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Clic Musique 

! ClicMag n° 79
Votre disquaire classique, jazz, world Février 2020

ClicMag

FELIX MENDELSSOHN
L'édition hänssler CLASSIC est là !

© Marco Borggreve
© Steven Devine

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !


Sélection CPO

C.F. Abel, J.A. Hasse : Concertos, Bach : Motets BWV 225, 230 et J.S. Bach : Concertos violon BWV Bartók, Babin : Concertos pour 2 Johann Evangelist Brandl : Sympho- D. Castello : Sonates concertantes
Quatuors et Arias Anh. 159 1041-1042; Double concertos (BWV pianos et orchestre nies, op. 12 et 25 en style moderne, 1629
Dorothee Mields; Hamburger Ratsmusik; Rheinische Kantorei; Hermann Max 1043 et BWV 1060R) Duo Genova, Dimitrov, piano; Yordan Deutsche Staatsphilharmonie Rheiland- Ensemble Musica Fiata; Roland Wilson
Simone Eckert Concerto Copenhagen; L.U. Mortensen Kamdzhalov Pfalz; Kevin Griffiths
CPO777911 - 1 CD CPO CPO777807 - 1 CD CPO CPO777904 - 1 CD CPO CPO555001 - 1 CD CPO CPO555157 - 1 CD CPO CPO555011 - 1 CD CPO

E. Cavallini : Œuvres pour clarinette Ernö von Dohnányi : Passacaille, Dvorák : Quintettes, op. 81 et 97 J.F. Fasch : Œuvres vocales sacrées G. Frescobaldi, D. Buxtehude : J. Haydn : Anne Hunter's Salon.
et orchestre op. 6; Rhapsodies, op. 11; Trois Oliver Triendl, piano; Tatjana Masurenko, Rheinische Kantorei; Das Kleine Konzert; Œuvres pour orgue et clavecin Mélodies anglaises et écossaises
Giuseppe Porgo, clarinette; Norddeutsch pièces, op. 44 alto; Quatuor Vogler Hermann Max Luca Guglielmi, orgue, clavecin Dorothee Mields, soprano; Les Amis de
Philharmonie Rostock; Johannes Moesus Daniel Röhm, piano Philippe
CPO777948 - 1 CD CPO CPO777970 - 1 CD CPO CPO555022 - 1 CD CPO CPO555176 - 1 CD CPO CPO777930 - 1 CD CPO CPO777824 - 1 CD CPO

Johannes Heroldt : Passion selon H. von Herzogenberg : Ein H. von Herzogenberg : Cantate M.L. von Hessen : Œuvres sacrées F.A. Hoffmeister : Sérénades pour P. Juon : Rhapsodische Symphonie;
Saint Matthieu / Teodoro Clinio : Deutsches Liederspiel, op. 14 dramatique "Columbus" et profanes vents. + Catalogue CPO Sinfonietta Capriciosa
Passion Secundum Joannem S. Heidemann; M. Roschkowski; Schuen; Schade; Butter; Ensemble Weser-Renaissance; Manfred Consortium Classicum Bamberger Symphoniker; Graeme Jenkins
Ensemble Triagonale Nierdersächsiches Vokalensemble Grazer Philharmoniker; Dirk Kaftan Cordes
CPO555025 - 1 CD CPO CPO555102 - 1 CD CPO CPO555178 - 2 CD CPO CPO777661 - 1 CD CPO CPO777971 - 1 CD CPO CPO777908 - 1 CD CPO

Dimitri Kabalevski : Intégrale des E.W. Korngold : Sérénade sympho- J.P. Krieger : Musicalischer Seelen- Johann Kuhnau : Intégrale de F. Martin  : Une danse macabre à F. Mendelssohn Bartholdy : Sympho-
sonates pour piano nique, op. 39; Sextuor, op. 10 Friede, Concertos sacrés l'œuvre sacrée, vol. 2 Bâle en 1943 nie n° 1-6, vol. 1
Michael Korstick, piano NFM Leopoldinum Orchestra; Hartmut Klaus Mertens, basse; Hamburger Ratsmu- Ensemble vocal Opella Musica; Camerata Geoffrey Madge; Sakramentskoor; Hineni L'Orfeo Barockorchester; Michi Gaigg
Rohde sik; Simone Eckert, direction Lipsiensis; Gregor Meyer, orgue, direction String Orchestra; Basel Drum...
CPO555163 - 1 CD CPO CPO555138 - 1 CD CPO CPO555037 - 1 CD CPO CPO555020 - 1 CD CPO CPO777997 - 1 CD CPO CPO777942 - 1 CD CPO

O. Nicolai : Die Heimkehr des Carl Orff : Gisei op. 20, drame H. Praetorius : Missa in Festo G. Puccini  : La rondine, opéra en Intermezzi del Verismo. Œuvres de Nino Rota  : Œuvres choisies pour
Verbannten musical Sanctissimae Trinitatis 3 actes Puccini, Mascagni, Leoncavallo, piano
Robert-Schumann Philharmonie; Frank McKinny; Helzel; Brück; OS de l'opéra de Volker Jänig; Ensemble Weser-Renais- Mosuc; Novak; Kang; Zambrano; Münch- Cilea Christian Seibert, piano
Beermann Berlin; Jacques Lacombe sance; Manfred Cordes ner Rundfunkorchester; Ivan Repusic OP de Graz; Lodovico Zocche, direction
CPO777654 - 2 CD CPO CPO777819 - 1 CD CPO CPO777954 - 1 SACD CPO CPO555075 - 2 CD CPO CPO777953 - 1 CD CPO CPO555019 - 1 CD CPO

J. Schelle : Cantates de Noël G.P. Telemann : Aller Augen Warten G.P. Telemann : Oratorios de Noël Telemann : Miriways, singspiel en C. Tye : In nomine, œuvres pour J. Walter : Geystliche Gesangk
Die Kölner Akademie; Michael Alexander auf dich, Cantates Kölner Akademie; Michael Alexander 2 actes consort de flûtes à bec Buchlein, Lieder luthériens
Willens Ex Tempore; Mannheimer Hofkapelle; Willens Volpert; Hofbauer; L’Orfeo; Michi Gaigg Han Tol, flûte à bec; Quatuor Boreas Weser-Renaissance Bremen; Manfred
Florian Heyerick, direction de Brême Cordes
CPO555155 - 1 CD CPO CPO555083 - 1 CD CPO CPO555254 - 1 CD CPO CPO777752 - 2 CD CPO CPO777897 - 1 CD CPO CPO555134 - 1 CD CPO

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En couverture / Musique contemporaine
Leipzig; Chamber choir of europe; Gewandhau- si toutes les Cantates où Mendelssohn
sorchester Leipzig; Bach-Collegium Stuttgart; relit son Bach selon Nicol Matt sont de
Heidelberger Sinfoniker; Kurt Masur, direction; bout en bout superbes, ces ensembles
Nicol Matt, direction; Helmuth Rilling, direction;
parfaitement constitués ne doivent pas
Thomas Fey, direction
masquer une autre réussite majeure :
HC19058 • 56 CD Hänssler Classic l’intégrale de l’œuvre pour piano selon

L ’affaire est trop belle : tout Mendels-


sohn à quelques opus mineurs près
et dans des interprétations de première
Dana Protopopescu, qui tient fièrement
tête à celle (certes plus complète) de
Roberto Prosseda sans pouvoir tout de
Ryan Carter (1980-) force qui dispensent de chercher ail- même égaler le souvenir des anciens
Too many arguments in line 17; When All leurs. Certes Hänssler a largement microsillons de Rena Kyriakou que l’on
Else Fails; Grip; Errata; Break; On the limits puisé dans ses propres fonds, on ne retrouve au détour d’une des 56 galettes
of a system and the consequence of my saurait l’en blâmer. Si Elias dans la dans une Sérénade et Allegro giocoso
decisions lecture intériorisée d’Helmut Rilling magique. La musique de chambre est
Emanuele Torquati, piano; Keith Kirchoff, piano; Felix Mendelssohn (1809-1847) est justement célèbre (dans un genre finement distribuée (les Quatuors sur-
Duo Dillon-Torquati; Jack Quartet; Yarn/Wire Symphonies; Musique de chambre; Œuvres opposé il délivre une savoureuse inter- tout), les Lieder en trop petite quan-
[Laura Berger, piano; Jacob Rhodebeck, piano; pour piano; Œuvres pour orgue; Concertos; prétation du Komische Oper "Der Onkel tité sont un peu la paille de l’anthologie
Ian Antonio, percussion; Russell Greenberg, Oratorios; Mélodies; Cantates von Boston", vraie rareté ! et d’autres (mais Varady et Fischer-Dieskau pour
percussion]; Calder Quartet Marlies Petersen, soprano; Sibylla Rubens, petits opéras et musiques de scènes), les duos...), l’œuvre d’orgue est défen-
0015048KAI • 1 CD Kairos soprano; Matthias Goerne, baryton; Dietrich
si l’intégrale philologique des Sympho- due dans des interprétations histori-
Fischer-Dieskau, baryton; Julia Varady, soprano;
A vec sa texture d’un chaotique opti-
misme, Grip, la plus ancienne des
deux partitions pour quatuor à cordes
Juliane Banse, soprano; Iris Vermillion, mezzo-
soprano; Christian Gerhaher, baryton; Michael
nies (cordes et grand orchestre) selon
Thomas Fey et ses Heidelberger Sym-
phoniker a justement été qualifiée de
quement informées sur de magnifiques
instruments. Vous retrouverez même
le disque exemplaire des Ouvertures
Schade, ténor; Wolfgang Schöne, baryton; Walter
de ce disque, commanditée et exécutée Gieseking, piano; Gitti Pirner, piano; Wolfgang "révolutionnaire" outre-Rhin et constitue selon Kurt Masur et le Gewandhaus !
par le Calder Quartet, expérimente l’in- Brunner, piano; Gächinger Kantorei; Rundfunkchor en tous cas l’ensemble le plus cohérent, (Jean-Charles Hoffelé)
teraction rythmique entre des couches
sonores plus ou moins déterminées,
lignée de John Cage ou Henry Cowell.
plus ou moins indéterminées. Inspi-
rée par une expérience (commune) de C’est l’erreur que Ryan Carter met au
visionnage d’une vidéo YouTube lors centre de l’écriture de Errata : celle qu’il
d’une connexion réseau lente (le film
commet lui-même en tant que pianiste
arrive par à-coups, en segments sacca-
dés, détachés les uns des autres), Too et qui devient le processus développe-
Many Arguments In Line 17, autre pièce mental du morceau. Après un étonnant
pour quatuor à cordes (cette fois le
Break; pour piano et violoncelle, O The
JACK Quartet), recrée le bug : quand la Françoise Choveaux (1953-) Osvaldo Coluccino (1963-)
structure menace de se dévoiler, la mu- Limits… conclut le disque, seule com-
Symphonie Indigo pour orchestre à cordes, Interni, pour flûtes
sique stagne, telle l’image YouTube lors position à y bénéficier d’électronique op. 2; Elegie pour violoncelle et piano, Roberto Fabbriciani, flûtes
de la mise en mémoire tampon ; peu à op. 68; Quintette pour harpe et quatuor à
(un traitement du signal en direct, qui 0015062KAI • 1 CD Kairos
peu, les harmoniques et les inflexions cordes, op. 72; Symphonie Blanche pour

D
microtonales font évoluer l'impression sert de seconde pédale de sostenuto orchestre à cordes et timbales, op. 100; ans ces six Interni pour flûtes, le
auditive de la variation à l'erreur. When virtuelle), indice supplémentaire de Quintette pour piano, op. 108 compositeur et poète sort des sen-
All Else Fails, pour deux pianistes (les Irina Molokina, violoncelle; Irina Karpus, harpe; tiers battus et donne à entendre l’instru-
l’intérêt que porte le compositeur amé- Françoise Choveaux, piano; Quatuor Rimski-
instruments sont préparés avec des ment, ses sons, les façons d’en jouer,
serviettes, des pièces métalliques…) et ricain à l’exploration des nouvelles pos- Korsakov; St. Petersburg Chamber Orchestra; Yuri aux limites de l’audible, les silences
Serov, piano, direction
deux percussionnistes, s’inscrit dans la sibilités musicales. (Bernard Vincken) donc aussi, parties sonores intégrantes
NFPMA9909 • 1 CD Northern Flowers des pièces, tels une suite de pensées,

Q uoique ayant composé plus de 150 qui avancent, évoluent, explorent - un


bridant l’improvisation), intègre, autour œuvres, Françoise Choveaux est en- chemin, une quête, une recherche.
Sélection ClicMag ! de Cage, l’informelle New York School, core assez largement ignorée du grand Dans ce périple où respiration humaine
avec Earle Brown (1926-2002) ou public. Son univers, dense, postroman- et instrument se mesurent tels des alter
Christian Wolff (1934-) - le plus jeune tique et plein de ferveur spirituelle, se ego, Osvaldo Coluccino affine le détail à
et le premier à bâtir son propre langage nourrit à la fois de littérature, de peinture l’extrême, comme dans Primo Interno,
musical, au travers de pièces minima- et d’engagement humain. Ainsi, tandis qui débute par quatre notes, identiques
listes axées sur un nombre limité de que l’élégie pour violoncelle et piano (sol, à la même octave), mais émises
hauteurs dans différents contextes évoque les amours de Musset et George suivant une morphologie différente :
rythmiques. Quand, en 1985, Feldman Sand, le Quintette avec harpe, lui, puise l’air à travers la flûte ; le souffle humain
compose For Bunita Marcus (Bunita son inspiration dans la poésie de Ron- ; l’air inspiré ; l’air à travers l’instru-
est l’étudiante en qui il place le plus sard (NB : le livret oublie malheureuse- ment, mais suivant un doigté hors
d’espoir, source d’inspiration et amie ment de nous informer sur le Quintette norme. Voilà un disque qui requiert une
Morton Feldman (1926-1987) intime jusqu’à sa mort), il a déjà livré écoute proche de l’oreille, dans la quié-
avec piano). Quant aux symphonies
For Bunita Marcus, pour piano bataille au format traditionnel des 20 ou tude d’un casque faiseur de silence et la
pour cordes, dont chacune est associée
Aki Takahashi, piano 25 minutes : For Philip Guston (1984) patience de celui sait entendre le subtil.
à une couleur, la première, indigo, rend
MODE314 • 1 CD Mode ou String Quartet II (1983) durent hommage aux ciels des Flandres peints (Bernard Vincken)

C ’est sa rencontre avec John Cage respectivement près de 4 et 6 heures. par Arthur Van Hecke et la seconde,
(1912-1992) au New York Philhar- Au-delà d’une heure et demie, c’est une blanche, célèbre, en trois mouvements
monic, un soir de 1950 à l’occasion de autre affaire, explique-t-il, les choses au cheminement ouvertement chrétien,
la représentation de la Symphonie op. deviennent plus complexes, plus intri- Armand Marquiset, le fondateur des
21 d'Anton Webern (1883-1945), qui quées et nécessitent une concentra- Petits Frères des Pauvres. En écoutant
pousse le jeune pianiste Morton Feld- tion accrue. De cette musique étale, ces œuvres aux couleurs si originales,
man à se libérer des systèmes compo- au contraste minimal mais aux ombres j’ai pensé parfois à Rachmaninov et à
sitionnels contraignants. Il emménage riches, où le temps fait du surplace et Bernanos, à Max Reger ou au premier
dans la Bozza’s Mansion, sur Grand s’englue dans le présent, se dégage une Schoenberg et à Péguy. Dans cet uni-
Street, où vit Cage ; sous son influence, sérénité et une quiétude tout à l’opposé vers teinté de mysticisme, le tourment,
il donne au hasard une place dans son du monumental qu’évoque sa longueur. l’inquiétude et la douleur sont premiers Toshio Hosokawa (1955-)
écriture, expérimente des notations gra- Là où rien ne semble se passer, tout et ne laissent surgir la lumière et l’es- "Drawing", pour 8 musiciens; "Im frühlings-
phiques inédites (qu’il délaisse bientôt s’attend, sans impatience et avec un poir qu’au prix d’une lutte salvatrice. garten", pour neuf musiciens; "Nachtmu-
au profit d’une précision plus grande plaisir intense. (Bernard Vincken) (Emmanuel Lacoue-Labarthe) sik", pour cymbalum; "Singing Gaden",

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Musique contemporaine
pour 6 musiciens; "Voyage V", pour flûte et
orchestre de chambre
Mario Caroli, flûte; Ulkho Ensemble Kiev; Luigi
Gaggero, cymbalom, direction
0015017KAI • 1 CD Kairos

E ncouragé par Klaus Huber, auprès de


qui il se forme au début des années
1980, à approfondir ses origines musi-
cales japonaises, Toshio Hosokawa Hannes Kerschbaumer (1981-) Bernhard Lang (1957-) Marco Lo Muscio (1971-)
Schraffur, pour accordéon à quarts de tons "ParZeFool" (Der Thumbe Thor), musique 3 Préludes américain; 2 Ricercari; In
développe une œuvre qui prend source
et ensemble; Pedra.debris, expanded de scène en 3 actes pour voix, chœur et Memoriam; Gympnopéride n° 0 "Hommage
aussi bien dans la tradition occiden- version; Abbozzo IV, Quatuor à cordes n° orchestre, d'après le "Parsifal" de Richard to Satie"; Prélude à la mémoire de Debussy
tale (Bach, Beethoven, Nono, Lachen- 2; Kritzung II, pour violon préparé, 3 musi- Wagner "La Lune Blanche"; Steve Hackett, Hori-
ciens avec percussions bois et électro- zons; Meditation on Horizons "Hommage to
mann…) que dans la musique savante Daniel Gloger, contreténor; Magdalena Anna
niques; Geschiebe, pour flûte à bec ténor et Steve Hackett"; Mélodies médiévales
traditionnelle japonaise. C’est d’ailleurs Hofmann, soprano; Wolfgang Bankl, basse; Tómas
alto préparé; Llif, pour 5 instruments Andrea Padova, piano; Steve Hackett, guitare clas-
Tómasson, baryton; Martin Winkler, baryton;
du gagaku, l’ancienne musique de cour, Krassimir Sterev, accordéon; Davide Gagliardi, sique, guitare électrique; Marco Lo Muscio, piano
Arnold Schoenberg Chor; Klangforum Wien;
que s’inspire le compositeur dans Im sound design, live electronics; Two whisaks; BRIL95952 • 1 CD Brilliant Classics
Simone Young, direction
Ensemble Chromoson; Quatuor Arditti; Schallfeld

C
Frühlingsgarten commissionné au sein 0015037KAI • 3 CD Kairos e disque est né d’une étroite colla-
Ensemble; Leonhard Garms, direction; Klangforum
d’un programme de valses et de polkas. boration entre le compositeur orga-
C
Wien; Emilio Pomarico, direction e triple disque est un défi pour les
Dédiée à Luigi Gaggero qui l’a créée niste Marco Lo Muscio et le pianiste
0015060KAI • 1 CD Kairos amateurs d’opéra : Bernhard Lang y
Andrea Padova. Ce dernier a choisi d’in-
en 2014, Nachtmusik est sa première
H annes Kerschbaumer entretient une réinvente le Parsifal de Richard Wagner, terpréter quelques pièces pour piano de
pièce pour cymbalum, où il exploite tout relation tangible, quasi charnelle ce "Bühnenweihfestspiel" (festival scé- Lo Muscio composées ces dix dernières
le charme de cet instrument à cordes avec la musique, qu’il nous fait peser nique sacré) créé en 1882 à Bayreuth. années. Les Trois Préludes Américains
frappées, parfois surnommé le "piano sur toute la surface de notre corps, et Il s’appuie pour ce faire sur l’enregistre- relèvent de l’improvisation jazz à la
tzigane". Si le disque s’appelle Gardens, au-delà, sous les couches d’épiderme ment de Pierre Boulez, ce chef alors à manière d’un Keith Jarrett en culotte
et de derme, au travers des muscles, peine reconnu comme tel qui, en août courte. Les deux ricercares sont deux
c’est en référence à l’intérêt de Hoso-
et des organes internes. C’est que le 1966, à Bayreuth lui aussi, créait la laborieux essais de fugue sur un même
kawa, petit-fils d’un maître de l’Ike- compositeur, italien installé en Autriche, surprise avec une interprétation "pure, thème inspiré de Bach, "In Memoriam"
bana, art floral japonais ancestral, pour s’y entend à faire grimper la pression, rigoureuse et poétique, paradoxale par évoque par son harmonie suave la mu-
la nature en général et les jardins en à tendre l’atmosphère, forgeant à son son objectivité et ce qu'on pourrait sique de film d’Ennio Morricone. L’Hom-
particulier, lui qui proclame : "la nature ambition instruments acoustiques, appeler son "laïcisme"". Et Lang, bien mage à Satie et le Prélude en mémoire
m'appartient car je fais aussi partie de préparés ou non, et pièces rapportées sûr, va plus loin, fidèle à cette idée - où de Debussy procèdent du même moule,
(polystyrène extrudé, papier de verre, l’ironie n’est jamais loin - de "recyclage" la digression labyrinthique autour d’un
la nature". Drawning, inspiré d’un rêve
tessons de verre ou de céramique, du patrimoine musical historique, qu’il thème. Suivent quelques Mélodies
amniotique, construit une atmosphère
pièces de bois d’essences choisies…) explore dans son cycle Monadologie, Médiévales, inspirées par la lecture
intrigante, presque conspiratrice, qui manipulées selon des indications aussi de Tolkien : The Knight of Rohan, The
notamment à l’aide de processus de
commence et se termine dans l'acous- précises que déterminantes, comme Book of a Vampire, Théodon’s Médita-
filtrage et de mutation. C’est ainsi que
tique vide du silence - comme une fleur dans la lente et implacable progression tion. Le guitariste Steve Hackett, ancien
ParZeFool se colore, au fur et à mesure
s’épanouit, puis meurt. Calme, presque de Kritzung II. Avec Schraffur, il joue membre de Genesis prête main forte
de son développement, de touches à Padova pour Gandalf and Galadriel.
contemplatif, Singing Garden va au avec les trames, leurs innombrables
atonales, d’interventions jazz, voire hip- Accords plaqués, fusées d’arpèges,
lignes démunies en elles-mêmes de
rythme de crescendos et diminuendos, hop, autant de gauchissements, de tor- intervalles de quintes sont récurrents
signification mais qui forment, à la fin,
au rythme d’une respiration intensé- une structure complexe - une image sions - de trahisons, diront certains -, dans le vocabulaire harmonique de
ment corporelle. Voyage V fait partie (ici, les sons de l’accordéon), dont la de la partition originale. De même le li- Lo Muscio. De brefs thèmes s’enfilent
d’une série pour ensemble et soliste - compréhension ne se dévoile qu’avec vret se voit-il expurgé de ses références les uns dans les autres comme autant
ici, la flûte : piccolo, flûte, alto et basse le recul. À l’inverse du processus (pseudo-)religieuses, au profit de de souvenirs fugaces créant une tor-
développemental à l’œuvre dans ces boucles plus petites : Lang affectionne peur onirique puissante. La Vocalise
; dix pièces à ce jour -, où le soliste
pièces, Pedra.debris fait partie d’un ce système de boucle, véritable "micros- dédiée à la mère du compositeur qui
représente l’humain et l’orchestre son cope temporel", par lequel la répétition clôt l’album nous ramène quelques
cycle où Kerschbaumer déconstruit :
environnement, la nature - le premier il désintègre le son global, l’anéan- amplifie des événements sinon à peine décennies en arrière, au rock pro-
vivant en congruence avec la seconde. tit, le réduit en miettes - en débris. perceptibles. Détonnant et polémique. gressif du groupe Genesis. Oubliable.
Impressionnant. (Bernard Vincken) (Bernard Vincken) (Bernard Vincken) (Jérôme Angouillant)

