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Clic Musique 

! ClicMag n° 82
Votre disquaire classique, jazz, world Mai 2020

ClicMag

MICHAEL GIELEN
Un parangon de l’Aujourd’hui aux allures du Passé

© Marco Borggreve
© Steven Devine

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !


Sélection musique contemporaine

Jean Françaix : L'Apocalypse selon Alexander Goehr : Symmetry Hans Werner Henze : Concerto Alvin Lucier : Nothing is Real; Wolfgang Rihm : Etude d'après M. Theodorakis : Antigone (opéra)
St. Jean, oratorio disorders reach pour piano; Ballett-Variationen; Distant Drums; Silver Streetcar; The Séraphin pour instruments et Titarenko, Worobiow, Feljaer, Liogkaja,
St. Jacobi-Kantorei Göttingen; Göttinger Huw Watkins, piano Sinfonische Zwischenspiele Sacred Fox… électroniques Migounov, Witshnewski; Alexander Cher-
Symphonie Orchester; Christian Simonis Christopher Tainton; Peter Ruzicka Matthias Kaul, percussion, voix, piano Ensemble 13; Manfred Reichert noushenko
WER6632 - 1 CD Wergo WER6692 - 1 CD Wergo WER6663 - 1 CD Wergo WER6660 - 1 CD Wergo WER2055 - 1 CD Wergo INT3316 - 2 CD Wergo

John Luther Adams : For Lou Benjamin Lees; Leonardo Balada; Modern American Bass. Musique Charles Tomlinson Griffes : Œuvres Charles Ives : Œuvres pour piano Bernard Rands : Canti Dell'Eclisse;
Harrison Ellen Taaffe Zwilich : Concertos américaine pour contrebasse orchestrales Charles Ives, piano et voix Ceremonial 3; Le Tambourin,
The Callithumpian Consort; Stephen Drury Pittsburgh Symphony Orchestra; Lorin Robert Black; John McDonald Sherrill Milnes; Boston Symphony Suite 1
Maazel Orchestra; Seiji Ozawa Philadelphia Orchestra; Riccardo Muti
NW80669 - 1 CD New World NW80503 - 1 CD New World NW80722 - 2 CD New World NW80273 - 1 CD New World NW80642 - 1 CD New World NW80392 - 1 CD New World

Ned Rorem : Concerto pour la main Ned Rorem : Winter Pages; Bright Roger Sessions : When Lilacs Last Roger Sessions : Symphonies n° Virgil Thomson : The Mother of Us Ernst Toch : Concerto pour piano;
gauche; 11 Etudes Music in the Dooryard Bloom'd 4 et 5 All (opéra) Peter Pan; Pinocchio
Rossen Milanov; Andre Previn; Gary Bridgehampton Chamber Music Festival Boston Symphony Orchestra; Seiji Ozawa Columbus Symphony Orchestra; Christian Santa Fe Opera; Raymond Leppard Todd Crow; NDR-Hamburg Symphony
Graffman Badea Orchestra; Leon Botstein
NW80445 - 1 CD New World NW80416 - 1 CD New World NW80296 - 1 CD New World NW80345 - 1 CD New World NW80288 - 2 CD New World NW80609 - 1 CD New World

Simon Bainbridge : Concerto pour Richard Barrett : Sensorium; David Blake : Concerto pour violon; John Casken : Concerto pour vio- Michael Finissy : Mars & Venus; Alexander Goehr : Behold the Sun;
alto; Fantasia… Memento; Residua In Praise of Krishna loncelle; Darting the Skiff; Maharal Traum des Sängers; WAM; Enek Metamorphosis; Sinfonia…
BBC SO; Simon Bainbridge; London BBC SO; Arturo Tamayo Iona Brown; Philharmonia Orchestra; Dreaming; Vaganza Ensemble IXION; Michael Finissy London Sinfonietta; Oliver Knussen
Sinfonietta; Michael Tilson Thomas Norman del Mar Heinrich Schiff; John Casken
NMCD126 - 1 CD NMC NMCD041 - 1 CD NMC NMCD129 - 1 CD NMC NMCD086 - 1 CD NMC NMCD043 - 1 CD NMC NMCD095 - 2 CD NMC

Sadie Harrison : An Unexpected Jonathan Harvey : Body Mandala; Robin Holloway : Concerto pour Elisabeth Lutyens : Musique de Stuart Macrae : Concerto pour Colin Matthews : Concerto pour
Light; Œuvres choisies Œuvres orchestrales orchestre n° 2 chambre violon; Motus; Stirling Choruses… violoncelle n° 1; Hidden Variables;
Rusné Mataityté; Orchestre St Christopher Anu Komsi; BBC Scottish Symphony BBC SO; Oliver Knussen Ensemble EXAUDI Christian Tetzlaff; BBC Scottish SO; Ilan Memorial…
de Vilnius; Donatas Katkus Orchestra; Ilan Volkov Volkov; Susanna Mälkki Alexander Baillie; Michael Tilson Thomas
NMCD125 - 1 CD NMC NMCD141 - 1 CD NMC NMCD015 - 1 CD NMC NMCD124 - 1 CD NMC NMCD115 - 1 CD NMC NMCD101 - 2 CD NMC

David Matthews : Symphonie n° 4; Thea Musgrave : Turbulent Lands- Edwin Roxburgh : Saturn; Concerto Nicholas Sackman : Hawthorn Howard Skempton : Musique de Judith Weir : Concerto pour piano;
Cantiga; September Music; Introit capes; Songs for a Winter's Evening; pour clarinette BBC SO; Andrew Davis chambre Distance & Enchantment; Œuvres
East of England Orchestra; Malcolm Two's Company Linda Merrick; RNCM Symphony Orches- Birmingham Contemporary Music Group; choisies
Nabarro BBC SO; Jiri Belohlovek tra; Edwin Roxburgh EXAUDI; James Weeks William Howard; Schubert Ensemble
NMCD084 - 1 CD NMC NMCD153 - 1 CD NMC NMCD119 - 1 CD NMC NMCD027 - 1 CD NMC NMCD135 - 1 CD NMC NMCD090 - 2 CD NMC

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En couverture / Musique contemporaine
baryton; Rudolf Scholz, orgue; Wiener Singverein; qu’ici Beethoven non seulement se sou-
ORF Vienna Radio Symphony Orchestra; Michael vient de Bach mais espère l’y égaler, les
Gielen, direction envols d’Alison Hargan, soprano magni-
C999201 • 1 CD Orfeo fique à la trop courte carrière, tout par-

A u Musikverein, les 18 et 19 avril ticipe d’une messe bouleversante qui


1985, Michael Gielen creuse l’es- d’abord se veut prière, car Gielen refuse
pace de l’immense assemblée, conduit l’idée d’un hymne non pas à Dieu mais
dès le Kyrie une prière orante, une célé- à l’être suprême, il embrasse la dimen-
bration d’une force spirituelle peu com- sion mystique, nous convie à un mys-
Alban Berg (1885-1935) mune qui étreint. Quelle surprise de voir tère d’une envoutante beauté, l’émotion
Intégrale des mélodies ce parangon de la modernité retrouver de ce concert allant plus loin que son
Mauro Borgioni, baryton; Elisabetta Lombardi, les tempos des grands anciens, leurs autre version (également captée en
mezzo-soprano; Mark Milhofer, ténor; Myung Jea
phrasés longs, leurs chœurs sculptés. A public, et filmée d’ailleurs). Qui est le
Kho, soprano; Stefanie Köhler, speaker; Filippo
Farinelli, piano Ludwig van Beethoven (1770-1827) mesure qu’on entre dans ce temple, des violon qui déploie un chant si expres-
Missa Solemnis, pour 4 voix, chœur, perspectives vertigineuses se dévoilent, sif dans le Benedictus ? Mystère… en
BRIL95549 • 3 CD Brilliant Classics
orchestre et orgue en ré majeur, op. 123 emportant un quatuor ardent, la com- aucun cas vous ne devez vous passer

B eau programme que celui que nous


promet l’intégrale des lieder d’Alban
Berg ! Avec même plusieurs inédits au
Alison Hargan, soprano; Marjana Lipovsek, mezzo-
soprano; Thomas Moser, ténor; Matthias Hölle,
plexité de l’écriture, ses polyphonies
savantes que Gielen souligne, rappelant
de cet ajout majeur à la discographie de
Michael Gielen. (Jean-Charles Hoffelé)
disque. Certes, il s’agit de versions voix
et piano, alors que la magie orchestrale sa rencontre avec John Cage quant aux - objet du présent disque. Sa pièce la frappe dans la musique du compositeur
de Berg constitue un atout essentiel sons complexes (percussion et piano plus récente, Une Voix Liquide, révèle et organiste suisse Michael Pelzel : un
pour certains de ces opus (Sieben préparé) et aux complexes de sons, les origines multiples de l’inspiration "amalgame sonore" où se combinent
frühe Lieder, Altenberg Lieder, lied accommodés par Boulez dans sa tech- du compositeur : opéra, cumbia colom- les couleurs instrumentales et s’inter-
der Lulu…). Ce qui fait que l’on a dû nique de la multiplication des blocs so- bienne, musique populaire ou contem- calent de nombreux détails. L’inhabi-
omettre l’air de concert Der Wein (1929) nores, qu’il développe en 1952 et dont il poraine et expérimentale. Ces sources tuelle instrumentation de Mysterious
sur un poème de Baudelaire adapté par se sert comme principe compositionnel. guident l’écriture sans la contraindre, Anjuna Bell (un orchestre de cordes et
Stefan George. Mais, on saisit assez B-Partita est une extension de Partita elles découvrent des objets musicaux un ensemble avec trompette, trombone,
bien l’inspiration originale qui se fraie II pour violon et électronique, où l’en- qui "se profilent plus qu’ils ne se for- piano, percussion, guitare électrique
progressivement la voie à travers le semble instrumental insère ses inter- ment", telle une recherche en cours et violoncelle) est encore renforcée
postromantisme vers la maturité. D’où ventions dans les marges de la partition (la voix samplée, la guitare électrique par l’empreinte sonique des cloches,
viennent alors les réserves ? Il faut bien originelle. Le logiciel Antescofo permet de l’Ensemble Vortex), un paysage abondantes et de timbres, tailles et
admettre que l’interprétation n’est pas à la musique générée de suivre le musi- sonore où les gestes mélodiques et matériaux variés. La répétition d’élé-
toujours à la hauteur, nommément celle cien en temps réel et met en évidence harmoniques restent des gestes, ni ments similaires dans d’imprévisibles
de la mezzo E. Lombardi, les autres s’en la relation interactive entre le soliste plus ni moins, au même niveau que séquences donne à Carnaticapho-
tirant plutôt honorablement. C’est qu’il et l’électronique : le violoniste décide les autres éléments constitutifs de la bia, dont le titre confirme l’intérêt de
convient d’être prudent dans un réper- des variations de tempi des différentes complexité sonore. Avec Up & Down, Pelzel pour la musique traditionnelle
toire où ont brillé J. Norman, A-S. von couches superposées de musique élec- Farias livre une de ses œuvres les plus de l’Inde du Sud, sa personnalité sté-
Otter, B. Hannigan, Ch. Gerhaher, d’où, tronique (des formes en mouvement abouties, où il confronte la vision hié- réotypée, quasi ritualisée. Gravity’s
en la circonstance, un manque de flui- constant, avec une dose de flexibilité et rarchique de Theodor Adorno (pour Rainbow, pièce maîtresse et titulaire
dité et de dramatisme. En outre, le livret d’incertitude), sur lesquelles l’orchestre qui la tradition classique européenne du disque, explore les possibilités
nous promet les textes téléchargeables se synchronise. (Bernard Vincken) se situe au-dessus de l’industrie musi- de la CLEX (abréviation de "Clarinet
sur le site mais j’avoue ne pas les avoir cale populaire) : la clarinette est locale Extended"), une clarinette contrebasse
trouvés en dépit d’efforts renouvelés. et cosmopolite, la radio (les samples où l’électronique libère l’instrumentiste
Pour l’inconditionnel de Berg, la décep- - Ernesto Molinari, qui a initié le projet
à l’arrière-plan) questionne les limites
tion est à la hauteur de l’espoir suscité de recherche à la base de l’instrument
de la musique de fond. Les "gradients
par cette publication. (Alain Monnier) transformé - des contraintes physiques
harmoniques" chers au compositeur
asseyent la tension narrative, particuliè- qui brident sa jouabilité. Ecrite pour le
rement présente dans Palette (PHACE), collectif zurichois Jetpack Bellerive,
ou Estelas (Ensemble Contrechamps). qui mêle musique, performance et
(Bernard Vincken) art visuel, ‘Alf’ Sonata emprunte (des
notes et des mots) à la série télé Tanner
Miguel Farias (1983-) Family, tandis que Danse Diabolique se
Up & down : Lecturas Criticas, pour pose comme une force infernale venue
clarinette basse, clarinette contrebasse et des profondeurs. Un disque prenant.
ensemble; Estelas, pour clarinette, percus- (Bernard Vincken)
sion, piano et violoncelle; CBR, pour flûte,
Pierre Boulez (1925-2016) percussion, piano et violoncelle; Palettes,
pour saxophone baryton, percussion,
Le Marteau sans maître, pour flûte, piano et violoncelle; Une voix liquide, pour
vibraphone, xylorimba, alto, guitare, ensemble et électronique
percussion et alto / P. Manoury : B-Partita Laurent Bruttin, clarinette; Ensemble Contrechamp
"in memoriam Pierre Boulez" [Laurent Bruttin, clarinette, François Volpé, per-
Ensemble Orchestral Contemporain; Daniel Kawka, cussion; Benjamin Kopp, piano; Oliviert Marron,
Michael Pelzel (1978-)
direction; Serge Lemouton, electronics (*B-Par- violoncelle]; Ensemble Zero [Guillermo Lavado, Mysterious Anjuna Bell, pour ensemble et
tita); Philippe Manoury, electronics (*B-Partita) flûte; Luis Alberto Latorre, piano; Gerardo Salazar, orchestre de chambre; Carnaticaphobia,
WWE20447 • 1 CD Col Legno percussion; Celso Lopez, violoncelle]; Ensemble pour percussion, clavier et violoncelle;
PHACE [Lars Mlekusch, saxophone; Mathilde Gravity's Rainbow, pour CLEX et orchestre;

C ol Legno rassemble sur ce disque


une pièce essentielle de l’œuvre de
Pierre Boulez (1925-2016) et l’hom-
Hoursiangou, piano; Bernd Thurner, percussion;
Roland Schueler, violoncelle]; Simeon Pironkoff,
direction; Ensemble Vortex [Anne Gillot, clarinette
"Alf"-Sonata, pour violon et cor; Danse
diabolique, pour vent, harpe, orgue, piano
et percussion
Enjott Schneider (1950-)
Spirits of Siberia, pour trompette, cordes
et groupe de percussions; Concerto pour
mage à son langage musical que lui basse; Max Dazas, percussion; Jocelyne Rudasiwa, Noëlle-Anne Darbellay, violon; Samuel Stoll, cor;
clavecin; Mauricio Carrasco, guitare; hannah contrebasse, contrebasse balalaïka et
rend Philippe Manoury (1952-), l’année Ernesto Molinari, CLEX (Clarinette contrebasse
orcehstre "Leporello & Giovanni"
même de sa disparition. Entamée pour Walter, violon; benoît Morel, alto; Aurélien Ferrete, augmentée); WDR Sinfonieorchester; Bas Wiegers,
violoncelle; Arturo Corrales, électronics] direction; Ensemble ascolta; Ensemble Recherche; Reinhold Friedrich, bugle, trompette, trompette
"se reposer un peu" après son travail sur piccolo; Artem Chirkov, contrebasse; Mikkhail
0015011KAI • 1 CD Kairos Basel Sinfonietta; Stuttgarter Kammerorchester;
Polyphonies X et Structures, l’écriture Dzudze, contrebasse balalaïka; Krasnoyarsk
Peter Rundel, direction
du Marteau Sans Maître marque une
certaine détente dans le chef du compo- M iguel Farias se fait remarquer au
sein la scène chilienne émergeante 0018001KAI • 1 CD Kairos
Chamber Orchestra; Siberian Percussion; Martin
Baeza-Rubio, direction; Siberian State Symphony

L
siteur, qui y laisse poindre un discours de musique nouvelle par ses œuvres ’abondance, celle des événements Orchestra Krasnoyarsk; Vladimir Lande, direction
plus mélodique. On y lit l’influence de lyriques, mais aussi instrumentales soniques, est un des éléments qui WER5126 • 1 CD Wergo

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Contemporain / Alphabétique

J amais à court d'inspiration, Enjott


Schneider l'allemand aux multiples
casquettes se tourne cette fois-ci vers
que des gouttes de pluie un jour d'été
parcouru de touches pointillistes et d'un
arc de ciel de couleurs somptueuses.
y faut une imagination certaine, et des
moyens hors du commun, Marc André
Hamelin ayant réuni dans un disque
Concertos pour violon, BWV 1041-1042;
Concerto pour 2 violons et orchestre en
mi, BWV 1043; Concerto pour hautbois et
la Sibérie et plus précisément la ville de Langage atonal et impressionniste parfait l’une et l’autre. Je craignais violon en do mineur, BWV 1060r
Krasnoyarsk où a lieu un festival auquel issu d'un cocktail mesuré de Debussy que Mark Viner et son pianisme plus Trevor Pinnock, clavecin; Marieke Spaans,
le compositeur a participé en créant une (Etudes Goldberg) et de Schoenberg anguleux cèdent devant cet album déjà clavecin; Marcus Mohlin, clavecin; Fredrik From,
des œuvres inscrites au programme (Sonate B). Dans les bois éternels historique, du moins pour tout ceux qui violon; Peter Spissky, violon; Bjarte Eike, violon;
de ce disque. Il s'agit comme souvent n'évoquerait-il pas aussi Janacek ? Les aiment Alkan (car tant continuent à le Manfredo Kraemer, violon; Antoine Torunczyk,
d'une œuvre concertante écrite en colla- quelques fugues elles, rappellent les détester ou, au mieux, à le considérer hautbois; Concerto Copenhagen; Lars Ulrik
boration avec un soliste, ici le trompet- digressions contrapuntiques de Chos- comme un original plutôt inutile dans Mortensen, clavecin, direction
tiste Reinhold Friedrich. "Spirits of Sibe- takovitch. Ces réminiscences passent l’histoire du répertoire pianistique). Il
ria" nous convie à la visite d'une Sibérie comme des nuages éphémères laissant apporte un raptus plus âpre au Très vite CPO555299 • 5 CD CPO

C
fantasmée. Immense territoire encore paradoxalement l'auditeur explorer de de 20 ans, un brio saisissant au Quasi- e coffret de cinq disques est la
sauvage où la nature est omniprésente nouveaux territoires sensuels et dépay- Faust, mais comment ne pas entendre compilation des 4 volumes déjà
sous toutes ses formes : faune, flore, sants. Un disque réussi et attachant. comme les deux mouvements suivants, parus chez le même label qui regrou-
lacs, et montagnes. De quoi inspirer (Jérôme Angouillant) surtout Prométhée, manquent du creu- paient les concertos pour clavecins.
à ce grand raconteur d'histoires, fas- sement sonore, de la poésie métaphy-
ciné par les magiciens des steppes, une En complément s'ajoutent ici les trois
sique qu’y mettait Marc André Hamelin,
musique orchestrale puissante et force- et chez le même éditeur, Vincenzo Mal- concertos pour violon (BWV 1041-43)
ment évocatrice où les bois et les vents tempo, qui y convoquait des couleurs et celui pour hautbois et violon BWV
jouent leur propre rôle. Le trompettiste, busoniennes  ? Demi réussite donc, 1060 R. Lars Ulrik Mortensen qui dirige
tour à tour chaman, cheval ou bouleau, mais comment expliquer alors qu’il le Concerto Copenhagen depuis 1999
navigue non sans difficultés au long semble passer à coté de la part lyrique s'est bien entouré, notamment de Tre-
de cette rivière sonore inextinguible, de la Grande Sonate, sa réussite dans
la "Yeniseh", la "rivière des larmes" où vor Pinnock dans un des concertos
les trois volets des magnifiques Souve-
étaient situés camps et goulags pen- pour deux clavecins et du violoniste
nirs ? La romance faussement tendre
dant la période stalinienne. La partition d’Aime-moi, les divagations nocturnes Manfredo Kraemer. Si l'on est d'emblée
Charles-Valentin Alkan (1813-1888)
est divisée en six épisodes, variant de Le vent (une des plus belles pièces convaincu par l'éloquence et la vélocité
paysages (Rocks, Yeniseh, In tune Grande Sonate, op. 33 "Les quatre âges"
[20 ans; 30 ans Quasi-Faust; 40 ans Un
caractéristiques d’Alkan), le tombeau des clavecinistes, on l'est moins par la
with Nature) et thématiques (Horses, très Liszt, ouvert par un glas obstiné, de prévisibilité des tempi et leur implacable
heureux ménage; 50 Prométhée enchaîné];
Shamanic journey) pour une musique Trois Morceaux dans le genre pathétique, Morte, que Mark Viner entend comme et mécanique motricité rythmique. Le
d'une consistance irréprochable et dé- op. 15 "Souvenirs" [Aime-moi; Le vent; la vaste paraphrase sur le Dies Irae
bordante en modulations électrisantes, Concerto Copenhagen réagit au quart
Morte] qu’elle est en effet, sont les vrais grands
timbres éclectiques et dynamiques Mark Viner, piano moments de ce disque attachant. de tour comme un moteur bien rodé.
explosives. A la fois savante et ludique, PCL10209 • 1 CD Piano Classics (Jean-Charles Hoffelé) Tout est si lisse, si somptueusement
la seconde œuvre d'inspiration russe articulé, rehaussé par une prise de son
elle aussi malgré son titre, "Leporello
Giovanni", a été composée pour deux D eux albums Thalberg et un plein
disque du Liszt transcripteur
d’opéra, tous assez époustouflants,
flatteuse, que l'on écouterait bien ces
cinq volumes d'une oreille distraite sans
contrebasses (dont une contrebasse
balalaika) et confronte habilement, à et comme venu d’un autre monde un y voir une seule interrogation (ou peut-
travers quelques thèmes de l'opéra de subtil bouquet de pièces de fantai- être comparer la sonorité des différents
Mozart. Le caractère noble et rustique sie de Cécile Chaminade, Mark Viner clavecins ?) une seule problématique :
des deux instruments, la tradition folk- affiche une discographie aussi rare que comment redécouvrir aujourd'hui ces
lorique et un certain classicisme. Une détonante. Il n’en est pas à son premier
œuvres dont la discographie est jalon-
curiosité. (Jérôme Angouillant) opus chez Alkan, pour le même éditeur
Les 25 Préludes, les Etudes op. 35 née par autant de versions historiques :
l’avaient déjà montré chez lui dans la Johann Sebastian Bach (1685-1750) Leonhardt, Koopman ou von Asperen,
part la plus virtuose, la plus ardue aussi Concertos pour clavecin n° 1 à 7, BWV Hugget, Schröder sans oublier Hahn,
de ce continent de piano, si l’on en croit 1052-1058; Concerto pour flûte, violon, Faust et Fischer (pour le violon). Peut-
son éditeur, il se serait même engagé clavecin, cordes et basse continue en
être manque-t-il ici une mise en pers-
dans l’intégrale. La Grande Sonate op. la mineur, BWV 1044; Concerto pour 2
clavecins, cordes et basse continue en pective ou bien simplement le génie
33 et ses "quatre âges" marie la virtuo-
do mineur, BWV 1060; Concertos pour 2 de l'interprète, un supplément d'âme
sité la plus inextinguible avec l’imagi- clavecins et cordes en do, BWV 1061-1062;
naire soufré, la face diabolique jusqu’à qui vient s'ajouter à la technique, si
Concertos pour 3 clavecins et cordes, BWV
l’étrange qui ouvrent les portes du plus 1063-1064; Concerto pour 4 clavecins, brillante soit-elle. Esprit es-tu là  ?
secret des cabinets de travail d’Alkan. Il cordes et basse continue, BWV 1065; (Jérôme Angouillant)
Gregorio Zanon (1980-)
Sonata B; Jours de janvier; Dans les bois
éternels; 3 études Goldberg; Hyperion; cette Poétique qui lui est consacrée, boration avec Andrés Gomis, de Sigma
Recollected Pieces, Part 1-3; Anima Sélection ClicMag ! cycle pour quatuor de saxophones Project, pour les deux autres mou-
Cédric Pescia, piano; Gregorio Zanon, piano (l’ensemble espagnol Sigma Project) vements, demandant aux musiciens
CLA1912/13 • 2 CD Claves en trois mouvements, il s’inspire pour d’adapter leurs gestes techniques en

