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! ClicMag n° 54
Votre disquaire classique, jazz, world Novembre 2017
LEONARD BERNSTEIN
Premier volume de son leg vidéographique d’Unitel
Gorecki, Szabelski, Knapik : Œuvres Paweł Łukaszewski : Missa de Maria Maderna, Takemitsu, Taïra… : flute Krzysztof Meyer : Œuvres pour Stanislaw Moryto : Portrait du Aleksander Gabrys : Portrait.
orchestrales a Magdala o’clock. Duos pour flûte chœur et orchestre compositeur Bassolo. Musique pour contrebasse
OP Symphonique de Silésie; Mirosław Grodzka-Lopuszynska; Sadownik Karolina Balinska et Ewa Liebchen, flûte Chœur et OS de la radio polonaise; Antoni A. Mikołajczyk, soprano; A. Sikorzak-Olek, du XXe et XXIe s.
Jacek Błaszczyk Jan Borowski, direction DUX0715 - 1 CD DUX Wit; Tadeusz Wojciechowski harpe; OP de Łomza; Jan Miłosz Zarzycki Aleksander Gabrys, contrebasse
DUX0865 - 1 CD DUX DUX0944 - 1 CD DUX DUX1408 - 1 CD DUX DUX1376 - 1 CD DUX DUX0800/01 - 2 CD DUX
H. Holliger : Romancendres; Feue- New Horizons. Œuvres pour Paysage sauvage du trombone In good company. Œuvres pour tuba Do; Pathways. Œuvres pour violon Libero, Fragile : Musique contempo-
rwerklein; Chaconne; Partita accordéon de Holliger, Wirth, suédois. Œuvres de pour trombone de Danielsson, Russell, Tomasi, et piano de Schnittke, Gubaidulina, raine pour violon et alto
Daniel Haefliger, violoncelle Kelterborn… de Hillborg, Larsson, C. Lindberg… Penn, Gaathaug Pärt… Elisabeth Kufferath, violon, alto
Gilles Vonsattel, piano Viviane Chassot, accordéon Lars Karlin, trombone Rubén Durá de Lamo, tuba Zhi-Jong Wang, violon
GEN14330 - 1 CD Genuin GEN14315 - 1 CD Genuin GEN15337 - 1 CD Genuin GEN15336 - 1 CD Genuin GEN15339 - 1 CD Genuin GEN17456 - 1 CD Genuin
Grace Note : Ballet contemporain Peter Jakober : Substantie, portrait Bernhard Lang : The Cold Trip Francisco Lopez : Through the Stefan Weglowski : Musique Staud, Gadenstätter, Schurig… : Der
PHACE; Günter Brus, voix; L. Baro, S. du compositeur Sarah Maria Sun, voix; Juliet Fraser, voix; looking-glass contemporaine juive Erste Bank Kompositionsauftrag
Cumming, I. Garside, danseurs Michael Moser; Annelie Gahl; Quatuor Mark Knoop, piano, laptop Francisco Lopez, enregistrement et édition Dziedzic; Lasowski; Ptaszynska; Szurmiej; Klangforum Wien; Johannes Kalitzke
Asasello; Klangforum Wien; Bas Wiegers Quatuor de guitares Aleph Krakauer
0013382KAI - 1 DVD Kairos 0015007KAI - 1 CD Kairos 0015018KAI - 1 CD Kairos 0012872KAI - 5 CD Kairos 0015026KAI - 1 CD Kairos 0012852KAI - 6 CD Kairos
Patrizio Esposito : Resonating Body Scelsi Edition, vol. 8 : Musique de Salvatore Sciarrino : Luci mie K. Stockhausen : Harlekin; Œuvres Epigramas : Pièces contemporaines Two pianos : Musique contempo-
Ensemble Interface chambre pour violon, vlc et piano traditrici, opéra pour clarinette pour flûtes de Artero, de Vaca, raine pour duo de piano. Œuvres de
Patrizio Esposito, direction M. Däunert; G. Gnocchi, violoncelle; Ensemble Algoritmo; Marco Angius Michele Marelli, clarinette Tora… Sciarrino, Ligeti, Aperghis...
A. Stella Alessandra Rombolà, flûtes Alfonso Alberti et Anna d’Errico, piano
STR37066 - 1 CD Stradivarius STR33808 - 1 CD Stradivarius STR33900 - 1 CD Stradivarius STR33864 - 1 CD Stradivarius STR37074 - 1 CD Stradivarius STR37058 - 1 CD Stradivarius
Toshio Hosokawa : Voyage VIII; Graffiti. Œuvres de U. Chin, Olga Scherben. Œuvres de Harvey, Sterben. Œuvres de Filidei, Beil Schlamm. Œuvre de Ferneyhough, Stille. Œuvres de Haas et Johnson
Lied; Arc song; « Stunden-blumen; Neuwirth et Sun Ra Poppe, Saariaho, Nunes. et Kagel Lang, Bauckholt et E. López Sarah Wegener, soprano; musikFabrik;
Voyage X « Nozarashi » Blaauw, trompette; Gratkowski, saxophone; Dirk Wietheger, violoncelle; musikFabrik; Markus Brutscher, ténor; Ensemble musik- Christine Chapman, tuba wagnérien; Emilio Pomarico; Christian Eggen; Rupert
musikFabrik; Peter Rundel; Ilan Volkov musikFabrik; Peter Runde; Christian Eggen Peter Rundel; Stefan Asbury Fabrik; Marcus Creed; Otto Tausk Ensemble MusikFabrik; Emilio Pomarico Huber; Enno Poppe
WER6860 - 1 CD Wergo WER6861 - 1 CD Wergo WER6862 - 1 CD Wergo WER6863 - 1 CD Wergo WER6864 - 1 CD Wergo WER6865 - 1 CD Wergo
Brice Pauset : Canons pour piano A. Reimann : Œuvres vocales (Ein- Maurizio Squillante : The Wings of Balze Trümpy : Oracula Sybillae, Helmut Zapf : Quatuors à cordes Love Songs, dedicated to ensemble
Nicolas Hodges, piano; Benjamin Lévy, gedunkelt) et orchestrales (Spiralat Daedalus, opéra portrait du compositeur Quatuor Sonar recherche. Œuvres de Abrahamsen,
électronique live halom, Neun stücke) Haugton; Luchetti; Brown; Vaillancourt; Ensemble El Cimarrón Andre, Claren, Zimmermann…
OS de la NDR; Christoph Eschenbach Chor der Cyborgs Michael Kerstan, direction ensemble recherche
WER7365 - 2 CD Wergo WER7337 - 1 CD Wergo WER2073 - 1 CD Wergo WER7335 - 1 CD Wergo WER7348 - 1 CD Wergo WER6792 - 2 CD Wergo
Leonard Bernstein
en ré majeur, op. 11 / « Larger than Life », de cet ensemble reste la Septième du à l’après-midi d’un faune languide, qui
film documentaire de Georg Wübbolt sur 4 octobre 1988, phrasée tout du long
Leonard Bernstein. Interview des enfants rappelle par la profusion de ses cou-
espressivo et dont le vivacissimo se leurs celui tardif, et filmé, de Leopold
du compositeur et de Gustavo Dudamel,
Kent Nagano, Marin Alsop, Christoph
souvient du ton bucolique et joueur Stokowski. Puis suit une version tellu-
Eschenbach… des épisodes rapides de la Sixième. Il rique de La Mer que Bernstein danse
suffit de mettre ensuite la version de
Brigitte Fassbaender; James Taylor; Anne-Sophie littéralement, la dirigeant souvent les
Mutter; Peter Serkin; Yo-Yo Ma; John Williams... Koussevitzky en concert à Boston pour
lunettes à la main. Quel dommage de
retrouver exactement la même concep-
CM743008 • 6 DVD C Major ne pas avoir plus de témoignages de sa
tion. Autre sommet, le 16e Quatuor
C Major serait-il lancé dans la réédi- collaboration avec les romains! A tout
de Beethoven dans sa version élargie
tion intégrale du leg vidéographique cela s’ajoute le beau film d’hommage de
au quatuor d’orchestre où Bernstein
de Leonard Bernstein, du moins de celui Geörg Wübbolt sur le compositeur et
sculpte les cordes en démiurge, attei-
assemblé par Unitel et publié jusque-là gnant à un discours cosmique dans le le chef d’orchestre où les témoignages
chez Deutsche Grammophon ? Volume lento. On passe des ors du Musikverein abondent, introduction parfaite à sa vie
Leonard Bernstein 1 indique cet emboitage de six DVD dont à ceux de la basilique d’Ottobeuren, des et à son art, et plus discutable, le DVD
Jean Sibelius : Symphonie n° 1 en mi quatre restituent quelques concerts his- Wiener Philharmoniker au chœurs et à sur le 75eme anniversaire du Festival de
mineur, op. 39; Symphonie n° 2 en ré toriques. Les Sibelius de Vienne sont l’Orchestre de la Radio Bavaroise, pour Tanglewood où seule la Fantaisie Cho-
majeur, op. 43; Symphonie n° 5 en mi célébrissimes, Bernstein avait tout une lecture exaltée et exaltante de la rale de Beethoven emmenée par David
bémol majeur, op. 82; Symphonie n° 7 appris des secrets du compositeur fin- Missa in tempore belli (Paukenmesse) Zinmann peut se laisser admirer (Peter
en do majeur, op. 105 / Claude Debussy : landais durant ses années auprès de Serkin est au piano) au contraire d’une
, portée par un quatuor fabuleux. Berns-
Images; Prélude à l’après-midi d’un faune; Koussevitzky, les Wiener Philharmoni- Anne-Sophie Mutter qui détimbre son
tein défendait les Messes de Haydn de-
La Mer / Ludwig van Beethoven : Quatuor
ker fréquentaient l’intégralité du cycle puis des années, les avait enregistrées Sarasate où de cette Valse de Maurice
à cordes n° 16, op. 135 (version pour
depuis que Lorin Maazel les y avait gui- pour la CBS à New York et à Londres, Ravel sur laquelle Andris Nelsons met
orchestre à cordes); Fantaisie pour piano,
choeur et orchestre en do mineur, op. 80 / dé pour leur légendaire intégrale chez mais la captation à Ottobeuren sur- sa petite chorégraphie à semelles de
Joseph Haydn : Missa in tempore belli, H Decca , leur rencontre dans ce réper- classe l’enregistrement américain. Perle plomb. C’est pourtant lui que les Bosto-
22 n° 9 « Paukenmesse »; Concerto pour toire avec Lenny est souvent magique : de cette première livraison, le concert nien ont choisi pour nouveau directeur
piano en ré majeur, Hob III n° 11 / Leonard Première et Deuxième emportées, vol- Debussy avec l’Orchestre de la Santa musical. (Jean-Charles Hoffelé)
P
douce et flexible, afin de mettre en enderecki s’est toujours passionné
valeur des mélodies teintées de folklore pour la voix humaine et la musique
aux ornements discrètement inspirés chorale. Un premier volume passion-
de l’art arménien médiéval. Preuve nant (issu de l’édition spéciale du label
tangible de cette imprégnation du folk- polonais) présentait une série de pièces
lore national, le cycle de mélodies avec pour chœur qui jalonnait l’œuvre de
orchestre Canti Parralleli (2012) est Penderecki. Ce second disque com-
composé sur des vers de poètes armé- prend deux pièces majeures, reflets de Krzysztof Penderecki (1933-)
niens, opposant trames orchestrales son ancienne manière « les Psaumes
Caprice pour Siegfried Palm, pour violon-
Tigran Mansurian (1939-) ductiles et fusées mélismatiques de la de David » de 1958, et de sa plus celle seul; Candence pour violoncelle seul;
voix (Mariam Sarkissian au timbre un récente : « la Missa Brevis » de 2012. Per Slava, pour violoncelle seul; Suite pour
Mélodies « Canti paralleli »; Postlude et
Agnus Dei, en mémoire d’Oleg Kagan peu aigre). Deux œuvres sont dédiées On goûtera le changement de cap sty- violoncelle seul; Sérénade pour 3 violon-
Mariam Sarkissian, mezzo-soprano; Julian Milkis, au violoniste Oleg Kagan, disparu en listique qui s’est opéré durant la vie celles; Violoncello Totale, pour violoncelle
clarinette; Anton Martynov, violon; Daria Ulantseva, 1990. Le Postlude (1992) offre un volu- du compositeur. Les Psaumes utilisent seul; Agnus Dei, pour 8 violoncelles;
piano; Orchestre de Chambre « Musica Viva » de percussions basse et deux pianos. Chaconne en mémoire de Jean-Paul II,
bile dialogue entre clarinette et violon- pour 6 violoncelles
Moscou; Alexander Rudin, violoncelle, direction; celle sur un somptueux tapis de cordes. Langage basé sur la rupture et l’excès,
Leonid Kazakov, direction l’avant garde de l’époque parfumé d’une Jakob Spahn, violoncelle; Izabela Buchowska,
De la couleur vive (Ostinati) sur de la violoncelle; Tomasz Daroch, violoncelle; Jan
BRIL95489 • 1 CD Brilliant Classics touche de dodécaphonisme. Le chœur
grisaille, limite inquiétante. L’Agnus Dei Kalinowski, violoncelle; Marta Kordykiewicz,
