Saints parvinrent à venir à bout du maléfique Saga qui s'était emparé du Sanctuaire. Cette histoire ne
doit jamais être oubliée.

C'est par ces nombreux sacrifices et grâce à l'amour d'Athéna que la Terre pût être à nouveau protégée.

« Tu es allé en Grèce Seiya, et toi Shun tu as fini... sur l'île d'Andromède si je ne me trompe ?

— C'est bien ça Mei, et toi tu t'es retrouvé en Sicile.

— Oui.

— Mais n'as-tu pas été rappelé par la Fondation Graad à l'issue de ton entraînement comme nous autres ?

— Ils ont probablement reçu des nouvelles annonçant que j'étais mort. Les choix possibles pour ceux qui échouent
pendant ou au terme de leur entraînement de Saints, et ne parviennent donc pas à acquérir une Cloth, se limitent à
trois options: la fuite, la mort, ou bien choisir de devenir un simple soldat anonyme coupé du monde normal.

— Je comprends...

— Mon maître a perdu la vie lors de "la Rébellion de Saga". Sans professeur et en plein milieu de mon enseignement,
tout espoir de recevoir une Cloth à été réduit à néant. Et on peut dire que c'est pour cette raison que je suis toujours
en Sicile », expliqua Mei en marquant une pause pour reprendre son souffle..

« Le Sanctuaire a besoin d'un réseau d'information qui couvre le monde entier, ajouta-t-il.

— Depuis j'agis donc en tant qu'espion au service du Sanctuaire. Pour reprendre les expressions modernes, je suis un
peu ce que l'on pourrait appeler un "agent secret international". Bien que je sois en contact avec l'extérieur je n'y
mène qu'une fausse existence, continua Mei.

— Quelle que puisse être la situation, c'est une joie de te voir en vie, j'en suis vraiment très heureux Mei ! Cela aurait
vraiment été dommage que nous ne puissions pas nous revoir.

— Tu as raison. »

Le sentiment de fraternité qui unissait ces trois jeunes hommes allait au delà de celui qui unit normalement les gens
qui ont survécu à un même enfer lors de leur entraînement.

« Et... est-ce que tu es au courant pour notre véritable père ? demanda Shun.
— Je le suis, Shun. Pour tout te dire, je le savais déjà depuis l'époque où je fus admis à l'orphelinat de la fondation
Graad. »

Ils étaient en fait tous trois demi frères de sang, nés de mères différentes.

« Comme vous vous en doutez, ça a aussi été une sacrée surprise pour moi d'apprendre il y a peu que la "princesse"
Saori était l'Athéna de notre ère. J'ignorais complètement ceci, dit-il en riant jaune.

— Ça tu l'as dit, c'était une sacrée révélation ! Lorsque nous l'avons appris nous avons également été pris au
dépourvu, pas vrai Shun ?

— Seiya, ce n'est pas très poli de parler d'elle ainsi, répondit-il un peu gêné.

— Allez Shun ! Tu es le seul à faire des manières ! Cette conversation restera entre nous... Non il faut l'avouer, à
l'époque c'était une petite princesse difficile, égoïste et qui snobait tout le monde.

Saori Kido s'était désormais éveillée à son statut d'Athéna qui lui avait apporté une grande maturité, et elle était donc
devenue une personne en qui les gens plaçaient leur foi, emplie d'un amour incommensurable. Cependant, lors de sa
jeunesse elle était très différente, et exception faite de sa beauté surnaturelle, la petite fille égoïste et hautaine qu'elle
était contrastait totalement avec ce qu'elle était de nos jours. À l'époque où Seiya et les autres orphelins ignoraient
encore la vraie nature de Saori, celle-ci, qui avait reçu à elle seule toute l'affection de Mitsumasa Kido, était devenue la
cible de leur jalousie et de leur haine.

« Seiya, ce n'était pas à toi qu'elle avait sorti "Toi, fais le cheval !" ? Tu t'y
étais collé, non ?

— Dis donc ! C'était Jabu !! Il lui a servi de monture ! Moi j'avais saisi sa
cravache et refusé de faire le cheval.

Mei joignit ses deux mains en dessous de son nez pour poser sa tête dessus,
et posa une question prévisible.

« Qui sont les huit autres survivants ?

— Tu ne le sais pas ?

— Je n'ai guère quitté la Sicile, et je ne suis donc pas tellement au courant des affaires internes du Sanctuaire. En
vérité, je ne savais même pas que vous étiez en vie jusqu'à notre rencontre dans la Salle du Pope. »

Si une liste répertoriant les noms et Cloths des Saints existe elle relève certainement du secret d'état. Le Sanctuaire
cache assez bien ces informations, et de simples gardes ne sont donc que peu au courant des détails concernant les
noms des Saints et le nombre qu'il y a en fonction à un moment donné.

Shun énonça un à un les noms des survivants à Mei.

« Il y a Shiryū, Hyōga... et puis aussi mon grand frère Ikki !

— Ton grand frère ? dit Mei, qui était en train de se rappeler du personnage en question.

Ikki et Shun n'étaient pas juste demi-frères, mais possédaient aussi la même mère, bien qu'ils étaient comme le jour
et la nuit. Shun était un être doux qui faisait presque penser à une fille, alors qu'Ikki était quelqu'un de rude qui faisait
penser à un homme suivant la voie des guerriers. Mei se remémorait les visages des autres Saints au fur et à mesure
qu'il entendait leurs noms, le cœur empli d'émotion.

« Et enfin le dernier et dixième c'est Jabu, dit Seiya qui annonça à la place de Shun ce dernier nom.

— Quelle est sa constellation ?

— La Licorne. »
Mei rit sans retenue.

« Surprenant, hein ? dit Seiya.

— La légende dit que les licornes ne se laissaient chevaucher que par des pucelles... Il se précipitait toujours vers Saori
Kido pour lui servir de monture, on aurait presque dit un toutou en train de remuer la queue, dit Mei.

— Mais c'est encore le cas. Il n'a absolument pas changé, remarqua Seiya en se joignant à son avis.

— Bien que vous soyez devenu des Saints, vous êtes tous restés les mêmes.

— Toi aussi, Mei.

— Et où se trouve donc notre canasson actuellement ?

— Jabu est en Algérie. Shiryū, aux 5 pics, et Hyōga s'est rendu en Sibérie. Il en va de même pour la plupart des
autres, tous se sont retrouvés à effectuer des tâches dans les pays où ils se sont entraînés.

— Il n'y a que mon frère Ikki qui ne laisse pas de moyen de le contacter ou de savoir ce qu'il fait.

— C'est sa spécialité à ce loup solitaire, pas vrai ? » remarqua Mei.

« Nous atteignons maintenant l'espace aérien de la Sicile », annonça une voix dans le haut parleur.

Ils avaient finalement parcouru la distance reliant la Grèce à la Sicile sans voir le temps passer en évoquant les
histoires d'autrefois et leurs conséquences. Seiya et Shun coururent chercher leurs Cloths et les endossèrent.

« Mais c'est la voix de l'évêque ! s'exclama Mei.

— Veuillez ouvrir la trappe située à la queue de l'appareil, et préparez vous à sauter hors de l'appareil lorsque nous
aurons perdu suffisamment d'altitude, leur dit Nicol.

— Pardon ? Il est sérieux là ? dit Seiya en haussant les sourcils.

— Pour ta gouverne mon jeune inculte, un atterrissage et un décollage consomment énormément de carburant, et
comme je compte rentrer sur le champ au Sanctuaire, ce serait un immense gâchis.

— Décidément il ne pense qu'à lui ce Nicol. C'est comme ça qu'il veille à notre sécurité ? murmura Seiya. »

Nicol était assis à la place du pilote. L'idée qu'un Saint puisse manœuvrer des engins dotés de technologies complexes
comme ce tiltrotor peut sembler quelque peu déconcertante pour le lecteur, mais tout comme les étoiles changent, les
Saints vivent avec leur temps. Bien que les Saints et le Sanctuaire forment un monde isolé, celui-ci n'est pas
déconnecté de la réalité du commun des mortels. Ce que ces combattants protègent n'est pas un univers fantastique,
mais notre monde, et il est donc normal qu'ils en connaissent la teneur.

« Allons-y ! » les pressa Mei, dont la voix était entrecoupée par le bruit du vent.

Seiya et Shun, vêtus de leur Cloths, s'étaient avancés dans la soute où s'engouffrait un vent violent. Ils n'étaient munis
d'aucun parachute, car le tiltrotor se trouvait désormais à dix mètres au dessus de la surface de la mer, ce qui les
rendait inutiles.

« Tout le monde est prêt ? demanda Mei.

— Prêts ! répondirent en cœur Shun et Seiya.

— Que la grâce d'Athéna vous accompagne, leur dit Nicol, tel un prêtre offrant sa bénédiction.

— GO ! » cria Mei en sautant hors de l'engin.

Seiya et Shun s'élancèrent à sa suite en se jetant également dans les eaux sombres de la mer Ionienne.
Chapitre 3.2

Taormina, Sicile

La Sicile est une île que l'on peut atteindre en traversant le détroit
de Messine, large de quelques kilomètres, qui la sépare de la
presqu'île constituant la pointe de la botte formée par l'Italie. Cette
île à la forme triangulaire que certains appellent parfois "Trinacria"
("les trois pointes"), et est la plus grande de la mer méditerranée,
d'une surface égale à 70% de Kyūshū, et il est possible d'apercevoir
les côtes du continent africain depuis sa partie ouest. Cette terre,
qui tient une position centrale stratégique dans la mer
méditerranée, bénéficie d'un climat chaud et d'un sol fertile.
Cependant toutes ces qualités en ont aussi fait un objet de
convoitise, ce qui a conduit à de nombreuses invasions guerrières sur son sol au cours l'histoire humaine.

La Sicile fût une contrée prospère de l'antiquité sous le contrôle des Grecs, puis elle devint plus tard une colonie
romaine surnommée "le garde manger de Rome" en raison des nombreuses céréales qu'elle produisait. Les Ostrogoths
exercèrent ensuite leur domination avant d'être remplacés par l'empire Byzantin, qui fût à son tour détrôné au moyen-
âge par les musulmans venus d'Afrique. Au 11ème siècle les Normands, descendants des Vikings venus du nord,
envahirent l'île à leur tour et finirent par établir une cohabitation pacifique avec les musulmans présents, ce qui
conduisit à la création du royaume féodal de Sicile qui put alors prospérer en paix et commercer avec le sud de l'Italie.
Ce royaume fût ensuite aux prises avec le Pape, ce qui provoqua la conquête de l'île par le français Charles Ier, comte
d'Anjou, puis par la famille des Aragon d'Espagne suivie des Habsburg d'Autriche tandis que la Sicile se scindait en
deux parties.

Au 19ème siècle, les deux royaumes de Sicile furent unifiés en un seul par les Bourbons à Naples et c'est en 1861 que
la Sicile devint une partie de l'Italie. De nos jours, la Sicile est une région insulaire autonome d'Italie, mais le relatif
isolement de cette terre lui a permis de garder une culture et une histoire bien particulières. Les descendants des
différents peuples qui s'y sont établis lui prodiguent un brassage humain et culturel très riche, bien que ceci lui procure
aussi une histoire un peu compliquée à retenir. Par exemple ses noms ont souvent changé. Au temps des grecs elle
s'appelait "Sichélia", puis "Sicilia" lors de l'occupation par la république romaine, tandis que la ville du sud-est où est
né Archimède porte, selon les époques et les dialectes, le nom de "Siracusa" ou de "Sarausa". Le monument qui
témoigne le mieux de la mixité culturelle de la Sicile est sans aucun doute la chapelle palatine de Palerme dont les
décors de mosaïques et de stucs attestent du mélange des influences normandes, byzantines et musulmane. Un autre
monument à ne pas manquer est le groupe de villes Baroques du Val di Noto dans le sud-est de la Sicile.

Qui plus est, il n'y a pas de région, même en Grèce, où l'on puisse encore autant sentir le parfum de la Grèce Antique.
La région d'Agrigente abrite la Vallée des Temples, parsemée de ruines de temples où étaient autrefois vénérés les
dieux grecs, et beaucoup de théâtres antiques y subsistent. Proportionnellement, le nombre et la fréquence de vestiges
grecs présents en Sicile dépasse celui de la Grèce. L'île est également rattachée à plusieurs épisodes de la mythologie
grecque comme la Gigantomachie précédemment expliquée, ou bien le détroit de Messine qui fût le lieu où Ulysse, l'un
des plus grands héros de la mythologie, rencontra les monstres marins Charybde et Scylla.
Promontoire rocheux près de Taormina

« Qu'est-ce que vous évoque la Sicile ? » demanda Mei, les cheveux


trempés et le regard tourné vers le relief de l'île qui se laissait petit
à petit submerger dans une paisible obscurité aux alentours du
théâtre antique de Taormina.

Tous les trois se tenaient sur un promontoire rocheux qui surgissait


de l'océan. Ils avaient plongé dans la mer depuis un aéroplane en
plein vol, puis nagé jusqu'à atteindre les rives siciliennes. Pour une
personne normale, cela aurait relevé du suicide, mais dans leur cas une telle péripétie était assez insignifiante
comparée à ce qu'ils avaient subi lors de leurs entraînements.

« La Mafia je dirais », répondit Seiya après avoir un petit peu réfléchi et conclu que ses connaissances étaient assez
limitées.

« Ah je vois, tu fais référence au film "Le Parrain" c'est ça ? dit Mei.

— Disons que oui, je n'en sais guère plus.

— La Mafia est un sujet plutôt tabou ici pour les habitants, mais cependant, sache que la Sicile est bien plus tranquille
sur ce plan là que l'Italie, en dépit des préjugés que l'on peut avoir. »

La petite ville de Taormina, qui se trouvait sur la côté est de la Sicile, comptait une population de 10 000 habitants.
Elle se situait à mi-hauteur sur les pentes du mont Tauro (d'une altitude de 400 mètres) qui descendaient doucement
jusqu'à la mer, ce qui offrait une vue d'une beauté saisissante, et c'est donc sans surprise que l'endroit avait été choisi
pour y tourner des films. Ceci avait assuré la réputation de Taormina à travers le monde et développé le tourisme. À
l'image de la plupart des anciennes villes d'Europe munies de nombreuses rues pavées, les grands parkings se faisaient
rares, mais ce n'était pas une véritable gêne car de toutes façons se déplacer en voiture était impossible dans ces
étroites rues en escalier. La route 114 menait à des gondoles, et c'est ainsi que les touristes visitaient la ville.

« On m'a dit un jour une chose amusante : "Sur une terre où ont vécu les dieux de l'olympe et les oliviers, tu peux voir
naître des idiots, des génies mais pas de personnes complètement mauvaises.", fit remarquer Mei tandis qu'ils se
déplaçaient dans la ville.

— Qui t'as dit ça ? s'étonna Seiya.

— Mon maître aujourd'hui décédé.

— Mei, excuse moi de paraître impoli, mais nous ne sommes pas venus pour faire du tourisme, glissa timidement
Shun.

— Je le sais bien, Shun.

— Les Géants qui se sont introduits au Sanctuaire m'ont dit de venir les retrouver en Sicile, cependant comment leur
mettre la main dessus ? demanda Seiya.

— Mei, est-ce que tu as une idée de l'endroit où ils pourraient se trouver ? continua Shun.

— Si je l'ignorais, pensez vous que le Sanctuaire aurait convoqué un simple garde tel que moi ? »

Vue de l'Etna depuis le théâtre antique

Mei pointa son doigt en direction du théâtre antique qui était


désormais tout près d'eux. Il était possible de voir sur la gauche la
mer Ionienne qui rencontrait les rives de la Sicile où s'étendait la
ville, aussi bien sur la longueur de celles-ci que vers l'intérieur des terres. Au loin, une immense montagne se
démarquait dans le paysage, surplombant tous les autres reliefs et offrant un paysage saisissant.

« L'Etna », souffla Shun.

C'était le plus haut volcan actif d'Europe, d'une altitude de [[40 mètres. Les retombées dues à son activité volcanique
ainsi que les coulées de lave entassées au cours des siècles s'étaient réparties tout autour de son cône lui donnant un
aspect étalé et relativement peu escarpé. Les trois compagnons pouvaient voir que des fumées sombres s'échappaient
de son cratère.

« Selon la mythologie grecque, Athéna aurait écrasé les Géants en leur jetant dessus la Sicile, et il est dit que les
éruptions de l'Etna représentent le souffle enflammé qu'ils crachent dans leur douleur, raconta Mei.

— Tiens mais au fait, comment se fait-il que le ciel soit toujours aussi sombre. Le jour ne devrait pas déjà s'être
complètement levé ? » s'inquiéta Seiya en voyant qu'ils étaient baignés de ténèbres crépusculaires qui ne laissaient
paraître qu'un soleil diffus, comme pris dans le brouillard.

« Tu 'es pas au courant Seiya ? Je pensais que tu avais regardé les informations. Ces derniers temps l'activité
volcnanique de l'Etna s'est accrue, de même que les secousses sismiques. Les fumées épaisses ont forcé les aéroports
à suspendre leurs vols dans la région et la ville est exposée à de sérieux risques de coulées de lave, ce qui a conduit
les autorités à déclarer l'état d'urgence. C'est pour cette raison que la touristique Taormina est si calme aujourd'hui
alors que nous sommes en pleine période estivale. »

La faible lumière qui peinait à percer les fumées sombres conjuguées aux retombées de cendres qui flottaient dans les
rues de Taormina faisaient ressembler celle-ci à une ville fantôme.

Fumées de l'Etna

« Je suppose donc que la population aussi a été évacuée n'est-ce pas ? demanda Shun.

— En effet, et il n'est plus possible de s'approcher du volcan en voiture, les routes ayant été bloquées par l'armée.
— Oh non, ça veut dire que l'on va devoir marcher jusqu'à l'Etna puis le gravir ? dit Seiya en se grattant la tête.

— Allons Seiya ! Un brin de nage suivie d'un peu d'escalade... Tu ne trouves pas que ça a un parfum de vacances ?
lança Mei pour l'encourager.

— Bon, en tout cas si tous les habitants et les touristes sont partis on va pouvoir se battre sans retenue !

— La première chose à faire c'est déjà de nous assurer si oui ou non il s'agit bien du retour des Géants adorateurs
d'une ancienne divinité maléfique, et pour cela il est impératif de vérifier si le sceau d'Athéna existe toujours »,
expliqua Mei alors qu'ils étaient arrivés à l'intérieur du théâtre antique à ciel ouvert.