S 'il est peu représenté au concert chez le premier de Knossos, le site archéo- fonction de leurs propres caractéris-
nous, le compositeur suisse Grégo- logique crétois où le roi Minos fit bâtir tiques, physiologiques, et de celles de
rio Zanon né en 1980, poursuit pourtant ce dédale où perdre le Minotaure, créa- leurs instruments, afin d’aboutir aux
une belle carrière européenne enchaî- ture mi-homme mi-taureau : un par un, meilleurs résultats. Et quels résultats !
nant les créations (Milan, Londres). Sa chaque instrumentiste se met en place Klimmen En Dalen se réfère à l’escalier
musique a l'avantage d'être dépourvue ; saxophone par saxophone, l’ensemble sans fin de l’artiste néerlandais Maurits
de dogmatisme et montre un langage se construit. Avec Ricard Capellino, le Cornelis Escher, où l’enchevêtrement
singulier. Il s'est ici associé au pianiste compositeur développe une "micro- permanent de lignes et sons ascendants
Alberto Posadas (1967-) instrumentation générative", au travers et descendants affolent notre sens de la
Cedric Piesca pour enregistrer sa mu-
sique pour piano et se partagent éga- Poética del Laberinto, pour quatuor de de techniques de jeu spécifiques desti- direction. Inspiré par la nouvelle El Jar-
saxophones [I. Knossos; II. Klimmen en nées à enrichir les couleurs sonores de dín De Senderos Que Se Bifurcan de
lement les deux disques de cet album.
dale; III. Senderos que se bifurcan]
Le pianiste français se colletant les l’instrument. Et la musique de Posadas Jorge Luis Borges, où il est question
Sigma Project
pièces les plus difficiles d'exécution, le acquiert ainsi cette étrangeté qu’Atmos- d’un livre-labyrinthe, labyrinthe non pas
compositeur les pages brèves et disons WER7390 • 1 CD Wergo pheres de György Ligeti a insufflée spatial mais temporel, Posadas recycle
plus "légères". Ainsi les trois cahiers de
petites scénettes pittoresques intitulées
"Recollected pieces". Aussi plaisantes
C omposer, dit Alberto Posadas, c’est
comme entreprendre un voyage
au travers d’un labyrinthe. Alors, dans
à la bande-son de 2001, Odyssée de
l’Espace, le film de Stanley Kubrick. Le
compositeur travaille en étroite colla-
cette idée originale dans le troisième
mouvement de ce cycle hors du com-
mun. (Bernard Vincken)

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Alphabétique
disques Mozart), aucune parution en belle idée de l’éditeur. Intrada tenue,
Sélection ClicMag ! Europe ne semble prévue à ce jour ce mais dans un tempo qui n’est pas
qui est incompréhensible. J’espérais emballé comme chez Schnabel (ce que
qu’au moins Berlin Classics réédite- voulait Beethoven), Peter Rösel sachant
rai la brassée de Sonates qu’il avait que voulant dire ce qu’il veut dire, il lui
engrangée au temps du microsillon, faut le temps de tirer les traits jusqu’au
amorce d’une intégrale qui ne fut jamais bout. À mesure que l’Allegro se déroule,
achevée à la suite de la réunification de tenue et emporté à la fois, je mesure à
l’Allemagne, mais non, seulement un quel point il est un Beethovénien majeur
Johann Sebastian Bach (1685-1750) disque avec deux opus qui suffisent ; chez lui, la forme se plie à l’humeur,
Suites pour violoncelle seul n° 1 à 6, BWV pourtant à révéler tout son génie dans l’un et l’autre s’équilibrant, le discours
1007-1012 ce répertoire. La poésie du discours rayonne, c’est un Beethoven qui n’a pas
Sasa Vectomov, violoncelle [G. B. Guadagnini] Ludwig van Beethoven (1770-1827) fluctuant de l’Adagio cantabile de la So- renoncé à son Bach. Le Scherzo est sur
SU4275 • 2 CD Supraphon Sonates pour piano en fa dièse majeur, op. nate "à Thérèse" est assez inouïe par la les pointes, avec quelque chose de qua-
78; Sonate pour piano en si bémol majeur, fulgurance du toucher, la majesté natu- siment abstrait, prélude à un des plus
Q uel étrange souhait venant de la
part d’un éditeur aussi artiste que
Supraphon : Sasa Vectomov s’était fait
op. 106
Peter Rösel, piano
relle des proportions, quelque chose de
classique dans l’énoncé et d’infiniment
étonnant Adagio que je n’ai jamais en-
tendu : cette tension dans la divagation,
expressif dans le jeu, un idéal beethové- ce ciel qui s’ouvre dans le clavier, cette
depuis vingt ans une sacrée réputation à 0301500BC • 1 CD Berlin Classics
nien. L’Allegro vivace, pris avec des fou- spiritualité rayonnante dans le sombre

P
Prague en interprétant chaque année les eter Rösel, soixante-quinze prin- cades très Haydn (et cette main droite d’une nuit de clavier, quelle expérience !
Suites de Bach. Son père, premier vio- temps, vient d’enregistrer en concert qui file en divagant) est un modèle qui me rappelle le tout jeune Kempff.
loncelle de la Philharmonie Tchèque, les en prévision de l’année Beethoven, d’équilibre et d’audace. Faire contraster L’architecture inflammable du final est
lui avait montrées dès que l’adolescent toute les Sonates pour le label japonais cette Sonate de fantaisie avec le grand unique, hors norme. Tout grand disque.
fut en mesure de les jouer, il n’avait plus King Records (et les Concertos, et des œuvre de la Hammerklavier est une (Jean-Charles Hoffelé)
cessé depuis. À l’été 1984 Supraphon
lui demanda finalement d’enregistrer le
cahier dans la salle d’orgue du Rudol- des années 1730-1740, période relati- de l’English Concert, Trevor Pinnock
finum, mais à la condition que les six vement tardive dans la vie de Bach, et n’était pas un musicien compassé :
Suites tinrent sur deux microsillons. Il où l'usage de la viole de gambe était nombreuses sont ici les pages que l’on
fallait abandonner toutes les reprises. sur son déclin. L'écriture n'a rien à voir croirait jouées par un tout jeune cla-
Vectomov n’hésita pas, dessinant plus avec le style spécifiquement lié à la viole veciniste ! Pour ne citer que quelques
encore les danses et les récits qui de gambe française. Deux sonates sont exemples : le Rondeau et le Capriccio
dans ce bref imposé filaient avec un de facture corellienne (4 mouvements), de la 2° partita manifestent une joie de
surplus de vie. La sonorité légendaire, la troisième (3 mouvements) s'appa- vivre étonnante ; la Toccata de la 6° est
si lyrique, si pleine de celui qui fut le rente à un concerto brandebourgeois. d’un dramatisme foudroyant ; les Sara-
plus grand violoncelliste tchèque de sa Comme la BWV 1027 a été conçue à bandes des 1°et 6°, loin d’être mièvres, Antonio Bazzini (1818-1897)
génération, éclate dans cette gravure l'origine pour deux flûtes et continuo ont le sens de la grandeur ; la Gavotte Fantaisie sur des thèmes d'après "La
si singulière, chantant avec une géné- (BWV 1039), on peut penser que les de la 6°, ainsi jouée sur le jeu luthé, est Traviata", op. 50; Fantaisie sur des thèmes
rosité, une ardeur que l’on entendait 3 sont des transcriptions pour viole, délicieuse ; la Gigue de la même partita d'après "I Masnadieri" / C. Sivori : Fantai-
déjà dans son insurpassée gravure du d'œuvres destinées d'abord à d'autres acquiert un caractère déhanché sympa- sie sur des thèmes d'après "Il Trovatore",
Deuxième Concerto de Martinu. Mais instruments. Dans la discographie pro- thique ; la Burlesca de la 3° partita est op. 20; Fantaisie sur des thèmes d'après
"Un ballo in Maschera", op. 19
ce chant si dense sait aussi élever les lifique de ces pages, ce CD n'est pas d’une verve déchaînée ; l’Allemande
allemandes et les sarabandes vers une Alessio Bidoli, violon; Bruno Canino, piano
nouveau : il reprend de façon encore de la 4° est abordée judicieusement
dimension supplémentaire où la spiri- plus scandaleusement "basique" une avec une tendre liberté ; la Courante CON2115 • 1 CD Concerto

A
tualité d’un Casals semble s’inviter : cet réalisation de 1998  : seulement 38 de la même partita ou le Passepied u XIXe siècle, il était difficile, et très
archet parle comme celui du catalan, minutes de musique, et le livret est car- de la 5° jaillissent sans complexes. coûteux, de réussir à entendre tous
mais sans toute sa rugosité, le timbre rément supprimé ! Mais l'interprétation Dans leur grande majorité, ces pièces les grands opéras. C'est ce qui explique
uni de grande viole du Gagliano 1712 tutoie les meilleures. Un modèle d'équi- s’écoutent avec bonheur. Cette réédition le succès des arrangements virtuoses
qu’il aura choisi explicitement pour libre, de précision, un choix judicieux est une excellente idée, d’autant plus pour piano et/ou violon à cette époque.
cet enregistrement, si beau, l’en garde. des registres sur le clavecin, des tempi qu’elle est vendue à un prix très doux. L'objectif de cet album est de nous faire
(Jean-Charles Hoffelé) idéaux, une lisibilité, un allant, un en- (Jean-Paul Lécot) découvrir quatre opéras de Verdi (La
train et une profondeur remarquables.
(Bertrand Abraham)
Suite pour violoncelle est jouée au
Sélection ClicMag ! saxophone baryton. Les néophytes
seront surpris par le parallèle que l'on
peut établir entre les deux instruments.
On retrouve la rondeur, la profondeur et
la fluidité du jeu original avec en plus
la couleur cuivrée et boisée du saxo-
Johann Sebastian Bach (1685-1750) phone. On semble même entendre les
Sonates n° 1 à 3 pour viole de gambe et coups d'archet et la légèreté des trilles
clavecin, BWV 1027-1029 sur le manche du violoncelle. De même,
Hille Perl, viole de gambe; Michael Behringer, la Partita en la mineur pour flûte est
clavecin Johann Sebastian Bach (1685-1750) reprise au saxophone soprano qui, avec
HC19004 • 1 CD Hänssler Classic Six partitas pour clavecin, BWV 825-830 Johann Sebastian Bach (1685-1750) la judicieuse résonance du lieu d'enre-
Trevor Pinnock, clavecin Suite pour violoncelle n° 2, BWV 1008;
C es sonates n'ont pas été publiées, à gistrement, s'adapte superbement à
HC19053 • 2 CD Hänssler Classic Partita pour flûte, BWV 1013; Partita pour l'œuvre. La brillance et le pétillant du
l'origine, en recueil. Toutes relèvent violon n° 2, BWV 1004

O
non du modèle "continuo" (accompa- n est tout d’abord surpris que l’édi- timbre de l'instrument s'y font particu-
Arno Bornkamp, saxophone
gnement à réaliser à partir d'une basse teur n’ait pas jugé bon d’adjoindre lièrement apprécier. La sonorité chaleu-
chiffrée) mais du modèle "obligato" le moindre livret à cet enregistrement ! GEN20681 • 1 CD Genuin reuse et limpide teintée de mélancolie
(accompagnement entièrement écrit
par le compositeur). Les deux lignes
Puis on découvre, écrit en tout petit,
qu’il s’agit d’un "remastering" d’une
prise de son de 1998. Mais le plus
S i un disque de saxophone intéres-
sera plus souvent les pratiquants
de l'instrument, il n'est pas interdit aux
du saxophone alto illumine la Partita
n°2 en ré mineur pour violon avec ses
volutes mélodieuses et sa délicatesse
mélodiques du trio sont confiées, d'une
part à la viole, de l'autre à la main droite important est évidemment l’interpré- mélomanes amateurs de nouvelles sen- aérienne. Alliant finesse et virtuosité,
du claveciniste, la basse incombe à la tation de ces œuvres bien connues de sations d'y jeter une oreille curieuse. Ce l'interprétation d'Arno Bornkamp est
main gauche de ce dernier. Ces œuvres Bach. Interprète anglais réputé de la sont ici des œuvres pour instruments remarquable. Son agilité et sa musica-
s'apparentent donc aux sonates BWV musique baroque, soit en tant que cla- solistes de Jean-Sébastien Bach qu'a lité captivent l'auditeur tout du long. Du
1030 à 1032 pour flûte, et doivent dater veciniste soit, à partir de 1973, à la tête repris Arno Bornkamp. La deuxième beau travail ! (Laurent Mineau)

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48; 8 Lieder, op. 52 [n° 4, Maigesang; n° Prégardien. Ce sont précisément les
Sélection ClicMag ! 7, Marmotte]; 6 Lieder, op. 75 [n° 2, Neue qualités qu’il déployait en Bach qui
Liebe, neues Leben]; 3 Lieder, op. 83 [n° faisait de lui un grand récitaliste, et en
1, Wonne der Wehmut; n° 2, Sehnsucht; n°
premier lieu la hauteur de vue, la tenue
3, Mit einem gemalten Band]; Egmont, op.
84 [n° 4, Freudvoll und leidvoll]
et la justesse du discours. Ce qui fait
Peter Schreier, ténor; Walter Olbertz, piano
le prix de cet album de 1966 ? La fraî-
cheur première d’une voix qui faisait du
0301495BC • 1 CD Berlin Classics ténor un Tamino idéal, sans toutefois la

S on attachement à sa ville natale de


Dresde, et les limitations inhérentes
à la RDA ont sans doute privé Peter
splendeur solaire du timbre d’un Wun-
derlich, à qui il succéda à Salzburg. Et Ludwig van Beethoven (1770-1827)
la démonstration qu’en Liedersänger, Concerto pour violon et orchestre en ré
Schreier de la carrière internationale Schreier fut d’emblée accompli. Il faut majeur, op. 61; Romance pour violon et
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
(et de la discographie) à laquelle son être un solide technicien pour donner orchestre en ré majeur, op. 40; Romance
"Auf dem Hügel sitz' ich spähend" , op. talent le destinait. Pour beaucoup de une telle impression de naturel chez pour violon et orchestre en fa majeur, op.
98; Ausgewähle Lieder [Adelaide, op. mélomanes, il restera l’Evangéliste de 50; Concerto pour violon et orchestre en do
Beethoven qui se préoccupait assez
46; Zärtliche Liebe, WoO 123 "Iche liebe majeur, WoO 5
la Saint Jean et la Saint Mathieu, une peu des contraintes instrumentales.
diche"; Der Kuss, op. 128; Lied aus der Karl Suske, violon; Gewandhausorchester Leipzig;
Ferne, WoO 137; Der Jüngling in der génération après les interprétations hal- Témoignage d’un chant de haute école,
Kurt Masur, direction; Heinz Bongartz, direction
Fremde, WoO 138; Resignation, WoO 126; lucinées de Karl Erb, et une génération un disque indispensable. À écouter et à
Andenken, WoO 136]; Sechs Lieder, op. avant le théâtral mais policé Christoph méditer. (Olivier Gutierrez) 0301498BC • 1 CD Berlin Classics

Traviata, Le Trouvère, Les Brigands, Un en écoute comparative...), mais l'année sont marquées par une grande clarté,
L a discographie du couplage archi-
classique concerto/romances est
abondante, quels sont les atouts de
Bal masqué) par le biais de fantaisies anniversaire du compositeur nous en une finesse de toucher que Kurt Sander- cette reparution ? Bien qu’anecdotique,
pour violon et piano de deux des plus offre cet extrait à prix économique, ling – ce dernier avait pris la nationalité le premier est le petit complément de
grands virtuoses du XIXe siècle : Anto- opposant judicieusement la fougue du programme : le mouvement de concer-
russe et était devenu chef principal de
nio Bazzini (1818-1897) et son principal dernier des trois Razumovsky à la haute to en Ut majeur WoO 5, donné ici dans
rival en Italie, Camillo Sivori (1815- inspiration quasi métaphysique de l’Orchestre symphonique de Berlin - ac-
le plus simple appareil de ses quelques
1894), seul véritable élève du grand l'opus 131. Et ces interprètes ont tout, compagne avec beaucoup de vigilance.
260 mesures connues (9 minutes).
Paganini. Leurs approches de la fantai- l'assurance et l'exactitude, l'esprit et la En 1963, le Concerto “l’Empereur” est Ensuite vient la prestation de l’orchestre
sie opératique sont très différentes. En finesse, l'homogénéité et l'imagination saisissant par les contrastes entre un du Gewandhaus dans le concerto, sous
tant que "musicien pathétique et grave", sans esbrouffe, pour nous rendre les orchestre puissant et tenu fermement la baguette de Masur. Quelle richesse
Bazzini cherche à rendre le caractère surprises et contrastes du quatuor ici (un peu perdu aussi parfois dans les sonore et quelle attention aux détails !
dramatique d'un opéra mais également médian : ambiguïté harmonique d'un
dialogues chambristes avec le soliste), Magnifique. Quant au soliste, il est
à en suivre le déroulement. De son premier mouvement en hommage
et un pianiste au jeu éminemment tout à fait typique de ce qu’on pourrait
côté, chez le "musicien habile" Sivori, évident au quatuor dit des Dissonances appeler les "versions de Konzertmeis-
les thèmes ne sont qu'un prétexte à un de Mozart, ostinato hypnotique du se- aérien. Très belle interprétation égale-
ter". C’est bien ce qu’était Karl Suske
déluge d'effets pyrotechniques. L'inter- cond, finale combinant fugue et forme ment de la Sonate “Les Adieux”. Dieter au moment de l’enregistrement, et il en
prétation de Alessio Bidoli (1986-) se sonate (là encore, la symphonie Jupiter Zechlin joue pleinement du caractère présente tous les attributs : un son peu
montre à la hauteur de ces deux géants de Mozart !) dans une verve ponctuée narratif de l’œuvre, que Beethoven a projeté, chambriste, sans un soupçon
du violon. Ce très bel enregistrement d'indications métronomiques à la limite
est accompagné d'un impressionnant composée suite au départ précipité de d’héroïsme, privilégiant le flux musical
du jouable. Et le quatuor plus tardif est
livret de 70 pages dont quelques por- la famille impériale. Les troupes napo- dans une dynamique modérée… tout
idéalement construit jusqu'à ne plus lier
traits de l'époque. (Charles Romano) léoniennes étaient devant Vienne qui ça peut sembler peu enthousiasmant,
qu'en un seul ses sept mouvements
mais donne en réalité l’impression
comme improvisés sur fond de réci- fut bombardé. L’équilibre d’un jeu très
plutôt inhabituelle dans cette œuvre
tatifs ou autres cadences libres, dans défini met en scène cette œuvre “à pro- et assez poétique que le violon entre
une économie de moyens qui apparaît gramme”, jusque dans un finale d’une et sort de l’orchestre. Très loin, donc,
d'autant plus essentielle pour assurer
exaltation fantastique. (Jean Dandrésy) des versions de solistes (qui préférera
un sentiment de continuité. Vraiment, si
vous ne connaissiez pas ces versions,
précipitez-vous ! (Gilles-Daniel Percet) d’une dizaine d’années, le compositeur
Sélection ClicMag ! a changé, sa conception dramatique,
son public viennois également. On au-
rait cependant tort de ne considérer le
Ludwig van Beethoven (1770-1827) premier état de la partition que comme
Quatuors à cordes, op. 131 & 59 n° 3 une ébauche, une sorte de brouillon.
Suske-Quartett Bien sûr, elle connut des développe-
0301497BC • 1 CD Berlin Classics ments, des enrichissements (fin de
l’air de Florestan, II, 1) mais, au fil des
Q uand on soulève un rideau de fer
trop longtemps abattu sur ce qu'on
a de plus précieux en stock, rayon fines
modifications, découpage et autres
changements de place des numéros,
épices musicales, on est d'autant plus Ludwig van Beethoven (1770-1827) il y eut également des retraits (trio
Ludwig van Beethoven (1770-1827) "Ein Mann…", I, 2, duo "Ehe froh…",
ébloui par quelques soleils que d'au- Concerto pour piano et orchestre n° 5 en mi
bémol majeur, op. 73; Sonate pour piano Fidelio, op. 72, opéra en 2 actes II, 2). Année Beethoven oblige, Berlin
cuns ne soupçonnaient pas toujours. Helen Donath, soprano (Marzelline); Edda Moser,
De quoi s'étonner que notre fine fleur n° 26 en mi bémol majeur, op. 81a "Les Classics propose donc de redécouvrir
adieux" soprano (Leonore); Eberhard Büchner, ténor
critique dédaigne encore assez souvent cette partition originale à plus d’un titre,
Gewandhausorchester Leipzig; Dieter Zechlin, (Jaquino); Richard Cassily, ténor (Florestan);
ces trésors d'ex Allemagne de l'Est que Reiner Goldberg, ténor; Siegfried Lonrenz, baryton; dans une distribution d’anthologie qui
piano; Kurt Sanderling, direction subjugue par son inspiration incandes-
sont des pianistes tels Peter Rösel ou Theo Adam, basse (Don Pizzaro); Hermann
Annerose Schmidt, ou encore comme 0301502BC • 1 CD Berlin Classics Christian Polster, basse (Don Fernando); Karl cente. Si le chef Blomstedt et l’orchestre

