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Economie Mon - Taire - TH - Ories Et
Economie Mon - Taire - TH - Ories Et
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Partie 1 - Qu’est-ce que la monnaie ?
Chapitre 1 - La nature de la monnaie
1. La conception fonctionnaliste de la monnaie : « Money is that
money does »
2. La monnaie, une institution centrale ?
Chapitre 2 - Les formes de monnaie
1. Monnaie marchandise ou monnaie de crédit ?
2. Un long processus historique vers la monnaie de crédit
3. Des instruments monétaires aux agrégats monétaires
Chapitre 3 - La création monétaire
1. La création monétaire dans un système de monnaie métallique
2. La création monétaire dans les systèmes monétaires modernes
Partie 2 - Les théories monétaires
Chapitre 4 - La monnaie-voile
1. Jean Bodin : naissance de la théorie quantitative
2. Les théories monétaires classiques
3. Les néoclassiques : le statut secondaire de la monnaie
4. Les anticipations rationnelles et la monnaie super-neutre
Chapitre 5 - Monnaie active, monnaie nocive
1. La dichotomie faible
2. Le refus de la dichotomie
Chapitre 6 - Les théories de la monnaie endogène
1. Les précurseurs : John Law et la Banking School
2. Marx : monnaie, capital et refus de la loi de Say
3. L’approche suédoise : Knut Wicksell et Gunnar Myrdal
4. Keynes et/ou le keynésianisme
5. Schumpeter : crédit et capitalisme
6. L’instabilité monétaire et financière : d’Irving Fisher à Hyman
Minsky
Partie 3 - Monnaie et banques dans l’économie
Chapitre 7 - Banques et financement de l’économie
1. Financement de l’économie et intermédiation bancaire
2. La place des banques et de l’intermédiation bancaire
Chapitre 8 - Les banques : d’une mondialisation à l’autre, quelles
régulations ?
1. Le système bancaire français avant 1945
2. Les systèmes bancaires durant les Trente Glorieuses
3. Les banques dans la globalisation financière
4. Les enjeux de la régulation bancaire
Partie 4 - Les politiques monétaires
Chapitre 9 - Objectifs et instruments des politiques monétaires
conventionnelles
1. Les autorités monétaires
2. Les objectifs de la politique monétaire conventionnelle
3. Les instruments des politiques monétaires conventionnelles
Chapitre 10 - Les politiques monétaires non conventionnelles
1. Après la crise de 2008 : un nouveau mandat pour les banques
centrales
2. Les instruments des politiques monétaires non
conventionnelles
3. L’avenir des politiques monétaires non conventionnelles ?
Bibliographie
Collection CURSUS Économie
Index
Index des auteurs
Partie 1
La nature de la monnaie
Source : À partir de Banque de France, bulletin n° 207, octobre 2016 ; calculs réalisés par les auteurs.
La création monétaire
Dans les économies modernes où les métaux précieux sont démonétisés, ce
sont les banques qui disposent du pouvoir de création monétaire. Elles
procèdent pour cela à des monétisations de créance, mécanisme par lequel
elles transforment des créances non monétaires en monnaie. On distingue
typiquement deux cas de figure :
• lorsqu’un agent non financier (ANF) est en besoin de financement, il
peut passer un contrat avec une banque, sous forme d’un crédit
bancaire qui institue une relation de créance et de dette entre la banque
et cet agent. Il s’agit là de la fonction traditionnelle des banques dans
le système monétaire actuel : lorsqu’une banque octroie un crédit à la
consommation à un ménage, par exemple, celui-ci a une dette envers
la banque (obligation de rembourser le crédit augmenté des intérêts) et
la banque a une créance envers l’agent qui est la stricte contrepartie de
la dette ;
• lorsqu’un ANF est propriétaire d’une créance sur un autre ANF,
comme une lettre de change (voir focus 3.1) ou encore un titre
obligataire, cette créance a comme inconvénient de ne présenter qu’un
pouvoir libératoire limité (une obligation est un actif financier, ce n’est
pas un moyen de paiement général et son bid ask spread n’est pas nul,
voir chapitre 1, 1). Il est par conséquent possible à l’ANF, propriétaire
de la créance, de s’adresser à une banque afin que celle-ci transforme
la créance en monnaie (cas de l’escompte de la lettre de change) ou
encore que la banque achète directement le titre de créance s’il est
négociable sur le marché financier. Dans ce cas, il y a également
monétisation de créance, et donc création monétaire.
Dans ces deux cas de figure, une monnaie « nouvelle » circule dans
l’économie. Cette monnaie est une dette pour la banque émettrice dans la
mesure où, ayant crédité le compte de son client, elle est obligée de satisfaire
les exigences de ce dernier (retraits au guichet, règlements par chèque,
virements bancaires, etc.). C’est la raison pour laquelle on dit que la monnaie
est une dette qui permet de s’acquitter de toutes les dettes.
Bilan simplifié de l’ANF1 dans le cas d’un crédit bancaire de 100 000 €
Bilan simplifié de l’ANF1 dans le cas d’un crédit bancaire de 100 000 €
et après achat du capital
Bilan simplifié de l’ANF2 dans le cas d’un crédit bancaire de 100 000 €
et après la vente du bien
Bilan simplifié de l’ANF3 dans le cas d’un crédit bancaire de 100 000 €
et après la vente du bien
Le système monétaire se trouve ainsi dans une situation qui ne peut pas
exister dans le modèle à une seule banque : du fait des transactions entre
certains ANF, la banque A et la banque B se trouvent engagées dans une
relation de créance et de dette (indiquée en gras dans le tableau 3.5). La
monnaie créée par la banque A ne circule plus seulement à l’intérieur de son
circuit bancaire, une partie se retrouve inscrite au bilan d’une autre banque.
On parle dans ce cas de « fuite interbancaire » : le taux de fuite s’élève, dans
notre exemple, à 50 % du crédit consenti (50 000/100 000). Bien entendu, on
peut supposer que, de son côté, la banque B se livre également à une activité
de monétisation de créances auprès de ses clients. Par conséquent, un
mécanisme réciproque de fuite interbancaire peut être à l’œuvre avec cette
fois-ci la banque A, qui devient propriétaire d’une créance monétaire sur la
banque B. Concrètement, cela signifie qu’à la fin de chaque cycle (de manière
quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle), se tient une séance de
compensation interbancaire permettant de dégager un solde interbancaire. Par
exemple, si la banque A se retrouve par ailleurs propriétaire d’une créance sur
la banque B pour un montant de 10 000 €, cela conduit à un solde de 40 000 €
en faveur de la banque B (50 000 – 10 000).
Le mécanisme des fuites interbancaires est consubstantiel à tout système
monétaire fondé sur une pluralité de banques. Il n’est en effet pas
envisageable pour une banque d’octroyer un crédit à un client tout en
obligeant celui-ci à ne régler des paiements qu’avec des ANF qui auraient
leurs comptes auprès d’elle : par définition, une fois le crédit contracté, l’ANF
est libre d’en faire usage à sa guise ; par ailleurs, restreindre l’usage du crédit
ferait obstacle au principe fondamental du pouvoir libératoire général de la
monnaie. Par conséquent, le système monétaire doit proposer un dispositif
pour résoudre le problème suivant : comment organiser le paiement
interbancaire ?
En première approche, on pourrait supposer que la banque débitrice paie la
banque créancière avec sa propre monnaie. Dans notre exemple, la banque A
effectuerait un virement vers la banque B avec sa propre monnaie, c’est-à-dire
en la créant. Cela supposerait que la banque B ouvre un compte auprès de la
banque A et que ce compte serait crédité du montant de 40 000 €. Or, un tel
dispositif est impossible en raison du fait que le paiement par la banque A de
la dette avec sa propre monnaie supposerait que celle-ci procède à une
monétisation de créance. Or, il n’existe aucune créance susceptible de
contrebalancer ce passif : les 40 000 € constituent déjà une dette que la banque
A doit rembourser. Par comparaison, c’est comme si un ANF se libérait de ses
engagements financiers envers sa banque en lui remettant une nouvelle
reconnaissance de dette : cela reviendrait à différer le paiement et non à
éteindre la dette ! On aboutit alors sur une conclusion logique : une banque ne
peut s’acquitter de ses dettes en créant sa propre monnaie.