Pérez Inesta, direction; Manuel Nawri, direction auxquelles participe le chant de Salome
Sélection ClicMag ! 0015023KAI • 1 CD Kairos Kammer et une écriture adroitement tor-
tueuse - voûtée, bossue -, un dialogue
N é en Israël de parents palestiniens,
Samir Odeh-Tamimi fait le lien, dans
ses compositions, entre l’avant-garde
de malentendants à la surdité ciblée qui
privilégie le registre des graves, où les
percussions provoquent les cordes, où
musicale occidentale - qu’il a rejointe
trombone et saxophones font de leur
en s’installant en Allemagne à l’âge de
vent une raison d’être. Odeh-Tamimi
22 ans - et sa pratique de la perfor- travaille par couches. Ecoutez celle
mance musicale arabe - qu’il exerçait Enjott Schneider (1950-)
des percussions dans Li-Umm-Kámel :
jusqu’alors au sein d’un ensemble comme elle sous-tend celles du piano Raptus, Die Freiheit des Beethoven, pour
jouant de la musique traditionnelle orchestre; Mozart Ascending, Thoughts
puis de la flûte, comme elle approfondit about the unfinished oboe concerto, KV
Samir Odeh-Tamimi (1970-) sur des instruments contemporains. Il l’écoute et la transforme en la percep- 293 [Prologue "As fate willed"; Concerto
mêle fréquemment instruments de l’or- tion d’un volume sonore, d’une entité en Allegro; Adagio "Bitterness of Life";
"Lámed", pour piano trio et trombone ténor-
chestre et percussions traditionnelles, trois dimensions - même Solo Für Vio- Epilogue "Mozart Ascending"]; Concerto
basse; "Uffukk", pour violoncelle seul;
"Li-Sabbrá", pour trombone ténor-basse et
cherche avec la curiosité de l’enfant, ap- line, avec sa seule instrumentiste (Em- pour sheng et orchestre "Yin & Yang"; Inner
prend avec la persévérance de la fourmi manuelle Bernard), semble fonder cette Worlds-Innenwelten, Symphonic Mood
percussion; "Lámed II", pour saxophone
et cisèle ses notes avec la patience de Painting from the opera "Trackman Thiel",
baryton; "Alif", pour ensemble; Solo pour impression. Odeh-Tamimi développe
pour orchestre [Shadows of the past; Dark
violon; "Lámed III", pour clarinette basse; l’artisan. D’Alif, la plus longue pièce du son propre langage musical : il travaille Clouds; Solitude in the Forest; Intermezzo
"Li-umm-Kámel", pour flûte, piano et disque, saisissante et qui mobilise tout le son comme on remonte à sa source, of Unrealities; Inner Worlds; Peace of
percussion le Zafraan Ensemble, sourd une inquié- il sonde la culture comme on remonte à Nature; Accident and Desaster; Moonlit
Salome Kammer, voix; Zafraan Ensemble; Miguel tude de l’étrange, des affres insolites son origine. (Bernard Vincken) Night and Madness]

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Musique contemporaine / Alphabétique
Juliana Koch, hautbois; Wu Wei, sheng; Jena et l’"infaillible exactitude constructive" apothéose du contrepoint savant en-
Philharmonic Orchestra; Simon Gaudenz, direction de Claude Debussy, Martino Traversa core que néanmoins le plus chantant au
WER5125 • 1 CD Wergo présente ici une musique de chambre cœur de l'homme. Oublions donc cette

C e nouvel opus d'Enjott Schneider au peut-être plus axée sur une régéné- probable légende d'une composition
titre énigmatique "Mozart & Beetho- rescence du passé qu’ancrée dans la faite pour calmer les insomnies de tel
ven meeting Yin & Yang" conçu en colla- musique contemporaine de son pays. prince et jouées par tel élève doué du
boration avec un jeune orchestre (Jena) Quasi Una Sonata… se développe en compositeur. Originellement aria avec
et deux solistes internationaux (Juliana deux parties : une douzaine de tableaux variations pour grand clavecin à double
Koch, Wu Wei) procède comme c'est sonores à la personnalité contrastée ou clavier (qui en faciliterait donc la maî-
l'usage chez ce créateur polyvalent semblable, séparés de fissures ou de Johann Sebastian Bach (1685-1750) trise technique), c'est une vaste trajec-
d'une réflexion intellectuelle et musi- silences (une des caractéristiques de Suites pour violoncelle n° 1-6, BWV toire en arche, une série de deux fois
cale (Musical thoughts). Raptus est une l’écriture du compositeur), réexposés 1007-1012 quinze variations, avec retour moins
pièce en forme d'ouverture qui s'ap- ensuite avec de légères variations. Red Jiri Barta, violoncelle baroque sans doute au point de départ que, se-
puyant sur quelques thèmes beetho- 2 est une œuvre pour violon seul, ren- ANI076 • 2 CD Animal Music lon l'expérience ainsi faite et quasi spi-
forcée ultérieurement par l’orchestre et rituelle de chacun, à son point équiva-
"
véniens, explore le caractère bipolaire Violoncelle baroque" indique l’éditeur,
de Beethoven, confrontant les œuvres qui rend hommage à Boulez, démarrant lent. Un grand physicien (Lichnerowicz)
un étonnant instrument d’un facteur
à caractère (Symphonies) et mélanco- sur la première figure d’Anthèmes. Né nous expliqua ainsi que si l'on faisait
anonyme de Prague, daté circa 1700,
lique (Derniers quatuors). La surcharge d’une demande de revisiter Miroirs de le tour de l'univers (qui est courbe, en
que Jiri Barta joue avec un archet ba-
orchestrale et l'exacerbation des climats Maurice Ravel, Oiseaux Tristes révèle de somme en forme de banane), on ne
roque confectionné par Martin Opulstil
illustrent fort bien l'acte paroxystique. l’œuvre une dimension plus abstraite, reviendrait pas à son point de départ
en 2004. La touche est profonde, l’ins-
Mozart Ascending est une "re-création" proche du monde allusif de Debussy ou mais à un point parallèle. Banane ou pas
trument tout autant, qui chante loin et
du concerto inachevé K293 pour haut- de l’ornithologie sonore chère à Olivier (et ClicMag va sûrement perdre de ses
fait entendre des registres contrastés
bois de Mozart. Là aussi Schneider Messiaen. Suivent trois poèmes de Sté- lecteurs sous l'outrage), les présentes
dont les liaisons sont parfois âpres.
mêle extraits du concerto et sa propre phane Mallarmé, pour soprano, clari- Variations Goldberg nous ont semblé
Mais justement cette âpreté va comme
écriture injectant une cadence drama- nette, violoncelle et piano, avant Di Altri avoir plutôt la pêche juvénile, encore
un gant au jeu très libre du violoncel-
tique continue à l'intérieur de l’œuvre. Cieli, court hommage à Nono, fait de que peut-être pas assez engagées
liste. Pour historiquement informé qu’il
Malgré une certaine dilatation du dis- micro-événements discontinus émer- et donc caractérisées d'une partie à
soit, - Jiri Barta se réclame de l’approche
cours (Allegro redondant), le résultat geant du silence pour construite une l'autre, impression à laquelle n'est sans
d’Anner Bylsma - son interprétation ne
convainc. Autre Concerto mais celui-ci texture fragmentée. (Bernard Vincken) doute pas étranger le choix d'un ins-
s’en trouve pas pour autant corsetée,
pour Sheng (orgue à bouche) dont le trument clavecin (une copie de 2012)
elle chante même bien plus que celle du
titre Yin & Yang évoque la double nature à la sonorité peu pluricorde, et man-
hollandais, large, appuyée, volontaire,
des choses (on retrouve la bipolarité) et quant à proprement parler de gravité.
un peu à la manière de Casals : le cata-
la dualité Orient / Occident. Schneider (Gilles-Daniel Percet)
lan n’aurait pas méprisé cet archet im-
juxtapose savamment les modes et les périeux qui marque les danses du talon
textures de l'orchestre recourant à de et donne aux portées de Bach quelque
fréquents ostinatos et une rythmique chose d’infiniment terrien. C’est le grain
motorique pour relancer un dévelop- si particulier de cette belle caisse qui fait
pement narratif constamment nourri la moitié du prix de cette lecture libre, si
évoquant par moments le Takemitsu lyrique, si intense, peu soucieuse d’un
des musiques de film. La dernière pièce Udo Zimmermann (1943-) beau son, lui préférant l’urgence du jeu,
Inner Worlds est un highlight de l'opéra la plénitude de l’expression, si rarement
Weisse Rose (La Rose Blanche), opéra
Bahnwarter Thiel composé par Schnei- trouvée dans les interprétations sur ins-
pour 2 voix et ensemble
der d'après le roman de Gerhart Haupt- trument d’époque, souvent prisonnières
Gabriele Fontana, soprano (Sophie Scholl); Lutz-
mann). Le compositeur dit s'être inspiré Michael Harder, ténor (Hans Scholl); Instrumenta- de leurs théories. Ce pas de coté dans Johann Sebastian Bach (1685-1750)
des Sea Interludes de Britten. Là encore lensemble; Udo Zimmermann, direction l’évolution de l’interprétation des Suites Concerto Italien en fa majeur, BWV 971;
le travail de l'orchestre (Nuances et ne doit pas passer inaperçu, écoutez Concerto en sol mineur, BWV 1056-156;
C162871 • 1 CD Orfeo
dynamiques) est remarquable. Théma- seulement la 5e Suite, stupéfiante d’in- Concerto en ré majeur, BWV 972; Concerto
tique solide, réalisation brillantissime
(Les solistes !). Un disque inspirant. H ans et Sophie Scholl, frère et sœur,
étudiants chrétiens münichois sont
de rarissimes exemples d’une résis-
tensité. (Jean-Charles Hoffelé) Double en ré mineur, BWV 1060; Concerto
en sol majeur, BWV 978; Concerto en ré
mineur, BWV 974
Enjoy Schneider ! (Jérôme Angouillant)
tance intérieure au régime nazi, ce pour Matthias Höfs, trompette; Die Deutsche Kammer-
quoi ils furent décapités en 1943. Leur philharmonie Bremen
réseau s’appelait Die weisse Rose (la 0301305BC • 1 CD Berlin Classics

P
rose blanche) en hommage au poème our autant qu’on le sache, Bach
de Clemens Brentano. Imaginant Hans n’écrivit jamais de concerto pour
et Sophie dans leur cellule à la veille de la trompette. Le malin et très talen-
leur exécution, Udo Zimmermann com- tueux Matthias Höfs (trompette solo
posa ces scènes pour ténor, soprano et de l’orchestre philharmonique natio-
un ensemble de quinze instruments. Il nal de Hambourg à 18 ans, et maître-
y a dans le destin des Scholl quelque
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
transcripteur pour l’ensemble German
chose qui va au-delà de l’héroïsme, Variations Goldberg, BWV 988
Martino Traversa (1960-) Brass dont il est membre) s’en sort
il s’agit de sacrifice et de sainteté. On Sungyun Cho, clavecin
avec astuce : façon poupées russes, il
Quasin una sonata…, pour violon et piano; PAS1027 • 1 CD Passacaille
n’en retrouve rien dans l’œuvre. Pour s’intéresse à des concertos que Bach
Red 2, pour violon concertant et ensemble;

P
Oiseaux Tristes, pour piano seul; Trois
le compositeur, ces faits historiques etiote elle commença au piano, étu- (virtuose du "transfert instrumental"
poèmes de Stéphane Mallarmé, pour semblent n’être qu’un prétexte. On en- dia l'orgue et la musique d'église, comme l’écrivait Gilles Cantagrel) fit
soprano, clarinette, violoncelle et piano tend un Sprechgesang grisâtre, les voix poursuivit des études de claveciniste lui-même passer du violon ou du haut-
[Soupir; Placet futile; Autre Eventail]; Di sont traitées de façon instrumentale, ce à Séoul puis aux Pays-Bas, court les bois au clavier, empruntant à Vivaldi et à
altri cieli, pour soprano et 6 instruments qui rend la performance des solistes festivals du baroque (notamment avec Marcello. Complétant avec des concer-
Hae-sun Kang, violon; Livia Rado, soprano; Ciro Gabriele Fontana et Lutz-Michaël Harder Jacques Ogg, son maître dont elle est tos de Bach lui-même dans lesquels la
Longobardi, piano; Ensemble Prometeo; Marco d’autant plus admirable. On les entend main gauche est cantonnée au continuo
l'assistante à La Haye). Cette jeune
Angius, direction
ici, sous la direction de Zimmermann. coréenne, déjà professeur, soliste de ou à une basse très simple, Höfs re-
0015054KAI • 1 CD Kairos Il s’agit d’un enregistrement sur le vif l'ensemble Animaccord, nous donne passe des versions "clavier" à un instru-

A utodidacte précoce, organisateur


d’événements culturels, pianiste im-
provisateur, compositeur, élève de Luigi
de 1986, année de la création, et à Mü-
nich, d’où une importante charge émo-
tionnelle. L’œuvre connut un succès
sa version des Goldberg après les
avoir beaucoup rodées en concert, plus
particulièrement à travers l'Espagne.
ment mélodique mais différent : l’hon-
neur musical est sauf, donc ! Le résultat
est festif et brillant à souhait, tout à fait
Nono mais d’abord admirateur d’Edgar immédiat et jamais démenti, mais qui Immense chef d'œuvre naturellement pour le Temps de Noël comme autrefois
Varèse, profondément influencé par repose sans doute sur un malentendu. de toute l'histoire de la musique dans les disques de Maurice André annon-
l’"esprit de géométrie" de Pierre Boulez (Olivier Gutierrez) sa déclinaison thème et variations, et çaient le retour du sapin et des guir-

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Alphabétique
landes. Il faut dire que le soliste ne se
ménage pas dans les mouvements vifs,
faisant parfois se dresser les poils sur
de Mozart, le concerto pour piano et or-
chestre en mi bémol (1784) composé à
quatorze ans (!)… Musique vocale pour
pour piano forte et quatre instruments
à vent opus 16, d’inspiration également
mozartienne, dont l’œuvre présentée
F ournier/Schnabel, Fournier/Kempff,
Fournier/Gulda… La première inté-
grale avec Artur Schnabel provenant
les bras (la notice avoue même que les soprano, ténor ou chœur : airs italiens ici est un arrangement réalisé en 1810, des bandes Emi d’après-guerre furent,
instrumentistes de la Kammerphilhar- dont les opus 65 (1795) et 116 (1814), contemporaine d’Egmont et du quatuor hélas, mal repiquées. Les deux édi-
monie de Brême se sont un peu amusés airs de concert (1790-1796), l’Opferlied "serioso" n°11, pour piano et cordes. À tions sont autrement plus passion-
à le pousser dans ses retranchements, op. 121 (1824), les chants populaires ir- la grâce et à la légèreté, toute en allegro, nantes. La plus connue demeure avec
mettant leur grain de sel dans les tempi landais (1813), les mélodies écossaises succède, dix ans plus tard, un univers Kempff. Celle captée avec Gulda le fut
à prendre…). Les mouvements lents opus 108 (1816), les chants populaires sonore plus complexe, plus contrasté à Vienne, en juin 1959, dans la petite
m’ont semblé moins convaincants. L’or- de divers pays (1818), l’oratorio « où se mêlent dans l’andante cantabile salle du Musikverein. L’intégrale parut
chestre, connu et loué pour ses Brahms Le Christ au mont des oliviers » opus le sourire et l’inquiétude et une forme chez Deutsche Grammophon, l’année
avec Paavo Järvi (voir leur passage au 85 (1803) - superbe version ! -, trois de gravité. Des oeuvres qui peuvent suivante. Urania réédite ces bandes
Festival de Pâques d’Aix-en-Provence chœurs (1812)… Musique de danses paraitre mineures mais qui donnent à qui, outre les cinq sonates, présentent
2018 !), se régale et tend par moments : douze contredanses (1801), six me- entendre les moments d’une pensée les trois séries de variations. C’est à
à en faire "des tonnes", mais c’est de nuets pour violon et violoncelle (1796), musicale ! Saluons le Trio Hannover et peu près tout le legs de Beethoven au
bon aloi dans l’ambiance générale. Le onze danses pour septuor à cordes et Konstantin Sellheim de nous faire dé- violoncelle auquel on ajoutera le Triple
tout est un "disque-plaisir", que les non- vents (1819), six danses (1802), douze couvrir ces œuvres peu jouées et enre- concerto pour piano, violon et violon-
trompettistes écouteront probablement danses allemandes (1795), douze me- gistrées. À connaitre. (Emilio Brentani) celle. Fournier, “aristocrate” du violon-
en dressant la table du réveillon et en nuets pour orchestre (1795), les treize celle et Gulda pas encore le “trublion”
laissant remonter des souvenirs d’en- « Gratulations-menuett » (1822), la de la musique classique dialoguent avec
fance. (Olivier Eterradossi) musique pour un ballet chevaleresque une verve magnifique. Si l’archet reste
(1791), œuvres qui manifestent une d’un équilibre parfait laissant chanter
certaine veine mondaine du composi- le son de l’instrument, Gulda multiplie
teur… Musique de chambre : les douze les trouvailles. Son jeu varie constam-
variations pour piano et violon sur « ment comme s’il devait ornementer
Se vuol ballare » de Mozart (1793), l’immuable grandeur de l’archet. Il y a
l’adagio et la sonatine pour piano et beaucoup d’émotion dans ce dialogue.
mandoline (1796) - très surprenants -, Plus encore, on perçoit le respect, la
les douze variations pour violoncelle et concentration de tous les instants de
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
piano sur un thème de Haendel (1796), Gulda. Les mouvements les plus intros-
les trois pièces pour horloge mécanique Symphonies n° 1 et 5
Budapest Festival Orchestra; Iván Fischer, direction
pectifs et lents sont marquants parce
(!) transcrites pour orgue (1799) , les qu’ils exacerbent l’écoute entre les deux
Ludwig van Beethoven (1770-1827) huit variations pour hautbois et cor CCSSA39719 • 1 SACD Channel musiciens. Les moindres silences et

I
Œuvres choisies rares ou méconnues anglais sur « La ci-darem » (1799), le van Fischer avait tout dit de son accents sont mis à profit. Les variations
Krahmer; Springer; Geszty; Büchner; Leib; trio pour flute, piano et basson (1790), Beethoven lumineux, sensible, mais que l’on délaisse trop souvent dans
Poster; Mitglieder des Rundfunkchores Leipzig; le sextuor pour deux cors, deux violons, aussi évident et au fond classique, avec l’écoute des intégrales, se révèlent, ici,
Brahms-Trio; Erben Quartett; Berliner Solisten;
alto et violoncelle op. 81b (1794), les son intégrale vidéo où il dirigeait les passionnantes. En effet, c’est parado-
Kammerorchester Berlin; Staatskapelle Berlin;
Gewandhausorchester Leipzig; Rundfunk-Sinfo-
six thèmes variés pour piano, violon et splendeurs de l’Orchestre du Concer- xalement en empruntant des thèmes
nieorchester Berlin; Neumann; Apelt; Koch; Masur; flute opus 107 (1818), les trois duos tgebouw, il y revient pourtant, année à Mozart et à Haendel, que Beetho-
Herbig; Knothe pour clarinette et basson (1792) qui té- Beethoven oblige, mais nous donne- ven élargit sa réflexion et renouvelle
0301352BC • 9 CD Berlin Classics moignent d’une recherche de nouvelles ra-t-il une seconde intégrale alors que l’écriture de la musique de chambre.
formules… Un immense continent avec son frère ainé, Ivan, vient d’en signer
B eethoven inconnu ? Berlin Clas- (Jean Dandrésy)
ses terra incognita (il en subsiste en- une, stupéfiante et faisant son miel
sics nous propose pour célébrer le core) ! Interprétation remarquable des des lectures historiquement informées,
deux-cent-cinquantième anniversaire musiciens et chanteurs de l’ex RDA. A avec l’Orchestre de chambre du Dane-
de sa naissance un copieux coffret, écouter et apprécier sans modération, mark ? Nous verrons bien. Pour l’heure,
principalement d’œuvres diverses WoO un Beethoven foisonnant, inattendu, Ivan Fischer confronte dans ce disque
(sans numéro d’opus) de Beethoven trop humain ! (Emilio Brentani) manifeste les deux états de la sympho-
enregistrées pour l’essentiel entre les
nie beethovénienne  : au classicisme
années 70 et 80. Œuvres de jeunesse et
stylisée (et quand même un peu ato-
de la maturité qui sont autant de jalons
misé) de la symphonie "façon Haydn"
et de témoins, dans différents genres,
de la Première, jouée dans un décor néo
des années de formation et du proces-
baroque certain, se contrastent les en-
sus créateur. Pour ne pas s’égarer dans
volées démiurgiques d’une Cinquième
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
ce dédale de CD privilégiant le classe- Grande Fuge en si bémol majeur, op. 133
comme resserrée dans des phrasés
ment thématique au chronologique, et, [Version pour orchestre à cordes de F.
courts, haletants, qui ne proclament pas
puisque absence de livret (!), se munir von Weingartner] / F. Schubert : Quatuor à
et semblent découlés du plus expressif cordes n° 14 en ré mineur, D 810"Der Tod
de son Massin, Brisson, Cooper au
des Sturm und Drang. Ce contraste ne und das Mädchen" [Version pour orchestre
choix… La musique est bien là et quelle !
Ludwig van Beethoven (1770-1827) se percevait pas si absolument dans le à cordes de G. Mahler]
On s’interroge fatalement sur l’indignité
Quatuors pour piano, WoO 36 n° 1-3 et cycle d’Amsterdam, et il rend passion- Philharmonisches Staatsorchester Hamburg; Gerd
du second rayon qui a frappé certaines
op. 16 bis nant ce qui semble un regard nouveau, Albrecht, direction
œuvres privées de la gloire du catalogue
Konstantin Sellheim, alto; Klaviertrio Hannover plus pédagogique, d’Ivan Fischer sur le C371961 • 1 CD Orfeo
d’opus ! Des découvertes bien sûr, de
"cas Beethoven". (Jean-Charles Hoffelé)
A
nouveaux horizons pour l’auditeur mais GEN19673 • 1 CD Genuin toute chose arrangée d'un Schu-