« Oui, il a raison Seiya, ce sont les directives que nous a laissé Nicol.

— Mon maître m'avait raconté que le sceau d'Athéna se trouvait au plus profond de l'Etna, dans les entrailles de la
Terre.

— Ça me va !! Allons-y !! » déclara Seiya.

Mei et Shun acquiescèrent de la tête et se mirent à presser le pas comme Seiya, mais leur élan fût soudain interrompu
par une voix moqueuse.

« Finalement les chiens d'Athéna sont bel et bien venus !! »

Seiya et ses compagnons, surpris, se ressaisirent vite et adoptèrent l'attitude sérieuse appropriée à ce genre de
situation tout en observant attentivement leurs alentours. Trois formes surgirent de part et d'autre de l'extérieur du
théâtre à ciel ouvert pour s'y introduire.

« Te voilà Pégase !! Franchement, quel genre d'idiot es-tu pour être venu ? Félicitations, tu viens de signer ton arrêt de
mort ! lança Agrios de la Force Brute, avec qui Seiya avait échangé quelques coups la nuit passée.

— Trois seulement sont venus. Le Sanctuaire serait-il à court de moyens humains ? fit remarquer Thoas, le coup de
tonnerre.

— C'est quoi ça ? On dirait qu'il n'y a que des marmots... On ne devrait pas confier ce genre de mission à des gamins,
ils pourraient faire de mauvaises rencontres hihihi ! » continua Pallas de la Stupidité, Géant équipé de griffes
comparables à des lames qui lui servaient à exécuter son Puppet Claw et dont l'Adamas luisait d'un éclat cristallin
corrompu.

Tous trois s'étaient réunis en ligne sur la scène.

« Ce sont...

— Oui Shun ! Ces types-là sont bien les Géants qui ont envahi le Sanctuaire hier soir ! cria Seiya.

— Qu'est ce que... ? »

Une nouvelle présence fit sentir, un autre acteur venait s'ajouter à la sinistre troupe des Géants. Une forme surgit
depuis un trou de la scène censé servir aux comédiens.

« Beurk ! Quel est ce vent nauséabond ? » dit Seiya qui, sans même s'en rendre compte, s'était mis la main sur la
bouche par réflexe, l'air dégoûté.

En dépit de ceci, il ne pouvait s'abriter de cette odeur qui donnait l'impression que l'on venait de plonger sa tête dans
un sac rempli de viande putréfiée et d'excréments.

« Cette sensation...

— Shun ?

— Oui, je le sens clairement et ma chaîne aussi y réagit... Il s'agirait donc bien de l'homme qui nous a attaqués au
théâtre, de l'imposteur qui portait un costume d'Oreste ? »
Les deux chaînes nébulaires enroulées autour des bras de sa Cloth se mirent à réagir violemment, comme si la foudre
les parcourait.

Un bruit assourdissant se fait entendre.

Le quatrième Géant se révéla en émergeant d'un tourbillon noir, accompagné d'un son comparable à celui d'une
centaine d'instruments de percussion frappés simultanément dans le plus grand chaos. Les ondes sonores se mirent à
résonner à travers le théâtre circulaire, rendant les mouvements de l'air perceptibles.

« Et moi je me nomme Encélade, le Cri de Guerre !! »

Chapitre 3.3

Une onde de choc à la vitesse du son fût projetée.

« Je me nomme Encélade, le Cri de Guerre, Haut Prêtre des Géants !! »

La voix d'Encélade avait crée cette onde de choc qui était maintenant en train de se réverbérer de part et d'autre du

théâtre circulaire, provoquant des explosions à répétition. La puissance de ce choc avait suffit à projeter Seiya et ses

compagnons jusqu'aux gradins des étages supérieurs.

« Quelle incroyable voix, mon corps est tout engourdi..., dit Shun.

— Ce type serait le chef des Géants ?

— Mei ! » cria Seiya.

Celui-ci avait été propulsé contre le mur puis s'était écrasé au sol, gémissant de douleur.

« Quelle force de frappe », articula-t-il tant bien que mal.

Les Cloths étaient toutes fabriquées à partir d'un alliage constitué d'"Hypermétaux" perdus tels que de l'Orichalque, du

Gammanium, et de la poussière d'étoile (Stardust Sand). Ces armures étaient les meilleure sur Terre, mais

contrairement à ses compagnons, Mei n'avait pas la chance d'en posséder une, et n'avait donc disposé d'aucune

protection contre cette force écrasante qu'il s'était pris de plein fouet.
Masque d'ogre

« Où se trouve donc cette traînée d'Athéna ? » cria Encélade, plein de dédain.

Il tenait dans sa main un long bâton dont la longueur était sculptée comme un entrelacs de démons effrayants sortis

d'un autre monde, et son visage était dissimulé derrière un masque taillé de sorte à ressembler à un visage d'ogre.

Son Adamas, qui renvoyait l'éclat d'un topaze sombre, avait l'aspect d'un long habit cérémonial religieux richement

décoré.

« Elle ose nous envoyer des Bronzes Saints, le plus bas rang de sa hiérarchie, en éclaireurs ! On dirait bien qu'elle ne

prend pas au sérieux la nouvelle de notre retour !

— Tu peux nous traiter de tous les noms, mais par contre je t'interdis d'insulter Athéna ! rétorqua Seiya en colère.

— Cette petite prostituée qui prétend être la déesse protectrice de la Terre ? Cesse donc tes aboiements, petit roquet !

Nul ne la reconnaît hormis vous autres, chiens à sa botte. Elle ne représente rien aux yeux des anciens dieux que nous

vénérons, et même ces méprisables dieux de l'olympe n'ont pas la moindre considération envers elle !

— Quoi ?

— Par sa faute nous fûmes condamnés à rester dans les entrailles de la terre, et nous ne lui pardonnerons jamais cette

interminable humiliation ! L'humilier fera partie de notre vengeance ! Nous la mettrons à nu et la violerons sans

retenue ! »

Seiya et ses compagnons ne pouvaient contenir leur colère au fur et à mesure des vitupérations d'Encélade, et même

Shun, au regard habituellement si paisible, ne pouvait cacher la colère qui bouillonnait en lui.

« Comment ose-t-il..., dit le Saint d'Andromède.

— On dirait que le retour des Géants est une réalité ! Alors le sceau d'Athéna qui servait à les maintenir sous cette île

est donc bel et bien brisé, s'inquiéta Mei en essuyant d'un revers de bras le sang sur son visage.

— Mais pourquoi ? Pourquoi le sceau qui les emprisonnait depuis des temps immémoriaux a cédé maintenant ?
— Vous là-bas !! Où est-ce que vous avez emmené Yulij, la femme Saint que vous avez osé enlever au Sanctuaire !

cria Seiya en pointant le Haut Prêtre du doigt, nullement effrayé par ces adversaires.

— Ah... cette gamine ? commença Encélade.

— Kihihihi ! Mauviettes, mauviettes, mauviettes ! Il suffit d'un seul otage aussi minable qu'elle pour vous affoler ! C'est

ça les protecteurs de la Terre ? Hi hi, que des nuls ! dit Pallas de la Stupidité en coupant la parole au Haut Prêtre.

— Nous ne l'avons pas encore tuée. Si le sort de cette gamine vous intéresse..., dit Encélade en pointant l'Etna de son

sinistre bâton.

— Quoi ? dit Seiya.

— Elle est emprisonnée dans une grotte située dans les profondeurs de l'Etna. Cependant, si j'étais vous je me hâterais

de l'aider car même si c'est une Sainte, respirer aussi longtemps les vapeurs toxiques du volcan ne manquera pas de

lui être fatal.

— Non !

— Qui plus est, si le volcan venait à entrer en éruption, cette grotte serait à coup sûr pulvérisée et ses débris projetés

dans les airs », continua le Géant avant de laisser échapper un rire mauvais.

« Seiya ! Shun ! Allons-y ! » cria Mei.

Parcours des Saints avant d'arriver dans la zone où les champs laissent place à de nombreuses collines

Ils tournèrent tous trois le dos à leurs adversaires et filèrent à une allure effrénée, quittant en un rien de temps la zone

urbaine de Taormina tels des ombres, puis franchissant en un clin d'œil des falaises abruptes de roches couleur craie

qui formaient pourtant un mur continu. Ce n'était pas un pouvoir paranormal tel que la téléportation qui les y aidait,

mais le simple fait d'être des Saints, ce qui signifiait que leur vitesse de course et leur puissance de saut n'avaient rien

de commun avec les gens normaux.

La ville était déjà loin derrière eux lorsqu'ils arrivèrent à des champs entourés de promontoires rocheux et ensevelis

sous les cendres. Au delà de ceux ci s'étendait en direction de l'Etna une immense zone de hautes collines herbeuses

parsemées de buissons.
« Pas si vite ! »

Bien qu'ils aient couru avec une célérité surpassant celle du vent, trois silhouettes les talonnaient.

« Agrios !

— Et mince !

— Ils sont sur nous ! »

Shun était suivi par Thoas, le Coup de Tonnerre, tandis que Pallas traquait Mei.

« On avait pas tout à fait fini de vous expliquer. Si vous voulez la sauver..., commenca Agrios.

— Il va falloir vous battre, c'est bien ça ? termina Seiya.

— Oh oh, on dirait que tu comprends vite gamin, rétorqua ironiquement Agrios. »

Soudain, Seiya sentit arriver quelque chose puis le son d'un choc énorme retentit aux alentours. Agrios, la Force Brute,

venait de porter un coup d'une puissance monstrueuse qui avait réduit le sol en poussière et creusé un cratère.

« Bien entendu, je suis ton adversaire, Pégase !

— Qu'est-ce que c'était à l'instant ? » dit Seiya, qui avait sauté très haut dans les airs pour éviter l'attaque.

Lapis Lazuli
Depuis les cieux, Seiya pointa son regard vers l'effrayant Géant à la puissance écrasante. Son Adamas brillait d'un bleu

de Lapis Lazuli pris dans les ténèbres et l'intégralité de celle-ci était ornée de rivets qui la faisaient ressembler à une

massive armure à pointes, et qui par dessus tout lui donnaient un aspect inspirant une grande violence et brutalité.

Agrios eut un regard moqueur sous la visière de son à cornes.

« Allez, viens par ici.

— Pegasus Ryūsei Ken ! »

En un instant Seiya déclencha sa technique mortelle. Il avait élevé son Cosmos jusqu'à un niveau lui permettant de

concentrer toute sa puissance dans ses poings, et le choix de cet arcane propre aux Saints de Pégase lui donnait la

possibilité d'envoyer plus d'une centaine de coups par seconde, qui devenaient tels des météores fondant sur sa cible,

qui en principe ne s'en relevait pas.

« C'est tout ? » demanda calmement Agrios.

Seul un ennemi éveillé au même pouvoir que celui des Saints était capable de résister à ce coup. Seiya ne put contenir

sa surprise. Agrios avait reçu tous les météores sans même esquisser un mouvement ou un tremblement.

« On dirait qu'un moustique vient de me piquer...

— Zut ! »
Fanart d'Agrios par Marco Albiero

Seiya ressentait une violente douleur dans son poing alors que l'Adamas de son adversaire était complètement intacte.

« Ce qui s'est passé la dernière fois t'es monté à la tête ? Ne sois pas si confiant, le coup que tu m'as porté au

Sanctuaire n'était dû qu'à l'effet de surprise, tu as juste eu de la chance ! »

Quelle que soit la robustesse d'un corps, nul ne pouvait encaisser ainsi un coup d'un Saint. Pour pouvoir résister aux

attaques de ces combattants, qui tiraient leurs pouvoirs destructeurs de l'explosion des atomes, il était impératif d'user

de la même puissance qu'eux, le "Pouvoir intérieur".

« Cet homme... Au Sanctuaire je l'avais pourtant senti... Quel Cosmos sauvage ! »

Seiya mit aussitôt ses avant-bras croisés devant lui en position de défense lorsqu'il vit son adversaire esquisser un

mouvement d'attaque. Agrios avait pris une forte inspiration et posé un bras et un genou au sol dans une position le

montrant prêt à charger. Il fit exploser sa force en lui pour accroître le volume de ses solides muscles d'acier.

« Regarde bien quelle est la différence entre la force des Géants et celle des Saints.

— Hein... ?

— Crag Press ! »
Agrios donna un coup de pied dans le sol pour se propulser vers Seiya. La position de défense de ce dernier se révéla

inutile, et il fût projeté dans les airs comme un fétu de paille lorsque la charge violente du Géant le heurta.

Chapitre 3.4

Sanctuaire, Salle du Pope.

Nicol de l'autel, qui venait de revenir de Sicile, trouva Athéna dans la même position que lorsqu'il était parti, ce qui

montrait tout le sérieux de la déesse qui n'avait pas pris le loisir de se laisser aller à l'approche d'une possible crise.

« Je vous remercie pour votre travail Nicol, lui dit Athéna, reconnaissante des services qu'il lui rendait.

— Que s'est-il passé en mon absence ?

— Rien de spécial. Qu'en est-il de Seiya, de Shun et de Mei ?

— Ils sont arrivés à destination sans le moindre encombre, répondit Nicol en mettant l'emphase sur leur sécurité.

— Dans un premier temps, leur mission consiste juste à se rendre dans l'Etna pour vérifier si votre sceau est encore

présent, continua-t-il.

— Justement au sujet de l'Etna, si ce volcan entre en éruption je suppose que les dégâts seront considérables n'est-ce-

pas ?

— En effet.

— N'est il pas un peu risqué de les envoyer là bas ? J'ai entendu dire que toute la population aux alentours avait été

évacuée pour parer aux coulées de lave et aux gaz toxiques qui seraient libérés.

— Je peux vous assurer que les Saints d'Athéna ne se laissent impressionner par aucun danger, quel qu'il puisse être.

— Je le sais bien, c'est juste que...

— La Fondation Graad a fait jouer quelques relations en secret auprès de l'armée Italienne de sorte à ce que nul ne

puisse se trouver dans un rayon de dix kilomètres autour de l'Etna. Rien ne viendra les déranger pendant leur mission.

— Quelle que soit la tâche, vous êtes toujours d'une incroyable rapidité pour vous charger de tout.

— Tel est mon devoir en tant que substitut du Pope.

— Je vous remercie Nicol, vous m'êtes d'une aide précieuse.


Athéna

— Au fait, où se trouve Kiki ? J'aimerais à nouveau requérir ses services si quelque chose d'imprévu devait se produire.

— Pardon, Nicol.

— Hein ?

— Kiki n'est plus là, je lui ai donné un autre ordre, dit Athéna en jetant un regard embarrassé vers le sol.

— Ah...

— Si la résurrection des Géants se confirme, nous ferons face à de redoutables ennemis. Seiya et Shun ont beau être

des Saints expérimentés, je crains qu'ils ne puissent s'en sortir juste tous les deux.

— Je comprends », dit Nicol, conscient des soucis de Saori et qui ne souhaitait pas l'accabler davantage pour cette

décision.

« Cependant, la prochaine fois il serait plus avisé que vous m'en parliez avant, ajouta-t-il aimablement.

— Je suis probablement trop douce, n'est ce pas ? Quelle ironie cependant. Je pense toujours qu'il est préférable que

personne ne soit blessé, mais pourtant en voulant minimiser les dommages je me retrouver à faire couler le sang d'un

plus grand nombre de Saints. »

Saori Kido laissait libre cours à ses sentiments en dépit de son statut divin, alors que les dieux étaient en principe des

êtres stoïques qui semblaient dépourvus d'émotions. Elle était d'une grande humanité, tout en ayant en elle la Volonté

d'Athéna.

« C'est parce que vous avez cette bonté en vous que nous autres Saints vous obéissons et dédions nos vies à votre

protection, la rassura Nicol dont les mots venaient du cœur.

— Puissent les étoiles veiller sur eux. »


Athéna laissa libre cours à son immense Cosmos tout en adressant à la voûte céleste une prière pour que ses Saints

bien aimés soient en sécurité.

Chapitre 3.5

Le Cosmos.

C'est une chose qu'il est impossible d'appréhender complètement juste avec des mots. C'est le Septième Sens.

Tous les humains possèdent en eux cinq sens qui sont le Toucher, la Vue, l'Ouïe, le Goût et l'Odorat en plus d'un autre

que l'on pourrait appeler le sixième sens. Les gens qui sont communément appelés "psioniques" sont éveillés à cette

sixième perception qui leur confère des dons divers, dont quelques exemples sont la précognition ou une intuition

surnaturelle. Mais il existe encore un sens supplémentaire au-delà de celui-ci. C'est ce que l'on appelle le Septième

Sens.

Lors des temps mythologiques, l'ère des grand héros, la séparation entre les humains et les Dieux n'était pas aussi

distincte qu'aujourd'hui, et tout le monde possédait le Septième Sens, mais ce fantastique pouvoir fût perdu au fur et à

mesure de l'évolution de la race humaine. Pourtant, même de nos jours, les êtres humains portent encore au plus

profond d'eux le Septième Sens, à la source même de leur existence. C'est par l'usage de ce sens que les Saints sont

capables de mettre en œuvre des pouvoirs surhumains, en faisant brûler et exploser l'énergie qui est à la base de tout.

Pourtant, le Septième Sens, la perception qui surpasse les six autres, est une chose que même les plus grands sages

de l'Humanité ne pourraient expliquer exactement avec des mots en dépit de profondes recherches, il est ce qui

permet de faire naître un pouvoir incommensurable... Il est le Cosmos.


Pentes de l'Etna

Au pied de l'Etna.

Au fur et à mesure que l'on prenait de l'altitude, les arbres et buissons disparaissaient pour laisser place à pentes

noires où s'étendaient cendres, gravats et petits cailloux qui dégringolaient sur la couche de lave séchée dont ils

étaient eux-mêmes issus. De sombres fumées s'élevaient continuellement du cône du volcan, masquant le ciel derrière

une fine couche de ténèbres. En plus de cela, des secousses sismiques se produisaient à intervalles irréguliers.

« Et si nous arrêtions de jouer au chat et à la souris, mon petit Bronze ? » dit Thoas, le Coup de Tonnerre, qui dépassa

Shun et s'interposa devant lui pour le forcer à s'arrêter.

Malachite.