B
ici cet extraordinaire quatuor Suske. elle réédition proposée par le label Ridderbusch, basse (Rocco); Gunther Emmerlich, y sont pour beaucoup, on est charmé
Berlin Classics. Ce disque réédité à récitant; Rundfunkchor Leipzig; Staatskapelle par la fraicheur d’Helen Donath (Marzel-
Prenant le nom de son premier violon,
Dresden; Herbert Blomstedt, direction
il a été formé en 1965 par des membres plusieurs reprises fit partie des archives line), conquis par la puissance héroïque
de la Staatskapelle de Berlin, et plus d’Eterna, maison de disques d’Alle- 0301499BC • 2 CD Berlin Classics d’Edda Moser (Leonore), époustou-

L
tard, le changement de son leader lui magne de l’Est. Le pianiste Dieter Ze- a continuité entre Léonore (1805) flante dans l’acte III. Les voix mascu-
fit prendre un autre nom, le Berliner chlin (1926-2012) fut l’un des artistes et Fidelio (1814) est évidente. En lines ne sont pas en reste. On regrettera
Quartett. Nous connaissions depuis “officiels” de la RDA. Ses interpréta- témoignent la totalité des personnages que, pour cette réédition, l’éditeur n’ait
longtemps au disque sa formidable in- tions du répertoire classique et roman- comme la reprise de la plupart des airs pas proposé le livret qu’elle méritait.
tégrale Beethoven (à placer au sommet tique (Bach, Mozart, Beethoven, Schu- du premier dans le second opus. Pour Mais le plaisir des oreilles est absolu.
avec seulement quatre ou cinq autres bert, Schumann, Brahms, notamment) autant, la rupture existe aussi. En près (Alain Monnier)

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Heifetz, Perlman, Mutter, Faust etc. ?)... grand sens de la mélodie, une richesse ments), il nous emmène à la découverte
Enregistrées 20 ans plus tôt, les ro- d'expression dans laquelle suavité et Sélection ClicMag ! du lyrisme fluvial de cette immense
mances sont élégantes et magnifiques tendresse, virtuosité fougueuse et tapa- symphonie, dans la version originale
de sonorité, très classiques. Surtout geuse se conjuguent, s'opposent et se de 1872 éditée par William Carragan. Il
pour la poésie et l’orchestre, donc ! combinent de façon surprenante. Belle faut se laisser prendre par cette déam-
(Olivier Eterradossi) interprétation de l'ensemble néerlan- bulation sans hâte comme une longue
dais, qui est la seule aussi exhaustive randonnée à travers les paysages de
sur le marché. (Bertrand Abraham) la Haute-Autriche. Comme précédem-
ment, l’orchestre réuni chaque année
pour les Brucknertage mêle musiciens
issus des meilleures phalanges germa-
niques et interprètes locaux, mais le
Anton Bruckner (1824-1896) résultat est plus homogène que dans
Symphonie n° 2 en do mineur, WAB 102 la 7° qui précédait. Nous n’avons pas
Altomonte Orchester S. Florian; Rémy Ballot, de témoignage de Celibidache dans
direction cette symphonie, mais reconnaissons
Jean-Daniel Braun (?1703-1738) GRAM99211 • 2 SACD Gramola que Ballot qui se réclame volontiers du

A u rythme imperturbable d’une sym- maestro roumain en a retenu la capacité


Sonates pour flûte et basse continue; Suite
en mi majeur; Suite en sol majeur; Suite Claude Debussy (1862-1918) phonie par an, Rémy Ballot érige à construire une architecture sonore
en si mineur; Suite en mi majeur; Sonate Children's Corner, L 113; Études, livre I; l’une des intégrales brucknériennes hors norme. Bénéficiant de la qualité
en mi majeur Études, livre II les plus personnelles et insolites. En des SACD ce qui justifie l’étalement sur
Musica ad Rhenum [Jed Wentz, flûte traversière; Aleck Karis, piano août 2019 à Saint Florian, il réédite le deux disques, cette interprétation fera
Job ter Haar, violoncelle; Michael Borgstede, fascinant exploit réalisé avec sa 3° une nouvelle fois date ; il ne reste au
BRIDGE9529 • 1 CD Bridge
clavecin, piano-forte] qui ouvrait le cycle en 2013. Dans des chef français qu’à graver les 1° et sur-
BRIL95764 • 4 CD Brilliant Classics
S tefan Wolpe, Donald Martino, Allen
Anderson, Morton Feldman, Aleck
tempos d’une lenteur inusuelle (85’ au
total, soit vingt minutes de plus que
tout 4° symphonies pour boucler son
cycle. Nous attendrons bien deux ans…
O n ne sait pratiquement rien de
Braun, compositeur français, peut-
être d'origine allemande. Quantz, en
Karis a illustré dans son aventureuse
discographie l’avant-garde américaine
presque tous les autres enregistre- (Richard Wander)

avec autant de discrétion que d’intel-


voyage à Paris, mentionne son nom en ligence, son piano se fondant dans le le même instrument, et qui enseigna
1726, pour l'avoir rencontré lui et son jeu d’ensembles à géométrie variable. au conservatoire de Paris. La première
cadet, en compagnie de Blavet et de Mais chez Bridge, jeune-homme, il avait sonate commence puissamment, dans
Naudot, compositeurs autrement plus signé un récital où brillait un "Carnaval" un dramatisme assez rude et haché. Le
connus. Quelques informations sont de Schumann affirmé, suite de portraits mouvement central, débutant sur un
fournies par les couvertures des œuvres brossés avec esprit. Quel bonheur de long thème au violoncelle (comme une
publiées de ce Braun : au service du duc le retrouver aujourd’hui pour un plein élégie...), sonne plein et contemplatif,
d'Épernon, il a écrit pour divers instru- album Debussy. J’aurais pu croire que passant d'un paysage à l'autre. Le finale
ments à vent dont principalement la ses Etudes seraient acérées, cubistes, jette un dernier regard en arrière vers
flûte, le hautbois et le basson. Il laisse montrant les modernités du texte, Gabriel Fauré (1845-1924) quelque vieux fond romantique exubé-
essentiellement 3 recueils de sonates mais non, il les joue pour le seul plai- rant qui n'exclut pas une grande com-
Sonates pour violoncelle et piano n° 1 & 2,
pour traverso et basse continue, et un, sir, son toucher si équilibré, son art op. 109 & 117 plexité harmonique. La deuxième sonate
posthume, d'études techniques pour des couleurs l’immergeant dans l’opu- Luca Magariello, violoncelle; Cecilia Novarino, prolonge la commande gouvernemen-
flûte seule, conçues comme des suites, lence harmonique que Debussy y aura piano tale d'une marche funèbre en l'honneur
contenant aussi une sonate isolée. inventée, créant ici le pendant musical de Napoléon (à écouter dans le confine-
BRIL95681 • 1 CD Brilliant Classics
Dans leur structure, ses sonates sont des divagations versicolore des peintres ment actuel de son bon apparte !). C'est
proches de celles de Blavet, et marient
habilement style italien et style français.
fauvistes. Ce ne sont plus du tout des
Etudes, mais des impressions qui N os deux interprètes italiens, d'ori-
gine turinoise, se sont perfectionnés
auprès du Trio di Parma, et jouent sou-
dire que le compositeur l'avait à cœur
et, d'une santé de plus en plus fragile,
Certains traits fonctionnent comme s’écoutent comme on contemple. Cette non sans penser à sa propre fin. Thé-
des signatures spécifiques à Braun : simplicité chatoyante serait presque vent ensemble depuis 2005. Le violon- matique qu'on retrouve dans l'andante,
virtuosité des courantes, passages très silencieuse à force, on n’entend plus, on celliste s'est illustré avec les Solistes de qui n'est pas sans rappeler l'Elégie (là
longs de notes rapides qui sollicitent voit. Placer les miniatures de "Children’s Zagreb, étant lui-même soliste de l'or- aussi !) mais avec des harmonies en-
fortement la maîtrise du souffle, sauts Corner" en regard c’est poursuivre cette chestre de la Fenice de Venise. Ces deux core plus étranges, confinant véritable-
brusques et périlleux de notes qui sont exposition, de l’eau-forte de la "Jumbo’s sonates d'un Fauré tardif voire crépus- ment au tragique. A noter de même ce
un défi digital. Écriture violonistique lullaby" au fusain discret, magique à culaire ont été créées en 1917 et 1922 premier mouvement en forme de sonate
transposée à l'instrument à vent. Le force de poudroiement de "The snow is (le compositeur mourra deux ans plus qu'ouvre le piano en rythme syncopé, et
souci du style est donc assez constam- dancing". Debussy lui va si bien, il faut tard) à l'Ecole Nationale de Musique, un finale faisant fonction de scherzo à la
ment lié chez lui à une volonté de faire qu’il y persévère, je veux ses "Images", par Alfred Cortot au piano et Gérard fois élusif et intriguant. Mon tout est un
progresser les possibilités techniques ses "Estampes", ses "Préludes", sa "Suite Hekking, violoncelliste d'origine bor- enregistrement parfaitement sensible,
du jeu. Qui reste cependant guidé par un bergamasque". (Jean-Charles Hoffelé) delaise ayant oncle et cousin pratiquant où l'on a compris que cette musique
est d'autant moins un cri qu'elle vient
de l'intérieur. Notre ténor personnel
Sélection ClicMag ! L es ténors allemands (héroïques
exceptés), Wunderlich et Haefliger
en tête, ont laissé au Lied d’insurpas-
veillement face à un timbre enjôleur et
un legato lait et miel, frustration fasse à
l’absence de réelle mezza-voce. On sent
du barreau énergiquera protestement
quand même, parce qu'une durée totale
de trente-neuf minutes c'est court, sur-
sables visions de la Belle Meunière et le chanteur s’appliquer très profession-
tout à la fin. (Gilles-Daniel Percet)
des Amours du Poète, parfois aussi nellement dans un univers qui n’est pas
des Voyages d’hiver marquants, le le sien. Changement radical d’ambiance
niveau d’abstraction de l’œuvre auto- avec le bouquet de Volkslieder donnés
risant toutes les tessitures. Au-delà en deuxième partie : jeunesse, fougue,
de quelques tubes, ils ont beaucoup élégance, chant naturel et sans-arrière-
moins fréquenté Brahms. C’est donc pensées : on entend le soliste enfin
avec curiosité qu’on voit arriver un dans son élément. Tout a déjà été écrit
plein album de ses Lieder par un ténor. de Graham Johnson, de son art de
Johannes Brahms (1833-1897) Les œuvres, de caractère élégiaque ou l’accompagnement qui fait de lui l’égal
pastoral convienne à la voix de Robin d’un Gerald Moore ou d’un Michael
Les mélodies, vol. 9
Tritschler. Mais arrivés au cœur du réci- Raucheisen. Un disque magnifique,
Robin Tritschler, ténor; Harriet Burns, soprano; tal "In Waldeinsamkeit" et "Feldeinsam- avec un coup de cœur pour le délicieux Joseph Haydn (1732-1809)
Graham johnson, piano keit" résument l’émerveillement et la Spannung en duo avec la soprano Har- Sonate en ré majeur, Hob XVI : 24; Sonate
CDJ33129 • 1 CD Hyperion frustration ressentis à l’écoute : émer- riet Burns. (Olivier Gutierrez) en la bémol majeur, Hob XVI : 46; Sonate

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en do majeur, Hob XVI : 50; Sonate en mi fois apprécier Berg, Bartok et Janacek
bémol majeur, Hob XVI : 52 Sélection ClicMag ! et quelle que soit la haute estime que
Brigitte Meyer, piano l’on porte à l’écriture musicale du 20e
GEN20686 • 1 CD Genuin siècle, on aurait cependant tort d’igno-
rer, voire de négliger ou de mépriser
C 'est l'histoire d'un éléphant et d'une
petite souris qui font la course dans
le désert. A un mo-ment, la petite souris
cette œuvre devenue l’opéra national le
plus prisé à l’intérieur comme à l’exté-
rieur de la Croatie. Partition dont le livret
se retourne et dit : oh dis donc, qu'est- tire ses sources de la tradition dalmate,
ce qu'on fait comme poussière ! Ainsi
Joseph Haydn (1732-1809) elle est vigoureusement irriguée par la
le mélomane écoutant Haydn : ce que je veine musicale populaire, notamment
Les sept dernières paroles du Christ en
suis partie prenante dans cette inspira- les danses (kolo) ; si elle ne manque
Croix
tion si humaine et fraternelle, cet esprit, Guido Pellizzari, orgue [Orgue Fratelli Serassi Jakov Gotovac (1855-1932) pas de souffle, elle n’est pas non plus
voire ce génie ! Piano d'une invention (1837), Eglise Sainte Marie Madelaine, Desenzano Ero the Joker, opéra en 3 actes dénuée de profondeur, grâce au lyrisme
prodigieuse, dont on ne comprendra del Garda, Italie] Valentina Fijacko Kobic, soprano (Dula, Marko's des mélodies. Sans s’attarder sur l’ana-
jamais une faveur publique supérieure BRIL95889 • 1 CD Brilliant Classics daughter); Jelena Kordic, mezzo-soprano (Doma, chronisme, on pensera sans doute à
au disque sur le concert, comme si Smetana ou à Borodine. Atout majeur,
R
Marko's second wife); Tomislav Muzek, ténor
appelons la genèse des "Sept Der-
Mo-zart et Beethoven étaient nés de (Mica, named Ero); Ljubomir Puskaric, baryton non seulement les interprètes s’en-
nières Paroles de notre Sauveur sur (Sima, the miller); Ivica Cikes, basse (Marko, a
la cuisse d'Euterpe. Ecoutez ce fou- gagent irrésistiblement, et avec quelle
la Croix" : Haydn a raconté lui-même rich peasant); Suzana Cesnaj, soprano (A young
droyant dramatisme du premier mou- efficacité, au service de cet opéra-co-
qu’un chanoine de Cadix lui avait com- shepherd); Croatian Radio Television Choir; Luka
vement de la Hob. XVI : 46, l'un des mique à découvrir absolument, mais
mandé une œuvre orchestrale destinée Vuksic, direction; Münchner Rundfunkorchester;
plus beaux du maître, à condition de l’éditeur lui-même, en proposant un
à alterner, le Vendredi-Saint, avec la lec- Ivan Repusic, direction
privilégier comme ici (et comme cette luxueux livret de 148 pages, en facilite
ture de ces Paroles et les commentaires CPO555080 • 2 CD CPO
autre pianiste, l'anglo-malaisienne Yeoh utilement l’accès au mélomane tout en
de l’évêque du lieu. L’œuvre connut un
Ean Mei) l'allegro sur le moderato. Ou
la veine incroyablement versatile de la
tel succès que la version originale pour
orchestre fut aussitôt suivie d’une autre
É crite en 1926-27, créée en 1935,
voilà une œuvre qui ne ressemble
finalement à rien d’autre, sans que
restituant à cette œuvre populaire une
distinction qui ne lui messied aucune-
ment. Une référence à plus d’un titre.
Hob.XVI : 50, allegro associant verve et pour quatuor à cordes (réalisée par
imagination, puis adagio d'une gravité cela soit dépréciatif. On peut tout à la (Alain Monnier)
Haydn lui-même), et enfin d’une autre
méditative presque sentencieuse, enfin pour clavier (seulement approuvée par
allegro molto ubiquitant jusqu'à cette lui) selon une pratique coutumière dans fut achevé en 1959), mais toutes té-
modulation audacieuse en demi-ton l’Europe de cette époque. Par clavier, moignent d’une forte personnalité. En
inférieur, pour mieux faire at-tendre on entendait alors aussi bien l’orgue quelques notes, Kabalevski caractérise
une péroraison vraiment enlevée. Le que le clavecin ou le piano. Les facteurs chaque atmosphère et "raconte", se
tout rendu dans une grande pureté d’orgue italiens, espagnols, français ou souvenant des "Tableaux d’une exposi-
d'expression, et grande exactitude, par anglais de la fin du XVIIIe et du XIXe tion" de Moussorgski, des Préludes de
une pianiste vaudoise née en 1944, ins- siècles se vantaient souvent d’"imiter Scriabine et des Sonates de Prokofiev.
tallée à Lausanne (on pense à notre cher fidèlement" les timbres des instruments Il y a beaucoup de nostalgie dans ces
Charles-Albert Cingria...), qui fit carrière de l’orchestre, et y arrivèrent parfois. pages, parfois évanescentes, rêveuses
Mais le (très) grand orgue Serassi de Dimitri Kabalevski (1904-1987) comme le Prélude n° 8 de l’opus 38.
magnifique (on la vit notamment à La
1837 utilisé dans cet enregistrement Tant de choses ne sont pas dites, mais
Roque d'Anthéron). Interprète cher- 24 Préludes, op. 38; 6 Préludes & Fugues,
était-il l’instrument idéal pour interpré- op. 61; 3 Préludes, op. 1; 4 Préludes, op. 5 suggérées. Parfois, le burlesque prend
chant en général à "jouer comme les
ter cette œuvre ? On pourrait en dou- le dessus et Michael Korstick joue avec
viennois", se réfé-rant à Alfred Cortot ou Michael Korstick, piano
ter : l’harmonie gutturale et agressive un chic fou ces piécettes qu’un Chos-
Edwin Fischer, voire à toute une école des principaux, fatigue vite l’oreille, CPO555272 • 1 CD CPO
takovitch ou un Prokofiev auraient pu

Q
russe sculptrice du son (Bashki-rov). surtout dans les innombrables notes ue voilà un superbe disque ! Sous signer. Les contrastes sont immenses
Et la meilleure de ses critiques quand répétées de la main gauche, et l’orga- les doigts de Michael Korstick, l’in- en termes de dynamiques, de vélocité.
elle déclara : "Il faut faire sa propre niste Guido Pellizzari utilise fort peu les tégrale des Préludes de Kabalevski sé- L’inventivité de Kabalevski apparaît sans
démarche, jour après jour, années après autres jeux (multiples flûtes et encore duit d’emblée. La variété des couleurs, limites. Dans cette écriture parfaitement
années. Il faut parvenir à être quelqu'un moins jeux d’anches solistes, cornets, des rythmes, des modes d’attaque tonale, il joue de toutes les dissonances,
de vrai... La musique ne pardonne pas etc.) Il faut attendre la courte page finale traduisent la diversité de ces "carnets sature l’espace, n’utilise le piano que
l'absence de vérité." Seul petit regret pour entendre - enfin ! - une registra- d’esquisses". Trente-sept pièces en tout dans son registre percussif avant de
pour ce disque : une prise de son un tion "orchestrale". Dommage : l’idée de qui recréent parfois un folklore imagi- l’abandonner à un largo funèbre ou bien
peu mignonnette maigrelette, manquant base méritait mieux pour rendre justice naire enfoui dans le postromantisme ou à un allegro tenebroso (Prélude n° 16
un peu d'assise et de moelleux dans les à cette version pour orgue méconnue. bien s’en éloignant fortement. Aucune op. 38). Les Préludes op. 61 sont à vo-
graves. (Gilles-Daniel Percet) (Jean-Paul Lécot) pièce n’est "d’avant-garde" (l’opus 61 cation pédagogique et dans l’esprit de
ceux de Chostakovitch. Plus rares, les
Trois Préludes op. 1 sont l’œuvre d’un
Sélection ClicMag ! O n sait peu de choses du dénommé
Juan Esquivel né vers 1560 dans
la région de Salamanque, sinon que
des voix qui l'éloigne de la missa paro-
dia classique. Le Magnificat quinti toni
étudiant de la classe de Goldenweiser.
Une virtuosité explosive anime ces
à six voix alterne versets en plain chant
pages si proches de l’univers de Scria-
l'ensemble de ses partitions figure et polyphonie à six voix. Si l'Ave Regina bine. (Jean Dandrésy)
dans un recueil découvert en 1973 à la Caelorum est une suite d'éléments
catedral de Ronda extraordinaire cité du imitatifs, le Nunc Dimittis se montre
sud de l'Espagne bâtie à flanc de col- plus concis et déclamatoire. Le flam-
line. Un volume de 598 pages imprimé boyant Sancta Maria quant à lui est une
en 1613 regroupant six Messes et un belle réussite de musique pour double
grand nombre de Magnificat, Répons,
chœur, les huit voix produisant une har-
Hymnes et Psaumes. L'ensemble De
monie aussi riche qu'expressive. Après
Profundis basé à Cambridge et dirigé
deux albums remarquables consacrés à
Juan Esquivel Barahona (1563-1614) par le chef Eamonn Dougan a choisi
d'enregistrer la Missa Hortus conclusus deux compositeurs de la Renaissance
Missa Hortus conclusus; Regina caeli; (…Est Dei genitrix), dernière messe du espagnole (Bernardino de Ribera et
Veni, domine; Ego sum panis vivus; Alma recueil, en y incorporant un Magnificat Sebastian de Vicanco (Hypérion 2014, Raul Koczalski (1885-1948)
redemptoris mater; Magnificat quinti toni; et quelques Motets. Basée sur un motet 2018), l'ensemble De Profundis nous Intégrale des mélodies, vol. 1. 21 Ge-
Ave regina caelorum; Nunc dimittis; Sancta prouve une fois de plus sa parfaite
de Rodrigo de Ceballos, qui s'inspirant dichte, op. 122; Quatre lieder romantiques,
Maria; Te lucis ante terminum; Salve maîtrise de ce répertoire : précision des op. 63; Quatre Hafis-Lieder, op. 104
du Cantique des Cantiques distille plus
regina / R. de Ceballos : Hortus conclusus voix, étagement des pupitres et sur-
de sensualité que de prière, les diffé- Katarzyna Dondalska, soprano; Michal Janicki,
Ensemble De Profundis; Eamonn Dougan rents états de la messe montrent une tout une belle ardeur communicative. baryton; Michal Landowski, piano
CDA68326 • 1 CD Hyperion grande singularité dans la distribution (Jérôme Angouillant) AP0601 • 1 CD Acte Préalable