gémit, marronne et vocifère plus qu’il
L e label allemand ECM nous a révélé
en quelques disques, signés d’inter-
prètes prestigieux (Garbarek, Kash-
(2006) reprend l’effectif instrumental
du quatuor de Messiaen (Pour la fin du
temps). Trois parties correspondant au
ne chante, accompagné des martelle-
ments des instruments. Surgit quand
violoncelle; Rafał Kwiatkowski, violoncelle; Mikołaj
Pałosz, violoncelle; Beata Urbanek-Kalinowska,
violoncelle
même, une parole sacrée expression-
kashian, Lubimov, Monighetti, Gut- texte de la messe, l’atmosphère recueil- DUX1244 • 1 CD DUX
niste et indubitablement convaincue. A
L
man, Kagan) le compositeur arménien lie des deux mouvements extrêmes, l’opposé, le Kyrie de la Missa Brevis va e second volume de la Special Edi-
Tigran Mansurian. Diverses œuvres plus proche de Pärt que du français, parfois jusqu’à tintinnabuler. L’écriture tion du label polonais consacré à la
concertantes (Monodia (2008), Quasi s’oppose à l’énigmatique marche du Qui est d’autant plus émouvante qu’elle est musique de chambre de Krzysztof Pen-
parlando (2015) et puis récemment un tollis Peccata Mundi tout en déambula- apaisée. Re-cueillie comme une fleur derecki rassemble huit pièces, écrites
remarquable Requiem en mémoire du tion mahlérienne. Alexander Rudin, par que l’on exhume d’un tombeau et où ou transcrites pour violoncelle. Pour
génocide arménien (Liebreich 2017). ailleurs violoncelliste, dirige l’ensemble perce une tradition orthodoxe recons- la première fois mis en avant dans la
Peu influencé par ses ainés nationaux, moscovite et les solistes (Milkis, Mar- tituée (notamment dans le Benedica- Sonata for Cello and Orchestra (1964),
Komitas (Le sacre de la tradition) et tynov excellents) avec une générosité mus Domino pour chœur d’hommes), l’instrument influence durablement le
Khatchaturian (Le néo-romantique contagieuse. (Jérôme Angouillant) la polyphonie flamande et l’antiphonie compositeur dans sa conception même
échevelé), Tigran Mansurian, né en médiévale. Quelques pages éparses de la musique de chambre. Peaufinée
1939, se situe plutôt dans la constel- (courts fragments d’Utrenja et du Kad- avec en ligne de mire la virtuosité d’un
lation des Denisov, Schnittke, Pärt et dish) complètent le programme ainsi interprète spécifique (Mstislav Ros-
Silvestrov, ses véritables pairs. Par qu’un précieux « O Gloriosa Virginum » tropovich pour Per Slava - 1986) ou
son œuvre vaste et polyvalente (Elle pour chœur mixte, d’une épure et d’un sa connaissance approfondie de la
couvre tous les genres, de la chan- raffinement rares. L’interprétation du technique de jeu (Siegfried Palm pour
son à la musique de film (Souvenez- Polish Chamber Choir dirigé par Jan Capriccio… - 1968), exploitant pleine-
vous : Sayat Nova (Paradjanov (1969) Lukaszewski est techniquement exem- ment la palette sonique de l’instrument
c’était lui !), et son langage musical à plaire. Capable de restituer la diversité (Violoncello totale - 2011 - et son inopi-
la fois accessible et raffiné, il incarne de langage de ces œuvres mais avant née incursion tzigane) ou mise au ser-
vice d’un langage musical plus simple
plus de deux cent cinquante opus, son se dégage de la torpeur menaçante (Agnus Dei, transposition pour huit vio-
Sélection ClicMag ! œuvre ne cesse de se renouveler (Le mise en branle dès le premier accord loncelles de la pièce vocale extraite du
récent et magnifique Et Lux). Sa mu- groupé. L’étau du quatuor de resserre Requiem Polonais - 2008) marquant le
sique de chambre voit le jour lorsqu’au peu à peu, laissant suinter les cordes. retour du compositeur à la tradition - et
lieu de sortir jouer au foot avec ses Blessures, cicatrices, progressive dé- à la foi chrétienne, jamais reniée, même
copains, il compose à l’âge de quatorze sintégration du schéma initial. Le Geste sous le joug communiste - (Ciaccona in
ans, un premier Quatuor en sol selon zu Vedova (2015) composé pour le qua- memoriam Giovanni Paolo II - 2015),
le modèle « classique » (Schubert, tuor Minguet établit un parallèle entre la l’écriture de Penderecki témoigne de la
Beethoven ?). Interprété ici par le qua- peinture d’Emilio Vedova (1919-2006) place du maestro dans la musique du
tuor Minguet, le résultat sonore est un et la structure musicale. Rihm y exploite XXe siècle. Notons l’indéniable aisance
brouillon de forme sonate, indécis, iné- le maximum d’effets technique des technique de Jakob Spahn, interprète
gal. Motif d’ouverture asséné de façon cordes (Glissandi, vibrati, flautandi, principal (et chaleureux) de cet intéres-
Wolfgang Rihm (1952-) hystérique, andante filandreux, fugue battuti...) et des tempi extrêmes. Ac- sante production. (Bernard Vincken)
« Geste zu Vedova », pour quatuor à embryonnaire. Deux ans plus tard, cents brutaux, scansion permanente.
cordes; Quatuor à cordes en sol; Quatuor à il remet ça à l’aune de ses écoutes : La comparaison avec l’œuvre du peintre
cordes; « Epilog », pour quintette à cordes Schoenberg (surtout le troisième qua- est évidente. Des couleurs saturées, de
Jens Peter Maintz, violoncelle; Quatuor Minguet tuor), Hindemith, Bartok. L’œuvre tient violents coups de brosses, des formes
WER7346 • 1 CD Wergo la barre (forme sonate plus accomplie, hirsutes. Un vocabulaire technique élo-
carrures franches, harmonie sophisti- quent voire ostentatoire s’étale sur une
Q
RES10149 • 1 CD Resonus uand Boccherini arrive à Paris dans mage au talent exceptionnel de la jeune et des instruments exceptionnels, en
L a place qu’occupait Lennox Berkeley l’hiver 1768, accompagné de son femme (elle a 24 ans et est fort jolie deux CDs qui permettent la réalisation
dans la musique anglaise du 20ème ami le violoniste Filippo Manfredi, sa comme en témoigne le célèbre portrait de toutes les reprises pour la première
siècle est bien particulière. L’aristocrate renommée l’a précédé quelques mois réalisé par Fragonard à cette époque) en fois. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
oxfordien d’ascendance partiellement
française entretenait en effet avec la
d’avec Britten n’ont sans doute pas été Sandra Pastrana, soprano; Guillermo Pastrana, HC17001 • 1 CD Hänssler Classic
patrie maternelle une relation qui n’a pu violoncelle; Orchestre de l’Institut supérieur
Q
étrangères. Sans prétendre constituer uel bonheur d’écouter une telle mu-
que déteindre sur son style de composi- d’études musicales Luigi Boccherini de la ville de
un intégrale, cet album, superbement sique jouée par d’aussi talentueux
tion, du moins pour certaines des pièces Lucques; GianPaolo Mazzoli, direction
interprété, est un échantillon des plus interprètes ! Tout d’abord, les œuvres :
qui figurent sur le présent enregistre- BRIL95280 • 1 CD Brilliant Classics
intéressants de la production cham- les deux sonates pour clarinette et
ment. Devenu l’élève de Nadia Boulan-
ger à l’incitation de Maurice Ravel, Sir
Lennox devait en effet développer des
briste d’un compositeur dont l’élégance
et l’expressivité ne sont jamais prises en
défaut. (Yves Kerbiriou)
I l n’existait jusqu’ici qu’une version au
disque, d’ailleurs désormais indispo-
nible, des Airs Académiques de Bocche-
piano de Johannes Brahms qui sont
ses dernières compositions. La genèse
affinités avec plus d’un compositeur de ces sonates remonte à la rencontre
rini. Il s’agit d’un ensemble de pièces entre Brahms et un musicien exception-
formé par « Mademoiselle ». De fait, ce
rares, dont seules quelques-unes nous nel, Richard Mühlfeld lequel sidéra le
qui peut sembler normal de la Sonatine
sont parvenues, sans date de compo- « vieux »Brahms par son aisance et la
ou de la « Pièce » datées des années
sition précise connue, les partitions pureté du son qu’il obtenait de son ins-
d’apprentissage, marque aussi de son
d’origine ayant disparu. Cette parution trument. On sait que tous deux créèrent
sceau le plus tardif Sextuor op. 47 qui
vient donc combler un manque pour ensemble ces 2 sonates en 1895. Toutes
évoque davantage Milhaud ou Poulenc
tout amateur de curiosités. Sur des les qualités propres à la clarinette se
que ses compatriotes et quasi-contem-
textes de Métastase, Boccherini élabore retrouvent dans celles-ci offrant une
porains Tippett ou Walton. Les œuvres
cinq pièces où la voix de soprano trouve richesse mélodique et sonore stupé-
de la dernière période révèlent certes
une large palette d’expression, allant fiantes (la beauté n’empêchant pas une
d’autres influences, auxquelles l’admi-
Luigi Boccherini (1743-1805) du quasi récitatif jusqu’aux vocalises certaine mélancolie). Ces sonates sont
ration de Berkeley pour le Stravinski
explosives, tandis que l’orchestre, tou- considérées comme le sommet de cette
néo-classique comme sa proximité Arie Accademiche, soprano et orchestre
jours assez léger, varie sa forme et mul- formation instrumentale pour lesquelles
tiplie les traits. La première pièce marie les plus grands clarinettistes ont tenu
de nombreuses œuvres, atteignant élégamment le violoncelle baroque de à laisser leur empreinte. Ensuite les
Sélection ClicMag ! un catalogue qui dépasse le millier de Guillermo Pastrana, s’acquittant bril- interprètes : Shirley Brill n’est pas une
pièces par d’autres compositeurs, la lamment de passages éminemment inconnue, un beau disque Prokofiev-
plupart napolitains. Il a également créé virtuoses, avec les apparitions dévolues Jean Françaix l’a révélée. Cette artiste
un instrument nouveau en dotant le à sa sœur soprano. Les quatre autres israélienne a remporté notamment le
mandoloncelle de deux cordes supplé- sont entièrement réservées à des aria 1er prix du concours de Genève (prix
mentaires dans l’aigu, permettant ainsi pour la soliste permettant d’apprécier qui ne se décernait plus). Son compa-
à sa création la réalisation de solos. un timbre de voix assez fruité et tou- triote et partenaire habituel, Jonathan
Baptisant cette nouveauté « liuto canta- jours précis. On pourra juste regretter Aner, n’est pas moins couronné que
bile » (luth chantant), il en fera son ins- un léger manque d’élégance dans les S.Brill. Tous deux soulèvent l’enthou-
trument de prédilection. Outre 3 pièces vocalises lentes d’une réelle difficulté siasme dans cette musique qu’ils jouent
originelles pour le « quatuor classique d’exécution. Malgré une direction im- régulièrement. Intercalée entre ces 2
Raffaele Calace (1863-1934) de mandolines » (2 mandolines, man- peccable, la réalisation globale souffre sommets, la « petite » sonate de Janà-
Musique pour quatuor de mandoline dole et liuto cantabile), les jeunes inter- d’une prise de son trop réverbérée cek (arrangée par S.Brill) offre une res-
prètes de ce magnifique CD ont adapté et mettant trop en avant la soprane piration bienvenue. Belle prise de son.
