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Daniel Ollivier
Daniel Ollivier
ÉDITION
ISBN : 978-2-35953-440-5
Existe aussi
en version eBook
23 €
Préface de
Patrick Bouvard ÉDITION
Édition 2017
www.gereso.com/edition
e-mail : edition@ger eso.fr
Tél. 02 43 23 03 53 - Fax 02 43 28 40 67
• Communiquer efficacement
• Gagner en leadership
• Le manager de proximité
• Le recrutement gagnant-gagnant
• L’évaluation professionnelle
www.la-librairie-rh.com
Nous aimerions aussi citer la collaboration établie avec Resolia et les actions
conduites sur ce sujet, ces dernières années, auprès des chambres d'agricul-
tures confrontées à un ambitieux projet de réorganisation sur le plan régional.
Sans oublier les entreprises qui nous font confiance, sur ce thème, depuis
maintenant plusieurs années : AXA, Crédit Agricole, ERDF, FRAM VOYAGES,
Groupe La Poste, Groupama, Mutualité Sociale Agricole, SAINT-GOBAIN,
SNCF.
Merci à tous les dirigeants et managers auprès de qui nous avons eu l'oppor-
tunité de travailler et de capitaliser l'expérience que représente cet ouvrage qui
se veut concret et pragmatique.
Remerciements..........................................................................................5
Préface..................................................................................................... 11
Introduction...............................................................................................15
2 - Le processus de coopération............................................................161
3 - L’essor du travail collaboratif.............................................................170
Conclusion..............................................................................................249
Bibliographie...........................................................................................253
À propos de l'auteur...............................................................................255
Il est deux idées fausses qui ne seront plus permises après la lecture de cet
ouvrage : la première est que le management du travail à distance constituerait
une discipline nouvelle, sans plus rien de commun avec ce que l’on appelle-
rait, par opposition, le management traditionnel. La seconde est qu’il suffirait
de saupoudrer le management traditionnel avec les fonctionnalités aujourd’hui
autorisées par le numérique pour obtenir un savant mélange répondant aux
exigences d’une équipe nomade.
Établir ces règles de telle sorte qu’elles ne formalisent ni trop ni trop peu les
rapports et les comportements des individus et des équipes relève d’un art,
parfois fort délicat. Trop de formalisation produit un effet inhibant et une passi-
vité ; trop peu de formalisation génère du flottement, de la démotivation et de
l’insatisfaction. On pourrait presque dire que la problématique du management
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peut se réduire au fait de savoir ce qu’il faut formaliser et ce qu’il ne faut pas
formaliser.
C’est vrai « sur place » comme « à distance »… si ce n’est qu’à distance cette
problématique est incontournable, alors que sur place on peut toujours gérer par
l’arbitraire les défaillances d’un management mal ficelé. Ceux qui ne sont pas
capables de structurer une relation de confiance, d’autonomie et de responsa-
bilité… font autant de mauvais managers que de mauvais « télé-managers ».
Nul ne peut prétendre avoir affaire à des êtres humains - et a fortiori les faire
travailler ensemble - sans tenir compte de toute la dimension physique, psy-
chologique et sociologique, opérationnelle et émotionnelle qui est la leur. Cela
touche la manière même de s’engager dans le travail et de trouver des repères
et des curseurs partagés entre les membres d’une même équipe, au carrefour
des exigences individuelles et des nécessités collectives. Deux exemples à
mes yeux révélateurs, tirés de l’enquête que RH info a menée sur les évo-
lutions en cours : à la question « Quel est pour vous l’objet de la révolution
digitale ? », plus de 60 % des répondants affirment : « Un nouveau mode de
collaboration et de coopération ». À la question « Quel est pour vous l’objet de
la Qualité de vie au travail ? », plus de 50 % choisissent « Recréer le sens du
collectif et le plaisir de travailler ensemble ». Aussi sont-ils 44,7 % à appeler de
leurs vœux « un changement de rôle des managers ». Ce changement est bien
l’objet de l’ouvrage que vous avez entre les mains.
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J’ai envie de conclure en affirmant à quel point les salariés peuvent eux aussi
en tirer le plus grand bénéfice, tant il est vrai qu’aujourd’hui ce sont les logiques
de collaboration et de coopération qui sont les bases d’un succès… nécessai-
rement commun ! En comprenant de l’intérieur les nouveaux modes de fonc-
tionnement à développer - le quoi, le pourquoi et le comment - c’est la nature
même du travail qui passe du funeste tripalium à l’opus : le sens de « l’œuvre »,
dans laquelle le lien social l’emporte profondément sur la subordination.
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Le télétravail propose une situation inédite qui rend son développement inéluc-
table : chaque acteur qu’il soit client, actionnaire, dirigeant, manager ou colla-
borateur peut se retrouver dans un contrat gagnant-gagnant.
Nous savons que notre vision du management a été construite autour du postu-
lat selon lequel un encadrant et ses collaborateurs se trouvent nécessairement
dans une relation de proximité physique. Cette vision incarne notre manière de
concevoir le pilotage, l’organisation et l’animation des équipes de travail.
Cette vision vole en éclats et avec elle l’approche taylorienne qui privilégie la
division des tâches, le contrôle des temps et de l’activité.
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Le manager doit faire plusieurs deuils et certaines de ses croyances sont assez
fortement remises en cause. Celui-ci ne peut plus courir plusieurs lièvres à la
fois. Il ne peut plus prétendre être un expert technique, prétendre être dispo-
nible à tous, vouloir maîtriser l’information au sein de son entité.
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DÉFIS ET SPÉCIFICITÉS
DU MANAGEMENT À DISTANCE
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Aujourd’hui, l’estimation que l’on peut faire c’est que pas moins de 25 % des
managers sont concernés par cette approche et qu’ils seront encore plus nom-
breux dans les années qui viennent.
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célèbre de Marshall McLuhan. Cette image montre bien que les personnes,
les produits et les modèles culturels circulent aussi facilement que jadis les
échanges pouvaient se faire au sein d’une communauté limitée spatialement
et qu’un processus global unifie aujourd’hui nos modes de fonctionnement.
Face à cette réalité, les entreprises multinationales ont été les premières à
mettre en place un management à distance dans un premier temps au plus
haut de la structure hiérarchique puis à des niveaux intermédiaires. Les fonc-
tions support telles que le contrôle de gestion, les ressources humaines ou
bien les entités « Recherche & développement » ont très vite mutualisé leurs
moyens et système d’information. En France, Alcatel et PSA se sont rapide-
ment inscrites dans cette démarche mais aucun secteur d’activité n’a échappé
à cette logique industrielle.
Par ailleurs, nous savons que le travail devient « offshore » et des bureaux
sont délocalisés dans des pays où le coût du travail est moindre (Europe de
l’Est, Sud-Est asiatique, Irlande…) ou qu’il offre une amplitude horaire accrue
permettant de faire fonctionner l’entreprise d’une manière continue sur la pla-
nète entière.
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Nous avons vécu pendant plus d’un siècle et demi une révolution industrielle
qui a mis l’accent sur le taylorisme et la division du travail. La recherche de pro-
ductivité était le vecteur clé de la performance. Nous voyons bien aujourd’hui
que nous sommes arrivés à un stade ultime de cette approche puisque seu-
lement 20 % des travaillleurs sur la planète suffisent pour nourrir et équiper la
population mondiale. De ce fait, de nombreux emplois industriels disparaissent
chaque année dans les pays occidentaux et ce phénomène va se poursuivre
avec notamment l’automatisation.
Dans un tel contexte, l’innovation des produits et services devient plus détermi-
nante pour la survie d’une entreprise que la productivité. Le capital humain est
plus précieux que le capital matériel ou financier. Dans le domaine de l’entre-
prenariat, le ticket d’entrée pour jouer dans la cour des grands est accessible à
un plus grand nombre d’entreprises. Des sociétés comme Google et Amazon
se sont imposés en moins d’une décennie avec peu de moyens. La clé de la
réussite s’appelle l’innovation et ces firmes savent qu’elles ne peuvent exister
que dans une économie de réseau.
L’entreprise ne peut plus vivre en vase clos. Elle doit s’ouvrir sur son environ-
nement et mettre en œuvre des démarches de coopération. Sony et Samsung
ont mis en commun, en 2003, des moyens humains et financiers pour donner
naissance à la première génération de téléviseurs LCD. L’industrie aéronau-
tique ou automobile pour survivre s’inscrit dans cette même logique.
Une entreprise comme Apple n’a plus l’ambition de recruter les meilleurs mais
plutôt celle de travailler avec eux qu’ils soient à l’intérieur ou pas de l’entreprise.
Cette société soucieuse de se démarquer et de protéger ses brevets a profon-
dément modifié son ADN en développant la coopération avec ses pairs. La
commercialisation de l’iPhone illustre cette volonté puisque ce produit proposait
dès sa création 150 000 applications différentes et la possibilité pour le client de
paramétrer son Smartphone en fonction de ses goûts et appétences. Le projet
a impliqué une communauté de 35 000 acteurs.
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L’atout concurrentiel d’une innovation, quelle que soit sa portée, a une durée
de vie limitée. Ce qui s’appréciait en années s’évalue aujourd’hui en mois. La
compétitivité nécessite des alliances et des rapprochements que vont mettre
en musique les technologies de l’information et de la communication.
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Ces dernières années, nous avons connu une grande vague de réorganisation
de ce type au sein des administrations et organisations consulaires (Chambres
de commerce et d’industrie, Chambres d’agriculture). La dernière en date en
2016 concerne la réforme territoriale avec le passage de 22 à 16 régions.
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Toutefois, soyons clairs ce choix du travail à distance n’est pas toujours subi et
il peut faire aussi l’objet d’un choix de vie. Dans ces changements d’organisa-
tion, certains collaborateurs se voient proposer des mobilités professionnelles
qu’ils refusent. Ils préfèrent conserver le même métier.
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Les jeunes générations veulent trouver un équilibre dans leur gestion du temps
entre l’activité professionnelle, la vie familiale et affective, les loisirs et le déve-
loppement personnel. Ils ne veulent sacrifier aucun de ces trois piliers et l’en-
treprise qui souhaite fidéliser ses collaborateurs devra intégrer cette nouvelle
donne.
Le télétravail est une réponse possible mais nous pouvons imaginer selon le
métier du salarié que celui-ci pourrait utiliser « à la carte » les lieux et équi-
pements mis à sa disposition par l’entreprise. Pas de poste de travail attribué
mais la possibilité d’utiliser des espaces dédiés à la concentration, au tra-
vail collaboratif, mais aussi et pourquoi pas à la détente. Des espaces de
co-working lui éviteront de perdre de précieuses heures de déplacement. Le
salarié du tertiaire deviendrait alors un « nomade intra ».
3 - L’essor du télétravail
Dans les nouvelles formes d’organisation, le télétravail mérite un traitement
spécifique tant son développement soudain dans notre pays étonne et sur-
prend même les observateurs avisés.
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Les différents acteurs étaient tous d’accord pour reconnaître que le télétra-
vail était une aventure dangereuse, mais ils ne partageaient pas les mêmes
raisons.
Syndicats et par-
Dirigeants Managers Salariés
tenaires sociaux
Perte de
Voir le temps
productivité
professionnel Inquiets sur le
Moindre recon-
Risque sur prendre le pas maintien du climat
naissance de
l’engagement sur le temps social
l’autorité
et le sentiment personnel
Développement
d’appartenance Affaiblissement
Risque de s’éloi- du chacun pour soi
de leur statut
Faible confiance gner du pouvoir (individualisme)
dans la capacité Incapacité à de décision
Conséquences
des managers à suivre l’état réel
Perte de lien néfastes pour
mettre en appli- de la production
social avec l’emploi
cation une telle
collègues
transformation
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Il a fallu attendre les années 2000 pour voir apparaître une autre vision du
télétravail et la mise en place d’expériences concluantes. Le télétravail faisait la
preuve de son efficacité. Il pouvait concilier les intérêts de l’entreprise et ceux
des salariés.
Toutes les études le prouvent : les salariés qui étaient au départ plutôt réticents
à cette approche sont rassurés par les résultats. Il y a un réel engouement
chez les jeunes générations qui d’ailleurs en font un critère de sélection des
entreprises. Une entreprise qui ne s’engage pas dans un projet de télétravail
n’est pas une entreprise qui mérite leur confiance.
Le secteur public accuse un léger retard dans cette mise en place mais des
expériences pilotes existent et vont permettre prochainement une extension
efficace au sein des ministères et des collectivités territoriales. La sécurisation
de l’information se pose d’une manière encore plus aiguë que dans le secteur
privé et cela explique notamment la prudence de cette mise en place car cha-
cun est bien conscient que le processus est potentiellement risqué.
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Dans les faits, il est encore trop fréquent chez certains dirigeants et managers
de mettre sous tutelle l’organisation et de pouvoir ainsi mieux maîtriser notam-
ment les contributions des salariés à travers les fonctions « support ».
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Concentrons dans l’immédiat notre intérêt sur les situations concrètes dans
lesquelles peuvent se retrouver les managers à distance.
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Il dispose d’un équipement qui lui permet d’être en liaison permanente avec sa
base de données et son entreprise.
La pratique la plus répandue est qu’il passe une journée par semaine ou par
quinzaine dans l’entreprise pour garder contact avec la structure et participer
aux réunions organisées par sa hiérarchie.
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Ces lieux se sont récemment développés sur des initiatives privées mais aussi
publiques. Les maisons de l’État par exemple sont généralement créées dans
les locaux des sous-préfectures. Elles permettent une rationalisation dans la
gestion des déplacements des agents liés à la réforme territoriale mais elle vise
aussi une meilleure visibilité de la présence de l’État dans les territoires qu’ils
soient ruraux, urbains ou périurbains. La mutualisation des locaux se traduit
aussi le plus souvent par celle de quelques fonctions support.
Il est intéressant de constater qu’une vie sociale s’organise entre ceux qui
fréquentent d’une manière assidue ces lieux et que des apports mutuels de
méthodes s’effectuent à travers les échanges informels.
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Parfois, la séparation d’un étage à l’autre suffit pour voir les pratiques se cloi-
sonner en profondeur. L’expérience montre que pour créer une frontière il suffit
parfois d’un seul couloir ou de portes fermées.
La proximité relationnelle est donc avant tout une histoire d’état d’esprit… mais
nous mesurons rapidement la baisse dans la fréquence des échanges entre
les membres d’une équipe lorsque l’implantation des locaux impose une dis-
tance géographique.
Pour un manager à distance, le paradoxe est que piloter une équipe regroupée
sur deux sites situés à plus d’une centaine de kilomètres l’un de l’autre pré-
sente potentiellement moins de difficultés que celui de devoir gérer plusieurs
collaborateurs travaillant d’une manière isolée à quelques kilomètres du site
pilote. Dans les relations, la distance géographique modifie tous les repères
car la communication informelle et physique ne fonctionne plus d’une manière
naturelle.
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Nous savons que d’une manière plus subtile encore existent des cultures spé-
cifiques par « métier » ou par « site » qu’un manager doit être en mesure
d’analyser. Un service informatique va avoir sa propre culture métier mais lors
d’une fusion entre deux établissements, il pourra être constaté des différences
dans les manières de penser et d’agir. Les réorganisations génèrent parfois
des incompréhensions et frustrations par méconnaissance de cette réalité. La
culture c’est l’identité d’un groupe.
Si les collaborateurs ressentent qu’ils ne sont pas reconnus dans leur singu-
larité individuelle et collective (histoire, compétences…), l’éloignement rela-
tionnel va s’accroître. La distance culturelle peut alors s’avérer plus délicate à
gérer que la distance géographique. L’expérience montre que dans le cas d’un
regroupement d’entités, les salariés seront soucieux de vérifier rapidement si
l’équité est respectée. Ils vont observer avec attention le temps consacré par
le manager sur chaque site, le niveau d’autonomie accordé à chaque site, le
choix des procédures et outils d’organisation.
