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Al-Jâwab al-Mustaqîm ‘ammâ sâ’ala ‘anhu at-Tirmidhî al-Hakîm

Les réponses justes au questionnaire que dressa at-Tirmidhî al-Hakîm


DU
Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn al- ‘Arabî
Introduction & traduction par SLIMANE REZKI
Al-Jâwab al-Mustaqîm ‘ammâ sâ’ala ‘anhu at-Tirmidhî al-Hakîm
Les réponses justes au questionnaire que dressa at-Tirmidhî al-Hakîm
DU
Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn al- ‘Arabî
Introduction & traduction par SLIMANE REZKI
© Mars 2011, Tabernacle des Lumières
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Réponses du Sheikh al-Akbar aux questions d’al-Hakîm at-Tirmidhî Al-Jâwab al-Mustaqîm1 ‘ammâ
nhu at-Tirmidhî al-Hakîm Les réponses justes2 au questionnaire que dressa at-Tirmidhî al
-Hakîm
Introduction
Comme nous l’annoncions lors de la parution de notre traduction du Sceau des Saint
s de Hakîm Tirmidhî, nous donnons, à présent, la traduction des réponses à ces questions. El
les nous sont parvenues en deux temps, la première livraison que nous traduisons i
ci-même et la seconde que nous présenterons prochainement. La première version qui nou
s occupe ici s’intitule Jawâb al-Mustaqîm, elle est très synthétique et, comme l’indique son
titre, va droit au cœur des choses. Les réponses données dans cette première version so
nt verticales3 alors que dans la seconde version, constituant la majeure partie
du chapitre 73 des Futûhât Mekkiyah, les réponses sont beaucoup plus exhaustives et pl
us détaillées bien qu’elles s’appuient toujours sur celles données dans ce premier traité. C
e questionnaire dresse un criterium de la sainteté et cherche à mettre en évidence son
essence profonde. Par exemple, Ibn ‘Arabî dit qu’aucun Saint n’est ignorant, ce qui con
stitue un premier point commun entre toutes les formes de sainteté. D’autres travaux
comme ceux de Sullamî, de ‘Attâr, de Sha’rânî … constituent des mémoriaux où se trouvent cit
grands Saints musulmans appartenant à diverses époques et régions. Il est intéressant de
faire une comparaison avec les compilations du même genre existant dans d’autres tr
aditions pour s’apercevoir que les types de sainteté sont toujours et partout les même
s. Mieux, lorsque nous passons au-delà des particularités caractérisant chaque Saint p
armi lesquels se trouvent des hommes et des femmes qu’ils soient gouverneurs, érudit
s, juristes, commerçants, et même… voleurs, un point commun nous saute aux yeux, il n’y
a pas de système de sainteté. Il n’y a
Traduction effectuée d’après l’étude critique donnée par ‘Uthmân Ismâ’îl Yahia. Cette étude s
n manuscrit de l’Institut de lettres orientales de Beyrouth. 2 Nous traduisons Mus
taqîm par justes, il est également possible de le traduire par droites, mais surtout
par verticales. 3 Ce qualificatif s’entend en rapport avec le titre même de ce trai
té comme nous le rappelons dans la note précédente. En soi, la notion de verticalité tro
uve place dans la terminologie et le symbolisme traditionnel. Cette notion expri
me un rapport direct et intérieur avec les vérités principielles. Elle implique le dépas
sement des considérations « horizontales » qui ne peuvent, de par leur nature, qu’être des
reflets ou des images des réalités d’ordre vertical. Le caractère de la verticalité est d’a
ller au cœur des choses, de les aborder en leur essence et audelà de leurs formes ou
applications possibles. Pour imager notre propos, disons que dans le symbolisme
mathématique, la verticalité est ce qui se rattache aux axiomes et aux théorèmes, et ce
qui est horizontal, relève des nombreuses applications formelles et particulières q
u’il est possible de tirer de ces mêmes théorèmes et axiomes. Ainsi, une loi, une règle, u
n statut, un commandement, un archétype … jouera toujours un rôle vertical par rapport
à ses diverses applications ne représentant qu’une simple contextualisation à caractère h
orizontal.
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donc pas de modèle précis ou de mode de vie assurant la sainteté si ce n’est le modèle pro
phétique. Celui-ci, bien que constituant la référence, ne possède pas de particularité extér
ieure : le Prophète a été commerçant, il fréquentait les pauvres comme les riches, il fut
gouverné et gouverneur, il fit la guerre et aima pourtant plus que tout la paix ;
ce fut un grand homme politique et un diplomate avisé et fin, il s’isolait et vivait
aussi en société. Il voyageait, il veillait, il jeûnait et rompait aussi le jeûne. Bien
qu’aimant la retraite spirituelle, il avait une vie familiale et éduquait des enfan
ts… En somme, toutes les voies peuvent mener à la sainteté, il n’y a qu’une condition comm
une à toutes les facettes incarnées dont celle-ci s’est revêtue au cours de l’histoire, c’es
t une volonté intérieure, autrement dit une orientation qui doit être sincère et sans fa
ille. Ce questionnaire soulève une autre notion centrale, celle du Sceau des Saint
s et par voie de conséquence celle de sceau tout court. De même qu’il y a un sceau de
la prophétie, il y a un sceau pour chaque type de sainteté ; générale, particulière et sat
anique. Cette notion génère plusieurs questions fondamentales qu’il est nécessaire de cl
arifier pour bien comprendre leur hiérarchie, le rôle des Saints et en particulier c
elui du Sceau. Comme le montre la première partie du chapitre 73 des Futûhât Mekkiyah,
la sainteté se répartit en catégories, chacune d’elles est occupée par un ou plusieurs Sa
ints. Il est donc évident que du plus haut au plus bas de la hiérarchie de la sainte
té nous rencontrons tout type de sainteté avec toutes les variétés et modalités qu’il est po
ssible d’imaginer. Certains d’entre eux sont très connus et d’autres, parmi les plus émine
nts, restent inconnus. Ce fut le cas de Tirmidhî dont la mémoire ne fut remise à jour
que par Ibn ‘Arabî, c’est le cas également de Ibn Abî Jumrâ qualifié de sultan de l’Orient et
l’Occident par le Prophète lors d’une vision de Ibn ‘Atâ Allah as-Sakandârî. Les Saints poss
nt des particularités qui permettent de les identifier comme faisant partie de tel
le ou telle catégorie. On croit de manière générale que les Saints et leurs assemblées se
situent dans des lieux inconnus et retirés. En vérité, ils se réunissent et échangent dans
des endroits publics à ciel ouvert. Ces descriptions sont symboliques : bien que
présents, ils sont cachés aux yeux de ceux qui s’illusionnent sur la sainteté et qui ne
parviennent pas à les reconnaître. Voilés derrière la lettre du Coran, leurs conciliabul
es sont perçus par le commun des mortels sans être compris. La terminologie coraniqu
e, partagée par l’exotérisme et l’ésotérisme permet d’évoquer des concepts semblables selon d
points de vue totalement différents. Par exemple, en parlant d’un chapitre coranique
évoquant l’histoire d’un personnage et d’un contexte historique, ils parlent en réalité de
leur situation personnelle et actuelle. Nombreux sont ceux qui placent leur critèr
e de reconnaissance des Saints dans la production de phénomènes paranormaux comme le
s miracles. Or, un Saint n’est pas, par définition, un « faiseur » de miracles mais quel
qu’un qui connaît Dieu. La connaissance divine n’implique pas de marcher sur les eaux,
de voler dans les airs4 ou de vivre en lévitation. Elle implique le fait de savoi
r se servir de toutes ses facultés de connaissance et notamment de celle que l’islam
appelle le cœur et ses diverses facettes comme le Fu’ad et le Lubb5. En somme, le m
eilleur voile de protection reste l’ignorance de tous ceux pour qui la sainteté est
source de belles histoires fantasmagoriques toutes plus étranges les unes que les
autres. En réalité, les Prophètes seuls sont préservés de l’erreur. Ils n’en commettent jamai
sauf en apparence et à titre de modèle pour indiquer un piège que recèle telle ou telle ét
ape de
Marcher sur les eaux et voler dans les airs sont des symboles correspondant à la c
apacité de maîtriser son âme et ses désirs et à la faculté de s’élever à des domaines de comp
on d’ordre universel. Il ne s’agit, bien évidemment, pas de prendre ces symboles au pi
ed de la lettre mais de savoir les transposer et les réaliser. En soi, marcher sur
les eaux pourrait permettre d’éviter de payer le prix d’un billet de bateau mais si l
e fruit d’une voie initiatique mène uniquement à ce genre d’avantages, c’est quand bien pe
u pour tant d’efforts et de sacrifices. 5 Ce sont des facultés de connaissance intui
tive qui a défaut d’être régulièrement utilisées s’atrophient et peuvent paraître inexistante
Une bonne partie des exercices de la méthode initiatique consiste à apprendre à se ser
vir de ces facultés.
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l’initiation. Quant aux Saints, eux, contrairement à l’opinion répandue, ils ne sont pas
censés tout connaître ni tout comprendre et peuvent être l’auteur d’une faute. Les degrés d
e la sainteté, comme nous le disions, sont multiples et il y aurait donc de nombre
uses distinctions à opérer entre chaque catégorie de Saints. Ainsi, dans les premières c
atégories, ceux-ci restent encore soumis à la possibilité de fauter, de se tromper, d’ig
norer certains détails notamment concernant les applications des principes constit
uant les différents domaines scientifiques6 : mathématiques, grammaire, médecine, arch
itecture… Une autre méprise peut ressortir à la lecture des ouvrages sur l’initiation et
la réalisation spirituelle : toute voie initiatique est régie par plusieurs fonctio
ns en particulier celle du guide (le cheikh) dont la tâche n’est pas de se rendre in
dispensable et d’être vénéré indéfiniment, mais bien au contraire de mener le disciple au po
int de rencontre avec le Maître intérieur, étape essentielle mais néanmoins encore inter
médiaire. Si, à juste titre, les ouvrages dont nous parlons assimilent le cheikh à un
Saint, cela ne concerne que l’initiation comme elle devrait être. Malheureusement, e
ntre ce qu’elle devrait être et ce qu’elle est réellement, particulièrement de nos jours7,
il y a un fossé incommensurable. Le titre de cheikh s’obtient de plusieurs façons. Qu
and ce titre s’obtient par héritage, on est en droit de se demander si la filiation
sanguine est garante de sagesse. Sans rentrer dans le détail, les critères actuels p
ermettant de devenir le cheikh d’une branche quelconque de l’initiation8 et ceux per
mettant d’accéder à la sphère de la sainteté, même dans ces premiers degrés, n’ont plus rien
commun et ne permettent plus d’assimiler l’un à l’autre. Venons-en plus précisément à la noti
n de sceau constituant la trame doctrinale de ce livre. Cette notion est commune
à plusieurs genres de fonction9. Cependant, quel que soit le domaine envisagé, le s
ceau envisagé comme personne (support) ou fonction, consiste à concentrer au maximum
toutes les forces et particularités définissant le domaine où elle doit s’exercer. Celu
i qui est qualifié de sceau n’est autre que celui dont les aptitudes correspondent l
e mieux à l’expression de cette fonction. C’est, à ce titre, que le Sceau des Prophètes in
carne la synthèse de la sagesse et de toutes ses expressions, sa sphère est la plus
universelle et la plus englobante. Les sceaux de la sainteté ne peuvent, par conséqu
ent, que dépendre du Sceau de la Prophétie et ne représenter que des sphères intérieures e
t hiérarchiquement inférieures. Le sceau des saints10 sataniques n’est autre que le Da
jjâl11, si la sphère satanique est, par
L’imâm ach-Chafi’î rapporte au sujet de son maître bien moins instruit que lui au sujet de
la jurisprudence : « En ce qui me concerne, je connais les statuts et commandemen
ts d’Allah, lui connaît Allah ». 7 Cela tant en Orient qu’en Occident. S’il est vrai que c
ertains maîtres authentiques subsistent, les contrefaçons et charlatans ne cessent d
e se multiplier, et nous ne parlons pas des représentants (muqaddam) chez qui le « Règ
ne de la Quantité) est à son apogée. 8 Nous ne parlons ici que de l’initiation afin de r
ester dans le sujet central de ce livre. Cependant, le titre de Cheikh est tout
aussi valable quand il s’agit de qualifier le détenteur d’une science religieuse ; jur
isprudence, récitation du Coran, histoire du Prophète et de la communauté, la langue a
rabe, le droit, la tradition prophétique et ses règles… Là encore, les critères qui permet
taient de considérer une personne comme « savante » et de l’appeler « Cheikh », sont dévoyés.
lleurs, aujourd’hui le titre de « Doctor » est plus usité que celui de « Cheikh » en Orient
même et marque bien le changement de mentalité où la référence traditionnelle disparaît derr
ière la référence universitaire. 9 Rappelons que l’état de l’être servant de support à ce gen
de fonction concorde toujours à la nature de celleci. Sans pouvoir entrer dans le
détail, de nombreuses fonctions peuvent être remplies par des personnes ne possédant p
as l’état spirituel (ou satanique…) correspondant. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir
conscience de la fonction pour que celle-ci soit correctement accomplie ; c’est le
cas, en tout état de cause, des gens dupes de ce qu’ils véhiculent et qui se retrouve
nt, sans le savoir, au service d’un principe inverse à leurs convictions. 10 Ici, le
terme « saint » peut correspondre à une fonction spirituelle ou à son inverse. A l’image
d’autres concepts tels ceux de « croyant », de « soumis à » (musulman), de proche ou d’éloign
peuvent, comme la qualité des actes, se comprendre qu’en fonction du point de vue e
t des circonstances. Le Coran qualifie de croyant ceux qui adhèrent à une doctrine,
que celle-ci soit orthodoxe ou hétérodoxe ne change rien. La notion de « saints », en ar
abe « awliyâ », comporte les significations de proche, de protecteur, de tuteur, de pr
otégé, de
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excellence, celle de l’illusion, le Dajjâl est l’être le plus illusionné et produisant la
plus fabuleuse illusion. Dans notre introduction à la traduction du livre de Hakim
at-Titmidhî nous avons développé plusieurs types de symbolisme se rapportant à la notio
n de sceau. Ici, nous préférons insister sur la réalité propre de cette fonction en la r
attachant à son principe et non plus à l’une des multiples formes ou applications qu’ell
e peut recouvrir dans la manifestation. C’est en identifiant les particularités d’une
fonction que l’on parvient à la reconnaître au-delà de ses diverses modalités d’expression.