Quatuor MOTUS
(comme le faisait lui-même le compo- induisant un déséquilibre peu naturel. (Jean-Louis Godbert)
BRIL95494 • 1 CD Brilliant Classics (Thierry Jacques Collet)
siteur présentant souvent ses œuvres
reste méconnue et peu enregistrée. pagné au piano par Yuri Serov. Le titre enfin la pseudo-poésie du personnage
La parution en première mondiale de en est explicite : les cycles destinés à dostoïevskien Lebiadkine, dont la déri-
l’intégrale des Sonnets de Shakespeare d’autres tessitures vocales n’y figurent sion fut l’ultime exutoire d’un compo-
composés entre 1945 et 47, le fascisme pas. Il s’agirait même d’une intégrale si siteur qui savait pourtant se passer de
ayant poussé le musicien à émigrer ne manquaient à l’appel les Quatre Ro- mots pour toucher le cœur des Russes.
aux Etats-Unis, complétée des duos mances sur des textes de Pouchkine op. Le second volume rassemble des com-
de 1937 est à marquer d’une pierre 46 dont on se demande pourquoi elles positions d’un intérêt majeur : cela est
blanche. Shakespeare a toujours tenu sont absentes. Chostakovitch a com- évident de la Suite sur des textes de Mi-
une place de choix dans l’inspiration posé des mélodies de l’âge de 17 ans chelangelo Buonarotti op. 146, médita-
du compositeur. Il n’est donc pas sur- Dimitri Chostakovitch (1906-1975) jusqu’à sa dernière année d’existence. tion sur le cycle de la vie qui fait partie,
prenant qu’il ait mis admirablement en Les cycles vocaux pour basse, vol. 1 Au fil du temps, il y a d’ailleurs attaché au même titre que la Sonate pour alto,
musique 32 des 154 sonnets du poète. NFPMA9910 • 1 CD Northern Flowers une importance de plus en plus grande. du testament musical du compositeur.
Castelnuovo-Tedesco nous charme im- Un premier volume met en évidence, Mais cela est vrai aussi de l’extraordi-
Les cycles vocaux pour basse, vol. 2
médiatement par son élégance, sa capa- par la variété des textes, l’éclectisme de naire et rarement enregistré « Show
Feodor Kuznetsov, basse; Yuri Serov, piano
cité à rendre la couleur et l’atmosphère Chostakovitch dans ses sources d’ins- anti-formaliste », où Chostakovitch,
humaine de ces vers, trouvant une NFPMA9916 • 1 CD Northern Flowers piration : de la poésie de William Shake- par allusions verbales et musicales,
tonalité anglaise racée au point de la
croire native, variant les voix et interca-
lant quelques surprises sous forme de
L e label Northern Flowers publie en
deux volumes le très bel enregis-
trement des cycles vocaux pour basse
speare au courrier des lecteurs du jour-
nal satirique Krokodil en passant par
le très officiel Pouchkine, habilement
tourne en dérision Staline, Jdanov et
quelques autres. Deux albums indis-
pensables à une connaissance profonde
sonnets pour chœur a capella. L’inter- de Dimitri Chostakovitch dans l’inter- détourné (Quatre monologues op. 91), des multiples facettes du compositeur.
prétation est à la hauteur de l’ambition : prétation de Fyodor Kuznetsov accom- les textes se son ami Dolmatovsky et (Yves Kerbiriou)
A la tête d’un petit ensemble (chan- pereur Frédéric Barberousse comme la seule direction d’orchestre (même si
CPO777666 • 1 CD CPO héros d’une Allemagne triomphante), son rôle dans la défense des sympho-
teurs et quatuor Smetana), la pia-
niste tchèque Lada Valesova nous offre
un enregistrement de quatre pièces de C e troisième volet des œuvres sym-
phoniques de Hausegger s’ouvre
et placer ce Barbarossa aux côtés des
grandes machines orchestrales de la fin
nies de Bruckner demeure historique-
ment considérable). (Richard Wander)
la musique de chambre avec voix de
Pavel Haas (1898-1944), compositeur Silke Aichhorn, harpe; Kurpfälzisches Kammeror- rejoue « Alte Karbonaden » rien que
tchèque au destin tragique, emprisonné
chester; Kevin Griffiths, direction pour le plaisir de sa balbutiante ivresse
à Terezin et assassiné à Auschwitz-Bir-
CPO777841 • 1 CD CPO finale… (Jean-Charles Hoffelé)
kenau par les nazis. L’œuvre de Haas
L
est constituée de 18 opus dont nous a renaissance de Hertel s’est amor-
retrouvons ici les opus 4 et 6, œuvres cée au disque au début des années
de jeunesse (1921/22), l’opus 18
80s, grâce à la redécouverte de ses
(1940) et les « Quatre chants tirés de
concertos pour trompette par des pré-
la poésie chinoise », crée à Terezin le
22 juin 1944 en présence du composi- curseurs comme Ludwig Güttler en
RDA ou Maurice André en France. Il s’en
Paul Hindemith (1895-1963)
teur. Elève de Janacek, Haas recherche
une voie originale l’affranchissant de Sonate pour 4 cors; Trio pour piano, alto et
est suivi de la musique de chambre, des
heckelphone ou saxophone ténor, op. 47;
l’influence du maître et du style idioma- symphonies et de la musique religieuse, Pièce de concert pour 2 saxophones alto;
tique national. Cette volonté s’illustre montrant une grande diversité dans Sonate pour saxophone alto et piano; Das
à la fois par le choix des textes mis en Kleinen elektromusikers lieblinge; Fran- Nikolai Kapustin (1937-)
l’œuvre couplée à une unité stylistique
musique (poèmes de Tagore et de la kenstein’s montre répertoire; Minimax Sonate pour violoncelle et piano n° 1-2;
poésie chinoise traditionnelle) et par qui situe Hertel dans le préclassique Barbara Buntrock, alto; Robert Kolinsky, piano; Elegy, op. 96; Presque Valse, op. 98;
l’empreinte manifeste, et de plus en rococo, représenté à Vienne par des Forian von Radowitz, piano; Quatuor de saxo- « Burlesque », op. 97
plus profonde au fil des œuvres, des compositeurs comme Monn ou Wa- phones clair-obscur Duo perfetto [Robert Witt, violoncelle; Clorinda
modernités musicales contemporaines WER7353 • 1 CD Wergo Perfetto, piano]
genseil ou à Berlin par les musiciens
BRIL95560 • 1 CD Brilliant Classics
P
les plus diverses (les Viennois, Ravel, le de Frédéric de Prusse, célèbre pour our le saxophone qui est durant
J
music-hall …). A l’écriture pianistique l’entre deux guerres l’instrument azz toujours, tu m’intéresses. Et c’est
son conservatisme. Né comme Bach
académique un peu empesée de l’opus étendard des nouvelles musiques en toujours l’ambiguïté, certains diront
4 « Chansons chinoises », succède à Eisenach, où son père était Konzert-
Allemagne, Paul Hindemith, si prolixe la contradiction, de Kapustin (Kapous-
celle au style très différencié, contrasté meister de l’orchestre de la cour, sa tine pour les intimes francophones),
aurait pu, aurait du ! écrire un grand
voire bariolé de l’opus 18 et surtout des jeunesse et sa formation musicales concerto, il lui réserva seulement un qui fut élève s’il-vous-plaît à Moscou du
« Quatre chants », signe d’une évolu- ont été marquées très fortement par « Konzertstück » en deux brefs mou- grand, du vrai, du fameux Goldenwei-
tion profonde en cours du compositeur l’œuvre du Cantor et celle de Haendel, vements où se griffent et s’enamourent ser, et qui a donc bénéficié d’une très
… Pièce inédite de cet enregistrement, deux saxophones de l’espèce alto, solide formation académique. Il a même
dont il savait jouer et accompagner les
l’opus 6 « Fata Morgana », cycle mélo- joliment croqué ici par les membres toujours tenu à le rappeler mordicus,
dique voire petit opéra de chambre en fugues par cœur sous la férule de Johan
du Quatuor clair-obscur. Pourtant voici et même urbi et orbi, déniant contre
cinq mouvements, sur des poèmes (22, Heinrich Heil, collègue de son père dans les apparences être un pianiste de
un plein disque de supposés opus pour
15, 31, 50, 30) extraits du « Jardinier l’orchestre d’Eisenach et ancien élève l’instrument inventé par Adolphe Sax et jazz (malgré ses préludes « in the jazz
d’Amour » de Rabindranath Tagore, de Bach. Ignorant totalement les orien- dont Berlioz fit le panégyrique. C’est que style »), sauf par nécessité intérieure