Son Adamas, qui avait l'éclat d'une Malachite sombre, était pourvue d'une forme élégante incrustée, à la manière d'un

paon, de pierres précieuses semblables à des yeux qui renvoyaient un vif éclat vert. Son aspect tranchait nettement
avec celui agressif des autres Géants, qui avaient d'immenses griffes ou des Adamas couvertes de pointes. Son visage

paisible accentuait encore plus cette différence. Il avait une peau très blanche, de longs cheveux noirs, ainsi que des

sourcils allongés et des yeux d'une grande quiétude. Une personne qui l'aurait vu sans savoir qui il était n'aurait pas

pensé qu'il pouvait être de la même famille que les autres Géants, qui ressemblaient à des démons aux cheveux blancs

hérissés tels que l'on pouvait en voir sur les vestiges antiques dépeignant la Gigantomachie.

« Cet homme, ce Thoas, possède un terrifiant Cosmos », se dit Shun, qui pouvait ressentir ce qui émanait de son

adversaire.

Les Saints ne ressentaient pas ces choses là par des sens tels que le Toucher, la Vue, l'Ouie ou l'Odorat, mais au

travers de leur Septième Sens. C'est par le Cosmos qu'ils prenaient conscience de ce qui les entourait.

« J'espère que Seiya et Mei s'en sont sortis sans encombres », se dit Shun.

— Tu te fais du soucis pour tes compagnons ? » lui demanda Thoas, comme si il venait de lire le cœur de Shun.

Lui aussi avait analysé les émotions de Shun au travers du sens qui surpassait les six autres.

« Comment as-tu... ?

— Il doit encore leur rester un peu de temps à vivre, mais je pense qu'il serait plutôt dans ton intérêt de te soucier de

ton propre sort avant de songer à eux.

— Dis moi, dans quel but avez vous provoqué cette bataille ? demanda Shun au Géant qui lui faisait face.

— "Pourquoi", demandes-tu ?

— L'Etna semble être sur le point d'entrer en éruption, serait-ce votre fait ?

— Et si c'était effectivement le cas, qu'est ce que cela pourrait te faire ?

— De nombreux être humains vivent sur cette Terre ! Ce sont toujours les plus faibles qui pâtissent de tels

affrontements et deviennent les sacrifices de ces guerres. Où voulez-vous en venir ? Est-ce pour sacrifier

d'innombrables innocents en votre honneur ? Est-ce pour vous approprier ce monde ?

— Se pourrait il que tu sois en train de me parler de mener une de vos Guerres Saintes ? lui demanda Thoas,

répondant à la question de Shun par une autre question.

— Effectivement.

— Je vois, répondit Thoas avec un léger rire méprisant.

— Qu'est-ce qui t'amuse ?

— Bien que le temps s'écoule à un rythme effréné, nul ne devrait oublier ses fautes, mais vous autres humains le faites

au fur et à mesure que les ères passent, et ceci est le pire de tous les pêchés. Regarde-toi Saint d'Athéna, en réalité,

même si tu en ignorais la raison tu dresserais quand même ton poing contre nous autres Géants.
— Comment ?

— Avant que nous ne finissions scellés dans les profondeurs de ce monde à l'issue de la Gigantomachie, la Terre

appartenait à Athéna, les océans à Poséidon, et les Enfers à Hadès. À la tête des cieux se trouvait Zeus, et il va sans

dire que ces dieux de l'Olympe contrôlaient ensemble le monde entier. »

Fanart de Thoas par Marco Albiero

Shun resta écouter Thoas en silence.

« Mais les ambitions de Poséidon et d'Hadès grandirent, les amenant à convoiter la Terre et des guerres répétées entre

eux et Athéna eurent lieu... Celles que vous autres Saints appelez les "Guerre Saintes", au cours desquelles vous

repoussez ces ennemis.

— En effet, depuis les temps mythologiques les Saints d'Athéna se battent pour contrecarrer les forces du mal qui

convoitent la Terre, et préserver ainsi l'amour et la paix en ce monde, lui dit Shun.

— C'est vrai, Athéna protège ce monde, je ne peux le nier. Cependant, vous autres Saints d'Athéna, que protégez vous

vraiment ?

— L'humanité.

— Voilà, l'humanité.

— Qu'essaies-tu de me dire ?

— Si tu me combats, tue moi.

— Hein ?
— Et moi je me battrai pour te tuer. Nous pouvons entre-déchirer nos chairs et lécher le sang du vaincu tels des chiens

enragés. Cela me convient parfaitement. Nous n'avons pas besoin d'autre raison, quels que soient les beaux idéaux

appuyés avec éloquence.

— Je ne te suis pas...

— Pour faire simple, la victoire sera notre. »

Aussitôt que Thoas eut terminé sa phrase, le corps de Shun fût projeté dans les airs en criant. Il retomba violemment

sur le sol, dégringolant une partie de la pente en compagnie des cendres et de gravillons enclins à l'accompagner dans

sa chute. Shun était désorienté, et surtout il avait été incapable de discerner le mouvement de Thoas lorsque celui-ci

avait porté son coup.

« Je vais te tuer.

— Comment ? »

Shun, qui venait à peine de se relever, vit fondre sur son cou le tranchant de la main de Thoas qui l'attaquait sans la

moindre hésitation. Un bruit de choc retentit, suivi d'une chute d'étoiles accompagnée d'un grincement métallique.

Thoas, surpris, vit que son poing avait été arrêté par une chaîne. Les chaînes enroulées autour des deux bras de la

Cloth de Shun s'étaient déployées pour former une spirale qui tourbillonnait désormais autour de lui à une vitesse

effrénée.

« Eh bien, ces chaînes ont la capacité de créer un mur de protection considérable, mon petit. »

Andromède dessinée par Johannes Hevelius

Celui qui consulterait un Atlas astronomique se rendrait compte que la constellation d'Andromède, qui a la particularité

rare de partager une étoile commune avec celle de Pégase, est souvent représentée comme une jeune femme aux

poignets liés à des chaînes. Selon la mythologie grecque, Cassiopée, reine d'Éthiopie, s'était attirée la colère de

Poséidon en prétendant que la beauté de sa file Andromède surpassait celle des nymphes filles du dieu de la Mer, et
celui-ci avait donc commencé à ravager ce royaume par des tsunamis et des inondations. Son mari, le roi Céphée,

partit alors consulter l'Oracle de Zeus qui lui apprit que l'unique moyen d'apaiser la colère de Poséidon serait d'offrir sa

fille vierge Andromède en sacrifice à un monstre marin que le dieu enverrait. Celle-ci fût alors enchaînée à une falaise

au pieds de l'océan afin d'être dévorée par Cetus, mais elle fût alors secourue par le héros Persée chevauchant Pégase,

et les protagonistes de cette histoire devinrent ultérieurement des constellations de la voûte céleste.

« Je m'appelle Shun. Shun d'andromède, et je ne suis pas un gamin comme tu le sous-entends.

— La chaîne d'Andromède ? Je vois, même les fleurs les plus fragiles peuvent avoir des épines pour protéger leur corps

des agressions extérieures. Ta Cloth t'as aidé juste à temps !

— Et malheureusement pour toi, les capacités de ma chaîne ne se limitent pas qu'à la défense !

— Tiens donc.

— Même si mon ennemi se trouve à des milliers d'années-lumières, elle possède la faculté de la frapper en franchissant

les dimensions, lui expliqua Shun en intensifiant intérieurement son Cosmos. »

C'était cette chaîne qui avait su le protéger de l'Oreste masqué qui l'avait attaqué au théâtre avec une épée le soir

précédent, et c'est en élevant son Cosmos que celle-ci devenait capable de transcender l'espace et de défendre au

mieux son propriétaire. En réalité, les Cloths n'étaient pas que de simples protections constituées d'Hypermétaux, mais

des artefacts mystérieusement dotés d'une forme de conscience, des êtres vivants.

Andromeda Nebula

« Circle Chain ! »

La chaîne dédiée à la défense se laissa tomber par terre, puis se mit à ramper autour de Shun en formant à toute

vitesse une spirale, repoussant en tourbillonnant les cendres qui tapissaient l'Etna pour laisser à leur place un vortex

lumineux.

« Mais qu'est-ce que ceci ? s'étonna Thoas.

— Ce que tu vois est l'Andromeda Nebula. »


La scintillante nébuleuse d'Andromède était apparue au sein de l'obscurité provoquée par les fumées du volcan, et les

maillons de la chaîne semblaient se dérouler à l'infini, comme si ils étaient issus d'une autre dimension, formant des

cercles concentriques qui s'étendaient sans cesse.

« Décidément, les Saints et leurs Cloths ne sont pas à prendre à la légère. Très bien, c'est mieux ainsi, le combat n'en

sera que plus intéressant ! Au moins on ne vous aura pas fait venir pour rien jusqu'à l'Etna !

— Pardon ?

— Allez, montre donc ton Cosmos à Thoas, le Coup de Tonnerre, mon beau et jeune Andromède », lui dit le Géant, en

restant complètement immobile, sans même prendre la moindre posture de combat.

« Finalement cet affrontement était inévitable, dit Shun.

— Ton unique alternative est de me tuer. »

Les deux adversaires élevèrent leurs Cosmos en eux puis les firent se heurter violemment pour déterminer qui

réussirait à maintenir ou à détruire l'Andromeda Nebula, projetant dans les airs d'innombrables cendres du sol.

« Je vais te tuer. »

§ Fanart de Thoas par Naka-san (pixiv)

Chapitre 3.6

Yulij du Sextant venait de reprendre connaissance, mais elle se demandait où elle pouvait bien se trouver, ignorant ce

qui lui était arrivé depuis qu'elle s'était évanouie au Sanctuaire. Elle émit un gémissement de douleur. Sa tête lui faisait

mal, et en plus de cela sa poitrine la brûlait, rendant sa respiration difficile.


« Du gaz ? »

L'intérieur de la caverne était baigné de vapeurs sulfuriques à l'odeur désagréable. Yulij tenta de mettre ses mains

devant sa bouche mais se rendit alors compte que ses bras étaient maintenus par des chaînes attachées à la paroi. Elle

était prisonnière. Normalement, des chaînes d'acier n'auraient dû poser aucun problème pour une femme Saint, mais

inhaler ces gaz avait provoqué une paralysie de son corps, la rendant même incapable de bouger son index. Elle se mit

à inspecter les environs du regard, tout en réalisant la gravité de la situation présente. Étrangement, l'endroit était

légèrement lumineux.

« Je ne sais pas exactement où je suis, mais il doit s'agit d'une caverne. Pourtant, comment se fait-il que je ne sois pas

plongée dans une obscurité totale ? Ce n'est pas une lumière émise par un objet déposé ici. Il se peut qu'elle filtre en

ce lieu depuis un autre endroit...

— Tu te trouves dans le Sanctuaire des Géants.

— Qui... ? » commença-t-elle avant de pousser un cri comme une simple jeune fille.

Topaze

Un démon venait d'apparaître. Non, en réalité il s'agissait plutôt d'un masque effrayant au visage d'ogre, porté par un

homme qui n'était nul autre qu'Encélade, le Cri de Guerre. Ce Géant, vêtu d'une Adamas en forme de vêtement

religieux à l'éclat de topaze qui protégeait tout son corps, était en train d'observer sa captive.

« Bon sang, qui es-tu , et où suis-je ? » lui demanda Yulij, simulant un ton calme et autoritaire.

Bien qu'étant une Sainte, elle s'était laissée surprendre par l'effrayant masque de cet arrivant, mais ceci était

principalement dû au fait qu'elle était encore un peu sonnée et n'avait donc pas l'esprit très clair.
« Tout comme Athéna possède son Sanctuaire, ce lieu est protégé par la volonté du dieu que nous autres Géants

vénérons.

— Des Géants ? »

Elle avait de grandes difficultés à articuler car la paralysie de son corps s'étendait jusqu'au bout de ses lèvres. La vérité

est qu'elle avait peine à croire qu'elle pouvait encore parler. La mention du nom des Géants lui fit se remémorer

certaines connaissances qu'elle avait acquises en tant que diacre. Ceux-ci, scellés par Athéna lors de la très ancienne

Gigantomachie, étaient les compagnons d'un autre Mal de nature quelque peu différente. C'était cependant une guerre

qui remontait à des temps immémoriaux, et quasiment aucun écrit à ce sujet n'était consigné au Sanctuaire.

Yulij jeta encore un coup d'oeil sur les environs. Décidément, cette étrange lumière l'intriguait. Elle n'arrivait pas à

comprendre si cet éclat émanait des parois même de la grotte, ou si c'était dû à des particules lumineuses en

suspension dans l'air. Elle stoppa là ses hypothèses en admettant que de toutes manières, il ne s'agissait

probablement pas d'un phénomène explicable scientifiquement. Cet endroit était à coup sûr un lieu sacré, mais la

Volonté qui y résidait était d'une nature bien différente de celle d'Athéna.

« Mais dis moi, tu as l'air de souffrir...

— Qu'est-ce... », commença Yulij avant de tousser douloureusement, « ...que voulez vous faire de moi ? ».

Il lui semblait aberrant de voir que cet homme au masque de démon parvenait à rester tranquillement devant elle alors

qu'il respirait pourtant le même gaz toxique. Elle considéra alors le fait que les masques des femmes Saints étaient

capables de les protéger des émanations empoisonnées, et il se pouvait que le masque d'ogre porté par ce Géant

possède des propriétés semblables.


Fanart d'Encelade par Marco Albiero.

Le masque.

Yulij se rendit enfin compte qu'elle ne portait plus le sien. Son magnifique visage était à découvert, car son masque

avait été complètement fendu en deux par l'homme qui l'avait agressée la nuit précédente dans l'observatoire.

« Vous autres Saints avez de bien étranges règles.

— Hein ?

— A ce que j'ai entendu dire, les femmes qui veulent faire partie de l'ordre des Saints doivent abandonner leur féminité

et cacher leur joli minois derrière un masque. Pour elles, être vues sans ce masque serait encore plus humiliant que

d'être vues nues. »

Encélade se servit de son bâton incrusté de créatures maléfiques pour soulever de force la tête de Yulij en l'appliquant

contre sa joue, de manière à bien regarder son visage. Le cœur de Yulij, qui émit un cri de douleur, était empli de

honte et d'embarras en se voyant ainsi humiliée.

« Tu n'es qu'un sacrifice, voire même de la nourriture. Cet endroit sera votre tombeau à tous, misérables Saints.

— Ah ah.

— Qu'est-ce qui te fait rire ?


— Alors comme ça je suis un otage ? Dommage pour toi, mais je ne suis qu'une simple Bronze Saint, autrement dit je

n'ai pas autant de valeur que tu pourrais l'espérer.

— C'est vrai, je pense également que ta vie n'a pas une grande valeur en tant que telle. Cependant...

— Oui ?

— Athéna adopte certainement un point de vue différent, je me trompe ? Elle est du genre à ressentir énormément de

peine lorsque ses Saints sont blessés ou en danger.

— Enfoiré !

— La preuve, ta déesse a envoyé des Saints jusqu'ici, près de l'Etna, pour te secourir.

— Comment ? grogna Yulij. »

L'évêque Nicol était un homme difficile à cerner, et en dépit de son habituelle nature pacifique, il lui arrivait de donner

des ordres sévères, voire même insensibles lorsque la situation l'exigeait. Si des Saints avaient effectivement été

mobilisés pour la secourir, cela ne pouvait être une décision venant de lui. Comme l'homme au masque de démon le lui

avait dit, ceci était l'œuvre de l'immense compassion d'Athéna envers ses Saints.

« A l'heure où je te parle, mes compagnons partis affronter les Saints les ont probablement déjà enterrés, dit Encélade

avant d'émettre un rire extrêmement bruyant.

— Impossible... bande de monstres... vous êtes donc bien des Géants ? Dans ce cas là, l'ancienne divinité maléfique

que vous vénérez ne peut être que... »

Encélade la frappa à la joue avec son bâton sans même lui laisser le temps de terminer sa phrase.

« "Maléfique" ? Comment te permets-tu ? Chienne d'Athéna !


Yulij gémit, la joue coupée à l'intérieur de sa bouche. Le Géant la souleva par les cheveux sans ménagement, avec une

violence telle qu'il faillit lui briser le cou. La torsion appliquée sur celui-ci lui permettait presque de voir son propre dos.

« Apprends à te tenir, sale bête ! Ne t'ais-je pas fait comprendre que nous étions aux portes du lieu où repose notre

dieu ? »

Yulij perçut alors le bruit d'un battement de cœur. Elle sentait l'onde se propager. Au-delà de la caverne, au plus

profond des ténèbres, dans les entrailles de la Terre, en tenaille entre Gaia et le Tartare, un immense Cosmos venait

subitement de s'éveiller.

« Ceci serait... une Volonté Divine (Big Will) ? » pensa-t-elle avec horreur.

Là-dessous se trouvait un endroit de sacre dédié à l'adoration de cet être maléfique d'une autre nature que les Géants.

« Lorsque l'aube se lèvera sur la résurrection de cette Illustre Personne, nous n'aurons plus à craindre Athéna ou

d'autres dieux de son genre !

— Non, alors cette ancienne divinité maléfique est donc bien... »

Un bruit sourd se fit entendre. Le chiton blanc de Yulij et ses cheveux d'argent étaient teintés de sang. La Sainte,

frappée sans la moindre retenue par un coup du bâton d'Encélade, s'effondra au sol et sombra à nouveau dans

l'inconscience.

Chapitre 4 : Résurrection
Chapitre 4.1

Pente de l'Etna

L'île était agitée par d'étranges secousses semblables à l'expression de la haine réprimée des Géants retenus
prisonniers sous l'Etna.
Les nouvelles retombées de cendres volcaniques qui s'étaient abattues sur la pente de l'Etna avaient enseveli Seiya. La
charge violente d'Agrios, la force brute, l'avait propulsé jusque sur le flanc du volcan.

« Quel attaque incroyable... et si dangereuse pour avoir pu me faire faire un vol plané jusqu'ici... »

Le sang qui s'écoulait du front de Seiya était doucement aspiré par le sol spongieux.

« Les Géants possèdent d'effrayants pouvoirs. Il n'est guère surprenant que les Saints aient presque tous été vaincus
lors de la Gigantomachie... »

Des fissures étaient présentes sur le plastron de la Cloth de Pégase. Seul un être capable d'exprimer des dons de
combat à même de briser les atomes pouvait parvenir à fissurer une Cloth, armure dont la constitution était plus solide
que n'importe quel métal.

« Alors tu as été projeté jusque là Pégase ?