Cette remarque conduit à s’intéresser à la fonction elle-même qui, par nature, est permane
nte et immuable et non plus à ses nombreux supports formels qui eux-mêmes, par natur
e également, ne peuvent être que passagers et changeants. En dehors des considérations
sentimentalistes12 que cela implique ainsi que tous les différends naissant d’un te
l comportement, l’important est la faculté de reconnaître et de pouvoir agir à tout mome
nt en concordance avec ces principes. Un principe est en permanence actuel, seul
es ses modalités de manifestation ou d’expression varient. S’attacher à l’une de ses expre
ssions au détriment des autres revient à n’être capable de reconnaître le principe que sou
s l’une de ses formes extérieures13. Pour qu’une réalité soit opérative, elle doit être actue
le et personnelle, ce sont les deux conditions pour que l’action des principes soi
t effective, notamment dans l’ordre initiatique. Si une idée n’est pas réalisée personnell
ement et actualisée à travers les supports qui la manifestent, le principe n’est pas a
lors compris et tous les actes découlant de cette incompréhension
préservé… Il désigne un comportement plus qu’une qualité en soi. Ici, la notion de qualité, c
lle des « awliyâ » (saints), est commune à la sphère satanique aussi bien qu’à la sphère divi
Mais les comportements et les buts des « saints » sataniques sont à l’opposé de ceux des «
saints » de Dieu. 11 « Ce règne de la “contre-tradition” est en effet, très exactement, ce q
ui est désigné comme le “règne de l’Antéchrist” : celui-ci, quelque idée qu’on s’en fasse d’a
est en tout cas ce qui concentrera et synthétisera en soi, pour cette œuvre finale,
toutes les puissances de la “contre-initiation”, qu’on le conçoive comme un individu ou
comme une collectivité ; ce peut même, en un certain sens, être à la fois l’un et l’autre, c
ar il devra y avoir une collectivité qui sera comme l’“extériorisation” de l’organisation “co
tre-initiatique” elle-même apparaissant enfin au jour, et aussi un personnage qui, p
lacé à la tête de cette collectivité, sera l’expression la plus complète et comme l’“incarnat
même de ce qu’elle représentera, ne serait-ce qu’à titre de “support” de toutes les influence
maléfiques que, après les avoir concentrées en lui-même, il devra projeter sur le monde
. Ce sera évidemment un “imposteur” (c’est le sens du mot dajjâl par lequel on le désigne ha
bituellement en arabe), puisque son règne ne sera pas autre chose que la “grande par
odie” par excellence, l’imitation caricaturale et “satanique” de tout ce qui est vraimen
t traditionnel et spirituel ; mais pourtant il sera fait de telle sorte, si l’on p
eut dire, qu’il lui serait véritablement impossible de ne pas jouer ce rôle ». René Guénon :
Le Règne de la Quantité et les Signes des temps, p. 265. En note il ajoutait : « Il p
eut donc être considéré comme le chef des awliyâ esh-Shaytân, et, comme il sera le dernier
à remplir cette fonction, en même temps que celui avec lequel elle aura dans le mon
de l’importance la plus manifeste, on peut dire qu’il sera comme leur “sceau” (khâtem), su
ivant la terminologie de l’ésotérisme islamique ; il n’est pas difficile de voir par là ju
squ’où sera poussée effectivement la parodie de la tradition sous tous ses aspects. 12
Nous entendons par là l’attachement à une forme particulière d’un principe qui en tant qu
e telle, ne peut qu’être un reflet ou un symbole de la réalité. Le piège consiste à confondr
e le principe avec ses multiples symboles et s’attacher à un aspect au détriment de to
us les autres. 13 De plus, privilégier une forme par rapport à une autre relève toujou
rs d’un choix personnel entaché d’individualisme et de sentimentalisme. Qu’il puisse y a
voir une hiérarchie au sein des expressions formelles est une chose mais la Vérité exp
rimée est toujours la même au fond et ne pas reconnaître à une expression particulière ce
caractère de vérité est une erreur grave. Autrement dit, penser qu’une forme d’expression
est plus adaptée, ou plus en rapport avec certaines circonstances (époque, mentalité o
u lieu) est acceptable. Ce qui ne l’est pas, c’est déclarer plus véridique une expressio
n au détriment des autres. Pire encore, l’exclusivisme, propre à l’exotérisme religieux ac
tuel, se rencontre même désormais dans certaines branches ésotériques, normalement à vocat
ion universelle. Cet exclusivisme a le mauvais goût d’affirmer que seule sa modalité d’e
xpression est valable considérant, dès lors, que toutes les autres sont fausses, inc
omplètes ou hétérodoxes.
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n’engendrent que désordre14. Autrement dit, il y a des règles qui permettent d’établir la
relation entre un principe et ses expressions. Il doit toujours y avoir une corr
espondance de nature et une cohérence entre l’un et les autres. Si la personne est i
ncapable d’établir cette correspondance et d’identifier la cohérence reposant sur le poi
nt commun existant entre le principe et ses expressions, celles-ci restent lettr
e morte. On peut, par exemple, établir la correspondance suivante : la traversée des
eaux du déluge qu’effectue Noé correspond à la traversée du désert que tout être connaît au
rs de sa vie personnelle. Les péripéties rencontrées par Noé lors de la traversée des eaux
sont prototypiques et se retrouvent donc appliquées à toutes les situations humaine
s analogues. En l’occurrence, l’histoire de Noé tient lieu de principe et les histoire
s personnelles n’en sont que des applications. Ces précisions fournies, revenons à not
re notion présente de sceau. Le sceau, quel qu’il soit, scelle et marque ainsi une f
in, un terme. A ce titre, il constitue l’élément de synthèse de l’ensemble du domaine qu’il
scelle. Il représente l’aboutissement et le terme d’arrivée, le but visé ou encore la fin
en soi de toute démarche. Dès qu’un projet est mis en œuvre, son aboutissement et sa réali
sation effective correspondent à son sceau. Ici, une autre précision s’impose : si le
sceau constitue une fin en lui-même, d’un projet, d’une démarche, d’une quête… une autre conc
ption inverse lui correspond alors, celle de début. En toute logique, tout ce qui
finit a bien commencé à un moment donné. Ces considérations en imposent d’autres, s’il y a u
n début et une fin, temporelles ou logiques (voire ontologiques), c’est qu’elles conce
rnent un domaine déterminé (restant délimité) et différent de la pure métaphysique. La polar
isation, début et fin, constitue déjà une première détermination du Principe suprême. Ainsi,
on pourrait qualifier le sceau de détermination suprême et dont la réalité propre relève
de la toute première détermination. Dans l’ordre des nombres il correspond au « deux »15 e
t constitue l’isthme situé entre l’Unité et la multiplicité. De cette façon, sa nature est d’
rdre intermédiaire et sa fonction est d’opérer le passage entre l’Un et le multiple. Il
est par conséquent l’Initiateur ou le « Passeur » par excellence. Dans le même sens, il es
t ce en qui (ou en quoi) toute la multiplicité se résorbe et se trouve synthétisée. Il e
n est la source et l’origine. Un principe, par définition, est toujours l’origine et l
e but de l’extension des possibilités qu’il porte en lui16. Il est donc le lieu unique
de passage qui permet à une quête initiatique d’aboutir. En islam, c’est de la Réalité prof
onde du Prophète dont il s’agit. Il fut le premier existencié, il était déjà Prophète alors q
dam était encore entre l’eau et l’argile17, et il fut le Sceau des Prophètes. Cette doub
le qualité de premier et de dernier nous mène à la notion d’Identité suprême avec le Princip
e et sa polarisation. Identité que René Guénon décrit comme terme de la voie initiatique
. Le sceau est donc ce qui scelle, synthétise, opère le passage, sépare et unit dans l
e même mouvement. Il est aussi le but visé et l’aboutissement de
14
Comme toute confusion, cela revient à attendre une chose de la mauvaise source. A
titre d’exemple, c’est attendre la réalisation de quelqu’un d’extérieur alors que c’est un ac
e personnel pour lequel on peut être aidé et guidé mais que personne ne peut réaliser à no
tre place. Ne pas comprendre cela c’est continuer à penser qu’un maître humain est une f
in en soi. Pourtant tous les enseignements sacrés sont clairs : le « Passeur » est l’Env
oyé de Dieu, présent en chacun de nous et avec lequel, à l’aide du maître humain, nous ent
rons en contact réel. Ceci n’est qu’un type de confusion. Un autre est de croire que l
es rites assurent une réalisation. La confusion est totale entre ritualisme et tra
dition. 15 C’est pour cette raison que le Prophète est né et mort un lundi qui en arab
e se dit « deux » car c’est le deuxième jour du cycle hebdomadaire. C’est aussi pourquoi,
comme le signale Guénon, tous les livres révélés commencent par la lettre Bâ, seconde lett
re de l’alphabet de valeur numérique 2. Le « deux » est le point de départ de toute multip
licité et en même temps, le nombre le plus proche de l’Unité. Comme première détermination d
e celle-ci, le « deux » est l’intermédiaire entre l’Unité et la multiplicité. 16 Dans le hadî
disant : « Si ce n’était toi ô Muhammad Nous n’aurions pas créé la création ». Le Prophète pe
ltanément être envisagé comme la source et le but de la création. 17 Termes d’un hadîth prop
hétique.
6
toute démarche. Toute réalité possédant ces relève de la nature du « sceau » mais n’agit qu’a
n de son domaine propre. Par exemple, la clef de voûte remplit cette fonction dans
le domaine de la construction car elle est la dernière pierre posée et la seule à don
née l’équilibre final à l’ensemble de l’édifice. Les deux extrémités de la fonction de clôtur
sainteté sont le sceau des Saints du Miséricordieux et le sceau des saints sataniqu
es (le Dajjâl). Le premier représente ce qui est de plus noble en nous et l’autre ce q
ui est de plus vil. L’un est l’expression la plus complète de la réalité divine et l’autre,
en tant qu’inverse, l’expression la plus parfaite de Satan. Comme l’indique René Guénon, S
atan n’est autre que le principe d’individuation et son expression la plus parfaite
est l’ego. Le Dajjâl, en tant qu’illusion extrême, n’est autre que le « moi » bien avant d’êt
personnage historique caché ou appelé à se manifester. Il est ce qui caractérise toute âm
e retournée et illusionnée. L’eschatologie islamique nous apprend qu’il porte inscrit su
r le front les lettres KFR18 signifiant le rejet de la Vérité ; il n’a qu’un œil et l’autre
est aveugle. Ces descriptions sont bien plus celles de l’âme que celles du corps. Il
est illusionné, il rejette donc la Vérité ; il est aveugle du cœur, il ne possède donc qu
e l’œil du « moi » ; incapable qu’il est de concevoir la Vérité dans sa dimension universelle
et impersonnelle. Le Dajjâl, en tant que fonction, est une réalité présente en tout lieu
, à toute époque, comme l’erreur, la bêtise, la cupidité, la luxure… autant de défauts qui n’
pas une identité déterminée par des critères formels de lieu, de race, d’âge, de profession
, de sexe… Dans l’ordre de la sainteté divine, de la même façon, reconnaître le personnage h
istorique remplissant la fonction de sceau de tel type de sainteté n’est, en définitiv
e, que reconnaître celui qui la manifeste le plus complètement dans le monde des cor
ps. Au fond, quiconque agit en conformité avec la nature de cette fonction y parti
cipe selon son degré propre. La qualité de sa participation est déterminée par l’ampleur d
e sa conscience et de son action. Le sceau de la sainteté, en tant que modèle, représe
nte la prise de conscience ultime de notre raison d’être la plus profonde et l’action
la plus influente en ce monde. Ces deux modalités, miséricordieuse et satanique, son
t la polarisation de la fonction du Sceau des Prophètes qui englobe en lui toutes
les déterminations constituant la manifestation de Dieu. L’un est l’Unité et l’autre la pl
us grande multiplicité ; l’un est l’essence et l’autre la substance ; l’un est la proximité
et l’autre l’éloignement. Chaque sceau clôt une sphère précise ; tous dépendent du Sceau de l
prophétie, essence et substance ultimes de la manifestation divine. Dans « Le Règne d
e la quantité et les Signes des temps » de René Guénon, tous les chapitres portant sur l
a nature et les rapports de l’essence et de la substance traitent, au fond, de cet
te question. Les chapitres impliquant eux-mêmes une dualité d’opposés dans les termes se
rapportent également à cette notion. Chaque polarisation se rapporte à un domaine que
lconque et toutes reflètent la polarisation primordiale,19 aboutissement de toute
quête initiatique : au-delà, la Réalité suprême étant sans distinction ni détermination, tout
notion de quête perd son sens. A ce degré suprême, plus de début ni de fin, en conséquenc
e pas de sceau.
Ces lettres sont faussement traduites par « mécréant » : en fait, le KaFeR n’est pas celui
qui ne croit pas et que la langue arabe désigne plutôt comme jâhil (ignorant). Le kaf
er est celui qui sait mais qui se refuse à l’évidence. Il est ennemi de la Vérité car bien
que l’ayant comprise il la rejette. L’ensemble des commentateurs du Coran est en ac
cord sur les degrés du kufr : le premier est la négation de la réalité divine, le second
est la négation de la mission prophétique, le troisième est la négation de la résurrectio
n et enfin, le dernier, c’est la volonté d’établir une législation remplaçant celle de Dieu.
19 C’est le degré de nécessité et d’autonomie qui définit le niveau de réalité d’une chose o
re. Lorsqu’un examen rigoureux des choses est effectué selon ces critères, il devient év
ident que seule une réalité Unique est nécessaire. Toutes les autres réalités ne possèdent c
e caractère (de réalité) que parce qu’elles expriment une autre réalité supérieure à la leur.
tte logique est à la base du concept de l’Unicité de l’être (al-wahdat al-wujûd).
