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Clic Musique 

! ClicMag n° 54
Votre disquaire classique, jazz, world Novembre 2017

LEONARD BERNSTEIN
Premier volume de son leg vidéographique d’Unitel

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !


Sélection musique contemporaine

Gorecki, Szabelski, Knapik : Œuvres Paweł Łukaszewski : Missa de Maria Maderna, Takemitsu, Taïra… : flute Krzysztof Meyer : Œuvres pour Stanislaw Moryto : Portrait du Aleksander Gabrys : Portrait.
orchestrales a Magdala o’clock. Duos pour flûte chœur et orchestre compositeur Bassolo. Musique pour contrebasse
OP Symphonique de Silésie; Mirosław Grodzka-Lopuszynska; Sadownik Karolina Balinska et Ewa Liebchen, flûte Chœur et OS de la radio polonaise; Antoni A. Mikołajczyk, soprano; A. Sikorzak-Olek, du XXe et XXIe s.
Jacek Błaszczyk Jan Borowski, direction DUX0715 - 1 CD DUX Wit; Tadeusz Wojciechowski harpe; OP de Łomza; Jan Miłosz Zarzycki Aleksander Gabrys, contrebasse
DUX0865 - 1 CD DUX DUX0944 - 1 CD DUX DUX1408 - 1 CD DUX DUX1376 - 1 CD DUX DUX0800/01 - 2 CD DUX

H. Holliger : Romancendres; Feue- New Horizons. Œuvres pour Paysage sauvage du trombone In good company. Œuvres pour tuba Do; Pathways. Œuvres pour violon Libero, Fragile : Musique contempo-
rwerklein; Chaconne; Partita accordéon de Holliger, Wirth, suédois. Œuvres de pour trombone de Danielsson, Russell, Tomasi, et piano de Schnittke, Gubaidulina, raine pour violon et alto
Daniel Haefliger, violoncelle Kelterborn… de Hillborg, Larsson, C. Lindberg… Penn, Gaathaug Pärt… Elisabeth Kufferath, violon, alto
Gilles Vonsattel, piano Viviane Chassot, accordéon Lars Karlin, trombone Rubén Durá de Lamo, tuba Zhi-Jong Wang, violon
GEN14330 - 1 CD Genuin GEN14315 - 1 CD Genuin GEN15337 - 1 CD Genuin GEN15336 - 1 CD Genuin GEN15339 - 1 CD Genuin GEN17456 - 1 CD Genuin

Grace Note : Ballet contemporain Peter Jakober : Substantie, portrait Bernhard Lang : The Cold Trip Francisco Lopez : Through the Stefan Weglowski : Musique Staud, Gadenstätter, Schurig… : Der
PHACE; Günter Brus, voix; L. Baro, S. du compositeur Sarah Maria Sun, voix; Juliet Fraser, voix; looking-glass contemporaine juive Erste Bank Kompositionsauftrag
Cumming, I. Garside, danseurs Michael Moser; Annelie Gahl; Quatuor Mark Knoop, piano, laptop Francisco Lopez, enregistrement et édition Dziedzic; Lasowski; Ptaszynska; Szurmiej; Klangforum Wien; Johannes Kalitzke
Asasello; Klangforum Wien; Bas Wiegers Quatuor de guitares Aleph Krakauer
0013382KAI - 1 DVD Kairos 0015007KAI - 1 CD Kairos 0015018KAI - 1 CD Kairos 0012872KAI - 5 CD Kairos 0015026KAI - 1 CD Kairos 0012852KAI - 6 CD Kairos

Patrizio Esposito : Resonating Body Scelsi Edition, vol. 8 : Musique de Salvatore Sciarrino : Luci mie K. Stockhausen : Harlekin; Œuvres Epigramas : Pièces contemporaines Two pianos : Musique contempo-
Ensemble Interface chambre pour violon, vlc et piano traditrici, opéra pour clarinette pour flûtes de Artero, de Vaca, raine pour duo de piano. Œuvres de
Patrizio Esposito, direction M. Däunert; G. Gnocchi, violoncelle; Ensemble Algoritmo; Marco Angius Michele Marelli, clarinette Tora… Sciarrino, Ligeti, Aperghis...
A. Stella Alessandra Rombolà, flûtes Alfonso Alberti et Anna d’Errico, piano
STR37066 - 1 CD Stradivarius STR33808 - 1 CD Stradivarius STR33900 - 1 CD Stradivarius STR33864 - 1 CD Stradivarius STR37074 - 1 CD Stradivarius STR37058 - 1 CD Stradivarius

Toshio Hosokawa : Voyage VIII; Graffiti. Œuvres de U. Chin, Olga Scherben. Œuvres de Harvey, Sterben. Œuvres de Filidei, Beil Schlamm. Œuvre de Ferneyhough, Stille. Œuvres de Haas et Johnson
Lied; Arc song; « Stunden-blumen; Neuwirth et Sun Ra Poppe, Saariaho, Nunes. et Kagel Lang, Bauckholt et E. López Sarah Wegener, soprano; musikFabrik;
Voyage X « Nozarashi » Blaauw, trompette; Gratkowski, saxophone; Dirk Wietheger, violoncelle; musikFabrik; Markus Brutscher, ténor; Ensemble musik- Christine Chapman, tuba wagnérien; Emilio Pomarico; Christian Eggen; Rupert
musikFabrik; Peter Rundel; Ilan Volkov musikFabrik; Peter Runde; Christian Eggen Peter Rundel; Stefan Asbury Fabrik; Marcus Creed; Otto Tausk Ensemble MusikFabrik; Emilio Pomarico Huber; Enno Poppe
WER6860 - 1 CD Wergo WER6861 - 1 CD Wergo WER6862 - 1 CD Wergo WER6863 - 1 CD Wergo WER6864 - 1 CD Wergo WER6865 - 1 CD Wergo

Brice Pauset : Canons pour piano A. Reimann : Œuvres vocales (Ein- Maurizio Squillante : The Wings of Balze Trümpy : Oracula Sybillae, Helmut Zapf : Quatuors à cordes Love Songs, dedicated to ensemble
Nicolas Hodges, piano; Benjamin Lévy, gedunkelt) et orchestrales (Spiralat Daedalus, opéra portrait du compositeur Quatuor Sonar recherche. Œuvres de Abrahamsen,
électronique live halom, Neun stücke) Haugton; Luchetti; Brown; Vaillancourt; Ensemble El Cimarrón Andre, Claren, Zimmermann…
OS de la NDR; Christoph Eschenbach Chor der Cyborgs Michael Kerstan, direction ensemble recherche
WER7365 - 2 CD Wergo WER7337 - 1 CD Wergo WER2073 - 1 CD Wergo WER7335 - 1 CD Wergo WER7348 - 1 CD Wergo WER6792 - 2 CD Wergo

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En couverture / Musique contemporaine
Bernstein : Three Dance episode, extrait de caniques où se lit avec un peu trop de Cecilia capté en juin 1989. Les Images
Sélection ClicMag ! « On the Town » / Harold Arlen : Over the présence l’empreinte de Tchaïkovski, sont surprenantes, Gigues un rien pru-
Rainbow / Aaron Copland : « Fanfare for the mais la Cinquième est plus incertaine. dent de tempos, Rondes de printemps,
common man » / Jerome Kern : « Ol’ Man
Le premier mouvement peine à trouver ultime pièces des Images mais que
River », extrait de « Showboat » / Maurice
Ravel : La Valse / Richard Rodgers : « Shall
sa direction et ne se forme vraiment Bernstein place en second, miraculeux
we dance? », extrait de « The King and I » qu’à la coda, stupéfiante, l’andante est d’équilibre et de fantaisie, Iberia brillan-
/ Pablo de Sarasate : Fantaise Carmen, assez survolé préparant un final for- tissime mais surtout atteignant à une
op. 25 / Piotr Ilyitch Tchaikovski : Andante midable où Lenny danse, ivre de cette sensualité inouïe pour Les parfums de
Catabile, extrait du Quatuor à cordes n° 1 musique qu’il produit. Pourtant la perle la nuit qui se renouvelle pour un Prélude

Leonard Bernstein
en ré majeur, op. 11 / « Larger than Life », de cet ensemble reste la Septième du à l’après-midi d’un faune languide, qui
film documentaire de Georg Wübbolt sur 4 octobre 1988, phrasée tout du long
Leonard Bernstein. Interview des enfants rappelle par la profusion de ses cou-
espressivo et dont le vivacissimo se leurs celui tardif, et filmé, de Leopold
du compositeur et de Gustavo Dudamel,
Kent Nagano, Marin Alsop, Christoph
souvient du ton bucolique et joueur Stokowski. Puis suit une version tellu-
Eschenbach… des épisodes rapides de la Sixième. Il rique de La Mer que Bernstein danse
suffit de mettre ensuite la version de
Brigitte Fassbaender; James Taylor; Anne-Sophie littéralement, la dirigeant souvent les
Mutter; Peter Serkin; Yo-Yo Ma; John Williams... Koussevitzky en concert à Boston pour
lunettes à la main. Quel dommage de
retrouver exactement la même concep-
CM743008 • 6 DVD C Major ne pas avoir plus de témoignages de sa
tion. Autre sommet, le 16e Quatuor

C Major serait-il lancé dans la réédi- collaboration avec les romains! A tout
de Beethoven dans sa version élargie
tion intégrale du leg vidéographique cela s’ajoute le beau film d’hommage de
au quatuor d’orchestre où Bernstein
de Leonard Bernstein, du moins de celui Geörg Wübbolt sur le compositeur et
sculpte les cordes en démiurge, attei-
assemblé par Unitel et publié jusque-là gnant à un discours cosmique dans le le chef d’orchestre où les témoignages
chez Deutsche Grammophon ? Volume lento. On passe des ors du Musikverein abondent, introduction parfaite à sa vie
Leonard Bernstein 1 indique cet emboitage de six DVD dont à ceux de la basilique d’Ottobeuren, des et à son art, et plus discutable, le DVD
Jean Sibelius : Symphonie n° 1 en mi quatre restituent quelques concerts his- Wiener Philharmoniker au chœurs et à sur le 75eme anniversaire du Festival de
mineur, op. 39; Symphonie n° 2 en ré toriques. Les Sibelius de Vienne sont l’Orchestre de la Radio Bavaroise, pour Tanglewood où seule la Fantaisie Cho-
majeur, op. 43; Symphonie n° 5 en mi célébrissimes, Bernstein avait tout une lecture exaltée et exaltante de la rale de Beethoven emmenée par David
bémol majeur, op. 82; Symphonie n° 7 appris des secrets du compositeur fin- Missa in tempore belli (Paukenmesse) Zinmann peut se laisser admirer (Peter
en do majeur, op. 105 / Claude Debussy : landais durant ses années auprès de Serkin est au piano) au contraire d’une
, portée par un quatuor fabuleux. Berns-
Images; Prélude à l’après-midi d’un faune; Koussevitzky, les Wiener Philharmoni- Anne-Sophie Mutter qui détimbre son
tein défendait les Messes de Haydn de-
La Mer / Ludwig van Beethoven : Quatuor
ker fréquentaient l’intégralité du cycle puis des années, les avait enregistrées Sarasate où de cette Valse de Maurice
à cordes n° 16, op. 135 (version pour
depuis que Lorin Maazel les y avait gui- pour la CBS à New York et à Londres, Ravel sur laquelle Andris Nelsons met
orchestre à cordes); Fantaisie pour piano,
choeur et orchestre en do mineur, op. 80 / dé pour leur légendaire intégrale chez mais la captation à Ottobeuren sur- sa petite chorégraphie à semelles de
Joseph Haydn : Missa in tempore belli, H Decca , leur rencontre dans ce réper- classe l’enregistrement américain. Perle plomb. C’est pourtant lui que les Bosto-
22 n° 9 « Paukenmesse »; Concerto pour toire avec Lenny est souvent magique : de cette première livraison, le concert nien ont choisi pour nouveau directeur
piano en ré majeur, Hob III n° 11 / Leonard Première et Deuxième emportées, vol- Debussy avec l’Orchestre de la Santa musical. (Jean-Charles Hoffelé)

bable courant dynamique assez diver- tette pour piano


sifié on doit le reconnaître, qui sourd Karel Košárek, piano; Quatuor Martinu
des cordes comme il serait hypnotisé
SU4232 • 1 CD Supraphon
par le flux d’un cours d’eau ou happé
par des chants d’oiseaux. La micro-to-
nalité et l’effet fusionnel des timbres du
troisième « quatuor » évoque le langage
R enommé pour ses compositions
(et improvisations) pour orgue, le
tchèque Petr Eben, dont les racines
froid de Ligeti. On peut être charmé juives lui auront valu la déportation et
par une si franche zénitude mais aussi
la foi chrétienne le désaveu du pou-
Hans Abrahamsen (1952-) agacé par cette aporie structurelle Arturo Fuentes (1975-)
chronique. Lorsqu’elle ne rappelle pas voir communiste, voit ici sa musique
Quatuors à cordes n° 1-4 Broken mirrors; Liquid crystals; Ice reflec-
Ligeti et les autres (Bartok, Pende- de chambre mise en avant par le Mar- tion; Glass distortion
Quatuor Arditti
recki, Takemitsu), cette musique est si tinu Quartet, rejoint par le pianiste Quatuor Diotima
WIN910242-2 • 1 CD Winter & Winter peu incarnée qu’elle en paraît presque Karel Košárek. Le Trio pour piano s’y 0015015KAI • 1 CD Kairos
L a composition des quatre quatuors
du danois Hans Abrahamsen se situe
entre 1973 et 2012, couvrant une large
algorithmique (Les dix préludes du
Premier Quatuor). On y cherche en vain
distingue par la mise en opposition
du timbre du piano face à celui des J ’avais déjà goûté à l’univers fantas-
magorique du compositeur mexicain
un terreau, une tradition, une source
période de création du musicien. En fait il populaire. Désarmé par tant de vacuité, cordes  : si ce contraste atteint son basé à Innsbruck au travers de l’excel-
s’agit plutôt de pièces pour instruments on n’est pas tenté de réentendre ce acmé dans le troisième mouvement, où lente suite Space Factory (Neos, 2014),
à cordes que de véritables quatuors qui disque ou peut-être simplement en piano et cordes jouent, chacun pour soi, sorte de mobile de Calder persistant à
convoquent dans une forme spécifique bruit de fond sans faire l’effort d’écou- la lente effervescence. Avec ces quatre
marche funèbre et… valse, le procédé
les quatre membres du groupe. Hans ter, même si les Arditti font leur job, titres à peine plus récents, l’élève de
survole l’ensemble du morceau - avec
Abrahamsen né en 1952, travaille les sans rechigner (Mais quelle frustration Franco Donatoni concentre son laby-
sonorités, les jeux, les rythmes mais pour les instrumentistes !) Après ça on un certain bonheur. Lui aussi plus à la rinthe sonique, offrant aux cordes du
pas les structures. Son langage est a qu’une envie : se « taper » un quatuor recherche d’une dichotomie que d’une Quatuor Diotima - ici au mieux de son
d’un post-modernisme glacial, résolu- de Beethoven, un bon Razoumovsky jonction entre les instruments, le Mode- doigté - l’occasion de nous immerger
ment minimaliste, puisant ça et là dans par exemple on the rocks  ! (Jérôme rato du Quintette pour piano décline de avec force dans cette « physicalité mu-
l’aléatoire ou le répétitif. Bruits naturels, Angouillant) sicale » qui lui est chère. Dans cette re-
subtiles formes de beauté, acoustique-
faux silences. La nature dans ce qu’elle lation entre formes physiques et formes
ment contrastées par les intermezzi,
a d’imprévisible inspire le compositeur. musicales, Broken Mirrors aborde le
Telles ces tâches de couleur vives qui d’abord en pizzicato du quatuor, ensuite processus physique de brisure - ses
adornent la pochette, les sons tombent en staccato du pianiste. Le Labyrinthe lignes zigzaguent à la surface du verre -,
comme des gouttes d’eau éclatées sur du monde et le paradis du cœur, lui, qui débouche sur un prisme sonore aux
une vitre, procédé que n’aurait pas renié quatuor à cordes directement inspiré dimensions et couleurs multiples. L’état
John Cage (Quatrième Quatuor). Dis- par l’œuvre du philosophe et pédagogue physique change dans Liquid Crystals :
cours musical et discours argumentaire Comenius, s’entend « labyrinthe » dans malléable, le cristal se répand en une
s’entrecroisent et s’enlisent (La notice vague sonore aux courbes souples.
ses mouvements premier et quatrième,
frise le comique involontaire : on y parle Réfraction de la lumière sur ce liquide
de l’art du contrepoint de Bach et du Petr Eben (1929-2007) intenses et résolus, et « paradis » dans resolidifié, Ice Reflection module ses
Winterreise de Schubert !). Malgré tout, Quatuor à cordes « Labyrinth of the World les deux autres, sereins sinon médita- éclats, leur brillance, leur intensité, et
l’auditeur reste scotché par cette impro- and Paradise of the Heart »; Trio et quin- tifs. (Bernard vincken) converge, comme les quatuors qui le

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Musique contemporaine
précèdent, vers Glass Distortion, pièce aujourd’hui la musique arménienne Krzysztof Penderecki (1933-) tout la glorieuse lumière de la foi du
majeure de l’album. Où, pour mieux contemporaine. En coloriste exigeant, Missa Brevis; Psaume 129, 1-5; Asheche compositeur. Disque référence que l’on
nous désorienter, le compositeur et ses Mansurian joue avec gourmandise avec i wo grob z Jutrzni II, extrait de « Utrenja ajoutera dans sa discothèque au volume
ruses électroniques tendent un voile la palette des timbres de l’orchestre. Il II »; Kaddish; Psaumes de David précédent. (Jérôme Angouillant)
acoustique, spectral, sur le labyrinthe affectionne les textures transparentes, Solistes de l’OP de Cracovie; Polski Chor
des labyrinthes. (Bernard Vincken) impressionnistes ou pointillistes. Use Kamelrany; Jan Lukaszewski, direction
d’une harmonie peu conflictuelle, lisse, DUX0964 • 1 CD DUX

P
douce et flexible, afin de mettre en enderecki s’est toujours passionné
valeur des mélodies teintées de folklore pour la voix humaine et la musique
aux ornements discrètement inspirés chorale. Un premier volume passion-
de l’art arménien médiéval. Preuve nant (issu de l’édition spéciale du label
tangible de cette imprégnation du folk- polonais) présentait une série de pièces
lore national, le cycle de mélodies avec pour chœur qui jalonnait l’œuvre de
orchestre Canti Parralleli (2012) est Penderecki. Ce second disque com-
composé sur des vers de poètes armé- prend deux pièces majeures, reflets de Krzysztof Penderecki (1933-)
niens, opposant trames orchestrales son ancienne manière «  les Psaumes
Caprice pour Siegfried Palm, pour violon-
Tigran Mansurian (1939-) ductiles et fusées mélismatiques de la de David  » de 1958, et de sa plus celle seul; Candence pour violoncelle seul;
voix (Mariam Sarkissian au timbre un récente  : «  la Missa Brevis  » de 2012. Per Slava, pour violoncelle seul; Suite pour
Mélodies « Canti paralleli »; Postlude et
Agnus Dei, en mémoire d’Oleg Kagan peu aigre). Deux œuvres sont dédiées On goûtera le changement de cap sty- violoncelle seul; Sérénade pour 3 violon-
Mariam Sarkissian, mezzo-soprano; Julian Milkis, au violoniste Oleg Kagan, disparu en listique qui s’est opéré durant la vie celles; Violoncello Totale, pour violoncelle
clarinette; Anton Martynov, violon; Daria Ulantseva, 1990. Le Postlude (1992) offre un volu- du compositeur. Les Psaumes utilisent seul; Agnus Dei, pour 8 violoncelles;
piano; Orchestre de Chambre « Musica Viva » de percussions basse et deux pianos. Chaconne en mémoire de Jean-Paul II,
bile dialogue entre clarinette et violon- pour 6 violoncelles
Moscou; Alexander Rudin, violoncelle, direction; celle sur un somptueux tapis de cordes. Langage basé sur la rupture et l’excès,
Leonid Kazakov, direction l’avant garde de l’époque parfumé d’une Jakob Spahn, violoncelle; Izabela Buchowska,
De la couleur vive (Ostinati) sur de la violoncelle; Tomasz Daroch, violoncelle; Jan
BRIL95489 • 1 CD Brilliant Classics touche de dodécaphonisme. Le chœur
grisaille, limite inquiétante. L’Agnus Dei Kalinowski, violoncelle; Marta Kordykiewicz,
gémit, marronne et vocifère plus qu’il
L e label allemand ECM nous a révélé
en quelques disques, signés d’inter-
prètes prestigieux (Garbarek, Kash-
(2006) reprend l’effectif instrumental
du quatuor de Messiaen (Pour la fin du
temps). Trois parties correspondant au
ne chante, accompagné des martelle-
ments des instruments. Surgit quand
violoncelle; Rafał Kwiatkowski, violoncelle; Mikołaj
Pałosz, violoncelle; Beata Urbanek-Kalinowska,
violoncelle
même, une parole sacrée expression-
kashian, Lubimov, Monighetti, Gut- texte de la messe, l’atmosphère recueil- DUX1244 • 1 CD DUX
niste et indubitablement convaincue. A

L
man, Kagan) le compositeur arménien lie des deux mouvements extrêmes, l’opposé, le Kyrie de la Missa Brevis va e second volume de la Special Edi-
Tigran Mansurian. Diverses œuvres plus proche de Pärt que du français, parfois jusqu’à tintinnabuler. L’écriture tion du label polonais consacré à la
concertantes (Monodia (2008), Quasi s’oppose à l’énigmatique marche du Qui est d’autant plus émouvante qu’elle est musique de chambre de Krzysztof Pen-
parlando (2015) et puis récemment un tollis Peccata Mundi tout en déambula- apaisée. Re-cueillie comme une fleur derecki rassemble huit pièces, écrites
remarquable Requiem en mémoire du tion mahlérienne. Alexander Rudin, par que l’on exhume d’un tombeau et où ou transcrites pour violoncelle. Pour
génocide arménien (Liebreich 2017). ailleurs violoncelliste, dirige l’ensemble perce une tradition orthodoxe recons- la première fois mis en avant dans la
Peu influencé par ses ainés nationaux, moscovite et les solistes (Milkis, Mar- tituée (notamment dans le Benedica- Sonata for Cello and Orchestra (1964),
Komitas (Le sacre de la tradition) et tynov excellents) avec une générosité mus Domino pour chœur d’hommes), l’instrument influence durablement le
Khatchaturian (Le néo-romantique contagieuse. (Jérôme Angouillant) la polyphonie flamande et l’antiphonie compositeur dans sa conception même
échevelé), Tigran Mansurian, né en médiévale. Quelques pages éparses de la musique de chambre. Peaufinée
1939, se situe plutôt dans la constel- (courts fragments d’Utrenja et du Kad- avec en ligne de mire la virtuosité d’un
lation des Denisov, Schnittke, Pärt et dish) complètent le programme ainsi interprète spécifique (Mstislav Ros-
Silvestrov, ses véritables pairs. Par qu’un précieux « O Gloriosa Virginum » tropovich pour Per Slava - 1986) ou
son œuvre vaste et polyvalente (Elle pour chœur mixte, d’une épure et d’un sa connaissance approfondie de la
couvre tous les genres, de la chan- raffinement rares. L’interprétation du technique de jeu (Siegfried Palm pour
son à la musique de film (Souvenez- Polish Chamber Choir dirigé par Jan Capriccio… - 1968), exploitant pleine-
vous  : Sayat Nova (Paradjanov (1969) Lukaszewski est techniquement exem- ment la palette sonique de l’instrument
c’était lui  !), et son langage musical à plaire. Capable de restituer la diversité (Violoncello totale - 2011 - et son inopi-
la fois accessible et raffiné, il incarne de langage de ces œuvres mais avant née incursion tzigane) ou mise au ser-
vice d’un langage musical plus simple
plus de deux cent cinquante opus, son se dégage de la torpeur menaçante (Agnus Dei, transposition pour huit vio-
Sélection ClicMag ! œuvre ne cesse de se renouveler (Le mise en branle dès le premier accord loncelles de la pièce vocale extraite du
récent et magnifique Et Lux). Sa mu- groupé. L’étau du quatuor de resserre Requiem Polonais - 2008) marquant le
sique de chambre voit le jour lorsqu’au peu à peu, laissant suinter les cordes. retour du compositeur à la tradition - et
lieu de sortir jouer au foot avec ses Blessures, cicatrices, progressive dé- à la foi chrétienne, jamais reniée, même
copains, il compose à l’âge de quatorze sintégration du schéma initial. Le Geste sous le joug communiste - (Ciaccona in
ans, un premier Quatuor en sol selon zu Vedova (2015) composé pour le qua- memoriam Giovanni Paolo II - 2015),
le modèle «  classique  » (Schubert, tuor Minguet établit un parallèle entre la l’écriture de Penderecki témoigne de la
Beethoven ?). Interprété ici par le qua- peinture d’Emilio Vedova (1919-2006) place du maestro dans la musique du
tuor Minguet, le résultat sonore est un et la structure musicale. Rihm y exploite XXe siècle. Notons l’indéniable aisance
brouillon de forme sonate, indécis, iné- le maximum d’effets technique des technique de Jakob Spahn, interprète
gal. Motif d’ouverture asséné de façon cordes (Glissandi, vibrati, flautandi, principal (et chaleureux) de cet intéres-
Wolfgang Rihm (1952-) hystérique, andante filandreux, fugue battuti...) et des tempi extrêmes. Ac- sante production. (Bernard Vincken)
« Geste zu Vedova », pour quatuor à embryonnaire. Deux ans plus tard, cents brutaux, scansion permanente.
cordes; Quatuor à cordes en sol; Quatuor à il remet ça à l’aune de ses écoutes  : La comparaison avec l’œuvre du peintre
cordes; « Epilog », pour quintette à cordes Schoenberg (surtout le troisième qua- est évidente. Des couleurs saturées, de
Jens Peter Maintz, violoncelle; Quatuor Minguet tuor), Hindemith, Bartok. L’œuvre tient violents coups de brosses, des formes
WER7346 • 1 CD Wergo la barre (forme sonate plus accomplie, hirsutes. Un vocabulaire technique élo-
carrures franches, harmonie sophisti- quent voire ostentatoire s’étale sur une

U n phénomène, son pouvoir de


création est irrépressible  » (Rainer
Nonnenmann) «  Il possède la grâce
quée, technique instrumentale ad-hoc)
mais manque de personnalité. Les deux
dizaine de minutes, résultant peut-être
d’une tentative de connexion avec le
pièces pour quatuor qui complètent le langage plastique. L’interprétation de
souriante du jeune Mozart et l’éner- disque sont des œuvres de maturité. l’œuvre du quatuor Minguet tient plus
gie colossale du dernier Beethoven  » Quarante années de labeur ont passées. de la performance que du partage. Un
(Pierre Gervasoni). Salué par ses pairs Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Epilog (2013) qui se veut un commen- disque hautement recommandable
et par les critiques, Wolfgang Rihm (né taire au dernier Quintette de Schubert qui cerne encore un peu plus la per- Suite pour violoncelle n° 1 à 6
en 1952) est une figure incontournable joue du dialogue entre silence et épi- sonnalité unique de Wolfgang Rihm. David Watkin, violoncelle
de la musique d’aujourd’hui. Auteur de phanies où chaque instrument soliste (Jérôme Angouillant) RES10147 • 2 CD Resonus