E
aussi parfois le sentiment d’essais, crits en 1785 (Beethoven est âgé de bert, Mahler ne pouvait qu'être bon,
d’exercices, de facilités, de curiosités, quinze ans !), les trois quatuors avec et même plus puisqu'affinité. Au point
de commandes… on en est conduit à piano WoO 36 sont des compositions qu'il avait également travaillé à l'orches-
considérer différemment le génie de de jeunesse ne figurant pas à son cata- tration d'autres quatuors du même, il en
Beethoven et à mesurer la quotidien- logue d’opus. On ne peut à l’évidence reste des preuves, voire des épreuves.
neté du travail du compositeur entre les qu’admirer un savoir faire étonnant et Et il est curieux de constater (ouf, la
exigences du présent, l’humeur et les une maîtrise de l’écriture instrumentale. première fois, on craignait un peu, au
fulgurances prométhéennes de l’avenir Même si l’inspiration du jeune composi- moins autant que ces contemporains
! Œuvres pour piano : la transcription teur puise dans les sonates de violon de viennois conservateurs qui prirent Gus-
(1807) pour piano du concerto pour Mozart et que l’équilibre des parties ins- tav pour un Charlot : on a touché à la
violon en ré majeur opus 61 (1806), trumentales soit respecté, part belle est Ludwig van Beethoven (1770-1827) sainte musique de chambre !) à quel
la sonate n° 9 en mi majeur op. 14.1 donnée à un piano déjà impérieux, l’ins- Intégrale de l'œuvre pour violoncelle et point ce fameux thème schubertien
(1799) et sa transcription (1802) pour trument du Maître ! "Un jeune génie !" piano (pour ainsi dire, le chant d'un enfant
quatuor à cordes où le compositeur s’exclama Gottlob Neefe. En 1796, à Pierre Fournier, violoncelle; Friedrich Gulda, piano mort...) migre sans dommage du simple
relève héroïquement le défi de Haydn et Vienne, Beethoven compose le quatuor WS121383 • 2 CD Urania chant à l'orchestre, en passant par le

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quatuor à cordes : face à son lugubre temps que sont les Quatuors de Chos- aucune distance, cette musique brûle.
destin, toujours la jeune fille, mais Sélection ClicMag ! takovitch ? La distance que met le Qua- Dans la grande nuit amère du 8e Qua-
naturellement dans tous ses états ! La tuor Pavel Haas dans le terrible carnet tuor, journal de la désillusion ultime, du
finesse et la légèreté ici de l'orchestre de guerre qu’est le sinistre Deuxième quasi renoncement, écrit sous le coup
et de son chef ne sont pas pour rien Quatuor (1944), qui est en fait une vraie de sa rencontre avec Issak Glikman
dans cette impression que l'essentiel symphonie, semble l’indiquer. Ce que lors d’un séjour à Leningrad, ils amin-
est maintenu. Même si l'on peut trouver l’on perd en tension si on compare leur cissent le son, sculptent un crépuscule
que cette instrumentation suramplifiée lecture à celle du Quatuor Beethoven, de ténèbres dans lequel passent tel
arrondit les angles du tragique, adoucit les créateurs de l’œuvre, on le gagne des lambeaux les fantômes de cita-
l'âpre et rugueux frottis des cordes, le par un sentiment aigu de désespoir,
tions tirées de ses œuvres antérieures,
mordant véhément des attaques. Par mais comme quintessencié. Le jeu des
danse étrange qui sous les archets des
exemple, dans cet andante qui pour quatre amis tchèques est admirable de
Dimitri Chostakovitch (1906-1975) tchèques devient quasiment un geste
ses moments les moins révoltés n'est suggestion, il a vraiment l’élégance du
pas sans évoquer le typique adagio esthétisant : trop de beauté ? Non, car
Quatuor à cordes n° 2 en la majeur, op. 68; désespoir, quelque chose de sinistre
malhérien. Ce qui gêne finalement, Quatuor à cordes n° 7 en fa dièse mineur, mais en habit de gala : écoutez seu- derrière cette perfection les tourments
c'est surtout cet épaississement côté op. 108; Quatuor à cordes n° 8 en do lement la valse de la Romance. Le 7e du compositeur se dessinent plus net-
contrebasses (instrument que la mode mineur, op. 110 Quatuor est l’une des œuvres les plus tement. Au fond ce disque impeccable,
récente a pareillement bien tort d'ajou- Quatuor Pavel Haas [Veronika Jaruskova, violon; intimes de Chostakovitch, c’est un petit implacable, est cruel comme l’époque
ter aux arrangements originellement Marek Zwiebel, violon; Radim Sedmidubsky, alto; qu’aura traversé, épuisé, détruit, celui
requiem désolé à la mémoire de sa
Peter Jarusek, violoncelle]
avec seul quatuor classique à cordes première épouse, Nina Varzar : treize qui n’aurait jamais voulu vivre dans un
des concertos pour piano de Mozart). SU4271 • 1 CD Supraphon minutes entre chiens et loups que les tel monde. Les notes de Boris Giltburg,

L
En complément de ce disque, l'orches- e temps du classicisme serait-il Haas murmurent avant de faire ton- ami et pianiste attitré du Quatuor Haas,
tration d'une Grande Fugue qui n'a pas venu même pour ce journal de notre ner la fugue comme un cri. Cette fois sont parfaites. (Jean-Charles Hoffelé)
la rage : on imagine d'un Beethoven la
véhémence échevelée qui se serait fait
mettre le grappin dessus par madame moins intello. Mais les interprètes se de profondeur et par un livret traduit en plus complexe, n’atteindra peut-être
Gomina. (Gilles-Daniel Percet) relâchent davantage avec Tchaikov- un Français tellement approximatif qu’il pas aussi facilement de nouveaux pu-
ski et les applaudissements du public en devient souvent incompréhensible. blics. (Alain Monnier)
l'attestent. Le compositeur était très fier (Thierry Jacques Collet)
de ce quatuor composé dans l'eupho-
rie et prétendument en une seule nuit
(affirmation toutefois exagérée). Dès
son premier mouvement, on le sent
traversé d'une sorte de grâce quasi
mozartienne, et tout le reste n'est plus
qu'une coulée d'émotivité culminant, là
encore, dans le pathos du mouvement
lent. Un titre ellingtonnien s'imposerait
Alexandre Borodin (1833-1887) pour ainsi dire : in a sentimental mood.
Quatuor à cordes n° 2 en ré majeur / P.I.
François Couperin (1668-1733)
(Gilles-Daniel Percet) Vladimir V. Cherbachov (1889-1952)
Tchaikovski : Quatuor à cordes n° 2, op. 22 Intégrale des trios pour 2 clavecins
Antje Weithaas, violon; Byol Kang, violon; Byol Symphonie n° 5 "Russkaya"; Suite "The Gian Luca Rovelli, clavecin; Marco Gaggini,
Kang, violon; Anna Reszniak, violon; Timothy Tobacco Captain" clavecin
Ridout, alto; Barbara Buntrock, alto; Tanja Tetzlaff, St.Petersburg State Academic Symphony Orches- BRIL95752 • 2 CD Brilliant Classics
violoncelle; Julian Steckel, violoncelle tra; Alexander Titov, direction
AVI8553101 • 1 CD AVI Music NFPMA9970 • 1 CD Northern Flowers F rançois Couperin n'a composé
qu'une seule pièce directement

N ous sommes en plein concert au


festival allemand de musique de
chambre de Spannungen, à la produc-
L ’ambition affichée par la collection
"Wartime Music", chez Northern
Flowers, est de rendre justice à des
pour deux clavecins, la magnifique
"Allemande" qui ouvre le 9ème Ordre de
son second Livre de Clavecin (1717).
tion discographique déjà importante, et œuvres et des compositeurs russes Cependant la pratique de jouer des trios
qui se déroule dans le décor industriel injustement oubliés. C’est ici le cas avec à deux clavecins était très courante au
Antonio Caldara (1670-1736)
insolite et imposant... d'une ancienne Vladimir Cherbachov (1889-1952), sa début du XVIIIème siècle, comme le
usine hydroélectrique. Manifestation Vespro Della Beata Vergine; Missa in Sol 5e (et dernière) symphonie, "Russe", compositeur l'explique lui-même dans
que dirige artistiquement le pianiste Collegio Musicale Italiano; Adriano Gaglianello, 1940, remaniée en 1950, et la suite la préface de l'Apothéose de Lully, ra-
direction
Lars Vogt, toutefois absent comme in- tirée de son "operetta" de 1942. Pas- contant comment "il a joué ce trio, ainsi
terprète puisque nous sommes là dans ELEORG018 • 1 CD Elegia sionné des mélodies traditionnelles, que l'Apothéose de Corelli et le livre
le quatuor à cordes (mais les absents
ont toujours rotor). Cela turbine, mais
rien d'électrique car ces deux "deu-
C omposées après 1716, les Vêpres
de la Bienheureuse Vierge d’Antonio
Caldara n’avaient jamais été enregis-
populaires ou autres, mais également
promoteur en URSS, via l’Association
de Musique Moderne, de musiciens
de Trios complet (les Nations) à deux
clavecins avec sa famille et ses élèves,
avec des résultats très satisfaisants".
xièmes" quatuors, de Tchaikovski et de trées. Pour réparer ceci, Adriano Gaglia- comme Schoenberg, Berg, Bartok ou Déjà en 1701, Charles Dieupart en pu-
Borodine, relèvent plutôt d'un lyrisme nello entreprit de retranscrire diverses Hindemith, le compositeur occupe une bliant ses suites de clavecin indiquait
intime. Fils mais seulement naturel de parties présentes à la Bibliothèque place officielle dans la nomenclature qu'elles pouvaient être jouées par un
prince, Borodine était un personnage de Munich pour en constituer un tout musicale soviétique. C’est dire que sa instrument de dessus, et basse conti-
attachant, profondément bon (donnant cohérent. Le résultat, convaincant, sou- marge d’originalité peut être paradoxa- nue, le livre de pièces de clavecin de
l'asile chez lui à tous les orphelins qui ligne la façon dont le compositeur fait le lement réduite, comme le prouve son Gaspard Leroux (1705), peut se jouer
passaient), et qui fut surtout chimiste lien entre la musique de Haendel ou de éviction du Conservatoire de Leningrad au choix à un clavecin, deux clavecins,
professionnel. Se disant ainsi musicien Scarlatti et celle à venir, un demi-siècle en 1948. De fait, si la 5e Symphonie en trios avec deux instruments de des-
du dimanche (ayant finalement peu plus tard. Mozart fut d’ailleurs un grand comporte de fort belles pages, dans ses sus et continuo. La possibilité de jouer
composé), il s'entendit observer gen- admirateur de Caldara dont il s’inspira. mouvements lents (1 et 3), les mou- ces trios de Couperin à deux clavecins
timent par Liszt que ce dimanche était On découvre une œuvre pleine de joie et vements vifs accusent plus nettement élargit considérablement le répertoire
donc vraiment jour de fête. Ce quatuor, de lumière, fort proprement interprétée leur âge et surtout un certain climat peu étoffé des pièces à deux claviers
terminé en 1881, eut grand succès, malgré des passages vocaux solistes d’époque. La Suite, volontairement plus du début du siècle, et s'ajoute à l'œuvre
surtout son nocturne de mouvement qui auraient gagné à être soignés. La légère, insouciante, se distingue par monumentale pour clavecin seul du
lent. On aurait souhaité entendre ici Messe en sol qui complète est dans son caractère allant et populaire. C’est compositeur, conférant un brillant et
cette musique plus dansante parfois, l’esprit de l’époque et ne manque pas donc bien un témoignage musicolo- une solennité inhabituelles à ces pièces
précisément plus valsante, et surtout de faire penser à J.S. Bach, en moins gique que constitue cette interprétation beaucoup plus fréquemment interpré-
plus tendre (c'est un chant d'amour sophistiqué. Tout ceci s’écoute fort d’Alexander Titov et de son orchestre, tées avec flûtes, violons et continuo.
destiné à couronner vingt ans d'heu- agréablement. Mais le plaisir est un peu mais Cherbachov, souvent associé à Le côté néo-louisquatorzien s'en trouve
reux mariage). Pour tout dire, un peu gâché par une prise de son qui manque Miaskovski, pourtant plus prolixe et accentué dans certaines pièces des

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Alphabétique
suites, alors que d'autres y gagnent une
légèreté et une vivacité très "Régence".
Les deux interprètes sont excellents.
semble seulement pour le meilleur. On
regrettera juste le fait qu’il faille pous-
ser le volume de l’amplificateur pour
presque brin d'ironie, la suite du ballet
Medusa (1957) finit par imposer l'art
polymorphe d'un compositeur qui reste
N e manquerait plus à ce bastringue
venteux que la cloche de bois,
parce qu'on peut dire que ça démé-
(Jean-Michel Babin-Goasdoué) atteindre un niveau sonore acceptable. encore à découvrir. Les interprètes sont nage. Ce quintette (deux trompettes,
(Jérôme Leclair) des plus convaincants et donnent envie cor, trombone, tuba, sauf erreur à ne
d'en découvrir plus. (Marc Ossorguine) pas confondre avec le plus longuement
dit Munich Brass Connection, et qui
nous avait déjà trituré Bach, Mozart,
Verdi ou Bernstein) a cette musique
dans le sang, et pulsant Gershwin ne
saurait avoir swing qui ment. Après
avoir bien astiqué leurs cuivres (là,
sauf mirror de notre part, publicité
gratuite), ils s'adjoignent ici un flûto-
Antonín Dvorák (1841-1904) clarinetto-saxophoniste, et le pianiste
viennois (ex américain, par ailleurs fin
Symphonie n° 9 en mi mineur, op. 95, Gottfried von Einem (1918-1996)
B 178 "Du Nouveau Monde"; Klid, pour accompagnateur de lieder) Norman
Dantons Tod, Suite pour orchestre, op. Sir Edward Elgar (1857-1934) Shetler, qui aurait sûrement protesté de
violoncelle et orchestre, op. 68 n° 5; Rondo 6a; Wandlungen pour orchestre, op. 21;
pour violoncelle et orchestre, op. 94; Coronation March, op. 65; Imperial March, ne point demeurer indispensable pour
Concerto pour piano et orchestre, op. op. 32; Symphonie n° 2 en mi bémol
Danses slaves, op. 46 [Danse n° 5; Danse
20; Nachtstück pour orchestre, op. 29; la Rhapsody in Blue (c'est le piano ah
n° 6; Danse n° 8] majeur, op. 63
Medusa, Suite extrait du ballet, op. 24 que !). Mais tous les interprètes sont
Miklos Perényi, violoncelle; Concerto Budapest; London Symphony Orchestra; Sir Colin Davis,
Konstantin Lifschitz, piano; RSO Vienna; Cornelius aussi excellents arrangeurs pour la
Andras Keller, direction direction
Meister, direction circonstance. Comme Richard Steuart
TACET250S • 1 SACD Tacet ALC1407 • 1 CD Alto (canadien devenu américain), qui en
C764091 • 1 CD Orfeo

C 'est surement grâce à sa lisibilité


sans égale que la neuvième sym-
G ottfried von Einem est surtout
connu par ses opéras, notamment
V oilà un disque superbe pour qui
rêve de la grandeur britannique !
Les deux pièces introductives – Marche
matière de souffle ne manque pas
d'air, et sème véritablement son talent
à tous vents : trompette solo et créa-
phonie de Dvorák a été érigée en monu-
"La Mort de Danton" (1947, d'après teur déjà d'un quintette dans sa ville
ment de la musique occidentale. Cette du couronnement et Marche impériale
Büchner) ou "Le Procès" (1956, d'après natale, il enseignait clarinette, hautbois
lisibilité permet à chacun de naviguer – sont portées par l’engagement des
Kafka) et cet album permet de décou- et saxophone... à l'âge de 14 ans (une
librement à l’intérieur de la symphonie pupitres du LSO qui enregistra dès le
vrir d'autres aspects de son œuvre qui jeunesse bien embouchée, aurait trouvé
sans jamais s’y perdre : les thèmes sont milieu des années 1920 sous la direc-
dessinés, disséminés et disséqués avec reste peu enregistrée. De grands inter- Brassens !). Mais on pourrait admirer
tion du compositeur. La souplesse et
tellement de soin que l’œuvre géné- prètes ont défendu cette œuvre – Böhm, autant un Richard Roblee, tromboniste
la puissance s’allient dans ces pages
rale se cartographie immédiatement. Ormandy ou Cluytens et surtout Ferenc et en même temps chanteur (de mélo-
qui symbolisent une nation sur laquelle
Cela permet aussi à l’œuvre de jouir Fricsay – Cornelius Meister poursuit ici dies de Piston ?), autre américain mais
jamais le soleil ne se couchait. Les
d’une grande variété d’interprétations. brillamment leur œuvre. La suite tirée devenu allemand, à la fois professeur
cuivres, tout particulièrement, sont
Comme ici d’ailleurs, où Andras Keller de La Mort de Danton nous fait décou- de jazz et de big band, et spécialiste en
d’une netteté remarquable. Il faut
refuse le monumentalisme sonore pour vrir l'habileté du compositeur pour musique religieuse. Ou encore ce Finn
avouer que Barry Tuckwell dirige ces
que puissent briller de tout leur éclat raconter une histoire et installer des Schumaker, danois quasi formule 1
deux pages. Il fut l’un des plus grands
les lignes mélodiques, dans une atmos- climats. Le concerto pour piano (1955- du tuba, en même temps responsable
6), commandé par Dimitri Mitropoulos cornistes de son époque, premier cor
phère qui ne se veut pas fanfaronne d'un ensemble vocal. Mon tout nous
et dédié à Alma Mahler, sait allier les au LSO entre 1955 et 1968, ainsi qu’un
mais intimiste. L’orchestre se déploie livre le chou bijou d'un musical caillou
héritages du post-romantisme et de chambriste qui travailla avec les plus
sous l’égide de cordes soyeuses par- absolument irrésistible, si convain-
l'école de Vienne avec la musique du grands musiciens. Sous la baguette
faitement lissées et qui permettent de cant qu'on pourrait se demander si ce
temps dans une langue originale. Le de Sir Colin Davis, la Symphonie n° 2
mettre en relief les instruments à vent. n'est pas le compositeur source qui
Nachtstück (1962) n'est pas sans évo- démarre de manière un peu épaisse.
Une fois cette mise en oreilles passée, finalement aurait arrangé tout ça.
on profite pleinement de la grâce de quer les grands adagios mahlériens, Les cordes impressionnent de douceur
(Gilles-Daniel Percet)
ces cordes dans les trois danses slaves même habillé d'une ironie "alla" Stra- et de violence contrastées. Il est vrai
comme dans les deux pièces avec vio- vinski. Usant d'un langage direct, fait que le premier mouvement évoque Une
loncelle solo avec lequel le mariage de puissance, d'expressivité et d'un Vie de héros de Richard Strauss. Les
solistes sont excellents et on perçoit à
quel point l’orchestre et le chef aiment
Bauldeweyn (vers 1509-13). Peter Phi- cette musique généreuse et si inspirée.
Sélection ClicMag ! lips y déniche des merveilles tout en se Elle est assurément “filmique” avant
demandant si telle ou telle partie pour- l’heure, associant une dimension gro-
rait être de la plume de Josquin (l'Et tesque dans le troisième mouvement
Incarnatus et le troisième Agnus Dei). à un un lyrisme prenant dans le finale.
Progressions harmoniques audacieuses Aucune baisse de tension dans cette
jouant sur les hauteurs, textures vocales Edvard Grieg (1843-1907)
page magistrale dont Davis nous offre
inédites, la Messe connut une grande l’une des grandes versions modernes. The Princess, EG 133; The White and
notoriété jusqu'au milieu du XIXème Red Roses, EG 137; Extraits de "Pièces
(Jean Dandrésy) Lyriques", de "Six Lieder sur des poèmes
siècle. La Missa Mater Patris, considé-
d'Ibsen", op. 25, de "Cinq romances", op.
rée comme la dernière de Josquin, doit
39; La fille des Trolls, op. 67
sa singularité au fait que le compositeur
Claire Booth, soprano; Christopher Glynn, piano
Josquin des Prés (1440-1521) délaisse la densité polyphonique de ses
œuvres antérieures pour alléger son AVIE2403 • 1 CD AVIE Records
Missa Mater Patris / N. Bauldewyn : Missa
Da Pacem / A. Brumel : Mater Patris /
Plainchant : Da pacem, Domine
écriture, faisant référence à la musique
d'Antoine Brumel dont on retrouve un
peu partout des citations. Trois longs
C ’est en étudiant le programme des
concerts donnés en Angleterre par
Grieg et son épouse et après avoir
The Tallis Scholars; Peter Phillips, direction
CDGIM052 • 1 CD Gimell duos en canons stricts. L'Hosanna cite interprété eux-mêmes de nombreuses
34 fois le motif de l'Exaudi de Brumel pièces en concert que le duo Booth/

