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Physique Statistique :
des processus élémentaires aux phénomènes collectifs
Christophe Texier
14 mars 2016
Table des matières
2 L’approche probabiliste 15
I Nécessité de l’approche probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
I.A Une nécessité pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
I.B Une nécessité de principe : chaos, perturbations extérieures et mécanique
quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II Quelques éléments de théorie des probabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II.A Évènements et probabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II.B Variable aléatoire discrète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
II.C Variable aléatoire continue – Distribution/densité de probabilité . . . . . 18
II.D Loi jointe – loi marginale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
II.E Moyenne, variance, moments, cumulants, corrélations,... . . . . . . . . . . 20
II.F Fonctions génératrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
II.G Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
II.H Remarque : et si les moments n’existent pas ? . . . . . . . . . . . . . . . . 25
II.I Théorème de la limite centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique . . . . . . . . . . . . . 28
III.A Microétats, macroétats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
III.B Quantifier l’information manquante : entropie statistique . . . . . . . . . 28
III.C Propriétés de l’entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Annexe 2.A : Fonction de grande déviation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Annexe 2.B : Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
v
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
4 Ensemble canonique 79
I Ensemble canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
I.A Distribution canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
I.B Propriétés de l’ensemble canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
II Relâchement d’une contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
II.A Contexte physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
II.B Relâchement de la contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
II.C Énoncé du théorème de minimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
II.D Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
III Ensembles microcanonique et canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
III.A Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
III.B Analyse d’un exemple : le cristal paramagnétique . . . . . . . . . . . . . . 89
III.C Analyse générale de l’équivalence entre ensembles . . . . . . . . . . . . . . 90
IV Retrouver les principes de la thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
V Formulation semi-classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
V.A Distribution canonique classique et fonction de partition . . . . . . . . . . 94
V.B Distribution de Maxwell des vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
V.C Théorème d’équipartition de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . 95
VI.A Indiscernabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
VI.B Approximation de Maxwell-Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
VI.C Apparition des effets quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
vi
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
vii
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
A Formulaire 217
B Corrections 221
Bibliographie 222
Index 225
viii
Chapitre 1
Le périmètre de la physique
statistique
Plan du chapitre
I À quoi sert la physique statistique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
II Processus élémentaires et phénomènes collectifs . . . . . . . . . . . . 2
II.A Échelle microscopique : l’hypothèse atomique . . . . . . . . . . . . . . . 2
II.B La dichotomie micro/macro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
II.C La physique statistique par rapport à la thermodynamique . . . . . . . 3
II.D La relation avec la thermodynamique comme guide . . . . . . . . . . . . 4
III Fin du réductionnisme et émergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
III.A La démarche de la physique statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
III.B Phénomènes collectifs et auto-organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
III.C Universalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
IV Conseils bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Annexe 1.A : Repères historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Cette proposition montre qu’il aurait mieux valu poser la question : à quoi ne sert pas la
physique statistique ? ! On peut en effet en juger en examinant la petite liste (loin d’être
exhaustive) d’exemples d’application de la physique statistique (dont nous étudierons certaines) :
1
II Processus élémentaires et phénomènes collectifs Le périmètre de la physique statistique
à des échelles microscopiques ou macroscopiques au sens strict. Il s’agit plutôt d’une distinction
entre des processus élémentaires et des phénomènes collectifs.
il existe une échelle où la description de la matière perd le caractère continu perceptible aux
grandes échelles qui nous sont familières, et acquiert un caractère discret. Historiquement, la
physique statistique s’est développée pour construire une théorie cinétique des gaz, dans le
contexte de laquelle on parlait au XIXe siècle d’hypothèse atomique . Cette dernière est
ancienne et remonte à l’antiquité grecque (Démocrite (460-370 av JC) ; ατ oµoς , indivisible).
Bien que les développements de la chimie au XIXe siècle en fournissaient de précieux indices, avec
2
Le périmètre de la physique statistique II Processus élémentaires et phénomènes collectifs
la loi des proportions définies , l’hypothèse atomique a rencontré une incroyable résistance
dans la communauté des physiciens à la fin du XIXe siècle, dont une partie étaient en faveur
d’une description purement continue. On peut dire que ce n’est qu’à l’orée du XXe siècle que
l’hypothèse atomique fut validée définitivement dans une expérience de physique par Jean Perrin
(en 1908) avec son étude du mouvement brownien fournissant estimation du nombre d’Avogadro.
Il est intéressant de chercher à comprendre la raison de la résistance d’une partie des phy-
siciens du XIXe : tout d’abord, comme nous l’avons dit, les preuves d’existence des atomes ne
sont venues qu’au début du XXe . Mais plus profondément, l’idée que la description la plus fon-
damentale 1 (la physique statistique) repose sur une formulation de nature probabiliste était
inconcevable (d’un point de vue philosophique) pour de nombreux scientifiques [3].
Exemple 1 : Gaz.– En supposant qu’il est justifié de décrire la dynamique des molécules
d’un gaz par la mécanique newtonienne, la physique statistique permet de déduire les propriétés
thermodynamiques de celui-ci : équation d’état, coefficients calorimétriques, etc.
3
II Processus élémentaires et phénomènes collectifs Le périmètre de la physique statistique
CV /Nk B
experiment
theory
3
1 Trot Tvib
T (K)
0
5 10 50 100 500 1000 5000
Figure 1.1 : Chaleur spécifique du dihydrogène deutéré (molécule HD formée d’un atome
d’hydrogène 11 H et de son isotope 21 H (noté D). Données tirées du livre de R. Balian [3] (p. 378).
permet de trouver des relations entre ces coefficients, telles la relation de Mayer Cp − CV =
∂p
T ∂V 2
∂T p ∂T V = T V α /κT , cependant ces contraintes ne permettent pas de déterminer tous
ces coefficients et en laissent au moins un indéterminé, par exemple CV . À l’inverse la phy-
sique statistique fournit les moyens de calculer (en principe) le potentiel thermodynamique qui
encode toutes les propriétés thermodynamiques – l’équation d’état, l’ensemble des coefficients
calorimétriques, etc – en fonction des paramètres microscopiques du modèle. Par exemple, nous
serons en mesure de prédire l’allure des courbes à la structure aussi complexe que les courbes de
chaleurs spécifiques de gaz diatomiques représentées sur la figure 1.1 (ce qui est hors de portée
de la thermodynamique, mais sera à celle du lecteur dans dès le chapitre 5).
dE = T dS} −p dV +µ dN + · · ·
| {z (1.1)
| {z }
d̄Qrev d̄W rev
4
Le périmètre de la physique statistique III Fin du réductionnisme et émergence
• L’étude des machines thermiques, initiée par Sadi Carnot, conduisit Clausius à formuler
le second principe (1954) : d̄Q
H
T > 0 pour tout cycle de transformations (nul si le cycle est
H d̄Qrev
réversible T = 0). Par conséquent dS = d̄Qrev /T est la différentielle d’une fonction
d’état S(E, V, N, · · · ) (fonction inverse de la précédente).
+ Le second principe sera démontré dans le cadre de la physique statistique (déduit du
théorème H de Boltzmann par exemple).
Figure 1.2 : La physique statistique est une sur-couche au dessus d’une description microsco-
pique.
5
III Fin du réductionnisme et émergence Le périmètre de la physique statistique
Élémentaire 6= Fondamental
0.3
0.2
0.1
%
u(r)/u0
← -0.1
-0.2
-0.3
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
r/a
&
N ∼ 1023
&
Figure 1.3 : Émergence.– Les mêmes détails microscopiques (ici un modèle simple d’interac-
tion à deux corps) peuvent conduire à des phénomènes collectifs très différents (lorsque N → ∞) :
des phases gazeuse, liquide ou solide (notons que le potentiel d’interaction entre molécules d’eau
est plus complexe).
4
Le modèle prédit également une troisième phase solide, même si nous ne serons pas en mesure de le prouver.
6
Le périmètre de la physique statistique III Fin du réductionnisme et émergence
III.C Universalité
Afin de souligner la puissance des principes d’auto-organisation en œuvre aux échelles macro-
scopiques, discutons deux exemples concrets illustrant la notion d’universalité, une idée centrale
de la physique statistique des transitions de phases.
Champ magnétique
uide C
Pression Liq Aimantation >0
Solide
C
Gaz
T
Aimantation <0
Température T
7
III Fin du réductionnisme et émergence Le périmètre de la physique statistique
tableau 1.2). Là encore, si la température critique Tc varie d’un matériau à l’autre, on observe
une universalité des exposants critiques.
Quantité exposant
C(T ) ∼ |t|−α α = 0.110(1)
m(T, 0) ∼ (−t)β β = 0.3265(3)
χ(T ) ∼ |t|−γ γ = 1.2372(5)
m(Tc , B) ∼ B 1/δ δ = 4.789(5)
def
Table 1.3 : Exposants critiques du modèle d’Ising 3D (théorie). t = (T − Tc )/Tc .
Résultats théoriques obtenus pour le modèle d’Ising 3D, tirées de la revue : Andrea Pelissetto
& Ettore Vicari, Critical phenomena and renormalization-group theory , Phys. Rep. 368,
549–727 (2002)
Dans la classe d’universalité d’Ising 3D, on trouve des problèmes physiques aussi divers
que : la transition liquide-gaz et para-ferro, donc, les fluides binaires (mélanges), les alliages
désordonnés, les systèmes ferroélectriques, etc.
8
Le périmètre de la physique statistique III Fin du réductionnisme et émergence
9
IV Conseils bibliographiques Le périmètre de la physique statistique
IV Conseils bibliographiques
A. Physique statistique
Les ouvrages les plus faciles d’accès :
• Un livre d’introduction : volume V du cours de Berkeley de F. Reif [31].