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L es Productions Acte Préalable,


comme DUX, se sont faits une spé-
cialité de promouvoir et révéler le riche
Sélection ClicMag ! D ès les premières mesures, on songe
à la Sonate pour violon et piano de
Franck. Quelle étonnante musique que
postromantique de cette immense
partition tripartite d’une heure vingt de
musique (plus de 82 minutes ce qui
répertoire classique polonais. À ce titre, celle de Paolo Litta. Né en Suède, d’une n’est pas loin d’un record pour un CD !).
de nombreux compositeurs inconnus mère suédoise et d’un père italien, Pao- Elle fut composée entre 1909 et 1924.
sortent régulièrement de l’ombre tel lo Litta mena une carrière de pianiste et "Le Lac d’amour" est la première pièce,
Raul Koczalski, pianiste virtuose, consi- d’enseignant en Europe. L’œuvre repose que l’on pourrait situer entre Franck et
déré en son temps comme l’une des sur trois influences. La première évoque d’Indy. Une partition au charme enchan-
plus éminentes figures musicales polo- le "Ring des Nibelung" de Wagner, la
teur qui décompose le temps, au bord
naises et dont Acte Préalable a entre- seconde, le roman Bruges-la-Morte
du rêve. "La Déesse nue" de 1912 est
pris l’enregistrement de l’intégrale des (1892) de Georges Rodenbach (1855-
œuvres en première mondiale. Après d’un langage plus épuré, influencé par
1898) et la troisième, les toiles de Paul
ses concerti pour piano et sa musique Paolo Litta (1871-1931) le premier Alban Berg, celui de la Sonate
Gauguin. Le postromantisme et le sym-
de chambre, c’est au tour des Lieder bolisme du poète et romancier belge, pour piano. "Le Ménétrier", "la mort"
Le Lac D'Amour [Poème pour violon et
d’être enregistrés par trois interprètes piano d'après le roman "Bruges-laMorte" les couleurs chatoyantes de la peinture est beaucoup plus tardif. En 1924, la
polonais. Extraits parmi plus de 200 de G. Rodenbachs]; La Déesse Nue nourrissent une œuvre musicale à la pièce est sous-titrée “une Rhapso-
opus, on trouve dans ce disque géné- [Monodrame ésotérique d'après la Vie de fois passionnée et désespérée. La clarté die virtuose pour violon et piano”. Sa
reux (plus de quatre-vingt minutes) un Psyché]; Le Ménétrier, La Mort [Rhapsodie et la présence de la prise de son valo- dimension n’est plus chambriste mais
choix de pièces pour solistes ou en duo virtuose pour violon et piano] risent le dialogue entre le violon d’Ilona orchestrale. Superbe partition, superbe
d’un intérêt variable, allant de la relative Ilona Then-Bergh, violon; Michael Schäfer, piano Then-Bergh et le Bösendorfer de Mi- trilogie, d’une force expressive inouïe.
banalité à une belle invention mélo- GEN20690 • 1 CD Genuin chael Schäfer. On entre dans le lyrisme (Jean Dandrésy)
dique. La soprano Katarzyna Dondalska
nous charmera plus lorsqu’elle modère
sa puissance naturelle pour laisser Walker, Allemagne, 1987, réplique de Anton Walter, technique pianistique  ! Toutefois, la des solos de trompette dans la 9° vous
Vienne 1795, diapason 430Hz] discographie étant très pauvre (une étonnera tout autant. La découverte est
place aux nuances et aux émotions
que lorsqu’elle semble confondre piano BRIL95836 • 4 CD Brilliant Classics seule intégrale concurrente, au piano- donc aussi instructive pour ceux qui
forte également), voilà un coffret pour s’intéressent à l’histoire de la musique
D
accompagnateur et fosse d’orchestre ans ce troisième volume, l’intégrale
qu’il faudrait surmonter inutilement ici. commencée en 2015 se poursuit les passionnés d’historiographie de la qu’heureuse pour ceux qui, tout simple-
Le baryton Michal Janicki fait preuve chronologiquement avec les sonates sonate classique. (Olivier Eterradossi) ment, aiment le premier romantisme,
d’un beau timbre et d’une expressivité de la période 1785 à 1791. Au moment période faste qu’on n’a décidément pas
convaincante. Les duos sont globale- où Mozart délaisse momentanément fini d’explorer et dont Howard Griffiths
ment réussis et assez charmants. Bel le piano solo après la terrible sonate devient au fil du temps le meilleur dé-
accompagnement de Michal Landowski K 457 pour y revenir avec la Fantaisie fenseur actuel. (Richard Wander)
qui se met au service des solistes. K 475, quelle différence d’inspiration :
Au total, une curiosité et une rareté. Kozeluch en est encore à composer
(Thierry Jacques Collet) des œuvres archi-galantes, un peu sim-
plistes, peu élégantes et aux thèmes
plutôt rengaines (aïe, le premier thème
de l’opus 17/2, la coda du rondeau de
l’opus 17/3 !). Même la comparaison Franz Krommer (1759-1831)
avec le Mozart d’avant 1780 demande Symphonie n° 6 en ré majeur; Symphnie n°
d’avoir la foi du charbonnier. Sur un pia- 9 en do majeur
noforte copie d’Anton Walter qui ne fait Orchestra della Svizzera italiana; Howard Griffiths,
vraiment rien pour l’aider (trop bruyante direction Jean-Marie Leclair (1697-1764)
et peu fiable dans les "petites notes"), CPO555337 • 1 CD CPO Concertos pour violon, op. 7 n° 1-6 et op.

H
Jenny Soonjin Kim fait ce qu’elle peut oward Griffiths arrive bientôt au 10 n° 1-6
Leopold Kozeluch (1747-1818) et on souffre avec elle. Comme déjà bout de la première intégrale des Ensemble Violini Capricciosi [Daria Gorban,
Intégrale des sonates pour clavier, vol. 3. signalé en d’autres occasions, quelle neuf symphonies de Franz Krommer, violon; Marta Noelia Jiménez Vega, violon; Eirini
Sonates n° 17 à 33 difficile alchimie que le ménage à trois Stratigopoulou, alto; Octavie Dostaler-Lalonde,
puisqu'il ne lui manque plus désor- violoncelle; Juan Diaz, contrebasse; Alexandr
Jenny Soonjin Kim, piano-forte [piano Michael d’un instrument, d’une œuvre et d’une mais que la 8° pour que le cycle soit Puliaev, clavecin; Igor Ruhadze, violon, direction]
achevé. Les deux symphonies propo-
BRIL95290 • 3 CD Brilliant Classics
sées sur ce CD datent respectivement

L
dont les œuvres symphoniques et de 'apprentissage de l'écriture pour
Sélection ClicMag ! musique de chambre furent publiées à
de 1823 et de 1830, la dernière écrite
peu avant la mort du compositeur. Cette violon, passa, pour J.-M. Leclair,
Berlin, Vienne et Milan. Il est mainte- 9° ne semble d'ailleurs ne jamais avoir par la danse — art aristocratique par
nant totalement oublié, même dans son été exécutée avant cet enregistrement. excellence sous Louis XIV et Louis
propre pays. Et pourtant les concertos Toutes ces symphonies sont construites XV. Évolution naturelle : tout maître à
présentés ici sont tout à fait délicieux ! sur le même modèle et Krommer adopte danser maniait la "pochette" ou violon
D’une qualité enthousiasmante, ils n’ont invariablement la forme classique héri- miniature. Leclair, maître de ballet à
pas à pâlir face aux œuvres de la même tée du XVIII° siècle. Il est frappant de Turin et à Paris fréquenta nombre de
époque connues aujourd’hui. L’écriture penser que cette 9° est postérieure à la hauts lieux musicaux et perfectionna
est au service d’une musicalité réjouis- mort de Beethoven et à celle de Schu- son jeu violonistique auprès de Somis,
sante et sensible au lyrisme lumineux, bert. Krommer ignore en effet com- de Locatelli et de Chéron. Le plus ita-
intense et captivant. La légèreté et l’agi- plètement l'évolution ultime des deux lien des compositeurs français — "tout
Joachim Kaczkowski (1789-1829) lité du violon à la virtuosité élégante grands génies dont il était l'aîné mais annonce en lui le Corelli de la France"
Concertos pour violon n° 1 et 2 y fait des merveilles. Les mélodies disait Blainville — alliait idéalement
dont il se trouva être aussi par sa longé-
Agnieszka Marucha, violon; Henryk Wieniawski peuvent autant exprimer de la poésie virtuosité et modération et incarnait la
vité le contemporain. Howard Griffiths
Lublin Philharmonic; Wojciech Rodek, direction
qu’une joie dansante et populaire. La insuffle à l'orchestre de Lugano (un quintessence de l'équilibre entre les
AP0470 • 1 CD Acte Préalable soliste Agnieszka Marucha, que l’on orchestre "moderne" mais qui a adopté idiomes musicaux des deux pays. Il

Q uel bel album tant au niveau des a déjà pu apprécier dans des enregis- les techniques de jeu "historiquement laissa, pour l'essentiel, des recueils de
œuvres que de l’interprétation  ! trements précédents du même label, informées") une énergie débordante et sonates pour violon(s), et deux col-
Le label Acte Préalable consacré à la maîtrise merveilleusement le discours met en valeur les trouvailles sinon les lections de 6 concertos. Son écriture,
musique polonaise nous permet de accompagnée d’un orchestre expressif. bizarreries instrumentales dont Krom- particulièrement raffinée, d'une grande
redécouvrir des compositeurs oubliés Ces œuvres emporteront sans conteste mer était friand. Le très original premier richesse dans les voix intermédiaires,
de qualité. Joachim Kaczkowski était l’adhésion des mélomanes amateurs mouvement de la 6° symphonie avec d'une ciselure extrêmement délicate
un compositeur et un violoniste re- de belles découvertes et leur feront ses nombreux effets de timbales et ses notamment dans l'aigu de l'instrument,
nommé à Varsovie, renommée relayée passer un excellent moment musical ! modulations inusuelles est particulière- combine et oppose une multiplicité de
à l’époque par la presse allemande, et (Laurent Mineau) ment révélateur à cet égard. Mais le rôle couleurs et d'affects et exige des quali-

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tés techniques et une inventivité consi-
dérable en matière d'ornementation de
la part des interprètes. Cette intégrale
Sélection ClicMag ! L e compositeur organiste Johann
Pachelbel a exercé toute sa vie en
tant qu'organiste dans différentes
quatre Magnificat enregistrés ici une
grande variété de formes et un souci
d'expressivité anticipant les cantates
paraît en même temps que le deu- villes d'Allemagne et composé de très de Bach. Richement instrumentés  :
xième tiers de celle de Leyla Schayegh. nombreuses œuvres pour orgue. Il ne quatre pupitres de chanteurs, cordes,
Ruhadze s'avère moins original, plus faut toutefois pas négliger ses œuvres hautbois, basse continue et trompettes
italien et moins français, moins poly- vocales. Bien souvent qualifié de com- et timbales, ils offrent une singulière
sémique et fouillé que Schayegh. Sans positeur de transition entre Bach et qualité d'écriture. Textures contrapun-
démériter, son propos est plus convenu, ses modèles, Pachelbel reste un com- tiques, art de la variation, phrasés ex-
sa brillance plus conforme à un horizon positeur emblématique de cette école pressifs, combinaisons instrumentales
d'attente "moyen" : donc plus vival- d’Allemagne méridionale puissamment inédites ainsi qu'une science avérée
dienne. Basses plus dégagées, pupitres imprégné de tradition italienne émanant de la rhétorique. Tout cela concourt à
autres que le violon solo peut-être plus Johann Pachelbel (1653-1706) de Schütz et de Carissimi. Ce disque une illustration pavoisée du texte du
individualisés que chez Schayegh, mais Magnificat en do majeur, PWV 1502; vient combler une lacune discogra- Magnificat, Des deux concertos sacrés
au détriment de l'alchimie poétique qui, Magnificat en fa majeur, PWV 1511; Magni- phique car bien peu d’œuvres ont été dont on savourera l'instrumentation,
ficat en sol majeur, PWV 1513; Magnificat
chez cette dernière résulte, d'un fondu enregistrées hormis un volume de can- on notera le très joli duo de sopranos
en do majeur, PWV 1504; Messe en ré
subtilement obtenu, sans pour autant majeur, PWV 1302; Meine Sünde betrüben tates parue chez CPO. Il est vrai que le du PWV 1221 (Veronika Winter et Anne
sacrifier l'aspect rauque, tourmenté mich, en mi bémol majeur, PWV 1221; style "Phantasticus" de la musique de Bierwirth) Une brève Messe à trois
voire parfois dramatique. Cette interpré- Vergeh doch nicht, du armer Sünder, en do Pachelbel l'éloigne peu de ses contem- voix complète ce beau programme
tation ne manque pas de charme, mais majeur, PWV 1225 porains. Buxtehude en particulier à qui il interprété avec soin par le Himlische
reste un peu sage, prudente, extérieure. Himlische Cantorey; Jan Kobow, direction dédie son traité Hexacordum Appolinis Cantorey dirigé par le ténor Jan Kobow.
(Bertrand Abraham) CPO777707 • 1 CD CPO (1699). Mais on peut entrevoir dans ces (Jérôme Angouillant)

esthétique et cela se ressent dans ces


quatre pièces de musique de chambre,
dont trois sont des premiers enregis-
trements : l’expressivité est sa priorité,
quitte à adoucir l’approche et s’affran-
chir de règles trop ankylosantes. Un
exemple ? Le quatrième mouvement de
la Sonate pour violon et piano, dont le
caractère dramatique (et la fin qui n’en
Riccardo Malipiero (1914-2003) est pas une) est inspiré par la sanglante Emil Mlynarski (1870-1935) Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour violon et piano; Ciaccona di insurrection de Budapest en 1956. C’est
Davide, pour alto et piano; Mosaico II, pour Concertos pour violon n° 1 et 2 Intégrale de l'œuvre pour 2 pianos
pour le concours international de violon
violon seul (Hommage à Rodolfo Lipizer); Piotr Plawner, violon; Artur Rubinstein Philharmo- Genova & Dimitrov Piano Duo
"Rodolfo Lipizer Prize" que Malipiero
Trio pour piano, violon et violoncelle
écrit Mosaico II, aux accents virtuoses nic Orchestra; Pawel Przytocki, direction CPO555326 • 2 CD CPO
Ensemble Rest
– caressés d’une brise ironique. Le
BRIL95971 • 1 CD Brilliant Classics Trio pour piano, violon et violoncelle
DUX1606 • 1 CD DUX
L eur discographie imposante (une
quinzaine d’enregistrements pour
A près les leçons de son oncle, Gian
Francesco Malipiero, Riccardo
est le produit d’un défi qu’il se lance
à lui-même, quant à une forme consi- I ls sont peu joués hors de Pologne,
et c’est une injustice. Emil Mlynarski, CPO) en témoigne : Aglika Genova et
Liuben Dimitrov se sont fait une spé-
Malipiero façonne son style au contact, dérée comme difficile par la plupart de formé au Conservatoire Impérial de St
notamment, de Luigi Dallapiccola, avec ses contemporains : plus que la com- cialité des répertoires rares. Pourtant,
Pétersbourg, subjugué par Anton Ru-
qui il organise le Premier Congrès plémentarité, il y privilégie une fusion avec l’œuvre de Rachmaninov, ils re-
binstein et plus encore par Tchaïkovski,
international de la musique dodécapho- entre piano et cordes, baignée dans une viennent à des partitions plus connues.
nique, à Milan en 1949. Le sérialisme humeur impétueuse et inébranlable. se voua entièrement à son instrument,
Du moins, s’il s’agit des deux Suites
est pour lui une technique plus qu’une (Bernard Vincken) concertiste renommé en Russie, second
ainsi que des Danses symphoniques.
violon du Quatuor Auer, mais aussi
En revanche, la Rhapsodie russe, le
espèce de jaloux aux tendances homi- pédagogue au Conservatoire d’Odessa poème symphonique Le Rocher que
Sélection ClicMag ! cides, ce qui est en soi une mise à mort où il eu parmi ses élèves celui qui allait l’on entend déjà assez peu à l’orchestre,
fort injuste et regrettable. Le présent inspirer le renouveau du concerto pour sans oublier le Capriccio bohémien
enregistrement s’efforce de rétablir la violon, Pavel Kochanski. Son Premier
vérité grâce aux talents du musicologue n’encombrent pas les rayons des dis-
et chef d’orchestre Timo Jouko Herr- Concerto, au romantisme tempéré, plus cothèques ! La fluidité du toucher est
mann qui propose opportunément cette proche des univers sombres de Bruch la première caractéristique de ce duo.
entrée dans l’univers plus familier du que du geste lyrique d’un Tchaïkovski lui Ils n’appuient jamais sur la dimension
compositeur, à l’écart de ses fonctions valu de remporter un prix au Concours démonstrative sinon spectaculaire des
officielles. Les huit pièces rassemblées partitions et font preuve, même, d’une
Paderewski de Leipzig. Si tôt entendu,
sont faites pour être jouées entre amis,
si tôt oublié, malgré tous les mérites certaine “nonchalance”. Elle apparaît
souvent à l’occasion d’événements
Antonio Salieri (1750-1825) privés, y compris d’ailleurs des aléas de Piotr Plawner. Quel contraste lui nécessaire si l’on ne veut pas carica-
Cantate "Tu sai, Germana amata"; Canta- de santé. Il en résulte un florilège habi- apporte vingt ans plus tard cette mer- turer certaines pages comme, précisé-
bile en sol majeur; La Preghiera sudditta lement dosé et des plus convaincant ment, la Rhapsodie russe composée en
veille de lyrisme émotif, à l’orchestra-
"Gott ! Erhalt' zu unsrer Wonne"; Per la réhabilitant assurément le musicien. Il 1891 et gorgée de formules empruntées
ricuperata salute di Ofelia, Canzone a Fille, permet surtout à l’auditeur de savourer tion colorée, qu’est le Second Concerto,
à Rimski-Korsakov. Ils évitent aussi
KV 477a; Andante devoto en ré mineur; alternativement l’inspiration réelle des forme libre, chant éperdu, un chef
Cantate "Deh mira, oh Nice"; Sérénade en l’écueil de pièces purement destinées
pièces instrumentales et les deux belles d’œuvre à part entière et l’un des très
fa majeur; Cantate "Il ciel cortese" voix solistes, dont le timbre acidulé au salon comme les Six morceaux
beaux concertos des années 1910 inex-
Diana Tomsche, soprano; Esther Valentin, mezzo- et frais de Diana Tomsche qui sied si pour piano à quatre mains. Ils éva-
soprano; Miriam Burkhardt, soprano; Barbara R. bien à ces compositions. Alors, Salieri plicablement méconnu. Il faut entendre cuent, enfin, l’épaisseur hallucinante
Grabowski, alto; Thomas Jakobs, ténor; Florian assassin ? Si le mélomane devait en comment Piotr Plawner envole ses
Löffler, ténor; Philipp Schädel, basse; Markus
de ces pages dans lesquelles tous les
mourir, ce serait en l’occurrence cer- longues phrases dans l’écrin de sous- doigts sont “occupés”. Ce duo possède
Lemke, basse; Andrius Puskunigis, hautbois;
tainement plus de contentement que bois d’un orchestre magique, comme
Heidelberger Sinfoniker; Timo Jouko Hermann une véritable couleur sonore, un style
d’ennui. En tout cas, il mourrait moins
HC19079 • 1 CD Hänssler Classic il fait danser le final capricioso, aux sa- propre aux ensembles formés depuis
ignorant, grâce à cette passionnante