— Quoi ? »

Agrios, vêtu de son Adamas de couleur Lapis Lazuli, se rapprochait lentement de lui en foulant d'un pas pesant les
cendres sur son chemin.

« Si il n'y avait pas eu cette montagne pour arrêter ta course, tu aurais traversé toute la mer méditerranée pour
finalement atterrir en Afrique.

— Pff, je pense que tu exagères. »

Seiya se releva en s'essuyant le visage.

« Enfin, j'admets que tu m'impressionnes pour oser continuer à faire ton malin alors que tu as reçu mon Crag Press. »

Seiya et Agrios se préparèrent à s'affronter sur cette pente où une chute pouvait si aisément se produire. Dix mètres
les séparaient. Dans un combat normal à mains nues, nulle technique ne pouvait permettre de frapper un adversaire
situé à une telle distance, mais pour ces Saints qui se battaient à des vitesses dépassant celle du son, un tel intervalle
devenait une zone mortelle.

« Pegasus Ryūsei Ken !

— Ça ne sert à rien ! »

Seiya croisa Agrios en portant son coup, enveloppé d'une onde de choc supersonique.

« Hein ?

— Pff, on dirait qu'un moustique vient de me piquer. »

Agrios se tenait fermement debout, immobile. Les centaines de météores l'avaient pourtant bien atteint, mais sans
parvenir à infliger le moindre dommage à cet ennemi.

« Impossible ! Quelle que puisse être la résistance des Adamas, j'ai du mal à croire qu'une attaque de Saint n'y ait pas
infligé le moindre dommage !

— Tu ne comprends toujours pas qu'il ne te reste que l'énergie du désespoir ?

— Quoi ?

— Tu ne me vaincras pas ! Prépare-toi à recevoir le coup de grâce Pégase ! »


-

Agrios posa une main au sol en abaissant ses hanches. Pour un Géant doté d'une si terrible corpulence, nulle technique
de combat élaborée n'était nécessaire. Il lui suffisait juste d'utiliser comme un bélier son corps surhumain protégé de
son Adamas ornée d'innombrables pointes afin d'écraser son adversaire.

« Crag Press ! »

Le sol explosa. Les cendres étaient projetées dans les airs sur le passage de la charge d'Agrios, donnant l'impression
d'une image sortie d'un mirage. Seiya ne put esquiver l'attaque. Agrios de la Force Brute saisit les jambes de son
adversaire à partir de sa position basse, puis l'écrasa de tout son poids à grande vitesse.

Seiya cracha un nuage de sang en hurlant, et heurta le sol sur sa nuque, qui émit un bruit sourd. Dix minutes après
avoir fait constater à Seiya l'efficacité de sa technique, Agrios déplaça lentement et avec un air satisfait son corps qui
faisait pression sur le Saint.

« J'ai probablement brisé tous les os de son corps », dit-il en regardant avec mépris Seiya, pratiquement enterré sous
les cendres.

Les dommages que Seiya avait subi cette fois-ci n'avaient rien à voir avec ceux qu'il avait reçu lorsque Agrios l'avait
propulsé en l'air. Il venait de recevoir l'intégralité de l'énergie née de la masse imposante du Géant et de son Adamas,
sans pouvoir y échapper.

« On dirait que cette fois tu as eu ta dose. »

Agrios extirpa Seiya de l'épaisse couche de cendres en saisissant sa tête d'une main.

« J'ai fait de mon mieux pour ne pas te tuer, car si tu venais à mourir il n'y aurait pas d'intérêt à vous avoir attirés là,
et en plus il faudra que j'écoute les sermons de Thoas et d'Encélade » , dit Agrios avec un air ennuyé tandis que Seiya
gémissait.

« Hé ho... je suis en train de te faire une faveur alors débrouille-toi pour rester encore un peu en vie jusqu'à ce que
l'on ait obtenu ce que nous voulons, et après je t'achèverai, continua-t-il. »

Mais soudain, Seiya reprit du poil de la bête à la grande surprise du Géant. Un rayon de lumière transperça les airs.
Seiya, qu'Agrios pensait être mourant, venait de lancer un météore avec sa jambe sur le Géant.
-

Les deux hommes se tenaient de nouveau à distance l'un de l'autre tandis que le vent dispersait les cendres autour
d'eux.

« De quoi parlais-tu ? Je ne comprends rien à ton blabla, dit Seiya.

— Alors tu n'a pas encore eu ton compte, gamin ? » grogna Agrios, le corps agité par des spasmes de colère.

Le coup avait fait voler le casque de l'Adamas d'Agrios, révélant un visage intrépide aux traits nets qui contrastait avec
sa nature sauvage.

« Alors voici donc ton visage. Mais ne pense pas que je vais m'arrêter là !

— Comment ? Le Cosmos de Pégase est en train de...

— Agrios ! Laisse moi te dire que je n'ai aucune intention de mourir ici ! Je me relèverai toujours, et à la fin la victoire
sera mienne ! lança Seiya.

— N'importe quoi ! Je t'ai déjà dit qu'il était inutile de lutter ! lui répondit Agrios en posant une main au sol.

— Brûle... Brûle mon Cosmos !

— Crag Press ! »

Le sol explosa une nouvelle fois, et Agrios chargea vers Seiya en le fixant de ses yeux emplis de haine. Un violent choc
se produisit entre Seiya et Agrios, puis tout mouvement s'arrêta tandis qu'un bruit sourd continuait à se propager aux
alentours. Une grande quantité de sang dégoulina sur les cendres au sol, teintant celles-ci d'une couleur pourpre. Une
grande entaille était visible sur le front d'une tête, mais le cri d'angoisse qui résonnait n'était pas celui de Seiya.

« Un Saint ne se laisse jamais avoir deux fois par la même attaque. »

Fanart d'Agrios par Marco Albiero


L'immense corps d'Agrios vacilla. Seiya avait changé de position pour pivoter au moment où Agrios s'était abaissé pour
frapper les jambes du Saint. Seiya en avait alors profité pour porter une contre-attaque en plein visage avec son
genou.

« Quoi ? Tu prétends avoir défait mon Crag Press ?

— Mon Cosmos m'a permis de voir au travers de ta technique ! »

Agrios était encore sous le choc de la commotion cérébrale qu'il venait de subir, et Seiya en profita alors pour passer
dans son dos et le saisir en passant ses bras sous les aisselles du Géant interloqué. Seiya poussa un cri en élevant son
Cosmos, qui, conjugué à son ardeur, provoqua un Big Bang. Les deux hommes virevoltèrent alors dans les cieux.

« Impossible... comment as-tu pu soulever mon immense corps ? »

La quintessence des méthodes martiales des Saints n'avait rien à voir avec la force physique.

« Prends ça ! cria Seiya.

— C'est insensé, un simple Saint ne va quand même pas... »

Seiya, entouré de l'aura de Pégase, retomba depuis les cieux vers le sol en tournoyant, tout en tenant fermement
Agrios et en dirigeant la tête de celui-ci vers le bas.

Pegasus Rolling Crash

« Pegasus Rolling Crash ! »

Une immense étoile s'abattit sur le sol, qui fût ébranlé par ce qui ressemblait à un violent tremblement de terre. Un
imposant cratère était né sur le flanc de la montagne, comme si celle-ci avait été frappée par la chute d'un astéroïde.
Finalement, une silhouette émergea des cendres.

Seiya.

Celui-ci chancelait et avait les genoux tremblants.

« Et merde, ça ne s'est pas si bien passé que ça... »

Il était dans un grand état d'agitation, et il était difficile de comprendre si l'expression de son visage reflétait de la
liesse ou de la peur. Il avait du abandonner toute possibilité de défense afin de se mettre dans une position lui
permettant de réaliser sa contre attaque, et il était conscient que la moindre erreur de timing aurait conduit à sa
défaite. Mais il ne lui aurait pas été possible de remporter la victoire sans mettre sa propre vie en jeu. Être capable de
manipuler des pouvoirs de destruction aussi fondamentaux implique que les Saints mènent des combats où la mort
rôde à chaque instant.

« Je me demande comment va Shun. Et qu'en est-il de Mei ? »

Il ne ressentait plus le si sauvage Cosmos d'Agrios. Seiya se remit en route, en se déplaçant avec difficulté au travers
des cendres tout en cherchant les Cosmos de ses compagnons.

Chapitre 4.2

La chaîne nébulaire se déploya en spirale, telle une nébuleuse, constellant la pénombre de scintillements pareils à des
astres.

« Ceci est mon Andromeda Nebula. »

La chaîne se déplaçait à la manière d'un être vivant en éparpillant autour d'elle les cendres du sol. Thoas, le coup de
tonnerre, faisait preuve d'une grande vigilance. Shun reprit sa respiration, entouré par ce mur de protection
infranchissable.

« Sache qu'avec cette barrière en place il te sera impossible de faire le moindre pas de plus vers moi.

— Oh, répondit Thoas, peu convaincu.

— Pénétrer dans l'espace délimité par cette chaîne revient à souhaiter la mort, continua Shun.

— Pas de problèmes... prépare-toi, Andromède ! »

Le géant bougea. Fidèle à son nom, Thoas projeta avec son poing des attaques pareilles à des lances d'éclairs à une
vitesse foudroyante.

« Protège-moi chaîne circulaire ! »

La chaîne s'agita en formant des vagues au sol qui bloquèrent impeccablement les attaques de Thoas. À deux reprises,
le Géant en Adamas fût forcé de retirer son bras droit alors qu'il voulait attaquer, gêné par la chaîne.

« Si c'est comme ça... », commença Thoas.


Thoas entoura soudain Shun à 360 degrés avec des images résiduelles de lui-même. Il était désormais impossible de le
suivre du regard. Il porta un coup tout en maintenant cette vitesse largement supersonique. L'attaque déchira le sol
en laissant un sillon derrière elle, tandis que la pression du coup projetait des graviers de part et d'autre.

« Tu ne m'auras pas », dit Shun.

L'attaque de Thoas n'était qu'une feinte, et la chaîne répondit pas à cette attaque de diversion.

« Comment ? s'étonna Thoas.

— Et oui. »

L'enceinte d'acier formée par la chaîne nébulaire sembla exploser, et la chaîne repéra la véritable position de Thoas,
puis l'attaqua alors que d'innombrables cendres volcaniques étaient projetées dans les airs. Un choc se fit entendre,
puis le casque de l'Adamas du Géant tomba à terre. Celui-ci en resta sans voix.

« Ne t'avais-je pas dit qu'il te serait impossible de t'approcher ? »

Shun se tenait droit, intouchable, sur ce champ de bataille plongé dans un brouillard de cendres. La chaîne
d'Andromède reprit sa position de nébuleuse. Thoas passa la main sur son visage désormais à découvert.

« Je vois, je vois, dit-il pensif—

Il passa ses doigts dans ses longs cheveux noirs pour les remettre en place.

« Je comprends maintenant pourquoi tu as tellement confiance en toi. Cette chaîne possède de formidables capacités.
Elle ne laisse aucune brèche dans sa défense, que ce soit à droite, à gauche, devant, derrière, et même au dessus de
toi. La chaîne d'Andromède est comme tes yeux, tes oreilles, et elle ressent probablement tes adversaires au travers
de la sensation supérieure aux six sens que vous autres Saints nommez le Cosmos.

— Les illusions ne peuvent la tromper. Et plus j'élève mon Cosmos, plus sa vitesse de réaction augmente en réponse à
celui-ci, compléta Shun.

— Je comprends, la chaîne d'Andromède allie donc à la fois l'attaque et la défense, n'est-ce pas ?

— Puisque tu as compris cela, tu ne vas peut être pas aimer ce que je vais te dire, mais pourquoi ne mettrions nous
pas fin à ce combat qui n'a désormais aucun sens ?

— Aucun sens ?

— Je..., commença Shun d'une voix plus douce.

— Même lorsque je suis confronté à un ennemi je n'aime guère le blesser plus qu'il ne le faut, continua-t-il.

— Tu penses sérieusement une telle chose ? À mon avis tu es plutôt en train de te moquer de moi. En fin de compte,
tu caches un fond plutôt pervers derrière ce visage de jeune fille.

— Je suis sincère. Je ne peux pas tuer des gens sans motif. »

On ne se serait pas attendu à entendre ce genre de douces paroles chez un Saint à priori forgé pour le champ de
bataille.

« Sans motif ?

— En effet.

— Donc si je te fournis un motif, tu accepteras de combattre à mort ?

— Je...

— "Il n'y a pas de problème. Ce que tu fais est juste", cita Thoas.

— Hein ?

— Tu es donc incapable de combattre si il n'y a pas quelqu'un pour te taper sur l'épaule en t'assurant que tu as
raison ? Tu es incapable de combattre sans avoir besoin de trouver l'approbation de tes actes dans les raisons que
d'autres te fourniraient ? »

Shun ne sut que répondre.

« Quelle mauviette. Tu me dégoûtes. Je te l'ai déjà dit, il n'y a pas de grande cause derrière cet affrontement
opposant les Saints aux Géants. C'est inutile. Et il n'y a pas non plus besoin de rechercher où se trouve la justice.

— Alors tu es tel un démon ou un Rakshasa ? Tu ne te bats que pour te battre ?

— En bref, tu as toujours besoin de te trouver de bonnes excuses pour te sentir mieux, Andromède.

— Quoi ?

— Écouter tes jérémiades ne m'intéresse pas. Quel poupon. Je me sens blessé par ta proposition.

— Quel est donc ce Cosmos ?

— Cela sonne pour moi comme une véritable humiliation. »


Le Cosmos de Thoas s'était forgé de manière à devenir aussi affûté qu'un sabre japonais. L'artisan qui confectionne un
sabre ne le fait pas en se demandant si celui-ci servira à devenir un outil de mort ou non. De telles considérations n'ont
pas leur place. Il se contente juste de fabriquer le katana. Et de la même manière, un combat se suffit à lui-même
sans chercher d'autre sens.

À la surprise de Shun, du sang s'écoula subitement de son corps et il se recourba par réflexe. Des jets de sang frais
jaillissaient de ses deux bras. Les hémorragies de Shun augmentaient au fur et à mesure qu'il recevait de nouvelles
blessures ouvertes sur l'ensemble de son corps.

« Im... impossible ! Comment se fait-il que le fameux mur de métal de la chaîne d'Andromède ne réagisse pas ?

— Il n'y a pas de quoi être surpris, petit. »

Thoas, qui se tenait droit debout, pointa un doigt vers Shun. En un éclair, une nouvelle blessure s'ouvrit sur le corps de
Shun. Le Géant le frappait avec des projectiles issus de ses doigts. Thoas, qui avait affûté son Cosmos, envoyait
depuis le bout de ses doigts de fines ondes de choc perçantes qui perforaient le corps de Shun sans même que celui
n'en ressente l'impact.

« Ne me l'as tu pas expliqué toi-même il y a quelques instants ? La chaîne d'Andromède répond à l'élévation du
Cosmos de son propriétaire afin de le protéger des attaques de ses adversaires. Dans ce cas-là, il suffit de pousser son
Cosmos au dessus du tien afin de porter des coups d'une rapidité surpassant la vitesse de réaction de ton mur de
défense.

— Pourquoi les hémorragies ne s'arrêtent-elles pas ? » s'inquiéta Shun.

Le sang coulait depuis les trous d'aiguilles à la manière de l'eau qui s'écoule depuis un robinet et atterrissait sur le sol
pour y être aspiré.

« Ceci est l'effet de mon Stigma. Il ne s'agit pas de blessures normales, ce que je perce ne cicatrise pas.

— Non ce n'est pas vrai... !

— Ce n'est pas bien difficile pour quelqu'un comme moi qui connaît parfaitement les flux et vaisseaux sanguins du
corps humain. À vrai dire, à l'origine cette technique a été créée pour effectuer les sacrifices humains rendus à notre
dieu, afin qu'il ne reste pas la moindre goutte de sang gaspillée dans le corps de la victime. »

Un des gardes tués la nuit précédente au Sanctuaire avait subi cette technique.

« La règle est la même pour les Saints ou les simples humains. Si vous perdez plus d'un tiers de votre sang, c'est la
mort assurée. Bon, vu que tu as reçu le Stigma sur l'intégralité de ton corps, je pense qu'il ne te reste plus que
quelques minutes à vivre avant que cette calme douleur ne t'emporte vers la mort. Mais je pense que tu n'aimes peut-
être pas ce que je te dis », expliqua Thoas en reprenant les paroles de Shun.

Shun, à bout de forces, tomba sur les genoux.


« Et ainsi nous mettons un terme à ce combat sans motif », lui annonça calmement Thoas, moqueur.

Il s'avança au sein de la zone de défense de l'Andromeda Nebula afin de porter à Shun le coup de grâce. Soudain, le
Géant arrêta son mouvement en percevant un mouvement de la chaîne.

« Quel entêté. Mais ta chaîne n'a presque plus la force de faire ce que tu lui demandes, lâcha Thoas à l'attention de
Shun, tout en observant celui-ci à terre.

— Je..., marmonna Shun.

— Quoi ?

— Je n'aime pas me battre. Je déteste réellement ça. Et ainsi que tu le penses, je passe mon temps à me tourmenter à
ce sujet, dit Shun en enlevant péniblement de sa mâchoire les cendres qui s'y étaient attachées.

— Quoi ? Comment se fait-il que je ressente un tel Cosmos chez Andromède alors que celui-ci est aux portes de la
mort après avoir perdu une telle quantité de sang ?

— Mais vois-tu, tous les combats que j'ai menés jusqu'ici m'ont appris quelque chose.

— Quoi donc ?

— Ils m'ont appris que je devais malgré tout me battre. En tant qu'homme, je dois faire passer mon devoir avant ce
genre de soucis. Je ne suis plus le pleurnichard que j'étais autrefois », dit Shun en enflammant toutes ses forces.

Il prépara sa chaîne d'attaque située sur son bras droit.

« Pff,je vois. Même en étant condamné par le Stigma tu refuseras d'admettre ta défaite aussi longtemps que tu seras
en possession de ta chère chaîne.

— Va, chaîne d'attaque ! »

La chaîne terminée par une pointe partit à l'assaut en décrivant une trajectoire en zigzag. Maintenant que Shun s'était
déterminé à combattre, la chaîne était parcourue d'arcs électriques.

« Thunder Wave ! »

Un éclat semblable à celui d'un feu d'artifice se produisit violemment, accompagné d'un bruit évoquant quelque chose
qui brûle.