• Un livre au classicisme très français plutôt synthétique et plaisant : R. Castaing [7].
• Pédagogique et plutôt synthétique : C. & H. Ngô [27].
• L’excellent polycopié de cours d’A. Georges & M. Mézard [12] (difficile à se procurer ?)
• Très (trop ?) complet et pédagogique : B. Diu, C. Guthmann, D. Lederer & B. Roulet [11]. Ne
pas se laisser effrayer par le volume (∼1000 pages) : le cœur de l’ouvrage (la partie cours )
ne fait que 235 pages, le reste étant une série de compléments et illustrations.
Autres ouvrages :
• Un ouvrage très agréable, avec une longue discussion sur les transitions de phases et les
phénomènes critiques : R. K. Pathria & P. D. Beale [28].
• Les ouvrages récents de M. Kardar méritent très certainement d’être mentionnés [16, 15] (le
premier tome correspond davantage à notre programme).
• Deux ouvrages intéressants sont ceux de K. Huang [13] et plus original, celui de S.-K. Ma [25].
• Pour rester du côté asiatique on peut mentionner le classique livre de R. Kubo et alter [35] et,
sur des sujets plus avancés (aspects hors équilibre,...) [20].
Ouvrages de référence :
• Re-citons : B. Diu, C. Guthmann, D. Lederer & B. Roulet [11].
• Un livre classique très complet est celui de F. Reif [30].
• Un autre classique (plus difficile) : le Landau & Lifchitz [21]. Discussion détaillée des
symétries.
• Très profond et complet, mais également plus difficile : R. Balian [3, 4].
Exercices :
• L. Couture, C. Chahine & R. Zitoun [10]
• Récemment : H. Krivine & J. Treiner [19].
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INFORMATIQUE
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Mécanique
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COURS
quantique
Cours et exercices corrigés 2e édition
Christophe Texier
Mécanique
Ce manuel est destiné aux étudiants des licences et mas-
est maître de conférences
ters de physique, aux candidats au CAPES ou à l’Agréga-
Mécanique quantique
quantique
rôle des symétries, le problème de l’indiscernabilité des
particules identiques, les méthodes d’approximation et les
problèmes dépendant du Temps. Sont abordées également
la théorie de la collision ou l’étude de la dynamique d’une
particule en champ magnétique.
• Un livre assez descriptif et agréable : C. Kittel [17]. Une centaine d’exercices et de problèmes sont proposés
et accompagnés de corrigés détaillés mettant en évidence
la méthodologie.
Dans cette seconde édition actualisée, des exemples,
Cours et exercices corrigés
des problèmes et des expériences ont été ajoutés afin de
2e édition
• Un classique assez détaillé : N. Ashcroft & N. Mermin [2].
faciliter la compréhension des notions les plus complexes.
! Licence 3
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! Agrégation
9:HSMBKA=\WVZYW:
2544489
2e
ISBN 978-2-10-072154-2
10
Le périmètre de la physique statistique IV Conseils bibliographiques
11
IV Conseils bibliographiques Le périmètre de la physique statistique
statistical mechanics .
• 1900-1927 : développement de la mécanique quantique.
• 1907 : Einstein développe une première théorie de la chaleur spécifique des solides (cf. § II.B).
• 1912 : Debye améliore la théorie d’Einstein et explique les comportements de basse température
de la chaleur spécifique des solides CVvib ∝ T 3 (cf. § II.B).
• 1912 : Smoluchowski lève le paradoxe du démon de Maxwell pour un démon automatique.
• 1912 : Otto Sackur (1880-1914) et Hugo Tetrode (1895-1931) proposent (indépendamment)
une formule pour l’entropie du gaz monoatomique. 5 La physique statistique classique permettait
d’aboutir (en tenant du paradoxe de Gibbs) à S(E, V, N ) = N kB ln(V /N ) + 32 ln(E/N ) + s0
où s0 est une constante indéterminée. En utilisant des arguments théoriques et des données
expérimentales sur la vapeur de Mercure, ils introduisent la constante de Planck 6 afin de
discrétiser le problème du comptage des microétats accessibles, ce qui fixe la constante s0 (cf.
§ III.B).
• Années 1910 : premières théories des milieux magnétiques : (expériences de Curie), Weiss,
Langevin, Brillouin (plus tard).
• 1924 : Statistique de Bose-Einstein pour des particules indiscernables de nature bosonique
(dont la fonction d’onde est symétrique sous l’échange de particules).
• 1925 : Einstein applique ces idées aux gaz atomiques et prédit la possible condensation de
Bose-Einstein (qui sera proposée comme explication du phénomène de supraconductivité par
London en 1938). Cf. § II et II.
• 1926 : Suivant les idées de Pauli (principe de Pauli), Fermi et Dirac proposent (indépendamment)
la statistique de Fermi-Dirac pour des particules indiscernables de nature fermionique (dont la
fonction d’onde est antisymétrique sous l’échange). Cf. § II.
• 1927 : Landau et von Neumann introduisent la notion de matrice densité, l’équivalent quantique
de la notion de distribution dans l’espace des phases classique.
• 1928 : Sommerfeld produit sa théorie des électrons dans les métaux (théorie de Drude-
Sommerfeld). Cf. § III.
• 1937 : Théorie phénomènologique de Landau des transitions de phases du second ordre.
• Fin des années 1930 : théorie de la superfluidité par Landau (qui lui vaudra le prix Nobel en
1962).
• 1939 : Théorème spin-statistique (Pauli, Fierz et Belinfante) : les propriétés de permutabilité
de la fonction d’onde de particules identiques sont contrôlées par le spin de celles-ci (entier ou
demi-entier).
• 1944 : Lars Onsager (prix Nobel de chimie 1968) obtient la solution exacte pour le modèle
d’Ising bidimensionnel en champ magnétique nul (calcul de Z(T, B = 0)).
• 1948 : Théorie de l’information (Shannon & Weaver).
• 1950 : En interprétant le “paradoxe du démon de Maxwell” avec les idées de la théorie de
5
On pourra consulter l’article récent de W. Grimus, 100th anniversary of the Sackur-Tetrode equation ,
Ann. Phys. (Berlin) 512(3), A32–A35 (2013) ; disponible sur arXiv :1112.3748.
6
Jusque là la constante de Planck était apparue dans l’étude de la thermodynamique du rayonnement (Planck
1900, Einstein 1905), mais aussi dans la théorie d’Einstein de la chaleur spécifique des solides (Einstein, 1907).
12
Le périmètre de la physique statistique IV Conseils bibliographiques
l’information, Léon Brillouin montre comment lever le paradoxe pour un démon qui serait un
être vivant et pas seulement un automate.
• Années 1950 : formulation du problème à N corps. Stimulera la recherche de nouveaux états
de la matière.
• 1957 : théorie de la supraconductivité par John Bardeen, Leon Neil Cooper et John Robert
Schrieffer (prix Nobel 1972).
• Années 1970 : théorie des phénomènes critiques.
13
IV Conseils bibliographiques Le périmètre de la physique statistique
14
Chapitre 2
L’approche probabiliste
Plan du chapitre
I Nécessité de l’approche probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
I.A Une nécessité pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
I.B Une nécessité de principe : chaos, perturbations extérieures et mécanique
quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II Quelques éléments de théorie des probabilités . . . . . . . . . . . . . 17
II.A Évènements et probabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II.B Variable aléatoire discrète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
II.C Variable aléatoire continue – Distribution/densité de probabilité . . . . 18
II.D Loi jointe – loi marginale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
II.E Moyenne, variance, moments, cumulants, corrélations,... . . . . . . . . . 20
II.F Fonctions génératrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
II.G Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
II.H Remarque : et si les moments n’existent pas ? . . . . . . . . . . . . . . . 25
II.I Théorème de la limite centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique . . . . . 28
III.A Microétats, macroétats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
III.B Quantifier l’information manquante : entropie statistique . . . . . . . . 28
III.C Propriétés de l’entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Annexe 2.A : Fonction de grande déviation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Annexe 2.B : Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
La physique statistique tourne à son avantage le fait que le nombre de constituants élémentaires
soit extraordinairement grand, ce qui justifie d’abandonner l’idée de suivre l’évolution de chaque
constituant élémentaire et de plutôt suivre une approche probabiliste.
15
I Nécessité de l’approche probabiliste L’approche probabiliste
Si l’impossibilité pratique d’analyser la dynamique (classique) de tous les constituants d’un gaz
était évidente à la fin du XIXe siècle, examinons ce qu’il en est à l’heure de l’informatique.
Considérons 1 cm3 de gaz parfait monoatomique dans les conditions normales de température
et de pression (T = 300 K' 27 o C et p = 1 atm= 105 Pa) et cherchons à caractériser l’état
microscopique du système à un instant donné, entreprise dont les fruits semblent bien modestes !
10−3
N= NA ' 2.5 1020 atomes (2.2)
24
Calculons le volume d’information que nous devons stocker pour caractériser à un instant t
toutes les positions et les vitesses des N atomes.
Première question : combien de chiffres significatifs sont nécessaires pour carcatériser les
positions/vitesses des atomes ? La distance typique entre atomes est δ = n−1/3 où n = N/V est
la densité moyenne. Il faut au moins avoir la position d’un atome à une fraction 1/p de cette
échelle, par rapport à la taille de la boı̂te L = V 1/3 . Une coordonnée x d’un atome doit donc
être repérée sur un segment [0, L] ayant au moins pL/δ graduations (p = 10 veut dire qu’il y a
dix graduations à l’échelle de δ). Il nous faut donc log10 (pLn1/3 ) chiffres significatifs par atome
et par coordonnée (il y en a six : trois coordonnées d’espace et trois pour les vitesses). Donc
l’information totale que nous devons stocker est, mesurée en octets (1 octet=8 bits, i.e. un chiffre
entre 0 et 15),
soit
N ln(p3 N )
Mém = (2.4)
2 ln 2
Application numérique (pour une précision p = 3 très modeste) : Mém ≈ 1021 octets, soit 1010
disques durs de 100 Go (la capacité standard aujourd’hui).
