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Clic Musique 

! ClicMag n° 56
Votre disquaire classique, jazz, world Janvier 2018

VLADIMIR JUROWSKI
Dix ans déjà à la tête du LPO !

© Sheila Rock

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !


Sélection musique contemporaine

Les Espaces Électroacoustiques J. Cage : Six mélodies et treize Moritz Eggert : Quintette «Amadé, Marino Formenti : Night studies Hèctor Parra : Early Life; Stress Wolfgang Rihm : Cantus Firmus;
: Chefs-d’œuvre de la musique harmonies Amadé» / W.A. Mozart : Quintette Marino Formenti, piano Tensor; Caressant l’Horizon Ricercare; Chiffre II; Séraphin-
électroacoustique. Boulez, Ligeti, A. Gahl, violon; K. Lang, Fender Rhodes piano et vents Ensemble recherche; Ensemble Contre- Sphäre + Webern, Stockhausen
Varèse, Maderna, Berio… Quintetto Amadeo champs; Ensemble intercontemporain Klangforum Wien; Emilio Pomarico
WWE40002 2 SACD Col Legno WWE20292 - 1 CD Col Legno WWE20284 - 1 CD Col Legno WWE20299 - 1 CD Col Legno WWE40402 - 1 CD Col Legno WWE20297 - 1 CD Col Legno

Hans Werner Henze : Musique de Lei Liang : Portrait du compositeur Alvin Lucier : Two Circles Lewis Nielson : Le Journal du Corps; Roger Reynolds : Les œuvres avec Iannis Xenakis : Musique élec-
chambre Ohnishi; Lin; Robinson; Karis; Quatuor Alvin Lucier Tocsin; Axis (Sandman) piano tonique, vol. 2; Hibiki Hana Ma;
Ensemble Dissonanzen Arditti; The Callithumpian Consort; Ensemble Alter Ego The JACK Quartet; red fish blue fish; Takahashi; Huebner; Nonken; François; Polytope de Cluny
Claudio Lugo Stephen Drury Steven Schick, percussion, direction Stevens; The Slee Sinfonietta Iannis Xenakis, électronique
MODE202 - 1 CD Mode MODE210 - 1 CD Mode MODE295 - 1 CD Mode MODE283 - 1 CD Mode MODE212/13 - 2 CD Mode MODE203 - 1 CD Mode

Federico Albanese : The blue hour Sven Helbig : I Eat the Sun and Christian Jost : Berlinsymphony; Nigel Kennedy : Dedications; Three Johannes Motschmann : Electric Arash Safaian : Concertos n° 1-4
Federico Albanese; Arthur Hornig; Carlota Drink the Rain Lover-Skysong Sisters Fields S. Knauer, piano; P. Schumacher, vibra-
Ibanez de Aldecoa Silvestre Vocalconsort Berlin; Kristjan Järvi Orchestre du Konzerthaus Berlin; Ivan Nigel Kennedy, violon; The Oxford J. Motschmann, pianos, synthétiseurs; B. phone; Willi Zimmermann, direction
Fischer; Deutsches Kammerorchester Philharmonic Orchestra Bolles, synthétiseurs, violon; D. Panzl
0300685NM - 1 CD Neue Mst. 0300780NM - 1 CD Neue Mst. 0300707NM - 1 CD Neue Mst. 0300878NM - 1 CD Neue Mst. 0300700NM - 1 CD Neue Mst. 0300825NM - 1 CD Neue Mst.

Johanna Magdalena Beyer : Suite P. Garland : «The Birthday Party»; L. «Moondog» Hardin : Round the Wayne Horvitz : Joe Hill, seize J. King : Free Palestine Wayne Vitale /Brian Baumbusch :
pour clarinette n° 1; Quatuors à «Blessingway»; «Amulet» World of Sound actions pour orch., voix et soliste John King, oud Ellipses
cordes n° 1-2 Aki Takahashi, piano Ensemble Muzzix; Ensemble Dedalus; Danny Barnes; Robin Holcomb; Rinde The Secret Quartet The Lightbulb Ensemble; Santa Cruz
Astra Chamber Music Society Didier Aschour; Christian Pruvost Eckert; Bill Frisell; Northwest Sinfonia Contemporary Gamelan; Brian Baumbusch
NW80678 - 2 CD New World NW80788 - 1 CD New World NW80774 - 1 CD New World NW80672 - 1 CD New World NW80786 - 1 CD New World NW80785 - 1 CD New World

Diego Conti : Quatuors à cordes Marco Podda : Chanson d’amour G. Scelsi : Quatre illustrations pour Ionisation : Musique contemporaine Giacinto Scelsi : Trilogie «The three Jeroen van Veen : 24 minimal
n° 1-6 perdue; Invenzioni; Promenade I-IV piano seul; Suite n° 9 «Ttai», pour pour percussion de Varèse, Reich, stages of man»; «Voyages» préludes
Officina Musicale Laura Antonaz; Giorgio Di Giorgi; Jacopo piano seul Chavez, Cowell, Harrison et Cage Marco Simonacci, violoncelle Jeroen van Veen, piano
Francini; Lara Macri Rossella Spinosa Ensemble Tetraktis
TC950390 - 2 CD Tactus TC961601 - 1 CD Tactus TC901901 - 1 CD Tactus BRIL95134 - 1 CD Brilliant BRIL95355 - 1 CD Brilliant BRIL95383 - 2 CD Brilliant

J. Cage : Two3, pour sheng et 5 J. Cage : Chess Pieces; Four Dances Wilhelm Killmayer : Summer’s End Liza Lim : Tongue of the invisible Angels : Compositions pour Hans Zender : Dialog mit Haydn;
conques / T. Johnson : Rational Melodies; Markus Schäfer, ténor Uri Caine; Omar Ebrahim; trompette de Lim, ayres, Haas, Issei no Kyo; Nanzen no Kyo
S. Hussong, accordéon, conque; W. Wei, Counting Duets Siegfried Mauser, piano Ensemble musikFabrik Saunders… OS de la radio de Cologne; Johannes
sheng, conque Trio Omphalos André de Ridder Marco Blaauw, trompette, cornet à pistons Kaliztke; Hans Zender
WER6758 - 2 CD Wergo WER7370 - 1 CD Wergo WER7351 - 1 CD Wergo WER6859 - 1 CD Wergo WER6781 - 1 CD Wergo WER7339 - 1 CD Wergo

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Vladimir Jurowski
pense les œuvres alors que tant d’autres fascinant, le Chant de la Nuit de Szyma- violence et le grand geste impérieux
les jouent simplement, qu’il entre dans nowski où Jeremy Ovenden cuivre son d’Evgueni Mravinsky. En ce début du
les différentes strates des partions pour admirable ténor prend une puissance nouveau siècle, Vladimir Jurowski
en trouver l’esprit, puis qu’il incarne singulière, quelque chose d’absolument et son Orchestre Philharmonique de
cet esprit dans les moindres détails de nocturne et stellaire que seul y mit ja- Londres font écho à la splendeur altière
l’écriture, faisant tout sonner avec un dis Antal Dorati (écoutez seulement le qu’y déployait jadis Mariss Jansons,
sens du relief si personnel, si percutant, concertato des bois et du violon après partout rayonne l’exactitude du style,
que vous pourrez avoir le sentiment de le climax, qui se souvient du Chant de coda époustouflante de cette manière
redécouvrir Daphnis et Chloé, La Péri, la Terre de Gustav Mahler), le très rare
unique qu’ont eu d’interpréter les Sym-
la Symphonie Faust de Liszt, où on ne Evangile éternel de Leos Janacek, ou
phonies de Tchaïkovski en URSS en
l’attendait pas forcément. Evidemment, les Trois chants Russes de Rachmani-
se souvenant de la grande tradition de
avec le génie versatile des londoniens nov (avec sa désarmante mezzo solo à
direction impériale russe. La puissance

En couverture
et leur inclination naturelle au répertoire la toute fin), tous témoignent du génie
français, Ravel et Dukas sont une fête de ce jeune homme qui aura trouvé sa raisonnée d’un discours tenu, intense,
Vladimir Jurowski assez entêtante, La Péri un vrai ballet, seconde patrie musicale sur les rives qui refuse le pathos et corsette la langue
Coffret 10ème anniversaire. Œuvres de J. Daphnis et Chloé une pantomime très de la Tamise. L’objet est magnifique, du compositeur du Lac des cygnes dans
Brahms, A. Dargomïzhsky, E. Denisov, P. stylisée, admirablement menée, l’un des la somme considérable, espérons que un classicisme altier ordonne jusqu’aux
Dukas, G. Enescu…
plus beau à vrais dire de la discographie vous le trouverez au pied du sapin. fééries des « Rêves d’hiver » et « dérus-
London Philharmonic Orchestra; Vladimir Jurowski
moderne (et qui peut se comparer sans (Jean-Charles Hoffelé) sise » les 2 et 3. Pour le triptyque final
LPO1010 • 7 CD LPO crainte à ceux de Monteux, Cluytens, c’est l’ombre de Mravinsky qui transpa-

L es anniversaires ont du bon, surtout


lorsqu’ils sont l’occasion d’un aussi
beau coffret, cadeau pour les noces
Munch, Rosenthal, Ingelbrecht, Anser-
met, Kondrachine ou Dutoit). Tout
ce qui ici ressort du répertoire russe
rait, mais sans les excès d’une lecture
absolutiste : Jurowski laisse de l’espace
à ses musiciens, les invite à une cer-
d’étain de Vladimir Jurowski et de son montre une sève boisée, des couleurs taine liberté dont les bois et les vents
Orchestre Philharmonique de Londres. éclatantes, que ce soit dans le disque font leur miel. Au delà des symphonies,
L’éditeur de la phalange symphonique de pièces brèves plein de caractère ou le coffret renferme une version épique
britannique avait déjà régulièrement dans l’aventureuse anthologie d’œuvres
de Manfred, la plus accomplie dans une
publié des échos de leurs concerts, modernes (Silvestrov, Denisov, Kan-
veine expressionniste que j’ai entendue
mais je ne m’attendais pas à la parution cheli). Coté romantique, Ein deutsche
depuis celle de Riccardo Muti. Intégrale
d’une somme aussi conséquente, qui Requiem dirigé comme une oraison Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
rend compte de l’ampleur du répertoire sera pour beaucoup une sacré surprise révélatrice de comment la jeune géné-
Intégrale des symphonies ration des chefs russes envisage son
abordé aussi bien que des canons d’un ; mais ce sont les opus classiques du
London Philharmonic Orchestra; Vladimir Jurowski Tchaikovski : on la mettrait en regard
art qui aura porté Vladimir Jurowski au XXe Siècle qui s’imposent ici, clas-
pinacle des chefs d’orchestre de sa gé- siques mais peu courus : la Troisième LPO0101 • 7 CD LPO avec celle, tout aussi remarquable, de

A
nération. Secret de cet art, les phrasés, Symphonie de George Enesco sonne u cours des années 1980, un jeune Vassily Petrenko à Liverpool (Onyx),
sculptés, variés, menant tout au long avec une ampleur, une éloquence, une chef letton faisait sensation en gra- sans pour autant que ce dernier dispose
des œuvres un discours d’une densité présence de rythmes, de sons, de cou- vant à Oslo une intégrale des Sympho- d’un orchestre aussi parfait que celui de
certaine. J’ai toujours le sentiment qu’il leurs qui rendent justice à son univers nies de Tchaikovski où renaissaient la Jurowski. (Jean-Charles Hoffelé)

Vladimir Jurowski chez LPO


Julian Anderson : Poème «In liebli- L. van Beethoven : Symphonie n° 3; J. Brahms : Symphonies n° 1 et 2 Johannes Brahms : Symphonies D. Chostakovitch : Concertos pour D. Chostakovitch : Symphonies n°
cher Bläue»; Alleluia; The Stations Ouverture «Fidelio» LPO n° 3 et 4 piano n° 1 et 2; Quintette pour piano 6 et 14
of the Sun LPO Vladimir Jurowski LPO et cordes Monogarova; Leiferkus
Carolin Widmann; LPO; Vladimir Jurowski Vladimir Jurowski Vladimir Jurowski Martin Helmchen; LPO; Vladimir Jurowski LPO; Vladimir Jurowski
LPO0089 - 1 CD LPO LPO0096 - 1 CD LPO LPO0043 - 2 CD LPO LPO0075 - 1 CD LPO LPO0053 - 1 CD LPO LPO0080 - 1 CD LPO

J. Haydn : Les 7 dernières paroles Gustav Holst : Les Planètes, op. 32 Arthur Honegger : Pastorale d’ete; J.S. Bach : Cantate, BWV 63 / F. G. Mahler : Symphonie n° 2 G. Mahler : Symphonie n° 1
du Christ en Croix LPO Symphonie n° 4; Cantate de Noël Mendelssohn : Vom Himmel Hoch / Adriana Kucerova; LPO
Milne; Donose; Maltman Vladimir Jurowski Christopher Maltman R. V. Williams : The First Nowel LPO Vladimir Jurowski
LPO; Vladimir Jurowski LPO; Vladimir Jurowski Maltman; Milne;LPO; Vladimir Jurowski Vladimir Jurowski
LPO0051 - 1 CD LPO LPO0047 - 1 CD LPO LPO0058 - 1 CD LPO LPO0050 - 1 CD LPO LPO0054 - 2 CD LPO LPO0070 - 1 CD LPO

S. Rachmaninov : Poème sympho- S. Rachmaninov : Symphonie n° 3; I. Stravinski : Pétrouchka; Sym- P.I. Tchaikovski : Symphonies n° Mark-Anthony Turnage : Concerto Ralph Vaughan Williams : Sympho-
nique ‘L’Île des morts’; Danses Dix mélodies phonie d’instruments à vent; Ballet 4 et 5 pour alto; Concerto violon; Texan nies n° 4 et 8
symphoniques, op. 45 Vsevolod Grivnov; «Orpheus» LPO Tenebrae; Lullaby for Hans LPO; Ryan Wigglesworth
LPO; Vladimir Jurowski LPO; Vladimir Jurowski LPO; Vladimir Jurowski Vladimir Jurowski LPO; Marin Alsop; Vladimir Jurowski Vladimir Jurowski
LPO0004 - 1 CD LPO LPO0088 - 1 CD LPO LPO0091 - 1 CD LPO LPO0064 - 2 CD LPO LPO0066 - 1 CD LPO LPO0082 - 1 CD LPO

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sition. Par ailleurs, ses origines juive ne A l’écoute de ces œuvres, on découvre et exaltation géniale des potentialités
Sélection ClicMag ! l’aidèrent guère à s’intégrer à la société en Alkan un musicien visionnaire dans d’une forme précise - puisse être inter-
bourgeoise parisienne largement anti- l’esprit d’un Scriabine ou d’un Sorabji, prété sur des instruments divers, voire
sémite. Le majorité de ses œuvres sont un explorateur du clavier «  tempéré  ». fort différents, peut-on pour autant
dédiées au piano mais on découvre Son style combine expérimentations, systématiser, et considérer que cette
dans ce coffret du label Brillant Classics audaces harmoniques et rythmiques pratique a une valeur en elle-même  ?
(incomplet, manque certains opus et avec souvent en arrière-plan un fond Disons-le d’emblée, ces Variations
les transcriptions) des pièces d’orgue narratif. Comme chez Liszt, la plupart Goldberg pour quintette de flûtes ne
(assez peu caractéristiques) et quelques ses œuvres pour piano convoque à la nous paraissent guère être qu’un diver-
œuvres de musique de chambre où Al- fois l’intuition et l’habileté digitale de tissement musical ou une gageure.
kan fait dialoguer le piano avec le violon l’interprète. Pianiste maniaque, désireux L’idée est d’ailleurs née dans un fes-
(Grand duo concertant) avec le violon- d’infléchir la musique et l’instrument à tival de musique néerlandais, dans
Charles-Valentin Alkan (1813-1888) celle (Sonate de concert). Opposition sa volonté, Alkan multiplie à l’envie les lequel tous les interprètes (pas que
Alkan Edition entre un lyrisme sobre (Sonate) et des chausse-trappes et les difficultés tech- des flûtistes) étaient invités à mettre à
Vincenzo Maltempo, piano; Mark Viner, piano; climats plus ténébreux (Enfer du Duo). niques. L’interprète doit aussi posséder leur programme quelques-unes de ces
Laurent Martin, piano; Alan Weiss, piano; Alessan-
Tout en effervescence instrumentale, une solide maîtrise du rythme (précis Variations, pour fournir à ce festival un
dro Deljavan, piano; Costantino Mastroprimiano, «  leitmotiv  »  ! Les acrobaties rendues
piano; Stanley Hoogland, piano; Giovanni Bellucci, le Trio op. 30 frétille et pétille comme ou fluctuant selon les partitions) et un
du champagne. Le piano quant à lui sens aigu de la forme pour faire surgir la nécessaires ici (notamment les relais à
piano; Kevin Bowyer, orgue; Trio Alkan; Orchestre
de Padoue et de Vénétie; Roberto Forés Veses, occupe 10 CD sur 13. L’amateur pourra mélodie dans un écheveau de notes qui l’intérieur d’une même variation entre
direction ainsi faire son marché, picorant ça et peut parfois friser l’inextricable. Cinq deux flûtistes, pour pallier l’insuffisance
là dans les pièces de haute virtuosité pianistes se partagent ce corpus ardu de l’ambitus d’un instrument), les mul-
BRIL95568 • 13 CD Brilliant Classics
tiples changements de flûtes lors de la
(Les recueils de préludes et d’études voire ésotérique. Citons trois d’entre
E nfant prodige, étudiant surdoué
au Conservatoire (il accumule les
prix de piano, orgue et harmonie),
sur les tons majeurs et mineurs op. 31,
35 et 39) la fresque « orchestrale » (la
eux qui s’efforcent d’allier intelligence
du texte et technique digitale : Laurent
réalisation de la «  performance  » sont
peut-être des limites rédhibitoires.
L’analyse de l’œuvre, profuse, ne sert
et pianiste virtuose, Charles Valen- fameuse sonate «  Les quatre âges  »), Martin (subtil équilibre entre un jeu
qu’à justifier la transcription, et joue
tin Morhange dit Alkan (1813-1888) la symphonie pour piano op. 39, un brillant et un toucher délicat), Vincenzo
sur certains mots : ainsi la notion d’imi-
s’inscrit dans la lignée des pianistes recueil d’Esquisses op. 63 (des pièces Maltempo (méritant dans la sonate et
tation, utilisée de façon ambiguë et
romantiques de l’époque  : Chopin ou brèves et «  pittoresques  ») les fantai- l’op. 39 - sans égaler Marc André Hame-
approximative. Aussi talentueuses que
Liszt, deux musiciens qu’il croisa régu- sies, nocturnes, menuets, sonatine... lin chez Hypérion) et Giovanni Belluci,
soient ici les interprètes - qui se font
lièrement durant sa carrière de pianiste. etc. Quatre cycles de variations (l’op. 1 impérial dans les trois beaux concertos plaisir, n’en doutons pas - l’œuvre a
Mais contrairement à ces derniers qui d’après Steibelt autre pianiste virtuose da camera composés dans un parfait tendance à n’être qu’une élégante cas-
fréquentaient assidûment les salons et et compositeur et sur des airs italiens) style romantique virtuose (cf la série sation. (Bertrand Abraham)
les salles de concert, Alkan, caractère et les nombreux morceaux de caractères chez Hypérion). Coffret à thésauriser
austère et introverti, peu enclin à la aux titres parfois surprenants («  Les de toute façon pour la somme pianis-
mondanité et aux tournées, se consacra mois  », op.74, «  Une fusée  », op. 55, tique et surtout les œuvres inédites.
bien vite à la pédagogie et à la compo- «  Salut cendres du pauvre  », op. 45). (Jérôme Angouillant)

