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! ClicMag n° 89
Votre disquaire classique, jazz, world Janvier 2021
ClicMag
©©
Marco
Eric Richmond
Borggreve
© Steven Devine
75ème anniversaire de l'Orchestre C.P.E. Bach : Concertos et sinfonias Bartók & Baroque : Œuvres pour E. Bloch : Sonates pour violon et J. Brahms : Sextuors à cordes n° J. Brahms, R. Schumann : Trans-
de Chambre de Lausanne pour flûte clavecin piano 1 et 2 criptions pour alto et piano
Lott, Berganza, François, Nicolet, Kremer, N. Bargin, flûte; Roberto Monjas, direction Helga Varadi, clavecin Nurit Stark; Cédric Pescia Nicolas Pache, alto; François Guye, Ettore Causa, alto; Boris Berman, piano
Jordan, Foster, Cobos, Zacharias… violoncelle; Quatuor Sine Nomine
CLA1711/17 - 7 CD Claves CLA1909 - 1 CD Claves CLA1807 - 1 CD Claves CLA1705 - 1 CD Claves CLA1410 - 1 CD Claves CLA1511 - 1 CD Claves
J.S. Svendsen : Octuor, op. 3 / N. Capron : Premier livre de sonates Maurizio Cazzati : Messes et D. Chostakovitch : Sonate pour Chostakovitch, Weinberg, Kobekin : Maurizio Cazzati, Carlo Cossoni : La
M. Bruch : Concerto pour octuor à à violon seul et basse psaumes, op. 36 violon; Trios pour piano Œuvres pour violoncelle et orchestre musique à Bologne en 1660
cordes, op. posth Ann Roux, violon; Marieanne Lee, violon- P. Nikitassova; Y. Kozlova; Ensemble Voces Ilya Gringolts; Daniel Haefliger; Gilles Anastasia Kobekina, violoncelle; Berner Alice Borciani, soprano -Ensemble
Tharice Virtuosi celle; Lionel Desmeules, clavecin Suaves; Francesco Saverio Pedrini Vonsattel Symphonieorchester; K.J. Edusei Philomèle
CLA1207 - 1 CD Claves CLA1809 - 1 CD Claves CLA1605 - 1 CD Claves CLA1817 - 1 CD Claves CLA1901 - 1 CD Claves CLA1820 - 1 CD Claves
E. von Dohnányi : Quintettes pour Aloÿs Fornerod : Un portrait Genève au Siècle des Lumières : J. Haydn : Sonates et variations E. Jaques-Dalcroze : La Veillée, Khachaturian, Penderecki : Concer-
piano n° 1 et 2 Chœur et Orchestre de l'HEMU; Emmanuel Œuvres de G. Fritz, N. Schwindl, pour piano oratorio profane tos pour violoncelle
Shmuel Ashkenasi, violon; Nobuko Imai, Siffert F. Scherrer Fabrizio Chiovetta, piano Graf, Haug, Contaldo, Capt, Romain Astrig Siranossian, violoncelle; Sinfonia
alto; Trio Nota Bene P. Corsi, pianoforte ; F. Magloire, violon Mayor, direction Varsovia; Adam Klocek, direction
CLA1505 - 1 CD Claves CLA1614 - 1 CD Claves CLA1610/11 - 2 CD Claves CLA1409 - 1 CD Claves CLA1905/06 - 2 CD Claves CLA1802 - 1 CD Claves
Korngold, Mozart : Concertos pour G. Kurtág, J.S. Bach, F. Schubert : Mickaël Levinas : Le Petit Prince, F. Liszt : Œuvres choisies pour piano G. Mahler : Symphonie n° 4 / A. Francesco Mancini : Six sonates
violon Jeux, chorals et fantaisies pour duo opéra en 4 actes Joseph Moog, piano Schnabel : Lieder pour flûte à bec
C. Goulding, violon; Berner Symphonieor- de piano Jeanne Crousaud; Vincent Lièvre-Picard; Rachel Harnisch, soprano; MythenEnsem- Yi-Chang Liang, flûte à bec; Ensembel
chester; Kevin John Edusei, direction Antoine Francoise, Robin Green, piano Catherine Trottmann; Orchestre de Picardie bleOrchestral; Graziella Contratto IJ SPACE
CLA1808 - 1 CD Claves CLA1601 - 1 CD Claves CLA1725 - 1 CD Claves CLA1108 - 1 CD Claves CLA1709 - 1 CD Claves CLA1907 - 1 CD Claves
L. Marenzio : Il pastor fido, Frank Martin : Le conte de Cendril- G. Martucci, O. Respighi, N. Rota : Claudio Abbado dirige Mozart Mozart : Sonates pour violon et Sonates pour violon et piano K 301,
Madrigaux lon, ballet en 3 actes Œuvres pour violon et piano (Concerto hautbois) et Haydn piano, K. 454 et K. 296 / I. Stra- 304 et 378 / F. Poulenc : Sonate
Ensemble La Pedrina; Francesco Saverio Tilquin; Hernandez Anfruns; Khachatryan; Vladyslava Luchenko; Christia Yuliya (Sinfonia Concertante) vinski : Divertimento pour violon et piano
Pedrini Hewson; Gabor Takacs-Nagy, direction Hudziy Navarro; Ahss; Pfiz; Santana Esther Hoppe; Alasdair Beatson Esther Hoppe; Alasdair Beatson
CLA1814 - 1 CD Claves CLA1202 - 1 CD Claves CLA1910 - 1 CD Claves CLA1302 - 1 CD Claves CLA1403 - 1 CD Claves CLA1701 - 1 CD Claves
Poulenc, Fauré, Komitas : Œuvres Prokofiev, Schnittke, Chostakovitch : Othmar Schoeck : Le Pêcheur et sa F. Schubert : Sonate pour piano, D Piotr Ilyitch Tchaikovski : Concerto Frottoles et improvisations pour voix
pour violoncelle et piano Sonates violoncelle et piano femme, cantate dramatique 960; Moments musicaux, D 780 pour piano n° 1 et 2 et luth de la renaissance italienne
Astrig Siranossian, violoncelle; Théo Mattia Zappa, violoncelle; Massimilano Harnisch, Dürmüller, Shanahan, Mario Fabrizio Chiovetta, piano Mélodie Zhao, piano; Orchestre de la Gabriel Jublin, contreténor; Paul Kieffer,
Fouchenneret, piano Mainolfi, piano Venzago, direction Suisse Romande; Michail Jurowski luth
CLA1604 - 1 CD Claves CLA1504 - 1 CD Claves CLA1815 - 1 CD Claves CLA1213 - 1 CD Claves CLA1603 - 1 CD Claves CLA1803 - 1 CD Claves
C ’est à un surprenant mélange des bonne heure nee; Ne pensez pas, dame, la défaite de Poitiers, 19 septembre ment de contemporanéité… Magique !
genres que s’est livré Uri Caine que je recroie; En demantant et lamentant; 1356, et la captivité du roy de fierté (Florestan de Marucaverde)
(1956-) dans cet hommage à Octa-
vius Catto, professeur à l’Institut de la
contribuant à sculpter la particularité
Jeunesse de Couleur de Philadelphie,
de son jeu -, auxquels le compositeur
fondateur de la Ligue des Droits Egaux
veut donner le droit à l’existence. Au
en 1864, infatigable abolitionniste et
violon répond une projection sonore,
combattant pour la liberté, assassiné
ici assurée par Pierluigi Billone, à partir
en 1871, avec d’autres afro-américains
de huit bandes magnétiques, conçues
qui, comme lui, voulaient simplement
par Nono comme quatre paires de bo-
exercer ce droit de vote qui venait, deux
bines dont la structure stéréophonique
ans plus tôt de leur avoir été accordé.
préfigure la spatialisation de la pièce. G. de Machaut : Chants de Le G. de Machaut : La flèche de G. de Machaut : Un cœur brulant
En hommage à la diversité de l’Amé-
L’ouverture inaccoutumée du matériel Voir Dit l'amour The Orlando Consort
rique, le compositeur fait la place sur The Orlando Consort The Orlando Consort
original requiert un chemin interpréta-
la partition, outre à l’orchestre, à un CDA67727 - 1 CD Hyperion CDA68008 - 1 CD Hyperion CDA68103 - 1 CD Hyperion
tif entre les bandes et la partition, fruit
ensemble choral, une chanteuse de
d’un dialogue créatif qui brouille les
gospel et un trio de jazz, à l’aide des-
rôles traditionnels du compositeur et de
quels il revisite l’histoire de l’époque
l’interprète, et le travail de Fusi et Bil-
à travers la vie de Catto : l’incendie du
lone met en avant ce quelque chose de
Pennsylvania Hall en 1838 par la foule
touchant qui réside dans cette idée de
en colère des partisans du maintien de
partager à l’auditeur les microscopiques
l’esclavage, la manifestation pour un
réalités d’un royaume sonore d’habi-
accès égalitaire aux transports en com-
tude physiquement hors de sa portée.