Ce raisonnement conduit à un point essentiel : chaque banque émet une
monnaie qui lui est propre, monnaie qui est par nature différente de celles
émises par les autres banques. La monnaie de la banque A, qui est
nécessairement scripturale dans la mesure où les banques privées n’ont pas de
pouvoir d’émission de billets, est ainsi une monnaie concurrente de la
monnaie émise par la banque B : c’est de la monnaie « banque A ». Il s’agit là
d’un fait établi dans le système monétaire tel qu’il est à l’œuvre actuellement.
Ce fait est généralement inconnu du grand public dans la mesure où toutes ces
monnaies de banque sont libellées dans la même unité de compte au sein de
l’espace monétaire considéré (l’euro, le dollar US, etc.). Pour autant, il existe
bel et bien une monnaie « BNP Paribas », une monnaie « Société générale »,
une monnaie « Crédit mutuel », etc. Chacune de ces monnaies étant émise par
une banque singulière à l’occasion des monétisations de créances auxquelles
elle procède, elle n’a donc de valeur qu’à l’intérieur du circuit bancaire et
repose sur la confiance qui se noue entre la banque et l’ANF qui contracte le
crédit. Dès lors qu’une fuite interbancaire se produit, il est nécessaire que la
relation de créance et de dette qui s’établit entre les deux banques soit soldée
par une monnaie de rang supérieur qui ne soit émise ni par l’une, ni par
l’autre. La pluralité des banques implique la mise en place d’un dispositif
institutionnel hiérarchisé et la création d’une banque des banques, ou encore
d’une banque de premier rang, c’est-à-dire la banque centrale (BC). La
monnaie de cette banque de premier rang est la seule qui peut être utilisée
pour effectuer les règlements interbancaires.
Si la BSR considère qu’un taux de réserve (ou coefficient de réserve) en
monnaie centrale de 10 % est suffisant, elle conservera 100 € en monnaie BC
sur son compte pour couvrir les fuites à venir relatives au dépôt de 1 000 € en
monnaie BSR sur le compte de son client. Cela signifie que la BSR dispose
d’une réserve excédentaire de 900 € en monnaie centrale. Sur cette base, elle
peut réaliser un crédit pour un montant égal à 900 € (en monnaie BSR !). Ce
nouveau crédit génère une fuite de 90 €, ce qui signifie qu’il reste à la BSR
une réserve excédentaire de 810 € à partir de laquelle elle peut ouvrir une
nouvelle ligne de crédit, etc. Le mécanisme se poursuit de période en période,
sachant qu’à chaque étape le montant de la réserve excédentaire (et donc le
montant du crédit nouveau accordé) se réduit. Au final, si on effectue la
somme des crédits octroyés, le volume total de monnaie créé s’établit comme
suit :
1 000 + 900 + 810 + ...
= 1 000 + (1 000 × 0,9) + (1 000 × 0,9 × 0,9) ...
= 1 000 × 1/(1 – 0,9) = 1 000 × 10 = 10 000
Cet exemple montre qu’à partir d’une réserve excédentaire de 1 000 € en
monnaie centrale, le système bancaire génère un volume de crédit dix fois
plus élevé. Ainsi, dans sa version la plus simple, le multiplicateur de crédit (k)
est égal à l’inverse du taux de réserve (1/0,1 = 10). Formellement, l’équation
s’écrit :
> MBSR = (k). > MBC
avec : MBSR pour monnaie banque de second rang et MBC pour monnaie
banque centrale
Ce modèle du multiplicateur de crédit a comme avantage de mettre en
évidence la fonction régulatrice de la banque centrale : les BSR créent la
monnaie, mais leur activité est subordonnée au contrôle de la banque centrale.
Ce modèle est cohérent avec la théorie quantitative de la monnaie et avec la
conception monétariste de la politique monétaire (voir chapitre IV) : la
monnaie banque centrale est qualifiée de base monétaire, c’est une « monnaie
à haute puissance » (high powered money), qui conditionne la création de
monnaie par les BSR. Cette conception est représentée dans le schéma 3.2 : on
considère ici que la base monétaire (en bas) conditionne le rythme
d’augmentation de la masse monétaire (en haut). L’intersection non vide entre
la masse monétaire et la base monétaire correspond à la monnaie fiduciaire.
La monnaie-voile
Présentant en 1950 une synthèse des connaissances sur la monnaie, Robert
Mossé (1906-1973) écrit : « Avant 1914, l’influence de la monnaie sur
l’économie est considérée comme négligeable. Les économistes la croient
‘‘neutre’’ et pensent que tout se passe comme si elle n’existait pas » (Mossé,
1950, p. 69). Nous verrons qu’il faut doublement nuancer ce point de vue,
selon lequel la conception de la monnaie neutre est dominante avant 1914,
même s’il est globalement exact. D’une part, avant 1914, on trouve déjà des
auteurs qui, bien qu’ils ne s’inscrivent pas dans le paradigme dominant,
contestent plus ou moins explicitement l’idée de neutralité de la monnaie (voir
chapitres 5 et 6). D’autre part, R. Mossé considère que les conceptions
favorables à la monnaie neutre sont « tombées dans un total discrédit » (idem).
Or, comme nous le verrons (voir chapitre 4, 4 et chapitre 5), il existe, encore,
dans les productions scientifiques actuelles, des auteurs importants qui
défendent soit l’hypothèse de la neutralité de la monnaie, soit la thèse de la
nécessaire neutralisation de la monnaie.
1. La dichotomie faible
Les auteurs qui défendent la dichotomie faible (monnaie active à court
terme, neutre à long terme) ont profondément influencé la macroéconomie
contemporaine. Cette approche constitue encore aujourd’hui le cadre
théorique dominant en macroéconomie.
1.1 Le monétarisme de Milton Friedman
Pour comprendre l’impact des analyses de M. Friedman, il faut se situer
dans le contexte d’émergence de ses travaux à partir des années 1950. Selon
Richard S. Thorn, la publication de la Théorie générale de l’emploi de
l’intérêt et de la monnaie de J. M. Keynes en 1936 a tellement absorbé les
économistes à propos de la politique budgétaire « qu’ils ont virtuellement
négligé les problèmes de la théorie et de la politique monétaire au cours des
périodes qui ont immédiatement précédé et suivi la guerre » (Thorn, 1971, p.
3). Même si, comme nous le verrons (chapitre 6, 4), il est paradoxal
d’attribuer à Keynes une conception de l’analyse économique qui néglige la
monnaie, il n’en demeure pas moins que c’est dans ce contexte que M.
Friedman a pu lancer avec succès sa formule « Money Matters » (la monnaie
compte).
Dans un article de 1956, M. Friedman part du constat du discrédit de la
théorie quantitative de la monnaie depuis la crise de 1929. Il constate aussi
qu’en dehors de l’université de Chicago, ce sont surtout les approches en
termes de revenus et de dépenses (donc les approches keynésiennes) qui ont
eu tendance à s’imposer. Il se propose donc de reformuler la théorie
quantitative. Il précise que son objectif est de proposer une théorie de la
demande de monnaie. Pour cela, il considère la monnaie comme un actif
patrimonial qui est substituable à d’autres actifs : les actions, les obligations,
le capital humain, le capital physique. La demande de monnaie résulte donc
d’un comportement d’optimisation des agents économiques, en fonction de
leurs préférences, dans la composition d’un portefeuille d’actifs dont la
monnaie est une composante. Comme le font remarquer A. Lavigne et J.-P.
