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15 Avril 2020
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Ça compte
• Doublement du plan d’aide. Dans une interview aux Échos jeudi dernier, les
ministres de l’Économie et du Budget, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ont
annoncé un doublement du plan d’aide aux entreprises pour faire face à la crise liée à
la pandémie de Covid-19. Les montants alloués au dispositif de chômage partiel sont
revus à la hausse de 8,5 milliards à 20 milliards d’euros « pour tenir compte du fort
nombre d’entreprises qui en font la demande », tandis que le fonds de solidarité créé
pour indemniser les commerces, les indépendants et les très petites entreprises voit sa
dotation « passer de 1 milliard à près de 6 milliards ».
Pourquoi ça compte. Dans le nouveau budget rectificatif, qui doit être présenté ce
mercredi en Conseil des ministres, la prévision de croissance passe à -6 %. Le déficit
public est désormais attendu à 7,6 % du PIB. Bruno Le Maire dit prévoir une dette
publique de 112 % du PIB à la fin de l’année au lieu de 98 % avant la crise. « Cette
dette répond à un impératif : éviter les faillites d’entreprises et le naufrage de notre
économie », a-t-il expliqué aux Échos.
• Baisse de la production de pétrole. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole
(Opep), un cartel regroupant plusieurs pays, et une alliance d’autres pays producteurs,
dont la Russie et le Mexique, surnommée « Opep+ », sont parvenus dimanche dernier
à un accord de réduction de la production d’une ampleur inédite, à compter du 1er mai,
dans le but de faire remonter les prix. Début mars, la Russie et l’Arabie saoudite ne
s’étaient pas entendues sur de nouveaux quotas de production. L’Arabie saoudite avait
alors augmenté sa production de pétrole, ce qui avait provoqué un effondrement des
cours.
Pourquoi ça compte. Les mesures de confinement dans le monde ont provoqué une
chute de la consommation de pétrole et ont alimenté la baisse de son prix. Entre début
janvier et fin mars, les cours des deux principaux barils de référence ont chuté de
60 %. Or, pour de nombreux pays producteurs, le pétrole constitue la principale
activité économique. L’accord de réduction de la production est également soutenu par
les États-Unis, le premier producteur mondial.
• Impact sur les pays en développement. Les ministres des Finances et les banquiers
centraux du G7, un groupe réunissant sept des plus grandes puissances économiques
du monde, ont déclaré mardi qu’ils étaient favorables à une suspension des paiements
des intérêts de la dette des pays pauvres pour les aider « à faire face aux impacts
sanitaires et économiques » de la pandémie du coronavirus. Lors d’une allocution
télévisée lundi soir, Emmanuel Macron a appelé à aider les pays africains en
« annulant massivement leurs dettes ».
Clin d’œil
On fait le point
Pour faire face à la crise liée au coronavirus, plusieurs personnalités demandent la mise en
place dans la zone euro de la « monnaie hélicoptère ». Cet outil monétaire, qui consiste pour
les banques centrales à donner de l’argent aux ménages et aux entreprises, pourrait relancer
l’activité et l’inflation selon ses défenseurs, ou se révéler inefficace, voire dangereux pour la
stabilité de la monnaie, selon ses détracteurs.
L’actu
Le centre de recherche belge Positive Money Europe, qui milite pour l’instauration d’un
système monétaire soutenant une « économie juste, démocratique et durable », a publié le
30 mars un rapport demandant le déploiement « dès que possible » de la « monnaie
hélicoptère » dans la zone euro afin de contrer les effets de la crise liée au coronavirus. La
« monnaie hélicoptère » consiste pour une banque centrale à créer de l’argent pour le donner
sans contrepartie aux ménages ou aux entreprises. Cet outil n’a jamais été utilisé dans le
monde. La mise en place de la « monnaie hélicoptère » est demandée par plusieurs autres
personnalités telles que François Perret, fondateur de l’Institut Anaxagore, un cercle français
de réflexion, et l’économiste française Jézabel Couppey-Soubeyran. François Villeroy de
Galhau, le gouverneur de la Banque de France, la banque centrale française, n’écarte pas le
recours à cet outil. Dans une tribune publiée le 8 avril dans Le Monde, il déclare que « rien
n’est en principe exclu » [€], tout en précisant que seul un fort ralentissement des prix
« pourrait faire envisager de telles hypothèses ».
L’éclairage
D’où vient l’idée de la « monnaie hélicoptère » ?
Selon les économistes opposés à la « monnaie hélicoptère », le principal risque est qu’en
augmentant la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaie en circulation, cet outil
puisse engendrer un phénomène d’hyperinflation, soit une hausse extrêmement rapide des
prix qui tend à éroder le pouvoir d’achat et la valeur de la monnaie d’un pays. Ses défenseurs
en doutent, estimant que dans un contexte de chômage élevé, les entreprises auraient la
capacité d’accroître leur production pour répondre à la demande, ce qui limiterait la hausse
des prix.
D’autres risques liés au recours à la « monnaie hélicoptère » sont soulevés, comme le fait que
les ménages puissent épargner l’argent reçu ou l’utiliser pour acheter des biens importés, ce
qui ne favoriserait pas ou peu l’activité des entreprises nationales. Enfin, certains économistes
s’inquiètent du fait qu’une banque centrale puisse créer de l’argent sans aucune contrepartie,
ce que ne prévoient pas les règles régissant les principales banques centrales. Par exemple,
quand la BCE mène un programme dit d’assouplissement quantitatif, elle verse de l’argent
aux banques commerciales contre le rachat de titres de dette qu’elles détiennent. Dans La
Tribune, l’économiste Laurent Quignon estime qu’avec la « monnaie hélicoptère », une
banque centrale détériorerait in fine la valeur de sa monnaie, car son bilan ne serait plus
équilibré, ce qui entamerait sa crédibilité.
Opportunité. Dans le site The Conversation, un média publiant des articles d’universitaires,
l’enseignante-chercheuse en sciences économiques Céline Soulas défend le recours à la
« monnaie hélicoptère ». Elle rappelle comment la précédente crise, celle des dettes
souveraines dans la zone euro, a permis d’expérimenter de nouveaux outils économiques qui
étaient jusqu’à leur mise en œuvre considérés comme « impensables ».
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En quoi ça consiste. Créée en 1958, la Banque européenne d’investissement (BEI) est définie
sur son site comme « l’institution de financement de l’Union européenne ». Elle contribue à
réaliser les objectifs de l’UE, à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, en finançant des
projets visant à protéger l’environnement, à accroître l’innovation, à développer les petites et
moyennes entreprises, à créer de nouvelles infrastructures ou à aider au développement des
pays les plus fragiles. Elle finance ces projets, qu’ils proviennent des secteurs public ou privé,
en accordant des prêts ou des garanties. Les fonds prêtés, qui peuvent représenter jusqu’à la
moitié du coût d’un projet, sont empruntés sur les marchés financiers et sont accordés à des
conditions avantageuses, la BEI étant un organisme sans but lucratif. Elle a investi plus de
1 200 milliards d’euros depuis sa création. Alors qu’elle est déjà le principal bailleur de fonds
de l’action en faveur du climat dans le monde, la BEI a annoncé en 2019 qu’elle ne
financerait plus aucune énergie issue du sous-sol d’ici fin 2021. Ses actionnaires sont les
27 États membres de l’UE. Son siège est au Luxembourg et elle dispose d’un réseau de
bureaux situés en Europe et dans le reste du monde.
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