Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Revue de
l'Association pour la Recherche
Cognitive
Rastier François. Problématiques du signe et du texte. In: Intellectica. Revue de l'Association pour la Recherche
Cognitive, n°23, 1996/2. Le sémiotique. pp. 11-52;
doi : https://doi.org/10.3406/intel.1996.1530
https://www.persee.fr/doc/intel_0769-4113_1996_num_23_2_1530
Résumé
II convient de situer et dépasser la conception générale du sémiotique développée par le
cognitivisme classique, qui se définit comme un paradigme symbolique. Dans un premier
mouvement, notre propos consistera à donner sur les sciences cognitives un point de vue informé
par la sémiotique. Comment caractériser la conception "spontanée" du sémiotique dans les
recherches cognitives ?
Dans un second temps, nous considérerons le problème de l'interprétation comme déterminant
pour la compréhension des formations sémiotiques. Que peut apporter la sémiotique (comme
discipline) à ce propos ? Nous serons conduit notamment à substituer à la problématique logico-
grammaticale du signe la problématique herméneutique et rhétorique du texte. Enfin, à esquisser
une conception du langage différente de celle qui informe de manière implicite la sémiotique
comme les sciences cognitives. Cela pour nous enquérir du rôle de la médiation sémiotique dans
la cognition humaine.
Intellectica, 1996/2, 23, pp. 1 1-52
François RASTIER*
Université
DirecteurdedeParis-Sorbonne,
Recherche (INaLF-CNRS),
1, rue VictorCentre
Cousin,
de 75270
Linguistique
Paris Cédex
Française,
05.
E-mail : lpe2@idf.ext.jussieu.fr
12 François RASTIER
de
celle
1 Nous
transmission
du préférerions,
patrimoine
(cf.sémiotique.
l'auteur,
vu les insuffisances
1995 b), en des
y comprenant
théories dela
la transmission
communication,
culturelle,
parler
par
identité
maximale
du
signification
senshic
lapeut
situation
etànunc
être
aussi
soi.
est
réprésenté
seul
En
(qui
bien
traditionnellement
revanche,
considéré
se
pardéfinit
la
comme
langue
le
par
parun
sens
la
(le
une
présentée
parcours.
pragmatique).
contexte,
suppose
histoirecomme
et
une
c'est
une
Aussi,
contextualisation
tout
culture,
unelealors
relation,
texte)
au-delà
queque
le
la
signification
3détermination,
Cf. l'auteur, sous
1987.
en dernière
la rection
instance,
de ladu problématique
global (le texte)du
sur sens,
le local
en(les
admettant
signes). la
14 François RASTIER
4 La thèse d'un
Hermèneias dans langage
le néoplatonisme
propre à tardif
la pensée
(chezrésulte
Boèce de
notamment).
la réélaboration du Péri
5 La problématique de la représentation des connaissances consiste essentiel¬
lement à de
segments
ambiguïtés
donner
propres
textesune
scientifiques
à l'expression
formalisation
oulinguistique.
techniques
ou du moins: il s'agit
une formulation
notamment de
logique
dissiper
à des
les
Problématiques 15
6 Pourà l'annexe
après une présentation
de cette étude.
élémentaire de cette discipline, on pourra se reporter ci-
16 François RASTIER
(iv) Entendons bien que la question s'est déplacée des sciences aux
"couches de l'Être" et de l'épistémologie à la gnoséologie. Or, il nous
pratique
problématiser
semblerait
distinctions
trois
simplement
en utilisant
mondes.
et simpliste
qui
divers
ontologiques.
de
les
met
Par
décrire
relations
artefacts
en
de
ailleurs,
jeu
fonder
tel
plusieurs
techniques
En
entre
ou
effet,
les
l'objectif
les
tel
distinctions
"niveaux
différentes
toute
"monde",
et sémiotiques.
activité
desdeentre
sciences
"couches
mais
l'Être",
cognitive
sciences
derelevant
de
décrire
n'est
l'Être",
est
sur pas
une
des
et
7 Les théories
douzième
débattaient
Royal.
comme Mais
discipline.
aulac'est
dix-septième
des signes
théorie
à Locke
desne
sacrements,
siècle
que
sontl'on
évidemment
se doit
sont
comme
lamultipliés
première
pas
le chose
fait les
encore
réflexion
nouvelle.