Conclusion, si chaque être humain sur terre (environ 7 109 ) possédait un disque dur de
100 Go, cela suffirait à peine à stocker l’information (de la mécanique classique) correspondant
à une photographie du gaz contenu dans 1 cm3 !
D’un point de vue pratique, il est donc exclu de chercher à prédire la dynamiques de l’en-
semble des parties élémentaires d’un corps macroscopique. Non seulement l’objectif est hors
de portée (les expériences numériques de dynamique moléculaire peuvent suivre aujourd’hui
quelques milliers de particules sans problème ; la limite des capacités numériques atteint plutôt le
million de particules) mais soulignons également qu’il n’a pas d’intérêt. En effet, le nombre d’in-
formations intéressantes que l’on souhaite extraire est en général très faible : témpérature,
pression, densité, à la rigueur des distributions,... la connaissance du nombre faramineux de
données spécifiant les positions et les vitesses des particules ne nous dit pas clairement comment
remonter à ces informations intéressantes.
16
L’approche probabiliste II Quelques éléments de théorie des probabilités
1. Dans le cadre classique : dès que la dynamique d’un système à grand nombre de degrés
de liberté est un peu complexe, ses propriétés sont essentiellement chaotiques. L’absence
d’intégrabilité (i.e. la faiblesse du nombre de constantes du mouvement, comme l’énergie),
conduit à une extrême sensibilité de la dynamique dans les conditions initiales. C’est-à-
dire que des variations infimes sur l’état initial du système se répercutent extrêmement
rapidement par des évolutions divergentes.
2. Pour insister encore sur la faiblesse prédictive des équations du mouvement pour un
nombre macroscopique de constituants, remarquons qu’il est difficile en pratique de définir
précisément l’hamiltonien du système. Tout système isolé réel sera soumis à des per-
turbations extérieures résiduelles perturbant sa dynamique.
M
X
Pm = 1 (normalisation) . (2.6)
m=1
17
II Quelques éléments de théorie des probabilités L’approche probabiliste
X M
X
def
P (x) = Proba{X = x} = Pm = Pm δx,X (m) , (2.7)
m t.q. X (m) =x m=1
où le symbole de Kronecker δi,j (0 si les arguments sont distincts, 1 s’ils sont égaux) nous a
permis de déplacer la contrainte ailleurs que sur la sommation. Notons que si les valeurs X (m)
sont toutes distinctes, on a plus simplement P (X (m) ) = Pm .
Exemple : Machine à sous.– On joue avec une machine à sous qui peut sortir aléatoirement
trois chiffres entre 0 et 9, i.e. M = 103 = 1000 résultats. Les 1000 évènements sont équiprobables :
P1 = · · · = P1000 = 1/1000 (sinon le casino triche).
• Les 10 évènements pour lesquels les trois chiffres sont iden-
def
tiques, notés e1 (000) à e10 (999), font gagner s1 = S (1) =
· · · = S (10) = 100 e.
Figure 2.1 : Distributions. distribution d’une variable aléatoire discrète (à gauche). À droite :
distribution d’une variable continue (loi exponentielle).
18
L’approche probabiliste II Quelques éléments de théorie des probabilités
Nous avons déjà introduit la notion de distribution d’une variable aléatoire discrète : (2.7)
est la probabilité pour que la variable aléatoire X prenne la valeur x parmi un ensemble discret
de valeurs {x1 , x2 , · · · , xV } (notons que le nombre de valeurs distinctes est V 6 M puisque la
même valeur peut être réalisée pour plusieurs évènements, comme on l’a vu sur notre exemple
de machine à sous).
Si la variable est continue, on introduit la densité de probabilité w(x) qui mesure la probabilité
pour que la variable aléatoire X prenne la valeur x :
def
w(x) dx = Proba X ∈ [x, x + dx] . (2.8)
p(y) dy = Proba X ∈ [f (y), f (y) + f 0 (y)dy ] = w (f (y) f 0 (y) dy ⇒ p(y) = w (f (y) f 0 (y)
| {z }
dx
R (2.10)
Nous vérifions que cette transformation respecte la condition de normalisation p(y) dy =
R
w(x) dx = 1 ; c’est un bon moyen de se rappeler que p(y) dy = w(x) dx .
1 2
Exemple : considérons une particule en une dimension d’énergie E = 2m p . Connaissant la
p √
distribution de l’impulsion f (p), nous obtenons la distribution de son énérgie p(E) = E/mf ( 2mE).
19
II Quelques éléments de théorie des probabilités L’approche probabiliste
Moyenne
Une information intéressante est donnée par la moyenne statistique sur un ensemble de N
réalisations :
N M
(N ) 1 X (mi ) 1 X
X = X = Nm X (m) (2.14)
N N
i=1 m=1
La première somme porte sur les N évènements qui se sont effectivement réalisés (la suite pile,
face, face, pile, etc), alors que la seconde porte sur l’ensemble des M évènements (les deux
possibilités pile ou face), ce pourquoi nous avons réintroduit le nombre d’occurences Nm de
l’évènement em . Remarquons que si nous réalisons un autre ensemble de N expériences, nous
obtenons une suite d’évènements différente (et des Nm 0 distincts) et la moyenne statistique est
(N ) 0(N )
également différente X 6= X .
Nous définissons maintenant la moyenne probabiliste (aussi appelée espérance mathématique ,
def (N )
notée E(X)) comme la limite de la moyenne statistique pour N → ∞ : hXi = limN →∞ X =
0(N )
limN →∞ X = · · · (à la limite N → ∞, les moyennes statistiques obtenues pour toute les
suites distinctes d’évènements coı̈ncident, ce qui sera prouvé plus bas). Nous déduisons que la
moyenne probabiliste peut s’exprimer en termes de la distribution des évènements
M
X
hXi = Pm X (m) (2.15)
m=1
Remarquons que lorsqu’on s’intéresse aux propriétés de la variable aléatoire, il est plus naturel
d’exprimer les moyenne à l’aide de la distribution de celle-ci :
V
X
hXi = P (xv ) xv (2.16)
v=1
20
L’approche probabiliste II Quelques éléments de théorie des probabilités
où la somme porte sur les valeurs distinctes prises par la variable aléatoire. Par exemple, sur
l’exemple de la machine à sous discuté ci-dessus, la variable S ne prend que trois valeurs,
sv ∈ {0 e , 10 e , 100 e}. Sa distribution P (sv ) a été donnée plus haut.
Dans le cas d’une variable continue distribuée selon la densité de probabilité w(x), par
analogie avec l’expression précédente, nous voyons que la moyenne prend la forme
Z
hXi = dx w(x) x . (2.17)
Remarquons finalement que les formules (2.16) et (2.17) peuvent être généralisées pour cal-
culer la moyenne de n’importe quelle fonction de la variable aléatoire,
V
X
hf (X)i = P (xv ) f (xv ) (2.18)
v=1
Variance et écart-type
hXi nous dit en moyenne quelle valeur prendra la variable aléatoire si elle est mesurée un nombre
N → ∞ de fois. Une autre information intéressante serait de caractériser l’ordre de grandeur
des écarts à la moyenne X − hXi. Pour cela nous définissons la variance 1
où l’ordre de grandeur des fluctuations de la variable aléatoire autour de sa moyenne est ca-
ractérisé par l’écart type (qui a la dimension de X)
def
p
σX = Var(X) (2.21)
Ce qui veut dire que si on réalise une expérience, la variable prendra une valeur (en gros)
X (m) ≈ hXi à ±σX près ; notons que cette formulation approximative n’a d’intérêt que si
σX | hXi |, sinon nous ne pouvons pas synthétiser aussi simplement l’information contenue
dans la distribution.
Exemple : loi exponentielle Considérons par exemple la loi exponentielle w(x) = a1 e−x/a
pour x > 0 (figure 2.1). Nous obtenons hXi = a et hX 2 i = 2a2 , donc Var(X) = a2 et σX = a.
Indépendance et corrélations
Considérons deux évènements A et B. S’ils sont statistiquement indépendants (non corrélés) la
probabilité d’occurence des deux évènements est donnée par le produit des probabilités
P (A&B) = P (A) P (B) (définition de l’indépendance statistique) (2.22)
En revanche, cette propriété ne sera pas respectée si les deux évènements sont corrélés, P (A&B) 6=
P (A) P (B).
1
Nous pourrions introduire une autre quantité pour caractériser cette information, comme h|X − hXi |i. Nous
allons voir plus loin pourquoi considérer cette quantité n’est pas très judicieux.
21
II Quelques éléments de théorie des probabilités L’approche probabiliste
Exemple : Considérons une situation simple : les deux évènements correspondent à A = {Alice
dans la salle C20} et B = {Bob dans la salle C115}. Chaque jour les étudiants se distribuent
aléatoirement parmi les cinq groupes de TD. Trois situations :
1. Premier jour de la rentrée, Alice et Bob ne se connaissent pas, les étudiants se répartissent
aléatoirement dans les salles de TD ⇒ P (A&B) = P (A) P (B).
2. Après un mois, des affinités se sont formées, Alice et Bob souhaitent être dans le même
groupe de TD (corrélations sur leurs positions) ⇒ P (A&B) < P (A) P (B).
