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Sujet : Evolution des partis politiques sous la Vème République

Système partisan : une sempiternelle mutation


 
 
« Le système des partis a connu d’importantes évolutions en quarante ans, tant
qualitatives que quantitatives. (Il est) un écosystème, capable de générer ses
propres modes de recyclage et d’absorber de nouveaux éléments et de nouveaux
paramètres. » A travers cette métaphore, Eric Perraudeau insiste sur l’instabilité et la
capacité à se remodeler du système partisan français sous la Vème République.
Cette dernière, fondée en 1958 dans le but d’arrêter le régime des partis c’est-à-dire,
empêcher que les partis aient la main mise sur les institutions, la République, l’Etat.
Là, se trouve le premier changement du système des partis. Pour « libérer
l’exécutif », l’élection au suffrage universel direct ainsi que le scrutin majoritaire à
deux tours ont été mis en place. Ainsi, le président de la République n’est plus guidé
par les partis, n’appartient plus à un parti, il est le président du peuple.
De façon paradoxale, la Constitution reconnaît l’existence des partis alors même
qu’elle a été écrite pour échapper à leur emprise. Cette nouvelle reconnaissance a
cependant été un moyen de limiter leur champ d’action. Le système de partis, c’est-
à-dire les relations et interactions entre les partis, est donc plongé dans une crise
depuis l’adoption de la nouvelle constitution.
Le système partisan français peut-il être défini comme instable ? Quelles ont été les
principales évolutions de celui-ci ? Comment s’organise le système de partis actuel ?

Le système partisan en constante mutation

Pour qu’il y ait relation et interaction, il est nécessaire de disposer de deux partis
minimum. Lors de la IVème République, et, début de la Vème, on assiste à du
multipartisme. Depuis, à partir de 1962 et du gouvernement Debré, le système de
partis français s’est largement bipolarisé. On assiste d’ailleurs à un clivage droite
gauche, base du système partisan. A l’époque les deux principaux partis sont l’UNR
(Union pour la nouvelle République) et l’UDT (Union démocratique du travail). Ces
deux formations sont ainsi les formations de la majorité. Jusqu’en 1974, le système
partisan français fonctionnera autour de ces deux partis, strictement séparés et qui
ont pour but de soutenir le gouvernement.
Mais à l’intérieur même de ce clivage, les partis ont sans cesse modifié des
paramètres : « l’archipel politique français ressemble à un paysage volcanique : les
mutations de forme, de couleur, de relief y sont permanentes », explique Yves Meny.
Ainsi, tout au long de la Vème République, les formations politiques ont modifié leurs
noms. C’est le cas des gaullistes, des centristes et des socialistes. Encore
aujourd’hui, le parti de droit l’UMP se fait désormais appelé Les Républicains et
Marine Le Pen évoque parfois le changement de nom du Front national.
Le clivage gauche droite a également dû composer avec la naissance d’une « force
centripète ». Des formations politiques dites « centre gauche » ou « centre droite »
sont apparues et ont de nouveau modifié le paysage politique et partisan.
D’un système bipolaire, on commence à assister à un quadrille bipolaire. Il n’y a donc
plus deux partis mais quatre. Le PC (parti communiste), le PS (parti socialiste), l’UDF
(union pour la démocratie française) et le RPR (rassemblement pour la République)
forment ce quadrille bipolaire à partir de 1978. « Un quadrille presque parfait » qui se
représente aux élections présidentielles de 1981 et qui constitue un système de
partis simples et nouveau.

Un quadrille bipolaire toujours d’actualité ?

« La France vit avec un système de partis qu’elle semble avoir du mal à assumer et
qui est perpétuellement remis en cause. »
Le nom de « parti » a souvent été rejeté pour laisser place à des « rassemblement »
comme le RPR, « union » comme l’UDF, « fronts » comme le FN, « forces » comme
Force démocrate, « mouvements » comme le MPF. Vers la fin des années 90, de
nouvelles formations politiques comme le Front national ou encore les écologistes
apparaissent. Preuve que les formations politiques déjà implantées ont du mal à
répondre aux attentes des Français. C’est sans doute à cause de ce manque de
satisfaction que les formations politiques apparaissent de plus en plus nombreuses.
Cette multiplication des partis rappelle le multipartisme qui existait en 1958.
Mais finalement, aujourd’hui, en 2017, on s’aperçoit que le quadrille bipolaire existe
toujours.
En effet, lors de la dernière élection présidentielle, quatre candidats étaient au coude
à coude dans les intentions de vote : Emmanuel Macron (centre social-libéral et
européen), Marine Le Pen (droite nationale et populiste), François Fillon (droite
conservatrice et à l’économie libérale) et Jean-Luc Mélenchon (gauche antilibérale et
antieuropéenne). Cette « bande des quatre » peut facilement faire référence à ce
quadrille bipolaire évoqué dans les années 80 par certains politologues comme
Maurice Duverger. La seule différence, c’est que le quadrille bipolaire de 1980
laissait place à un clivage droite/gauche bien implanté. Mais la présidentielle 2017
dépasse ce clivage traditionnel puisque seules les politiques de Jean-Luc Mélenchon
et François Fillon font référence aux bases de la gauche et de la droite même si
Jean-Luc Mélenchon est plus extrême, le PC est implanté dans la paysage politique
depuis longtemps. Marine Le Pen et Emmanuel Macron eux, dépassent totalement
ce clivage traditionnel. Dans cette campagne, les candidatures individuelles sont bien
plus promues que les partis politiques. L’élection à la tête du pays d’Emmanuel
Macron remet totalement en question le système partisan. Ce dernier devrait entrer
dans une nouvelle mutation bien que les grands partis politiques soient en capacité
de résister. Pour preuve, le gouvernement d’Emmanuel Macron est composé des
ministres appartement à la fois à une gauche réformiste et à une droite modérée.

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