de bravoure. La partie centrale du pre- mérique laisse la résonnance effectuer


mier avec ses balancements de quintes d’elle-même la transition entre chaque
révèle un compositeur audacieux trou- variation, chacune formant le détail d’un
vant au piano des sonorités que d’autre vaste tableau qui se compose à mesure,
exploiteront un demi-siècle plus tard. merveille d’intelligence portée par
Des trois brefs cycles de variations qui une technique éblouissante et qui sait Johann Sebastian Bach (1685-1750)
complètent l’œuvre on retiendra surtout pourtant se faire oublier. Du coup ces Concertos pour clavier n° 1-3, BWV1052-54
le dernier qui s’appuie sur la Tarentelle Goldberg rayonnent avec une insolente Schaghajegh Nosrati, piano; Deutsches Kammeror-
que Liszt exploitera dans les Années de splendeur, pleines de fantaisie, très for- chester
Charles-Valentin Alkan (1813-1888) Pèlerinage. Ce disque nous montre un mées et pourtant souvent délicates, très GEN17482 • 1 CD Genuin
compositeur en train d’expérimenter réalisées mais aussi extrêmement sug-
A
Concerto da camera en la mineur, op. 10 n° près son tout premier disque sur
1-3; 6 Pièces pour piano, op. 16 et de se forger un style avant de pro- gestives, et je n’en fini pas d’en détailler
l’art de la fugue de Bach (GEN
Giovanni Bellucci, piano; Orchestre de Padoue et duire ses grandes pages de maturité les beautés, d’y musarder, trop heureux
15374), bien accueilli par les critiques
de Vénétie; Roberto Fores-Veses, direction (Sonate, Etudes dans les tons mineurs). de découvrir un pianiste dont je ne sa-
internationales, la jeune pianiste alle-
PCL10135 • 1 CD Piano Classics (Thomas Herreng) vais rien. Serait-ce son premier disque ?
mande de 28 ans, Shaghajegh Nosrati,
(Jean-Charles Hoffelé)
C ompositeur prolifique et pianiste
virtuose, ami de Chopin, rival de
Liszt et professeur recherché, Alkan
prolonge son travail sur Bach dans ce
second opus avec trois concertos pour
piano BWV 1052, 1053 et 1054. Une
laisse une œuvre que les pianistes n’en heureuse et salutaire initiative car cet
finissent pas de redécouvrir. Comme enregistrement s’avère agréablement
Chopin, sa production est très large- novateur. En premier lieu, soulignons
ment dominée par le piano seul (et les arrangements effectués par le com-
comporte une magnifique Sonate pour positeur et pianiste allemand Frank
violoncelle). Les concertos de chambre Zabel pour les concertos 1052 et 1053
sont des pages de jeunesse (le dernier d’après les cantates BWV 49 et 169, où
est inachevé) dont l’orchestre est sou- Johann Sebastian Bach (1685-1750) le hautbois d’amour et le cor anglais
vent réduit à un rôle secondaire (sur- Variations Goldberg, BWV 988 Johann Sebastian Bach (1685-1750) rejoignent avantageusement les cordes,
tout le deuxième). Ils rappellent tantôt Kemal Cem Yilmaz, piano Variations Goldberg, BWV 988 amenant profondeur et vivacité au dis-
Weber (le Konzertstück), tantôt Men- cours musical. Ensuite, l’interprétation
AUD20035 • 1 CD Audite (arr. pour quintette de flûtes à bec)
delssohn. Il a fallu attendre 1993 pour très présente, précise et déliée de la
Quintette Seldom Sene
que son premier concerto soit enregis-
tré, par Marc-André Hamelin. Bellucci a K emal Cem Yilmaz chante le thème
avec un timbre d’alto, parait un autre BRIL95591 • 1 CD Brilliant Classics
pianiste allemande qui assoit sûrement
sa réputation d’interprète privilégiée de
les moyens techniques que la partition
requiert. Sa lecture est toujours bril-
lante, là où Hamelin -avec un meilleur
monde : la nuit vous enveloppe, le très
beau Steinway de concert (je suppose)
résonne dans l’acoustique si ample, si
L es compositeurs baroques, on le
sait, transcrivaient volontiers leurs
œuvres pour d’autres instruments que
Bach, inspirée à l’évidence par son tra-
vail avec les immenses Angela Hewitt et
Murray Perahia, et l’influence constante
orchestre- cherchait davantage à creu- précise de la Jesus-Christus Kirche, ceux auxquels elles étaient initialement et précieuse d’Andras Shiff. Shaghajegh
ser la musique. Mais Alkan est plus per- ouvrant sur des paysages variés qui destinées. Ou ne précisaient pas pour Nosrati, au jeu velouté, richement sou-
sonnel dans sa musique pour piano. Le se distillent au travers de polyphonies quels instruments elles étaient conçues. tenue par un orchestre tout en complici-
cycle opus 16 enregistré ici pour la pre- savamment mises en perspective. Une Notamment Bach. Si l’on conçoit fort té et équilibre, délivre une version épu-
mière fois débute par trois Scherzi plein respiration qui n’est pas un silence nu- bien que l’Art de la Fugue, - illustration rée et lumineuse de ces concertos à la

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joie communicative, mariant jeunesse,
maîtrise et maturité, une combinaison
idéale qui sied parfaitement à Bach.
I l existe de nombreuses façons d’abor-
der Bach au piano : certains par un jeu
sec et sans pédale essaient de retrou-
d’une pensée musicale intime et pro-
fondément poétique : les mystères des
brumes et des légendes hanséatiques
Des concertos intelligemment revisités ver la sonorité du clavecin, d’autres trouvent écho dans le choral de l’Alle-
et une pianiste habitée et talentueuse. entendent tirer parti des possibilités de gro initial, la passion amoureuse dans
(Philippe Zanoly) l’instrument moderne. A la fois pianiste l’Andante, long nocturne rêveur tra-
et claveciniste, Yuan Sheng propose versé par l’effusion d’une merveilleuse
une lecture à mi-chemin entre les deux. cantilène, les doutes et les déceptions
S’il joue sans pédale et avec peu de le- dans la valse sombre et fantastique du
gato (son phrasé semble par moments Johannes Brahms (1833-1897) Scherzo, les teintes angoissantes et tra-
s’inspirer des Sonates et Partitas pour Intégrale des lieder giques de l’Intermezzo, et enfin l’espoir
violon), il utilise en revanche toutes Juliane Banse, soprano; Iris Vermillion, mezzo- et la force de la jeunesse dans l’élan
les possibilités de nuances des pianos soprano; Andreas Schmidt, baryton; Helmut héroïque du Finale qui tend vers la lu-
d’aujourd’hui. Le Prélude de la Partita Deutsch, piano mière. F.A.E. est également le titre d’une
n°1 se pare de mille couleurs impos- CPO555177 • 11 CD CPO Sonate pour piano et violon offerte à
sibles à produire au clavecin, comme Joachim en 1853 par Albert Dietrich,
Johann Sebastian Bach (1685-1750) si le piano avait plusieurs claviers. Schumann et Brahms qui en composent
Dans l’ouverture solennelle de la Partita chacun une ou deux parties  : chargé
Partita pour violon seul n° 1, BWV 1002;
n°2 en revanche, il refuse d’utiliser la du Scherzo, Brahms livre une courte
Sonate pour violon seul n° 3, BWV 1005
/ E. Ysaÿe : Sonates pour violon seul n° puissance de son instrument  : il évite pièce fougueuse, à la fois nerveuse et
4 et 6 tout emphase en jouant les accords tendre, superposition audacieuse de
Antje Weithaas, violon sèchement comme pour se rapprocher rythmes dont l’énergie presque sauvage
du clavecin. Chacun se fera un idée ne faiblit jamais. Initialement quintette
AVI8553381 • 1 CD AVI Music
de ce qui lui plaît le mieux dans cette à cordes avec 2 violoncelles (comme

C e bon vieux Bach, peuf peuf, j’en fais


autant. S’est dit en gros Ysaÿe (gon-
flé tout de même un peu des chevilles,
approche radicale et parfaitement assu-
mée. La dernière Partita me semble par-
Johannes Brahms (1833-1897)
celui de Schubert, évident modèle),
puis sonate pour 2 pianos, c’est sur
ticulièrement réussie, les courts motifs les recommandations de Joachim (et
y compris de violon) en écoutant Szigeti rythmiques (notamment les syncopes Sonate piano n° 3; Scherzo de la sonate de Clara Schumann) que le Quintette
dans sonates et partitas. Dédiant ses F-A-E; Quintette piano, op. 34
de la Courante) conviennent bien à son pour piano et cordes (1861-64) trouve
propres sonates aux vedettes de son Matthias Kirschnereit, piano; Lena Neudauer,
jeu, et le tempo assez allant de la Sara- sa forme définitive, réussissant une
temps, ordonnant leur tonalité selon les violon; Quatuor Amaryllis
bande rappelle justement ses origines synthèse idéale de ses versions anté-
cordes à vide de l’instrument (Jean-Sé- dansées. (Thomas Herreng) 0300929BC • 2 CD Berlin Classics rieures. Imposante par sa longueur et

F
bastien, c’était par quinte), multipliant à rei, Aber Einsam («  Libre, mais sa solidité architecturale, ambitieuse par
la moderne tons entiers, dissonances seul  »)  : réunies sous la devise la noblesse de ses thèmes et la variété
et autres quarts de ton. La quatrième, du violoniste Joseph Joachim, voici de ses atmosphères, cette œuvre en fa
c’est pour un Kreisler grand arrangeur trois œuvres de Brahms qui portent la mineur perpétue tout en la renouvelant
de baroque, donc à la fois très esprit marque de cet ami, grand artiste, com- la tradition classique, fusionnant de ma-
viennois et aux mouvements archaï- pagnon de tournées et conseil influent nière originale les techniques de Bee-
sants (noter l’allemande combinée avec pour la composition. Ecrite à 20 ans, la thoven et Schubert : tirer un maximum
une passacaille). La sixième fut la seule Troisième et dernière sonate pour piano d’idées d’un motif simple pour produire
à n’être point créée par son dédicataire, (dont les premières notes du second une richesse mélodique et une palette
le grand virtuose espagnol Manuel thème du Finale sont justement fa, la, sonore exceptionnelles. Tout au long
Piroga Losada, un accident ayant brisé mi : F, A, E en allemand) s’inscrit dans de ce double album d’une grande cohé-
sa carrière. D’un seul mouvement, Domenico Bartolucci (1917-2013)
le sillage de Bach et du dernier Beetho- rence, le pianiste Matthias Kirschnereit
on taquine la habanera avec une sec- Trio pour violon, violoncelle et piano en la ven par la rigueur de sa construction, sa et ses partenaires, le Quatuor Amaryllis
tion médiane moins langoureuse que majeur; Prélude, Intermezzo et Fugue en la
puissance expressive et son dédain des et la violoniste Lena Neudauer, nous
mineur, pour violon et violoncelle; Prélude,
chromatiquement très agitée (et une effets gratuits, alliant forme classique, saisissent et nous captivent par leur
Intermezzo et Fugue en do mineur, pour
musicalité un peu vide tout de même). violon, alto et violoncelle; Sonate pour romantisme et virtuosité avec une interprétation au souffle large, narra-
Antje Weithass termine là un parcours violon et piano en sol majeur envergure (cinq mouvements) et des tive et engagée, et leur jeu clair, dense
parfait, n’oubliant pas le propos provo- Giacomo Scarponi, violon; Luca Venturi, violon; couleurs orchestrales qui inspireront à et articulé qui n’oublie ni la fluidité ni
cateur d’Ysaÿe, à savoir que plus c’est Ivo Scarponi, violoncelle; Angelo Cicillini, alto; Schumann la formule célèbre de « sym- les couleurs. Un très bel hommage à
technique... moins il faut y penser ! Tout Marco Venturi, piano phonie déguisée  ». Comme souvent l’occasion du 120ème anniversaire de la
juste manque-t-elle peut-être d’un peu BRIL95451 • 1 CD Brilliant Classics chez Brahms, le piano est l’instrument disparition de Brahms. (Alexis Brodsky)
d’engagement dans Bach, l’architecture
de la fugue de la sonate devant être
plus affirmative, plus puissante dans le tion et la variation. C’est le sujet et l’ob- être autant de Bagatelles. Koroliov les
ton, en un mot plus résolue. Mais elle Sélection ClicMag ! jet de cette nouvelle incursion qu’Evgeni joue ainsi, égrenées en quelque sorte
nous comble, pour la partita, avec cette Koroliov conduit dans les opus de la dans un flot de fantaisie souvent inter-
danse dite double vraiment aérienne, maturité. Les deux ultimes cahiers de rogatif, ouvrant ce cahier que bien des
appuyant comme il convient sur le Bagatelles, sont absolument des impro- pianistes enferment dans un souci
champignon, puis aussitôt une sara- visations, mais Koroliov les joue en les formel que le russe n’y voit pas, où
bande d’un lyrisme sans pathos inutile. ordonnant, grand piano classique qui plutôt qu’il incarne seulement dans le
(Gilles-Daniel Percet) fuit absolument les humeurs, la folie, le grand son absolument classique de
gout de la provocation qu’y aura débus- son splendide Steinway réglé à la per-
qués avec une pointe de génie Stephen fection par Gerd Finkenstein. Du coup,
Bishop-Kovacevich. L’improvisation ses Diabelli ne ressemblent à aucune
oui, la folie non. Du coup les Bagatelles des versions récemment enregistrées,
Ludwig van Beethoven (1770-1827) prennent une autre dimension, plus ré- elles m’évoquent par leur beauté un
Grande Fugue en si bémol majeur, op. flexives, elles sonnent comme le journal rien étrange celles de Schnabel, si peu
134, pour piano à 4 mains; 11 Bagatelles, secret qu’un homme de génie écrirait à connues d’ailleurs… Cet album assez
op. 119; 6 Bagatelles, op. 126; Variations son clavier et pour son clavier, dialogue fabuleux s’ouvre par la Grande Fugue
Diabelli, op. 120 de l’intime qui peut aller jusqu’aux tré- comme Beethoven l’a transcrite pour
Evgeni Koroliov, piano; Duo Koroliov fonds de l’expérience harmonique (le son instrument, œuvre inextinguible
moderato cantabile de l’opus 119). Pour où Koroliov retrouve Ljupka Hadzigeor-
Johann Sebastian Bach (1685-1750) TACET228 • 2 CD Tacet
les Bagatelles l’optique est révélatrice, gieva  : lecture aux escarpements dan-
Intégrale des partitas pour clavier, BWV
825-830
Yuan Sheng, piano
B eethoven parvenu au sommet de son
art ne quittait plus son piano, creuset
de sa grammaire, et y revenait aux deux
elle l’est tout autant dans les Variations
Diabelli, dont le thème n’est que le pré-
tesques. Prise de son sublime, comme
toujours chez Tacet, l’un des rares édi-
texte, vite oublié, à une suite d’humeurs teurs phonographiques qui sache enre-
PCL10126 • 2 CD Piano Classics principes qui la formèrent : l’improvisa- pianistiques qui justement pourraient- gistrer le piano. (Jean-Charles Hoffelé)

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Alphabétique
op. 64 n° 2, op. 69 n° 2 et op. 70 n° 1; vecin. Il se nomme Muzio Clementi, il dialogue… Les mêmes thèmes sont
Nocturne, op. 9 n° 2 est né à Rome. Il publie de nombreuses utilisés par de très nombreux composi-
Tomasz Pawlowski, piano; tatiana Sheba- compositions en général appréciées des teurs. Daquin combine presque toutes
nova, piano; Karol Radziwonowicz, piano; Marek connaisseurs. Son style est résolument ces indications pour chaque morceau.
Drewnowski, piano
classique mais aussi désireux d’ouvrir Le choix de l’instrument est de ce fait
DUX1277 • 1 CD DUX de nouveaux horizons en faisant appel essentiel, l’idéal étant un orgue baroque
à la virtuosité. Les trois sonates pré- français à peu près contemporain de la
sentés ici illustrent bien cet univers en date de composition, comme c’est le
pleine transformation. Elles abondent cas ici avec l’instrument fabuleux de St-
George Frederick Bristow (1825-1898) en traits d’octaves, en fusées inatten- Guilhem du Désert. Dans ce Nouveau
Symphonie n° 2 « Jullien »; Ouvertures dues et apportent un dramatisme de la Livre de Noëls. L. C. Daquin, remarqué
« Rip Van Winkle » et « Winter’s Tale » main gauche dont le jeune Beethoven par Louis XIV alors qu’il était encore
Royal Northern Sinfonia; Rebecca Miller, direction admiratif saura se souvenir. Ilia Kim, enfant, porte ce genre à son plus haut
NW80768 • 1 CD New World Records héroïne de ce disque, est une excellente degré. L’interprétation d’A. Falcioni est
pianiste sud-coréenne qui a débuté sa d’une grande lisibilité, les plans sonores
I ssu d’une famille musicienne établie à
New-York, Bristow étudia le piano, le
violon, le contrepoint et l’orchestration Frédéric Chopin (1810-1849)
carrière loin de nous. On devrait bien-
tôt reparler d’elle tant sont évidents sa
sont fort bien individualisés, les claviers
se répondent avec une malice enjouée,
Valses, op. 34 n° 3, op. 64 n° 1, op. 69 n° maitrise et son intelligence musicale. les possibilités de l’instrument sont su-
avec son père, pianiste, clarinettiste
1, op. posth.; Etudes, op. 10 n° 11, op. 25 Bonus : nous sont offerts en prime deux perbement mises en valeur. Une volubi-
et chef d’orchestre réputé. Il intégrera
n° 1; Mazurkas, op. 50 n° 1 et 2; Préludes, savoureux pastiches, un « alla Mozart » lité véritablement réjouissante. Un Noël
à dix-huit ans les premiers violons de
op. 17 n° 2, op. 24 n° 2, op. 28 n° 1, 4, et surtout un « alla Haydn » qui se sou- en musette au charme à la saveur, au
l’Orchestre de la Société Philharmo- 17; Tarantelle, op. 43; Polonaise (1817); vient de l’humour pratiqué par l’auteur ramage, et à la poésie absolument irré-
nique de New-York, ajoutant ultérieu- Nocturne, op. 9 n° 1; Impromptu, op. 51; d’une certaine symphonie «  la Sur- sistibles. Une très belle interprétation de
rement des activités de chef de chœur. Rondo, op. 1
prise ». (Pierre Casteron) bout en bout. (Bertrand Abraham)
Justement reconnu pour ses œuvres Lukas Geniusas, piano; Tatiana Shebanova, piano;
chorales, Bristow composa également Daniil Trifonov, piano; Edward Wolanin, piano;
des opéras et de la musique sympho- Beata Bilinska, piano; Kazimierz Gierzod, piano;
nique. Brillamment défendue - quel feu Elzbieta Karas-Krasztel, piano; Kevin Kenner,
et en même temps quelle cohésion ! - la piano; Marek Mizera, piano; Janusz Olejniczak,
piano; Karol Radziwonowicz, piano
symphonie n° 2 doit-elle comme tant
d’autres productions contemporaines DUX1294 • 1 CD DUX
son oubli au voisinage des sommets
d’abîme de Schumann ? Composée en
1853, l’année de l’ultime moisson pour
l’auteur de la symphonie « Printemps »,
l’œuvre s’inscrit bien davantage dans la Louis-Claude Daquin (1694-1772) Gabriel Fauré (1845-1924)
clarté solaire mendelssohnienne dont la Nouveau Livre de Noëls Requiem, op. 48; Messe Basse; Maria,
grâce et la transparence caractéristiques Adriano Falcioni, orgue (Orgue Jean-Pierre mater gratiae, op. 47 n° 2; Ave Maria, op.
rehaussent l’Allegretto. Il nous est ainsi Cavaillé, Abbaye de Gellone à St-Guilhem-le 67; Ave Verum, op. 65; Tantum ergo, op.
Désert) 65; Fugues en la mineur et mi mineur- Ave
permis d’échapper par moments à tant
Maria, op. posth.; Tantum ergo, op. 55;
de mécanismes huilés dans le vide. Le BRIL94895 • 1 CD Brilliant Classics Cantique de Jean Racine, op. 11
troisième mouvement Adagio aux cou- Muzio Clementi (1752-1832)
leurs nocturnes nous fait heureusement
entrer dans le monde plus vrai de la
Sonate en do majeur, op. 2 n° 2; Sonate
en sol mineur, op. 7 n° 3; Sonate en fa
L e Noël pour orgue, genre spécifi-
quement français lié à la tradition
catholique, est conçu comme une suite
Edmund Milly, basse; Sarah Yanovitch, soprano;
Nola Richardson, soprano; Gene Stenger, ténor;
Mindy Ella Chu, alto; Grace Cloutier, harpe; Robert
vie intérieure. Ses beautés semblent mineur, op. 13 n° 6; Sonate en ré majeur, de variations (mélodiques, rythmiques, Bennesh, orgue; Yale Schola Cantorum; David
avoir infusé un sang neuf au vigoureux op. 40 n° 3; Prélude « alla Haydn »; Pré-
de timbres) sur un thème. Il connut son
Hill, direction
et entraînant final. Mais les élans sont lude « alla Mozart » CDA68209 • 1 CD Hyperion
apogée aux XVII et XVIIIes siècles. Son
souvent affaiblis ou alourdis par cette Ilia Kim, piano
bonne volonté bien grise. S’il arrive que
dans certaines œuvres reconnues l’ori-
PCL10128 • 1 CD Piano Classics
titre peut renvoyer à l’air populaire ou au
cantique d’où provient le thème, à son I l y a toute une tradition du Requiem de
Fauré par les manécanteries d’Albion
ginalité ou la simple beauté d’un thème
fassent regretter que la force et l’inven-
V ers 1780 passe à Vienne un jeune
virtuose italien en tournée à travers
l’Europe. Il rencontre Mozart avec qui
« terroir d’origine » - une province par
exemple - ou aux jeux, familles de jeux,
claviers que le compositeur prescrit
qui y font rayonner leurs boys, déli-
vrant souvent des «  Pie Jesu  » à faire
pleurer les pierres, pas cette fois. David
tivité de ses développements soient res- Hil, s’il offre un plein disque d’œuvres
il joue, et partage avec lui son enthou- pour l’exécution (Noël sur les anches, la
tées à l’état de promesses, il serait ici religieuses de l’auteur de Pénélope,
siasme pour le «  piano-forte  », nouvel tierce du positif etc.). Enfin à des carac-
bien naïf et illusoire de guetter des mi- l’enregistre avec une chorale mixte - le
instrument destiné à remplacer le cla- téristiques formelles - Noël en duo, en
racles du centre de gravité de la forme
sonate, cette machine qui vous moudra
du grain même lorsqu’il est sans saveur. avec une sorte d’entrain populaire, alors lecture méditative du grand Quatuor
Finalement ce sont les deux ouvertures Sélection ClicMag ! que les Pavel Haas et Pavel Nikla en op. 105, où Dvorak ose enfin mettre
qui malgré d’inévitables poncifs et sans magnifiaient les audaces harmoniques, ses pas dans le ton interrogatif et les
une once d’originalité réintroduisent aujourd’hui les Takacs avec l’alto de
un peu de cette fraîcheur désirée. errements harmoniques des ultimes
voix humaine de Lawrence Power le
(Pascal Edeline) plongent dans les archets de ménétriers quatuors de Beethoven. C’est bien dans
mélancoliques, vrai tableau d’automne cette filiation que les Takacs jouent cet
d’une tristesse insinuante où même les opus génial où les danses tchèques et
danses sont ombreuses. Nouvelle mer- moraves viennent pimenter un discours
veille d’un voyage chez Dvorak com- issu absolument du grand style vien-
mencé par l’ancienne formation quasi
nois. Quadrature du cercle enfin osée
à leurs débuts chez Decca, et qui arrive
Antonín Dvorák (1841-1904) à point nommé dans le parcours du et réalisée au même niveau que l’avait
nouveau quatuor emmené par Edward tentée le Quatuor de Prague (Deutsche
Quintette à cordes, op. 97; Quatuor à
cordes, op. 105 Dusinberre. Après leurs Brahms mor- Grammophon). Espérons que c’est le
Lawrence Power, alto; Quatuor Takács dorés les retrouver en quintette est un premier volume d’une intégrale des
Frédéric Chopin (1810-1849) bonheur sans mélange, tant la fusion de quatuors et des quintettes, d’autant
CDA68142 • 1 CD Hyperion
sentiments et de timbre avec Lawrence
que la prise de son est magnifique
L
Polonaises et Feuille d’album, op. posth.;
e Quintette « américain » (op. 97, mi Power atteint une évidence naturelle,
Ecossaises, WN 13 n° 1-3; Contredanse, de présence, d’intensité, faisant tout
WN 27; Cantabile, WN 43; Préludes, op. 28 bémol majeur) a bien de la chance au de la musique qui semble s’improviser
n° 7, 15, 23; Etude, op. 10 n° 3; Mazurka, disque, hier les Skampa avec Krzysztof devant vous, pétrie d’une émotion dis- entendre du jeu si subtil des cinq amis.
op. 68 n° 2; Berceuse, op. 57; Valses, Chorzelski en chantaient les thèmes crète. Revenu à quatre, ils délivrent une (Jean-Charles Hoffelé)