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Le problème c’est que sans une réelle prise de conscience de cet état de fait le
fossé s’agrandit pour devenir rapidement ingérable. La fracture numérique est
un enjeu insoupçonné.
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2. 5 - La distance temporelle
Une équipe qui travaille sur des fuseaux horaires différents doit faire face à
un niveau de complexité supplémentaire. La distance et le décalage horaire
entraînent un délai entre le moment où le problème est identifié, communiqué
aux différents interlocuteurs, analysé puis résolu collectivement. Pas facile de
gérer d’une manière réactive des questions urgentes lorsqu’il y a 5 ou 6 heures
de décalage horaire. L’équipe perd en crédibilité vis-à-vis de sa hiérarchie, de
ses partenaires et de ses clients.
De fait, les créneaux pour travailler ensemble se réduisent fortement mais cette
contrainte peut aussi devenir une opportunité dans le choix de l’organisation
retenue et en faire un atout concurrentiel.
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La réalité n’est pas aussi simple à vivre car d’une part chacun n’est pas forcé-
ment préparé à assumer une grande autonomie (voire solitude) dans le travail,
d’autre part ce type d’organisation génère en soi de l’anxiété et des besoins
nouveaux dans le domaine relationnel.
Évidemment, cette réalité est plus prégnante dans le domaine du télétravail car
les personnes concernées découvrent une situation inédite. Plus de débriefing
le matin pour lancer la journée, plus de déjeuner avec les collègues ou de
temps informel à la machine à café. Être à distance implique une organisation
très maîtrisée et une capacité à gérer le stress. Loin des yeux, loin du cœur…
avec ce sentiment de ne plus être autant considéré et reconnu que dans les
locaux de l’entreprise.
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Il est intéressant de constater que cette distance représente une limite qui
oblige le plus souvent à la mise en place d’une fréquence hebdomadaire de
visite du second site et l’obligation de préserver ce déplacement par une pla-
nification rigide.
Afin, d’utiliser au mieux le temps de cette visite des rencontres formelles (réu-
nions, entretiens) se succèdent d’une manière parfois excessive car cela ne
laisse guère de place aux échanges informels.
Une journée très fatigante qui gagnerait parfois à se prolonger sur place par
une seconde journée consécutive mais le manager ne dispose pas toujours de
cette possibilité sur le plan financier ou logistique.
Ce qui est vrai pour l’encadrant se constate aussi pour les membres de l’équipe
qui peuvent difficilement démultiplier les déplacements sur le second site et qui
souvent d’ailleurs ne le souhaitent pas vraiment.
Lorsque l’effectif est réparti d’une manière équilibrée entre deux ou trois sites,
il est cohérent d’organiser les contraintes de déplacement, en évitant que cela
soit toujours les mêmes qui en subissent les conséquences.
La complexité liée à la distance ne doit pas être sous-estimée mais ne doit pas
être vécue comme un frein à la performance collective.
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tecter les incompréhensions. Les attitudes sont très parlantes et nul besoin
d’organiser un feed-back pour savoir à quoi s’en tenir. De la même manière,
une personne absente va naturellement être informée par ses collègues sans
qu’un dispositif particulier soit mis en place par le manager.
Les risques d’interprétation sont plus grands dans les échanges à distance et
l’autonomie accordée aux collaborateurs suscite des prises d’initiative qui peu-
vent s’avérer contre-productives. Il faut bien évidemment intégrer ce danger
sans se polariser sur les erreurs qui font partie de l’action. L’enjeu central est
bien de faire de la coordination une responsabilité partagée dans laquelle cha-
cun joue sa partition. Seul, le manager ne peut réussir dans ce domaine et nous
aurons l’occasion d’analyser cette finalité dans la seconde partie consacrée à
l’organisation des activités.
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Nous l’avons vu, la distance sous ses différentes formes joue un rôle amplifica-
teur dans la gestion des défis posés à tout manager.
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Un manager qui prend pour la première fois une telle fonction va devoir repen-
ser ses fondamentaux et adapter ses pratiques au contexte et aux caractéris-
tiques de l’équipe. Le fait de prendre en charge une équipe déjà existante ou
un groupe en formation présente deux situations distinctes.
Dans les deux cas, l’approche consiste à identifier les enjeux sur lesquels il
faudra agir et les priorités de management à piloter à court et moyen termes.
Le visuel, ci dessous, identifie ceux que l’on retrouve le plus souvent.
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Un manager qui ne connaît pas ses collaborateurs est un peu comme une
personne qui pénètre dans un local inconnu sans avoir mis préalablement la
lumière. Il va nécessairement trébucher sur des obstacles. Toutefois, les dé-
gâts matériels ne sont rien à côté des dégâts humains. Un manager à distance
se remettra difficilement d’un mauvais démarrage. À vouloir construire trop vite
une organisation, il prend le risque de construire son propre isolement.
À ce titre, le manager doit s’appuyer sur la formalisation pour clarifier les rôles
et les missions, puis sur les objectifs et indicateurs de suivi. L’organisation doit
être rapidement lisible dans ses attendus et ses normes : productivité, qualité
ou sécurité.
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L’enjeu porte sur la clarification du qui fait quoi et sur une décentralisation sti-
mulante et acceptée des responsabilités. En cas de fusion, la démarche de-
vient plus complexe à mettre en musique car il faut prendre en compte (ou pas)
l’histoire des équipes, les statuts, les attentes et compétences des intéressés.
En fait, la réalité est tout autre… Nous vous proposons d’identifier ici les atouts
et les bénéfices du management à distance.
Impossible dans une telle configuration de faire les choses à moitié. Le mana-
ger à distance doit s’investir pleinement dans sa mission. Il doit lâcher prise et
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La distance a des vertus et permet une prise de distance qui apporte une réelle
valeur ajoutée dans la manière de piloter et animer l’équipe. La contrainte
temps oblige aussi à faire des choix rentables.
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Cette situation s’apparente à des situations que l’on peut observer dans le
domaine sportif et le football notamment. L’absence du meilleur joueur est au-
tomatiquement compensée par les autres membres du groupe qui, consciem-
ment ou pas, prennent une place plus importante dans le fonctionnement du
collectif.
Et cette autonomie est souvent bien vécue par les intéressés car ils n’ont plus
le sentiment d’avoir un « chef sur le dos ». L’expérience montre que le colla-
borateur devient paradoxalement plus demandeur de contact avec sa propre
hiérarchie dans un management à distance. En effet, le phénomène de rareté
donne une plus grande valeur aux échanges avec l’encadrement direct.
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outils nouveaux et il n’y a pas non plus de recettes miracles. En effet le mana-
gement à distance n’est rien d’autre que du management… et la performance
repose principalement sur la capacité d’adaptation de l’encadrant et sur son
savoir-être. Là encore, il est impossible de faire ce métier sans se donner les
moyens de réussir.
En fait, c’est l’exigence requise dans le choix des postures et des méthodes qui
lui confère toute sa spécificité.
Les managers efficaces sont rarement mis en difficulté par la distance. L’éloi-
gnement, en revanche, perturbe ceux qui ne maîtrisent pas les fondamentaux
de ce métier et qui se retrouvent alors à devoir compenser personnellement les
insuffisances du système de management mis en place.
La finalité n’est pas de faire plus… ce qui représente une fuite en avant dont
on peut à l’avance prédire l’issue… mais de faire autrement. Avoir la tête dans
le guidon est une posture qui va très rapidement inquiéter la hiérarchie directe.
Elle va aussi générer une situation de stress qui va contaminer l’ensemble de
l’équipe.
Le manager à distance doit disposer plus que tout autre d’une vision claire du
développement de son équipe et de sa capacité à se mouvoir dans un environ-
nement complexe.
Soyons clairs : personne ne lui demande de définir une stratégie à trois ans
sur le devenir de sa propre équipe et ses potentialités mais par contre il doit
avoir une vision claire et communicative de ce que doit faire cette équipe pour
assumer pleinement ses missions.
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Nous vous proposons de clarifier ici, les 8 leviers sur lesquels il vous sera
possible d’asseoir votre légitimité de manager lorsque votre mission impose
de gérer à distance au moins une partie conséquente de votre effectif.
Ces 8 leviers sont abordés ici d’une manière synthétique mais chacun d’entre
eux sera ensuite approfondi dans les trois parties suivantes de l’ouvrage.
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Les initiés savent que « le jeu sans ballon » est déterminant dans la perfor-
mance d’une équipe et que les prises d’initiative réalisées lors d’un match sont
le reflet des mouvements travaillés à l’entraînement.
Les formes d’ajustement et de régulation qui existent dans les équipes regrou-
pées dans le même espace géographique sont plus difficiles à reproduire dans
un environnement multisite : en effet, les bureaux physiques permettent des
échanges fréquents et non planifiés, les régulations peuvent s’opérer rapide-
ment, sur le vif, sans trop de formalisme.
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Les sujets ne manquent pas : préparation d’un dossier, contenu et suivi des
réunions, briefing téléphonique, gestion de la documentation, mise à jour de
l’agenda partagé, coordination, adaptation des procédures…
L’utilisation rationnelle des outils est le second volet de cette approche. À quel
moment faut-il utiliser la messagerie électronique, la visio-conférence, le wiki
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Un tel questionnement qui peut paraître basique offre, en tant que tel, un sur-
plus d’efficacité et de cohésion fonctionnelle entre les acteurs.
Le repérage des signaux faibles à travers ces micro changements que l’on doit
détecter le plus tôt possible est la meilleure garantie pour gérer les tensions
et conflits car une difficulté peut rapidement prendre une ampleur qu’elle ne
prendrait pas dans un fonctionnement plus classique et intégré. Le traitement
d’un désaccord est plus complexe à gérer au téléphone que lors d’un entretien
en face-à-face. Voilà pourquoi il faut être vigilant.
57
Le manager à distance doit savoir utiliser les temps forts (réunion, entretien
individuel, point téléphonique…) mais aussi ce que sont les temps faibles :
échange informel, pause-café, repas pris en commun. Ce sont des moments
précieux où les confidences se font sur les projets, les envies et les peurs.
Une bonne alternance est à respecter entre ces deux approches car elles se
renforcent mutuellement.
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La supervision directe n’est plus possible. Le contrôle sur les réalisations peut
difficilement s’exercer de visu. Il faut faire confiance tout en prélevant suffisam-
ment d’informations pour suivre l’état d’avancement des travaux.
59
Lors d’une prise de fonction, chacun se souvient des efforts particuliers qu’il
doit s’imposer pour faire face aux situations à gérer. Un manager doit acquérir
de nouveaux repères dans le domaine du pilotage et de l’organisation du tra-
vail. Il en est de même pour le manager à distance qui découvre ce métier et
ses spécificités. C’est le même métier en apparence mais dans le vécu… il est
profondément différent.
61
Nous avons vu en quoi l’approche sur la distance qu’elle soit physique ou cultu-
relle permet notamment de mesurer le niveau d’adaptation à prévoir. Il n’y a
pas deux situations qui soient comparables.
62
Un manager à distance doit intégrer cette réalité au risque d’avoir par la suite
un positionnement flou et ambigu.
Créer une relation de confiance avec les membres de son équipe nécessite
d’avoir confiance en ses propres possibilités. Inutile alors de se fixer des chal-
lenges impossibles à atteindre. Un manager à distance n’a pas d’autres choix
que de faire confiance : cela ne signifie pas pour autant qu’il donne les clés du
camion sans fixer des règles du jeu précises.
Les managers qui sont amenés à encadrer des travailleurs à distance craignent
avant tout la perte du lien de subordination. La distance est perçue comme une
contrainte qui ne permet pas de mettre en place un contrôle digne de ce nom.
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Pas
Tout Pas
N° Pratiques de management Plutôt du
à fait vraiment
tout
Transmettre au quotidien des
1 consignes précises pour cadrer les X
contributions
Clarifier le qui fait quoi et les circuits
2 X
de décision
Mettre en place des procédures et
3 modes opératoires pour harmoniser X
les pratiques
Savoir gérer les tensions et les conflits
4 X
entre les membres de l’équipe
Apporter son expertise technique sur
5 X
les dossiers importants
Proposer à l’équipe une vision à
6 X
moyen terme du développement
Réaliser des contrôles impromptus
7 X
pour vérifier la qualité du travail
Fixer des objectifs individuels et négo-
8 cier avec les intéressés les moyens X
pour y parvenir
9 Favoriser l’autoformation X
Être à l’écoute des signaux d’alerte :
10 X
difficultés personnelles
Anticiper les évolutions liées à
11 l’environnement professionnel : autres X
services, clients et fournisseurs
Faire respecter les règles de
12 X
fonctionnement
Favoriser la communication informelle
13 X
avec et entre les membres de l’équipe
Conduire une démarche d’amélioration
14 X
continue
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Pas
Tout Pas
N° Pratiques de management Plutôt du
à fait vraiment
tout
Mettre en place des réunions
15 d’échanges pour renforcer la cohésion X
interne
Développer la convivialité et l’envie de
16 X
partager
Faire une évaluation prévisionnelle de
17 X
la charge de travail
Disposer chaque semaine d’un repor-
18 X
ting précis de la production réalisée
Répondre d’une manière très réactive
19 aux demandes d’information de sa X
hiérarchie
Être disponible à tout moment aux
20 collaborateurs pour répondre aux X
sollicitations
Nous vous proposons de découvrir les réponses à vos interrogations dans les
chapitres suivants.
65
Le manager à distance doit savoir situer sur chacun de ses domaines le cur-
seur de manière à développer l’efficience de son équipe :
66
Une petite anecdote pour situer ce propos. Un manager expliquant son métier
à ses collaborateurs choisit pour marquer les esprits d’utiliser la formule sui-
vante « faites le travail, je m’occupe du reste ». Elle résume finalement assez
bien le fait que ses contributions sont souvent méconnues par ses collabora-
teurs lorsque celui-ci n’agit pas sous l’impulsion de l’actualité immédiate ou
dans l’urgence des situations. L’activité d’un manager c’est souvent la partie
non apparente de l’iceberg.
Cela ne veut pas dire qu’un manager doit se désintéresser des événements
journaliers car ils nourrissent sa réflexion mais ils ne doivent pas être le vecteur
de sa contribution. Ses choix relèvent de l’importance et pas de l’urgence, sauf
cas de force majeure.
Un manager à distance est clairement centré sur l’importance des enjeux plus
que sur l’urgence des situations.
Se projeter dans le moyen terme peut être un exercice très facile pour certains
managers très soucieux d’anticiper et de préparer les lendemains qui chantent.
Et à l’inverse, pour d’autres cette démarche est très complexe à mettre en
place.
67
ses activités, faire des listes, suivre l’état d’avancement. Il préfère faire une
chose à la fois, accomplir une tâche avant d’en commencer une nouvelle.
-- Un manager à dominante polychrone ne ressent pas naturellement le besoin
de structurer son temps, aime changer d’activité en fonction de l’actualité im-
médiate. Respecter une échéance n’est pas une obsession si d’autres priori-
tés s’imposent à lui. Il n’éprouve pas le besoin d’établir des plans d’action. Il
apprécie le travail en mode multitâche. Passer d’une activité à l’autre est à la
fois pour lui motivant et productif.
Cette relation au temps peut être une clé de compréhension de son positionne-
ment dans le métier. Un manager à distance ne peut pas faire l’impasse sur la
préparation du moyen terme et les polychrones auront nécessairement à faire
des efforts pour s’adapter à cette réalité.