Pollin (1997), il n’y a pas, de ce point de vue, de différence marquante avec
les approches développées par des auteurs keynésiens comme James Tobin
(1918-2002). R. S. Thorn considère même que l’on assistait, dans les années
1960, à une convergence des analyses : « Au cours des années récentes, un
large accord s’est fait, entre les tenants de la théorie monétaire quantitative et
ceux de la théorie monétaire keynésienne, sur les points suivants : 1) la
monnaie a une utilité en tant que réserve de valeur dans un monde incertain ;
2) la demande de monnaie fait partie d’une théorie de la préférence pour les
actifs et 3) les principaux déterminants de la demande de monnaie sont la
richesse, le revenu et le taux d’intérêt » (Thorn, 1971, p. 63). Mais une telle
approche ne permet pas de retrouver la théorie quantitative. Pour parvenir à ce
résultat, Friedman avance trois thèses complémentaires : d’une part, il
considère que « la demande de monnaie est très stable » ; d’autre part, il
affirme « qu’il y a des facteurs importants qui affectent l’offre de monnaie et
qui n’affectent pas la demande de monnaie » ; enfin, il rejette l’existence
d’une trappe à liquidité, c’est-à-dire d’un niveau du taux d’intérêt assez faible
pour que la demande de monnaie soit parfaitement élastique (Friedman, 1956,
in Thorn, 1971, p. 86). En conclusion de cet article fondateur de 1956, M.
Friedman écrit : « on n’a peut-être pas observé d’autre liaison empirique, en
économie, qui se reproduise si uniformément dans une si grande variété de
circonstances que la liaison qui existe entre les variations sensibles du stock
de monnaie sur de courtes périodes et celles des prix ; cette uniformité, à mon
avis, est du même ordre que bon nombre des uniformités qui constituent le
fondement des sciences physiques » (Friedman, 1956, in Thorn, 1971, p. 90).
Dans ces conditions, on dispose des fondements théoriques de la célèbre
formule énoncée par M. Friedman en 1970 : « L’inflation est toujours et
partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être
générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que
celle de la production »1. Cependant, Friedman innove dans la mesure où il
considère que la monnaie a des effets réels à court terme et pas à long terme. Il
introduit en effet implicitement l’hypothèse des anticipations adaptatives selon
laquelle les agents sont victimes d’illusion monétaire à court terme, mais
corrigent leurs anticipations à long terme. Par conséquent, une augmentation
de l’offre de monnaie (qui conduit à une hausse du revenu nominal) est
interprétée à court terme comme une hausse du revenu réel, ce qui va pousser
certains agents à consommer davantage, d’autres à investir plus. Au bout d’un
certain temps cependant, les agents se rendent compte du fait que la hausse
n’est que nominale puisque le niveau général des prix a augmenté, ils
corrigent alors leur comportement (ils adaptent leurs anticipations). De ce fait,
toute tentative de stimuler l’activité économique et de réduire le niveau du
chômage par l’injection de monnaie ne peut avoir que des effets temporaires.
À long terme en revanche, l’économie se retrouve dans la situation de
production et d’emploi qui est déterminée par les seules variables réelles ; elle
connaît toutefois un taux d’inflation plus élevé. Si les pouvoirs publics
s’obstinent à vouloir obtenir un taux de chômage inférieur au taux naturel, ils
ne peuvent le faire que grâce à des injections de plus en plus massives de
monnaie, et donc au prix d’une inflation à taux croissant. Pour Friedman il n’y
a pas d’arbitrage durable entre inflation et chômage et, à long terme, la courbe
de Phillips est verticale.
• FOCUS 5.1. La courbe de Phillips : y a-t-il un arbitrage inflation-
chômage ?
En 1958, l’économiste néo-zélandais Alban William Phillips (1914-1975), qui travaille alors à
la London School of Economics (LSE), publie un article dans lequel il met en relation sur une
longue période (1861-1957) et dans le cas du Royaume-Uni le taux de chômage et le taux de
croissance du salaire nominal. À partir du nuage de points obtenu, Phillips détermine une
courbe d’ajustement (la courbe de Phillips). La relation est décroissante, ce qui signifie qu’un
taux de chômage faible se traduit par une croissance rapide du salaire nominal, et
réciproquement.
Source : A.W. Phillips, « The Relation Between Unemployment and the Rate of Change of Money Wage Rates in the
United Kingdom 1861-1957 », Economica, novembre 1958, p. 285.
Phillips observe qu’il existe un taux de chômage, à l’intersection de la courbe et de l’axe des
abscisses, pour lequel le taux de croissance du salaire nominal est nul (ce qui signifie que le
salaire reste constant). C’est le NAWRU (Non Accelerationg Wage Rate of Unemployment). Il
interprète sa courbe en termes d’offre et de demande : un taux de chômage élevé signifie que
l’offre de travail est forte, ce qui, toutes choses égales par ailleurs, a un effet négatif sur les
salaires. Réciproquement, un taux de chômage faible signifie que les employeurs peinent à
trouver de la main-d’œuvre, ce qui joue en faveur d’une hausse des salaires.
Dès 1960, l’économiste canadien Richard Lipsey (qui enseigne aussi à la LSE à cette époque)
propose de faire figurer en ordonnée du graphique le taux d’inflation plutôt que le taux
d’accroissement du salaire nominal. On a alors une relation entre l’inflation et le chômage, ce
qui conduit parfois à parler de courbe de Phillips-Lipsey. Cette courbe coupe elle aussi l’axe
des abscisses et permet de déterminer le NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of
Unemployment), c’est-à-dire le taux de chômage pour lequel l’inflation est nulle (le niveau
général des prix est stable). La même année, Paul Samuelson (1914-2009) et Robert Solow
corroborent la relation de Phillips à partir de données concernant les États-Unis et intègrent
cette analyse dans la synthèse néoclassique. Ils montrent ainsi qu’il existe une possibilité
d’arbitrage inflation/chômage et que la politique économique à mettre en œuvre dépend des
préférences du gouvernement. Celui-ci doit ainsi opter pour une combinaison de l’inflation et
du chômage en jouant à la fois sur la politique monétaire et la politique budgétaire (on parle
aussi de dilemme inflation/chômage). En 1968, de façon indépendante, Milton Friedman et
Edmund Phelps prolongent la réflexion et montrent que le niveau d’inflation ne dépend pas
seulement du niveau du chômage, mais aussi des anticipations d’inflation. On parle de courbe
de Phillips augmentée des anticipations. En effet, si l’inflation dans le passé a été élevée, les
agents vont anticiper le maintien ou l’accroissement de l’inflation, ils vont de ce fait formuler
des revendications salariales conformes à ces anticipations. S’ils obtiennent satisfaction, cette
hausse des salaires a de fortes chances d’être répercutée sur les prix, ce qui alimente par la
suite l’inflation. Par ailleurs, quoiqu’à partir d’approches différentes, ces deux auteurs mettent
en évidence l’existence d’un taux de chômage naturel qui découle du mode de fonctionnement
du marché du travail, c’est-à-dire notamment de l’état de la technologie et des préférences des
agents quant à l’arbitrage travail/loisir. Le terme « naturel » ne doit donc pas prêter à
confusion. Il ne s’agit pas d’un taux de chômage fixé par la « nature » et qui serait donc
immuable, mais par des variables sociales et économiques. On peut dire aussi qu’il s’agit d’un
niveau de chômage correspondant au plein-emploi ou encore d’un taux de chômage
d’équilibre. Les déterminants du taux de chômage naturel étant donnés (les structures
économiques étant inchangées à court terme), il n’est pas possible de faire diminuer
durablement le taux de chômage observé au sein de l’économie au-dessous du taux naturel.
Ces deux éléments d’analyse (rôle des anticipations et taux de chômage naturel) sont repris par
les auteurs monétaristes pour montrer qu’il n’y a pas véritablement de possibilité d’arbitrage
entre inflation et chômage. Le point de vue des monétaristes va être conforté par les évolutions
macroéconomiques qui se manifestent à partir de la fin des années 1960 et pendant les années
1970. On assiste non seulement à un déplacement vers le haut et vers la droite de la courbe de
Phillips (conformément à l’hypothèse de courbe de Phillips augmentée des anticipations), mais
même à un retournement de la courbe de Phillips qui devient croissante. Les économies des
principaux pays développés sont caractérisées à la fois par une inflation de plus en plus rapide
et par un taux de chômage de plus en plus élevé. C’est ce que l’on nomme la stagflation.
Banques et financement de
l’économie
Ce schéma est une modélisation de l’économie qui repose sur deux marchés
: le marché des biens et services et le marché de la monnaie. L’économie est
en équilibre lorsque ces deux marchés sont simultanément en équilibre.