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Alphabétique

E nregistré en 2015 à la Robin Chapel


d’Edimbourg, les six suites pour vio- Sélection ClicMag !
violoncelle; B. Erz, violon; K. Haltenwanger, piano]
AVI8553377 • 1 CD AVI Music
Contraint par la mélodie qu’il ne pouvait
guère changer, Beethoven déploie son
imagination dans l’accompagnement,
loncelle de J.S. Bach sont pour David
Watkin la matière de son testament
musical sur l’instrument et un retour
S i Mozart est habituellement considé-
ré comme le précurseur du Lied ro-
mantique allemand avec «  Abendemp-
véritable laboratoire des Trios pour pia-
no qui suivront. Tel est le panorama au-
quel nous convient André Schuen et le
à la source même du répertoire solo findung  », Beethoven est le premier,
trio Boulanger. La plasticité d’un timbre
de l’instrument. «  In my beginning is avec « An die ferne geliebte », à en com- immédiatement séduisant, l’autorité de
my end  » écrivait T.S. Eliot. Membre poser un cycle. Le traitement de la voix la projection, une saine mezza-voce, le
du quatuor Eroïca et de l’Orchestre restera toujours problématique pour le baryton allemand a tout pour réussir
de Chambre Ecossais, David Watkin musicien allemand. «  Adélaïde  », chef aussi bien les emportements d’«  Adé-
s’est orienté depuis avec succès vers d’œuvre d’expressivité, et «  In questa laïde  » que les élans héroïques de la
la direction d’orchestre. Hommage à Ludwig van Beethoven (1770-1827) omba obscura  », dont la grandeur « Tomba Obscura ». Les sentiments la
lyrique ouvre la voie à l’air de concert «  Ferne Geliebte  » manquent hélas de
l’instrument et au Kantor, cette version Adelaide, op. 46; An die ferne Gellebte,
op. 98; In questa tomba oscura, WoO 133; « Ah Perfido » et à « Fidelio », resteront profondeur. Les deux versants de la mé-
jouée sur instruments anciens – les cinq
25 mélodies écossaises, op. 108 n° 2, 3, des coups de maître sans suite. Les ar- lodie beethovenienne sont là, dans une
premières suites sur un violoncelle de rangements de chansons écossaises et
5, 13, 16, 20; Mélodies irlandaises n° 4, 5, belle réalisation, à laquelle ne manque
Francesco Rugeri et la dernière sur un 7, 9, 10, 15, 21 irlandaises répondaient à la commande que le texte des Lieder pour que le plai-
violoncelle piccolo (à cinq cordes) des Andrè Schuen, baryton; Trio Boulanger [I. Kindt, d’un mélomane et éditeur d’Edimbourg. sir soit complet. (Olivier Gutierrez)
frères Amati – propose une manière de
synthèse entre les versions classiques
AUD92688 • 1 SACD Audite
(Casals, Fournier, Starker …) et les
versions modernes (Bylsma …), signe
sans doute du cheminement esthétique
de David Watkin et d’un choix de l’équi-
libre entre la verve de la danse, le jeu
des corps, et une cérébralité distante
assumée, voire méditative. Que n’a-t-on
écrit à propos de ces suites invitant, il
est vrai, au cratylisme le plus naïf, à la Béla Bartók (1881-1945) Wilhelm Berger (1861-1911)
surenchère métaphysique et à l’épan- Pour les enfants, Sz 42, BB 53 Portrait du compositeur. Œuvres chorales.
chement sensible ! Rendons grâce jus- Andreas Bach, piano Sua Baek, piano; Alejandro Picó-Leonís, piano;
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Landesjugendchor Thüringen; Nikolaus Müller,
tement à David Watkin de nous propo- HC17009 • 1 CD Hänssler Classic
Trios pour piano, op. 11 et 28; Allegretto, direction; Ensemberlino Vocale; Matthias Stoffels,
ser une musique plaisamment pensée
(ses notes de livret) et jouée, évitant D iscrètement (trop), Andreas Bach
poursuit pour les micros de la WDR
de Cologne son intégrale du piano
Hess 48
Swiss Piano Trio
direction
ROP6137 • 1 CD Rondeau
lyrisme et gravité faciles, rendant ces
suites à leurs grammaires chorégra- de Béla Bartók. Le voici confronté
aux petites merveilles d’imagination
AUD97695 • 1 CD Audite
L e compositeur allemand Wilhelm
Berger qui fut élève puis professeur
D
phiques et, par la beauté du son et de écidément, plus ils avancent dans
sonore que le compositeur du Châ- à Berlin, créé un lien stylistique entre
l’engagement, à la fraîcheur de leur cette musique, plus ils semblent
teau de Barbe-Bleue enferma dans un Brahms et Reger. Excellent artisan,
Temps. (Emilio Brentani) s’affermir et se parfaire, notamment
clavier restreint, aux écarts surveillés, il maîtrise aussi bien la composition
dont la pédagogie passe par la poésie dans l’homogénéité (l’équilibre sonore, (Apprise auprès de Friedrich Kiel) que
avant même que par la technique. Et surtout) d’une formation trio où trop l’orchestre (Il fut aussi chef) et évidem-
c’est bien à ce travail sur le son, sur la souvent le bon gros piano a tendance un ment le contrepoint. Il laisse une belle
nature sonore comme source d’évoca- peu à offusquer ses deux partenaires, et floraison d’œuvres symphoniques et de
tion poétique que s’attelle le pianiste dans l’évidente écoute réciproque entre musique de chambre qui restent à dé-
allemand, d’une façon assez didac- couvrir. La musique pour chœur, com-
violon et violoncelle. Cela chante, cela
tique : voila une version qui servira aux posées alors que Berger précède Reger
apprentis, mais dont le ton volontiers médite, mais aussi cela danse et cela
au poste de maître de chapelle à Meinin-
intime jusque dans les derniers cahiers pulse, sans rien qui ne pèse ni ne pose.
gen, est au programme de ce disque  :
tourne le dos aux façons plus démons- Le « jeune » Swiss Piano Trio a tout de
une collection de chants (Gesänge) et
Johann Sebastian Bach (1685-1750) tratives qu’y mettaient Deszo Ranki ou même déjà vingt ans d’existence et cela de Lieder, sacrés et profanes conçus
Variations Goldberg, BWV 988 Zoltan Kocsis. Cette relative neutralité s’entend. Ce 4ème trio dit Gassenhauer pour des effectifs plus ou moins four-
Jean Muller, piano qui ne donne pas à voir le joueur de
selon un air opératique à la mode de nis. Si Berger n’a certes pas la person-
flûte pas plus qu’elle ne fait entendre
HC17059 • 1 CD Hänssler Classic l’oublié Weigl, un Beethoven rarement nalité de ses contemporains directs
la musique de noces en rebutera cer-
Strauss ou Reger, sa musique chorale
J ean Müller boucle ici le cycle en 49 tains. C’est que pour Andreas Bach si enjoué et serein (rendant encore
minutes, tempos prestes, articula- rien ne doit décrire, mais tout suggérer. hommage au goût du jour) l’avait offre une riche palette d’expressions
tion lumineuse, virtuosité sans affecta- Autre manière, plus distante mais non d’abord pensé avec clarinette, et on dit combinant des accents baroques, une
tion, peu de couleurs, en fait une cou- moins poétique de savourer ces cahiers harmonie alliant chromatisme et dis-
qu’il regretta ensuite de ne l’avoir point
leur dont la luminosité varierait. C’est de «  presque rien  » où Bartók n’aura sonances, un contrepoint soigné et une
conclu par un final plus dramatique.
jamais été aussi proche de Debussy. attention notable à la poétique du texte.
plus d’une fois tout à fait convaincant L’autre trio donné ici, c’est en réalité le
(Jean-Charles Hoffelé) L’ensemble rappelle inéluctablement la
par l’évidence du discours, une sorte septuor, transcrit (quasi entre sérénade production vocale de Brahms. Le bref
de simplicité qui régit jusqu’aux orne- et esprit symphonique  !) par le com- mais évocateur «  Wie bin ich Krank  »
ments, mais ce ton d’épure laisse dans
positeur lui-même pour des raisons (Équivalent du «  Je suis malade  » de
l’ombre ce qui fait pour moi le sel des
moins commerciales que personnelles Serge Lama) pour voix d’hommes ou
Goldberg  : derrière le brillant cette le volubile «  Niss Puk  » qui réclame
(à jouer en famille chez le médecin ami
pointe nostalgique, ce temps suspendu du chœur une précision d’horloger,
qui le suivait). Enfin, cet allegretto isolé
qui invite à entrer dans un monde noc- frappent par leur singularité. En re-
turne que le «  ras de clavier  » qu’em- de jeunesse, catalogué par Hess, est
vanche certains lieder d’une facture plus
porte si alertement Jean Muller ne veut encore conventionnel mais déjà un peu
laborieuse semblent dépasser les com-
pas percevoir. C’est une conception pas original par son développement (alter- pétences vocales du jeune chœur de
si éloignée du propos de Glenn Gould, Ludwig van Beethoven (1770-1827) nant motif de quatre notes et motif de Thuringe (Quelques problèmes de tenue
je la respecte, mais la réentendrais-je ? Quatuors à cordes, op. 18 n° 3 et op. 74 deux, partagés entre les instruments). et de justesse des sopranos enfants).
(Jean-Charles Hoffelé) Quartetto Di Cremona (Gilles-Daniel Percet) (Jérôme Angouillant)

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plus tôt par la publication de ses Trios écrivant pour elle et en lui dédiant ces 6
Sélection ClicMag ! opus 1 et ses quatuors opus 2, com- sonates. L’instrument à clavier est une
posés quelques années auparavant à rareté dans l’œuvre du compositeur. On
Vienne. Introduits dans les salons de ne le retrouve que dans l’unique concer-
la haute société et de la noblesse, les to pour piano très probablement écrit
deux amis donnent plusieurs concerts, pour la même interprète, dans une série
dont un au célèbre Concert Spirituel (20 de Trios opus 12, et dans les quintettes
Mars 1768). Partis d’Italie tenter leur tardifs opus 56 et 57 (1799), d’autres
chance à Londres, ils vont séjourner 6 pièces avec clavier étant des transcrip-
Sir Lennox Berkeley (1903-1989) mois à Paris qui ne devait originellement tions. Boccherini démontre ici d’emblée
Pièce pour flûte, clarinette et basson; n’être qu’une étape. Lors d’un concert, une maîtrise totale des ressources de
Sextuor pour clarinette, cor et quatuor Madame Brillon de Jouy, brillante clave- l’instrument. La partie de violon joue
à cordes, op. 47; Canon pour quatuor Luigi Boccherini (1743-1805) ciniste parisienne, a remarqué Bocche- souvent un rôle essentiel. Une version
à cordes; Introduction et Allegro pour rini (Burney la rencontrant 2 ans plus d’époque pour clavecin seul a pourtant
Sonates pour clavecin et violon, op. 5 n°
clarinette et piano; Trio à cordes, op. 19; tard la considère comme « une des plus survécu dans un manuscrit conservé
1-5
3 pièces pour alto seul; Sonatine pour grandes clavecinistes d’Europe, consi- à Besançon. Bien qu’ayant déjà fait
clarinette et piano Liana Mosca, violon; Pierre Goy, piano-forte
dérée ici comme la meilleure interprète l’objet de plusieurs enregistrements,
Ensemble Berkeley STR33983 • 2 CD Stradivarius
de pianoforte »). Boccherini rend hom- ces sonates trouvent ici des interprètes

Q
RES10149 • 1 CD Resonus uand Boccherini arrive à Paris dans mage au talent exceptionnel de la jeune et des instruments exceptionnels, en

L a place qu’occupait Lennox Berkeley l’hiver 1768, accompagné de son femme (elle a 24 ans et est fort jolie deux CDs qui permettent la réalisation
dans la musique anglaise du 20ème ami le violoniste Filippo Manfredi, sa comme en témoigne le célèbre portrait de toutes les reprises pour la première
siècle est bien particulière. L’aristocrate renommée l’a précédé quelques mois réalisé par Fragonard à cette époque) en fois. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
oxfordien d’ascendance partiellement
française entretenait en effet avec la
d’avec Britten n’ont sans doute pas été Sandra Pastrana, soprano; Guillermo Pastrana, HC17001 • 1 CD Hänssler Classic
patrie maternelle une relation qui n’a pu violoncelle; Orchestre de l’Institut supérieur

Q
étrangères. Sans prétendre constituer uel bonheur d’écouter une telle mu-
que déteindre sur son style de composi- d’études musicales Luigi Boccherini de la ville de
un intégrale, cet album, superbement sique jouée par d’aussi talentueux
tion, du moins pour certaines des pièces Lucques; GianPaolo Mazzoli, direction
interprété, est un échantillon des plus interprètes ! Tout d’abord, les œuvres :
qui figurent sur le présent enregistre- BRIL95280 • 1 CD Brilliant Classics
intéressants de la production cham- les deux sonates pour clarinette et
ment. Devenu l’élève de Nadia Boulan-
ger à l’incitation de Maurice Ravel, Sir
Lennox devait en effet développer des
briste d’un compositeur dont l’élégance
et l’expressivité ne sont jamais prises en
défaut. (Yves Kerbiriou)
I l n’existait jusqu’ici qu’une version au
disque, d’ailleurs désormais indispo-
nible, des Airs Académiques de Bocche-
piano de Johannes Brahms qui sont
ses dernières compositions. La genèse
affinités avec plus d’un compositeur de ces sonates remonte à la rencontre
rini. Il s’agit d’un ensemble de pièces entre Brahms et un musicien exception-
formé par « Mademoiselle ». De fait, ce
rares, dont seules quelques-unes nous nel, Richard Mühlfeld lequel sidéra le
qui peut sembler normal de la Sonatine
sont parvenues, sans date de compo- « vieux »Brahms par son aisance et la
ou de la «  Pièce  » datées des années
sition précise connue, les partitions pureté du son qu’il obtenait de son ins-
d’apprentissage, marque aussi de son
d’origine ayant disparu. Cette parution trument. On sait que tous deux créèrent
sceau le plus tardif Sextuor op. 47 qui
vient donc combler un manque pour ensemble ces 2 sonates en 1895. Toutes
évoque davantage Milhaud ou Poulenc
tout amateur de curiosités. Sur des les qualités propres à la clarinette se
que ses compatriotes et quasi-contem-
textes de Métastase, Boccherini élabore retrouvent dans celles-ci offrant une
porains Tippett ou Walton. Les œuvres
cinq pièces où la voix de soprano trouve richesse mélodique et sonore stupé-
de la dernière période révèlent certes
une large palette d’expression, allant fiantes (la beauté n’empêchant pas une
d’autres influences, auxquelles l’admi-
Luigi Boccherini (1743-1805) du quasi récitatif jusqu’aux vocalises certaine mélancolie). Ces sonates sont
ration de Berkeley pour le Stravinski
explosives, tandis que l’orchestre, tou- considérées comme le sommet de cette
néo-classique comme sa proximité Arie Accademiche, soprano et orchestre
jours assez léger, varie sa forme et mul- formation instrumentale pour lesquelles
tiplie les traits. La première pièce marie les plus grands clarinettistes ont tenu
de nombreuses œuvres, atteignant élégamment le violoncelle baroque de à laisser leur empreinte. Ensuite les
Sélection ClicMag ! un catalogue qui dépasse le millier de Guillermo Pastrana, s’acquittant bril- interprètes  : Shirley Brill n’est pas une
pièces par d’autres compositeurs, la lamment de passages éminemment inconnue, un beau disque Prokofiev-
plupart napolitains. Il a également créé virtuoses, avec les apparitions dévolues Jean Françaix l’a révélée. Cette artiste
un instrument nouveau en dotant le à sa sœur soprano. Les quatre autres israélienne a remporté notamment le
mandoloncelle de deux cordes supplé- sont entièrement réservées à des aria 1er prix du concours de Genève (prix
mentaires dans l’aigu, permettant ainsi pour la soliste permettant d’apprécier qui ne se décernait plus). Son compa-
à sa création la réalisation de solos. un timbre de voix assez fruité et tou- triote et partenaire habituel, Jonathan
Baptisant cette nouveauté « liuto canta- jours précis. On pourra juste regretter Aner, n’est pas moins couronné que
bile » (luth chantant), il en fera son ins- un léger manque d’élégance dans les S.Brill. Tous deux soulèvent l’enthou-
trument de prédilection. Outre 3 pièces vocalises lentes d’une réelle difficulté siasme dans cette musique qu’ils jouent
originelles pour le «  quatuor classique d’exécution. Malgré une direction im- régulièrement. Intercalée entre ces 2
Raffaele Calace (1863-1934) de mandolines  » (2 mandolines, man- peccable, la réalisation globale souffre sommets, la « petite » sonate de Janà-
Musique pour quatuor de mandoline dole et liuto cantabile), les jeunes inter- d’une prise de son trop réverbérée cek (arrangée par S.Brill) offre une res-
prètes de ce magnifique CD ont adapté et mettant trop en avant la soprane piration bienvenue. Belle prise de son.
Quatuor MOTUS
(comme le faisait lui-même le compo- induisant un déséquilibre peu naturel. (Jean-Louis Godbert)
BRIL95494 • 1 CD Brilliant Classics (Thierry Jacques Collet)
siteur présentant souvent ses œuvres

I ssu d’une dynastie de luthiers napoli-


tains spécialisés dans la fabrication de
mandolines et instruments apparentés,
dans plusieurs versions) diverses
pièces du maestro à leur instrumenta-
rium, quatre des autres morceaux étant
Raffaele Calace se trouve brusquement écrits pour «  quatuor romantique  »,
propulsé à la tête de l’atelier familial où une guitare se substitue au liuto
par le brusque départ en 1905 de son cantabile, et nécessitant de ce fait une
frère aîné Nicola pour les Etats-Unis. adaptation minimale, les trois dernières
Outre un rare talent dans la fabrication œuvres étant originellement pour man-
d’instruments exceptionnels, Raffaele a doline et piano. L’interprétation haute
une longue expérience d’instrumentiste, en couleurs ressuscite tout le charme François Campion (1686-1747)
lors de tournées internationales avec de Naples au tournant du XIXème Johannes Brahms (1833-1897) Musique pour guitare baroque
plusieurs membres de sa famille, dont siècle, dans des mélodies enchante- Sonate pour clarinette et piano en mi Bernhard Hofstötter, guitare baroque
plusieurs de ses enfants, qui culminera resses sublimées par les instruments bémol majeur, op. 120.2; Sonate pour cla-
lors d’un concert mémorable au Japon à plectre, et pénétrées de l’esprit de BRIL95276 • 1 CD Brilliant Classics
rinette et piano en fa mineur, op. 120.1 / L.
devant l’Empereur Hirohito. Outre ses
propres productions, Calace publie
l’opéra et des mélodies de Paolo Tosti.
(Jean-Michel Babin-Goasdoué)
Janácek (1854-1928) : Sonate (ar. S. Brill)
Shirley Brill, clarinette; Jonathan Aner, piano R iche idée de proposer un disque
de ce compositeur trop rarement

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édité. François Campion, un des plus un piano délicat et délicieusement chan- mais aussi la chaleur des timbres et la
importants guitaristes et compositeur tant, une soprano tout en tendresse, un précision de jeu qui rendent pleinement
baroque français, succédera au célèbre baryton plein d’élégance. Seul le ténor justice à ce romantisme nordique ins-
Robert de Visée comme maître de gui- dénote parfois par son phrasé et une piré. (Richard Wander)
tare à la prestigieuse Académie Royale tension en haut du spectre. Fort bien
de Musique. Outre ses nombreuses enregistrée, cette réalisation est glo-
compositions utilisant les tablatures balement une charmante découverte.
très courantes à l’époque, il restera (Thierry Jacques Collet)
surtout comme l’auteur du «  Traité
d’accompagnement avec la fameuse Frédéric Chopin (1810-1849)
règle de l’octave » (1716) qui fera long- Intégrale des valses pour piano
temps autorité. Les pièces présentées, Martin Ivanov, piano
d’une grande richesse polyphonique,
GRAM99146 • 1 CD Gramola
s’organisent avec fluidité introduisant
des airs dansants assez courts, pré-
mices des chansons accompagnées. Francesco Durante (1684-1755)
On y trouve ainsi parmi les fugues, Concertos pour cordes n° 1-8 et en si
rondeaux et autres préludes, des titres bémol majeur
tels que la Montléon, les soupirs, gigue Ensemble Imaginaire; Cristina Corrieri, direction
la somptueuse, les ramages (une des Frédéric Chopin (1810-1849)
BRIL95542 • 2 CD Brilliant Classics
plus belles pièces du disque), ou encore Concertos pour piano n° 1 et 2; Polonaise,
Tombeau… Sur sa magnifique guitare
baroque à cinq chœurs (cinq cordes
op. 53; Fantaisie-Impromptu, op. 66;
Nocturne, op. 15 n° 2; Scherzo, op. 31;
Rondo, op. 12
D ésormais largement oublié, Fran-
cesco Durante fut pourtant consi-
déré comme l’un des chefs de file du
dont quatre doubles en photo dans le
Piotr Paleczny, piano; Janusz Marynowski, contre- Mikalojus K. Ciurlionis (1875-1911) renouveau de la musique italienne de
livret), d’après un modèle de Mattéo
basse; Quatuor Prima Vista
Sellas (1640), le guitariste autrichien Intégrale de quatuors à cordes l’école napolitaine. Avant tout péda-
Bernhard Hofstötter s’affirme par l’en- DUX1270/71 • 2 CD DUX Quatuor à cordes Vilnius gogue (il eut Pergolèse, Piccini ou Pai-
gagement et l’énergie déployés tout
au long du disque délivrant un son L ’originalité de ce disque est de pro-
poser les deux Concerti de Chopin,
NFPMA9987 • 1 CD Northern Flowers siello parmi beaucoup d’autres comme
élèves), il laissa un très important
puissant, ample mais toujours chaleu-
reux. Hofstötter est virtuose lorsque
ainsi que le rondo Krakoviak dans
une version pour piano et quintette à
A ussi connu en son temps comme
peintre (apparenant à la tendance
symboliste) que comme compositeur,
catalogue d’œuvres religieuses jouées
partout comme en témoignent les par-
nécessaire mais sans emphase, mettant cordes. On sait que Chopin, en arrivant titions présentes dans de nombreuses
Ciurlionis, mort prématurément à 36
sa maîtrise de l’instrument au service à Paris, a lui-même donné son premier bibliothèques européennes. L’intégrale
ans d’une pneumonie, est LA figure
d’une musique brillante et innovante Concerto avec quatuor à cordes. La majeure de la vie artistique lituanienne de ses concerti pour cordes est donnée
dans bien des aspects. Un beau récital. réduction d’orchestre est ici très bien au tournant du XIX° au XX° siècle. S’il ici, captée sur le vif en Juin 2016. On
(Philippe Zanoly) jouée, et permet paradoxalement de reste surtout connu pour ses poèmes retrouve dans chacune de ces pièces,
souligner certaines interventions de symphoniques («  La mer  » et «  Dans souvent courtes, la vivacité et la couleur
l’orchestre (même si le quintette ne la forêt  »), il a néanmoins consacré d’une musique baroque italienne d’un
peut faire oublier les timbres de la flute une part importante de son inspiration XVIIIème siècle en pleine mutation.
ou du cor). Si on perd en ampleur dans au genre noble entre tous du quatuor à Tantôt regardant du côté du formalisme
les tutti, l’optique musique de chambre cordes. Un inventif thème et variations de certaines pièces de Bach, les compo-
invite à plus de liberté dans le tempo. de ses années d’études (1898) précède sitions de Durante traduisent souvent la
Cette lecture devrait intéresser ceux l’éclosion de 1902 : deux fugues et deux simplicité et la joie de vivre sans aucun
qui aiment les éclairages inédits sur les canons entourent le grand quatuor dont
pages très courues. Avec un accom- caractère emphatique. L’écoute en est
hélas le finale, également fugué, a été
pagnement ainsi allégé, le pianiste ne du coup agréable, sans pour autant
perdu. Même sous cette forme inache-
M. Castelnuovo-Tedesco (1895-1968) peut rien cacher et se doit d’avoir une être exceptionnelle. L’interprétation
vée en trois mouvements, cette belle
Sonnets de Shakespeare, op. 125; Duo de technique à toute épreuve. C’est le cas partition mérite de revenir au réper- de l’Ensemble Imaginaire trouve sur-
Shakespeare, op. 97 du Paleczny, lauréat du concours Cho- toire, dans la descendance des grands tout le juste ton lors des mouvements
Valentina Coladonato, soprano; Mirko Guadagnini, pin en 1970. Il propose des œuvres quatuors romantiques de la fin du XIX° rapides et dansants mais peine souvent
ténor; Filippo Bettoschi, baryton; Claudio Proietti, à convaincre lors des mouvements plus
de son compatriote une interprétation siècle, notamment ceux de Dvorak
piano; Genova Vocal Ensemble; Sibi Consoni
résolumment concertante plus clas- et Tchaikovski. Le Quatuor de Vilnius lents. Le premier violon n’est par ail-
Accademia Vocale di Genova; Roberta Paraninfo
sique que romantique. Son interpréta- défend cette grande cause nationale leurs pas toujours irréprochable. Bref
BRIL95548 • 2 CD Brilliant Classics
tion est souvent brillante, toujours bien lituanienne qu’est la musique de Ciur- plus une sympathique découverte qu’un