H ollywood, après le South Bank et donc indispensable redécouverte. veurs si populaires, découvrez le vite ! longtemps et qui restituent l’illusion
et Broadway, a fait de Salieri une (Alain Monnier) (Jean-Charles Hoffelé) d’un orchestre. (Jean Dandrésy)

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avec beaucoup de caractère par Pablo La Symphonie tantrique, les Variations qu’atténués, manque de souplesse pour
Gonzalez qui caractérise les interven- symphoniques restent à enregistrer, faire ressortir toutes les nombreuses
tions des bois, créant des paysages où Abel Sanchez-Aguilera ayant préféré nuances de ces lieder. Ce qui s’avère par
l’archet du jeune homme peut s’enflam- graver en première mondiale la Toc- endroit risqué chez Richard Strauss se
mer, est saisissant, le bis de Komitas, cata Seconda per pianoforte écrite confirme comme étant téméraire chez
chant éperdu de solitude, rappelant que durant l'hiver des années 1933-1934 : Wagner où l’interprétation des poèmes
tout cela fut capté en concert. Le disque la partition venait d’en être éditée par de Mathilde Wesendonck ne fait pas
s’ouvre sur l’opus 1 écrit par le père Alexander Abercrombie, le pianiste en suffisamment ressortir le caractère
du violoniste, le chef d’orchestre Loris révisant les épreuves. C’est Sorabji lui- intense quoique tout intériorisé, tour-
Franz Schubert (1797-1828) Tjeknavorian, dont les disques ASV même qui en créa l’heure et demie de menté, quasi-toxique, de ces chants
Lied eines Schiffers an die Dioskuren, D sont devenus trop rares, si brillants, si musique à Glasgow en 1936. Le cahier d’amour malheureux qui, si l’on songe
360; Die Sterne, D 939; Die Sternennächte, ardents, encore trouve-t-on parfois les de neuf pièces est un fabuleux kaléi- notamment à Traüme et Im Treibhaus,
D 670; An die Laute, D 905; Alinde, D Symphonies de Borodine qu’il grava doscope articulé autour de son centre se prolongera jusque dans les actes 2
904; Abends unter der Linde, D 235; An pour RCA. Œuvre de jeunesse écrite de gravité, un immense Ostinato d’une et 3 de Tristan. Les interprètes mascu-
den Mond, D 193; Die Forelle, D 550; Des lins de ces lieder (écrits "pour voix de
alors que le futur chef d’orchestre était concentration obsessionnelle, dont
Fischers Liebesglück, D 933; Am Meer,
encore au Conservatoire, qui avoue avec les vastes dimensions seront contre- femme/für eine Frauenstimme") ne sont
D 957/12; Abendbilder, D 650; Nacht und
Träume, D 827; Der Vater mit dem Kind, D bonheur son amour pour le Concerto balancées (et excédées) par la grande pas légion, il est vrai. Mais peut-être
906; Erlkönig, D 328; Der Winterabend, D de Khatchatourian, modèle pour tous demi-heure de la Fuga libera a cinque n’est-ce pas un hasard. D’autres ténors
938; An den Mond, D 259; Nachtgesang, D les arméniens d’Iran épris de musique. voci et par sa Stretta. Fantaisie, cha- s’y sont cependant mesuré, tout ou par-
119; Das Rosenband, D 280 Inutile de vous dire que le jeune homme conne, Préludes, Toccatas, fugues aux tie : Richard Tauber, Lauritz Melchior,
Karim Sulayman, ténor; Yi-Heng Yang, piano y fait merveille dans l’écrin de musique voix démultipliées qui veulent dans le René Kollo, Jonas Kaufman. Mais avec
AVIE2400 • 1 CD AVIE Records populaire des cordes francfortoises. meuble du piano susciter l’univers de d’autres atouts. (Alain Monnier)
Espérons que demain Berlin Classics l’orgue, il fallait un pianiste aux moyens
E trange disque. Les duretés d’un pia-
no forte capté trop en avant et avec
une réverbération excessive, la voix
continuera à documenter l’art du fils,
et peut-être même à enregistrer en
considérables pour faire rayonner
l’ordonnancement de ces accords plé-
fluette du ténor, son manque de cou- première mondiale les grandes œuvres thoriques, Abel Sanchez-Aguilera y par-
leurs et l’absence de réelle mezza-voce écrites pour l’orchestre par le père. vient, maitrisant l’architecture folle de
déroutent… à la première écoute. Il en (Jean-Charles Hoffelé) ces pages démiurgiques. Nous dévoi-
faudra une seconde, puis une troisième lera-t-il demain la Tantrik Symphony ?
pour que se dégagent enfin les qualités (Jean-Charles Hoffelé)
de cet album : le travail en clair-obscur,
qui permet aux deux artistes d’atteindre
à une expressivité dont les limites de Giuseppe Tartini (1692-1770)
leurs instruments respectifs auraient Sonates a Quattro; Concertos pour violon et
pu les priver. La cohérence ensuite, cordes, It. 941GT a.06 et GT Bb.13
qui est d’abord celle d’un programme Laura Marzadori, violon; Nuova Orchestra da
Camera Ferrucio Busoni [Gabriel Ferrari, violon;
pensé comme un cycle qui alterne tubes
Antonella Defrenza, violon; Guglielmo De Stasio,
et Lieder moins connus (l’onirique violon; Francesco Lovato, violon; Giuseppe
"Abends unter der Linde", la berceuse Kaikhosru S. Sorabji (1892-1988) Benedetto Cimento, violon; Martina Lazzarini,
"Der Vater mit dem Kind") autour des Toccata Seconda pour piano violon; Furio Belli, violon; Leopoldo Pesce, violon;
thèmes très schubertiens de la solitude Abel Sanchez-Aguilera, piano Richard Strauss (1864-1949) Snezana Acimovic, violon; Dragana Gajic, violon;
et de la nuit. Le soliste s’en explique Letzte Blätter, op. 10 n° 1-8; Heimlich David Briatore, alto; Federico Furlanetto, alto;
PCL10205 • 2 CD Piano Classics Francesco Ferrarini, violoncelle; Marianna Sinagra,
d’ailleurs dans d’intelligentes notes de Aufforderung, op. 27 n° 3; Für fünfzehn

C omme Ferruccio Busoni, Sorabji Pfennige, op. 36 n° 2; Ach weh mir unglüc- violoncelle; Mitsugu Harada, contrebasse];
programme. L’entente avec son accom-
fut fasciné par les formes de l’ère khaften Mann, op. 21 n° 4; Schlechtes Massimo Belli, direction
pagnatrice est idéale. Seul bémol : on se
demande bien ce que le Roi des Aulnes baroque, en noyant ses grands cycles. Wetter, op. 69 n° 5; Ich trage meine Minne, BRIL95769 • 1 CD Brilliant Classics

L
Au cours des années trente il fut pris op. 32 n° 1; Breit' über mein Haupt, op. 19
vient faire là, privé qui plus est de sa di- e principal intérêt de ce disque
d’une vraie frénésie de compositions n° 2; Morgen ! / R. Wagner : Wesendonck
mension opératique. Un disque à réser- Lieder
réside dans la résurrection de deux
ver aux amateurs de Lied chevronnés. atteintes de gigantisme s’articulant concertos de Tartini désormais réper-
Gerhard Siegel, ténor; Gabriel Dobner, piano
(Olivier Gutierrez) autour de l’immense parcours de toriés comme GTa.06 et GTBb.13. Le
l’Opus Clavicembalisticum : son piano HC19078 • 1 CD Hänssler Classic plaisir de la découverte est cependant
radicalisait sa langue dans l’épuise-
ment de la forme, allant à l’encontre
de toutes les pièces d’atmosphère où
L es deux interprètes nous proposent
un programme homogène mais am-
bitieux. Lequel se révèle à la limite des
un peu atténué par l’interprétation, qui
m’a parue bien surannée. Laura Marza-
dori est certes une très bonne violoniste
l’exotisme plongeait son clavier dans moyens actuels du ténor Gerhard Sie- d’orchestre (co-premier violon de celui
de subtiles paraphrases de Scriabine. gel qui, dans des aigus projetés plutôt de la Scala, quand même), mais je lui

compositeur Carl Friedrich Christian des échanges entre les pupitres, le peu
Sélection ClicMag ! Fasch (Inédite au disque) et de la faire d'intervention des solistes et du contre-
figurer aux côtés du Stabat Mater de point, excepté la fugue finale qui vient
Jean Sibelius (1865-1957) Domenico Scarlatti au programme de couronner l'ensemble. Quant au Stabat
Concerto pour violon en ré mineur, op. 47 / ce nouvel opus du Kammerchor de Mater, œuvre tardive de Scarlatti, jugée
L. Tjeknavorian : Concerto pour violon, op. Stuttgart. L'occasion de découvrir le fils
1 / K. Vardapet : Krunk
rétrograde en son temps, elle utilise le
de Johann Christian Fasch, membre de même effectif (entre dix et vingt chan-
Emmanuel Tjeknavorian, violon; Frankfurt Radio l'école de Berlin qui a notoirement fré-
Symphony; Pablo Gonzalez, direction teurs), le même style polychoral mais se
quenté la cour de Postdam aux côtés
0301424BC • 1 CD Berlin Classics distingue par un usage du contrepoint
des frères Benda, de Graun, de Quantz
plus fréquent, une invention formelle et
E mmanuel Tjeknavorian n’en est qu’à
ses débuts au disque, la critique alle-
mande a été touchée par son timbre si Domenico Scarlatti (1685-1757)
et de Carl Philipp Emmanuel Bach au-
quel il succédera au poste de directeur
du Royal Opéra de Hambourg. Ebloui
une expressivité que ne possèdent pas
au même degré la Messe de Fasch. Pour
particulier qui est effectivement celui par la partition d'une Messe à seize cet enregistrement, Bernius s'est mis à
Messe a 16 voix / D. Scarlatti : Stabat
d’une voix, soprano lyrique naturelle- voix d'Orazio Bénévoli que son confrère l'heure italienne. Déclamation cinglante
Mater
ment voué aux explorations réflexives Reichardt rapporta d'Italie, Fasch com- et sensualité dans les phrasés, il a lâché
Kammerchor Stuttgart; Frieder Bernius, direction
des deux premiers mouvements du posa sur le champ une Messe chorale les brides de son Stuttgart Kammerchor
CAR83508 • 1 CD Carus pour la même formation. L’œuvre, d'une qui du coup, n'a jamais sonné aussi
Concerto de Sibelius. Mais dans la sec-
tion centrale de l’Allegro moderato sou-
dain son archet abrase, Le final dirigé F rieder Bernius a pris l'heureuse ini-
tiative d'enregistrer cette Messe du
grande fraîcheur mélodique, rappelle
d'ailleurs le style italien par la variété
"méditerranéen". Disque hautement
recommandable. (Jérôme Angouillant)

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maitres du genre, à l’écoute des sirènes d’œuvre de la série, le 12e, où l’ombre différents rôles. Quant à Pilate, Pierre
Sélection ClicMag ! de l’avant-garde mais loin d’en être des ultimes quatuors de Beethoven et Judas ils font de la figuration et son
prisonnier : durant ses trois quatuors impose un langage hautain. L’ultime inclus dans le chœur. Tout cela donne
écris autour de ses vingt ans la persis- opus écrit pour les quatre cordes (13e, une partition de circonstance inventive
tance d’un paradis brahmsien rayonne, 1954), impressionne par sa roideur, son et bigarrée à la manière du composi-
produisant des œuvres merveilleuses humeur mordante, son ton radical où se teur, évoluant aisément d'airs en airs et
où dans la touffeur des polyphonies, résume tout un pan de l’histoire du qua- n'éludant aucun récitatif. Rien non plus
les arabesques des contrechants, des tuor viennois, avec toujours l’ombre de de transcendant (piètre "Kreuzige ihn").
harmonies dorées comme le plus bel Beethoven mais aussi comme un repen- Avouons une grande tendresse pour la
automne distillent des pastorales infi- tir : jamais Ernst Toch n’aura été en ses voix âpre et caressante de la soprano
nies. Ah si ce temps heureux avait pu Véronica Winter, idéalement choisie
quatuors aussi proche de ceux écrits
perdurer. Mais non, la Grande Guerre pour le rôle de l'Ange et de l'Amour, et
par Zemlinsky et Schoenberg bien des
Ernst Toch (1887-1964) vint, Toch en vit de près les horreurs de celle de sa consœur Anne Bierwirth.
décades plus tôt. Les deux formations
Intégrale des quatuors à cordes sur le front italien, le 9e Quatuor (1919) Merveilleux duetto du n° 43 "Alleluja,
grinçant tout un monde de spectres, qui se partagent cette intégrale sont Danke und Lieder". Signalons aussi
Quatuor Buchberger; Quatuor Verdi
s’écharpant dans une atonalité expres- impeccables, même si j’ai une légère un Christ monolithique (Markus Flaig)
CPO555351 • 4 CD CPO préférence pour le Quatuor Verdi, pour
sionniste qui est tout sauf un sys- et un ténor Evangéliste très expressif

N e retrouvera-t-on jamais les cinq


premiers Quatuors qu’Ernst Toch
écrivit avant ses dix-huit ans ? Ado-
tème. Le Quatuor restera la colonne
vertébrale de son catalogue, les 10e et
leur sonorité ample et ailée à la fois. Par
quel opus commencer ? Par le 6e Qua-
tuor, le tout premier à avoir survécu, qui
(Georg Poplutz) qui chante Telemann
comme du Britten. Même s'il s'agit de
11e, écrits à Mannheim, capturant la son énième enregistrement d'un réper-
lescent il avait voué tout son art à cette fièvre, l’insubordination anarchisante s’ouvre sur un solo de violon, peut-être toire qu'il connaît sur le bout des doigts,
formation, sa naissance et son éduca- de l’entre deux guerres en Allemagne. le plus inventif de la série, œuvre hardie Hermann Max dirige l’œuvre avec une
tion viennoise au paradis du Quatuor L’exil américain consommé, il revien- et tendre comme l’était cet adolescent si verdeur juvénile. (Jérôme Angouillant)
le désignait comme un des nouveaux dra au genre en 1946, écrivant le chef doué. (Jean-Charles Hoffelé)

trouve peu de personnalité dans cette


musique : c’est un peu comme si pla- Q uel titre et quel texte de présentation
curieux ! L’auteur du livret, qui est
aussi violiste, compare Telemann à un
pour les différents offices de Hambourg
subsistent quelques manuscrits dont
cette Markus Passion dont la partition
nait l’ombre de ses maîtres, tenants du
grand classissisme (Fornaciari des "So- "jardinier qui contemple amoureuse- découverte à Riga puis à Bruxelles fut
lisiti Veneti", Accardo, Zakhar Bron…). ment ses plantes", et les textes de ses faussement attribuée à Johan Heinrich
L’orchestre est au diapason, sérieux cantates à des "sermons pauliniens", et Rolle (1716-1785). Il s'agit bien d'une
mais terriblement traditionnel. Or cette justifie la présence d’un…accordéon au œuvre de Telemann approximativement
musique fourmille de formules qui je lieu de l’orgue afin de pouvoir chanter datée de 1759. Si l’œuvre présente un
ces œuvres "aussi bien à la maison qu’à message théologique (tiré de l'évangile Georg Philipp Telemann (1681-1767)
pense ne peuvent se comprendre que
l’église". Ce texte m’a laissé dubitatif. de Saint Marc) clair et compréhen- Partitas n° 1 à 6, TWV 41; Concerto en si
dans une articulation et une rhétorique
Mais - ce qui est le plus important - que sible par le fidèle lambda, illustré ici mineur, TWV 33 : A1
baroque (le concerto en Si bémol !). Andrea Coen, clavecin
Faute de quoi elle distille une impression nous est-il donné d’entendre ? Cinq par la prééminence de l'Evangéliste ;
cantates (peu connues) et deux sonates la narration est toutefois pimentée par BRIL95683 • 1 CD Brilliant Classics
d’ennui qu’elle ne mérite pas. Il en va un

C
peu de même avec les sonates à quatre (l’une pour flûte, l’autre pour haut- des effets poétiques et dramatiques. omme on le sait, Telemann fait par-
(dévolues ici à l’orchestre) qui me rap- bois) du très prolixe Telemann, par un S'ajoutent l'apparition de figures tie des compositeurs baroques les
pellent un peu les entrées de concerts ensemble constitué de musiciens polo- (L'Ange, Le Pêcheur, Le Fidèle) et plus prolixes : quel musicien aurait pu
nais, autrichien, japonais, allemand, d'allégories (La Prière, La Prudence, écrire, comme lui, 46 Passions ? Dans
des années 70, où ce genre de musique
croate, tchèque, grec et slovaque : belle Le Zèle, Le Courage, La Justice) qui le domaine instrumental, il nous a laissé
était utilisé pour se "chauffer les doigts".
universalité ! Le contre-ténor Nicholas donnent lieu à de nombreux airs aussi une centaine de concertos, et davantage
En 2013, Margherita Canale Degrassi,
Spanos a une technique agile (cf par variés que brefs, entrecoupés des tra- encore d’œuvres diverses (comme les
la musicologue triestine auteure de la
exemple la cantate virtuose TW 1,1732 ditionnels chorals. A noter que les cinq très beaux Quatuors parisiens). Les
notice et d’un nouveau catalogue de
et la TW 1,448, plus expressive) et un solistes (dont deux basses, l'une étant Partite enregistrées ici datent de 1716.
l’œuvre du compositeur, se demandait
timbre plutôt agréable. Le hautbois dévolue au Christ) se partagent ici les Leur particularité est d’être destinées
en introduction d’un numéro spécial
baroque, l’alto solo (particulièrement
de "Ad Parnassum" pourquoi la mu- dans la très belle sonate en trio TW
sique de Tartini n’avait pas eu la même 42,c5, peut-être le point de mire de ce treinte tenue par deux violes de gambe,
postérité que celle de Vivaldi… une CD), ainsi que les autres instruments Sélection ClicMag ! le chœur lui est doublé par l'ensemble
partie de la réponse est peut-être ici. à cordes (sauf la "violetta", un rien instrumental au complet. Si la partie du
(Olivier Eterradossi) rêche) accomplissent bien leur office, récitant repose sur une même mélodie
et il faut reconnaître que l’accordéon variée, cette dernière est heureusement
sait se montrer discret et sans mauvais égayée par les ritournelles du chœur et
goût. Au total, un CD plaisant à écouter. des instruments. Le Christ s'exprime
(Jean-Paul Lécot) de façon plus dramatique grâce à de
fréquents recours au chromatisme.
Insérées à des moments stratégiques
dans la partition, les airs ont pour but
de relancer le contenu émotionnel de
Johann Theile (1646-1724) l’œuvre. Dans ces quelques prières
Passio Domini nostri Jesu Christi, Passion étrangères au texte de l’évangile, Theile
selon Saint Matthieu use d'une écriture syllabique ou en imi-
Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Weser-Renaissance Bremen; Manfred Cordes, tation, visant toujours à privilégier l'ex-
Vor des Lichten Tages Schein, TWV 1 : direction
pression du texte. On retiendra de cette
1483; Was ist mir doch das Rühmen nütze, CPO555285 • 1 CD CPO Passion manifestement imprégnée de
TWV 1 : 425; Sonate pour flûte traversière,

É
alto et basse continue en sol mineur, lève de Schütz et contemporain de la musique de Schütz, les émouvantes
Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Buxtehude et de Reinken, Johann stases du Christ, le chœur avec entrées
TWV 42 : g7; Zischet nur, stechet, ihr
feurigen Zungen, TWV 1 : 1732; Sonate Passion selon Saint Marc, TVWV 5 : 13 Thiele composa cette Passion selon fuguées du deuxième acte ainsi que le
pour hautbois, alto et basse continue en Veronika Winter, soprano; Anne Bierwirth, alto; Saint Mathieu en 1673, quelques années "Und es waren viel Weiber da" final qui
do mineur, TWV 42 : c; Ergeuß dich zur Georg Poplutz, ténor; Markus Flaig, basse; Ekke- après celle de son maître. Introduite par convoque l'intégralité des voix et instru-
hard Abele, basse; Rheinische Kantorei; Das Kleine
Salbung der schmachtenden Seele, TWV une brève Sinfonia, l’œuvre est conçue ments dans un céleste chant de grâce.
1 : 448; Beglückte Zeit, die uns des Wortes Konzert; Hermann Max, direction
comme un vaste récitatif entrecoupé Parcours sans faute du Wieser Renais-
Licht, TWV 1 : 118 CPO555347 • 2 CD CPO de quatre arias et de chœurs. Les voix sance qui possède une façon unique

P
Nicholas Spanos, contreténor; Pandolfis Consort armi les multiples Passions que solistes (Jésus et l’Évangéliste) sont ac- d'illustrer ce répertoire entre Renais-
GRAM99215 • 1 CD Gramola Telemann écrivit entre 1722 et 1767 compagnées d'une basse continue res- sance et Baroque. (Jérôme Angouillant)

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Alphabétique / Récitals
et les futures productions de Corelli et sa dimension historique, mais pour sa L'éclat des cérémonies entraîna une
Sélection ClicMag ! consorts, la sonate façon Vitali regorge valeur timbrale. Quant aux cordes, elles complexification de la polyphonie et
de surprises… difficile d’en rendre font songer au chromatisme des vien- conduisit à doubler les parties vocales
compte sans "spoiler" cette dimension nois d’avant 1914 : Vivaldi et Mahler se par des instruments (non mentionnés
de l’écoute ! Passé l’Allegro introduc- retrouvent ainsi associés ! Les inter- dans les partitions). Or le texte chanté
tif de la Sonata I, à la vraie ambiance prètes jouent des répétitions murmu- devait rester compréhensible. D'où un
de "sonata da chiesa", on ne cesse de rées, des pianissimi qui rythment une travail d'alchimiste pour transformer
s’étonner : qualité du dialogue des 2 époque (l’URSS de 1964) composée en miracle un défi. L'interprétation est
violons (partout, dont les échanges de silences et de souvenirs dissimulés. splendide : pureté, éclat, exaltation et
d’ornements de l’allegro 1, Sonata (Jean Dandrésy) exultation, solennité et poésie s'expri-
VI…), surgissement de danses éche- ment pleinement dans l'épanouisse-
velées (mouvement médian, Sonata V), ment d'une palette sonore exactement
Giovanni Battista Vitali (1632-1692) fins suspendues ou irrésolues (Sonate dosée. Un regret : le motet Benedicta es
Sonates pour 2 violons et basse continue, IV et V), jeux de timbres (formidable à 7 voix, un sommet de la polyphonie où
op. 2 Grave introductif de la Sonata III au les voix sonnent en même temps tout
Italico Splendore dialogue cordes pincées/cordes frottées en se mouvant indépendamment les
TC632203 • 1 CD Tactus avant que…), jeux d’intervalles et de unes des autres aurait dû être chantée a
dissonances (Grave de la Sonata VII). cappella, comme dans l'enregistrement