Tractatus
la Logique
sur
Par
de
laexemple,
sémiotique
signis,
de Port-
qui
du
Problématiques 19
dans
part
vingts
transdisciplinaires,
sciences
Leurs
objectif
allons
d'uneleles
difficultés
part
toutefois
déficit
ultime
pour
années
de lel'ingénieur,
herméneutique
déficit
pourraient
les
soixante
rompre
créatrices,
recherches
l'un
sémiotique
la
ont
pour
partant
aujourd'hui
symétrie
leur
voulu
delalasémiotique,
incapacité
des
des
cognitives,
sémiotique.
s'approprier
desciences
sciences
être
ce parallèle,
mises
féconde
dans
cognitives,
deux
sociales,
laen
les
question
parallèle9.
en
àannées
mouvements
atteindre
questionnant
l'autre
etdu
d'autre
quatre-
Nous
sens.
leur
des
avecla leur
l'attesté,
revendication
de
procèdent-elles
s'approprier
sémiotique
par
prétention
lede
des
sens
d'un
modèles
réductions
contemporaine
par
transcendantalisme
à une
décrire
partiels.
régression
méthodologiques
leSans
et
possible,
fondationnelle,
de
doute
commun
l'entreprise
la
elle
faiblesse
croissantes
:s'éloignaient
elles
encognitiviste
descriptive
définissant
ont voulu
et de
la
Bien qu'ils
qu'on
Pottier
théorie
d'ailleurs,
ne
et
des
dule
Coseriu,
latexte
se
scripts
croit
théorie
soient
de: viennent
et
en
Van
narrative
globalement
d'autre
sémantique,
Dijk
dede
part
etGreimas
Greimas.
ignorés,
Kintsch
lalathéorie
théories
(qui
les
reprend
deux
de
développait
des
la également,
courants
catalyse
primitives
la se
théorie
chez
sont
endel'appauvrissant
Hjelmslev)
emprunté
Schank,
des sèmes
etplus
; de
sa
la
20 François RASTIER
II. LA SÉMIOTIQUE ET
COGNITIVISME LE PARADIGME SYMBOLIQUE DU
Le texte que vous lisez est certes fait de traces noires sur du papier,
votre la
mais compréhension
médiation entre
s'accompagne
ces deux ordres
certes
matériels
de décharges
continue
neuronales,
de faire
problème. Le paradigme symbolique des recherches cognitives, et
notamment la théorie du langage de la pensée auront tenté de le
résoudre en utilisant uniquement le concept logique d'interprétation,
et en ignorant son concept herméneutique. L'étude du concept de
symbole va nous permettre de préciser comment.
voyelles
10 Le modèle
et desmarkhovien
consonnes dans
a été Eugène
par exemple
Onéguine.
élaboré pour étudier la succession des
11 Même en
groupent du rafales
point de
(bursts).
vue neurophysiologique, cela est réducteur, car les spikes se
formes
d'Aquin).
13 II ne d'intellectualisme
s'agit pas d'un critère
non-critique
définitoire,
(cf. car
la simplex
ce concept
apprehensio
est utiliséchez
par diverses
Thomas
s'impose
14 Sur le de
signe
lui-même
hilbertien,
par simplex
cf. Piotrowski
apprehensio
(1994,
, cela
pp.a 58-59).
été réaffirmé
Que leparsymbole
Turing
dans
symboles
son étude
(1936, fondatrice
p. 250). Certes,
quand ni
il parle
HilbertdeniY Turing
immediate
n'ont
recognizability
prétendu quedes
la
définition des signes mathématiques puisse être étendue à l'ensemble des signes.
Mais l'objection générale de Ladrière est restée sans réponse : « L'utilisation de la
méthode formelle ne dispense pas la pensée mathématique de maintenir le contact
avec certaines intuitions qui sont antérieures à la formalisation et que celle-ci peut
seulement(cf.
formelle aider
Salanskis,
à clarifier
1991).
» (1957, p. 9). Ce sera la tâche d'une herméneutique
24 François RASTIER
Par principe, on peut opérer sur les symboles logiques sans tenir
compte de leur contenu. D'un point de vue saussurien — pour
Saussure les deux faces du signe sont indissociables —, ce ne sont
donc pas des signes, car leur contenu est dissocié de leur expression ;
et surtout il ne leur est pas propre (il peut relever d'un autre langage
ou d'un autre niveau de la réalité). Aussi Hjelmslev distingue entre
systèmes symboliques et systèmes sémiotiques (1971 a, p. 142). Seuls
les premiers sont définis par une relation terme à terme entre contenu
et expression. Plus précisément, les systèmes symboliques sont
monoplanes : ils sont constitués d'un plan de l'expression, et le plan
du contenu n'est pas configuré par le système. Ainsi, les symboles
sont des grandeurs non sémiotiques interprétables. Les langages
formels ne sont pas des sémiotiques, et la logistique post-russellienne
aurait eu le tort de généraliser leurs propriétés (cf. 1971 a, ibid.).