3. Après deux mois, premières brouilles, Alice et Bob sont fâchés et s’évitent (anti-corrélations
sur leurs positions) ⇒ P (A&B) > P (A) P (B).
2. Les positions sont corrélées (Alice et Bob veulent rester ensemble) : une fluctuation de
XA autour de hXA i sera corrélée à une fluctuation de XB autour de hXB i de même signe
3. Les positions sont anti-corrélées (Alice et Bob s’évitent) : une fluctuation de XA −hXA i >
0 sera corrélée à une fluctuation XB − hXB i < 0 :
Remarquons que Cii = Var(Xi ). En outre on peut montrer que la matrice Cij est symétrique
définie positive, i.e. il existe une matrice orthogonale
P O telle que C = O diag(σ12 , · · · , σN
2 ) OT .
Autrement dit les nouvelles variables Yi = j Oji Xj sont des variables indépendantes de va-
riances σi2 .
22
L’approche probabiliste II Quelques éléments de théorie des probabilités
Moments et cumulants
La notion de moment généralise la notion de moyenne et de valeur quadratique moyenne. Le
def
nième moment est par définition µn = hX n i. Notons que la donnée de l’ensemble des moments
est aussi informative que la donnée de la distribution (sauf distribution pathologique) : il s’agit
de deux manières d’encoder l’information sur les propriétés statistiques de la variable aléatoire.
Si les fluctuations relatives de la variable sont faibles σX | hXi |, nous voyons que le second
moment est essentiellement dominé par le premier moment : hX 2 i = hXi2 + Var(X) ' hXi2 .
L’information intéressante (dans le sens l’information apportée par hX 2 i qui n’est pas contenue
dans hXi ) est donc masquée, ce qui permet de comprendre l’intérêt de la notion de variance
def
dans ce cas. La variance est aussi appelée le second cumulant c2 = Var(X) de la distribution (la
def
moyenne étant le premier c1 = hXi). On peut également généraliser la notion et introduire le
cumulant d’ordre supérieur d’ordre n, noté cn , caractérisant l’information statistique qui n’est
pas contenue dans les cumulants précédents. Précisons ce point :
def
1. Moyenne.– La première information est donnée par la moyenne c1 = µ1 = hXi.
def def
2. Variance.– Le second cumulant c2 = µ2 − (µ1 )2 = Var(X) = hX̃ 2 i, où X̃ = X − hXi,
caractérise la largeur de la distribution (cf. figure 2.3).
0.35
0.30
2Σ
0.25
0.20
0.15
0.10 Xx\
0.05
2 4 6 8 10 12 x
p
Figure 2.3 : L’écart type σ = Var(X) donne une mesure de la largeur de la distribution.
0.35 0.35
0.30 0.30
0.25 0.25
0.10 0.10
0.05 0.05
-6 -4 -2 2 4 6 x -6 -4 -2 2 4 6 x
Figure 2.4 : À gauche : la loi de Gumbel f (x) = exp(−x − e−x ) a pour premiers cumulants :
c1 = C = 0.577... (constante d’Euler), c2 = π 2 /6, c3 = 2ζ(3) (fonction zeta de Riemann),
c4 = π 4 /15, etc. Le signe de c3 indique si les fluctuations positives ou négatives (relativement à
hXi sont favorisées.
4. Kurtosis.– La distribution entièrement caractérisée par ses deux premiers cumulants est la
distribution gaussienne pour laquelle hX̃ 4 i = 3hX̃ 2 i2 . Nous introduisons une quantité qui
23
II Quelques éléments de théorie des probabilités L’approche probabiliste
def
caractérise la déviation à la gaussienne : c4 = µ4 − 3(µ2 )2 + 12µ2 (µ1 )2 − 4µ3 µ1 − 6(µ1 )4 =
hX̃ 4 i−3hX̃ 2 i2 (c4 > 0 veut dire que les grandes fluctuations sont plus favorables que dans le
cas d’une distribution gaussienne). On définit un coefficient d’aplatissement ( kurtosis )
γ2 = c4 /c22 , adimensionné. Cf. figure 2.5.
0.7 0.4
1
0.1 0.6
0.01
0.3
0.001 0.5
10-4
0.4
10-5
-6 -4 -2 0 2 4 6
0.3
0.2 c4<0
0.2 c4>0 0.1
0.1
-6 -4 -2 2 4 6 x -4 -2 2 4 x
√ q a
a Γ(3/a)
Figure 2.5 : La distribution symétrique ga (x) = exp − Γ(3/a)
Γ(1/a) , ici tracée pour
x
2Γ(1/a)3/2
a = 1 et a = 4, a pour premiers cumulants (non nuls) : c2 = 1, c4 = Γ(1/a)Γ(5/a)
Γ(3/a)2
− 3, etc. Le
quatrième cumulant change de signe pour a = 2. La courbe rose est la distribution gaussienne
(a = 2).
Il ne semble pas évident de poursuivre cette construction afin de définir des coefficients c5 , c6 ,
etc. Nous expliquons dans le paragraphe suivant comme définir systématiquement les cumulants.
qui représente la transformée de Laplace de la distribution (nous considérons le cas d’une variable
aléatoire continue ; nous aurions aussi bien pu discuter le cas discret). Notons que la condition
de normalisation prend la forme g(0) = 1. Le paramètre p pourra être complexe pour assurer la
convergence de l’intégrale : g(ik) est alors la transformée de Fourier de la distribution. L’intérêt de
cette notion est qu’il s’agit souvent de la quantité aisée à calculer, la physique statistique nous en
donnera de multiples illustrations. La fonction génératrice ne porte pas de sens physique mais
def
son intérêt est qu’étant connue, elle permet d’obtenir directement les moments µn = hX n i par
dérivation puisque
∞
X (−p)n
g(p) = µn ⇒ µn = (−1)n g (n) (0) . (2.28)
n!
n=0
De même nous introduisons la fonction génératrice des cumulants :
∞
def
X (−p)n
ω(p) = cn ⇒ cn = (−1)n ω (n) (0) . (2.29)
n!
n=1
On prendra maintenant la relation entre les deux fonctions génératrices
ω(p) = ln g(p) (2.30)
comme une définition des cumulants. En identifiant les deux développements en puissance
de p, on peut vérifier que l’on retrouve les définitions des quatre premiers cumulants données
plus haut. Par exemple (à l’ordre 2) −c1 p + 21 c2 p2 + O(p3 ) = ln[1 − µ1 p + 21 µ2 p2 + O(p3 )], d’où,
en développant le logarithme, −c1 p + 12 c2 p2 + O(p3 ) = −µ1 p + 21 (µ2 − µ21 )p2 + O(p3 ). Qed.
24
L’approche probabiliste II Quelques éléments de théorie des probabilités
II.G Exemples
Loi binomiale.– Considérons N évènements, chacun associé à deux éventualités possibles
(par exemple pile ou face). L’évènement pile se produit avec probabilité p et l’évènement
face avec probabilité 1−p. La probabilité pour que n évènements pile se produisent est : ΠN (n) =
CNn pn (1 − q)N −n (attention, ici N est un paramètre fixé, tandis que n est la variable aléatoire).
def
Il est commode de prendre la définition suivante pour la fonction génératrice : gN (s) = hsn i (si
on écrit s = e−p , cela correspond à la définition donnée ci-dessus). On obtient sans difficulté :
gN (s) = [1 + p(s − 1)]N . On peut trouver les deux premiers cumulants en utilisant hni = gN 0 (1)
Loi de Poisson.– Considérons des évènements indépendants. La probabilité pour qu’un évènement
se produise pendant un intervalle de temps infinitésimal dt est indépendante du temps, donnée
par λdt. Par exemple il peut s’agir du passage des électrons arrachés à la cathode d’une lampe à
vide (Schottky, 1918) ; dans ce cas qe λ est le courant électrique moyen. La probabilité pour que
n évènements se produisent pendant un temps T (avec ν = λT ) est donnée par la loi de Poisson
n
Pν (n) = νn! e−ν . Les fonctions génératrices des moments et des cumulants sont respectivement
gν (p) = exp ν(e −1) et ων (p) = ν(e−p −1), ce qui montre que les cumulants sont tous égaux :
−p
Distribution gaussienne.– Considérons une variable continue X distribuée selon la loi (à
2
deux paramètres) : pa,σ (x) = √ 1 2 exp − (x−a)
2σ 2
. Nous calculons sans difficulté la fonction
2πσ
génératrice ga,σ (p) = exp[−ap + 12 σ 2 p2 ]. La fonction génératrice des cumulants est quadratique
ωa,σ (p) = −ap + 21 σ 2 p2 , ce qui montre que la loi gaussienne est la seule loi dont seuls les deux
premiers cumulants c1 = hXi = a et c2 = Var(X) = σ 2 sont non nuls.
Exemples
qui signale l’absence d’un développement de Taylor (2.28), i.e. la divergence de tous les moments
hX 2n i = ∞.
4/π
Un autre exemple.– Étudions maintenant la loi w(x) = 4+x 4 ; en utilisant le théorème
−ikX −|k| ∈ C2 (R) (en effet g̃(k) =
des résidus, on vérifiera que g̃(k) = he i = cos k + sin |k| e
2 2 3 4
1 − k + 3 |k| + O(k )) ce qui indique que seuls les deux premiers moments sont finis : hXi = 0,
hX 2 i = 2 et hX 2n i = ∞ pour n > 1.
25
II Quelques éléments de théorie des probabilités L’approche probabiliste
• Si nous considérons un gaz d’atomes ou de molécules, son énergie est dominée par l’énergie
cinétique (c’est presque la définition du gaz, l’énergie potentielle caractérisant l’inter-
action entre atomes/molécules est négligeable devant l’énergie cinétique, Ec Eint ).