D ouble paternité pour une des deux


messes au programme de ce nouvel
opus des Tallis Scholars complétant une
à toutes les hauteurs modales. Quant
au troisième Agnus Dei, il reprend George Gershwin (1898-1937)
Glynn a mis au point la sélection du
présent enregistrement. Un florilège de
presque la totalité du Mater Patris du An American in Paris; Cuban Overture; courts opus puisés parmi les quelques
série déjà bien pourvue (onze volumes même. Quant à la réalisation des Tallis, Fascinatin' Rhythm; Oh, Lady Be Good !; 180 Lieder du compositeur, régulière-
Gimell). La Missa da pacem longtemps à ce stade de réalisation technique et Rhapsody in Blue; Somebody Loves Me; ment entrecoupés par quelques-unes
attribuée à Josquin fut en fait ré-attri- d'approfondissement musicologique, The Man I Love de ces petites pièces pour piano seul
buée par le musicologue Edgar Sparks on ne peut qu'opiner. Chapeau bas ! Munich Brass qu’il affectionnait. Le résultat dégage
à un compositeur anversois Noël (Jérôme Angouillant) C306931 • 1 CD Orfeo une grande cohérence d’atmosphère

8  ClicMag février 2020  www.clicmusique.com


Alphabétique
et rend bien compte du style de Grieg BRIL95914 • 25 CD Brilliant Classics phétique de Marianne E. Andersen. Les
fait d’une connaissance approfon- Sélection ClicMag ! mélodies sont toutes là aussi, défen-
die du folklore nordique et d’un sens
mélodique capable de toucher immé-
T out Grieg ou quasi : l’abondante
boîte Brilliant est une aubaine, elle
offre un panoramique idéal d’un cata-
dues par une équipe de chant parfaite.
La musique de chambre est illustrée
diatement l’auditeur. Le duo fonc- logue dont on ne connait que quelques par de belles lectures, Sinaiski pour
tionne parfaitement (piano au service certaines des Sonates pour violon entre
gemmes mais qui abondent en chef-
du chant, voix claire et expressive) autres, mais au centre de la boîte vous
d’œuvre. Belle idée de reprendre la
même s’il n’éclipsera pas la superbe pénétrerez dans l’antre secret de Grieg
vaste anthologie de l’œuvre orchestrale
version - comportant peu de pièces qui passait le plus clair de son temps au
selon Bjarte Engeset qui avait été cher-
communes - enregistrée par Von Otter/ piano : Hakon Austbö a gravé l’essen-
cher pour Naxos les couleurs nordiques
Forsberg chez DG en 1993. On sera un tiel de l’œuvre de piano, poète pour les
du Royal Scottish National Orchestra et Pièces lyriques, il faut l’entendre se
peu plus réservé sur les pièces de piano
fut le premier avant Ruud ou Adland à
solo qui manquent parfois d’allant. Edvard Grieg (1843-1907) saisir avec des rugosités de timbres
Regrettons enfin les photographies peu proposer des lectures philologiques des des cahiers de danse populaires, puis
Edvard Grieg Collection. Musique pour
inspirées qui viennent entacher cette musiques de scènes comme de la Sym- trouver le sombre élan de la Sonate, où
orchestre; Musique pour voix et orchestre;
production sans véritable concurrence. phonie, du Concerto de piano (avec un l’entendre se promener dans les idylles
Musique de Chambre; Œuvres pour piano;
(Thierry Jacques Collet) Mélodies…
magnifique Havard Gimse), des cahiers pastorales des Humoresques, des
de danses et savait faire saillir la dimen- Feuillets d’albums, tout le Grieg le plus
Marianne Hirsti, Christa Pfeiler, Kjell Magnus
Sandve, Knut Skram, Rudolf Jansen, voix; Håkon sion fantastique qui surgit du tréfonds secret qui invente cette langue d’émo-
Austbø, piano; Malmö Chamber Choir; Malmö de l’âme de Grieg : écoutez seulement tions sonores dont Debussy fera son
Opera Chorus & Orchestra; Malmö Symphony la grande Deuxième Scène d’Olav Tryg- miel, dévoilé par un guide inspiré qui
Orchestra; Royal Scottish National Orchestra; vason, cet opéra demeuré hélas à l’état est aussi l’un des plus grands pianistes
Bjarte Engeset, direction de fragments où parait le mezzo pro- de notre temps. (Jean-Charles Hoffelé)

et jouit d'une grande réputation. Sous le paradoxalement la réduire, pour cinq mouvement, à la façon de "Tzigane" de
choc des oratorios de Haendel entendus instruments, dans un dramatisme qui Ravel où est exploré, dans la douceur ou
à Londres, on sait que Haydn composa n'est pas sans nous évoquer à l'écoute l’âpreté, le registre de l’instrument. Nul-
Joseph Haydn (1732-1809) ce qu'il devait considérer comme son la version quatuor des Sept dernières lement impressionnée par les créateurs
Die Schöpfung, Hob XXI : 2 [Transription grand œuvre à Vienne, dans une forte paroles du Christ en croix. À remarquer des deux œuvres, Antje Weithass, rom-
pour quintette à cordes] exaltation religieuse, et que le manuscrit qu'on est dans le quintette avec deux pue au répertoire le plus contemporain
Pandolfis Consort; Fritz von Friedl, récitant originel fut perdu. Entre texte de la Bible altos, et que c'est en recherchant de de l’instrument, en propose une lecture
GRAM99199 • 1 CD Gramola et Paradis lui aussi perdu de John Mil- nouvelles œuvres pour altiste(s) que moins abrupte, plus sereine, moins idio-
les excellents Pandolfis ont déniché matiquement "russe" que ses illustres
C et état instrumenté de la Création est ton, il avait fallu d'abord réduire l'inter-
d'autant moins de première genèse minable salmigondis d'un livret anglais, cette superbe partition. Edition disco- prédécesseurs. Interprétation convain-
que d'époque. Pour mieux diffuser avec l'aide du baron von Swieten. Puis graphique illustrée, en mémoire à Noah cante du SRP de Coblence sous la
l'œuvre dans les salons après son for- convoquer trois solistes vocaux, un (ou Noé) le premier viticulteur, par une baguette de Daniel Raiskin. À découvrir.
midable succès public, l'arrangement chœur à quatre voix, des vents et un vigne dont le Seigneur leur pardonnera (Emilio Brentani)
fut demandé par Haydn lui-même à son orchestre à cordes classique, sans ou- sûrement de risquer une réputation de
élève Anton Wranitzky (frère du compo- blier le clavier (clavecin ou pianoforte) pochetrons, tandis qu'un petit septième
siteur Paul), qui d'ailleurs avait été pré- pour accompagner le récitant. Fort de jour hivernal nous fait poser enfin notre
sent à la... création. Violoniste tchèque, son expérience de compositeur de qua- plume harassée. (Gilles-Daniel Percet)
il eut également pour maître Mozart, tuors et quintettes à cordes, Wranitzky
intégra la bande à Beethoven, fut pro- réussit le convaincant tour de force de
fesseur du célèbre Ignaz Shuppanzigh, maintenir toute cette démiurgie, sans

venue d’une nouvelle intégrale) avoua


Sélection ClicMag ! parfois "qu’il ne les referait pas comme Franz Liszt (1811-1886)
ça", ce n’est pas une raison pour brûler
"Schwebe, schwebe, blaues Auge", S305;
ce que l’on a adoré ! Certes il commen- "Die Zelle in Nonnenwerth", S274; "Kling
ça l’aventure par ces "blockbusters", et leise, mein Lied", S301; "Enfant, si j'étais
l’orchestre en rodage avait encore bien roi", S283; "S'il est un charmant gazon",
Aram Khachaturian (1903-1978)
des réflexes liés à la tradition classique S284; "Comment, disaient-ils", S276; "Oh !
Concerto pour violon; Concerto Rhapsodie
(dans les mouvements lents en parti- quand je dors", S282; "Mignons Lied",
pour violon et orchestre S275; "Wo weilt er ?", S295; "Die Loreley",
culier, plus expressifs qu’articulés)…
Antje Weithaas, violon; Staatsorchester Rheinische S273; "Lieder aus Schillers Wilhelm Tell",
Mais on y gagne des cordes plus aérées Philharmonie; Daniel Raiskind, direction S292 [Der Fischerknabe; Der Hirt; Der
et chambristes que celles de Dorati
CPO555093 • 1 CD CPO Alpenjäger]
(pourtant considéré comme une réfé-
Julia Kleiter, soprano; Julius Drake, piano
Joseph Haydn (1732-1809)
Les symphonies londoniennes
rence à l’époque) même si l’ensemble
en devient un peu moins incisif. Cerise D édié à David Oistrakh qui en fit
l’interprétation princeps, le concerto CDA68235 • 1 CD Hyperion
The Austro-Hungarian Haydn Orchestra; Adam
Fischer, direction
sur le gâteau… ou pas, l’enregistre-
ment eut lieu dans la "Haydnsaal" du
Palais Esterhazy à Eisenstadt : l’écoute
pour violon en ré mineur (1940) de
Aram Khatchaturian demeure l’une des
œuvres maitresses du répertoire violo-
P rotéiforme comme elle l’est de na-
ture, l’œuvre de Liszt n’aura connu
qu’un seul échec : l’opéra. Les quelques
BRIL96049 • 5 CD Brilliant Classics
sur un système haute-fidélité donne nistique, en particulier russe, du XXème scènes de Sardanapale qu’il nous reste

E xtraites d’une intégrale qui fit grand


bruit à sa sortie, revoici les très belles
"Londoniennes" enregistrées entre 1987
une impression de naturel proche du
concert, mais avec des moyens de res-
siècle. D’une facture plus classique et
d’une composition moins serrée que
rappellent qu’hors la veine mystique
son art était voué au bref. La part la
titution moins "pointus" il est possible le concerto n° 2 de Prokofiev, en trois moins connue de son œuvre reste
et 1989 par Adam Fischer avec un que la forte réverbération passe pour mouvements bien distincts, il joue le ses lieder, où les merveilles abondent.
orchestre constitué pour l’occasion de un manque de définition. La notice chant lyrique de l’instrument, deux alle- L’album que collationnent aujourd’hui
membres des orchestres Philharmo- paresseuse et générale ne vous appren- gros exubérants imprégnés de mélo- Julius Drake et Julia Kleiter dont le
nique et Symphonique de Vienne, ainsi dra rien, si encore nécessaire, sur les dies caucasiennes encadrant l’andante grand soprano lyrique l’a conduit à
que de l’orchestre symphonique natio- "Londoniennes" mais qu’importe… à ce sostenuto central mélancolique voire s’approprier la Marschallin et l’Ara-
nal de Hongrie. On ne présente plus ces prix, ce coffret est une véritable aubaine élégiaque, et renoue avec l’expressi- bella de Strauss avec tant d’évidence,
douze symphonies euphorisantes, dé- pour compléter nos versions "baroqui- vité des concertos romantiques. Cette regorgent de merveilles peu courues :
bordantes d’énergie et d’effets pas tou- santes" souvent un peu brutales par veine mélodique et expressive trouve "Schwebe, schwebe, blaues Auge", "Die
jours très fins... Et même si Fischer lui- une considérable version classique qui à s’accomplir dans le rhapsodie de Zelle in Nonnewerth", "Klinge leise, mein
même (sans doute face à nos habitudes rend à Haydn son urbanité et sa chaleur concert pour violon (1961) dédié à Leo- Lieb", tercet qui ouvre le disque, flirtent
d’écoute actuelles, ou pour préparer la humaine. (Olivier Eterradossi) nid Kogan, pièce de virtuosité en un seul avec l’arioso d’opéra et montrent à quel

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Sélection ClicMag ! D ’où coule chez Mahler cette veine


alerte, impertinente, qui ne sait
pourtant pas renoncer aux charmes ?
quelques chose d’infiniment libre dans
le contrôle, d’allégrement aventureux
dans les phrasés, les accents, les cor-
la préfiguration mélodique de ce qui
donnera les Romances sans paroles
quelques années plus tard. Pour tout
De Haydn, semble dire Vladimir Jurows- respondances des timbres, tout un uni- cela, interprétation ici parfaite dans une
ki, qui soigne son orchestre londonien vers en apesanteur qui envole jusqu’à finesse sans lourdeur ni pose, et qui
comme une formation de chambre : l’immense forte du Ruhevoll : le ciel jamais ne la ramène : heureux Félix !
cette flûte qui a un ton d’argent, ce haut- s’ouvre sur un soleil qui semble danser (Gilles-Daniel Percet)
bois qui roucoule, ces contrebasses dans son éclat. Vertigineux, au point
légères comme des plumes accordent que cette 4e ne ressemblera à aucune
leurs délicates palettes à des rubatos de celles que vous connaissez, et qu’elle
impondérables, littéralement cette sym- rejoint le vert paradis atteint seulement
phonie est aérienne comme jamais, par Bruno Walter et Irmgard Seefried
tendre, secrète, douce, avec quelque avec les Wiener Philharmoniker. Au
Gustav Mahler (1860-1911) chose de mystérieux comme cette final, Sofia Fomina, cette Zerbinette,
Symphonie n° 4 en sol majeur ombre qui se voit dans certains sou- ploie la phrase, dore son timbre, fruite
Sofia Fomina, soprano; London Philharmonic rires. La perfection du jeu instrumental ses aigus, délice d’abandon surveillé
qui saisit dès les premières mesures ne que Jurowski berce dans un écrin de
Orchestra; Vladimir Jurowski, direction
serait pourtant rien si sur un tel décor songes légers. Merveille je vous dis.
Nikolai Miaskovski (1881-1950)
LPO0113 • 1 CD LPO ne soufflait pas un esprit aventureux, (Jean-Charles Hoffelé)
Symphonies n° 24 et 25
St.Petersburg State Academic Symphony Orches-
point le lied fut pour Liszt un terrain ou- titres sont transgressées : le poème tra; Alexander Titov, direction
vert, celui de toutes les tentatives. Julia symphonique n’est jamais bien loin, et NFPMA9971 • 1 CD Northern Flowers
Kleiter y est magnifique, voix dorée et avec lui l’écriture orchestrale auxquels
longue, au souffle parfait, qui embaume
les mots d’un timbre digne des "Vier
d’autres compositeurs ont eu recours
pour transcrire à leur tour ces pages.
S aluons d'emblée cette collection
thématique du label Northen flowers
qui nous donne à entendre des œuvres
Letzte Lieder" de Strauss. Les quatre
Liszt magnifie là toutes les ressources emblématiques de compositeurs russes
Hugo, et même le si périlleux "Oh quand
expressives du romantisme à travers composées durant la guerre. Nicolai
je dors" que nous avons tous travaillé
en classe de chant, ne la cueilleront l’intensité des contrastes (succes- Myaskovski (1881-1950) est le parent
pas à froid, grande cantatrice comme sions brusques de passages épiques, Felix Mendelssohn B. (1809-1847) pauvre de la musique russe du ving-
elle est, elle s’y montre merveilleuse de lyriques, dramatiques), des tensions, Concerto pour violon et cordes en ré tième siècle, relégué derrière Tchai-
poésie. Et sa "Mignon" si dite, sa "Lore- des torsions auxquelles il soumet son mineur, MWV 03; Concerto pour violon, kovski, Scriabine, Prokofiev et Chos-
ley" si incarnée, rappellent à quel point matériau de départ. Sans oublier Bach, piano et orchestre en ré mineur, MWV 04 takovitch. Son œuvre compte pourtant
une grande cantatrice peut être chez sous forme d’emprunt, ou d’hommage. Solomiya Ivakhiv, violon; Antonio Pompa-Baldi, vingt-sept symphonies, treize quatuors,
elle dans l’univers du Lied. Programme M. Hazelböck a enregistré plusieurs piano; Slovak National Symphony Orchestra; Theo- des poèmes symphoniques, de la mu-
parfait qui me donne envie d’en savoir dore Kuchar, direction sique de chambre, vocale et pour piano.
fois ces œuvres ainsi que diverses de
un peu plus sur cette série que j’avais leurs transcriptions orchestrales. Il livre BRIL95733 • 1 CD Brilliant Classics Délaissant une carrière d'ingénieur

O
jusque là négligée, allez savoir pour- dans cette réédition une lecture très n n'est pas sérieux quand on a dix- dans l'armée, Il décide d'étudier auprès
quoi… (Jean-Charles Hoffelé) sept ans, axiomait Arthur Rimbaud. de Rimski-Korsakov et de Lyadov au
fouillée dans le détail, qui reste d’une
grande cohérence et d’une belle tenue. En avoir seulement seize n'empêchait conservatoire de St Pétersbourg avant
pourtant personne d'avoir déjà com- d'entamer une carrière de professeur
Interprétation péremptoire, qui rend
posé rien de moins que cinq concertos de composition à Moscou, poste qu'il
aussi justement les éclats tourmentés
pour violon ou piano, voire ensemble si conservera jusqu'à sa mort. L'oeuvre
et funèbres de cette musique que ses
affinités en double concerto, aurait pu est documentée au disque grâce aux
illuminations. (Bertrand Abraham) lui rétorquer en toute modestie l'élé- enregistrements des labels Olympia et
gant, le charmant et incroyablement Marco Polo. Calqué sur la personna-
doué Félix Mendelssohn, le si bien lité cyclothymique du compositeur, son
prénommé. Le présent concerto pour style symphonique est traversé par deux
violon a été redécouvert fort tardive- courants opposés : une vague épique,
Ferencz Liszt ment, puisque par Yehudi Menuhin au héroïque et narrative, culminante et une
Fantaisie et Fugue sur le choral "Ad nos, début de nos années cinquante. Petite autre, brisée, dramatique, dépressive,
ad salutarem undam"; Weinen, Klagen, merveille naturellement surclassique limite neurasthénique. La 24ème sym-
Sorgen, Zagen; "Les Morts", Oraison; d'un ado de quatorze ans, qui n'avait eu phonie fut composée en 1943 en hom-
Prélude et Fugue sur B-A-C-H besoin de personne (sauf peut-être de mage à un ami critique musical décédé
Martin Haselböck, orgue [Orgue Grande Sale du Zelter, son professeur à Berlin, concer-
Wiener Konzerthaus] pendant l'évacuation de Moscou en
Giovanni Legrenzi (1626-1690) nant une certaine tendance ombrageuse 1942, l'atmosphère lourde de pathos
C125901 • 1 CD Orfeo préromantique) pour savoir ce qu'avoir
Sonates a due, e tre, op. 2 Venice 1655; des trois mouvements où le souffle

À côté de celle du compositeur vir- "Acclamationi divote" a voce sola, Bologna bien écouté Carl Philipp Emanuel Bach
orchestral (Marche de l'Allegro Déciso)
tuose, à la vie agitée, la production 1670; "Harmonia d'affetti devoti", Venice (dans le ré mineur du premier mouve-
s'emballe puis semble se raréfier (Sos-
de l’"abbé" Liszt comprend, entre autres, 1655; Ave Regina coelorum à 2, extrait de ment) et Mozart (dans l'andante) voulait
tenuto) reflète indubitablement cette pé-
47 œuvres d'orgue. Si 3 des 4 pièces "Sentimenti devoti", Venice 1660 / T. Me- dire, sans oublier Haydn (dans le der-
riode d'instabilité politique. A l'inverse,
de ce CD s'imposent encore comme des rula : Canzon di Tarquinio Merula, extrait nier mouvement). Même talent juvénile
la 25ème écrite juste après la guerre,
monuments du répertoire romantique, de "Libro di Fra' Gioseffo da Ravenna", pour le double concerto violon-piano,
révisé après une première épreuve en débute par un Adagio qui prélude à une
elles le doivent en partie à leur carac- Ravenna Classense MS 545 / L. Battiferri :
concert privé, et dont la confrontation cérémonie de paix et de réconciliation.
tère paradoxal : prolongeant des pièces Ricercare Sesto, con due sogetti, extrait de
pianistiques qu’elles réécrivent en Ricercari a quattro, a cinque, e a sei, op. 3 de solistes (inspirée par l'exemple anté- Le tissu orchestral qui convoque chaque
s’affirmant comme leur aboutissement, Bologna 1699 / G. P. Colonna : Sonate n° 7 rieur de Hummel, voire de Weber ?) pupitre est un magnifique tapis de
ou en annonçant d’autres (Prélude del Colonna di Blologna, extrait de "Sonate renforce le côté dramatique. Incroyable velours. L'Intermezzo suivant en forme
et fugue sur Bach), elles témoignent, da organi di varii autori", Bologna 1697 / mais vrai, encore un vrai bijou réexhu- de valse est purement récréatif, tandis
dans tous les cas de l’osmose existant C. F. Pollarolo : Sonate n° 2 "del Pollaroli", mé, lui, il n'y a pas même vingt ans ! que le final Impétuoso clôt l'oeuvre
entre les différentes formes de l'écriture extrait de Sonate da organo di varii autori, Toujours en droite ligne de la tradition par une vigoureuse forme sonate en
lisztienne. Pages "religieuses", elles Bologna 1697 que nous disions, avec possiblement reprenant le thème du premier mouve-
sont pourtant inséparables du vécu Ensemble Zenit [Pietro Modesti, cornet; Fabio De davantage encore le souvenir de celle ment, censé traduire "une apothéose de
douloureux du compositeur : 2 des Cataldo, trombone baroque; Gilberto Scordari, du baroque. Sans oublier quelques beauté et d'amour". Lecture cursive et
pièces renvoient à la mort de Blandine orgue; Isabella Di Pietro, alto; Roberto Rilievi, traces d'un Mozart opératique dans le détaillée, de l'Orchestre de Saint Per-
et Daniel, enfants de Liszt. Les fron- ténor] premier mouvement, d'un choral de tersbourg dirigé par Alexander Titov.
tières entre les genres spécifiés par les BRIL96006 • 1 CD Brilliant Classics Bach dans le dernier, et entre les deux (Jérôme Angouillant)