mun, l’adoption du 15ème amendement
(Bernard Vincken)
à la Constitution instituant le droit de G. de Machaut : Beauté sauveraine G. de Machaut : L'enfant de fortune G. de Machaut : Le médecin serain
vote pour les anciens esclaves, mais The Orlando Consort The Orlando Consort The Orlando Consort
aussi les exploits d’Octavius Catto sur
CDA68134 - 1 CD Hyperion CDA68195 - 1 CD Hyperion CDA68206 - 1 CD Hyperion
les terrains de base-ball. Uri Caine ac-
couche d’une œuvre brève et oscillante,
à califourchon sur les frontières, où l’on
croise également coups de sifflets et de
feu. (Bernard Vincken)
C e coffret réunit, sous le même prétation ont été commandées au com- Trio Origo [Asko Heiskanen, clarinette; Jussi
Seppänen, violoncelle; Jerry Jantunen, pianoforte]
label, les enregistrements parus positeur canadien Gordon Williamson,
séparément des symphonies et concer- la seconde s’inspirant explicitement de BRIL96215 • 1 CD Brilliant Classics
tos gravés entre 2008 et 2016. Une
somme menée à bien sous l’ère du chef
d’orchestre Jan Willem de Vriend qui
l’opus 55 de Beethoven, sur le mode
parodique. Œuvres de circonstance, si
ces deux pièces ne laissent pas un sou-
A u cœur du "Gassenhauer" du trio
Origo, il y a la question des attri-
buts (des tics ?) qui rendent une inter-
fut le directeur artistique de la forma- venir impérissable, on appréciera, dans prétation classique "historiquement
tion entre 2006 et 2016. Le choix des son principe, de pouvoir explorer la informée" … Staccato, notes écourtées,
solistes et des éditions témoigne d’un musique d’aujourd’hui et de composer dynamique étendue, contrastes renfor-
souci de clarté et de précision quant à un programme alliant le présent … et cés ? Origo ne choisit pas, il prend le
l’interprétation. Certes, il s’agit d’instru- l’éternité. (Alain Monnier)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
tout ! A mon sens, le problème est qu’il
ments modernes, mais les néerlandais Quatuors pour piano n° 1-3, WoO 36 confine ainsi au dogmatisme plutôt qu’à
qui furent, depuis la seconde moitié Van Swieten Society [Heleen Hulst, violon; Elisa- la recherche de la musicalité : l’opus 11
beth Smalt, alto; Diederik van Dijk, violoncelle;
du 20e siècle, à la pointe de l’interpré- explose littéralement sous ce traitement,
Bart van Oort, pianoforte]
tation "musicalement informée" offrent sa partition (pardon pour le néologisme
des lectures d’une grande sobriété. BRIL96214 • 1 CD Brilliant Classics bien connu des photographes) comme
On aurait aimé, notamment dans les
dernières symphonies, un engagement
plus marqué ou des prises de risques
C e sont trois œuvres un peu courtes
(pas seulement dans la durée, par-
don jeune maître de quinze ans !), et
"photoshoppée". C’est une expérience
intéressante, d’autant qu’Origo a une
longue familiarité avec l’œuvre : il ne
plus importantes. C’est avant tout l’ho- seulement en trois mouvements. Dans s’agit donc pas d’une erreur mais bien
mogénéité des pupitres, la définition cette formation de chambre particulière, d’un manifeste. Du coup il vaut mieux
des équilibres qui prévalent. Les deux on ne voit guère antérieurement que éviter la comparaison avec les grandes
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
solistes principaux, le pianiste Hannes Mozart, mais contrairement à l'affirma- références (ah, mes chers Ax/Yo Yo Ma/
Trio pour piano, op. 63 ; Symphonie n° 2
Minnaar et la violoniste Liza Ferschtman tion du présent livret, il n'est pas dit que Stolzman !). L’arrangement du septuor
Swiss Piano Trio [Angela Golubeva, violon; Joël
s’accordent parfaitement dans cette Beethoven en ait déjà su quelque chose, op. 20 en trio op. 38 supporte mille
Marosi, violoncelle; Martin Lucas Staub, piano]
démarche qui s’en tient à des lectures malgré là quelques traces mozartiennes fois mieux le traitement : si le jeu de
"classiques" dans le prolongement des AUD97771 • 1 CD Audite (car surtout de telle sonate pour violon l’ensemble repose sur les mêmes bases
esthétiques de Haydn et de Mozart.
Le lyrisme est ainsi contenu, les arti- S urgi de la croupe et du bond...
C'est à ce vers du bon Stéphane (il
et piano). Il est plus approprié d'y repé-
rer l'amorce réelle de l'idiosyncrasie
tout semble un peu moins "too much" :
le résultat est une réjouissante version,
C
Extraits de "Purcell Realizations"; Canticles astelnuovo-Tedesco (1898-1968), porain Monteverdi, ce compositeur
I-III BRIL95966 • 1 CD Brilliant Classics du fait de lois iniques, dut quitter piémontais méritait un enregistrement.
C’est chose faite. L’un des intérêts de ce
L
David Munderloh, ténor; Alex Potter, contreténor; a Sonate en Trio en quatre mouve- l’Italie en 1939 pour les Etats-Unis où
Edward Rushton, piano; Olivier Picon, cor il fut accueilli par Jascha Heifetz, lequel CD réside dans l’heureuse façon de faire
ments fut un genre majeur tout au
PAS1095 • 1 CD Passacaille l’aida à trouver un emploi au sein de la alterner systématiquement les pièces
long du XVIIe siècle et une sorte de
instrumentales et vocales de Centerio.
Q u’il s’agisse des "réalisations" des passage obligé pour beaucoup de musi- MGM, ce qui conditionna ses composi-
Dès les premières plages, on ne peut
airs de Purcell ou des Canticles, ciens. Compositeur amateur, Francesco tions et leur réception. Sa musique est
être que conquis par cette "Canzona per
dont trois sont proposés ici, voilà des Antonio Bonporti fut influencé par aujourd’hui de plus en plus jouée et par
sonare con doi organi" tout en légèreté,
miniatures ô combien redoutables à la Corelli, maître du genre, dont il semble conséquent connue et appréciée du pu-
précédant le Noël "Vigilate pastores" à
fois vocalement, dramatiquement et qu’il ait suivi l’enseignement à Rome. blic, ce qui est assurément une bonne
huit voix ; et l’on va ainsi de surprise
poétiquement ! En dépit des efforts de Ordonné prêtre lors de son retour dans chose. Le présent enregistrement en surprise jusqu’à la fin de cet enregis-
documentation qui rendent le livret (en enchaine quatre pièces de musique de
sa ville natale de Trente en 1695, la mu- trement : pas de doute, cette musique
anglais et allemand) du présent cd très chambre, composées entre 1928 et
sique était pour lui surtout un vecteur est celle d’un grand compositeur.
intéressant, la restitution vocale s’avère 1958, faisant appel à des dispositifs
de recherche et de plaisir intellectuel. Dirigés par Mgr Denis Silano, tous les
décevante et confine à la platitude au allant de quatre à deux instruments. Il
Son opus 1 est le seul de ses quatre re- interprètes, leurs lointains successeurs
lieu de nous charmer du camaïeu de permet, grâce à une première au disque,
cueils de sonates qui soit destiné à une donnent le meilleur d’eux-mêmes : per-
nuances auxquelles elles doivent artisti- de redécouvrir l’op. 185 (1958), rendu
exécution dans une église. Sonates da fection du jeu des organistes comme
quement atteindre. Globalement, David populaire il y a plus d’un demi-siècle par
chiesa, donc, et non da camera, qui font de celui des instrumentistes à cordes,
Munderloh, qu’on a connu plus heureux l’ensemble du violoncelliste américain des flûtistes ou des cuivres, fraîcheur
dans le Magnificat de Bach, par exemple, dialoguer deux violons avec une basse
d’origine russe Nikolai Graudan (en- des voix d’enfants (même si l’on peut
ne dispose pas ici, à l’évidence, des res- obligée assurée par un violoncelle et
semble dans lequel Mitchell Lurie tenait regretter quelques attaques un peu
sources tant vocales que dramatiques un clavecin ou un orgue. En raison la partie de clarinette) mais accessible imprécises qui n’entachent pas vrai-
avec lesquelles Ian Bostbridge ou Mark de l’alternance entre passages soli et seulement depuis 2017. Autre pièce fai- ment l’ensemble), solidité des solistes
Padmore (chacun accompagné par passages tutti, ces œuvres comportent sant appel à la clarinette, la sonate op. adultes. La fin de ce CD est des plus
le jeu exquis, raffiné de Julius Drake) des aspects évoquant le Concerto 128 (1945) ne fut finalement publiée attachants : il s’agit d’un psaume à 7
ont donné toute leur profondeur aux
Grosso. Le talent de Bonporti, notam- qu’en 1977. Avec cet hommage bienve- voix de Centorio sur une basse obsti-
Canticles. D’autres versions bien sûr
ment son maniement du contrepoint, nu, voilà une belle occasion de redécou- née de Merula, son contemporain. Ce
existent, à commencer par celle, histo-
lui valurent une certaine renommée et verte d’un compositeur, de sa musique, disque est tout, sauf ennuyeux ! (Jean-
rique, de Peter Pears, peut-être pas la
même l’admiration de Bach. Enregistrés en particulier au travers de quatre de Paul Lécot)
plus parfaite. Dans le cas présent, les
conditions d’enregistrement semblent dans une église de Bolzano, les musi- ses compositions d’une grande déli-
encore accuser certains traits. Quant ciens de l’ensemble Labirinti Armo- catesse, rendues ici avec beaucoup
aux "réalisations", un double-cd publié nici jouent ces dix sonates avec goût. de finesse par l’Ensemble Italiano.
récemment par Champs Hill (Ruby (Emmanuel Lacoue-Labarthe) (Alain Monnier)
A
Le piano reste un peu "en dehors" de cet lto propose aujourd’hui en un seul proches du compositeur, amis, élève,
univers, s’en tenant au seul accompa- coffret cette intégrale récapitulant et fils bien sûr, collaborateurs et créateurs
gnement. Plus engagé et dans un esprit parachevant les livraisons antérieures. de ses œuvres. C’est dire la portée de
davantage improvisato, le premier Ce qui constitue encore un véritable ce témoignage, son authenticité, sa
mouvement de la Sonate pour alto et événement. On dépasse même ici l’inté- pertinence. On ne s’étonnera donc pas
piano séduit davantage. Le climat est grale, vu ce qui la complète (cinq autres du souffle qui soulève toutes ces inter-
glacé et d’une austérité "cruelle". Dans pièces orchestrales et la première mon- prétations, le rendu des inflexions ser-
la seconde partie, la danse sur le rythme diale de la 10e en 1954 par Mravinski). vant tour à tour à exprimer le grandiose
intangible du piano est bien menée sans Dimitri Chostakovitch (1906-1975) La production symphonique de Chosta- officiel, le profond lyrisme personnel,
qu’on en perçoive le miroitement chao- Intégrale des symphonies kovitch s’étend de 1926 à 1972 ; on en a les accents pathétiques de la détresse,
tique de deux personnages de cette USSR Symphony Orchestra; Gennadi Rozhdes- justement loué l’unité, la cohérence (au le mordant des sarcasmes… Dans tous
partition testamentaire. De fait, le finale tvensky, direction; Mariinsky Orchestra; Yevgeny sein d’une production hétérogène) ce les cas, une version d’anthologie. Et,
peut se comprendre comme un adieu Mravinsky, direction; Leningrad Philharmonic Or- qui n’en empêche pas la diversité, réac- techniquement, un travail de rajeunis-
bouleversant au monde. La Sonate chestra; Rudolfd Barshai, direction; Edward Serov, tion aux vicissitudes traversées. Outre sement des plus convaincant. En prime,
"Clair de lune" de Beethoven est le fil direction; WDR Orchestra; Maxim Chostakovitch, 1954, les interprétations s’étendent un livret téléchargeable sur le website
conducteur de ce chant du cygne. Les direction; London Symphony Orchestra; Vladimir ici de 1962 à 2015 : tant de choses se d’Alto. (Alain Monnier)
citations se multiplient, de Wagner à
Tchaikovski et Berg, en une sorte de col-
lage morbide qui n’aspire qu’au silence.