S omptueux ! La notice due à l’un


des interprètes le rappelle, la Bi-
bliothèque Ducale de la famille d’Este
Si le vocabulaire est limité (les gammes
descendantes, éventuellement chro-
de la Capilla Flamenca. La doublure
instrumentale nuit, dans cette pièce, à
matiques, des mouvements les plus l'étoffement progressif de la splendeur
regorge de partitions pour la plupart sombres), il est utilisé de façon très Adrian Willaert (?1490-1562) vocale. (Bertrand Abraham)
dormantes… Italico Splendore semble inventive et toujours au profit de l’ex- Quasi unus de paradisi; Te Deum Patrem;
donc s’être lancé dans un projet au long pression (pathétique Sonata VIII). Mais Giunto m'ha amor; Ave dulcissime Domine;
cours en décidant d’y fouiller. En atten- I begli occhi; Benedicta es; Amor fortuna /
pouvait-il en aller autrement d’un élève
C. de Rore : Beato mi direi; Tantum ergo;
dant, Tactus distille les enregistrements de l’étrange Cazzati ? Interprètes par- Ancor che col partire; Sub tuum praesidium
de leur "Projet Vitali" : après l’op. 14 faits et inspirés, prise de son au même / J. Buus : Recercar terzo; Recercar primo /
en février, voici les "sonate a due vio- niveau : immanquable... la concurrence P. Lupus : Panis quem ego dabo
lini" op. 2. Sorte de chaînon manquant (Cozzolino/Semperconsort) ne fait pas Cappella Marciana; La Pifarescha; Marco Gem-
entre la traditionnelle sonate d’église le poids. (Olivier Eterradossi) mani, direction
CON2117 • 1 CD Concerto
à un instrument soliste - violon, flûte
traversière ou hautbois aussi bien qu’au O n commence tout juste à prendre
toute la dimension de l’œuvre
de Weinberg qui puise à toutes les
L es échanges établis dès le XVe
siècle entre les Flandres et Venise
ont été cruciaux pour la culture euro-
JONNY
E. Schulhoff : Hot-Sonate / A. Busch :
clavecin seul. Il s’agit de six suites de
variations - que Telemann appelle "arie". sources d’un siècle brouillon et doulou- péenne. L'École flamande, rayonnante à Quintette pour saxophone alto et quatuor
reux : tonalité, atonalité, polytonalité, l'époque, a engendré l'École Vénitienne à cordes, op. 34 / A. Webern : Quatuor
Les thèmes sont en général lents et
pour saxophone, op. 22 / E. Krenek : Suite
expressifs (et même, une fois : Grave, exubérance, épure, musique pure et qui l'a influencée et nourrie en retour. "Jonny spielt auf" / P. Hindemith : Trio,
comme dans la Partita n° 4), tandis influences du folklore avec une place En musique, l'acteur de cette fusion fut op. 47 / K. Weill : Extraits de "L'Opéra de
que les variations, elles, sont vives et centrale de la culture juive qui n’est pas Adrian Willaert, qui, arrivé à Venise en quat'sous"
enjouées. Le Concerto en Si mineur simplement une inspiration, mais l’es- 1527, y resta jusqu'à sa mort. Nommé Asya Fateyeva, saxophone; Emma Yoon, violon;
ajouté à ces Partite est probablement sence même de son art. Weinberg subit maître de chapelle, il avait été précédé, Florian Donderer, violon; Yuko Hara, alto; Tanja
les drames de son temps et sa musique en 1491, par un autre Flamand, Fossis. Tetzlaff, violoncelle; Stepan Simonian, piano;
la transcription d’un concerto italien
exprime de manière unique les errances Le chœur de Saint Marc comptait déjà Shirley Brill, clarinette
contemporain (à moins que Telemann
se soit amusé à écrire un pasticcio). d’un homme qui se considérait comme plusieurs Flamands à la fin du XVe siècle 0301312BC • 1 CD Berlin Classics

A
L’interprétation offerte par le claveci- un grand témoin. Composée en 1946, la et Willaert forma de nombreux élèves. sya Fateyeva aborde le répertoire du
niste-organiste-fortepianiste Andrea Symphonie de chambre n° 2 est profon- Sont groupées ici des pièces du maître saxophone en Allemagne durant les
Coen est d’une excellente tenue : ne dément narrative. Il s’agit d’une déplo- et de ses continuateurs (J. Buus et C. de créatives années 1920. Le programme
se contenant pas de jouer seulement ration d’une grande beauté. L’écriture Rore). Motets et madrigaux alternent : présente différentes esthétiques de
le dessus et la basse écrites, il "réa- postromantique – mahlérienne dans jusqu'au concile de Trente la polyphonie cette bouillonnante époque notamment
lise" (à merveille d’ailleurs) selon les l’Adagio central – domine cette page profane était admise dans les églises. marquée par l'arrivée du jazz en Europe.
us et coutumes de l’époque l’harmonie qui se veut une déclamation pudique. Huit de ces pièces sont des créations L'agréable Hot-Sonate (1928) de Schul-
Ajoutant le clavecin, la Symphonie pour mondiales au disque. Willaert fut for- hoff arrangée ici avec quatuor à cordes
sous-entendue, celle de base étant plu-
cordes n° 7 convie l’auditeur à l’esprit tement influencé par l'architecture de comprend des éléments stylisés de
tôt réduite à sa plus simple expression.
du concerto grosso. Mais à ceci près, Saint Marc : les rythmes adoptés étaient cette musique de danse venue d'Outre-
L’instrument utilisé, copié par G. Fratini
que le clavecin n’est pas reconnu dans conçus en fonction de l’acoustique. Atlantique. Krenek avec la suite issue
à partir d’un clavecin allemand du châ-
teau de Charlottenburg est par ailleurs
bien enregistré (ni trop près, ni trop solution de l’empire des Habsbourg. thème de Mozart, tissées sur une struc-
loin). Et surtout la manière de jouer est Sélection ClicMag ! Dans l’effervescence des années vingt, ture atonale. Annika Treutler offre une
vivante à souhait. (Jean-Paul Lécot) le musicien tchèque se rapprocha des lecture aussi pudique que chargée de
compositeurs de la Seconde Ecole de questionnements puis incisive dans les
Vienne. Pris au piège de Prague occupée deux derniers mouvements. Inachevée,
en 1939, il fut interné au camp de Tere- la Sonate n°7 impose dans des traits
zin et il mourut à Auschwitz, en 1944. fulgurants et songeurs les miasmes de
Disciple de Schönberg, mais proche de Vienne ainsi que le pointillisme de Pro-
l’écriture de Zemlinsky, du dernier Mah-
kofiev. La partition date de 1944 (elle
ler et de Scriabine, Ullmann composa
fut orchestrée en 1989 et devint ainsi
son Concerto pour piano en 1939. Ra-
la Seconde symphonie posthume du
vel, pour le caractère éthéré, Prokofiev
Viktor Ullmann (1898-1944) pour la dimension dansante et ironique,
compositeur). Ullmann composa la So-
Concerto pour piano, op. 25; Sonates pour nate deux mois avant sa disparition. La
Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) mais aussi Weill et Bartók se croisent
piano n° 3 et 7 dans cette partition néoclassique. Anni- musique synthétise à la fois la culture
Symphonie n° 2 pour orchestre à cordes,
op. 30; Symphonie n° 7 pour orchestre à
Annika Treutler, piano; Rundfunk-Sinfonieorchester ka Treutler lui apporte une fraîcheur et viennoise (la marche du second mou-
Berlin; Stephan Frucht, direction vement est typiquement mahlérienne)
cordes et clavecin, op. 81 une jubilation rares. L’orchestre répond
Oskar Krawiecki, contrebasse; Dorota Frackowiak- 0301463BC • 2 CD Berlin Classics avec saveur à cette frénésie jubilatoire et l’expressionniste tchèque des années

V
Kapala, clavecin; Amadeus Chamber Orchestra of ictor Ullmann fit partie des derniers du rythme. Voilà une interprétation aus- trente. Interprétation de référence pour
Polish Radio; Anna Duczmal-Mroz, direction musiciens issus du postromantisme si narrative d’endiablée. La Troisième une œuvre déjà largement enregistrée.
DUX1631 • 1 CD DUX qui cherchèrent leur place dans la dis- Sonate (1940) joue de variations sur un (Jean Dandrésy)

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Récitals
de son opéra Jonny Spielt Auf (1927) les premiers 78 tours HMV et pioche Falla. Elle est encore plus étonnante
mettant en scène un violoniste de jazz Sélection ClicMag ! dans une partie des microsillons Pathé, dans Andaluza, joué plein d’éclabous-
noir-américain contient des rythmes omettant les neuf sonates de Beetho- sements, avec un panache certain, et
de tango et de shimmy. Les extraits de ven, trois pour le 78 tours, six pour le plus encore dans A Prolo do bebé dont
L'Opéra de quatre sous (1928) de Weill Long Playing, l’occasion d’un second Heitor Villa-Lobos lui dédia le second
mettent en avant la musique de cabaret. volume à venir ? L’année s’y prête. Je livre, où certains trouveront qu’elle cal-
Dans un autre genre, l’atonalité abs- n’avais pas oublié qu’elle fut la première cule trop son art, mais quel art lorsqu’il
traite et débridée irrigue le court qua- à enregistrer les Noches de Manuel de faut chanter avec le sentiment exact la
tuor (1928-30) de Webern quand une Falla, remplaçant au dernier moment grande ligne si nostalgique du 5e Cho-
modernité modérée et expressive carac- Riccardo Vines que Coppola avait en- ros, où trouver les chemins tortueux de
térise l'original Trio (1928) d’Hindemith. gagé mais qui s’était défaussé hélas. la Fantaisie de Chopin, l’une de ses plus
On découvrira l'intéressant Quintette Une légende tenace laisse entendre belles gravures. J'admire son Brahms
(1925) pour saxophone et quatuor à L'école française du piano, vol. 5 qu’elle aurait assuré le chef d’orchestre
très droit, joué grande école, sur ses
cordes de style post-romantique du ré- Œuvres de M. de Falla, J. Brahms, F. Liszt, et directeur artistique d’HMV France
Liszt drastiques (la Méphisto Valse
puté violoniste Adolphe Busch. L'agilité F. Chopin, H. Villa-Lobos connaitre l’œuvre sur le bout des doigts
cavale) ou étale (un Sospiro jouée sous
brillante et le timbre velouté et lumineux Aline van Barentzen, piano alors qu’elle n’en avait jamais ouvert
l’abat-jour), mais la Toccata de Pierre
de l'instrument apportent un exotisme APR6031 • 2 CD APR la partition. Difficile de le croire tant
son jeu semble naturel, très musical, Vellones, compositeur trop oublié sinon
peu commun à ce type de formation.
Ces esthétiques et leurs compositeurs,
tout comme le saxophone, furent E nfant prodige pour son malheur,
flanqué d’une mère abusive, douée
comme peu dans sa génération, Aline
s’enflammant même pour l’épisode
gitan de la Sierre de Cordoue, cam-
par ces pages pour le saxophone, est
un de ces petits bijoux espiègle que
Poulenc n’eut pas désavoué, et soudain
ensuite officiellement classés dans la brant la stupéfiante saeta comme une
"Musique dégénérée" par le régime nazi van Barentzen avait tout pour être une cantaora. Mais ce qui surprend le plus une grande qualité de Barentzen, trop
(en dehors d'Adolf Busch qui quittera des pianistes majeures de son temps. dans cette première discographique du peu illustrée dans ces rares enregis-
néanmoins l'Allemagne dès 1933). Un Comment expliquer qu’il nous reste si chef d’œuvre faussement impression- trements, parait : le charme, comme
intéressant programme élaboré par peu de témoignages de sont art ? Son niste de Falla c’est la qualité de la pré- venu d’un autre temps, le charme de
Asya Fateyeva qui fait preuve, une fois toucher limpide, de très haute école paration de l’orchestre. Quel dommage sa jeunesse où tout Paris s’enivrait
encore, d’une qualité de jeu remar- son admirable maintien pianistique lui tout de même que nous n’ayons pas eu avec Chaminade, révait avec Fauré, et
quable. (Laurent Mineau) auront offert une belle carrière des deux le piano versicolore de Vines qui avait dont ses disques témoignent si peu.
côtés de l’atlantique. APR regroupe été travaillé l’œuvre à Grenade avec (Jean-Charles Hoffelé)

/ K. Stamitz : Concerto pour piano en fa


majeur / G. B. Pergolesi : Concerto pour 2
pianos et orchestre à cordes / L. Kozeluch :
L e concerto pour instrument à clavier
et orchestre apparaît dans la pre-
mière moitié du XVIIIème siècle avec
Lucquois, celui de Cambini, installé à
Paris, assimile parfaitement l'idiome
des symphonies concertantes en fa-
Concerto pour 2 pianos et orchestre à Bach, Haendel, mais aussi Durante, Ga- veur en France dans les années 1780.
cordes / L. Boccherini : Concerto pour luppi, en Italie, et à Vienne, Monn (qui (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
piano en mi bémol majeur / C. A. Gambini :
décède en 1750 en laissant 7 concertos
Concerto pour piano en sol majeur, op. 15
pour clavecin et orchestre), ou Wagen-
n° 3 / N. Jommelli : Concerto pour piano
en sol majeur / J.C. Bach : Concerto pour
seil qui en compose 27... Si l'instrument
Concertos classiques pour piano le plus couramment utilisé est le clave-
piano en mi bémol majeur, op. 7 n° 5
M. Clementi : Concerto pour piano en
David Boldrini, piano; Elena Pinciaroli, piano;
cin, le premier concerto spécifiquement
do majeur / D. Cimarosa : Concerto pour conçu pour le nouveau pianoforte sera
Orchestra Rami Musicali; Filippo Conti, direction
piano en si bémol majeur / G. Paisiello : dû à l'anglais Philip Hayes en 1769, et
Concerto pour piano n° 2 en fa majeur BRIL95260 • 3 CD Brilliant Classics
Mozart jouera un de ses concertos sur
un clavecin à Prague en 1787 lors d'un

L eopold Godowsky, virtuose pres- concert public. Cette belle anthologie


Sélection ClicMag ! tidigitateur, qui osa escamoter les présente des concerti rares mais tous Once upon a time at the Walt
Etudes de Chopin dans son piano déjà enregistrés, sauf le plus ancien,
Disney Concert Hall
ventriloque, dévolu une grande part de attribué à Pergolèse, et celui de Jomelli
(un autre concerto pour piano du même J.-B. Robin : Improvisation on Fairy Tales
son activité de concertiste à défendre -The Hands of Time / P.I. Tchaikovski :
les pages pianistiques les plus impé- compositeur, en ré, a déjà connu les
Dance of the Sugar Plum Fairy, extrait
nétrables – pour la technique – de honneurs du disque, chez Tactus). de "Casse-Noisette" / J. Massenet : Les
l’âge d’or du post-romantisme. Son L'unique concerto pour clavecin et or- Mandores, extrait de "Cendrillon" / M.
charisme d’interprète, la générosité de chestre, en si bémol, du grand Durante, Duruflé : Suite, op. 5 / C. Debussy : Clair
sa personne, le placèrent au centre du sert de prototype à ceux de ses élèves et de lune, extrait de la "Suite bergamasque"
cercle des virtuoses de son temps et émules, Pergolèse, Paisiello (8 concer- / M. Dupré : Deuxième esquisse, op. 41 n°
tos pour piano), et Jomelli, aux Conser- 2 en si bémol mineur / F. Chopin : Prélude
lui valut l’amitié de compositeurs pour
vatoires de Naples, où Cimarosa a éga- n° 15, extrait de op. 28 / M. Ravel : Ma
Hommage à Godowski lesquels le piano était au centre de Mère l'Oye /
leur pensée musicale. C’est un portrait lement étudié puis enseigné, quelques
J. Hofmann : Charakterskizzen, op. 40 / F. Jean-Baptiste Robin, orgue [orgue Rosales Organ
par les autres, un portrait de l’artiste années après la disparition du maître
Blumenfeld : Etude pour la main gauche Builders, Walt Disney Concert Hall, Los Angeles]
Godowsky composé par les membres en 1755. Son concerto, également en
seule, op. 36 / E. von Sauer : Etude de BRIL96134 • 1 CD Brilliant Classics
concert n° 19 "Vision" / E. Pirani : Sche- de son cercle artistique, mais aussi si bémol, ajoute un récitatif directement
rzo-Etude, op. 67 / A. Chasins : Prélude
n° 14, op. 12 n° 1 / I. Friedman : Trois
par certaines pièces qu’il aimait jouer
(comme la Campanella de Liszt ember-
issu de l'opéra aux trois mouvements
habituels. Celui de Pergolèse confronte
deux pianos solistes, tandis que celui de
L e facteur d'orgue Manuel Rosales
s'est adapté à l'architecture excen-
trique du Walt Disney Concert Hall
klavierstücke, op. 33 / O. Gabrilowitsch : lificotée par Busoni) que compose avec
Etude pour la main gauche, op. 12 n° 2 une décontraction pianistique inouïe Kozeluch est le premier concerto pour de Los Angeles signée Frank Gehry
/ J. Holbrooke : Extraits de "Rhapsodie- Andrey Gugnin : piano fluide qu’anime piano à quatre mains, répertorié. Le pour y installer un instrument dont
Etudes", op. 42 [n° 4, La fantastique; n° 5, comme des ailes deux grandes mains concerto op. 7 n° 5 de Johann Chris- le design flamboyant, des gerbes de
Une nuit ténébreuse] / C. Sternberg : Etude voraces d’octaves, curieuses d’harmo- tian Bach respire lui aussi l'italianité, tuyaux courbes et multicolores, a tout
de concert n° 5 en fa majeur / T. Lesche- nies décadentes. Les "Charakterskizzen" bien que publié en 1770 à Londres, où l'air de sortir des studios Disney. Une
tizky : Trois morceaux, op. 48 [Prélude de Josef Hofmann qui ouvrent le disque Clementi crée son unique concerto en vingtaine d'années fut nécessaire entre
humoresque; Intermezzo scherzando; Etude sont emblématiques du récital où l’on ut en 1795, avant d'en faire une sonate sa conception et sa construction. En
héroïque] / T. Szántó : Troisième étude cueillera entre autres merveilles les la même année. Carl Stamitz, virtuose 2003 l'orgue connut finalement une
orientale / M. Moskowski : Melodia appas- "Drei Klavierstücke" d’Ignacy Friedman, du violon et de l'alto, ajoute une par- inauguration triomphale due princi-
sionata, op. 81 n° 6 / F. Liszt : Grande le 13e Prélude d’Abram Chassins, la tie de violon solo à l'Andante de son palement à son intégration parfaite
étude de Paganini en sol dièse mineur "La "Melodia appassionata" de Moskowski, unique et mélodieux concerto pour dans l'acoustique du lieu. L'histoire de
Campanella", S 141 piano, de même que Jomelli. Si celui de
tout un éden où le toucher le plus sen- l'orgue "Disney" se conjugue dans ce
Andrey Gugnin, piano suel tend vers un onirisme sonore mer- Boccherini, d'attribution douteuse, ne disque avec celle des récits féeriques,
CDA68310 • 1 CD Hyperion veilleux. (Jean-Charles Hoffelé) reflète rien du style habituel de l'illustre des dessins animés de notre enfance à