« Comment ? s'écria Shun, surpris.

— Voici donc la force de frappe de cette chaîne que l'on dit capable, si nécessaire, de franchir les dimensions pour
atteindre ton adversaire », dit Thoas.
Celui-ci, qui pouvait aussi se battre avec la vivacité de la foudre, venait de rattraper la chaîne d'une main.

« Non, ce n'est pas possible ! Il est parvenu à stopper ma chaîne d'attaque ?

— Mais vois-tu, même si elle est capable de franchir de nombreuses années-lumières pour atteindre sa cible, avec une
telle vitesse ta chaîne ne peut arriver jusqu'au corps de Thoas, le Coup de Tonerre, ajouta le Géant.

— Non !

— Et avec cette attaque tu as gaspillé le peu de vie qu'il te restait. Tu dois probablement être sur le point de t'évanouir
maintenant. »

Thoas tira sur la chaîne, et une faible pression suffit à faire chanceler Shun. Les hémorragies provoquées par le Stigma
l'avaient mis dans un état d'épuisement terrible, et celles-ci ne s'arrêtaient pas. Sa pression sanguine avait
considérablement diminué, les extrémités de ses doigts étaient blanches, et il n'avait guère plus la force de se
mouvoir.

« En fin de compte, étais-tu fort ou faible ? Pourrais-tu me répondre, Andromède ? Tu m'as montré la fragilité d'une
jeune fille mais aussi le courage d'un guerrier. Quel esprit instable, et quelle maladresse ! Décidément, il m'est
impossible de te comprendre. »

Shun ne pouvait même plus répondre.

« Alors tu n'as déjà plus la force de parler. Bah, tant pis. Je vais te tuer. Mais je vais d'abord détruire ta précieuse
chaîne afin de te faire subir une défaite totale juste avant ta mort. »

Pour la première fois, Thoas prit une posture de combat en croisant ses bras devant lui.

« Prends ça, Andromède ! Voici la plus puissante attaque de Thoas !

— Chaîne circulaire, protège moi..., dit faiblement Shun.

— Avenger Shot ! »

Le nuage d'étoiles formé par la chaîne nébulaire fut déchiré par un rayon de lumière. Les tirs projetés par les doigts de
Thoas n'avaient fait qu'un pour donner naissance à une attaque cent fois plus puissante qui pulvérisa l'Andromeda
Nebula.

« Non, ma chaîne aurait-elle ainsi été réduite à néant ?

— Tu n'es désormais plus qu'un oiseau privé de ses ailes ! Et maintenant que ta chaîne n'est plus, le prochain coup
sera pour ton corps ! »

Thoas se prépara à porter le coup final, mais s'arrêta soudain dans son élan sous le coup d'une surprise partagée par
Shun. Le sol lui avait renvoyé une étrange sensation, et sans qu'il ne s'en rende compte, le flanc noir de cendres de la
montagne s'était recouvert d'une fine couverture blanche.

« Des cendres ? Non, c'est... »

De petites particules tombaient sur le bout des doigts du géant et disparaissaient en fondant.
« Comment peut-il y avoir une chute de neige en plein été sicilien ? »

Une couche de glace avait recouvert le flanc de la montagne et le gel se répandait peu à peu sur le sol. Les flocons de
neige devinrent de plus en plus gros et leur nombre augmenta en s'accumulant de toutes parts.

« Ce n'est pas une illusion », déclama une nouvelle voix.

Celle-ci fût accompagnée de la venue d'un jeune homme vêtu d'une Cloth d'un blanc impeccable aux reflets glacés,
marchant au travers de cette nature volcanique désolée sur laquelle s'abattait un ouragan de neige.

« Qui es-tu ? » demanda Thoas au jeune homme blond qui s'était joint à eux.

« Hyōga ! s'exclama Shun.

— Est-ce que ça va Shun ? dit-il, fixant Thoas avec un air de défi, sans jeter un regard vers le Saint d'Andromède.

— Hyōga ? Vu que tu portes une Cloth tu es probablement un Saint, n'est-ce pas ? »

Ce nom avait une consonance japonaise, mais ses yeux bleus semblaient dire le contraire. En fait, Hyōga était moitié
russe et moitié japonais. Sa mère se prénommait Natassia et son père était Mitsumasa Kido. Hyōga était lui aussi un
des enfants cachés de cet homme, un de ces 100 enfants envoyés à travers le monde pour devenir Saints.

« Je suis Hyōga du Cygne. Et toi, tu es probablement un Géant ?

— Tu arrives un peu tard pour secourir ton ami. Tiens, mais maintenant que j'y pense, cela me rappelle une histoire.
La Cloth du Cygne ne serait-elle pas cette Cloth de glace née du grand mur des glaces éternelles ?

— Effectivement, c'est bien ça. »

Le plastron de la Cloth était sculpté en forme d'ailes et le casque qu'il portait représentait une tête de cygne ornée de
plumes. L'ensemble de cette Cloth aux formes sinueuses renvoyait une impression de légèreté. En plus de cette image
de cygne, Hyōga lui-même semblait être un jeune prince sorti d'un conte européen. Ce n'était pas un enfant, mais il ne
semblait pas non plus être un simple adolescent. Il possédait un éclat qui le distinguait des jeunes de son âge, mais
l'on pouvait également sentir une grande solitude émaner de lui, et le léger bleu brillant de ses yeux lui donnait
l'expression d'une personne se tenant à l'écart des autres, tout en renvoyant une certaine tristesse.

« Tu manipules donc la glace. Voilà qui est intéressant, cher Cygne, fit remarquer Thoas.

— A-t-on vraiment besoin de poursuivre cette conversation ? lui répondit Hyōga, peu intéressé par l'idée de renseigner
le géant.

— Quel garçon désagréable. Très bien ! Dans ce cas-là tu vas avoir le plaisir de mourir en compagnie d'Andromède !
Prends ça ! Avenger Shot ! »
Thoas lança son arcane ultime vers Hyōga, et le tir traversa le rideau de neige qui s'abattait sur le champ de bataille.
Pourtant, le Géant eu la surprise de voir que son coup avait largement manqué sa cible.

« Comment ? Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Des cristaux de glace ? dit Thoas en vacillant.

— Ceci est un anneau de glace que j'ai confectionné, le Koltso. Tu ne t'étais donc pas rendu compte que tes jambes
venaient d'être congelées ?

— Impossible, quand est-ce que... ?

— Tu as trop concentré ton attention sur Shun. Je pense que la morsure du gel doit déjà t'avoir fait perdre les
sensations dans tes jambes.

— Cet anneau... »

Le nombre d'anneaux se mit à augmenter autour des jambes de Thoas et de son Adamas.

« Adieu, Géant !

— Non ! »

Des nombreux cristaux de glace dansèrent sur ces plaines gelées de Sicile qui semblaient désormais sorties d'un rêve.

La température de toute chose est régie par l'état d'excitation des atomes qui la composent. Ainsi, plus ceux-ci sont
agités, et plus la température est élevée, et à l'inverse, un ralentissement provoque une baisse de la température. Le
mouvement et l'immobilité. La chaleur et le froid. Autrement dit, les techniques de combat visant à la destruction des
atomes sont liées au mouvement et à la chaleur, tandis que celles les stoppant représentent le froid et l'immobilité, et
sont ce que l'on appelle les techniques de glace.

« Diamond Dust ! »

Des sombres cristaux furent éparpillés. Un bruit de vapeur d'eau retentit, un vent brillant se manifesta, et finalement
un monde d'une blancheur mortelle naquit pour avaler le Géant. Hyōga du Cygne était l'un des rares Saints maîtrisant
les techniques de glace. Thoas, le Coup de Tonnerre, s'effondra dans la plaine enneigée qui recouvrait les cendres, son
Cosmos tombant dans un sommeil éternel.

« Ne bouge pas », dit Hyōga en se tournant vers Shun puis en abattant avec un cri son poing vers son ami gémissant.

Son index avait percé la Cloth de Shun au niveau du cœur, et à la grande surprise de celui-ci les hémorragies subies au
niveau des marques du Stigma s'arrêtèrent immédiatement.

« J'ai appuyé sur ton point vital central, celui qui permet de stopper les hémorragies, lui expliqua Hyōga.

— Hyōga... Mais que fais-tu ici ? Je te croyais rentré en Sibérie orientale !

— Ah, c'est grâce à Kiki.


— Comment ?

— Athéna l'a envoyé pour que je vienne en renfort.

— Athéna... Mademoiselle Saori a pensé à nous...

— Kiki de son côté est rentré se reposer, ces multiples téléportations l'ont complètement épuisé. »

Effectuer un aller retour en Sibérie aussi peu de temps après ses allers retour en Sicile avait été très difficile pour lui,
aussi bien physiquement que psychiquement.

« Kiki a décidément donné tout ce qu'il avait, fit remarquer Shun.

— Il m'a raconté dans les grandes lignes de ce qui s'est passé. Où est donc Seiya ? Et... c'est vrai que Mei est toujours
en vie ?

— Oui, mais nous avons fini par être tous séparés à cause des combats contre les Géants », expliqua Shun en se
levant péniblement.

Il cherchait une réponse provenant de sa chaîne disparue. Tant que la Cloth d'Andromède n'est pas entièrement
détruite, sa chaîne restait capable de revenir depuis d'autres dimensions, et même si cet outil venait à être brisé, il
était possible de faire naître immédiatement une nouvelle chaîne.

« Je sens le Cosmos de Seiya, bien que celui-ci soit assez faible.

— Allons donc le rejoindre. Je me fais aussi beaucoup de soucis pour Mei, car il avait également un Géant à ses
trousses. Or, je ne pense pas qu'il ait de grandes chances d'en venir à bout sans Cloth.

— En effet. »

Shun se remit complètement debout.

« Tu as perdu une grande quantité de sang, tu ferais mieux de ne pas bouger. Il serait préférable que tu restes te
reposer ici, lui dit Hyōga.

— Ne t'en fais pas, je vais très bien.

— C'est difficile à croire lorsque tu affirmes toi-même cela. »

Shun sourit franchement pour dissiper les doutes de son ami, puis ils partirent dans la direction du Cosmos de Seiya,
reprenant l'ascension de l'Etna.

Chapitre 4.3
« M'y voila enfin. Un Cosmos diffus provient de là dessous », dit Seiya en jetant un regard dans la gueule de ce cratère
béant vieux de plusieurs centaines, voire plusieurs millénaires.

L'intérieur du cratère était actuellement éteint, mais l'activité volcanique ne cessait de croître, signe d'une éruption
imminente.

« Est-ce le Cosmos de Yulij ou celui d'un Géant ? » se demanda Seiya avant de réprimer un cri de douleur.

Il vacilla et de désagréables gouttes de sueur perlèrent sur son visage. Seiya se demandait si son malaise était du aux
dommages subis lors de son violent combat face à Agrios.

« Que se passe-t-il ? Mon corps est si lourd. Quelle en est la raison ? »

L'air environnant était certes devenu moins dense, mais les Saints n'étaient pourtant pas supposés souffrir du mal des
montagnes, et surtout pas à l'altitude à laquelle se trouvait Seiya. Qui plus est, il n'éprouvait pas de difficultés
particulières à respirer.

« Et merde ! Mes forces me quittent... »

Sa démarche devint chancelante. Seiya avait l'impression que son corps était percé de trous béants et qu'à chacun de
ses pas son Cosmos s'en échappait. Il hurla en trébuchant sur cette pente.

« Attention !

— Mei ! »

Celui-ci avait rattrapé Seiya par le bras alors que le Saint de Pégase était sur le point de tomber dans la gueule du
volcan.

« Tu es sain et sauf ! lui dit Seiya.

— Hé ho, ce serait plutôt à moi de te dire ça », lui répondit Mei.

Mei fit un sourire en voyant à quel point Seiya semblait s'être fait taper dessus. Ce dernier fit une moue renfrognée,
bouche fermée et joues gonflées, mi-colère mi-nigaude.

« Et toi comment t'en es-tu sorti avec ce type aux griffes, ce Pallas ?

— Je me suis enfui.

— Hein ?

— Ben quoi ? Fais pas cette tête. Fuir n'est pas convenable ? Il s'agit quand même d'un Géant, et même pour un Saint
comme toi ça doit être un adversaire dangereux, non ? Un simple soldat comme moi n'a pas la moindre chance de
gagner. »

Seiya resta silencieux.

« Et puis nous sommes en Sicile, ma terre natale ! Comme je connais les moindres chemins de cette île, semer des
poursuivants n'est guère difficile. De plus, n'oublie pas que je suis là en tant qu'espion au service du Sanctuaire, et
dissimuler ma présence ou mon Cosmos sont donc des domaines dans lesquels je suis doué, peut-être encore plus que
vous !

— Seiya ! Mei !

— Shun ! Et... toi aussi, Hyōga ? » cria Seiya.

Les deux Saints venaient d'apparaître un peu plus bas et s'empressaient de grimper sur la pente du volcan. Les quatre
jeunes hommes furent finalement réunis près du cratère.
« Alors tu est également venu, Hyōga ? lui demanda Seiya.

— Oui, Athéna m'a envoyé ici afin de vous aider, répondit le Cygne.

— C'est la Cloth du Cygne, n'est-ce pas ? Elle te va plutôt bien, Hyōga.

— Mei, dit Hyōga qui avait en un instant reconnu le visage d'un frère retrouvé qu'il n'avait pas vu depuis des années.

— Tu es venu depuis la Sibérie Orientale ? Ça fait un sacré bout de chemin, merci pour l'effort. »

Hyōga ne répondit rien.

« Hmmm ? Ha ha ha, décidément tu n'as pas changé, toujours aussi stoïque. En fait, aucun d'entre vous n'a changé,
dit Mei en posant sa main sur l'épaule de Hyōga tandis que Shun et Seiya riaient de bon coeur.

— Seiya, Mei, ne sentez-vous pas aussi un Cosmos qui émane de ce cratère ? demanda Shun.

— Vous l'avez vous aussi ressenti », répondit Seiya.

Hyōga, silencieux, se contenta de pointer les profondeurs du cratère. Il était possible d'apercevoir entre les nuages de
fumée épars la base du cratère où se dessinait entre d'immenses rochers une fente pareille aux lèvres de la Terre. Le
quatuor descendit avec précaution dans le cône en suivant les parois internes scabreuses. Shun se dirigea vers la
fissure.

« Quel trou profond... c'est comme si il se prolongeait jusqu'aux tréfonds de la Terre.

— Le Cosmos que nous avons ressenti émane du fond de ce gouffre... Nous devons y aller. Êtes-vous tous partants ? »
demanda Seiya.

Tous acquiescèrent de la tête.

Le groupe descendit en rappel dans ce puits rocheux en utilisant la chaîne d'Andromède à la manière d'un grappin. Au
bout de plusieurs dizaines de mètres, ils atteignirent le sol qui continuait sous la forme d'un tunnel en pente. La
lumière du monde extérieur ne parvenait plus en ce lieu. Pourtant, il n'était pas nécessaire de se déplacer en aveugle
au sein de ces ténèbres.

« Qu'est-ce que... ? Les parois de ce tunnel sont luisantes ?

— Quel lieu étrange... »

Seiya et Shun ouvraient la marche, suivis de Hyōga et enfin de Mei en arrière. La largeur du tunnel était juste
suffisante pour étendre ses bras, mais il n'était possible de voir que quelques mètres devant soi. Les parois rocheuses
ressemblaient presque à de la chair, et le faible scintillement qui en émanait changeait d'intensité tout en variant entre
le rouge et le jaune.

« On dirait des pulsations, dit Shun.


— Hé ! Arrête de dire des trucs glauques, Shun ! répondit Seiya avec un air inquiet, comme si un monstre tapi dans
l'ombre était prêt à lui sauter dessus.

— Mais... ça donne un peu l'impression d'avoir été avalés par un être vivant. Qui plus est, ma chaîne reste tendue.

— C'est répugnant, on dirait que nous sommes dans un estomac. »

Ils continuèrent à s'enfoncer de plus en plus loin, de plus en plus profondément. Le Cosmos diffus qui parvenait jusqu'à
eux semblait être toujours plus près des tréfonds de la Terre. Ils étaient désormais en sueur.

« Quelle chaleur. Combien de kilomètres allons-nous encore devoir marcher ?

— De plus, les vapeurs volcaniques se font de plus en plus denses, dit Shun, les larmes aux yeux.

— Si on continue à descendre ainsi dans le ventre de la Terre, allons-nous finir par nous retrouver aux portes de
l'Enfer ? »

Le groupe continua de s'enfoncer dans les abysses.


Chapitre 4.4

Fanart de Yulij par RGXD0

L'autel dédié à un Mal venu d'ailleurs était entouré des sifflements du vent.

« Agrios... et même Thoas... », murmura Encelade, le Cri de Guerre, dans ce temple souterrain.

Il jeta un regard de dédain vers la jeune fille à sacrifier retenue par des chaînes.

« Ces Saints d'Athéna. Comme à leur habitude, ils continuent de nous mettre des bâtons dans les roues, ainsi qu'ils
l'avaient fait lors de la Gigantomachie. »

Il considéra avec mépris Yulij, dont la tête était penchée vers le sol et aux cheveux d'argent maculés de sang.

« Mais ces Saints ne me font pas peur, déclara le Géant en continuant de tourmenter de son bâton l'immobile Yulij.

— Athéna par contre n'est pas à prendre à la légère. Aussi longtemps que cette déesse de la guerre protectrice de la
Terre existera, ces Saints obstinés reviendront à la charge, tels des mouches en été. Une fois qu'Il sera ressuscitée en
revanche, ce sera différent ! Athéna... non, même la totalité des dieux de l'Olympe seront engloutis par la Volonté qui
réside dans le corps de mon très cher frère cadet, et ils seront précipités dans le Tartare, là où nul ne pourra les aider
à s'en extirper. »

Encélade pointa son bâton empreint de sang coagulé dans la direction opposée à Yulij.

« Yulij ! cria une voix plus jeune.

— Je commençais à en avoir assez de vous attendre, chiens d'Athéna.

C'était Seiya qui avait crié le nom de Yulij en voyant celle-ci accolée à un rocher. Shun, Hyōga et enfin Mei arrivèrent
derrière lui.

« Quel est cet endroit ? »

Les Saints eurent comme une impression de déjà-vu. Ils venaient enfin d'atteindre le fond du tunnel, mais un spectacle
inattendu s'offrait à eux. Ils étaient dans une grande caverne circulaire à la voûte élevée, un lieu qui semblait être
inspiré des théâtres antiques circulaires.