L’attente unifie le chant de l’alto et du
piano. Les deux interprètes traduisent
avec une certaine élégance, la douleur
triste de la voix qui se tait à jamais.
(Jean Dandrésy)
Jan Ladislav Dussek (1760-1812) Antonín Dvorák (1841-1904) Stéphan Elmas (1862-1937)
Sonates, op. 14 n° 1-3 et C 40 Treize impressions poétiques, op. 85 Concertos pour piano n° 1 et 2
Petra Somlai, piano-forte; Bart van Oort, piano-
Elena Bashkiorva, piano Tasmanian Symphony Orchestra; Howard Shelley,
forte
AVI8553113 • 1 CD AVI Music piano, direction
BRIL95601 • 1 CD Brilliant Classics
CDA68319 • 1 CD Hyperion
D
Paris où il fut admiré de la reine Ma- du compositeur tchèque recèle u compositeur arménien Stepan
Samuel Ducommun (1914-1987) rie-Antoinette, puis installé à Londres pourtant quelques trésors. Hormis les Elmassian, dit Stéphan Elmas
Oratorio "La Moisson de Feu", op. 63a; d’où il s’enfuit après la faillite de la mai- "Danses Slaves" (à quatre mains) et le (Smyrne 1862-Genève 1937) l’histoire
Sinfonietta n° 2, op. 91a; Concertino pour
son d’édition dont il s’occupe, Dussek peu-joué Concerto pour piano, on ne retiendra le pianiste prodige qui sur les
trompette et orchestre, op. 68b; Concerto
pour orgue et orchestre n° 2, op. 102 revient finir sa vie en France. Pianiste connaît guère les "Impressions poé- conseils de Liszt étudie dans la Vienne
Sarah Pagin, soprano; Mohamed Haidar, basse; d’une excellente réputation, sa musique tiques" de 1889. C’est un tort car non impériale crépusculaire. À partir de
Chœur et Orchestre de la HEM Genève-Neuchâtel; est admirée de Haydn (à qui il prête
seulement ces pièces souvent virtuoses 1885, il parcourt l’Europe d’une carrière
P'tit chœur au grand cœur du Conservatoire de son piano à Londres) et de Beethoven.
Musique Neuchâtelois; Nicolas Farine, direction; brillent d’un éclat particulier, mais elles pianistique de premier plan avant que
Les œuvres enregistrées sur ce disque
Orchestre de chambre de Neuchâtel; Orchestre du composent aussi une synthèse du ro- la surdité ne l’atteigne. Elmas se retire
Conservatoire de Neuchâtel; Jan Dobrzelewski,
datent de son installation en Angleterre,
et ont été publiées avec accompagne- mantisme tardif. De fait, Dvorak donne à Genève en 1912, devient un éminent
direction; Orchestre de chambre de Lausanne;
Victor Desarzens, direction ment de violon ad libitum comme il un titre indicatif aux treize morceaux qui pédagogue et compositeur, aujourd’hui
CLA3023 • 1 CD Claves était d’usage. Mais la richesse (et la s’enchaînent comme un hommage à quasi oublié. Pourtant de ce "Chopin
difficulté) de la partie de piano en font
O rganiste, pédagogue, compositeur Schumann. Ce ne sont pas uniquement arménien", comme d’aucuns aiment à
assez prolixe, Samuel Ducommun de véritables Sonates pour piano. Elles des miniatures, mais des épisodes fan- le qualifier de façon réductrice, l’œuvre
(1914-1987) mérite assurément d’être sont enregistrées ici (sans violon) sur
tasques qu’il faut animer de bout en principalement pianistique, mérite la
connu au-delà de Neuchâtel et de sa une copie d’un pianoforte viennois de
bout. Elena Bashkirova joue ces pages découverte que nous propose le bril-
Suisse natale. Musicien personnel et Walter, qui sonne très bien et qui donne
une idée de l’importance des progrès de avec juste ce qu’il faut de tendresse, lant pianiste et chef d’orchestre anglais
discret, tout à la fois classique et inven-
tif, sa musique ne manque pas d’origi- la facture instrumentale pour le déve- d’éléments empruntant lointainement Howard Shelley. Ecrits dans les années
nalité. Ce portrait musical est illustré loppement de ce répertoire. On admi- au folklore tchèque. Ce sont des scènes 1880, cinquante ans après ceux de Cho-
par quatre œuvres : un oratorio coloré rera la diversité des formes avant que mignonnes, douces, chantantes et pin, les deux premiers concertos pour
et fervent, inspiré par l’Apocalypse de la Sonate ne soit canonisée au XIXème narratives avec le souvenir, aussi, de piano d’Elmas empruntent assurément
Jean, sur des poèmes de Marc Eigel- siècle : souvent deux mouvements seu- Mendelssohn. Il faut alors les "habiller", aux mouvements lents et au lyrisme
dinger, trois pièces orchestrales dont lement, parfois même sans mouvement
deux concertantes, l’une bien sûr étant multiplier les contrastes dynamiques et orchestral du polonais. Cependant des
lent. Dussek y expérimente beaucoup
dédiée à l’orgue. Rien de tapageur dans d’accents, faire croire que la virtuosité couleurs plus personnelles et une écri-
avec les sonorités et les harmonies.
ces compositions, même si, le moment Sa musique fait penser à celle de son un peu lisztienne peut s’imposer. Peu ture soliste virtuose, magnifiée par Ho-
venu et chacun à son tour, le chant d’interprètes – à l’exception d’un Ra- ward Shelley qui dirige le Symphonique
grand rival Clementi. Brilliant Clas-
des chœurs, le jeu de la trompette ou
sics a la bonne idée d’avoir entrepris doslav Kvapil, notamment – ont su bien de Tasmanie du piano, nous projettent
de l’orgue laissent résonner des sono-
une intégrale des Sonates pour piano, retranscrire la nostalgie et des rythmes dans un orient post-romantique annon-
rités solaires, chaleureuses ; on a, au
contraire, souvent le sentiment d’une chaque volume étant confié à un ou des si délicats à traduire comme dans cette ciateur de Scriabine ou de Rachmani-
grande profondeur. Un portrait varié, pianistes différents. Bart van Oort avait danse, furiant. Il y a décidément beau- nov. Cet enregistrement est une très
vivant. Une belle découverte propo- enregistré le premier volume de la série,
coup d’humour et d’élégance dans le belle surprise qui ravira les mélomanes
sée par Claves et qui réunit plusieurs c’est un fin connaisseur de ce répertoire
toucher d’Elena Bashkirova qui sait tou- curieux et devrait être en bonne place
solistes (dont des dédicataires des par- et un excellent pianofortiste. Il partage
titions) ou ensembles ayant eu le privi- ce disque avec son ancienne élève Petra jours bien choisir ses répertoires, que dans toute discothèque, en attendant la
lège de travailler avec le compositeur. Somlai, également une excellente musi- ce soit en récital ou bien en musique de suite des œuvres d’Elmas au disque…
(Alain Monnier) cienne. (Thomas Herreng) chambre. (Jean Dandrésy) (Florestan de Marucaverde)
L
Fauré Quartett
de vertige et jusque dans les nuances une boucle parfaite, abritant dans son es concertos pour orgue de Haendel,
0301422BC • 1 CD Berlin Classics puisque c'est d'eux qu'il s'agit—
pianissimos cette électricité fulgu- centre cinq mélodies arrangée avec une
L a houle précipitée qu’emporte le rante. Joué avec une précision aussi finesse d’oreille, un art amoureux pour dans une transcription pour Steinway
clavier agile de Dirk Mommertz fanatique, le langage de Fauré parait les trois archets et le piano par Dietrich — ne constituent pas des œuvres ma-
signe cette version océanique des deux dans toute sa modernité, même dans Zöllner, bien plus qu’une curiosité, un jeures et n'ont ni l'ampleur, ni le génie,
Quatuors de Fauré. Le ton assombri l’Adagio, musique de quasi silence, petit voyage dans les divers univers du de ceux que Bach consacra au clavecin.