6  ClicMag janvier 2018  www.clicmusique.com


la partition exemplaire. Dès l’introduc- Les pages enregistrées ici ont toutes
Sélection ClicMag ! tion du premier mouvement, comme un été écrites avant que Glinka n’atteigne
Prélude d’orgue qui fait alterner le jeu trente ans. En général, la mélodie du
fortissimo et les passages pianissimo, thème reste bien reconnaissable tout
leur inteprétaton s’impose comme au long des variations dont le dessein
une des meilleures. Et tout par la suite est d’abord de permettre au pianiste
confirme cette première impression  : de briller. Le Rondo d’après Bellini par
l’élan de l’allegro, le scherzo tout en exemple retient plus les arabesques vir-
sourdine qu’on dirait sorti de la plume tuoses que les mélodies infinies de l’Ita-
de Schumann, comme un brouillard tra- lien. Le style se fait plus personnel dans Richard Heuberger (1850-1914)
versé de brusques flashes. Le larghetto les Variations sur le Rossignol, belle ro- Der Opernball, opérette en 3 actes
déploie une longue phrase mélodique mance russe dont Liszt s’est également Kaimbacher; Klobucar; Chor der Oper Graz; Grazer
César Franck (1822-1890)
dont Franck avait le secret avant de lais- Phliharmonisches Orchester; Marius Burkert,
emparé. Le pianiste Vladimir Stoupel,
Quatuor à cordes en ré majeur; Quintette ser place à un final énergique. Quelques direction
pour piano en fa mineur grand spécialiste de la musique Glinka,
années avant son Quatuor, Franck écri- CPO555070 • 2 CD CPO
Quatuor Danel; Paavali Jumppanen, piano présente également deux pièces qu’elle

I
vait un Quintette au ton singulièrement l voulait être musicien, mais devint
a inspirées. Une paraphrase de Balakirev
CPO555088 • 1 CD CPO passionné. Les interprètes l’ont bien ingénieur de chemins de fer. Ses amis
à la virtuosité lisztienne et des variations

L e quatuor à cordes de Franck est compris ainsi, qui se font plus fiévreux, s’appelaient Weingartner, Kienzl ou Bu-
de Lyadov, véritable couronnement du
une œuvre admirée mais assez peu plus impatients mais toujours avec soni. Il ne put échapper à sa vocation.
disque, d’une écriture ciselée avec de
jouée, restée hors du répertoire de bien cette attention aux détails de l’œuvre qui Il composa de la musique de chambre,
très beaux effets nocturnes dans les
des quatuors. Elle valut pourtant à son distingue leur lecture. Ils concluent par des symphonies, et même des opéras.
passages lents. (Thomas Herreng)
auteur un succès bien mérité. Les Danel un final emporté con fuoco. On saluera Mais c’est un petit refrain Geh’n wir ins
en livrent une version qui fera date. la prise de son qui rend lisible l’écriture Chambre séparée, ach zu dem süssen
L’équilibre entre les quatre musiciens pourtant dense de Franck. Un disque à Tête-à-tête (ou comment la culture
est admirable, leur compréhension de ne pas manquer (Thomas Herreng) française rayonnait dans la Vienne
fin de siècle  !) qui apporta à Richard
Heuberger une célébrité mondiale.
« Pie Jesu » chanté par une soprano - et qui témoignent le mieux de l’inventivité
L’opérette dont il est tiré, der Opern-
des plus modestes. Requiem en version et de la richesse de l’oeuvre. Celle-ci
ball, cousine de la Chauve-souris par sa
de chambre de la main même du chef repose sur un matériau thématique
richesse mélodique et son humour (So
(violon, violoncelle, harpe et orgue), la souvent simple et sans prétention, des
eine Depesche ist oft fatal…), méritait
Messe basse et les autres pièces dans structures solides - constituant dans
cette belle représentation de l’Opera de
leurs vêtures les plus nues y compris les canzoni par exemple des épisodes Christoph Graupner (1767-1836) Graz. Avec un sens inné du rubato et
le sublime Cantique de Jean Racine qui bien séparés - qu’une sorte de glose
Cantates de l’Epiphanie de l’efficacité dramatique, Marius Bur-
referme l’album. Une douceur lénifiante interne faite d’imitations, de reprises,
Wörner; Brown; Wessel; Poplutz; Kirchheimer kert exalte la sensualité et la force de
berce tout du long, défaisant ce que le d’accélérations du rythme, d’accentua-
BachConsort; Sirkka-Liisa Kaakinen-Pilch, cette musique, et nous entraîne sans le
latin peut avoir d’antique dans le son, tions, de diminutions vient ingénieu-
direction moindre répit dans le tourbillon de cette
de déclamatoire dans le verbe noyant sement varier. Le 3e cd est consacré à
CPO555146 • 2 CD CPO histoire folle de bourgeois obsédés par
le tout dans une lecture absolument des transcriptions de motets vocaux de
la chose. Distribution vocale cohérente
S
hédoniste qui, si elle émerveille par la Gabrieli, faites par un compositeur in- ans le veto de son patron, Graup- et à la hauteur de l’enjeu. Le ténor Mar-
profondeur de ses camaïeux, oublie connu. Le travail de R. Loreggian (qui a ner aurait bien pu souffler en 1722 tin Fournier se distingue par la suavité
trop la puissance de la parole. Mais si aussi réalisé une remarquable intégrale la place de Thomaskantor de Leipzig
vous aimez votre Fauré pieux et serein, de son timbre et la fluidité de son émis-
de l’oeuvre de l’oncle) force l’admiration à un certain… Jean Sébastien Bach.
ce disque vous enchantera, jusque dans sion. On aimerait le retrouver dans les
par un souci constant d’authenticité Demeuré plus de 45 ans à Darmstadt,
les deux pièces d’orgue jouées dans la rôles mozartiens. Livret en allemand
et de vérité musicologiques. Interpré- il composa (entre autres  !) plus de
même lumière un peu grise par Robert uniquement, et qui ne reprend que les
tation habitée, équilibrée, animée, 1400 cantates (1414 recensées par
Bennesh. (Jean-Charles Hoffelé) passages chantés. Un disque enivrant.
d’une belle venue, pleine d’une énergie le Graupner Project de l’Université de (Olivier Gutierrez)
entraînante, en particulier au clavecin. Gand). Pas un tâcheron pour autant  :
(Bertrand Abraham)
un maître de l’instrumentation, d’une
inventivité et d’une habileté rhétorique
saisissantes. En 5 cantates destinées
aux dimanches de l’Épiphanie, on par-
court tout un monde  : le «  Was Gott
thut » de 1743 emprunte des chemins
harmoniques complètement déstabili-
sants, alors que son double de 1730 est
adouci par les couples flûte d’amour /
Giovanni Gabrieli (1554-1612)
hautbois d’amour et alto / ténor. La viole André Jolivet (1905-1974)
Intégrale de l’œuvre pour clavier
d’amour de «  Erwacht, ihr Heyden  » Intégrale de la musique de chambre pour
Roberto Loreggian, orgue (Orgue Duomo di Mikhail Ivanovitch Glinka (1804-1857)

Valvasone, Italie), clavecin nous apaise, chalumeau et traversière piano


Variations pour piano / M. Balakirev :
changent la tempête de «  Die Wasser Filippo Farinelli, piano; Claudia Giottoli, flûte; Nora
BRIL95345 • 3 CD Brilliant Classics Paraphrase sur « The Lark » de Glinka / A.
Cismondi, hautbois -Simone Simonelli, clarinette;
Liadov : Variations sur « Venitian Night » Wogen im Meer  » en zéphir («  Der

L a célébrité dont a joui, de son vivant


déjà, Giovanni Gabrieli dans toute
l’Europe, doit peu à ses oeuvres pour
de Glinka
Vladimir Stoupel, piano
Herr kann alles Leiden wenden  »), et
finalement deux cors viennent ordon-
David Brutti, saxophone; Vincenzo Pierotti,
trompette; Roberto Costa, violon; Giovanni Menna,
alto; Antonio Sciancalepore, contrebasse -Nadia
AVI8553388 • 1 CD AVI Music ner d’oublier chagrin et soucis. La prise Ratsimandresy, ondes Martenot; Laura Mancini,
clavier, mais presque tout à la somp-
de son plutôt naturelle, avec un soup- percussion; Quatuor Henao
tuosité de ses compositions vocales
conçues notamment en fonction des G linka est généralement considéré
comme le père de la musique russe.
çon de dureté parfois, fait la part belle
aux instrumentistes (les flûtes de Marc
BRIL95275 • 2 CD Brilliant Classics
formidables ressources acoustiques
de la basilique San Marco. Pourtant,
marchant dans les traces de son oncle
Pourtant, son œuvre est influencée
aussi bien par son séjour en Italie où
il s’enthousiasme pour le bel canto
Hantaï, la viole...) et l’engagement et la
tension du « live » compensent les iné-
L ’œuvre d’André Jolivet, extrêmement
diverse, mériterait d’être jouée da-
vantage. S’étant essayé au dodécapho-
Andrea, il contribua à émanciper la que par ses études de composition en vitables petits décalages ou accidents. nisme sans la rigueur schönbergienne
musique instrumentale. Sa musique Allemagne ou son voyage en Espagne. Probablement un concert enthou- (Sonate pour violon), il atteint une pre-
pour orgue et clavecin illustre les prin- Outre les deux opéras qui ont fait sa siasmant, et un très beau coffret pour mière maturité avec Mana pour piano,
cipaux genres prévalant à l’époque, réputation, il laisse de nombreuses découvrir Graupner ou compléter les pièce primitiviste où il paye son tribut
mais ce sont les ricercari, les canzoni romances pour chant et piano et des cantates de la Passion par Ex Tempore à Varèse (un arrangement pour ondes
et les toccatas - lesquels entretiennent cycles de variations pour piano mar- (CPO déjà) et Concerto Grosso (Carus). Martenot et piano est enregistré ici).
d’ailleurs des relations de proximité - qués par son amour de l’opéra italien. (Olivier Eterradossi) Au moment de la seconde guerre mon-

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Alphabétique
diale, son écriture se détend, se fait plus la belle énergie de la Capella Thuringia artistique du Parti. Néanmoins, les trois
lyrique (Nocturne pour violoncelle). et des chanteurs toujours justes (dont Sélection ClicMag ! sonates vont chercher un langage loin
Directeur de la musique à la Comédie une soprano Anna Kellnhofer) qui rap- d’être consensuel, avec toutefois une
française, il laisse 12 concertos que pelle nostalgiquement les garçons de ligne directrice  : une énorme virtuo-
les plus grands interprètes s’approprie- l’intégrale Leonhardt/Harnoncourt). sité, sensible dans les mouvements
ront (Rostropovitch, Rampal, Maurice (Jérôme Angouillant) extrêmes. La motorique de Prokofiev,
André). Toutes ces activités se reflètent le lyrisme de Rachmaninov dans les se-
dans sa musique de chambre. Ses deux conds mouvements, le modernisme de
chefs d’œuvre, le Chant de Linos pour Scriabine servent de terreau constant.
flûte et la Sérénade pour hautbois, deux Si la première sonate de 1927 reste la
commandes du Conservatoire de Paris, plus époustouflante, les deux autres
présentent une écriture hyper virtuose. écrites juste après la guerre tendent
D’autres pages évoquent la musique Dimitri Kabalevski (1904-1987) vers plus de «  calibrage  ». Les deux
pour le théâtre (Petite Suite) ou son Intégrale des sonates pour piano Rondos complémentaires vont plus
attrait pour le jazz (Fantaisie-Impromp- Michael Korstick, piano loin encore, tant leurs difficultés sont
tue pour saxophone alto). Il faut saluer CPO555163 • 1 CD CPO extrêmes. Le pianiste virtuose allemand
le travail du pianiste Filippo Farinelli
K
Zoltán Kodály (1882-1967) abalevski appartient à la première M. Korstick s’investit physiquement
qui mène ce parcours dans ces pages dans cette interprétation qui complète
Sonate pour violoncelle seul en si mineur, génération de compositeurs dits
trop méconnues. S’il manque un peu de
op. 8; Sonate pour violoncelle et piano, «  soviétiques  ». Une nouvelle partie le cycle des concertos. Il s’amuse du
sauvagerie dans les pièces varésiennes
op. 4 inédite de l’histoire musicale s’écrivait, jusqu’au-boutisme de cette musique
(évocation du gamelan de Sérimpie par
István Várdai, violoncelle; Klára Würtz, piano avec tout ce que cela engendre comme percussive, sifflante, assourdissante
exemple), il est un partenaire atten-
BRIL95574 • 1 CD Brilliant Classics rapports conflictuels ou non avec le mais aussi lyrique qui couvre sans
tionné aussi bien quand la musique se
nouveau pouvoir politique. L’œuvre glo- pudeur toute l’étendue du clavier et
fait lyrique, plus légère ou bien rythmée.
Un disque salutaire pour la redécou-
verte de l’héritage musical de Jolivet.
L a vaste Sonate pour violoncelle seul
que Zoltan Kodaly écrivit pour Jenö
Kerpely au cœur de la Grande Guerre
bale de Kabalevski demeure assez en
phase avec le côté officiel de la vision
nous laisse par moments abasourdis.
(Nicolas Mesnier-Nature)
(Thomas Herreng) aura trouvé son héros avec Janos
Starker. Hongrois comme Kodaly, Intégrale de l’œuvre sacrée, vol. 3
proche du compositeur au Conser- Magnificat; Cantate «O heilige Zeit», pour
vatoire de Budapest, il savait comme soprano et basse ;Cantate «O heilige Zeit»,
aucun autre (sinon Pierre Fournier dont
pour soprano, alto, ténor et basse; Cantate
l’approche était aux antipodes, lui qui
«Frohlocket ihr Völker, und jauchzet, ihr
y voyait d’abord l’ombre de Bach) en
Heiden»
faire sonner les musiques populaires.
Opella Musica; Camerata Lipsiensis; Gregor
Istvan Vardai est absolument dans
sa filiation, virtuose comme lui dans Meyer, direction
l’expression d’un certain folklore plus CPO555021 • 1 CD CPO Nicholas Ludford (?1485-?1557)
imaginaire qu’en aucune autre œuvre
V
Johann Peter Kellner (1705-1772)
oici l’attendu 3ème étage de la fusée Missa Dominica
du compositeur d’Harry Janos, mais
Cantates sacrées Kuhnau lancée par Gregor Meyer et Lewis Brito-Badapulle, orgue; Trinity Boys Choir;
Cantus & Capella Thuringia; Bernhard Klapprott,
virtuose d’abord par la parfaite réali- Hand Bells Choir Gotha; David Swinson, direction
Opella Musica. Temps de Noël oblige il
direction sation de tout ce que Kodaly sollicite
du violoncelle qui ne soit pas de son est bâti autour du Magnificat en Ut, pré- ROP8001 • 1 CD Rondeau
CPO555159 • 1 CD CPO

J ohann Peter Kellner (1705-1772),


organiste et Cantor de la ville de
emploi naturel : il veut que l’instrument
évoque le cymbalum ou les orchestres
senté ici dans une étrange version « mit
weihnachtlichen Einlagesätzen  » (tra- L udford, peu connu de son temps,
puis oublié, fit une grande partie de
sa carrière à St-Stephen de Westmins-
itinérants des Verbunkos, mais aussi duction en forme de clin d’œil : « avec
Gräfenroda dans l’état de Thuringe, les musiques des tziganes qui hantent ter, rendant des « services multiples en
composa nombre d’œuvres pour cla- des morceaux de Noël dedans  »…)
la puszta, cette steppe des plaines hon- matière de chant et de jeu d’orgue ». Ca-
vier (orgue et clavecin) dont la célèbre avec ses 3 trompettes, 2 hautbois, tim-
groises, il sait en tirer des effets de per- tholique, il écrivit surtout des messes,
Toccata et Fugue attribuée à Bach (ou bales, 2 violons, 2 altos et 5 voix (et
cussion que les compositeurs du XXe dont les 7 «  Lady Masses  » (messes
l’inverse selon les musicologues) mais siècle pilleront sans vergogne. Mais non, comme l’affirme la notice «  d’un
mariales) -uniques en leur genre, car à 3
aussi, comme tout bon Cantor qui se il y a plus dans le jeu d’Istvan Vardaï, ensemble à cordes à cinq voix  »  !). voix. Celle du dimanche est reconstituée
respecte, des cantates liturgiques. violoncelliste majeur de la jeune généra- L’œuvre a déjà été enregistrée brillam-
Ce bouquet de sept cantates offre ici, enrichie d’extrapolations singulières.
tion : la souplesse agogique, un archet ment par Masaaki Suzuki et son Bach Re-création tirant parti, de façon para-
une structure classique (chœur bref, fluide au possible qui laisse apercevoir
récitatif, aria et choral) l’ensemble Collegium japonais dans sa forme clas- doxale et audacieuse des incertitudes
les grandes structures d’une œuvre où concernant la façon dont elle fut donnée
n’excédant pas une dizaine de minutes. sique. Quant aux 4 chœurs ajoutés, dont
fatalement le souvenir des Suites de en son temps. Conçue pour chœur d’en-
L’instrumentation varie selon le texte deux en allemand, David Erler ne les
Bach doit paraître, mais avec une cer-
(quelques cuivres sont parfois rajou- incorpore pas à la partition qu’il édite fants (sopranos et altos), jeunes ténors,
taine discrétion. Le disque y ajoute tout
tés à la basse continue). L’orgue y joue comme d’habitude chez Pfefferkorn  : et orgue (des clochettes sont ajoutées),
ce que Kodaly aura composé pour le
un rôle d’accompagnement toujours l’œuvre est déjà composite au départ  :
violoncelle, Klara Würtz y mettant son ils sont donc bien assumés comme un
prépondérant. Les airs à la rhétorique la monodie des cellules de grégorien s’y
piano narratif, si plein de timbres, idéale ajout de saison. Si les voix réunies ici
certes efficace sont peu développés. étoffe soudain en polyphonie ornée. Elle
pour la très jolie Sonate op. 4 si pleine sont loin de faire oublier entre autres
Kellner à défaut de recourir à un ins- s’appuie aussi sur un motif plus ancien,
de fantaisie, assez Debussyste. Qui la
trument obligato privilégie les duos de Miah Persson ou Gerd Türk, elles appelé square Le Roy (probablement
jouait avec autant de finesse, en étant
solistes. La musique sous influence de apportent une fragilité qui nous centre composé par une main royale), utilisé
si bien pris dans les timbres du piano ?
Bach (Plutôt des fils que du père) est sur le contenu plus que sur le show, par maints compositeurs comme élé-
Miklos Perenyi, avec Zoltan Kocsis.
à la fois sommaire et roborative, d’une ment de cantus firmus, intercalé ici en
C’est dire ! (Jean-Charles Hoffelé) et est-ce plus mal en la circonstance ?
pointilleuse lisibilité et marquée par
Les 3 autres œuvres sont des premières tant que tel, avec des carols médiévaux
une métrique et une articulation rigou-
au disque, et elles apportent leur lot de et des pièces du XXe siècle de G. Lack
reuses. En outre, Kellner n’use presque
surprises (dont la préfiguration d’Os- (né en 1954) et de K. Leighton (1929-
jamais du contrepoint, fait curieux pour
un compositeur de clavier. La « Cantate 1988). Le tout faisant quelque peu pen-
min, incroyable, par la basse solo dans
All unser Schuld vergib uns, Herr » se ser à certaines pages de Britten. Rien
le « wüte nur » du premier « O heilige
démarque du lot par son chœur fugué ne paraît saugrenu ou artificiel dans
Zeit »). La découverte de leurs trépida- cette interpolation, et l’homogénéité, la
et son duo ténor-basse accompagné
tions un peu hystériques rend le disque pureté des voix, la subtilité et la délica-
par l’orgue qui évoque assez directe-
ment Bach père. Le chef Bernhard Klap- précieux finalement, même s’il se situe tesse des accompagnements viennent
prott donne une lecture alla fresca de à mon avis un peu en-deçà des deux renforcer cette cohésion bien inventée.
ses œuvres. On savourera notamment Johann Kuhnau (1660-1722) premiers volumes. (Olivier Eterradossi) (Bertrand Abraham)