Contrôle Autonomie
++ + + ++
Une petite anecdote pour illustrer ce propos. Une assistante de direction disposant
d’un cursus universitaire reconnu (maîtrise en histoire) faisait preuve pour son
manager d’une grande incapacité à rédiger notamment des courriers de nature à
promouvoir l’image de l’entreprise mais plus basiquement encore à respecter la
syntaxe et les règles grammaticales. Cette collaboratrice par ailleurs dévouée et
efficace dans la programmation et la coordination des travaux était devenue une
68
69
En cas d’arrivée dans une organisation déjà existante la sagesse consiste sou-
vent à entériner dans un premier temps l’organisation existante afin de faire
ensuite progressivement évoluer les méthodes en tirant profit de l’expérience
acquise.
Stabilité Changement
++ + + ++
Le changement n’est pas une fin en soi… mais il permet d’accroître l’efficacité
individuelle et collective. L’amélioration continue incarne plus que les innova-
tions de rupture ce que représente cette volonté de changement qui en perma-
nence adapte l’entité à son environnement professionnel.
Nous voyons bien que ces deux démarches sont indissociables… et qu’elles
se renforcent mutuellement.
Une équipe est une somme d’individualités et le manager à distance doit plus
qu’un autre exceller dans sa capacité à s’adapter aux différentes personnes qui
constituent son collectif de travail.
Individualisation Collectif
++ + + ++
70
mesure mon importance dans le groupe que je suis prêt à contribuer à son
développement.
Dans le prolongement de cette analyse, nous aimerions mettre l’accent sur les
composantes de l’emploi du temps.
Toutes les activités dans son emploi du temps (de 30 à 50 selon les cas) se
retrouvent en situation de concurrence sans pour autant avoir le même degré
d’importance au regard des enjeux internes et externes.
71
Il est intéressant de constater que dans celui-ci il y a des manières très diffé-
rentes d’organiser son temps de travail. Ce n’est pas une situation illogique
dès lors que le contexte et les compétences d’une équipe peuvent différer
d’une entité à l’autre et, par là même, arbitrer des choix différents. Toutefois,
nous parlons ici de choix c’est-à-dire d’une stratégie voulue dans l’exercice du
métier.
72
Valeur
Valeurajoutée dumanager
ajoutée du manager
Pilotage et
animation
Gestion de la production
Production
Production
Assistance technique sur dossier complexe
Tâches administratives
Représentation ou traitement d’un litige
Gestion de production
Organisation du travail quotidien
Coordination des travaux
Contrôle et suivi de l’activité
Pilotage et animation
Fixation des objectifs et amélioration continue
Développement des compétences
Prise en compte des attentes et motivations
Ces trois types d’activité s’inscrivent dans l’emploi du temps d’un manager à
distance mais ils ne représentent pas le même retour sur investissement.
Un manager doit savoir alterner réflexion et action. Il doit être proactif plus que
réactif et mettre son action au service de sa réflexion. Cette posture est fonda-
mentale et c’est un point clé de l’analyse qu’il faut conduire. Là où un manager
mono-site peut gérer son métier en consacrant selon son effectif de 30 à 50 %
de son temps aux activités de pilotage et d’animation, un manager à distance
doit pour sa part se situer au minimum à 70 % dans ce registre pour pouvoir
faire face à ses obligations.
Une telle situation fait qu’il ne peut plus subir les événements mais faire en
sorte de les prévenir ou de les provoquer. Il ne peut pas attendre que les pro-
blèmes surgissent pour les régler que ce soit avec les clients ou les collabora-
teurs. Nous verrons en quoi sa manière d’animer doit lui permettre de détecter
les signaux faibles et de prendre l’initiative.
73
Les choix des priorités doivent en fait coupler trois niveaux de réflexion :
-- L’enjeu que représente le sujet en tant que tel (sécurité, économique, social,
qualité de service, coopération avec l’environnement) et si celui-ci relève de
plusieurs enjeux il va prendre une place privilégiée dans l’emploi du temps.
-- Le niveau de responsabilité concerné par le sujet : certains enjeux relèvent
de son périmètre d’action, d’autres de ses collaborateurs, voire de ses collè-
gues ou de sa propre hiérarchie.
-- Le niveau de réalisation de l’activité : l’exemple suivant va permettre de mon-
trer la hiérarchie des valeurs entre activité de production, gestion de produc-
tion, et pilotage et animation.
Retour sur
Activités Niveaux
investissement
Recueil des données Production Faible
Dans sa propre gestion du temps, le manager doit déléguer le recueil des don-
nées et l’évaluation des résultats à un collaborateur pour s’investir pleinement
sur l’élaboration du plan d’action. C’est là que son temps est le plus rentable.
Faire faire plutôt que faire. Une telle analyse met en relief des constats inté-
ressants : celui notamment de consacrer trop de temps à faire de l’assistance
74
75
PILOTAGE ET ORGANISATION
DES ACTIVITÉS
77
Le management à distance n’est pas acquis et les salariés ont plutôt un a priori
négatif quant à la réussite possible d’un tel modèle. Une inquiétude qui peut
parfois se traduire par de la méfiance, voire de l’hostilité. Cette même résis-
tance est perceptible aussi, à un degré moindre, dans le télétravail.
79
Le manager à distance a, sans nul doute, encore plus à démontrer son aptitude
au pilotage qu’un manager sédentaire. Nous vous proposons de mettre à plat
les méthodes et postures à promouvoir en commençant par clarifier la raison
d’être de l’entité ainsi que sa la vision sur le court et le moyen terme.
Un service de contrôle peut s’interroger par exemple sur le fait de savoir si son
utilité consiste à faire des constats ou des recommandations ou bien encore
celle de savoir si sa vocation est de sensibiliser,former ou sanctionner.
Revenir sur les fondamentaux de l’organisation évite des dérives que l’on
constate trop souvent à savoir des équipes incapables de hiérarchiser leurs
activités et d’afficher une vision claire et précise de leur raison d’être. Il est
impossible de mettre en place une organisation au sein d’une équipe lorsque
les limites du terrain de jeu restent imprécises et que la gouvernance globale
soulève de la confusion.
Une entité n’a pas vocation à définir par elle-même son utilité au risque sinon de
remettre en cause la cohérence des interactions avec les autres entités. Il est
indispensable dans un contexte mouvant et instable de se poser à fréquence ré-
gulière la question de savoir ce qu’est le périmètre de responsabilité d’un service
car les changements de trajectoire sont souvent insidieux ou liés au contexte.
80
Chacun comprend bien qu’une telle « dérive » n’est pas un cas isolé et que l’on
s’habitue à fonctionner ainsi par choix ou soumission. Il peut être enthousias-
mant de s’octroyer de nouvelles missions ou de compenser les insuffisances
de l’organisation existante mais dans le management à distance cette réalité
peut rapidement prendre des proportions qui deviendront ingérables.
81
Elle apporte un cadre stabilisé des invariants et sa mise à jour peut se faire une
fois par an de manière à vérifier la cohérence de l’organisation mise en place
au regard des transformations de l’environnement et des choix stratégiques.
Cette vision agit comme une courroie de transmission sur l’autonomie et l’enga-
gement des acteurs et sur la cohésion du collectif. Faute de savoir où l’on veut
aller, les collaborateurs ne seront pas en capacité de trouver leurs marques sur
un plan individuel et collectif.
2 - Le diagnostic de l’entité
Être visionnaire est une aptitude qui peut être réservée à certains, définir une
vision du développement est à la portée de tous les managers, et cette dé-
marche est incontournable pour conduire son équipe.
82
Son aptitude à être un pilote efficace fait appel à sa capacité à évaluer les
résultats, faire des choix de priorités et conduire les évolutions attendues à
travers un plan d’action.
Démarche de pilotage
83
Voici un tableau des facteurs externes qui vous permet d’identifier les évolu-
tions en cours et de mesurer l’impact positif ou négatif qu’ils pourront avoir, à
terme, sur le niveau de performance actuel de l’entité.
Enjeu Commentaires :
N° Facteurs externes
Oui/Non ce qui change…
Orientations stratégiques : mise en valeur
1 nouvelles priorités au niveau entreprise ou
direction des opérations…
Situation économique et concurrence : baisse
2 ou hausse du pouvoir d’achat des clients
pouvant impacter l’activité commerciale…
Évolutions technologiques : équipements
ou nouveaux outils mis à disposition sur les
3
postes de travail et dans la gestion de la
relation client…
Organisation : évolution dans la structure (qui
4 fait quoi), apparition de nouvelles activités ou
méthodes de travail…
Politique RH : adaptation du règlement
5 intérieur, des procédures en relation avec la
législation sociale, rémunération, évaluation…
Règlementation : modification dans les as-
6 pects juridiques et les pratiques contractuelles
de l’exercice du métier…
Besoins émergeants des clients : évolution
dans les attentes et le niveau d’exigence
7
à prendre en compte pour développer la
satisfaction…
Image externe de l’équipe : perception au sein
8 de la direction et de l’entreprise du niveau de
professionnalisme et de cohésion…
84
L’analyse des facteurs externes permet une approche plus pertinente du ni-
veau de performance réel des facteurs internes de fonctionnement de l’équipe.
Nous vous proposons une liste non exhaustive mais qui permet d’appréhender
les différents aspects du fonctionnement.
Disposer d’une check-list que l’on peut parcourir d’une manière méthodique
permet d’avoir cette vision globale indispensable au pilotage. Il est toujours
possible dans un second temps de zoomer un résultat en exploitant les indica-
teurs disponibles ou en réalisant une étude spécifique.
85
Cette connaissance est requise pour tous les managers mais elle est ici la clé
qui va permettre de travailler sur le mode de la confiance. Ne pas connaître les
aptitudes et modes de fonctionnement de ses collaborateurs c’est comme se
trouver dans une pièce sans lumière.
Nous vous proposons ici la fiche de synthèse que peut concevoir un manager
afin de garder à l’esprit les attentes, aptitudes et compétences spécifiques ainsi
que les axes de progrès prioritaires.
86
Sans faire un grand effort, un manager peut donc construire un tableau des
compétences acquises et requises de son entité et pouvoir prendre dans le
domaine de pilotage des décisions concernant le plan de formation, le qui fait
quoi, le planning des congés.
87
Mode d’emploi
Le niveau de maîtrise de chaque collaborateur de 1 qui équivaut à un niveau de
maîtrise totale à 0 qui peut tout simplement indiquer que le collaborateur n’est
pas concerné. Les niveaux intermédiaires situent le niveau de maîtrise actuel.
Le fait de pouvoir obtenir un indice global (en additionnant les scores indivi-
duels) n’a qu’une valeur relative puisque chacun sait que deux demi-compé-
tences ne sont pas l’équivalent d’une compétence.
88
La capacité à donner du sens aux objectifs prend son sens dans les enjeux et
la cohérence oblige à les limiter en nombre afin de leur donner les meilleures
chances de réussir par l’organisation mise en place.
Et là, nul doute que le manager devra arbitrer ce qui est prioritaire et ce qui
ne l’est pas… à travers les enjeux humains, techniques et économiques. Les
priorités deviennent rapidement inflationnistes et le manager ne peut pas vrai-
ment compter sur son environnement professionnel pour faciliter sa prise de
décision.
89
La cohérence oblige à faire des choix selon des principes qui guident l’action.
Nous pensons notamment à la Loi de Pareto qui rappelle que 20 % des actions
représentent pour une période donnée 80 % de la valeur ajoutée attendue.
Par ailleurs, la courbe de Gauss rappelle que le niveau d’importance des prio-
rités au regard de la période concernée (par exemple 6/12 mois) doit pour être
opérant se répartir de la manière suivante :
A B C D
20 % 30 % 30 % 20 %
90
Exemple
Lors d’une réorganisation liée à la réforme de l’État plusieurs centaines de
managers se sont retrouvés à devoir manager des collaborateurs localisés
sur des sites situés à plusieurs centaines de kilomètres. Dans cette phase de
démarrage, peu d’entre eux ont perçu l’obligation de travailler prioritairement
sur la cohésion des agents à travers une démarche de team building. La consé-
quence de ce choix a été de se retrouver quelques mois après dans une situa-
tion de tensions et conflits où chacun avait le sentiment d’être le perdant de la
réorganisation. Le fait de privilégier dans la précipitation les aspects techniques
avec notamment l’harmonisation des procédures est un choix qui peut rassurer
le manager mais qui peut avoir un effet inverse sur les collaborateurs.
91
Objectifs de moyens
ou activités Objectifs de performance
92
93
Clarifier le qui fait quoi au sein de son entité oblige à prendre en compte la
structure de l’entreprise et les relations avec l’environnement : autres services,
fournisseurs, clients, organismes externes, partenaires.
95
Elle doit faire descendre son point de gravité et de fait décentraliser le pouvoir de
décision au plus près du terrain pour être en capacité de fonctionner en temps
réel et flux tendu. Une équipe à distance n’échappe pas à cette règle et doit être
en mesure de proposer plusieurs points d’entrée distincts pour gérer la com-
plexité des échanges avec les autres entités. Le manager ne peut plus être la
seule interface et il doit déléguer pour élargir le socle et accroître la réactivité.
96
97
mieux domestiquer la nouvelle génération d’outils que sont les réseaux sociaux
d’entreprise et les plates-formes collaboratives.
La question consiste à savoir comment utiliser au mieux ces outils pour déve-
lopper la délégation, la coconstruction dans l’analyse et la gestion des projets,
mais aussi l’harmonisation des méthodes de travail.
98
Toutefois, le retour à la situation antérieure est toujours mal vécu et il est pré-
férable de prendre en amont les précautions qui s’imposent.
Cette mise en place pour réussir oblige une vraie réflexion en amont où le
collaborateur pourra mesurer les avantages du changement mais aussi les
contreparties qu’il devra assumer dans le fonctionnement quotidien.
Cela nécessite :
-- Une mise en place des processus et des activités dans lesquels le télétravail-
leur est impliqué et selon quelles modalités : fréquence, mode de reporting…
-- Des objectifs et des livrables clairement définis avec une estimation préa-
lable de la charge de travail prévisible.
99
Cette mise à plat permet d’objectiver les points de vigilance, de calibrer les
moyens et modalités de contrôle à mettre en œuvre.
En conclusion, nous voyons bien qu’il est indispensable d’aborder ces trois
aspects d’une manière quasi simultanée car les contraintes liées au volet tech-
nique ou logistique pourraient très vite rendre caduc le projet. Nous verrons
dans la partie 4 la démarche de contractualisation qu’il s’agit de mettre en œuvre
avec le collaborateur pour s’inscrire dans une démarche gagnant-gagnant.
Cette approche ne se limite pas aux frontières de l’équipe mais elle englobe les
relations de chaque membre avec l’environnement, à savoir les autres entités
de l’entreprise, les clients et les fournisseurs.
100
Elle vise, dans un premier temps, à clarifier les acteurs que nous appellerons
fournisseurs au sens organisationnel du terme puisqu’ils alimentent à travers
leurs sollicitations et demandes la charge de travail du service. Ils sont en
amont des activités réalisées par l’équipe. En faire la liste permettra de mieux
identifier les flux et la manière de les gérer efficacement. Cette liste devra aussi
intégrer les projets à conduire sur la période concernée car ils constituent une
partie de la charge de travail qu’il faudra gérer.
ACTIVITÉS / PROJETS
FOURNISSEURS CLIENTS
MOYENS HUMAINS
101
La cohésion émerge comme un axe prioritaire lorsque les cultures sont diffé-
rentes d’un site à l’autre et que la volonté de développer un sentiment d’appar-
tenance représente un enjeu central. Faire travailler ensemble sur des projets
ou activités des personnes situées sur chaque site est un choix qui peut s’avé-
rer plus coûteux mais ô combien rentable pour le climat social.