L’équilibre sur le marché des biens et services correspond à l’égalité de
l’épargne et de l’investissement. Sur le schéma ci-dessus, la droite IS
correspond à tous les couples (i taux d’intérêt et Y production) pour lesquels
le marché des biens et services est en équilibre. La politique budgétaire est
représentée dans ce modèle par les déplacements de la courbe IS. La courbe
LM, où L (Liquidity) est la demande de monnaie et M (Money) est l’offre de
monnaie, représente tous les couples (i,Y) pour lesquels la demande de
monnaie est égale à l’offre de monnaie. Cette dernière est considérée comme
exogène. La politique monétaire est représentée par les déplacements de la
courbe LM.
L’intersection entre les deux droites – IS2 et LM – détermine le taux
d’intérêt d’équilibre (i*) et le niveau de production d’équilibre (Y*). Dans une
perspective keynésienne, la production est le déterminant de l’emploi (et donc
du chômage) aussi bien que de l’inflation10. Si Y est trop faible, il faut
conduire une politique de relance (déplacement vers la droite de IS et/ou de
LM) et, réciproquement, s’il y a une surchauffe inflationniste, il faut déplacer
les droites vers la gauche. La combinaison des deux politiques permet de
piloter le taux d’intérêt en même temps que le niveau de la production.
Dans le schéma 9.1, nous avons donné une forme spécifique à la droite LM
pour envisager trois configurations théoriques. La partie horizontale de la
droite correspond à la trappe à la liquidité. Le taux d’intérêt est si bas que la
demande de monnaie est infinie (voir focus 6.1, chapitre 6). Dans ce cas, la
politique monétaire est inefficace, seuls les déplacements de la courbe IS1
(donc la politique budgétaire) peuvent avoir une influence sur le niveau de la
production Y. C’est ce que l’on appelle le cas keynésien pur. La partie
verticale de la courbe LM correspond à une situation où la politique
budgétaire est inefficace (les déplacements de IS3 n’ont aucun effet sur le
niveau de la production Y). Seule la politique monétaire peut faire varier, à
court terme, le niveau de la production. On constate en effet que IS3 étant
donné, seuls les déplacements de LM vers la droite ou vers la gauche peuvent
faire varier le niveau de production d’équilibre. C’est ce que l’on appelle le
cas monétariste pur. La partie intermédiaire du graphique (LM est oblique)
correspond au Policy Mix, les pouvoirs publics peuvent utiliser à la fois la
politique budgétaire (IS2) et la politique monétaire pour stabiliser l’économie.
De très nombreux économistes considéraient dans les années 1960 que cette
politique mixte discrétionnaire mise au service d’une croissance équilibrée
permettait désormais d’éviter le retour des « grandes crises » qui, jusqu’au
krach de 1929, avaient marqué l’histoire du capitalisme. De fait,
rétrospectivement, on constate bien que la période 1945-1975 correspond,
pour les pays industrialisés, à une croissance extrêmement forte qui repose
principalement sur des gains de productivité dans un contexte relativement
stable (faible inflation et situation proche du plein-emploi). La fin de Bretton
Woods en 1971, puis la rupture de croissance de 1973-1975, l’accélération de
l’inflation accompagnée d’une hausse du chômage (stagflation) vont conduire
à des remises en cause radicales, notamment en ce qui concerne la politique
monétaire.
• FOCUS 9.4. L’inflation : causes et conséquences
L’inflation est l’augmentation continue et cumulative du niveau général des prix. Au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les responsables de la politique économique ont en
mémoire les méfaits de l’hyperinflation allemande des années 1920 et les conséquences
désastreuses de la déflation des années 1930. Un large consensus existe donc sur la nécessité
de maîtriser l’évolution du niveau général des prix. Mais des débats existent sur les causes de
l’inflation. Pendant les Trente Glorieuses, l’accent est mis sur quatre facteurs importants :
– l’inflation par la demande : les prix augmentent parce que l’offre ne parvient pas à
répondre à la demande nominale. La situation qui suit immédiatement la fin de la guerre
illustre cela : l’appareil productif est en très mauvais état et la demande accrue se traduit
par une hausse des prix ;
– l’inflation par les coûts : les prix augmentent parce que les coûts de production
augmentent, qu’il s’agisse des salaires, des produits importés ou, plus généralement, de la
hausse des prix des consommations intermédiaires ;
– l’inflation liée à la répartition des revenus : la lutte entre les groupes sociaux pour le
partage de la valeur ajoutée conduit chacun d’entre eux à accroître les prix qu’il est en
mesure d’influencer (prix agricoles pour la paysannerie, taux de salaire pour les salariés,
marges commerciales pour les entrepreneurs, etc.) ;
– l’inflation par la monnaie : les prix augmentent parce que la quantité de monnaie
augmente plus vite que la production.
Le dérapage du niveau général des prix est d’autant plus fort que les situations de monopole et
les goulots d’étranglement permettent à certains acteurs de la vie économique d’user de leur
pouvoir de marché. De plus, dans un contexte d’anticipations inflationnistes, chaque agent qui
le peut répercute les hausses de coûts sur les prix de vente, ce qui donne à l’inflation son
caractère autoentretenu. L’existence de règles d’indexation de certains revenus sur le niveau
général des prix joue dans le même sens.
L’inflation a des effets néfastes sur la compétitivité-prix de l’économie concernée lorsque les
prix domestiques augmentent plus vite que les prix étrangers. En changes fixes, cela n’est pas
compensé par la dépréciation du change, mais cela peut conduire à des dévaluations
périodiques.
L’inflation joue par ailleurs en faveur des agents endettés (dont l’État) et au détriment des
épargnants. En outre, toutes les catégories d’agents ne sont pas en mesure de se protéger
contre l’inflation en obtenant l’indexation de leurs revenus. L’inflation constitue donc une
procédure plus ou moins opaque de redistribution des revenus, qui contribue à aggraver les
inégalités.
Enfin, l’inflation nuit aussi au bon fonctionnement du mécanisme des prix en réduisant la
qualité de l’information sur l’évolution des prix relatifs.
S’il existe un accord général sur le fait qu’une inflation modérée peut être favorable à
l’économie, l’accélération du rythme de l’inflation et surtout la stagflation nécessitent la mise
en œuvre de politiques visant à la désinflation (c’est-à-dire au ralentissement du rythme de la
hausse des prix).
Pendant l’essentiel des Trente Glorieuses, l’accent a été mis sur les facteurs non monétaires de
l’inflation. Les pouvoirs publics ont donc eu recours (selon les pays et les périodes) au blocage
ou au contrôle des prix, à la politique des revenus, à des mesures en faveur de la concurrence,
au contrôle du crédit, à des politiques de l’investissement destinées à accroître l’offre de biens
et services, etc. Toutefois, le développement de la Grande Inflation a conduit à une influence
croissante de l’explication monétaire de l’inflation, et donc aux politiques monétaires fondées
sur le contrôle de la quantité de monnaie.
2.2 Les objectifs de la politique monétaire à partir
des années 1980
La définition des objectifs de la politique monétaire est fortement modifiée
à partir de 1979, d’une part en raison de l’influence croissante des idées
économiques libérales et notamment du monétarisme développé par M.