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Sélection Alto
nie. Elle ne sollicite jamais les effets, nous dans une précédente chronique. médiocre. Abandonné de ses profes-
mais produit une conduite souple où Rien ne dépare ici, rien ne surprend non seurs, le jeune chanteur travailla seul
toutes les voix se font entendre, où tout plus sur le plan de l’interprétation. Coté avec acharnement, et développa un bril-
suggère. Secret de cet art, des tempos partitions, si la première fournée de lant registre de soprano. Après une pre-
parfait  : écoutez celui du «  Ruhevoll  » symphonies (1821) évoquait les œuvres mière prestation couronnée de succès
qui magnifie ce nocturne fluide, vrai des fils de Bach, Carl Philipp Emmanuel à Rome, âgé de 20 ans, il intégra dès
voyage dans des paysages qui ne sont et Wilhelm Friedemann, les sympho- l’année suivante la compagnie d’opéra
pas si loin de ceux du futur « Abschied » nies de ce second volume (1823-25) italien de la cour de Saint Petersbourg,
du «  Chant de la Terre  » et lui ôte la s’orientent plutôt vers le premier classi- jusqu’en 1765, ce qui lui valut le sobri-
Jean-Baptiste Lully (1632-1687) moindre once de pathétisme pour le cisme d’un Haydn ou d’un Mozart, dans quet de « Moscovite » à son retour en
Dies irae; Te Deum rendre plus émouvant encore. Toute la l’esprit en tout cas. Le jeune Mendels- Italie. Sa rencontre avec Glück à Parme
Allabastrina Choir; Allabastrina Consort; Elena symphonie durant, un sentiment d’évi- sohn trempe sa plume dans la source 4 ans plus tard fut l’événement majeur
Sartori, direction dence emporte cette version si claire, si des musiciens qu’il admire. Il calque, de sa carrière : y interprétant deux rôles
BRIL95592 • 1 CD Brilliant Classics svelte, que certains trouveront peut-être il copie, exactement comme le ferait adaptés par le maître à sa voix, il fut
un rien univoque. Au final, Hanna-Elisa- un peintre en copiant les maîtres dans son hôte lors d’un séjour ultérieur à
J ean-Baptiste Lully  ! Irrésistible as-
cension d’un petit italien ramené en
France pour amuser Mademoiselle. Par
beth Müller met sa voix fraiche comme
une source dans un paradis sans naï-
un musée, tout en se construisant son
propre univers musical, retravaillant
Vienne lors duquel il transforma la voix
terne de la nièce de ce dernier en un
veté, sensuel à se damner, mais là en- sans cesse ses partitions pour par- soprano éblouissant. Brillant interprète
ses aptitudes éblouissantes, il apprend fois les abandonner (quelques frag-
core sans effet, sans appui, laissant les de plusieurs opéras de Glück, il fut
très vite le violon, la danse et la compo- ments de symphonies), et en insistant
mots clairs. Cycle passionnant, en rien engagé en 1780 par la Cour de Naples,
sition réussissant à gagner les faveurs davantage sur le contrepoint, la poly-
mineur dans une discographie pourtant y enseignant le chant et la harpe aux
et l’estime de Louis XIV. Compositeur phonie que sur la pure mélodie. Les
surchargée, que je suivrais avec atten- Princesses Bourbon, bien qu’on ignore
attitré de la Cour, il crée l’Académie Allegro souvent fugués sont ainsi bien
tion. (Jean-Charles Hoffelé) quand et comment il apprit le jeu de cet
Royale de musique (futur Opéra) et se supérieurs aux mouvements lents.
fait nommer au poste tout-puissant de instrument, auquel une grande partie de
(Jérôme Angouillant) sa production (qui comprend également
Surintendant de la musique, réussite
incontestable mais peu encombrée de 8 opéras) est consacrée, seule ou avec
scrupules d’aucune sorte. Plutôt cité voix ou instrument. Professeur réputé,
pour ses comédies-ballets avec Molière il a composé les minuscules et faciles
et ses tragédies lyriques, il composera sonates pour harpe présentées ici pour
quelques œuvres sacrées dont ces Dies les princesses, le duo pour harpe et
Irae et Te Deum, ce dernier de triste violon et la grande sonate pour harpe
mémoire puisqu’il meurt de gangrène seule probablement pour lui-même,
après s’être frappé le pied en battant ainsi que les « Canzonette » pour voix et
la mesure. Le Dies Irae, d’inspiration Felix Mendelssohn (1809-1847) harpe qu’il interprétait magnifiquement
fastueuse, sorte de Requiem simpli- Sinfonias VII, X, XII; Mouvements des en s’accompagnant lui-même selon
fié, représente clairement la musique Sinfonias VII et XIII Giuseppe Millico (1737-1802) plusieurs contemporains. Toutes ces
française du grand siècle dans toute sa L’Orfeo Barockorchester; Michi Gaigg, direction « Ho sparso tante lacrime »; « La farfel- pièces présentes des mélodies fraîches
rigueur et sa majesté. Alors que Le Te CPO555047 • 1 CD CPO letta che fra l’erbetta »; « Del moi destino et extrêmement naturelles qui prouvent
ingiusto »; « Fille se mai pretendi »; « Alla l’influence de Glück autant qu’une ins-
Deum reste une œuvre d’une dimension
authentiquement royale avec chœurs,
trompettes et timbales entraînant, mal-
C e second volume des symphonies
pour cordes de Félix Mendelssohn
réalisé par Michi Gaigg et son Orféo Ba-
vezzosa Fille »; « Per che sul mio crine »;
« Se i tuoi vezzosi lumi »; « Della tua
rea perfidia »; Duo pour violon et harpe;
piration majoritairement autodidacte.
(Jean-Michel Babin-Goasdoué)
gré tous ces fastes grandioses, une rockorchester confirme nos premières Sonates pour harpe n° I à XII
certaine lourdeur. L’organiste et Chef impressions. « L’Orfeo Barockorchester Emanuela Degli Esposti, harpe; Miho Kamiya,
d’Orchestre Elena Sartori, forte de sa est comme d’habitude d’une matérialité soprano; Daniela Nuzzoli, violon
formation aux Mozarteum de Salzbourg souveraine mais ne cesse ça et là de TC731303 • 1 CD Tactus
et Bach académie de Stuttgart, donne
C
s’enflammer, très fidèle à la veine vol- omme des milliers de garçons issus
une interprétation somptueuse dans un canique qui anime ces partitions. Les de familles pauvres dans la Naples
style parfois conventionnel mais bien tempi sont respectés à la lettre. L’assise du XVIII ème siècle, Giuseppe Millico
soutenue par les musiciens de l’Alla- et la ductilité du forte piano renforcent subit la castration avant d’intégrer un
bastrina Choir. (Philippe Zanoly) la conduite et l’élan. Les tutti sont vifs des conservatoires de la ville dans l’es-
et affûtés. Les cordes virevoltent. Tout poir qu’il y développerait une belle voix.
contribue à nous servir un festin de Cependant, après des années d’appren- Federico Mompou (1893-1987)
timbres et de dynamiques », écrivions- tissage il n’était qu’un alto tout-à-fait Intégrale de l’œuvre pour guitare

entendu son « Bouquet » cantate écrite phon est toujours disponible - Libor
Sélection ClicMag ! pour la radiodiffusion, depuis sa créa- Pesek lui donna une dimension plus
tion par Otakar Jeremias à Prague en lyrique (Supraphon serait bien inspiré
1938, alors même qu’il était déjà en de rééditer cette magnifique gravure en
exil. Puis en décembre 1955 Karel CD) que Thomas Netopil reprend à son
Gustav Mahler (1860-1911) Ancerl annonça qu’il reprenait l’œuvre compte, dorant l’orchestre, ébrouant les
Symphonie n° 4 et l’enregistrait pour Supraphon, te- chœurs d’enfants, menant ses solistes
Hanna-Elisabeth Müller, soprano; Düsseldorfer nant le compositeur quotidiennement grand train, et ménageant pourtant une
Symphoniker; Adam Fischer, direction au courant des sessions phonogra- lecture plus dramatique qu’à l’accoutu-
AVI8553378 • 1 CD AVI Music phiques. Martinu aura-t-il eu le temps mée : ce bouquet n’est pas que printa-
d’entendre son disque avant que la nier, Martinu y tenait d’ailleurs. Bravo !
S econd volet d’une intégrale mure-
ment réfléchie, avec un orchestre
choisi dont Adam Fischer est le patron
Bohuslav Martinu (1890-1959) mort le prenne  ? Si oui, cette œuvre
fraiche comme le jour dut le surprendre
D’autant que la prise de son est somp-
tueuse. Mais le travail de Jan Novak qui
« Bouquet of Flowers », H 260; « A Carol »;
depuis deux ans. Immédiatement il aura « Man and Death »] / J. Novák : « Philhar- par l’élégance preste de son écriture se fit un prénom avec ses «  Danses
entrepris un cycle Mahler, à l’égal de ce- monic Dances » qui revenait aux rythmes et aux har- Philharmoniques  » entache un rien un
lui de son frère, mais sans cacher pour K. Knezikova, soprano; M. Kapustova, alto; J. monies de la musique tchèque, et sur- disque qu’on aurait préféré tout entier
sa part qu’il revendique d’enregistrer Brezina, ténor; A. Plachetka, basse; Orchestre tout morave, avec une fantaisie que le dédié à Martinu : ses cantates abondent,
toutes les Symphonies et même tous Symphonique de la radio de Prague; Tomas Janacek de « La petite renarde rusée » le choix eut été aisé. L’éditeur nous rem-
Netopil, direction
les lieder avec orchestre. Sa baguette n’aurait pas désavouée. Si la version de bourse avec, comme pour la gravure
précise décante un Mahler serein, léger, SU4220 • 1 CD Supraphon Karel Ancerl surprend toujours pas son récente de «  Gilgamesh  » par Man-
avec une pointe de fantasque qui capte
chacun des visages de la 4e Sympho- U n regret taraudait Bohuslav Martinu
au soir de sa vie  : il n’avait jamais
énergie farouche - le concert a été édité
par Praga, l’enregistrement pour Supra-
fred Honeck, un bel album artistement
conçu. (Jean-Charles Hoffelé)

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Alphabétique
Stefano Grondona, guitare
STR37087 • 1 CD Stradivarius T out au long de sa vie, Poulenc aura
écrit de la musique de chambre. De
ses débuts néoclassiques où passe l’hé-
L orsqu’il achève le manuscrit de son
premier trio à cordes en 1904, le
compositeur Max Reger (1873-1916) se
I ssu de la célèbre Académie Chigiana
de Sienne, Stefano Grondona, chef de
file incontesté de la guitare classique
ritage de Stravinski (la Sonate pour cor,
trompette et trombone) aux dernière
réfère au Divertimento K563 de Mozart
qui pour lui représente le génie musical
pages qui mêlent religiosité et esprit de le plus pur. Le second trio sera compo-
italienne, présente les oeuvres pour gui-
cabaret (comme l’importante et trop peu sé une dizaine d’années plus tard. Ces
tare de Frederico Mompou, marquant deux œuvres illustrent chez Reger la
jouée Sonate pour deux pianos). Cette
ainsi les trente ans de sa mort (1987, recherche formelle d’une nouvelle sim-
intégrale permet d’entendre des œuvres
même année qu’Andrès Ségovia). Ce plicité dans l’écriture. « Un style absolu- Alessandro Scarlatti (1660-1725)
rarement enregistrées comme l’arran-
compositeur catalan atypique et autodi- ment pas regerien, une musique simple
gement pour ensemble de chambre des Il Dolore di Maria Vergine, oratorio
dacte s’est crée un style très personnel et claire », confie-t-il à ses éditeurs. En
Mouvements perpétuels pour piano, ou Rosita Frisani, soprano; Anna Chierichetti,
qu’il qualifie lui-même de primitif en trois ou quatre mouvements à la struc- soprano; Gianluca Belfiori Doro, alto; Mario
la version pour violoncelle et piano de
abandonnant les barres de mesure et ture dynamique fortement contrastée, Cecchetti, ténor; Alessandro Stradella Consort;
la Suite française. Les pièces pour deux
les armures de clef s’affranchissant des une harmonie fluide et une polyphonie Estévan Velardi, direction
pianos pleines de charme (Bal masqué)
cadences. Composant essentiellement transparente (Les envolées fuguées), BRIL95534 • 2 CD Brilliant Classics
s’écoutent toujours avec plaisir mais
pour le piano dans un style inspiré de Reger atteint à une sorte d’état de grâce
Debussy et Scriabine qui le fascinaient,
il rencontre Andrès Ségovia par l’inter-
sont desservies par une prise de son
qui manque de précision. Les interpré-
mozartien (La tendresse de l’Andante
con variazoni du trio op. 141b). Le Qua-
R éédition pleinement justifiée  : ce
dernier oratorio de A. Scarlatti
est un point culminant de sa produc-
tations les plus réussies ici sont celles
médiaire de son ami De Falla, et lui dédi- tuor avec piano est lui de facture sym- tion. L’œuvre mobilise des effectifs
des pages pour instruments à vent, en
cacera la sublime Suite Compostelana, phonique. Peu d’effets contrapuntiques modestes. Structure globale simple  :
particulier leur mouvement lent. Les
pièce lyrique et méditative qui débute ostentatoires (sauf dans l’Allegro con un vaste lamento dominé par la Vierge
musiciens prennent bien le temps d’en
le disque. Subjugué par l’instrument, spirito final) entre les instruments mais autour de laquelle sont « convoqués »
souligner le charme mélodique naturel.
il dédicacera le prélude VI, transcris une progression mutuelle grâce à un l’apôtre Jean, le pharisien Nicodème,
Celui de la Sonate pour clarinette est en tissu polyphonique tiré aux cordeaux.
par lui-même du piano à la guitare à particulier magnifiquement timbré. Ja- disciple en secret du Christ, et face
son ami Miguel Llobet, autre guitariste L’œuvre se caractérise par un lyrisme
mais le tempo n’est inutilement rapide. à eux, un personnage inventé, Onia,
emblématique. Il retranscrira également exacerbé et une écriture cristalline. Elle
Le premier mouvement de la Sonate condensation de toutes les forces qui
les Cancio Y Danza X et écrira pour se réclame autant de Beethoven que de
pour flûte installe un climat nonchalant s’opposent à Jésus. La tension entre
guitare seule la Cancio Y Danza XIII. Brahms, opérant un point de jonction
qui convient très bien à l’œuvre. Dans Onia et les autres protagonistes, mais
entre ces deux compositeurs. Le Trio
Cette musique déliée et mélancolique, les finals, le pianiste donne de l’élan aussi la proximité entre Marie, Jean et
Lirico fondé en 2014 anime ces pages
parfois naïve, est parfaitement mise en au discours en accentuant les rythmes Nicodème, s’expriment dans les réci-
avec un mélange d’autorité et une fer-
lumière par Stefano Grondona dans une syncopés plutôt que par la vitesse (So- tatifs (à 2, 3, 4). Les airs renvoient au
veur presque débordante d’expressivité.
interprétation pleine de poésie. Il nous nates pour flûte et pour clarinette). Un déroulement de la Passion telle qu’elle
Il a enregistré ce disque en 2016 pour
gratifie d’un bonus qui vaut à lui seul coffret qui, malgré des inégalités, recèle est vécue et racontée par chacun. L’ex-
commémorer le centenaire de la mort
le détour en exécutant avec maestria et pression des affects trouve là son plein
de belles surprises. (Thomas Herreng) du compositeur. Bien bel hommage.
jubilation quatre sonates de Domenico développement et le génie de Scarlatti
(Jérôme Angouillant)
Scarlatti. (Philippe Zanoly) recourt à des procédés très ingénieux
pour éviter le risque d’une déploration
trop continue  : Les personnages sont
musicalement fort bien individualisés
(notamment ceux qui appartiennent
au même «  camp  ») mais cependant,
ce n’est pas Onia qui a le monopole
des airs emportés et guerriers et l’on
entend une aria de Marie accompagnée
à la trompette : évocation d’un combat
Max Reger (1873-1916) intérieur qui la tourmente. Dans une
Trios à cordes n° 1 et 2; Quatuor à cordes Domenico Scarlatti (1685-1757) aria magnifique avec flûte, toute entière
Francis Poulenc (1899-1963) n° 2 Intégrale des sonates pour clavier, vol. 5, empreinte d’un lyrisme bucolique, elle
Intégrale de la musique de chambre Detlev Eisinger, piano; Trio Lirico [F. Pietsch, livre 12-14 du mansucrit de Parme prend à témoin la nature et se confie
Matteo Fossi, piano, direction… violon; S. Reuter, alto; J. Krebs, violoncelle] Carlo Grante, piano à elle  : les instruments évoquent la
BRIL95351 • 3 CD Brilliant Classics AUD97714 • 1 CD Audite MA1294 • 5 CD Music & Arts fluidité d’un ruisseau, le chant d’un
rossignol... Le magnifique duo entre
Marie et Jean construit par imitation
dans l’armée en 1941, il fut vite démo- Brahms mâtiné de balalaïka. Le Quin-
Sélection ClicMag ! bilisé pour des raisons de santé. Il se tette avec piano (1945) eut le même
sur le thème des pleurs (Tu piangi/
Io piango) est beaucoup plus qu’une
consacre alors activement à la compo- succès à sa création auprès du public page obligée  : il exprime en la modu-
sition. Son œuvre comprend majoritai- et des critiques : « ...Une musique fas- lant subtilement une tendresse qui vient
rement de la musique symphonique et cinante, inventive, qui allie pathos et à la fois souligner et briser la douleur.
chorale. D’abord influencé par le style lyrisme et qui laissa le public scotché Autrement dit, Scarlatti varie de façon
romantique allemand, il s’orientera sur sa chaise pendant tout le concert ».
progressivement vers une musique au très ingénieuse les affects, à l’intérieur
Sviridov possède indubitablement le d’un cadre pourtant fort contraignant.
caractère russe volontairement affirmé sens du contraste.  : thèmes bien mar-
qui le rendra aussitôt populaire dans L’indignation peut chez Marie succéder
qués dans un Allegro souple et dyna- brusquement à l’expression élégiaque :
son pays, sans pour autant s’exporter.
mique, atonie du mouvement lent suivi l’harmonie se fait sophistiquée, les
On découvre avec ce disque de musique
d’un éblouissant final à variations avec chromatismes s’enchaînent. Effets pro-
Georgy Sviridov (1915-1998) de chambre, une écriture d’une solide
épisode fugué. La Romance qui clôt le digieux et saisissants, comme la longue
Trio pour piano; Quintette pour piano; polyphonie et mélodiquement très
attachante, à la manière d’un Glinka ou programme est un arrangement pour note de trompette qui vient littéralement
Romance « The Snowstorm » (arr. pour
d’un Glazounov. Son Trio composé en trio de la pièce la plus célèbre et jouée déchirer et interrompre un récitatif pour
piano trio)
1945 et qui obtint le prix Staline, appar- du compositeur «  Tempête de Neige  » signifier la mort du Christ. Ce joyau est
Artur Chermonov, violon; Vladimir Babeshko, alto;
tient à la tradition du trio élégiaque  : d’après Pouchkine qui fit les beaux magnifiquement interprété. Chacun des
Trio Beethoven Bonn
celle de Tchaikovski de Rachmaninov jours de la radio soviétique. Le jeune trio solistes vocaux incarne parfaitement
AVI8553375 • 1 CD AVI Music Bonn, imparable dans l’interprétation du son rôle et traduit de façon parfaite,
ou d’Arenski. Un Allegro de forme

N é en 1915 et décédé à Moscou en


1998, Georgy Sviridov a étudié la
musique au conservatoire de Lenin-
sonate, un Scherzo lyrique à souhait,
une marche funèbre qui évoque un
Trio et du Quintette, s’y abandonne dans
une débauche de guimauve. Jouissif et
sans artifice inutile, les affects qu’il
porte. L’accompagnement instrumen-
Chostakovitch assonant, un tendre puis une réelle découverte discographique. tal est d’une remarquable efficacité.
grad auprès de Chostakovitch. Enrôlé volubile Allegretto marqué « Idyll ». Du (Jérôme Angouillant) (Bertrand Abraham)