du Deuxième Quatuor - les berlinois belle comme une suite d’énigmes que compositeur. (Jean-Charles Hoffelé) Destinés à un petit orgue de théâtre
et accompagnés ici par une trentaine
de musiciens, ils servaient essentiel-
lement d'intermèdes lors des exécu-
tions des oratorios du compositeur et
recyclaient divers matériaux (thèmes
d'oratorios précisément, fragments
inaboutis, canevas sur lesquels ce der-
nier improvisait, ou sonate pour flûte à
bec, concerto pour harpe etc.). Autant
le piano à queue peut aussi, à côté des
instruments d'époque, servir (d'une fa-
Giovanni Gabrieli (1554-1612) Carlos Guastavino (1912-2000) Georg Friedrich Haendel (1685-1759) çon remarquable) le propos d'un Bach,
Arias da sonar "Fuggi pur se sai" et "Chiar' 10 Cantilenas Argentinas; 10 Cantos Popu- Suites IV et V (arr. de G. Muffat) / G. autant ce qui nous est donné à entendre
Angioletta"; Hodie Christus natus est; Dor- lares; El Sampedrino; Bailecito Muffat : Chaconne; Suite III paraît disproportionné, déséquilibré
miva dolcemente; Canzoni Septimi et Noni Flora Fabri, clavecin voire déplacé, pour ces pièces qui n'ont
Marcos Madrigal, piano
Toni; Sonata Pian & Forte; Sonata Octavi que peu d'étoffe. Cette musique de
Toni; Canzoni VIII, XII, XIV, XXVII, XXVIII PCL10203 • 1 CD Piano Classics CPO555325 • 1 CD CPO
divertissement devient vite, puisqu'il
O
de ses voix afin de restituer de façon d’éclairer chaque page comme s’il de la Suite en Ré majeur de Muffat. En n sait bien peu de choses de Ja-
exemplaire l'ambiance festive de cette s’agissait d’un monde clos. Une belle résumé, ce CD hors des sentiers battus nitsch, dont le nom germanisé sent
musique d'église. (Jérôme Angouillant) découverte. (Jean Dandrésy) est le bienvenu. (Jean-Paul Lécot) encore sa Silésie natale. Selon la seule
O
Intégrale des sonates pour clavecin
rganiste à Crémone, Bergame et à
Alessandro Simonetto, clavecin
Brescia, le compositeur Vincenzo PMR0084 • 1 CD Paladino Music
N
BRIL95867 • 2 CD Brilliant Classics Petrali (1830-1889) contribua au renou- é à Prague en 1843, Popper se mit
Michelangelo Rossi (1602-1656)
P aradisi (orthographié selon son ori- veau de l'orgue italien à l'aune du mou- très jeune au violoncelle. Remar-
Toccata; Corrente / M. Uccelini : Sonates,
gine napolitaine) ou Paradies (selon vement cécilien qui en fut le dépositaire. qué pour sa sonorité extraordinaire, il
op. 4
son deuxième lieu de carrière : l’Angle- Sa musique fournit un bel exemple de se produisit dès 1863 comme soliste
Davide Monti, violon; Maria Christina Cleary,
terre) est un contemporain de Dome- mélange stylistique caractéristique de dans plusieurs pays. Sa carrière est harpe; Alberto Rasi, viole de gambe, violone;
nico Scarlatti. Avec celui-ci, il possède l'époque : opéra et bel canto, esprit ro- faite ensuite d'allers-retours entre des Rogério Gonçalves, douçaine
des idiomes communs : virtuosité, har- mantisme et orgue symphonique. Si la fonctions de soliste international, de STR37166 • 1 CD Stradivarius
monie, prédilection pour les contrastes. "Messa Solenne" s'ouvre sur un Prélude musicien d'orchestre (dans les grandes
Son œuvre se partage entre l’opéra et
le clavecin. A ce dernier, il a dédié 12
de facture classique simple et émou-
vant, les "Versetti" (versets et variations)
phalanges viennoises), de chambriste
(il participa à différentes époques à un N és à quelques années d'intervalles
l'un à Gênes, l'autre en Emilie Ro-
magne, Marco Uccelini (1610-1680)
sonates, et trois concertos (jouables suivants conçus pour illustrer la palette quatuor) de pédagogue (au conser-
vatoire de Budapest à partir de 1896, et Michelangelo Rossi (1601-1656)
également à l’orgue). L’interprète de ces de jeux de l'instrument sont caractéris-
puis à celui de Bruxelles), en plus de sont deux éminents représentants de
12 sonates, Alessandro Simonetto, est tiques de l'esprit d'improvisation, de la
la composition. Mondialement connu l'art instrumental au 17ème siècle en
un curieux personnage : compositeur nature vocale bel canto et d'un esprit
de son vivant, il consacra l'essentiel Italie. Tous deux étaient d'excellents
dès son plus jeune âge, il écrivit alors nouveau romantique. De même pour
violonistes et se rencontrèrent peut-
des parodies de Mazurkas de Chopin et les deux livres d'études pour "l'orgue de ses œuvres à son instrument. Aux
être à la cour de Modène. Si les sonates
des musiques de films ; il est aussi jazz- moderne". Pièces très courtes riche- 40 études de l'op. 73, déjà enregistré
d'Uccelini d'une facture éminemment
man, joueur de synthétiseur, pianiste, ment colorées et d'ambiances diverses par ces interprètes, s'ajoutent ici les
virtuose alla Biber regardent déjà vers
présentateur de radios, organisateur et variées. Les deux Sonates balancent 25 de l'op. 76. Quinze sont conçues
l'horizon baroque, les toccatas de Rossi
se distinguent par une imagination fan-
archevêque von Schönborn et de ses ture exubérante animée par la variété tasque dans la veine de Frescobaldi.
Sélection ClicMag ! frères, est à découvrir ou à redécouvrir rythmique de modulations soudaines". Rossi est par ailleurs l'auteur d'un
incontinent ! Si les seules œuvres édi- Il suffit découter l'allegro du I 54 pour recueil de trente-deux madrigaux qui
tées de son vivant sont des concertos saisir avec quelle fulgurance une idée compte parmi les plus beaux exemples
et sonates pour clavecin, notre homme se transforme, passe de l'orchestre de cette tradition vocale italienne entre
avait aussi touché le piano-forte mis au au soliste, d'un groupe d'instruments Renaissance et Baroque. Les Sonates
point par Cristofori et pratiquait haut- à un autre en une série de "rapts" qui pour un ou deux violons d'Uccelini
bois, violon et violoncelle. Des œuvres la transforment, la modulent, l'esca- tirées de son dernier recueil de "Sonate
ont disparu, des manuscrits dormaient motent ou la font ressortir. Ou bien les arie e corranti" publié en 1642 alternent
à Berlin. L'excellente notice (je dois ici avec des compositions de Rossi
jeux et les glissades chromatiques tan-
traduire, hélas !) condense efficace- ici jouées à la harpe. On appréciera le
tôt de l'orchestre, tantôt du clavecin qui
ment le phénomène sonore qui nous contraste entre la nébulosité des parties
président à la relance, aux avatars des
Giovanni Benedetto Platti (1690-1763) tombe dessus ici : " [...] les concertos de harpe, sans aucune mesure avec le
motifs thématiques dans l'allegro du I
Concertos pour clavecin, I 18, 48, 52, témoignent d'une inspiration sans clavecin et l'orgue, et l'inspiration ter-
57. Rare plaisir de la prestidigitation et rienne des Sonates en trio basées sur
54, 57 limite, d'un goût très marqué pour la
maîtrise des textures : certaines sont de l'acrobatie. Et quel art pour rame- des chansons populaires, les fusées et
Roberto Lorregian, clavecin; L'Arte dell'Arco; ner tout ce foisonnement, cette furie,
Federico Guglielmo, violon, direction claires et presque galantes; d'autres, l’intrépidité des parties de violon, dia-
complexes, reposent sur une construc- cet ébourriffement de musique à un loguant sur un fil avec la gambe et la
CPO555219 • 1 CD CPO ordonnancement impeccable et souve-
tion contrapuntique d'une expressivité harpe, reléguée curieusement au rôle de
V
Andrea Lucchesini, piano Andrea Lucchesini la joue sévère, dan- ioloniste virtuose, élève de Camillo premières mesures. Son interprétation
AUD97767 • 1 CD Audite gereuse, se garde bien de la fièvre que Sivori qui fut lui-même l’élève de trouve sa voie à mi-chemin entre les
R ien n’est complexe au piano, et pour Sviatoslav Richter y mettait, la laisse se Paganini, Rosario Scalero étudia à grandes gravures traditionnelles ger-
les pianistes, comme la Sonate- tendre peu à peu vers l’inexorable. Quel Vienne avec Eusebius Mandyczewski maniques qui font entendre un Schu-
fantaisie de Schubert. Tout un monde Allegro ! qui à force de retrait sait créer de 1900 à 1919 avant d’émigrer aux bert précurseur de Bruckner (et l’on en
à demi-effacé y crée un imaginaire la terreur. L’Adagio déploie son récitatif Etats-Unis. Succédant au grand Ernest revient toujours aux fameux enregistre-
sonore singulier, sonate des ombres, sans espoir, comme esseulé, avant que Bloch comme professeur de composi- ments de Furtwängler) et les récentes
dont le caractère fantasque transparait le Menuetto papillonne, irréel ballet d’un tion au Curtis institute de Philadelphie, il versions "historiquement informées".
même derrière l’anodin ländler qui lui clavier d’ivoire qui montre un bal fan- fut notamment le professeur de Barber, Ici l’orchestre joue sur ses instruments
sert de Menuet. Les accords murmurés tasque. Le final, et son ganymède dan- Menotti et Rota. Son œuvre pour violon "modernes" habituels mais l’effectif
dans le fond du clavier donnent le ton sant pour échapper au rapt n’aura pas ou violon et piano date essentiellement est plutôt restreint (moins de soixante
dès la première page, Andrea Lucche- l’emballement amer que Richter y im- de ses études viennoises. On ne s’éton- musiciens) et les reprises sont respec-
sini s’engage dans cette nuit de sons, posait, mais en doigts impondérables, nera donc pas des échos brahmsiens de tées y compris celle de la gigantesque
en soupesant le chant ténu, mesurant préservant la fuite, il connaitra un rap- sa sonate, ni même du côté kreislérien finale. Malgré des tempos allants, on
ses couleurs de crépuscule. Si ce n’est tus saisissant aux dernières mesures. de ses pastiches d’après Scarlatti. Si frôle les soixante minutes. De Vriend ne
pas d’un schubertien consommé ! Cette Vraiment, Andrea Lucchesini aurait ses variations sur un thème de Mozart cherche pas le côté crépusculaire dans
maitrise du temps, cette conscience de tort de nous laisser orphelins d’autres souffrent de leur trop grande longueur l’œuvre, il la fait rayonner avec une belle
l’espace pour saisir l’un des plus longs Schubert qu’il pourrait nous donner, (près de trente minutes), en revanche énergie et une franchise qui culmine
mouvements de Schubert à son piano. d’autant qu’il a enfin trouvé chez Audite on est séduit par ses danses italiennes, justement dans la course haletante du
Le demi caractère du final est si bien un Steinway, une salle, un preneur de qu’elles soient napolitaines ou piémon- finale, enivré de son propre mouvement
saisi ici, pas du tout ce revers des étran- son, une équipe éditoriale à la mesure taises. Sans être une révélation majeure, ou le tourbillon du scherzo. Un bel
getés des trois mouvements qui l’au- de son art. (Jean-Charles Hoffelé) ce coffret, dont le premier CD avait été apport à une discographie considérable
L
Daniel-Ben Pienaar enregistrait une dam : Nox / M. Ravel : Gaspard de la Nuit e cycle monumental des six sympho-
répertoire symphonique de l’auteur de
sélection de douze sonates, sélection Hannes Minnaar, piano nies pour orgue de Vierne est resté
"Finlandia". (Jean Dandrésy)
s’achevant par les trois derniers opus. CC72853 • 1 SACD Challenge Classics un peu dans l’ombre de celui de son
Une somme qui suivait ses nombreux maître Widor, peut-être faute de "tubes"
autres enregistrements dont les inté- comme la toccata de la 5e symphonie
grales des sonates de Mozart et de de son ainé ou de sous-titres évoca-
Beethoven, le Clavier bien tempérée teurs comme les Gothique et Romane.