M algré sa profusion (plus de 200


opus publiés et 400 musiques de
film), l’œuvre de Castelnuovo-Tedesco
construite. (Thomas Herreng) lionis avec l’enthousiasme qui convient coup de cœur. (Thierry Jacques Collet)

reste méconnue et peu enregistrée. pagné au piano par Yuri Serov. Le titre enfin la pseudo-poésie du personnage
La parution en première mondiale de en est explicite  : les cycles destinés à dostoïevskien Lebiadkine, dont la déri-
l’intégrale des Sonnets de Shakespeare d’autres tessitures vocales n’y figurent sion fut l’ultime exutoire d’un compo-
composés entre 1945 et 47, le fascisme pas. Il s’agirait même d’une intégrale si siteur qui savait pourtant se passer de
ayant poussé le musicien à émigrer ne manquaient à l’appel les Quatre Ro- mots pour toucher le cœur des Russes.
aux Etats-Unis, complétée des duos mances sur des textes de Pouchkine op. Le second volume rassemble des com-
de 1937 est à marquer d’une pierre 46 dont on se demande pourquoi elles positions d’un intérêt majeur : cela est
blanche. Shakespeare a toujours tenu sont absentes. Chostakovitch a com- évident de la Suite sur des textes de Mi-
une place de choix dans l’inspiration posé des mélodies de l’âge de 17 ans chelangelo Buonarotti op. 146, médita-
du compositeur. Il n’est donc pas sur- Dimitri Chostakovitch (1906-1975) jusqu’à sa dernière année d’existence. tion sur le cycle de la vie qui fait partie,
prenant qu’il ait mis admirablement en Les cycles vocaux pour basse, vol. 1 Au fil du temps, il y a d’ailleurs attaché au même titre que la Sonate pour alto,
musique 32 des 154 sonnets du poète. NFPMA9910 • 1 CD Northern Flowers une importance de plus en plus grande. du testament musical du compositeur.
Castelnuovo-Tedesco nous charme im- Un premier volume met en évidence, Mais cela est vrai aussi de l’extraordi-
Les cycles vocaux pour basse, vol. 2
médiatement par son élégance, sa capa- par la variété des textes, l’éclectisme de naire et rarement enregistré «  Show
Feodor Kuznetsov, basse; Yuri Serov, piano
cité à rendre la couleur et l’atmosphère Chostakovitch dans ses sources d’ins- anti-formaliste  », où Chostakovitch,
humaine de ces vers, trouvant une NFPMA9916 • 1 CD Northern Flowers piration : de la poésie de William Shake- par allusions verbales et musicales,
tonalité anglaise racée au point de la
croire native, variant les voix et interca-
lant quelques surprises sous forme de
L e label Northern Flowers publie en
deux volumes le très bel enregis-
trement des cycles vocaux pour basse
speare au courrier des lecteurs du jour-
nal satirique Krokodil en passant par
le très officiel Pouchkine, habilement
tourne en dérision Staline, Jdanov et
quelques autres. Deux albums indis-
pensables à une connaissance profonde
sonnets pour chœur a capella. L’inter- de Dimitri Chostakovitch dans l’inter- détourné (Quatre monologues op. 91), des multiples facettes du compositeur.
prétation est à la hauteur de l’ambition : prétation de Fyodor Kuznetsov accom- les textes se son ami Dolmatovsky et (Yves Kerbiriou)

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tous points du célèbre Schelomo de Luigi Magistrelli, clarinette; Elena Gorna, harpe
Sélection ClicMag ! Bloch, avec lequel il partage l’inspira- BRIL95541 • 1 CD Brilliant Classics
tion hébraïque. Découverte essentielle
donc, d’autant qu’elle est superbement
défendue par le grand Raphael Wall- S ous l’égide du nouveau Grand-Duc
de Toscane, Peter Léopold de Habs-
fisch, lui-même disciple de Piatigorsky. bourg-Lorraine (un des nombreux en-
Quant à l’orchestre du Konzerthaus fants de l’Impératrice Marie-Thérèse),
de Berlin, ce n’est autre que l’ancien Florence connut un essor culturel et
orchestre symphonique de Berlin, forgé
artistique considérable grâce à des liens
à l’excellence par Sanderling, Herbig Louis Glass (1864-1936)
et Claus Peter Flor. Le couplage de cet étroits avec Vienne. L’orchestre de la
Symphonie n° 5; Fantaisie pour piano et
album dédié aux compositeurs juifs en cour en particulier avait à sa tête depuis
orchestre, op. 47
Hans Gál (1890-1987) exil fait la part belle au concerto de Hans 1769 Pietro Nardini (élève de Tartini),
Marianna Shirinyan, piano; Staatsorchester Rehei-
Concerto violoncelle, op. 67 / M. Cas- Gal, musicien qui, après des débuts brillant violoniste auteur de concertos, nisches Philharmonie; Daniel Raiskin, direction
telnuovo-Tedesco : Concerto violoncelle en spectaculaires dans la Vienne du début
et premier violon du fameux « Quatuor CPO777494 • 1 CD CPO
fa majeur du XX° siècle, devait trouver dans son
Toscan », premier du genre, créé à Flo-
D
Raphael Wallfisch, violoncelle; Orchestre du Kon- long exil écossais après la guerre un issipons tout de suite un malen-
zerthaus de Berlin; Nicholas Milton, direction second souffle créateur. Mais en 1944, rence. Les autres membres en étant tendu possible. Le titre de Svastika
CPO555074 • 1 CD CPO année de composition de ce concerto, Manfredi, Cambini à l’alto et Boccherini de la 5° symphonie du danois Louis
le cortège des horreurs de l’holocauste au violoncelle. C’est dans ce contexte
A ussi stupéfiant que cela puisse Glass, œuvre composée en 1919-1920
ayant durement éprouvé le musicien,
paraître, voici la première gravure musical stimulant que Giovanni Fran- renvoie au symbole indien de la « roue
son œuvre se pare d’une introspection
du concerto de Mario Castelnuovo-Te- mélancolique assez douloureuse, loin cesco Giuliani (sans lien de parenté ave de la vie » sans rapport avec l’utilisation
desco  : surprenant parce que l’œuvre, des flamboyances postromantiques de Mauro Giuliani, célèbre guitariste 1781- ultérieure de ce symbole par les nazis !
commande de Piatigorsky, fut créée Catelnuovo-Tedesco. Wallfisch, admi- 1829), élève de Nardini, fut promu pre- Elève de Niels Gade, marqué fortement
en 1935 avec rien moins que le New- rable interprète de la musique britan- par César Franck et Bruckner, Louis
mier violon des principaux théâtres de
York Philharmonic sous la baguette de nique de ce siècle, est autant à son af- Glass se montre ici plus proche de son
la ville, où il officia jusqu’à la fin de sa
Toscanini, ce qui aurait dû lui assurer faire dans cette page superbe mais peu contemporain Carl Nielsen dans ce qui
une juste notoriété. Surprenant aussi vie, notamment lors des créations flo-
démonstrative que dans les rutilances demeure la plus jouée de ses sympho-
et surtout parce que ce vaste concerto en technicolor de Castelnuovo-Tedesco. rentines de plusieurs opéras de Rossini.
nies (y compris sous les baguettes de
d’une grande demi-heure est d’une ri- Magnifiques partitions, interprétation Tout en enseignant la harpe, le violon et
chefs de comme Fritz Busch, Eugne
chesse d’inspiration et d’une splendeur splendide, un disque à découvrir de le clavecin à ses nombreux élèves, il a
Jochum jadis ou Leif Segerstam au-
d’orchestration qui le rendent digne en toute urgence ! (Richard Wander) produit de nombreuses symphonies, jourd’hui). Pour ce deuxième volume
concertos (clavecin, violon, violoncelle), d’une intégrale entreprise par Daniel
en sol mineur, dramatique à souhait, dé- ainsi que plusieurs sonates, quintettes, Raiskin, avec l‘aide de l’excellente phil-
bordant de lyrisme et d’émotion et que quatuors, parfois avec mandolines et harmonie du Rhin, les interprètes et
n’aurait pas renié un Mendelssohn … luth. Ses 12 Nocturnes pour clarinette l’éditeur ont exhumé en complément
s’il n’était décédé 20 ans auparavant  !
et harpe, non datés, qui connaissent une rare et vaste Fantaisie pour piano
Une raison suffisante pour s’enticher de
ici leur premier enregistrement, datent et orchestre, à la solennité mystérieuse.
ce bijou. (Yves Kerbiriou)
certainement de sa dernière période Mais c’est surtout pour la symphonie
créatrice. Leur style franchement Bie- qu’on thésaurisera ce précieux disque
; même si elle n’est pas inédite, elle
dermeyer ne doivent plus rien au style
Josef Elsner (1769-1854) galant de Nardini, avec des mélodies
trouve enfin ici une gravure moderne
Quatuor pour piano, op. 15 / E. Kania : Trio digne de sa richesse d’inspiration, de sa
fraîches et simples qui font souvent ap-
pour piano construction subtile et de son orches-
Ewa Andruszkiewicz, violon; Dariusz Wolczyk, pel à des airs populaires (« Il pleut ber- tration fouillée. C’est une heureuse ini-
alto; Miroslaw Makowski, violoncelle; Rafal A. gère » par exemple. Ces œuvres de mu- tiative de CPO que de nous rendre peu
Luszczewski, piano
sique de salon du plus haut niveau sont à peu les six symphonies d’un maître
DUX1352 • 1 CD DUX exquisement mises en valeur par deux dont la renommée a été éclipsée par

C e programme associe deux compo-


siteurs silésiens représentés chacun
par une œuvre avec piano séparées
Giovanni F. Giuliani (1760-1818)
Nocturnes pour clarinette et harpe n° 1-12
interprètes eux aussi exceptionnels.
(Jean-Michel Babin-Goasdoué)
celle de son contemporain Carl Nielsen.
(Richard Wander)
l’une de l’autre par une soixantaine
d’années. L’aîné des deux, Jozef Elsner, offices des mercredi, jeudi et vendredi de cette musique austère et déliée, ten-
a surtout consacré son talent à la mu- Sélection ClicMag ! saints, ces lamentations (3 par jour soit due et sophistiquée, claire et obscure,
sique vocale, religieuse et opératique. 9 au total) sont écrites sur la traduction lyrique et dramatique, alliant virtuosité,
Rien que de très normal pour un ancien latine de passages des Lamentations diminutions, chromatismes, à un traite-
choriste devenu Directeur de l’Opéra de Jérémie. Œuvres à visée péniten- ment syllabique de la déclamation. Les
de Varsovie. Egalement fondateur et tielle, elles évoquent les maux subis par interprètes font le choix judicieux d’une
Directeur du Conservatoire de la ville, Israël à cause de ses désobéissances à reconstitution d’office  : le chant gré-
il eut parmi ses élèves un certain Fré- Dieu, et appellent Jérusalem à la repen- gorien s’intercale, comme à l’époque,
déric Chopin dont il sut détecter très tance, comme le signifie l’identique entre les pièces, ce qui fait respirer na-
tôt le génie. Pourtant, si l’on en juge dernier verset de chaque lamentation turellement l’œuvre, et reproduit à une
par son Quatuor avec piano op. 15, on chantée sur une musique à chaque fois
échelle supérieure les contrastes déjà
baigne, certes joliment, dans un style différente. Destinées à une voix avec
inhérents à chaque lamentation. Diction
classique/pré-romantique assez proche Giovanni Paolo Colonna (1637-1695) accompagnement de basse continue,
de ce que des amis de Beethoven tels claire, voix agiles, usant de la couleur
Lamentations de la Semaine Sainte elles s’ouvrent toutes sur la cantillation
que Ferdinand Ries ou Antonin Reicha, mélismatique d’une lettre de l’alphabet avec une grande subtilité et rendant le
I Musici di Santa Pelagia; Maurizio Fornero, détail sans jamais tomber — comme
contemporains d’Elsner, pouvaient pro- clavecin, orgue, direction hébreu — sorte d’initiale enluminée
duire, n’était un Andantino particuliè- d’un livre ancien. Colonna, organiste, on l’entend souvent dans ce type de
CPO555048 • 1 CD CPO répertoire— dans l’afféterie. L’accom-
rement lyrique d’inspiration populaire. maître de chapelle et compositeur de
Avec Emanuel Kania, brillant défenseur
au piano des œuvres de Chopin et lui- L es « Lamentazioni » italiennes consti-
tuent la préfiguration saisissante des
« Leçons des ténèbres », genre apparu
musique d’église, fit essentiellement
carrière à Bologne — sa ville natale.
pagnement instrumental et la direction
de Maurizio Fornero, musicien accompli
et apprécié dans de nombreux festivals
même auteur de nombreuses mazur- Ces Lamentazioni de 1689 sont un
kas, études, nocturnes, valses et polo- plus tard en France, et dont M.A. Char- chef-d’œuvre, où l’influence du maître internationaux sont un modèle de pré-
naises, on est déjà en plein romantisme pentier et F. Couperin furent les plus re- Carissimi est transcendée par un art qui cision, d’équilibre. Un enregistrement
comme en témoigne ce Trio avec piano marquables illustrateurs. Destinées aux rend sublimement l’aspect paradoxal incontournable. (Bertrand Abraham)

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par le monumental Barbarossa, somp- du 19° siècle. L’œuvre le mérite assu-
Sélection ClicMag ! tueuse partition orchestrale entre le rément. En complément, trois lieder
poème symphonique et la symphonie pour baryton et très grand orchestre,
en trois mouvements, créée en 1900 à écrits trois années après Barbarossa
Munich. Tout comme la petite sirène de sur des poèmes de Gottfried Keller,
Zemlinsky, presque contemporaine et évoquent évidemment Mahler mais aus-
jumelle par sa forme, l’œuvre explore si les grandes mélodies avec orchestre
avec délectation les possibilités de contemporaines du néerlandais Diepen-
timbres et de dynamique offertes par brock ; la nuit de Hausegger est peuplée
Pavel Haas (1899-1944) le gigantesque effectif orchestral pos- de terreurs et de cauchemars, magni-
7 mélodies dans un style folklorique, op. tromantique. Il faut se laisser emporter fiquement recréés par Hans Christoph
18; Fata Morgana, op. 6; Chants chinois, par les flots de cette musique, certes Begemann. Remercions une fois encore
op. 4; 4 mélodies sur des poèmes chinois Sigmund von Hausegger (1872-1948) marquée par Wagner, Strauss et Bruc- CPO pour l’exhumation de ces chefs
Anita Watson, soprano; Anna Starushkevych, Poème Symphonique « Barbarossa »; kner (le tout début est le décalque pur d’œuvre oubliés, superbement dirigés
mezzo-soprano; Nicky Spence, ténor; James Platt, « Drei Hymnen an die Nacht », pour bary- et simple de celui de la symphonie par Antony Hermus. On regretterra
basse; Lada Valesova, piano; Quatuor Navarra ton et orchestre Romantique), ne pas s’attarder sur le toujours que Hausegger ait peu à peu
RES10183 • 1 CD Resonus Hans Christoph Begemann, baryton; Orchestre propos pan-germaniste très daté (l’em- abandonné la composition au profit de
Symphonique de Norrköping; Antony Hermus

A la tête d’un petit ensemble (chan- pereur Frédéric Barberousse comme la seule direction d’orchestre (même si
CPO777666 • 1 CD CPO héros d’une Allemagne triomphante), son rôle dans la défense des sympho-
teurs et quatuor Smetana), la pia-
niste tchèque Lada Valesova nous offre
un enregistrement de quatre pièces de C e troisième volet des œuvres sym-
phoniques de Hausegger s’ouvre
et placer ce Barbarossa aux côtés des
grandes machines orchestrales de la fin
nies de Bruckner demeure historique-
ment considérable). (Richard Wander)
la musique de chambre avec voix de
Pavel Haas (1898-1944), compositeur Silke Aichhorn, harpe; Kurpfälzisches Kammeror- rejoue «  Alte Karbonaden  » rien que
tchèque au destin tragique, emprisonné
chester; Kevin Griffiths, direction pour le plaisir de sa balbutiante ivresse
à Terezin et assassiné à Auschwitz-Bir-
CPO777841 • 1 CD CPO finale… (Jean-Charles Hoffelé)
kenau par les nazis. L’œuvre de Haas

L
est constituée de 18 opus dont nous a renaissance de Hertel s’est amor-
retrouvons ici les opus 4 et 6, œuvres cée au disque au début des années
de jeunesse (1921/22), l’opus 18
80s, grâce à la redécouverte de ses
(1940) et les «  Quatre chants tirés de
concertos pour trompette par des pré-
la poésie chinoise  », crée à Terezin le
22 juin 1944 en présence du composi- curseurs comme Ludwig Güttler en
RDA ou Maurice André en France. Il s’en
Paul Hindemith (1895-1963)
teur. Elève de Janacek, Haas recherche
une voie originale l’affranchissant de Sonate pour 4 cors; Trio pour piano, alto et
est suivi de la musique de chambre, des
heckelphone ou saxophone ténor, op. 47;
l’influence du maître et du style idioma- symphonies et de la musique religieuse, Pièce de concert pour 2 saxophones alto;
tique national. Cette volonté s’illustre montrant une grande diversité dans Sonate pour saxophone alto et piano; Das
à la fois par le choix des textes mis en Kleinen elektromusikers lieblinge; Fran- Nikolai Kapustin (1937-)
l’œuvre couplée à une unité stylistique
musique (poèmes de Tagore et de la kenstein’s montre répertoire; Minimax Sonate pour violoncelle et piano n° 1-2;
poésie chinoise traditionnelle) et par qui situe Hertel dans le préclassique Barbara Buntrock, alto; Robert Kolinsky, piano; Elegy, op. 96; Presque Valse, op. 98;
l’empreinte manifeste, et de plus en rococo, représenté à Vienne par des Forian von Radowitz, piano; Quatuor de saxo- « Burlesque », op. 97
plus profonde au fil des œuvres, des compositeurs comme Monn ou Wa- phones clair-obscur Duo perfetto [Robert Witt, violoncelle; Clorinda
modernités musicales contemporaines WER7353 • 1 CD Wergo Perfetto, piano]
genseil ou à Berlin par les musiciens
BRIL95560 • 1 CD Brilliant Classics
P
les plus diverses (les Viennois, Ravel, le de Frédéric de Prusse, célèbre pour our le saxophone qui est durant

J
music-hall …). A l’écriture pianistique l’entre deux guerres l’instrument azz toujours, tu m’intéresses. Et c’est
son conservatisme. Né comme Bach
académique un peu empesée de l’opus étendard des nouvelles musiques en toujours l’ambiguïté, certains diront
4 «  Chansons chinoises  », succède à Eisenach, où son père était Konzert-
Allemagne, Paul Hindemith, si prolixe la contradiction, de Kapustin (Kapous-
celle au style très différencié, contrasté meister de l’orchestre de la cour, sa tine pour les intimes francophones),
aurait pu, aurait du  ! écrire un grand
voire bariolé de l’opus 18 et surtout des jeunesse et sa formation musicales concerto, il lui réserva seulement un qui fut élève s’il-vous-plaît à Moscou du
«  Quatre chants  », signe d’une évolu- ont été marquées très fortement par «  Konzertstück  » en deux brefs mou- grand, du vrai, du fameux Goldenwei-
tion profonde en cours du compositeur l’œuvre du Cantor et celle de Haendel, vements où se griffent et s’enamourent ser, et qui a donc bénéficié d’une très
… Pièce inédite de cet enregistrement, deux saxophones de l’espèce alto, solide formation académique. Il a même
dont il savait jouer et accompagner les
l’opus 6 « Fata Morgana », cycle mélo- joliment croqué ici par les membres toujours tenu à le rappeler mordicus,
dique voire petit opéra de chambre en fugues par cœur sous la férule de Johan
du Quatuor clair-obscur. Pourtant voici et même urbi et orbi, déniant contre
cinq mouvements, sur des poèmes (22, Heinrich Heil, collègue de son père dans les apparences être un pianiste de
un plein disque de supposés opus pour
15, 31, 50, 30) extraits du «  Jardinier l’orchestre d’Eisenach et ancien élève l’instrument inventé par Adolphe Sax et jazz (malgré ses préludes «  in the jazz
d’Amour  » de Rabindranath Tagore, de Bach. Ignorant totalement les orien- dont Berlioz fit le panégyrique. C’est que style  »), sauf par nécessité intérieure
exaltant les joies, les tourments et la tations plus modernes et progressistes le ténor du quatuor, Christoph Enzel, d’adaptation de son inspiration clas-
sensualité de l’amour où l’invention du aura transcrit de l’important corpus de sique. Se méfiant ainsi comme la peste
de l’école de Mannheim ou de Milan, il
compositeur est éblouissante (beauté chambre tout ce qu’il aura pu trouver de la notion même d’improvisation
mélodique, concision du propos, varié- resta toute sa vie attaché à l’esthétique
pour son instrument, et d’abord logi- brute de décoffrage, estimant qu’elle
té expressionniste des climats …). Très des frères Graun, de Quantz, Fasch, était toujours meilleure d’être solide-
quement ce qu’Hindemith destina au
grand musicien et très belle musique Benda ou Janitsch. Les trois concertos cor : la Sonate à 4 de 1952 résonne ici ment réécrite. C’est dans cet esprit qu’il
servie par d’excellents interprètes. A pour harpe présentés ici (dont deux en avec une verve supérieure à ce que les faut écouter ici ces œuvres de chambre,
découvrir. (Emilio Brentani) première mondiale) datent des années cors à piston y tentent généralement, composées entre 1996 et 1999, d’au-
1760 et ont certainement été destinés à la Sonate de 1951 échange sans dom- tant plus bienvenues (et merci à ce label
un ou plusieurs harpistes de la famille mage son cor alto initial pour un saxo- aux découvertes inépuisables) qu’on a
phone de quasi même tessiture (mais surtout enregistré jusqu’à présent les
Petrini employés eux aussi par la cour
Hindemith l’avait lui-même autorisé). Le seules œuvres pour piano de ce com-
de Mecklenburg-Schwerin. Dans ces Trio, assez seconde école de Vienne de positeur. Pièces donc quand même for-
trois œuvres charmantes dénuées de 1928 ne souffre guère plus de la subs- tement rythmées, à la pulsation heurtée,
tout esprit tragique, les mouvements titution du sax ténor à l’ « Heckelphon » hachée, qu’éclaire parfois quelque lan-
vifs baignent dans l’enjouement mélo- original et la plainte de son premier gueur lyrique du « old style », comme
dique, tandis qu’une sérénité méditative mouvement y sonne plus nostalgique tout naturellement dans l’Elégie, et où
; mais le plus surprenant de cet album nos deux jeunes interprètes font mer-
caractérise les adagios. La symphonie
Johann Wilhelm Hertel (1727-1789) absolument particulier restent les adap- veille (duo perfetto !). A profiter jusqu’à
concluant ce bel enregistrement révèle tations de trois brefs mouvements pour plus soif, sachant qu’avec du swing,
Concertos pour harpe en ré majeur,
solmajeur et fa majeur; Symphonie en si une origine postérieure plus aventu- quatuor à cordes dont deux tirés des vous mettrez Kapustin dans votre bou-
bémol majeur reuse. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) iconoclastes « Minimax ». Allez, je me teille. (Gilles-Daniel Percet)

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Alphabétique
littéraire, notamment par sa poésie et Franz Liszt (1811-1886)
le rôle qu’il joua dans l’Ecole Acméiste. Sonate pour piano en si mineur, S 178
Le plus récent de ces recueils, « Chan- (version 1965 et 1971)
sons d’Alexandrie  », est l’écho d’un Paul Badura-Skoda, piano
voyage qu’il fit en Egypte (1895), le
plus ancien, «  Chansons sacrées  », GRAM99147 • 1 CD Gramola
renvoie à l’intérêt qu’il manifesta dans
sa jeunesse pour le courant des Vieux-
Croyants. Musique fin de siècle, si l’on
O n associe guère Paul Badura-Sko-
da avec Fanz Liszt, mais sait-on
encore quel pianiste divers il fut dans
Zoltán Kodály (1882-1967) veut, parfois un peu ingrate mais non ses jeunes années, lui qui célébrait un Karl Millöcker (1842-1899)
Duo pour violon et violoncelle; Sérénade dénuée d’une réelle délicatesse, elle Chopin très personnel et n’hésitait pas à Ouvertures en mi bémol majeur et « Der
en trio pour deux violons et alto / E. von exprime l’hypersensibilité du composi- graver les Concertos de Scriabine et de Bettlestudent »- Polkas Ilda, Cyprienne,
Dohnányi : Sérénade pour trio à cordes teur ; il se dit d‘ailleurs que c’est dans Rimski-Korsakov, tout en restant fidèle Melitta, Ringstraßen, Carnevalslaunen,
Simon Smith, violon; Clare Hayes, violon; Paul l’écriture des textes pour ses mélodies Quecksilber; Valses « Das Sonntagskind »,
a sa trilogie viennoise  ? L’histoire de « Der Probekuss » et « Pizzicato »- Marche
Silverthorne, alto; Katherine Jenkinson, violoncelle que Mikaïl Kouzmine développa les
l’enregistrement en concert le 29 mars « Apajune »; Galop « Eilgut »
RES10181 • 1 CD Resonus linéaments de son inspiration poé-
1965 à New York est savoureuse : après Nürnberger Symphoniker; Christian Simonis,
tique. Voilà bien de quoi légitimer cette
M agnifique programme de chambre
que celui qui nous est proposé ici
et qui associe avec intelligence deux
publication. Mais l’interprétation vocale,
avec un peu plus de naturel et d’aisance,
avoir été éreinté par un critique lors d’un
récital où il avait donné les Etudes de
direction
CPO555004 • 1 CD CPO
Chopin, Paul Badura-Skoda décida de
A
œuvres de Kodaly (1882-1967) à une aurait permis de dépasser l’intérêt sim- ux côtés de Johann Strauss Jr et
plement documentaire de la réalisation. louer Carnegie Hall et d’offrir l’ensemble Franz von Suppé, Carl Millöcker
composition de son compatriote Doh-
(Alain Monnier) des places à un dollar pièce. En seconde est l’autre grand compositeur d’opé-
nanyi (1877-1960). Dans tous les cas,
partie du programme il se lança à corps rettes viennoises au 19ème siècle. Il
on appréciera la grande originalité
d’écriture, qu’il s’agisse de la mélodie, perdu dans cette Sonate de Liszt épique démarre comme chef d’orchestre dans
du rythme ou de l’instrumentation. Une qui vous fera tomber de votre chaise, plusieurs théâtres à Vienne, Graz et
grande liberté qui autorise bien des un flot insensé de musique, d’un style Budapest, composant des pièces qui
confidences, voire des audaces. Cette impeccable mais emporté par une ne tiennent pas l’affiche, lorsqu’en 1871
complexité produit en effet une abon- sorte de folie qui montre à quel point le sa farce musicale « Drei Paar Schuhe »
dance de chatoiements, un véritable démon de la virtuosité pouvait l’habiter va susciter un immense engouement
kaléidoscope musical et instrumental. si nécessaire. C’est une sacrée leçon de de la part du public. Millöcker entame
Chez Kodaly, la délicate inspiration piano et de musique emportée en un alors diverses collaborations avec des
populaire y est certainement pour peu moins de 27 minutes... qu’éclaire librettistes passés maîtres dans l’art
beaucoup et nous transporte successi- Franz Lehár (1870-1948) sous un jour pas si différent que cela d’adapter à la scène lyrique des drames
vement à travers de délicieux paysages Die Juxheirat (Mariage pour rire), opérette un enregistrement de studio réalisé à et des pièces de théâtre à succès. Ses
sonores, de la mélancolie à l’exubé- en 3 actes opérettes se succèdent ainsi au rythme
la Mozartsaal de Vienne six ans plus
rance, assurant ainsi le charme inépui- Gerhard Ernst; Maya Boog; Jevgenij Taruntsov; d’une par an jusqu’en 1896  : de nom-
tard. Les détails y sont plus soignés,
sable de ces partitions. Chez Dohnanyi, Alexander Kaimbacher; Sieglinde Feldhofer; Ilia breux airs, danses et autres galops
Staple; Rita Peterl; Chœur du Festival Lehar de Bad mais la même grande ligne évidente, le
encouragé en son temps par Brahms, si extraits de ces productions sont publiés
Ischl; Orchestre Franz Lehar; Marius Burkert même sens d’un discours classique où par l’éditeur Bösendorfer et bénéficient
la musique est plus sage, elle n’en est
pas moins sensible ni moins expressive, CPO555049 • 2 CD CPO s’inféode avec souplesse le romantisme ainsi d’une large diffusion. Parmi le flo-
lisztien paraissent. Pourtant c’est à ce
N
notamment dans ses mouvements deux ous sommes en 1904, le nom de rilège de marches, valses et polkas pré-
et quatre. Ces œuvres rares trouvent Lehar a déjà marqué la vie musi- concert de New York que je reviendrais, sentées sur cet album, toutes brillantes,
en Simon Smith et ses complices des cale viennoise, mais il s’agit du père une des plus éloquente Sonate de Liszt enlevées et divertissantes, quatre
interprètes attentifs, dévoués, enthou- chef d’orchestre. Le jeune Franz n’a pas captée live depuis celle de Simon Ba- pièces retiennent l’attention : les valses
siastes qui les servent avec conviction, encore renoncé à une carrière militaire rere, c’est dire ! (Jean-Charles Hoffelé) « Sonntagskind » et « Probekuss » dont
alternant énergie et tendresse, mani- pour devenir un des plus grands com-
festant une maitrise achevée. Dernière positeurs d’opérette de son temps. Il
précision qui a son importance, l’élo- minéral, de dentelle aérienne et de
quente prise de son concourt également
commet néanmoins ce «  Juxheirat  »
(le mariage de l’alouette), surprenant
Sélection ClicMag ! contraste lumineux qui vaut à lui seul
à la perfection de cette réalisation. On vaudeville féministe. Si le livret est l’écoute de ce disque. Mais il y a plus,
adorerait voir et entendre ce récital en en avance sur son temps, la qualité et on peut parcourir en tous sens ce
concert ! (Alain Monnier) musicale reste très en deçà des chefs programme qui enjambe 4 siècles de
d’œuvres qui suivront : le chic, l’humour musiques mariales  : s’émerveiller qu’il
sont déjà là. Pour l’invention mélodique suffise d’enchaîner 6 compositeurs
et l’irrésistible Sehnsucht viennoise, il pour passer de l’ars nova à la fin du
faudra patienter encore un peu. Pro- baroque ; se demander si leur service
grammée par le Festival de Bad Ischl, auprès de la famille d’Este a rappro-
l’œuvre est défendue par une équipe ché les inspirations de Dufay, Desprez
cohérente et un chef concerné. Ce fut et Palestrina par-delà le temps ; ou au
Guillaume de Machaut (1300-1377) contraire chercher les différences entre
sans doute une délicieuse soirée lyrique
Messe de Nostre Dame / J. Handl : Ave contemporains (Gallus, Palestrina et
pour les spectateurs présents dans la Maria / G. Dufay : Ave Maris Stella / P. de
salle, mais n’était son intérêt documen- Victoria)... Une première partie plu-
la Rue : Magnificat / G.P. da Palestrina
taire, cela valait-il la peine d’en faire un tôt austère culmine avec la messe qui
Mikhail Kouzmine (1872-1936) (1525-1594) : Ave Maria / J.F. de Iribarren :
donne son titre au disque : célébrissime
disque ? Vu l’abondance des dialogues Stabat Mater / A. Michna : Marianske Ave
Chansons d’Alexandrie, parties 1 et 2; et souvent entendue, elle trouve ici une
parlés et la complexité de l’intrigue, / T.L. de Victoria : Salve Regina / J. des
Versets sacrés
l’absence de livret rendra ce disque Prés : Ave Maria virgo serena traduction qui surexpose les disso-
Mila Shkirtil, mezzo-soprano; Yuri Serov, piano
frustrant pour les non germanistes. Vienna Vocal Consort [E. Pürgstaller, soprano; nances (à juste titre, me semble-t-il) en
NFPMA9993 • 1 CD Northern Flowers (Olivier Gutierrez) C. Sonnleithner, alto; M.J. Stepanek, ténor; M. lui donnant la « résonance plus particu-