10  ClicMag janvier 2018  www.clicmusique.com


pour piano de Clara Schumann et le brillant et tempétueux Finale. Lorsqu’en
Sélection ClicMag ! Quatrième de Beethoven joué ici avec 1846 Clara ajoute le 4ème Concerto de
les cadences qu’elle a écrites pour ses Beethoven à son répertoire elle com-
1er & 3ème mouvements. D’une grande pose donc ses propres cadences  : ces
pertinence, ce couplage original rend deux morceaux inédits, improvisations
parfaitement justice à cette composi- fougueuses et variations subtiles à par-
trice de talent qui fut également l’une tir du matériau thématique, s’intègrent
des plus grandes pianistes de son harmonieusement dans l’ensemble et
temps. Composé entre 14 et 16 ans,
nous laissent entrevoir quelle extraor-
Heinrich Scheidemann (1596-1663) son attachant Concerto témoigne de
dinaire interprète elle a dû être. Ser-
Œuvres choisies pour orgue, clavecin et la précocité et de la maturité de cette
vies par une Staatskapelle de Halle en
virginal adolescente soucieuse d’étoffer ainsi
Joseph Rassam, orgue, clavecin, virginal Clara Schumann (1819-1896) ses récitals d’un morceau de bravoure grande forme et par une excellente prise
Concerto piano, op. 7 / L. van Beethoven : destiné à montrer sa virtuosité et son de son, Ragna Schirmer au jeu clair et
BRIL95427 • 2 CD Brilliant Classics
Concerto piano n° 4, op. 58 inventivité : après une ouverture majes- souple et Ariane Matiakh à la direc-

A près un premier enregistrement


remarqué d’œuvres de divers
compositeurs de l’école d’orgue nord
Ragna Schirmer, piano; Staaskapelle Halle; Ariane
Matiakh, direction
tueuse, l’Allegro initial de nature rhap-
sodique est suivi par une Romance
tion attentive et précise, nous livrent
de superbes lectures de ces concer-
0300928BC • 1 CD Berlin Classics intime et tendre tissée entre le piano tos  : lumineuses, enlevées et d’une
allemande du XVIIe siècle, J. Rassam
explore ici de façon fort judicieuse la
production de Scheidemann qui en fut
V oici un disque particulièrement inté-
ressant qui réunit l’unique Concerto
et un violoncelle solo qui chante mer-
veilleusement, bientôt balayée par un
grande poésie. Une réussite totale  !
(Alexis Brodsky)
la figure de proue. Toutes les facettes du
créateur sont illustrées - musique reli- du langage musical de l’époque. Cette phonie Sonate en ré majeur, TWV 41 : 1
gieuse et profane, œuvres « hybrides », architecture souple et mouvante est Die Deutsche KammerPhilharmonie Bremen;
liées à l’utilisation dans l’Allemagne comme provoquée, recréée, et ren- Matthias Höfs, trompette, direction
luthérienne, où la pratique du culte due supérieurement par l’interprète. 0300996BC • 1 CD Berlin Classics
familial était encouragée, de mélodies
S
Jeu d’un vif-argent, d’une articulation, i dans toute l’Europe baroque, les
populaires ou de musiques de divertis-
d’une lisibilité exemplaires, constam- trompettes ajoutent panache, éclat
sement comme matériau de la musique
ment inspiré, délié, enlevé, clair, et qui et grandeur au déploiement musical
d’église. Sans oublier les compositions
tissées d’apports étrangers retravaillés, donne au flux musical l’évidence d’une requis en maintes circonstances célé-
déplacés, adaptés. Les genres représen- sorte d’improvisation spontanée (voir Georg Schumann (1866-1952) bratives à l’église, à la cour, ou pour
tés recouvrent pratiquement l’ensemble par exemple la Gailliarda et Variatio en quelque évocation de faits héroïques
Symphonie en fa mineur; Ouvertures « To a
des formes, d’ampleur et de complexité ré mineur du second CD). Par ailleurs, drama » et « Joy of life » au théâtre, c’est principalement et tout
variable (du court præambulum à la fan- J. Rassam s’avère être, sur le bel orgue Deutsches Symphonie-Orchester Berlin; James naturellement en Italie où naît le concer-
taisie, en passant par le choral, la can- d’esthétique nord allemande d’Amilly, Feddeck, direction to que l’instrument finit par acquérir sa
zone et les danses de toutes sortes etc.) CPO555110 • 1 CD CPO nouvelle dimension de soliste. Tout
un remarquable coloriste sur le plan de
mises à profit par le compositeur, chez autant italophile que francophile, Tele-
qui surface et profondeur, horizontalité
et verticalité, mélodie et contrepoint se
la registration (cf. notamment l’ingé-
nieuse fantaisie sur Jesus Christus Q ui d’autre que CPO pourrait se
pencher sur les œuvres de Georg
Schumann  ? Ce musicien berlinois a
mann observe puis signe sans doute les
premiers concertos pour trompette en
unser Heiland). Dans le second CD, la
traversent constamment : se construit, laissé deux symphonies (la première terre allemande. Ces pièces brillantes
saveur, faite de fermeté et de douceur d’invention mélodique ont déjà fait
à fleur d’œuvre, par capillarité, auto déjà enregistrée par le même label)
engendrement et rejaillissement per- mêlée des deux instruments à cordes l’objet de plusieurs enregistrements.
dont voici la seconde. Vaste partition où
manent un discours d’une volubilité pincées est aussi magnifiquement exal- Après plusieurs auditions de celui-ci,
passent les ombres de Brahms et Wa-
irradiante, à partir de cellules concises, tée. Nombre de ces pages sont inédites le phénomène constaté ne disparaît
gner, improbable synthèse possible en
toujours identifiables, transformées par au disque. Une performance exception- 1905… Rien de Strauss ou de Mahler pas  : le Hambourg de Telemann est
les multiples outils qu’offre la “syntaxe” nelle ! (Bertrand Abraham) toutefois dans cette construction solide devenu un port que ne semblent plus
mais manquant un peu de personna- atteindre, sinon les déferlantes d’une
lité. Deux ouvertures assez convention- théâtrale Tempesta, du moins ces flux
tions de partitions destinées à ce der-
Sélection ClicMag ! nier, au piano ou au violoncelle, voire
nelles, l’une tragique, l’autre joyeuse,
complètent ce portrait d’un composi-
et reflux que le maître esthétisa dans sa
fameuse «  Wassermusik  » sans sacri-
des transcriptions de transcriptions
teur assez oublié. L’interprétation est à fier la concrétude de leur matérialité.
pour violon. Parce qu’on les a tant et
tant entendues dans d’autres distri- l’image des œuvres, solide mais sans Plus essentiel que le degré de réalisme
butions on débute l’écoute du disque imagination particulière. Tout n’est pas d’un tableau réussi, le principe du mou-
avec un peu d’appréhension. Mais il de la même eau dans ce que révèle CPO vement pourrait presque concentrer à
suffit de quelques mesures pour rendre de ce répertoire marginal parallèle aux lui seul l’essence du baroque. Imagi-
les armes, à condition d’accepter que deux grands compositeurs cités ci- nez en totale contradiction un monde
la brillance, la tessiture et la raideur dessus. Georg Schumann ne vaut pas épargné par les soubresauts décisifs
propres au hautbois se substituent aux Siegmund von Hausegger, en attendant
qu’un Harnoncourt ou qu’un Goebel,
textures sonores qu’on associe habi- enfin que CPO s’attelle aux plus grandes
deux Telemaniaques de génie (des
Robert Schumann (1810-1856) tuellement à Schumann … Si la « rêve- pages inédites de l’époque, la Herbst-
«  Tafelmusik  » d’anthologie), offrirent
rie » revue façon lied ou les extraits des symphonie de Joseph Marx et, surtout,
3 Romances pour hautbois et piano, op.
la démesurée Gloria Symphonie de comme salut à un univers musical
94; « Träumerei », op. 15 n° 7; « Am «  pièces dans le style populaire  » en alors encore méconnu ou mal compris.
Kamin », op. 15 n° 8; 6 Pièces en forme pâtissent, le reste fonctionne à mer- Jean-Louis Nicodé. (Richard Wander)
Las, tout s’écoule paisiblement, pro-
de canon pour hautbois, violoncelle et veille. La palme va pour moi aux études
piano, op. 56; « Meine Rose », op. 90
prement, sans remous, sans couleurs,
canoniques pour piano-pédalier op. 56
n° 2; « Mein Schöner Stern », op. 101 n° benoîtement campé à mi-chemin entre
où un violoncelle justement (et pas des
4; « Abendlied », op. 85 n° 12; 5 Pièces rugosité et sensualité, entre dépouille-
moindres  : le Montagnana de Norbert
folklorique, op. 102 n° 2-4 / C. Schumann : ment et luxuriance. L’unique occasion
3 Romances, op. 22
Anger) vient compléter la scène sonore.
Sertie dans le piano d’un Florian Uhlig de s’en consoler est offerte par l’écri-
Céline Moinet, hautbois; Florian Uhlig, piano; ture plus contrapuntique des pièces de
Norbert Anger, violoncelle comme toujours impeccable, la lilloise
Céline Moinet (un des trois « hautbois musique de chambre qui leur permet de
0300991BC • 1 CD Berlin Classics principaux  » de la Staatskapelle de mieux supporter un traitement indiffé-

P armi les œuvres présentées ici, Dresde) distille une tendresse rêveuse rent. Quand bien même nos musiciens
seules les 3 romances op. 94 furent qui transforme ce qui aurait pu n’être Georg Philipp Telemann (1681-1767) auraient contourné la séduction des
vraiment pensées d’emblée pour le qu’une belle et anecdotique carte de vi- Concerto pour trompette n° 1-3, TWV 51, sens pour viser l’essence, l’auditeur doit
hautbois ou son alter ego à cordes, le site en un moment de poésie au charme 53, 43; Sonate en si mineur, TWV 41 : h3; savoir qu’il n’aura finalement droit ni à
violon. Les autres sont des transcrip- irrésistible. (Olivier Eterradossi) Sonate en sol mineur, TWV 41 : g6; Sym- l’une ni à l’autre. (Pascal Edeline)

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Alphabétique
phants, flûtes enjouées et galantes). les apports de toute l’Europe, formes remarque dans l’œuvre de ce fils de
Sélection ClicMag ! Dans l’autre - dite «  Symphonie des souples - le concerto flirtant sans cesse Bach un nombre important d’œuvres où
grillons  » - le renvoi à l’insecte (cf. la avec la suite, la symphonie, la sonate, et
façon dont les vents se « frottent » de se mettant parfois en abyme, alliance de l’alto est particulièrement mis en valeur.
façon continue et obsédante aux deux timbres qui relève parfois de la gageure, On peut en dire autant des concertos
doubles basses et les interjections des traits surprenants et facéties - cf. la des-
vents dans le Presto, qui peuvent faire ici présentés, qui témoignent d’une
cente chromatique, répétée plusieurs
penser à des stridulations, plus l’aspect fois dans l’allegrezza du concerto en Fa connaissance intime de l’instrument,
entêtant du mouvement lent), se double majeur et qui pourtant, prend presque où les qualités propres à l’alto, son
d’une référence au «  caprice  » (musi- au dépourvu à chaque fois. Le détail est
cal en l’occurrence), puisque c’est là timbre à la fois chantant et velouté,
foisonnant, et ciselé, l’écriture se fait à
un autre sens du mot Grille en alle- trouvent une expression idéale. L’ins-
la pointe la plus fine. Mais miracle : tout
Georg Philipp Telemann (1681-1767) mand. C’est l’œuvre la plus étonnante,
se tient, tout participe à une unité impa- trumentation sobre (2 flûtes et 2 cors
Concertos pour instruments variés, vol. 5 la plus excentrique du CD - combinai-
rable. C’est dire que l’exécution de telles
La Stagione Frankfurt; Michael Schneider, direction sons sonores d’une grande originalité, se joignant aux cordes) contraste, dans
écriture qui manie les contrastes avec œuvres exige un sens proprement fu-
CPO555082 • 1 CD CPO rieux de l’équilibre, un dosage millimé- ces pièces mélodieuses, avec les intro-
une maestria surprenante de bout en

F ête magnifique et bonheur absolu que bout. Et comment résister aux figura- tré des pupitres, une direction qui fait ductions d’orchestre copieuses et très
ce 5e volume de concertos de Tele- tions arachnéennes du violon qui tient un sort à tout sans perdre de vue l’unité
élaborées qui attestent du grand talent
mann, après les précédents, non moins tête à la fois crânement et délicatement pourtant si mouvante. Il faut, pour cela,
réussis. Il s’ouvre sur deux composi- aux tutti avec cors puis trompettes qui l’aisance d’un funambule. C’est ce à de Westerhoff. On retrouve ici le parfum
tions «  descriptives  » des toutes der- viennent « converser » avec lui dans le quoi la Stagione Frankfurt et Michael de l’école de Mannheim (Carl Stamitz,
nières années du compositeur. L’une, Concerto en Fa majeur datant des an- Schneider parviennent. Une magni-
conçue comme une suite de danses fique interprétation, dont l’écho se Rosetti), dont plusieurs compositeurs
nées 1740  ? La musique de Telemann
au parfum parfois rustique, évoque est inventivité, diversité et multiplicité à prolonge en nous bien après l’audition. ont également écrit des concertos pour
les moments de la chasse (cors triom- tous les niveaux : creuset où se mêlent (Bertrand Abraham) alto, à côté de contemporains comme
Vanhal, Hoffmeister, Pichler ou Rolla.
cien attachant originaire d’Osnabrück,
Le concerto pour flûte, de dimensions
dont malheureusement seulement une
partie de la production a été préservée. plus amples, avec trompettes et tim-
Fils et frère de musicien professionnels balles venant étoffer l’orchestre, date
travaillant à Osnabrück, il dut trouver
de 1798 et présente une partie soliste
un poste à la cour voisine du Comte
zu Bentheim und Steinfurt dès 1786, y de haute virtuosité, et un Finale intitulé
travaillant comme violon d’orchestre et « La Réveille » qui sacrifie à la mode des
contrebasse solo. C’est certainement à
Anton Urspruch (1850-1907)
Christian Westerhoff (1763-1806) œuvres « de chasse » typique de la fin
cette occasion qu’il développa de bril-
Fantaisies, op. 2 n° 1-5; Danses alle- Concertos pour alto en sol et do majeur; lantes qualités d’altiste, consacrant 4 du XVIIIème siècle. Ces trois œuvres
mande; Thème et Variations; 5 pièces Concerto pour flûte en ré majeur concertos à cet instrument, dont les 1er viennent ajouter, dans une excellente
pour piano, op. 19; Cavatine; Arabesque; Barbara Buntrock, alto; Gaby Pas-Van Riet, flûte; et 3ème enregistrés ici pour la première
Prélude; Caprice Orchestre Symphonique d’Osnabrück; Andreas fois. C’est d’ailleurs en qualité de Kon- interprétation, une pierre brillante dans
Ana-Marija Markovina, piano Hotz, direction
zertmeister, violoniste et altiste qu’il fut la couronne posthume de Westerhoff et
HC16015 • 3 CD Hänssler Classic CPO777844 • 1 CD CPO embauché à la Cour de Bückebourg, où dans la résurrection d’un passionnant

A lors que Brahms ouvrait la voix aux


musiques de l’avenir, un composi- A près un premier CD consacré à
Westerhoff il y a peu de temps, CPO
continue la redécouverte de ce musi-
Johann Christoph Bach venait de décé-
der (1795) après avoir consacré toute
sa vie professionnelle à cette cour. On
répertoire méconnu de la période clas-
teur absolument de son cercle (et de sique. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
celui de Clara Schumann) pouvait-il
parfaire une œuvre totalement dans la
donc à Leipzig, âgé de 20 ans, afin est celui de la suite à la française, tel
tradition ? C’est sur cette interrogation
même qu’Anton Urspruch aura écrit
Sélection ClicMag ! d’étudier le droit à l’Université. Une de qu’illustré ici par les deux suites pour 3
ses premières initiatives fut de créer un hautbois cordes et continuo , aux mou-
toute sa musique, fascinante en ce Collegium Musicum, orchestre amateur vements pourvus, comme il se doit de
qu’elle justement comme une danseuse composé de 40 de ses confrères étu- pittoresques titres français. L’assimila-
au bord du volcan, et particulièrement diants, dont le niveau était tel qu’il fit tion des modèles français (Lully, Cam-
les opus de piano que réunit ici au d’emblée souffler un vent de modernité pra entre autres), et de leurs imitateurs
complet Ana-Marija Markovina. Quelle inédit dans la métropole thuringienne. austro-allemands (Fux, Muffat, Erle-
musique habile, qui flirte avec l’irres- Le maître de chapelle en titre, Kuhnau bach, Steffani…) est si complète que
pect tonal en parodiant Schubert dans (1660-1722), à la santé précaire et te- Telemann, comme les français louis-
les délicieuses (et souvent délétères) nant d’un style solide mais démodé, se quatorziens, utilise le trio de hautbois
« Deutsche Tänze », évoque par le titre et vit gracieusement prier par les autorités comme un «  petit chœur  » opposé au
dans la musique les « Fantasiestücke » Georg Philipp Telemann (1681-1767) municipales d’interpréter une semaine
« grand chœur » de l’orchestre à cordes.
de Schumann, et ne craint pas d’aller Ouvertures, TWV 55 : C6 et TWV 55 : sur deux lors des offices divins une
Sa maîtrise parfaite du style italien est
sur le terrain de Brahms avec les vastes G4; Concerto en la majeur pour hautbois cantate de Telemann en lieu et place
d’amour, cordes et basse continue, TWV démontré dans le mélodieux concerto
« Variations op. 10 » dont les audaces d’une des siennes. L’orchestre du Col-
51 : A2; Sonate en la mineur pour 2 vio- pour hautbois d’amour, découpé en 4
discrètes sonnent plus d’une fois assez legium Musicum donnait des concerts
lons, alto et basse continue, TWV 43 : a5; mouvements « à l’allemande », ainsi que
l’été dans les jardins de la ville, et l’hiver
Reger. Et c’est Brahms entièrement qui Trio en sol mineur pour hautbois, violon et sa prédilection pour les timbres rares.
dans les nombreux cafés de la ville qui
s’invite dans l’opus 19, merveille de la basse continue, TWV 42 : g5 La conduite des voix en trio est démon-
devinrent ainsi les premières salles de
série, et dans les deux diptyques de l’an- Die Freitagsakademie trée de façon exemplaire dans l’œuvre
concert public. Telemann ne demeura
née 1891. Un épigone alors  ? En tous WIN910245-2 • 1 CD Winter & Winter pour violon, hautbois et basse, tandis
que 3 ans à Leipzig, avant d’accep-

C
cas le maitre d’un art qui saisit tout de hez les Telemann, on ne badinait pas ter le poste de maître de chapelle du que la sonate à 4 pour cordes (première
son temps, perméable aux esthétiques avec une carrière. Malgré le talent Comte Promnitz, à Sorau, en Basse mondiale à ma connaissance) est un
nouvelles mais les transcrivant par son musical éclatant et précoce du jeune Lusace (Pologne), où il devait s’initier kaléidoscope des différents styles maî-
propre prisme. Témoin précieux de ce Georg Philipp, il n’était pas question aux «  beautés barbares de la musique trisés par l’auteur qui se permet même
romantisme parvenu à sa maturité, dont pour ses parents qu’il devienne musi- hanaque des paysans et des bergers un hommage appuyé à Corelli dans le
d’Ana-Marija Markovina débrouille les cien professionnel, cette carrière étant polonais », comme il l’écrit dans une de finale. L’interprétation de la Freitagsa-
textes profus avec un sacré caractère. pour eux assimilable à celle de bateleur ses 3 autobiographies. Un style dont il kademie est savoureuse et exemplaire.
(Jean-Charles Hoffelé) ou autre jongleur. Telemann débarqua avait déjà fait son miel à cette époque (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