de Bach, etc. Voilà des Schubert qui Il n’en constitue pas moins un ensemble
séduisent d’emblée par leur hauteur de majeur dans l‘histoire de l‘orgue. La
vue, le refus de tout pathos, la clarté richesse de la pensée, les accents gran-
des rythmes et des plans sonores. dioses, puissants mais sombres et le
Cette anthologie est certes moins dans chromatisme tourmenté de l’organiste
l’esprit de la "Schubertiade" que dans de Notre-Dame, l’ironie amère parfois
Georg Philipp Telemann (1681-1767) de ses scherzos font de ces six sympho-
celle d’une confession grave. Il n’est Jean Sibelius (1865-1957) Ouvertures, TWV 55 : B13, 55 : G1, 55 : G5 nies un digne pendant aux grands cycles
que d’écouter les mouvements lents
impromptus, op. 5; Sonate pour piano, op. L'Orfeo Barockorchester; Carin van Heerden,
qui maîtrisent à ce point la projection orchestraux du début du XXe siècle. Sur
67/1; Cinq morceaux, op. 75; Pièces pour direction
sonore, l’utilisation juste de la pédale. piano, op. 24 un grand Marcussen néo-classique
Et pourtant, nous sommes bien dans CPO555389 • 1 CD CPO de 1973, l’organiste néerlandais Hayo
Eero Heinonen, piano
T
le premier romantisme. Le lyrisme des rois Ouvertures inédites au disque, Boerema donne une lecture d’une belle
PCL10220 • 1 CD Piano Classics
premiers opus gravés comme la Sonate le catalogue de Telemann est si vaste élévation spirituelle, aux sonorités et
D 537 de 1817, qui inaugure une série
de sonates. Ce coffret témoigne aussi S ibelius délaissa le piano au profit
du violon. Pour autant, son œuvre
pour le clavier ne paraît guère anodine
qu’il n’en fini pas d’envahir les rayon-
nages des discothèques, et qui s’en
aux textures souvent très différentes
de celles des grands Cavaillé-Coll aux-
d’une belle adaptation de l’acoustique, plaindrait ? Les Ouvertures (ou Suites) quels on associe historiquement Vierne.
d’un rapprochement des micros pour (notamment pour ce qui concerne la abondent, et forment l’autre fleuron de Mais c’est le propre des chefs d’œuvre
que l’impact du clavier soit plus direct. musique de chambre et les mélodies). ses opus à grand ensemble avec les de supporter des éclairages variés tout
L’esprit de la fantaisie demeure : celui L’écriture pianistique du composi- Concertos, plus nombreux encore. Elles en restant passionnants et cette lecture
d’un Schubert vagabond et doué d’une teur finlandais est assez sobre. Il va se coulent dans le moule français tel- enrichissante offre des angles d’ap-
imagination sans borne. Daniel-Ben à l’essentiel dans la quarantaine de lement en vogue à l’époque, Telemann proche différents des versions gravées
Pienaar équilibre parfaitement ce que partitions qu’il laisse à la postérité et y regardant souvent du coté de Lully, sur les Cavaillé-Coll. Plus que de Widor
cette musique doit à un folklore recréé, dont le pianiste finlandais, éminent en particulier dans l’Ouverture en sol c’est bien de Franck auprès de qui il
à des danses villageoises et à l’influence pédagogue par ailleurs, sait traduire la qui ouvre l’album, suites de danses étudia aussi que Vierne apparaît alors
prodigieuse de Beethoven, que Schu- diversité des atmosphères. La plupart d’une plume légère que Carin van Heer- le digne descendant, ce dont témoigne
bert croisa si souvent dans les rues des pièces sont des miniatures et la den et sa jolie bande caressent plus également son beau corpus de musique
de Vienne sans jamais oser l’aborder. grande forme sonate n’intéresse pas qu’elles ne les enlèvent ; ces danses de chambre encore trop sous-estimé.
Cette même fraîcheur populaire et la Sibelius qui préfère l’aphorisme ou la sont bien sages, mais la beauté de ces (Richard Wander)
C
peut-être cela qu’il manque au com- . Marti, déjà plusieurs fois récom-
la Pologne. Il se réfugie en URSS. Il est pour hautbois (arr. pour ensemble de
plément de programme, la sonate pour cuivres) / N. Skalkottas : Concertoni pour pensée pour ses Cd de musique
soutenu et protégé par des composi- piano et violon op. 18 de Juliusz Wer-
teurs russes. Oïstrakh, Kogan, Gilels
trompette et piano / A. Jolivet : Concertino ancienne avec l’ensemble la Morra nous
theim, qui, avec ses accents straussiens pour trompette, piano et cordes / W. Ker- propose, accompagnée ici par d’autres
et la plupart des compositeurs d’avant- demanderait un peu plus de minaude- schek : "Poem for Matthias", pour bugle,
garde reconnaissent son génie. Il de- interprètes, "un voyage sonore" —
rie, d’envolées lyriques au trop timide jazz trio et quatuor à cordes
comme l’annonce le livret — à travers
vient l’ami de Chostakovitch. Victime de violoniste Szymon Telecki, pour rendre Matthias Höfs, trompette; Yorck Felix Speer, basse; des pièces de la seconde moitié du
la répression antisémite de Staline, il est à cette merveilleuse sonate le fourmil- Anaëlle Touret, harpe; Wolfgang Watzinger, piano;
XVe siècle, extraites de trois recueils,
arrêté en 1953 et sauvé in extremis... lement et le rayonnement intrinsèque Concerto Köln; Hamburg Philharmonic Soloists;
German Brass; Virtuosi di Praga (Buxheimer Orgelbuch, Lochaber et
par la mort de Staline. Auteur de 26 qu’elle dégage dans cet amoureux dia- Goglauer Liederbücher) contenant mor-
symphonies, d’une dizaine d’opéras et logue du piano et du violon. (Florestan 0301600BC • 1 CD Berlin Classics
ceaux, airs et chansons en provenance
ballets, de 19 quatuors, Weinberg oublia
E
de Marucaverde) n 1948, André Jolivet est un cas à de diverses sources européennes. Seuls
sa propre existence dans la musique. Sa part dans le paysage musical fran- les instruments s’expriment ici mais un
musique est déroutante de sobriété, de çais : il ne s’inscrit dans aucune école. peu comme au travers de "romances
tensions, d’humour et une fausse naïve- C’est la raison pour laquelle le système sans paroles", et sous le signe de l’hiver,
té. C’est le cas de "Winnie l’Ourson" qui fit en sorte qu’il fût ringardisé. Et pour- titre de la pièce qui donne son nom à
est une adaptation de thèmes de Wein- tant ! Que ce Concertino est beau ! l’album. D’un hiver qui, "s’adoucissant",
berg par Sokolov. Un pastiche baroque Comme on s’y sent bien, comme il sait symbolise entre autres l’espoir du che-
d’une finesse remarquable. Beaucoup être douillet et brusquement casser ce valier de voir la dame courtisée ne pas
plus sérieuses, les deux sonates pour confort pour une modernité plus acé- lui rester insensible. Nombre des pages
violoncelle et piano, respectivement de rée. Jolivet est ici bien secondé par interprétées sont anonymes, mais em-
1945 et 1959. L’influence de Chostako- Matthias Höfs. Le trompettiste livre une pruntent parfois à des airs attestés par
vitch – influence réciproque entre les
Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948) conception passionnante et très belle de ailleurs. Quelques-unes sont de la main
deux artistes – est remarquable : épure, de compositeurs connus (Binchois,
Sonates pour violon n° 1-3 l’œuvre. Passionnante et belle parce que
densité rythmique, effets percussifs. Vilette, Busnoys, Du Fay) ou leur sont
Davide Alogna, violon; Costantino Catena, piano débarrassée de toutes les scories que la
Marina Tarasova maintient toutefois le attribuées. Avec quelques instruments
BRIL96093 • 1 CD Brilliant Classics virtuosité peut laisser tenter. La sobriété
chant comme au début de la Seconde reconstitués d’après des documents
du jeu de M. Höfs correspond parfaite-
L
Sonate. Le lyrisme est porté sans affè- e vénitien Ermanno Wolf Ferrari, qui d’époque, (C. Marti a beaucoup œuvré
ment à l’écriture de Jolivet, à son style,
terie, sans nostalgie pesante. Le piano a construit sa réputation sur un cor- sur ce plan) les options expérimentées
à son œuvre, à son temps. Le timbre est
fondu dans les atmosphères étales est pus opératique apprécié de son vivant, ici (harpe solo, combinaison harpe/
chaud, jamais aigre, le coup de langue
d’une grande intelligence musicale. s’est exercé au répertoire chambriste flûte/ organetto ou harpe /flûte/ clavi-
jamais agressif, les attaques sont
Composée en 1971, la Sonate pour tout au long de sa carrière. Privilégiant cymbalum/, etc.) ainsi que les formes
souples, les ff ne sont jamais clinquants
contrebasse a été pensée comme une l’écrin de la forme classique, les pièces illustrées (en particulier celles qui
et l’on se demande d’où viennent les
suite baroque. Le violoncelle élargit qu’il lèguent débordent de musica- mettent à profit une partie de flûte à la
sons filés pp ! Le son varie savamment
considérablement son spectre sonore et lité. Après deux disques consacrés à fois richement et délicatement ornée et,
du tendre et doux à la vigueur sans ja-
sa dimension narrative envoûtante. Un de lumineux concertinos et de sédui- à la voix inférieure, des notes tenues ou
mais aucune dureté ni flamboyance qui
beau disque de musique de chambre. sants trios, Brilliant Classics publie un répétées) font merveille. Des sonorités
ne seraient pas de mise. Le troisième
(Jean Dandrésy) nouveau jalon en ressuscitant les trois savoureuses, une grande somptuosité,