L
Stelzhammer, baryton; C. Chlastak-Coreth, basse] lièrement actuelle » que trouvait Pierre
a collection « Northern Flowers » se
propose de redécouvrir des com- KL1412 • 1 CD Klanglogo Boulez à Machaut. Une seconde partie

A
positeurs méconnus ou des œuvres peine entamé l’Ave Maria de Gallus, plus variée, où brillent les 1’34 du Sta-
oubliées du répertoire russe. C’est dou- c’est l’image des pierres dorées bat Mater d’Iribarren et les 1’58 de l’Ave
blement le cas avec ce cd qui comprend de l’intérieur du monastère portugais Maria slave de Michna, arrive à point
deux cycles de mélodies (1901-1903 et d’Alcobaça qui m’est revenue : le choix pour empêcher que s’installe une légère
1905) qu’un jeune compositeur (1872- de mixité assumé par le Vienna Vocal monotonie. Une excellente prise de son
1936), un moment élève de Rimski- Consort dans des œuvres qu’on entend couronne le tout : disque remarquable,
Korsakov, élabora avant de connaitre souvent par des ensembles masculins mais qui demande une écoute attentive.
un succès plus éclatant dans sa carrière aboutit à un mélange de hiératisme (Olivier Eterradossi)

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le matériau musical est particulière-
ment riche et élaboré, la belle ouverture
«  Bettelstudent  » qui s’inscrit dans un
Sélection ClicMag ! E ncore une fois, Tactus nous comble !
Avec ce boitier de 2 disques, occa-
sion unique est en effet donnée aux
les «  Membra Jesu Nostri  » de Buxte-
hude, est là : l’humanité, l’éloquence, la
lisibilité, la capacité de Testolin à capter
registre plus intimiste et émouvant, et mélomanes de constater que les Labex l’attention (oh là,là… la descente chro-
enfin la courte mais assez magique Piz- et autres programmes « Investissement matique interminable de la « Malipiera »
zicato-Walzer qui semble échappée d’un d’Avenir » ne sont pas des outils réser- et la chute de « S’io non ti toglio un ba-
ballet de Tchaïkovsky. Bien que Chris- vés à la recherche en sciences dites cio  »  !). Avec l’ensemble instrumental
tian Simonis et le Nürnberger Sym- dures  : la collaboration du GREAM de animé par Fabio Missaggia, l’entente est
phoniker se montrent parfois un peu Strasbourg avec le bien nommé en- parfaite. Discrète cerise sur le gâteau,
trop sérieux dans ce répertoire léger semble I Musicali Affetti fait jaillir d’un le second disque est en fait un DVD qui
et réjouissant, ce disque reste pétillant manuscrit endommagé cette première comporte 30 minutes de vidéo dans
comme du mousseux et sucré comme mondiale qui ne laisse pas indifférent. lesquelles Aurelio Bianco et Sara Dieci
une Sachertorte ! (Alexis Brodsky) Parcourir l’univers musical si varié du jettent un éclairage étonnant sur Marini
Biagio Marini (1597-1665) remuant Marini est déjà une aventure et son opus II, et où le son se fait geste.
Madrigaux; Symphonie, op. 2 en soi (ici on est à Venise, au milieu Quant aux textes, ils sont disponibles
I Musicali Affetti; Fabio Missaggia, direction;
de son premier service à Saint-Marc). en téléchargement sur le site de l’édi-
Côté interprétation impossible de faire teur. Érudit et stimulant : immanquable
Rossoporpora; Walter Testolin, direction
la fine bouche : tout ce qu’on aime chez pour tout amoureux du 17ème siècle.
TC591304 • 2 CD/DVD Tactus RossoPorpora, et qui éclaboussait déjà (Olivier Eterradossi)

juxtaposition en d’autres volumes  ?


en tous cas, découvrez cet artiste.
Claudio Monteverdi (1567-1643) (Jean-Charles Hoffelé)
Madrigaux, Livre IX
Le Nuove Musiche [J. van der Hart, soprano;
W. Roobol, soprano; A. Tjader, soprano; H.
Naessens, alto; F. van Loon, ténor; J. Moreiro,
ténor; B. Ramselaar, basse ; A. Verhade, théorbe;
C. Luckhardt, violoncelle, viole de gambe]; Krijn
Koetsveld, direction Wolfgang A. Mozart (1756-1791) Carl Nielsen (1865-1931)
BRIL95153 • 1 CD Brilliant Classics Intégrale des sonates pour piano et violon C. Nielsen : Quintette pour flûte, hautbois,
clarinette, basson et cor, op. 43 / S. Pro-
Dmitry Sitkovestky, violon; Antonio Pappano, kofiev : Quintette pour hautbois, clarinette,
piano; Konstantin Lifschitz, piano violon, alto et contrebasse, op. 39
HC17013 • 4 CD Hänssler Classic Solistes du festival de Spannungen [J. Bausor,
Wolfgang A. Mozart (1756-1791) flûte; S. Hudson, hautbois; S. Kam, clarinette; J.
Sérénade n° 7, K 250 / O. Schoeck : Séré-
nade pour petit orchestre, op. 1 R evoici quatre disques qui avaient
laissé les auditeurs partagés lors de
Johnson, clarinette; T. Plath, basson; E. Kufferath,
violon; M. Meron, alto; E. Ruiz, contrebasse]
Musikkollegium Winterthur; Roberto Gonzalez leurs parutions séparées, simplement AVI8553385 • 1 CD AVI Music

N
Monjas, violon, direction juxtaposés dans un coffret dégageant ielsen et Prokofiev ont très peu écrit
CLA1710 • 1 CD Claves une impression immédiate d’éparpille- pour petites formations mêlant ins-
ment. Éparpillement éditorial d’abord  : truments à vent et à cordes. Le premier,

I
Wolfgang A. Mozart (1756-1791) l se pourrait bien que ce soient les 8 quelques duos, la « Serenata in Väno »
sonates contemporaines saupou-
Concertos piano n° 12 et 20 minutes de la sérénade « espagnole » et le présent quintette op. 43, pièce de
drées sur plusieurs disques, et textes
Jan Bartoš, piano; Quatuor Doležal; Orchestre de Schoeck qui fassent tout l’intérêt choix du répertoire pour quintette à vent
Philharmonique tchèque; Jirí Belohlávek, direction d’accompagnement (défigurés par un ; le second l’« Ouverture sur des thèmes
de ce disque. Serait-ce parce que le
SU4234 • 1 CD Supraphon problème typographique) inutilement juifs » aux précédents desquels s’ajoute
Musikkollegium de Winterthur est par-

D eux Concertos de Mozart par un redondants. Plus gênante, la dispersion un piano, la sonate pour flûte et piano,
tie intégrante de l’histoire de sa compo-
jeune pianiste tchèque adoubé est aussi musicale : dans le premier vo- enfin le présent quintette à la formation
sition  ? En 1915, il en créa la version inédite. Succession de six morceaux
par Alfred Brendel, cela s’écoute avec lume (pour moi de loin le plus réussi),
attention d’autant qu’il semble bien augmentée d’un deuxième basson et de contrastés, ce dernier s’apparente à
le piano idiomatique et légèrement es-
que ce sois son premier disque en tant timbales. C’est spirituel et brillant, un un «  divertimento  ». Son écriture en
tompé de Pappano encourage le violon
que soliste. Sa sonorité est si belle, si vrai bonbon. La « Haffner » de Mozart, est âpre, condensé d’atonalité, de dis-
souvent survitaminé de Sitkovetsky à sonances, de rythmique implacable, le
équilibrée, tout y chante d’évidence, c’est autre chose… rien moins que 140
immédiatement je sais à un phrasé, à favoriser finesse et nuances. Mais dans tout dans un climat fantasmagorique,
pages (un cahier entier à elle seule...) angoissant (4ème mvt)... d’où résulte
un accent à peine suggéré qu’il est un les trois autres, le décor change radica-
mozartien de pure race, avec un sens dans la Neue Mozart Ausgabe  ! Le une musique peu faite pour plaire, et
lement avec l’arrivée de Lifschitz et d’un
des proportions et du discours que risque d’ennui n’est jamais loin : un peu nouvel ingénieur du son. Placées sous qui peut laisser abasourdi l’auditeur  !
viennent renforcer une absence d’affec- de sérieux, de lenteur ou de difficulté à Le mérite des instrumentistes, réunis
un verre grossissant, les sonates se hé-
tation, un dédain des charmes dont le alléger les textures suffisent. Vegh et occasionnellement - notons-le - tient
rissent de piquants et elles vont vite… surtout dans une approche dynamique
20e Concerto profite à plein, ombreux la Camerata Salzburg avaient fixé il y a
comme il peut l’être. Jiri Belohlavek l’y et parfois même trop vite. Du coup la d’œuvres à l’esthétique et au climat fort
près de 30 ans un quasi-idéal, donnant fin si caractéristiquement abrupte et différents, qui leur permet d’en assu-
accompagnait d’un geste ample mais
ferme en ce 1er mai 2013, on est au l’impression de maîtriser difficilement dépourvue d’effets de certains mouve- rer avec naturel une exécution semée
concert, comme on l’est également un pur-sang surexcité au départ d’un ments tombe à plat, comme si les musi- d’embûches - dont les deux « tema con
pour le 12e Concerto, enregistré avec Grand Prix. Et le violon frémissant d’Ar- variazioni » ne sont pas les moindres !
ciens ne savaient pas trop quoi en faire
les Dolezal dans sa vêture de chambre vid Engegard distillait une sensualité qui Dans Prokofiev, le face à face hautbois/
après tant d’engagement  : comme la clarinette se déroule au mieux, les gron-
; sans les bois, sans l’orchestre, c’est
« collait » aux circonstances de la com- simplicité est une chose difficile ! Tout
une toute autre partition qu’anime le dements de la contrebasse et la scan-
pianiste tchèque, qui laisse voir à nu position. Rien de cela ici, sans doute du cela donne une vision démonstrative sion motoristique font l’effet escompté
l’architecture, les sentiments absolu- fait que Monjas tient à la fois l’archet et pré-romantique de Mozart, qui peut malgré le calme relatif de l’andantino
ment intimes, quelque chose de mélan- et la baguette. Qui trop embrasse mal séduire. Mais la grâce mozartienne de final. Du quintette de Nielsen sont bien
colique qui ne sonne pas à ce point étreint  : dès la Marche introductive on ces pierres angulaires du répertoire est rendues les sombres couleurs bien
dans l’habillage pour le concert. Cette nordiques (début de l’allegro, puis
perçoit la raideur et les précautions ailleurs (chez Lupu et Goldberg, par
mise en regard entre un Concerto de la du prélude). On aime la façon un peu
maturité et un ouvrage plus « jeune » en que cela implique, et la suite confirme. exemple), et le dialogue amoureux aussi « rustique » de dérouler l’allegro initial,
effectif allégé ne cesse de m’interroger. Pour Schoeck avant tout, donc. (chez Tiberghien et Ibragimova, excep- et aussi les soliloques du corniste, le
Jan Bartos poursuivra-t-il cet étrange (Olivier Eterradossi) tionnels). (Olivier Eterradossi) délire clarinettistique dans les varia-

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Alphabétique
tions ; néanmoins, le menuet - pastiche Prélude sur le thème du Kyrie Orbis Fac- manquant sans doute d’une person- Suite « La Création du Monde »; Quatuor
mozartien - n’a pas la grâce attendue. tor est un commentaire improvisé sur nalité plus affirmée. Retenons quand à cordes n° 2; « A Forgotten Tune » pour
Un CD à la durée vraiment trop courte, le choral « Erbarme dich mein, o Herre même l’atmosphère décantée à la fois orchestre; Humoresque pour orchestre;
« I’m Walking Along Broadway », foxtrot
au programme peu cohérent, qui a les Gott » BWV 721. Le Troisième concerto élégiaque et lugubre dans la seconde
pour contrebasse et orchestre; « Gypsy
défauts des captations en festival mais pour orgue part quant à lui d’un hymne moitié de l’oratorio et les belles inter- Rhapsody », pour violon et orchestre;
le mérite de faire connaître le quintette populaire polonais. Nowowiejski utilise ventions du baryton et de la soprano où « A New Violinist in the Orchestra »,
de Prokofiev rarement enregistré ainsi une partie de la mélodie dans un pré- le tropisme wagnérien règne en maître. perpetuum mobile pour violon et orchestre
que le festival de Spannungen et ses lude de forme sonate suivi d’un choral Le chef Lukazs Borowicz s’est pris à cordes
solistes. (Pascal Bouret) grégorien puis d’un final à variations d’amour pour cette œuvre (Il s’en ex- Ilya Ioff, violin; Orchestre à cordes The Divertis-
qui exploite lui, l’intégralité du thème. plique dans la notice) et la dirige avec la sement
Le grand Adoremus (...In aeternam foi du charbonnier (Jérôme Angouillant) NFPMA9984 • 1 CD Northern Flowers
sansctissimum sacramentum) qui clôt
le programme tricote le motif grégorien
en contrepoint. Notons dans la regis-
I nsolite au sein de la collection Nor-
thern Flowers qui défend surtout les
lourdes productions patriotiques de la
tration l’emploi de la flûte de berger seconde guerre mondiale, ce disque
traditionnelle. Bel exercice de style dont de musique légère donne un coup de
la conjonction en apothéose couleur/ projecteur sur l’œuvre d’Andrei Petrov,
timbre évoque le langage d’un Messiaen. autour de sa partition la plus célèbre, le
L’interprétation de l’organiste Sebastian ballet « La Création du monde ». De fait,
Friedrich Nietzsche (1844-1900) Adamczyk est un modèle d’équilibre. plus que le bref second quatuor « Des
(Jérôme Angouillant) profondeurs de la mémoire », c’est du
Heldenklage; Marche Hongroise; Édes
titok; So lach doch mal; Da geht ein Bach; G.A. Pandolfi Mealli (1660-1669) côté des pages légères que se trouve le
In Mondschein au der Pustz; Poème Petits Caprices à 3 voix n° 1-6; Sarabande meilleur de ce disque plaisant et diver-
symphonique « Ermanarich »; Unserer pour 2 violons; Ballets pour 2 violons tissant. Aimables bluettes ici données
Altvordern eingedenk ; Hymne à l’amitié n° 1-5; Trombetta et passacaille pour 2 dans des arrangements pour orchestre
Jeroen van Veen, piano violons; Petits Caprices pour violon seul; à cordes qui en accentuent encore
BRIL95492 • 1 CD Brilliant Classics Sarabande l’aspect ludique et charmant, ces brèves
Opera Qvinta vignettes montrent que, même sous la
TC621602 • 1 CD Tactus chape de plomb du totalitarisme sovié-

O n sait peu de choses de Pandolfi, tique, la musique de divertissement


sinon qu’il est né en Toscane, a étu- avait encore sa place. Raffraichissant
Felix Nowowiejski (1877-1946) dié à Venise. On le retrouve en 1660, à par rapport aux symphonies en béton
« Quo Vadis », oratorio pour voix seul, la Cour autrichienne où il commence que privilégiait le triste régime commu-
chœur mixte, orgue et orchestre à composer, puis à Messine. Ayant niste… (Richard Wander)
Wioletta Chodowicz; Robert Gierlach; Wojtek assassiné un musicien, il s’enfuit en
Gierlach; Chœur et Orchestre Philharmonique de Espagne où il aurait résidé jusqu’à sa
Poznan; Lukasz Borowicz, direction mort. On possède de lui trois recueils.
Felix Nowowiejski (1877-1946) CPO555089 • 2 CD CPO Des sonates pour violon op. 3 et 4,

P ourtant auteur d’une œuvre sympho- très virtuoses, et les présentes sonates
Marche cérémoniale « Entrée dans la
cathédrale », op. 8 n° 3; Elévation et nique conséquente et de quelques d’un style plus sage. Il s’agit en fait
fugue, op. 2 n° 2; Preludium sur « Roses opéras, le polonais Feliks Nowowiejski de suites miniatures (capriccetto en
de Sainte Thérèse », op. 9 n° 3; Offertoire (1877-1956) doit sa toute relative popu- 3 courts mouvements enchaînés, ou
op. 7 n° 2; Prélude sur le Kyrie de la messe larité à ses deux oratorios : « Le retour balletto, ou encore passacaille, suivis
n° 11 « Orbis Factor », op. 9 n° 3; Concerto
du fils prodigue  » (1902) et ce «  Quo de danses. Les pièces portent le nom
pour orgue n° 3, op. 56 n° 3; Prélude de musiciens auxquels il semble ainsi,
Adoremus, op. 31 n° 3
Vadis  » (1907) qui fait l’objet de cette Mario Pilati (1903-1938)
nouvelle publication. L’oeuvre, massive, comme dans les autres recueils, plus ou
Sebastian Adamczyk, orgue Sonate pour violon et piano; Prélude,
nécessite un effectif orchestral et choral moins rendre hommage). Écrites pour 1 Aria et Tarantelle sur un ancien thème
DUX0926 • 1 CD DUX important. Le livret est tiré du roman de ou 2 violons solistes et basse continue, populaire napolitain; Pièces et Caccia pour

A partir des années 1919, de retour l’écrivain polonais Henrik Sienkiewicz elles sont tantôt interprétées comme violon et piano; Tammurriata; Sonate pour
en Pologne, Feliks Nowowiesjski, relatant les persécutions des premiers telles, tantôt avec un instrumentarium violoncelle et piano; Etude mélodique pour
(1877 -1946), auteur de l’oratorio Quo chrétiens à Rome luttant contre le fortement enrichi et coloré (tambou- violoncelle et piano; Bagatelles, séries
rins, castagnettes, carillon, une sorte de n° 1 et 2
Vadis qui lui valut un succès notable, régime de l’empereur Néron. Nowowie-
guimbarde, une triple flûte…). Ce choix Luca Signorini, violoncelle; Dario Candela, piano
se consacre plus particulièrement à jski tout comme sa librettiste Antonia
l’orgue. Improvisateur virtuose, il com- Jungst voit dans l’opposition chrétiens des interprètes est bienvenu  : outre BRIL95352 • 2 CD Brilliant Classics

A
pose plusieurs concertos et sympho- versus romains, une allégorie du peuple qu’il correspond à une pratique attestée ctif durant l’entre-deux-guerres, le
nies avec orgue obligé ainsi que des polonais soumis au matérialisme d’un dans la Messine de l’époque, il confère napolitain Mario Pilati (1903-1938)
pièces liturgiques. Musicien catholique état décadent. Le style musical, issu de à l’ensemble, une grande variété, un aurait pu devenir un des principaux
politiquement engagé, le compositeur ses rencontres (Dvorak, Bruch) et d’in- brillant, une loquacité et une verve irré- compositeurs italiens du XXe siècle
dévoile dans son corpus d’orgue sa fluences diverses (Mahler, Saint Saëns, sistibles, voire une surprenante étran- (à côté de Ottorino Respighi, Alfredo
part intime, attachée à la tradition sécu- Roussel, les véristes italiens) collectées geté (cf. la sarabande des plages 7 et Casella ou G.F. Malipiero) s’il n’était
laire de l’église. D’où ces nombreuses durant les voyages du compositeur, 19) car la grande régularité de struc- pas mort prématurément. Typique du
marches, élévations, offertoires qui sublime ces notions d’héroïsme et de ture des pièces risquerait d’engendrer courant néoclassique alors en vogue,
relèvent d’un style liturgique assez clas- sacrifice dans une alternance d’am- autrement une certaine monotonie. Le sa musique mêle formes anciennes et
sique, proche de ses contemporains biances contrastées. Nowowiejski avait rythme, les contrastes sont magnifiés, harmonies modernes, sans pour autant
français. En témoigne L’Elévation op.2 un faible pour les musiques solennelles le lien entre cette musique et la tradition céder aux sirènes de l’atonalisme. Pilati
suivie d’une Fugue à trois sections qui et de cérémonie. Marches militaires, in- populaire aussi. Un disque savoureux. est aussi un représentant du nationa-
rappelle Marcel Dupré. Le prélude inti- termèdes introspectifs, déchaînements (Bertrand Abraham) lisme musical que cela soit par l’utili-
tulé Roses de Sainte Thérèse est inspiré chorals ou orchestraux, évoquent aussi sation d’airs folkloriques de sa région
des mots de Sainte Thérèse de Lisieux : bien les compositeurs précités que Wa- natale ou de la poésie populaire d’Italie
«  Je veux passer mon temps au ciel à gner et Berlioz par le geste ample et la du Sud. Nonobstant sa courte carrière,
faire du bien sur terre, après ma mort profusion des moyens techniques et sé- Pilati s’est illustré dans tous les genres,
je ferai tomber une pluie de roses sur mantiques mis en œuvre. « Quo Vadis » et, qui plus est, avec succès. Le double
la terre  ». Page austère et gracieuse a connu moult succès internationaux CD publié par Brilliant Classics est
qui apporte, si ce n’est de l’extase à depuis sa création en 1909. Le public l’occasion de démontrer la qualité de sa
l’évocation de la Sainte (A la manière sans doute gagné par la force de son musique de chambre avec des œuvres
du Bernin), une bienheureuse sensua- message lui fit honneur. Aujourd’hui, pour violon et piano, violoncelle et piano
lité à la figure de Thérèse. Hommage l’œuvre, malgré quelques fulgurances, ou encore piano seul. Composées entre
à Bach conciliant ferveur et retenue, le reste longuette et parfois pompeuse, Andrei Petrov (1930-) 1925 et 1935, ces pièces mettent en

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lumière toute l’élégance de son écriture Tatjana Ruhland, flûte; Eckart Heiligers, piano; dans la lignée d’un Liszt ou d’un Reger. naises pour les autres qui montrent
musicale. La qualité de l’interprétation, Orchestre Symphonique de la SWR; Alexander Tactus avait déjà publié la partie de cet pourtant les mêmes raffinements. Seuls
par Francesco Manara (violon), Luca Liebreich, direction enregistrement captée en 2001 dans torts de cet esthète avec penchant
Signorini (violoncelle) et Dario Candela CPO777949 • 1 CD CPO la Cathédrale de Saluzzo. Mais la Suite mystique, être demeuré en marge du