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Récitals
et en effet toute une certaine radicalité seking, distincts, quasi antithétiques, ven fut au quarantenaire, revenu de ses
de son art y parait, qui veut produire celui d’avant la guerre et celui d’après années de virtuose par nécessité – il
à chaque instant une émotion irré- la guerre. Comme Wilhelm Kempff, Gie- l’enregistra avant, il l’enregistrera après
pressible quitte à brusquer les textes. seking dans les années vingt et trente – au sens propre comme au sens figuré,
Sommet du concert, une «  Eroica  » à jouait moderne, fuyant le sentiment, une planche de salut  : c’est son Alle-
tomber, violente, âpre, emmenée avec gourmant son clavier, y mettant une magne sécrète et éternelle qu’il y célé-
un panache fou dès les premières me- certaine objectivité qui va comme un brait de son clavier volatil, c’est la même
sures de l’Allegro con brio. Elle culmine gant au classiques, et «  classicise  » Allemagne qu’il viendra illustrer, para-
dans une « Marche funèbre » terrible de même Beethoven dont il gravera alors doxe invité de l’Occupant sous les sta-
Quatuor de Budapest noirceur et un final construit comme un trois concertos. Le 1re, aussi avec tues d’Arno Breker au Palais de Chaillot,
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuors à inexorable crescendo, cravaché, tout en Hans Rosbaud, est demeuré un modèle jouant à quatre mains avec Alfred Cortot
cordes en do majeur, K 465, K 499, K 590 élan. La 4e Symphonie de Schumann autant que celui d’Ania Dorfmann avec devant un parterre d’officiers de l’armée
Quatuor de Budapest n’est pas en reste, si affirmée dans ses Arturo Toscanini : ils sont d’ailleurs très du Reich et un auditoire d’artistes fran-
cadences, si rythmée au point que le proches, de tempo, d’accent, d’esprit. A çais choisis (les photos existent), leur
BID80213-2 • 1 CD Biddulph
chant s’inféode toujours à cette battue Dresde, la rencontre avec Böhm pousse mettant sous le nez la vraie Allemagne,
qui ne laisse rien dans l’ombre tout en Gieseking dans ses retranchement, le ce qui fit jaser et lui colla un tant soit
suggérant des paysages aux arrières fait chanter plus qu’il ne voulut certai- peu l’étiquette nazie, mais guère pour
plans complexes  : Furtwängler enten- nement, et c’est admirable dans un An- les français qui l’Occupation passée et
dait mieux que beaucoup d’autres les dante résolument prié que Kempff juste- la Guerre gagnée l’accueillirent sans cil-
subtilités si particulières de l’orchestre ment n’aurait pas désavoué. Mais c’est ler, sachant que son Beethoven était ce-
du compositeur de Genoveva (seul Her- l’Empereur solaire, comme sculpté dans lui de Goethe et qu’il pouvait jouer Fauré
mann Abendroth l’égalait ici). Le pont la lumière, qui reste au sommet de sa comme jamais Cortot ne le fit à ce degré
entre les deux derniers mouvements discographie concertante toute époque de magie et d’intimité. Donc voila cette
reste toujours aussi surprenant, jumeau confondue  : l’entente avec le lyrisme somme de guerre, et d’ailleurs vue avec
de celui capté au studio par Deutsche ardent de Bruno Walter est historique, le recul des perspectives historiques,
Quatuor de Budapest Grammophon. Si ce concert splendide les Viennois en sonorité glorieuse, plutôt de résistance, où parait la plus
Franz Schubert : Quatuors à cordes n° 13- est resté en marge de la discographie, s’accordant parfaitement au geste apol- belle sonorité de piano possible que le
15; Quintette avec piano, D 667 c’est qu’on aura reproché au Swiss Fes- linien du pianiste. Quel contraste avec clavier que Beethoven rêva, la seule qui
Georges Moleau, basse; Mieczyslaw Horszowski, tival Orchestra (aujourd’hui l’Orchestre l’Empereur tout en muscle qu’il enre- puisse jamais se comparer à celle que
piano; Quatuor de Budapest du Festival de Lucerne), tout emmené gistrera une décennie plus tard avec Schnabel, damant le pion à tous, fixa à
BID80223-2 • 2 CD Biddulph qu’il fut ici par Michel Schwalbé, ne Artur Rother pour les magnétophones Londres dans les années trente, exilé
pouvoir prétendre à la cohésion des stéréophoniques de IIIe Reich. Et les déjà, et dans les mêmes termes d’allé-
Berlinois ou des Viennois. Mais l’édition concertos romantiques, Premier de gement, de vocalité, de fulgurance, une
restitue enfin les bandes originales et Liszt, le Grieg, les Variations Sympho- somme incomplète qui vaut bien mieux
leur acuité sonore change radicalement niques de Franck (avec Henry Wood, que toutes les sommes, car l’esprit de
la donne, débarrassant des scories des gravure célébrissime) ? Le même style Beethoven, le génie personnel (discret
copies précédentes la sonorité si puis- objectif s’y déploie, le Grieg en profite et impérieux pourtant) de l’interprète s’y
sante d’une formation qui fait corps avec à plein car Hans Rosbaud encore une fondent dans un discours absolument
la battue si mobile de Furtwängler, au fois en resserre l’orchestre, plus sen- naturel et évidemment émouvant, l’air
point que plus d’une fois cette adéqua- sible au récit qu’aux paysages, comme de rien. Les transferts sont « bruts », les
tion semble proche d’un certain idéal. le pianiste, mais le Liszt, cravaché par surfaces bruissent mais ce piano de ma-
(Jean-Charles Hoffelé) Wood, est joué avec un panache assez gicien est tout entier là, versé dans ses
Sonates pour violon insensé et sans une once de vulgarité, numéros de grande illusion. C’est infini-
L. van Beethoven : Sonate violon n° 10 quant au Franck, il est entré dans l’his- ment précieux, incarné, vivant comme
/ F. Schubert : Sonate violon, D 574 / J. toire, sublime camaïeu de gris colorés. tout ce qui est pleinement histoire
Brahms : Sonate violon n° 3
L’éditeur complète avec une Sonate de devrait l’être et succède chez le même
Joseph Szigeti, violon; Mieczyslaw Horszowski, Mozart jouée sur des ailes (la si bémol
piano; Myra Hess, piano éditeur à un premier coffret regroupant
majeur enregistrée à Berlin en 1936, les autres enregistrements beethové-
BID80228-2 • 1 CD Biddulph quel dommage qu’il n’ait pas gravé niens de Kempff au temps du 78 tours.
toutes son piano solo de Mozart alors !) (Jean-Charles Hoffelé)
une bribe de la Première Partita, deux
Pièces lyriques de Grieg, qui rappellent
que Gieseking en ces années là était au
Walter Gieseking sommet de son art. Gageons qu’APR
Ses premiers enregistrements de concer- est lancé dans la patiente réédition de
tos, vol. 1-3. Œuvres choisies de Mozart,
tout son legs  : il y a de quoi faire, et
L. van Beethoven, J.S. Bach, F. Liszt et
E. Grieg
d’abord en fouillant parmi les 78 tours !.
Walter Gieseking, piano
(Jean-Charles Hoffelé)
APR7308 • 3 CD APR
Wilhelm Furtwängler
R. Schumann : Ouverture « Manfred », op.
115; Symphonie n° 4 en ré mineur, op. 120
J ’ai appris mon «  Jeunehomme  »
avec les 78 tours de Gieseking et de
Rosbaud : cette manière de jouer et de
Leff Pouishnoff
Intégrales des enregistrements 78 tours
/ L. van Beethoven : Symphonie n° 3 en mi
phraser léger, de ne rien souligner, de et Saga Records. Œuvres pour piano de
bémol majeur, op. 55 « Héroïque »
Bach, Chopin, Liszt, Debussy, Schubert,
Swiss Festival Orchestra; Wilhelm Furtwängler, ne pas solliciter l’expression, de laisser
Rachmaninov, Saint-Saëns…
direction l’émotion paraître sans rien accentuer.
Leff Pouishnoff, piano
AUD23441 • 2 CD Audite Ah  ! leur Andantino si nu, avec cette
cadence juste assombrie, comment ne APR6022 • 2 CD APR
AUD91441 • 2 SACD Audite

O n croyait cette captation de l’Ouver-


ture de « Manfred » perdue, la voici
pas y céder, y revenir sans cesse pour
vérifier ce que jouer Mozart dans la
pureté de son style signifie. Clara Has-
Wilhelm Kempff
Intégrale des enregistrements de guerre
L e 2 février 1921 le public londonien
découvre Leff Pouishnoff, ébahi
devant la perfection de son jeu. Ernst
des sonates pour piano
enfin retrouvée, prélude enfiévré à ce kil, Lili Kraus le jouaient aussi comme Newman le célèbre dans un article
Wilhelm Kempff, piano
concert lucernois dont le reste du pro- cela. Justement, c’est avec ce Jeune- resté fameux où son art si précis, son
gramme était bien connu et fut parfois homme de 1936 que s’ouvre l’album où APR7403 • 4 CD APR sens aigu des rythmes, une façon de

C
édité. Les zélateurs de Furtwängler au- APR regroupe les premières gravures hoix terrible mais apparemment jouer un rien sec qui semblait aller à
ront souligné à juste titre l’éloquence de concertantes consenties à Columbia assumé  : regrouper les gravures l’encontre des pratiques de l’école de
cette soirée du 26 aout 1953 où le chef par Gieseking. On est dans les années beethoveniennes que Kempff engran- piano impériale – il avait été l’élève
allemand renouait avec les fulgurances trente, période bénie pour le pianiste qui gea pour Grammophon – (pas encore d’Anna Essipova au Conservatoire de
de ses concerts de l’entre-deux guerres, rappelle à quel point il y eut deux Gie- Deutsche) – durant la guerre. Beetho- Saint-Pétersbourg- un grand sens des

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Récitals
nuances jamais affecté dépeignent nous voici ici, dans le monde de Harry Pauline Sachse, alto (Magghini 1610); Andreas
exactement ce que les enregistrements Potter. Qulesques une de ces pièces Hecker, clavecin (Kopie Mietke 1700)
aujourd’hui assemblés par APR font sont enregistrées avec son complice AVI8553312 • 1 CD AVI Music
entendre. Au sommet les Chopin, si
L
Mahery Andrianaivoravelona. Mais ne es méconnus ? William Flackton, de
cultivés, si élégants, droits, vifs, sans reculant devant aucune difficulté, une Canterbury, était éditeur, organiste
afféterie, merveilleusement préparés et grande partie de cet enregistrement a amateur branché musique d’église,
réalisés  : écoutez le «  filé  » de l’Etude été faite par Enguerrand Lühl lui-même joueur d’alto (nombreuses compo-
op. 25 n°2, les rythmes suggérés de la suivant la technique du re-recording, lui sitions en solo). Milanais, Giorgo
Mazurka op. 30 n°4, le grand style de la permettant d’être à la fois l’interprète Antoniotto fut l’un des premiers à
Valse en la bémol majeur des sessions du piano 1 et du piano 2, sans artifice composer pour ce violoncelle auquel Concertos pour violoncelle
de 1948. Tout le répertoire de charme, particulier, juste en se remémorant et en il dut renoncer, main blessée en duel. N. A. Porpora : Concerto pour violoncelle
si souvent sollicités par les pianistes au suivant Scrupuleusement tous les tempi Il passa par Paris et Vienne, repassa en sol majeur / G. M. Monn : Concerto
temps des 78 tours, se pare d’un éclat déjà choisi. par Madrid et Lisbonne. Schoenberg pour violoncelle en sol mineur / J. Haydn :
mordoré, d’une finesse dans le legato à l’ancienne, dans son Arte armonica Concerto pour violoncelle n° 1 en do
qui justement fait tout clair. Et les deux publié à Londres, il inventa son sys- majeur, Hob VIIb
Etudes de concert de Liszt montrent sa tème de développement musical (du Adriano Maria Fazio, violoncelle baroque (19e
technique fabuleuse mais débonnaire contrepoint, de l’harmonie, même de siècle); Cappella Neapolitana
par flegme, un peu à la manière de celle la mélodie) généré à partir des premier BRIL95570 • 1 CD Brilliant Classics
de Moiseiwitsch. L’album propose un

L
et cinquième degrés de la tonalité. A a réunion de ces trois concertos
vaste panel, des gravures acoustiques Dresde, fils de hautboïste, le «kapel-
- bien reportées par Mark Obert-Thorn pour violoncelle illustre parfaite-
lorganist» Christlieb Siegmond Binder, ment l’évolution stylistique du baroque
- aux ultimes sessions Saga de 1958,
autre expérimentateur formel (à ne pas vers le classique. Unique au sein d’une
alors que Pouishnoff demeurait une
confondre avec ses deux fils également production essentiellement consacrée à
légende à Londres. Le son est d’une
Libros de musica para vihuela musiciens), donna dans le clavecin et
beauté si douce, si tendrement chan- l’opéra seria, celui du napolitain Nicola
Œuvres pour vihuela de L. Milan, L. de
les sonates en trio, sans dépasser la
tante dans le Nocturne op. 9 n°2, dans Porpora traite son soliste comme un
Narvaez, D. Pisador, M. de Fuenllana, A. renommée locale. Mais, de surprise dé-
la Berceuse, quel dommage qu’il se soit acteur lyrique virtuose dont il exploite
Mudarra... licieuse en émotion fondante, c’est tout
éteint si tôt, une année plus tard, dans souvent le registre aigu. En quatre mou-
Massimo Lonardi, vihuela le programme ici qui porte merveille
sa soixante et unième année. Limite de vements lent-vif-lent-vif, ce concerto
STR33784 • 1 CD Stradivarius et grâce, entre musique dite galante,
son art, la grande forme  : la Sonate D semble construit comme une suc-
baroque, et surtout au sentiment bien
894 en atteste, un rien raide, trop volon- cession de scènes, avec des thèmes
en bandoulière : ce fameux Empfind-
taire. Au rayon Schubert mieux aurait ornementés et des rythmes syncopés
samkeit que l’on rattache volontiers à
fallu publier les merveilleuses faces de qui contrastent avec de sages mélodies
CPE Bach (notez comme son présent
Lieder qu’il grava avec Frank Titterton. rigoureusement développées dans les
larghetto pourrait faire sarabande d’une
(Jean-Charles Hoffelé)
suite soliste de son père). Bref, voilà un adagios. On franchit une étape avec
enregistrement somptueux autant que l’autrichien Georg Mathias Monn dont
magnifique, par de remarquables musi- le séduisant concerto (seul également
ciens. Le claveciniste est peut-être un au sein d’un catalogue dominé cette
peu discret, mais alors quelle altiste, et fois par la symphonie) déploie autour
quel instrument (renversant Paolo Mag- de thèmes bien caractérisés une ligne
Musique pour violon et orgue ghini de 1610) ! Le monde n’est plus de chant nettement plus libre, simple et
Œuvres de Saint-Saëns, Gounod, Guilmant, que rebonds bien frottés, raucités salta- spontanée que chez Porpora. Elève de
Dubois… toires, feulements rêveurs au bon goût ce dernier, Haydn compose son premier
Anne Robert, violon; Jacques Boucher, orgue boisé. O Temps, suspends ta viole...
(Orgue Casavant opus 615 de l’Eglise Saint-Jean- concerto pour violoncelle vers 1767  :
(Gilles-Daniel Percet)
Musique anglaise piano 4 mains Baptiste de Montréal) d’une ampleur supérieure à ceux de
XXI1716 • 1 CD XXI-21 Productions ses aînés, il apparaît comme un abou-
P. Mccartney : A Leaf; Singalong junk /
R. Vaughan Williams : Ouverture « The tissement, s’inscrivant dans un cadre
Wasps » / W. Walton : Duos pour enfants, classique qui a alors trouvé ses règles
livres 1 et 2 / E. Elgar : Introduction et et fixé ses canons. Même si l’orchestra-
allegro, op. 47 tion choisie ici écarte volontairement les
Piano Duo Caron instruments à vent, on reste sensible à
XXI1603 • 1 CD XXI-21 Productions la poésie sensuelle de son adagio et à
la vitalité réjouissante de son exubérant
Finale. Brillamment accompagné par
Roland Glassl les solistes de la Capella Neapolitana,
Adriano Maria Fazio joue avec talent
M. Reger : Suites pour alto n° 1-3, op.
Musique pour cordes et orgue du 131d / A. Busch : Suite pour alto, op. 16a / et un réel engagement un beau violon-
Novecento historique J. Weinreich : Suite pour alto n° 1-3 celle baroque aux sonorités chaudes et
Œuvres de Respighi, Corelli, Pastorale, Roland Glassl, alto soyeuses. (Alexis Brodsky)
Vivaldi, Albinoni, Locatelli… AUD97721 • 1 CD Audite
I Solisti Laudenzi; Fabio Merlini, orgue, direction

John Williams (1932-) TC900004 • 1 CD Tactus


John Williams (1932-) : Extraits de la
bande originale des films Harry Potter
(trans. pour 2 pianos) / Paul Dukas (1865-
1935) : L’Apprenti sorcier (trans. Pour 2
piano par E-F Lühl)
Enguerrand-Friedrich Lühl, piano; Mahery Andria-
naivoravelona, piano
POL105109 • 1 CD Polymnie Sonates italiennes

I nfatigable pianiste, Enguerrand Lühl Viaggio nel tempo Sonates pour flûte à bec, violoncelle et
se complaît aussi dans les transcrip- Œuvres pour contrebasse et piano de H. clavecin de Corelli, Dall’Abaco, Scarlatti,
tions. Ses échanges avec John Williams Viola Galante Eccles, J.S. Bach, J. Haydn, F. Chopin, S. Veracini, Fontana…
lui permettent d’être le transcripteur Koussevitzky, A. Piazzolla et G. Kurtág Lorenzo Cavasanti, flûte à bec; Caroline Boersma,
Sonates pour alto. Œuvres de CPE Bach,
pour piano(s) des oeuvres du grand Erno Rácz, contrebasse; Veronika Trisko, piano violoncelle; Sergio Ciomei, clavecin
W. Flackton, G. Antoniotto, F. Benda et
musicien américain. Après Star Wars Christlieb S. Binder GRAM99102 • 1 CD Gramola STR33847 • 1 CD Stradivarius

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cement  » vers Rome, qui préside à ce caractéristique de la musique de cette
Sélection ClicMag ! CD, est déjà en lui-même un prodigieux «  époque  » que l’instrument met plus
atout : il permet de découvrir des pièces en valeur que tout autre : le continuum
inédites au disque - ainsi, celles, tar- existant entre improvisation, interpré-
dives, de Magini. À Rome, la voix était tation et composition. Les cornettistes
prépondérante. Les instruments consti- furent des improvisateurs virtuoses
tuaient deux groupes  : «  trombetti  » ornant, développant des cellules musi-
(cuivres), réservés à la musique d’appa- cales parfois très brèves empruntées à
rat, et « piffari », plus « doux », jouant des danses, au plain-chant etc… Les
Midsummer Phantasy dans les banquets, mais aussi à l’église, compositeurs intégrèrent tout naturel-
H. Purcell : Fantaisies n° 3, Z. 734 et 4, et remplaçant ou accompagnant les lement les procédés liés à cette impro-
Z. 735 / F. Bridge : Fantaisie pour quatuor voix. La dynamique, le timbre du cor-
visation. Le cornet était l’instrument le
avec piano, H. 94 / O. Penard : « Phan- Un cornetto a Roma net, sa ductilité, lui conféraient un rôle
plus à même de reprendre à son compte
tasy », quatuor avec piano op. 25
La musique pour cornet à Rome, 1500- charnière : il intervenait aussi bien avec
tout un art de l’ornementation vocale.
Ensemble Contraste [Arnaud Thorette, violon; 1700. Oeuvres de C. Festa, F. Soriano, G. les sacqueboutes (ancêtres du trom-
Maria Mosconi, alto; Antoine Pierlot, violoncelle; Et les canzone de Frescobaldi, œuvres
Frescobaldi, F. Magini, E. Pasquini… bone), que dans des ensembles plus
Johan Farjot, piano] intimes. Et donc, dans une musique connues et fort bien représentées dans
Bernard Foccroulle, orgue; inAlto; Lambert Colson,
DUX1126 • 1 CD DUX verticale et quelque peu hiératique - on ce CD, sont bien plus attachantes, déli-
cornet, direction
admirera par exemple le côté presque cates et somptueuses au cornet et à
PAS1033 • 1 CD Passacaille l’orgue (instruments idéalement appa-
obsessionnel du Ricercare de Pasquini

L e cornet connut son âge d’or à la Re-


naissance et jusqu’au milieu du XVIIe
avant de s’éteindre peu à peu. C’est le
- et dans des pièces plus fluides, ornées
et virtuoses. C’était l’instrument le plus
riés) que dans des enregistrements
pour clavecin et flûte à bec par exemple.
proche de la voix humaine. Ce Cd rend Il y a dans cette interprétation un ve-
rôle qu’il joua à Venise et le répertoire magnifiquement compte de cette diver- louté, une sensualité, un bonheur véri-
vénitien qui contribuèrent le plus à l’ins- sité, ainsi que de la variété des formes tablement exceptionnels. Une magie.
taller dans la discographie. Le « dépla- musicales où le cornet s’illustra. Autre (Bertrand Abraham)

un quatuor féminin. Musique épurée à Il s’entoure ici du violoniste Bielow et Daniel Rybak, piano; Adam Manijak, piano; Duo
Immortal Bach base d’harmonies robustes, quartes et de l’excellent pianiste Schuch. Dès les Clarigotto [Miroslaw Klys, clarinette; Dorota
J.S. Bach : Suite n° 3, Courante, Sara- quintes, dans le style de l’Ars Nova mais premières mesures, l’équilibre en les Gegielska, basson]
bande, Bourrées I e, Gigue, BWV 1009 / avec un début de lyrisme qui annonce le deux instruments mélodiques frappe  : DUX1227 • 1 CD DUX
R. Bocca : Esegesi / C. Boccadoro : Power
madrigal italien de la Renaissance. Mi- de délicats pianos bien timbrés et une
Station / K. Nystedt : Immortal Bach /
I. Xenakis : Rebonds B / J. Cage : Third nutage généreux (80’) mais un regret, recherche constante du legato. Klieser
Construction pas de livret en français et absence des montre une longueur de souffle impres-
Simone Rubino, percussion textes. (Benoît Desouches) sionnante, qui lui permet un tempo très
GEN17479 • 1 CD Genuin retenu et un chant pudique dans l’Ada-
gio mesto. L’enregistrement laisse le
piano un peu en retrait, mais le Scherzo
y gagne une grâce quasiment mendels-
sohnienne - malgré l’écriture chargée
de Brahms, surtout dans les graves.
Le final affiche également un tempo Crossings
étourdissant. On perd en étendue dyna- Œuvres pour flûte et guitare de A. Piazzol-
mique (peu de forte) mais on gagne en la, M. Castelnuovo-Tedesco, J. Ibert, F.
élan et en fraîcheur. Cet enregistrement Chopin, M. Giuliani et F. Borne
Allegro Danzante propose assurément un regard neuf et Grzegorz Cimoszko, flûte; Jan Cimoszko, guitare
habile sur l’œuvre. Très intelligemment, GRAM99143 • 1 CD Gramola
Venetia Mundi Splendor N. Rota : Allegro danzante; Sonate en ré /
ce trio est accompagné d’autres pages
F. Busoni : Elégie / M. Castelnuovo-Tedes-
Musique et politique à Venise entre le écrites pour la même formation. On y
co : Sonate, op. 128 / E. Morricone : Ipotesi
Moyen-Âge et l’Humanisme : Landini, découvre que Brahms n’est pas le pre-
/ V. Fellegara : Wiegenlied / R. Cacciola :
Dufay, Ciconia, Lantins...
Storie / M. Dall’Ongaro : Errata corrige mier à l’adopter. On y découvre surtout
Ensemble Oktoechos; Lanfranco Menga, direction
Rocco Parisi, clarinette; Gabriele Rota, piano que Koechlin, aujourd’hui bien négligé,
TC390001 • 1 CD Tactus lui a consacré quatre pièces brèves.
CON2005 • 1 CD Concerto