102
La polyvalence pour sa part vise à réduire les risques identifiés sur l’état des
compétences en sécurisant la réalisation de certaines tâches. Nous pensons
ici à la création de binômes ou à l’organisation de l’intérim ou de la suppléance
en cas d’absence ou de surcharge de travail épisodique.
À retenir
L’organisation peut atteindre une ou plusieurs finalités mais à un certain mo-
ment celles-ci peuvent être en contradiction. Il n’y a pas de bonne ou de mau-
vaise organisation en soi, mais des organisations qui sont adaptées ou qui ne
le sont plus. Et dans ce domaine, le manager devra être clair sur les priorités
à retenir. À vouloir poursuivre trop de buts à la fois, il pourrait n’en atteindre
aucun.
103
La question consiste ensuite à savoir comment les répartir et penser les rela-
tions internes pour que l’organisation puisse se doter des automatismes néces-
saires en utilisant au mieux les compétences et motivations.
L’organisation du travail est clairement initiée par la question du qui fait quoi.
Nous ne sommes plus à l’époque des temps modernes et de la mécanisation.
104
Plus que la seule autonomie, l’organisation du travail doit être capable d’ins-
taurer une interdépendance entre les acteurs. L’organisation devient alors une
responsabilité partagée. La responsabilisation individuelle est au service de
la performance collective et cette réalité doit prendre forme dans les automa-
tismes quotidiens. L’analogie avec le football est intéressante. Les entraîneurs
aiment bien parler du bloc équipe. Chacun est à sa place dans le système de
jeu mais chacun contribue aussi à la performance des autres. C’est ce que l’on
appelle l’intelligence collective…
Les interactions qui vont naître de l’organisation mise en place vont permettre
à l’équipe de dépasser le niveau de performance individuelle.
3. 5 - La pratique de la délégation
La mise à plat de l’organisation du travail va forcément entraîner pour le mana-
ger une profonde remise en cause de sa propre utilité dans le fonctionnement.
Cette démarche pragmatique va progressivement lui permettre de répondre à
cette question tout comme il pourra le faire pour chaque membre de l’équipe.
105
La fiche de fonction est un support qu’il faudra actualiser, dès que nécessaire,
et la périodicité annuelle est une fréquence adéquate. Sa formalisation pourrait
se construire autour des 3 éléments listés ci-dessous.
1. Fonctions générales
La description des fonctions générales synthétise, pour la personne, les prin-
cipaux rôles et activités relevant des attributions de l’intéressé et ses relations
hiérarchiques ou fonctionnelles avec les acteurs avec lesquels il est en interac-
tion sur le plan professionnel.
3. Délégations confiées
Une délégation est un transfert de mission qui s’effectue du délégant au dé-
légataire dans un cadre précis et pour une durée déterminée à l’avance. Le
premier doit créer les conditions pour que le second puisse exercer la mission
confiée dans les conditions souhaitées mais la responsabilité du résultat reste
auprès de l’environnement celui du délégant. Il s’agit d’un contrat entre deux
personnes et le délégataire peut refuser une telle mission s’il estime ne pas être
dans les conditions requises.
106
Cette démarche peut intervenir à tout moment de l’année mais le temps fort
est, sans nul doute, celui de l’entretien annuel qui permet de questionner l’évo-
lution de la fonction d’un collaborateur au regard des résultats obtenus et des
projets.
107
Nous vous proposons d’ouvrir ce chapitre par l’analyse d’un prérequis à la pla-
nification et la coordination des activités, à savoir l’harmonisation des pratiques
et procédures.
109
Nous savons que lors de sa nomination le manager est très surveillé sur les choix
qu’il fait et l’importance qu’il accorde à l’expérience acquise.
En cas d’hétérogénéité, va-t-il faire le choix, par facilité, de retenir la méthode
des collaborateurs les plus nombreux ou va-t-il vouloir profiter de cette oppor-
tunité pour analyser les atouts de chaque approche afin de pouvoir optimiser le
fonctionnement. Il va sans doute mixer sa démarche en fonction du diagnostic
et des enjeux.
110
Ils auront d’autant plus envie de se positionner de cette manière qu’ils auront
été parties prenantes dans le choix des procédures.
Tous ces éléments doivent être considérés comme des fondamentaux mais
une hiérarchie s’impose dans la mise en œuvre car il ne présente pas au re-
gard du diagnostic le même niveau d’importance.
111
Une réflexion critique sur la gestion de l’information porte sur les étapes
suivantes :
Gestion et diffusion de l'information
112
Étape 1
La veille dans le domaine de l’information s’avère précieuse car nous sommes
souvent dans le paradoxe de disposer d’une information pléthorique sans for-
cément disposer de celle qui est vraiment utile. Le renouvellement du savoir
est tel qu’il faut en permanence se tenir au courant des évolutions qu’elles
soient techniques, commerciales ou réglémentaires.
Étape 2
La clarification des circuits d’information et de décision fait écho évidemment à
la formalisation des rôles et contributions. Toutefois, elle permet d’aller plus loin
en précisant la nature du reporting à mettre en place ou l’élimination en amont
d’informations chronophages ou à faible valeur ajoutée.
Étape 3
Nous reviendrons ultérieurement sur l’adéquation des outils en fonction des
besoins. À titre d’exemple le courriel ne peut pas être efficace pour faciliter une
prise de décision ou réguler un désaccord. Chaque moyen de communication
(téléphone, visio-conférence, wiki, messagerie instantanée) a son utilité, ses
forces et faiblesses.
Étape 4
Clarifier les modalités de traitement de l’information est un autre niveau qui ap-
porte sa propre valeur ajoutée. La visio-conférence oblige à respecter un mode
opératoire, et, de la même manière, une charte d’utilisation de la messagerie
permet de gagner de l’efficacité lorsqu’on voit que chaque acteur peut consa-
crer, en moyenne, trois quarts d’heure par jour à trier et analyser ses courriels.
Étape 5
Le stockage, classement et archivage de l’information apparaissent en dernier
lieu comme un élément structurant de l’efficacité collective. Disposer d’une
base documentaire commune plutôt que plusieurs au sein du service, apporte
une garantie supplémentaire de disposer d’une information mise à jour. Faut-il
encore se mettre d’accord préalablement sur la nomenclature de classement.
113
Ce qui est vrai pour un manager sédentaire, l’est encore plus pour un mana-
ger à distance. Toutefois, la problématique du temps ne peut s’analyser seu-
lement à travers le prisme de son utilisation. Il faut aussi l’aborder en sachant
que l’évaluation du temps et sa planification est vécue comme du flicage ou a
minima comme une contrainte.
114
Soyons aussi conscients que certains collaborateurs sont plus à l’aise avec
cette pratique que d’autres. Certains sont dans le temps présent et ils ont une
grande difficuté à prendre du recul, voire à se projeter. Pour eux, tout est dans
tout… et ils ont du mal à hiérarchiser les activités et à les ordonner dans le
temps. D’autres disposent d’une approche plus rationnelle et distanciée de
leurs activités ce qui favorise la capacité à programmer leurs activités.
115
Nous avons tendance à sous-estimer le temps que nous consacrons aux acti-
vités. Par ailleurs, nous sommes tous prisonniers de nos habitudes. En effet,
nous avons tendance au quotidien à faire de préférence :
-- Ce que nous aimons bien plutôt que ce que nous n’aimons pas faire…
-- Ce qui prend peu de temps plutôt que ce qui en prend beaucoup.
-- Ce que nous impose l’environnement plutôt que ce que nous décidons de
faire nous-mêmes.
Dans des activités de production, une opération réalisée sur une semaine au-
près de l’ensemble des collaborateurs permettra de mettre à plat l’organisation
du travail en procédant notamment, a posteriori, à quelques réajustements.
Nous vous proposons ci-après un support de saisie qui peut permettre le re-
cueil des informations utiles :
FICHE AUTOPOINTAGE
Date : ................. Personne :................
116
Cette collecte des données suppose une saisie au fur et à mesure de toutes les
activités nécessitant au minimun un budget de 15 minutes. D’autres modalités
peuvent être envisagées comme celle de retracer, a posteriori, le déroulement
de l’emploi du temps à l’issue de chaque heure. Cette approche est fastidieuse
mais elle s’avère très utile… même lorsque la rigueur n’est pas totalement au
rendez-vous. Nous n’avons pas besoin de disposer de données d’une grande
précision pour repérer les incohérences sur lesquelles il ressort la nécessité de
faire évoluer le fonctionnement actuel.
Un manager doit organiser le court terme mais aussi investir dans la prépara-
tion du moyen terme et cette préoccupation rêvet différentes formes : dévelop-
pement des compétences, amélioration continue, innovation…
Le budget temps que requiert un projet à l’intérieur de l’équipe doit être appré-
hendé à travers un planning qui précise les différentes actions à conduire pour
atteindre le but fixé. L’une ou l’autre de ces deux méthodes est utilisable :
117
S’il n’existe pas une échéance imposée, l’approche proactive peut être privi-
légiée car elle visualise d’une manière chronologique les premières actions à
réaliser afin de pouvoir les inscrire dans une progressivité cohérente.
Conducteur de projet
Cette approche avec réalisme prend en compte que la réalisation des diffé-
rentes étapes du projet s’inscrit dans une gestion du temps où il y a déjà des
tâches récurrentes ou planifiées, et qu’il faudra aussi faire face aux aléas et
imprévus.
118
et du temps maximum afin d’en déduire plus facile le temps probable. L’esti-
mation des temps n’est pas une science exacte. Soyons conscients qu’une
estimation même approximative vaut mieux que pas d’estimation du temps…
ce qui est une situation trop souvent vécue et qui ne favorise pas la réalisation
des projets en cours.
La coordination est assurée par une autorité qui valide les prescriptions d’opé-
ration, indique les enchaînements et vérifie que les actions sont exécutées par
les personnes désignées, dans les temps impartis et en utilisant les moyens
définis. L’autorité définit même les procédures à suivre en cas de problème.
Nous voyons bien que ce référentiel n’est plus en adéquation avec les évolu-
tions actuelles et le contexte particulier d’un manager à distance. L’ajustement
119
mutuel ne peut se faire que pour des acteurs situés dans le même espace géo-
graphique, et le manager ne sera concerné que très épisodiquement à cette
forme de coordination. Elle doit s’organiser entre pairs comme la supervision
directe que nous avons définie autrement. La supervision n’est plus proactive
mais réactive, ce qui oblige les collaborateurs à prendre l’initiative de solliciter
l’arbitrage ou l’aide du manager.
120
Coordination Coopération
Centrée sur l’organisation Centrée sur les hommes
Nécessaire quand il faut mettre
Nécessaire quand il faut mettre l’ac-
l’accent sur l’anticipation et la
cent sur la réactivité et l’engagement
planification
Valorise le rôle de chacun Valorise la production collective
Nécessite concentration et rigueur Nécessite écoute et prise d’initiative
Apporte de la sécurité Apporte du pragmatisme
Centrée sur l’efficacité immédiate Centrée sur la mobilisation du groupe
Agit sur la cohérence de l’organisation Agit sur la cohésion de l’équipe
121
122
Pour finir, il doit se faire à un coût raisonnable car cette approche peut être rapi-
dement coûteuse pour le manager et l’ensemble des collaborateurs distants.
123
1 - La pratique du pilotage
Dans cette démarche, il est essentiel de ne pas perdre de vue que le contrôle
est avant tout un moyen au service du pilotage. Le manager doit être capable
de suivre les informations essentielles d’une période à l’autre sans se noyer
dans des données qui n’apportent rien et peuvent obscurcir la vision.
Nous vous proposons de clarifier les finalités du pilotage pour aborder plus
concrètement les méthodes et indicateurs à retenir.
Cette double exigence peut entraîner une débauche d’énergie qui jouera défa-
vorablement puisque l’on sait que trop d’informations tue l’information.
Les objectifs sont utiles mais pas très opérants pour juger de la performance à
la semaine ou au mois tandis que les données temporelles sont très concrètes
mais insuffisamment synthétiques pour en tirer un bénéfice réel.
124
Cette richesse d’information peut être stérile si elle ne s’articule pas autour de
priorités clairement définies. Là encore, la loi de Pareto apporte un cadrage
précieux : 20 % des informations représentent 80 % de l’efficience du pilotage.
125
Toutefois, à certains moments de l’année faire le point sur les résultats heb-
domadaires est une démarche utile car elle permettra d’anticiper ou d’ouvrir
l’analyse sur des aspects peu éclairés par les statistiques existantes.
Nous vous proposons de découvrir les 8 domaines dans lesquels il est intéres-
sant de suivre un ou plusieurs indicateurs, en sachant que la réussite repose
sur le choix d’un nombre limité d’indicateurs (de 8 à 12) apportant des informa-
tions tangibles sur le niveau d’activité et les résultats obtenus.
126
Les indicateurs sont en relation les uns avec les autres et la performance né-
cessite souvent de trouver un équilibre entre chacun d’entre eux car à vouloir
trop faire évoluer, un indicateur peut mécaniquement faire régresser un autre
critère.
Le tableau de bord est un outil de pilotage mais il peut aussi jouer un rôle clé
dans l’animation et la communication. Il permet de fédérer l’équipe autour des
résultats en évitant le chacun pour soi. L’appropriation est facilitée lorsque cer-
tains indicateurs sont renseignés et analysés par les membres de l’équipe. La
décentralisation des responsabilités concerne aussi le suivi des performances.
127
Cette approche que nous pouvons considérer comme du contrôle interne peut
être déléguée pour partie, et le choix des méthodes éviter des pertes de temps
inutiles. L’esprit de la démarche consiste, rappelons-le, à responsabiliser les
acteurs et faire confiance.
Il est utile de rappeler que la confiance va dans les deux sens. Le manager
fait confiance et il peut obtenir la confiance de son collaborateur. À l’inverse, il
adopte un comportement méfiant vis-à-vis de son subordonné et celui-ci adopte
le même comportement. Il y a beaucoup de mimétisme dans ce comportement.
La posture à adopter est celle de considérer qu’un collaborateur n’a pas à ga-
gner votre confiance : elle lui est acquise d’office. Par contre, il prend le risque
de la perdre s’il ne respecte pas ses engagements et les règles en vigueur.
128
129
Au-delà des processus, il est utile de vérifier l’efficacité des choix dans le do-
maine des procédures techniques et administratives, en prenant en compte
selon le métier les critères d’importance et de risque :
-- Procédures techniques en relation avec le cœur de métier et qui représentent
une part importante de la charge de travail.
-- Procédures financières ou budgétaires.
-- ...
2. 3 - La pratique de l’autocontrôle
Lister les différents contrôles et définir pour chacun une modalité est un exer-
cice qui va permettre au manager de clarifier ses priorités et de mettre là aussi
en place un processus de contrôle qui implique l’ensemble de l’équipe.
130
évaluateur. Dans 80 % des cas, l’intéressé va détecter l’écart entre sa pratique
et ce qui est prévu dans le référentiel (exemple trame d’entretien).
Un manager à distance se doit d’aller plus loin que les résultats (même et sur-
tout lorsqu’ils sont bons…) pour comprendre comment ils sont obtenus afin de
pouvoir en assurer la progression et la pérennité dans le temps.
131
Pour leur part, les managés estiment que les résultats négatifs sont souvent
amplifiés par la distance. Ainsi, on donne parfois beaucoup d’importance
au traitement d’une réclamation écrite pour laquelle un temps précieux sera
consommé alors que le manager consacre moins d’énergie à analyser com-
ment se gèrent au quotidien les dysfonctionnements qui ne soulèvent aucun
retour des clients ou partenaires. Ce constat impose de la prudence car la
distance peut rapidement créer de la méfiance qu’il deviendra difficile de gérer
ultérieurement.