Friedman (voir point 1.1, chapitre 5) et, d’autre part, en raison du contexte
macroéconomique de stagflation. En effet, l’ensemble des pays de l’OCDE
sont affectés par une inflation à taux croissant (on parle de la Grande
Inflation) et à un chômage en hausse. Le président démocrate des États-Unis
de l’époque, Jimmy Carter, nomme en août 1979 Paul Volcker à la tête de la
Réserve fédérale11. Celui-ci opère une rupture majeure. Jusque-là, la banque
centrale, aux États-Unis comme dans le reste du monde industrialisé,
fournissait de la monnaie centrale aux banques de telle façon que le taux
d’intérêt à court terme soit maintenu à un niveau souhaité : la quantité de
monnaie était donc subordonnée à l’objectif de taux d’intérêt. Paul Volcker
renverse cette logique et opte pour une contraction de l’offre de liquidité
centrale pour lutter contre l’inflation en laissant le soin au marché de
déterminer le taux d’intérêt qui équilibre l’offre et la demande de monnaie
centrale. Ce taux augmente alors très fortement et cette hausse se répercute sur
l’ensemble de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis comme dans le reste
du monde. Cela conduit à une forte récession aux États-Unis et à la crise de la
dette du tiers-monde. Cependant, les anticipations inflationnistes sont cassées
et le taux d’inflation, qui était de 13,5 % aux États-Unis en 1981, tombe à 3,21
% en 1983. Cette politique de la FED renforce la tendance qui se manifestait
depuis le milieu des années 1970 : les banques centrales, de plus en plus
souvent indépendantes, centrent leur objectif final sur le seul contrôle de la
hausse des prix. Dans un premier temps, la lutte contre l’inflation repose sur
un objectif intermédiaire de quantité de monnaie (Monetary Targeting)12. Cet
objectif intermédiaire, adopté par de nombreux pays industrialisés, repose sur
l’idée selon laquelle c’est l’accroissement de la quantité de monnaie qui
détermine l’inflation. Les banques centrales annoncent publiquement un
objectif de croissance de la quantité de monnaie et mettent en place des
dispositifs qui visent à corriger les évolutions de la quantité de monnaie qui ne
seraient pas conformes à l’objectif. Cependant, à l’usage, cette politique
monétaire se révèle décevante car il n’existe pas de relation stable entre la
quantité de monnaie et l’inflation. Lorsque les politiques fondées sur le
Monetary Targeting ont permis de réduire l’inflation, c’est en raison de la
crédibilité des banques centrales et de la transparence dont elles faisaient
preuve dans l’annonce de leurs objectifs et des mesures prises pour les
atteindre. La déception face à cet objectif intermédiaire de quantité de
monnaie conduit à l’adoption à partir du début des années 1990 d’un objectif
d’inflation (Inflation Targeting). Dans ce cas, c’est l’objectif de taux
d’inflation qui est annoncé et la banque centrale doit prendre les mesures,
concernant aussi bien la quantité de monnaie, les taux d’intérêt, que les
anticipations des agents, qui permettent d’atteindre cet objectif d’inflation.
Les économistes, notamment Frederic Mishkin, ont tiré un bilan positif des
politiques d’Inflation Targeting. En soulignant, là aussi, l’importance de la
transparence de la banque centrale et de sa capacité à rendre compte à
l’opinion publique (et pas seulement au gouvernement) de la politique mise en
œuvre. Pour Mishkin, la cible d’inflation a l’avantage de ne pas être une règle
rigide et elle permet d’amortir les éventuels chocs inflationnistes. Le contexte
intellectuel des années 1990 à propos de la politique monétaire est bien
résumé par F. Mishkin : « La politique monétaire se situe désormais au cœur
des débats relatifs aux mesures susceptibles de favoriser une croissance
durable et la stabilité des prix dans l’économie. La politique budgétaire a
perdu son attrait en tant qu’instrument de stabilisation de l’ensemble de
l’économie, en raison des doutes quant à la capacité de régler les mesures
budgétaires de façon à atteindre le degré de stabilisation souhaité et
également du fait des préoccupations relatives aux déficits budgétaires. Il
s’ensuit que, depuis quelques années, économistes et hommes politiques
recommandent que l’objectif de stabilisation de la production et de l’inflation
revienne à la politique monétaire. Les économistes en sont également venus à
prôner plus fermement la stabilité des prix comme principal objectif à long
terme d’une banque centrale » (Mishkin, 1996, p. 91).
La réflexion sur les objectifs de la politique monétaire est enrichie en 1993
par John Taylor, qui présente son équation (dite équation de Taylor) visant à
rendre compte de la politique du taux d’intérêt de la banque centrale :
it = rn + pt + 0,5 (yt – y*) + 0,5 (pt – p*)
où :
• it est le taux d’intérêt directeur nominal fixé par la banque centrale
pendant la période t ;
• rn est le taux d’intérêt réel neutre (égal au taux de croissance en volume
à long terme de l’économie) ;
• yt est le taux de croissance effectif de l’économie ;
• y* est le taux de croissance potentiel de l’économie ;
• pt est le taux d’inflation observé dans la période t.
• p* est le taux d’inflation cible.
Le taux directeur de la banque centrale est donc corrélé positivement avec
l’écart de production ainsi qu’avec l’écart d’inflation : le taux d’intérêt
augmente en cas de tension inflationniste et baisse lorsque la croissance de la
production est inférieure à la croissance potentielle (et réciproquement). Dans
les formulations initiales de Taylor, l’écart de production et l’écart d’inflation
ont le même poids (égal à 0,5). Cette formule de Taylor suppose donc que la
banque centrale se préoccupe autant de l’inflation que de la croissance (ce qui
est conforme au mandat de la FED). Divers travaux ont montré que l’équation
de Taylor rend compte de façon satisfaisante de la politique du taux d’intérêt
pratiquée par la banque centrale (aux États-Unis et dans d’autres pays). À
cette utilisation descriptive de l’équation s’est ajoutée ensuite une fonction
normative, on parle alors de la « règle de Taylor », qui indique la norme de
comportement en matière de fixation du taux d’intérêt que devrait adopter la
banque centrale. Progressivement, à partir de la deuxième moitié des années
1990 puis entre 2000 et 2007, les banques centrales ont eu tendance à adopter
cette règle pour guider leurs décisions en matière de taux d’intérêt, mais
toujours en liaison avec la cible d’inflation qui est prise en compte dans la
formule de Taylor. L’application de cette règle, qui n’est pas une règle
invariable du type de celle proposée par M. Friedman, constitue une sorte de
« politique discrétionnaire sous contrainte » on parle aussi de « discrétion
basée sur une règle » (rule based discretion).
Pour Jean-Paul Pollin, l’importance accordée au principe de Taylor
constitue un renouvellement, voire une refondation de la théorie de la
politique monétaire. En effet, écrit-il, « de tout temps, on a présenté la
politique monétaire en faisant comme si les banques centrales contrôlaient la
masse monétaire. Même dans la tradition française du diviseur de crédit (et
donc d’endogénéïté de la monnaie), cette présentation n’a pas été vraiment
récusée, alors que chacun sait et peut vérifier au jour le jour que les banques
centrales fixent des taux d’intérêt et pas la base monétaire » (Pollin, 2005, p.
507)13. En effet, pour lui, il y a un divorce entre la théorie de la politique
monétaire dominante, qui considère que c’est la confrontation de l’offre et de
la demande de monnaie qui détermine le taux d’intérêt et qu’il revient donc à
la banque centrale de déterminer l’offre de monnaie (exogène) afin de fixer le
taux d’intérêt, et la pratique des banques centrales, qui, sachant qu’elles ne
peuvent pas déterminer la quantité de monnaie, se préoccupent de fixer le taux
d’intérêt14. La règle de Taylor a donc le grand mérite de recentrer la théorie de
la politique monétaire sur ce qui est vraiment l’objectif des banques centrales,
c’est-à-dire la fixation du taux d’intérêt.
En fin de compte, quels que soient les objectifs retenus15, les politiques
monétaires des années 1980-2007 ont permis dans un premier temps de
vaincre l’inflation et ensuite, en dépit de divers chocs (éclatement de la bulle
Internet en 2000 et attentat contre la World Trade Center en 2001), de
maintenir, surtout aux États-Unis, une croissance soutenue et une faible
inflation. C’est pour caractériser cette période des années 1990-2007 que l’on
a parlé de « Grande Modération ». La crise de 2007-2008 conduit à une
remise en cause des objectifs comme des instruments des politiques
monétaires (voir chapitre 10).
Source : Banque de France, Note d’information : « Qu’est-ce que la politique monétaire ? », septembre 2015 (jusqu’en
2007, on est en politique monétaire conventionnelle. À partir de l’année 2008, on est en politique monétaire non
conventionnelle (voir chapitre 10).