mouvement, très lent, est une longue
sonates pour violon et piano du maître une souplesse et une subtilité qui vous
rêverie magistralement introduite pp
italien. La déception est à la hauteur arrivent comme des surprises, dans une
par les Virtuosi di Praga, sans effets
de la promesse que suscite la décou- musique qui a le bonheur de l’audace et
verte d’œuvres oubliées. En cause : ni sentimentalisme qui seraient ici pire
qu’un anachronisme. L’ensemble est de la verdeur. Très belle réussite. (Ber-
le prosaïsme et l’uniformité du jeu de trand Abraham)
David Alogna (violon) et de Costantino parfaitement cohérent, de la première
Catena (piano). Dans la première sonate note de l’œuvre à son apogée final. L’en-
composée en 1895, le duo transal- registrement bénéficie en plus d’une
pin échoue dans sa tentative à raviver superbe réalisation, parfaitement équi-
les contours lyriques et romantiques librée, de Philipp Knop. On regrettera
d’une œuvre de jeunesse, proche de juste que le pianiste ne soit pas cité :
Juliusz Wertheim (1880-1928) sa présence n’est pas anecdotique. On
l’esprit de Brahms et de Schumann. La
Préludes, op. 2 et 5; Drei Weisen im pol- seconde sonate, créée en 1901, libère n’omettra quand même pas de citer les
nischen Volkston, op. 13; Impromptus, op. autres œuvres, certes belles aussi, mais
des accents austères, accentués par les
6 n° 1; Variations sur un thème original, sans surprise, que sont le Concerto
op. 4; Sonate pour piano et violon, op. 18
sonorités aigües du violon (un Stradiva-
rius de 1715). En réprimant la passion de Haydn avec le magnifique Concerto
Paweł Pawlik, piano; Szymon Telecki, violon Musique pour flûte et harpe
et la tension, comme l’ironie et la ten- Köln, le délicieux Albumblatt de Glazou-
DUX1442 • 1 CD DUX dresse, l’interprétation de la troisième nov et quelques mignardises parmi les- J. Cras : Suite en duo pour flûte et harpe
L e jeune pianiste Pawel Pawlik nous sonate, plus tardive (1943), condamne quelles une bien étonnante transcription / M. Berthomieu : 3 thèmes pour flûte et
transporte dans l’univers néo-ro- de la Pavane pour une Infante défunte harpe / E. Bozza : 3 impressions pour flûte
l’auditeur à l’ennui. L’entreprise de
et harpe / A. Zabel : La Source, op. 23 /
mantique de son compatriote Juliusz réhabilitation des sonates pour violon de Ravel. Mais enfin ! Si une œuvre doit
B. Andrès : 7 pièces pour flûte et harpe /
Wertheim (1880-1928) qui avec et piano de Wolf Ferrari n’a manifeste- être retenue, entendue, réentendue, C. Debussy : Syrinx, L 129 / T. Takemitsu :
Karol Szymanowski et Arthur Rubins- ment pas encore trouvé ses prosélytes. c’est bien cet admirable Concertino de Toward the Sea III / W. Alwyn : Fantaisie-
tein représentaient le courant Jeune (Jacques Potard) Jolivet. (Jacques Saury) Sonate "Naiades"
Q uelle bonne et originale idée de composition de Lazzari (à cet âge, six de passion et de virtuosité. Au centre de
de cet album est sans nul doute les années d’écart comptent), ce trio n’en
réunir ces deux trios, tous deux ce récital une magnifique transcription
"Algues" de Bernard Andrès (1941-). portant le numéro d’opus 13 écrits par possède pas moins un charme mélo- du mouvement lent du Concerto deux
(Charles Romano) deux compositeurs nés la même année dique viennois que l’ensemble Thomas violons où les deux voix solistes dé-
Christian particulièrement à son affaire roulent paisiblement leurs arabesques,
sait rendre irrésistible. Cerise sur le gâ- se répondent et s’unissent dans un
un instrument plus un genre, un genre teau, les trois minutes d’une sérénade
Sélection ClicMag ! plus une époque bien précise et/ou un viennoise écrite par Whilhelm Jeral,
subtil duo amoureux. Cet arrangement
signé Lennard Moree justifie sans au-
pays, un foyer musical historique etc. violoncelliste des Wiener Philharmoni- cun doute à lui seul l’acquisition de ce
De quoi pourvoir le mélomane de ce que ker (son concerto pour son instrument disque. (Thomas Herreng)
Lacan aurait pu nommer son "objet mu- opus 10 est encore joué), publiée en
sical petit à petit". Il est réjouissant, en 1922 et dédiée à Kreisler qu’il évoque
particulier, de disposer d'un panorama en effet, prolonge ce climat charmeur.
chronologiquement ordonné de concer- (Richard Wander)
tos peu faciles à répertorier soi-même,
consacré à un instrument parfois un
peu vite considéré comme marginal,
et chargé de connotations pas néces-
Concertos pour harpe sairement toujours avantageuses :
Œuvres de Haendel, Mozart, Boieldieu, la harpe moderne, déjà à pédales, en
Dittersdorf, Albrechtsberger, Wagenseil, l'occurrence. Pages connues, peu
Krumpholz, Dussek, Spohr, Reinecke, connues, quasi inconnues et large flo- Short Cuts
Saint-Saëns, Pierné, Braga Santos, Ginas- rilège d'interprètes européens meublent 50 miniatures pour piano. Œuvres de
tera, Alwyn et Lutoslawski cette archive, invite à bien des décou- Rameau, Bach, Haydn, Mozart, Beethoven,
Charlotte Balzereit, harpe; Giselle Herbert, harpe; vertes. Entre autres, celle du concerto Schubert, Czerny, Rossini, Schumann,
Jutta Zoff, harpe; Jana Bouskova, harpe; Roberta de von Dittersdorf, délicat et épanoui, Œuvres pour piano Chopin, Brahms, Liszt, Verdi, Wagner,
Alessandrini, harpe; Susanna Mildonian, harpe; Pages intimes. Œuvres de Chopin, Pou- Saint-Saëns, Gounod, Massenet, Chabrier,
de celui d'Albrechtsberger qui marie
Fabrice Pierre, harpe; Catherine Michel, harpe; lenc, Schumann, Bach, Liszt, Scriabine, Tchaikovski, Fauré, Grieg, Bizet, Godows-
Sue Blair, harpe; Eleanor Hudson, harpe; Nicolas
ingénument la harpe aux cuivres, ou de
Schubert, Ravel, Brahms, Beethoven et ky, Scriabin, Falla, Debussy, Gershwin,
Tulliez, harpe Dussek, évoquant un Papageno légè-
Rachmaninov Ravel, Stravinski, Prokofiev, Villa-Lobos,
rement post-mozartien. Un Reinecke, Ligeti...
BRIL96102 • 5 CD Brilliant Classics Stéphane de May, piano
très contrasté, le motorique, mordant Antonio Ballista, piano
D 'une autre façon que les coffrets et incisif concerto de Ginastera, mais ADW7597 • 1 CD Pavane
BRIL95615 • 2 CD Brilliant Classics
L
publiés par la revue musicale qui aussi celui de Lutoslawski ou deux so- e pianiste Stéphane de May nous
"donne le la", et sélectionne les meil-
leures interprétations d'œuvres d'un
compositeur donné, les coffrets "thé-
listes, harpe et haubois, se frottent avec
vigueur à un orchestre, qui de partout,
propose ici un programme très
personnel, où diverses pièces se suc-
cèdent sans autre logique que le plaisir
N ous venions de découvrir le double
album d'un pianiste (Christian
Spring) donnant dans des piècettes
fait montre d’une invention sonore aux
matiques" concoctés par Brilliant sont couleurs tour à tour violentes, lyriques, de les jouer. Il fait écho à un disque sur le thème de chants d'oiseaux. Cette
des outils fort ingénieux, ceci d'autant étales, dramatiques ou grotesques. Des qu’il écoutait étant enfant et qui lui a fois-ci, pas de thème unificateur, il s'agit
plus que les critères sur lesquels ils interpétations tout à fait louables dans donné envie de faire de la musique. Il juste de tailler un ''short'' aux belles
sont conçus sont croisés et multiples : l'ensemble. (Bertrand Abraham) choisit des pages plutôt lentes, et très jambes de la musique la plus diverse :
U
Paul Poujaud) ! Pas son genre d'en être Hobday, piano; Frank St. Leger, piano; George ne génération plus tard, William à tour acidulé, dansant, élégiaque, bu-
le septième, ni de se marier à la tour Reeves, piano; William Murdoch, piano; London colique et nostalgique à souhait qui ne
Primrose devait hériter d’une bonne
Philharmonic Orchestra; Hamilton Harty, direction
Eiffel. Ce concerto stimulant, parfois part du répertoire conçu pour Ter- peut que faire attendre avec impatience
stridulant, fut créé en 1932 à Venise LAB3057 • 3 CD Biddulph tis, mais la nature sonore totalement le volume 2. Alors préparez votre pla-
par son compositeur et Jacques Février
(on les a enregistrés, mais beaucoup
plus tard). Des clins d'œil à de grands
L ’alto était devenu cet instrument
d’orchestre, méprisé des compo-
siteurs, qui n’avaient plus écrit pour
différente, pour ne pas écrire absolu-
ment opposée- de son alto sombre,
aux registres contrastés, à la virtuosité
teau de "tea and scones", installez-vous
dans un bon fauteuil et laissez-vous
emporter par ces phrasés si caractéris-
confrères, naturellement à Mozart lui d’ouvrages concertants majeurs plus purement instrumentale, devait
dans le larghetto central. Du frais et du depuis la Symphonie Concertante de l’amener à inspirer lui aussi quantité de tiquement anglo-saxons. Mais attention
vivace pour un bel aujourd'hui (avec Mozart, oubliée elle-même, pire d’opus compositeurs, l’exemple le plus célèbre à ne rien renverser si vous dansez lors
même écho de gamelan, expo coloniale d’importance ! Seul Brahms lui avait restant le Concerto pour alto que Béla du "reel" final de la symphonie de Parry,
oblige), mais au-delà du simple diver- donné une nouvelle identité au sein de Bartók n’eut pas le temps d’achever. assez irrésistible ! (Olivier Eterradossi)