3.2 - Le feed-back
Un manager sédentaire n’a pas besoin de provoquer des échanges pour les
vivre au quotidien. Sauf à s’enfermer des journées entières dans son bureau,
il aura de multiples occasions pour faire le point sur la production en cours, le
traitement d’un litige, le ressenti vis-à-vis d’un événement ou bien la conduite
d’un projet en cours.
En premier lieu, il doit à fréquence régulière se déplacer sur les différents sites
ou faire venir les télétravailleurs. Il doit provoquer les occasions d’échanges
et nous aurons dans les parties suivantes la possibilité de mettre en lumière
l’utilité des entretiens formels et des réunions d’équipe.
Dans l’instant, il nous paraît utile de mentionner la pratique du feed-back qui est
une démarche plus informelle mais à forte valeur ajoutée. Certains managers
à distance adressent l’envoi d’un courriel ou d’un SMS à fréquence régulière
pour « prendre la température » et vérifier que tout se déroule correctement.
Appeler téléphoniquement au moins une fois par semaine est un moyen de dé-
tecter d’éventuelles difficultés et de recueillir des confidences sur l’état d’esprit
et les besoins de l’intéressé.
132
Cette approche prend son sens pour des métiers proposant un cycle de travail
avec un niveau d’autonomie réel. Sans tomber dans un formalisme excessif,
le fait qu’un collaborateur une fois par mois, par exemple, s’inscrive dans une
démarche d’autoévaluation de ses propres résultats renforce son engagement
professionnel.
Cette approche peut utilement lui permettre de faire connaître les faits mar-
quants de la période, ces derniers étant parfois totalement méconnus du ma-
nager et du système d’information en place.
Faits marquants :
Points de vigilance :
L’intérêt consiste évidemment à lui proposer de faire une projection sur le mois
suivant et d’identifier les actions prioritaires et les points de vigilance.
133
APPARTENANCE
ET EFFICACITÉ COLLECTIVE
135
Les managers expérimentés dans ce domaine savent que négliger cet aspect
peut entraîner de graves conséquences sur la réussite car aujourd’hui nul ne
peut prétendre être performant sans l’aide des autres.
137
1 - La culture d’équipe
La culture d’équipe est souvent sous-estimée par les dirigeants : celle-ci est
même considérée comme un concept abstrait jusqu’au moment où l’on se re-
trouve dans une situation conflictuelle où les collaborateurs appartenant à deux
sites différents manifestent des comportements d’opposition et de méfiance.
Plus grave encore, ils décident parfois d’un commun accord de s’ignorer.
Inutile de dire que face à une telle situation, le manager n’a pas de grandes
difficultés à identifier où se situe sa priorité mais il découvre souvent, au même
moment, qu’il ne dispose pas des méthodes et outils pour faire face à la situation.
Au-delà de l’exécution routinière des tâches, ce qui fonde la raison d’être d’un
groupe c’est un ensemble complexe de valeurs, de croyances et de coutumes.
Les valeurs partagées renvoient à la conception du métier : goût pour le tra-
vail en équipe, autonomie, souci du travail bien fait, innovation. Les croyances
incarnent l’idée que l’on se fait du potentiel du groupe, ses forces et faiblesses,
ses aspirations. Quant aux coutumes, il en va de la manière de célébrer les
événements majeurs jusqu’aux petits gestes de la vie quotidienne. Ce sont ces
pratiques rituelles auxquelles chacun est sensible.
138
La culture d’une équipe c’est la face non apparente de l’iceberg et cette dimen-
sion plus difficile à appréhender que les aspects rationnels du pilotage et de
l’organisation peut être occultée par le manager à distance qui se trouve dans
l’obligation :
-- Soit de prendre en charge une équipe composite qui peut être le regroupe-
ment de collaborateurs ayant des histoires et des cultures différentes avec des
valeurs ou des habitudes de fonctionnement potentiellement conflictuelles.
-- Soit de créer une culture commune pour fédérer les membres de son entité
et forger ainsi une identité collective en mesure de développer un sentiment
d’appartenance et de solidarité.
Par ailleurs, ces valeurs ne sont pas figées et elles traduisent aussi pour
chaque collaborateur le regard porté sur l’avenir. Le management à distance
est nécessairement une démarche de conduite du changement.
139
Le plus important dans cette démarche d’identité c’est lorsque le groupe réflé-
chit sur son propre devenir et sur la manière dont ses membres veulent tra-
vailler ensemble. Nous allons voir que plusieurs démarches très concrètes y
contribuent mais qu’elles reposent sur un prérequis à savoir la cohésion.
140
de faire le deuil qu’il faut immédiatement se remobiliser sur une nouvelle aven-
ture sur laquelle le manager veut rapidement prouver qu’il tient le gouvernail.
Dans ce schéma, nous retrouvons les différentes étapes du deuil pour gérer
efficacement la phase normale de doute que suppose tout changement sur le
bien-fondé de la démarche, la résignation du système précédent et l’accepta-
tion de la nouvelle donne qui initie la projection dans la nouvelle organisation.
141
Le manager doit être capable de positionner les attitudes des membres de son
équipe par rapport à la nouvelle organisation et la volonté de coopérer. Les
collaborateurs ont souvent une attitude ambivalente. Ils peuvent à la fois mani-
fester des intentions ou actions favorables à la cohésion (altruisme) et, par ail-
leurs, manifester des attitudes ou intentions qui sont défavorables (égoïsme).
142
-- Une attitude d’engagement qui traduit une volonté de s’investir dans la dé-
marche mais aussi l’exigence de ne pas adhérer à n’importe quel projet et à
n’importe quelles conditions.
-- Une attitude d’hésitation avec la difficulté à se positionner.
-- Une attitude de contestation qui se traduit par une critique ouvertement expri-
mée mais qui peut trouver une réponse dans la négociation.
-- Une attitude de refus qui se traduit par un comportement hostile et jusqu’au
boutiste et qui ne laisse pas de place à une implication possible à moyen terme.
-- Une attitude d’exaltation qui se traduit par un comportement polaire qui os-
cille entre l’adhésion et le rejet.
143
Les « engagés » vont être précieux par leur positionnement à aspirer vers
eux d’autres acteurs qu’ils soient « alignés » ou « hésitants ». Il est important
de leur confier des responsabilités dans le développement de cette nouvelle
culture d’équipe.
Être à l’écoute des « contestataires » qui disent tout haut ce que d’autres
pensent mais n’expriment pas toujours, permettra de situer les points faibles
de la démarche engagée et les messages qu’il faut renforcer pour fédérer plus
largement.
Là encore, la loi de Pareto (20/80) se vérifie bien souvent. En effet, 20 % des
membres d’une équipe représentent 80 % du pouvoir d’influence au sein d’un
groupe. L’enjeu ne consiste pas à obtenir l’adhésion de tous mais de cibler
ceux qui détiennent le pouvoir de faire évoluer ou pas l’état d’esprit du collectif
de travail.
Entre des personnes qui ne se connaissent pas ou qui pourraient avoir entre
elles quelques a priori, comment croire que la cohésion fonctionnelle va pou-
voir efficacement se mettre en place ?
Personne sans doute… et pourtant parfois il n’est rien fait de spécifique pour
favoriser cette mise en relation entre des acteurs qui vont devoir, à distance,
travailler ensemble. On espère que le temps permettra de créer les liens mais
celui-ci génère, le plus souvent, l’effet inverse. Le temps n’est pas toujours un
allié dans la réussite lorsque l’absence d’action relève du laxisme ou du refus
de prendre en compte le facteur humain.
144
Ce terme utilisé abusivement décrit trop souvent des textes règlémentaires qui
précisent les droits ou les devoirs et dont le contenu répond à un besoin de
cadrage de l’institution et du management.
La charte est une démarche de coconstruction dont les règles et principes font
l’objet d’un consensus. Chacun s’engage à la respecter et celle-doit faire l’objet
d’un suivi et d’une évaluation périodiques. C’est la phase de conception qui lui
donne toute sa valeur et sa pérennité.
Le contenu n’est pas figé à quelques rubriques définies à l’avance mais le plus
souvent les élements retenus concernent l’organisation du travail, la coordina-
tion, les pratiques d’entraide et de coopération, la formation, la communication
interne, l’évaluation et le contrôle des performances.
Le manager peut avoir évidemment, par ailleurs, des exigences sur la manière
de procéder et il doit le faire en toute clarté. Le fait qu’il puisse y avoir une
145
charte de fonctionnement n’exclut pas que par ailleurs les membres de l’équipe
soient soumis à des règles non négociables.
La technique d’animation qui peut faire émerger cette charte doit être stimu-
lante et impliquante.
Il est important que l’équipe dispose déjà d’un vécu pour qu’une telle démarche
trouve son sens et que celle-ci puisse trouver sa cohérence et sa cohésion à
travers des projets et missions communes.
146
On ne décrète pas les valeurs d’un groupe car elles s’imposent d’elles-mêmes
à partir des enjeux et du vécu du groupe. Le manager doit être capable de les
identifier ou de les faire émerger. En cela, il ne doit pas être trop compliqué
d’obtenir le consensus sur les 4 ou 5 valeurs dominantes.
Qu’est-ce que l’équipe veut incarner vis-à-vis de l’extérieur ?… Quel sens veut-
elle donner à ses contributions ?… Sur quelle valeur lui semble-t-il nécessaire
d’agir pour faire face aux enjeux actuels ?…
Ces valeurs doivent être énergisantes. Ainsi, une équipe passive devant les
événements doit apprendre l’initiative ou l’esprit de compétition. Une équipe
vivant l’insécurité peut découvrir les vertus de l’audace.
Pour faire en sorte que cette démarche ne soit pas seulement un discours, il
est déterminant de décliner chacune de ses valeurs observables en relation di-
recte avec l’activité quotidienne. Ces valeurs doivent être considérées comme
les références sur lesquelles il est utile de progresser ensemble. Là encore, la
cohérence se jugera sur la volonté d’en faire un véritable outil au service de la
performance collective.
147
149
1 - La gestion du stress
Le stress est un adversaire qu’il faut combattre et nous allons voir comment la
cohésion d’une équipe peut y contribuer.
Faisons déjà dans un premier temps une analyse des facteurs de stress et des
moyens disponibles pour accroître le bien-être au travail.
150
151
Il a besoin d’avoir :
-- Un cadre de travail clairement défini avec des objectifs atteignables et éva-
luables, une formalisation de ses missions et activités, des procédures et des
outils d’organisation qui structurent sa contribution.
-- Une mise en valeur personnalisée de ses mérites et la garantie d’être dans
une situation équitable à court et moyen termes : charge de travail, contraintes
de travail, perspectives de carrière.
-- Une ambiance de travail qui favorise son activité professionnelle : convivia-
lité, partage.
Lorsque au sein d’une même équipe on peut retrouver des collaborateurs télé-
travailleurs et d’autres qui ne le sont pas il faut veiller à ce que cette situation
ne provoque pas un clivage interne. Cette réflexion doit être menée en amont
du lancement d’une démarche de télétravail lorsque tous les postes ne peuvent
prétendre à des possibilités identiques. Des conditions de travail différentes au
sein d’une équipe peuvent entraîner de graves dissensions. La mise en place
du télétravail peut être un obstacle à la cohésion d’une équipe.
152
Un signal faible, comme son nom, l’indique est une donnée d’apparence ano-
dine mais dont l’interprétation peut déclencher une alerte. Celle-ci indique que
pourrait survenir un événement susceptible d’avoir des conséquences (oppor-
tunité ou menace) et cette situation va provoquer une analyse spécifique.
Le signal se caractérise par des sensations qui provoquent une intuition qui
elle-même va entraîner le souhait d’une action. Ainsi, un collaborateur habi-
tuellement convivial qui ne manifeste pas le même entrain au téléphone nous
adresse involontairement une alerte qu’il faut pouvoir repérer.
Cette aptitude est à cultiver pour ceux qui ne sont pas naturellement enclins
à detecter un tel signal qui en tant que tel n’est pas suffisant pour en tirer
une interprétation suffisante pour agir. Ce qui est certain c’est qu’une détection
rapide et précoce va rendre plus aisée le traitement d’un problème.
153
tenu de son malaise avec des attitudes agressives et des conflits vis-à-vis du
manager ou des autres membres de l’équipe. Nous voyons ensuite que les
manifestations deviennent plus neutres s’expliquant par le désengagement de
l’intéressé : travail partiel, attitudes de fuite.
154
Nous voyons bien que cette quête n’est pas le fruit du hasard mais bien celle
d’une stratégie relationnelle clairement affichée et incarnée. Dans cette ap-
proche, il faut savoir associer les personnes engagées dans le repérage des
signaux faibles et recueillir auprès des contestataires les élements critiques qui
peuvent aider à renforcer la coopération et l’esprit d’équipe.
Cette capacité relève de l’écoute active : une méthode développée à partir des
travaux du psychologue américain Carl Rogers. Cette pratique bienveillante
permet d’appréhender l’univers des émotions et vise à explorer la dimension
affective non verbalisée.
155
Le bien-être est centré sur la personne plus que sur les processus et les condi-
tions de travail. De ce fait, c’est le ressenti et le vécu qui sont plus déterminants
que les faits purement objectifs. Là encore, la qualité d’écoute du manager lui
permettra d’identifier les actions concrètes à mettre en œuvre pour y contribuer
à travers les 7 points suivants :
-- Confiance en soi et dans l’autre.
-- Engagement et responsabilisation.
-- Partage et coopération.
-- Reconnaissance des mérites et valorisation du travail (sens).
-- Ambiance et convivialité.
-- Sentiment d’appartenance (valeurs partagées).
-- Qualité de vie au travail.
156
La personnalisation du lieu peut avoir du sens mais si l’on veut favoriser les
échanges il faut que l’organisation spatiale favorise cette mobilité physique. Il
faut des espaces pour partager, innover, se réunir, et par ailleurs, d’autres lieux
plus intimes pour s’isoler, se concentrer, réfléchir et être créatif.
L’environnement de travail doit faciliter ces liens avec des lieux et moments de
sociabilisation, où les interactions spontanées peuvent se créer. L’entreprise
doit aussi investir dans des technologies, notamment visuelles, pour encou-
rager la communication à distance. La technologie facilite la qualité de tra-
vail avec des outils dont le coût d’acquisition ne représente plus un point de
blocage.
157
Toutefois, là encore une première précaution est sans doute de ne pas aller au-
delà de 3 jours de télétravail par semaine et de considérer que pour une grande
majorité de salariés deux journées représentent un optimum.
Les télétravailleurs doivent adapter leur agenda pour les besoins de l’équipe
et non l’inverse. Le temps passé sur le site professionnel doit être consacré
prioritaitrement aux activités collectives.
Il est très important pour le télétravailleur de prendre des pauses durant la jour-
née de travail. Il est vérifié que pouvoir sortir de la maison quelques instants à
l’heure du repas est un moyen efficace pour s’oxygéner l’esprit.
158
Nous savons que ce besoin d’échange est vivace chez les collaborateurs et
qu’il répond à une nécessité pour prévenir les nombreux risques identifiés pré-
alablement : l’isolement, l’individualisme, les tensions et conflits possibles.
159
1 - La culture du partage
Le modèle de la performance est depuis plus de huit décennies celui du mo-
dèle industriel avec la standardisation des produits et activités, le machinisme
et le taylorisme. Une approche qui privilégie la productivité et la réduction des
coûts plutôt que la satisfaction des clients ou le développement des compé-
tences. Dans un tel système, l’homme s’adapte à l’organisation et l’entrepre-
neur pense à la place du client.
L’ambition pour une telle entreprise n’est plus de recruter les meilleurs mais de
travailler avec eux. Dans un monde qui bouge vite, la transversalité et la coo-
pération sont devenues des points de passage obligés et les entreprises per-
formantes savent que concurrence n’est pas contradictoire avec coopération.