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Récitals
travers des transcriptions, des impro- part belle à Don Quichotte, dans une l’émouvant Ad te suspiramus). Le
visations et des œuvres du répertoires. Mancha revisitée simultanément par second compositeur, Pergolesi, n’est
L'organiste Jean-Baptiste Robin déploie Ibert et Ravel, on persuadera aisément plus à présenter : son Salve Regina,
tout son art d'apprenti sorcier à la fois les puristes qu’un certain exotisme sans atteindre au génie de son fameux
improvisateur et coloriste, pour faire distancié est déjà à l’œuvre dans ces Stabat Mater, est d’une grande pureté.
résonner les sonorités réellement bluf- compositions. Pour le reste, les autres
Le troisième auteur, plus méconnu,
fantes de l'instrument. Ainsi les deux étapes de ce florilège nous font voyager
en compagnie de Debussy et Duparc, Leonardo Leo, fut organiste puis maître
morceaux tirés du ballet Casse-Noisette
de Tchaïkovski et le Massenet (les man- et de grands poètes parmi lesquels de chapelle de la chapelle royale. On lui
dorles) rappellent assez logiquement Charles d’Orléans, Baudelaire, Verlaine. doit deux Salve Regina, le premier en Ut Pièces contemporaines pour
dans leur naïve grandiloquence l'uni- Il convient de ne pas oublier le piano mineur, est particulièrement expressif harpe celtique.
vers de Fantasia. De même pour le Clair fluide, à la fois tendre et énergique, de ; et le second, en Fa majeur, atteint un L. Scott : Elegy; Free Running; Blue Moon
de Lune qui devait à l'origine faire par- Thomas Wise qui assure à cette sym- sommet sur le mot lacrymarum accom- Rising; The First Flight of Spring; Gypsy
tie du film et dont Robin signe ici une pathique pérégrination son impulsion et pagné de violons à contretemps figu- Dance; Beyond the Horizon; CelestialSpi-
transcription raffinée. La Suite op. 5 de sa cadence. (Alain Monnier) rals; Crepuscule / D. Eisenga : For Mattia
rant les soupirs du pécheur. L’interpré-
Duruflé convient aussi très bien avec / M. Stadler : Away for a While / J. Cage :
tation est à la hauteur, que ce soit celle In a Landscape / J. Lennon : Across the
l'esthétique sonore de l'instrument et
de la soprano F. Napoletani au timbre Universe
Robin sait en tirer la nature intime grâce
agréable, ou du bel ensemble à cordes Lauren Scott, harpe celtique
à une registration appropriée plus sub-
tile que spectaculaire. Un parti-pris que dirigé par C. Corrieri. S’il n’est pas re- AVIE2417 • 1 CD AVIE Records
l'on retrouve avec un 15ème Prélude de commandé d’écouter ces quatre Salve
Chopin sublimé. Pour les extraits de Ma Regina d’affilée, les écouter isolément
Mère l'Oye, Robin s'inspire de la version procure l’extase. (Jean-Paul Lécot)
symphonique et met en valeur dans une
transcription ingénieuse les fonds et les
jeux d'anches. En bonus, une pièce ori- Salve Regina
ginale de l'organiste The Hands of Time
N.A. Porpora : Salve Regina en sol majeur
que l'auteur décrit ainsi : "Les mains de / G.B. Pergolesi : Salve Regina en sol
l'interprète sont appelées à évoquer des mineur / L. Leo : Salve Regina en do
sonorités circulaires représentant les mineur; Salve Regina en fa majeur
aiguilles d'un cadran ou le mouvement Federica Napoletani, soprano; Ensemble Concertos pour basson
des astres L'écoulement inexorable du Imaginaire [Gian Andrea Guerra, violon I; Paolo C.M. von Weber : Concerto pour basson,
temps a teinté mon imaginaire d'éner- Costanzo, violon II; Zeno Scattolin, alto; Nicola J 127 / M. Bitsch : Concertino pour basson
gie et de mort, de temps et de silence, Brovelli, violoncelle; Carlo Sgarro, contrebasse; et orchestre / A. jolivet : Concerto pour bas-
Gianluca Rovelli, orgue, clavecin]; Cristina Etudes faciles pour guitare, vol. 3 son et orchestre / B. Crusell : Concertino
de présent et de passé". Une confidence
Corrieri, direction O. Bellomo : Sliencios / A. Franco : Sette pour basson et orchestre
qui résume bien la teneur poétique de
l'album. (Jérôme Angouillant) BRIL96092 • 1 CD Brilliant Classics Aforismi / G. Biberian : Etudes pour Theo Plath, basson; Deutsche Radio Philharmonie;
Leo McFall, direction
D ans l’Italie du XVIIIe siècle, Vivaldi accords n° 17, 19, 32, 16, 21, 28, 32, 24,
n’est pas le seul à avoir composé de 26, 36 / O. Chassain : Brèves de pupitre GEN20683 • 1 CD Genuin

U
splendides Salve Regina : c’est ce que / F. Cavallone : Sei Canzoni Eibrache / U. n programme autour du basson ?
démontre le présent disque. Le premier Göran Ashslund : Suite n° 1 pour guitare / L’initiative du label Genuin est
des auteurs napolitains enregistrés ici, F. Margola : Otto pezzi facili per chitarra / propre à réjouir de nombreux mélo-
Nicola Porpora, tenta en vain d’obtenir I. Patachich : Gyermekdalok gitarra, vol. manes en valorisant cet instrument
la place de maître de chapelle de Saint- 2 / J. Absil : Pièces caractéristiques / F.
aux sonorités chaudes et graves, évo-
Rebay : Zehn kleine Lieder ohne Worte / A.
Marc de Venise. Très vivaldien d’esprit, catrices du grand père de "Pierre et le
Stingl : 12 Leichte Stücke, op. 15c
son Salve Regina débute magnifique- Loup". Désireux d’explorer un répertoire
ment sur une longue note tenue et se Cristiano Porqueddu, guitare concertant laissé en friche, le basso-
poursuit avec grâce (notamment dans BRIL95828 • 2 CD Brilliant Classics niste Théo Plath, accompagné par une
Mélodies françaises pour voix et
piano
C. Debussy : Trois mélodies de Paul Ver- ré mineur, Hob. XXII : 11; Responsoria cette compilation d'enregistrements
laine [I. La mer est plus belle; II. Le son Sélection ClicMag ! de Venerabili, Hob. XXIIIe; Ave Regina de Brahms, de Schubert et de Haydn
du cor; III. L'échelonnement des haies]; coelorum en la majeur, Hob. XXIIIb n° 3; réalisés dans les années 80. Les Haydn
Trois chansons de France [I. Rondel; II. La Les Sept dernières paroles du Christ en
(Ave Regina, Messe Nelson et Les Sept
grotte; III. Rondel ] / J. Ibert : Chansons Croix, Hob. XX
de Don Quichotte [Chanson du départ Dernières Paroles du Christ en Croix
Krisztina Laki, soprano; Inga Nielsen, soprano; Ria
de Don Quichotte; Chanson à Dulcinée; Bollen, alto; Heiner Hopfner, ténor; Günter Reich, (Version chorale)) sont stylistiquement
Chanson du Duc; Chanson de la mort de basse; Gabriele Schreckenbach, alto; Martyn Hill, irréprochables. Ils témoignent de l'im-
Don Quichotte] / M. Ravel : Don Quichotte ténor; Matthias Hölle, basse; Andreas Rothkopf, placable précision rythmique de la bat-
à Dulcinée [Chanson romanesque; Chanson piano; Württembergisches Kammerorchester tue du chef allemand, entraînant chaque
épique; Chanson à boire] / H. Duparc : Heilbronn; Kammerchor Stuttgart; Frieder Bernius, soliste (Nielsen, Laki, Bollen, Hopfner,
Mélodies [L'invitation au voyage; Sérénade direction
florentine; La Vague et la cloche; Extase; Reich inégaux) avec elle. Très émouvant
Phidylé; Le Manoir de Rosamonde; HC18100 • 4 CD Hänssler Classic Ave Regina magnifiquement incarné par
Œuvres chorales
C
Lamento; Testament; Chanson triste; 'est en 1968 que Frieder Bernius, la voix fragile et radieuse d'Inga Nielsen.
Elegie; Soupir; La Vie ] F. Schubert : Mirjam's Siegesgesang, op.
né en 1947, chef d'orchestre et de L' Hob XX est d'une introspection re-
posth. 136, D 942; Gott im Ungewitter, op.
Giorgos Kanaris, baryton; Thomas Wise, piano chœur, fonde son Kammerchor Stut- marquable. Bernius laisse respirer son
posth. 112,1, D 985; Psaume n° 23, op.
HC19068 • 1 CD Hänssler Classic posth. 132, D 706; An die Sonne "O Sonne, tgart, ensemble spécialisé dans l’inter- chœur et fait advenir le chant d'une fa-

N é en Grèce, formé en Allemagne, Königin der Welt", D 439; Totengesang der prétation documentée du répertoire çon naturelle et presque physiologique.
Frauen und Mädchen, op. 52,4, D 836; baroque. Depuis, il cumule disques et Les Schubert laissent eux plus d'initia-
Giorgos Kanaris rend ici un bel
Hymne an den Unendlichen, op. posth. tive aux chanteurs solistes. Si le timbre
hommage à la mélodie française. S’il récompenses internationales tout au
112,3, D 232; Gott der Weltschöpfer, op.
conserve bien entendu son accent, il posth. 112,2, D 986 / J. Brahms : Quatuors long d'une carrière exemplaire. Direc- pointu de Kristina Laki ne vaut pas
n’a pas de mal à convaincre, grâce à pour 4 voix et piano [Wechsellied zum teur de deux festivals à Stuttgart, il di- celui de Fassbaender dans Schubert,
l’expressivité dramatique avec laquelle il Tanze, op. 31,1; Neckereien, op. 31,2; rige régulièrement les orchestres Radio son dialogue avec le chœur est tout
interprète ces pièces, qu’il en comprend Der Gang zum Liebchen, op. 31,3; An die de Berlin. Même si ses compositeurs aussi vibrant que chez Sawallisch. Les
le sens tant explicite qu’implicite. Plus Heimat, op. 64,1; Der Abend, op. 64,2; de prédilection restent Schütz, Bach, pages à quatre voix et piano de Brahms,
Fragen, op. 64,2; O schöne Nacht, op.
que dans le cd Beethoven-Schubert Zelenka et Mendelssohn, son répertoire accompagnées par le piano inspiré de
92,1; Spätherbst, op. 92,2; Abenlied, op.
publié précédemment. Le livret fournit 92,3; Warum, op. 92,4; Sehnsucht, op. s'est étendu à la musique romantique et Andreas Rothkopf, offrent quant à elles
d’ailleurs tous les textes chantés. Mais, 112,1; Nächtens, op. 112,2] / J. Haydn : contemporaine. Le label Hänssler Clas- une belle plage chambriste de poésie.
puisque sept de ces romances font la Missa in Angustiis "Messe Nelson" en sics lui rend ici hommage en publiant (Jérôme Angouillant)

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Récitals
Deutsche Radio Philharmonie exem- livrent des partitions qui repoussent Reiko Ichise, viole de gambe; David Miller,
plaire a réuni quatre compositeurs pour les limites de l’instrument en termes théorbe; Julian Perkins, clavecin
la circonstance : deux issus de l’époque d’expressivité et de virtuosité. La belle CCS43020 • 1 CD Channel Classics
classique (Weber et Crusell) et deux souplesse de l’Orchestre Symphonique
de l’époque contemporaine (Jolivet et
Bitsch). Le concerto pour basson de
de la Radio de Vienne accompagne
l’étonnante prestation de Sharon Kam.
C e disque résulte d'une part de la ren-
contre fortuite d'un collectionneur
Carl Maria von Weber et le concertino Elle possède le sens du théâtre, de la de flûtes historiques (plus de 600), et
de Bernhard Henrik Crusell sont deux mise en scène des couleurs, dominant de A. Solomon, flûtiste de renommée
œuvres de facture classique, particu- les sauts d’octaves les plus périlleux. internationale, directeur — notamment
lièrement joyeuses, qui déploient un La très belle sonorité de sa clarinette — de l'ensemble Florilegium, ô com- Concertos pour trompette du 18e
dernier mouvement alerte et mélodique. s’adapte au tempérament lyrique et bien réputé, D'autre part d'une sous- siècle
Le chef Léo Mac Flatt les dirige d’un italien du mouvement lent du concerto cription, allant de pair avec un projet J.W. Stamitz : Concerto en ré majeur pour
geste précis, clair, soignant leurs articu- de Weber. La variété des timbres, la cohérent, méticuleusement défini sur trompette, cordes et basse continue / J.M.
lations rythmiques. Avec Marcel Bitsch finesse des attaques dans le finale sont internet. Les œuvres ont été choisies Sperger : Concerto n° 1 en ré majeur pour
et André Jolivet, changement de climat. étourdissantes. Figure emblématique en fonction des 9 flûtes élues dans la trompette, 2 cors, 2 hautbois, cordes et
La dimension méditative du concertino et un peu négligée de la musique polo- basse continue; Concerto n° 2 en ré majeur
collection. Les photos d'instruments pour trompette, 2 cors, 2 hautbois, cordes
de Bitsch transporte l’auditeur dans un naise, Kurpinski composa une vingtaine
s'accompagnent sur le livret d'un éclai- et basse continue / J. Riepel : Sinfonie en
univers de poésie élégiaque. Le concer- d’opéras, fut ami de Chopin et travailla
rant commentaire. Il peut s'agir de faire do majeur pour 3 trompettes, 2 hautbois,
to pour basson, orchestre à cordes et à Paris. La longue introduction de son cordes et basse continue / J.G. Lang :
parler l'instrument (de facture française
harpe de Jolivet développe d’amples concerto en un mouvement évoque, Concerto en ré majeur pour trompette,
courbes mélodiques ; les douces at- en effet, les atmosphères sonores ou allemande) au plus près du type de cordes et basse continue / J. Otto Uhde :
taques dans le grave suggèrent un sen- de son compatriote. Plus encore que musique qu'il a ou aurait pu servir à Concerto en mi bémol majeur pour trom-
timent sensuel d’abandon et de désir. chez Weber, l’esprit du théâtre y est l'époque. Mais, au-delà, cette sélection pette, 2 cors, 2 hautbois, cordes et basse
omniprésent. Sharon Kam enivre par la présente des aspects surprenants et pa- continue
Dans ce programme éclectique, origi-
vélocité de son jeu, la richesse des cou- radoxaux, qui s'avèrent fort ingénieux. Krisztian Kovats, trompette; L'arpa festante; Chris-
nal, servi par une qualité de son super-
tophe Hesse, direction; Rien Voskuilen, direction
lative, le basson est remis à l’honneur leurs qu’elle obtient d’une œuvre remar- Si par exemple les pièces de Hotteterre
et ce n’est que justice. (Jacques Potard) quable pour la partie soliste, mais assez ne sont pas les plus riches de ce com- CPO555144 • 1 CD CPO
peu personnelle pour ce qui concerne
l’écriture orchestrale. Le suédois Crusell
vécut également à Paris. Son œuvre de
positeur, elles illustrent bien l'aspect
didactique de son œuvre et sa concep- " Les mystères", aurait dû titrer l’éditeur
plutôt que "le mystère". Les œuvres,
tout d’abord, puisque trois des six
tion de l'ornementation, qui importe au
style plus germanique – assez proche enregistrées ici sont d’attribution incer-
plus haut point dans l'histoire de l'écri-
de celle de Weber – réserve de superbes taine : le concerto de Stamitz par déduc-
ture pour flûte. Et c'est Barrière, juste
mélodies, notamment dans l’emprunt tion, le Lang par supposition, quant au
d’un air d’"Orphée et Eurydice" de après, qui "évoque", en quelque sorte Otto ce serait la seule œuvre de ce com-
Gluck. Une fois encore, Sharon Kam et par affinité, les pages plus étoffées de positeur (on connaît bien un Johann
l’orchestre dirigé par Gregor Bühl sont Hotteterre qu'on attendrait, alors que Otto, mais de 200 ans antérieur) ! La
impeccables. (Jean Dandrésy) ce Barrière a très peu composé pour la trompette, ensuite… Conçue à l’occa-
flûte, mais était violoncelliste — d'où le sion de cet enregistrement elle ferait
Sharon Kam
raffinement du dialogue flûte/viole de enrager Jean-François Madeuf : copie
C.M. von Weber : Concerto pour clarinette
gambe, dans sa sonate — bien au-delà d’un instrument en Ré vraiment natu-
et orchestre n° 2 en mi bémol majeur, op.
74 / K.K. Kurpinski : Concerto pour clari- du rapport soliste/b.c. Plus encore : rel dû à Johann Leonhard Ehe III, mais
nette et orchestre en si bémol majeur / B. l'œuvre de Bach enregistrée ici n'existe doté par le facteur suisse Rainer Egger
Henrik Crusell : Concerto pour clarinette et tout simplement pas ! Mais cette trans- de 4 trous pour en domestiquer l’into-
orchestre n° 1 en mi bémol majeur, op. 1 nation… Pourtant c’est justement la
cription du BWV 525 écrit pour orgue,
Sharon Kam, clarinette; ORF Vienna Radio Sym- qualité de celle-ci, mais aussi la maîtrise
s'avère idéal pour le trio "flûte (histo-
phony Orchestra; Gregor Bühl, direction des intervalles acrobatiques et sauts de
rique  !)/clavecin obligé/viole". Lumi- registres, la réalisation de notes impos-
C995201 • 1 CD Orfeo
neux, évident de vérité : il s'imposait ! sibles, et le graal des extrêmes aigus
C es trois œuvres composées entre
1811 et 1823 témoignent de l’en-
gouement extraordinaire pour la clari-
Musique baroque pour flûte
J. Morel : Chaconne en trio / J.S. Bach :
Sonate en trio pour orgue en sol majeur,
Les interprètes prolongent là une pra-
tique répandue au XVIIIe, et l’on assiste
qui faisaient à l’époque la renommée
des stars de l’instrument dont on atten-
BWV 525 / J.-M. Leclair : Sonate n° 5 en
ainsi à une révélation littéralement ren- dait les Ré6 et Mi6 comme aujourd’hui
nette au début du 19e siècle. Grâce à
sol majeur, op. 1 / J. Hotteterre : Orna- versante. Très belle interprétation de les contre-ut du ténor à l’opéra ! Ceci
l’évolution de la facture instrumentale,
mented Airs and Brunettes / J.-B. Barrière : Telemann aussi. Un disque prodigieu- dit voilà bien une musique agréable et
les compositeurs mirent en valeur un
Sonate a tre n° 2 en ré mineur / G. P. sement intelligent, d'une rigueur qui virtuose si on excepte la relative mono-
instrument qui appartenait, jusqu’à cette Telemann : Fantaisie pour flûte seul n° 8 en
se moque supérieurement, mais avec tonie mélodique due au peu de notes
époque, aux pupitres de l’orchestre. A la mi mineur, TWV 40 : 9; Sonate n° 3 en mi
quel art et quelle science, de la rigueur. réalisables sur ces instruments. Et évi-
suite de Mozart, fasciné à la fin de sa vie mineur, TWV 41 : e2 / P. Locatelli : Sonate
dement Krisztiàn Kovàcs s’y montre à la
par la clarinette, les trois compositeurs en do majeur op. 2 n° 1 (Bertrand Abraham)
hauteur de sa réputation : articulation
impressionnante, rapidité des triolets et
SU4276 • 1 CD Supraphon marqué par l’esthétique avant-gardistes ornements, mise en valeur des sonori-
Sélection ClicMag ! tés très riches et soyeuses de l’instru-
Q uelle belle idée eu Jitka Hosprova des années soixante, comme un fabu-
leux retour du futur vers le passé, Jitka ment... Premier enregistrement sur ins-
de créer en présence de Jindrich
Hosprova le chantant ample, profond, trument naturel pour toutes les œuvres
Feld son Concertino pour flûte, alto et
abrasant les cordes dans l’Allegro con sauf le Stamitz : à condition d’oublier
harpe. Le compositeur lui demanda
spirito. Hors de son temps, et même l’habituelle trompette piccolo vous ne
sans barguigner s’il elle ne voulait pas
assez proche par l’esprit, les couleurs, serez pas déçus ! (Olivier Eterradossi)
mettre son répertoire le Concerto pour
alto qu’il avait écrit pour Raphael Oleg des "Fresques de Pierro della Frances-
en 2004 dans un but précis : faire per- ca" de Bohuslav Martinu, les "Visions
durer l’esprit que Bartók avait mis dans of Michelangelo" d’Oldrich Flosman,
son propre Concerto pour Primrose. une seule grande coulée méditative,
L’altiste s’appropria illico ces deux dévoilent une lyrique subtile, où le dia-
Concertos pour alto logue intime de l’orchestre et de l’alto
grands nocturnes beaux comme des
J. Feld : Concerto pour alto et orchestre crée une atmosphère méditative que
abstractions lyriques qui encadrent un
/ O. Flosman : Visions of Michelangelo,
scherzo ironique et fusant où s’insère l’on retrouve portée à son acmé dans
pour alto et orchestre / S. Bodorová :
Plankty, Musique pour alto et orchestre une cadence douloureuse. L’œuvre est les moirures mystérieuse du Plantky
symphonique magnifique de lyrisme, intense, mys- de Sylvie Bodorova, Stabat Mater sans
Jitka Hosprova, alto; Prague Radio Symphony térieuse, un des tout grands concertos voix d’une bouleversante intimité. Johannes Brahms (1833-1897)
Orchestra; Jan Kucera, direction; Thomas Brauner pour alto des temps modernes encore (Jean-Charles Hoffelé) Un Requiem Allemand, op. 45

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DVD et Blu-ray
Valentina Farcas, soprano; Matthias Goerne, CM752808 • 2 DVD C Major portés avec superbe par Erwin Schrott
baryton; State Choir Latvija; The Deutsche Kam- Sélection ClicMag ! CM752904 • 1 BLU-RAY C Major qui mortifie son chant jusqu’au mal-
merphilharmonie Bremen; Paavo Järvi, direction
canto (j’en connais qui vont regretter
CM753208 • 1 DVD C Major
CM753304 • 1 BLU-RAY C Major
U ne maison de poupée à la grandeur
de la scène, les pièces en coupe,
décor unique pour tous les contes. Très
van Dam, moi itou) pour le faire plus
satanique encore (quel Docteur Miracle