N é à Naples en 1859, Carlo Munier on Jazz / I. Cervantes : Extraits de "Cuatro positeurs d’avant-garde comme Ives
Marcelo Nisinman Trio [Alberto Mesirca, guitare,
fut le pionner du renouveau de la Danzones" ou Antheil, parmi les premiers musi-
guitare électrique; Winfried Holzenkamp, contre-
mandoline. Son œuvre abondante pour Stefano Cardi, guitare; Enrico Pieranunzi, piano basse, ukulele; Marcelo nisinman, bandonéon]
ciens formés sur le territoire améri-
mandoline et guitare visait à débarras- BRIL96089 • 1 CD Brilliant Classics cain comme Foote ou encore qu'il ait
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ser l'instrument de son usage populaire contribué à l’esthétique américaine en
dans lequel il était cantonné. Il publia
à cette fin plusieurs méthodes pour
L e pianiste de jazz ayant aussi une for-
mation classique Enrico Pieranunzi
et le guitariste classique également
D epuis ses origines le tango a dansé
et chanté avec la musique classique,
évoquant les mythes nationaux comme
Copland. Si l’on perçoit des accents de
encourager sa pratique. Contemporain lui empruntant ou lui prêtant avec un modernité dans le court "Hymne" (1904)
amateur de jazz Stefano Cardi se sont rare naturel. Poursuivant les explora-
de Munier, le florentin Enrico Marucelli de Ives avec quelques frottements har-
réunis autour d'un répertoire de pièces tions d'un Piazzolla, Marcelo Nisinman,
(1873-1901) a lui aussi composé un moniques, à la même époque l’écriture
de compositeurs américains transcrites compositeur autant que bandonéiste
petit corpus d’œuvres pour mandoline de Foote suit encore les préceptes clas-
et arrangées par le pianiste. Le pro-
et guitare que ce disque documente nous offre là un "cirque macabre" plein siques européens. Sa "Suite", op. 63
gramme est judicieusement construit
en partie. Le duo Ziggiotti Merlante a d'art et d'ironie. Le trio qu'il a consti- (1907) est de style post-romantique
alternant les œuvres d'un compositeur
ajouté à son programme un autre nom, tué avec Alberto Mesirca (guitares) et déployant des cordes soyeuses aux
des États-Unis avec celles de compo-
celui de Luigi Mozzani (1869-1943) Winfried Homzenkamp (contrebasse et couleurs wagnériennes. Ses trois mou-
siteurs sud-américains sur une durée
venu tardivement à l'instrument après ukulele) fait preuve d'une belle entente vements ont des caractères joliment
couvrant la première moitié du XXème
avoir pratiqué le hautbois et la lyre- et complicité pour nous guider dans la contrastés avec notamment une fugue
siècle. Le duo de musiciens renouvèle
guitare dont son nom est associé. Ces diversité de ce répertoire à la frontière aux allures néo-baroques pour finir. Si
ainsi le répertoire pour ce type de for-
pièces pour mandoline sont des tours des époques, des genres et des styles, dans sa jeunesse Antheil pratiquait une
mation qui, comme il nous l'est rap-
de force pour l’interprète, Munier et pelé dans le livret, était en vogue parmi et non seulement des traditions (Nisin- musique moderne débridée, la "Séré-
Marucelli étant à la fois concertistes et une poignée de musiciens de la scène man est né en Argentine et vit et tra- nade" (1948) date de sa période assa-
professeurs, exigeaient une technique viennoise du début du XIXème siècle vaille à Bâle). Héritier de Piazzolla bien gie. Elle n’en est pas moins dynamique
exemplaire et concevaient la mandoline puis tombée ensuite en désuétude. au-delà de l'imitation, Nisinman sait avec ses rythmes de danse vivaces et
comme instrument virtuose au même L'ensemble proposé ici ne manque pas revisiter Bach ou Buxtehude aussi bien populaires et son écriture théâtrale dans
titre que la guitare. Cette dernière est d'attraits. Ces courtes pièces de genre que les classiques du tango sans ou- les premier et troisième mouvements
d'ailleurs ici souvent reléguée au rang exercent un charme simple empli de blier quelques compositions originales, contrastant avec l’esprit sombre aux
d'accompagnateur laissant le champ délicatesse et de grâce. Des aspects po- à tous les sens du terme (superbes "Hu- accents lyriques plaintifs du mouve-
libre à la mandoline. La musique quant pulaires, souvent liés à des rythmes de mans & insects" ou "Alberto's tango" !) ment lent central. "Appalachian Spring"
à elle évoque autant les standards de danses, combinés à une écriture raffi- Si l'on entend le souvenir d'Astor (dont (1943-44) termine ce programme
la musique populaire que la tradition née, élégante et pétillante leur confèrent il a repris par ailleurs la "Maria de Bue- avec son évocation de l’épopée des
classique, valses, sérénades, moto per- une fraîcheur réjouissante. L'asso- nos Aires"), on s'approche aussi parfois pionniers. La musique prend des cou-
petuo, quelques danses, rêveries, ca- ciation des timbres de la guitare et du de Stravinski ou d'autres. Mariage des leurs bucoliques évoquant les grands
prices, fantaisies, des variations autour piano avec un jeu tant percutant et pi- sonorités et des styles, de l'humour et espaces alternant avec des accents
de thème d'opéra. Le répertoire d'esprit quant que mélodieux et tendre est fran- de l'émotion font de cet album un ma- valeureux et des rythmiques popu-
romantique et virtuose rappelle celui chement agréable. Les deux interprètes gnifique moment "d'esprit tango". A ne laires. Voilà un intéressant exemple
pour duo de guitares. On se laissera font preuve d'une finesse d'interpréta- pas laisser passer. (Marc Ossorguine) de diversité de la musique américaine.
(Laurent Mineau)
S i comme l’affirme Serge Diaghilev, conte enchanteur en une fête des sens :
la Belle au Bois dormant est l’ultime la beauté des costumes saturés de cou-
vestige des grands jours de Saint-Pé- leur, la magie de la musique et la sub-
tersbourg, le mérite en revient non seu- tilité du découpage chorégraphique. La
lement à Tchaikovski et à Petipa, mais pertinence des choix artistiques conduit
aussi à Noureev. Respectant l’héritage les danseurs à occuper tout l’espace
du maître français, ce dernier a amputé scénique dans un tourbillon de diago-
Les trésors sacrés de Noël
le ballet de ses inutiles longueurs et a nales de déboulés, tours piqués, grands
J.P. Sweelinck : Hodie Christus Est / G. eu le bon goût d’y introduire ses nota-
Gabrieli : O magnum mysterium / Chant jetés… Les variations des fées, de l’oi-
grégorien : Alleluia "Dies sanctificatus" / Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893) tions personnelles qui préservent la
seau bleu et du chat botté complètent
H.L. Hassler : Verbum caro factum est / J. lisibilité du conte de Perrault. Inspirée
La Belle au bois dormant, op. 66, ballet en ce tableau musical flamboyant dominé
Mouton : Nesciens mater / S. Scheidt : Puer 1 prologue, 3 actes et 5 tableaux de sa chorégraphie, la version propo-
natus in Bethlehem / F. Guerrero : Pastores sée par la compagnie du Théâtre de par les deux rôles titres confiés à Polina
Polina Semionova (Princesse Aurora); Timofej
Ioquebantur / O. de Lassus : Resonet inlau- la Scala de Milan est d’une justesse et Semionova (princesse) et à Timofej
Andrijashenko (Désiré); Compagnie de Ballet et
dibus; Omnes de Saba / T.L. de Victoria : Orchestre du Teatro alla Scala; Felix Korobov, d’une élégance qui emporte le plaisir Andrijashenko (prince). Deux heures de
O magnum mysterium; Alma redemptoris
direction; Rudolf Noureev, chorégraphie du spectateur dès le prologue. Dans le pur régal ! (Jacques Potard)
mater / G.P. Palestrina : Surge, illuminare,
Jerusalem / J. Sheppard : Reges Tharsis
et insulae / J. Clemens non Papa : Magi Victoria : Ave Maria; O quam gloriosum / A.
veniunt ab oriente / G.M. Nanino : Diffusa
Lobo : Versa est in luctum; O quam suavis
est gratia / T. Tallis : Videte miraculum
est, Domine
The London Oratory Schola Cantorum; Charles
The London Oratory Schola Cantorum; Charles
Cole, direction
Cole, direction
CDA68358 • 1 CD Hyperion
CDA68359 • 1 CD Hyperion
H
de la Vierge de Monteverdi sous la toute sa place à une masse chorale élène Grimaud nous invite au
conduite de J.-E. Gardiner. Les 16 Noëls
européens du XVIe et du début du XVIIe
d’une parfaite homogénéité, parfois
presque trop puissante dans un "Regina
concert, plus exactement à une
sorte de happening combinant ses in-
G rand classique du répertoire de
ballet, Coppélia ouvre un espace
chantés ici sont d’origines diverses : imaginaire sans limite ; la séduction
caeli" de Guerrero en ouverture… Mais terprétations de pièces signées de huit
Pays-Bas, Allemagne, Italie, Espagne, opère dès les premiers accords de cette
quelle tendresse dans les pièces plus compositeurs, sept interludes passe-
France et - comme il se devait - Angle- musique entraînante. L’argument autour
confidentielles, les "Ave Maria" à quatre partout, pré-enregistrés de Nitin Sawh-
terre. Tous sont interprétés a cappella, d’une poupée et de son inventeur ex-
et huit voix de Victoria ou le célébris- ney et la projection d’images de Mat
forme la plus usuelle de "l’âge d’or". centrique ravive les rêves de l’enfance.