Une question pourrait être de caractériser la distribution de l’énergie du gaz atomique
Ec = N 1 2
P
i=1 2m i .
p
~
Cette relation nous suggère d’écrire la fonction génératrice sous une forme exponentielle g(p) =
def
exp ω(p), i.e. de faire apparaı̂tre la fonction génératrice des cumulants. Nous notons ΩN (p) =
P∞ (−p)k
k=1 k! Ck = ln GN (p) la fonction génératrice des cumulants de S. Nous obtenons
∞
X (−p)k
ΩN (p) = N ω(p) = N ck i.e. Ck = N ck (2.33)
k!
k=1
26
L’approche probabiliste II Quelques éléments de théorie des probabilités
En particulier la seconde relation montre que les écarts types (i.e. l’ordre de grandeur des
fluctuations) sont reliés comme
√
σS = N σX (2.36)
Les fluctuations de la somme√de N variables indépendantes se comportent typique-
ment 2 comme δS ∼ σS ∝ N . Nous justifions maintenant que dans la limite N → ∞
nous pouvons négliger les autres cumulants de la variables S. La raison est la suivante : tous les
cumulants de S croissent linéairement avec N : Ck ∝ N , or ce dernier contribue aux fluctuations
def
de S comme δk S = (Ck )1/k ∝ N 1/k . Cette contribution décroı̂t plus vite que celle du second
cumulant :
(Ck )1/k /(C2 )1/2 ∝ N −(k−2)/(2k) −→ 0
N →∞
(cette relation peut être comprise par analyse dimensionnelle puisque [Ck ] = [S]k ). Finalement
cela justifie de négliger tous les cumulants Ck avec k > 2 :
1 2
GN (p) ' e−N c1 p+ 2 N c2 p pour N → ∞ (2.37)
i.e. ( )
1 (S − N hXi)2
PN (S) ' p exp − pour N 1 . (2.38)
2πN Var(X) 2N Var(X)
Le théorème offre une illustration assez simple de la notion d’émergence introduite dans
le premier chapitre : quelle que soit la distribution p(x), pourvu que ses deux premiers mo-
ments soient finis, dans la limite N → ∞ la distribution PN (S) tend vers une loi gaussienne.
L’émergence de cette loi universelle n’est pas contenue dans les détails microscopiques de
départ, la loi p(x), mais dans le passage du microscopique au macroscopique (la limite N → ∞).
Ce théorème sera d’une importance cruciale pour la physique statistique où nous aurons très
souvent à considérer des grandeurs physiques (macroscopiques) somme d’un très grand nombre
(N ∼ NA ) d’autres grandeurs (microscopiques) ; par exemple l’énergie d’un gaz, somme des
énergies des particules qui le constituent.
def S − N hXi
Y = p . (2.39)
N Var(X)
27
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique L’approche probabiliste
où nous avons utilisé la notation c1 = hXi et c2 = Var(X). Introduisons g̃(p) = g(p) ec1 p , la
fonction génératrice de X − hXi. Nous obtenons
N " 2 3 #
p 1 p 1 p
γN (p) = g̃ √ = exp N c2 √ − c3 √ + ··· (2.41)
N c2 2 N c2 6 N c2
3
1 2 p
= exp p + O √ (2.42)
2 N
1 2
Dans la limite N → ∞ nous retrouvons la fonction génératrice γ∞ (p) = e 2 p correspondant à la
1 2
distribution gaussienne normalisée p(y) = √12π e− 2 y . Qed.
• Macroétat (mélange statistique).– Si nous ne savons pas précisément dans quel mi-
croétat le système se trouve, nous pouvons en revanche caractériser avec quelle probabilité
il occupe les différents microétats. La donnée des probabilités d’occupation {Pm } des mi-
croétats définit un macroétat ou mélange statistique (de microétats)
Dans le cas du gaz, le macroétat est spécifié en précisant la densité de probabilité pour
que les particules se trouvent en différentes positions de l’espace avec certaines vitesses.
28
L’approche probabiliste III Microétats, macroétats, information et entropie statistique
def
X
S({Pm }) = −kB Pm ln Pm (2.43)
m
fonction qui permet de retrouver une entropie extensive avec la taille du système (on pourra
consulter l’article pédagogique [14]).
Minimum L’entropie d’un microétat est mimimum. Dans ce cas il ne manque aucune infor-
mation pour spécifier l’état microscopique.
Très facile à vérifier puisque les probabilités associées au microétat e` sont Pm = δm,` .
Maximum Le cas où nous avons le moins d’information sur l’occupation des M microétats
est lorsque ceux-ci sont équiprobables, Pm = 1/M ∀m. Dans ce cas
Symétrie Les microétats jouent des rôles symétriques du point de vue de la mesure de l’in-
formation, i.e. S(P1 , · · · , PM ) est une fonction symétrique sous l’échange de ses arguments.
3
En théorie de l’information, l’information est mesurée en bit. Le manque d’information maximum sur un bit
étant ln 2 on choisit plutôt kB → 1/ ln 2 dans ce contexte.
4 def kB P α
Un autre choix possible est l’entropie de Rényi Sα ({Pm }) = 1−α ln m Pm , qui tend vers l’entropie de
max
von Neumann dans la limite α → 1. Remarquons Sα = kB ln M , comme pour l’entropie de von Neumann,
cependant elle ne vérifie pas toutes les propriétés énoncées plus bas.
29
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique L’approche probabiliste
Sous-additivité Considérons des microétats spécifiés par la donnée de deux informations. Par
exemple si nous disposons de deux sous systèmes, l’un dans un microétat parmi A ∈ {e1 , · · · , eN }
et l’autre parmi B ∈ {e01 , · · · , e0M }. L’état du système complet est spécifié par la donnée de l’état
de chaque sous système : en,m = en ⊗ e0m (j’utilise la notation de la mécanique quantique puisque
le point que nous discutons correspond précisément à la notion de produit tensoriel). Le microétat
en,m est réalisé avec probabilité pn,m . Nous introduisons la probabilité
X X
pAn = p n,m resp. pB
m = pn,m (2.49)
m∈B n∈A
pour que le système A (resp. B) se trouve dans le microétat en (resp. e0m ), indépendamment
de toute information sur l’état du système de B (resp. A). Remarquons qu’en général on aura
pn,m 6= pA B A B
n pm , et c’est seulement lorsque les deux systèmes sont décorrélés que pn,m = pn pm .
Nous prouvons facilement l’égalité
A B
X pn,m
S({pn,m }) = S({pn }) + S({pm }) − kB pn,m ln , (2.50)
n,m
pA B
n pm
| {z }
corrélation C(A,B)>0
ce que nous écrivons plus schématiquement S(A ⊗ B) = S(A) + S(B) − C(A, B). En remarquant
que le terme de corrélation est positif, 5,6 nous obtenons l’inégalité
S({pn,m }) 6 S({pA B
n }) + S({pm }) (2.52)
Remarquons que lorsque A ⊗ B décrit un état pur, S(A ⊗ B) = 0, les corrélations C(A, B), si elles existent, sont
de nature purement quantique et on parle plutôt d’entropie d’intrication .
30
L’approche probabiliste III Microétats, macroétats, information et entropie statistique
On trouvera une présentation d’autres propriétés de l’entropie dans les références données
ci-dessous. En particulier les théorèmes de Shannon sur les problèmes de communication et de
traitement de données.
31
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique L’approche probabiliste
où λ ∈ R+ est un grand paramètre et ϕ(x) une fonction réelle. Dans ce cas il est possible de
trouver une bonne approximation de l’intégrale à l’aide la méthode du col, dont nous exposons
l’idée lorsque la fonction ϕ(x) possède un unique minimum (absolu) en x∗ ∈]a, b[, loin des
bords (on suppose de plus que ϕ00 (x∗ ) > 0, non nul). Dans la limite λ → ∞ l’intégrale est
dominée par les contributions du voisinage du minimum :
Z b
ϕ(x∗ )+ 21 ϕ00 (x∗ )(x−x∗ )2 +O((x−x∗ )3 )
I(λ) = dx e−λ (2.56)
a
√
λϕ00 (x∗ )(b−x∗ )
e−λϕ(x∗ ) +
Z
1 2 +O(u3 λ−1/2 )
= p √ du e− 2 u (2.57)
λϕ00 (x∗ ) − λϕ00 (x∗ )(x∗ −a)
| {z }
R +∞ −1 2 √
−→ du e 2u = 2π
λ→∞ −∞
Finalement, on obtient : s
2π
I(λ) ' e−λϕ(x∗ ) (2.58)
λ→+∞ λϕ00 (x∗ )
(les restrictions venant des hypothèses énoncées précédemment sont faciles à lever ; on pourra
obtenir des généralisations de cette formule lorsque toutes ces hypothèses ne sont pas satisfaites,
par exemple a = x∗ , etc).
où λ ∈ R est un grand paramètre et ϕ(x) Rune fonction réelle. La phase de l’exponentielle
oscille alors très rapidement et l’on s’attend à dx e−iλϕ(x) ∼ 0. Cependant l’intégrale est do-
minée par les extrema de ϕ(x) qui correspondent à des points où la phase est stationnaire .
32
L’approche probabiliste III Microétats, macroétats, information et entropie statistique
est distributée par une loi gaussienne centrée sur hSi = √ N hXi et de variance Var(S) =
N Var(X), i.e. caractérisant des fluctuations d’ordre δS ∼ N . Ce résultat est très général : la
forme de la distribution de S est universelle, i.e. est indépendante
2 de la forme particulière de
la loi p(x), pourvu que ses deux premiers moments hXi et X soient finis. Ce résultat ignore
toutefois que la distribution de S présente des queues caractérisant des évènements rares,√sur
des échelles S & N , qui n’ont pas le caractère universel de la forme de la loi pour δS ∼ N .