exaltant les joies, les tourments et la tations plus modernes et progressistes le ténor du quatuor, Christoph Enzel, d’adaptation de son inspiration clas-
sensualité de l’amour où l’invention du aura transcrit de l’important corpus de sique. Se méfiant ainsi comme la peste
de l’école de Mannheim ou de Milan, il
compositeur est éblouissante (beauté chambre tout ce qu’il aura pu trouver de la notion même d’improvisation
mélodique, concision du propos, varié- resta toute sa vie attaché à l’esthétique
pour son instrument, et d’abord logi- brute de décoffrage, estimant qu’elle
té expressionniste des climats …). Très des frères Graun, de Quantz, Fasch, était toujours meilleure d’être solide-
quement ce qu’Hindemith destina au
grand musicien et très belle musique Benda ou Janitsch. Les trois concertos cor : la Sonate à 4 de 1952 résonne ici ment réécrite. C’est dans cet esprit qu’il
servie par d’excellents interprètes. A pour harpe présentés ici (dont deux en avec une verve supérieure à ce que les faut écouter ici ces œuvres de chambre,
découvrir. (Emilio Brentani) première mondiale) datent des années cors à piston y tentent généralement, composées entre 1996 et 1999, d’au-
1760 et ont certainement été destinés à la Sonate de 1951 échange sans dom- tant plus bienvenues (et merci à ce label
un ou plusieurs harpistes de la famille mage son cor alto initial pour un saxo- aux découvertes inépuisables) qu’on a
phone de quasi même tessiture (mais surtout enregistré jusqu’à présent les
Petrini employés eux aussi par la cour
Hindemith l’avait lui-même autorisé). Le seules œuvres pour piano de ce com-
de Mecklenburg-Schwerin. Dans ces Trio, assez seconde école de Vienne de positeur. Pièces donc quand même for-
trois œuvres charmantes dénuées de 1928 ne souffre guère plus de la subs- tement rythmées, à la pulsation heurtée,
tout esprit tragique, les mouvements titution du sax ténor à l’ « Heckelphon » hachée, qu’éclaire parfois quelque lan-
vifs baignent dans l’enjouement mélo- original et la plainte de son premier gueur lyrique du « old style », comme
dique, tandis qu’une sérénité méditative mouvement y sonne plus nostalgique tout naturellement dans l’Elégie, et où
; mais le plus surprenant de cet album nos deux jeunes interprètes font mer-
caractérise les adagios. La symphonie
Johann Wilhelm Hertel (1727-1789) absolument particulier restent les adap- veille (duo perfetto !). A profiter jusqu’à
concluant ce bel enregistrement révèle tations de trois brefs mouvements pour plus soif, sachant qu’avec du swing,
Concertos pour harpe en ré majeur,
solmajeur et fa majeur; Symphonie en si une origine postérieure plus aventu- quatuor à cordes dont deux tirés des vous mettrez Kapustin dans votre bou-
bémol majeur reuse. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) iconoclastes « Minimax ». Allez, je me teille. (Gilles-Daniel Percet)
L
Stelzhammer, baryton; C. Chlastak-Coreth, basse] lièrement actuelle » que trouvait Pierre
a collection « Northern Flowers » se
propose de redécouvrir des com- KL1412 • 1 CD Klanglogo Boulez à Machaut. Une seconde partie
A
positeurs méconnus ou des œuvres peine entamé l’Ave Maria de Gallus, plus variée, où brillent les 1’34 du Sta-
oubliées du répertoire russe. C’est dou- c’est l’image des pierres dorées bat Mater d’Iribarren et les 1’58 de l’Ave
blement le cas avec ce cd qui comprend de l’intérieur du monastère portugais Maria slave de Michna, arrive à point
deux cycles de mélodies (1901-1903 et d’Alcobaça qui m’est revenue : le choix pour empêcher que s’installe une légère
1905) qu’un jeune compositeur (1872- de mixité assumé par le Vienna Vocal monotonie. Une excellente prise de son
1936), un moment élève de Rimski- Consort dans des œuvres qu’on entend couronne le tout : disque remarquable,
Korsakov, élabora avant de connaitre souvent par des ensembles masculins mais qui demande une écoute attentive.
un succès plus éclatant dans sa carrière aboutit à un mélange de hiératisme (Olivier Eterradossi)
N
Monjas, violon, direction juxtaposés dans un coffret dégageant ielsen et Prokofiev ont très peu écrit
CLA1710 • 1 CD Claves une impression immédiate d’éparpille- pour petites formations mêlant ins-
ment. Éparpillement éditorial d’abord : truments à vent et à cordes. Le premier,
I
Wolfgang A. Mozart (1756-1791) l se pourrait bien que ce soient les 8 quelques duos, la « Serenata in Väno »
sonates contemporaines saupou-
Concertos piano n° 12 et 20 minutes de la sérénade « espagnole » et le présent quintette op. 43, pièce de
drées sur plusieurs disques, et textes
Jan Bartoš, piano; Quatuor Doležal; Orchestre de Schoeck qui fassent tout l’intérêt choix du répertoire pour quintette à vent
Philharmonique tchèque; Jirí Belohlávek, direction d’accompagnement (défigurés par un ; le second l’« Ouverture sur des thèmes
de ce disque. Serait-ce parce que le
SU4234 • 1 CD Supraphon problème typographique) inutilement juifs » aux précédents desquels s’ajoute
Musikkollegium de Winterthur est par-
D eux Concertos de Mozart par un redondants. Plus gênante, la dispersion un piano, la sonate pour flûte et piano,
tie intégrante de l’histoire de sa compo-
jeune pianiste tchèque adoubé est aussi musicale : dans le premier vo- enfin le présent quintette à la formation
sition ? En 1915, il en créa la version inédite. Succession de six morceaux
par Alfred Brendel, cela s’écoute avec lume (pour moi de loin le plus réussi),
attention d’autant qu’il semble bien augmentée d’un deuxième basson et de contrastés, ce dernier s’apparente à
le piano idiomatique et légèrement es-
que ce sois son premier disque en tant timbales. C’est spirituel et brillant, un un « divertimento ». Son écriture en
tompé de Pappano encourage le violon
que soliste. Sa sonorité est si belle, si vrai bonbon. La « Haffner » de Mozart, est âpre, condensé d’atonalité, de dis-
souvent survitaminé de Sitkovetsky à sonances, de rythmique implacable, le
équilibrée, tout y chante d’évidence, c’est autre chose… rien moins que 140
immédiatement je sais à un phrasé, à favoriser finesse et nuances. Mais dans tout dans un climat fantasmagorique,
pages (un cahier entier à elle seule...) angoissant (4ème mvt)... d’où résulte
un accent à peine suggéré qu’il est un les trois autres, le décor change radica-
mozartien de pure race, avec un sens dans la Neue Mozart Ausgabe ! Le une musique peu faite pour plaire, et
lement avec l’arrivée de Lifschitz et d’un
des proportions et du discours que risque d’ennui n’est jamais loin : un peu nouvel ingénieur du son. Placées sous qui peut laisser abasourdi l’auditeur !
viennent renforcer une absence d’affec- de sérieux, de lenteur ou de difficulté à Le mérite des instrumentistes, réunis
un verre grossissant, les sonates se hé-
tation, un dédain des charmes dont le alléger les textures suffisent. Vegh et occasionnellement - notons-le - tient
rissent de piquants et elles vont vite… surtout dans une approche dynamique
20e Concerto profite à plein, ombreux la Camerata Salzburg avaient fixé il y a
comme il peut l’être. Jiri Belohlavek l’y et parfois même trop vite. Du coup la d’œuvres à l’esthétique et au climat fort
près de 30 ans un quasi-idéal, donnant fin si caractéristiquement abrupte et différents, qui leur permet d’en assu-
accompagnait d’un geste ample mais
ferme en ce 1er mai 2013, on est au l’impression de maîtriser difficilement dépourvue d’effets de certains mouve- rer avec naturel une exécution semée
concert, comme on l’est également un pur-sang surexcité au départ d’un ments tombe à plat, comme si les musi- d’embûches - dont les deux « tema con
pour le 12e Concerto, enregistré avec Grand Prix. Et le violon frémissant d’Ar- variazioni » ne sont pas les moindres !