18
7
Toutes les descriptions ou toutes les expressions d’ordre théologique (lieux, nombre
s, noms, situations …) se rapportant à ces notions, comme à toutes celles relevant de
la sphère spirituelle, doivent être transposées dans leur principe se tenant au-delà de
la forme20. Les fonctions et les évènements eschatologiques s’inscrivent dans un proce
ssus immuable qui peut être connu. Si les maîtres réalisés donnent une description aussi
juste des fins dernières, c’est qu’ils connaissent le processus du début à la fin, de la
cause à l’effet. Ils n’effectuent pas, loin s’en faut, une lecture médiumnique. Ils déduisen
t l effet de sa cause, celui-ci étant toujours de la même nature que sa cause ! De mêm
e, en mathématiques, la résolution d’une équation à une inconnue consiste à identifier un élé
t inconnu à partir des éléments connus. Ce sont des fonctions qui sont décrites et non d
es personnages historiques et formels. Il n’est pas plus difficile de décrire la fon
ction d’un facteur, d’un coiffeur, d’un directeur commercial… que de décrire n’importe quell
e autre fonction et de les distinguer entre elles lorsqu’on en connaît les attributs
. Sans connaître le facteur ou le coiffeur personnellement, on les distingue les u
ns des autres par leurs fonctions respectives. S’attacher à l’une de ces personnificat
ions, aussi sublime soit elle, est une grave erreur21. Seule la réalité permanente e
t actuelle mérite l’intérêt de celui qui sait distinguer entre le permanent et le contin
gent, entre l’immuable et l’éphémère. La Vérité ne se préoccupe pas de mièvreries sentimental
22. Il y a ce qui est et ce qui n’est pas, indépendamment de nos préférences et de nos a
spirations. La réalisation ne consiste pas à prendre nos désirs pour la réalité, mais elle
oblige à prendre conscience de ce qui est. On ne doit pas se limiter à vénérer le Sceau
, mais on doit le réaliser en nous-mêmes, en nous identifiant à lui, au vrai sens de c
e mot.
Ce traité méritait d’être traduit et présenté dans le cadre d’une trilogie annoncée. C’est un
age de la plus haute importance d’ordre métaphysique et initiatique. Le négliger dimin
uerait la doctrine dans ce qu’elle a de plus centrale.
20
Voir à ce sujet notre développement concernant la ville de Fès au Maroc, lieu où Ibn ‘Arabî
apprend qu’il est le sceau de la sainteté muhammadienne. « Fès » signifie « Hache » en arabe.
Historiquement, la hache se trouve être à l’origine de la fondation de cette ville. El
le est également un symbole ternaire du principe et de sa première polarisation. La
transposition consiste ici à identifier la ville de Fès non pas à un lieu géographique m
ais à un degré spirituel atteint par Ibn ‘Arabî justifiant son investiture à la fonction d
e Sceau des saints muhammadiens. Ce qui vérifie, par là même, la concordance de l’état de
l’être et de la fonction. Cf. introduction de la traduction du Sceau des Saints, éditi
ons al-Bouraq Paris. 21 Confondre la fonction de facteur avec celui qui la rempl
it est une méprise pouvant conduire à refuser le courrier distribué par une autre pers
onne. Méprise ridicule, au demeurant, car le facteur, en tant que fonction, est to
ujours impersonnel… ce qui garantit la distribution du courrier même dans le cas du
décès du facteur ! La pérennité de la fonction est assurée par des attributs fonctionnels
et non par des critères physiques ou formels. 22 C’est ce genre de comportement et d’a
ttitude qui conduit au conflits de certains groupes, tendances, confession… qui af
firment haut et fort qu’eux seuls sont dans la vérité ou connaissent le maître ou le pôle
ou le sceau… Le vrai et unique pôle ou maître est Dieu. Tous les sages ou révélateurs ont
délivrés le même message celui du Tawhîd (la métaphysique). Ce degré étant le plus haut et ne
pouvant par définition contenir de distinction ou de différence comparative, affirme
r une supériorité dans cet ordre est la marque indubitable du manque de compréhension
du domaine initiatique et métaphysique. Le Coran insiste à de niombreuses reprises s
ur la nature unique des Envoyés divins en disant par exemple : « Ce qui t’es dit est c
e qui fut dit aux Envoyés qui t’ont précédé », Coran 41/43.
8
Réponses du Sheikh al-Akbar Al-Jâwab al-Mustaqîm
Question 1 Décris-nous les demeures des Saints ayant fourni le summum de leurs eff
orts sincères. Quel est le nombre de leurs demeures ? Réponse : Elles sont au nombre
de deux cent quarante-huit mille, chacune de ces demeures possède une particulari
té propre que ne possèdent pas les autres, elles se divisent en trois catégories ; la
catégorie intermédiaire comprend cent vingt trois mille quatre vingt sept demeures,
le reste se divise entre les deux autres catégories, la première et la dernière. Tout
cela se situe dans le monde de la Robe de la Puissance. A ces demeures mentionnées
s’ajoutent, en faveur des Saints concernés, mille et un peu plus d’une vingtaine de d
emeures appartenant au monde dit Manteau de l’Immensité23 et ayant des attributs qui
leur sont propres. Le nombre des Saints à chaque époque qui occupent ces demeures e
st de trois cent cinquante six, ils se divisent en six catégories. Aucun d’entre eux
ne reconnaît chez l’autre sa demeure propre, parmi eux se trouvent des hommes et de
s femmes. Question 2 Où se trouvent les demeures des Gens de la proximité ? Réponse :
Entre celle des véridiques et celle des Prophètes. Al-Khadir24 est l’un des chefs de c
ette station, qui a été évoquée par deux sortes de gens, par exemple Abû ‘Abd ar-Rahmân asSul
amî dans son livre intitulé : « Les erreurs des soufis ». Lorsque j’ai connu et réalisé cette
station je ne lui connaissais pas de nom et je ne vis personne l’évoquer. Au contrai
re, Abû Hâmid et ses semblables l’ont niée, or je ne pouvais douter de ce que je venais
de réaliser. Jusqu’au jour où j’ai vu que Abû ‘Abd ar-Rahmân en parlait et là, je connu vraim
cette station qu’il appela la « Station de la Proximité », (Maqâm al Qurbah). Question 3
Où se trouvent ceux qui détiennent les milices (al-‘asâkir), et par quelle chose les détie
nnent-ils ? Réponse : Ils se tiennent au cinquième degré hiérarchique qui est celui des
substituts (niyâbah), il n’y a aucun degré au-dessus de celui-là.
23 24
Se reporter aux questions 103 et 104 qui abordent ses termes techniques. Personn
age mystérieux, comme l’est sa fonction. Celle-ci comporte le paradoxe d’intervenir se
lon des conditions dérogeant aux règles normales de l’initiation mais avec le but de l
es rétablir. Autrement dit, seyidna al-Khadir ainsi que ses assistants sont des ca
s exceptionnels de réalisation dont l’action d’assistance concoure à rétablir les modalités
d’une initiation régulière accessible à tous ceux qui la recherchent.
9
Question 4 Où se situe leur point limite d’aboutissement ? Réponse : Dans l’état constitua
nt le but pour lequel ils se sont engagés et dans la renonciation à ce pour quoi ils
luttaient. Question 5 Où se situe la station (maqâm) des Gens des séances et de l’entre
tien (al- majâlis wa al-hadîth) ? Réponse : Les gens de l’entretien25 se tiennent derrière
le voile le plus saint de même que leurs séances. Si la question concerne les gens
des séances bénéficiant d’une contemplation sans entretien, celles-ci se tiennent sur le
s dunes (Kathîb) blanches, sur les chaires, les divans, sur des chaises et des pal
iers. Question 6 Quel est leur nombre ? Réponse : Le même que celui des gens de Badr
26. Les gens de l’entretien sont quarante et font partie d’eux. Question 7 Quelle ch
ose leur a permis d’obtenir cela de leur Seigneur – qu Il soit béni et exalté- ? Réponse :
Rien n’oblige Allah hormis ce qu’Il s’impose à Lui-même. C’est une pure grâce et une faveur
e Sa part. Ils obtinrent cela en prodiguant des efforts et le sacrifice d’eux-mêmes à
de nombreux moments impliquant l’arrivée (au but). Même s’ils affichent quelques manques
, leur réalisation est parfaite et totale grâce à cette compensation (divine). Questio
n 8 Si tu dis à propos des gens de ces séances, en quoi constituent leur entretien e
t leur confidence (najwâhum) ? Réponse : Selon le Nom divin qui les régit, cette délimit
ation ne s’applique pas à nous. Question 9 Par quoi inaugurent-ils leur confidence i
ntime (al-munâjâh) ? Réponse :
L’entretien est le discours qui prend forme entre le moi et le Soi, ou entre l’homme
et la haqiqah almuhammadiyah. Il s’agit du contact conscient avec le Maître intérieur
qui est, au final, le seul et unique vrai instructeur et guide. 26 C est-à-dire t
rois cent treize plus le Prophète. Ce nombre est également celui des Envoyés d’Allah (ar
-Rusul).
25
10
Selon l’impulsion et le besoin d’avoir cette confidence. Question 10 Par quoi la sce
llent-ils ? Réponse : En fonction de ce qui est advenu entre les deux Noms, donc p
ar ce qui succède au Nom dont il se détache. Question 11 Par quoi leur répond-on ? Répon
se : On leur répond en fonction et à la mesure de leur question. Cette dernière est liée
à leur état et aux circonstances présentes27 et celles-ci sont dépendantes du Nom28. Qu
estion 12 De quelle manière s’effectue leur progression ? Réponse : Par les énergies spi
rituelles purifiées de tout autre (que Lui). Question 13 Qui est celui à qui le Scea
u des Saints revient de droit, comme revient de droit le Sceau de la prophétie à Muh
ammad (qu’Allah prie sur lui et le salue) ? Réponse : Celui qui mérite cela est un hom
me qui ressemble à son père, il n’est pas arabe et est de constitution harmonieuse. Il
est bénéfique aux hommes, c’est par lui que le Royaume (ce monde) et la sainteté sont s
cellés. Il a un vizîr dont le nom est Jean (Yahia). Son origine est spirituelle et s
a manifestation humaine29. Question 14 Par quelle qualité cela lui revient-il de d
roit (la fonction de Sceau) ? Réponse : Par la confiance (al-amânah)30, dans ses mai
ns se trouvent les clés des âmes et son état est le dépouillement et le mouvement.
27
Cette précision indique que toute demande, ou question, émanant de l’être est effectuée pa
r son état au moment de la demande. Ce qui signifie qu’elle est toujours réelle même si
la langue ne la formule pas. Allah scrute les cœurs et ne répond qu’aux besoins réels et
sincères. Ainsi, la réalisation ne consistant qu’en une prise de conscience, c’est la d
emande qui traduit cette conscience du but à atteindre. Ne voulant obliger personn
e, la réponse divine ne pourra être le fruit que d’une demande réelle, donc effectuée par
l’organe le plus central en nous. Toute demande de la langue sans correspondance a
vec un besoin du « cœur » est vaine et stérile. 28 Il s’agit du Nom par lequel est régit leu
r état personnel à ce moment. 29 Il s’agit bien entendu du Christ de la parousie. 30 E
n rapport avec le dépôt de confiance et le statut du Prophète avant sa prophétie que l’on
appelait al-amîn, le loyal digne de confiance.
11
Question 15 Quels sont le motif et le sens du Sceau ? Réponse : La perfection de l
a station spirituelle et sa plénitude. Quant à son sens, il est la particularité de ch
aque Nom qui permet d’atteindre une chose qu’une fois ce nom aboli31. Son sens est l
a muraille et ce qui obstrue (la limite privative). Question 16 Combien y a t-il
de séances (majâlis) royales pour arriver au Royaume suprême ? Réponse : Autant qu’il y a
de réalités humaines, sa réalité ultime est l’Homme Universel et lors de la dernière des séa
ces où il parvient au Royaume des royaumes. Allah est le Roi et tu es le royaume,
Ses influences se manifestent en toi. Et de ce fait, elles appellent les Noms di
vins à s’orienter vers toi32 selon leurs natures respectives. Ils deviennent ton roy
aume alors que par nature, toi-même tu es un royaume, c’est alors que nous avons le
royaume du Royaume que l’on retrouve dans Sa parole : « Afin que vous ne preniez per
sonne en dehors de Moi comme substitut », et ce, allusivement et réellement. Questio
n 17 Où se situe la station des Envoyés (ar-Rusul) par rapport à la station des Prophète
s (alanbiyâ’) ? Réponse : Dans celle de la présence face à face sauf qu’ils se trouvent dans
la quatrième station.
Question 18 Où se situe la station (maqâm) des Prophètes par rapport à la station des Sa
ints ? Réponse : Elle est en son sein mais particularisée, elle se trouve aussi dans
la présence face à face sauf qu’elle occupe la troisième station de l’appel à Dieu. Questio
n 19 De quoi est constitué le lot que reçoit tout Envoyé (sur eux la paix) de son Seig
neur ? Réponse : Il est en rapport avec son époque et sa communauté, ce qui constitue
son attribution propre permettant de le distinguer des autres. Expliquer cela pl
us amplement serait trop long et nous mènerait a rappeler le Nom de chacun d’eux, so
n attribut propre, chose que nous ne pouvons faire ici. Nous avons déjà développé ce gen
re de chose dans d’autres de nos ouvrages, c’est aussi à cette question que fait allus
ion l’Imâm Abû al-Qâsim ibn Qasî dans son livre intitulé : « Le déchaussement des sandales »,
ernant la parole divine : « Comme les Envoyés que nous avons favorisés les uns par rap
port aux autres ». Que le chercheur
31
En somme, il est la limite de chaque Nom, ce qui permet de le réaliser et de le dépa
sser en se fondant dans l’essence Une. Il est le lieu de passage, ou si l’on veut le
passage à la limite. 32 Comme les anges se prosternèrent devant Adam, Cf. Cor. (2/3
4).
12
intéressé s’y réfère et regarde ainsi ce qui a été mentionné, ce bref aperçu n’est pas basé s
g développement. Question 20 Quel Nom constitue l’offrande (l’élu) parmi tous Ses Noms ?
Réponse : Le Nom qui permet de répondre à sa demande et que l’on qualifie de sultan (qu
i détient l’autorité en l’occurrence) et son effet est incomparable. Question 21 Quels s
ont les lots (Hudhûdh) que les Saints obtiennent de Ses Noms ? Réponse : Le lot qui
leur est à tous commun parmi Ses Noms ; Le Vivant, l’Autonome (l’Eternel). La source d
e leur union n’est pas identique, elle dépend du but que chacun d’entre eux s’est fixé. Qu
estion 22 Qu’est ce que la science du commencement (‘ilmu-l-bada’) ? Réponse : C’est la sc
ience de la distinction entre les modes d’existence, l’éternel et le passager. C’est une
science précieuse, elle aide ceux qui ne peuvent rencontrer les gens de notre gro
upe (les initiés effectifs) quelle que soit leur voie. Ces gens cherchent en frapp
ant à toutes les portes sans discernement.