Nous allons discuter ce point que nous illustrerons sur un cas simple.
Dans la limite N → ∞, nous nous attendons à ce que l’intégrale soit génériquement dominée
par un unique point col k∗ dans le plan complexe, qui correspond au point stationnaire de la
d
fonction dans l’exponentielle dk iky + ω(ik) = 0 ou
(k∗ est fonction de y). La méthode du col (étendue dans le plan complexe) conduit à
Z
dk N [iky+ω(ik)] 1
e ' p eN [ik∗ y+ω(ik∗ )] (2.65)
R 2π N →∞ −2πN ω 00 (k∗ )
(Attention : si l’équation (2.64) admet plusieurs solutions, les déformations du contour d’intégration
dans le plan complexe permettant de visiter ces solutions ne sont pas toutes licites ; nous en ver-
rons un exemple plus bas). Finalement la distribution de S prend la forme d’échelle
S
PN (S) ∼ exp −N Φ où Φ(y) = −ik∗ y − ω(ik∗ ) (2.66)
N →∞ N
33
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique L’approche probabiliste
est appelée la fonction de grande déviation. Remarquons que le théorème de la limite centrale
doit être compris comme une limite particulière de ce résultat. On peut en effet le retrouver
de la manière suivante : dans la limite y → 0, la solution de (2.64) est obtenue en utilisant
le développement de la fonction génératrice ω(ik) ' − 12 c2 k 2 (nous supposons c1 = 0 pour
simplifier). La solution prend donc la forme k∗ ' iy/c2 . D’après (2.66) on obtient donc
y2
Φ(y) ' . (2.67)
y→0 2c2
La fonction de grande déviation présente donc un comportement universel, quadratique, à y → 0
(théorème de la limite centrale), 8 mais également un comportement non universel, i.e. dépendant
de p(x) via ω(ik), pour |y| & 1, caractérisant les grandes déviations.
PN (S)
Universel
Non universel Non universel
Gaussienne
Grandes Grandes
déviations déviations
~ N évènements
rares
S
~N
34
L’approche probabiliste III Microétats, macroétats, information et entropie statistique
Im k
si y>0
k+
Re k
k−
Figure 2.8 : Déformation du contour d’intégration de l’intégrale (2.63) dans le plan complexe
permettant de visiter le point col en k+ .
(finalement cette expression est aussi valable pour y < 0 puisque la loi est symétrique). La
2
fonction est tracée sur la figure 2.9. Nous vérifions bien que Φ(y) ' y4 , qui est l’expression du
y→0
théorème de la limite centrale puisque c2 = 2, i.e.
1 1 2
PN (S) ' √ e− 4N S pour |S| N . (2.72)
N →∞ 4πN
D’autre part le comportement Φ(y) ' |y| − ln |y| de la fonction de grande déviation pour |y| 1
montre que la distribution de la somme présente le comportement
Ce comportement, qui est donc assez différent de la décroissance gaussienne, est en effet typique
de la convolution de N lois exponentielles.
ln PN HS=NyL
-2
-4
N®¥ N
1
-FHyL= lim
-6
-8
-6 -4 -2 0 2 4 6
y=SN
Figure 2.9 : Fonction de grandes déviations (2.71) ; comparaison avec la parabole (i.e. la dis-
tribution gaussienne).
En conclusion, retenons que si l’on s’intéresse à la statistique des évènements rares (grandes
déviations), ceux-ci ne sont pas caractérisés par le théorème de la limite centrale qui ne décrit
que les déviations normales (sur l’exemple discuté, la forme approchée de la distribution
donnée par le théorème de la limite centrale sous estime beaucoup le résultat correct).
35
III Microétats, macroétats, information et entropie statistique L’approche probabiliste
i.e. ρ(x)dx est la fraction des variables se trouvant dans l’intervalle [x, x + dx].
La donnée de la distribution contient moins d’information sur la position des variables que la
données des positions {xi }. En particulier on perd une information sur l’ordonnancement des
variables (si x1 < x2 ou x1 > x2 par exemple). On souhaite analyser l’entropie associée à cette
perte d’information.
a) Supposons que l’intervalle I est découpé en M intervalles de largeurs égales = (b − a)/M :
I = I1 ∪ I2 ∪ · · · ∪ IM . On note nα le nombre de variables dans l’intervalle Iα . Pour un choix
particulier d’une séquence d’occupations {nα }, combien y-a-t’il de façons Ω[{nα }] de distribuer
les N variables dans les M intervalles ? Trouver une forme approchée de l’entropie S = ln Ω dans
la limite où nα 1.
b) Soit Xα = a + (α − 1/2), avec α ∈ {1, · · · , M − 1} la position de l’intervalle Iα . En écrivant
que la densité est ρ(Xα ) ≈ nα /N , exprimer l’entropie de la distribution S[ρ].
Réponse :
a) Ω = n1 !n2N!···n
!
P P
M!
, d’où ln Ω ' N ln N − α nα ln nα = − α nα ln(nα /N ).
P P
b) L’entropie associée à la distribution est donc S[ρ] = ln Ω ≈ − α nα ln(nα /N ) = −N α ρ(Xα ) ln ρ(Xα ) .
Si ρ(x) varie lentement à l’échelle de , on remplace la somme par une intégrale :
Z
S[ρ] = −N dx ρ(x) ln ρ(x) (2.75)
36
Chapitre 3
Plan du chapitre
I Première approche dans un cadre classique . . . . . . . . . . . . . . . 39
I.A Espace des phases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
I.B Pourquoi l’espace des phases ? Théorème de Liouville . . . . . . . . . . . 39
I.C Expérience (numérique) des sphères dures – Du problème de Sinai au
postulat fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
I.D Ergodicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
I.E Énoncé du postulat fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
II Description quantique : espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . 47
II.A Rappel des postulats de la mécanique quantique . . . . . . . . . . . . . 47
II.B Microétats et macroétats, moyennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
II.C Dénombrer les microétats : densité d’états . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
II.D Densité d’états pour des particules identiques (donc indiscernables) . . . 53
III Postulat fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
III.A La distribution microcanonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
III.B Entropie microcanonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
IV Relâchement de contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
IV.A Variables externes et variables internes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
IV.B Contact thermique entre deux systèmes – Température microcanonique 60
IV.C Échange de volume – Pression microcanonique . . . . . . . . . . . . . . 64
IV.D Échange de particules – Potentiel chimique microcanonique . . . . . . . 66
IV.E Cas général : distribution d’une variable interne quelconque . . . . . . . 67
V Irréversibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité . . . . . . . . . . . . . . . 69
VI.A Validité du traitement semi-classique de l’indiscernabilité – cas du gaz
parfait monoatomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
VI.B Entropie de mélange et paradoxe de Gibbs . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Annexe 3.A : La méthode des multiplicateurs de Lagrange . . . . . . . . . 74
Annexe 3.B : Rappel de mécanique quantique : postulat de symétrisation 75
Annexe 3.C : Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Problème Isothermes et isentropes des gaz parfaits . . . . . . . . . . . 77
37
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Dans ce chapitre nous discutons la physique statistique des systèmes isolés à l’équilibre
macroscopique. Nous introduisons le postulat fondamental, le socle de la physique statistique
d’équilibre.
Dans ce chapitre nous donnons une description des systèmes isolés, i.e. dont l’état macroscopique
est caractérisé par un certain nombre de paramètres fixés comme : l’énergie du système E, le
nombre de particules N , le volume V , et éventuellement d’autres quantités.
L’essentiel du cours sera consacré à la physique statistique des systèmes à l’équilibre.
Considérons un exemple précis pour introduire la notion d’équilibre macroscopique.
1111111111111111
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0000000000000000
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1111111111111111
Nv(t)
0000000000000000
1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111
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1111111111111111
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1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111 δNv ~1010
0000000000000000
1111111111111111
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1111111111111111
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1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111 Nv =10 20
0000000000000000
1111111111111111
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1111111111111111
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0000000000000000
1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111 t
0000000000000000
1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111 0
Nous isolons par la pensée un volume v dans un gaz (figure 3.1), ce qui constitue le
système . Le nombre de particules dans le volume, que nous notons Nv (t), est une quantité qui
fluctue au cours du temps : des particules entrent et sortent du volume en permanence, traduisant
l’agitation thermique dans le gaz. Parce que la densité est uniforme dans le volume, le nombre
de particules vaut en moyenne
Z t0 +T
(T,t0 ) 1
Nv (t) = dt Nv (t) ' n v pour T “grand”, (3.1)
T t0
où n = N/V est la densité moyenne dans l’enceinte (moyennée spatialement). On pourrait
également chercher à caractériser d’autres propriétés du système : les fluctuations de Nv (t),
l’énergie des particules, etc. Si l’ensemble est isolé et ne subit aucune perturbation extérieure,
(T,t0 )
on peut supposer que la moyenne Nv (t) est indépendante de t0 , à condition que T soit
assez grand . Dans ces conditions toutes les grandeurs macroscopiques sont stationnaires. En
outre il n’y a globalement aucun flux d’une quelconque quantité physique (flux de particules, flux
d’énergie, flux d’entropie, etc) : le flux des particules entrant dans le volume v est exactement
compensé, en moyenne, par les particules sortant du volume. Le petit volume est dans un état
d’équilibre macroscopique, bien qu’à l’échelle microscopique les particules soient animées d’un
mouvement incessant.
Retenons que 1
l’équilibre macroscopique requiert
(i) la stationnarité des quantités macroscopiques, et
(ii) l’absence de flux.