ciens ne savaient pas trop quoi en faire
les Dolezal dans sa vêture de chambre vid Engegard distillait une sensualité qui Dans Prokofiev, le face à face hautbois/
après tant d’engagement : comme la clarinette se déroule au mieux, les gron-
; sans les bois, sans l’orchestre, c’est
« collait » aux circonstances de la com- simplicité est une chose difficile ! Tout
une toute autre partition qu’anime le dements de la contrebasse et la scan-
pianiste tchèque, qui laisse voir à nu position. Rien de cela ici, sans doute du cela donne une vision démonstrative sion motoristique font l’effet escompté
l’architecture, les sentiments absolu- fait que Monjas tient à la fois l’archet et pré-romantique de Mozart, qui peut malgré le calme relatif de l’andantino
ment intimes, quelque chose de mélan- et la baguette. Qui trop embrasse mal séduire. Mais la grâce mozartienne de final. Du quintette de Nielsen sont bien
colique qui ne sonne pas à ce point étreint : dès la Marche introductive on ces pierres angulaires du répertoire est rendues les sombres couleurs bien
dans l’habillage pour le concert. Cette nordiques (début de l’allegro, puis
perçoit la raideur et les précautions ailleurs (chez Lupu et Goldberg, par
mise en regard entre un Concerto de la du prélude). On aime la façon un peu
maturité et un ouvrage plus « jeune » en que cela implique, et la suite confirme. exemple), et le dialogue amoureux aussi « rustique » de dérouler l’allegro initial,
effectif allégé ne cesse de m’interroger. Pour Schoeck avant tout, donc. (chez Tiberghien et Ibragimova, excep- et aussi les soliloques du corniste, le
Jan Bartos poursuivra-t-il cet étrange (Olivier Eterradossi) tionnels). (Olivier Eterradossi) délire clarinettistique dans les varia-
P ourtant auteur d’une œuvre sympho- très virtuoses, et les présentes sonates
Marche cérémoniale « Entrée dans la
cathédrale », op. 8 n° 3; Elévation et nique conséquente et de quelques d’un style plus sage. Il s’agit en fait
fugue, op. 2 n° 2; Preludium sur « Roses opéras, le polonais Feliks Nowowiejski de suites miniatures (capriccetto en
de Sainte Thérèse », op. 9 n° 3; Offertoire (1877-1956) doit sa toute relative popu- 3 courts mouvements enchaînés, ou
op. 7 n° 2; Prélude sur le Kyrie de la messe larité à ses deux oratorios : « Le retour balletto, ou encore passacaille, suivis
n° 11 « Orbis Factor », op. 9 n° 3; Concerto
du fils prodigue » (1902) et ce « Quo de danses. Les pièces portent le nom
pour orgue n° 3, op. 56 n° 3; Prélude de musiciens auxquels il semble ainsi,
Adoremus, op. 31 n° 3
Vadis » (1907) qui fait l’objet de cette Mario Pilati (1903-1938)
nouvelle publication. L’oeuvre, massive, comme dans les autres recueils, plus ou
Sebastian Adamczyk, orgue Sonate pour violon et piano; Prélude,
nécessite un effectif orchestral et choral moins rendre hommage). Écrites pour 1 Aria et Tarantelle sur un ancien thème
DUX0926 • 1 CD DUX important. Le livret est tiré du roman de ou 2 violons solistes et basse continue, populaire napolitain; Pièces et Caccia pour
A partir des années 1919, de retour l’écrivain polonais Henrik Sienkiewicz elles sont tantôt interprétées comme violon et piano; Tammurriata; Sonate pour
en Pologne, Feliks Nowowiesjski, relatant les persécutions des premiers telles, tantôt avec un instrumentarium violoncelle et piano; Etude mélodique pour
(1877 -1946), auteur de l’oratorio Quo chrétiens à Rome luttant contre le fortement enrichi et coloré (tambou- violoncelle et piano; Bagatelles, séries
rins, castagnettes, carillon, une sorte de n° 1 et 2
Vadis qui lui valut un succès notable, régime de l’empereur Néron. Nowowie-
guimbarde, une triple flûte…). Ce choix Luca Signorini, violoncelle; Dario Candela, piano
se consacre plus particulièrement à jski tout comme sa librettiste Antonia
l’orgue. Improvisateur virtuose, il com- Jungst voit dans l’opposition chrétiens des interprètes est bienvenu : outre BRIL95352 • 2 CD Brilliant Classics
A
pose plusieurs concertos et sympho- versus romains, une allégorie du peuple qu’il correspond à une pratique attestée ctif durant l’entre-deux-guerres, le
nies avec orgue obligé ainsi que des polonais soumis au matérialisme d’un dans la Messine de l’époque, il confère napolitain Mario Pilati (1903-1938)
pièces liturgiques. Musicien catholique état décadent. Le style musical, issu de à l’ensemble, une grande variété, un aurait pu devenir un des principaux
politiquement engagé, le compositeur ses rencontres (Dvorak, Bruch) et d’in- brillant, une loquacité et une verve irré- compositeurs italiens du XXe siècle
dévoile dans son corpus d’orgue sa fluences diverses (Mahler, Saint Saëns, sistibles, voire une surprenante étran- (à côté de Ottorino Respighi, Alfredo
part intime, attachée à la tradition sécu- Roussel, les véristes italiens) collectées geté (cf. la sarabande des plages 7 et Casella ou G.F. Malipiero) s’il n’était
laire de l’église. D’où ces nombreuses durant les voyages du compositeur, 19) car la grande régularité de struc- pas mort prématurément. Typique du
marches, élévations, offertoires qui sublime ces notions d’héroïsme et de ture des pièces risquerait d’engendrer courant néoclassique alors en vogue,
relèvent d’un style liturgique assez clas- sacrifice dans une alternance d’am- autrement une certaine monotonie. Le sa musique mêle formes anciennes et
sique, proche de ses contemporains biances contrastées. Nowowiejski avait rythme, les contrastes sont magnifiés, harmonies modernes, sans pour autant
français. En témoigne L’Elévation op.2 un faible pour les musiques solennelles le lien entre cette musique et la tradition céder aux sirènes de l’atonalisme. Pilati
suivie d’une Fugue à trois sections qui et de cérémonie. Marches militaires, in- populaire aussi. Un disque savoureux. est aussi un représentant du nationa-
rappelle Marcel Dupré. Le prélude inti- termèdes introspectifs, déchaînements (Bertrand Abraham) lisme musical que cela soit par l’utili-
tulé Roses de Sainte Thérèse est inspiré chorals ou orchestraux, évoquent aussi sation d’airs folkloriques de sa région
des mots de Sainte Thérèse de Lisieux : bien les compositeurs précités que Wa- natale ou de la poésie populaire d’Italie
« Je veux passer mon temps au ciel à gner et Berlioz par le geste ample et la du Sud. Nonobstant sa courte carrière,
faire du bien sur terre, après ma mort profusion des moyens techniques et sé- Pilati s’est illustré dans tous les genres,
je ferai tomber une pluie de roses sur mantiques mis en œuvre. « Quo Vadis » et, qui plus est, avec succès. Le double
la terre ». Page austère et gracieuse a connu moult succès internationaux CD publié par Brilliant Classics est
qui apporte, si ce n’est de l’extase à depuis sa création en 1909. Le public l’occasion de démontrer la qualité de sa
l’évocation de la Sainte (A la manière sans doute gagné par la force de son musique de chambre avec des œuvres
du Bernin), une bienheureuse sensua- message lui fit honneur. Aujourd’hui, pour violon et piano, violoncelle et piano
lité à la figure de Thérèse. Hommage l’œuvre, malgré quelques fulgurances, ou encore piano seul. Composées entre
à Bach conciliant ferveur et retenue, le reste longuette et parfois pompeuse, Andrei Petrov (1930-) 1925 et 1935, ces pièces mettent en
1
(piano), rend honneur à la musique de 909, année de la création d’Elektra en sol majeur pour cordes et orgue est mouvement « Jeune Pologne » par pur
Pilati, le tout soutenu par une prise de et de la composition d’Erwartung est regravée avec un nouvel orchestre et le esprit d’indépendance, et mort en exil
son irréprochable. (Charles Romano) aussi celle où Carl Reinecke écrit son Prélude pour orgue de 1916 apparaît volontaire en Yougoslavie où il fut pen-
chant du cygne, la Ballade pour flûte et pour la première fois. On entendra deux sionné par le régime, écrivant jusqu’à
orchestre op. 288. Choquant ? Ques- fois l’Aria de la Suite, originellement la fin livres et musiques. Ces mélodies
tion de perspective, car s’il est vrai que écrit pour violon et orgue, arrangé pour sont singulièrement poétiques, et ne
l’importance du compositeur hambour- cordes puis transcrit pour l’orgue seul. ressemblent à rien de ce qui s’écrivait
geois dans l’histoire de la musique ne A l’évidence, c’est dans les différents alors pour la voix. Si celles avec piano
peut le disputer ni à Strauss ni à Schön- Préludes que s’exprime le mieux la se coulent tout de même dans une tra-
berg, il n’est pas interdit de se faire plai- patte du Bolognais. Leur pendant, plein dition très française même lorsque les
sir, un siècle plus tard, à l’écoute d’une d’un charme un peu désuet, se trouve modes des musiques populaires polo-
musique qui puise ses racines chez dans la Suite, que Respighi qualifiait naises viennent les pimenter, le cycle
Schumann et Mendelssohn. La pièce lui-même d’antique, donnée ici avec la Fantasmagories (1920) montre son art
maîtresse de ce programme, qui, ras- version « longue » de son Prélude, sorte à son plus singulier, utilisant le mode
Max Reger (1873-1916)
semble, sans constituer une intégrale, de synthèse de la Symphonie classique persan (par demi-tons), déployant un
L’œuvre pour chœur d’hommes, vol. 2 de Prokofiev et du Concerto pour orgue orchestre évocateur d’une Inde en effet
les principales œuvres pour flûte de
Ensemble Vocapella Limburg; Tristan Meister, de Poulenc. La délicieuse Pastorale, fantasmée. Cycle de pure magie que la
Reinecke, souvent éparpillées par genre
direction
et mélangées à celles d’autres compo- elle, évoque autant l’Angleterre de Vau- mezzo et l’orchestre d’épices dosé par
ROP6127 • 1 CD Rondeau siteurs, est la Sonate « Ondine », mu- ghan-Williams que la campagne d’Emi- Lukasz Borowicz parent d’un imagi-
L es œuvres pour chœur de Max Re- sique à thème - mais non à programme lie-Romagne. Voilà qui nous change naire sensuel. Magnifique et trop brève
ger occupent une bonne partie de - inspirée par la ballade éponyme de La de Pins et des Fontaines de Rome ! découverte qui donne envie d’en savoir
son corpus : deux requiem, hymnes, Motte-Fouqué. Elle permet à la talen- (Yves Kerbiriou) plus. (Jean-Charles Hoffelé)
chants, chorals et de nombreux lieder. tueuse flûtiste Tatjana Ruhland de bril-
Reger fréquentait régulièrement édi- ler de mille feux, tant pas sa sensibilité
teurs et société chorales qui lui com- que par sa maîtrise technique. Œuvre
mandaient des œuvres accessibles au plus tardive, le Concerto vaut surtout
public. Reger s’appuie ainsi sur des par son mouvement lent, profondé-
textes de genres différents, héroïques, ment belcantiste et d’une poignante
lyriques ou comiques signés d’auteurs mélancolie. Voilà qui vient démentir le
célèbres : Dehmel, Brentano, Eichen- qualificatif d’académique, trop souvent
dorff ou non Greif, Evers ou Hebbel. associé à la musique d’un classique
Le recueil des « Six Chants op. 83 » profondément enraciné dans son siècle.
offre ainsi musicalement une variété de (Yves Kerbiriou) Anton Rubinstein (1829-1924)
Ludomir Michal Rogowski (1881-1954)
contrastes et d’ambiances. Si l’harmo- Mélodies et Fantasmagories Mélodies choisies
nie n’est pas toujours stable, le tissu Izabela Kopec, mezzo-soprano; Ewa Pelwecka, Mila Shkirtil, mezzo-soprano; Mikhail Lukonin,
choral reste majoritairement homogène. piano; Orchestre du Grand Théâtre-Opéra National baryton; Yuri Serov, piano
Avide transcripteur, le compositeur pro- de Varsovie; Lukasz Borowicz, direction NFPMA9960 • 1 CD Northern Flowers
cédera aussi à l’arrangement de chan- DUX1400/01 • 2 CD DUX
sons populaires mais aussi de musique
ancienne et baroque. En témoigne ce
N é polonais, élève de Zygmunt Nos-
kowski passé sous la férule de
P ublication très opportune que ce
premier volume de « romances »
d’Anton Rubinstein. Si ce musicien
recueil de madrigaux pour chœur mixte
Nikisch pour la direction d’orchestre, prolixe - et protéiforme parce que tout
basé sur des œuvres de compositeurs
Ludomir Michal Rogowski n’est plus à la fois virtuose, compositeur, péda-
du seizième et dix-septième siècle.