Question 23 Que signifie la parole du Prophète Muhammad (qu’Allah prie sur lui et le
salue) “ Allah était et rien avec Lui ” ? Réponse : Dans le degré qu’exige Son existence (êt
e pur), c’est pour cela qu’il a complété (cette parole) en disant : « Il est maintenant co
mme Il a toujours été ». Cette qualité est permanente Le concernant, que le monde soit o
u non. Question 24 Quel est le commencement des Noms ? Réponse : C’est le Nom qui co
ordonne les effets que produisent tous les autres Noms. Question 25 Quel est le
commencement de la Révélation (al-wahy) ? Réponse :
13
C’est la descente des significations sur les réceptacles corporels dans la présence ce
ntrale qu’est le monde des générations (productions). Le monde intermédiaire (central) e
st, lui, l’isthme suprême. Question 26 Quel est le commencement de l’Esprit (ar-Rûh) ? Rép
onse : C’est l’Esprit premier qui s’épiphanise depuis le premier degré d’absoluité au premier
degré de la détermination. L’Esprit second consiste à épuiser les prédispositions. Question
27 Quel est le commencement de la Grande Paix (as-Sakînah) ? Réponse : Si par commen
cement on entend son arrivée dans le cœur, c’est le premier souffle de l’Essence divine.
Quelqu’un m’a informé que les premières paroles sont le début de l’Immensité (de l’expansion
mais cela n’est pas juste, les choses lui sont confuses car si son expérience spirit
uelle est véridique, sa manière de l’exprimer est mauvaise. Lorsque nous lui avons éclai
ré les choses il tomba d’accord avec nous et nous en remercia, cela se passa en l’an 6
01 à Mossoul (Irak). Si on entend par commencement, ce qu’elle opère, cela mène à dire qu’el
le est selon les moments subtils que vivent ceux qui la reçoivent, son commencemen
t est ainsi dépendant de ces conditions (des images qui se présentent à cette occasion
). Parfois elles prennent une forme intelligible, parfois formelle avec une tête d
e taureau et parfois la forme d’un nuage au sein duquel se trouve un flambeau, tou
t cela est déjà arrivé. Quant au commencement de sa manifestation sous forme miraculeu
se quelle qu’elle soit, c’est une théophanie particulière parmi de nombreuse possible qu
i sont les plus douces au cœur élu. Elle réside sous son emprise et il devient le Mond
e (al-kawn), ceci est son début. Question 28 Qu’est ce que la justice (al-‘adl) ? Répons
e : C’est la Vérité par laquelle ont été créés les cieux et la terre ainsi que ce qui se trou
e entre eux. Question 29 En quoi consiste la faveur (al-Fadhl) accordée à certains P
rophètes (paix sur eux) par rapport à d’autres, et même question en ce qui concerne les
Saints ? Réponse : Ces faveurs sont identiques, ce que possède un tel, tel autre ne
le possède pas et ce que l’autre possède, le premier ne le possède pas. Chacun d’eux est f
avorisé et défavorisé en même temps. Question 30 Que signifie : “ Allah a créé les créatures
s une obscurité ? ” Réponse :
14
Lorsque l’on prend le terme créé (khalaqa) dans le sens de déterminer en mesure (qaddara
), l’obscurité est la nuée, l’inexprimable, il ne peut y avoir équilibre s’il n’y a pas de tr
. En revanche, lorsque le terme créé signifie existencier, l’obscurité de tout être existe
ncié est dépendante de cette existenciation. Allah le Très Haut a dit : « Au sein de tro
is obscurités ». Les commentateurs du Coran sont en accord concernant son explicatio
n qui concerne la première existenciation en ce bas-monde, de même leur première exist
enciation dans le monde intermédiaire se passe dans l’obscurité, leur existenciation d
ans la demeure dernière se fera également dans l’obscurité en dehors du rassemblement al
ors que la terre sera remplacée par une autre terre et les cieux par d’autres cieux.
Question 31 Quelle est leur condition dans cette situation, nous entendons, ici,
la condition des créatures ? Réponse : Jusqu’à ce qu’ils ne possèdent plus aucune lumière si
ce n’est celle qui leur est propre comme le dit le Très Haut : « Leur lumière évoluera dev
ant eux et à leur droite »33, en elle ils évoluent et « Celui à qui Allah ne donne pas de
lumière ne possède aucune lumière ». Je vis moi-même l’obscurité et la lumière qui furent sus
s dans les gens, intensément chez certains et faiblement chez d’autres. L’intensité dépend
ant du degré de foi de la personne. Lorsque fut distinguée l’obscurité, vint vers eux l’En
voyé d’Allah de la part de Dieu, je l’interpellais alors : Qui es-tu ? Il répondit, je s
uis l’Envoyé de la Vérité (Dieu). Je lui dis, avec quoi es-tu venu ? Il répondit, sache qu
e le bien est dans la manifestation et le mal est néant (illusoire). L’homme a été exist
encié par la générosité divine qui l’a rendu unique dans son état existencié. Il s’est paré d
Noms et de Ses attributs et anéantit dans la contemplation de Son Essence, il voi
t son âme par Son âme et tout retourne à son principe. En cet état, c’était Lui et non toi !
Puis il disparut. Parmi ceux que j’ai vu dans cette obscurité, Abâ ‘Abd Allah Muhammad
al-Khyât connu comme étant al-Qassâr, ainsi que son frère Abâ al-‘Abbâs Ahmad al-Harîrî qui é
de la mosquée Ibn Boulân au quartier « Les lampes bleues » au Caire. Il y avait aussi A
bâ Muhammad ‘Abd Allah fils du maître al-Mûrûrî qui faisait partie des proches de Abî Madyân
de Abî ‘Abd Allah Muhammad al-Hâchimî al-Biskrî. J’ai vu leurs lumières qui brillaient à la m
re de leurs dispositions respectives. J’ai mentionné au groupe, parmi lequel je me t
rouvais, ce que j’avais vu, ils en remercièrent Allah le Très Haut. Puis nous nous all
ongeâmes, après quoi, je me mis à improviser intérieurement quelques vers au sujet de ce
que je vis à propos de l’Unicité d’Allah le Très Haut. ‘Abd Allah al-Mûrûrî se réveilla et c
nom, je ne répondis pas, donnant ainsi l’impression que je dormais, il me dit : Ne
fais pas semblant de dormir, tu es bien éveillé, et à l’instant même tu es occupé par quelqu
es vers que tu improvises concernant l’Unicité divine34. Je lui dis : Tu as raison,
informe-nous d’où te vient cette information ? C’est une bonne nouvelle que j’ai vue, je
t’ai vu en train de confectionner un beau filet (de reconstituer une structure).
A mon réveil, j’interprétais intuitivement cela comme s’agissant de vers poétiques tirés d’un
discours en prose. C’est justement cela qui est digne d’une poésie si profonde et si b
ien rimée. Cette structure (ce filet) ne la perçoivent pas les minéraux ni les terres
incultes, seuls ceux doués d’esprit la perçoivent. Toute poésie qui possède un esprit évoque
le Tawhîd car « Toute chose finit par disparaître
33 34
Cf. Coran (22/8). Le Tawhîd est, sous ce point de vue, la réalisation de l’Unicité divin
e au sein de la manifestation. Tout maître a pour première occupation de rétablir le l
ien de toute chose avec le Principe suprême. Toute rupture intellectuelle se tradu
it par une incapacité de situer une réalité à sa place au sein de la manifestation divin
e.
15
sauf Sa Face », je lui dis alors : Puisse tes yeux retrouver le repos, combien bénie
s étaient cette nuit et cette assemblée. Question 32 Quels sont les aspects des décret
s (al-maqâdîr) ? Réponse Ce sont les phases temporelles déterminées au sein desquelles s’écou
ent les statuts et les décrets. Nous avons décrit ces degrés dans notre livre intitulé ;
« La connaissance ». C’est un genre qu’a également mentionné Sahl ibn ‘Abd Allah tel que nou
le faisons. Question 33 Quelle est la raison d’être de la science du décret divin qui
fut soustraite aux Envoyés (Paix sur eux) et aux autres créatures ? Réponse La manife
station des déterminations que l’on ne connaît qu’en principe, ce qui a été soustrait, c’est
a science des déterminations particulières de telle ou telle chose. Question 34 Pour
quoi cela leur fut-il soustrait ? Réponse Par la précipitation dont est imprégnée notre
constitution et par l’amour de l’éloge dont est pétrie la création qu’exprime sa parole (qu’A
lah prie sur lui et le salue) : « Rien n’est plus aimé de la part d’Allah qu’un éloge exprimé
Son égard », « L’homme fut créé précipité »35. Cependant, le secret de la détermination (du d
est révélé à qui Allah le veut. Question 35 Quand le secret du décret divin leur est-il dévo
ilé ? Réponse : Lorsque leur vision est celle de Dieu comme le rapporte un hadîth qudsî
: « L’être ne cesse de se rapprocher de Moi par ses actes d’adoration surérogatoire jusqu’à c
que Je l’aime, et lorsque Je l’aime, je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue
par laquelle il voit »’, comprends donc ! Question 36 Où cela leur est-il dévoilé ? Réponse
: Au sein des conceptions conscientes (comprises)36. Question 37 Auxquels d’entre
eux cela est-il dévoilé ?
35 36
Référence à un autre hadîth du Prophète. Autre traduction possible et peut-être plus précise
Dans l’enceinte sanctissime de l’anéantissement où ne subsiste que Sa Présence.
16
Réponse A tous ceux qu’Allah a élus parmi les êtres censés, ceux qui s’adaptent aux convenan
ces, aux sages, aux croyants (véritables) et aux préservés (du péché).
Question 38 Que constitue l’autorisation d’obéir ou de désobéir accordée par notre Seigneur
? Réponse : C’est une chose non conditionnée par la volonté et rien d’autre !
Question 39 Qu’est-ce que l’Intellect suprême (al-‘Aql al-akbar37) duquel toutes Ses créat
ures tirent leur intelligence ? Réponse Il n’est pas possible de réellement clarifier
cette question par l’expression et l’explication. Nous ne connaissons aucune express
ion d’usage hormis celle donnée par certains dont la voie est elle-même considérée comme rép
rouvée par les jurisconsultes. Si nous l’exposons ici, il est possible que les ignor
ants nous assimilent à eux, pourtant nous sommes bien différents concernant la manière
d’aborder les questions à propos desquelles ils se sont trompés. En revanche, je vais
te donner un exemple qui te permettra de comprendre la signification profonde,
c’est le flambeau qui éclaire tous ceux qui se trouvent sur cette terre sans que cel
a ne l’épuise. Il est la nature (l’essence) de tout autre flambeau. L’intensité de son éclat
dépend de l’ampleur (du nœud) et de l’étroitesse de leur mèche. Au vu de cette multitude d’é
ts, et de nombreux autres aspects, tu serais tenté de lui attribuer la multiplicité
(alkathra). Cependant le Flambeau n’est point multiple en soi. Continuer à en tirer
profit ne le rend pas pour autant déficient ni ne l’épuise. Ceci se rapporte à une parol
e prophétique : « La première chose qu’Allah a créé est l’Intellect duquel Il octroie la part
de tous les intellects avec équité : mesurable selon différentes références », il ne m’est pa
donné de savoir si le contenu de ce hadith est textuellement rapporté ainsi et avec
exactitude ! Je ne peux donc certifier la véracité de ce propos Prophétique. Par cont
re, je suis en mesure de confirmer avec certitude l’existence de ce partage car j’ai
obtenu la certitude de cette science concernant la modalité du partage de l’intelle
ct. Question 40 Quelle est la qualité caractéristique (çifah) d’Adam (Paix sur lui) ? Répo
nse : Cela se rapporte au fait qu’il soit à distance égale de deux aspects équivalents38
; sans surcroît quelconque par esprit de justice, dans les deux cas les créatures s
e réfèrent aux deux dimensions majeures39.
37
La question reprise dans la version des Futûhât Mekkiyah précise la leçon Akthar au lieu
de Akbar comme ici. A vrai dire, la signification ne diffère pas réellement et dans
les deux cas se réfère à l’Intellect suprême. Par Akthar, l’Intellect est compris comme cel
ui qui est le plus ample, le plus englobant, alors selon la leçon Akbar, la signif
ication est l’Intellect le plus élevé, le plus grand. Dans les deux cas, c’est bien le q
ualificatif de suprême qui convient le mieux. 38 Il s’agit de ce que René Guénon appelai
t les « Dualités cosmiques », la position d’Adam et donc de l’Homme qui prend conscience d
e sa nature et de son rôle, est le centre, le point d’équilibre entre deux conditions
opposées d’une essence unique à l’origine.
17
Question 41 Quel est son type d’investiture ? Réponse Il constitue le lieu où se pose
le regard (divin) et par où s’écoule le Commandement (divin). Question 42 Quelle est s
a nature primordiale (al-fitrah) ? Réponse C’est la disposition qu’il reçut lui permetta
nt de distinguer les deux formes (principielles de la manifestation) l’une par rap
port à l’autre40. Question 43 Qu’est ce que la nature primordiale ? Réponse : Par là on en
tend l’état dans lequel ont été naturés (pétris) les hommes, celle qui, à Son image, ne peut
arier à l’inverse de celle (la fitrah) qui, elle, peut varier ; « Ce sont ses parents
qui en font un juif, un chrétien ou un mage ». L’origine est l’islam41, s’il le conserve,
il conserve sa fitrah (état originel). Quant à la fitrah qui ne varie pas elle corre
spond à Sa parole : « Ton Seigneur a décrété que vous n’adoriez que Lui ». L’état qui impliqu
te réalité de fait chez les êtres manifestés, c’est la fitrah qui n’est autre que sa raison
d’être suffisante (sa nature primordiale). Question 44
39
L’aspect intemporel des principes impose que tout être est en mesure de réaliser ce qu
e d’autres ont réalisé avant lui. Adam, comme tous les Prophètes, est, sous cet aspect,
un prototype manifestant ce que tout un chacun est en mesure de manifester. En s
oi, leur exemple est un appel et une indication à réaliser notre propre réalité personne
lle car ils ne font qu’exprimer ce qui est commun à tout être humain. Cette réalisation
consistant, si nous comprenons bien le terme commun, à réaliser l’essence même de notre êt
re par la connaissance et non à copier un modèle de vie sociale ou comportementale.