Rappelons en bref, quitte à revenir un instant à une sémiotique du
signe et à des questions d'école, en quoi les signes linguistiques
diffèrent des symboles :
a) Les signifiants des signes linguistiques sont doublement articulés, non
les symboles. On utilise d'ailleurs souvent comme symboles logiques des
unités de première articulation (lettres)15.
b) Les signes linguistiques ne sont ni des constantes ni des variables.
c) Les symboles sont strictement dénombrés au moment de leur
institution ; les signes d'une langue sont en nombre indéfini16.
d) Les symboles composent strictement leurs significations par des
règles syntaxiques, alors que les signes linguistiques n'obéissent pas au
principe de compositionnalité. Cela est particulièrement clair au palier du
texte. En d'autres termes, le rapport du symbole au calcul est celui de
l'élément à l'ensemble ; celui du signe au texte est celui du local au global.
e) Leur sens peut varier indéfiniment selon les occurrences. Les types de
sens, ou significations, et même leurs règles syntaxiques, diffèrent selon les
pratiques sociales dans lesquelles ils sont mis en œuvre. En revanche, les
Lewis
15 On Carroll
peut aussi
ne s'en
utiliser
prive
despas
unités
dans de
sa seconde
Logique articulation,
sans peine. Mais
comme
alors
desleur
mots,
usage
et
est en fait autonymique.
16 La liste des symboles d'un langage est stipulée initialement. Celle des mots
d'unepermettent
nous langue ne àcesse
tout moment
d'être remaniée,
de créer des
car néologismes
elle dépend de
interprétables.
nonnes variables, qui
Problématiques 25
17 Plus précisément,
vocabulaire ou dans saunstructure,
langage s'interpréter
formel ne peut
lui-même.
pas, sans modification dans son
18 Les arguments et les exemples sont légion : les mots prendre un verre
compteront
s'agit de dans
pour
l'armoire.
un signe si on les fait suivre de dans le bureau, mais trois s'il
26 François RASTIER
Ce qui sépare donc les deux sortes de signes et les deux régimes
herméneutique, c'est le rapport entre expression et contenu, ou pour
simplifier, entre signifiant et signifié. Pour la sémiotique cognitiviste,
ces deux plans sont séparés, comme le syntaxique et le sémantique
(au sens formel du terme) ; ou bien comme le linguistique et le
conceptuel : les signifiés, purement représentationnels, n'appartien¬
nent pas au même ordre de réalité que les signifiants, purement
matériels.
19 II est le
figuration iconique
seul auteur
du signifié.
de ce courant à mentionner Saussure : il reprend sa
Problématiques 27
20 Ils jouent
d'idées, qui représentant
le rôle de ce
desque
idées
lessiMessieurs
simples, qu'ils
de Port-Royal
sont indéfinissables
appelaientetles
servent
mots
à définir tous les autres. L'élémentaire n'a pas à être interprété dès lors que l'on
décrète qu'il donne sens : il est originant. Même conception des indéfinissables
chez Greimas, et des primitives chez Fodor.
28 François RASTIER
forme, et en tant que types, sont l'objet de la computation, alors que dans
leur inscription matérielle, et en tant qu'occurrences, ils font l'objet de
l'implémentation. Il suffît alors de dire que le rapport matière / esprit est
homologue du rapport implémentation / computation, pour avoir
apparemment résolu le problème de leur articulation. Or, le rapport entre
les types et les occurrences est un problème crucial en sémiotique et en
sémantique : il régit par exemple les questions de la polysémie et de la
typicalité, et plus généralement de la catégorisation. Caractériser ce rapport,
qualifier comment les occurrences diffèrent des types, c'est là un objectif
majeur de l'interprétation. Postuler qu'elles ne diffèrent pas, c'est estimer
que l'interprétation va de soi (cf. l'auteur, 1995).
c) Les symboles sont les signes du langage de la pensée, indépendant
des langues. L'originalité des cognitivistes aura été d'affirmer que ce
langage est symbolique, à l'image des langages formels, et qu'il joue pour
l'esprit le rôle du langage-machine pour l'ordinateur. Cette thèse
spéculative est évidemment le moyen pour le rationalisme dogmatique de
contrôler les sciences cognitives. Et comme la Raison n'est que la forme
sécularisée de l'Âme, les animaux se trouvent mystérieusement dépourvus
de langage mental.