1
Stationnaire=indépendant du temps. Équilibre=stationnaire et tous les flux nuls.
38
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique I Première approche dans un cadre classique
∂H
q̇i (t) = ({qi (t), pi (t)}) (3.2)
∂pi
∂H
ṗi (t) = − ({qi (t), pi (t)}) (3.3)
∂qi
où H({qi , pi }) est la fonction de Hamilton (l’énergie sur une trajectoire physique). Deux tra-
jectoires physiques sont représentées par deux lignes qui ne s’intersectent pas. Un microétat
(classique) correspond donc à un point dans l’espace des phases.
D’après les équations de Hamilton, nous pouvons interpréter ces équations comme une transfor-
mation en général non linéaire des coordonnées :
..
.. .. .. ..
.
. . . . ∂H
qi qi (t) q̃i qi (t + δt) q i + ∂p i
({q i , pi }) δt
≡
pi pi (t) −→ p̃i ≡ pi (t + δt) = (3.6)
∂H
pi − ∂qi ({qi , pi }) δt
.. .. .. ..
..
. . . . .
2
Il n’est en fait pas nécessaire que les 3N degrés de liberté soient des degrés de liberté de translation, comme
c’est implicite ici. On reviendra plus tard sur ce point.
3 def ∂L
l’impulsion est le moment canoniquement conjugué, i.e. obtenu à partir du lagrangien pi = ∂ q̇i
.
39
I Première approche dans un cadre classique Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
t’>t p
Figure 3.2 : Théorème de Liouville. On a représenté des trajectoires physiques dans l’espace
des phases. L’évolution temporelle conserve le volume dans l’espace des phases, i.e. les deux
volumes hachurés, représentant un ensemble de microétats à deux instants de leur évolution,
sont égaux.
En remarquant que 4 det(1 + K δt) ' 1 + Tr(K) δt, nous obtenons finalement
X ∂2H ∂2H
J '1+ − δt = 1 . (3.8)
∂qi ∂pi ∂qi ∂pi
i
i.e. si l’on considère un domaine dans l’espace des phases, il évoluera au cours du temps de telle
sorte que son volume soit conservé (figure 3.2).
Remarquons qu’il est important d’avoir identifié la mesure conservée lors de l’évolution
temporelle, ainsi toute la dépendance temporelle peut-être reportée dans la densité de probabi-
lité ρ(· · · ; t).
4
On peut prouver cette relation à partir de la définition du déterminant en identifiant les termes d’ordre 1 en δt.
On peut également écrire : det(1+K δt) = exp ln det(1+K δt) = exp Tr ln(1+K δt) ' exp Tr(K δt) ' 1+Tr(K δt).
5
Stricto sensu la formulation du théorème de Liouville est un peu différente, même si elle porte le même sens :
on introduit la densité de probabilité ρ({qi , pi }; t) dansQl’espace des phases. Localement, sa variation au cours du
temps est donnée par ∂ρ/∂t. Considérons un volume i dqi dpi autour d’une trajectoire physique ({qi (t), pi (t)})
solution des équations du mouvement. Ce volume se meut au cours du temps. La variation de la densité, dans
le volume suivant le flot défini par les équations du mouvement, est donnée par dρ ∂ρ ∂ρ
+ ∂ρ
P
dt
= i q̇i ∂qi
+ ṗ i ∂pi ∂t
,
dρ ∂ρ def P ∂A ∂B ∂A ∂B
ce que l’on peut écrire comme dt = {ρ, H} + ∂t , où {A, B} = i ∂qi ∂pi − ∂pi ∂qi est un crochet de Poisson
dρ
(cf. cours de mécanique analytique). Le théorème de Liouville est dt = 0. Si on note V ~ = (· · · , q̇i , ṗi , · · · ) le
champ de “vitesse” dans l’espace des phases, on remarque l’analogie avec la mécanique des fluides, où (ρ, ρV ~)
définit la densité de probabilité et son courant associé. Le théorème de Liouville prend la forme de l’équation
de conservation ∂ρ + div(ρV~ ) = 0, où la divergence implique les dérivées partielles par rapport à l’ensemble des
∂t
coordonnées de l’espace des phases.
40
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique I Première approche dans un cadre classique
Exemple : mouvement sur une sphère.– Nous considérons une particule de masse m
se déplaçant sur la surface d’une sphère de rayon R. Sa position est repérée par un couple
d’angles (θ, ϕ), où θ est l’angle entre l’axe vertical et le vecteur position et ϕ l’angle azimutal
(le problème est équivalent à l’analyse du mouvement de rotation d’un segment, une molécule
diatomique rigide, dans l’espace tridimensionnel). Si le mouvement est libre, le Lagrangien est
I 2
donné par l’énergie cinétique de rotation L = 2 θ̇ + sin θ ϕ̇ , où I = mR2 est un moment
2 2
La mesure d’intégration dans l’espace des phases conservée par l’évolution temporelle est donc
dθdpθ dϕdpϕ .
Figure 3.3 : Le gaz de sphères dures et le problème de Sinai. À gauche : nous pouvons
grossièrement modéliser un gaz atomique comme un gaz de boules impénétrables (des sphères
dures ) de rayon fini, s’entrechoquant et frappant les parois. On a indiqué quelques mouvements
ultérieurs des sphères dures. À droite : pour simplifier encore l’étude de la dynamique des sphères
dures, nous isolons par la pensée une sphère, placée dans un environnement de quatre autres
sphères supposées immobiles aux coins d’un carré.
Une description simplifiée d’un gaz atomique est de modéliser les atomes comme des petites
41
I Première approche dans un cadre classique Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
boules impénétrables (des sphères dures ) de rayon fini R. On prend ainsi en compte la partie
fortement répulsive de l’interaction entre atomes. Les sphères s’entrechoquent en permanence
et frappent les parois du volume qui les contient. Un des intérêts de ce modèle simplifié est de
n’introduire aucune échelle d’énergie (puisque le potentiel inter-atomique est soit nul soit
infini) : seul importe l’analyse des possibles configurations spatiales, ce qui offre un avantage
certain pour visualiser la dynamique du système en profitant du découplage position-impulsion
(figure 3.3). Ce problème reste néanmoins extrêmement riche et difficile. Aussi nous allons encore
le simplifier en nous plaçant tout d’abord dans la situation bidimensionnelle, mais surtout en
nous focalisant sur une unique sphère, dont nous supposerons l’environnement gelé. Afin de
forcer le destin de cette sphère et induire de fréquentes collisions, nous la plaçons dans
un carré de côté égal à 2R, aux quatre coins duquel sont placées quatre sphères immobiles
(partie droite de la figure 3.3). Nous espérons ainsi rendre compte de l’histoire d’une sphère
dure au sein du gaz et de l’effet des collisions avec les autres particules. Bien que nous ayons
drastiquement simplifié le problème du gaz de sphères dures, nous allons pouvoir maintenant
tirer des conclusions simples à l’aide d’un petit programme simulant le mouvement de la sphère.
Figure 3.4 : Ergodicité dans le problème de Sinai. Trajectoire du centre de la sphère dure
après 10, 50 et 500 chocs. (Remerciements à Alberto Rosso pour le programme python).
Nous lançons la sphère dans une direction quelconque et suivons le mouvement de son centre.
La première partie de la figure 3.4 montre la trajectoire obtenue après 10 chocs, la figure du
centre après 50 chocs, et la figure de droite après 500 chocs. Nous constatons que la trajectoire
semble avoir exploré tout l’espace que les contraintes lui permettent de visiter. Autrement dit,
la distribution de probabilité de trouver la sphère en un endroit est non nulle partout où les
contraintes stériques l’autorisent. Si nous introduisons ρ(~r) la densité de probabilité pour trouver
la sphère en ~r, le résultat de la simulation suggère que cette fonction est non nulle partout,
cependant nous ne connaissons pas encore la valeur de la distribution elle-même.
Un autre petit programme nous fournit toutefois cette information : tout au long de l’évolution,
ce nouveau programme mesure la fraction du temps dτ (x, y) passé dans un petit élément de sur-
face dxdy. Le résultat est représenté sur la figure 3.5 et montre que la particule passe autant de
temps partout où elle a le droit de se trouver (aux fluctuations numériques près, qui diminue-
raient si la trajectoire de la sphère était analysée sur un temps T plus long). On peut donc écrire
dτ (x,y)
T = Sdxdy
autor
, où Sautor est la surface totale visitée, où encore que la densité de probabilité
est un uniforme : ρ(~r) = 1/Sautor si ~r ∈ domaine permis.
En conclusion, pour ce problème ultra-simplifié d’une sphère dans un espace bidimensionnel,
en interaction avec quatre sphères immobiles, l’espace des phases accessible est visité
uniformément. Nous allons donc postuler que cette assertion reste vraie pour des systèmes
plus complexes (gaz de sphères dures ou gaz plus réalistes), avec un nombre macroscopique
de degrés de liberté. La justification est que nous pouvons espérer que la complexité et les
interactions vont favoriser une exploration de l’espace des phases accessible.
42
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique I Première approche dans un cadre classique
+ Pour en savoir plus sur le gaz de sphères dures : l’ouvrage (spécialisé) de Werner
Krauth [18].
I.D Ergodicité
Nous pouvons maintenant formaliser les conclusions de l’étude de l’expérience numérique.
Considérons une grandeur physique, fonction des coordonnées dans l’espace des phases A({qi , pi }).
Cette fonction pourrait être l’énergie, ou le nombre de particules Nv (t) dans un sous volume du
gaz (figure 3.1). Cette grandeur physique est mesurée pendant d’une expérience : le résultat de
cette mesure est a priori une certaine fonction du temps (qui dépend des conditions initiales).