Si tous les Prophètes ont exprimé la même réalité, le même processus, ils l’ont fait par des
odalités différentes, ainsi, indépendamment des modalités, l’essentiel consiste à obtenir la
connaissance avec certitude. Si les modalités employées par ces modèles sont préférables,
elles ne sont pas incontournables, le but est d’actualiser en soi et au présent la
compréhension des principes. Seule cette connaissance permet une actualisation réell
e des applications, les principes étant permanents leurs applications ne peuvent êtr
e que le fruit d’une compréhension véritable, ne se limitant pas à certaines formes, de
ces principes. 40 Adam se trouvant au Paradis de l’Eden, il se trouvait dans une s
tation centrale où il contemplait Dieu comme une Unité foncière sans partie ni distinc
tion. Autrement dit, il parvenait à concevoir Dieu comme absolu et transcendant. L
a sortie du Paradis consiste à se trouver dans une situation et dans des modalités où
Dieu est perçu à travers des supports de manifestation multiples. Ces supports représe
ntants des intermédiaires illusoires, la réalisation revient à comprendre et contemple
r Dieu dans ce voile qu’est la manifestation. En somme, après l’avoir connu comme abso
lu et transcendant, il (l’homme) doit le connaître maintenant comme relatif et imman
ent tout en professant son Unicité qui est identique dans les deux situations. All
ah étant Tout, le limiter à la transcendance ou l’absoluité revient, malgré tout, a le lim
iter, la pleine connaissance est de le reconnaître unique en tout état. 41 Il s’agit d
e bien prendre garde qu’ici, l’islam en question est, en l’occurrence, synonyme de Tra
dition primordiale et ne doit pas être limitée à une forme historique et déterminée. Le te
rme islam signifiant soumission à la Volonté divine, René Guénon rappelle que celle-ci s’éco
ule le long de l’Axe central de la manifestation. Cet islam ou plutôt Islam impliqua
nt la centralité ne peut donc être que la Tradition primordiale.
18
Pourquoi a t-il été appelé homme (bachar) ? Réponse : Car sa création fut effectuée de Ses p
ropres mains sans intermédiaire42 et avec tout ce comporte la transcendance divine
– Gloire à Lui – et ce sans modèle similaire (pré-existant) ou processus nécessaire43. Ques
tion 45 Quelle chose lui permis d’obtenir la préséance sur les Anges (al- malâïkah), au po
int de concevoir qu’ils durent se prosterner devant lui ? Réponse : A cause de sa fo
rme qui comprend le Monde dans sa totalité. Il jouit d’une assistance divine particu
lière due à sa constitution qui donne la précellence sur l’ensemble des autres genres (d
e créatures) de ce monde. Il n’y a aucun autre genre en ce monde qui ne constitue un
e partie de l’homme, car en lui se trouve ce qui est similaire à cette nature partic
ulière (constituant la réalité des autres genres). Grâce à cette assistance, advint la dis
tinction entre la perfection et l’imperfection, dès l’apparition du genre humain. Le P
rophète nous en a informé en disant : « Les hommes atteignant la réalisation parfaite so
nt nombreux alors que parmi les femmes il n’y eut que Asiah la femme de Pharaon et
Meriem la fille de ‘Imrân ». Sa précellence ne tient pas au simple fait d’être un être humai
car nombreux sont ceux qui possèdent cette qualité, mais cela tient surtout à cette a
ssistance particulière qui engendra la perfection de sa forme. Forme par laquelle
il obtient l’élévation et la sublimation, elle est lumineuse et manifestée par les effet
s multiples de son influence. Question 46 Quel est le nombre des caractères vertue
ux qu’il reçut en don ? Réponse : Trois cent, au sein de sa descendance, chaque vertu
est manifestée par un homme. Question 47 Combien y a t-il de trésors des vertus (al-âk
hlâq) ? Réponse Il y en a autant que les états qui conditionnent les êtres existenciés. No
us avons développé ce point dans notre livre intitulé : « Les caractères vertueux », qui est
un livre précieux et sans précédent. Question 48 Au sujet de sa parole (qu’Allah prie s
ur lui et le salue) : “ Allah possède cent dix-sept caractères vertueux ”, quels sont ce
s caractères ? Réponse C’est une chose que nous ne pouvons établir, ni nous, ni personne
d’autre44.
42
La racine du mot bachar comporte, entre autres, la signification de « direct ». Ibn ‘A
rabî l’utilisera à plusieurs reprises pour décrire la réalité de l’Homme qui est notamment d’
ir accès à Dieu directement et sans intermédiaire. 43 C est-à-dire qu’il n’y avait rien d’aut
e que la Volonté divine sans contrainte quelconque. L’absence de processus, en l’occur
rence, nie la théorie de l’évolution des espèces et manifeste la Toute Puissance divine.
19
Question 49 Combien en reviennent aux Envoyés (sur eux tous la paix d’Allah) ? Réponse
Autant que leurs feuillets et Livres révélés, ni plus, ni moins. Question 50 Combien
en reviennent à Muhammad (qu’Allah prie sur lui et le salue) ? Réponse Tous, si ce n’est
qu’il dépasse tous les autres Envoyés dans la réalisation de ces vertus par deux vertus
particulières qu’aucun autre que lui n’a obtenues. Question 51 Où se trouvent les trésors
(khazâïn) des Grâces (al-minan) ? Réponse Dans l’enceinte sacrée des décisions scellées. Que
on 52 Où se trouvent les trésors des œuvres des âmes ? Réponse Au lotus de la limite.
Question 53 D’où sont-ils accordés aux Prophètes (sur eux la paix) ? Réponse Cela leur pro
vient de la source de la grâce (divine), (al-minnah). Question 54 Où se trouvent les
trésors des Gens de l’entretien parmi les Saints ? Réponse Au niveau du non-manifesté.
Question 55 Qu’est ce que l’entretien (al-hadîth) ? Réponse Il dépend du moment, si la que
stion concerne la nature profonde de l’entretien et comment il se produit : c’est un
e théophanie venant du ciel de Moïse. L’être entend le discours divin par l’oreille de son
cœur, comme l’évoque cette parole coranique : « Ou en prêtant l’ouïe lorsqu’il est témoin co
lant », ceci se passe au-delà du voile le plus saint.
44
C’est irréalisable en tant qu’être humain alors qu’en état d’extinction le caractère limité d
me disparaissant, il y a réalisation mais plus en tant qu’homme. En effet, l’homme réali
sant les états supérieurs de l’être, réalise des états supérieurs à l’état humain, par conséq
est, à ce stade, plus qu’un homme.
20
Question 56 Qu’est ce que la Révélation (al-wahy) ? Réponse C’est l’apparition des indicatio
ns subtiles divines dans le cœur de l’être sans qu’aucun doute ne subsiste. Ceci est son
mode principiel qui ne comporte aucune mise en détail. Tout ce qu’on nomme « révélation » e
n dehors de ce procédé n’est que la dénomination d’une chose s’en rapprochant ou qui est réel
ement telle mais se produisant par une cause intermédiaire précise45. Question 57 Qu
elle est la différence entre les Prophètes (sur eux la paix) et les Gens de l’entretie
n (al-Muhaddathîn) ? Réponse La décision scellant les décrets tirés, ou leur mise en place
lors de l’entretien. Abû Hâmid al-Ghazâlî les a différenciés par la vision de Celui qui tien
le discours, mais ce n’est pas ainsi que cela se passe. Certains Saints l’ont vu lo
rs du discours qu’Il leur adressa, chacun parle de ce qu’il a personnellement expérime
nté et le jugement de Abû Hâmid est faux à cet égard bien que sa faculté contemplative soit
avérée. Ceci est valable si le discours provient d’un Ange ou de l’Esprit, mais lorsqu’il
provient de Dieu (al-Haqq) il n’y pas possibilité de voir Celui qui tient le discour
s. Lorsqu’Il t’accorde de Le contempler, Il ne te parle pas et lorsqu’Il te parle, tu
ne peux Le contempler. Le discours se produit toujours au-delà du voile le plus sa
int. Lorsqu’Il s’adresse à toi, Il t’aveugle mais te fait entendre et te parle, alors qu
e quand Il t’accorde Sa contemplation, Il t’éteint, te rend silencieux et muet. Questi
on 58 Où se situent-ils parmi eux ? Réponse Au lieu de la précellence auquel ils ont été éle
vés et nul part ailleurs. Abû Yazîd alBistâmî fait partie de ceux qui furent consumés lorsqu’
ls se trouvèrent au-delà du voile, ceci fut le fruit de leur contemplation, l ’aiguill
e avait percé au sein de la particularité muhammadienne. Il existe quelques irakiens
de notre temps qui ont atteint des degrés éminents tel Muhammad al-Lawânî (qu’Allah lui f
asse miséricorde) qui ne voyait devant lui rien d’autre qu’un seul degré de précellence, i
l fut prit d’envie (al-ghirah) puis il lui fut dit : Vient t’y installer car ceci es
t le degré de précellence de ton Prophète et il s’y installa. Par cela, il a fait allusi
on à sa prééminence sur Sidî ‘Abd al-Qâdir al-Jîlî dont on rapporte le même propos, il en sou
t dit : Muhammad est sincère dans ses propos. En ce qui me concerne j’occupais l’abri4
6 quand le don lui fut attribué et quand le signe lui fut évoqué. Il rappela les
45
Ici le Sheikh, distingue deux notions différentes de révélation. La première, sous l’angle
initiatique, voire prophétique, qui représente une transmission permettant la compréh
ension de réalités principielles selon un mode correspondant s’effectuant par le cœur ou
si l’on veut par un mode d’intuition pure. La seconde, sous l’angle de toute compréhens
ion ou prise de conscience qui représente aussi une révélation. La différence se situe s
urtout au niveau de la nature de l’objet dont on prend conscience. Dans ce deuxième
cas, le nom de la chose constituant le rapport avec la nature profonde de la cho
se est l’objet de la révélation, autrement dit, comprendre le nom d’une chose, c’est obten
ir la révélation de sa raison d’être, de sa nature propre. Bien que constituant une révélati
on, il ne s’agit pas de révélation comme on l’entend dans l’ordre de la réalisation métaphysi
ue. 46 La notion d’abri concernant les stations spirituelles correspond à la phase d’a
ssimilation. Lors d’une ouverture ou d’un accès à un degré supérieur, l’être au début est sub
t ne contrôle pas ce qui lui parvient. S’il se
21
signes (accompagnant cet état) et Muhammad consentit alors à la prééminence de ‘Abd alQâdir
ainsi qu’à son rang élevé. ‘Abd al-Qâdir dit alors que Muhammad faisait partie des Solitaire
s (Afrâd), c’est pour cela qu’il restait caché à ‘Abd al-Qâdir, sa qualité échappant à la sph
ence de ce dernier. ‘Abd al-Qâdir faisait partie de ceux à qui furent données la régence e
t la faculté de statuer47 qu’il accepta. Question 59 Où se situe l’ensemble (des autres)
Saints ? Réponse Ils se trouvent au-delà du voile lumineux en pleine lumière alors qu
e les croyants se tiennent au-delà du voile du Mystère dans la lumière. Les Envoyés et l
es prophètes sont dans la lueur et l’obscurité (la clarté et l’ombre)48, ils possèdent le dév
ilement initiatique le plus complet (accompli) et le repos suprême49. Les Afrâd (Sol
itaires) sont ceux qu’envient les Prophètes car Allah les a préservés de la régence dans l’e
xistence, ils sont libres en ce monde ainsi que dans toutes les sphères de l’Univers
. Question 60 Qu’est ce que l’examen lors de l’arrêt (al-Wuqûf) ? Réponse La contemplation d
e la nuée que le Prophète a mentionnée lorsqu’il répondit à la question : « Où se trouvait Al
avant d’avoir créé la création ? Il répondit, dans une nuée (‘amâ’)50 en dessous de laquelle
avait pas d’air et au-dessus de laquelle non plus ». Question 61 Comment Son ordre
s’effectue-t-il en l’espace d’un clin d’œil ? Réponse Dans le sens où le clin (d’œil) est, co
rdre, unique. Il s’ajuste à ce qui garantie aux regards la perception de ce qui prov
ient de la sphère suprême. Puisque les regards scrutateurs sont de différents genres,
les sciences, elles aussi, sont de différents genres alors que la réalité (source et o
bjet de ces sciences) est unique. Il en est de même pour l’ordre (divin), ses effets
sont multiple alors qu’il est, en son essence, unique. Question 62
trouve en un état nouveau, il n’en maîtrise pas les subtilités et peut, à cause de cela, c
huter et ne pas prendre conscience de la réalité qui constitue la raison d’être particul
ière propre à ce nouvel état. Ainsi, la différence d’un être accédant à un état d’un être maî
même état est que le premier est sous l’emprise de l’état alors que le second maîtrise l’état
xtérieurement, la différence se traduit de cette façon ; sur le premier, l’état est visibl
e alors que sur le second il ne l’est pas. Ainsi, extérieurement on pourrait penser
que le premier est supérieur bien que la réalité soit inverse. Tout le travail préparato
ire à l’ouverture peut se résumer à l’apprentissage du contrôle de ses états, et ce, de quelq
e soit l’ordre dont ils relèvent. 47 Ce qui signifie qu’il fut le Pôle de son temps. Les
Afrâd constituent une catégorie exceptionnelle échappant au contrôle du Pôle. Leur statut
de réalisation leur permet une liberté totale. 48 Cette station fait référence à une posi
tion centrale située entre deux opposés, station que l’on nomme albarzakh, l’isthme, où se
résolvent les opposés en une synthèse unique. 49 Ce repos est le fruit de la certitud
e métaphysique que leur confère leur degré. Il ne s’agit pas de certitude personnelle ma
is bien de certitude indémontable intellectuellement. 50 Terme de la même racine que
« aveugle ». Cela indique l’état de non-manifestation où rien ne peut être distingué. C’est
où Dieu est seul, sans Sa manifestation et donc imperceptible à celle-ci.