qu’un nom pour les musicographes et gogue (Tchaïkovski fut de ses élèves)
Hans Léo Hassler, Michael Praetorius, Ottorino Respighi (1879-1936)
pourtant que ses mélodies sont belles. - est aujourd’hui un peu oublié pour des
Jacob Weyland, un italien Baldassare Intégrale de l’œuvre pour orgue Françaises pour certaines – Izabella raisons de contexte, on peut mesurer,
Donati, un français Lully et un anglais Andrea Macinanti, orgue; Academia Symphonica Kopec en offre quelques unes dans dans ces petites formes, tout son talent
Thomas Morley. Reger remixe danses, de Udine; Pierangelo Pelucchi, direction
un français passable – car Rogowski de créateur. Mais qui dit mélodies ne
ballades ou chorals en usant un langage TC871803 • 1 CD Tactus séjourna régulièrement en France où il sous-entend pour autant rien de réduit,
clair et transparent non dénué de subti-
lités rythmiques et chromatiques. Si le
« Requiem » pour voix mâles est d’une
O ttorino Respighi n’avait rien d’un
révolutionnaire et ce n’est pas son
œuvre d’orgue, qui tient tout entier sur
étudia le chant avec Jean de Reszke et
développa une fascination pour l’uni-
vers sonore de Debussy qui s’entend à
encore moins de réducteur. On retrouve
donc ici des textes de grands poètes
comme Pouchkine ou Lermontov, dont
austérité implacable, le très assonant
ce disque, qui le démentira : on est ici chaque mesure de ses œuvres – polo- certains ont inspiré les plus grands
« An Zeppelin » dédicacé au comte du
même nom, évoque le dirigeable survo-
lant un paysage verdoyant dans un ciel grosso. Il en écrira six, manifestes de Smirnov gravaient le Premier Concer-
calme et bleu. Interprétation « carrée » Sélection ClicMag ! ce « polystylisme » qui conférera à ses to Grosso en 1990 pour la seconde
des chanteurs de l’ensemble Vocapella œuvres d’orchestre un rayonnement fois – une première mouture, dirigée
de Limburg. Le très bref « Hoch lebe international. Les références baroques par Gennadi Rojdestvensky en 1982
dies Haus » résonne comme un clip de abondent, distordues par l’atonalité, est tout aussi pénétrante de poésie et
fin. (Jérôme Angouillant) niées par des procédés d’écriture méca- d’étrangeté mais celle conduite par Yuri
nique, toute une formidable machine à Bashmet me semble plus émouvante et
broyer l’histoire musicale qui inscrivait mieux enregistrée. Plus intrigant, plus
de nouveaux paysages sonores dans la angoissé, le Deuxième Concerto Grosso
musique soviétique. Le Second Concer- est détaillé avec une attention mortifère
to Grosso, qui fut créé à Berlin ouest le par Gennadi Rozhdestvensky, proche
11 septembre 1982 obéit aux mêmes parmi les proches du compositeur, tout
Alfred Schnittke (1934-1998) principes mais dispose d’un vaste or- comme ses deux solistes, Oleg Kagan,
Concerti grossi n° 1 et 2 chestre où paraissent entre autres un alors déjà atteint par le cancer qui
Tatiana Grindenko, violon; Oleg kagan, violon; clavecin, une guitare électrique et des l’emportera en juillet 1990, et Natalia
Natalia Gutman, violoncelle;Yuri Bashmet ;Gennadi cloches. Ces partitions stupéfiantes qui Gutman. On a l’impression que l’encre
Rozhdestvensky, direction
Carl Reinecke (1824-1910) auront été les pionnières de notre mo- de l’œuvre est à peine sèche. Interpré-
ALC1341 • 1 CD Alto dernité rayonnent ici dans toutes leurs tations immortelles qui constituent une
Concerto pour flûte, op. 283; Ballade pour
flûte et orchestre, op. 228; Sonates pour
flûte et piano, op. 108 n° 1 et 167 E n 1977, Alfred Schnittke mit le
point final à son premier Concerto
étrangetés par ceux qui les ont créées :
Tatiana Gridenko, Gidon Kremer et Yuri
introduction parfaite à l’univers d’Alfred
Schnittke. (Jean-Charles Hoffelé)
R arement illustration aura été aussi avec des œuvres de la grande maturité Boston Early Music Festival Chamber Ensemble;
révélatrice de la personnalité d’un (dont le visionnaire « Ruhe Schönstes Paul O’Dette, direction; Stephen Stubbs, direction
compositeur : le portrait cubiste qui Glück des Erde », avec ses contrastes
orne la pochette synthétise parfaitement dynamiques et ses audaces harmo- Franz Schubert (1797-1828) CPO555135 • 1 CD CPO
D éjà le dernier volume de l’intégrale part en mer puis, à la manière d’Ulysse, corpus méritent plus qu’une oreille sim-
des 174 Lieder composés expressé- du colonel Chabert ou de Martin plement attentive. Une écriture toujours
ment pour le piano par Richard Strauss, Guerre rentre au pays où il est consi- très maîtrisée, un sens des proportions
dans une réalisation exemplaire et soi- déré comme mort. Pas reconnu de sa et une inspiration jaillissante justifient
gnée (dans chaque volume, un livret « veuve » et de son meilleur ami qui l’a assurément que ces œuvres aujourd’hui
comportant la présentation et le texte remplacé, il choisit de rester dans l’ano- méconnues reprennent place au réper-
de chaque Lied), qui mériterait une re- nymat jusqu’à sa mort. Ce qui a parfois
toire. Elles bénéficient ici d’une interpré-
prise en coffret. Roger Vignoles, maître fait la ruine de certains enregistrements Robert Volkmann (1815-1883)
d’œuvre et accompagnateur de cette sé- de Fischer-Diskau (cette façon de cabo- tation de grande classe, le quatuor de
Intégrale des quatuors à cordes et des trios Mannheim leur apportant autant d’at-
rie, se permet une légère entorse à son tiner en faisant un sort à chaque mot pour piano
principe éditorial en couronnant son ou en changeant dix fois de ton dans tention que s’il s’agissait des quatuors
Quatuor de Mannheim; Trio Beethoven Ravensburg
entreprise par… les Quatre derniers la même phrase) est ici parfaitement de Beethoven ou Brahms, tout comme
CPO555182 • 4 CD CPO
Lieder ! Rebecca Evans a la longueur en situation (respiration oppressée in- l’excellent trio de Ravensburg. C’est
de souffle pour soutenir ces phrases
immenses, et les chaudes couleurs de
cluse !) et fait tout le prix de ce disque :
un régal pour tout amoureux des mots Q uelle bonne idée de rééditer ces
quatre CD enregistrés il y a déjà
vingt-cinq ans. Volkmann fait partie
bien là le meilleur moyen de réhabiliter
Volkmann, musicien modeste à qui il
son timbre épousent idéalement celles qu’il soit ou non germaniste, d’autant
n’a manqué que de composer au moins
du piano où Vignoles met effective- qu’on compte sur les doigts d’une seule de ces figures du romantisme germa-
nique demeurées dans l’ombre des une œuvre devenue célèbre, comme ce
ment tout un orchestre (les dernières main les versions en allemand (souvent
mesures de « September », magiques, confiées à des récitantes, d’ailleurs). grands noms de leur temps. Pourtant fut le cas par exemple de Max Bruch.
la conclusion d’« Im Abendrot », déjà Bien sûr Oppitz aurait du mal à donner à cet austro-hongrois qui fit l’essentiel Saisissez l’occasion de réparer cette
d’outre-tombe), et si comme moi, son piano autant de relief, mais au fond de sa carrière à Budapest fut l’ami de injustice de la postérité, vous ne serez
vous n’entendiez pas l’envol de l’âme sa modestie est une chance pour l’équi- Brahms et gagna par sa musique de pas déçus… (Richard Wander)
N
quelque allant, une certaine morbidezza e vous fiez pas à un curieux texte rant m’en servir le plus tard possible. fait la part belle aux formes baroques
pesant comme un couvercle, assez circulant sur internet : si Julia (Olivier Eterradossi) tels que la fugue et le canon. Oeuvre
obsessionnelle et ressassante. Avec Fischer s’est bien fendue de quelques la plus virtuose de l’album, elle illustre
le temps va tout s’en va, et certains lignes de parrainage, elle ne joue pas à merveille la recherche de couleur
morts nous semblent plus vieux, plus une note ici. Ceci dit, voici une sorte sonore chère à ce compositeur. Enfin, le
seuls que d’autres : on dirait que leur de disque-concept que Matthias Well a monumentale deuxième sonate (1999)
mort est morte. Si j’étais Dieu, chantait voulu placer sous l’égide d’une « guilde de Penderecki, malgré l’utilisation de
le vieil Arkel, j’aurais pitié du cœur des oubliée des violonistes funéraires » l’ensemble des douze tons, n’a rien
hommes. Mais nous consolent pour qu’il aurait découverte après la lecture de sérielle. Le contemplatif Notturno,
conclure Lennon et Mccartney, qui pré- d’un ouvrage de 2006, « An Incomplete par sa mélodie tonale, est à l’image du
féraient faire l’amour (avec Michelle) History of the Art of Funerary Violin ». retour à la tonalité classique du compo-
que la guerre. En somme, la petite mort Seul problème : un coup d’œil au New siteur. La Pologne est aussi à l’honneur
plutôt que la grande... même finissant York Times du 4 octobre 2006 vous grâce à Karolina Piatkowska-Nowicka et
Œuvres pour violon et piano Bogna Czerwinska– Szymula, deux ex-
sur une épectase de Marseillaise ! apprendra que ce livre est un monu-
G. Bacewicz : Sonate n° 4 / A. Tansman : cellentes interprètes rompues à la mu-
(Gilles-Daniel Percet) mental canular ! Bon… voyons le pro-
Fantaisie / K. Penderecki : Sonate n° 2 sique de chambre. (Charles Romano)
gramme. Voici « St James Infirmary »
Karolina Piatkowska-Nowicka, violon; Bogna
(l’histoire d’un soldat qui, ayant dilapidé
Czerwinska-Szymula, piano
son argent avec des prostituées, meurt
d’une maladie vénérienne) voisinant DUX1399 • 1 CD DUX
avec l’andante de la sonate BWV 1003
de J.S. Bach et une aria de Stradella (se
retourneront-ils dans leur tombe?), ou
L e label Dux réunit pour ce nouvel
enregistrement trois des plus grands
compositeurs polonais du XXe siècle :
« Bonnie at Morn » (« une jolie image Krzysztof Penderecki (1933-), Grazyna
de la vie de famille » selon les édi- Bacewicz (1909-1969) et Aleksander
teurs du « Northumbrian Minstrelsy » Tansman (1897-1986). Si les trois
L
(Yves Kerbiriou) e titre évoque ces roses volées (Sto- renouvelle la technique habituelle de au luth. Parfois voler paye et ce sont les
len Roses), quelques pièces que l’instrument. Une passacaille de Biber roses dérobées qui ont le parfum le plus
l’interprète a « chipé » pour les arranger d’un chromatisme scrupuleusement doux... (Jérôme Angouillant)
zia Milani s’avère amplement justifié et citée dans le livret, loue avec admira- par les créations d’un duo homologue,
inédit. Cette jeune italienne, enfant pro- tion les qualités exceptionnelles de la celui du pianiste turinois Luciana Bi-
dige de la guitare, comme son modèle, jeune interprète. Un brillant hommage ! gazzi et du guitariste Maurizio Colonna,
avec seize premiers prix nationaux et (Philippe Zanoly) dont les effets comme de lumière ren-
internationaux obtenus entre 10 et 18 voient aussi à la peinture (Cézanne).