V enise splendeur du monde... Voici


un CD très pertinent consacré à
« musique et politique à Venise entre le
Un andante mélancolique précède une
page où passe l’ombre de Chausson
avant deux parties plus rapides. C’est
Moyen-Âge et la Renaissance ». On est bref mais impeccablement ciselé.
à la fin du 14ème et au début du 15ème Et vous donnera envie de découvrir
Duos pour flûte et hautbois
siècle. La concurrence est vive entre davantage de sa musique de chambre.
les républiques de Gênes et de Venise. A. Ginastera : Duo, op. 13 / W.F. Bach :
(Thomas Herreng)
Sonates n° 1, 3 et 4 / R. Suter : 5 Duos
Tous les moyens sont bons pour main-
pour flûte et hautbois / A. Moeschinger :
tenir et accroître sa sphère d’influence, 7 fables
entre autres la nomination d’évêques Heinz Holliger, hautbois; Felix Renggli, flûte
vénitiens dans le Veneto et au-delà. La
Sérénissime a bien compris le rôle de Trios pour cor GEN11211 • 1 CD Genuin
la musique comme instrument d’in- F.N. Duvernois : Trios pour piano, violon
fluence. L’intronisation d’un nouveau et cor n° 1 et 2 / J. Brahms : Trio pour
piano, violon et cor / C. Koechlin : 4 petites
doge ou l’installation d’un évêque sont
pièces, op. 32 / R. Kahn : Sérénade, op. 73
l’occasion de commandes musicales.
Felix Klieser, cor; Herbert Schuch, piano; Andrej
Les compositeurs sortent de l’anony-
Bielow, violon
mat du chant grégorien et se font un
0300931BC • 1 CD Berlin Classics Duo Clarigotto
nom, Philippe de Vitry, Guillaume de

C
Machaut, l’Ecole Notre-Dame. L’en- ertes, le corniste Felix Klieser s’est J. Brahms : Trio pour clarinette, op. 114
(arr. pour clarinette, basson et piano) /
semble Oktoechos, fondé en 1995 par fait remarquer pour n’avoir point
F. Mendelssohn : Pièce de concert n° 2,
le musicologue Lanfranco Menga fait... de bras et jouer avec ses pieds. Mais op. 114, MWV Q 24 (arr. pour clarinette,
écho à cette période avec un ensemble il est trop bon musicien pour ignorer basson et piano) / M. Bruch : 8 pièces pour The Medieval Piper
de motets polyphoniques « vénitiens » que, dans le chef d’œuvre qu’est le trio clarinette, alto et piano, op. 83 (arr. pour Musique du Moyen-Âge et de la Renais-
en latin magnifiquement interprétés par de Brahms, seule la musique compte. clarinette, basson et piano) sance pour instruments à vent. Œuvres de

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Récitals
A. el Sabio, B. de Dia, B. de Palazol, G. da rendre original jusqu’à Caro moi ben,
Firenze… il faut, pour lui rendre vraiment justice
Silke Gwendolyn Schulze, flûte à bec double, les envolées grandioses du Messie ou
douçaine, flûte à bec, flûte-tabor de certains Beethoven. Mon préféré  ?
BRIL95566 • 1 CD Brilliant Classics Le surprenant Ave Maria de Bruckner.
(Danielle Porte)
L e terme anglais «  Piper  » n’a pas
d’équivalent français. On peut dire
«  joueur d’instruments à vents  », de
façon assez large, et c’est ce qu’illustre Kinderlieder, vol. 1-3 Awakening
brillamment ce très bel enregistrement Lieder de Strauss, Wolf, Berg et Ullmann
Projet caritatif qui associe la radio alle-
où Silke Schulze, seule aux com- Äneas Humm, baryton; Judit Polgar, piano
mande SWR2 et le label Carus, le Lieder
mandes, nous régale de ces allègres ROP6143 • 1 CD Rondeau
project réunit les grandes voix allemandes
mélodies, quasi-improvisées, soute-
d’aujourd’hui et 300 jeunes chanteurs
nant le rythme parfois d’un tambou-
qui interprètent une sélection de près de
rin ou d’un triangle. En effet l’art des
100 comptines pour enfants en langue
ménestrels, trouvères et troubadours Jungle Baroque
allemande
qu’elle ressuscite ici avec beaucoup de L’héritage musical des Réductions Jésuites
Angelika Kirchschlager; Klaus Mertens; Christoph
talent impliquait la maîtrise d’un grand en Amérique du Sud. Œuvres de M.
Prégardien; Dietrich Henschel; Hans Jörg Mam- Schmid, D. Zipoli et J. Atirahu
nombre d’instruments, et de leurs tech-
mel; Marcus Ullmann Sonidos de Paraquaria; Luis Szaran, direction
niques propres. Défilent ici devant nos
oreilles charmées tout un aréopage de CAR83030 • 3 CD Carus KL1414 • 1 CD Klanglogo
flageolets, flûtes à bec, flûte double,
shawn (bombarde), douçaine (basson The Secret Lover P ar-delà la musique qu’il contient, ce
CD constitue un document archéo-
logique, historique, social et politique.
primitif), et les instruments de percus- Mélodies de Frescobaldi, Kapsberger,
Strozzi, Caccini, d’India… Il résulte de la découverte, vers 1970,
sion précédemment mentionnés. L’art
Ensemble Tenet [J. Greenleaf, soprano; M. Quinn, dans les vestiges d’églises jésuites
des artistes à vent du Moyen Age a très soprano; V. Warnken Kelsey, mezzo-soprano]; Josh boliviennes du XVIIIe siècle qu’un
peu évolué du douzième au quatorzième Lee, viole de gambe; Jeffrey Grossman, clavecin; architecte venait sauvegarder, de par-
siècle, comme l’illustrent ici la mono- Hank Heijink, théorbe; Daniel Swenberg, luth; titions et de restes d’instruments. Il
die d’Hildegard von Bingen, géniale Charlie Weaver, guitare baroque
illustre l’imprégnation dans le continent
abbesse et compositrice (1098-1179), AVIE2326 • 1 CD AVIE Records sud-américain d’une musique baroque
puis toutes les pièces s’égrenant au fil religieuse et profane, legs de l’adminis-
du temps jusqu’aux danses anonymes
Weihnachtslieder, vol. 1-4 tration des territoires par les Jésuites,
de la fin du XIV ème siècle conservées Lieder de Noël. Œuvres de M. Praetorius, longtemps considérés comme des pré-
dans un manuscrit à Londres. Ces mu- G. Payer, P. Kickstat, L. Oslander, K. dateurs, puis idéalisés comme promo-
siques transmises presque exclusive- Johannsen… teurs d’une forme de société utopique
ment grâce à la tradition orale, et dans Kammerchor Stuttgart; Orpheus Vokalensemble; protégeant les indigènes de l’esclavage,
Calmus Ensemble Leipzig; Blechbläserenesemble stimulant leurs savoir-faire, favorisant
une conception toute d’improvisation et
Ludwig Güttler… l’échange entre cultures et l’essor musi-
d’adaptation aux moyens disponibles ne
cal, bien au-delà des seules nécessités
faisaient que très rarement l’objet d’une CAR83031 • 4 CD Carus liturgiques et dans le respect des pra-
notation. Seules des circonstances ex- Angelika Kirchschlager tiques autochtones. Sur ce CD figurent
ceptionnelles comme l’appartenance de entre autres des pages de Zipoli, jésuite
Œuvres de Vierne, Bach, Haendel, Beetho-
l’auteur à une cour, la prédilection d’un ven, Franck, Mendelssohn, Dvorák… italien envoyé, sur sa demande, en
prince pour telle ou telle pièce (Estam- Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano; Robert Amérique du Sud, de M. Schmid, mis-
pies Royales ), ou encore le haut niveau Lehrbaumer, orgue sionnaire et constructeur d’églises né
d’instruction du scripteur (Hildegard PR90829 • 1 CD Preiser en 1694, et même une composition
d’un Guarani, formé par les Jésuites, J.
A
von Bingen) pouvaient justifier qu’on les ccompagné sur les orgues de Saint-
consignent pour la postérité. Il est donc Atirahu. Sans être des chefs-d’œuvre,
Étienne par Robert Lehrbaumer,
d’autant plus étonnant qu’un grand ces pièces de bonne facture, entrées,
ce récital intitulé Organ-Liederreise,
avec d’autres de la même époque, dans
nombre de mélodies de ces époques pourrait à première vue paraître banal,
le répertoire de formations comme celle
aient survécu jusqu’à nos jours, iso- Les plus beaux lieder, vol. 1 puisqu’on y retrouve des standards
que l’on entend ici, et dont les membres
lément ou dans des recueils comme mille fois écoutés, Ave Maria de Gou-
Œuvres de M. Reger, R. Schumann, H. se consacrent à former des ensembles
celui compilé à la demande du Roi de nod, Panis Angelicus de Franck ou
Isaac, JS. Bach, F. Schubert, H. Purcell… de qualité parmi les adolescents des
Castille et Léon Alphonse le Sage. Des Jésus que ma joie demeure de Bach.
Jonas Kaufmann; Christoph Prégardien; Dorothee milieux défavorisés, sont le témoignage
Mais on explore plus loin, avec bon-
échanges et emprunts dus aux déplace- Mields; Calmus Ensemble… de la réappropriation d’une histoire, de
heur, Bruckner, Dvorak, Beethoven, et
ments continuels de la grande majorité la renaissance d’un patrimoine, et de-
CAR83032 • 1 CD Carus l’on sait ménager des surprises dans
de ces artistes, notamment lors de véri- viennent porteuses d’un message tour-
l’architecture de l’album : aux tumultes
tables «  foires  » aux musiques et aux né vers l’avenir. (Bertrand Abraham)
à la fois tempêtueux et jubilatoires d’une
instruments, telles qu’elles existaient Toccata de Vierne qui explore toutes les
à Beauvais ou Arras, étaient à l’origine ressources de la virtuosité et emplit
d’un foisonnement créatif intense et somptueusement la nef viennoise, suc-
d’un corpus commun d’airs parfois cède, contraste saisissant, un Salve
connus de tous. Ces musiques, créées Regina de style grégorien, à voix nue,
presque toujours sous forme chantée, bien seyant à la gamine en anorak de
profane ou religieuse, étaient aussi bien la couverture. Mais dans la gamine se
révèle aussitôt une grande, large, belle
jouées comme ici au seul instrument,
voix dramatique pour un Wachet auf
à l’exception des musiques de danse
Les plus beaux lieder, vol. 2 (Bach) où le chant remplace une des
comme le Trotto ou le Saltarello, que trois lignes instrumentales prévues  : Der Himmel lacht
Silke Schulze joue ici, comme les autres Œuvres de F. Schubert, H. Purcell, C.
Monteverdi, J. Brahms…
l’orgue poursuit imperturbablement son Musique baroque pour soprano, violon,
pièces, avec une fraîcheur qui ranime chemin, sur un cantique primesautier, clavecin et orgue. Œuvres de Bach, Haen-
toute la joie spontanée de créer de Christian Gerhaher; Nuria Rial; Philippe Jaroussky; del, Telemann, Biber, Buxtehude...
et le chant intervient, sans prévenir,
ses lointains confrères du Moyen Age. Annette Dasch… Margret Bahr, soprano; Neues Barockduo Berlin
véhément et passionné, un contraste
(Jean-Michel Babin-Goasdoué) CAR83033 • 1 CD Carus de plus. Si l’art de la cantatrice peut HC17055 • 1 CD Hänssler Classic

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DVD et Blu-ray

Sélection ClicMag ! O n a tant réécrit le « Casse-noisette »


de Tchaïkovski, y versant des ton-
neaux de suggestions psychologiques,
piquante, un rien effrontée de Francesca
Hayward, alors que Gary Avis reprend
son inusable Drosselmeyer. Le spec-
que de retrouver si finement filmée l’im- tacle est toujours aussi étourdissant,
peccable production de Peter Wright est débordant de détails dans l’action, dans
un bonheur sans mélange. Il y renoue le vocabulaire de la danse, mais aussi
avec les parfums enfantins du ballet dans les décors et les effets magiques
original - sa chorégraphie mettant ses qui font de cette production légendaire
pas dans celle, historique, de Lev Iva- ce parfait spectacle de l’avent indispen-
Georges Bizet (1838-1875) nov - mais sait y mêler aux fastes de la sable au pied du sapin, d’autant qu’il
Carmen, opéra-comique en 4 actes danse tout un art de la pantomime qui n’a jamais été plus finement capté  :
G. Arquez; D. Johansson; S. Hendricks; E. fait le sel de sa production dont c’est regardez seulement la virtuosité de la
Tzallagova; Wiener Symphoniker; Paolo Carignani; Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893) d’ailleurs la troisième captation publiée « Bataille des rats » ! Si cette reprise fut
Kasper Holten
Casse-Noisette, ballet en 2 actes
au DVD (la dernière illustrait la reprise si brillante, si en dehors de sa perfec-
CM742208 • 1 DVD C Major de 2009 avec la Clara trop classique tion une certaine tendresse en rayonne,
The Royal Ballet; Peter Wright, chorégraphie;
de Iohna Loots). Apport majeur du c’est qu’on fêtait alors les 90 ans de
CM742304 • 1 BLU-RAY C Major Orchestre du Royal Opera House; Boris Gruzin,
spectacle de 2016, le Hans-Peter vif Peter Wright. Soirée en quelque sorte

A h  ! Que voulez-vous, on est à Bre- direction


argent d’Alexander Campbell, étonnant historique, idéale si vous voulez acqué-
genz, et pas dans le théâtre moderne OA1252D • 1 DVD Opus Arte de virtuosité et de charme, qui trouve rir votre premier «  Casse-noisette  ».
réservé aux ouvrages moins courus, OABD7229D • 1 BLU-RAY Opus Arte vraiment son alter-ego avec la Clara (Jean-Charles Hoffelé)
mais sur le lac où se dresse pour Car-
men l’épouvantable et donc fatalement
unique décor de la production, signé enlève le grand appareil voulu par Min- OA1244BD • 22 DVD Opus Arte
Es Devlin  : les pattasses de Carmen, kus, assortissant les notes à l’élégance OABD7223BD • 18 Blu-ray Opus Arte
gitane filtre aux doigts (vue coté filtre), qui se voit partout en scène. Le spec-
tenant les cartes fatales, dont certaines tacle a été filmé lorsqu’était assemblée
tomberont à propos, ou pas. Honnête- la meilleure distribution de la reprise de
ment il vaut mieux pour vous ne pas 2016, avec le Don Quichotte si percu-
avoir fait le déplacement vers le lac tant de Kamil Pavelka et la Kitri/Dulcinée
de Constance et regarder confortable- de Maria Yakovleva, mais tous sont re-
ment cette Carmen de votre canapé  : marquables de pure virtuosité et de ca-
au moins la captation finement menée Ludwig Minkus (1826-1917) ractérisation, à commencer par le Basile
permet de saisir ce que Kasper Holten a Don Quichotte, ballet en 3 actes, 8 de Denys Cherevychko qu’on sent guidé
voulu faire : un spectacle de pure tradi- tableaux et un prologue de Rudolf Nureyev avec finesse par Manuel Legris. Si vous
tion où rien ne déshonore et qui laisse, Wiener Staatsballet; Manuel Legris; Orchestre du voulez découvrir «  Don Quichotte  »,
façon vieille école, à chacun le soin (ou Wiener Staatsoper; Kevin Rhodes c’est ici. (Jean-Charles Hoffelé) Richard Wagner (1813-1883)
pas) de sauver son personnage. Daniel CM742408 • 1 DVD C Major La Valkyrie, opéra en 3 actes
Johansson de sa grande taille et de son P. Seiffert; G. Zeppenfeld; V. Kowaljow; A. Harteros;
CM742504 • 1 BLU-RAY C Major
ténor sculpté donne à son Don José A. Kampe; C. Mayer; Staatskapelle Dresden;
quasi trop d’assurance. Le français est
passable, un style parfait le rachète, 1 966  : Rudolf Noureev dévoile sur la
scène du Staatsoper de Vienne sa
relecture de la brillantissime chorégra-
Christian Thielemann, direction; Vera Nemirova,
mise en scène
alors que l’Escamillo de Scott Hendricks CM742808 • 2 DVD C Major
déçoit, rogue mais plat, en voix mal pla- phie dont Marius Petipa avait habillé
cée et brouillonne, mais son français…. le ballet espagnol de Ludwig Minkus, CM742904 • 1 BLU-RAY C Major

2
Enfin son Toast a de la fureur sinon de «  Don Quichotte  », un travail à quatre 017. Le Festival de Pâques de Salz-
l’élan, contrairement à bien des pages mains entre le compositeur et son bourg revisite la Walkyrie mise
que la direction sans style et inexplica- inspirateur. Triomphe pour Noureev en scène par Karajan 50 ans plus tôt.
blement fluctuante de Paolo Carignani, qui marqua à jamais le rôle, alignant Christopher Wheeldon
L’originale était très en dessous des
qui défigure l’orchestre et le drame de au long de l’ouvrage quinze études où J. Talbot : Alice au pays des merveilles,
visions picturales du Neues Bayreuth.
Bizet d’un même geste. Mais, car il y a toute la grammaire du ballet impérial ballet d’après Lewis Carroll / S. Prokofiev :
Cendrillon, ballet en 3 actes Entre temps, le Regietheater a fait ses
un mais, il faut voir cette Carmen pour est revisitée  : il y opérait une révolu-
The Royal Ballet; Orchestre du ROH; Barry ravages, et on est soulagé de voir un
Carmen. En rouge, la couleur de la mort tion, pliant l’académisme de la danse
Wordsworth; Christopher Wheeldon (Alice au spectacle qui ne nuit ni à la musique ni
(vous comprendrez très vite en regar- des compagnies soviétiques qui avaient
pays des merveilles); Holland Symfonia; Ermanno aux chanteurs. Christian Thielemann fut
dant), Gaëlle Arquez éclate les cadres, dévitalisé l’ouvrage en y réintroduisant Florio; Het Nationale Ballet; Christopher Wheeldon;
élégante comme une Los Angeles, tra- le sens narratif, objet premier du pro- l’assistant de Karajan. Qu’a-t-il retenu
Jeff Tudor, mise en scène (Cendrillon)
gédienne comme une Callas, la voix du jet de Minkus et de Petipa, mieux, en le des leçons du maître  ? Au-delà de la
OA1234BD • 2 DVD Opus Arte beauté sonore enivrante de la Staats-
bon Dieu et un chic fou. Rien que pour modernisant. Le spectacle fit le tour du
elle, mais aussi pour la Michaela d’Ele- monde avant de s’ancrer à l’Opéra de OABD7227BD • 2 BLU-RAY Opus Arte kapelle, le discours est grandiloquent
na Tsallagova, cette soirée se gardera, Paris en 1981, rapidement Noureev y et creux. On est loin de ce que le chef
preuve d’une grande soprano à ses remarque Manuel Legris, passant d’une salzbourgeois faisait du Ring. Vocale-
débuts. (Jean-Charles Hoffelé) silhouette à une autre, la grâce, le sens ment, quel luxe  ! Sieglinde incandes-
de l’expression juste, la perfection de la cente d’Anja Harteros, Siegmund d’une
technique. En 1985 il lui confie le rôle humanité déchirante d’un Peter Seiffert
de Basile alors que le corps de ballet de malheureusement éprouvé par ses Tris-
l’Opéra se produit à la Scala, le jeune tan. La Brünnhilde d’Anja Kampe, voix
homme y gagnera sa nomination de saine aux aigus d’airain convoque les
« Premier danseur étoile ». C’est donc mânes de Birgit Nilsson. Georg Zep-
pure logique si Manuel Legris, présidant penfeld, c’est presque trop de beauté
aux destinés du Wiener Statsballett, The Royal Opera Collection
vocale pour une brute épaisse comme
n’eut de cesse d’y reprendre ce «  Don W.A. Mozart : Les Noces de Figaro; Don
Hunding. Vitalij Kowaljow ne peine
Quichotte » cinquante après sa création Juan; La Flûte enchantée / G. Verdi :
Macbeth; La Traviata / R. Wagner : Parsifal jamais en Wotan dont il a l’exacte tes-
Kenneth MacMillan (1929-1992) in loco. Décors et costumes renouvelés
plongent l’action dans une Espagne / P. Mascagni : Cavalleria rusticana / R. siture de basse-baryton, et confère à
Manon, ballet-pantomime sur une musique Leoncavallo : Pagliacci / G. Puccini : son personnage l’autorité implacable du
de Massenet; Mayerling, ballet sur une très XVIIIe Siècle, où l’emprise de Goya
La Bohème; Turandot; Le Triptyque / R. dieu, la tendresse du père, et la détresse
musique de Liszt / S. Prokofiev : Roméo et est évidente, ce qui donne à bien des Strauss : Salomé / K. Szymanowski : Le Roi
Juliette, ballet tableaux une profondeur psychologique Roger / B. Britten : Gloriana / G. Benjamin :
de l’homme prisonnier de son devoir.
The Royal Ballet; Orchestre du Royal Opera House; inédite sans jamais leur ôter leur élan Written on Skin Malgré la faiblesse de la direction et de
Martin Yates; Barry Wordsworth populaire. Dans la fosse Kevin Rhodes Schrott; Finley; Fleming; Calleja; Antonacci; la mise en scène, une publication qui
OA1246BD • 3 DVD Opus Arte règle un orchestre fusant, qui allège et Kaufmann; Westbroek; Purves; Hannigan; Metha… s’imposait. (Olivier Gutierrez)