22
Que signifie que le commandement de l’Heure est plus subtil qu’un clin d’œil (Lamh al-baça
r) ? Réponse Cela signifie que le clin d’œil fut utilisé comme un symbole de la modalité p
ropre à la réalisation du but. Lorsqu’il (le commandement) se fixe en celui qui l’entend
, il lui est dit : Il est encore plus subtil (rapide) que cela. L’heure fut ainsi
nommée car elle englobe tout ce qui est en elle51. La similitude du clin d’œil est établ
ie du fait que le regard joue un rôle dans ce qu’il observe dans les miroirs, il est
associé par le rôle qu’il joue52. Question 63 Quelle est la parole qu’Allah adressera à l’e
nsemble des gens de l’arrêt ? Réponse Cela dépendra de la faculté auditive de chacun, tous
les êtres n’entendent que ce que leur état les prédispose à entendre53, il n’y a pas de dis
position précise qui viendrait limiter cet évènement, ni d’état particulier. Question 64 Q
uelle sera Sa parole aux Gens professant l’Unité (al-Muwahhidîn) ? Réponse Sous forme de
réprimande54. Question 65 Quelle sera Sa parole aux Envoyés (sur eux la paix) ? Répon
se Que vous a-t-on répondu ?55
En arabe le terme « heure » (sâ’ah) est de même racine que le verbe englober (wasa’a). Cette
communauté de racine établit un rapport des significations et permet de mieux compr
endre l’un des termes à la lumière de l’autre. En l’occurrence, l’heure est la modalité symbo
ique englobant tous les concepts temporel et donc de rapidité. La modalité la plus c
ourte, symbolisée ici par le clin d’œil, sert à établir une base comparative avec le « comma
ndement » divin lorsqu’il se produit dans l’être. 52 Ce rapport s’établi par le regard car l’
uverture spirituelle s’opère vraiment par l’organe de la vision béatifique. Si en général el
le commence par des visions en songe et se poursuit par des auditions, elle s’acco
mplit par une vision à l’état de veille, cette vision est consciente, prolongée et devie
nt permanente avec le temps. La notion d’Heure, elle, correspond au moment engloba
nt comme le signale le Sheikh et ce moment est celui de l’ouverture spirituelle où l’êtr
e accède à un état intérieur synthétique et contemple la réalité du Principe en sa lumière pr
rdiale. Les visions ultérieures sont affinées, mieux supportées et les attributs de l’Et
re divin se manifestant à l’être humain apparaissent plus clairement. C’est alors que to
us les symboles et supports de manifestation prennent leur réalité et sont compris e
n profondeur. Soudainement, tout prend un sens et ce qui était alors confus devien
t évident, le voile disparaît et Dieu est contemplé sous toutes ses formes. La forme u
ltime étant la Nûr al-muhammadiyah (lumière muhammadienne identifiée ici au Verbe éternel)
. 53 Cette remarque indique bien qu’Allah ne pose aucune limite, mais que c’est nous
qui nous limitons tout seul. Le Livre est complet, rien n’a été omis, ainsi, ce que n
ous n’y trouvons pas ne vient pas d’un manque imputable au Livre mais bien d’une déficie
nce de notre perception. De même, dans le rapport provoqué par l’ouverture divine (al-
fath), ce ne sont que nos limitations qui constituent une restriction et non une
disposition ou une décision divine. 54 Une réprimande détaillée dans les réponses des Futûhâ
Mekkiyah, il leur sera demandé pourquoi le déclare t-Il unique, qui leur a ordonné de
le faire… Ces questions ont pour but de bien distinguer les notions d’union et pant
héisme avec celle de l’Unicité divine qui n’est ni l’une ni l’autre. 55 En référence au verse
09 de la sourate « La Table servie » (5/109).
51
23
Question 66 Vers quel genre d’enceinte se réfugieront-ils lorsqu’ils se trouveront au
milieu de l’étendue vaste et sans abri le Jour de la Résurrection ? Réponse A la demande
des comptes, ils trouveront refuge dans cette parole : « Nous ne possédons aucune s
cience ». Ils se dirigeront vers des enceintes le Jour de la Résurrection comportant
une délimitation et recevront tout ce que comporte leur demeure tels que des pont
s, les rétributions, les tentes d’apparat, les poutres et tout un tas d’autres choses.
Il y a cinquante demeures, ils s’arrêteront mille ans en chaque demeure, en corresp
ondance avec cette parole divine : « En un jour dont la durée est de cinquante mille
ans », bien que ce propos n’est rapporté que par un seul compagnon, la chose est logi
que en soi. Question 67 Qu’en sera-t-il du degré des Saints et des Prophètes (sur eux
la paix) le Jour de la Visite (yawm az-Ziyârah) ? Réponse Si par Prophètes on comprend
également les Envoyés, leur degré sera constitué des hautes chaires situées au premier ra
ng sur la Dune blanche (al-Kathîb al-abiad) de la proximité, au centre du Paradis de
l’Eden qui est le Paradis du surcroît. Si par contre on ne considère que les Prophètes
indépendamment des Envoyés, leur degré est celui de l’aboutissement du voyage horizontal
(les divans) qui constitue le second rang, puis celui de la Chaise (al-Kursî). Pu
is ensuite viennent tous les autres degrés inférieurs. Question 68 Quels sont les lo
ts des Prophètes (sur eux la paix d’Allah) au sujet de leur regard vers Lui, le Très h
aut ?56 Question 69 Quels sont les lots des Gens de l’entretien au sujet de leur r
egard vers Lui ? Question 70 Quels sont les lots de l’ensemble des autres Saints a
u sujet de leur regard vers Lui ? Question 71 Quels sont les lots du commun (des
êtres) à Son sujet ? Réponse commune aux questions 68, 69, 70 et 71 Le lot de chaque
groupe d’entre eux vient de Lui, il dépend de leur connaissance et de ce qu’ils ont pr
ofessé et de rien d’autre. Tout ce qui se manifeste sous forme théophanique en corresp
ondance avec ce qu’il (chaque groupe) professait, il le rejette. Question 72 Que s
ignifie la parole : “ Un homme d’entre eux manifestant le lot de son Seigneur distra
it les Gens des Paradis de leurs délices qui se trouvent alors occupés à le regarder ” ?
Réponse
56
Dans les réponses apportées sous cette forme, le Sheikh al-Akbar réunit quatre questio
ns auxquelles il donne la même réponse. Dans les Futûhât Mekkiyah il répondra à chacune d’ent
e elles séparément en y apportant plus de détails.
24
Cela signifie qu’ils le verront revêtu d’une forme qu’ils n’avaient jusqu’alors jamais vue a
insi que toutes les lumières intérieures qui transparaissent, comme les formes du ma
rché57 du paradis central. Bien que les attributs correspondant seront hiérarchisés en
privilèges. Question 73 Qu’est ce que la Station Louangée (al-Maqâm al-Mahmûd) ? Réponse :
C’est l’ouverture de la porte de l’intercession (al-chafâ’ah), cette faculté est spécifique a
Saint Prophète58 (Paix sur lui). Question 74 Par quoi l’a-t-il (son détenteur) obtenu
e ? Réponse : Par sa patience et sa vision juste et loyale qu’il jettera. Il a chois
i de le manifester le jour où Allah sera manifesté, un jour où personne d’autre que lui
ne pourra faire de demande. Ces vertus le prédisposent à cet évènement et c’est pour cela
aussi qu’Allah a privilégié Son serviteur. Question 75 Combien y a-t-il de différences e
ntre le lot de Muhammad (qu’Allah prie sur lui et le salue) et les lots de tous le
s autres Prophètes (sur tous la paix) ? Réponse : Autant qu’il y en a entre celui qui
régit et ceux qui sont régit. Question 76 Qu’est ce que l’Etendard de la Louange (Liwâ’ al-H
amd) ? Réponse : Si par sa question concernant l’Etendard de la louange, al-Hakîm l’envi
sageait sous le rapport des degrés, cela correspond à la louange de Dieu. Si, par co
ntre, il parlait de l’Etendard qui se trouvera entre les mains du Prophète le Jour d
e la Résurrection, c’est un Etendard qui contient toutes les couleurs et tous les ge
nres de lumières et il protègera de son
Des hadîth rapportent que dans ce Paradis il y aura un marché où une fois par semaine
on viendra y troquer des formes de manifestation diverses. Ceci correspond aux êtr
es possédant le degré initiatique de réalisation leur permettant d’échapper à la forme et po
uvant ainsi se parer à volonté des formes de manifestation qui leur plairont. Le voi
le de la forme disparu, leur attachement se fait par rapport à l’essence de celles-c
i et non envers celles-ci. 58 Le Prophète investit d’une fonction universelle doit l
ui-même être envisagé comme universel. Cela implique qu’il n’est plus alors le Prophète d’une
oque, d’un lieu ou d’une communauté mais bien la Réalité prophétique elle-même sans restricti
n. Cette Réalité prophétique étant une puisqu’universelle est commune à tous les Envoyés et p
ophètes et correspond à au caractère métaphysique de toute révélation que l’on retrouve dans
e hadîth disant : « La meilleure chose que j’ai pu dire ainsi que tous les Prophètes m’aya
nt précédé est Point de divinité si ce n’est la Divinité ». La meilleure des parole islamique
a donc bien été enseignée par tous les prophètes, d’où son caractère métaphysique ne pouvant
soumis à une variation quelconque. En effet, l’unité caractéristique du domaine métaphysiq
ue implique une similitude sinon il y aurait multiplicité et donc plus de métaphysiq
ue. Cela implique également que l’islam n’est pas supérieur en tant que forme particulière
mais en tant que tradition primordiale. En tant que forme elle n’est qu’une manifes
tation particulière et en tant que réalité informelle et purement spirituelle, elle es
t Une avec le fond de toutes les autres formes.
57
25
ombre tous les croyants. Un vent lui parviendra qu’on appelle le Souffle (le soula
gement), il le fera bouger et apportera un souffle agréable qui soulagera les croy
ants des difficultés qu’ils rencontreront. C’est cet air qui fera pencher la balance e
n faveur des bienheureux parmi les croyants, il fera bouger son mât (de l’Etendard)
au point qu’ils en recevront des effluves de musc, on entendra, sortant de lui (l’Et
endard) une mélodie, et ils finiront par s’évanouirent de désir pour la Face divine. Que
stion 77 Par quelles choses louangera t-il son Seigneur afin de mériter l’Etendard d
e la Louange ? Réponse : En se substituant à la Louange des louanges qui ne convient
qu’à Lui, c’est lui (le Prophète) la Louange particulière comprenant toutes les facettes,
il est le parfait totalisateur59. Il fut dit ; qui as-tu rencontré pouvant nous i
nformer au sujet de cette louange ? Abî al-Hakam ibn Barajân y a fait allusion dans
son livre intitulé : « Clarification de la sagesse ». J’ai vu qu’il l’avait évoquée de la mêm
ière que nous. Question 78 Que présentera-t-il à son Seigneur en fait de servitude ? Rép
onse : Ce sera en fonction du Nom par lequel il invoquera Dieu – Gloire à Lui – Il se
présentera à Lui par la servitude et avec docilité. S’Il se présente à lui par l’attribut du
iche (l’indépendant), lui se présentera à Lui par celui du pauvre60. Il n’est pas limité à un
aspect particulier mais il suit le procédé que nous venons de mentionner. Question 7
9 Par quelle chose scellera-t-il (la louange) pour que son Seigneur lui attribue
les clés de la générosité ? Réponse : Il la scellera en répondant à ce qu’Allah lui aura pré
« C’est en ton Seigneur que se trouve le terme », en ce lieu se trouvent des secrets
qu’il convient de taire, c’est d’ailleurs pour cela que leur accès nécessite la possession
des clés de la générosité. Question 80 Que sont les clés de la générosité (mafâtîh al-karam)
e Ce sont les invocations des demandeurs dictées par l’indigence qui se trouvent sou
s les clés du don libéral (al-jûd), et en dessous desquelles se trouvent les clés de la
largesse (al-
59
Cette louange est le Coran, or celui-ci fut révélé par le Prophète. On peut ainsi dire q
ue le Prophète a sorti le Coran de son être (son intérieur) et qu’à ce titre il est lui-même
la Mère du Livre. Il a enfanté le Livre comme seyida Meriem a enfanté le Verbe (jésus C
hrist). 60 En l’occurrence, il doit toujours y avoir une correspondance analogique
entre l’attribut manifesté par Dieu et celui avec lequel se présente l’être. Ces attribut
s doivent être opposés sous un certain rapport pour pouvoir être complémentaire sous un
autre, à défaut, nous nous trouverions devant une opposition insoluble.
26
sakhâ’) et sous celles-ci se trouvent les clés du renoncement (al-îthâr). Il n’y a pas de clé
de dons supérieures à ces quatre-là. Question 81 Sur qui sont déversés les dons de notre
Seigneur ? Réponse Sur les vertueux réalisés, sur les protégés, sur les enracinés dans la sc
ience et sur ceux qui se sont abandonnés à la Volonté divine. Puis sur ceux qui détienne
nt l’autorité tout en adoptant une noblesse de caractère notamment à l’égard de leurs sujets
. Sur ceux-là, les dons sont déversés et à leur suite, ils sont déversés sur l’ensemble des g
ns selon un degré différent. Ces dons particuliers nécessitent des états particuliers. Q
uestion 82 Combien de parties comporte la Prophétie ? Réponse Cent dix sept parties6
1. Question 83 Qu’est ce que la Prophétie ? Réponse C’est l’état par lequel se réalise le Pro
hète lorsqu’il parvient à la douzième station spirituelle. Question 84 Combien de partie
s comporte la Véridicité (as-Siddîqiyah) ? Réponse Un peu plus de soixante dix parties c
onstituées de lumières vertes.
Question 85 Qu’est ce que la Véridicité (as-Siddîqiyah) ? Réponse L’obtention contemplative
de la science de Celui qui informe d’au-delà du voile du Mystère par la lumière de la généro
sité, c est-à-dire du cœur du croyant. Question 86 En combien de parts est établie la se
rvitude (al-‘ubûdiyah) ? Réponse En quatre parts. Question 87 Qu’exige Dieu (al-Haqq) de
s gens professant l’Unité ?
61
Dans les réponses données au chapitre 73 des Futûhât Mekkiyah, Ibn ‘Arabî précise que ce nomb
e est celui des révélations divines sous forme de livres, feuillets, informations pr
ophétiques et ce depuis Adam.
27
Réponse Pas de rivalité (d’antagonisme) entre eux. Question 88 Qu’est ce que Dieu (al-Ha
qq – en tant qu’attribut de Vérité) ? Réponse Ce qu’il désigne ici par Dieu est la science qu
l’on obtient après l’avoir identifié comme origine. Question 89 Quel est Son commenceme
nt ? Réponse La lumière de la contemplation. Question 90 En quoi consiste son Action
au sein des créatures (al-Khalq) ? Réponse L’extinction. Question 91 De quoi est-Il (
al-Haqq) chargé ? Réponse : De supporter la charge. Question 92 Quel est son résultat
? Réponse La vivification (l’actualisation) de l’ensemble de ses intentions. Question
93 Qu’est ce que Celui qui confère la Vérité (le droit de chacun) (al-Muhiqq) ? Réponse C’es
t celui qui supporte cette station spirituelle tout en mettant son égo de coté alors
qu’il accomplit sa charge. Ceci est nécessaire, le serviteur ne possède aucun attribu
t d’emprunt, son attribut est au contraire sa réalité. Question 94 Où se situe la résidenc
e de Celui qui confère la Vérité ? Réponse Dans la dignité de la permanence du principe, d
ans la détermination62 et l’assistance.