À partir de ses trois taux directeurs (voir focus 9.6), la BCE agit sur le
refinancement en monnaie centrale des banques de second rang (voir schéma
9.2). Les BSR se procurent la monnaie banque centrale qui est nécessaire à
leur liquidité dans le cadre des opérations principales de refinancement (Main
Refinancing Operation). Le taux des opérations principales de refinancement
est fixé par le Conseil des gouverneurs de la BCE (comme les deux autres
taux directeurs). On l’appelle couramment « taux refi » (pour refinancement)
et plus souvent encore, sur le modèle des États-Unis, « taux repo », puisqu’il
s’agit d’opérations de pension29. Dans le cadre de la politique monétaire
conventionnelle, les opérations principales de refinancement sont organisées
chaque semaine, avec une échéance d’une semaine sous forme d’appel
d’offres à taux variable30. Les BSR indiquent la quantité de monnaie centrale
qu’elles souhaitent obtenir et le taux d’intérêt auquel elles sont disposées à
rémunérer la BCE. Il existe un taux minimal de soumission qui est le taux
repo. Une fois les offres collectées, la BCE décide du montant total de
monnaie centrale qu’elle accorde et sert en priorité les banques qui ont
proposé les taux les plus élevés jusqu’à épuisement de la quantité totale des
liquidités que la BCE a prévu de mettre sur le marché. Certaines banques (qui
ont proposé des taux trop faibles) risquent donc de ne rien recevoir et les
liquidités sont accordées à des taux multiples (chaque banque paie le prix
qu’elle a annoncé). Par ailleurs, les banques gèrent quotidiennement leurs
liquidités en intervenant sur le marché interbancaire : celles qui, à l’issue de la
compensation interbancaire, disposent d’un excès de liquidité les placent sur
le marché (elles se portent offreur), celles qui ne disposent pas d’assez de
monnaie banque centrale empruntent la liquidité qui leur fait défaut sur le
marché interbancaire (elles se portent demandeur). La confrontation des offres
et des demandes (pour les opérations à 24 heures) détermine le taux au jour le
jour que l’on nomme EONIA (Euro OverNight Index Average) dans la zone
euro. Ce taux est le coût effectif du refinancement bancaire. En temps normal,
il est identique au taux refi ou très voisin de ce taux. Si, en principe de façon
exceptionnelle, une banque ne trouve pas sur le marché la monnaie banque
centrale qui lui est nécessaire (ce qui signifie que sur le marché interbancaire
la demande est rationnée), alors elle peut s’adresser directement à la banque
centrale et emprunter les liquidités qui lui manquent au taux de la facilité de
prêt marginal. Réciproquement, si une banque ne parvient pas à placer sur le
marché toute la liquidité excédentaire dont elle dispose (l’offre est rationnée),
alors elle peut placer cette monnaie banque centrale sur son compte à la BCE
et elle est rémunérée au taux de la facilité de dépôt.
Le taux de la facilité de prêt marginal (taux plafond) et le taux de la facilité
de dépôt (taux plancher) définissent un « corridor » au sein duquel on trouve à
la fois le taux directeur principal et le taux de marché qui fluctue au gré des
offres et des demandes.
En fin de compte, la BCE détermine ces taux directeurs en se fondant sur
deux piliers d’analyse :
• un pilier économique qui concerne l’analyse de l’inflation et plus
largement d’un grand nombre d’indicateurs portant sur la production,
l’emploi, le taux de change, etc. ;
• un pilier monétaire qui repose, notamment mais pas exclusivement, sur
l’évolution de l’agrégat monétaire M3.
Source : P. Artus, « Le policy mix des pays de l’OCDE est devenu trop expansionniste : quelles conséquences ? », Flash Économie
Natixis, n° 1352, 9 décembre 2016.
Core CPI : inflation sous-jacente. CPI : Consumer Price Index. GA : Glissement annuel.
Les profits des entreprises se sont redressés, mais sans effets significatifs
sur l’investissement, les taux de change de l’euro et du yen ont baissé, mais
sans effet marquant sur les exportations. En revanche, le partage des revenus
en défaveur des salariés continue à peser négativement sur la demande et, aux
États-Unis, l’amélioration de la situation de l’emploi ne conduit pas à une
hausse de la part des salaires dans la valeur ajoutée. Il semble donc que ce
sont des facteurs structurels de la croissance qui sont en jeu. Les banquiers
centraux et le FMI ont beau jeu de souligner que la politique monétaire a été
utilisée autant que cela était possible, mais qu’un relais des politiques
budgétaires est nécessaire. Or, du fait d’un niveau élevé de l’endettement
public et des contraintes qui pèsent sur la politique budgétaire (notamment au
sein de la zone euro), la politique de soutien à la croissance potentielle par le
budget n’est pas vraiment mise en œuvre. Des propositions ont été faites qui
conduiraient, par exemple, à financer des dépenses budgétaires par la
monétisation dans le domaine des infrastructures, de l’investissement en
capital et de la transition énergétique. Mais pour l’instant, ces propositions
sont restées lettre morte. En fait, c’est un nouveau policy mix, dans le cadre
d’une coopération internationale renforcée et d’un fédéralisme budgétaire
accru au sein de la zone euro, qui semble nécessaire. Mais les conditions
politiques de telles évolutions ne semblent pas réunies.
Patrick Artus se montre particulièrement critique à l’égard du Quantitative
Easing de la BCE tel qu’il a été conduit notamment en 2016. Il souligne que
désormais, la BCE achète surtout des obligations à des non-résidents dans la
zone euro. Ces derniers utilisent les liquidités en euro ainsi obtenues pour
acheter notamment des actions sur le marché boursier des États-Unis. De ce
fait, la création de base monétaire par la BCE ne soutient pas l’activité
économique au sein de la zone euro, mais risque de se traduire par la
formation de nouvelles bulles spéculatives via la hausse des prix d’actifs.
A
Abenomics 1
accélérateur financier 1, 2
accords
de Bâle II 1
de Bâle III 1
de Bâle I 1
accumulation du capital 1
Acte de Peel 1
actif 1
agrégats monétaires 1
ajustement par les prix 1
aléa moral 1, 2, 3, 4
ambivalence de la monnaie 1, 2
ancrage de l inflation 1
ante-validation 1, 2
anticipation 1, 2
adaptatives 1
rationnelle 1
rationnelles 1, 2
approche circuitiste 1
arbitrage
inflation/chômage 1
intertemporel 1, 2
travail/loisir 1
arbitre de marché (commissaire-priseur walrasien) 1
assignats 1
association française des banques 1
assouplissement
du crédit Credit Easing 1
quantitatif Quantitative Easing 1
quantitatif et qualitatif 1
asymétrie
d information 1
informationnelle 1
autofinancement 1
Autorité
bancaire européenne 1
de contrôle prudentiel et de résolution 1
européenne des assurances et des pensions professionnelles 1