Seuls des affirmations ou des arguments d'autorité appuient l'idée que
la pensée est symbolique : « Les représentations mentales sont des
symboles : elles ont à la fois des propriétés formelles et
syntaxiques » (Fodor, 1981 b). Passons sur cette atomisation de la vie
mentale, puisque les symboles sont des entités discrètes, comme sur la
permanence du paradigme représentationnel (cf. Rorty, 1990). Ce qui nous
importe ici c'est que ces symboles ont une syntaxe, mais pas de sémantique
propre. Les contenus mentaux se réduisent à des représentations et à des
croyances, à quoi correspondent respectivement des noyaux
propositionnels et des attitudes propositionnelles. Cette distinction se fonde
en dernière analyse sur l'opposition ontologique entre catégorématiques et
syncatégorématiques. N'ayant pas de sémantique, ils n'ont pas d'interprète
(cf. contra, Edelman, 1992) ; et le problème herméneutique se trouve une
fois de plus éludé.
Cependant se pose le problème du fondement perceptif, et plus
généralement biologique, du niveau symbolique. Si les symboles fondent la
cognition, quelle métalangue les fonde ? Comme un langage formel ne peut
être son propre métalangage, que l'inéluctabilité du cercle herméneutique
est refusée, et que le sémiotique n'est pas considéré comme autonome, le
problème est délégué à un nativisme naïf : nous naissons ainsi équipés.
En raison même de sa simplicité, la sémiotique du symbole est
totalisante. En bref : (i) si le symbole n'a pas de signifié, ou du moins
si son interprétation peut être suspendue, il n'a pas non plus de
signifiant. Du moins, selon Fodor et tant d'autres, le symbole est
amodal, et il est donc indépendant de toute modalité perceptive, (ii) Il
ne connaît pas de variations contextuelles, (iii) Il n'est pas régi par
une textualité, mais par la compositionnalité.
Cette simplicité permet de le placer partout. La définition
purement syntaxique du symbole n'empêche pas, bien au contraire,
Problématiques 29
21 théorie
la II articule
chomskienne
la forme logique
des années
qui estquatre-vingts;
l'interprétationousémantique
encore le format
des phrases
prédicatif
dans
30 François RASTIER
phrases
qui selon
devan
tousDijk
les textes.
et Kintsch aurait permis de coder la signification de toutes les
22 Dan Sperber écrivait, sous le titre Connaître l'acte de connaître : « Il n'y a pas
ramener
peut
cognitive.
comblé
l'objectivisme
disparaîtra
comme
G.
de Cohen-Tannoudji
d'une
Voilà
expliquer
pensée
sortir
sans
explication
»le
à(Le
Le
la
d'autres
du
sans
doute
si
font
Monde,
signification
fossé
l'on
"cercle
non-critique
signification.
aujourd'hui
leétablit
darwinienne
significations,
entre
Graal
en
21
herméneutique",
physique
octobre
les
lade
d'un
que
dimension
sciences
la
Est-ce
des
philosophie
?nous
1993).
discours
(cf.
àLa
auteurs
d'autres
ànaturelles
l'auteur
asignification
alors,
dire
Selon
herméneutique
légué
ouque
comme
cognitive.
contenus,
en
et
nous,
le
lecoll.,
et
effet,
la
contenu
scientisme
les
signification
ce
peut-elle
J.
àsciences
il
fossé
paraître).
des
Si
si,
Stewart
y d'une
l'on
en
aura
sciences
ne
du
d'autres
être
parvient
humaines
paraît
eu
siècle
relève
pensée
enune
"naturalisée"?