1
(piano), rend honneur à la musique de 909, année de la création d’Elektra en sol majeur pour cordes et orgue est mouvement « Jeune Pologne » par pur
Pilati, le tout soutenu par une prise de et de la composition d’Erwartung est regravée avec un nouvel orchestre et le esprit d’indépendance, et mort en exil
son irréprochable. (Charles Romano) aussi celle où Carl Reinecke écrit son Prélude pour orgue de 1916 apparaît volontaire en Yougoslavie où il fut pen-
chant du cygne, la Ballade pour flûte et pour la première fois. On entendra deux sionné par le régime, écrivant jusqu’à
orchestre op. 288. Choquant  ? Ques- fois l’Aria de la Suite, originellement la fin livres et musiques. Ces mélodies
tion de perspective, car s’il est vrai que écrit pour violon et orgue, arrangé pour sont singulièrement poétiques, et ne
l’importance du compositeur hambour- cordes puis transcrit pour l’orgue seul. ressemblent à rien de ce qui s’écrivait
geois dans l’histoire de la musique ne A l’évidence, c’est dans les différents alors pour la voix. Si celles avec piano
peut le disputer ni à Strauss ni à Schön- Préludes que s’exprime le mieux la se coulent tout de même dans une tra-
berg, il n’est pas interdit de se faire plai- patte du Bolognais. Leur pendant, plein dition très française même lorsque les
sir, un siècle plus tard, à l’écoute d’une d’un charme un peu désuet, se trouve modes des musiques populaires polo-
musique qui puise ses racines chez dans la Suite, que Respighi qualifiait naises viennent les pimenter, le cycle
Schumann et Mendelssohn. La pièce lui-même d’antique, donnée ici avec la Fantasmagories (1920) montre son art
maîtresse de ce programme, qui, ras- version « longue » de son Prélude, sorte à son plus singulier, utilisant le mode
Max Reger (1873-1916)
semble, sans constituer une intégrale, de synthèse de la Symphonie classique persan (par demi-tons), déployant un
L’œuvre pour chœur d’hommes, vol. 2 de Prokofiev et du Concerto pour orgue orchestre évocateur d’une Inde en effet
les principales œuvres pour flûte de
Ensemble Vocapella Limburg; Tristan Meister, de Poulenc. La délicieuse Pastorale, fantasmée. Cycle de pure magie que la
Reinecke, souvent éparpillées par genre
direction
et mélangées à celles d’autres compo- elle, évoque autant l’Angleterre de Vau- mezzo et l’orchestre d’épices dosé par
ROP6127 • 1 CD Rondeau siteurs, est la Sonate «  Ondine  », mu- ghan-Williams que la campagne d’Emi- Lukasz Borowicz parent d’un imagi-

L es œuvres pour chœur de Max Re- sique à thème - mais non à programme lie-Romagne. Voilà qui nous change naire sensuel. Magnifique et trop brève
ger occupent une bonne partie de - inspirée par la ballade éponyme de La de Pins et des Fontaines de Rome  ! découverte qui donne envie d’en savoir
son corpus  : deux requiem, hymnes, Motte-Fouqué. Elle permet à la talen- (Yves Kerbiriou) plus. (Jean-Charles Hoffelé)
chants, chorals et de nombreux lieder. tueuse flûtiste Tatjana Ruhland de bril-
Reger fréquentait régulièrement édi- ler de mille feux, tant pas sa sensibilité
teurs et société chorales qui lui com- que par sa maîtrise technique. Œuvre
mandaient des œuvres accessibles au plus tardive, le Concerto vaut surtout
public. Reger s’appuie ainsi sur des par son mouvement lent, profondé-
textes de genres différents, héroïques, ment belcantiste et d’une poignante
lyriques ou comiques signés d’auteurs mélancolie. Voilà qui vient démentir le
célèbres  : Dehmel, Brentano, Eichen- qualificatif d’académique, trop souvent
dorff ou non Greif, Evers ou Hebbel. associé à la musique d’un classique
Le recueil des «  Six Chants op. 83  » profondément enraciné dans son siècle.
offre ainsi musicalement une variété de (Yves Kerbiriou) Anton Rubinstein (1829-1924)
Ludomir Michal Rogowski (1881-1954)
contrastes et d’ambiances. Si l’harmo- Mélodies et Fantasmagories Mélodies choisies
nie n’est pas toujours stable, le tissu Izabela Kopec, mezzo-soprano; Ewa Pelwecka, Mila Shkirtil, mezzo-soprano; Mikhail Lukonin,
choral reste majoritairement homogène. piano; Orchestre du Grand Théâtre-Opéra National baryton; Yuri Serov, piano
Avide transcripteur, le compositeur pro- de Varsovie; Lukasz Borowicz, direction NFPMA9960 • 1 CD Northern Flowers
cédera aussi à l’arrangement de chan- DUX1400/01 • 2 CD DUX
sons populaires mais aussi de musique
ancienne et baroque. En témoigne ce
N é polonais, élève de Zygmunt Nos-
kowski passé sous la férule de
P ublication très opportune que ce
premier volume de «  romances  »
d’Anton Rubinstein. Si ce musicien
recueil de madrigaux pour chœur mixte
Nikisch pour la direction d’orchestre, prolixe - et protéiforme parce que tout
basé sur des œuvres de compositeurs
Ludomir Michal Rogowski n’est plus à la fois virtuose, compositeur, péda-
du seizième et dix-septième siècle.
qu’un nom pour les musicographes et gogue (Tchaïkovski fut de ses élèves)
Hans Léo Hassler, Michael Praetorius, Ottorino Respighi (1879-1936)
pourtant que ses mélodies sont belles. - est aujourd’hui un peu oublié pour des
Jacob Weyland, un italien Baldassare Intégrale de l’œuvre pour orgue Françaises pour certaines – Izabella raisons de contexte, on peut mesurer,
Donati, un français Lully et un anglais Andrea Macinanti, orgue; Academia Symphonica Kopec en offre quelques unes dans dans ces petites formes, tout son talent
Thomas Morley. Reger remixe danses, de Udine; Pierangelo Pelucchi, direction
un français passable – car Rogowski de créateur. Mais qui dit mélodies ne
ballades ou chorals en usant un langage TC871803 • 1 CD Tactus séjourna régulièrement en France où il sous-entend pour autant rien de réduit,
clair et transparent non dénué de subti-
lités rythmiques et chromatiques. Si le
« Requiem » pour voix mâles est d’une
O ttorino Respighi n’avait rien d’un
révolutionnaire et ce n’est pas son
œuvre d’orgue, qui tient tout entier sur
étudia le chant avec Jean de Reszke et
développa une fascination pour l’uni-
vers sonore de Debussy qui s’entend à
encore moins de réducteur. On retrouve
donc ici des textes de grands poètes
comme Pouchkine ou Lermontov, dont
austérité implacable, le très assonant
ce disque, qui le démentira : on est ici chaque mesure de ses œuvres – polo- certains ont inspiré les plus grands
« An Zeppelin » dédicacé au comte du
même nom, évoque le dirigeable survo-
lant un paysage verdoyant dans un ciel grosso. Il en écrira six, manifestes de Smirnov gravaient le Premier Concer-
calme et bleu. Interprétation « carrée » Sélection ClicMag ! ce « polystylisme » qui conférera à ses to Grosso en 1990 pour la seconde
des chanteurs de l’ensemble Vocapella œuvres d’orchestre un rayonnement fois – une première mouture, dirigée
de Limburg. Le très bref «  Hoch lebe international. Les références baroques par Gennadi Rojdestvensky en 1982
dies Haus » résonne comme un clip de abondent, distordues par l’atonalité, est tout aussi pénétrante de poésie et
fin. (Jérôme Angouillant) niées par des procédés d’écriture méca- d’étrangeté mais celle conduite par Yuri
nique, toute une formidable machine à Bashmet me semble plus émouvante et
broyer l’histoire musicale qui inscrivait mieux enregistrée. Plus intrigant, plus
de nouveaux paysages sonores dans la angoissé, le Deuxième Concerto Grosso
musique soviétique. Le Second Concer- est détaillé avec une attention mortifère
to Grosso, qui fut créé à Berlin ouest le par Gennadi Rozhdestvensky, proche
11 septembre 1982 obéit aux mêmes parmi les proches du compositeur, tout
Alfred Schnittke (1934-1998) principes mais dispose d’un vaste or- comme ses deux solistes, Oleg Kagan,
Concerti grossi n° 1 et 2 chestre où paraissent entre autres un alors déjà atteint par le cancer qui
Tatiana Grindenko, violon; Oleg kagan, violon; clavecin, une guitare électrique et des l’emportera en juillet 1990, et Natalia
Natalia Gutman, violoncelle;Yuri Bashmet ;Gennadi cloches. Ces partitions stupéfiantes qui Gutman. On a l’impression que l’encre
Rozhdestvensky, direction
Carl Reinecke (1824-1910) auront été les pionnières de notre mo- de l’œuvre est à peine sèche. Interpré-
ALC1341 • 1 CD Alto dernité rayonnent ici dans toutes leurs tations immortelles qui constituent une
Concerto pour flûte, op. 283; Ballade pour
flûte et orchestre, op. 228; Sonates pour
flûte et piano, op. 108 n° 1 et 167 E n 1977, Alfred Schnittke mit le
point final à son premier Concerto
étrangetés par ceux qui les ont créées :
Tatiana Gridenko, Gidon Kremer et Yuri
introduction parfaite à l’univers d’Alfred
Schnittke. (Jean-Charles Hoffelé)

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Alphabétique
musiciens russes. La combinaison effi- d’amour, clavecin et percussion qui en Marinaio est celle qui connut le des-
cace de la voix et du piano nous rappelle fait une Offrande musicale revue par le Sélection ClicMag ! tin le moins malheureux, avec un bon
parfois les pages les plus profondes Modern Jazz Quartet dans des sono- accueil public, mais sans suite. L’œuvre
de Schubert mais c’est surtout vers la rités qui évoquent aussi John Cage et sonne comme un surprenant mélange
scène de l’opéra russe que l’on se sent son piano préparé. Familier de ce réper- de Rossini (l’air de Quirino) et de Verdi
irrémédiablement attiré. Il faut dire que toire, le violoniste Roman Mints ne fait (la romance de Pietro, cousine pas si
la forme duo, employée à plusieurs re- peut-être pas oublier Mark Lubotzky ou éloignée de l’air du Conte di Luna du
prises, suggère une remarquable théâ- Gidon Kremer mais ceux qui ne sont Trouvère, dont la troisième partie ser-
tralité, propice à l’épanchement lyrique pas allergiques à Schnittke vont adorer. vit d’ailleurs de complément de pro-
de la Russie Romantique. Dans cette di- (Yves Kerbiriou) gramme lors de la première série de
mension opératique, le baryton Mikhaïl représentations). Le compositeur glisse
Lukonin excelle et nous ravit tandis que de façon opportune dans la Fête du deu-
la mezzo Mila Shkirtil semble assuré- Franz von Suppé (1819-1895)
xième acte quatre danses qui mirent en
ment plus à l’aise que dans Kouzmine. Il Ritorno del Marinaio (Le Retour du
valeur le corps de ballet de la maison,
Utile redécouverte du compositeur et de marin), opéra en 2 actes
Ljubomir Puskaric; Mariukka Tepponen; Giorgio
qui n’avait pas attendu John Neumeier
son œuvre, début de réhabilitation pro- pour jouir d’une large renommée. Distri-
Surian; Alias Farazin; Marco Fortunato; Chœur
metteur : on attend la suite avec intérêt bution homogène et d’excellent niveau,
de l’Opéra de Rijeka; Orchestre Symphonique
(Alain Monnier) de l’Opéra de Rijeka; Adriano Martinolli D’Arcy, dominée par le Pietro du baryton Ljubo-
direction mir Puskaric. Séduction immédiate du
CPO555120 • 2 CD CPO timbre, noblesse de la ligne de chant, il
Franz Schubert (1797-1828)
N om familier pour les auditeurs du impressionne dans son air d’entrée, et
Intégrale de l’œuvre pour chœur Concert du Nouvel An des Wiener réussit de subtiles demi-teintes dans
d’hommes, vol. 3 Philharmoniker, Franz von Suppé est son duo avec Jela. Une œuvre pleine
Alison Browner, mezzo-soprano; Christoph l’auteur d’une demi-douzaine d’œuvres de charme, défendue par une équipe
Prégardien, ténor; Tilman Hoppstock, guitare; lyriques. Créé en 1885 au Théâtre de concernée. Bien plus qu’une curiosité :
Andreas Frese, piano
la Ville de Hambourg, Il ritorno del une révélation. (Olivier Gutierrez)
GEN17474 • 1 CD Genuin

Alfred Schnittke (1934-1998)


Gratulationsrondo; Polka; Stille Nacht pour
T roisième livraison de l’intégrale des
chœurs pour voix d’homme de Schu-
bert chez Genuin. Un programme hété-
Agostino Steffani (1654-1728)
Su, ferisci, alato arciero; Tengo per infal-
violon et piano; Suite dans le style ancien; roclite, mais pour notre plus grand plai- libile; E perché non m‘uccidete; Lilla mia;
Sonates pour violon et piano n° 1-3
sir  : quelques pièces à trois ou quatre Occhi belli, non più; Fulminate, saettate;
Roman Mints, violon; Katya Apekisheva, piano
voix qui font partie des toutes premières Quanto care al cor; Gelosia
QTZ2116 • 2 CD Quartz compositions du viennois voisinent Boston Early Music Festival Vocal Ensemble;

R arement illustration aura été aussi avec des œuvres de la grande maturité Boston Early Music Festival Chamber Ensemble;
révélatrice de la personnalité d’un (dont le visionnaire «  Ruhe Schönstes Paul O’Dette, direction; Stephen Stubbs, direction
compositeur  : le portrait cubiste qui Glück des Erde  », avec ses contrastes
orne la pochette synthétise parfaitement dynamiques et ses audaces harmo- Franz Schubert (1797-1828) CPO555135 • 1 CD CPO

O n connaît surtout Steffani comme


l’évolution (poly)stylistique de Schnittke niques). Christophe Prégardien fait Erlkönig; Wie Ulfru fischt; Der Zwerg; Der
dans l’intégrale de ses compositions une courte apparition dans l’hommage Pilgrim; Der Wanderer an den Mond; Der compositeur d’opéra, remis en
pour violon et piano. Patchwork aussi rendu par l’élève à son maître Salieri König in Thule; Gruppe aus dem Tartarus; lumière récemment par quelques enre-
dans l’ordre des pièces, au rebours de pour ses cinquante ans, la mezzo Ali- Heliopolis / C. Loewe : Odins Meeresritt;
gistrements éclatants. C’est oublier
son Browner intervient en soliste dans Tom der Reimer; Die Uhr; Erlkönig; Herr
la chronologie pour ce qui concerne les que ses duos d’amour et de passion
Oluf; Archibald Douglas
trois sonates, monuments de la littéra- la «  Ständchen  » D920. Des chœurs a
David Jerusalem, basse; Eric Schneider, piano firent l’objet d’une véritable vénération.
ture chambriste pour violon de la 2ème capella (le sobre « Lacrimoso son io »)
alternent avec d’autres accompagnés HC17012 • 1 CD Hänssler Classic Publiés partout, admirés de Haendel qui
moitié du 20ème siècle. Mais attention :
elles peuvent choquer un public non au piano ou à la guitare, instrument s’en inspira fortement dans divers opé-
averti, car stridences et dissonances chéri du compositeur lors des schuber- ras, ils firent les beaux-jours des cours
s’enchaînent sans répit, surtout dans tiades. Et volume après volume on est européennes pendant des décennies et
les 23 minutes d’art brut de la sonate obligé de se répéter  : on reste sous le constituent le pinacle baroque du genre.
n° 2, dont le titre, « Quasi una sonata », charme de ces voix qui fusionnent dans Il faut donc une solide équipe pour se
en vient à nier «  La possibilité d’une un instrument ductile, à la large palette
confronter à des partitions vocales
sonate  ». Après cela, il faudra bien un de couleurs. La dernière partie de « Das
Dörfchen  » conclut à propos ce réci- qui n’ont rien de simple. CPO a bien
volume de pastiche pour s’en remettre,
ce qu’offre la Suite dans le style an- tal enthousiasmant. «  O Seligkeit  »… fait les choses, réunissant une équipe
cien, dans un arrangement pour viole (Olivier Gutierrez) de choc. Paul O’Dette, sans doute le
meilleur luthiste au monde actuel, et
Stephen Stubbs, guitariste baroque de
Sélection ClicMag ! E trange, Bidduph dévoile progressi-
vement des enregistrements de Pin-
chas Zukerman que Sony avait laissé
rythmes de danse paraissent, l’archet
s’allège, sur la pointe, saisissant le style
premier plan, sont aussi parmi les meil-
leurs chefs actuels du répertoire lyrique
de demi-caractère qui fait la singularité
dormir. Cette somme du violon cham- de tout ce qu’aura écrit Schubert pour baroque. Tout comme le Boston Early
briste de Schubert gravée avec son le violon. Pinchas Zukerman entend Music Festival est l’un des meilleurs
fidèle Marc Neikrug entre mars 1993 et comme personne derrière ces pages lieux et ensembles dédiés au genre ba-
Octobre 1995 au Manhattan Center de subtiles une écriture vocale qui vient de roque. Quatre très bons chanteurs (dont
New-York dormait dans les archives de l’univers des Lieder, et sait aussi donner deux assez connus, la soprano Amanda
la multinationale. Entendant comment
une ampleur symphonique au Duo D. Forsythe et le baryton Christian Immler)
Zukerman phrase la ténébreuse mélodie
574, sans que jamais Mark Neikrug ne s’acquittent avec grâce, élégance et
qui ouvre la grande Fantaisie en Ut, je
prenne le devant  : ce qu’accompagner conviction de pièces où l’expressivité,
me demande bien pourquoi. Car enfin,
tout y est, la perfection du jeu d’archet, veut dire, en terme de musique et d’hu-
Franz Schubert (1797-1828) de la passion à la douleur, des espé-
l’intimité rayonnante mais aussi lorsqu’il milité, ce que Schubert souhaite abso-
Sonates violon et piano, D 384, 385 et rances aux amers regrets, prime avant
le faut le gout du trait saillant, le sens ly- lument. Et lorsque Zukerman prend son
821; Sonatine pour violon et piano, D 408; alto pour chanter l’Arpeggione celle-ci tout. Enregistrées à la perfection, les
rique si diffus, si prégnant que Schubert
Grand Duo violon et piano, D 574; Rondo, soudain révèle de tout autres pay- pièces sonnent avec naturel, rendant un
aura mis à ses trois Sonatines n’avaient
D 895; Fantaisie violon et piano, D 934 équilibre idéal entre la beauté des par-
plus trouvés un tel naturel, une telle sages, vaste ballade lyrique au plein
Pinchas Zukerman, violon; Marc Neikrug, piano évidence depuis l’ancienne gravure de air. Album magnifique, enfin révélé. ties pour cordes et la pureté des voix.
BID80250-2 • 2 CD Biddulph Johanna Martzy, c’est dire ! Lorsque les (Jean-Charles Hoffelé) (Thierry Jacques Collet)

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Sélection ClicMag ! M agnifique  ! En 1760, un Telemann
octogénaire compose pour les fes-
tivités du centenaire de la monarchie
et aux «  Sujets ravis  »…). Quant à
l’interprétation, elle est remarquable  :
on est captivé par l’éloquence dont fait
absolue danoise une cantate de circons- preuve Mirko Ludwig dès son premier
tance, dont le manuscrit mis à l’abri récitatif, et tout est dans la même veine
en Arménie pendant la seconde guerre chez ses collègues (la ligne, la diction,
mondiale n’est réapparu qu’en 1998. les timbres...). Un seul regret  : le par-
Bien que de commande, «  Les nuages tage de certains des rôles allégoriques
épais se déchirent » est loin d’être une entre plusieurs chanteurs nuit un peu
Richard Strauss (1864-1949) œuvre négligeable. Le compositeur à la cohérence formelle et rien dans la
Une symphonie alpestre / G. Mahler : y a mis toute sa science musicale, et notice ne permet de savoir s’il s’agit
Adagio de la symphonie n° 10 les entrelacs de la forme sont intéres- d’une volonté de Telemann ou d’un
Orchestre des Jeunes de l’Union Européenne ; Georg Philipp Telemann (1681-1767) sants (au chœur les textes bibliques et choix interprétatif. En complément
James Judd, direction Musique festive à Altona pour le centenaire aux solistes les louanges courtisanes ; l’ode en forme de motet «  Nunc aus-
ALC1346 • 1 CD Alto de la souveraineté de la famille royale première partie à la gloire des ancêtres picato sidere  », confiée à 4 solistes,
danoise; Ode en l’honneur du Roi Frédéric chantée sur des rythmes martiaux par m’a enthousiasmé par sa fluidité et son
M ariss jansons s’était déjà risqué
à l’escalade de la Symphonie Al-
pestre, grimpant aux étoffes un rien trop
V du Danemark, pour le Christianeum
d’Altona
« la Mémoire », « la Paix », « la Droi-
ture  »… et seconde partie plus élé-
balancement incessant. Et là encore,
interprétation à mon sens impeccable :
Barockwerk Hamburg; Ira Hochman, direction giaque à la gloire du souverain régnant un petit joyau à collectionner d’urgence.
enivrantes des musiciens du Concertge-
CPO555018 • 1 CD CPO confiée à «  la Génération Présente  » (Olivier Eterradossi)
bouw. Il en avait perdu dans la profu-
sion des couleurs ce dessin si ferme
mais aussi parfois impondérable, que autrement qu’au violon dans «  Beim libre général de l’œuvre. Dues à Walter comme un personnage introverti, quasi
Strauss avait exigé de son orchestre. Schlafengehen », écoutez ce qu’en font Gieseking, quelques transcriptions de mystique, qui effectua une retraite (se
Dans l’idéal seul le compositeur avait ces deux magnifiques artistes. Hon- lieder complètent le disque  : vague- séparant de sa femme pour l’occasion)
su le susciter puis la Staatskapelle de neur au ténor Nicky Spence, le reste ment lisztiennes ou tendance piano-bar, à la suite de sa rencontre précisément
Dresde, avec Böhm, Kempe et même du programme (dont une brûlante on comprend qu’elles ont été pensées avec Veracini en 1716, alors que ce
Luisi. Cette obscure clarté des sommets. interprétation de Cäcilie) ferait à lui seul comme des bis. Pour le mélodrame dernier nous est peint comme l’équiva-
James Judd et son orchestre de « scho- un très beau disque. Son seul tort est donc, témoignage à la fois fascinant lent d’une rock-star de notre siècle. Les
lars  » semblent disqualifiés. Sur le d’être éclipsé par l’une des plus hautes et irritant de l’art d’un diseur incompa- deux paires de sonates présentées sur
papier seulement, car le geste est d’une créations de la musique occidentale. rable. (Olivier Eterradossi) ce CD présentent des facettes certes
précision diabolique, le jeu souvent (Olivier Gutierrez) différentes mais moins contrastées des
risqué toujours exaltant, la narration deux compositeurs. Veracini, célèbre
palpitante. Mais la perle du ce disque pour produire un son «  puissant et
marginal, hélas moins bien captée que clair  », nous ramène dans la dernière
l’Alpestre, reste un des plus étreignant sonate de son opus 2 (1744), à l’uni-
Adagio de la 10e Symphonie de Mahler vers des violonistes austro-allemands
que je connaisse, véritable nuit transfi- du siècle précédent (Biber, Schmelzer,
gurée qui devrait rappeler à tous quel Erlebach, Westhoff….). La 5ème sonate
musicien inspiré peut-être James Judd. du même recueil, respire l’esprit du
(Jean-Charles Hoffelé) concerto vivaldien dans son allegro,
Giuseppe Tartini (1692-1770) après un «  capriccio  » où se révèle le
Richard Strauss (1864-1949) Sonates « Les Trilles du Diable » et virtuose dans toute son ampleur…..
Enoch Arden op. 38; 5 Mélodies (arr. pour « Pastorale » / F.M. Veracini : Sonates, op. Virtuose, la célébrissime sonate « Trille
piano de W. Gieseking) 2 n° 5 et 12 du Diable » l’est aussi, aussi bien par la
Dietrich Fischer-Dieskau, récitant; Gerhard Oppitz, Rie Kimura, violon; Guillermo Brachetta, clavecin; technique requise que par la véhémence
Robert Smith, viole de gambe
piano de l’expression. La Pastorale, sorte de
HC16048 • 1 CD Hänssler Classic RES10148 • 1 CD Resonus sonate surnuméraire de l’Opus 1 (n°

U nd wo war Enoch  ?  »… Les 50


minutes d’Enoch Arden constituent L es contemporains de Tartini et
Veracini nous décrivent le premier
13 !), nous ramène elle aussi au Vivaldi
des Quatre Saisons et autres concertos
bien sûr le plat de résistance de cet
Richard Strauss (1864-1949)
enregistrement de 1993 (Fischer-Dis- chambre l’estime de Liszt et Bulow.
Intégrale des mélodies, vol. 8
Nicky Spence, ténor; Rebecca Evans, soprano;
kau venait alors de mettre fin à sa car-
rière de chanteur). Elles content sur un
Sélection ClicMag ! De fait ses deux trios avec piano tout
Roger Vignoles, piano comme ses six quatuors à cordes qui
mode mélodramatique la vie du marin
CDA68185 • 1 CD Hyperion éponyme, qui vit un triangle amoureux, constituent ensemble l’essentiel de ce

D éjà le dernier volume de l’intégrale part en mer puis, à la manière d’Ulysse, corpus méritent plus qu’une oreille sim-
des 174 Lieder composés expressé- du colonel Chabert ou de Martin plement attentive. Une écriture toujours
ment pour le piano par Richard Strauss, Guerre rentre au pays où il est consi- très maîtrisée, un sens des proportions
dans une réalisation exemplaire et soi- déré comme mort. Pas reconnu de sa et une inspiration jaillissante justifient
gnée (dans chaque volume, un livret « veuve » et de son meilleur ami qui l’a assurément que ces œuvres aujourd’hui
comportant la présentation et le texte remplacé, il choisit de rester dans l’ano- méconnues reprennent place au réper-
de chaque Lied), qui mériterait une re- nymat jusqu’à sa mort. Ce qui a parfois
toire. Elles bénéficient ici d’une interpré-
prise en coffret. Roger Vignoles, maître fait la ruine de certains enregistrements Robert Volkmann (1815-1883)
d’œuvre et accompagnateur de cette sé- de Fischer-Diskau (cette façon de cabo- tation de grande classe, le quatuor de
Intégrale des quatuors à cordes et des trios Mannheim leur apportant autant d’at-
rie, se permet une légère entorse à son tiner en faisant un sort à chaque mot pour piano
principe éditorial en couronnant son ou en changeant dix fois de ton dans tention que s’il s’agissait des quatuors
Quatuor de Mannheim; Trio Beethoven Ravensburg
entreprise par… les Quatre derniers la même phrase) est ici parfaitement de Beethoven ou Brahms, tout comme
CPO555182 • 4 CD CPO
Lieder  ! Rebecca Evans a la longueur en situation (respiration oppressée in- l’excellent trio de Ravensburg. C’est
de souffle pour soutenir ces phrases
immenses, et les chaudes couleurs de
cluse !) et fait tout le prix de ce disque :
un régal pour tout amoureux des mots Q uelle bonne idée de rééditer ces
quatre CD enregistrés il y a déjà
vingt-cinq ans. Volkmann fait partie
bien là le meilleur moyen de réhabiliter
Volkmann, musicien modeste à qui il
son timbre épousent idéalement celles qu’il soit ou non germaniste, d’autant
n’a manqué que de composer au moins
du piano où Vignoles met effective- qu’on compte sur les doigts d’une seule de ces figures du romantisme germa-
nique demeurées dans l’ombre des une œuvre devenue célèbre, comme ce
ment tout un orchestre (les dernières main les versions en allemand (souvent
mesures de « September », magiques, confiées à des récitantes, d’ailleurs). grands noms de leur temps. Pourtant fut le cas par exemple de Max Bruch.
la conclusion d’«  Im Abendrot  », déjà Bien sûr Oppitz aurait du mal à donner à cet austro-hongrois qui fit l’essentiel Saisissez l’occasion de réparer cette
d’outre-tombe), et si comme moi, son piano autant de relief, mais au fond de sa carrière à Budapest fut l’ami de injustice de la postérité, vous ne serez
vous n’entendiez pas l’envol de l’âme sa modestie est une chance pour l’équi- Brahms et gagna par sa musique de pas déçus… (Richard Wander)