ans, reprend de nombreuses pièces Ensuite, avec cet éminent compositeur
du répertoire d’Ida Presti ainsi que ses pour guitare, florentin ayant fui l’Europe
Hommage à Ida Presti compositions personnelles, telles ses antisémite pour les Etats-Unis, et fré-
Œuvres pour guitare seule de Presti, études et la célèbre danse rythmique quent collaborateur d’Andrés Ségovia
Poulenc, Lagoya, Duarte… qui débute le disque. Ce programme que fut Mario Castelnuovo Tedesco,
Cinzia Milani, guitare original propose aussi la magnifique l’inspiration se structure entre écho
BRIL95528 • 1 CD Brilliant Classics sarabande de Poulenc et des pièces (Debussy) et rythmique (Manuel de
Falla). Auteur d’un concerto pour gui-
D écédée trop jeune à l’âge de 43 ans, dédiées comme celles de Duarte, Des-
sagnes et Morançon. Parcourant les tare, le suisse Hans Haug ne boudait
Ida Presti demeure une des plus
scènes internationales avec un succès Musique d’Argentine pour guitare pas l’assentiment populaire et, lui aussi,
brillantes guitaristes du XXe siècle,
grandissant, Cinzia Milani surprend par relie volontiers art sonore et art visuel.
considérée alors comme l’équivalent et bandonéon Entre tango et samba, l’autrichien
féminin de Ségovia. Elle forma, avec son jeu très sûr et sa technique soi- Œuvres de A. Fernandez, X. Cugat, A. Gerald Schwertzberger, également
son époux Alexandre Lagoya, le fameux gnée mais aussi par un son puissant Piazzolla, H. Stamponi, C. Gardel…
contrebassiste, était d’une inspiration
et emblématique duo de guitare qui intégrant de nombreuses nuances. La Enea Leone, guitare; Roberto Bongianino, plus latino-américaine (il enseigna au
connut un succès international sans maturité et la musicalité de son jeu bandonéon
Guatemala). L’anglais John W. Duarte,
précédent. Aussi, cet hommage oppor- s’inscrivent dans la droite ligne d’une BRIL95527 • 2 CD Brilliant Classics chimiste devenu guitariste autodidacte,
tunément rendu par la talentueuse Cin- Ida Presti dont la petite fille Isabelle,
et autre ami de Ségovia, joue ici avec
un thème de Castelnuovo Tedesco, le
toutes ses œuvres préférées avec un monde est petit. Compositeur mila-
Sélection ClicMag ! tel plaisir que l’idée de l’enregistre- nais et chef parfois iconoclaste, Paolo
ment s’est naturellement imposée d’où Pessina confirme une veine pleine de
le titre « Home ». Et quel ravissement vitalité et de liberté, entre humour et
d’écouter cette remarquable artiste, désenchantement. Enfin, on ne présente
maîtrisant parfaitement cet instrument plus le maître Piazzolla, qui parachève
polyphonique complexe, délivrer un une session d’un grand raffinement,
son cristallin puissant et aérien, nous en en confirmant le charme insidieux.
gratifiant d’un programme particulière- Duos pour guitare et piano (Gilles-Daniel Percet)
ment riche et éclectique avec Haendel, L. Bigazzi/M. Colonna : Formentera;
Rameau, Couperin, Bach, Sherman, Cézanne / M. Castelnuovo-Tedesco :
Sting, Grandjany, Zhe-Zhi Xie et De- Fantaisie, op. 145 / H. Haug : Fantaisie /
Home : Œuvres pour harpe seule bussy. Tous les titres, sans exceptions, G. Schwertberger : Cuatro piezas para dos
sont d’une réelle beauté parmi lesquels / J. Duarte : Insieme, op. 72 / P. Pessina :
Œuvres choisies de Haendel, Rameau,
Omaggio a Piazzolla / A. Piazzolla :
Couperin, Bach, Glass, Sherman, Saint- on peut souligner (en se forçant) l’amu-
Milonga sin Palabras; Verano Porteno;
Saëns, Sherman, Debussy... sant « tic-toc-choc » de Couperin, les Invierno Porteno
Elizabeth Hainen, harpe; David dePeters, deux préludes pour clavier bien tem-
Duo PerlaMusica [Sophie Rudaz Muudry, piano;
vibraphone péré de Bach, l’extraordinaire et sur- Grégory Scalesia, guitare]
AVIE2378 • 1 CD AVIE Records prenant « Metamorphosis 2 » de Glass
CLA1708 • 1 CD Claves
avec l’apport de son mari DePeters au Telemandolin
H arpiste soliste de l’Orchestre de Phi-
ladelphie, l’américaine Elizabeth Hai-
nen présente un florilège des plus belles
vibraphone qui ajoute avec son timbre
hypnotique une beauté toute subtile F ormation suisse plutôt originale,
d’un alliage d’autant plus subtil que
Fantaisies, TWV 40 : 23 et 26; Sonate de
Concert, TWV 44 : 1; Suite, TWV 55 : G2;
comme c’est aussi le cas dans l’intem- la délicate captation en est ici idéale. Concerto pour mandoline, TWV 51; Partita
pièces pour harpe. Elle mentionne en porel « Clair de lune » de Debussy, pièce Leur association Perlamusica remonte n° 2, TWV 41 : G2 / C.P.E Bach : Sonate
toute simplicité que bloquée dans sa appropriée pour conclure cet album en- à presque dix ans. Ils ont concerté avec hambourgeoise, Wq 133 / C.F. Abel : Pièce
maison victorienne par les nombreuses voûtant. Complètement sous le charme orchestre de chambre, ont même réor- pour violon seul, WK 209 / J.F. Fasch :
intempéries de l’hiver dernier, elle a de la harpe d’Elizabeth Hainen, je ne me chestré (mais pour cuivres) des concer- Concerto pour luth, FaWV L : d1
profité de ce mini-congé sabbatique lasse pas de la réécouter, réécouter… tos de Bach, Beethoven et Rodrigo (le Alon Sariel, mandoline
involontaire pour jouer dans l’intimité (Philippe Zanoly) fameux d’Aranjuez !). Ils commencent 0300934BC • 1 CD Berlin Classics
1 3 mars 2016, Kit Armstrong rempli le Andrea Concetti, basse; Orchestre de la Scala de déploie la direction tendue à rompre de
rir le père et le fils. Le spectacle se voit
Concertgebouw avec un programme Milan; Michele Mariotti, direction; Alvis Hermanis,
d’une traite tant son esthétique est Michele Mariotti. Soirée magnifique qui
surprenant où des cahiers de varia- mise en scène
soufflante et sa direction d’acteur sub- rend justice à l’un des opéras de Verdi
tions des virginalistes précédent les CM742008 • 1 DVD C Major tile. Mais il y a plus : l’interprétation est les moins connus, pourtant l’un des
Goldberg. L’idée transformée en hom- CM742104 • 1 BLU-RAY C Major de bout en bout superlative, le Doge im- plus beaux. (Jean-Charles Hoffelé)
mage est empruntée à Glenn Gould qui
enregistra les virginalistes et se fit un
étendard des Goldberg dès ses débuts citations de ses opéras et la tardive révi- plicité et sophistication. Tout concours se fait pas voir, cela se fait sentir. Donc
au disque. Le jeune pianiste y ajoute sion de 1889, qui souffre de coupures à une restitution à la fois surprenante si vous voulez vous émouvoir à votre
deux opus de Sweelinck qui le montrent intempestives, est la plus équilibrée et la et évidente. Même si l’ensemble de la première Bohème passez votre chemin.
aussi hardi qu’embarrassé, paradoxe plus satisfaisante (et bénéficie de l’ajout distribution est inégal vocalement, les Pour la musique, la direction très prag-
qui semble dire tout haut « que faire de d’une formidable coda au scherzo). Et personnages sont solidement incarnés. matique de Gianandrea Noseda - il faut
cette musique ? », surtout sur le grand le chef lui insuffle une grandeur et une Un Papageno plein d’esprit (Till von bien s’accorder à la scène - mais sou-
piano de concert. Ayant tant appris de passion qui trouvent un parfait véhicule Orlowsky), la gracieuse Pamina de la vent plus lyrique que ne le voudrait Ollé
son maître Alfred Brendel, mais si peu avec la Staatskapelle de Dresde. Disque méditerranéenne Fatma Saïd et le Tami- dévoile quelques beautés, la compagnie
de lui justement dans ce répertoire, après disque, l’entente entre le maestro no tendre et joueur de Martin Piskorski. de chant est homogène ce qui chez
le pari était risqué. La première par- et ses musiciens ne cesse de s’affermir Les nombreux dialogues du livret Puccini est une insulte, mais les prota-
tie interroge, mais les Goldberg plus de façon manifeste. La vidéo impres- essentiels à la dramaturgie sont parfai- gonistes ? Un peu pareil pour Rodolfo
encore, qui hésitent entres des éclairs sionne par la tension de l’expression de tement parlés par de jeunes chanteurs et Mimi et même Musetta. Alors on
de génie et des facilités, subissent des Thielemann, littéralement habité sinon germanophones. La direction musicale goutera les harmoniques si suaves du
baisses de tension, n’emportent vrai- possédé par l’œuvre. De l’héroïsme des d’Adam Fischer respecte point par point Marcello de Massimo Cavaletti, et ses
ment ni vers le rêve ni vers le sommeil. allegros extrêmes à la passion trista- cet équilibre musique / théâtre voulu colères sourdes. Soudain un person-
C’est souvent très bien réalisé, mais nesque de l’adagio, chaque mouvement par Peter Stein. L’orchestre tout en sou- nage parait dans toute cette poudre aux
soudain hésitant jusqu’à la vétille, vrai est joué avec une intensité boulever- plesse et subtilité soutient discrètement yeux d’autant plus misérabilistes qu’elle
« work in progress » d’un musicien qui sante. Une interprétation magnifique, à les chanteurs mais sait aussi ména- vous met votre époque sous le nez. Lui,
ose le montrer, geste perfectible qui laquelle le DVD apporte une plus-value ger de beaux moments dramatiques. on le suivra. (Jean-Charles Hoffelé)
aura documenté cet art encore fragile et réelle. (Richard Wander) (Jérôme Angouillant)
qu’on prendra le temps venu pour les
premières interrogations d’un des pia-
nistes majeurs de la jeune génération,
un document à regarder mais à garder ?