"naturelles",
biologie
teltermes,
révolution
dernier.
elle
un
que
sans
aura
jour
aussi
pour
été
les
ou
onIlà
Problématiques 31
Les sémiotiques
science
(ainsi chez
desPeirce).
sciences
universelles
ou à définir
ne tous
tardent
les objets
pas à comme
se développer
des signes
en
23 dictionnaire
sémiotique,
générale
le Jakobson,
des reprenait
différents
dans
de Lalande,
sa conférence
latypes
formule
oude
dans
signes.
aliquid
inaugurale
celuiOn
d'Abbagnano.
stat
la du
pro
trouve
second
aliquo
un peu
congrès
comme
partout,
international
unecomme
description
dans
de
24 Alors qu'il est présent chez Peirce, selon qui un signe "est quelque chose aux
yeux de \î\iq
quelque quelqu'un
(Collected
à la place
Papers,
de quelque
2.228). chose d'autre, sous quelque rapport ou à
32 François RASTIER
25
tunchanon
signification,
(l'exemple
Eco
entend
argumentation
tripartition,
n'est-ce
Autre
choisit
unifier
pas
difficulté
stoïcien
classique
de
mais
laettaire
devient
chose
le
les
pasréfèrent
ces
:; sur
modèles
l'assimilation
est
du
ordes
difficultés,
monde
les
les
Dion
plus
est
noms
Stoïciens
court),
du
un
nonchalantes
la àmieux
état
ou
signe
donner
dude
non
avaient
de
réfèrent
n'en
partagée
choses
autour
un
aux:parler
objet
une
"Comme
trois
(la
ou
du
?théorie
(que
res
pôles"
—contra
plus
triangle
s'accorde
des
par
onprécisément
propositionnelle
(ibid.,
leprétérition,
Eco,
scolastiques)
voit,
sémiotique.
1990,
sur
p.le39).
le
bon
une
c'est
nom
p. sens
avec
36).
action
de
qu'il
de
Son
—
Si
le
la
Problématiques 33
herméneutique
herméneutique
par
C'est
simplement
au
syntaxiques
n'est
(au
calcul
méritoires
un
pas
sémantique
prix
tel
sens
au
des
pas
pourquoi
calcul,
canon
(au
d'immenses
logique
symboles
une
etsens
parce
(au
formelle
passionnants,
herméneutique
notamment
interprétation,
qu'un
propre,
l'on
sens
du
logique
qu'une
et
terme).
ne
approximations,
langage.
logique
des
des
peut
etparce
langue
du
"langues
ce
personne
des
règles
Pire
et
interpréter
du
On
canon
terme).
que
d'autre
langues.
n'est
terme)
encore,
peut
la
grammaticales
naturelles",
n'est
herméneutique
coder
pas
compositionnalité
certes,
part
Dans
;un
ilmais
définie
jamais
ne
texte
il
des
conventionnellement
toute
ne
peut
d'une
signes
peut
malgré
pardonner
parvenu
l'histoire
par
est
le
un
part
être
linguistiques
même
n'appartient
calcul,
définitoire.
des
àce
interprété
lieu
produire
codage
efforts
règles
canon
deàtout
un
et
la
26l'interprétation
àdéfinir
transcodage,
Outrel'interprétation,
quemais
les langues
syntaxique
non une
ou plus
ne
interprétation
sont
: précisément,
par pas
exemple,
des
sémantique.
codes,
il une
limite
compilation
lelatranscodage
question est
de ne
l'interprétation
une
suffit
forme
pasdeà
logique, unique
sémiotique
linguistique
modèle mais
des délibérément
historique
du
cultures,
signe,
et comparée.
dont
ni relativiste,
a le
fortiori
noyau
Elle ne
d'un
elle
épistémologique
peut
débouche
modèle
se satisfaire
unique
surest
d'un
une
de
la
28
machine,
spécialiste
turn-taking
Que gagne-t-on
sinon
du
entre
domaine
àletirer
par
clavier
remarquait
exemple
en arrière
et l'écran
à la
appeler
récemment,
compréhension
ne posait
la commande
pas
avecdeledes
problèmes
sérieux
vocale
dialogues
quidialogue
particuliers.
s'impose,
? Tel éminent
homme-
que le
Problématiques 35
Remarque
héritée
sémiosis,
part,
des
elle
comme
réciproque
textes
ne
elle
de
peut
une
l'inférence
doit
ou
la
dans
et
:relation
être
relation
vulgate
Cela
être
des
ladéfinie
rapportée
autres
tradition
nous
dans
entre
fondamentale
saussurienne,
conduit
par
la
performances
lestructuraliste.
tradition
signifiant
aux
une deux
àrelation
réviser
qui
etintentionnaliste,
notamment
plans
et
unit
sémiotiques,
le
Enfin,
logique
lasignifié
les
du
notion
deux
contenu
le pour
simplement
signifiant
du
faces
de
ou
etsigne.
ce
signe
et
la
non
du
qui
de
présupposition
n'en
signe.