10  ClicMag février 2020  www.clicmusique.com


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risqué. La notice est muette sur l’ori- l'ombre de Beethoven, dédaignées
gine des cadences : ne les ayant pas Sélection ClicMag ! jusqu'à fin du XIXe, voire assimilées à
identifiées je pense qu’elles sont de des œuvres de chambre passéistes. Les
Nikolic lui-même, élément intéressant. bonheurs prodigués ici sont pourtant
Au final, l’interprétation ne me semble innombrables : andante et menuet de
pas bouleverser une discographie plé- la 2e symphonie d'une finesse, d'une
thorique brillant déjà de mille feux. distinction, d’un équilibre extraordinaire
(Olivier Eterradossi) (sublime hautbois notamment dans le
menuet). Travail de marqueterie sonore
Wolfgang A. Mozart (1756-1791) parfait. Entrain plein de malice, d'espiè-
Concerto pour violon n° 1 en si bémol glerie dans le presto vivace. Timbres
majeur, KV 207; Concerto pour violon n° 5 d'une splendeur presque impalpable
en la majeur, KV 219 Franz Schubert (1797-1828) dans le premier mouvement de la 3e. Le
Gordan Nikolic, violon; Netherlands Chamber Intégrale des symphonies dramatisme du début de la 4e semble
Orchestra Ileana Cotrubas, soprano; Rundfunkchor Leipzig; d'autant plus inéluctable qu'il est très
TACET231S • 1 SACD Tacet Horst Neumann, direction; Staatskapelle Dresden; ingénieusement instillé. Cinquième
Herbert Blomstedt, direction

T acet creuse le sillon de son "Inspi- symphonie franche, énergique, fraîche.


ring Tube Sound". Après les Haffner BRIL96044 • 5 CD Brilliant Classics Au début de l'Inachevée âpreté et dou-

U
et Linz, voici le premier et le dernier Flor Peeters (1903-1986) ne des plus belles sommes sym- ceur procèdent et se nourrissent l'une
des concertos pour violon de Mozart. phoniques schubertiennes réédi- de l'autre tout autant qu'elles s'équi-
Vlaamse Rhapsodie, op. 37; Suite
Précédemment, le marketing avait mis tée. Homme discret et plutôt effacé, H. librent, se succèdent et s'opposent,
Modale, op. 43; Aria, op. 51; Elégie, op.
en avant l’adéquation de la disposition 38; Paraphrase sur "Salve Regina", op. Blomstedt a une hauteur de vues, une dans une respiration suffisamment
en cercle avec la pratique en plein air. 123; Lied-Symphony, op. 66; Toccata, distinction qui forcent l'admiration. large qui sublime et quintessencie le
Les mélomanes étant restés dubitatifs Fugue et Hymne sur "Ave MarisStella", Une rare cohérence, une sûreté et une son. Le rythme adopté au début de la
devant un son en désaccord avec le op. 28; Symphonische Fantasie sur un constance remarquables. Il a connu 9e permet aux détails de s'exprimer
postulat, changement d’argumenta- Alléluia grégorien, op. 13; 3 Préludes et de 1975 à 1985, avec la Staatskapelle, sans trop peser pour autant : lisibilité,
Fugue, op. 72; Variations et Finale sur un une des périodes les plus fructueuses clarté, là encore exemplaires. Sche-
tion : "[…] tout le monde se voit. Cela
altflämisches Lied, op. 20; Sinfonia pour
fait auditivement plaisir aux musiciens" de sa carrière, en dirigeant non seule- rzo particulièrement incisif et enlevé.
orgue, op. 48
… mais attention, nous prévient-on : ment Schubert, mais aussi Strauss et Magnifique étagement des sonorités,
Roberto Marini, orgue [Orgue Kleis de l'église
"en cas d’écoute en voiture, nous dé- Kristus-koningkerk, Anvers, Belgique]
Beethoven. Il rend ici admirablement des timbres et des intensités dans un
clinons toute responsabilité pour les justice aux premières symphonies de finale vibrant et implacable. Magistral.
BRIL95637 • 2 CD Brilliant Classics Schubert, longtemps écrasées par (Bertrand Abraham)
accidents que vous pourriez causer du
fait d’une écoute trop captivante" …
que d’humour ! Mais cette fois encore, F lor Peeters a exercé toutes les fonc-
tions et joui de tous les honneurs
auxquelles la musique donne accès : symphonique. Une seule pièce est ici
le passage sous l’impitoyable loupe
concertiste (organiste), professeur, di- postérieure à 1970. Toutefois l’évolution
d’Andreas Spreer ne bénéficie pas vrai-
recteur de conservatoire, pédagogue et vers un style plus linéaire, plus sobre et
ment à la musique : on entend tout, et
théoricien, compositeur, académicien, décanté, puisant à des sources plus an-
surtout les petits défauts : la conduite
d’archet par moments curieusement docteur honoris causa d'universités, il ciennes (langage modal, thèmes grégo-
hésitante de Nikolic et le manque de fut même anobli en 1971 par le roi Bau- riens) et s’apparente à Tournemire (une
substance de sa sonorité, quelques douin. Il a donné plus de 1200 concerts belle pièce lui est dédiée), ou à Langlais
ornements savonnés quand ça va vite, à travers le monde, des masters classes (cf. les variations sur un vieux chant
la raideur de l’orchestre et (me semble- aux États-Unis, et été, entre autres, 3 flamand op.20) est nettement sensible.
t-il) quelques décalages entre le soliste ans durant, titulaire de l’instrument de Ce sont ces pièces qui sans conteste, Astor Piazzolla (1921-1992)
et les cordes du rang dans les mouve- Sainte Clotilde à Paris. Toujours fort sont les plus intéressantes. Des sur- Double Concerto pour guitare, bandonéon
révéré en Belgique et aux Pays-Bas prises même : dans la lied-symphony et orchestre à cordes "Hommage à Liège"
ments et passages lents (aux tempi éti-
en 5 mouvements op. 66 (1947), dédiée [trans. pour guitare, bandonéon, quatuor à
rés à l’extrême, d’ailleurs). Cela vient-il (un prix porte son nom), il laisse une
cordes et contrebasse de S. Singer]; His-
du rubato du soliste ou de sa position œuvre très foisonnante, non seulement à la nature, le "Désert" tranche par son
toire du Tango, pour flûte et guitare [trans.
dans le dispositif (voire de la combinai- pour orgue, mais aussi pour piano, modernisme et semble annoncer Mes- pour violoncelle et guitare de S. Singer] /
son des deux) ? Faisant office de chef ensembles de chambre, orchestre, siaen. L’instrument, qui fut inauguré L. Brouwer : La Isla y el Mar
il tourne pourtant le dos aux cordes voix (messes, cantates, lieder). Ces 2 par le compositeur lui-même est idéal André Fischer, guitare; Sébastien Singer,
avec qui il dialogue le plus souvent… cds illustrent surtout la période 1925- dans ce répertoire, et l'interprète, Ro- violoncelle; Marc-Antoine Bonanomi, contrebasse;
aucun des deux partis ne voit ce que 1940 qui relève assez largement de berto Marini, tout à fait convaincant. Quatuor Casal
fait l’autre, ce qui paraît techniquement l’esthétique postromantique de l’orgue (Bertrand Abraham) STR37125 • 1 CD Stradivarius

mier les y aura réunies. Tout récem- – est saisissante par l’intensité de ses V oilà un album plein de promesses :
un titre poétique un brin debussyste,
Sélection ClicMag ! ment Florian Noack faisait éclater les effets, la perfection de ses réalisations, "l'île et la mer", et un dialogue inhabituel
entre la guitare et le violoncelle dans des
bombes qui font pleuvoir des accords mais la Septième avec ses atmosphères
partitions de l'argentin Astor Piazzola et
d’explosion dans le "Piu mosso" du pre- si contrastées, l’est tout autant, sar-
du cubain Leo Brouwer. Cela s'ouvre sur
mier mouvement de la 6e Sonate : on donique, obsessive, fulgurante, avec
le Double concerto "Hommage à Liège"
les entendait pleuvoir leur mort. Steven ses marches grimaçantes, son blues
d'Astor où le violoncelle prend la place
Osborne les stylise, faisant son clavier intoxiqué, son Precipitato impitoyable :
du bandonéon. Mélancolie et tendresse
cubiste, cherchant non pas l’éclat mais Hindemith aurait pu signer cette fureur
où les cordes se confient sans réserve,
la terreur froide, quelque chose d’impla- de caricature. La Huitième, dont la celles du violoncelle, renforcées par
cable dont la perfection de son jeu si lyrique symphonique échappe à tant celle du quatuor et de la contrebasse, la
exact, si impeccable, accroit encore la de pianistes, est jouée morendo, dans guitare ponctuant, soutenant et tempé-
cruauté. C’est une guerre futuriste, où d’incroyables teintes entre chiens et rant tout cela. Dans "Histoire du Tango",
Serge Prokofiev (1891-1953)
la poésie de l’horreur est tout de même loups, clavier de cendre qui cherche le violoncelle remplace la flûte, donnant
Sonates pour piano n° 6-8, op. 82-84
une poésie. Sa technique transcendante un apaisement que la fausse pavane à l’œuvre une dimension plus apaisée,
Steven Osborne, piano
lui permet de garder jusque dans l’im- de l’Andante sognando refuse. Les fan- moins insolite, moins canaille, mais
CDA68298 • 1 CD Hyperion pressionnant decrescendo qui conduit fares du final pourront fuser, mordantes tout aussi séduisante. Le guitariste et

S teven Osborne ne sera pas le pre- à la coda une tension que les ultimes à souhait, Osborne affutant son jeu, compositeur Leo Brouwer a offert son
mier à réunir sur une seule galette pages n’apaiseront pas malgré cette mettant dans la victoire un rictus vinai- "Isla y el mar" au duo Singer & Fischer
– privilège accordée par la durée aug- sensation d’apesanteur vertigineuse gré par si loin de celui de Chostakovitch en 2018. Dans cette pièce il explore et
mentée du Compact Disc – les trois qu’il crée en ouvrant si grand l’espace dans sa 5e Symphonie. Album majeur exploite les possibilités sonores des
Sonates que Prokofiev écrivit entre de son clavier. Toute sa Sixième Sonate d’un pianiste incapable de décevoir. deux instruments pour mieux les lier.
1939 et 1944. Kun Woo Paik le pre- – ma préférée d’entre les neuf je l’avoue (Jean-Charles Hoffelé) A la suspension, voire au suspense

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discrète, sincère, modeste et émue de
Dina Ugorskaja sait se faire entendre.
Elle évite les abimes de la 21e Sonate,
S chubert écrivit son Voyage d’Hiver
comme tous ses Lieder pour ses
amis, et pour lui-même s’il voulait bien
naises, dont la publication remporta un
vif succès. Dans celles de son amou-
reux puis mari, on entend nettement
lecture sereine, douce en fait et qui le chanter en s’accompagnant au piano, encore l'influence du ländler schuber-
accorde d’un seul geste les élégies des voix moyenne, aisée, qui s’offre à tout tien, et en tendant l'oreille plusieurs
deux premiers mouvements aux liber- chanteur mais demande l’impossible à thématiques de Papillons (surtout la
tés heureuses des ultimes. Pour beau- l’interprète. Xavier Sabata a-t-il eu rai- quatrième polonaise, aussi la sep-
coup ce ne sera pas assez dire, mais son de se l’approprier ? Le timbre d’un tième). Entre scènes d'enfants et album
tout Schubert y est, et le plus intime. contreténor ici est plus qu’exotique, un de la jeunesse, l'opus 85, qui fut l'objet
Ce qui pouvait manquer de caractère élément exogène, qui rend chaque mot, de plusieurs transcriptions (y compris
dans la Sonate disparait dans les Kla- chaque inflexion périlleux, au point que de Saint-Saëns), constitue un charmant
vierstücke et les Moments musicaux, et la ligne et les mots sombrent dans divertissement festif pour l'intimité du
Franz Schubert (1797-1828) joués d’évidence, lyriques et pudiques un artifice général. On n’entend plus foyer d'un compositeur père de famille.
Sonate pour piano n° 21, D 960; Trois à la fois, d’une nostalgie absolue. Elle vraiment le dénuement et l’hiver, on est De toute autre ambition musicale et on
klavierstücke, D 946- Moments Musicaux, entend les trois cahiers - on oublie dans un salon confortable face à une pourrait presque dire picturale, Bilder
D 780 appropriation qui n’apporte rien ni à aus Osten (Images d'Orient, un titre
trop que les Moments musicaux sont
Dina Ugorskaja, piano la musique de Schubert, ni à l’histoire comme à la Pierre Loti), à une époque
en deux volumes de trois pièces cha-
AVI8553107 • 2 CD AVI Music cun - comme un tout, série de faux de l’interprétation du cycle au disque. où Schumann commençait à avoir des

L es ultimes portées griffonnées par impromptus tendant aux nocturnes, et Ce n’est pas faute de la part de Xavier problèmes physico-somatiques (notam-
Schubert de son écriture autistique fait entendre derrière le chant si beau, Sabata de comprendre ce que Schubert ment d'acouphène), illustre des poèmes
pour l’instrument roi de sa solitude, si simple, un ballet d’ombres inquiètes. dit ici, mais son instrument même lui arabes dans une traduction de Rückert
le piano, auront été lues et souvent Approche unique qui nous rappelle que refuse de nous faire ressentir ce qu’il qui suscita un vif engouement. Six im-
interprétées par tant de pianiste au cette musicienne pour les musiciens y voit. Alors pour les curieux abso- promptus où n'est pas absente l'oppo-
disque depuis que Schnabel le premier aura déjà parlé vrai chez Bach, chez lus, pour les compulsifs qui veulent sition entre l'esprit rêveur d'Eusebius et
y aura porté son regard…mais pour- Beethoven, après nous avoir quitté bien chaque Winterreise imaginable (et celui conquérant de Florestan, mais où
tant dans cet abandon concert la voix trop tôt. (Jean-Charles Hoffelé) même ceux qu’on ne saurait imagi- un lyrisme profondément schumannien
ner) ce disque aura le mérite d’exister. écarte radicalement tout descriptif exo-
(Jean-Charles Hoffelé) tique facile. Et l'enregistrement parfait
mélodique que résout le troisième amis. La surprise passée, je peine pour de finesse et de musicalité de ce pré-
mouvement, s'ajoute la troublante m’attacher à cette impitoyable mise au sent duo pianistique italien se conclut
proximité, l'alliance intime entre les six net qui montre le chef d’œuvre dans sa logiquement avec deux suites illustrant
et quatre cordes, nous rappelant leur nudité, mais à ce point ne pas vouloir ô combien le double tropisme magique
lointain cousinage. Promesses tenues ! interpréter asphyxie tout de même les de l'âme masquée schumanienne : le
(Marc Ossorguine) bal et l'enfance. (Gilles-Daniel Percet)
élans, les mélodies si ailées, la grâce
du chant. Cela compte, vétille, le clavier
picore, les cordes se citronnent, et c’est
Schubert pourtant qui survit malgré tout.
(Jean-Charles Hoffelé) Robert Schumann (1810-1856)
8 Polonaises pour piano à 4 mains, Ang.
G1; 12 vierhändige Klavierstücke für kleine
und große Kinder, op. 85; Bilder aus Osten,
op. 66; Ball-Szenen, op. 109; Kinderball,
op. 130
Roberto Plano, piano; Paola Del Negro, piano
Alessandro Scarlatti (1660-1725) Igor Stravinski (1882-1971)
Cantates "Correa nel seno amato", "Appena
BRIL95675 • 2 CD Brilliant Classics Œdipus rex, opéra-oratorio en 2 actes
chiudo gli occhi", "Benché o sirena Bella",
"Dove fuggo, a ache penso"
Maria Caruso, soprano; Ensemble Trigono Armo-
À quatre mains, chère demoiselle
Wieck, si vous le voulez bien ! Car
c'est évidemment à Clara que pensait
Michel Piccoli (récitant); Thomas Moser
(Oedpius); Jessye Norman (Jokaste); Siegmund
Nimsgern (Kreon, Bote); Roland Bracht (Tiresias);
nico; Maurizio Cadossi, direction d'abord Robert pour pareille configu- Alexandru Ionita (Hirta); Männerchor des
Franz Schubert (1797-1828) Bayerischen Rundfunks; Symphonieorchester des
ELECLA19074 • 1 CD Elegia ration pianistique (où à notre avis ne
"Winterreise" cycle de 24 lieder, D 911 Bayerischen Rundfunks; Sir Colin Davis, direction
fulgure cependant jamais vraiment
Xavier Sabata, contreténor; Francisco Poyato,
l'éclat le plus emportant de son génie). C071831 • 1 CD Orfeo

L
piano a réédition de cet Œdipe Roi par le
Laquelle Clara tout enfant composa déjà
0301309BC • 1 CD Berlin Classics pour son premier opus quatre polo- label Orféo est une bonne surprise

Yuri Kramarov, alto; Tamara Fidler, piano grâce et de lyrisme touchant. On est
Sélection ClicMag ! NFPMA98010 • 10 CD Northern séduit par le discours riche et fécond et
Flowers par le dynamisme d’une écriture aux ac-

Franz Schubert (1797-1828) L a notoriété du compositeur russe


Taneiev fut éclipsée par celle de son
maître Tchaïkovski et celle de ses élèves
cents passionnés associant ici ou là fraî-
cheur, passages enjoués, rythmiques
Adagio pour Trio pour Piano en mi bémol
dansantes et effets dramatiques. Avec
Rachmaninov et Scriabine. Les ama- un langage classique à la tonalité affir-
majeur, D 897 "Notturno"; Trio n° 2 en mi
teurs de musique de chambre complé-
bémol majeur pour piano, violon et violon- mée, un schéma en quatre mouvements
celle, D 929, op. 100 teront judicieusement leur discothèque
avec cette intégrale. Neuf quatuors à (à de rares exceptions près), des mou-
Trio Hamlet [Paolo Giacometti, piano; Candida
cordes, un quatuor avec piano, trois vements à la durée conséquente, celui
Thompson, violon; Xenia Jankovic, violoncelle]
quintettes dont un avec piano, quatre que l’on décrit volontiers comme le
CCS41719 • 1 CD Channel Classics Serguei I. Taneiev (1856-1915)
trios et une sonate pour violon et piano "Brahms russe" prolonge la tradition de

S ont-ce les instruments, joués histo- Quatuors à cordes n° 1 à 9; Quintettes à constituent le programme. L’exigence
corde, op. 14 et 16; Quintette pour piano,
la musique de chambre occidentale des
riquement informés, à commencer de l’écriture polyphonique est particu-
op. 30; Trio pour violon, alto et violoncelle; XVIIIème et XIXème siècles. L’excel-
par le Conrad Graf de Paolo Giacometti lièrement notable chez Taneiev reconnu
Trio pour 2 violons et alto, op. 21; Trio pour lence de l’interprétation du bien-nommé
sec et court, mais jamais le Deuxième piano, violon et violoncelle, op. 22; Trio pour sa grande rigueur intellectuelle
Trio de Schubert n’aura raisonné aussi dans le processus de composition. Quatuor Taneiev, la qualité d’enregis-
pour violon, alto et violoncelle, op. 31;
mince : il ne faut pas confronter à Quatuor en mi majeur, op. 20; Sonate pour Cette écriture sophistiquée à la densité trement et le livret détaillé (en anglais)
cette estompe le grand geste sympho- violon en la majeur sonore parfois imposante ne s’en laisse font de ce coffret une référence  !
nique de Viviana Sofronitzky et de ses Quatuor Taneiev; Beynus Morozov, violoncelle; pas moins apprécier avec sa part de (Laurent Mineau)

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de rentrée. Enregistrée à Munich en Valerio Losito, violon baroque; Paolo Perrone, vif-lent-vif), et laissent s'épanouir dans
1983 par le marmoréen Sir Colin Da- Sélection ClicMag ! violon baroque; Carlo Calegari, violoncelle; Diego
Leveric, archiluth; Federico Del Sordo, clavecin
les adagios un lyrisme intense dans la
vis, cette version bénéficie avant tout droite lignée de Vivaldi. Les sonates
d'une équipe de chanteurs prestigieuse BRIL95861 • 2 CD Brilliant Classics alternent avec des pièces au clavecin