62
Il détermine la nature de celui à qui il confère la Vérité afin de lui conférer ce qui lui c
orrespond. Chaque essence est en relation avec une substance correspondante, si
ce n’est pas le cas, la Vérité n’est pas reçue ni
28
Question 95 Qu’est ce que la Grande Paix (as-Sakînah) des Saints ? Réponse C’est le lien
qu’ils possèdent avec la Vérité qu’ils trouvent en eux et par leur digne observance de la
bienséance de cette station. Cela intervient après avoir franchi ce qui se trouve a
u-delà de la montagne Qâf et de la montagne Sad. Question 96 Quel est le lot que pos
sèdent les croyants de Sa Parole : “ l’Extérieur et l’Intérieur, le Premier et le Dernier ”,
e la sourate « Le Fer » (57 verset 3) ? Réponse Le lot qu’ils ont reçu extérieurement (du No
m l’Extérieur) leur est parvenu en une station n’impliquant pas de limite inhérente à la c
réation et d’ailleurs ils ne possèdent aucune station en lui (le Nom l’Extérieur)63. Leur
lot concernant le Nom l’Intérieur leur parvient en une station où l’ensemble des mondes
agissent sur eux sans contact direct (par pure influence, indirectement). Leur l
ot du Nom le premier, c’est le regard par lequel ils se perçoivent tels qu’ils sont en
eux-mêmes. Leur lot du Nom le Dernier leur parvient de la vision de leur connaiss
ance qu’ils sont la dernière forme existenciée. Question 97 Quel est le lot que possèden
t les croyants de sa Parole : “ Toute chose est périssable sauf Sa Face ” (Cor. 28, 88
) ? Réponse Je vous vois derrière moi. Question 98 Pour quelle raison a t-Il particu
lièrement spécifié la “ Face ” (al-Wajh) ? Réponse Parce que la splendeur et la beauté de Sa
ace suscitent des gloires destructrices64 pour lesquelles il n’y a pas de support
(substance) adéquats. Question 99 Quel est le commencement de la louange ?
comprise. Autrement dit, un réceptacle de nature identique à l’influence projetée est néce
ssaire pour que cette influence soit perçue. Sans oreille pas d’audition, sans corde
vocales, pas de son… Sans cœur, pas de connaissance de Dieu. A chaque faculté (réceptac
le) sa fonction. 63 Ils ne sont pas voilés par le caractère extérieur du monde, tout c
e qui relève de l’ordre créé leur est réel sans pour cela constituer un voile les situant à
l’intérieur de cette sphère manifestée. En clair, ils perçoivent Dieu comme extérieur sans L
e limiter à cette possibilité car Il est aussi l’Intérieur. Les vrais croyants ne font p
as de différence entre les aspects divins, tous sont Lui. 64 La notion de « destruct
ion », évoquée ici, se comprend en rapport avec la notion de métaphysique. Le domaine de
la métaphysique est celui de l’Unité pure, or, tout rapport ou relation implique une
dualité, voire une multiplicité encore plus grande. Ainsi, pour qu’un réceptacle subsist
e, il faut obligatoirement envisager une dualité. Lorsque l’être est réintégré dans le domai
ne de l’Unité pure, il faut nécessairement qu’un des termes constituant la dualité dispara
isse et c’est celui de l’individu qui disparaît au profit de l’Universel.
29
Réponse L’absolu puis le relatif, ceci est le début de la louange par la langue. Sous
l’angle de l’état spirituel, le relatif est le commencement puis vient ensuite l’absolu
et enfin le relatif65 à nouveau. Quant à son commencement sous l’aspect de ses effets
concernant le louangé et celui qui louange, sa manifestation est le commencement.
Si par louange on entend le principe de toute louange, c’est le serviteur total. C
ertaines allusions de nos compagnons se rapportent à cette notion. Son commencemen
t est une chose différente et la manifestation extérieure est ce qui désigne la louang
e ici. La Fâtihah que l’on récite plus spécialement lors de la prière, son commencement es
t le nom du nom et c’est ce qu’Il a voulu entendre sans aucun doute. Question 100 Qu
e signifie Sa Parole “ Amîn ” ? Réponse Amîn se rapporte à tout ce qui procède de la louange
armi les modes et les genres multiples. C’est à cela que fait allusion la question d’A
l-Hakîm. En tant que parole, lui convient une autre réponse que celle visée par celui
qui a posé la question, c’est pour cela que nous avons répondu ainsi, de manière ellipti
que. Question 101 Qu’est ce que la prosternation (as-Sujûd) ? Réponse C’est la prosterna
tion des ombres. Lorsque le cœur de Sahl ibn ‘Abd Allah s’est prosterné il lui fut dit :
Mes serviteurs sont éternels. La prosternation est la permanence de la théophanie éte
rnelle. Allah n’efface jamais la foi d’un cœur où il l’a précédemment inscrite (déposée) et I
relève jamais un cœur en prosternation ayant jouit de Sa manifestation théophanique. L
a prosternation ne s’effectue qu’au-delà du voile de la proximité qui est la contemplati
on de la connaissance que tu as de toi66 par toi. Question 102 Quel est son comm
encement ? Réponse C’est la prosternation que tu effectues67.
65
Relatif, absolu et à nouveau relatif sont les trois phases majeures de la réalisatio
n spirituelle. L’homme déchu se trouve dans la relativité (multiplicité) sans principe d’u
nité ordonnant cette relativité. L’Homme primordial réintégré au centre se trouve dans la st
ation de l’Unité donc de l’absoluité dépourvue de toute relativité. Enfin, l’Homme Universel
etourne dans le domaine de la relativité pour comprendre et réaliser l’Unicité divine en
tout état (relatif et absolu ou si l’on veut, dans l’Unité centrale et dans la multipli
cité symbolisée par la circonférence). 66 C est-à-dire la connaissance de ton individual
ité et de son indigence devant son Seigneur. On ne connaît son Seigneur que lorsque
l’on se connaît soi-même. La prise de conscience de l’illusion de l’individualité permet cel
le de la réalité de la divinité qui est la seule effective. Cette conscience ne peut s
e produire que lorsqu’on a réalisé que nous ne sommes rien et qu’Il est Tout, il faut ob
ligatoirement qu’il y ait un rapport de correspondance inverse, Seigneur, serviteu
r puis Tout et rien. L’un ne peut être sans l’autre, si l’être humain n’est pas « rien » Dieu
peut être Tout, du moins pour cet être en question. Penser que nous sommes, c’est lai
sser subsister l’illusion, et tant qu’il y a illusion, il n’y a pas réalisation. 67 Ceci
sous-entend une prosternation que Dieu effectue pour nous et qui consiste à nous ét
eindre vraiment à tout autre que Lui et notamment à nous-mêmes. Cette réponse peut égaleme
nt se comprendre de plusieurs façons comme l’ensemble des autres réponses d’ailleurs. A
ce titre, il n’est pas toujours opportun de préciser certaines de ces significations
car cela revient à en fixer quelques-unes au détriment des autres et de prendre le
risque de
30
Question 103 Que signifie Sa Parole : “ La Puissance est Ma Robe ” (al-‘Izzatu izârî) ? Répo
nse C’est la contrainte que tu ressens lors de la saisie du secret par lequel est
manifesté le monde. Question 104 Que signifie Sa Parole : “ Et l’immensité Mon Manteau ” (
wa al ‘Adhamatu Ridâïy ) ? Réponse C’est ce qui t’empêche de Le saisir pendant la vision. Que
tion 105 Qu’est ce que la Robe ? Réponse : La Robe est le voile inhérent au secret. Qu
estion 106 Qu’est ce que le Manteau ? Réponse Le Manteau est le serviteur total (par
fait). Question 107 Qu’est ce que la Fierté (al-Kibriyah) ? Réponse La fierté est la préte
ntion seigneuriale que manifestent les créatures en disant « moi », celle-ci se hiérarch
ise selon le degré (de conscience) de ceux qui le disent. Question 108 Qu’est ce que
la Couronne (Tâj) du Royaume ? Réponse : S’il avait été conscient de la question et l’avait
approfondie, il l’aurait enlevée du questionnaire (mot manquant dans le texte arabe
). Ceci est ma réponse, comprends donc ! Question 109 Qu’est ce que la Vénération (al-Wa
qâr) ?
limiter l’enseignement du Maître qui est resté volontairement elliptique dans ses répons
es. En l’occurrence, le commencement de la prosternation peut être envisagé comme la révér
ence intérieure qu’engendre la perception de l’immensité divine, et la prosternation cor
porelle des membres succède à cette première prosternation intérieure. Inversement, il e
st tout aussi juste de penser que, pour de multiples raisons, une personne puiss
e, à la suite de la pratique du rituel de la prière contenant la prosternation corpo
relle, prendre conscience de la vraie prosternation qui consiste en la reconnais
sance de la seigneurie divine et en l’abaissement du cœur face à Sa grandeur. Ainsi da
ns le premier cas l’état intérieur engendre la prosternation rituelle et corporelle et
dans le second cas, c’est celle-ci qui engendre l’état intérieur.
31
Réponse C’est se préparer à supporter la théophanie avant de s’éteindre en elle. Ce que symbo
isent les affres de la mort avant la décomposition. Question 110 Quels sont les at
tributs des séances de la Crainte Majestueuse (al- Haîbah) ? Réponse Si c’est l’état de ceux
qui y sont présents qui est désigné, nous empruntons, pour répondre, les vers suivants
qui en livrent une désignation précise : C’est comme des oiseaux au-dessus de leur tête
Non par peur d’une injustice, mais par peur révérencielle Si ce qui est désigné est le lie
u, il s’agit alors de son orientation (du but visé). Question 111 Quel est l’aspect du
Royaume des Bienfaits ? Réponse Il est spirituel. Question 112 Quel est l’aspect du
Royaume de la Clarté ? Réponse Le dévoilement tandis que le royaume de la lumière à l’aspec
t du voile (est un aveuglement) (tamas). Question 113 Quel est l’aspect du Royaume
de la Toute Puissance déterminative (al-Qadr)68 ? Réponse La fluidité (l’écoulement). Que
stion 114 Qu’est ce que la Sacralité (al Quds) ? Réponse C’est la réalité principielle qui p
ermet l’écoulement (des déterminations). Sa lumière ne permet pas de distinguer une coul
eur en particulier, elle s’écoule en toute réalité du Monde ; Dans le monde des esprits
il n’y a pas de distinction, l’obscurité n’a aucune existence à ce niveau. Question 115 Qu
e sont les Gloires de la Face (Subuhâtu-l-Wajh) ? Réponse
68
Le texte présent mentionne la leçon al-Qadr, la Toute Puissance déterminative, la vers
ion des Futûhât mentionne celle de al-Qudus, la Sacralité ou la dimension Sanctissime.
Nous pensons que la version des Futûhât est la bonne et ce au vu des questions suiv
antes et des réponses apportées dans les Futûhât.
32
Les lumières de la Transcendance uniquement, elles anéantissent les supports de mani
festation, comme le feu ardent anéantit l’homme. Question 116 Qu’est ce que la boisson
de l’Amour (Charâbu-l-Hubb) ? Réponse C’est ce que ne peut saisir la vue ou l’oreille69.
Question 117 Qu’est ce que la coupe de l’Amour ? Réponse C’est ton secret70. Question 11
8 D’où provient-elle ? Réponse De la dignité de l’intimité et de la transcendance de la beau
té, aussi, provient-elle de la dignité de la vénération et de la beauté. Lorsque se manife
ste la transcendance de la beauté, la beauté est Sienne alors que l’intimité et la vénératio
n sont tiennes, c’est à ce moment que prend sens le but. Question 119 Qu’est ce que la
boisson de son Amour pour toi, qui t’enivre (et te fais oublier) ton amour pour L
ui ? Réponse C’est Sa théophanie provenant de la station spirituelle de la connaissanc
e.
Question 120 Qu’est ce que la Prise ou la Poignée (al-Qabdhah) ? Réponse C’est lorsque l
e monde des corps est délimité lors d’un moment d’emprise. Question 121 Quels sont ceux
qui ont mérité la Prise au point d’y être plongés ? Réponse Ce sont ceux qui sont distrait e
t qui, oubliant leur réalité profonde, s’enfuient vers leur égo.
69
La réponse implique que si cette boisson est hors de portée des sens corporels, elle
l’est aux facultés de vision et d’audition subtiles intérieures. 70 Le terme secret dan
s la terminologie ésotérique islamique correspond à une faculté de saisie intérieure direc
te. Ce qui signifie que l’Amour divin ne peut être vécu que par une faculté intérieure, el
le-même d’ordre divin. Il faut nécessairement qu’il y ait correspondance de nature entre
l’objet et le sujet.
33
Question 122 Quelle est Son œuvre à leur égard lors de cette Prise ? Réponse L’emprise. Qu
estion 123 Combien de fois regarde t-Il vers les Saints chaque jour ? Réponse Cent
fois. Question 124 Que regarde t-Il en eux ? Réponse : Leur secret intime. Questi
on 125 Que regarde t-Il chez les Prophètes (sur eux la paix) ? Réponse : Si cela les
concerne directement, Il regarde leur réalité propre. Si cela concerne leur mission
, Il regarde leur cœur. Question 126 Combien de fois accueille t-Il Ses Favoris ch
aque jour ? Réponse Vingt quatre mille fois. Question 127 Que constitue le fait qu’I
l soit ‘avec’ les créatures, les Purs (al-Açfiyah), les Prophètes, l’Elite (al-Khâçah), quell
distinctions et différences existe-t-il entre eux à ce sujet ?
Réponse La compagnie comporte deux modalités majeures ; l’une qui se transmet et l’autre
que l’on ne peut transmettre. Celle que l’on ne peut transmettre est par nature ina
ccessible. Celle que l’on peut transmettre est l’objet de notre réponse. Si ce qu’il ent
endait est celle que l’on ne peut transmettre nous aurions réuni les deux modalités de
compagnie en une description unique et une autre description détaillée. Il est avec
les créatures par la science et la sollicitude, avec les Purs en les préservant et
les protégeant, avec les prophètes en les assistant intérieurement et les protégeant et
avec l’Elite sous le mode du déploiement (de l’extension) et de l’intimité. Question 128 Q
uel est le dhikr (l’invocation) dont Il dit : “ Et le dhikr d’Allah est le plus grand ”
(Cor. 29, 45) ?
34
Réponse : C’est le dhikr effectué avec la perception qu’offre la plus grande concentrati
on qui est le dhikr de « Huwa » (Lui)71. Question 129 Quel est le dhikr dont Il dit
: “ Mentionnez-Moi Je vous mentionnerai ” (Cor. 2, 152) ? Réponse : C’est le dhikr se déro
ulant sous forme d’entretien (avec Allah). Question 130 Que signifie le Nom (al-Is
m) ? Réponse :
C’est la relation indicative du statut déterminatif.