Ce qui est vrai au niveau des entreprises, l’est nécessairement en leur sein.
Comment imaginer qu’elle puisse coopérer avec d’autres sociétés sans que
la coopération ne soit pas un mode de fonctionnement ancré dans la culture
organisationnelle.
160
2 - Le processus de coopération
La coopération est la condition qui permet au capital humain que constitue
l’équipe de travail de produire de l’intelligence collective.
161
Une approche informelle doit être un moyen adapté pour cerner les attentes
que chacun peut avoir et la liste précédente qui n’a rien d’exhaustive montre
que l’équipe dans son fonctionnement peut répondre à de nombreuses attentes
dont on prend d’ailleurs la pleine mesure lorsqu’elles ne sont pas satisfaites.
162
Le manager doit détecter ce que chacun peut avoir envie de gagner dans le
travail en équipe mais aussi ce qu’il en redoute.
Le terreau sur lequel il est pertinent d’investir est l’organisation collective : com-
ment allons- nous travailler efficacement ensemble. Le groupe construit sa co-
hésion, au quotidien, dans les moments de convivialité mais plus encore dans
sa capacité à traiter les problèmes et atteindre ses objectifs opérationnels.
163
Une personne va seule plus vite… mais un groupe lui va plus loin. Ce principe
pour se vérifier doit reposer sur une décision consensuelle mais aussi sur la
volonté de faire vivre la méthode retenue ou la charte dans le temps. Un dispo-
sitif de suivi doit être défini et géré par le groupe.
Le fait que dans une histoire précédente, les membres avaient des pratiques
différentes représente une richesse si cette diversité est prise en compte dans
le fonctionnement commun à construire.
Ce qui est vrai au niveau collectif, se confirme au plan individuel. Chaque collabo-
rateur est unique et possède des atouts personnels qu’il peut ou pas valoriser ou
sein d’une équipe. Chacun a aussi ses propres intérêts à défendre. Il peut avoir
tendance à privilégier ses priorités à celles de l’équipe. La volonté de se fondre
dans un collectif ne peut se faire au détriment de la valorisation individuelle. Il est
important que le manager à distance intègre cette réalité et en tire profit.
L’équipe représente un moyen de se réaliser dès lors que l’on ne se sent pas
dans l’obligation d’être un « clone » de ses collègues mais comme un acteur à
part entière… qui a sa propre valeur ajoutée.
Compétences spécifiques
164
Au sein d’une équipe, chaque collaborateur doit pouvoir apporter une contribu-
tion spécifique en fonction de ses talents et aptitudes.
C’est ici que la délégation joue pleinement son rôle. La délégation ne se can-
tonne pas à des missions techniques sur des tâches précises. Elle s’élargit à
des rôles et des contributions qui s’ouvrent notamment comme nous l’avons
vu dans la répartition des activités à des rôles d’accompagnement, de tutorat
ou de coordination.
165
166
Mode d’emploi
-- Étape 1 : un membre de l’équipe évoque une difficulté qu’il a rencontrée dans
l’exercice de son activité. Il prend quelques minutes pour expliquer le pro-
blème : un litige avec un client en proposant quelques éléments du contexte,
le contenu de l’échange, son propre ressenti et les questions que cela lui
pose.
-- Étape 2 : les membres de l’équipe posent les questions nécessaires à la bonne
compréhension du problème et l’interessé apporte des réponses succinctes.
-- Étape 3 : après quelques minutes de réflexion, les membres de l’équipe pro-
posent à tour de rôle une proposition pour résoudre la difficulté rencontrée, en
évitant les redondances.
-- Étape 4 : le demandeur évoque les points qu’il retient à titre personnel pour
améliorer sa maîtrise de la situation et le manager peut à son tour faire une
synthèse globale et dégager les actions à prévoir pour tirer le meilleur profit
des acquis de cette réflexion collective.
167
Et pourtant, nous voyons bien qu’elle correspond aux besoins actuels des
entreprises et des attentes des salariés. Une équipe a besoin de sortir des
sentiers battus pour éviter la routine et dépasser la fixité du quotidien.
L’innovation est une affaire d’état d’esprit avant d’être une affaire de méthode.
Le secret repose sur la capacité de l’équipe à être en veille sur les évolutions
en cours et dans la remise en cause de ses propres habitudes. L’inventivité, ça
se cultive et c’est bien le rôle du manager de constituer un terreau favorable
pour que chacun se sente autorisé à émettre des propositions. Il va y parvenir
en créant un climat positif, en instaurant des rituels décalés, en cassant à cer-
tains moments les codes et les usages du quotidien.
Sur ce sujet qui pourrait faire l’objet d’un livre, nous vous proposons de décrire
quelques astuces qui ont fait leurs preuves.
168
2. Sortir du cadre
Le fait de travailler d’une manière différente favorise nécessairement la remise
en cause. Dépaysez le lieu des réunions en choississant des lieux ou des
moments insolites. Les collaborateurs regroupés debout face à un paper board
sont plus actifs et impliqués. Surprenez-les dans votre approche des pro-
blèmes en proposant des analogies, en utilisant des méthodes qui favorisent la
créativité telles que le brainstorming par exemple.
169
La notion de travail collaboratif n’est pas nouvelle en soi mais elle prend depuis
quelques années une nouvelle dimension avec l’essor des outils digitaux ce
qui lui donne des possibilités accrues en matière d’organisation du travail pour
travailler sur des projets mais aussi pour piloter les missions plus récurrentes.
Pour cela, il est indispensable de bien cerner les nuances relatives à la res-
ponsabilité, les moyens utilisés pour atteindre le but fixé, et bien différencier le
niveau d’interdépendance existant entre les membres du collectif.
Parlons d’abord du travail coopératif. Il peut être défini comme une organisa-
tion collective du travail dans laquelle la mission à satisfaire est fragmentée en
activités. Elles sont attribuées à un acteur en fonction de ses compétences. Il
s’agit d’une division rationnelle du travail entre acteurs agissant de façon auto-
nome. Chaque activité est planifiée selon les délais et il va faire l’objet d’une
coordination précise.
170
tout autrement pour ce qui concerne la collaboration qui elle s’inscrit dans une
démarche de coconstruction.
Travail collaboratif
Groupe 1
Groupe 2
La tâche
coopérative
Groupe 3
La tâche
collaborative
Le travail collaboratif ne relève pas d’une répartition a priori des rôles et des
activités. Chaque membre du groupe peut potentiellement travailler sur les
mêmes points. L’approche consiste à fusionner les contributions individuelles.
La responsabilité du pilotage devient collective et elle incombe au groupe et
pas à un pilote en particulier. Les interactions interpersonnelles sont donc per-
manentes afin d’assurer coordination des travaux et cohérence globale.
En effet, le travail collaboratif requiert pour réussir, que les membres d’une
équipe sachent communiquer, échanger, planifier, créer et coordonner leurs
compétences de manière collective dans le but d’optimiser leur propre fonc-
tionnement. La collaboration recouvre des pratiques de coréflexion, codéci-
sion, coconception, coproduction, copilotage mais aussi de co-apprentissage.
171
Là encore, et sans que les rôles soient clairement distribués par le manager
chacun va apprendre, en situation, au contact des autres.
Toutefois, malgré l’ambition affichée ce qui est de nature à rassurer c’est que
l’approche peut se faire de manière progressive. Il est possible de tester sur
un projet ou une mission particulière. Par exemple, la coconstruction d’une
procédure de travail qui engage 3 ou 4 collaborateurs travaillant à distance.
Cet apprentissage peut se réaliser sans une énorme pression et s’étendre en-
suite à des pratiques plus complexes : réponse collective à un appel d’offres,
coconception d’un plan d’action, capitalisation de l’expérience sur un projet
collectif.
Ce travail est largement facilité par les différents outils digitaux qui sont au-
jourd’hui disponibles et sur lesquels il est possible de gérer les trois fonctions
suivantes : production collective des idées, communication et gestion de la
documentation, planification et coordination des travaux.
Chaque outil à sa fonction propre et ils peuvent être regroupés pour en faciliter
au quotidien l’utilisation.
172
173
Par ailleurs, l’expérience montre l’importance d’utiliser les outils pour ce qu’ils
peuvent apporter car sinon l’entropie est forte au sein d’une équipe et les pra-
tiques peuvent devenir rapidement contre-productives. Enfin, les principaux
175
Et cette question ne doit plus être déléguée à quiconque et nous avons déjà
évoqué la nécessité de l’organiser pour éviter l’inflation des données ou l’iné-
quation de celles-ci avec le besoin des membres de l’équipe.
176
Est-il utile de faire lire à chacun des données qu’il faut souvent savoir mettre en
relation et synthétiser ?...
177
Le fait de regrouper les données pour en faire des informations est un exercice
coûteux et complexe et le fait de répartir la veille et la gestion de la documen-
tation en plusieurs thèmes permet de favoriser les interactions.
Cette approche n’est pas toujours évidente à mettre en place car les collabo-
rateurs ont souvent pris des habitudes en se constituant chacun leur propre
documentation. Une documentation commune oblige à une discipline et au
respect d’une nomenclature de classement.
Il est vital de pouvoir mettre en place rapidement cette organisation mais cela
nécessite un outil commun accessible à tous et dans le domaine du télétravail
cette possibilité n’est pas toujours proposée. Lors de la phase de contractua-
lisation, des règles de confidentialité s’imposent et des niveaux d’accès indivi-
dualisés réduisent le risque de voir sortir hors de l’entreprise des informations
stratégiques.
178
Chaque outil doit être utilisé pour ce à quoi il sert et cette pratique concerne le
manager mais aussi les membres de l’équipe.
Nous voulons parler des forums, réseaux sociaux et wikis… qui favorisent les
interactions à l’intérieur d’une équipe et avec l’environnement professionnel et
qui offrent aussi l’avantage d’être asynchrone. Il n’est plus nécessaire d’être
tous là, au même moment, pour partager de l’information.
179
180
Le forum peut être utile pour résoudre les questions dans le fonctionnement
quotidien. Un peu plus stimulant comme approche que le recueil des procé-
dures qui ne met pas en valeur les astuces de chacun, fruit de l’expérience.
Le blog pour faire des rapports d’étonnement ou faire une synthèse sur un
thème d’information ou sur un événement spécifique est un outil insuffisam-
ment utilisé dans l’entreprise. L’intérêt c’est de pouvoir notamment en faire un
outil de communication externe auprès des clients ou des autres directions.
En fonction des possibilités offertes, le manager doit faire des choix pour favori-
ser l’appropriation des outils et créer des automatismes au sein de son équipe.
Associer ses collaborateurs à ce choix est sans nul doute une idée à retenir car
il permettra de sensibiliser sur l’utilisation à privilégier.
181
Nous proposons un tableau indicatif qui doit s’affiner à chaque équipe afin
de prendre en compte la culture de l’équipe, les habitudes et contraintes de
fonctionnement.
182
L’un des principaux risques pour le télétravailleur, c’est la perte du lien so-
cial avec l’équipe. S’il y a plusieurs télétravailleurs, il faut faciliter le fait qu’ils
viennent au bureau le même jour afin d’instaurer des rituels et des activités
communes. Les relations se tissent naturellement mais le manager doit favori-
ser les occasions de travailler ensemble. La réunion d’échanges est le moyen
le plus classique mais d’autres options sont aussi envisageables : travail en
binôme, débriefing collectif, petit-déjeuner pris en commun. Le manager ne
peut pas ne pas être disponible ce jour-là.
La messagerie élecrique peut faire l’objet d’une charte spécifique pour ce qui
relève de son utilisation lorsqu’on sait que le temps moyen consacré est a
minima une heure par collaborateur. En second lieu, proposer un mode opéra-
toire pour utiliser la visio-conférence est utile. Le troisième outil est le wiki dont
le développement peut être considéré comme un enjeu stratégique.
Cet outil est parfois utilisé, compte tenu de son succès, d’une manière inadé-
quate mais il est important de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Le côté
183
chronophage de l’outil est souvent mentionné mais notre addiction fait partie
du problème.
Dans cet esprit, nous vous proposons quelques principes à appliquer pour dé-
velopper l’efficacité avec comme finalité celle de réduire le nombre de courriels
et d’optimiser le traitement.
184
Un travail collectif au sein de l’équipe est une manière utile d’harmoniser cette
pratique qui de simple n’en est pas pour autant évidente. L’intérêt de mettre
en place une charte de fonctionnement comme fondation du travail en équipe
pourrait, par exemple, porter sur la gestion de la messagerie électronique.
3.2 - La visio-conférence
La video-conférence est devenue un outil de plus en plus prisé au sein des
entreprises confrontées à la problématique de la distance. Elle offre la possi-
bilité de réduire d’une manière significative les déplacements. Mais attention,
185
ce moyen doit être maîtrisé pour être pleinement efficace : plus la distance
physique et/ou relationnelle est importante… plus la complexité s’accroît.
Nous allons vous proposer quelques conseils pratiques pour réussir l’exercice.
La communication non verbale est importante. Il ne faut pas perdre de vue que
le media c’est le médium. Il est recommandé de sourire et surtout de parler
distinctement pour prendre en compte les contraintes techniques. Idem pour
ce qui concerne la gestuelle. N’oubliez pas qu’un mouvement trop rapide peut
nuire à la qualité de l’image transmise. Les monologues trop longs sont à évi-
ter. Les interventions des différents participants gagnent à être concises.
186
187
Apprécions les arguments de cet outil qui est simple d’utilisation et qui peut se
présenter comme un support Word accessible à plusieurs personnes distantes
et sur lequel chacun pourra apporter sa contribution en utilisant par exemple
une couleur différente.
188
Faisons aussi pour cet outil un inventaire des principales modalités à réunir :
Des participants qui sont acquis au bien-fondé de la méthode
Modalités et qui disposent d’un vécu collectif
d’utilisation
C’est un espace d’expression libre
Définir au démarrage d’une manière collégiale la structuration
Organisation (plan) dans laquelle vont s’inscrire les contributions
des
contributions Il faut commencer par contribuer soi-même en tant que mana-
ger si l’on veut faire contribuer
Une fonction d’animation peut être envisagée dans la phase
d’apprentissage mais elle ne doit pas être assumée par
l’encadrement
Stimuler les premières contributions pour lancer la dynamique
Animation
Les participants sont à la fois dans le copilotage, la co-
construction et la coévaluation
Les participants sont libres de produire sur tout ou partie du
contenu attendu
Illustration
Il est possible par exemple de faire une réponse collective à un cahier des
charges en balisant préalablement le contenu attendu :
-- Les éléments clés de la demande.
-- La démarche proposée.
-- Les points de vigilance.
-- Les atouts de notre proposition.
Ce qui est apprécié par les membres de l’équipe c’est la liberté qui est donnée
à la démarche.
189
ENGAGEMENT
ET ACCOMPAGNEMENT
DE LA PERFORMANCE
191
Cette 4e partie met l’accent sur les postures et pratiques du manager à dis-
tance dans la relation individuelle qu’il instaure avec chacun de ses collabora-
teurs distants. Plus que tout autre encadrant, il doit, en effet, personnaliser sa
contribution et s’adapter au profil de chaque collaborateur avec l’ambition de
construire avec lui une relation de confiance stimulante et pérènne.
193
Nous avons déjà eu l’occasion de dire qu’il ne doit plus être en mesure de
répondre aux différentes sollicitations, du tac au tac. Son environnement pro-
fessionnel doit prendre en compte cette réalité. La ligne hiérarchique d’une ca-
serne de pompiers n’est pas mobilisée par l’urgence d’une intervention. C’est
le système d’organisation qui est conçu pour faire face à l’urgence. Cette réalité
n’est pas toujours perçue dans le fonctionnement de l’entreprise où le manage-
ment accorde trop d’importance à l’urgence et pas assez à l’importance.