européenne des marchés financiers 1
autorité
monétaires 1
avance sur richesse 1
aveuglement au désastre 1
B
bail in 1
bail out 1
banque systémique 1
bancarisation de l économie 1
bancassurance 1
Bank Charter Act 1
Banking School 1, 2
banque 1, 2, 3, 4
centrale 1, 2, 3, 4
d affaires 1, 2
de crédit à moyen et long termes 1
de dépôts 1, 2
de second rang 1
libre 1
systémique 1
systémiques 1, 2
universelle 1
Banque
centrale européenne 1
de France 1
base monétaire 1, 2
besoin de financement 1
bid ask spread 1
bien
collectif 1, 2
privatifs 1
billet
à ordre 1
de banque 1, 2, 3, 4
de trésorerie 1
bulle spéculative 1, 2
C
canal
des taux d intérêt bancaire 1
du bilan 1
du crédit 1
du crédit bancaire 1
du prix des actifs 1
du taux de change 1
capacité de financement 1
capital 1
capitaux propres 1
carré magique 1
Central Banking 1
certificats de dépôt 1, 2, 3
chambre de compensation 1
chocs
monétaires 1
réels 1
chômage wicksellien 1
cible d inflation 1, 2
circuit du Trésor 1
circulation de la monnaie 1
Cleaning Up Afterwards 1
coefficient de réserve 1, 2
cohérence intertemporelle 1
Comité
de Bâle 1
des établissements de crédit et des entreprises d investissement 1
communauté de paiement 1, 2
compensation interbancaire 1
comportements mimétiques 1
Concentration bancaire 1
conception
fonctionnaliste de la monnaie 1
substantialiste de la monnaie 1
concurrence parfaite 1
Conférence de Gênes 1
confiance
éthique 1
hiérarchique 1
méthodique 1
Conseil
de la résolution unique 1
européen du risque systémique 1
national du crédit 1
pour la stabilité financière 1
contrainte
de liquidité 1, 2, 3
institutionnelle 1
métallique 1, 2, 3
contreparties de la masse monétaire 1
controverse bullioniste 1
convention 1
convertibilité 1
-or 1
coopération 1
coordination 1, 2
hiérarchique 1
courbe
de Phillips 1, 2
de Phillips-Lipsey 1
de Phillips augmentée des anticipations 1
cours
forcé 1, 2, 3, 4
légal 1, 2, 3
libre 1, 2
coussin de conservation
des fonds propres 1
coussin
contracyclique 1
coût
d agence 1
d opportunité 1
de transaction 1
créance 1
création
de monnaie 1
monétaire 1
monétaire ex nihil 1
crédibilité 1, 2
crédit bancaire 1
Credit Crunch 1, 2
crise
de liquidité 1
de surinvestissement 1
systémique 1
critique de Lucas 1
croissance
économique potentielle 1
effective 1
potentielle 1
crowdfunding 1
Currency School 1, 2
cycle du crédit 1
D
décloisonnement 1
défaillance de marché 1
défauts de coordination 1
d effet de commerce 1
déflation 1, 2, 3
demande de monnaie 1
dématérialisation de la monnaie 1, 2
dépréciation 1
déréglementation 1
désinflation 1
désintermédiation 1
désir mimétique 1
destruction de monnaie 1
détour de production 1
dette
de vie 1, 2
primordiale 1
dévaluations 1
devise 1
dichotomie 1
faible 1, 2
forte 1
dilemme inflation/chômage 1
discipline du marché 1
discrétion basée sur une règle 1
diviseur de crédit 1, 2, 3
doctrine
Bernanke 1
Germain 1
domination budgétaire
Fiscal Dominance 1
droit
de propriété 1, 2, 3
de seigneuriage 1
E
écart de production
Output Gap 1
école économique suédoise 1
économie
d échange réel 1
d’encaisses 1
d endettement 1, 2
de crédit organisé 1
de crédit pur 1
de crédit simple 1
de fonds propres 1
de l offre 1
de marché financier 1, 2
de troc 1, 2, 3
marchande 1
monétaire 1, 2, 3
monétaires de production 1
non marchande 1
effet
accordéon (concertina effect) 1
boule de neige de la dette publique 1
Cantillon 1
d encaisse réell 1
de commerce 1, 2
de levier 1
de levier bancaire 1
Pigou 1
efficacité informationnelle 1
emprunt 1
encadrement du crédit 1
encaisse
désirée 1
monétaire 1
nécessaire 1
thésaurisée 1
EONIA 1, 2, 3
épargne préalable 1
équation de Taylor 1
équation
de Cambridge 1
équilibre
de sous-emploi 1
général 1
monétaire 1, 2
escompte 1, 2
escompte d effet de commerce 1
établissement
de crédit 1, 2
étalon-or 1
étalon
-or 1
de change or 1
de valeur 1
Eurogroupe 1
Eurosystème 1
ex ante 1
ex post 1
F
fable du troc 1
Fair Value 1
fait social total 1
faux droits 1
fétichisme de la marchandise 1
financement 1
de marché 1
direct 1
externe 1
intermédié 1, 2
interne 1
monétaire 1
non monétaire 1
participatif 1
sur fonds propres 1
financiarisation des bilans bancaires 1
fonction
d intermédiaire des échanges 1
d unité de compte 1
de la finance 1
de règlement 1
de réserve de valeur 1
fonds
de résolution unique 1
prêtables 1
propres 1
propres bancaires 1
Forward Guidance 1
franc Poincaré 1
Free Banking
banque libre 1
fuite interbancaire 1
G
Glass Steagall Act 1
globalisation financière 1
Gold Exchange Standard 1
Grande
Inflation 1, 2
Modération 1, 2, 3, 4
H
hiérarchie 1
hyperinflation 1
I
illusion monétaire 1
illiquidité 1
insolvabilité 1
incertitude 1
individualisme méthodologique 1
inflation 1, 2, 3
par la demande 1
par la monnaie 1
par les coûts 1
Inflation Targeting 1
instabilité financière 1
institution 1, 2
financière monétaire 1
financières 1
financières monétaires 1
financières non monétaires 1
instrument
conventionnels 1
de marché 1
réglementaires 1
intermédiation
bancaire 1
de bilan 1
de marché 1
investissement 1
K
keynésianisme de la synthèse 1
krach
de 1929 1
financier 1
L
Leaning Against the Wind 1
lettre
de change 1, 2, 3
lien social 1, 2, 3
liquidité 1, 2, 3, 4
de marché 1
ultime 1
livre blanc sur les services financiers 1
Loans Make Deposits 1
loi
bancaire de 1984 1
de Gresham 1, 2, 3
de modernisation des activités financières 1
de Say 1, 2, 3
de Walras 1
des débouchés 1, 2, 3, 4
du reflux 1, 2
sur la sécurité financière de 2003 1
M
M. Friedman 1
M1 1
M2 1
M3 1
marchandise 1, 2
marché 1, 2
autorégulateur 1
des actions 1
des capitaux 1
des fonds prêtables 1, 2
des obligations 1
financier primaire 1
financier secondaire 1
financiers 1
interbancaire 1, 2
monétaire 1, 2
marchéisation du crédit bancaire 1
Market to Market 1
masse
monétair 1
monétaire 1, 2, 3, 4, 5, 6
mécanisme
cumulatifs wickselliens 1
de résolution unique 1
de surveillance unique 1
métallisme 1
modèle
DSGE 1
Harrod-Domar 1
moment Minsky 1
Monetary Targeting 1
monétarisme 1
monétisation
de créance 1, 2, 3, 4
monnaie 1, 2
-voile 1
100 % 1
active 1
au sens large 1
au sens strict 1
banque centrale 1
BC 1
BSR 1, 2
centrale 1, 2, 3
de crédit 1, 2, 3
divisionnaire 1, 2, 3
endogène 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
exogène 1, 2
fiduciaire 1, 2, 3, 4, 5
marchandise 1, 2
métallique 1, 2, 3
métallique comptée 1
métallique frappée 1
métallique pesée 1
neutre 1
privées 1
privées concurrentes 1, 2
scripturale 1, 2, 3, 4, 5
signe 1, 2
substance 1
super-neutre 1, 2
motif
de précaution 1
de spéculation 1
de transaction 1
moyens originaires de production 1
multiplicateur
d'investissement 1
de crédit 1
mutation des monnaies 1, 2
mutualisation de la garantie des dépôts 1
N
Nairu 1
NAWRU 1
NEC 1
