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LE RISQUE DE TAUX D’INTERÊT

I. Approche définitionnelle

Loin d’avoir une définition universelle, la notion de risque est assimilée à l’incertitude
et à l’existence d’un danger potentiel. L’évènement sous-jacent à cette notion a pour effet
donc d’avoir de très lourdes conséquences selon l’environnement dans lequel on se situe.
Sur le domaine bancaire, pour parler de celui-là, il existe plusieurs types de risque dont
le risque de marché qui comprend, entre autres, le risque de taux d’intérêt. La survenance de
ce dernier a d’importants effets sur le bilan de la banque. Le risque de taux représente, en
effet, le risque pour la banque de voir sa situation financière et ses résultats affectés par une
évolution des taux d’intérêt qui lui est fatale. La banque est certes amenée à cohabiter avec ce
risque pour continuer à réaliser ses opérations mais, ses objectifs de résultats la contraignent à
le circonscrire à plusieurs niveaux: Quelles origines ? Quels impacts réels? Quelles mesures ?
Quelles couvertures ?

II. Origines du risque de taux d’intérêt

Les formes du risque de taux d’intérêt sont variées. Cette diversité permet de mieux
apprécier les origines de ce dernier. Il s’agit du risque de révision, du risque de translation, du
risque de déformation, du risque de base et du risque lié aux options implicites. En effet :
Le risque de révision révèle, pour les emplois et les ressources à taux fixe,
l’inadéquation des différentes échéances. Pour les positions en taux variables, il est
révélateur de problèmes liés à :
o La fréquence de révision des taux d’intérêt des ressources qui peut différer de
celle de leur emploi.
o L’échéance des taux de base de révision des ressources et des emplois qui
peuvent ne pas concorder.
Le risque de translation trouve son origine dans le fait que les emplois à taux fixes
soient souvent financés par des ressources à taux variables et vice-versa.
Le risque de déformation de la courbe de taux d’intérêt est induit simplement par les
variations non anticipées de la courbe de taux.
Le risque de base est imminent lorsque les taux variables des actifs et passifs souffrent
d’une corrélation imparfaite quant à leur ajustement.
Le risque lié aux options implicites naît du caractère rationnel de la clientèle face aux
mouvements de la courbe de taux.
Aussi diverses que soient les origines du risque de taux d’intérêt, il n’en demeure pas
moins que les conséquences n’en soient que triple.

Problématique du risque de taux d’intérêt 1

Luc Kouao
III. Impacts du risque de taux d’intérêt

Le risque de taux d’intérêt peut avoir un impact défavorable tant sur le résultat de la
banque que sur sa valeur et sur sa solvabilité.
Les opérations de la banque définissent des produits et charges d’intérêt dont la
différence détermine la marge nette d’intérêt. Cette marge est donc très sensible à l’évolution
des taux et peut se dégrader du fait du risque de translation et du risque de base.
Aussi, le risque de révision des taux, le risque de déformation de la courbe de taux et
le risque lié aux options implicites peuvent entrainer des modifications des taux (révision de
taux de base, renégociation de taux suite à remboursement anticipé) qui vont impacter
négativement les flux de trésorerie attendus des dettes, des crédits et engagements hors bilan.
La conséquence directe de cette dégradation de la valeur de la banque (déterminée par
l’actualisation des flux de trésorerie ci-dessus mentionnés) est la dégradation de sa solvabilité
vis-à-vis des autres acteurs du marché.
Face à l’ampleur des impacts, les banques sont tenues, comme stipulé dans les accords
bâlois, de mesurer leur risque de taux d’intérêt.

IV. Mesures du risque de taux d’intérêt

Ces mesures consistent en la détermination de la sensibilité de la marge nette d’intérêt


future à toute variation espérée de taux et des effets de cette variation sur la valeur marchande
du bilan (dettes, créances, engagements hors bilan).
L’outil de mesure le plus utilisé dans la détermination de la sensibilité de la marge
nette future est le gap de taux selon l’échéancier de révision des taux. Il se calcule en
effectuant la différence entre les actifs à taux variables et les passifs à taux variables sur une
période donnée. L’hypothèse sous-jacente est l’uniformité des échéances de révisions des
différentes positions. Le gap négatif va alors s’analyser comme un excès de dettes qui peut
affecter négativement la marge d’intérêt en cas de hausse des taux d’intérêt. De cette même
manière, une possible baisse des taux dégradera cette marge si le gap s’avère être positif. La
variation de la marge nette d’intérêt sera donc fonction de la variation de taux.
L’effet des mouvements de taux d’intérêt sur la valeur marchande s’apprécie, quant à
lui, par le calcul de la duration des positions qui la constituent. La duration repose sur le
principe d’actualisation des flux futurs des dettes et actifs en vue de déterminer la durée
moyenne pondérée de ceux-ci. Sa forme simplifiée exprimée en pourcentage détermine leur
sensibilité à toute variation de taux.
Ces mesures du risque se basent sur des données connues et facilement prévisibles
telles que l’échéancier de révision, d’où leur caractère statique. Cependant, une analyse en
vision dynamique permettrait de davantage apprécier l’impact du risque de taux. Cette analyse
est fondée sur des scenarii de taux qui intègrent les fluctuations futures de taux et sur la prise
en compte d’activités nouvelles.
Ceci dit, outre la mesure, la gestion du risque de taux consiste aussi en sa couverture.

Problématique du risque de taux d’intérêt 2

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V. La couverture du risque de taux d’intérêt

La couverture est mise en place au travers de différents instruments financiers tels que
le swap de taux, le cap, le floor, le collar, le forward/forward et le FRA (future rates
agreement). En effet :
Le swap de taux est un contrat d’échange de taux d’intérêt contre un autre taux. On
distingue le swap emprunteur du swap prêteur. Le premier paie un taux fixe contre un
taux variable tandis que le second paie un taux variable contre un taux fixe. Le
notionnel n’est jamais échangé. Seuls les différentiels d’ajustement de taux sont
versés. De cette manière, on se protège contre la fluctuation des taux tout en réalisant
des opérations d’arbitrage.
Le cap est un contrat qui permet de se prémunir contre la hausse des taux d’intérêt sur
une période donnée moyennant le paiement d’une prime. Il assure à son acheteur un
taux plafond à l’emprunt. Le différentiel de flux d’intérêt est versé à l’acheteur du
contrat en cas de hausse des taux au-dessus du taux plafond défini.
Le principe du floor est le même que celui du cap à la différence que l’acheteur de ce
contrat veut se prémunir contre une baisse des taux de placement en fixant un taux
plancher.
Le collar réunit en un seul contrat le principe du cap et celui du floor. Il définit donc
une zone de taux d’intérêt bornée par le taux plancher et le taux plafond.
Le forward/forward matérialise l’entente entre deux parties sur une opération
d’emprunt ou de placement qui sera réalisée à un taux d’intérêt et une date future déjà
définies et spécifiées.
Le FRA est aussi un contrat à terme entre un emprunteur et un prêteur de taux d’intérêt
préfixé en regard d’un taux de référence. A terme ou date de valeur, le prêteur est tenu
de verser le différentiel de taux si le taux de référence est supérieur au taux préfixé.
L’emprunteur est tenu par la même obligation en cas de conjoncture inverse.

Problématique du risque de taux d’intérêt 3

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