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Sélection Alto

I. Albéniz : Suite Iberia Beethoven : Symphonies n° 3 et 8 Alexandre Borodin : Symphonie n° J. Brahms : Sonates violoncelle, op. J. Brahms : Quintette pour piano, M. Bruch : Concerto violon n° 1;
Alicia de Larrocha, piano LSO 2; Marche polovtsienne; Ouverture 38, 78 et 99 op. 34 / C. Franck : Quintette pour Fantaisie écossaise / J. Brahms :
Wyn Morris, direction «Prince Igor»; Dans les steppes Karine Georgian, violoncelle; Pavel piano en fa mineur Danses hongroises n° 5, 8, 9
RPO; Ole Schmidt Gililov, piano Sviatoslav Richter; Quatuors Borodin David Oistrakh; LSO; Lovro von Matacic
ALC1259 - 1 CD Alto ALC1353 - 1 CD Alto ALC1215 - 1 CD Alto ALC1352 - 1 CD Alto ALC1361 - 1 CD Alto ALC1356 - 1 CD Alto

D. Chostakovitch : Symphonie n° 8 Aaron Copland : Billy The Kid; Appa- C. Debussy : Œuvres choisies pour L’Art d’Alfred Deller : Œuvres de E. Elgar : Sonates pour orgue n° 1-2; Reinhold Glière : Symphonie n° 3;
OP de Saint-Petersbourg; Yevgeni lachian Spring; 4 Dance Episodes piano Purcell, Byrd, Hanedel, Schütz… Vesper Voluntaries, op. 14; Nimrod; Concerto violoncelle, op. 87
Mravinsky Minneapolis SO; LSO Martino Tirimo, piano Alfred Deller, contreténor; Desmond Dupré, Marche Impériale RPO; Harold Farberman; OS Cinématogra-
Antál Dorati luth; The Deller Consort Donald Hunt, orgue phique Russe; Sergei Skripka
ALC1150 - 1 CD Alto ALC1229 - 1 CD Alto ALC1364 - 1 CD Alto ALC1018 - 1 CD Alto ALC1313 - 1 CD Alto ALC2019 - 2 CD Alto

E. Granados : Poème symphonique Alexander Gretchaninov : Liturgie de G.F. Haendel : «Arrival of the Queen Gustav Holst : Œuvres chorales et Aram Khachaturian : Suites «Mas- Erich Wolfgang Korngold : Concerto
«Dante»; Goyescas St Jean Chrysostome n° 4 of Sheba»; «Largo» de «Xeres»... orchestrales querade», «The Valencian Widow», pour violoncelle; Suites; Aria
Frances Lucey; Nancy Fabiola Herrera; OP Cantus Sacred Music Ensemble; Goossens; Johannes Somary; George BBC Northern Singers; BBC SO; LPO; «The battle of Stalingrad» Zuill Bailey; Linz Bruckner Orchestra;
de Gran Canaria; Adrian Leaper Ludmila Arshavskaya Szell; Yehudi Menuhin Sir Adrian Boult OP Arménien; Loris Tjeknavorian Caspar Richter
ALC1348 - 1 CD Alto ALC1069 - 1 CD Alto ALC1340 - 1 CD Alto ALC1359 - 1 CD Alto ALC1019 - 1 CD Alto ALC1390 - 1 CD Alto

F. Lehár : La Veuve joyeuse, G. Mahler : Rückert-Lieder; Le Les plus belles ballades tradition- Nikolai Miaskovski : Intégrale des C. Monteverdi : Livre de Madrigaux S. Prokofiev : Symphonie n° 1 & 5
opérette en 3 actes Chant de la Terre nelles irlandaises sonates et petites pièces pour piano n° 4 et 5 The Philharmonia Orchestra
Schwarzkopf; Niessner; Ferrier; Patzak; OP de Vienne; John McCormack, ténor Murray McLachlan, piano Ex Cathedra Rudolf Barshai
Gedda; Philharmonia; Otto Ackermann Bruno Walter Jeffrey Skidmore, direction
ALC1363 - 1 CD Alto ALC1120 - 1 CD Alto ALN1962 - 1 CD Alto ALC2506 - 3 CD Alto ALC1376 - 1 CD Alto ALC1086 - 1 CD Alto

G. Puccini : Tosca, opéra en 3 actes G. Puccini : Romance et Drame. S. Rachmaninov : Etudes-Tableaux, S. Rachmaninov : Les cloches; Rodgers & Hammerstein II : «South Joaquin Rodrigo : Concertos «De
Callas; Di Stefano; Gobbi; Airs d’opéras op. 33 et 39; Préludes, op. 23 et 32 Cantate «Printemps»; Vocalise Pacific» et «Oklahoma !» Aranjuez» et «Pastorale»
Orchestre de la Scala; M. Callas; M. Freni; V. de los Angeles… Sviatoslav Richter, piano Yakovenko; Maslennikov; Pisarenko; OS Luna; Martin; Pinza; Hall; Chœur et C. Bonnel, guitare; J. Stinton, flûte;
Victor De Sabata Herbert von Karajan de l’URSS; Evgeni Svetlanov Orchestre de Broadway English Chamber Orch.; Steuart Bedford
ALC2030 - 2 CD Alto ALC1601 - 2 CD Alto ALC1072 - 1 CD Alto ALC1314 - 1 CD Alto ALN1964 - 1 CD Alto ALC1090 - 1 CD Alto

F. Schubert : Sonates piano n° 15 et F. Schubert : Sonate piano n° 19 R. Strauss : 4 derniers lieder; P.I. Tchaikovski : Concerto violon, P.I Tchaikovski : Liturgie de Saint P.I. Tchaikovski : Intégrale des
19; 16 Dances allemandes et 21 Extraits de «Ariane à Naxos», op. 35; Méditation, op. 42 / J. Sibe- Jean Chrysostome, op. 41 symphonies
Alfred Brendel, piano Sviatoslav Richter, piano «Arabella» lius : Concertos violon, op. 47 Irina Arkhipova; Sergei Babeshko; Valeri Rozhdestvensky; Cherkasov;
Della Casa; Gueden; London; Karl Böhm; David Oistrakh; Eugene Ormandy Polyansky, direction Kogan; Ivanov; Skripka
ALC1040 - 1 CD Alto ALC1074 - 1 CD Alto ALC1129 - 1 CD Alto ALC1354 - 1 CD Alto ALC1327 - 1 CD Alto ALC6003 - 6 CD Alto

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Les Espaces Électroacoustiques : Chefs-d’œuvre de la ... WWE40002 25,80 € p. 2 
Muzio Clementi : Sonates et préludes pour piano. Kim. PCL10128 13,92 € p. 6 
Cage : Melodies & Harmonies. Gahl, Lang. WWE20292 16,08 € p. 2 
Louis-Claude Daquin : Nouveau Livre de Noëls. Falcioni. BRIL94895 6,00 € p. 6 
Eggert : Amadé, Amadé. Quintetto Amadeo. WWE20284 16,08 € p. 2 
Dvorák : Quatuor et quintette à cordes. Power, Quatuo... CDA68142 15,36 € p. 6 
Formenti : Night Studies. Musique du film-installatio... WWE20299 16,08 € p. 2 
Fauré : Requiem et autres œuvres sacrées. Hill. CDA68209 15,36 € p. 6 
Parra : Caressant l’Horizon. Ensemble intercontempora... WWE40402 16,08 € p. 2 
César Franck : Quatuor à cordes - Quintette pour pian... CPO555088 10,32 € p. 7 
Rihm : Kontinent. Klangforum Wien, Pomarico, Cambreli... WWE20297 16,08 € p. 2 
Gabrieli : Intégrale de l’œuvre pour clavier. Loreggi... BRIL95345 9,60 € p. 7 
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Glinka : Variations pour piano. Stoupel. AVI8553388 15,36 € p. 7 
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Mahler : Symphonie n° 4. Müller, Fischer. AVI8553378 15,36 € p. 9 
Arash Safaian : Überbach. Knauer, Schumacher, Zimmerm...0300825NM 14,64 € p. 2 
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Cage : Two3. Hussong, Wei. WER6758 19,68 € p. 2  Schumann R. et C. : Romances, musique de chambre pour...0300991BC 14,64 € p. 11 
Cage : Chess Pieces - Four Dances. Johnson : Rational... WER7370 15,36 € p. 2  Telemann : Concertos pour trompette. Höfs. 0300996BC 14,64 € p. 11 
Wilhelm Killmayer : Summer’s End. Schäfer, Mauser. WER7351 15,36 € p. 2  Telemann : Concertos pour instruments variés, vol. 5.... CPO555082 15,36 € p. 12 
musikFabrik Edition. Liza Lim : Tongue of the Invisib... WER6859 13,92 € p. 2  Die Freitagsakademie : Telemann at Café Zimmermann. WIN910245-2 16,08 € p. 12 
Marco Blaauw : Angels. Compositions pour trompette de... WER6781 15,36 € p. 2  Anton Urspruch : Œuvres pour piano seul. Markovina. HC16015 22,56 € p. 12 
Hans Zender : Dialog mit Haydn - Issei no Kyo - Nanze... WER7339 15,36 € p. 2  Christian Westerhoff : Concertos pour alto et pour fl... CPO777844 15,36 € p. 12 
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Tchaikovski : Intégrale des symphonies. Jurowski. LPO0101 50,16 € p. 3  Schubert : Quatuors à cordes. Quatuor de Budapest. BID80223-2 16,80 € p. 13 
Vladimir Jurowski chez LPO Beethoven, Brahms, Schubert : Sonates pour violon. Sz... BID80228-2 11,76 € p. 13 
Julian Anderson : Portrait du compositeur. Widmann, J... LPO0089 10,32 € p. 3  Wilhelm Furtwängler dirige Schumann et Beethoven. AUD23441 16,08 € p. 13 
Beethoven : Symphonie n° 3 - Ouverture Fidelio. Jurow... LPO0096 10,32 € p. 3  Wilhelm Furtwängler dirige Schumann et Beethoven. AUD91441 21,12 € p. 13 
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Brahms : Symphonies n° 3 et 4. Jurowski. LPO0075 10,32 € p. 3  Beethoven : The complete wartime piano sonata recordi... APR7403 22,20 € p. 13 
Chostakovitch : Concertos pour piano. Helmchen, Jurow... LPO0053 10,32 € p. 3  Leff Pouishnoff : Intégrales des enregistrements 78 t... APR6022 12,84 € p. 13 
Chostakovitch : Symphonies n° 6 et 14. Jurowski. LPO0080 10,32 € p. 3  Musique anglaise pour piano 4 mains. Duo Caron. XXI1603 13,92 € p. 14 
Haydn : Les sept dernières paroles du Christ en Croix... LPO0051 10,32 € p. 3  Williams, Dukas : Harry Potter - L’Apprenti sorcier (... POL105109 13,92 € p. 14 
Gustav Holst : Les Planètes. Jurowski. LPO0047 8,16 € p. 3  Libros de musica para vihuela. Lonardi. STR33784 15,36 € p. 14 
Arthur Honegger : Pastorale d’été. Jurowski. LPO0058 10,32 € p. 3  Musique française pour violon et orgue. Robert, Bouch... XXI1716 13,92 € p. 14 
Vladimir Jurowski dirige Bach, Mendelssohn et Vaughan... LPO0050 10,32 € p. 3  Pièces pour violon ou cordes et orgue du Novecento hi... TC900004 12,48 € p. 14 
Mahler : Symphonie n° 2. Jurowski. LPO0054 13,92 € p. 3  Viola Galante : Sonates pour alto. Sachse, Hecker. AVI8553312 15,36 € p. 14 
Mahler : Symphonie n° 1 «Titan». Jurowski LPO0070 10,32 € p. 3  Roland Glassl joue Reger, Busch et Weinreich : Suites... AUD97721 16,08 € p. 14 
Rachmaninov : The Isle of the Dead - Danses symphoniq... LPO0004 10,32 € p. 3  Viaggio nel tempo : Œuvres pour contrebasse et piano.... GRAM99102 13,92 € p. 14 
Rachmaninov : Symphonie n° 3 - Dix mélodies (arr. Jur... LPO0088 10,32 € p. 3  Porpora, Monn, Haydn : Concertos pour violoncelle. Fa... BRIL95570 6,00 € p. 14 
Stravinski : Pétrouchka - Symphonie pour vents - Orph... LPO0091 10,32 € p. 3  The developing sonata. Sonates italiennes. Tripla Con... STR33847 15,36 € p. 14 
Tchaikovski : Symphonies n° 4 et 5. Jurowski. LPO0064 13,92 € p. 3  Midsummer Phantasy. Purcell, Bridge, Penard : Quatuor... DUX1126 15,36 € p. 15 
Mark-Anthony Turnage : Œuvres orchestrales, vol. 3. J... LPO0066 10,32 € p. 3  Immortal Bach : Œuvres pour percussion de Xenakis, Ca... GEN17479 13,92 € p. 15 
Vaughan Williams : Symphonies n° 4 et 8. Wigglesworth... LPO0082 10,32 € p. 3  Venetia Mundi Splendor : Musique et politique à Venis... TC390001 12,48 € p. 15 
Alphabétique Un cornetto a Roma : La musique pour cornet à Rome, 1... PAS1033 15,36 € p. 15 
Alkan Edition. Hoogland, Maltempo, Martin, Bellucci, ... BRIL95568 33,60 € p. 4  Allegro Danzante. Rota, Morricone, Busoni, Castelnuov... CON2005 13,20 € p. 15 
Charles-Valentin Alkan : Concertos de chambre et œuvr... PCL10135 13,92 € p. 4  Trios pour cor de Duvernois, Brahms, Koechlin, Kahn. ... 0300931BC 14,64 € p. 15 
Bach : Variations Goldberg. Cem Yilmaz. AUD20035 12,48 € p. 4  Bruch, Mendelssohn, Brahms : Trios pour clarinette, b... DUX1227 15,36 € p. 15 
Bach : Variations Goldberg (arrangements pour quintet... BRIL95591 6,00 € p. 4  Crossings : Œuvres pour flûte et guitare. G. Cimoszko... GRAM99143 13,92 € p. 15 
Bach : Concertos pour clavier, BWV 1052-1054. Nosrati. GEN17482 13,92 € p. 4  Bach, Ginastera, Suter, Moeschinger : Duos pour flûte... GEN11211 13,92 € p. 15 
Bach, Ysaÿe : Œuvres pour violon seul, vol. 3. Weitha... AVI8553381 15,36 € p. 5  The Medieval Piper : Musique du Moyen-Âge et de la Re... BRIL95566 6,00 € p. 15 
Bach : Intégrale des partitas pour clavier. Sheng. PCL10126 18,24 € p. 5  Kinderlieder, vol. 1-3. CAR83030 24,00 € p. 16 
Domenico Bartolucci : Musique de chambre. L. Venturi,... BRIL95451 6,00 € p. 5  Weihnachtslieder (Deluxe Edition). CAR83031 24,00 € p. 16 
Beethoven : Œuvres tardives pour piano. Duo Koroliov,... TACET228 13,92 € p. 5  Les plus beaux lieder, vol. 1. Kaufmann, Mields, Prég... CAR83032 15,36 € p. 16 
Brahms : Intégrale des lieder. Banse, Vermillion, Sch... CPO555177 42,96 € p. 5  Les plus beaux lieder, vol. 2. Jaroussky, Dasch, Gerh... CAR83033 15,36 € p. 16 
Brahms : Frei aber einsam, œuvres pour piano. Kirschn... 0300929BC 18,96 € p. 5  Awakening : Lieder de Strauss, Wolf, Berg et Ullmann.... ROP6143 12,48 € p. 16 
George Frederick Bristow : Symphonie n° 2 - Ouverture... NW80768 14,64 € p. 6  Ensemble Tenet : The Secret Lover, mélodies. AVIE2326 13,92 € p. 16 

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Bon de commande n° 56 / Janvier 2018
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Jungle Baroque : L’héritage musical des Réductions Jé... KL1414 12,48 € p. 16  Granados : Dante - Cantos populares - Goyescas. Lucey... ALC1348 7,57 € p. 18 
Der Himmel lacht : Musique baroque pour soprano, viol... HC17055 13,20 € p. 16  Gretchaninov : Liturgie de St Jean Chrysostome n° 4. ... ALC1069 7,57 € p. 18 
DVD & Blu-ray Haendel Favourites. Mackerras, Szell, Menuhin, Somary. ALC1340 7,57 € p. 18 
Bizet : Carmen. Arquez, Johansson, Hendricks, Tsallag... CM742208 21,84 € p. 17  Holst : Œuvres chorales et orchestrales. Wilkinson, B... ALC1359 7,57 € p. 18 
Bizet : Carmen. Arquez, Johansson, Hendricks, Tsallag... CM742304 29,28 € p. 17  Khachaturian : Suites & Dances. Tjeknavorian ALC1019 7,57 € p. 18 
Kenneth MacMillan : Trois Ballets. Manon - Mayerling ... OA1246BD 30,72 € p. 17  Korngold : Concerto pour violoncelle - Suites - Aria.... ALC1390 7,57 € p. 18 
Tchaikovski : Casse-noisette. Cuthbertson, Bonelli, A... OA1252D 25,08 € p. 17  Lehár : La Veuve joyeuse, opérette. Schwarzkopf, Nies... ALC1363 7,57 € p. 18 
Tchaikovski : Casse-noisette. Cuthbertson, Bonelli, A... OABD7229D 30,72 € p. 17  Kathleen Ferrier chante Mahler : Le chant de la terre... ALC1120 7,57 € p. 18 
Ludwig Minkus : Don Quichotte, ballet. Yakovleva, Che... CM742408 19,68 € p. 17  John McCormack : Les plus belles ballades irlandaises. ALN1962 7,57 € p. 18 
Ludwig Minkus : Don Quichotte, ballet. Yakovleva, Che... CM742504 29,28 € p. 17  Miaskovski : Intégrale des sonates et petites pièces ... ALC2506 16,80 € p. 18 
Ballets de Christopher Wheeldon : Alice au Pays des M... OA1234BD 30,72 € p. 17  Monteverdi : Madrigaux.Ex Cathedra, Skidmore. ALC1376 7,57 € p. 18 
Ballets de Christopher Wheeldon : Alice au Pays des M... OABD7227BD 35,76 € p. 17  Prokofiev : Symphonies n° 1, 5. Barshai. ALC1086 7,57 € p. 18 
The Royal Opera Collection. OA1244BD 107,76 € p. 17  Puccini : Tosca. Callas, Di Stefano, Gobbi, Calabrese... ALC2030 11,76 € p. 18 
The Royal Opera Collection. OABD7223BD 107,76 € p. 17  Puccini : Romance et Drame. Callas, Tebaldi, De Los A... ALC1601 11,76 € p. 18 
Wagner : La Valkyrie. Seiffert, Zeppenfeld, Kowaljow,... CM742808 25,44 € p. 17  Rachmaninov : Préludes, Etudes Tableaux. Richter. ALC1072 7,57 € p. 18 
Wagner : La Valkyrie. Seiffert, Zeppenfeld, Kowaljow,... CM742904 29,28 € p. 17  Rachmaninov : Les cloches, op. 35. Svetlanov. ALC1314 7,57 € p. 18 
Sélection Alto Rodgers & Hammerstein II : Comédies musicales. Martin... ALN1964 7,57 € p. 18 
Albéniz : Suite Iberia. De Larrocha. ALC1259 7,57 € p. 18  Rodrigo : Concertos pour flûte et pour guitare. Stint... ALC1090 7,57 € p. 18 
Beethoven : Symphonies n° 3 et 8. Morris. ALC1353 7,57 € p. 18  Schubert : Sonates piano n° 15, 19 - 16 Danses allema... ALC1040 7,57 € p. 18 
Borodin : Symphonie n° 2 - Ouverture Prince Igor - Da... ALC1215 7,57 € p. 18  Schubert : Sonates pour piano n° 19, 21. Richter. ALC1074 7,57 € p. 18 
Brahms : Sonates pour violoncelle. Georgian, Gililov. ALC1352 7,57 € p. 18  Lisa della Casa chante Strauss : Quatre derniers Lied... ALC1129 7,57 € p. 18 
Brahms, Franck : Quintettes pour piano. Richter, Quat... ALC1361 7,57 € p. 18  Tchaikovski, Sibelius : Concertos pour violon. Oistra... ALC1354 7,57 € p. 18 
Bruch : Œuvres pour violon et orchestre. Oistrakh, Ma... ALC1356 7,57 € p. 18  Tchaikovski : Liturgie de Saint Jean Chrysostome, op.... ALC1327 7,57 € p. 18 
Chostakovitch : Symphonie n° 8. Mravinsky. ALC1150 7,57 € p. 18  Tchaikovski : Intégrale des symphonies. Rozhdestvenski. ALC6003 32,16 € p. 18 
Copland : Appalachian Spring - Billy The Kid - Rodeo.... ALC1229 7,57 € p. 18 
Debussy : Œuvres choisies pour piano. Tirimo. ALC1364 7,57 € p. 18 
The Art of Alfred Deller. ALC1018 7,57 € p. 18 
Elgar : Intégrale de l’œuvre pour orgue. Hunt. ALC1313 7,57 € p. 18  TOTAL A €

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