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Récitals
«  à programme  » avec des évocations d‘instruments rarement associés: au
savoureuses de cornemuse ou vielle à Sélection ClicMag ! traditionnel quintette à cordes se mêlent
roue dans une rafraîchissante atmos- clarinettes, harpe, flûte, percussions et
phère campagnarde émaillée de pas- accordéon. La rencontre de ces ins-
truments aux univers musicaux très
sages de virtuosité sophistiquée. La
différents est un élément constitutif
violoniste japonaise Rie Kemura, inter- et caractéristique de la Symphonie de
prète baroque chevronnée participant Poche. C’est aussi ce qui confère toute
à plusieurs ensembles ou orchestres leur originalité aux oeuvres interpré-
baroques réputés, brille particulière- Nelson Freire tées par l’ensemble. La Symphonie de
ment dans cette musique qui semble C. Saint-Saëns : Concerto piano n° 2 / Poche propose ainsi une lecture renou-
être sa langue maternelle. Ses com- E. Grieg : Pièces lyriques, op. 43 n° 2 velée des oeuvres du répertoire sym-
plices du continuo, cofondateurs avec et 4, op. 12 n° 5 et 6, op. 54 n° 1 / F. La Symphonie de Poche phonique, visant à faire revivre, voire
elle de l’Ensemble Fantasticus, l’accom-
Liszt : Rhapsodies hongroises n° 5 et 10; E. Lalo : « Symphonie espagnole » recréer, un patrimoine musical admiré.
Polonaise n° 2 pour violon, op. 21 (arr. N. Simon) / M. Sous la plume des arrangeurs, le réper-
pagnent brillamment sur les cimes. Nelson Freire, piano; Orchestre Symphonique de la Ravel : « La Valse » (arr. pour accordéon toire musical choisi renaît sous une
(Jean-Michel Babin-Goasdoué) Radio de Berlin; Adam Fischer, direction concertant); « Tzigane », Rhapsodie de forme nouvelle, adaptée à l‘esprit et à
AUD95742 • 1 CD Audite concert pour violon et orchestre; « Bolero/ la physionomie de l‘ensemble. L’arran-
Bembero » (arr. L. Henri)

N elson Freire n’a pas enregistré offi- gement, indispensable à la constitution


Deborah Nemtanu, violon; Pierre Cussac, accor-
ciellement le 2e Concerto de Camille d’un répertoire pour une formation qui
déon; La Symphonie de Poche; Nicolas Simon,
Saint-Saëns, partition qu’il défend de- direction
n’en a pas, est au coeur du projet. Il
puis longtemps, y mettant son clavier ne se résume pas seulement à réduire
ADW7586 • 1 CD Pavane une oeuvre orchestrale pour un petit
large et chantant, mais aussi un style
classique, un pianisme suprêmement
élégant où s’évoque le souvenir de Cor- D irigée par Nicolas Simon, la Sym-
phonie de Poche est un ensemble
original et ambitieux. Constituée d‘une
nombre de musiciens, mais en offre un
nouvel éclairage. Cette démarche per-
met une réelle appropriation du réper-
tot. VAI avait révélé un film de la Radio
Suisse italienne où sous la baguette douzaine de musiciens, son identité toire choisi; c’est la grande originalité
avisée de David Shallo on le voyait sonore originale repose sur l‘alliage de l’ensemble. (Editeur)
Silvius Leopold Weiss (1686-1750)
magnifiant l’écriture de cette œuvre qui
Fantaisie; Fugue; Suite, SW 44; Sonates
commence chez Bach et finit chez Of- Francesca Ajossa, orgue (orgue Piacentini-Battani
SW 1, 7 et 61
fenbach, l’unifiant, lui ôtant toute bizar- de 1885, Eglise du Saint Sépulcre, Calgiari)
Joachim Held, luth
rerie. Idem dans cette bande du RIAS,
HC16045 • 1 CD Hänssler Classic TC800007 • 1 CD Tactus
captation somptueuse datée du 16 mars

L ’œuvre de Silvius Leopold Weiss,


considéré comme le plus important
1986, dont Ivan Fischer enlève d’un
geste un orchestre bien plus brillant
que celui dont usait Shallon, donnant
C e CD vaut surtout comme témoi-
gnage musicologique. Il donne une
musicien compositeur pour luth de idée de «  ce qu’on pouvait entendre  »
des ailes à son pianiste qui fait sonner au XIXe siècle dans les églises urbaines
l’époque baroque est riche de plusieurs
l’écriture de Saint-Saëns en la délivrant de Sardaigne. Presque toutes les pièces
centaines de sonates pour l’instrument d’un certain « jeu français ». C’est assez
et de quelques pièces de musique de sont inédites. Dans l’île, riche d’une Rosa Mystica
imparable, constitue un ajout essen- forte tradition de chants populaires
chambre. Depuis quelques décennies, Magnificat pour orgue de Scheidemann,
tiel à la discographie trop modeste
non écrits, accompagnés par des ins- Schildt, Weckmann, Strungk
elle a été scrupuleusement balisée par de ce génie du piano, tout comme les
truments traditionnels, et où, au XIXe Giuseppe Maletto, ténor; Manuel Tomadin, orgue
de nombreux luthistes Smith, Kirchhof, pièces enregistrées dans une très probe (Orgue Dell’Orto e Lanzini de l’église de Pinerolo,
monophonie en 1966 – il avait vingt- siècle l’opéra s’est imposé en ville (à
Lindberg, Imamura, Barto, et surtout 2011)
deux ans – qui montrent déjà son art Cagliari notamment), la construction
par son serviteur le plus zélé  : Michel BRIL95506 • 1 CD Brilliant Classics
de timbrer, la logique de son discours, d’orgues est tardive (XIXe) même si
Cardin. Ce disque du luthiste Joachim
un charme inné dans les Grieg qu’il cor- elle est assez soutenue. En revanche,
Held se consacre aux œuvres de jeu-
sette pourtant tel un esthète, un sens du les œuvres conçues pour l’instrument
nesse composées entre 1706 – 1717,
tragique mais tenu dans une Deuxième se réduisent à un corpus fort limité
période où Weiss voyage à Rome puis Polonaise de Liszt que Claudio Arrau dans lequel s’invitent par imprégnation,
Düsseldorf et Prague où il s’imprègne n’aurait pas démenti. Quel style, quelle (encore plus qu’ailleurs) la musique
aussi bien des influences italiennes et éloquence sans appui ! Feu d’artifice au populaire, la danse et l’opéra. L’élite
françaises. L’écriture du compositeur se final avec deux Rapsodies hongroises
bourgeoise catholique et citadine s’of-
ressent de cette assimilation progres- jouées dans toute la profondeur du
fusque, et en 1884, le Vatican, proscrit
sive, s’inspirant aussi bien du style de clavier, cambrées, cabrées, magiques
là encore par le goût absolu, la digita- toute musique d’orgue inspirée par le
ses prédécesseurs (Reusner) que de
lisé souveraine et cette indolence dans théâtre, et la tradition profane. Inter- Kay Johannsen (1961-)
l’opéra italien (Scarlatti, par des airs diction restée longtemps lettre morte  :
les pires folies techniques qui laissent Œuvres pour orgue
transcrits au luth (Suite SW 44), ou du d’une part parce que les organistes
tout chanter et résonner. Album à Kay Johannsen, orgue; Julie Stewart, flûte; Stifts-
modèle français très en vogue à la cour thésauriser, mais pourquoi l’éditeur sardes jouent aussi alors de la musique philharmonie Stuttgart; Mihhail Gerts, direction
de Düsseldorf (Sonates SW 7 et 61). a-t-il laissé de coté les autres pièces populaire, d’autre part parce que le
La sonate SW1 composée à Prague en de ce récital radiophonique du 2 juin CAR83485 • 1 CD Carus
romantisme triomphant en Europe et
1717, issue du Manuscrit de Londres 1966  ? Mystère qui veut être éclairci. la façon dont il valorise la pratique de
recourt à un luth à treize cordes. Elle (Jean-Charles Hoffelé) l’improvisation — ne sont pas sans in-
n’est pas inédite au disque (L’intégrale fluence en Sardaigne. Les « morceaux »
de Cardin (Brillant)). On retrouve le enregistrés ici sont, outre l’hymne na-
cadre familier des suites, les danses tional sarde, des compositions de type
alternant avec des mouvements fugués. «  sonate  » des réductions pour orgue
Le luthiste Joachim Held joue avec une de «  symphonies  », des transcriptions
telle probité qu’il semble s’effacer der- d’airs d’opéras oubliés aujourd’hui, des
rière la beauté simple et inaugurale de pièces faisant la part belle à la danse.
la musique de ce « ...fameux Weiss qui Esthétiquement parlant, il n’y a rien ici British Legends
excelle si fort sur le luth que tous ceux qui puisse transporter l’auditeur, et la F.S. Kelly : Elégie, à la mémoire de Rupert
qui viendront après lui n’auront que La musique pour orgue en Sar- musique sarde authentiquement tradi- Brooke / R. Vaughan Williams : English
Folk Song Suite / E. Elgar : Elégie, op.
la gloire de l’imiter  » (Wilhelmine de daigne au 19ème siècle tionnelle sarde est beaucoup plus pre- 58 / A. Bliss : Musique pour cordes / J.
Bayreuth citée par Hopkinson Smith). Œuvres de Gonella, Fusco, Masala, Vegni, nante. L’intérêt est ici essentiellement Lennon/P. Mccartney : Eleanor Rigby;
(Jérôme Angouillant) Oneto, Porcile, Dessy... historique. (Bertrand Abraham) Michelle; All you need is love

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Quintette St. George [Liesbeth Baelus, violon; AVIE2373 • 1 CD AVIE Records Rococo de Tchaikovski, trois œuvres
Kaja Nowak, violon; Marie-Louise de Jong, alto; Sélection ClicMag ! qui convoquent deux facettes de son
Wouter Vercruysse, violoncelle; Bram Decroix,
contrebasse] L e violoncelliste brésilien Antonio
Meneses né en 1957 n’est plus à
présenter, sa carrière internationale
talent : virtuosité et sensibilité. Dans le
Schumann le jeu chaud et subtilement
ADW7584 • 1 CD Pavane vibré du brésilien fait merveille, relayé
lui a fait rencontrer les plus grands
N ous devrions pourtant leur por-
ter quelques fleurs, les morts les
pauvres morts ont de grandes dou-
chefs (Karajan avec Mutter et Berlin) et
solistes mondiaux (Joao Pires, Press-
par un orchestre réaliste et la direction
souple de Cruz. L’ensemble distillant
un parfum romantique ineffable. Le
ler...). Il fit partie du Beaux-Art Trio entre
leurs... Par des interprètes inspirés et Saint-Saëns est plus quelconque (L’Al-
1997 et 2006 et joue régulièrement en legretto) mais toujours irréprochable
convaincus, voici un programme émou-
vant, voire d’inspiration poignante, formation de chambre. Sa discographie dans l’équilibre soliste-orchestre. Quant
puisque dédié à des musiciens dispa- est assez éclectique, Carl Philipp et aux Variations sur un thème Rococo,
rus dans la première guerre mondiale, Antonio Menese Jean Sébastien Bach (Les Suites 1997) (œuvre qui lui valut une médaille au
ou qui en ont gardé un traumatisme Eugen d’Albert, Haydn (Concertos). concours Tchaikovski à Moscou en
R. Schumann : Concerto pour violoncelle,
indélébile. Musiques élégiaques, dans op. 129 / C. Saint-Saëns : Concerto pour Pour fêter ses soixante ans, Antonio 1982), Meneses y déploie aujourd’hui
le sens funèbre du terme, en dehors de violoncelle n° 1 / P.I. Tchaikovski : Varia- Meneses a choisi (en collaboration avec un jeu d’une tendresse, d’une affec-
toute joliesse. C’est évidemment le cas tions Rococo son compatriote le chef Claudio Cruz) tivité inédite empêchant toute virtuo-
des pièces très courtes de (l’inconnu) Antonio Meneses, violoncelle; Royal Northern deux concertos (Schumann et Saint- sité factice. Bon anniversaire Maestro !
Kelly et d’Elgar, à l’unisson d’une cer- Sinfonia; Claudio Cruz, direction Saëns) et les Variations sur un thème (Jérôme Angouillant)
taine désolation (un Adagio de Barber
crêpé noir). Mais aussi des autres
« légendes anglaises » comme la suite Funeralissimo en 1882)… Admettons donc qu’une oeuvres pour violon et piano présentées
sur des airs populaires de Vaughan Wil- Musique funéraire du monde. Œuvres musique est « funèbre » dès lors qu’elle ici ont en commun leur forme cyclique,
liams (malentendant d’avoir trop frôlé de Bach, Stradella, Glière, Piazzolla, peut traduire la tristesse si on la joue elles se distinguent quant à l’utilisation
le canon), et, sans doute l’oeuvre la et musiques funéraires traditionnelles lors d’une cérémonie funéraire… et de ce procédé, par le rôle assigné à cha-
d’Allemagne, Ecosse, Inde, Irlande, et des qu’elle dure environ 3 minutes. Les cun des instruments et surtout par leur
plus intéressante et développée de cet Balkans
enregistrement, la belle musique pour interprètes sont sans doute sincères caractère. La quatrième sonate (1949)
Matthias Well, violon; Maria Well, violoncelle; mais en font des tonnes, je vais ran- de Bacewicz est typique de son style
cordes de Bliss (gazé en 1918, sujet à Zdravko Zivkovic, accordéon
des cauchemars). Tout cela n’est pas ger ce disque au rayon «  curiosités néo-romantique d’après guerre. En re-
GEN17486 • 1 CD Genuin amusantes  » (un comble  !) en espé- vanche, la fantaisie (1963) de Tansman
d’une gaîté folle même si parfois avec

N
quelque allant, une certaine morbidezza e vous fiez pas à un curieux texte rant m’en servir le plus tard possible. fait la part belle aux formes baroques
pesant comme un couvercle, assez circulant sur internet  : si Julia (Olivier Eterradossi) tels que la fugue et le canon. Oeuvre
obsessionnelle et ressassante. Avec Fischer s’est bien fendue de quelques la plus virtuose de l’album, elle illustre
le temps va tout s’en va, et certains lignes de parrainage, elle ne joue pas à merveille la recherche de couleur
morts nous semblent plus vieux, plus une note ici. Ceci dit, voici une sorte sonore chère à ce compositeur. Enfin, le
seuls que d’autres  : on dirait que leur de disque-concept que Matthias Well a monumentale deuxième sonate (1999)
mort est morte. Si j’étais Dieu, chantait voulu placer sous l’égide d’une « guilde de Penderecki, malgré l’utilisation de
le vieil Arkel, j’aurais pitié du cœur des oubliée des violonistes funéraires  » l’ensemble des douze tons, n’a rien
hommes. Mais nous consolent pour qu’il aurait découverte après la lecture de sérielle. Le contemplatif Notturno,
conclure Lennon et Mccartney, qui pré- d’un ouvrage de 2006, « An Incomplete par sa mélodie tonale, est à l’image du
féraient faire l’amour (avec Michelle) History of the Art of Funerary Violin ». retour à la tonalité classique du compo-
que la guerre. En somme, la petite mort Seul problème : un coup d’œil au New siteur. La Pologne est aussi à l’honneur
plutôt que la grande... même finissant York Times du 4 octobre 2006 vous grâce à Karolina Piatkowska-Nowicka et
Œuvres pour violon et piano Bogna Czerwinska– Szymula, deux ex-
sur une épectase de Marseillaise  ! apprendra que ce livre est un monu-
G. Bacewicz : Sonate n° 4 / A. Tansman : cellentes interprètes rompues à la mu-
(Gilles-Daniel Percet) mental canular ! Bon… voyons le pro-
Fantaisie / K. Penderecki : Sonate n° 2 sique de chambre. (Charles Romano)
gramme. Voici «  St James Infirmary  »
Karolina Piatkowska-Nowicka, violon; Bogna
(l’histoire d’un soldat qui, ayant dilapidé
Czerwinska-Szymula, piano
son argent avec des prostituées, meurt
d’une maladie vénérienne) voisinant DUX1399 • 1 CD DUX
avec l’andante de la sonate BWV 1003
de J.S. Bach et une aria de Stradella (se
retourneront-ils dans leur tombe?), ou
L e label Dux réunit pour ce nouvel
enregistrement trois des plus grands
compositeurs polonais du XXe siècle  :
« Bonnie at Morn » (« une jolie image Krzysztof Penderecki (1933-), Grazyna
de la vie de famille  » selon les édi- Bacewicz (1909-1969) et Aleksander
teurs du «  Northumbrian Minstrelsy  » Tansman (1897-1986). Si les trois

The violin’s delight : A garden of


inventif, cherchant le savant dans le po- cours brisé, fuyant, rapsode. Ce serait
Sélection ClicMag ! pulaire, lui faisant évoquer la vielle des affaire de sang, mais non car ce violon
pleasure
villageois, la flute du berger, où déco- si osé est d’une culture qui dépasse ses Musique allemande virtuose pour violon
chant un blues dans la plus élégante des du 17ème siècle. Œuvres de Biber, Muffat,
origines comme le montre une Sonate Kerll, Döbel, Böddecker, Lizkau, Walter
musiques. Pour l’iconoclaste Tzigane de Ravel dont les styles mêlés sont Plamena Nikitassova, violon; Julian Behr, théorbe;
de Ravel, il faut un archet qui mord et justement finement démêlés au point Matthias Müller, violone; Jörg-Andreas Bötticher,
enlève, pour sa Sonate un art à la Ja- qu’on comprend tout d’une partition clavecin, orgue
nus qui regarde vers le passé et l’ave- qui reste l’un des plus militantes de CLA1727 • 1 CD Claves
nir, pour les violoneux de la Sonate en ce Ravel épris de liberté et de justice.
modes roumains d’Enesco, des spicca-
tos, des sforzandos, tout un imaginaire
A ce violon si intense et si juste il fal-
lait un pianiste parfaitement accordé  :
E n dépit du titre anglais - The Vio-
lin’s Delight - c’est bien de musique
austro-allemande qu’il s’agit, même si
qui excède l’instrument mais entend
l’art de timbrer de Nicholas Rimmer l’univers du violon baroque au 17ème
Œuvres pour violon et piano l’incarner en lui, et pour les rares Pe-
tites Suites de Skalkotas qui persiflent qui sait métamorphoser son piano en siècle est finalement très européen. Ce
G. Enescu : Sonate violon n° 3 / M. Ravel : cymbalum ou en faire un orchestre
Sonate violon en sol majeur; Tzigane / N. sur des airs de Bartok et des modes de Stylus Phantasticus, tout entier tourné
Schoenberg, un jeu qui griffe et tour- donne envie d’en savoir plus autant vers une forme d’improvisation libre,
Skalkottas : Petites suites n° 1 et 2
noie, un gout de l’excès pour vertu. Tout sur lui que son partenaire. Captation est avant tout une musique expérimen-
Jonian Ilias Kadesha, violon; Nicholas Rimmer,
cela, Jonian Ilikas Kadesha, né grec magnifique dans l’acoustique parfaite tale, hautement virtuose, qui fait éclater
piano
mais d’origine albanaise, le possède au de la Jesus-Christus-Kirche de Berlin. les codes. Biber et Johann Walter sont
AVI8553382 • 1 CD AVI Music plus haut point, cette intelligence innée Il me semble bien que c’est le premier naturellement convoqués ici mais cet

S plendide assemblage qui montre


le violon du XXe Siècle à son plus
des rythmes et des couleurs des mu-
siques balkaniques, ce sens d’un dis-
disque de ce duo à suivre absolument.
(Jean-Charles Hoffelé)
enregistrement, l’un des plus beaux
qui nous ait été récemment donné

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Récitals
d’entendre dans ce répertoire, met pour son instrument de prédilection. ciselé, inaugure un parcours parfait.
sous les projecteurs des compositeurs Sélection ClicMag ! Ainsi du jeu des transcriptions dont le Deux pièces de Bach ; la suite BWV 995
quasi-inconnus et démontre également luthiste Xavier Diaz Latorre s’est fait le (transcription du violoncelle) respecte
que les maîtres de l’orgue qu’étaient serviteur. Le luth, instrument polypho- la puissance de feu du compositeur,
Johann Kaspar Kerll et Georg Muffat nique par excellence traverse l’Europe contrastant avec la dentelle délicate et
savaient aussi écrire pour le violon. par le jeu des influences et des trans- mélancolique de la Fantasia de Sylvius
Avec plusieurs œuvres en premier enre- criptions. S’il connut son apogée en Léopold Weiss. On découvre en Diaz La
gistrement mondial, voici un album tout France grâce à de brillants composi- Torre un musicien prodigieux capable
aussi incontournable de par la qualité teurs luthistes. Il tient son rang en Alle- de maintenir l’attention tout au long
de ses interprètes : la violoniste bulgare magne auprès du clavecin et de l’orgue de la trop fameuse Chaconne, tirée de
Plamena Nikitassova, élève de Chiara et en Italie, sa technique de jeu évolue la partita BWV 1004, véritable gageure
Banchini, est bien sûr tout à son affaire considérablement au contact de violo- technique (servie à toutes les sauces
sur son splendide Jakobus Steiner de Stolen roses : Œuvres pour luth
nistes virtuoses. Xavier Diaz La Torre par des virtuoses en mal de sensation
1659 mais il faut souligner la cohé- H.I.F. von Biber : Passacaille / J.S. Bach :
Suite pour luth, BWV 995; Chaconne, brosse un panorama de la musique pour ou de reconnaissance). L’essence du
rence exceptionnelle de l’ensemble que
d’après la partita pour violon seul n° 2, Luth en Europe au dix-septième siècle texte circule ici entre les notes comme
forment avec elle le théorbiste Julian
BWV 1004 / G.P. Telemann : Fantaisie n° réunissant Bach, Biber, Telemann Weiss une sève fluide et régénératrice. La Fan-
Behr et le continuiste Jörg-Andreas 1, TWV 40 : I4 / J.P. von Westhoff : Suite / et le méconnu Von Westhoff, violoniste taisie de Telemann émane d’une série
Böttcher… sans oublier le violone de S.L. Weiss : Fantaisie à la cour de Dresde dont on découvre de pièces pour violon. D’une polypho-
Mathias Müller. L’album mérite pleine- Xavier Díaz Latorre, luth ici une sonate en la mineur qui, mine nie plus aisée que celle de Bach, elle
ment son sous-titre « A Garden of Plea-
PAS1030 • 1 CD Passacaille de rien, en quatre petits mouvements, s’accommode volontiers de l’exécution
sure ». Bouder le vôtre serait pure folie !