L
(Moser, Norman, Nimsgern). L’œuvre e catalogue d'enregistrements de seul de Fedele Fenaroli (1730-1818),
de Stravinski est représentative de ce passionnant compositeur natif petits exercices mélodieux servant de
l'esthétique du compositeur. Radicale- de Rimini s'enrichit avec ce bel enre- préludes aux sonates. Les sonates en
ment éloigné de tout expressionnisme, gistrement d'un élément important, trios op. 9, non datés, présentent une
vérisme ou psychologisme, cet Œdipe les œuvres orchestrales ayant jusqu'à très grande diversité de styles, allant de
Roi ne doit rien à Freud mais tout à Jean présent focalisé l'intérêt des inter- la sonate en trio "stricte", da chiesa, à la
Cocteau son co-auteur. L'écrivain à sa prètes. Les sonates op. 14 de 1748, moderne sinfonia ouvrant un opéra, en
façon aussi objective que sarcastique, très concertantes, montrent à quel imitant un concerto, ou un récitatif, dans
présente le drame comme un théâtre Carlo Tessarini (?1690-?1766) point le compositeur a assimilé toutes un langage très moderne qui n'est pas
de statues antiques que l'on dirait tout 6 Sonates pour violon, op. 14 ; Preludio, les dernières "tendances" lors de ses sans évoquer des compositeurs plus
droit sorti des toiles de Chirico. Pré- d'après Partimento en fa majeur de F. nombreux voyages et engagements jeunes tels que Sammartini, Galuppi,
sentée pompeusement par un récitant Fenaroli; Preludio, d'après Partimento en dans maintes villes d'Italie, mais aussi etc. Les interprètes excellents, menés
(Michel Piccoli), l'action se déroule ré majeur de F. Fenaroli; Preludio, d'après par Valerio Losato (également virtuose
à Brünn, Paris, Londres, en Hollande
comme une fatalité car il n'existe ici ni Partimento en sol majuer de F. Fenaroli;
et à Aix-la-Chapelle. C'est dans cette de la viole d'amour), nous livrent des
6 Sonates de chambre pour 2 violons
libre-arbitre ni échappatoire dans cet ville qu'il publie ces sonates pour vio- versions très intenses, impeccablement
et basse continue, op. 9; Divertimento
univers ordonné par le fatum. Rien à II, d'après "Il Maestro e il Discepolo"; lon (deuxième édition à Paris l'année stylées, de ces œuvres attachantes
voir avec l'écriture grisante ramuzienne Divertimento IV, d'après "Il Maestro e il suivante), qui respirent l'esprit du d'un artiste encore trop peu connu.
de L'histoire du Soldat, l’œuvre est une Discepolo" concerto (découpe en 3 mouvements (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
suite d'instants musicaux montés à
la suite. Heureusement, les voix et le
chant ici rachètent les coutures un peu peut-on penser au climat de certaines enseignant cet instrument depuis plus d’une commande de l’Ambassadeur de
trop visibles et la pesanteur déclama- pièces de chambre d’Alfred Schnittke, de 30 ans à la Pietà. C’est également la France à Venise. Conservés à Paris, ils
toire du discours. La Jocaste de Jessye sans doute du fait d’un passage com- viole d’amour que Vivaldi utilise comme comportent en réalité uniquement deux
Norman est d'une pertinence indiscu- mun par une période polystylistique. soliste dans le concerto qui clôt l’enre- concertos originaux écrits dans un style
table à la fois radieuse et vindicative, De belles œuvres lumineuses, servies gistrement, l’un parmi les sept qu’il lui français caractérisé. Les dix autres sont
le wagnérien Nimsgern immense en par une interprétation qui ne l’est pas a consacré dont il appréciait visible- des copies conformes incluant ici ou là
Créon quant à Œdipe, Thomas Moser lui moins et une fort agréable prise de son. ment le timbre à la fois plaintif, argentin quelques modifications extrêmement
confère une aura magnétique. Ajoutez le Des conditions très favorables pour une (grâce aux cordes sympathiques), et mineures (quand il y en a !) d’opus an-
rôle essentiel des chœurs visant à faire utile redécouverte. (Alain Monnier) très expressif. C’est aussi ce timbre si térieurs conservés à Turin. Un exercice
rebondir l'intrigue pour que la magie particulier qui a séduit le contemporain dont Vivaldi était coutumier… On ap-
prenne et installe d'auditeur dans une de Vivaldi Christoph Graupner, avec préciera dans cette version désormais
écoute aussi palpitante qu'inattendue. de très nombreuses œuvres (trios et seule disponible le soin apporté aux
(Jérôme Angouillant) concertos) consacrées à l’instrument. traits d’archet, la variété des attaques,
Friand, comme son ami Telemann, de l’énergie et la virtuosité de l’ensemble
combinaisons insolites, il a consacré des instrumentistes qui font preuve
deux concertos au duo viole d’amour et d’un placement au cordeau. Une très
alto accompagnés d’orchestre, interpré- belle réalisation, bien enregistrée, qui
tés avec beaucoup de maestria par les continue de s’imposer pour tout ama-
artistes de haute qualité qui s’expriment teur de Vivaldi. (Thierry Jacques Collet)
ici. La combinaison des deux timbres
Antonio Vivaldi (1678-1741)
assez proches et particulièrement
Concertos pour viole d'amour et guitare savoureuse. Vivaldi ensoleille avec un
(RV 540), guitare (RV 93) et viole d'amour
concerto pour luth (ici une guitare, ins-
(RV 392) / C. Graupner : Concertos pour
trument pour lequel Vivaldi n’a jamais
Boris Tchaikovski (1925-1996) viole d'amour et alto, GWV 317 et 339
Donald Maurice, viole d'amour; Jane Curry, gui-
écrié une note), et orchestre sans altos,
Intégrale des quatuors à cordes les œuvres avec viole qui l’encadrent,
tare; Marcin Murawski, alto; Orchestre Ars Longa;
Ilya Ioff, violon; Elena Raskova, violon; Lydia notamment avec une gigue conclusive
Eugeniusz Dabrowski, direction
Kovalenko, alto; Alexey Massarsky, violoncelle
AP0373 • 1 CD Acte Préalable endiablée où la soliste fait merveille.
NFPMA9964/5 • 2 CD Northern (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
Flowers
L e 21 Mars 1740 un concert à la Pietà
est donné à Venise par l’ensemble Antonio Vivaldi (1678-1741)
S i ce Tchaikovski n’est pas celui
auquel on pense d’emblée, le com-
positeur ici honoré par cette captivante
des musiciennes de l’orphelinat, en
l’honneur du Prince Friedrich Christian
Les Quatre Saisons (version pour ensemble
de flûtes)
intégrale nous réserve tout de même de Pologne (fils d’Auguste le Fort). Vi- Vienna Flautists [Barbara Gisler-Haase, flûte;
valdi a composé à cette occasion quatre Angela Kirchner, flûte; Annegret Bauerle, flûte;
de bien belles surprises. Né en 1925
œuvres exceptionnelles, dont le concer- Gabriel Ahumada, flûte alto; Georg Kugi, flûte alto;
et décédé en 1996, il fut, entre autres, Walter Wretschitsch, flûte alto; Werner Tomasi,
l’élève de Dimitri Chostakovitch, et de to en ré mineur qui ouvre cet enregis-
flûte basse; Fereshteh Rahbari, flûte contrebasse]
Nikolai Miaskovski. L’intégrale de ses trement. Le compositeur déjà âgé de 62
ans, quittera Venise définivement moins C311931 • 1 CD Orfeo
six quatuors à cordes (compositions
de 1952 à 1976), présentée pour la
première fois ici, rappellera, du premier,
de deux mois plus tard. Ce concerto
intimiste (l’orchestre joue d’un bout
à l’autre avec sourdines) et mélanco-
Antonio Vivaldi
Les Concertos Parisiens
(1678-1741)
P araphrasons Alexandre Vialatte 
arranger les Quatre Saisons est un
:

sport datant de la plus haute antiquité.


l’inventivité et la sagacité d’écriture,
lique, maintes fois enregistré et à juste Ensemble Modo Antiquo; Federico Maria Sardelli, Depuis Corette et Chédeville au 18ème
et du second, la tonalité lyrique qui
direction
convient particulièrement au violon. Le titre célèbre, signe comme un adieu siècle on a pu les entendre pour 8 saxo-
doute n’est pas permis : on est bien en du compositeur sur le déclin à sa ville TB672260 • 1 CD Tactus phones, pour 4 harpes, pour orgue

E
Russie, pour qui est sensible à toutes natale. Les deux solistes, viole d’amour nregistré en 1998, paru pour la ou piano, pour voix et orchestre, pour
les nuances de ce climat musical où les et luth (ici une guitare), se donnent la première fois en 1999 puis régu- ensemble de mandolines ou de ukulé-
contrastes s’enchainent d’ingénieuse réplique ou s’unissent en duo dans les lièrement réédité, l’enregistrement lés, pour chœur a cappella, "jazzifiées"
façon. Les mouvements lents se ré- deux mouvements extrêmes, tandis que des Concertos dits de Paris par Fede- pour octuor vocal ou trio instrumental,
vèlent particulièrement séduisants, les le mouvement central est une longue rico Maria Sardelli à la tête de son etc. Dans un concert où jouait une de
modérés expressifs et les plus agités se cantilène chantée par la viole qu’accom- ensemble Modo Antiquo donne lieu mes enfants j’ai aussi entendu le presto
montrent énergiques sans agressivité. pagne en arpèges le luth. On ignore qui, à une énième édition qu’annonce une de "l’Été" pour 4 guitares électriques,
A partir du 3ème opus (1967), c’est de Vivaldi ou de son élève la plus douée nouvelle couverture. Pour le reste, rien et croyez-moi ça "envoyait du bois" !
l’intériorité qui prime, jusqu’à l’inti- Anna Maria, interprétait la partie de viole n’a changé. Rappelons que ces douze Rares sont les versions pour ensemble
misme du 5ème (1974). Probablement lors du concert de 1740, le compositeur concertos ont probablement fait l’objet de flûtes (Flanders Recorder Quartet,

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Alphabétique / Récitals
concurrentes qui se multiplient (au tendus, les varie, les répète, les soumet nien, ville qu’il s’était choisi pour rési-
Sélection ClicMag ! moins 3 pour les sonates enregistrées à des intensités différentes, les expose dence après la première guerre mon-
ici). L'amitié constante, le soutien de dans le plus grave comme dans le plus diale, par ses talents de chambriste. Au
Chostakovitch, le rôle d'éveilleur que aigu de l'instrument en fait parfois des début de l’enregistrement électrique,
jouèrent pour sa reconnaissance inter- sortes d'appels pressants, qu'elle met à la Columbia anglaise lui fit graver des
nationale de grands chefs ou interprètes nu dans des pizzicati lapidaires, jusqu'à pièces de virtuosité où son brio sans
(Rostropovitch, Berlinsky) ont contri- l'effacement et le silence. Les échos, les clinquant, son toucher fulgurant qui
bué à installer durablement la réputa- accents et les inflexions mélodiques de envolait les claviers alors bien plus
tion de Weinberg que ni les drames de la musique de Chostakovitch, des bribes légers des Steinway qu’il aimait tant,
l'Histoire ni la maladie, n'ont épargné. d'airs juifs sont perceptibles. Le tout firent merveille : écoutez seulement sa
C'est à l'occasion de la célébration du prend parfois l'aspect d'un thrène sans Campanella. Son Beethoven – on tient
100e anniversaire de sa naissance que effusion, dans la retenue. La seconde ici sa Pathétique, son Appassionata –
Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) en irritera plus d’un, tellement emporté,
Tarasova, qui l'a connu de près, a été sonate a, quant à elle, des accents bar-
Intégrale des sonates pour violoncelle seul son interprète et la dédicataire de cer- tokiens. La troisième sonate offre un quasi caractériel, mais là encore quel
Marina Tarasova, violoncelle taines de ses œuvres a enregistré ce troisième mouvement qui se distingue jeu époustouflant. Pourtant le meilleur
NFPMA99132 • 1 CD Northern Flowers CD. On ne pouvait évidemment rêver de l'ensemble : il se montre bondissant, de son legs de soliste reste les faces
consacrées à la musique de son temps :
L a production musicale gigantesque meilleure ambassadrice. Ces pages exi- voire même gazouillant, comme don-
geantes, arides, poignantes, tirent un nant l'impression d'oiseaux jouant avec trois Debussy plein de caractères – il fait
de Weinberg n'était pratiquement
extraordinaire parti d'une grande éco- des brindilles. Le pizzicato s'y fait même entrer dans les 2’24 des Collines d’Ana-
ni connue, ni distribuée en Europe de
nomie de moyens. Proche souvent de la primesautier. La quatrième sonate fait capri bien six atmosphères différentes
l'Ouest jusqu'au début des années
déploration noble mais rentrée, dense et parfois penser à Britten, son allegretto – son El Puerto génial qui fait regretter
2000. Elle se répand désormais sur
agité, n'est pas pour autant drama- qu’on n’ait pas sous de pareils doigts
tous les fronts de façon régulière, et elliptique à la fois, non dépourvue d'une
tout l’Iberia d’Albéniz, et cette Andaluza
le mélomane a pour certaines œuvres sorte de lyrisme douloureux et tragique, tique. Un cd magnifique et très prenant.
des Quatre Pièces de Falla pleine de gui-
l'embarras du choix entre des versions cette musique exploite de petits motifs (Bertrand Abraham)
tare et de soleil, simplement la version
la plus géniale que j’en connaisse, celles
All Flutes Chamber Orchestra...). Orféo pas leur confronter le film sidérant, 645 / C. Debussy : Les collines d'Anacapri; d’Alicia de Larrocha comprises. Alors
nous rend celle enregistrée en 1993 par vrai Murnau sonore, qu’y osait Maria Bruyères; Minstrels / I. Albéniz : El puerto, venez vite découvrir cet oublié magni-
les Vienna Flautists, pour octuor (dont Yudina. Alors si vous voulez créditer Iberia Livre n° 1 / M. de Falla : Piezas fique. (Jean-Charles Hoffelé)
españolas / A. Carse : Miniature Scherzo /
une flûte sub-basse remplaçant la plus le jeune-homme d’un certain tropisme
R. Walthew : Sun and Shade / T. Dunhill :
traditionnelle contrebasse à cordes). russe qu’il assume volontiers lors de
Dew Fairies / E. M. Lee : Legend / O.
L’ensemble avait comme à son habitude ses concerts, allez plutôt au cinq Mélo- Morgan : Le bal poudre / A. Rowley : The
réalisé un arrangement virtuose et pré- dies de Rachmaninov qu’Earl Wild a Rambling Sailor / F. Swinstead : Serenata
cis, alliant une indéniable poésie à un lé- habillé d’étoiles : ce que Moussorgski / G. Dyson : Primrose Mount / York Bowen :
ger manque de substance. Belle perfor- contraignait dans ce piano se libère ici, Reverie, op. 86 / J. Ireland : Rondo, extrait
mance (même si certaines incarnations, chante, poudroie avec une tendre fan- de Sonatina
comme le "coucou", me laissent dubita- taisie qui délie ce que la virtuosité pour- William Murdoch, piano
tif), mais on est loin de la réinvention rait y raidir. Dans le silence de la nuit APR6029 • 2 CD APR
des Goldberg par le quatuor d’anches est une merveille. Le reste de ce disque
Arundo. Les flûtes excellent dans les
épisodes pastoraux ou bucoliques,
bipolaire vient de l’autre coté du globe,
pris chez Gershwin, les Trois Préludes
S i je vous dis pianiste australien vous
songerez illico à Percy Grainger mais
qui connait encore aujourd’hui son bril-
Mirabile Mysterium
Musique chorale pour le temps de Noël.
mais la dynamique manque quand plein d’esprit, mais surtout tiré du Song
book et rhabillé par Wild trois Mélodies lant contemporain William Murdoch ? H. Isaac : Ecce virgo concipiet / J. Eccard :
nécessaire : l’orage, par exemple, est Nun komm der Heiden Heiland / G.
où Benjamin Moser se prend pour Ella Quel pianiste pourtant, qui embrasait
plutôt une grosse averse… Autre souci Raphael : Maria durch ein Dornwald ging
Fitzgerald, et ce coup là, c’est assez irré- son clavier, jouait preste et moderne,
à mon avis, mais d’écriture : certaines / A. Hammerschmidt : Machet die Tore
respirations laissent dans le flux musi- sistible. (Jean-Charles Hoffelé) décapait les Sonates de Beethoven en weit / C. Monteverdi : Ave maris stella /
cal des vides béants inhabituels dans les prenant au pas de charge, et tentait H. Schütz : O lieber Herre Gott & Tröstet
cette musique. Quarante minutes éton- tous les risques pour exalter son public. mein Volk, extrait de "Geistliche Chormusik
nantes, avant tout destinées aux incon- Il enchantait également le public londo- 1648" / J.G. Rheinberger : Ave Maria / M.
ditionnels des ensembles de flûtes. (Oli-
vier Eterradossi) admirateurs de Hildegard von Bingen
Sélection ClicMag ! les compositions de cette dernière. On
y trouve la même limpidité lumineuse
mettant bien en valeur les paroles
latines dans des mélodies amples,
simples mais transcendantes. Les
William Murdoch autres pièces de l'enregistrement, d'ori-
F. Mendelssohn : Romance sans paroles gines diverses, certaines compilées
en la bémol majeur, op. 38 n° 6 "Duetto"; dans des recueils très postérieurs à leur
Romance sans paroles en la majeur, op. composition (Piae Cantiones 16ème
62 n° 6 "Spring Song" / F. Chopin : Etude en siècle), révèlent des origines beaucoup
la bémol majeur, op. 25 n° 1; Valse en fa
Œuvres pour piano majeur, op. 34 n° 3; Berceuse en ré bémol
plus profanes, telles que la chanson
M. Moussorgski : Tableaux d'une expostion majeur, op. 57; Ballade n° 3 en la bémol
Mare Balticum, vol. 2 populaire, la balade ou la musique
/ G. Gershwin : 3 Préludes / Earl Wild : majeur, op. 47 / R. Schumann : Romance Musique médiévale finlandaise et suédoise des ménestrels. Ce sont les seules qui
7 Etudes virtuoses sur des Mélodies de en fa dièse majeur, op. 28 n° 2 / F. Liszt : Ensemble Peregrina; Agnieszka Budzinska-Bennett, s'accommodent d'un accompagnement
Gershwin; Transcriptions de Mélodies de Liebesträume n° 3, S 541; La campanella, instrumental improvisé sur la vielle à
direction
Rachmaninov S 141; Rhapsodie hongroise n° 12 / F.
TACET248S • 1 SACD Tacet archet, le cistre, ou la "sinfonia" (vielle
Benjamin Moser, piano Schubert /Franz Liszt : Hark, Hark, the
à roue), ou à un doublage de la voix

L
AVI8553403 • 1 CD AVI Music Lark, S 558/9 / F. Schubert/C. Tausig : a dévotion aux saints (et en par-
Marche militaire en ré majeur, D 733 n° supérieure à l'octave. Les interprètes
ticulier à Sainte Brigitte de Suède
Q u’ils sont sages les "Tableaux d’une
exposition" selon Benjamin Moser,
suite de toiles parfaitement rangées,
1 / J. Brahms : Valse en la bémol majeur,
op. 39 n° 15 / I. Jan Paderewski : Menuet
en sol majeur, op. 14 n° 1 / E. Grieg :
1303-1373), s'épanouit dans toute la
région dès l'époque de la sainte, à qui
excellents nous livrent dans ce deu-
xième opus de la série "Mare Balticum"
(Mer Baltique), un voyage fascinant
montrées, décrites, avec beaucoup Norwegian Bridal Procession, op. 19 n° 2 / est attribué le manuscrit Cantus soro- dans l'univers de la musique dévotion-
J. Sibelius : Valse triste / S. Rachmaninov : rum conservé à la Bibliothèque Royale nelle de ces régions septentrionales au
d’art, parfois de la fantaisie (le Ballet
Préludes, op. 3 n° 2, op. 23 n° 5 et 12 / L. de Stockholm. Ces pièces à voix seule,
des poussins dans leurs coques), et van Beethoven : Sonate en do mineur, op.
Moyen Age, centré sur le répertoire des
même un certain sens de l’animation 13 "Pathétique"; Sonate en fa mineur, op. écrite pour une nonne soliste ou pour couvents de nonnes Brigittines, ordre
psychologique (le "duo" de Samuel Gol- 57 "Appassionata" / J. S. Bach/F. Busoni : la congrégation des sœurs chantant à que la sainte fonda au milieu du XIVème
denberg et Schmuyl), mais il ne faudrait Wachet auf, ruft uns die Stimme, BWV l'unisson, rappelleront fortement aux siècle. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

14  ClicMag février 2020  www.clicmusique.com


Récitals
Reger : Unser lieben Frauen Traum / J. Gal- thèmes, op. 6; Chant d'Adieux, Fantaisie, mais qui restent encore trop mécon- Rimski-Korsakov et Sokolov
lus : Mirabile mysterium / C. Thiel : In dulci op. 9 / A. F. Servais : Souvenir de Spa, nues du grand public. À suivre donc ! Quatuor Rimski-Korsakov
jubilo / F. Woyrsch : Auf dem Berge da geht Fantaisie, op. 2 / L. Boccherini : Concerto (Jérôme Leclair)
der Wind / E. Whitacre : Lux aurumque / J. pour violoncelle, G 479 / G. Rossini : Un NFPMA9903 • 1 CD Northern Flowers

C
Sandström : Es ist ein Ros entsprungen / larme, Thème et variations ’est tout le mérite du quatuor Rims-
H.N. Howells : A spotless rose / J. Rutter : I Constantin macherel, violoncelle; London Mozart ki-Korsakov que de vouloir nous
wonder as I wander / A. Tucapsky : A Child Players; Sebastian Comberti, direction faire retrouver l’atmosphère des ven-
is born in Bethlehem / M. Lauridsen : O
magnum mysterium CLA1903 • 1 CD Claves dredis où le riche mécène et éditeur

P
Sächsisches Vocalensemble; Matthias Jung, roposer des œuvres d’Auguste-Jo- musical Mitrofan Beliayev (1836-1904)
direction seph Franchomme et d’Adrien Fran- recevait, dans le cadre de soirées
CPO555318 • 1 CD CPO cois Servais comporte une double sa- pétersbour-geoises très réputées, cer-
veur. La première, la plus directe, celle tains des compositeurs russes les plus
d’une musique magistralement écrite célèbres de son époque, pour y donner
dans laquelle le violoncelle est roi, qui des con-certs de musique de chambre.
The Sea Between The Lands
laisse deviner de longues improvisa- Sont donc proposées ici des pièces as-
Cinq siècles de musique pour guitare
tions génératrices, de plus ici interpré- sez brèves pour quatuor de Rimski-Kor-
d'Italie et d'Espagne. J. A. Dalza : Calata
tée avec beaucoup de justesse et d’ai- ala spagnuola ditta Terzetti / A. Mudarra : sakov, Glazounov, Borodine, et d’autres
sance. La seconde, qui ne s ‘entend pas Fantaisie X / D. Scarlatti : Sonates, K 1, L compositeurs moins connus comme A.
mais s’étudie, c’est la page d’histoire 366, K 27, L 449 / M. Giuliani : Rossiniana Liadov, héritier d’une véritable dynastie
qui se cache derrière. D’abord le pedi- n° 1, op. 119 / F. Tarrega : Carpicho arabe / de musiciens, N. Artciboucheff, N. So-
gree de ces deux musiciens français, M. de Falla : Danse espagnole n° 1, extrait
de "La Vida Breve" / Agustin "Sabicas"
kolov, etc. C’est dire que si les œuvres
Sonetti Romani respectivement le violoncelliste qui se révèlent un peu moins sérieuses
Castellón Campos : Punta y Tacon / V.
accompagna Chopin "himself" lors de
Poèmes d'Ivanov mis en musique par Gre- Amigo : Tio Arango / E. Morricone : Nuovo ou ambitieuses que d’autres partitions
la création de ses chefs-d’œuvre pour Cinema Paradiso
chaninov, Miaskovski, Chebaline et Lourié plus conséquentes, elles n’en sont pas
violoncelle et piano ! – et Adrien Fran- Salvatore Foderà, guitare
Lyudmila Shkirtil, mezzo-soprano; Yuri Serov, moins écrites par des compositeurs qui
piano cois Servais - pour sa part violoncelliste
BRIL95862 • 1 CD Brilliant Classics maitrisent suffisamment leur art. Au
hors pair surnommé "le Paganini du vio-
NFPMA99103 • 1 CD Northern Flowers total, nous sommes gratifiés d’une guir-
loncelle", qui joua lui sous la baguette