B rahms dirigea la première du Re- vite, on comprend que cette maison effarant), l’Antonia toute voile dehors
quiem allemand le 10 avril 1868 dans imaginaire est toute entière enclose d’Ermonela Jaho, merveille absolue
le chœur de la Cathédrale de Brême, dans l’imaginaire d’Hoffman, que tous qui ne surveille pourtant pas assez son
manquait alors "Wie lieblich sind deine ses personnages et ses actions sont français, la Giulietta dangereuse de
Wohnungen" qu’il ajoutera pour la créa- le fruit de ses délires, son cerveau à Christine Rice, l’Olympia détraquée de
tion au Gewandhaus de Leipzig une an- partition ouverte, idée assez géniale qui Nina Minasyan, et la Muse si inspirée
née plus tard. Cent cinquante ans plus Jacques Offenbach (1819-1880) fait du poète non pas l’objet de l’opéra d’Irène Roberts, chant modeste, timbre
tard, Paavo Järvi redonne l’œuvre in mais l’opéra lui-même. Cela aurait pu bienveillant), dans les silhouettes le
Les Contes d'Hoffmann, opéra en 5 actes
situ, comment l’émotion pourrait-elle ne s’épuiser au cours des actes, j’aurai Schlémil de luxe de François Lis, le
Nina Minasyan (Olympia); Ermonela Jaho
pas être au rendez-vous ? Le stupéfiant pu regretter Venise, la taverne, l’atelier
(Antonia); Christine Rice (Giulietta); Irene Roberts Luther et le Crespel de Paul Gay, le Spa-
travaille effectué sur les symphonies (La Muse); John Osborn (Hoffmann); Eva Kroon de bricoleur de Spalanzani, mais non,
lanzani de Rodolphe Briand, l’impayable
avec la Deutsche Kammerphilharmonie (La Voix de la Tombe); Erwin Schrott (Lindorf, Tobias Kratzer réussi son pari, tout le
Sunnyboy Dladla en valets, tous nous
Bremen porte ses fruits, il sculpte en Coppélius, Miracle, Dapertutto); Rodophe Briand monde habillé comme aujourd’hui pour
(Spalanzani); Paul Gay (Luther, Crespel); François une histoire immortelle. Le noir et blanc font un saisissante soirée cravachée
lumière les écritures archaïsantes dont
Lis (Peter Schlémil); Sunnyboy Dladla (Andrès, ambiant, les éclairages stupéfiants, le par la baguette expressionniste de Carlo
Brahms a sous tendu la vaste arche de
Cochenille, Frantz, Pitichinaccio); Chorus of Rizzi qui sait évoquer par instants l’es-
son Requiem, lui donnant un flamboie- jeu si réaliste, tout vous tient en haleine,
Dutch National Opera; Ching-Lien Wu, direction; prit de l’opéra comique comme autant
ment dramatique pas entendu depuis le Rotterdam Philharmonic Orchestra; Carlo
aidé par une captation habile. Et quelle
disque génial de Rudolf Kempe à Ber- Rizzi, direction; Tobias Kratzer, mise en scène; distribution !, John Osborne dardant de regrets d’un paradis perdu. Contes
lin. Il faut dire qu’il dispose d’un chœur Rainer Sellmaier, scénographie, costumes; Bernd les aigus de son Hoffmann ivre, déchu singulier, qu’il ne faut pas manquer !
extraordinaire, les voix du Chœur d’état Purkrabek, lumières et magnifique à la fois, le rôles noirs (Jean-Charles Hoffelé)
de Lituanie faisant rugir ou envolant
les épisodes bibliques qui donnent à
Toten" peut résonner, dans cette claire Uncle Leopold); Minju Kang (Victoire); Matthew
l’œuvre son ton prophétique, si bien lumière du grand nord, orchestre et voix Topliss (Conroy); Northern Ballet; Cathy Marston,
qu’ainsi on tient une version composée mêlant leurs horizons, euphonie d’air et chorégraphie, mise en scène, scénario; Steffen
à égalité entre Valdis Tomsons et Paavo d’eau irréelle. (Jean-Charles Hoffelé)
Järvi, d’une cohérence implacable, où le Aarfing, costumes, scénographie; Alastair West,
verbe anime autant de tableaux vivants : lumière; Northern Ballet Sinfonia; Jonathan Lo,
écoutez comme la fugue conclusive de direction; Ross MacGibbon, réalisation
la troisième section danse, rappelant OA1299D • 1 DVD Opus Arte
les élans choraux de la Passion selon
St Jean ! Sur tout cette lumière han- OABD7264D • 1 BLU-RAY Opus Arte
Max Richter (1966-)

L
séatique, Valentina Farcas ploie dans a famille royale britannique est un Woolf Works, ballet en 3 actes sur une
son timbre de pêche la longue phrase sujet d’intérêt pour les tabloïds musique de Max Richter
d ’ "Ihr habt nur Traurigkeit" (le souvenir
anglais. Elle l’est aussi pour certains Anush Hovhannisyan, soprano; Gillian Anderson,
d’Elisabeth Grümmer y passe, à croire récitante; The Royal Ballet; Orchestre du Royal
qu’elle l’a appris en l’entendant, c’en est chorégraphes. Cathy Marson qui di-
Opera House; Koen Kessels, direction; Wayne
troublant, quelle belle voix !), Matthias
Cathy Marston rige le Northern Ballet, a puisé dans la McGregor, chorégraphie
Goerne soupèse son "Herr, lehre doch Victoria, ballet en 2 actes [Musique de
biographie de la reine Victoria et ses OA1282D • 1 DVD Opus Arte
Philip Feeney]
mich", douloureux jusque dans l’espoir, longues années de règne un matériau OABD7247D • 1 BLU-RAY Opus Arte
Abigail Prudames (Victoria); Joseph Taylor
renouvelant la puissance suggestive

R
(Albert); Pippa Moore (Older Princess Beatrice); littéraire à partir duquel elle tisse, à éputé pour l’énergie et la fluidité de
de ses interventions dans le disque de Miki Akuta (Young Princess Beatrice); Mlindi
Daniel Harding, embrasant le chœur partir de son langage théâtral et dansé, ses chorégraphies, W. Mc Gregor,
Kulashe (John Brown); Sean Bates (Liko);
dans "Den wir haben hie keine bleibende Filippo Di Vilio (Benjamin Disraeli); Riku Ito (Lord les grands épisodes de la vie de la sou- signe avec ce nouveau spectacle au
Statt". Le cosmos de "Selig sind die Melbourne); Gavin McCaig (William Gladstone, fort contenu évocateur, une création qui
veraine. L’apprentissage du pouvoir, scelle la rencontre entre la danse et la
les relations amoureuses, les intrigues littérature contemporaine. Mc Gregor
et fragile pourtant. Un moment j’ai cru politiques constituent les étapes clés a choisi pour argument trois romans
Sélection ClicMag ! qu’Ileana Cotrubas revenait mais non, de l’argument scénique où se mêlent de Virginia Woolf, écrits entre 1925
c’était une jeune soprano albanaise et 1931 : Mrs Dalloway, Orlando, Les
habilement passé et présent. Dans le
qui se brulait ainsi. Depuis la Violetta Vagues. Le premier tableau qui s’intitule
Valéry d’Ermonela Jaho s’est imposée décor épuré de la bibliothèque royale, "I now, I then", dégage une impression
sur toutes les scènes lyriques, faisant Béatrice, sa plus jeune fille parcourt son élégiaque entre les deux personnages
jeu égal avec celle de Patrizia Ciofi, les journal intime. Les sentiments d’exal- principaux du roman : Clarissa et Sep-
années passant sa voix n’a rien perdu, timus. Dans le deuxième volet, "Beco-
tation et de tristesse de la princesse
ni son timbre singulier avec cet aigu mings", le spectateur est invité à un
qui file et fait songer à celui de Magda rythment son récit pudique dont l’inter- voyage dans le temps, de l’ère élisa-
Olivero, ni l’ardeur de ses morts tran- prétation est confiée à deux danseuses. béthaine au XXe siècle. Les costumes
chants, ni ses registres si contrastés Miki Akuta, et Pippa Moore alternent les de scène sont splendides ; toutefois, la
Giuseppe Verdi (1813-1901) qui tiennent tous dans une même voix chorégraphie cède trop facilement au
rôles de Béatrice jeune et âgée. La grâce
La Traviata, opéra en 3 actes à la technique purement belcantiste. registre athlétique, sur un fond de décor
Ermonela Jaho (Violetta Valéry); Charles Castro- Quel bonheur de la voir dans la produc- juvénile et l’élégance de la première, traversé de faisceaux lumineux. Le troi-
novo (Alfredo Germont); Placido Domingo (Giorgio tion sans égarements de Richard Eyre la sobriété du jeu et la gestuelle de la sième tableau de la soirée, Tuesday, est
Germont); Pamela Helen Stephen (Annina); Doctor pour Covent Garden saisie au sommet de loin le plus abouti. Mc Gregor par-
seconde donnent à ce ballet le juste
Grenvil (Simon Shibambu); Orchestra & Chorus
de ses moyens face à l’Alfredo si bien climat de retenu. Toute démonstration vient, par les mouvements gracieux et
of the Royal Opera House; Antonello Manacorda,
direction; Richard Eyre, mise en scène chantant de Charles Castronuovo, où au suggestifs de ses danseurs, à traduire
terrible Germont de Placido Domingo, de performance chorégraphique appa- l’impressionnisme musical maritime de
OA1292D • 1 DVD Opus Arte raîtrait d’ailleurs comme un contresens.
implacable et pourtant compatissant. la partition de Max Richter. Les mouve-
OABD7260D • 1 BLU-RAY Opus Arte La troupe est parfaite, le spectacle La musique de Philip Feeney développe ments continus des vagues rythment

O péra de Lille, voici bien quinze ans,


une production peu engageante de
Traviata m’invitait plutôt à regarder le
itou, emmenés par la baguette stylée
d’Antonio Pappano, une des meilleures
Traviata parmi celles, inutilement nom-
un style et des tonalités accessibles.
Cette simple alchimie a le mérite de
les enchaînements des corps enlacés.
Alessandra Ferri et Frederico Bonelli qui
tiennent les premiers rôles de ce dernier
plafond, mais soudain la voix de Violetta breuses, que le DVD nous a documen- fonctionner. Pourquoi demander plus ? tableau sont à saluer pour leur magni-
vint me saisir, longue, timbrée, héroïque tées. (Jean-Charles Hoffelé) (Jacques Potard) fique prestation. (Jacques Potard)

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Sélection Brilliant

Wilhelm Friedemann J.S. Bach : C.P.E. Bach : Intégrale des varia- C.P.E. Bach : Musique de chambre Beethoven, Franck : Sonates pour Heinrich Ignaz von Biber : Intégrale Luigi Boccherini : Arie Accademiche
Intégrale de l'œuvre pour clavecin tions pour clavier pour clarinette violoncelle et piano des sonates pour violon pour soprano et orchestre
Claudio Astronio, clavecin, orgue Andrea Coen, piano-forte Lugi Magsitrelli, clarinette; Italian Roberto Trainini, violoncelle; Cristiano Ensemble Violini Capricciosi Sandra Pastrana; Orchestre Luigi Bocche-
Classical Consort Burato, piano rini; GianPaolo Mazzoli
BRIL94240 - 6 CD Brilliant BRIL95305 - 2 CD Brilliant BRIL95307 - 1 CD Brilliant BRIL95191 - 1 CD Brilliant BRIL95291 - 5 CD Brilliant BRIL95280 - 1 CD Brilliant

Luigi Boccherini : Quatuor à cordes, Claude Bolling  : Concerto pour B. Britten : War Requiem, op. 66 Francesco Cilea : Intégrale de Guido Alberto Fano  : Sonate et Johann Joseph Fux : Intégrale de
G 214; Stabat Mater, G 532 guitare classique et trio de jazz Lövaas; Roden; Adam; Dresdner Philhar- l'œuvre pour piano Fantasies pour piano l'œuvre pour clavecin
F. Boncompagni, soprano; Ensemble avec piano monie; Herbert Kegel Pier Paolo Vincenzi; Marco Gaggini Pietro De Maria, piano Filippo Emanuele Ravizza, clavecin
Symposium Claude Quartet
BRIL95356 - 1 CD Brilliant BRIL95227 - 1 CD Brilliant BRIL95354 - 2 CD Brilliant BRIL95318 - 2 CD Brilliant BRIL95353 - 1 CD Brilliant BRIL95189 - 2 CD Brilliant

Giovanni Gabrieli : Intégrale de Reinhold Glière  : 25 préludes, op. Hans Werner Henze : Intégrale de Philippe Hersant : Musique de Dimitri Kabalevski  : Sonate pour Gaspard Le Roux : Intégrale de
l'œuvre pour clavier. 30; Romance, op. 16 n° 2; Kinders- l'œuvre pour guitare seule chambre pour basson piano n° 3, op. 46; 24 Préludes, l'œuvre pour clavecin
Roberto Loreggian, orgue, clavecin tücke, op. 31 Andrea Dieci, guitare A. Bressan, basson; M. Paladin, alto; op. 38 Pieter-Jan Belder, clavecin; Siebe Henstra,
Gialunca Imperato, piano Ensemble Ex Novo; Francesco Erle Pietro Bonfilio, piano clavecin
BRIL95345 - 3 CD Brilliant BRIL95296 - 1 CD Brilliant BRIL95186 - 1 CD Brilliant BRIL95211 - 1 CD Brilliant BRIL95256 - 1 CD Brilliant BRIL95245 - 2 CD Brilliant

Tarquino Merula : Musique sacrée G. Meyerbeer : Airs d'opéras C. Monteverdi : Vespro della Beata Leo Ornstein : Intégrale des sonates F. Ries : Grandes Sonates pour Giovanni Salvatore  : Messes pour
Mélanie Remaud, soprano; Ensemble Thébault; Pruvot; OP de Sofia; Didier Vergine, SV 206-206 bis pour violon violoncelle, op. 20, 21 et 125 orgue
Il Demetrio; Maurizio Schiavo, violon, Talpain Ensemble San Felice; Ensemble de cuivre F. Parrino, violon; S. Parrino, flûte; M. Gaetano Nasillo, violoncelle; Alessandro Federico Del Sordo, orgue; Nova Schoila
direction La Pifaresca; Federico Bardazzi Renier, piano Commellato, pianoforte Gregoriana; In dulci Jubilo; Alberto Turco
BRIL95270 - 1 CD Brilliant BRIL94732 - 1 CD Brilliant BRIL95188 - 2 CD Brilliant BRIL95079 - 1 CD Brilliant BRIL95206 - 1 CD Brilliant BRIL95146 - 1 CD Brilliant

Henri Sauget : Pièces pour guitare, R. Schumann : Quatuors à cordes, R. Schumann : Le Paradis et la Péri, Padre Antonio Soler : Six concertos A. Stradella : San Giovanni Crisos- Strauss, Thuille : Sonates pour
flûte et violoncelle op. 41 n° 1-3; Trios piano n° 1-3; oratorio profane en 3 parties pour 2 clavecins tomo, oratorio en 2 parties violoncelle
A. Baschiera, guitare; F. Lotti, flûte; N. Fantasiestücke, op. 88 Hajóssyová; Schiml; Büchner; OS de la Agustín Álvarez, clavecin; Eusebio Cassinari; Dolcini; Tosi; Harmonices Andrea Favalessa, violoncelle; Maria
Boscaro, violoncelle Matteo Fossi, piano; Quatuor Savinio radio de Leipzig; Wolf-Dieter Hauschild Fernández-Villacañas, clavecin Mundi; Claudio Astronio, clavecin Semeraro, piano
BRIL95168 - 1 CD Brilliant BRIL95041 - 3 CD Brilliant BRIL95306 - 2 CD Brilliant BRIL95327 - 1 CD Brilliant BRIL94847 - 1 CD Brilliant BRIL95238 - 1 CD Brilliant

La guitare russe, 1800-1850. Alexandre Tansman : L'œuvre pour G.P. Telemann : Intégrale des suites G.P. Telemann : Les doubles concer- Juan Vasquez : Soledad tengo de ti, C-M. von Weber : Intégrale des
Glinka, Sarenko, Alexandrov, guitare seule et concertos pour flûte à bec tos pour flûte à bec œuvres vocales mélodies pour voix et guitare
Vysotsky… Cristiano Polli Cappelli, guitare; Andrea Erik Bosgraaf, flûte à bec; Ensemble Ensemble Cordevento; Erik Bosgraaf, flûte Ensemble Vandalia Cigna; Sebastiani; Paffi; Bonaca; Cho-
O. Timofeyev, J. Schneiderman Pace, guitare Cordevento à bec, direction rHang Lau; Leonardi
BRIL95405 - 7 CD Brilliant BRIL95221 - 2 CD Brilliant BRIL95248 - 1 CD Brilliant BRIL95249 - 1 CD Brilliant BRIL95316 - 1 CD Brilliant BRIL95323 - 1 CD Brilliant

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Telemann : Cantates et sonates. Pandolfis Consort, Sp... GRAM99215 13,92 € p. 12 r Casken : Concerto pour violoncelle NMCD086 13,20 € p. 2 r
Telemann : Passion selon St. Marc, 1759. Winter, Bier... CPO555347 26,88 € p. 12 r Finnissy : Mars + Venus NMCD043 13,20 € p. 2 r
Telemann : Die Kleine Kammermusik. Coen. BRIL95683 6,72 € p. 12 r Goehr : Œuvres orchestrales NMCD095 25,44 € p. 2 r
Johann Theile : Passion selon St. Matthieu. Weser-Ren... CPO555285 15,36 € p. 12 r Harrison : An Unexpected Light. Katkus. NMCD125 13,20 € p. 2 r
Ernst Toch : Intégrale des quatuors à cordes. Quatuor... CPO555351 28,32 € p. 12 r Harvey : Body Mandala. Volkov. NMCD141 13,20 € p. 2 r
Viktor Ullmann : Concerto pour piano et œuvres pour p... 0301463BC 21,12 € p. 13 r Holloway : Concerto pour orchestre n° 2 NMCD015 11,04 € p. 2 r
Giovanni Batista Vitali : Sonates pour 2 violons, op.... TC632203 12,48 € p. 13 r Lutyens : Musique de chambre NMCD124 13,20 € p. 2 r

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Bon de commande n° 82 / Mai 2020
MacRae : Concerto pour violon NMCD115 13,20 € p. 2 r Philippe Hersant : Musique de chambre pour basson. Br... BRIL95211 6,72 € p. 18 r
Matthews : Concerto pour violoncelle… NMCD101 25,44 € p. 2 r Kabalevski : Œuvres pour piano. Bonfilio. BRIL95256 6,72 € p. 18 r
Matthews D. : Cantiga - Symphonie n° 4 NMCD084 13,20 € p. 2 r Gaspard Le Roux : Intégrale de l'œuvre pour clavecin.... BRIL95245 8,16 € p. 18 r
Musgrave : Turbulent Landscapes. Vanska, Belohlavek. NMCD153 13,20 € p. 2 r Tarquino Merula : Musique sacrée. Ensemble Il Demetri... BRIL95270 6,72 € p. 18 r
Roxburgh : Saturn NMCD119 13,20 € p. 2 r Meyerbeer en France : Airs d'opéras. Thébault, Pruvot... BRIL94732 6,72 € p. 18 r
Sackman : Hawthorn NMCD027 11,04 € p. 2 r Monteverdi : Vespro della beata Vergine. Bardazzi. BRIL95188 8,16 € p. 18 r
Skempton : Ben Somewhen. Exaudi, Weeks. NMCD135 13,20 € p. 2 r Leo Ornstein : Intégrale des sonates pour violon. F. ... BRIL95079 6,72 € p. 18 r
Weir : Concerto pour piano NMCD090 25,44 € p. 2 r Ferdinand Ries : Sonates pour violoncelle. Nasillo, C... BRIL95206 6,72 € p. 18 r
Sélection Brilliant Classics Giovanni Salvatore : Messes pour orgue. Del Sordo, Tu... BRIL95146 6,72 € p. 18 r
W.F. Bach : Intégrale de l'œuvre pour clavecin. Astro... BRIL94240 19,68 € p. 18 r Henri Sauguet : L'œuvre pour guitare. Baschiera. BRIL95168 6,72 € p. 18 r
C.P.E. Bach : Intégrale des variations pour clavier. ... BRIL95305 8,16 € p. 18 r Schumann : Musique de chambre. Fossi, Quatuor Savinio. BRIL95041 9,60 € p. 18 r
C.P.E. Bach : Musique de chambre pour clarinette. Mag... BRIL95307 6,72 € p. 18 r Schumann : Le Paradis et la Péri, op. 50. Hajossyova,... BRIL95306 8,16 € p. 18 r
Beethoven, Franck : Sonates pour violoncelle et piano... BRIL95191 6,72 € p. 18 r Padre Antonio Soler : Six concertos pour 2 clavecins.... BRIL95327 6,72 € p. 18 r
Heinrich Ignaz von Biber : Intégrale des sonates pour... BRIL95291 16,08 € p. 18 r Alessandro Stradella : San Giovanni Crisostomo, orato... BRIL94847 6,72 € p. 18 r
Boccherini : Arie Accademiche pour soprano et orchest... BRIL95280 6,72 € p. 18 r Strauss, Thuille : Sonates pour violoncelle. Favalesc... BRIL95238 6,72 € p. 18 r
Luigi Boccherini : Stabat Mater - Quatuor à cordes. B... BRIL95356 6,72 € p. 18 r La guitare russe, 1800-1850. Timofeyev, Schneiderman. BRIL95405 22,56 € p. 18 r
Claude Bolling : Concerto pour guitare classique et J... BRIL95227 6,72 € p. 18 r Alexandre Tansman : L'œuvre pour guitare seule. Poli ... BRIL95221 8,16 € p. 18 r
Britten : War Requiem. Lövaas, Roden, Adam, Scherzer,... BRIL95354 8,16 € p. 18 r Telemann : Intégrale des suites et concertos pour flû... BRIL95248 6,72 € p. 18 r
Francesco Cilea : Intégrale de l'œuvre pour piano. Vi... BRIL95318 8,16 € p. 18 r Telemann : Les doubles concertos pour flûte à bec. Bo... BRIL95249 6,72 € p. 18 r
Guido Alberto Fano : Sonate et fantaisies pour piano.... BRIL95353 6,72 € p. 18 r Juan Vasquez : Soledad tengo de ti, œuvres vocales. E... BRIL95316 6,72 € p. 18 r
Johann Joseph Fux : Intégrale de l'œuvre pour claveci... BRIL95189 8,16 € p. 18 r Carl Maria von Weber : Intégrale des mélodies pour vo... BRIL95323 6,72 € p. 18 r
Gabrieli : Intégrale de l'œuvre pour clavier. Loreggi... BRIL95345 9,60 € p. 18 r
Reinhold Glière : Musique pour piano. Imperato. BRIL95296 6,72 € p. 18 r
Henze : Intégrale de l'œuvre pour guitare seule. Dieci. BRIL95186 6,72 € p. 18 r TOTAL A €

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