(Jean-charles Hoffelé)
G rand wagnérien devant l’éternel, flûte mise en scène par le réalisa- Qui aurait prévu qu’à placer son action autrichienne aura contraint Kasper
Christian Thielemann ne pouvait pas teur de cinéma et metteur en scène de aujourd’hui elle prendrait un tel coup Holten, patron de Covent Garden, à pré-
rater la 3° symphonie de Bruckner, celle théâtre allemand, Peter Stein mais une de vieux ! Mais aussi, ce n’est pas du senter des excuses devant un public dé-
précisément qui est dédiée au maître de recherche et une volonté d’authenticité, tout un ouvrage pour Alex Ollé, même cidément choqué : Damiano Michieletto
Bayreuth. Pour cette captation réalisée de cohérence et de lisibilité. Une ver- désencombré d’une partie de la Fura, et aura appris à ses dépends que certaines
dans la philharmonie de Munich, lieu de sion Singspiel très fidèle au livret origi- la littéralité de son geste (si geste il y choses ne se montrent pas si crument
résidence de l’orchestre bavarois qu’il nal de Schikaneder. Aidé en cela par la a d’ailleurs), avec son Momus de cité, au public anglais, du moins à celui du
avait dirigé en son temps, Thielemann machinerie conventionnelle du théâtre brouillon, pointe ce qui a toujours fait Royal Opera House. Mais il ne faut pas
retient avec raison la version de 1877 viennois de l’époque, somptueux, fée- la faiblesse de son art : la direction s’arrêter au parfum de scandale qui a
d’une œuvre à la genèse compliquée. rique et magique. Bruits de scènes ac- d’acteur. Ah c’est bien beau de faire des fait la réputation de ce spectacle et aura
Cette rédaction intermédiaire entre la centués, costumes bigarrés ou parfois spectacles, mais Bohème c’est l’his- du moins produit une tension en scène
première mouture de 1873 à laquelle ordinaires, accessoires pittoresques et toire de deux amours qui se croisent toujours palpable lors de la captation
Wagner avait demandé de retirer les faux animaux, décors qui allient sim- et périssent (de quatre en fait), cela ne de ce 5 juillet 2015. Le théâtre un peu
Sviatoslav Richter
J.S. Bach : Concerto en ré mineur, BWV
1052 - Concerto brandebourgeois n° 5 en ré Supreme Sopranos
majeur / J. Haydn : Concerto en ré majeur, B. Nilsson; E. Farrell; R. Tebaldi; V. de los Angeles;
Ballet du Capitole Hob WVIII n° 11 / A. Scriabine : « Promé- R. Scotto; B. Sills; M. Caballé; R. Peters; L. della
thée, le Poème du feu », op. 60 Casa; J. Sutherland; A. Moffo; M. Freni; L. Price;
A.C. Adam : Le Corsaire, ballet en 3 actes,
Sviatoslav Richter, piano; Orchestre National B. Sullivan; N. Gedda; C. Siepi
5 tableaux et un épilogue / La Bête et la
Belle, ballet contemporain de K. Belarbi d’URSS; Evgeny Svetlanov, direction
VAI4594 • 1 DVD VAI Music
d’après « La Belle et la Bête » sur des PDVD1205 • 1 DVD Parnassus
musiques de Daquin, Haydn, Ligeti et Ra-
Giuseppe Verdi (1813-1901) vel / La Reine morte, ballet de K. Belarbi
Missa da Requiem d’après Montherlant et Vélez de Guevara,
Julianna Di Giacomo; Michelle DeYoung; Vittorio sur des musiques de Tchaikovski
Grigolo; Ildebrando D’Arcangelo; Los Angeles Maria Gutierrez; Davit Galstyan; Takafumi
Master Chorale; Los Angeles Philharmonic Watanabe; Juliette Thélin; Demian Vargas; Juliana
Orchestra; Gustavo Dudamel, direction Bastos; Julie Loria; Henrik Victorin; Cédric Pons;
CM741208 • 1 DVD C Major Joël Sitbon; Orchestre National du Capitole; David
Coleman, direction; Kader Belarbi, chorégraphie
CM741304 • 1 BLU-RAY C Major (Le Corsaire); Takafumi Watanabe; Julie Loria;
Adolphe Adam : Giselle, ballet J.S. Bach : Concertos Brandebour- J.S. Bach : Concertos pour violon J.S. Bach : Six suites pour Béla Bartók : Concerto pour piano n° L. van Beethoven : Concerto pour
(extraits) geois Emmy Verhey, violon; violoncelle, 3 / M. Ravel : Concerto pour piano violon, op. 61; Romance pour violon
Academy of St Martin in the Fields; Musica Amphion; Camerata Antonio Luco transcription pour saxophone en sol majeur Emmy Verhey, violon; Utrecht SO;
Sir Neville Marriner, direction Pieter-Jan Belder, direction Henk Twillert, saxophone baryton Klara Würtz, piano; Royal PO; Eduardo Marturet
BRIL94354 - 1 CD Brilliant BRIL93125 - 2 CD Brilliant BRIL93238 - 1 CD Brilliant BRIL93637 - 2 CD Brilliant BRIL9008 - 1 CD Brilliant BRIL93243 - 1 CD Brilliant
L. van Beethoven : Symphonie n° 9 L. van Beethoven : Sonates pour J. Brahms : Sonates pour violon G.B. Buonamente : Sonates, canzo- Chopin, Field : Intégrale des F. Chopin : Intégrale des Polonaises
en ré mineur, op. 125 piano n° 8, 14 et 23 n° 1 à 3 nas et sinfonias. nocturnes Folke Nauta, piano
Staatskapelle Dresden; Alfred Brendel, piano Gyorgy Pauk, violon; Le tanto tempo hormai Bart Van Oort, piano
Herbert Blomstedt, direction Roger Vignoles, piano L. Pontecorvo, flûte; Helianthus Ensemble
BRIL93841 - 1 CD Brilliant BRIL93993 - 1 CD Brilliant BRIL93989 - 1 CD Brilliant BRIL94478 - 1 CD Brilliant BRIL92202 - 4 CD Brilliant BRIL93995 - 1 CD Brilliant
D. Chostakovitch : Symphonies de A. Corelli : Concerti Grossi, op. 6 A. Dvorák : Symphonie n° 9 en mi Andrea et Giovanni Gabrieli : G.F. Haendel : Intégrale des G.F. Haendel : Intégrale des
Chambre n° 1 à 5 Musica Amphion; mineur « Du nouveau monde », Musique pour 1 et 2 orgues. Cantates, vol. 1 Cantates, vol. 2
Orchestra Sinfonica di Milano Giuseppe Pieter-Jan Belder, clavecin, direction op. 95 Liuwe Tamminga, orgue Stefanie True, soprano; Stefanie True, soprano; Contrasto Armo-
Verdi; Rudolph Barshai Royal PO; Paavo Järvi, direction Luigi Tagliavini, orgue Contrasto Armonico; Marco Vitale nico; Mario Vitale
BRIL8212 - 2 CD Brilliant BRIL94420 - 2 CD Brilliant BRIL93258 - 1 CD Brilliant BRIL93368 - 1 CD Brilliant BRIL93999 - 1 CD Brilliant BRIL94000 - 1 CD Brilliant
J. Haydn : Les Saisons, oratorio; La Simeon Ten Holt : Intégrale des F. Liszt : Concertos pour piano n° Erik Lotichius : Symfonietta; G. Mahler : Symphonie n° 4; M. Moussorgski : Tableaux d’une
Création, oratorio œuvres pour piano 1 et 2 Concerto pour piano n° 2; Mélodies Alexandra Coku, soprano; exposition / P.I. Tchaikovski : Les
H. Donath; K. Widmer; A. Kraus; Orchester Irene Russo; Fred Oldenburg; Sandra et Nelson Freire, piano; Dresdner PO; Eliane Rodrigues; Michelle Mallinger; Netherlands PO Saisons, op. 37b
der Ludwigsburger; Wolfgang Gönnenwein Jeroen van Veen Piano Ensemble Michel Plasson Prima La Musica; Dirk Vermeulen Hartmut Haenchen Alexander Warenberg, piano
BRIL94384 - 4 CD Brilliant BRIL7795 - 11 CD Brilliant BRIL93846 - 1 CD Brilliant BRIL9158 - 1 CD Brilliant BRIL93277 - 1 CD Brilliant BRIL93297 - 1 CD Brilliant
W.A. Mozart : Concertos pour piano Carl Orff : Carmina Burana N. Paganini : Concertos pour violon M. Ravel, C. Debussy : Quatuors à O. Respighi : Intégrale des œuvres E. Satie : Intégrale de l’œuvre pour
n° 1, 21 et 25 Royal Choral Society; n° 2 et 5 cordes; Trios pour piano orchestrales, vol. 2 piano à 4 mains
Derek Han, piano; Philharmonia Orchestra; Royal PO; Richard Cooke, direction; Alexandre Dubach, violon; Rouvier; Kantorow;Müller; OS de Rome; Francesco Vecchia, direction Sandra et Jeroen van Veen piano
Paul Freeman Modo Antiquo OP de Monte-Carlo; Lawrence Foster Quatuor Carmina Ensemble, piano à 4 mains
BRIL93288 - 1 CD Brilliant BRIL8331 - 2 CD Brilliant BRIL93992 - 1 CD Brilliant BRIL8200 - 2 CD Brilliant BRIL94393 - 2 CD Brilliant BRIL9129 - 1 CD Brilliant
F. Schubert : Sonates pour piano A. Scriabine : Intégrale des sonates P.A. Soler : 6 Concerti pour 2 orgues Thomas Tallis : Spem in alium. A. Vivaldi : Intégrale des sonates Ave Verum : Célèbres Chœurs
n° 14 et 15 pour piano Pieter Van Dijk, orgue Musique pour la Reine Elizabeth pour flûte Sacrés de Haydn, Fauré, Wesley,
Hanna Shybayeva, piano Dmitri Alexeev, piano Maurizio Croci, orgue Chapelle du Roi; Mario Folena, flûte Brahms, Mozart, Boyle, Elgar...
Alistair Dixon, direction St John’s College; Christopher Robinson
BRIL93913 - 1 CD Brilliant BRIL94388 - 2 CD Brilliant BRIL93763 - 1 CD Brilliant BRIL94005 - 1 CD Brilliant BRIL93703 - 1 CD Brilliant BRIL9148 - 1 CD Brilliant
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