O n connait le tropisme qui attire irré- du fascinant Félix Mendelssohn dans lande de petits bijoux, pleins de charme,
sistiblement certains intellectuels et l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig ! au doux parfum de nostalgie qui vont
artistes septentrionaux vers la Méditer- Le tout dans une époque qui confirme finalement et pour l’essentiel bien au-
ranée. Le poète symboliste russe Via- la grande percée du violoncelle initiée delà de la musique de genre. A savou-
cheslav Ivanov (1866-1949), person- par Bach, Vivaldi ou encore un autre rer comme un beau soir d’été entre
nage assez excentrique, fut de ceux-ci violoncelliste et compositeur de re- Neva et Mer baltique. Et l’on sait qu’à
et mourut d’ailleurs à Rome où il était nom, Boccherini dont on pourra aussi Saint-Pétersbourg les soirées peuvent
installé depuis bien des années. L’Ins- entendre un concerto dans ce disque. non seulement se prolonger jusque
titut Ivanov de Rome, qui se consacre Un disque qui propose ces œuvres dans tard dans la nuit mais encore être tout
à renforcer les relations culturelles lesquelles les violoncellistes trouvent Alexandre Glazounov (1865-1936) empreintes de douce frai-cheur et de
entre la Russie et l’Europe occidentale, un terrain d’expression hors pair Quatuors à cordes de Glazounov, Liadov, tendre lumière. (Alain Monnier)
et l’éditeur discographique Northern
Flowers se sont lancés dans cet intéres-
sant projet présentant des compositions Wiebke Lehmkuhl, alto; Anke Vondung, alto; Anne de garçons dont sont issues un nombre
de musiciens russes sur des poèmes ou Sélection ClicMag ! Buter, alto; Britta Schwarz, alto; Marlen Herzog,
alto; Ulrike Hofbauer, alto; Patrick van Goethem,
impressionnant de grandes voix mâles
des traductions de cet auteur. Sont ainsi adultes). Aux manettes, Hans-Christoph
alto, contreténor; Kai Wessel, contre-ténor; Stefan
proposées des pièces de Miaskovski, Rademann se taille la part du lion et im-
Kunath, contreténor; David Erler, contreténor;
Lourié, Gretchaninov et Chebaline sur Daniel Johannsen, ténor; Colin Balzer, ténor; pose son style : rutilant et confortable,
des créations ou traductions (Sappho) Eric Stokloßa, ténor; Uwe Sticker, ténor; Tobias humain, vif, précis et donc d’une par-
d’Ivanov. Ces ensembles de mélodies, Mäthger, ténor; Georg Poplutz, ténor; Hermann faite lisibilité… la très grande tradition
s’étageant de 1908 à 1940, venant de Oswald, ténor; Hubert Nettinger, ténor; Jörg allemande de la musique religieuse, à
musiciens parfois proches mais ayant Schneider, ténor; Marcus Ullmann, ténor; Martin laquelle sacrifient aussi ses collègues
suivi des itinéraires divergents du fait Petzold, ténor; Andreas Scheibner, basse; Egbert Kopp et Kreile. On aborde généralement
Junghanns, basse; Christian Hilz, basse; Cornelius ce genre de coffrets avec appréhension
des événements, conservent au réci-
Uhle, basse; Felix Schwandtke, basse; Georg Zep-
tal une réelle homogénéité, à travers car c’est souvent l’occasion de recycler
penfeld, basse; Gotthold Schwarz, basse; Jochen
le lyrisme qui en émane et qui fait se Les Maîtres de la musique Kupfer, basse; Martin Schickentanz, basse; Tobias des interprétations n’ayant pas trouvé
rejoindre l’inspiration païenne et un d'église à Dresde Berndt, basse; Dresdner Kreuzchor; Vocal Concert leur public : rien de tel chez Carus. Voici
christianisme volontiers bucolique. H. Schütz : Symphoniae Sacrae III / J.D. Dresden; Gächinger Kantorei Stuttgart; Freiburger les Symphoniae Sacrae III de Schütz
L’expression touchante, dramatique de Heinichen : Messes n° 9, 11 et 12 / J.D. Barockorchester; Hans-Christoph Rademann, et leurs 5 Diapasons, les Requiem de
Mila Shkirtil nimbe l’ensemble d’une Zelenka : Te Deum, pour 2 chœurs, ZWV direction; Dresdner Kammerchor; Hans-Christoph Hasse et leurs Gramophone Awards en
146 / J.S. Bach : Messe en si mineur, Rademann, direction; Staatskapelle Dresden; Rode- 2005, 3 messes festives de Heinichen,
aura à la fois charnelle et mystérieuse
BWV 232 / G.A. Ristori : Messa per il rich Kreile, direction; Dresdner Barockorchester; et quelques surprises majeures comme
tandis que les parties de piano, souvent Roderich Kreile, direction; Hans-Christoph Rade-
complexes et elles-mêmes éloquentes Ssantissimo Natale; Motetto Pastorale / la version de Dresde de la Messe en Si
J.A. Hasse : Requiem en mi bémol majeur; mann, direction; Dresden Instrumental-Concert;
du fait d’un jeu permanent sur les cou- Peter Kopp, direction de Bach (tellement survoltée toutefois
Miserere en ré mineur; Requiem en do
leurs, mieux sur les demi-teintes, sont qu’elle frise la précipitation) et surtout
majeur; Miserere en do mineur / G.A. CAR83044 • 10 CD Carus
admirablement servies par Yuri Serov. la Missa piena de Paër (dont il n’existe

S
Homilius : Gott fähret auf mit Jauchzen,
(Alain Monnier) i vous ignorez encore à quel point que 2 enregistrements, dont ce premier
Cantate "Fest Christi Himmelfahrt", HoWV
II.87; Der Herr ist Gott, der uns erleuchtet,
Dresde fut et reste un phare dans mondial en 2008) où le Kreuzchor brûle
Cantate Pfingstsonntag, HoWV II.91; Heilig l’univers de la musique classique euro- littéralement. Les solistes ne sont pas
ist unser Gott, der Herr Gott Zebaoth, Can- péenne, ruez-vous sur ce survol de 150 en reste, même s’ils sont parfois en
tate Sonntag Trinitatis, HoWV II.99; Selig ans de production musicale ! Phare elle décalage stylistique avec les chœurs
seid ihr, wenn ihr geschmähet werdet, fut par les compositeurs qu’elle héber- ou pas toujours très bien assortis : on
Cantate Sonntag Exaudi, HoWV II.90 / F. gea (ici à l’honneur, excusez du peu : aimait déjà Dorothée Mields, David Erler
Paër : Missa piena en ré mineur Schütz, Heinichen, Zelenka, Hasse, ou Markus Ullmann mais on rend aussi
Carolyn Sampson, soprano; Christine Wolff, Bach, Homilius et les moins connus les armes devant l’alto de Patrick van
soprano; Heike Hallaschka, soprano; Johanna Ristori et Paër). Phare elle reste par Goethem, ou Anke Vondung et Daniel
Winkel, soprano; Marie Luise Werneburg, soprano;
la densité et la qualité des ensembles Johannsen dans Bach, Sybilla Rubens
Simona Houda-Saturová, soprano; Dorothee
Mields, soprano; Isabel Jantschek, soprano; qu’elle abrite : à l’œuvre ici le Kammer- et Georg Zeppenfeld dans Paër. Mais le
Œuvres de virtuosité chor, le Barokorchester, le Vocal et l’Ins- tout vaut encore plus que les parties :
Martina Lins-Reuber, soprano; Monika Frimmer,
pour violoncelle soprano; Sybilla Rubens, soprano; Vasiljka trumental Concert, la Staatskapelle et le précipitez-vous sur ce coffret de fêtes !
A. Franchomme : Variations sur deux Jezovsek, soprano; Maria Stosiek, mezzo-soprano; huit fois centenaire Kreuzchor (chœur (Olivier Eterradossi)

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Récitals
ou Berdiaev, défendent et véhiculent côté des musiciens moins familiers que
Sélection ClicMag ! certaines idées radicales sur l'art, la l’attention se porte. Redoutable lorsqu’il
morale et libèrent la pensée russe. Dans s’agit d’exhumer les trésors méconnus
le même temps, l'Église orthodoxe re- du passé, l’éditeur hollandais dépous-
lâche son emprise de fer sur la société sière les joyaux cachés du répertoire
et la musique profane est désormais
chambriste russe. De Nikolai Roslavets
tolérée. La culture musicale s'affranchit
(1881-1944), l’un des pionniers du
et les compositeurs s'inspirent alors
du folklore russe et des traditions clas- modernisme, compositeur injustement
Musique de chambre siques européennes pour leurs propres oublié victime de la censure du régime
créations. Ce beau coffret consacré à la stalinien, à Glazounov, Catoire ou
R. Glière : Octuor à cordes en ré majeur,
op. 5 / R. Hahn : Quintette pour piano en fa musique de chambre russe est un hom- Rubinstein, les découvertes sont nom-
dièse mineur / D. Chostakovitch : 2 Pièces Musique de chambre russe mage mérité, une véritable célébration breuses, et on se laisse séduire sans
pour octuor à cordes, op. 11 Œuvres choisies de Glinka, Tchaikov- des prouesses créatives de cet âge d’or mal par la beauté de leurs partitions.
Anna Reszniak, violon; Elisabeth Kufferath, violon; ski, Taneiev, Catoire, Rimski-Korsakov, qui s’étend sur un siècle. On y retrouve Un véritable objet de collection pour le
Byol Kang, violon; Yura Lee, violon; Gergana Ger- Arenski, Chostakovitch, Rubinstein, Boro- Mikhail Glinka (1804-1857), considéré
gova, violon; Florian Donderer, violon; Yura Lee,
connaisseur de musique romantique
din, Glazounov, Rachmaninov, Miakovski, comme le fondateur de l’école musi-
alto; Tatjana Masurenko, alto; Hanna Weinmeister, Prokofiev et Roslavets qui cherche à étoffer sa discographie
alto; Timothy Ridout, alto; Tanja Tetzlaff, violon-
cale russe moderne et dont l’influence comme pour l’amateur curieux de mu-
Agostinelli; Auer; Borbovsky; Boulton; Blok; Bor; s’exerce sur des générations succes-
celle; Gustav Rivinius, violoncelle; Alban Gerhardt, Castellitto… ; Moscow Trio; Bolshoi Theatre sique de chambre qui souhaite élargir
violoncelle; Artur Pizarro, piano sives de compositeurs, Piotr Ilyich
Soloists... ses horizons. Une musique intimiste et
AVI8553102 • 1 CD AVI Music Tchaikovski (1840-1893), le plus illustre
BRIL95953 • 25 CD Brilliant Classics de ses représentants, ainsi que les foisonnante, de la force émotionnelle

P arce que le ravissement du mélo-


mane ne peut se réduire à l’écoute
d’œuvres connues de musiciens cé-
L a Russie abrite certains des écri-
vains, philosophes et artistes les plus
figures musicales majeures de la nation
incarnées par Chostakovitch, Borodine,
d'une symphonie. Et toujours avec ce
petit supplément d’âme, cette "Âme
importants de l’histoire. Entre 1850 et Prokofiev ou Rachmaninov. Comme russe", cet indescriptible sentiment où
lèbres, celui de l’authentique interprète 1950, les Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov toujours avec Brilliant Classics, c’est du se mêlent mélancolie et passion.
inclut nécessairement la découverte
et la diffusion d’œuvres plus rares. La
tâche de l’organisateur de concerts ou bach (Eifel). Le programme franco- de jeunes interprètes généreusement les pièces de Shchdrine, Prokofiev et
de la maison de disques se situe alors russe est tout simplement irrésistible, engagés dans leur musique. La réponse Demenga offrent une virtuosité joyeuse
dans le nécessaire prolongement de alliant un octuor de Glière, aux accents passionnée du public montre à quel qui clôt un récital des plus plaisants.
cette mission. C’est exactement ce à lyriques dignes de Dvorak, et une com- point le courant passe. Le discophile (Marc Ossorguine)
quoi nous assistons avec cette parution position de Chostakovitch, à la tona- se voit alors ravi d’être associé à ce
qui se propose de recréer l’ambiance à lité plus dramatique mais non moins qui devient une véritable célébration.
proprement parler électrisante de deux chantante. Les deux pièces enserrent (Alain Monnier)
concerts donnés dans le cadre du bien un quintette avec piano de Reynaldo
nommé festival de musique de chambre Hahn, lui aussi débordant d’impétueuse
Spannungen (Tensions), créé par Lars sensibilité. L’interprétation est épous-
Vogt, organisé à la centrale de Heim- touflante de la vitalité que lui insufflent

possibilités aux compositeurs qui se


Sélection ClicMag ! plaisent à l'utiliser tant en qualité d'ins-
trument soliste qu'au sein de l'orchestre Leonard Bernstein
et qui l'apprécient pour ses qualités Young People's Concerts with the New
tonales pures, sans nuances ni harmo- York Philharmonic [The Road to Paris; The
niques. La sélection s'ouvre avec deux
The Russian Album Sound of a Hall; A Tribute to Teachers;
Œuvres pour violoncelle et piano. S. Rach- The Genius of Paul Hindemith; Farewell to
pièces importantes de François Coupe- nationalism; Charles Ives, American Pio-
maninov : Sonate pour violoncelle et piano,
rin (1668-1733) et sa parfaite synthèse op. 19 / D. Chostakovitch : Sonate pour vio- neer; Alummi Reunion; Forever Beethoven;
des styles français et italien de l'époque, loncelle et piano, op. 40 / R. Shchedrin : In Fantastic Variations; Bach Transmogrified;
puis évolue avec un bel équilibre entre the Style of Albéniz / S. Prokofiev : Marche, The Anatomy of a Symphony Orchestra; A
figures majeures du baroque français extrait de "The Love for Three Oranges" / T. Copland Celebration; Thus Spake Richard
Demenga : New York Honk Strauss; Liszt and the Devil; Holst : The
La flûte baroque française comme Hotteterre (lui-même issu d'une
Christoph Croisé, violoncelle; Alexander Panfilov, Planets; 3 episodes of Young Performers
famille réputée de facteur de flûtes), featuring among others Edo de Waart,
Œuvres de Couperin, Boismortier, Hot- piano
teterre, Anglebert, Philidor, Monteclair, Boismortier ou De Visée, et musiciens Horacio Gutierrez and Young Uck Kim]
plus confidentiels (Braun, Monteclair, AVIE2410 • 1 CD AVIE Records
Braun, Visée New York Philharmonic; Leonard Bernstein
Manuel Staropoli, flûte baroque, flûte à bec;
Guillermo Peñalver, flûte baroque; Antonio
Campillo, flûte baroque; Massimo Marchese,
Blavet...). La part belle est ainsi faite
à la découverte, et comme toujours U n séduisant programme, même si
la prise de son parfois un peu trop
"romantique", dessert par moments la
UE800608 • 7 DVD C Major
UE800704 • 4 BLU-RAY C Major
avec Brilliant, les choix artistiques sont
théorbe; Cristiano Contadin, viole de gambe; Maria
Alejandra Saturno, viole de gambe; Manuel Toma-
din, clavecin; Tony Millan, clavecin; Les Eléments;
forts et sans concessions. Le vif regain
d'intérêt pour la musique ancienne dans
musique. Si la sonate du jeune Rach-
maninov (28 ans en 1901) est connue L e Troisième Volume des Young
People’s Concerts regroupe
quelques-unes des plus fameuses cap-
les années 1970 suscite alors un nou- et reconnue, il nous semble qu'elle
Ensemble Hedos; Musica ad Rhenum; Jed Wentz, tations de ces légendaires matinées où
veau mouvement d'interprétation dit reste une œuvre de Rachmaninov un
traverso, flûte traversière, direction Carnegie Hall s’emplissaient de têtes
"historiquement informée". C'est vers peu mise de côté. Peut-être est-elle
BRIL95783 • 17 CD Brilliant Classics trop romantique pour notre temps ? blondes. La chronologie veut que le
ces contrées que s'aventurent avec
B rilliant Classics poursuit sa passion- Trop lyrique ? Les passions intime du coffret s’ouvre avec celle du 18 janvier
brio d'excellents interprètes qui tendent 1962 consacré à trois compositeurs ve-
nante exploration des instruments à créateur s'y expriment avec sincérité
vents et nous transporte dans la haute avec vigueur à se rapprocher le plus nus à Paris pour y parfaire leur art : Ger-
et il nous faut accepter d'entrer dans
société française des XVIIe et XVIIIe possible des intentions originelles des shwin (qui n’y aura rien appris, renvoyé
la confidence. Ce climat de confidence
siècles avec ce bel ensemble théma- compositeurs. Tous s'imposent sans n'est pas ce qui caractérise a priori l'art par Ravel, Nadia Boulanger et Stravinski
tique de 17 disques consacré à la flûte peine, le très convaincant Jed Wentz et de Chostakovitch. Sa sonate, composée qui le considéraient comme un com-
baroque. Cette dernière, connue aussi son ensemble Musica Ad Rhenum en au même âge que son aîné (28 ans en positeur en pleine possession de son
sous le nom de "Traverso", s'émancipe tête. Une musique imprégnée de toute 1934) nous touche pourtant par son art), Bloch et Falla : les dissertations sur
dès fin XVIIe siècle mais c'est vérita- la sophistication qu’induit l’époque lyrisme et son humour un brin grinçant "Schelomo" (avec Zara Nelsova) sont
blement dans les premières décennies et qui renferme de véritables trésors (il le sera bien plus les années venant). simplement géniales. Plus ardu pour
du XVIIIe qu'elle gagne en popularité pleins de charme, de grâce et de dou- Un Chostakovitch de chambre atta- des enfants ou des jeunes gens mais
et supplante la flûte à bec (ou "Flauto ceur mais aussi d’esprit, d’éclat et de chant et presque aussi séducteur que tout aussi éclairant, Bernstein consacre
dolce"). Sa gamme étendue de tons virtuosité qui caractérisent merveilleu- celui du 1er concerto pour piano de le 23 février 1964 tout un concert à Paul
et de dynamiques offre alors plus de sement l’esprit français. l'année précédente. En manière de bis Hindemith, qui venait de disparaitre,

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avec une interprétation commentée de semble qu’il va plus loin encore dans et d’ombre : écoutez comme tout cela pour la Danse Napolitaine de l’Acte III le
la "Symphonie Mathis der Maler" : son celles de Brahms. Des rubatos intenses, chante sans jamais aucune dureté. geste somptueux qu’y aura coulé Frede-
émotion est palpable tout comme celle des accents péremptoires, des cou- Secret de cette manière si singulière rick Ashton. Ivanov donna une couleur
du New York Philharmonic dont Hinde- leurs inédites fouettent les quatre opus, qui voit dans la Première Symphonie plus tragique à l’ensemble de l’œuvre,
mith avait fait son orchestre de cœur. relisant les Deuxième et Troisième, leur déjà la prémonition des ultimes, une surtout au IIe Acte, se démarquant par
Autre incursion au cœur de l’art d’un rendant leurs humeurs versatiles, leurs balance d’orchestre d’une subtilité l’intensité expressive de sa chorégra-
maitre de la musique du XXe Siècle, le changements de tempo abrupts, leurs assez inouïe où dans le jeu précis des phie des stylisations de la production
portrait en musique de Charles Ives, un éclairages fulgurants. Secret de lec- Dresdois chaque élément poétique de du Bolchoï : l’expérience réalisées sur
modèle de pédagogie tout comme celui tures si percutantes, un orchestre dont l’orchestre de Bruckner participe au dis- la relecture de La Belle au bois dor-
d’Aaron Copland à l’occasion de son 70e tous les pupitres attaquent (à l’exemple cours. Je n’ai jamais entendu à ce point mant aura pleinement profité à ce Lac
anniversaire. Deux sessions Richard de ceux du Gewandhaus pour Chailly ? la subtilité entre les jeux de solistes et aux eaux si sombres malgré la magnifi-
Strauss (Don Quichotte et Zarathous- Le geste de Järvi n’est jamais très loin les tuttis qui fait le ressort émotionnel cence des décors. L’apport d’Ivanov est
tra) prouvent la finesse et la culture de de celui de l’italien), et un chef qui ose de l’Allegro initial et crée des espaces majeur pour les scènes nocturnes au
ses analyses lorsqu’il s’agit de pénétrer phraser. La Première Symphonie est ra- sonores multiples dont les polyphonies bord du lac, il accentue la dichotomie
à l’intérieur d’une œuvre et d’y entrai- dicale, anguleuse, granitique, transper- semblent s’enchevêtrer à l’infini. C’est entre les actions brillantes des grands
ner son public. Les Young performers cée de crescendos terrifiants d’intensité, aussi, comme ce le sera pour la Deu- numéros diurnes et l’univers fantas-
conservent trois apparitions majeures unique, Järvi y rejoint le geste démiur- xième, la Symphonie des silences dont magorique, très romantisme noir, de
lors du concert dédié aux Tableaux d’une gique des grands anciens, Abendroth, Thielemann fait également une mu- la nuit, qui donne au chef d’œuvre de
exposition : Horacio Guttierez, James Furtwängler, Karajan, faisant mentir sique. Il sait qu’ils participent à l’audace Tchaïkovski ses deux visages. La cap-
de Priest et Edo de Waart et plus tard sa légende de froideur et de distance. de cette langue absolument neuve qui tation est splendide, Vadim Muntagirov
une autre : Lawrence Foster s’emparant Quant à la grande forme de la Qua- aura tant surpris ses contemporains. incarne toutes les facettes de Siegfried,
avec une verve insensée du Premier trième il en fait rayonner les couleurs Captation classique, qui donne à voir la perfection de sa technique passant
Concerto de Saint-Saëns. Dommage avec une puissance, une urgence qui autant l’orchestre, bien détaillé, que le inaperçue derrière la puissance expres-
qu’il n’y soit pas dirigé par Bernstein ! culminent dans une passacaille d’antho- chef mais on peut se passer de l’image sive de son incarnation, son art du geste
(Jean-Charles Hoffelé) logie. Passionnant, à entendre comme à pour mieux savourer la pertinence de dramatique qui vient percer l’armure
voir, le documentaire de Christian Ber- cette vision. Je suis bien curieux de ce d’une danse parfaite : il lui aurait de
ger vous fera entrer dans le laboratoire qu’il fera de la Deuxième Symphonie. toute façon été impossible de résister
de cette intégrale qui marquera l’his- (Jean-Charles Hoffelé) devant Marianela Nuñez, Odette/Odile
toire de l’interprétation de ces œuvres. comme venue d’un autre monde, vraie
(Jean-Charles Hoffelé) petite sœur de Giselle. Mentions spé-
ciales à Alexander Campbell pour son
Benno finement dansé, et à la direction
pleine de caractère de Koen Kessels.
(Jean-Charles Hoffelé)