Tout cela pour dire que le manager à distance doit bénéficier d’un environne-
ment favorable mais qu’il doit y contribuer par son influence.
Ne pas développer son influence sur un de ces trois registres agit inévitable-
ment sur les deux autres.
194
Nous savons qu’il y a plus de gens pressés que de réelles urgences… et que
l’anticipation est une arme efficace pour :
-- Élaborer un plan de charge prévisionnel.
-- Mettre en place un contrat de service déterminant les conditions de prise en
charge d’une demande.
-- Définir un délai minimal d’intervention.
-- Faire formaliser par les clients internes ou externes une demande de travail
qui identifie l’enjeu et le besoin réel (délais, résultat attendu).
-- Élaborer un cahier des charges.
195
Nous voyons bien alors que dans une telle situation la confiance n’est pas
au rendez-vous et qu’il devient difficile de faire appel à son chef lorsque les
problèmes deviennent trop complexes à gérer.
En effet, trop souvent ce métier s’exerce d’une manière solitaire. Chacun est
« dans son coin » et ne profite pas de l’expérience des autres. Il y a aussi par-
fois culturellement une certaine difficulté à aborder les problèmes qui relèvent
du management.
Par ailleurs, les échanges se font, dans le meilleur des cas, sur les objectifs
des entités mais rarement sur ceux des managers eux-mêmes, ce qui n’est pas
tout à fait la même chose. La démarche reste globale et impersonnelle.
Est-il illusoire de penser que les entretiens mensuels pourraient être une moda-
lité pertinente pour construire cette confiance et choisir la distance à mettre en
place avec sa propre hiérarchie. De la même manière, une réunion mensuelle
de l’équipe d’encadrement serait aussi une excellente initiative si celle-ci était
l’opportunité de parler pilotage et animation des équipes.
196
2 - La pratique du leadership
Les moyens évoqués précédemment ont tous pour finalité d’accroître la légiti-
mité et la capacité d’influence d’un manager. La distance permet de mettre en
valeur (s’il fallait encore le faire…) que ce métier ne peut pas s’exercer d’une
manière impersonnelle.
Le manager doit être capable de donner du sens aux objectifs et aux règles et
son approche doit prendre en compte les 3 domaines suivants :
197
Nous vous proposons de décrire d’une manière plus précise ces trois registres
qui peuvent permettre de comprendre et d’adapter l’action à conduire pour
renforcer l’efficacité :
Ce sont les besoins et attentes que le collaborateur doit
satisfaire et qui stimulent son envie de s’investir profession-
nellement. Les motivations peuvent être la sécurité, le confort,
le souhait de prouver sa valeur aux autres ou à soi-même, la
Motivations possibilité de changer et d’innover…
Nous savons que la hiérarchie des besoins évolue en fonction
du contexte et de la situation personnelle de l’intéressé et que
les motivations sont des données dynamiques. Un besoin
satisfait n’est plus motivant.
Chaque personne a son propre système de valeurs et il est
essentiel pour un manager de détecter celui de son collabora-
teur. Chaque personne accorde une importance particulière à 2
ou 3 valeurs (justice, équité, plaisir, transparence, respect, …)
Valeurs
et celles-ci ne sont pas négociables. Sur quoi chacun de vos
collaborateurs n’est-il pas prêt à négocier avec quiconque. Le
savoir offre des leviers utiles pour faire agir et évite de faire des
erreurs de management.
Notre manière d’être ne se traduit pas par des modes de
fonctionnement qui sont des programmes ancrés en nous et
Programmes qui évoluent lentement. Connaître ses registres est un moyen
d’agir, de cerner les aptitudes sur lesquelles un collaborateur
pourra capitaliser mais détecter aussi ses difficultés prévisibles.
198
Proactivité Réactivité
++ + + ++
1. Engagement
Proactif Réactif
Capacité à prendre l’initiative, pro-
Capacité à accompagner l’événement,
voquer les événements, prévoir et
à gérer l’imprévisible et à improviser, à
s’organiser dans la mise en place des
être ouvert aux opportunités
actions à conduire
Souple, flexible, adaptable, conciliant,
Combatif, esprit d’initiative, structuré,
opportuniste
volontaire
2. Énergie
Aller vers Éviter
Capacité à se tourner vers un but, à
Capacité à anticiper les problèmes,
mobiliser son attention sur un objectif
pressentir les difficultés
clairement défini
Réaliste, sens du devoir, pondéré
Enthousiaste, entreprenant, fonceur
199
agir quand leur action leur permet d’éviter un malaise, un conflit, un inconfort,
une souffrance. Il est important de connaître ce positionnement car pour le pre-
mier le verre sera toujours à moitié plein alors que pour l’autre il sera à moitié
vide. La première attitude devra être tempérée alors que la seconde nécessite
de la stimulation.
3. Position
Similitude Différence
4. Perception
Globale Spécifique
Capacité à faire preuve de rigueur,
Capacité à aller à l’essentiel, avoir une
aller dans le détail, avoir le sens du
vision d’ensemble, gérer les priorités
concret
Synthétique, compréhension rapide
Esprit d’analyse, logique, fiable
200
5. Influence
Référence interne Référence externe
Capacité à suivre sa logique interne,
Capacité à se mettre à la place des
se faire une opinion à partir de son
autres, à tenir compte du feed-back
propre vécu et ses propres critères
pour accorder sa position
Autonome dans son jugement, libre
Écoute, ouverture d’esprit, adaptabilité
arbitre
La personne qui est en référence interne évalue son travail à travers ses
propres critères. Son jugement personnel suffit et prime sur celui des autres.
Elle accorde plus d’importance à sa vision des choses et à son expérience qu’à
celle de son entourage.
Cette approche évalue l’influence qu’un manager à distance peut avoir sur
un collaborateur. Dans le domaine de la conduite du changement, les profils
« référence interne » s’avèrent difficiles à faire évoluer car la distance ne joue
pas favorablement et renforce cette approche autocentrée.
6. Sociabilité
Introverti Extraverti
Capacité à aller vers les autres,
Capacité à approfondir, travailler seul. travailler en équipe. Exprime ouver-
La réflexion prime sur l’action. S’ex- tement sa manière de penser et de
prime peu sur ses propres sentiments ressentir les situations
Réfléchi, réservé, discret Sens du contact, expansif,
communicatif
Nul doute que l’extraverti prendra l’initiative s’il a besoin d’exprimer une posi-
tion ou un malaise dans le fonctionnement. La difficulté consiste plus à gérer
son besoin d’expression ce qui peut rapidement pour le manager devenir
chronophage.
À l’inverse, il est plus difficile de déceler les signaux faibles chez l’intro-
verti. L’introverti exprime rarement ses sentiments même dans un climat de
confiance et le manager devra s’imposer des échanges fréquents pour prendre
201
la température car ce n’est pas son collaborateur qui prendra l’initiative d’une
telle démarche.
7. Stabilité émotionnelle
Dissocié Associé
Capacité à prendre de la hauteur et Capacité à s’impliquer affectivement,
de la distance par rapport aux événe- à vivre l’instant présent, à devoir gérer
ments, faible perméabilité au stress les émotions comme elles viennent
Calme, stable, prévisible Impliqué, senbilité, spontané
Est-ce que votre collaborateur est dépendant de ses émotions ou sait-il prendre
la distance nécessaire ?...
Là encore, il est indispensable de savoir répondre à cette question car tous les
collaborateurs n’ont pas la même aptitude à recevoir les critiques, faire face
aux situations stressantes et se protéger des agressions.
Un conflit ou une joie intense ne sera pas vécu de la même manière et avec la
même intensité par l’un ou l’autre de ces profils. Le manager doit prendre en
compte cette dimension dans sa manière d’exprimer ses évaluations, recadrer
ou confier de nouvelles missions.
8. Façon de travailler
Méthode Intuition
Capacité à suivre son intuition et à
Capacité à suivre une méthode point
définir dans l’instant la démarche à
par point d’une manière logique
appliquer
Rigueur, ordre, esprit rationnel…
Spontanéité, improvisation…
202
203
Un manager à distance dispose de ces trois leviers pour faire penser ou agir
autrui… et l’efficacité requiert de choisir prioritairement le plus approprié au
regard du contexte et du profil de l’intéressé.
Toutefois, dans l’exercice du pouvoir un manager doit être flexible pour ré-
pondre à ces différentes missions :
-- Concertation : écoute des signaux faibles, coconstruction d’un projet, impli-
cation des collaborateurs dans la prise de décision…
-- Imposition : cadrage ou recadrage d’une méthode de travail, arbitrage d’un
choix ou traitement d’une urgence…
Un manager à distance doit apprendre à faire confiance s’il ne veut pas être
obligé de consacrer majoritairement son temps aux activités de gestion de
production (coordination, contrôle, assistance terrain) faute de pouvoir s’in-
vestir dans le pilotage et l’animation. Sans confiance, il n’y a pas de réelle
responsabilisation.
204
La confiance est dans les discours… moins dans les pratiques. En même
temps que les directions prônent dans le discours le développement du mana-
gement participatif les structures de nos entreprises vivent avec l’essor des
fonctions « support » une mise sous contrôle de l’organisation. Nous pensons
au contrôle interne, au contrôle de gestion, à la sécurité. La démarche qualité
s’inscrit parfois aussi dans une mouvance normative. L’objectif consiste parfois
plus à faire respecter les procédures qu’à vouloir adapter celles-ci au besoin
réel du client. Il est important d’avoir à l’esprit que la confiance rapporte plus
que le contrôle. En fait, pour un nombre limité de personnes qui vont trahir
notre confiance, les entreprises vont investir dans des contrôles coûteux qui
brident l’initiative et le sens des responsabilités.
205
206
-- Prendre soin de soi : être disponible aux autres impose d’être d’abord dispo-
nible à soi-même.
-- ...
Cette confiance en soi nous permet alors de pouvoir être disponible menta-
lement à aider notre collaborateur à prendre confiance dans ses propres
moyens :
-- S’impliquer soi-même dans la relation pour favoriser l’engagement de son
collaborateur.
-- Être clair sur le niveau d’exigence (objectifs, règles) et la transparence sur
ses méthodes de contrôle.
-- Identifier avec l’intéressé les étapes nécessaires pour atteindre un objectif de
manière à rassurer sur les conditions de la réussite.
-- Montrer que chaque personne fait partie d’un collectif et qu’elle peut s’ap-
puyer sur les autres membres de l’équipe.
-- Avoir le souci de détecter les signaux faibles en utilisant au mieux la commu-
nication informelle.
-- Savoir poser un problème avec bienveillance.
-- Montrer dans les situations de feed-back que l’on s’intéresse à la personne
et pas seulement au contributeur.
-- Valoriser ses performances (résultats obtenus) mais aussi reconnaître les
efforts entrepris pour réussir.
-- ...
207
209
210
211
permanente de travail car il est habitué à travailler par à-coups, en temps réel.
Le télétravail, c’est du self management.
Évidemment, le candidat idéal n’existe pas et le mouton à 5 pattes est une den-
rée rare. Toutefois, un candidat qui n’aurait pas un profil rassurant sur plusieurs
des critères serait évidemment exposé à vivre difficilement son métier.
Évaluation
N° Critères Commentaires
++/+/-/--
Je suis capable de travailler avec un
1 suivi direct limité, sans la présence d’un
manager
212
Évaluation
N° Critères Commentaires
++/+/-/--
Une structure dédiée peut être instituée au sein d’une entreprise pour accom-
pagner la mise en place du télétravail. Au-delà du temps que suppose un tel
accompagnement il est intéressant que ce soit une personne extérieure à
l’entité qui puisse conduire cette approche. En étant, ni juge ni partie… son
feed-back est mieux vécu, surtout lorsqu’il faut évoquer les engagements et
les risques possibles.
Il devient de plus en plus fréquent que des formations soient mises en place
pour créer un processus responsabilisant. Elle propose des apports techniques
et organisationnels, mais aborde principalement les postures et attitudes à
mettre en œuvre.
2 - Le contrat du télétravailleur
Le contrat à définir avec le télétravailleur est une démarche individuelle qui ne
doit pas trop tenir compte des contingences extérieures. Ce n’est pas parce
que certains collaborateurs peuvent bénéficier d’une telle organisation du tra-
213
vail qu’elle doit être accordée à tous. L’inverse est tout aussi vrai. Tous les
métiers ne sont pas éligibles et cette réalité ne doit pas bloquer les possibilités.
L’intéressé qui travaille à domicile doit consacrer un espace à son travail dans
lequel sera installé le matériel mis à disposition par l’entreprise. Cet espace
devra obéir aux règles de sécurité et permettre un aménagement ergono-
mique du poste de travail. En cas de panne ou de mauvais fonctionnement des
équipements, le télétravailleur doit en aviser immédiatement sa hiérarchie de
manière à réduire le temps d’indisponibilité du système.
214
que la charge réelle et la charge ressentie seront évaluées lors des entretiens
de suivi.
Il est rappelé que le télétravailleur bénéficie, au même titre que les autres sala-
riés, des mêmes droits à la formation et aux possibilités de déroulement de
carrière définis par l’accord d’entreprise.
On peut considérer qu’un contrat sur une durée d’une journée ne s’apparente
pas à une démarche risquée mais reconnaissons qu’un échec n’est jamais
bien vécu. Une durée courte entraîne souvent l’envie de passer à une durée
plus longue et initie un processus qu’il faut être en mesure de contrôler.
215
Dès lors que le contrat est gagnant-gagnant, il n’est pas forcément nécessaire
de s’acharner à trouver le mode de fonctionnement idéal qui n’existe pas. La
question centrale est la confiance. C’est la pierre angulaire sur laquelle va ou
pas… se construire un contrat durable entre le manager et son collaborateur.
216
Le risque du burn-out
Le risque du burn-out est souvent évoqué pour des personnes qui ne savent pas
scinder vie personnelle et vie professionnelle. Ce risque n’est pas spécifique
au télétravail mais il s’accroît notoirement avec lui. Lors des points de suivi,
le manager ne peut pas se satisfaire d’analyser les résultats, il doit porter son
intérêt sur la manière de les obtenir. Certains télétravailleurs s’imposent une
pression personnelle car ils veulent prouver que l’on peut leur faire confiance
au-delà du niveau d’exigence requis. Le travail n’est pas que souffrance ou
monotonie, il est aussi plaisir et de nombreux cas de burn-out sont liés à un
trop-plein d’investissement et l’incapacité à se fixer des limites.
217
La gestion de l’agressivité
Une troisième cause de difficulté s’explique par la violence ressentie dans les
échanges avec les clients. Un technico-commercial doit gérer la frustration de
l’échec mais aussi les récriminations de clients devenus ces dernières années
plus exigeants et plus agressifs aussi dans la relation.
3 - Le contrat de confiance
Le stress dans un travail à distance fait partie intégrante de l’activité profes-
sionnelle et l’enjeu consiste à le maîtriser. Il devient, de fait, plus facile à gérer
dans un climat de confiance et de coopération et nous voudrions maintenant
aborder un point essentiel : comment créer ce contrat de confiance entre le
manager et son collaborateur qu’il soit télétravailleur ou pas.
Nous vous proposons, à titre d’exemple, de voir les résultats de cette enquête
et la comparaison avec quelques pays européens :
218
de spéculer sur l’engagement de salariés qui pour plus de deux tiers d’entre
eux apparaissent aussi peu engagés sur le plan professionnel ?...