Parmi les plus belles interprétations de sime "Versa est in luctum" de Lobo. Et Hennek. Le tout filmé par François-René La danse mécanique, la pantomime, les
ce beau CD, on notera particulièrement si, en songe, un "O quam suavis" final
Martin. Mais n’est-ce pas finalement thèmes slaves, de mazurkas et de csár-
le vibrant "Hodie Christus natus est" de faisait faillir tous les antagonismes et
trop, au risque même d’une certaine dás ont contribué au succès de l’œuvre
Sweelinck (compositeur dont on oublie appelait à la réconciliation du très aus-
dispersion ? Surtout que la captation de Léo Délibes, adaptée à la scène dès
souvent qu’il ne fut pas seulement l’un tère Philippe II et de la toujours vierge
reine Elisabeth ? On croirait rêver ou, vidéo est restituée de façon assez esthé- le second Empire. La programmation
des grands maîtres de l’orgue de cette
époque mais aussi de la polyphonie bercé et abandonné, on percevrait en tisante avec tout de même des plans un du ballet donne lieu désormais à de
chorale), le méditatif "O magnum mys- écho quelques mots d’un Grégoire XIII, peu aléatoires. Le programme musical, belles références. La dernière en date
terium" de Victoria, l’exubérant "Surge, Pape déjà oublié : La musique élèves les finalement court, tout de fluidité, est remonte à 2018. Le ballet du Bolchoï
illuminare, Jerusalem de Palestrina", âmes vers Dieu… Vaste programme ! pourtant réellement séduisant. Ce n’est avait livré une version Petipa-Cechetti
mais tous seraient à nommer. Une (Florestan de Marucaverde) pas non plus son moindre mérite que de très convaincante dans un esprit ‘Mitte-
fois de plus, le label Hyperion s’ho- faire entendre des compositeurs en gé- leuropa’. C’est au tour de la compagnie
nore d’une production remarquable. du Royal Ballet de proposer sa lecture.
néral moins joués par la pianiste. Tandis
(Jean-Paul Lécot) Fidèles à leur tradition, les danseurs bri-
que le programme apparait décidément
comprimé dans la perspective adop- tanniques s’animent sur la chorégraphie
d’une de leurs figures sacrées, Ninette
tée, l’exécution d’œuvres plus longues
de Valois, créatrice de plusieurs écoles
(Albéniz, Liszt) nous permet cependant
de danses au Royaume-Uni. Dans le
de mieux nous concentrer sur le jeu
rôle de Swalnida, Marianela Nunez
délicat de la musicienne. En effet, on ne
confère à son personnage l’espièglerie
souhaite pas oublier qu’Hélène Grimaud
et la légèreté séraphique requise. Son
Musique pour François II d'Este est une pianiste, et l’une des plus per- compagnon Vadim Muntagirov est
Œuvres de Vitali, Colombi, Bononcini, sonnelles, partant l’une des plus atta- éblouissant de maîtrise. Le corps du
Gabrielli et Sorosina chantes. Il serait finalement paradoxal
Les trésors sacrés d'Espagne Royal ballet assure le job, sans pourtant
Sofia Pezzi, soprano; Ettore Agati, contreténor; qu’un support visuel escamote cette
F. Guerrero : Regina caeli; O Domine faire chavirer nos sens. La copie rendue
Ensemble Moderna Barocca [Antonio De Sarlo,
Jesu christe; Ave Virgo sanctissima; O évidence première. C’est à ce titre que pèche en effet par quelques conventions
premier violon; Beatrice Scaldini, violon; Linda
sacrum convivium / B. de Ribera : Dimitte
Priebbenow, violon; Marco Anginella, violoncelle, le public s’est rendu nombreux dans scéniques datées et par les égarements
me ergo / C. de Morales : Peccantem me cette belle salle de l’Elbe. C’est à ce titre
basse de violon; Federico Lanzellotti, orgue]; décoratifs (très comics) qui viennent
quotidie / M. Robledo : Salve regina / J.
Giovanni Paganelli, clavecin, direction surtout que l’on appréciera ce récital. gâcher notre sentiment de plénitude.
Esquivel Barahona : Ego sum panis vivus /
S. de Vivanco : Dulcissima Maria / T.L. de BRIL96236 • 1 CD Brilliant Classics (Alain Monnier) (Jacques Potard)
John Adams : China Gates; Phrygian La Famille Bach : Intégrale des Œuvres pour orchestre à cordes de Mario Castelnuovo-Tedesco : Edition Arcangelo Corelli Luigi Dallapiccola : Intégrale des
Gates; American Berserk; Halleluiah œuvres pour orgue Bartók, Ghedini, Rota et Hindemith Musique pour violon et piano Baudet; Yamagata; Brüggen; Ter Linden; mélodies
Junction Stefano Molardi; Luca Scandali; Filippo D. Orlando, violon; F. Fiore, alto; I Solisti Grand Duo Italiano Musica Amphion; Pieter-Jan Belder M. Piccinini; A. Caiello; E. Pallucchi; R.
J. et S. van Veen, piano Turri Aquilani; Flavio Emilio Scogna Abbondanza
BRIL95388 - 1 CD Brilliant BRIL95803 - 24 CD Brilliant BRIL95223 - 1 CD Brilliant BRIL95642 - 3 CD Brilliant BRIL94112 - 10 CD Brilliant BRIL95202 - 2 CD Brilliant
F. Devienne : Trios pour flûte, alto et J.L. Dussek : Sonate, op. 25 n° 2 J.L. Dussek : Sonates piano, op. A. Dvorák : Intégrale des quatuors Erich, Saxer, Druckenmüller : Les G.G. Ferrari : Sonates et ballets
violoncelle n° 1-6 "La Matinée"; Sonates, op. 39 n° 1, 44 et 77 à cordes œuvres pour orgue pour piano-forte
Sara Ligas; Salvatore Rea; Vladimiro Atzeni 2 et n° 3 "Tyroler" Alexei Lubimov, pianoforte Quatuor Stamitz Manuel Tomadin, orgue Stefania Neonato, piano-forte
Paiet Kuijken, piano
BRIL95686 - 1 CD Brilliant BRIL95602 - 1 CD Brilliant BRIL95607 - 1 CD Brilliant BRIL95498 - 10 CD Brilliant BRIL95284 - 1 CD Brilliant BRIL95646 - 1 CD Brilliant
G. Frescobaldi : Fantasie a Quattro; P. Glass : Musique pour piano seul Johann Michael Haydn Edition S. d'India : Musique pour 1 et 2 voix L. Janácek, E. Elgar, V. Kalinnikov : Franz Liszt : Les Grandes Œuvres
Canzoni alla Francese (Frescobaldi Jeroen van Veen, piano Ensemble Arte Musica; Francesco Cera, Sérénades pour piano
Edition; Volume 10) clavecin, direction Orchestre de chambre Ferrucio Busoni; A. Gavrylyuk; E. ace; F. Dumont; Dresdner
Roberto Loreggian, clavecin, orgue Massimo Belli Philharmonie; Michel Plasson
BRIL94109 - 2 CD Brilliant BRIL9419 - 3 CD Brilliant BRIL95885 - 28 CD Brilliant BRIL95634 - 1 CD Brilliant BRIL95199 - 1 CD Brilliant BRIL95564 - 15 CD Brilliant
F. Liszt : 12 Poèmes Symphoniques M. Moussorgski : Tableaux d'une W.A. Mozart : Œuvres d'orgue J. Offenbach : Mélodies Arvo Pärt : Spiegel im Spiegel Alfredo Piatti : Musique pour violon-
(arr. pour 2 pianos) exposition / P.I. Tchaikovski : Les choisies Sarkissian; Crouet, soprano; Propper B. Hudson, violon; S. Klinger, violoncelle; celle et piano
Leslie Howard; Mattia Ometto, piano Saisons, op. 37b Ivan Ronda, orgue J. Kruse, piano Andrea Noferini, violoncelle; Roberto
Alexander Warenberg, piano Plano, piano
BRIL95748 - 3 CD Brilliant BRIL93297 - 1 CD Brilliant BRIL95099 - 1 CD Brilliant BRIL95641 - 1 CD Brilliant BRIL9170 - 1 CD Brilliant BRIL94975 - 1 CD Brilliant
Josef G. Rheinberger : Sonates pour A guitar for Segovia. Castelnuovo- Leone Sinigaglia : Musique pour Wilhelm Stenhammar : Symphonies Arte de Tanger : La nouvelle Joaquín Turina : Sonates violon n° 1
violon et piano n° 1 et 2; 5 Songs, Tedesco, Ponce, Martin... violon et piano n° 1-2; Concertos piano n° 1-2 méthode de clavier de Gonzalo de et 2; Poème, op. 28; Euterpe, op. 93
op. 4 n° 1 et 3; In Sturm, op. 31 Javier Somoza, guitare flamenco Alessandra Génot; Massimiliano Génot Mattei; Wallin; Derwinger; Ortiz; Neem Baena (1540) n° 2; Homenaje a Navarra, op. 102
Thomas Schrott; Piero Barbareschi Järvi; Paavo Järvi, direction Bruno Forst, orgue Macarena Martinez; Juan Escalera
BRIL95635 - 1 CD Brilliant BRIL95487 - 1 CD Brilliant BRIL95239 - 1 CD Brilliant BRIL94238 - 3 CD Brilliant BRIL95618 - 2 CD Brilliant BRIL95626 - 2 CD Brilliant
Paolo Ugoletti : Dickinson Arias; Robert de Visée : Intégrale de la La guitare au 19ème siècle. Anelli, Études virtuoses pour piano Concertos pour violoncelle Passio : Musique pour Pâques et
Concerto pour accordéon, guitare et Musique de La Chambre du Roy Giuliani, Legnani, Sor, Aguado, Z. Chochieva; M. D’Ambrosio; A. Deljavan; Vivaldi, Porpora, CPE Bach, Boccherini, la Semaine Sainte. Bach, Schütz,
orchetsre à cordes Staropoli; Cavasanti; Marchese; Contadin; Coste V. Maltempo; M. Ponti; K. Würtz; M. Viner; Haydn, Schumann, Lalo, Kabalevski… Tallis, Palestrina, Des Prés, Pärt…
Hui; Zambelli; Tampalini; Filipo Lama Ippolito; Tomadin Luigi Attademos, guitares historiques J. van Veen; J. Vermeulen... Dixon; Cleobury; Bernius; Max, direction
BRIL94762 - 1 CD Brilliant BRIL95595 - 4 CD Brilliant BRIL95024 - 1 CD Brilliant BRIL95571 - 22 CD Brilliant BRIL95782 - 15 CD Brilliant BRIL95653 - 25 CD Brilliant
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