George Benjamin (1960-)


Written on Skin, opéra en 3 actes; Lessons
in Love and Violence, opéra en 2 parties
Christopher Purves, baryton (Le Protecteur);
P.I. Tchaikovski (1840-1893)
Barbara Hannigan, soprano (Agnès); Bejun Metha, Le lac des Cygnes, ballet en 3 actes
contreténor (Le premier Ange, le garçon); Victoria Anton Bruckner (1824-1896) Marianela Nuñez (Odette, Odile); Vadim Munta-
Simmonds, mezzo-soprano (Le deuxième ange, A. Bruckner : Symphonie n° 1 girov (Prince Siegfried); Elizabeth McGorian (The
Marie); Allan Clayton, ténor (Le troisème ange, Staatskapelle Dresden; Christian Thielemann Queen); Bennet Gartside (Von Rothbart); Alexander
John); Orchestra of the Royal Opera House; George Campbell (Benno); Akane Takada (Prince Sieg-
Benjamin, direction; Katie Mithcell, mise en scène
CM744608 • 1 DVD C Major fried's Younger Sister); Francesca Hayward (Prince
(Written on Skin); Stéphane Degout, baryton (Le CM744704 • 1 BLU-RAY C Major Siegfried's Younger Sister); Orchestra of the Royal The Royal Ballet
Opera House; Koen Kessels, direction; John Mac-

P
Roi); Barbara Hannigan, soprano (Isabel); Gyula hilharmonie de Munich, 6 septembre C. Wheeldon : Within the Golden Hour,
Orendt, baryton (Graveston); Peter Hoare, ténor farlane, scénographie; Liam Scarlett, chorégraphie; ballet sur des musiques d'A. Vivaldi et d'E.
2017, Christian Thielemann et sa Freerick Ashton, chorégraphie
(Mortimer); Samuel Boden, ténor (Garçon, Jeune Bosso / S.L. Cherkaoui : Medusa, ballet sur
Roi); Ocean Barrington-Cook (Fille); Jennifer Staatskapelle de Dresde viennent sur des musiques d'H. Purcell et d'O. Wojcie-
OA1286D • 1 DVD Opus Arte
France, soprano (Témoin n° 1, chanteuse n° 1); les terres de Jochum et de Celibidache chowska / C. Pite : Flight Pattern, ballet sur
Krisztina Szabo, mezzo-soprano (Témoin n° 2, faire résonner leur Bruckner clair et OABD7256D • 1 BLU-RAY Opus Arte
des musiques d'H.M. Gorecki
chanteuse n° 2); Andri Björn Robertsson, basse-
baryton (Témoin n° 3, l'homme fou); Orchestra
of the royal Opera House; George Benjamin,
svelte. Une forme de provocation de la
part de Christian Thielemann, qui aura
fait à Munich et avec sa Philharmoni-
1 7 mai 2018, The Royal Ballet s’ap-
proprie Le Lac des Cygnes dans
une production unique : Liam Scarlett
Danseurs du The Royal Ballet; Orchestra of the
Royal Opera House; Jonathan Lo, direction;
Andrew Griffiths, direction; Christopher Wheeldon,
direction; Katie Mitchell, mise en scène (Lessons chorégraphie; Sidi Larbi Serkaoui, chorégraphie;
ker ses premiers Bruckner, mais à ma reprends avec bien des subtilités la cho-
in Love and Violence) Crystal Pite, chorégraphie
connaissance jamais cette Première régraphie de Marius Petipa telle que Lev
OA1309BD • 2 DVD Opus Arte Symphonie dont il décante ici les pay- Ivanov l’aura révisée pour le Ballet Im- OA1300D • 1 DVD Opus Arte
OABD7271BD • 2 BLU-RAY Opus Arte sages avec cette alliance de lumière périal de Saint Pétersbourg, y ajoutant OABD7265D • 1 BLU-RAY Opus Arte

Strehler, mise en scène comme à entendre. Mauro Peter est un


Sélection ClicMag ! CM752008 • 2 DVD C Major formidable Belmonte (n’est-ce-pas son
CM752104 • 1 BLU-RAY C Major emploi Mozart idéal ?), Tobias Kehrer
campe un Osmin de pure comédie (et
Q u’il est beau cet "Enlèvement au
Sérail" que Giorgio Strehler pensa
en 1965 pour le Festival de Salzbourg !
c’est tant mieux), Lenneke Ruiten ne fait
qu’une bouchée de "Marten alle Arten" et
quelle merveille de poésie piquante que
L’élégance des costumes de Luciano la Blonde de Sabine Devieilhe ! Sur tout
Damiani, la magie des éclairages de ce théâtre des sentiments très Marivaux
Johannes Brahms (1833-1897) Marco Flibeck dont les contre-jours Zubin Metha flute un orchestre léger – la
Symphonies n° 1 à 4, op. 68, 73, 90 et 98 multiplient les effets de lanterne ma- Scala connait son Mozart sur les doigts
The Deutsche Kammerphilharmonie Bremen; gique. C’était déjà Zubin Mehta qui depuis Muti ! – qui s’accorde pour la
Paavo Järvi, direction le dirigeait alors, logiquement il est à
Wolfgang A. Mozart (1756-1791) fantaisie comme pour la nostalgie avec
CM734908 • 3 DVD C Major la baguette lorsque La Scala reprend le grand horizon du fond de scène,
L'Enlèvement au sérail, K. 384
CM735004 • 1 BLU-RAY C Major le spectacle, Mattia Testi s’assurant mer où quelques voiles font espérer la
Cornelius Obonya (Selim); Lenneke Ruiten

A vec "sa" Deutsche Kammerphilhar- (Konstanze); Sabine Devieilhe (Blonde); Maura avec brio et finesse de garder l’esprit fuite, le retour, rappelant qu’ici, aussi
monie Bremen, Paavo Järvi avait Peter (Belmonte); Maximilian Schmitt (Pedrillo); de Strehler intact. Avouons-le, c’est ouvert que soit l’espace, règne l’amer
déjà proposé une relecture drastique Tobias Kehrer (Osmin); Chorus and Orchestra of probablement l’un des plus parfaits Pacha Selim de Cornelius Obonya.
des Symphonies de Beethoven, il me Teatro Alla Scala; Zubin Mehta, direction; Giorgio Enlèvement de la vidéographie, à voir (Jean-Charles Hoffelé)

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Sélection Brilliant Classics

G. Albini : Musica Sacra C.P.E. Bach : Sonates B. Bartók : Intégrale H. Berlioz : La Damnation de Faust, J. Brahms : Œuvres chorales F. Calace : Musique pour
15.19 Ensemble pour clavecin et violon de l'œuvre pour 2 pianos opéra en 4 parties choisies quatuor de mandolines
Il Giardino delle Muse Roberto Loreggian, clavecin M. Fossi, piano Ewing; Gulyas; Lloyd Chamber Choir of Europe Quatuor MOTUS
Federico Guglielmo, violon M. Gaggini, piano OS de la radio de Francfort; Eliahu Inbal Nicol Matt
BRIL95072 - 1 CD Brilliant BRIL94902 - 1 CD Brilliant BRIL94737 - 2 CD Brilliant BRIL94391 - 2 CD Brilliant BRIL94262 - 6 CD Brilliant BRIL95494 - 1 CD Brilliant

G.P. Colonna : Trumphate fideles, Mi. Corrette : Les délices Lauraio di Cortona n° 91 Hugo Distler : Histoire de Noël A. Dvorak : Intégrale des quatuors à G.F. Haendel : Le Messie, oratorio
intégrale des motets pour voix de la solitude, sonates op. 20 Musique vocale paraliturgique du Thomanerkor Leipzig cordes et autre œuvres de musique Dawson; Summers; Ainsley
seules et instruments Ensemble Opera Prima Moyen-Âge Hans-Joachim Rotzsch de chambre Chœur du King's College de Cambridge
Astrarium Consort; Carlo Centemeri C. Contadin, viole de gambe, direction Armoniosoincanto; Franco Radicchia Quatuor Stamitz Stephen Cleobury
BRIL94647 - 2 CD Brilliant BRIL95265 - 1 CD Brilliant BRIL94872 - 4 CD Brilliant BRIL94695 - 1 CD Brilliant BRIL99949 - 10 CD Brilliant BRIL94127 - 3 CD Brilliant

G. F. Haendel : Le Messie, oratorio S. Karg-Elert : Intégrale F. Kuhlau  : Sonates pour violon G. de Macque : L'école du clavier G. Mahler : Symphonie n° 10 G. Adolf Merkel  : Sonate pour orgue
(+DVD Bonus) de l'œuvre pour flûte n° 1-2, op. 79 à la Cour de Gesualdi Junge Deutsche Philharmonie n° 2 et 6; Préludes pour orgue
Chœur du King College Cambridge; Sara Ligas, flûte Giorgio Leonida Tosi, violon baroque; F.A. Falcone, clavecin, virginal Rudolf Barshai Carlo Guandalino, orgue
Stephen Cleobury Elisa Marroni, piano Paolo Porto et Ileana Frontini, piano
BRIL94247 - 3 CD/DVD Brilliant BRIL94976 - 2 CD Brilliant BRIL95220 - 1 CD Brilliant BRIL94998 - 1 CD Brilliant BRIL94040 - 1 CD Brilliant BRIL95287 - 1 CD Brilliant

Mozart : La Flûte enchantée Mozart : Requiem; Messes; Vêpres; Pergolesi : Stabat Mater N.A. Porpora : Chœurs de femme S. Prokofiev : Suites pour ballet M. Reger : Concertos, Suites, Varia-
opéra en 2 actes Œuvres chorales sacrées A. G. Jones; L. Zazzo dans la Venise baroque (Cendrillon, Roméo & Juliette et La tions, Mélodies sacrées et musique
Siebert; LeBlanc; Genz; La Petite Bande; Chamber Choir of Europe Cambridge Soloists Chœur Harmonia; Nicola Ardolino, légende de la fleur de pierre) de chambre
Sigiswald Kuijken Nicol Matt Timothy Brown direction; Michele Peguri, direction Novosibirsk SO; Arnold Katz H. Blomstedt; H. Bongartz; G. Herbig
BRIL94239 - 3 CD Brilliant BRIL94264 - 11 CD Brilliant BRIL93262 - 1 CD Brilliant BRIL95159 - 1 CD Brilliant BRIL9254 - 1 CD Brilliant BRIL94663 - 11 CD Brilliant

G. Ricordi : Carnaval Vénitien, N. Rimski-Korsakov : La fiancée du C. Saint-Saëns : Les 2 quatuors A. Schoenberg : Arrangements pour R. Schumann : Quatuors pour piano J. Sibelius : Intégrale des poèmes
musique pour piano à 4 mains Tsar, opéra en 4 actes pour piano piano à 4 mains et 2 pianos op. 47 et Ahn. E1 symphoniques
Gabriella Morelli et Giancarlo Simonacci, Orchestre National du Bolshoï Quatuor Avos Matteo Fossi Quatuor Klimt Mare Jogeva; OP de Moscou
piano Andrey Chistiakov Marco Gaggini Vassili Sinaisky
BRIL95158 - 1 CD Brilliant BRIL93969 - 2 CD Brilliant BRIL94652 - 1 CD Brilliant BRIL94957 - 1 CD Brilliant BRIL95012 - 1 CD Brilliant BRIL9212 - 3 CD Brilliant

P.I. Tchaikovski : Œuvres chorales Telemann : Ouvertures choisies F.Tunder  : L'œuvre pour orgue A. Vivaldi  : Six sonates Udo Zimmermann : Weisse Rose Musique Napolitaine pour orgue
profanes Collegium Instrumentale Brugense Emanuele Cardi, orgue pour violon et trios, op. 5 G. Szklarecka Emanuele Cardi, orgue
Académie de chant choral de Moscou Patrick Peire L'Arte dell'Arco F. Schiller
Victor Popov Federico Guglielmo, violon, direction U. Zimmermann
BRIL94210 - 1 CD Brilliant BRIL94411 - 8 CD Brilliant BRIL94901 - 2 CD Brilliant BRIL94785 - 1 CD Brilliant BRIL95125 - 1 CD Brilliant BRIL94622 - 1 CD Brilliant

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Haydn : Die Schöpfung (transcription pour quintette à... GRAM99199 13,92 € p. 9 r Bartók, Babin : Concertos pour 2 pianos et orchestre.... CPO555001 15,36 € p. 2 r
Haydn : Les symphonies londoniennes. Fischer. BRIL96049 11,76 € p. 9 r Johann Evangelist Brandl : Symphonies, op. 12 et 25. ... CPO555157 15,36 € p. 2 r
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Mahler : Symphonie n° 4. Fomina, Jurowski. LPO0113 10,32 € p. 10 r Johann Friedrich Fasch : Œuvres vocales sacrées. Wint... CPO555176 15,36 € p. 2 r
Mendelssohn : Concerto pour violon n° 1 - Double conc... BRIL95733 6,72 € p. 10 r Frescobaldi, Buxtehude : Œuvres pour orgue et claveci... CPO777930 10,32 € p. 2 r
Wartime Music, vol. 3. Nikolai Miaskovski : Symphoni... NFPMA9971 11,76 € p. 10 r Anne Hunter's Salon. Haydn : Mélodies anglaises et éc... CPO777824 10,32 € p. 2 r
Mozart : Concertos pour violon n° 1 et 5. Nikolic. TACET231S 18,60 € p. 11 r Heroldt, Clinio : Passions. Ensemble Triagonale, Paum... CPO555025 15,36 € p. 2 r
Flor Peeters : Musique pour orgue. Marini. BRIL95637 8,16 € p. 11 r Herzogenberg : Ein deutsches Liederspiel. Heidemann, ... CPO555102 10,32 € p. 2 r
Piazzolla, Brouwer : La Isla y el Mar, œuvres pour gu... STR37125 15,36 € p. 11 r Heinrich von Herzogenberg : Cantate "Columbus". Schue... CPO555178 26,88 € p. 2 r
Prokofiev : Sonates pour piano n° 6, 7, 8. Osborne. CDA68298 15,36 € p. 11 r Hessen-Kassel : Œuvres sacrées et profanes. Cordes. CPO777661 10,32 € p. 2 r
Schubert : Intégrale des symphonies. Blomstedt, Bosko... BRIL96044 11,76 € p. 11 r Hoffmeister : Sérénades pour vents. + Catalogue CPO 2... CPO777971 4,08 € p. 2 r
Schubert : Œuvres pour piano. Ugorskaja. AVI8553107 21,12 € p. 12 r Paul Juon : Œuvres symphoniques. Jenkins. CPO777908 15,36 € p. 2 r
Schubert : Notturno - Trio pour piano n° 2. Trio Haml... CCS41719 14,64 € p. 12 r Kabalevski : Intégrale des sonates pour piano. Korsti... CPO555163 10,32 € p. 2 r
Schubert : Winterreise. Sabata, Poyato. 0301309BC 15,36 € p. 12 r Korngold : Sérénade symphonique, op. 39 - Sextuor, op... CPO555138 15,36 € p. 2 r
Alessandro Scarlatti : Correa ne seno amato & autres ... ELECLA19074 13,92 € p. 12 r Johann Philipp Krieger : Musicalischer Seelen-Friede,... CPO555037 15,36 € p. 2 r
Schumann : La musique pour piano à 4 mains. Plano, De... BRIL95675 8,16 € p. 12 r Johann Kuhnau : Intégrale de l'œuvre sacrée, vol. 2. ... CPO555020 15,36 € p. 2 r
Stravinski : Œdipe roi, opéra. Norman, Moser, Ionita,... C071831 13,92 € p. 12 r Frank Martin : Une danse macabre à Bâle en 1943. Madg... CPO777997 15,36 € p. 2 r
Taneiev : Intégrale de la musique de chambre. Quatuor... NFPMA98010 42,24 € p. 12 r Mendelssohn : Les symphonies pour cordes, vol. 1. L'O... CPO777942 15,36 € p. 2 r
Boris Tchaikovski : Intégrale des quatuors à cordes. ... NFPMA9964/5 19,68 € p. 13 r Otto Nicolai : Die Heimkehr des Verbannten, opéra. Ba... CPO777654 26,88 € p. 2 r
Carlo Tessarini : Sonates pour violon et sonates en t... BRIL95861 8,16 € p. 13 r Orff : Gisei, opéra. McKinny, Helzel, Brück, Zhidkova... CPO777819 15,36 € p. 2 r
Graupner, Vivaldi : Concertos pour viole d'amour, gui... AP0373 12,48 € p. 13 r Hieronymus Praetorius : Missa in Festo Sanctissimae T... CPO777954 15,72 € p. 2 r

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Bon de commande n° 79 / Février 2020
Puccini : La Rondine, opéra. Mosuc, Novak, Kang, Zamb... CPO555075 26,88 € p. 2 r Friedrich Kuhlau : Sonates pour violon. Tosi, Frontin... BRIL95220 6,72 € p. 18 r
Intermezzi del Verismo. Puccini, Mascagni, Leoncavall... CPO777953 15,36 € p. 2 r Giovanni de Macque : L'école du clavier à la Cour de ... BRIL94998 6,72 € p. 18 r
Nino Rota : Œuvres choisies pour piano. Seibert. CPO555019 10,32 € p. 2 r Mahler : Symphonie n° 10. Barshai. BRIL94040 6,72 € p. 18 r
Johann Schelle : Cantates de Noël. Kölner Akademie, W... CPO555155 15,36 € p. 2 r Gustav Adolf Merkel : Musique pour orgue. Guandalino. BRIL95287 6,72 € p. 18 r
Telemann : Aller Augen Warten auf dich, Cantates. Goe... CPO555083 15,36 € p. 2 r Mozart : La flûte enchantée. Siebert, LeBlanc, Genz, ... BRIL94239 9,60 € p. 18 r
Telemann : Oratorios de Noël. Mauch, Pieper, Poplutz,... CPO555254 15,36 € p. 2 r Mozart : Œuvres chorales sacrées. Matt. BRIL94264 35,04 € p. 18 r
Telemann : Miriways. Volpert, Hofbauer, Gaigg. CPO777752 26,88 € p. 2 r Pergolesi : Stabat Mater - Salve Regina. Zazzo, Levy,... BRIL93262 6,72 € p. 18 r
Christopher Tye : In nomine, œuvres pour consort de f... CPO777897 10,32 € p. 2 r Porpora : Chœurs de femme dans la Venise baroque. Cre... BRIL95159 6,72 € p. 18 r
Johann Walter : Geystliche Gesangk Buchlein, Lieder l... CPO555134 15,36 € p. 2 r Serge Prokofiev : Suites de ballet. Katz. BRIL9254 6,72 € p. 18 r
Sélection Brilliant Classics Reger Collection. Blomstedt, Bongartz, Herbig, Konwit... BRIL94663 35,04 € p. 18 r
Giovanni Albini : Musica Sacra. Pustijanac. BRIL95072 6,72 € p. 18 r Giulio Ricordi : Carnaval Vénitien, musique pour pian... BRIL95158 6,72 € p. 18 r
C.P.E. Bach : Sonates pour clavecin et violon. Loregg... BRIL94902 6,72 € p. 18 r Rimski-Korsakov : La Fiancée du tsar, opéra. Kudriavc... BRIL93969 8,16 € p. 18 r
Bartók : Intégrale de l'œuvre pour 2 pianos. Fossi, G... BRIL94737 8,16 € p. 18 r Saint-Saëns : Les 2 quatuors pour piano. Quatuor Avos. BRIL94652 6,72 € p. 18 r
Berlioz : La Damnation de Faust, opéra. Ewing, Gulyas... BRIL94391 8,16 € p. 18 r Schoenberg : Arrangements pour piano à 4 mains et 2 p... BRIL94957 6,72 € p. 18 r
Brahms : Œuvres chorales. Matt. BRIL94262 19,68 € p. 18 r Schumann : Quatuors pour piano. Quatuor Klimt. BRIL95012 6,72 € p. 18 r
Raffaele Calace : Musique pour quatuor de mandolines.... BRIL95494 6,72 € p. 18 r Sibelius : Intégrale des poèmes symphoniques. Sinaisky. BRIL9212 9,60 € p. 18 r
Giovanni Paolo Colonna : Trumphate fideles, intégrale... BRIL94647 8,16 € p. 18 r Tchaikovski : Musique chorale profane. Popov. BRIL94210 6,72 € p. 18 r
Michel Corrette : Les délices de la solitude, sonates... BRIL95265 6,72 € p. 18 r Telemann : Ouvertures pour orchestre. Collegium Instr... BRIL94411 25,44 € p. 18 r
Laudario di Cortona n° 91 : Musique vocale paraliturg... BRIL94872 13,20 € p. 18 r Franz Tunder : L'œuvre pour orgue. Cardi. BRIL94901 8,16 € p. 18 r
Hugo Distler : Die Weihnachtsgeschichte, op. 10. Rotz... BRIL94695 6,72 € p. 18 r Vivaldi : Six sonates pour violon et trios, op. 5. L'... BRIL94785 6,72 € p. 18 r
Dvorák : Intégrale des quatuors à cordes. Quatuor Sta... BRIL99949 32,16 € p. 18 r Udo Zimmermann : Weisse Rose, opéra. Szklarecka, Schi... BRIL95125 6,72 € p. 18 r
Haendel : Le Messie. Dawson, Summers, Ainsley, Miles,... BRIL94127 8,16 € p. 18 r Musique napolitaine pour orgue. Cardi. BRIL94622 6,72 € p. 18 r
Haendel : Le Messie. Cloebury. BRIL94247 9,60 € p. 18 r
Sigfrid Karg-Elert : Intégrale de l'œuvre pour flûte.... BRIL94976 8,16 € p. 18 r
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