Un grondement se fit entendre. La fréquence des secousses du volcan n'avait cessé d'augmenter et de petits fragments
de roche du plafond tombaient de ci de là. La menace d'un effondrement de la caverne pesait sur leurs esprits, et le sol
tremblant les forçait à avancer d'un pas mal assuré. Qui plus est, une chaleur étouffante d'origine géothermique
régnait en ce lieu. Le bruit aigu du vent surprit les Saints, et le fouettement de ce souffle leur donna la chair de poule.

« Qui aurait cru qu'une si vaste cavité existait sous l'Etna ? Et que dire de cet autel... On dirait vraiment un Temple
dédié à un dieu », fit remarquer Shun dont la chaîne nébulaire, alerte, restait prête à bondir.

Ils se trouvaient face à un autel constitué d'immenses rochers. Les parois ridées de cette grande caverne étaient
semblables à celles du tunnel qui les avait amenés jusqu'ici, scintillant dune lumière vacillante. Cet endroit donnait la
troublante impression d'être à l'intérieur d'organes du corps humain.

« Yulij ! Est-ce que ça va ? » hurla Seiya.


Mais celle-ci était retenue à un rocher, les deux bras attachés, et sa tête penchée vers le sol ne permettait pas de
savoir de loin si elle était morte ou vivante.

« Si elle est restée tout ce temps plongée dans ces gaz volcaniques, sa vie doit être en danger, dit Shun, l'air inquiet.

— Et ce type ? murmura Hyōga en faisant référence au Géant à masque de démon muni d'un bâton.

— C'est Encélade, le Cri de Guerre. Il s'est présenté comme étant le Haut Prêtre des Géants.

— Autrement dit, leur chef ? » dit le Cygne en fixant d'un oeil de glace le Géant.

Il fit soudain un mouvement.

« Hyōga ? »

Hyōga venait de s'élancer sans crier gare, traversant la caverne, tandis que de glaciaux cristaux de neige entouraient
ce Cygne silencieux. Tout ceci s'était passé en un instant.

« Diamond Dust ! » cria Hyōga en tentant de prendre Encélade au dépourvu avec cette attaque subite.

Le Géant émis un puissant grondement qui surprit Hyōga. L'air froid fut rejeté en arrière et l'onde de choc envoya le
Saint voler de plusieurs dizaines de mètres en arrière, passant au travers du groupe de ses compagnons avant de
s'écraser contre une paroi.

« Et merde, encore cette onde de choc ? Elle l'a projeté si loin ! » dit Seiya en faisant une grimace de colère.

Il s'agissait de l'attaque qu'Encélade avait déjà montré dans le théâtre antique de Taormina, mais la puissance de cette
onde de choc explosive se trouvait démultipliée dans un tel espace clos souterrain.

« Ha ha ha ! Quelle naïveté de croire qu'un courant d'air comme ça pourrait m'atteindre. Vous pouvez vous y mettre à
autant que vous voulez, Bronze Saints, mais des gens de votre niveau ne parviendront jamais à s'approcher de moi, le
Haut Prêtre des Géants ! dit Encélade, d'un ton sinistre, bâton pointé dans la direction des Saints.

— Il y a quelque chose d'étrange, dit Hyōga.

— Que veux-tu dire ? demanda Seiya en regardant son ami.

— Mon corps semble lourd.

— Comment, toi aussi ? continua Seiya.

— C'est donc le cas pour tout le monde ? intervint Shun.

— Toi aussi Shun ? »

Ils avaient jusque là chacun gardé pour eux la condition de leurs corps, ne jugeant pas utile de faire part de ceci aux
autres.
« Je m'étais dit que cette impression était due aux coups reçus lors de mon combat contre Agrios, mais maintenant...

— Si ce n'était que moi et Seiya ce ne serait pas étonnant, mais il est effectivement bizarre que Hyōga, qui n'a pas
reçu la moindre blessure, ressente aussi ceci, ajouta Shun.

— J'ai cette impression de lourdeur depuis que l'on a pénétré dans l'Etna, depuis que l'on s'est engouffrés dans ce
tunnel. Et le courant d'air froid de mon Diamond Dust n'avait que la moitié de sa puissance, dit Hyōga en regardant
son poing serré, perplexe.

— Et mon corps n'a absolument pas récupéré lors de notre marche, ajouta Seiya.

— Pareil pour moi, du sang s'écoule encore de mes blessures. Je pensais que c'était à cause des gaz volcaniques que
nous avons respiré mais... la cause semble être différente. D'une certaine manière, c'est comme si quelque chose
arrachait la force même de mon corps.

— On ne peut pas lutter.

— Mei ? »

Les trois Saints se tournèrent vers lui.

« L'air empoisonné n'a rien à voir avec l'absence de guérison de notre fatigue ou des dommages reçus. Ce qui est volé
est la puissance même des Saints, la source de toute vie, le Cosmos. On aura beau se battre, rien n'y fera. La victoire
est impossible.

— Volé, dis-tu ? En effet, c'est comme si quelqu'un dérobait notre Cosmos, mais une telle chose est...

— Il a raison », coupa le Géant.

Les guerriers, interloqués, tournèrent leurs regards vers Encélade.

« Depuis que vous avez mis le pied dans l'Etna, votre Cosmos vous a été peu à peu dérobé, expliqua le Géant.

— Comment ?

— En cette terre s'étend une zone de protection (kekkai) nommée "Phlegra" (Terre de flammes) et destinée aux
Géants.

— Phlegra ?

— Oui, tout comme votre Sanctuaire est protégé par une barrière de protection venant d'Athéna. Au sein de Phlegra,
les blessures des gens démunis d'Adamas ne guérissent pas ! Qui plus est, cette zone vous dérobe votre Cosmos
lorsque vous l'enflammez pour combattre.

— Quoi ?

— Vous comprenez maintenant ? Tant que Phlegra existe, nous ne pouvons être vaincus, et ce même si la totalité des
Saints venait nous y affronter, dit Encélade en appuyant chacun de ses mots avec un air de triomphe.

— C'est pas vrai, alors...

— Cela voudrait dire qu'a chaque fois que nous avons porté une attaque, le Cosmos utilisé a été volé par Phlegra ? »

Les Saints furent sous le choc. L'étrange lumière scintillant sur les parois souterraines était donc un reflet de l'influence
de Phlegra.

« Nous ne sommes pas encore suffisamment nombreux pour nous permettre d'attaquer de front le Sanctuaire protégé
par Athéna, mais procéder à l'enlèvement d'une gamine et attirer les Saints ici est un moyen simple d'affaiblir la force
de votre armée.

— Lâche !

— Voyons... Avec cette gamine nous avons là quatre Bronze Saints, le rang le plus minable de votre armée. Ça ne
suffira pas pour satisfaire Sa faim, mais on se contentera de ça pour l'instant.

— Comment ? intervint Seiya.


— Mais je vais d'abord vous tuer, continua Encélade sans tenir compte de Seiya. »

Le Géant brandit son bâton et commença à concentrer une énergie destructrice.

« Une nouvelle onde de choc va s'abattre sur nous, dit Shun, chaînes sur le point d'attaquer.

— Et merde ! On ne peut pas se permettre d'être encore plus blessés ! On aura pas d'autre chance ! dit Seiya.

— Il faut le prendre de vitesse », continua Hyōga.

Pégase, Andromède et le Cygne se mirent en posture de combat, faisant apparaître autour de trois jeunes gens des
auras représentant leurs constellations protectrices tandis que des étoiles dansaient dans la caverne.

« Brûle mon Cosmos ! » cria Seiya, prêt à attaquer.

Un Big Bang se produisit. C'était là le pouvoir capable de créer des miracles. Une personne poussant son Cosmos à son
paroxysme pouvait s'éveiller au Septième Sens et atteindre une puissance comparable à l'énergie qui avait donné
naissance à l'Univers.

« Prends ça, Encélade ! »

Le cheval ailé Pégase s'élança, porté par ses ailes, tandis que la chaîne nébulaire fendit l'air telle la foudre et que le
Cygne dansa majestueusement.

« C'est inutile ! » cria le Géant.

Soudain, Seiya cracha une gerbe écarlate. Du sang.

« Seiya ! » cria Shun, tandis que Hyōga restait silencieux.

Les deux Saints, sous le choc, avaient abaissé leurs poings. Une main pareille à un couteau venait de transpercer la
Cloth de Pégase pour s'enfoncer dans les côtes de Seiya.

« Me... i..., articula Seiya d'une voix à peine audible, à l'attention de son demi-frère, avant de tomber à genoux.

— C'est inutile, répéta une voix ténébreuse.

— Qu'es-ce que... pourquoi ? Mei ! » cria Shun, avec un ton désespéré.

Même Hyōga, habituellement imperturbable, était décontenancé devant cette scène. Mei venait d'assassiner Seiya.
Mei retira d'un mouvement brusque du corps de Seiya cette main jusqu'alors enfoncée jusqu'à la base des doigts, ce
qui ne fit qu'accélérer l'écoulement d'un sang bien réel.
« Ce Cosmos... » prononça Shun d'une voix tremblante.

Ils ressentirent une sensation extrêmement oppressante. Celui qui se trouvait là n'était certainement pas ce soldat qui
n'avait pas réussi à devenir un Saint. Mei passa son doigt sur son visage. Un maquillage sanglant.

« Quelle intensité ! Je n'ai que rarement ressenti un Cosmos aussi immense par le passé.Cette Volonté est
certainement celle d'un... »

En un instant Shun et Hyōga s'écartèrent simultanément de Mei, veillant à maintenir une bonne distance entre lui et
eux. Il leur était devenu impossible de supporter plus longtemps l'intensité de ce Cosmos.

« Est-ce vraiment Mei ? dit Shun.

— Non, répondit le Cygne.

— Hyōga ?

— C'est impossible, ça ne peut pas être lui ! »

Hyōga se tenait en position d'attaque, considérant en ennemi ce frère né d'une mère différente.

« Une certaine puissance était nécessaire à la résurrection de cet Etre Vénéré ! gronda Encélade.

— La puissance de cet Etre Vénéré est si immense qu'Athéna a apposé un sceau ne pouvant être détruit, du moins à
moins de déployer une énergie rivalisant avec celle qui a donné naissance à l'univers ! C'est pourquoi le sacrifice d'un
Saint était primordial ! continua-t-il.

— Comment ?

— Pour le sang des Saints ! Ce sang imprégné de ce qui est le pouls de vos existences ! Le Cosmos ! cria Encélade,
enthousiaste, les bras déployés en signe de vénération envers son dieu tandis que des larmes des joie coulaient sous
son masque démoniaque.

— "Résurrection" dis-tu ? Qui est donc cet "Être" dont tu parles ? demanda Shun.

— Il parle de cet Être Vénéré, beau et jeune Andromède.

— Hein ? »

Les yeux de Shun devinrent comme des soucoupes. Thoas, le Coup de Tonnerre, venait soudain d'apparaître dans ce
temple souterrain.

« Toi, Thoas ! »

Mais il n'y avait pas que ça, car Agrios, la Force Brute, venait également d'arriver près de Thoas, tous deux alignés
devant l'autel de pierre.

« Tsss ! Vous me tapez vraiment sur les nerfs ! Ne me dites pas que vous avez osé oublier jusqu'au nom de cet Être
Vénéré, Saints d'Athéna !

— Ki hi hi, on va les aider à s'en rappeler alors !

— Pallas !

— Cet Être Vénéré est celui qui porte le nom du Vent, ki hi hi hi ! »


Le quatrième Géant, Pallas de la Stupidité venait lui aussi de faire son entrée en scène, se grattant la joue avec une
griffe. Il arrivait depuis le tunnel menant à la caverne, bloquant ainsi le passage aux Saints qui étaient désormais
entourés de part et d'autre.

« C'est impossible ! Ces deux-là devraient être morts !

— Vous pensiez nous abattre avec des attaques aussi faibles ? Vous vous foutez de qui ? rétorqua Agrios en fronçant
les sourcils pour exprimer sa colère.

— N'étaient-ce que des illusions ? Nous auraient-ils fait voir des chimères afin de nous faire croire à de fausses
victoires ? Mais pourtant..., dit Shun.

— Qu'est-ce que les Saints sont naïfs. Vous pensiez vos victoires acquises sans même prendre la peine d'aller vérifier
de plus près les cadavres. Phlegra s'étend sur tout l'Etna, prodiguant sa protection à ceux parés d'Adamas et aspirant
petit à petit les forces des autres.

— Telle est la protection que nous offre cet Être Vénéré ! cria Encélade avant de commencer à prier son dieu, tourné
vers l'autel.

— Venez à nous, ô notre dieu ! continua-t-il de cette voix guerrière qui secouait le temple souterrain.

— Celui qui est né de Gaia et du Tartare, le plus jeune descendant de la lignée des Géants ! Celui qui est le père de
tous les vents déchaînés ! Le géniteur de tous les monstres maléfiques ! Notre très estimé frère cadet ! L'être aux
cents têtes de serpents muni de langues noires ! Celui dont les yeux vomissent des flammes ! Le temps est venu de
prononcer Votre véritable Nom ! »

Le Haut Prêtre ne cessait de démultiplier les surnoms et épithètes, chantant un aria à la gloire de celui qu'il vénérait. Il
brandissait son bâton orné de sculptures maléfiques dans un état de transe extatique, qui n'était pas sans rappeler
celui des prêtresses de Bacchus. Il menait un rituel.

Mei émit soudain un hurlement rauque.

Sa peau d'humain se brisa et fut peu à peu retirée en lambeaux. Des frissons parcoururent les échines de Shun et de
Hyōga, qui assistaient abasourdis à cette étrange scène. La couleur des ténèbres vint remplacer la teinte d'argent des
cheveux de Mei, se répandant de la racine des cheveux jusqu'à leur extrémité.

Un ogre. Un ogre affamé était en train de rugir. Il se mit à lécher ses doigts encore empreints du sang frais de Seiya,
puis vola la gorge et la langue de Mei afin de prononcer son véritable nom.

« Mon Nom est Typhon. »

Chapitre 4.5
Cette voix ténébreuse semblait issue des abysses de la terre. C'était l'être dont les yeux vomissaient des flammes, à
cent têtes de serpent aux langues noires, le géniteur de toutes les créatures maléfiques, le père de tous les vents
déchaînés.

« Mon Nom est Typhon. »

C'était le dernier être de la lignée des Géants, né de l'union de Gaia et du Tartare.

« L'être immense sans égal qui dissimule les étoiles et les nuages, celui qui régnera sur ce monde, celui qui va abattre
les Saints, celui qui va tuer Athéna... notre très estimé frère cadet.

— Je suis...

— La Volonté qui guide les Géants, répondit Encélade.

— Je suis...

— L'Etre que nous vénérons, notre Dieu », dit Encélade en s'adressant à Mei, ou plutôt à celui qui aurait du être Mei,
tout en continuant cet aria à la gloire de son dieu.

Les quatre Géants étaient prosternés devant Mei tandis que l'intérieur de la caverne était inondé de lumière. Shun et
Hyōga commençaient à avoir du mal à observer la scène.

« Mes yeux sont si douloureux et j'ai... peur..., dit Shun en gémissant.

— Ne laisse pas cette peur de dévorer, Shun ! dit Hyōga.

— Hyōga...

— Ne crains pas ce dieu maléfique. Il ne faut pas le regarder avec peur.

— Ce dieu... qui est pourtant Mei...

— De notre côté, nous sommes protégés par Athéna et par les astres. Préserve ton Cosmos. Si tu succombes à la peur,
si tu la laisses s'emparer de toi, alors elle dévorera jusqu'à ton égo. »
La peur, la véritable essence des dieux. Originellement, les dieux sont nés de la peur. Des gens vénérant la Peur
offraient des sacrifices à des divinités afin d'apaiser leur terreur. C'était une Volonté Divine dans sa forme la plus
archaïque, brute, qui avait investi le corps de Mei pour en faire sa marionnette.

« Mon Nom est Typhon.

— Oui, lui répondit Encélade.

— Mais quelle est la raison de ma présence dans une chair aussi frêle et hideuse ? Qu'est devenu mon corps
étincelant ? Qui l'a dissimulé ?

Le dieu grogna, émettant une vague de Terreur. Shun et Hyōga eurent l'impression que leurs cœurs étaient broyés par
cette peur. Les Géants, pourtant proches de Typhon, ne furent pas effrayés, bien que leurs corps tremblèrent sous le
choc.

« Mon très estimé frère, laissez-moi vous aider à vous remémorer la Gigantomachie d'autrefois, en dépit de la crainte
que je ressens à vous en faire part. Sachez que votre corps étincelant fut entièrement détruit par Athéna, et qu'ensuite
le sol rocheux de cette île devint la voûte de la prison dans laquelle vous futes scellé », expliqua Encélade, qui évitait
soigneusement de prononcer le nom de son dieu.

C'est en effet ainsi qu'étaient vénérés les dieux archaïques. Les gens pensaient alors que poser directement son regard
sur la véritable forme d'un dieu suffisait à crever leurs yeux, et dans une logique semblable, ils croyaient aussi
qu'invoquer le nom d'un dieu leur vaudrait d'avoir aussitôt la langue arrachée, les privant à jamais de la parole.

« Très bien, je comprends, répondit Typhon, qui utilisait le corps de Mei comme son avatar et dont la colère s'apaisait.

— Oui, conclut Encélade.

— Et donc, où se trouve mon corps étincelant ? » reprit Typhon.

Encélade, surpris, en resta sans voix.

— Mes chers aînés, où avez-vous donc dissimulé le corps étincelant de votre frère cadet ? » redemanda Typhon.

Le dieu envoya une nouvelle onde de choc qui retentit en un claquement sec et rompit le bâton sculpté d'Encélade.

Cette discussion était devenue incohérente, les paroles de Typhon ne suivant aucune logique. Il se contentait de vomir
autour de lui sa Colère, n'écoutant que sa propre personne, comme le ferait une tornade errant de ci de là.
Cependant, ces Géants pourtant pleins d'orgueil ne semblaient pas prendre offense du comportement de leur dieu.
Pour eux, Typhon était une incarnation de la Terreur, et il convenait donc d'apaiser le dieu pour atténuer la peur qu'il
inspirait. Encélade répondit en tenant le manche brisé de son bâton d'une main tremblante.
« En dépit de la crainte que je ressens, sachez que celui qui a choisi cet hôte temporaire pour le manipuler tel une
marionnette afin de nous libérer des entrailles de la terre, n'est autre que vous, ô mon frère cadet. C'est votre Volonté
qui s'en est servi pour sauver les Géants. Mais il est certain qu'un corps aussi misérable n'est guère satisfaisant.