D'autre
plus
l'expression
linguistique
concerne
formulable,
estdéfinie
D'une
pas
part,
la
le
Même si l'on convient que les textes sont tout à la fois l'objet
empirique et l'objet de connaissance de la linguistique, il reste encore
à préciser en quoi la problématique du texte intéresse l'ensemble la
sémiotique, et non seulement la linguistique définie comme
sémiotique des langues.
Le texte n'est qu'une sorte de performance30 sémiotique. Nous
allons préciser pourquoi le primat du texte et des performances
sémiotiques tient au primat de la pratique dans la connaissance.
pratique
production
d'accomplissement,
session
(comme
achèvement
qui serait
de
sociale.
les
interprétable
la
etne
liturgies
pratique
deconstitue
son
Uneinterprétation.
de
performance
(ex.
religieuses
caractère
par
pas
unlui-même,
pour
sermon,
public,
aou
autant
unacadémiques)
un
caractère
sans
pour
rapport
la performance
faire
désigner
achevé,
de
recours
thèse),
a la
une
car
strate
sémiotique
aux
durée
elle
alorssémiotique
conditions
correspond
que
indéfinie.
en
la un
pratique
d'une
de
àobjet
Cet
une
sa
l'herméneutique philologique.
e) Les théories "rhétoriques" issues de l'étude des langues de
spécialité (Swales, Bhatia). Liées pour la plupart à la tradition
anthropologique (Firth, puis Halliday), elles sont soucieuses de
décrire la diversité des textes en fonction des pratiques socialisées, et
ont accumulé des observations précieuses dans des domaines comme
le langage juridique.
32 D'où aussi
méthode, alors que
les qualificatifs
interprétativede
se différentielle
rapporte à sa perspective
et unifiée, épistémologique.
qui caractérisent sa
38 François RASTIER
33 En
et suffisamment
France, les diversifié.
chercheurs Certes,
manquent
la base
encore
Frantext
d'un corpus
de l'Institut
de référence
National
numérisé
de la
Langue Française a l'avantage de recueillir aussi bien des textes littéraires que des
textes techniques et scientifiques (en nombre insuffisant mais croissant). Elle est
la seule, dans le domaine français, à permettre un accès conjoint à ces textes, de
manière à les contraster. Mais ce corpus n'a pas été exploité systématiquement
dans sa variété générique (ce qui ne recoupe pas les études lexicographiques en
cours). Par exemple, les romans et les recueils de nouvelles sont indexés
ensemble ; une classification nouvelle ne serait-elle pas nécessaire ? Dans une
étude
sentiments
thématique
du romansur
diffèrent
les sentiments,
de ceux de nous
l'essai.avons pu ainsi vérifier que les
Problématiques 39
morphosyntaxe,
linguistique
champ
devient
34 Naguère
des
de plus
études
constituées
comme
enles
linguistiques,
plus
théories
une
difficile
en variable
opposition
sémiotiques
àledéfendre.
principe
de àsurface
des
les
d'une
théories
plus
(Greimas).
sémiotique
connues
linguistiques
considèrent
Avec
discursive
l'extension
restreintes
autonome
le niveau
à du
la
linguistiques
élémentaire
érigée en
toute
attestées
sémiotique.
parmi
modèle
(présentée
"de
lesconstitutionnel,
surface",
classes
Pour
dans
lexicales
ma
à Greimas
partir
part,
donc
de
simples.
je
etla
par
Rastier,
considère
structure
définition
1968)
élémentaire
simplement
le plus
comme"profond"
de
unecette
lades
signification,
qui
structures
structure
soit, de
40 François RASTIER
propositionnelle
notamment
propositions,
ne
représenter
garder enfin
lepar
on
texte37.
qu'une
supprime
Van
du texte.
Dijk
proposition,
lesOn
: propositions
après
en dite
connaît
un macroproposition
codage
jugées
le principe,
secondaires,
des phrases
, illustré
censée
pour
en
issue
36 Pardeexemple,
(1957). Mais
sa Sémantique
la sémiotique
la sémiotique
structurale
de de
Greimas
Hjelmslev
(1966).(présentée
a précédé
dans
sa Du
sémantique
Sens en structurale
1970), est
Cette
38 Voir
nomme
suite deévolution
notamment
les
phrases).
corpusn'a
arborés
TAL,
rien 1995,
de
tree-banks
linéaire,
36, 1-2(comme
et(numéro
Benoît
sispécial
Habert
un textedirigé
note
pouvait
justement
par se
Benoît
réduire
que
Habert).