NEK 1
neutralité de la monnaie 1, 2, 3, 4
New Monetary Economics 1
niveau général des prix 1
NMC 1
nouveaux classiques 1
nouvelle
économie classique 1, 2
économie keynésienne 1, 2, 3
macroéconomie classique 1, 2
synthèse néoclassique 1, 2
numéraire 1
O
objectifs
finaux 1
intermédiaires 1
opérationnels 1
obligations sécurisées 1
offre de monnaie 1
OPCVM 1, 2
open market 1
opération
twist 1
d open market 1
de banque 1
de refinancement 1
de réglage fin 1
principales de refinancement 1
ordre
construit 1
spontané 1
Originate to Distribute 1
orthodoxie monétaire 1
overdraft economy 1
P
paléo-monnaie 1, 2, 3
paniques bancaires 1, 2, 3
papier-monnaie 1, 2, 3
paradigme de politique publique 1
paradoxe
de la crédibilité 1
de la tranquillité 1, 2
pari bancaire 1, 2
plafond de réescompte 1
Plan d action pour les services financiers 1
plancher de bons du Trésor 1
politique
discrétionnaire sous contrainte 1
économique 1
économiques discrétionnaires 1
macroprudentielle 1, 2
microprudentielle 1
mixte Polici Mix 1
monétaire 1, 2, 3
monétaire conventionnelle 1
monétaires non conventionnelles 1, 2
post-keynésiens 1, 2
postulat d homogénéité 1
pouvoir
de marché 1
libératoire général 1, 2
préférence
pour la liquidité 1, 2
pour le futur 1
pour le présent 1
preneurs de prix 1
prêteur en dernier ressort 1, 2
prévention macroprudentielle 1
principe de Taylor 1
prix
d équilibre 1
du temps 1
nominaux 1
relatifs 1, 2, 3, 4
propension
à consommer 1
à épargner 1
prophéties autoréalisatrices 1
Q
Quantitative Easing 1
R
rapport
Liikanen 1, 2
Marjolin-Sadrin-Wormser 1
social 1
Vickers 1
ratio
Cooke 1
de couverture 1, 2
de fonds propres 1
de levier 1
McDonough 1
rationnement 1, 2
du crédit 1
ratios
de fonds propres 1
de liquidité 1
prudentiels 1
ré-intermédiation 1
refinancement
à taux fixe 1, 2, 3
à taux variable 1
bancaire 1
en monnaie centrale 1
refus
de la dichotomie 1, 2, 3
de la neutralité 1
réglage fin de la conjoncture 1
règle
de Bagehot 1
de Mundell 1
de Taylor 1
de Tinbergen 1
des k % 1
des trois D 1
Volcker 1
réglementation Q 1
règles
prudentielles 1
Regulation Q 1
répression financière 1
réserves
excédentaires 1
obligatoires 1
révolution
bancaire 1
keynésienne 1
marginaliste 1
risque
de contrepartie 1
de crédit 1, 2
de marché 1
de système 1
systémique 1, 2, 3, 4, 5
S
schéma IS-LM 1, 2
sélection adverse 1, 2
sélectivité du crédit 1
Shadow Banking 1, 2
socialisation des travaux privés 1
solvabilité 1, 2
sphère
monétaire 1
réelle 1
stabilisation Poincaré 1
stabilité
des prix 1
financière 1, 2, 3, 4 1
stagflation 1, 2, 3
stress tests 1
surcharge systémique 1
surchauffes 1
surendettement 1
survaleur
plus-value 1
surveillance
macroprudentielle 1
microprudentielle 1
synthèse
keynésienne 1
néoclassico-keynésienne 1
néoclassique 1, 2, 3, 4, 5
système
bancaire 1
bancaire hiérarchisé 1
de monnaie de crédit 1
de monnaie métallique 1
financier 1, 2
monétaire international 1
Système
européen de banques centrales 1
européen de surveillance financière 1
T
Targeted Long Term Refinancing Operations 1
too big to fail 1
taux
repo 1
au jour le jour 1
d'autofinancement 1
d'inflation 1
d'intérêt 1, 2, 3, 4
d'intérêt du marché 1
d'intérêt du marché (taux d intérêt monétaire) 1
d'intérêt du marché interbancaire 1
d'intérêt naturel 1, 2
d'intermédiation 1
de chômage 1
de chômage naturel 1
de fuite 1, 2
de la facilité de dépôt 1
de la facilité de prêt marginal 1
de réescompte 1, 2
de réserve 1
des opérations principales de refinancement 1, 2
des réserves obligatoires 1
directeurs 1
lombard 1
plafond de la Banque de France 1
plancher de la Banque de France 1
refi 1
temps 1
théorème
d'équivalence de Ricardo-Barro 1
de Modigliani et Miller 1
théorie
autrichienne du capital 1
des cycles réels 1
des fonds prêtables 1
étatique de la monnaie 1
monétaire de la production 1
monétaire des crises 1
organique de l'État 1
quantitative de la monnaie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
quantitative de monnaie 1
titre obligataire 1
titrisation 1, 2, 3, 4
traité
de Bretton Woods 1
de Maastricht 1
transparence 1
trappe
à la liquidité 1
à liquidité 1, 2
travail
abstrait 1
concret 1
troc 1, 2
U
Union bancaire 1
unité de compte 1, 2
usure 1
V
valeur
d'échange 1, 2
d'usage 1
Very Long Term Refinancing Opération 1
violence
fondatrice 1
symbolique 1
vitesse de circulation de la monnaie 1
voile monétaire 1
vraies créances 1, 2
vrais droits 1
Z
Zero Interest Rate Policy 1
Zero Lower Bound 1
W
www.banque-france.fr/politique-monetaire/presentation-de-la-politique-
monetaire/definition-de-la-politique-monetaire.html 1
www.bis.org/bcbs/history.htm1
www.ecb.europa.eu/press/key/date/2012/html/sp120726.en.html 1
Index des auteurs
A
Aglietta M. 1, 2, 3, 4, 5, 6
Akerlof G. 1
Allais M. 1
Aristote 1, 2
Artus P. 1
B
Bagehot W. 1
Barre R. 1
Barro R. 1, 2
Baudin L. 1
Bernanke B 1, 2
Blancard G. C. 1
Blanchard O. 1, 2, 3
Bodin J. 1, 2, 3
Böhm-Bawerk E. 1
Bordes C. 1
Bourguinat H. 1
Braudel F. 1, 2
C
Cartapanis A. 1
Caruana J. 1
Clerc L. 1
Cohen B. H. 1
Cohen D. 1
Commons J.-R. 1
Couppey-Soubeyran J. 1, 2, 3, 4
D
Davidson P. 1
De Sismondi, J. Ch. 1
Denizet J. 1
Destais C. 1
Draghi M. 1, 2
Dupriez L. 1, 2
F
Figuet J.-M. 1, 2
Fisher I. 1
Fitoussi J.-P. 1
Friedman M. 1, 2, 3, 4, 5, 6
G
Gaffard J.-L. 1, 2
Galbraith J. K. 1, 2, 3
Girard R. 1, 2
Goodhart Ch. 1, 2
Gordon D. 1
Greenspan A. 1
H
Hahn F. 1
Hansen A. 1
Hayek F. 1, 2
Hicks J. R. 1
Hume D. 1
I
Issing O. 1
J
Jevons S. 1, 2, 3, 4, 5
K
Kaldor N. 1, 2
Kauffmann P. 1
Kelber A. 1
Keynes J. M. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Kindleberger C. 1
Knapp G. F. 1
L
Larosière J. de 1
Lavigne A. 1
Law J. 1, 2, 3
Le Bourva J. 1
Le Cacheux J. 1
Lecaillon J. 1, 2
Leontiev W. 1
Lucas R. 1, 2, 3
M
Malestroit J. de 1, 2
Malthus T. R. 1, 2
Marchal J. 1, 2
Marshall A. 1, 2, 3
Marx K. 1, 2, 3, 4
Menger C. 1, 2
Merton R. C. 1
Mill J. S. 1, 2
Minsky H. 1, 2
Mises L. 1
Mishkin F. 1
Monnet E. 1, 2
Mossé R. 1
Muth J. 1
Myrdal G. 1
N
North D. 1
O
Okun A. 1
Orléan A. 1, 2, 3
P
Palmstruch J. 1
Pareto V. 1, 2
Parguez A. 1
Patat J. P. 1, 2
Patinkin D. 1
Pfister C. 1
Philip A. 1
Pigou A. C. 1, 2
Pollin J.-P. 1, 2
Poulon F. 1
R
Ragot X. 1, 2
Rajan R. 1
Reinhart C. 1
Ricardo D. 1, 2, 3, 4
Rist C. 1
Robbins L. 1
Robinson J. 1
Rogoff K. 1
Roubini N. 1
Rueff J. 1, 2, 3, 4, 5, 6
Ruffini P. B. 1
S
Salin P. 1
Saraceno F. 1
Sargent T. 1
Sauvy A. 1
Say J.-B. 1, 2, 3
Schmoller G. 1
Schumpeter J. A. 1, 2, 3
Scialom L. 1
Shiller R. 1
Simiand F. 1, 2
Simmel G. 1
Smith A. 1, 2, 3, 4, 5, 6
Spence M. 1
Stiglitz J. 1
T
Taylor J. 1
Thorn R. S. 1
Tobin J. 1
Tooke T. 1, 2, 3, 4
Toynbee A. 1
Triffin R. 1
Turgot J. 1
V
Veblen T. 1
Vilar P. 1, 2
Volcker P. 1, 2
W
Walker F. A. 1
Walras L. 1, 2
Weintraub S. 1
Wicksell K. 1, 2, 3
Woodford M. 1
Y
Yelen J. 1