— Très bien, je comprends. »

Mei, désormais Typhon, baissa la tête afin d'inspecter son corps nu.

« Haut Prêtre.

— Oui ? »

Typhon lui aussi prit soin de ne pas prononcer les noms des Géants, peut-être à cause d'une croyance archaïque selon
laquelle celui qui aurait son véritable nom prononcé par un dieu se retrouverait avec les oreilles en sang et deviendrait
fou.

« Quelle est cette chair frêle et hideuse ? »

Une fois de plus, Encélade, surpris, ne sut que dire.

« Ce corps n'est pas assez fort. Pas assez... pas assez... pas assez... pas assez... pas assez... pas assez..., ruminait le
dieu avec insistance.

— Je vous avais donné l'ordre de me donner en offrande le sang des Saints, ce mets qui me permettrait de briser le
sceau d'Athéna et de quitter les entrailles de la terre pour remonter vers la surface, continua-t-il.

— Nous vous les avons apportés, répondit Encélade.

— Très bien, je comprends, dit Typhon en posant son regard sur les Saints tandis qu'un tourbillon de sang envahissait
ses yeux maléfiques.

— Voici donc les sacrifices ? » ajouta-t-il.

Shun eu l'impression d'être sur le point de mourir en croisant ce simple regard, tandis que sa chaîne nébulaire,
réagissant à la peur inspirée par le dieu, se tendit autant que la corde d'un instrument de musique tout en émettant un
hurlement strident.

« Je pensais qu'ils nous attiraient seulement dans un piège, mais maintenant ils parlent de sacrifice ? » dit Shun tandis
que Hyōga restait les lèvres pincées, attentif aux événements qui se déroulaient.

« Alors ce serait en réalité pour obtenir le sang des Saints que les Géants ont enlevé Yulij ? Ils voulaient juste nous
attirer dans l'Etna ? Mais... pourquoi Mei ? » termina Shun.

"Et pourquoi du sang ?" aurait-on pu se demander. La raison en était que le sang des Saints est gorgé de ce qui est la
source de toute énergie vitale, le Cosmos, qui parcourt l'intégralité de leur corps via la circulation sanguine. Une Cloth
endommagée au cours d'un combat au delà de ses capacités de régénération est considérée comme morte, et l'unique
moyen de la ramener à la vie est alors de la nourrir d'une importante quantité de sang de Saint. Ceci est une preuve
de la présence physique du Cosmos dans leur sang. Qui plus est, ces réparations sanglantes, presque un rituel
sacrificiel, investissent la Cloth d'une nouvelle vitalité renforcée.

« Certes, l'entraînement que nous subissons pour devenir Saints d'Athéna nous amène à nous éveiller au Cosmos, et
nous possédons effectivement un pouvoir particulier mais...

— Offrez-vous en sacrifice », ordonna Typhon en fixant Shun et Hyōga de son maléfique regard de flammes.

Typhon, autrefois Mei, se rapprocha lentement des Saints.

« Quelle pression ! Ce Cosmos rivalise avec celui d'Athéna et est bien celui d'un dieu, s'étonna Shun.

— Oui, mais d'une nature bien différente de celui de notre déesse.


— Hyōga...

— Shun.... il se pourrait bien que l'on meure ici, dit Hyōga, en position de combat, avec la gorge sèche et l'air
déterminé de quelqu'un résolu à se battre avant de mourir.

— Offrez vous en sacrifice », répéta encore une fois Typhon, comme si il venait d'oublier ce qu'il avait déjà dit.

Il s'avança, pénétrant sans peine le rideau de métal de l'Andromeda Nebula et le mur d'air froid que Shun et Hyōga
avaient pourtant dressés pour se défendre.

Typhon, autrefois Mei, fondit soudain sur eux, mains en pointes, prêt à les transpercer simultanément à la gorge.

« Je te somme d'arrêter ! » déclama une voix autoritaire.

La silhouette d'une jeune femme en lévitation apparut , descendant en flottant vers les profondeurs de l'Etna après
avoir ouvert une faille dans la voûte de la caverne. Dans sa main se trouvait Niké, la déesse de la Victoire, matérialisée
sous la forme d'un sceptre d'or. Typhon émit un grognement de surprise et resta scruter d'un œil perçant cette
nouvelle venue.

« Dernier fils de la lignée des Géants, père de tous les vents mauvais, je ne te permettrai pas de blesser mes Saints.

— La vierge aux couleurs de cendres, lui répondit Typhon, utilisant lui aussi un surnom envers la déesse qu'il haïssait
tant.

— Typhon.

— Athéna. »

Leurs paroles semblèrent exploser l'une contre l'autre, comme si ils venaient de prononcer des incantations magiques.
Les deux dieux majeurs qui se faisaient face furent en l'espace d'un instant enveloppés de halos lumineux. Une énergie
pareille à celle dégagée par la collision de deux galaxies fût relâchée dans une lumière aveuglante. Leurs Volontés
Divines s'étaient entrechoquées dans cette caverne alors que les deux dieux avaient abandonné leurs six premiers
sens, ne gardant que le Septième Sens, résumant leurs êtres au Cosmos.
« Mademoiselle Saori ! cria Shun.

— Shun, Hyōga, êtes-vous sains et saufs ? » leur demanda Saori Kido, qui se tenait calmement au sein de ce halo en
tant qu'Athéna.

Elle s'agenouilla auprès de Seiya, étendu par terre et blessé, puis passa sa main au dessus de lui pour le guérir.
Comme par miracle, l'hémorragie de Seiya s'arrêta.

« Ouf, dit-elle en poussant un soupir de soulagement après s'être assurée qu'il respirait encore.

— C'est pas possible ! Elle se serait directement téléportée du Sanctuaire jusqu'ici ? » dit Encélade d'une voix
tremblante.

Les Géants avaient eux aussi été ébranlés par le choc des Volontés Divines qui les avait frappés de plein fouet.

« Comment ? Que dis-tu ? Ça ne se peut pas ! L'Etna est protégé par Phlegra, la zone de protection qu'Il a érigée pour
nous ! cria Agrios.

— Il a raison... quel que soit le nombre de personnes ou leurs capacités à traverser les dimensions, nul être dépourvu
d'une Adamas ne devrait pouvoir atteindre aussi facilement ce temple souterrain, continua Thoas tout aussi affolé.

— Oui, si notre adversaire était un de ces Saints.

— Encélade ?

— Vous avez oublié ou quoi ! Même si vous ne voyez là qu'une gamine, il s'agit bel et bien d'Athéna, une déesse d'une
puissance comparable à Celui que nous vénérons ! »

Ces robustes Géants se sentaient écrasés par la présence d'Athéna, qui n'était pourtant là que sous la forme d'une
simple jeune fille.

« Cette fille m'inspire aussi une certaine Peur, bien que celle-ci soit de nature différente de celle qui émane de l'Être
que nous vénérons. »

Le dieu des Géants, quant à lui, se tenait là dans le corps de Mei, complètement nu, les cheveux intégralement
devenus noir de jais et avec un regard maléfique dans lequel dansaient des flammes.

« Tu as donc créé une brèche dans la zone de protection que j'ai instaurée, dans Phlegra. Je vois, c'est donc bien là la
puissance d'Athéna.
— Typhon... dit Athéna en pointant son sceptre d'or vers lui.

— Pourquoi es-tu venue ici ?

— J'ai senti les ondes de choc créées par ton Cosmos ébranler cette Terre, chevauchant les vents mauvais depuis la
Sicile et traversant la mer jusqu'au Sanctuaire en Grèce.

— Je vois. Tu étais déjà ainsi lors de l'antique Gigantomachie. Dès le commencement, prête à te ruer tête la première
vers la mort, peste que tu es.

— Sors de ce corps. Quitte Mei.

— Je vois. On dirait bien que d'une manière ou d'une autre tu t'es entièrement réincarnée en cette ère. Ce n'est pas
mon cas. Ce corps n'est que ma marionnette. Je suis désavantagé dans ce misérable corps humain.

— Prête attention à ce que je dis.

— Ce corps est vraiment trop frêle », continua Typhon en ignorant totalement Athéna.

Il n'y avait aucune possibilité de dialogue, Typhon se contentant juste d'énumérer à voix haute ce qui lui passait par la
tête. Il s'avança nonchalamment vers l'autel de pierre en continuant d'ignorer Athéna.

« Haut Prêtre.

— Ou... oui ? répondit Encélade en s'agenouillant.

— Où se trouve mon corps étincelant ? Où sont mes sacrifices ?

— Ils se trouvent ici, dit Encélade en montrant Yulij enchaînée, toujours inconsciente.

— Je vois, dit Typhon en s'apprêtant à la tuer.

— Stop !

— Comptes-tu me tuer en me transperçant de ton sceptre d'or ? lança Typhon à Athéna, tout en lui tournant le dos.

— Hein ?

— Ce n'est pas le genre de choses dont Athéna est capable. La Volonté d'Athéna ne le permettrait pas. Bien que je ne
comprenne pas pourquoi, voir ses Saints blessés peine Athéna au plus haut point. Or, ce frêle corps dont j'ai fait mon
hôte, Mei, en fait partie. »

Athéna ne put répondre quoi que ce soit.

« Celui qui est ici est après tout un de tes Saints bien aimés, ou du moins quelque chose comme ça », continua Typhon
en regardant Athéna de profil avec un sourire pervers tandis que celle-ci serrait les dents. Exception faite des cheveux
noir de jais, ce visage était toujours celui de Mei.
— Si tu me transperces, Mei meurt. Si tu hésites, cette fille qui m'est offerte en sacrifice meurt. Dans les deux cas, un
de tes Saints mourra. La Volonté d'Athéna est une chose si ridicule. »

Mei, désormais Typhon, écarta ses bras. Du sang coula, le sang d'un sacrifice offert à Typhon.

« Comment ? cria Hyōga.

— Hein ? » dit Shun, tout aussi surpris.

Ni les deux Saints, ni même Athéna ne purent en croire leurs yeux. Typhon avait mis ses mains en pointes et
transpercé deux torses en y enfonçant ses bras jusqu'aux coudes. Les extrémités de ses avant-bras ressorties dans les
dos des victimes dégoulinaient de sang frais. Deux Adamas étaient brisées.

« Vous.... ?

— Pour... quoi... ? »

Mei, désormais Typhon, avait son corps nu luisant de sang et de gras corporel.

« Insuffisant », dit Typhon.

Chapitre 4.6

Agrios et Thoas, dont les Adamas avaient été brisées, se tenaient encore debout, pris de convulsions. Mei, désormais
Typhon, avait mis ses mains en pointes telles des burins et ensuite perforé l'estomac des deux Géants. Il retira
violemment ses mains de leurs corps en arrachant leurs entrailles avec un bruit sinistre. Les intestins blanchâtres des
Géants étaient en partie sortis de leurs corps. Sous le coup de la pression interne de leurs corps, le reste de leurs
intestins fut alors projeté et leurs boyaux allèrent s'écraser contre le sol. Les deux Géants s'écroulèrent. Le sol
entourant l'autel absorba le sang répandu par terre. Un choc ébranla la caverne, faisant trébucher le Haut Prêtre. Les
pulsations de Phlegra, nourri par l'expansion du Cosmos de Typhon, gagnèrent en vivacité.

« Insuffisant », protesta Typhon d'une voix sortie des entrailles de la Terre.

Encélade se remit debout, presque au garde-à-vous en entendant la voix de son dieu. Il n'était d'ailleurs pas le seul à
s'efforcer de garder une attitude stoïque par respect pour son dieu. Même Agrios et Thoas, qui baignaient dans une
mer formée de leurs propres entrailles, leurs visages déformés par la douleur, faisaient de leur mieux pour surmonter
leur douleur, regardant leur dieu avec le respect qui lui était dû.
« Offrez-vous en sacrifice. La puissance que Je possède actuellement ne m'évitera pas de me faire à nouveau sceller
par Athéna. Offrez-moi tout ce que vous avez. Extirpez-moi des profondeurs de la Terre. Libérez-moi. Sacrifiez-vous »,
ordonna Typhon, qui forçait sa Volonté sur les Géants par la Peur qu'il inspirait.

Agrios et Thoas, qui se savaient condamnés, se soumirent à la Volonté de leur dieu, et enflammèrent leurs Cosmos
dans leurs derniers moments d'agonie.

« Typhon ! » crièrent Thoas, le Coup de Tonnerre, et Agrios, la Force Brute, en rendant leur dernier souffle.

Au moment où ces mots quittèrent leurs bouches, les Cosmos des deux Géants devinrent des flammes qui partirent
envelopper Typhon.

« Haut Prêtre.

— Oui.

— J'ai besoin que mon frère aîné m'offre son corps. Ce frêle corps humain ne pourra supporter les Cosmos déchaînés
de nos frères, il va être détruit de l'intérieur.

— Très bien, répondit Encélade paralysé par la peur.

— Offre-toi en sacrifice », Encélade.

Le Haut Prêtre des Géants devint soudain rigide, comme frappé par la foudre. Sur une simple invocation de son dieu,
Encélade, le Cri de Guerre, était entièrement tombé sous le contrôle de Typhon, et se tenait debout, le regard vide, tel
une simple poupée au masque de démon.

« Athéna, as-tu l'intention de me tuer en me pourfendant de ton sceptre d'or ? Tu n'es pas capable d'une telle chose.
Ridicule déesse. Comment peux-tu éprouver de l'amour envers ce misérable corps humain ?

— Cesse d'aboyer.

— Très bien. »

Athéna fut assez surprise par cette réponse.

« Je n'en ai plus besoin. »

Un violent ouragan naquît, provoquant des frissons sur les peaux fouettées de ceux qui se trouvaient dans la caverne.
L'aura autour de Mei sembla sortir de l'intérieur de son corps fragile en le déchirant. Elle prit la forme de flammes
noires et commença à se séparer de lui.
C'était l'essence même de Typhon, lui le père de tous les vents mauvais dont le nom était l'origine du mot éponyme
désignant les cyclones en de multiples langues, et ce même en japonais.

« Typhon ! »

La Volonté du dieu des Géants marqua un temps d'arrêt alors qu'elle s'apprêtait à se déplacer vers le corps d'Encélade.

« Qui ose prononcer Mon Nom ?

— Moi.

— Comment ? s'indigna le dieu.

— Mei ! » cria Athéna.

Une transformation s'était indubitablement produite chez celui dont Typhon avait fait sa marionnette. Le noir de jais
était en train de finir de disparaître, de pointes jusqu'à la racine des cheveux, révélant à nouveau leur couleur
argentée. Les tourbillons de flammes qui habitaient ses yeux s'étaient évanouis et c'était désormais sa propre volonté
qui s'exprimait au travers de ses lèvres au lieu de celle de Typhon.

« Saori...

— Mei ? dit Athéna d'une voix émue qui révélait son cœur humain de jeune fille.

— Fais-le... détruis ce dieu maléfique en transperçant mon corps sur le champ avec ton sceptre d'or, demanda Mei à
Athéna tandis qu'il menait une lutte interne pour garder le contrôle de son corps.

— Mais tu...

— Ce n'est pas le moment d'hésiter ! Il n'y aura pas d'autre chance, fais-le ! Dépêche-toi avant que Typhon ne quitte
pour de bon ce corps ! »

Athéna hésitait toujours.

« Tu es la déesse Athéna de cette ère, non ?

— "La protectrice de ce monde !" », ajouta-t-il, non pas de sa voix douloureuse et faiblissante, mais à travers le
Cosmos émanant du plus profond de lui-même.

Typhon tel qu'il est représenté sur une jarre antique

« Je vois. Le début de mon transfert vers le corps de mon frère aîné a affaibli l'emprise que j'ai sur cette marionnette,
ce qui a permis à son âme de refaire surface, dit Typhon.

— Je ne suis pas ta marionnette, Typhon ! Je suis Mei, un Saint d'Athéna !

— Marionnette tu es, simple poupée gémissante manipulée.

— Comment ?
— J'étais scellé depuis longtemps dans les profondeurs de la Terre, mais c'est toi qui est venu te mettre à portée de
ma main. Insignifiant humain. N'es-tu pas celui qui s'est montré devant moi, sans même comprendre ce qui se
passait ?

— La ferme ! »

Mei se tint recroquevillé sur lui-même, les bras croisés en se saisissant les épaules de ses mains maculées de sang,
comme pour empêcher la Volonté de Typhon de s'enfuir. Au sein d'un halo chatoyant, le dieu partiellement libéré jeta
un regard en arrière vers Athéna.

« Alors, vas-tu tenter de me transpercer de ton sceptre d'or ?

— Tu es pareil à un vent destructeur, seulement capable de répandre la peur autour de toi. Une bête maléfique
affamée. Que désires-tu en essayant de renaître en cette ère ? Une âme aussi pervertie que la tienne ne pourra être
satisfaite que par la destruction de ce monde, et même par ta propre annihilation une fois que ce sera fait !!

— Quelle est la place des Géants en ce monde ? Quelle est leur demeure, à eux qui me vénèrent ? dit Typhon,
répondant par une question.

— Pardon ?

— Quel est le lieu où les Géants peuvent vivre paisiblement ? N'a-t-on pour seul choix que cet espace entre Gaia et le
Tartare ? Cette prison abyssale que même la lumière cherche à fuir ? Chienne ! Prostituée qui se prétend protectrice de
la Terre ! »

Au travers de la Volonté de Typhon s'exprimaient aussi de façon chaotique les Cosmos des Géants sacrifiés qui
s'étaient ajoutés au sien. À ce moment-là, une forme en profita pour se rapprocher de Mei et le trancha avec une
griffe.

« Ki hi ! gloussa le Géant.

— Pallas ? » dit Mei en laissant échapper un gémissement de douleur.

Pallas de la Stupidité s'était rapproché silencieusement de Mei, tel une ombre, et l'avait cisaillé dans le dos. Du sang
apparut sur cette blessure et commença à couler sur le sol. Le jeune homme chancela, le corps lourd comme un roc.
C'est alors que la totalité de la Volonté de Typhon se mit à briller d'un éclat plus radieux que jamais. Cette Volonté
migra vers le corps subjugué d'Encélade, puis Typhon s'appropria la totalité de l'énergie qui avait jusqu'alors été
accumulée dans Phlegra.