Question 131 Quel est le chef de Ses Noms (Ra’su-l-Asmâ) dont tous les autres Noms t
irent leur raison d’être ? Réponse : Allah le Vivant qui subsiste par Lui-même éternelleme
nt. Question 132 Quel est le Nom qui fut caché aux créatures exception faite de Son él
ite ? Réponse C’est un Nom qui est composé par vingt et trente et entre eux par quaran
te et un. Question 133 Par quoi l’a obtenu le compagnon de Sulaïmân (Salomon), alors q
u’il fut caché à Sulaïmân (sur lui la paix) alors que c’est un Envoyé parmi les autres Envoyé
Paix sur eux tous) ? Réponse Par sa réalisation de l’ensemble des modalités de réalisation
alors qu’il fut caché à l’autre dont la fonction existentielle se situait dans la demeu
re de la dissipation (tabdîd). Question 134 Quelle en est la cause (as-sabab) ?
71
Ce dhikr basé sur le caractère totalement impersonnel de ce pronom se rapporte à la Réal
ité muhammadienne. Huwa est la détermination la plus indéterminée, la plus universelle,
elle correspond dans le symbolisme islamique au miroir dans lequel Allah se mani
feste. En soi, il est insaisissable, on ne peut le contempler directement, on ne
le perçoit qu’à travers les réalités qui se mirent en lui. Il est le support par excellen
ce de la manifestation divine, et à ce titre, il est unique et primordial, tous le
s autres supports ne sont que des facettes de sa réalité propre. Le seul moyen de co
ntempler Allah totalement est de s’élever à ce miroir qui est le seul à contenir la Form
e divine.
35
Réponse La raison est le respect de la norme (al-amr) auprès du demandeur. Question
135 Qu’a t-il perçu de ce Nom, ses lettres (hurûfihi) ou son sens (ma’nâhu) ? Réponse Unique
ment les lettres, il fut le substitut, parmi les Saints, du Nom caché qui fut caché
aux Prophètes. Pour les Saints de la communauté muhammadienne72, la perception s’effec
tue selon deux modalités ; parmi eux certains en connurent le sens sans les lettre
s et certains autres le connurent sous les deux modalités, par le sens et les lett
res en même temps. Quant à la troisième modalité, consistant à connaître les lettres mais pa
s le sens, elle n’existe pas dans cette communauté. Question 136 Où se trouve la porte
(bâb) de ce Nom qui est caché aux créatures parmi toutes les autres portes ? Réponse A
l’extrême Occident. Question 137 Quel est son vêtement (Kiswâh) ? Réponse C’est l’état de cel
qui y recourt (pour L’invoquer). Question 138 Quelles sont ses lettres ? Réponse Le
Dâl, le Dhâl, le Râ, le Zay, le Wâw, le Alif et le LâmAlif.
Question 139 Les lettres isolées sont des clés pour chacun de Ses Noms. Où sont ces No
ms ? Il y a vingt huit lettres où se trouvent-elles ? Réponse Les Noms se trouvent d
ans les compositions et les lettres sont ce qui décompose les paroles. Le but de T
irmidhî en parlant de ces lettres, est l’alphabet arabe selon sa première ordonnance73
et relative à la valeur numérique de celles-ci, ordre qui est Alif, Bâ, Tâ, Thâ, il ne pa
rlait pas d’autre chose.
72
Cette remarque prend sens quand on se souvient que le Prophète a dit que les savan
ts de sa communauté ont le statut des Prophètes parmi les Fils d’Israël. Ce statut aurai
t dû entrainer le voilement du Nom qui leur fut pourtant dévoilé. 73 Une autre ordonna
nce existe et reprend les lettres selon leur valeur numérique. Chaque groupe de le
ttre de ce second agencement correspond au nom d’un des Anges porteur du Trône divin
. Voir à cet égard l’article de René
36
Question 140 Comment l’Alif est-il devenu la première lettre (qui en est le début – al-M
ubtada’) ? Réponse Parce qu’il possède une subsistance propre et éternelle (par son symbol
isme). Et ceci ne souffre d’aucune divergence entre nous. Question 141 Comment l’Ali
f et le Lâm furent-ils répétés (en tant que formant une lettre indépendante le Lâm Alif) à la
fin (des lettres) ? Réponse Car le Lâm est le vêtement du Alif et son jardin (paradisi
aque). Il l’a placé en dernière position parce qu’il s’est manifesté dans le monde des compo
sitions qui est le monde ultime. Il constitue un avertissement qui est produit p
our les intelligences déficientes. Mais peut-être qu’ils ne le comprennent pas, quant à
nous, nous voyons dans les choses l’existence du Producteur qui descend en elles e
t non ce qu’elles manifestent par elles-mêmes. Or, une telle particularisation ne do
it son existence qu’à dessein et sagesse. Question 142 Selon quel compte sont-elles
devenues vingt huit lettres ? Réponse Selon le nombre des demeures qu’a déterminé le Tou
t Puissant, le Savant. Lorsque le Calame fut trempé dans l’Encrier de leurs formes,
apparurent les merveilles que produisirent ceux qui s’en servirent74. Question 143
Que signifie la parole : “ Allah a créé Adam (paix sur lui) selon Sa Forme ” (Khalaqa A
llah Adam ‘alâ çûratihi) ?
Réponse : Selon le mode du dévoilement initiatique et non selon les multiples sens p
ossibles auxquels renvoie la littéralité du hadîth. Selon le premier mode, le possessi
f « Hi » (Sa) se rapporte à Adam exclusivement. Tous ceux qui professent autre chose q
ue ce point de vue, le font en conformité à l’expression mais dépourvue de dévoilement ini
tiatique qui ne peut conduire qu’à cette interprétation. Mais chacun est libre de dire
ce qu’il veut. Question 144 Que signifie la parole : “ Douze Prophètes (sur eux la pa
ix) ont espéré faire partie de ma communauté (ummatî) ” ?
Guénon intitulé « Note sur l’angélologie de l’alphabet arabe », repris dans un livre posthume
: « Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le Taoïsme », édité chez Gallimard. 74 Rappelons qu
Calame est le symbole du premier créé, ou, plus clairement : est selon certaine trad
ition la première chose créée par Allah et se trouve, à ce titre, en correspondance avec
la Réalité muhammadienne et l’Intellect. C’est également, selon un autre mode de symbolis
me, un symbole masculin alors que l’encrier est un symbole féminin.
37
Réponse Ce sont tous des Prophètes nés de nuit. Question 145 Quelle est l’interprétation d
e la parole de Moïse (Mûsa) (sur lui la paix) : “ Seigneur accorde-moi de faire partie
de la communauté de Muhammad (qu’Allah prie sur lui et le salue) ” ? Réponse Lorsqu’il s’es
t vu accordé l’entrée bien après les membres de cette communauté, celleci constitua un voi
le entre lui et Muhammad, il implora alors de la rejoindre afin que tout intermédi
aire se dissipe entre eux deux comme ce fut le cas pour Jésus. C’est pour cela qu’il d
emanda le privilège de faire partie de la communauté de Muhammad lorsque celui-ci l’in
forma lors du voyage nocturne (al-isrâ’) comment y parvenir tout en conservant son s
tatut propre vis-à-vis de sa mission de révélateur. Certes, la noblesse de Muhammad, P
aix sur Lui, conféra à Moïse, perfection sur perfection. Question 146 Quelle est l’inter
prétation de la parole : “ Allah a des serviteurs qui ne sont pas Prophètes (sur eux l
a paix), et dont les Prophètes envient la station et la proximité qu’ils possèdent auprès
d’Allah ? Réponse Ce sont les Chérubins (les éperdus d’Amour), il n’en est pas ainsi pour le
s Prophètes en tout état, cela ne les concerne que dans les moments où ils sont occupés
par le Monde. L’Envoyé d’Allah a dit : « J’ai des instants où seul mon Seigneur peut me suff
ire». Ils ne sauraient être enviés, de facto, par un quelconque Prophète, car ils sont,
quel que soit l’état ou la circonstance, plus complets qu’eux. Cette comparaison conce
rne le genre humain. Si par serviteur on entend un autre genre que le genre huma
in, le statut est différent et ne peut être abordé ici. Question 147 Quelle est l’interp
rétation de la parole : “ Au Nom d’Allah (Bismi Allah) ” ? Réponse Elle est destinée à rendre
l’acte effectif, « Au Nom d’Allah » représente pour le serviteur l’équivalent du « Kun » (la
e créatrice) pour Allah. C’est ce qu’avait prononcé al-Hussein ibn Mançûr75 car cela corresp
ondait à son état personnel. Question 148 Quelle est l’interprétation de la parole : “ Que
la paix soit sur toi ô Prophète (qu’Allah prie sur lui et le salue) ? Réponse C’est l’équiva
ent de la tradition authentique qui rapporte sa parole, paix sur lui : « Allah ent
end celui qui le louange »76, c’est la conversation de deux attributs. Il en va de
75
Il s’agit probablement de Hussein ibn Mançûr al-Hallâj, grand Saint qui exprimait son état
de réalisation ouvertement, ce qui lui coûta la vie.
38
même pour ce verset : « Le Jour où Nous rassemblerons comme des invités de marque ceux q
ui adorent vraiment le Miséricordieux »77, ils seront assis auprès de Lui. Abû Yazîd en fu
t étonné, lorsqu’il entendit ce verset il dit ; comment seront rassemblés ceux qui siègent
déjà auprès de Lui ? Question 149 Ou encore de la parole : “ Que la paix soit sur nous
et les gens Pieux (as-Salihîn) ” ? Réponse Ceci est la station spirituelle de l’union lo
rs de l’extinction du Monde. Allah le Très Haut a dit : « Si vous pénétrez dans une demeur
e, adressez-vous mutuellement une salutation bénie et agréable de la part d’Allah »78, e
t Son autre parole : « Et sur les serviteurs pieux d’Allah, un salut au moyen d’une la
ngue primordiale ». Question 150 Quelle est l’interprétation de la parole : “ Les Gens d
e ma maison sont une sécurité pour ma communauté ” ? Réponse Salmân79 fait partie de nous, l
es Gens de la Maison. Question 151 L’interprétation de sa parole : “ La famille de Muh
ammad (qu’Allah prie sur lui et le salue) ” ? Réponse Ce sont ceux qui partagent sa pa
rticularité la plus spécifique au sein des demeures de la proximité. Question 152 Au s
ujet du détenteur de la Preuve (al-Hujjah) ? Question 153 D’où s’expriment les créatures a
fin que se dresse devant eux la Preuve ? Réponse aux questions 152 et 153 Allah a él
evé la Preuve devant eux par la servitude, et a instauré à son détenteur une voie menant
au lieu des trésors de l’expression.
Paroles prononcées lors du retour de l’inclinaison première pendant la prière rituelle.
A l’origine, on ne disait que Allahu Akbar comme dans tous les changements de posi
tions inhérents à la prière rituelle. Cette sentence intervint alors qu’un jour le compa
gnon Abû Bakr as-Siddîq, habituellement toujours en avance et dans les premiers rang
s des croyants, était absent alors que la prière était déjà commencée. Retenu par des impérat
fs, il se précipita pour rejoindre les gens en prière avec le scrupule d’être en retard,
pendant qu’il accourait à la prière, il louangeait intérieurement Dieu. Le Prophète prévenu
subtilement par l’Ange de la situation dit lors du retour de l’inclinaison : « Allah
entend celui qui le louange » en s’adressant indirectement à Abû Bakr afin de lui signif
ier qu’Allah entendait la louange de son serviteur quelle que soit la situation. C
ette pratique devint une instauration et perdure de nos jours. 77 Cf. Cor. (19/8
5). 78 Cf. Cor. (24/61). 79 Il s’agit de Salmân al-Farisî qui, comme l’indique son nom, ét
ait perse. Cette précision confirme que le statut des « Gens de la Maison » est d’ordre
spirituel avant d’être corporel.
76
39
Question 154 Où se trouvent les trésors de la Preuve, parmi les trésors de l’expression,
eux-mêmes se trouvant au sein des trésors de la science de l’ordonnancement (khazâïnu ‘ilmu
-t-tadbîr) ? Réponse Les trésors de la science de l’ordonnancement (la gouvernance) se t
rouvent entre les trésors de l’expression et ceux de la Preuve.
Question 155 Où se trouvent les trésors de la Science d’Allah, parmi les trésors de la s
cience du commencement ? Réponse Au degré premier qui n’accepte pas de dualité (de succe
ssion). Question 156 Quelle est l’interprétation de : “ La Mère du Livre ”, (Ummu-l-Kitâb),
qu’Allah a réservé a Muhammad (qu’Allah prie sur lui et le salue) et sa communauté parmi t
ous les autres Envoyés (sur eux la paix) ? Réponse C’est ce qu’on reçoit d’Allah par la voie
de la compréhension qui correspond à une clarification. Celui qui parvient à cette st
ation est comme une mère pour tout ce qui dépend de lui. En l’occurrence ici, il s’agit
du Livre qui est réuni dans une Mère80. Question 157 Quel est le sens du pardon (al-
Maghfirah) qui s’adresse à notre Prophète (qu’Allah prie sur lui et le salue) alors que
tous les Prophètes reçurent la Bonne Nouvelle du pardon ?
Réponse Il s’agit du voile qui est tiré entre lui et ses fautes se situant dans le fai
t d’assumer sa charge. Lorsque ce voile est levé il n’en est pas affligé, d’ailleurs comme
nt le serait-il, lui qu’Allah a institué comme merveilleux exemple (Ouswatun hassana
h) ? En effet, Sa parole « Ce qui précède et ce qui suivra de tes fautes »81, l’informe qu
e ce qui précède comme ce qui suivra n’a aucune incidence sur lui (car ne le concerne
pas en propre). Sa position cyclique centrale82 implique le pardon de ce qui précède
et de ce qui suit pour l’ensemble des êtres ainsi que pour les autres êtres missionnés,
cette fonction il l’assume par le voile protecteur à l’égard de toux ceux qui ne l’auront
pas vu.
Sachant que le Livre ou le Verbe qu’est le Coran est sorti du Prophète, ce dernier p
eut être considéré comme la Mère du Livre. Ainsi Marie accouche du Verbe (le Christ) et
Muhammad accouche du Coran (le Verbe – le Livre). Cf. supra note 40. 81 Cf. Coran
(48/2). 82 En effet, sa forme corporelle fut manifestée à la fin de l’Age de fer, cett
e période de manifestation terrestre et corporelle se situe précisément entre les deux
manifestations du Christ qui ferme l’ancien cycle et ouvre le nouveau.
80
40

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