L
(Yves Kerbiriou) e titre évoque ces roses volées (Sto- renouvelle la technique habituelle de au luth. Parfois voler paye et ce sont les
len Roses), quelques pièces que l’instrument. Une passacaille de Biber roses dérobées qui ont le parfum le plus
l’interprète a « chipé » pour les arranger d’un chromatisme scrupuleusement doux... (Jérôme Angouillant)

zia Milani s’avère amplement justifié et citée dans le livret, loue avec admira- par les créations d’un duo homologue,
inédit. Cette jeune italienne, enfant pro- tion les qualités exceptionnelles de la celui du pianiste turinois Luciana Bi-
dige de la guitare, comme son modèle, jeune interprète. Un brillant hommage ! gazzi et du guitariste Maurizio Colonna,
avec seize premiers prix nationaux et (Philippe Zanoly) dont les effets comme de lumière ren-
internationaux obtenus entre 10 et 18 voient aussi à la peinture (Cézanne).
ans, reprend de nombreuses pièces Ensuite, avec cet éminent compositeur
du répertoire d’Ida Presti ainsi que ses pour guitare, florentin ayant fui l’Europe
Hommage à Ida Presti compositions personnelles, telles ses antisémite pour les Etats-Unis, et fré-
Œuvres pour guitare seule de Presti, études et la célèbre danse rythmique quent collaborateur d’Andrés Ségovia
Poulenc, Lagoya, Duarte… qui débute le disque. Ce programme que fut Mario Castelnuovo Tedesco,
Cinzia Milani, guitare original propose aussi la magnifique l’inspiration se structure entre écho
BRIL95528 • 1 CD Brilliant Classics sarabande de Poulenc et des pièces (Debussy) et rythmique (Manuel de
Falla). Auteur d’un concerto pour gui-
D écédée trop jeune à l’âge de 43 ans, dédiées comme celles de Duarte, Des-
sagnes et Morançon. Parcourant les tare, le suisse Hans Haug ne boudait
Ida Presti demeure une des plus
scènes internationales avec un succès Musique d’Argentine pour guitare pas l’assentiment populaire et, lui aussi,
brillantes guitaristes du XXe siècle,
grandissant, Cinzia Milani surprend par relie volontiers art sonore et art visuel.
considérée alors comme l’équivalent et bandonéon Entre tango et samba, l’autrichien
féminin de Ségovia. Elle forma, avec son jeu très sûr et sa technique soi- Œuvres de A. Fernandez, X. Cugat, A. Gerald Schwertzberger, également
son époux Alexandre Lagoya, le fameux gnée mais aussi par un son puissant Piazzolla, H. Stamponi, C. Gardel…
contrebassiste, était d’une inspiration
et emblématique duo de guitare qui intégrant de nombreuses nuances. La Enea Leone, guitare; Roberto Bongianino, plus latino-américaine (il enseigna au
connut un succès international sans maturité et la musicalité de son jeu bandonéon
Guatemala). L’anglais John W. Duarte,
précédent. Aussi, cet hommage oppor- s’inscrivent dans la droite ligne d’une BRIL95527 • 2 CD Brilliant Classics chimiste devenu guitariste autodidacte,
tunément rendu par la talentueuse Cin- Ida Presti dont la petite fille Isabelle,
et autre ami de Ségovia, joue ici avec
un thème de Castelnuovo Tedesco, le
toutes ses œuvres préférées avec un monde est petit. Compositeur mila-
Sélection ClicMag ! tel plaisir que l’idée de l’enregistre- nais et chef parfois iconoclaste, Paolo
ment s’est naturellement imposée d’où Pessina confirme une veine pleine de
le titre «  Home  ». Et quel ravissement vitalité et de liberté, entre humour et
d’écouter cette remarquable artiste, désenchantement. Enfin, on ne présente
maîtrisant parfaitement cet instrument plus le maître Piazzolla, qui parachève
polyphonique complexe, délivrer un une session d’un grand raffinement,
son cristallin puissant et aérien, nous en en confirmant le charme insidieux.
gratifiant d’un programme particulière- Duos pour guitare et piano (Gilles-Daniel Percet)
ment riche et éclectique avec Haendel, L. Bigazzi/M. Colonna : Formentera;
Rameau, Couperin, Bach, Sherman, Cézanne / M. Castelnuovo-Tedesco :
Sting, Grandjany, Zhe-Zhi Xie et De- Fantaisie, op. 145 / H. Haug : Fantaisie /
Home : Œuvres pour harpe seule bussy. Tous les titres, sans exceptions, G. Schwertberger : Cuatro piezas para dos
sont d’une réelle beauté parmi lesquels / J. Duarte : Insieme, op. 72 / P. Pessina :
Œuvres choisies de Haendel, Rameau,
Omaggio a Piazzolla / A. Piazzolla :
Couperin, Bach, Glass, Sherman, Saint- on peut souligner (en se forçant) l’amu-
Milonga sin Palabras; Verano Porteno;
Saëns, Sherman, Debussy... sant «  tic-toc-choc  » de Couperin, les Invierno Porteno
Elizabeth Hainen, harpe; David dePeters, deux préludes pour clavier bien tem-
Duo PerlaMusica [Sophie Rudaz Muudry, piano;
vibraphone péré de Bach, l’extraordinaire et sur- Grégory Scalesia, guitare]
AVIE2378 • 1 CD AVIE Records prenant « Metamorphosis 2 » de Glass
CLA1708 • 1 CD Claves
avec l’apport de son mari DePeters au Telemandolin
H arpiste soliste de l’Orchestre de Phi-
ladelphie, l’américaine Elizabeth Hai-
nen présente un florilège des plus belles
vibraphone qui ajoute avec son timbre
hypnotique une beauté toute subtile F ormation suisse plutôt originale,
d’un alliage d’autant plus subtil que
Fantaisies, TWV 40 : 23 et 26; Sonate de
Concert, TWV 44 : 1; Suite, TWV 55 : G2;
comme c’est aussi le cas dans l’intem- la délicate captation en est ici idéale. Concerto pour mandoline, TWV 51; Partita
pièces pour harpe. Elle mentionne en porel « Clair de lune » de Debussy, pièce Leur association Perlamusica remonte n° 2, TWV 41 : G2 / C.P.E Bach : Sonate
toute simplicité que bloquée dans sa appropriée pour conclure cet album en- à presque dix ans. Ils ont concerté avec hambourgeoise, Wq 133 / C.F. Abel : Pièce
maison victorienne par les nombreuses voûtant. Complètement sous le charme orchestre de chambre, ont même réor- pour violon seul, WK 209 / J.F. Fasch :
intempéries de l’hiver dernier, elle a de la harpe d’Elizabeth Hainen, je ne me chestré (mais pour cuivres) des concer- Concerto pour luth, FaWV L : d1
profité de ce mini-congé sabbatique lasse pas de la réécouter, réécouter… tos de Bach, Beethoven et Rodrigo (le Alon Sariel, mandoline
involontaire pour jouer dans l’intimité (Philippe Zanoly) fameux d’Aranjuez  !). Ils commencent 0300934BC • 1 CD Berlin Classics

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A près telemandoline, on aura debuci-
thare ou respiguitare, voire luthos-
lawsky ? Mais foin de notre almanach à
de Nielsen, alternent avec un jeune Ar-
nold goguenard et un non moins jeune
Hindemith étonnamment primesautier
continues et motifs répétés. Enfin, le
plus intéressant, un Janacek de 70 ans
toujours vert (même amoureusement,
des compositeurs tchèques Klement
Slavický et Pavel Haas ainsi que de
l’autrichien Hans Gál. La Suite (1960)
verts mots, voilà un enregistrement plu- (Halbreich). Mais ce qui fait le prix de voir la déclaration d’amour qu’est son de Slavický met à l’honneur la capacité
tôt dans nos cordes. Grâce à un jeune cet enregistrement c’est avant tout le deuxième quatuor à cordes !) renforce de chanter du hautbois par de longues
mais vrai maître de son instrument, plaisir qu’ont à l’évidence pris les musi- les couleurs en sextette par l’ajout d’une phrases récitatives ; cette pièce a acquis
établi à Hanovre, rompu aux charmes ciens… et qui s’avère hautement com- clarinette basse, se place jusque dans une certaine célébrité par les nombreux
du baroque tout en tâtant parfois de la municatif. Des débuts bien prometteurs son titre sous l’égide de la « jeunesse », défis techniques imposés à l’interprète.
musique d’avant-garde, et que l’on a pu pour ce nouvel ensemble Variation5  ! et se souvient en forme de quelques Plus éminent élève de Janácek, Haas
entendre aux côtés de Yehudi Menuhin, (Yves Kerbiriou) solos planant sur des nappes sonores réalise une Suite (1939) dans laquelle le
du pianiste Lars Vogt, ou de Daniel fluctuantes. Jeunesse qui est l’élément hautbois se montre un instrument très
Barenboim. Il dirige aussi musicale- même ici de cette parfaitement homo- incisif voire frénétique. Enfin, la Sonate
ment, et on allait dire en même temps, gène formation interprète  : ils sont op.85 (1960) de Gál doit sa présence en
cet ensemble Concerto Foscari, jusque tous issus du conservatoire de Prague. ce qu’elle fait ressortir le caractère mé-
dans le présent enregistrement, mais (Gilles-Daniel Percet) lodieux de l’instrument mais aussi son
il est assez étonnant d’avoir à dénicher potentiel burlesque. (Charles Romano)
l’info un peu au hasard de lignes plus
que discrètes au verso de ce disque  :
priorité absolue à la vedette  ? Quant
aux œuvres jouées, elles se prêtent
particulièrement aux douces caresses
Musique de chambre pour vents
et pincements titillant de l’instrument
B. Foerster : Quintette à vent, op. 95 /
mandoline, avec quand même effective-
P. Haas : Quintette à vent, op. 10 / L.
ment une préférence pour les épisodes Janácek : Sextuor pour quintette à vent et
solistes, comme celui de cette toute clarinette basse
première fantasia de Telemann, ou de Quintette Belfiato; Jindrich Pavliš, clarinette basse
cet adagio d’une autre fantasia, celle
Œuvres pour hautbois et piano
SU4230 • 1 CD Supraphon Transcriptions romantiques pour
d’Abel (qui fut surtout gambiste renom- K. Slavicky : Suite pour hautbois et piano /
trompette et orgue
P
mé !). Le distingué concerto de Fasch, rogramme emblématiquement L. Janácek : Salve Regina / H. Gál : Sonate
tchèque, tant par les œuvres, les in- pour hautbois et piano, op. 85 / B. Mar- Œuvres de T. Adams, A.W. Marchant, G.
lui, était originellement pour luth. Mon Delerue, C. Franck, P. Dukas, G. Fauré, T.
tinu : Chansons populaires moldaves / P.
tout formant une promenade discogra- terprètes, le lieu d’enregistrement et le
Haas : Suite pour hautbois et piano, op. 17 Hansen, E. Grieg…
phique d’un charme peut-être un peu label ! De Foerster (ami de Mahler, ayant
Viola Wilmsen, hautbois, hautbois d’amour; Duo Fehse-Wilfert [Toni Fehse, trompette; Jonas
trop surclassiquement émollient, du fréquenté Dvorak, influencé par Sme- Wilfert, orgue]
Kimiko Imani, piano
moins à nos oreilles modernes mithri- tana), ce quintette (ne pas confondre
AVI8553386 • 1 CD AVI Music ROP6144 • 1 CD Rondeau
datisées par poisons plus corsés, pour avec celui de jeunesse, à cordes, ni
être entièrement écouté en enfilade.
(Gilles-Daniel Percet)
avec celui pour piano et cordes) flatte
depuis toujours l’oreille du grand public A vec cet enregistrement, Viola Wilm-
sen (hautbois) et Kimiko Imani
(piano) ont voulu démontrer la variété
par un néoromantisme élégant tout de
même un peu court pour un début de de tonalité du hautbois et sa grande
20ème siècle. Une certaine prolonga- polyvalence. En effet, dans l’esprit des
tion de Reicha. Sa vraie réussite nous mélomanes, l’instrument est seule-
semble être son allegro scherzando ment associé aux phrases lyriques ou
et ses habiles renvois en écho. Elève aux mélodies fragiles et lugubres. Le
de Janacek ayant écouté aussi Stra- second objectif des interprètes était
vinsky, Haas, lui, mort en déportation, d’illustrer la capacité de «  chant  » du
artiste que sa modestie exigeante fit hautbois. Ceci explique la présence Lieder allemands pour l’Avent
quasiment renier la majorité de ses de deux transcriptions (par les musi- Œuvres de W. Buchenberg, U. Führe, J.
productions, nous émeut surtout dans ciennes elles-mêmes) d’œuvres vocales Brell, H. Schanderl, K. Berg, F. Surges…
Variation5 Schwesterhochfünf
ce mouvement en prière (preghiera), de Martinu et Janácek. Le reste du
M. Arnold : 3 Shanties / J. Françaix : Quin-
privilégiant par ailleurs ostinatos, notes programme est composé d’œuvres ROP6128 • 1 CD Rondeau
tette à vent n° 1 / P. Hindemith : Eine kleine
Kammermusik, op. 24 n° 2 / C. Nielsen :
Quintette à vent, op. 43
que les décrit le romancier Eduard témoignent d’une belle inspiration, en
Variation5 [Magali Mosnier, flûte; Sebastian Manz,
clarinette; Ramon Ortega Quero, hautbois; Marc
Sélection ClicMag ! Morike dans son Voyage de Mozart à parfaite adéquation avec le texte d’une
Trénel, bassson; David Fernandez Alonso, cor]
Prague. Accompagnés par un somp- sensibilité toute romantique. Les quatre
tueux pianoforte (L’unique instrument lieder de Mozart sont chanté avec ap-
0300974BC • 1 CD Berlin Classics
conservé de Joseph Baumeister 1797 point et justesse de ton, porté par la

F raicheur et gaieté acidulée inspirent


la plupart des pages qui jalonnent
cet enregistrement, tout comme elles
au timbre clair et coloré) une pianiste
accommodante (Barbara Maria Willi)
voix empathique de Jankova. Les mélo-
dies de Jan Josef Rösler, s’appuient sur
et une aimable hôtesse à la voix fluette des auteurs «  littéraires  » (Goethe et
caractérisent le jeu des cinq interprètes, et gracieuse quoique un peu blanche Holty) mais sa musique imite le style à
deux Espagnols, deux Français et un (Martina Jankova), on ne boude pas la mode, Verita est une arietta d’opéra
Allemand, maîtres incontestés de leur notre plaisir de découvrir ce bouquet de italien leste et volubile et le An die Ferne
instrument et qui poursuivent cha- mélodies signées de Mozart, de Haydn est un lied dans la plus pure tradition
cun séparément de belles carrières de Musique à Prague au 18e siècle et de quelques collègues tchèques. allemande, intime et psychologisante.
solistes et de musiciens d’orchestre. De Vienne à Prague, un voyage en Curieusement aucune mélodie tchèque Quant aux deux mélodies anglaises de
D’où l’urgence qui a présidé au bou- mélodies. Œuvres de Tomasek, Kozeluch, mais des textes allemands et italiens, Joseph Haydn, elles ne déparent en rien
clage, mais qui, loin de nuire à la qua- Mozart, Haydn, Rösler, Voríšek et Kal- résultat de l’imprégnation de l’opéra ita- ce programme austro-bohème par leur
lité de leur jeu, les a stimulés comme liwoda
lien et du lieder allemand à Prague. Les puissance expressive (O tuneful voice)
s’ils étaient au concert. Le programme, Martina Jankova, soprano; Barbara Maria Willi, compositeurs Rösler, Kozeluch, Vori- et leur difficulté d’exécution (Jankova y
piano-forte
composé d’œuvres tonales des années sek, Tomasek, ont séjourné un temps trouve ses limites). Cerise sur le gâteau,
1920 à 1950, est tout aussi européen SU4231 • 1 CD Supraphon dans la capitale autrichienne ou ont eu la Flânerie printanière de Jan Vaclav
que nos musiciens, ce qui change des
thématiques nationales fréquentes
dans les quintettes à vents. Les deux
C ’est à un aller-retour Prague-Vienne
que nous convie les deux interprètes
de ce disque, l’une est soprano, l’autre
des contacts répétés avec la société
viennoise. Les deux mélodies italiennes
de Kozeluch d’après Métastase sont peu
Kaliwoda, pragois émigré en Allemagne
puis en Suisse, tout en charme et dou-
ceur de vivre et nous fait quitter amère-
œuvres phares pour cette formation, le pianiste, attachées à faire renaître un idiomatiques du compositeur sympho- ment cet agréable intermède musical...
1er quintette de Françaix, qui, sous le répertoire peu fréquenté, composé par niste de même que celle, rare, du pia- où le printemps embaume et le soleil
naturel, dissimule un monde de difficul- des musiciens qui voyageaient volon- niste Vaclav Jan Tomasek de facture as- brille, qui ne voudrais alors être chan-
tés techniques et le plus sage opus 43 tiers entre Allemagne et Bohème tels sez classique. Les trois airs de Vorisek teur ? (Jérôme Angouillant)

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DVD et Blu-ray

Sélection ClicMag ! F rancesco Foscari aura été l’un des


plus belle acquisitions au répertoire
de Placido Domingo devenu sous le
puissant campé par Placido Domingo,
plus en voix encore qu’au Covent Gar-
den de Londres dans la mise en scène
poids du temps, baryton, tout comme approximative de Thaddeus Strassber-
déjà un autre doge, Simon Boccanegra. ger (spectacle documenté par une cap-
Le spectacle magique d’Alvis Hermanis tation parue chez Opus Arte que nous
pour la Scala en 2016 restera comme avons chroniquée ici), Francesco Meli
une des plus parfaites productions ver- admirable de ligne, de bel canto qui réé-
diennes de ce début de XXIe Siècle. Le dite son Jacopo Foscari brisé – on sait
Johann Sebastian Bach (1685-1750) metteur en scène letton s’est immergé
juste au timbre de sa voix qu’il mourra
Variations Goldberg et œuvres choisies de dans la peinture vénitienne qui dicte
à peine monté sur la galère l’emmenant
Bull, Byrd et Sweelinck. Live au Concertge- costumes et décors, les parant d’éclai-
vers son exil crétois -, Anna Pirozzi,
bouw Amsterdam. Giuseppe Verdi (1813-1901) rages magiques qui peu à peu assour-
Kit Armstrong, piano; Dick Kuijs, réalisateur dissent les teintes, assombrissent les Lucrezia ardente et Andrea Concetti
I due Foscari, opéra en 3 actes savourant sa vengeance de son timbre
CM741608 • 1 DVD C Major espaces, échos d’une Venise qui décline
Placido Domingo, ténor; Francesco Meli, ténor; diabolique, second Iago, tous entrainés
autour d’un drame familial où politique
CM741704 • 1 BLU-RAY C Major Anna Pirozzi, soprano; Chiara Isotton, soprano; dans le sombre récit historique que
et vengeance se mêlent pour faire mou-

1 3 mars 2016, Kit Armstrong rempli le Andrea Concetti, basse; Orchestre de la Scala de déploie la direction tendue à rompre de
rir le père et le fils. Le spectacle se voit
Concertgebouw avec un programme Milan; Michele Mariotti, direction; Alvis Hermanis,
d’une traite tant son esthétique est Michele Mariotti. Soirée magnifique qui
surprenant où des cahiers de varia- mise en scène
soufflante et sa direction d’acteur sub- rend justice à l’un des opéras de Verdi
tions des virginalistes précédent les CM742008 • 1 DVD C Major tile. Mais il y a plus : l’interprétation est les moins connus, pourtant l’un des
Goldberg. L’idée transformée en hom- CM742104 • 1 BLU-RAY C Major de bout en bout superlative, le Doge im- plus beaux. (Jean-Charles Hoffelé)
mage est empruntée à Glenn Gould qui
enregistra les virginalistes et se fit un
étendard des Goldberg dès ses débuts citations de ses opéras et la tardive révi- plicité et sophistication. Tout concours se fait pas voir, cela se fait sentir. Donc
au disque. Le jeune pianiste y ajoute sion de 1889, qui souffre de coupures à une restitution à la fois surprenante si vous voulez vous émouvoir à votre
deux opus de Sweelinck qui le montrent intempestives, est la plus équilibrée et la et évidente. Même si l’ensemble de la première Bohème passez votre chemin.
aussi hardi qu’embarrassé, paradoxe plus satisfaisante (et bénéficie de l’ajout distribution est inégal vocalement, les Pour la musique, la direction très prag-
qui semble dire tout haut « que faire de d’une formidable coda au scherzo). Et personnages sont solidement incarnés. matique de Gianandrea Noseda - il faut
cette musique ? », surtout sur le grand le chef lui insuffle une grandeur et une Un Papageno plein d’esprit (Till von bien s’accorder à la scène - mais sou-
piano de concert. Ayant tant appris de passion qui trouvent un parfait véhicule Orlowsky), la gracieuse Pamina de la vent plus lyrique que ne le voudrait Ollé
son maître Alfred Brendel, mais si peu avec la Staatskapelle de Dresde. Disque méditerranéenne Fatma Saïd et le Tami- dévoile quelques beautés, la compagnie
de lui justement dans ce répertoire, après disque, l’entente entre le maestro no tendre et joueur de Martin Piskorski. de chant est homogène ce qui chez
le pari était risqué. La première par- et ses musiciens ne cesse de s’affermir Les nombreux dialogues du livret Puccini est une insulte, mais les prota-
tie interroge, mais les Goldberg plus de façon manifeste. La vidéo impres- essentiels à la dramaturgie sont parfai- gonistes ? Un peu pareil pour Rodolfo
encore, qui hésitent entres des éclairs sionne par la tension de l’expression de tement parlés par de jeunes chanteurs et Mimi et même Musetta. Alors on
de génie et des facilités, subissent des Thielemann, littéralement habité sinon germanophones. La direction musicale goutera les harmoniques si suaves du
baisses de tension, n’emportent vrai- possédé par l’œuvre. De l’héroïsme des d’Adam Fischer respecte point par point Marcello de Massimo Cavaletti, et ses
ment ni vers le rêve ni vers le sommeil. allegros extrêmes à la passion trista- cet équilibre musique / théâtre voulu colères sourdes. Soudain un person-
C’est souvent très bien réalisé, mais nesque de l’adagio, chaque mouvement par Peter Stein. L’orchestre tout en sou- nage parait dans toute cette poudre aux
soudain hésitant jusqu’à la vétille, vrai est joué avec une intensité boulever- plesse et subtilité soutient discrètement yeux d’autant plus misérabilistes qu’elle
« work in progress » d’un musicien qui sante. Une interprétation magnifique, à les chanteurs mais sait aussi ména- vous met votre époque sous le nez. Lui,
ose le montrer, geste perfectible qui laquelle le DVD apporte une plus-value ger de beaux moments dramatiques. on le suivra. (Jean-Charles Hoffelé)
aura documenté cet art encore fragile et réelle. (Richard Wander) (Jérôme Angouillant)
qu’on prendra le temps venu pour les
premières interrogations d’un des pia-
nistes majeurs de la jeune génération,
un document à regarder mais à garder ?
(Jean-charles Hoffelé)

Gioacchino Rossini (1792-1868)


Wolfgang A. Mozart (1756-1791) Giacomo Puccini (1858-1924) Guillaume Tell, opéra en 4 actes
La Flûte enchantée, opéra en 2 actes La Bohème, opéra en 4 actes Gerald Finley, baryton; Malin Byström, soprano;
Martin Summer; Yasmin Öskan; Martin Piskorski; Irina Lungu, soprano; Giorgio Berrugi, ténor; John Osborn, ténor; Enkelejda Shkosa, mezzo-
Fatma Said; Theresa Zisser; Till von Orlowsky; Kelebogile Besong, soprano; Massimo Cavalletti, soprano; Sofia Fomina, soprano; Eric Halfvarson,
Chœur de l’Académie du Théâtre de La Scala; baryton; Orchestre del Teatro Regio de Turin; basse; Nicolas Courjal, basse; Choeur du Royal
Anton Bruckner (1824-1896) Alberto Malazzi, direction; Orchestre de l’Académie Gianandrea Noseda, direction; Àlex Ollé, mise Opera House; Orchestre du Royal Opera House;
Symphonie n° 3, WAB 103 « Wagner-Sin- du Théâtre de La Scala; Adam Fischer, direction; en scène Antonio Pappano, direction; Damiano Michieletto,
fonie » Peter Stein, mise en scène CM742608 • 1 DVD C Major mise en scène
Staatskapelle Dresden; Christian Thielemann CM740408 • 1 DVD C Major CM742704 • 1 BLU-RAY C Major OA1205D • 2 DVD Opus Arte
CM740808 • 1 DVD C Major CM740504 • 1 BLU-RAY C Major OABD7195D • 1 BLU-RAY Opus Arte
CM740904 • 1 BLU-RAY C Major
R ien de révolutionnaire dans cette 1 20 ans de Bohème proclamait le pro-
gramme du Teatro Regio de Turin.
U n viol en scène par la soldatesque

G rand wagnérien devant l’éternel, flûte mise en scène par le réalisa- Qui aurait prévu qu’à placer son action autrichienne aura contraint Kasper
Christian Thielemann ne pouvait pas teur de cinéma et metteur en scène de aujourd’hui elle prendrait un tel coup Holten, patron de Covent Garden, à pré-
rater la 3° symphonie de Bruckner, celle théâtre allemand, Peter Stein mais une de vieux  ! Mais aussi, ce n’est pas du senter des excuses devant un public dé-
précisément qui est dédiée au maître de recherche et une volonté d’authenticité, tout un ouvrage pour Alex Ollé, même cidément choqué : Damiano Michieletto
Bayreuth. Pour cette captation réalisée de cohérence et de lisibilité. Une ver- désencombré d’une partie de la Fura, et aura appris à ses dépends que certaines
dans la philharmonie de Munich, lieu de sion Singspiel très fidèle au livret origi- la littéralité de son geste (si geste il y choses ne se montrent pas si crument
résidence de l’orchestre bavarois qu’il nal de Schikaneder. Aidé en cela par la a d’ailleurs), avec son Momus de cité, au public anglais, du moins à celui du
avait dirigé en son temps, Thielemann machinerie conventionnelle du théâtre brouillon, pointe ce qui a toujours fait Royal Opera House. Mais il ne faut pas
retient avec raison la version de 1877 viennois de l’époque, somptueux, fée- la faiblesse de son art  : la direction s’arrêter au parfum de scandale qui a
d’une œuvre à la genèse compliquée. rique et magique. Bruits de scènes ac- d’acteur. Ah c’est bien beau de faire des fait la réputation de ce spectacle et aura
Cette rédaction intermédiaire entre la centués, costumes bigarrés ou parfois spectacles, mais Bohème c’est l’his- du moins produit une tension en scène
première mouture de 1873 à laquelle ordinaires, accessoires pittoresques et toire de deux amours qui se croisent toujours palpable lors de la captation
Wagner avait demandé de retirer les faux animaux, décors qui allient sim- et périssent (de quatre en fait), cela ne de ce 5 juillet 2015. Le théâtre un peu

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lâche de Rossini y gagne une urgence appariée du moins au théâtre de l’œuvre
qu’il n’aurait pas espéré, sans que la sinon à sa spiritualité, mais c’est tout
version «  historiquement informée  » le contraire  : ce qui se murmure dans
qu’essaye de tenter la nouvelle édition le chef d’œuvre de Verdi le transporte
critique de Bartlett y soit pour grand- alors qu’il contient ce qui doit y rugir,
chose  : elle coupe abondamment plus tant d’ailleurs qu’à la fin un certain
d’une page magnifique de l’ouvrage  : désordre parait  : c’est vrai dans les
exit la prière et le chœur final du I, au trombes du Dies Irae qui sonnent trop
III l’air de Jemmy etc…. Michieletto fait littérales, vraies aussi dans les fusées
du drame d’Etienne de Jouy et d’Hippo- exultantes du Sanctus qui tanguent. Ballets pour enfants Premier Pianists, vol. 2
lyte-Louis-Florent un panégyrique de la D’ailleurs toute la soirée est plutôt ina- J. Talbot : Alice au pays des merveilles / A. Rubinstein; A. de Larrocha; E. Giles; R. Tureck;
liberté reconquise placé au XXe Siècle chevée, tempos peu certains – ce qui P.I. Tchaikovski : Casse-Noisette / S. Pro- M. Perahia; R. Casadesus; S. Richter; A. B. Miche-
dont le vrai héros serait justement Jem- est un péché mortel ici – style battu en kofiev : Pierre et le Loup / J. Lanchberry : langeli; C. Arrau; V. Cliburn; M. Argerich
my qui au final plantera un jeune chêne brèche par les deux solistes féminines Les Contes de Beatrix Potter VAI4597 • 1 DVD VAI Music
appeler à remplacer celui que l’envahis- assez peu supportables, cuivres à la The Royal Ballet; Christopher Wheeldon, chorégra-
seur aura déraciné : la Suisse est éter- justesse usée par la chaleur, peu à peu phie (Alice...) / Peter Wright, chorégraphie (Casse-
nelle, certes, mais l’humanité avant elle. la tension se perd, le sacré s’envole, Noisette) / Matthew Hart, chorégraphie (Pierre...) /
Pourtant les couleurs du dernier tableau reste un geste qui vidé de sa substance Frederick Ashton, chorégraphie (Les Contes...)
sont bien sombres… Alors aller gâcher démontre ou séduit, mais à la fin plus OA1096BD • 4 DVD Opus Arte
une si belle parabole, un spectacle aussi grand-chose du Requiem de Verdi, OABD7217BD • 4 BLU-RAY Opus Arte
léché, aussi pensé avec des idioties d’autant que même Ildebrando d’Arcan-
comme cette pizza qu’on pose sur la gelo sonne las. Reste Vittorio Grigolo,
tête de Guillaume Tell en la couronnant solaire et contrit, charmeur un instant
d’une pomme…. Comme à moi, les dans la supplique. Pour lui peut-être
bras vous en tomberont plus d’une fois, irez-vous y voir. (Jean-Charles Hoffelé)
mais enfin, tout cela se regarde sans Virtuoso Violonists, vol. 1
relâcher l’attention, probablement à C. Ferras; Y. Menuhin; N. Milstein; H. Szeryng;
cause de la finesse d’une captation qui M. Elman; D. Oistrakh; I. Haendel; A. Rosand; Trio
Istomin-Stern-Rose
donne à l’ensemble un semblant d’élé-
gance tout en respectant la dramatur- VAI4595 • 1 DVD VAI Music
gie. Mais il vous faudra composer avec
une autre paille  : la distribution, déjà The Royal Opera Collection
éprouvée quelques années auparavant W.A. Mozart : Les Noces de Figaro; Don
au disque (Warner) n’est absolument Juan; La Flûte enchantée / G. Verdi :
pas idéale pour le bel canto romantique Macbeth; La Traviata / R. Wagner : Parsifal
dont Rossini voulait brandir l’étendard / P. Mascagni : Cavalleria rusticana / R.
dans son drame suisse, et seul Gerald Philharmonie de l’Elbe Hambourg Leoncavallo : Pagliacci / G. Puccini :
Finley triomphe avec bravoure du rôle Grand concert d’ouverture. Film documen- La Bohème; Turandot; Le Triptyque / R.
titre, sinon une mention spéciale pour taire sur la construction de la Philharmonie Strauss : Salomé / K. Szymanowski : Le Roi
le Gesler impeccable de Nicolas Cour- Philippe Jaroussky, contreténor; Sir Bryn Terfel, Roger / B. Britten : Gloriana / G. Benjamin :
ténor; Wiebke Lehmkuhl, mezzo-soprano; Pavol Written on Skin
jal. La rivale de cette production règne Virtuoso Violonists, vol. 2
toujours, celle de Graham Vick pour le Breslik, ténor; Hanna-Elisabeth Müller, soprano; OA1244BD • 22 DVD Opus Arte
Bryn Terfel, baryton-basse; Ensemble Praetorius; I. Haendel; D. Oistrakh; I. Stern; H. Szeryng; R.
Teatro Comunale de Bologne à Pesaro, OABD7223BD • 18 BLU-RAY Opus Arte Ricci; A. Rosand; J. Suk; J. Szigeti; Z. Francescati;
Chœur de la NDR; Chœur de la radio bavaroise;
plus ambigüe, mieux chantée (Alaimo Orchestre Philharmonique de la NDR de l’Elbe; Quatuor Guarneri
formidable de style et de caractérisa- Thomas Hengelbrock, direction VAI4598 • 1 DVD VAI Music
tion dans le rôle-titre, Florez magique
CM741408 • 2 DVD C Major
Arnold, et la Mathilde de Marina Rebe-
ka) même si dirigée plus modestement CM741504 • 1 BLU-RAY C Major
par Michele Mariotti qui se passe heu-
reusement des révisions éditoriales de
Bartlett. Mais si vous voulez vérifier le
scandale et entendre Finley, c’est ici.
(Jean-Charles Hoffelé)