à l'on
une
42 François RASTIER
conventions
39 Les mots de
et segmentation
les phrases isolées
et de décontextualisation.
sont des artefacts descriptifs qui résultent de
40 Ce qu'on appellera les arts libéraux , noyau historique des sciences, sont des
loisirs
aux
technique.
esclaves
réservés
et aux
auxhommes
métèques,
libres,
et qui
parfurent
opposition
le noyau
aux historique
arts mécaniques
du concept
réservés
de
43 Les
ils ne serapports
prêtent àguère
l'Autre
à une
et àexplication
la Loi restent
physicaliste.
absents du cognitivisme classique, car
Problématiques 45
v. Epilogue
avait changé de camp. Ce serait faire preuve d'un suivisme tardif que
de renchérir à présent.
b) Faut-il d'autre part lui trouver à tout prix une alternative ? Les
recherches cognitives semblent en passe de payer cher leur
dépendance à l'égard de l'épistémologie de Kuhn. Le concept fort
ambigu de paradigme reste partout utilisé sans recul critique, alors
qu'il ne fait sans doute que transposer au plan théorique les luttes
entre lobbies académiques. Aussi avons-nous assisté naguère à des
gigantomachies quelque peu grandiloquentes qui mettaient en scène
les affrontements entre paradigmes alternatifs : ainsi, la parution de
Parallel Distributed Processing (1986) s'est-elle accompagnée de
défis lancés haut et fort. En fait, les connexionnistes différaient plutôt
par les méthodes que par les objectifs, et n'étaient pas moins
fonctionnalistes, à leur manière, que les adversaires qu'ils entendaient
terrasser.
46 François RASTIER
ANNEXE
relations.
s'attache à la typologie des signes et à la définition formelle de leurs
épistémologiques.
descriptive
la
La
dernière
sociale
mission
troisième
parmi
enfin
de
utilisant
"servir
d'autres.
se
tend
confond
La
àla
de
effacer
première
méthode
La
norme
seconde,
avec
laàdistinction
toutes
comparative
une
estplus
fait
philosophie
lesambitieuse,
de
sciences
entre
la
; elle
sémiotique
lesde
humaines"
reste
sciences,
donne
la alors
signification.
àune
la
comme
(Hjelmslev).
une
sémiotique
discipline
science
entre
La
sciences et philosophie.
Problématiques 49
Bibliographie
Andler,
Bachimont,
Bhatia,
Benveniste,
Bruxelles,
à
d'épistémologie
(fichier
Settings,
Gallimard.
[ftp://tom.biomath.jussieu.fr/pub/papers/Bachimont.ps.gz
penser
V.
D. PostScript
K.
et
B.
Londres,
—E.
Mardaga.
al.
(1993)
(1996)
Critique
(1974)
(1992)
de Longman.
codé
Analysing
Des
l'École
Problèmes
du
Philosophie
machines
en
formalisme
polytechnique
gzip)].
Genre
de
qui
etlinguistique
pensent
:en
cognition
Language
intelligence
aux—machines
générale,
Use
Colloque
artificielle
in Professionnal
qui
t.deII,
donnent
,Cerisy,
Thèse
Paris,
Locke,
temporel
humain,
J. (1971
Paris,
des processus
[1690])
Vrin [trad.
Essai
d'interprétation
Coste].
philosophique
sémantique,
concernant
Thèse,
l'entendement
EHESS.
Morris,
Mouton.
Ch. (1971) Writings in the General Theory of Signs, La Haye,
Newell,
Prentice
A., Hall.
Simon, H. (1972) Human Problem Solving , Englewood Cliffs,
Pap,
Toronto
L. (1990)
Semiotic
Semiotics.
Circle.
An integrative survey, Toronto, monograph of the
Ricœur,
Seuil. P. (1986) Du texte à l'action. Essais d'herméneutique II, Paris,
52 François RASTIER
Salanskis
sciences,
Rastier,J.-M.
F.,
Paris,
Salanskis,
(àPUF.
paraître)
J.-M.,
Herméneutique
Scheps, R. (éd.)
et philosophie
Herméneutique
du :sens,
textes
in,