Le panel de questions offre des pistes d’action concrètes et l’on peut consi-
dérer qu’une mise en place efficace du travail à distance va dans le sens des
attentes des salariés. Le télétravail propose en soi une vraie chance. Toutefois,
soyons clairs sur le fait que cette approche impose une refonte des pratiques
managériales dans le domaine de l’attention portée au salarié :
219
Les générations ne fonctionnent pas de la même manière. Elles n’ont pas les
mêmes relations au temps, à l’organisation et à l’autorité. Nous savons que la
Génération Y est en forte demande vis-à-vis du télétravail.
Comprendre les leviers sur lesquels il est utile d’agir selon les générations est
une manière de mettre en perspective leurs différences… et d’en faire des
atouts au service de la performance collective.
De la même manière, il est utile de s’interroger sur ce qui peut être de nature à
favoriser un désengagement dans la dynamique de fonctionnement :
220
Le rôle du manager est clairement de définir les missions et de fixer des objec-
tifs clairs et précis mais s’il veut, en contrepartie, obtenir un engagement de
son collaborateur il devra en favoriser l’appropriation et être prêt à négocier
les moyens.
221
Voici quelques questions qui facilitent l’identification des besoins et des prin-
cipes de la collaboration à mettre en place :
-- Comprendre ce que le collaborateur a particulièrement apprécié dans ses
expériences précédentes et ce qu’il aimerait vivre de nouveau.
-- Identifier sa propre vision de son métier, de la manière de l’exercer et des
conditions à réunir pour réussir.
-- Cerner ses besoins et attentes vis-à-vis de son manager mais aussi vis-à-vis
de l’équipe de travail et de l’environnement.
-- Expliciter ce qu’il est en capacité d’apporter au fonctionnement de l’équipe.
222
qu’il bâtit une cathédrale tandis que le dernier fait savoir qu’il travaille pour la
grandeur de Dieu.
223
Nous allons, dans ce chapitre, porter notre intérêt sur les postures du manager
et sa manière d’assurer l’accompagnement individuel de ses collaborateurs
distants. Nous savons que ce métier oblige à être proactif et à organiser sa
disponibilité pour être pleinement efficace dans ses pratiques managériales.
225
1 - La démarche d’accompagnement
Il est souvent évoqué que le manager dont l’ambition est d’insuffler une culture
de la responsabilisation doit se limiter à juger les résultats et pas les moyens
mis en œuvre pour les obtenir. Cette approche vaut pour l’évaluation mais pas
pour l’accompagnement. Bien au contraire, c’est dans l’analyse des pratiques
que celui-ci sera en mesure de savoir si la performance peut devenir durable.
C’est dans l’analyse du « comment » qu’il puise le gisement d’efficacité à
mobiliser.
Le manager ne peut pas échapper à son rôle de décideur. Celui qui arbitre,
pilote, sanctionne, évalue. Mais il doit aussi être nécessairement ce coach qui
va faire prendre conscience, stimuler, apprendre, rassurer. Ce coach qui consi-
dère la personne dans son fonctionnement actuel mais plus encore dans le
potentiel qu’elle représente.
Cette dualité est très difficile à assumer ou à vivre pour l’encadrant comme
pour ses collaborateurs car le temps disponible est contraint. Elle devient plus
accessible à mettre en place lorsque le manager peut s’appuyer sur un adjoint.
Dans un bi-site celui se situe physiquement sur l’autre site et il devient dès lors
le chef-adjoint plutôt que l’adjoint du chef.
226
227
Plus les contraintes sont fortes et plus évidemment il va falloir être performant
dans la démarche d’accompagnement. Nous rappelerons, en premier lieu,
l’importance d’investir dès la prise de fonction dans le relationnel. Le retour
d’investissement n’est envisageable que si l’investissement est réel. Rappe-
lons à cette occasion, quelques pratiques qui peuvent ensemble constituer une
démarche ambitieuse mais réalisable :
1. La connaissance individuelle des personnes est la base de l’édifice : vécu
professionnel, motivations et attentes, compétences, systèmes de valeurs…
L’entretien de découverte dès la première rencontre permet d’apprendre à
se connaître mais plus encore à jeter les premiers jalons du contrat de
confiance. Il est essentiel d’en faire un temps fort de l’accompagnement
dans cette volonté de construire une relation de confiance.
2. Avoir un planning connu par tous les membres de l’équipe : il précise
votre présence sur chaque site et les plages horaires où il est possible
de vous joindre facilement. Ces plages de temps ( 2 heures deux fois par
semaine par exemple) sont des permanences où vous êtes disponible pour
répondre aux besoins individuels et gérer les problèmes liés à l’actualité
immédiate. Une excellente manière pour mesurer le niveau d’autonomie
des collaborateurs.
3. Savoir utiliser lors de vos déplacements sur l’autre site les moments for-
mels selon des objets prédéterminés (réunions, entretiens de face-à-face)
mais aussi les moments informels (repas, pauses-café…) de manière à
entretenir le lien et identifier les signaux faibles. Une gestion trop serrée
de l’agenda sera mal vécue par les collaborateurs distants. Ce temps libre
va rapidement se transformer en forte valeur ajoutée si vous savez vous
mettre en posture d’écoute.
4. Ne pas laisser passer une semaine sans appeler un de vos collaborateurs
avec comme seul objectif de savoir comment il va… et comme il peut vivre
les situations professionnelles auxquelles il est confronté. S’intéresser à ce
qu’il fait est la meilleure reconnaissance de ce qu’il est. Utiliser les appels
téléphoniques visant à régler un problème technique ou organisationnel
pour vous enquérir de sa situation. À vous évidemment de savoir prendre
en compte son profil et respecter sa zone de confort.
228
229
2 - Le processus de l’autonomie
L’expérience montre que le management à distance est une formidable oppor-
tunité pour accroître le niveau d’autonomie des collaborateurs.
Évidemment, cela exige d’avoir des collaborateurs prêts à s’investir dans une
telle démarche car la pierre d’achoppement c’est bien souvent la volonté de
s’engager. Nous avons eu l’occasion de dire précédemment que les enquêtes
réalisées par l’institut Gallup montrent le faible niveau d’engagement constaté
dans notre pays au regard des résultats obtenus dans les autres pays.
En premier lieu, il est intéressant de constater que les salariés s’avèrent sou-
vent plus autonomes hors de l’entreprise que dans l’entreprise. En effet, ils
éduquent leurs enfants, gèrent leur budget, investissent dans des projets im-
mobiliers, assurent des responsabilités au sein des associations.
VOULOIR
SAVOIR POUVOIR
230
La volonté d’agir doit se traduire dans l’engagement et cette notion est relative-
ment nouvelle pour nos entreprises et administrations. Par culture, le manage-
ment s’inscrit plus dans la soumission et l’obéissance que dans la négociation.
La démarche par objectif a fondamentalement pour finalité de s’inscrire dans
cette logique mais la mise en application n’a pas toujours favorisé une telle
ambition.
231
Le processus d’autonomie
232
233
Il s’agit de l’entretien de suivi que nous pouvons aussi appeler bilan d’étape.
La fréquence d’un tel entretien est à définir en fonction des besoins, spécificités
mais aussi des contraintes de temps du manager. Un manager qui a dans son
rateau 4 ou 5 collaborateurs n’est pas dans la situation de celui qui se retrouve
avec une douzaine de collaborateurs distants.
234
L’entretien de suivi n’est pas là pour recadrer un collaborateur sur ses man-
quements dans le respect des règles. L’entretien de recadrement est fait pour
cela. Un tel entretien n’a que pour finalité de faire le point sur l’état d’avance-
ment des projets ou le niveau de production atteint. Il existe pour cela des outils
de reporting et des points réguliers. L’objet de l’entretien bilan d’étape n’est pas
centré sur la production mais sur le collaborateur et sa capacité à gérer effica-
cement ses missions. Il a pour but de faire le point sur les objectifs, sa manière
d’assurer les rôles et responsabilités qui lui sont confiés, de voir comment il se
situe dans l’organisation et la relation avec ses collègues et partenaires.
La préparation par le collaborateur d’un tel entretien peut prendre appui sur
une check-list mise à sa disposition.
235
L’animation est un exercice qui doit créer un climat de confiance et son démar-
rage mettre l’accent sur l’esprit de la démarche proposée. Cet entretien s’inscrit
dans une logique de coaching et d’accompagnement et il n’est pas inutile de
le rappeler notamment dans les périodes où la confiance n’est pas acquise.
236
Le manager doit conduire cet entretien en prenant appui sur les deux indica-
teurs suivants :
-- Un partage du temps de parole qui se situe a minima à 50 % pour le collabo-
rateur : la finalité est bien dans une logique de responsabilisation de le faire
s’exprimer sur sa manière d’analyser et de résoudre les problématiques.
-- Un temps supérieur (60 % par exemple) consacré à la préparation des ac-
tions à venir qu’à celle de faire le bilan et le diagnostic : l’objet consiste bien
à aider le collaborateur dans la maîtrise de son métier et la réalisation de ses
objectifs.
Dans un effectif, nous pouvons considérer que 80 % des collaborateurs ont
besoin d’être stimulés ou soutenus pour répondre aux objectifs poursuivis. Il y
a seulement 10 % des collaborateurs qui peuvent se passer de ce regard exté-
rieur pour être performants et malheureusement 10 % d’entre eux qui, malgré
l’accompagnement, ne pourront finalement y faire face.
237
Face à une telle réalité, l’enjeu est de renforcer la confiance en soi. L’échange,
privilégier le comment des réussites plutôt que le pourquoi des échecs. D’une
manière parfois inconsciente, le collaborateur fort de son vécu identifie assez
clairement ce qu’il doit faire mais rencontre des difficultés à y parvenir. Orienter
l’échange sur la recherche commune des solutions va libérer des énergies
positives et montrer la confiance que le manager porte à son collaborateur.
238
Ce même collaborateur aura sans doute aussi plus d’énergie à prouver dans
l’action l’efficacité d’un plan dont il a été à l’initiative.
Le talent consiste alors à savoir poser les questions qui vont permettre au
collaborateur de visualiser les étapes et les moyens à mettre en œuvre et les
conditions dans lesquelles il lui sera possible de réussir.
Le cheminement ici proposé est un exemple des questions qui peuvent faciliter
cette démarche d’appropriation de l’objectif à atteindre, faut-il encore que celui-
ci soit déjà suffisament clair pour l’intéressé :
Techniques de visualisation
Nous sommes ici face à une transformation importante à conduire dans la rela-
tion entre manager et managé dès lors que l’ambition consiste bien à dévelop-
per le niveau d’engagement et la stimulation à agir.
239
241
242
-- Autoformation avec des supports dans l’utilisation peut être souple et adap-
table au collaborateur.
-- Action de formation en présentiel.
-- Codéveloppement.
-- Forum d’échanges.
-- ...
Les entretiens bilans d’étape sont les pivots autour desquels il est utile de
partager pour mieux comprendre l’approche pédagogique à apporter. La fré-
quence est à définir selon les métiers mais nous pouvons considérer qu’elle
pourrait être mensuelle lors d’une prise de fonction.
Au minimum une fois tous les deux ans un entretien spécifique sur la carrière
doit être envisagé en partenariat avec la DRH mais il nous semble que là
encore le pilotage doive être pris en charge par l’encadrement direct. En cela,
c’est une évolution au regard des pratiques actuelles. La liaison entre le temps
présent et les évolutions possibles doit se faire d’une manière logique et consi-
dérer d’ailleurs que la mobilité professionnelle est une étape incontournable.
Cette approche évitera ainsi que certains télétravailleurs se transforment en
électrons libres ou travailleurs indépendants.
Le télétravail est une modalité qui n’est pas définitive car elle est à mettre en
relation avec la fonction qui doit se penser d’une manière dynamique et ponc-
tuelle. Cette approche doit permettre de garder les collaborateurs en vigilance
et en veille sur le développement de leur carrière.
243
244
Or l’outil n’est qu’un moyen au service d’une pensée et non l’inverse. Il existe
un décalage entre la perception des enjeux stratégiques de l’évaluation et la
manière dont elle se positionne dans le fonctionnement. L’entretien annuel
peut-il prétendre être en même temps un bilan de compétences, un outil au
service de la conduite du changement, un support visant à récompenser les
mérites individuels ?
Le processus qui consiste à faire plusieurs entretiens bilan d’étape pour jalon-
ner le parcours et favoriser la réussite du collaborateur propose un réel conti-
245
nuum et l’entretien annuel devient alors une synthèse des constats et axes de
progrès ainsi qu’une projection sur l’année à venir.
Trois ou quatre entretiens pour des collaborateurs situés sur des bi-sites peut
être une fréquence adaptée mais il faut la définir en fonction du métier. Pour
les télétravailleurs, un échange par mois d’une heure environ est un dispositif
qui peut se pérenniser si la progressivité et complémentarité des entretiens est
cohérente.
Cet acte managérial majeur qu’est l’entretien annuel est conçu comme le point
d’orgue d’un dialogue dont les éléments se sont structurés au fil de l’année,
lors des différents échanges. Un tel processus doit dédramatiser l’évaluation
des performances.
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La première raison est liée au fait que les compétences techniques sont vite
caduques alors que les compétences organisationnelles et relationnelles, ainsi
que la curiosité par exemple sont devenues centrales dans la performance. Or,
seules les premières sont évaluées à travers des indicateurs clairs. Les com-
pétences orientées sur le savoir-être sont souvent oubliées dans l’évaluation
car considérées comme trop difficiles à mesurer.
Nous vous proposons ici quelques critères à privilégier dans le cadre d’un réfé-
rentiel de compétences :
-- Faire preuve de curiosité professionnelle et demander des conseils.
-- Effectuer son travail en respectant les consignes et rendre compte.
-- Respecter les horaires de travail et faire preuve de ponctualité.
-- S’intégrer d’une manière active au sein de l’équipe.
Par ailleurs, le malaise lié à cette approche relève du curieux mélange qui
existe entre des compétences comportementales qui sont liées à la fonction et
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La démarche type 360° pourrait dans une approche simplifiée être envisagée
pour apporter l’éclairage de l’environnement professionnel avec :
-- L’évaluation portée par le manager.
-- L’évaluation portée par les membres de l’équipe.
-- L’évaluation d’un ou plusieurs clients ou partenaires.
Il faut, dès lors, être en mesure d’évaluer la capacité des participants à faire
évoluer le collectif mais aussi leur propre efficience personnelle :
-- Je pose des questions qui aident les autres à réfléchir et à progresser.
-- Je partage mes expériences avec les autres.
-- J’exprime clairement mes besoins et je suis prêt à recevoir de l’aide des
autres.
-- Je manifeste ma reconnaissance face aux efforts des autres membres de
l’équipe.
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Le contrat est gagnant et, nul doute, que le télétravail va connaître une ampleur
considérable dans les prochaines années. Le salariat va devoir composer avec
cette nouvelle donne. Le lien social et le sentiment d’appartenance vont se
vivre autrement et à travers eux la fidélisation des collaborateurs distants de-
viendra un enjeu stratégique.
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L’enjeu est d’être plus proactif faute de ne plus pouvoir être aussi réactif. Avoir
un temps d’avance plutôt qu’un temps de retard représente un apprentissage.
La valeur ajoutée du manager ne repose plus sur les mêmes fondements.
Être disponible à soi-même pour être disponible aux autres est une autre ligne
de conduite qu’il faut s’approprier au même titre que d’être sélectif et exigeant
sur l’information que l’on veut recevoir.
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Ce livre propose dans ses trois dernières parties des méthodes et des pra-
tiques au service de la confiance et de cette décentralisation des responsabili-
tés qui, seule, peut donner sens à l’ambition affichée de mettre enfin l’homme
au cœur de l’organisation.
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Contact : thera.conseil@numericable.fr
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Daniel Ollivier
Daniel Ollivier
ÉDITION
Existe aussi en
version papier
Préface de
Patrick Bouvard ÉDITION