Sviatoslav Richter
J.S. Bach : Concerto en ré mineur, BWV
1052 - Concerto brandebourgeois n° 5 en ré Supreme Sopranos
majeur / J. Haydn : Concerto en ré majeur, B. Nilsson; E. Farrell; R. Tebaldi; V. de los Angeles;
Ballet du Capitole Hob WVIII n° 11 / A. Scriabine : « Promé- R. Scotto; B. Sills; M. Caballé; R. Peters; L. della
thée, le Poème du feu », op. 60 Casa; J. Sutherland; A. Moffo; M. Freni; L. Price;
A.C. Adam : Le Corsaire, ballet en 3 actes,
Sviatoslav Richter, piano; Orchestre National B. Sullivan; N. Gedda; C. Siepi
5 tableaux et un épilogue / La Bête et la
Belle, ballet contemporain de K. Belarbi d’URSS; Evgeny Svetlanov, direction
VAI4594 • 1 DVD VAI Music
d’après « La Belle et la Bête » sur des PDVD1205 • 1 DVD Parnassus
musiques de Daquin, Haydn, Ligeti et Ra-
Giuseppe Verdi (1813-1901) vel / La Reine morte, ballet de K. Belarbi
Missa da Requiem d’après Montherlant et Vélez de Guevara,
Julianna Di Giacomo; Michelle DeYoung; Vittorio sur des musiques de Tchaikovski
Grigolo; Ildebrando D’Arcangelo; Los Angeles Maria Gutierrez; Davit Galstyan; Takafumi
Master Chorale; Los Angeles Philharmonic Watanabe; Juliette Thélin; Demian Vargas; Juliana
Orchestra; Gustavo Dudamel, direction Bastos; Julie Loria; Henrik Victorin; Cédric Pons;
CM741208 • 1 DVD C Major Joël Sitbon; Orchestre National du Capitole; David
Coleman, direction; Kader Belarbi, chorégraphie
CM741304 • 1 BLU-RAY C Major (Le Corsaire); Takafumi Watanabe; Julie Loria;

L a grande conque blanche du Hol-


lywood Bowl, le Los Angeles Philhar-
monic tout en blanc, mais les chœurs,
Ballet du Capitole; Kader Belarbi, chorégraphie,
mise en scène (La Bête et la Belle); Davit Galstyan;
Maria Gutierrez; Artjom Maskakov; Orchestre Premier Pianists, vol. 1
Tenor Titans
J. Björling; G. di Stefano; R. Tucker; F. Corelli; J.
voix de la mort, en noir, et pour ce National du Capitole de Toulouse; Koen Kessels, R. Tureck; Lili Kraus; W. Kempff; R. Serkin; P. Ser- Vickers; J. McCracken; N. Gedda; R. Björling; R.
direction; Kader Belarbi, chorégraphie (La Reine...) kin; E. Gilels; M. Argerich; A. Ciccolini; S. Richter; Tebaldi; T. Stratas; R. Merrill; L. Amara; L. Della
Summer Concert de 2013 le Requiem
de Verdi. J’imaginais assez la direction OA1241BD • 3 DVD Opus Arte V. Cliburn; W. Landowska Casa; R. Crespin; G. Simionato
pleine de caractère de Gustavo Dudamel OABD7220BD • 3 BLU-RAY Opus Arte VAI4596 • 1 DVD VAI Music VAI4589 • 1 DVD VAI Music

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Sélection Brilliant Classics

Adolphe Adam : Giselle, ballet J.S. Bach : Concertos Brandebour- J.S. Bach : Concertos pour violon J.S. Bach : Six suites pour Béla Bartók : Concerto pour piano n° L. van Beethoven : Concerto pour
(extraits) geois Emmy Verhey, violon; violoncelle, 3 / M. Ravel : Concerto pour piano violon, op. 61; Romance pour violon
Academy of St Martin in the Fields; Musica Amphion; Camerata Antonio Luco transcription pour saxophone en sol majeur Emmy Verhey, violon; Utrecht SO;
Sir Neville Marriner, direction Pieter-Jan Belder, direction Henk Twillert, saxophone baryton Klara Würtz, piano; Royal PO; Eduardo Marturet
BRIL94354 - 1 CD Brilliant BRIL93125 - 2 CD Brilliant BRIL93238 - 1 CD Brilliant BRIL93637 - 2 CD Brilliant BRIL9008 - 1 CD Brilliant BRIL93243 - 1 CD Brilliant

L. van Beethoven : Symphonie n° 9 L. van Beethoven : Sonates pour J. Brahms : Sonates pour violon G.B. Buonamente : Sonates, canzo- Chopin, Field : Intégrale des F. Chopin : Intégrale des Polonaises
en ré mineur, op. 125 piano n° 8, 14 et 23 n° 1 à 3 nas et sinfonias. nocturnes Folke Nauta, piano
Staatskapelle Dresden; Alfred Brendel, piano Gyorgy Pauk, violon; Le tanto tempo hormai Bart Van Oort, piano
Herbert Blomstedt, direction Roger Vignoles, piano L. Pontecorvo, flûte; Helianthus Ensemble
BRIL93841 - 1 CD Brilliant BRIL93993 - 1 CD Brilliant BRIL93989 - 1 CD Brilliant BRIL94478 - 1 CD Brilliant BRIL92202 - 4 CD Brilliant BRIL93995 - 1 CD Brilliant

D. Chostakovitch : Symphonies de A. Corelli : Concerti Grossi, op. 6 A. Dvorák : Symphonie n° 9 en mi Andrea et Giovanni Gabrieli : G.F. Haendel : Intégrale des G.F. Haendel : Intégrale des
Chambre n° 1 à 5 Musica Amphion; mineur « Du nouveau monde », Musique pour 1 et 2 orgues. Cantates, vol. 1 Cantates, vol. 2
Orchestra Sinfonica di Milano Giuseppe Pieter-Jan Belder, clavecin, direction op. 95 Liuwe Tamminga, orgue Stefanie True, soprano; Stefanie True, soprano; Contrasto Armo-
Verdi; Rudolph Barshai Royal PO; Paavo Järvi, direction Luigi Tagliavini, orgue Contrasto Armonico; Marco Vitale nico; Mario Vitale
BRIL8212 - 2 CD Brilliant BRIL94420 - 2 CD Brilliant BRIL93258 - 1 CD Brilliant BRIL93368 - 1 CD Brilliant BRIL93999 - 1 CD Brilliant BRIL94000 - 1 CD Brilliant

J. Haydn : Les Saisons, oratorio; La Simeon Ten Holt : Intégrale des F. Liszt : Concertos pour piano n° Erik Lotichius : Symfonietta; G. Mahler : Symphonie n° 4; M. Moussorgski : Tableaux d’une
Création, oratorio œuvres pour piano 1 et 2 Concerto pour piano n° 2; Mélodies Alexandra Coku, soprano; exposition / P.I. Tchaikovski : Les
H. Donath; K. Widmer; A. Kraus; Orchester Irene Russo; Fred Oldenburg; Sandra et Nelson Freire, piano; Dresdner PO; Eliane Rodrigues; Michelle Mallinger; Netherlands PO Saisons, op. 37b
der Ludwigsburger; Wolfgang Gönnenwein Jeroen van Veen Piano Ensemble Michel Plasson Prima La Musica; Dirk Vermeulen Hartmut Haenchen Alexander Warenberg, piano
BRIL94384 - 4 CD Brilliant BRIL7795 - 11 CD Brilliant BRIL93846 - 1 CD Brilliant BRIL9158 - 1 CD Brilliant BRIL93277 - 1 CD Brilliant BRIL93297 - 1 CD Brilliant

W.A. Mozart : Concertos pour piano Carl Orff : Carmina Burana N. Paganini : Concertos pour violon M. Ravel, C. Debussy : Quatuors à O. Respighi : Intégrale des œuvres E. Satie : Intégrale de l’œuvre pour
n° 1, 21 et 25 Royal Choral Society; n° 2 et 5 cordes; Trios pour piano orchestrales, vol. 2 piano à 4 mains
Derek Han, piano; Philharmonia Orchestra; Royal PO; Richard Cooke, direction; Alexandre Dubach, violon; Rouvier; Kantorow;Müller; OS de Rome; Francesco Vecchia, direction Sandra et Jeroen van Veen piano
Paul Freeman Modo Antiquo OP de Monte-Carlo; Lawrence Foster Quatuor Carmina Ensemble, piano à 4 mains
BRIL93288 - 1 CD Brilliant BRIL8331 - 2 CD Brilliant BRIL93992 - 1 CD Brilliant BRIL8200 - 2 CD Brilliant BRIL94393 - 2 CD Brilliant BRIL9129 - 1 CD Brilliant

F. Schubert : Sonates pour piano A. Scriabine : Intégrale des sonates P.A. Soler : 6 Concerti pour 2 orgues Thomas Tallis : Spem in alium. A. Vivaldi : Intégrale des sonates Ave Verum : Célèbres Chœurs
n° 14 et 15 pour piano Pieter Van Dijk, orgue Musique pour la Reine Elizabeth pour flûte Sacrés de Haydn, Fauré, Wesley,
Hanna Shybayeva, piano Dmitri Alexeev, piano Maurizio Croci, orgue Chapelle du Roi; Mario Folena, flûte Brahms, Mozart, Boyle, Elgar...
Alistair Dixon, direction St John’s College; Christopher Robinson
BRIL93913 - 1 CD Brilliant BRIL94388 - 2 CD Brilliant BRIL93763 - 1 CD Brilliant BRIL94005 - 1 CD Brilliant BRIL93703 - 1 CD Brilliant BRIL9148 - 1 CD Brilliant

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Lukaszewski : Musica Sacra, vol. 4 «Missa de Maria a ... DUX0944 15,36 € p. 2 
Kodály, Dohnányi : Musique de chambre pour cordes. Sm... RES10181 13,92 € p. 10 
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Lehár : Die Juxheirat, opérette. Ernst, Boog, Tarunts... CPO555049 26,88 € p. 10 
Stanislaw Moryto : Portrait du compositeur. Mikolajcz... DUX1376 15,36 € p. 2 
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Balze Trümpy : Oracula Sybillae, portrait du composit... WER7335 15,36 € p. 2  Strauss : Intégrale des mélodies, vol. 8. Spence, Eva... CDA68185 15,36 € p. 15 
Helmut Zapf : Quatuors à cordes. Quatuor Sonar. WER7348 15,36 € p. 2  Strauss : Enoch Arden, op. 38. Fischer-Dieskau, Oppitz. HC16048 13,20 € p. 15 
Love Songs, dedicated to ensemble recherche. WER6792 19,68 € p. 2  Tartini, Veracini : Sonates pour violon. Kimura, Smit... RES10148 13,92 € p. 15 
En couverture Telemann : Musique festive à Altona, œuvres tardives.... CPO555018 15,36 € p. 15 
Leonard Bernstein, vol. 1 : Sibelius, Beethoven, Hayd... CM743008 47,28 € p. 3  Robert Volkmann : Intégrales des quatuors à cordes et... CPO555182 28,32 € p. 15 
Musique contemporaine Silvius Leopold Weiss : Œuvres de jeunesse pour luth.... HC16045 13,20 € p. 16 
Hans Abrahamsen : Quatuors à cordes. Quatuor Arditti. WIN910242-2 16,08 € p. 3  Récitals
Petr Eben : Labyrith, musique de chambre. Kosarek, Qu... SU4232 13,92 € p. 3  Nelson Freire joue Saint-Saëns, Grieg et Liszt : Œuvr... AUD95742 12,48 € p. 16 
Arturo Fuentes : Quatuors à cordes. Quatuor Diotima. 0015015KAI 16,08 € p. 3  La Symphonie de Poche. Arrangements d’œuvres de Lalo ... ADW7586 13,20 € p. 16 
Tigran Mansurian : Mélodies et musique instrumentale.... BRIL95489 6,00 € p. 4  La musique pour orgue en Sardaigne au 19ème siècle. A... TC800007 12,48 € p. 16 
Penderecki : Œuvres chorales, vol. 2. Lukaszewski. DUX0964 15,36 € p. 4  Rosa Mystica : Magnificat pour orgue. Tomadin. BRIL95506 6,00 € p. 16 
Penderecki : Musique de chambre, vol. 2. Spahn, Bucho... DUX1244 15,36 € p. 4  Kay Johannsen : Sunrise, œuvres pour orgue. Johannsen... CAR83485 15,36 € p. 16 
Rihm : Quatuors et quintette à cordes. Maintz, Quatuo... WER7346 15,36 € p. 4  British Legends : Quintettes à cordes de Bliss, Elgar... ADW7584 13,20 € p. 16 
Alphabétique Antonio Meneses joue Schumann, Saint-Saëns et Tchaiko... AVIE2373 13,92 € p. 17 
Bach : Six suites pour violoncelle seul. Watkin. RES10147 19,68 € p. 4  Funeralissimo : Musique funéraire du monde. Well, Ziv... GEN17486 13,92 € p. 17 
Bach : Variations Goldberg. Müller. HC17059 13,20 € p. 5  Enescu, Ravel, Skalkottas : Œuvres pour violon et pia... AVI8553382 15,36 € p. 17 
Bartók : Intégrale de l’œuvre pour piano seul, vol. 4... HC17009 13,20 € p. 5  Bacewicz, Tansman, Penderecki : Œuvres pour violon et... DUX1399 15,36 € p. 17 
Beethoven : Mélodies irlandaises et écossaises. Schue... AVI8553377 15,36 € p. 5  The Violin’s delight, A garden of pleasure : Musique ... CLA1727 14,64 € p. 17 
Beethoven : Intégrale des quatuors à cordes, vol. 8. ... AUD92688 16,44 € p. 5  Hommage à Ida Presti : Œuvres pour guitare seule. Mil... BRIL95528 6,00 € p. 18 
Beethoven : Intégrale des trios pour piano, vol. 4. S... AUD97695 16,08 € p. 5  Stolen roses : Œuvres pour luth. Díaz Latorre. PAS1030 15,36 € p. 18 
Wilhelm Berger : Œuvres chorales. Pico-Leonis, Müller. ROP6137 12,48 € p. 5  Home : Œuvres pour harpe seule. Hainen, DePeters. AVIE2378 13,92 € p. 18 
Lennox Berkeley : Musique de chambre. Ensemble Berkel... RES10149 13,92 € p. 6  Musique d’Argentine pour guitare et bandonéon. Leone,... BRIL95527 7,57 € p. 18 
Boccherini : Sonates pour clavecin et violon, op. 5. ... STR33983 21,12 € p. 6  Fantaisie : Œuvres pour guitare et piano. Duo PerlaMu... CLA1708 14,64 € p. 18 
Boccherini : Arie Accademiche pour soprano et orchest... BRIL95280 6,00 € p. 6  Telemandolin : Arrangements pour mandoline d’œuvres d... 0300934BC 14,64 € p. 18 
Brahms, Janácek : Sonates pour clarinette et piano. B... HC17001 13,20 € p. 6  Variation5 : Quintettes à vents. 0300974BC 14,64 € p. 19 
Raffaele Calace : Musique pour quatuor de mandolines.... BRIL95494 6,00 € p. 6  Foerster, Janácek, Haas : Musique de chambre pour ven... SU4230 13,92 € p. 19 
François Campion : Musique pour guitare baroque. Hofs... BRIL95276 6,00 € p. 6  Œuvres pour hautbois d’amour et piano. Wilmsen, Imani. AVI8553386 15,36 € p. 19 
Castelnuovo-Tedesco : Sonnets et duos de Shakespeare.... BRIL95548 7,57 € p. 7  Transcriptions romantiques pour trompette et orgue. D... ROP6144 12,48 € p. 19 
Chopin : Concertos pour piano et œuvres pour piano se... DUX1270/71 21,12 € p. 7  Adventslieder - Lieder allemands pour l’Avent. Schwes... ROP6128 12,48 € p. 19 
Chopin : Les Valses. Ivanov. GRAM99146 13,92 € p. 7  Musique à Prague au 18e siècle : De Vienne à Prague, ... SU4231 13,92 € p. 19 
Chostakovitch : Les cycles vocaux pour basse, vol. 1.... NFPMA9910 11,76 € p. 7  DVD & Blu-ray
Chostakovitch : Les cycles vocaux pour basse, vol. 2.... NFPMA9916 11,76 € p. 7  Kit Armstrong : Live au Concertgebouw Amsterdam. CM741608 19,68 € p. 20 
Mikalojus Ciurlionis : Intégrale de quatuors à cordes... NFPMA9987 9,60 € p. 7  Kit Armstrong : Live au Concertgebouw Amsterdam. CM741704 29,28 € p. 20 
Francesco Durante : Concertos pour cordes. Ensemble I... BRIL95542 7,57 € p. 7  Christian Thielemann dirige Bruckner : Symphonie n° 3. CM740808 19,68 € p. 20 
Gál, Castelnuovo-Tedesco : Concertos pour violoncelle... CPO555074 15,36 € p. 8  Christian Thielemann dirige Bruckner : Symphonie n° 3. CM740904 29,28 € p. 20 
Elsner, Kania : Musique de chambre. Andruszkiewicz, W... DUX1352 15,36 € p. 8  Mozart : La Flûte enchantée. Said, Piskorski, Özkan, ... CM740408 21,84 € p. 20 
Giovanni Francesco Giuliani : Nocturnes pour clarinet... BRIL95541 6,00 € p. 8  Mozart : La Flûte enchantée. Said, Piskorski, Özkan, ... CM740504 29,28 € p. 20 
Giovanni Paolo Colonna : Lamentations de la Semaine S... CPO555048 10,32 € p. 8  Puccini : La Bohème. Lungu, Berrugi, Besong, Cavallet... CM742608 21,84 € p. 20 
Louis Glass : Intégrale des symphonies, vol. 2. Shiri... CPO777494 15,36 € p. 8  Puccini : La Bohème. Lungu, Berrugi, Besong, Cavallet... CM742704 29,28 € p. 20 
Pavel Haas : Fata Morgana, mélodies. Watson, Starushk... RES10183 13,92 € p. 9  Rossini : Guillaume Tell. Finley, Byström, Osborn, Pa... OA1205D 30,72 € p. 20 
Sigmund von Hausegger : Œuvres symphoniques, vol. 3. ... CPO777666 15,36 € p. 9  Rossini : Guillaume Tell. Finley, Byström, Osborn, Pa... OABD7195D 35,76 € p. 20 

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Bon de commande n° 54 / Novembre 2017
Verdi : I due Foscari. Domingo, Meli, Pirozzi, Isotto... CM742008 21,84 € p. 20  Chopin, Field : Intégrale des nocturnes. Van Oort. BRIL92202 12,48 € p. 22 
Verdi : I due Foscari. Domingo, Meli, Pirozzi, Isotto... CM742104 29,28 € p. 20  Chopin : Intégrale des Polonaises. Nauta. BRIL93995 6,00 € p. 22 
Verdi : Requiem. Di Giacomo, DeYoung, Grigolo, Illdeb... CM741208 19,68 € p. 21  Chostakovitch : Symphonies de Chambre n° 1 à 5. Bars... BRIL8212 7,57 € p. 22 
Verdi : Requiem. Di Giacomo, DeYoung, Grigolo, Illdeb... CM741304 29,28 € p. 21  Corelli : Concerti Grossi, op. 6. Belder. BRIL94420 7,57 € p. 22 
Grand concert d’ouverture de la Philharmonie de l’Elb... CM741408 21,84 € p. 21  Dvorák : Symphonie n° 9 «Du Nouveau Monde». Järvi. BRIL93258 6,00 € p. 22 
Grand concert d’ouverture de la Philharmonie de l’Elb... CM741504 29,28 € p. 21  Andrea et Giovanni Gabrieli : Musique pour 1 et 2 org... BRIL93368 6,00 € p. 22 
Ballets du Capitole : Trois ballets de Kader Belarbi.... OA1241BD 30,72 € p. 21  Haendel : Intégrale des Cantates, vol. 1. True, Contr... BRIL93999 6,00 € p. 22 
Ballets du Capitole : Trois ballets de Kader Belarbi.... OABD7220BD 35,76 € p. 21  Haendel : Intégrale des Cantates, vol. 2. True, Gröge... BRIL94000 6,00 € p. 22 
Ballets pour enfants : Alice au Pays des Merveilles -... OA1096BD 43,68 € p. 21  Haydn : La Création - Les Saisons, oratorios. Donath,... BRIL94384 12,48 € p. 22 
Ballets pour enfants : Alice au Pays des Merveilles -... OABD7217BD 43,68 € p. 21  Simeon ten Holt : Intégrale des œuvres pour piano. Ru... BRIL7795 30,72 € p. 22 
The Royal Opera Collection. OA1244BD 107,76 € p. 21  Liszt : Concertos pour piano n° 1 et 2 - Totentanz. F... BRIL93846 6,00 € p. 22 
The Royal Opera Collection. OABD7223BD 107,76 € p. 21  Erik Lotichius : Symfonietta - Concerto pour piano n°... BRIL9158 6,00 € p. 22 
Richter joue Bach, Haydn et Scriabine. Kagan, Nikolay... PDVD1205 16,44 € p. 21  Mahler : Symphony n° 4 - Blumine. Coku, Haenchen. BRIL93277 6,00 € p. 22 
Premier Pianists, vol. 1 : Tureck, Kraus, Kempff, Ser... VAI4596 25,08 € p. 21  Moussorgski : Tableaux d’une exposition. Tchaikoski :... BRIL93297 6,00 € p. 22 
Premier Pianists, vol. 2 : Rubinstein, de Larrocha, G... VAI4597 25,08 € p. 21  Mozart : Concertos pour piano n° 1, 21 et 25. Han, Fr... BRIL93288 6,00 € p. 22 
Virtuoso Violonists, vol. 1 : Menuhin, Oistrakh, Ferr... VAI4595 25,08 € p. 21  Carl Orff : Carmina Burana. Royal Philharmonic Orches... BRIL8331 7,57 € p. 22 
Virtuoso Violonists, vol. 2 : Stern, Suk, Szigeti, Fr... VAI4598 25,08 € p. 21  Paganini : Concertos pour violon n° 2 et 5. Dubach, F... BRIL93992 6,00 € p. 22 
Supreme Sopranos. VAI4594 25,08 € p. 21  Ravel, Debussy : Quatuors à cordes - Trios pour piano... BRIL8200 7,57 € p. 22 
Tenor Titans. VAI4589 25,08 € p. 21  Respighi : Intégrale des œuvres orchestrales, vol. 2.... BRIL94393 7,57 € p. 22 
Sélection Brilliant Classics Satie : Intégrale de l’œuvre pour piano à 4 mains. Sa... BRIL9129 6,00 € p. 22 
Adolphe Adam : Giselle (Meilleurs moments). Marriner. BRIL94354 6,00 € p. 22  Schubert : Sonates pour piano n° 14 et 15. Shybayeva. BRIL93913 6,00 € p. 22 
J.S. Bach : Concertos Brandebourgeois. Belder. BRIL93125 7,57 € p. 22  Scriabine : Intégrale des sonates pour piano. Alexeev. BRIL94388 7,57 € p. 22 
J.S. Bach : Concertos pour violon. Verhey. BRIL93238 6,00 € p. 22  Antonio Soler : Six Concertos pour deux orgues. Croci... BRIL93763 6,00 € p. 22 
Bach : Six suites pour violoncelle, transcription pou... BRIL93637 7,57 € p. 22  Thomas Tallis : Spem in alium. Musique pour la Reine ... BRIL94005 6,00 € p. 22 
Bartók, Ravel : Concertos pour piano. Würtz, Kuchar. BRIL9008 6,00 € p. 22  Vivaldi : Intégrale des sonates pour flûte. Folena. BRIL93703 6,00 € p. 22 
Beethoven : Concertos pour violon. Verhey, Vonk. BRIL93243 6,00 € p. 22  Ave Verum : Célèbres Chœurs Sacrés. Robinson. BRIL9148 6,00 € p. 22 
Beethoven : Symphony n° 9 , op. 125. Blomstedt. BRIL93841 6,00 € p. 22 
Beethoven : Sonates pour piano n° 8, 14 et 23. Brendel. BRIL93993 6,00 € p. 22 
Brahms : Sonates pour violon n° 1 à 3. Pauk, Vignoles. BRIL93989 6,00 € p. 22 
Giovanni Battista Buonamente : Sonates, canzonas et s... BRIL94478 6,00 € p. 22 
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