Le dieu, entouré d'un vortex lumineux, changea de forme. Le masque de démon d'Encélade se brisa et tomba en
morceaux épars sur le sol. L'Adamas en forme de vêtement de cérémonie fut détruite, comme si ce n'était que la vieille
peau d'un serpent qui mue, et ses morceaux tombèrent sur le sol pour devenir de la poussière emportée par le vent
tourbillonnant. En contrepartie, la peau du Géant qui se déchirait révéla l'éclat d'une nouvelle Adamas cachée
provenant de l'intérieur de son corps.
Onyx

Cet éclat était celui d'un Onyx sombre comme les ténèbres. Ce corps était désormais puissant, et noire était sa langue.
Son œil droit était imprimé d'un ardent blason de flammes. Le dieu des Géants vêtu d'un vent destructeur venait enfin
d'apparaître après s'être nourri de tant de sacrifices.

« Athéna », dit ce dieu à la forme complètement asymétrique.

Le côté droit de son corps était constitué d'une infinité de flammes, tandis que le gauche était parcouru par un vent
sauvage. Son côté droit et son côté gauche semblaient séparés verticalement par une ligne car tout était différent, que
ce soient la couleur de la peau, de ses yeux, de ses cheveux, ou bien encore la forme de l'Adamas qui semblait faire
partie de lui.

« Athéna, toi et tes Saints menez toujours de violents combats en revendiquant protéger la paix et l'amour sur Terre.
N'y a-t-il pas là une certaine contradiction ? »

Typhon était réellement beau, et il ne s'agissait pas que de son apparence, mais aussi de sa voix. Des flammes
jaillissaient de l'iris de son œil droit, décorant le contour de son œil à la manière d'un sourcil. Le côté droit de son corps
était parcouru d'éclairs bleus et blancs sortant par intermittence des pores de sa peau.

« Athéna, tu justifies les batailles que tu mènes en brandissant l'étendard de la Justice, faisant même une véritable
propagande en les appelant "Guerres Saintes".

— Tais-toi ! Et pour vous autres Géants, quel est donc cette conception de la Justice qui diffère tant de celle d'Athéna ?

— Tu te trompes. Ce n'est pas le point sur lequel repose ce combat.

— Comment ?

— Le pire des crimes serait plutôt le fait d'oublier ses pêchés en espérant que ceux-ci soient ensevelis par le temps
passé. Athéna, as-tu oublié la raison même de cette guerre ? Ce combat entre toi et Moi, cette lutte opposant les
Géants aux humains. Si tu ne t'en souviens pas, je vais t'aider à t'en rappeler. Ceci n'est pas une Guerre Sainte.

— Que veux-tu dire ?

— C'est une Gigantomachie. »

Les mots de Typhon frappèrent Athéna comme si ils étaient devenus foudre, stimulant les souvenirs de la déesse.

« Quelle est la véritable Justice ? Quels sont les idéaux les plus justes ? Et au fond, qu'est-ce que la Justice ? Et qu'en
est-il de l'amour ? Qu'est-ce qui constitue la véritable paix ? Ah, quel ennui. Quelle rhétorique inutile. Cessons donc
cette joute verbale. Écoute. Depuis le début, ceci n'est qu'un combat primitif. Une lutte naturelle pour la survie que nul
ne peut stopper », annonça le dieu des Géants.

Seiya était étendu par terre, Shun et Hyōga impuissants et Yulij enchaînée. Les Saints d'Athéna n'étaient pendant ce
temps que des spectateurs impuissants.

« Le moment est venu pour Moi de quitter ce lieu. J'ai encore besoin de temps avant de m'adapter à ce nouveau corps.

— Typhon ! cria Athéna.

— Et toi Mei, frêle marionnette, sache que tu m'appartiens. »


Fanart de Typhon par AbottleYang

Typhon écarta ses bras comme, prêt à les abattre sur Mei, qui gisait là, incapable de bouger après avoir reçu une si
profonde entaille des griffes de Pallas.

« Je vais te dévorer ici-même !

— Mei ! »

Typhon abattit ses bras vers Mei tels deux pointes constituées de flammes et de vent furieux. Mais à cet instant-même,
Athéna lança son sceptre d'or, qui vint s'interposer devant les poings du dieu, le forçant à s'arrêter. Les deux Cosmos
divins entrèrent en collision au dessus de la tête de Mei.

Soudain quelque chose apparut.

Typhon et Athéna observèrent tous deux avec attention ce nouvel élément. Les énergies du choc s'étaient quant à elles
annulées l'une l'autre en une explosion destructrice qui continuait encore à tourbillonner autour d'eux.

« C'est... une Pandora Box ? »

Au centre de ce tourbillon se tenait Mei, protégé par une boîte close sacrée ornée d'étoiles de la voûte céleste. Typhon
sembla se souvenir de quelque chose. Cette boîte n'était ni d'or, ni d'argent, ni de bronze. Elle était complètement
noire.

« Cette Cloth est.. » commença Typhon.

Le relief gravé sur la boîte devait effectivement faire partie des constellations, bien qu'il aurait été difficile d'identifier
laquelle.

« Je te l'ai déjà dit, Typhon ! cria Mei qui venait de retrouver sa voix, toujours par terre.

— Vermine.

— Je ne suis pas ta marionnette. Je suis... l'un des Saints d'Athéna ! »


Fanart de Mei par RGXD0

La boîte s'ouvrit, révélant un éclat. Ou plutôt, on aurait dit qu'au contraire elle aspirait vers elle la lumière. La lumière
prit forme, et révéla la forme d'une chevelure de femme vue de dos. Cette longue chevelure courbée était parcourue
par un scintillement comparable à celui de la lame nue d'une épée. Le sombre totem se sépara en de multiples
morceaux qui allèrent recouvrir le corps nu de Mei.

Typhon prononça le nom de la constellation correspondant à cette Cloth, se rappelant qu'elle était restée scellée en
compagnie de sa Volonté depuis des temps immémoriaux.

« Misérable ! Tu es le Saint de la Chevelure de Bérénice. »

Mei porta un coup vers la mâchoire de Typhon en criant, profitant de ce moment d'inattention. Le dieu des Géants, les
bras encore bloqués par l'assaut d'Athéna, ne put que se prendre de plein fouet cette attaque qui le projeta en arrière.
Typhon cracha du sang. La mâchoire du puissant Géant était fendue.

« Je... par un Saint d'Athéna... »

Mais cette attaque fut l'ultime coup de Mei, qui perdit connaissance en tombant en avant, ayant épuisé tout ce qui lui
restait de Cosmos.

« Je n'ai dons pas encore récupéré la totalité de ma puissance », grogna Typhon en se touchant le menton de sa main
droite, l'air contrarié.

Il frappa soudain le sol de son poing de flammes, créant une large crevasse dans un bruit sourd. Une immense colonne
de flammes surgit du sol en rugissant et en tourbillonnant à la manière d'une tornade. L'immense caverne fût agitée
par d'importantes secousses accompagnées de grondements, et elle commença à s'effondrer, des rochers entiers
s'abattant sur le sol tels une pluie de météorites. Le pilier de flammes de Typhon poursuivit sa course vers la voûte de
la grotte, traversa le sol de la Sicile et perça finalement la surface de l'île pour atteindre les cieux.

« La guerre qui va se dérouler n'a nul sens à consigner dans l'Histoire », dit Typhon.

Il baigna avec le plus grand calme son corps dans la colonne de flammes et disparut. Du magma bouillonnant jaillit de
la crevasse pour se répandre dans la caverne.
« Athéna, mène ce combat avec l'intention de me tuer, car Moi je me bats pour te tuer. »

L'Etna, qui avait été la clé de voûte de la prison où était scellé Typhon, fût finalement complètement pulvérisé par des
flammes destructrices.

Intermission - Epilogue

Le Sanctuaire, Palais du Pope.

Nicol s'adressa à Seiya, Shun, Hyōga et Kiki, réunis devant lui.

« Il semblerait que les faits concernant Mei dans cette histoire remontent à peu de temps avant le conflit interne
provoqué par la "Rébellion de Saga". Apparemment, Mei aurait reçu de son maître l'ordre de passer le test final
permettant de déterminer si il était ou non qualifié pour devenir un Saint.

— Mais alors, ça signifierait qu'au moment où nous sommes devenus des Saints, Mei avait lui aussi atteint l'étape
finale de son entraînement ! intervint vivement Seiya, en dépit de la blessure encore douloureuse dans son dos.

— Mei nous avait pourtant dit que comme son maître avait péri lors de la "Rébellion de Saga", il lui avait été impossible
de passer les épreuves lui permettant d'être reconnu en tant que Saint, continua Shun.

— Qu'est-ce que tout cela signifie au juste ? demanda Seiya.

— Il semblerait que Mei n'ait commencé à travailler en tant qu'espion au service du Sanctuaire qu'après la fin de la
"Rébellion de Saga". À ce moment-là, il ne devint qu'un simple soldat anonyme, et j'ignorais donc moi-même tout des
faits le concernant personnellement. En tant que coordinateur des opérations secrètes, ce n'est qu'à l'occasion du réveil
de l'activité volcanique de l'Etna que j'ai été amené à le contacter en Sicile. Je n'ai donc eu que récemment vent de son
existence.

— Et quelle était cette épreuve finale ? continua le Cygne.

— Il devait récupérer lui-même la preuve montrant que l'on est un Saint.

— Autrement dit, une Cloth ?

— En effet cette Cloth était ornée d'un sceau d'Athéna, enfermée dans le temple souterrain de l'Etna avec les Géants.

— Et je suppose que cela remonte aux temps immémoriaux de la Gigantomachie ?

— Probablement, répondit Nicol.

— Et donc cette Cloth de je-ne-sais-plus-quelle-constellation a depuis toujours été manquante ? demanda Seiya.

— Si l'on se fie aux chroniques du Sanctuaire, ce serait le cas. ainsi que vous le savez, très peu de gens sont
autorisés à consulter ces compilations de manuscrits. En dehors d'Athéna et du Pope, il n'y a guère que l'évêque et les
diacres qui le peuvent.

— Actuellement, vous Nicol et..., dit Shun.

— Moi et Yulij », lui répondit Nicol.

Celle-ci avait été secourue par Athéna en même temps que le groupe de Seiya et était actuellement soignée dans une
unité de soins intensifs de la clinique Graad. Elle souffrait de fractures aux crâne mais, peut être grâce à sa
constellation protectrice, avait malgré tout survécu.

« J'ignorais qu'une telle Cloth existait... Mais comment le maître de Mei savait-il ça ? Il était au courant qu'un temple
souterrain contenant cette Cloth scellée existait dans les profondeurs de l'Etna ? demanda Seiya.

— Le maître de Mei..., commença Nicol avant de marquer un temps d'hésitation.

— C'était l'un de ces Saints rebelles qui se sont rangés du côté de Saga en pleine connaissance de cause avec
l'intention de se mettre en travers du chemin d'Athéna, continua-t-il.

— Comment !

— Maintenant que lui et Saga sont morts, on ne pourra jamais complètement faire la lumière sur les tenants et les
aboutissants de cette histoire, mais il est probable que le maître de Mei ait formé son disciple avec l'intention d'en faire
un allié supplémentaire contre Athéna.

— Je vois ! Si Saga, qui se faisait alors passer pour le Pope, était en relation avec le maître de Mei, il semble probable
qu'il ait fait part du secret de cette Cloth scellée à son allié, ça tient debout !

— Ces Géants étaient enfermés là bas depuis les temps de la Gigantomachie, scellés par le sceau d'Athéna, leurs
esprits protégeant ce temple souterrain. S'y rendre devait être extrêmement dangereux...

— Pourquoi envoyer son disciple dans un endroit pareil ?

— Il devait penser que la puissance de cette Cloth scellée valait la peine de courir certains risques. Et de son côté,
Saga s'attendait à devoir affronter Athéna. En dépit de l'attitude fière que Saga affichait, je suppose qu'au fond de lui-
même il devait être effrayé à cette idée. Il devait vouloir réunir de son côté autant de "puissance" que possible, soif
encore plus exacerbée par son côté mauvais. C'est sans doute ce qui l'a conduit à violer un secret interdit du
Sanctuaire en envoyant quelqu'un dans ce temple souterrain afin de briser le sceau présent sur cette Cloth.

— Mei était-il au courant de tout cela ?

— Non, de toute évidence Mei ignorait les intentions de son maître et sa relation avec Saga. Pour lui, il ne s'agissait
probablement que de la véritable épreuve finale avant de devenir Saint. C'est une fois le temple souterrain atteint que
Mei a dû être capturé par la Volonté de Typhon qui lui a alors infligé un lavage de cerveau partiel afin d'en faire sa
marionnette. Après, ce n'est que pure spéculation, mais je pense que Typhon a du manipuler Mei de manière à
ramener les Géants en ce monde. Ensuite il a probablement guetté le moment qui serait le plus propice à sa
résurrection. L'Oreste masqué qui nous a attaqués Shun et moi dans le théâtre en plein air de l'Acropole devait être
Mei. À mon avis, c'est aussi lui s'est tout de suite après introduit avec les Géants dans le Sanctuaire pour y enlever
Yulij.

— C'était...

— C'était Mei ? »

Seiya et Shun se rappelèrent de la silhouette de cet ennemi qui était apparu accompagné d'une odeur animale.

« Personne n'aurait pensé que Typhon pourrait utiliser le sang des Saints et le Cosmos accumulé dans sa zone de
protection afin de créer une puissance suffisante pour détruire le sceau d'Athéna, dit Nicol.

— Quelle est exactement la nature de cette Cloth, demanda Hyōga qui était jusque là resté silencieux.
— Hum...

— Évêque, je vous ai entendu dire que cette Cloth noire avait quelque chose de spécial.

— C'est une chose que la déesse Athéna vous expliquera elle-même, répondit-il.

— Mais on a pas vraiment de temps à perdre en discussions, il faut agir maintenant ! dit Seiya en haussant la voix.

— Ça fait déjà plus de dix jours que Typhon s'est éclipsé... et l'éruption de l'Etna a été si puissante que la montagne a
carrément été pulvérisée ! On a d'ailleurs pu s'en échapper que grâce à Athéna.

— Une personne blessée ne devrait pas s'exciter autant, Seiya, lui dit Shun.

— Mais...

— Seigneur Nicol, l'évacuation préventive de la population sicilienne et les patrouilles menées par l'armée ont permis
de minimiser les pertes humaines, mais... regardez dans quel état se trouve le monde ! Le nuage de cendres
volcanique a atteint la stratosphère et s'est étendu jusqu'en Grèce, porté par le vent, plaida Shun.

— Shun.

— Des dizaines de milliers, voire même des centaines de milliers de gens vivent désormais dans la peur. Et cet
immense désastre est dû à un dieu maléfique, à ce Typhon. Qui sait ce qu'il compte encore faire à la Terre ?

— Je sais. Mais pour l'instant discuter de la situation est tout ce que je peux faire, les informa Nicol en prenant un air
grave.

— La guerre qui débute désormais contre les Géants est différente des batailles que vous avez déjà mené. Elle a une
toute autre signification, continua-t-il.

— Hein ?

— Pour commencer, que sont exactement les Géants ? Ces derniers jours j'ai passé tout mon temps à étudier d'anciens
écrits pour trouver une réponse.

— Et donc ?

— À ce que j'en ai lu au sujet de la Gigantomachie, bien avant que les Géants ne soient emprisonnés dans les
profondeurs de la Terre, Athéna régnait sur la Terre, Poséidon sur les océans, Hadès sur les Enfers et Zeus sur les
cieux. De fait, le monde entier était sous l'égide des dieux Olympiens.

— Poséidon et Hadès en sont venus à convoiter la Terre et ont dans ce but mené de nombreuses guerres contre
Athéna. À chaque fois nous autres Saints avons mené des Guerres Saintes afin de protéger l'amour et la paix sur Terre
et repousser la convoitise de dieux maléfiques.

— Un de ces Géants m'avait posé des questions sur ce sujet là, intervint Shun.

— Je vois, et que t'a-t-il demandé, Shun ?

— Il voulait savoir ce que nous autres Saints d'Athéna prétendions vraiment protéger.
— Et que lui as-tu répondu ?

— Les innocents, l'humanité.

— Voilà, l'humanité.

— Un instant ! Mais alors vous voulez dire que les Géants... »

Shun venait de comprendre que ses paroles avaient pu être mal interprétées par Thoas.

« Ne sont pas du tout des êtres humains.

— Quoi ! s'exclamèrent ensemble Shun, Seiya et Hyōga, surpris.

— Il fut un temps dans l'histoire de la Terre où une autre espèce se rendit maître du feu et dévora aussi le fruit de la
sagesse, tout comme les humains. Ces êtres étaient cependant bien plus grands et puissants, et eux aussi avaient des
dieux qu'ils vénéraient. »

Nicol avait pris le ton d'un professeur d'histoire tenant une conférence.

« Et ces êtres étaient donc les Géants ?

— Les Humains et les Géants sont des espèces incompatibles, des ennemis naturels qui ne peuvent coexister. Une
preuve n'en est-elle pas les mythes et contes dans lesquels les Géants sont dépeints comme des êtres malveillants
mangeurs d'hommes ?

— Un combat primitif...

— Oui, c'est ce qui est connu sous le nom de "lutte pour la vie" (NDT: Charles Darwin), le combat entre deux espèces
pour déterminer laquelle survivra.

— Personne ne peut stopper ça ? demanda Shun.

— C'est pourquoi cela n'est pas une Guerre Sainte, insista Nicol.

— Ce qui débute maintenant est "une guerre qui n'a nul sens à consigner dans l'Histoire". En termes simples, ce n'est
rien d'autre qu'un massacre entre espèces où la plus faible se fera exterminer. Les idéaux ou conceptions de justice
n'ont aucun sens dans ce combat », continua l'évêque.

Un lourd silence pesa dans le Palais du Pope tandis que les Saints acceptaient ces explications.

« Et qu'en est-il de Mei ? » demanda tranquillement Hyōga en rompant le silence.

Nicol se tourna vers le fond de la salle du trône, portant son regard vers les rideaux écarlates au delà desquels se
trouvait la résidence sacrée d'Athéna.

« Il est avec Athéna », répondit doucement Nicol.

FIN DU PREMIER VOLUME.

SUITE ET FIN DANS LE LIVRE 2.

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