Typiquement l’observable est mesurée sur un temps expérimental T très grand devant les échelles
caractérisant la dynamique microscopique et, plutôt qu’une valeur instantanée, on mesure en
général une moyenne temporelle :
Z T
(T ) 1
A = dt A({qi (t), pi (t)}) , (3.10)
T 0
où {qi (t), pi (t)} sont les solutions des équations du mouvement.
Le langage probabiliste que nous avons introduit plus haut nous permet de définir un autre type
de moyenne. Un macroétat est défini par la donnée d’une distribution ρ({qi , pi }) dans l’espace
des phases caractérisant les probabilités d’occupation des microétats. La moyenne (probabiliste)
de la grandeur physique A, lorsque le système est dans le macroétat, est donnée par
Z Y
def
hAi = dqi dpi ρ({qi , pi }) A({qi , pi }) . (3.11)
i
43
I Première approche dans un cadre classique Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Hypothèse ergodique
D’un point de vue théorique, les calculs des deux moyennes (3.10) et (3.11) requièrent des in-
formations très différentes : la première demande l’ensemble de l’information microscopique,
i.e. la connaissance de la solution des équations du mouvement (3.2,3.3), une masse d’informa-
tion en pratique phénomènale. La seconde moyenne requière une information probabiliste sur
l’occupation des microétats, dont nous montrerons qu’elle découlera de règles simples.
Si le temps d’observation T est très long , permettant au système d’explorer une grand
partie de son espace des phases, nous pouvons supposer que la moyenne (3.10) tend vers une
limite lorsque T → ∞ (cf. figure 3.1). Bien que cela soit difficile à prouver rigoureusement, la
raison sous jacente est très proche de la discussion autour du théorème de la limite centrale et
de la distinction entre moyenne statistique et moyenne probabiliste (cf. justification ci-dessous).
Cette hypothèse nous permet de remplacer la moyenne temporelle par une moyenne
d’ensemble (moyenne probabiliste) :
hyp.
(T ) ergod.
lim A = hAi (3.12)
T →∞
Figure 3.6 : Ergodicité. Deux trajectoires initialement très proches évoluent de manière très
différentes sur la couche d’iso-énergie (attention, l’espace des phases a en principe une dimension
paire !). Il a été prouvé rigoureusement que la distance entre les deux trajectoires croı̂t comme
exp γt (où γ est un exposant de Lyapunov).
Nous déterminons maintenant la fonction, à l’aide d’arguments physiques. Si le système est isolé,
en l’absence d’autre constante du mouvement, la seule contrainte est celle de la conservation de
44
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique I Première approche dans un cadre classique
l’énergie et la trajectoire dans l’espace des phases de dimension 6N évolue sur une surface (de
dimension 6N − 1) d’iso-énergie, i.e. le sous espace de l’espace des phases tel que
E = H({qi , pi }) . (3.14)
On espère qu’après un temps T assez long , la trajectoire ait exploré uniformément la
surface d’iso-énergie (figure 3.6). Cela revient à postuler que la mesure est uniforme dans
l’espace des phases accessible :
Z Y
∗ 1
ρ ({qi , pi }) = δ E − H({qi , pi }) où Σ(E) = dqi dpi δ E − H({qi , pi }) . (3.15)
Σ(E)
i
45
I Première approche dans un cadre classique Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
(l’intégrale est à nouveau donnée par (A.4)). Finalement nous reconnaissons un résultat bien
connu : la moyenne temporelle de l’énergie potentielle de l’oscillateur harmonique, sur une période
d’oscillation, est la moitié de l’énergie mécanique Epot (t) = 12 q(t)2 = 21 E. Sur cet exemple trivial,
nous avons vérifié l’hypothèse ergodique d’équivalence entre moyenne d’ensemble et moyenne
temporelle.
Remarques
• Tout d’abord nous pouvons introduire un temps microscopique τmicro ; par exemple le
temps de collision entre particules, τcoll ∼ 1 ns dans un gaz dans les conditions normales
de température et de pression, le temps typique entre deux collisions successives subies
par un atome (i.e. pendant τcoll , les N ∼ 1023 atomes subissent chacun typiquement une
collision).
• Enfin nous introduisons un temps ergodique τerg (temps de Poincaré), qui est le temps
nécessaire à la trajectoire pour explorer l’espace des phases accessible. À cause de la très
grande dimension de celui-ci (6N − 1), ce temps est faramineux !
A ≪τ .
Typiquement on attend la hiérarchie τmicro τcorr erg
46
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique II Description quantique : espace de Hilbert
Nous admettons que le temps expérimental T dans (3.10) est très grand devant le
A et découpons l’intégrale en N morceaux associés à des intervalles de temps ∆T =
temps τcorr T
A :
T /NT & τcorr
"Z Z NT ∆T #
∆T Z 2∆T
(T ) 1 dt dt dt
A = A(t) + A(t) + · · · + A(t) . (3.22)
NT 0 ∆T ∆T ∆T (NT −1)∆T ∆T
Puisque ∆T & τcorrA , les morceaux d’intégrales sont statistiquement indépendants. Le théorème
(T )
de la limite√centrale nous montre que A est une quantité fluctuante dont les fluctuations sont
d’ordre 1/ NT , i.e.
(T ) √
A = hAi + O(1/ T ) (3.23)
| {z }
terme aléatoire
Notons que notre argument n’a réglé qu’une partie du problème puisque nous n’avons pas prouvé
que les morceaux d’intégrales sont des échantillons représentatifs d’une moyenne d’ensemble, i.e.
que leur distribution correspond à la distribution uniforme sur la couche d’iso-énergie.
La recherche de résultats rigoureux sur la question de l’ergodicité fait l’objet d’un domaine
appelé théorie ergodique . Toutefois assez peu de résultats exacts ont été prouvés (on peut
toutefois citer la preuve de l’ergodicité pour le gaz classique de sphères dures par Ya. Sinai en
1963).
Pour terminer, remarquons que, si la question de l’ergodicité repose en principe sur la com-
plexité de la dynamique du système macroscopique, les faibles perturbations extérieures (isoler
un système n’est qu’une vue de l’esprit) peuvent jouer en pratique un rôle important.
• États quantiques.– L’état quantique d’un système est décrit par un vecteur d’état | ψ i,
élément d’un espace vectoriel des états, l’espace de Hilbert H , construit sur le corps
des nombres complexes. L’espace de Hilbert est muni d’un produit scalaire satisfaisant
h ψ | φ i = h ψ | φ i∗ .
47
II Description quantique : espace de Hilbert Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
• Évolution temporelle.– L’évolution temporelle du vecteur d’état est contrôlée par l’équation
d
de Schrödinger i~ dt | ψ(t) i = H| ψ(t) i où H est l’opérateur représentant l’énergie (l’hamil-
tonien). C’est donc une évolution déterministe et réversible (d’un objet de nature proba-
biliste).
Si on ne connaı̂t pas exactement dans quel état quantique se trouve le système mais savons
qu’un état | ψm i est occupé avec probabilité Pm , on parle de mélange statistique. L’ensemble
de ces vecteurs {| ψm i} doit former une base orthonormée (pour que les évènements s’excluent
mutuellement),
Nous devrons donc prendre garde à ce qu’il y a une double incertitude sur l’occupation d’un
état : quantique et statistique. 8 Ceci est bien illustré en écrivant les règles de projection pour
un état pur et un mélange statistique :
7
En principe les particules ne sont pas uniquement caractérisées par leur état dans l’espace physique mais
possèdent souvent des dégrés de liberté interne, comme le spin (son moment cinétique intrinsèque). Dans ce cas
on doit également introduire une coordonnée de spin que nous notons σ (la projection d’une des composantes
du moment cinétique intrinsèque. La fonction d’onde dépend également de cette coordonnée. Si on regroupe les
coordonnées ξ ≡ (~r, σ) alors on écrira en toute généralité pour deux particules ψ(ξ1 , ξ2 ) = ±ψ(ξ2 , ξ1 ) (+ pour des
bosons et − pour des fermions).
8
Attention : dorénavant nous abolirons la distinction entre probabiliste et statistique (car le deuxième
adjectif est d’usage courant en physique pour désigner la première notion).
48
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique II Description quantique : espace de Hilbert
Pm caractérise notre ignorance sur l’état quantique occupé par le système ; |h φ | ψm i|2 traduit
l’incertitude pour que, l’état initial état supposé parfaitement connu, le système soit observé
dans l’état final | φ i.
Si nous considérons une grandeur physique A, nous aurons à considérer sa moyenne associée
au macroétat. D’après le postulat de mesure, si le système est dans l’état | ψm i, la moyenne
quantique de l’observable est hAiψm = h ψm |A| ψm i (moyenne du résultat des mesures répétées,
toujours à partir du même état | ψm i). Ces moyennes quantiques doivent être pondérées par les
probabilités d’occupation des états (moyenne statistique ) :
moyenne statistique
z }| {
X
hAi = Pm h ψm |A| ψm i (3.26)
mélange | {z }
statistique m
moyenne quantique
Exemple : spin 1/2.– Considérons un spin 1/2 dont une base de l’espace de Hilbert est
{| ↑ i, | ↓ i}, vecteurs propres de la composante du spin selon Oz, représentée par la matrice de
Pauli
~ 1 0
Sz = . (3.27)
2 0 −1
Nous étudions la moyenne de la composante du spin Sx :
~ 0 1
Sx = . (3.28)
2 1 0
Un état pur.– Tout d’abord nous étudions la situation où le spin est dans l’état pur | ψ i =
√1 | ↑ i + | ↓ i (superposition quantique des deux vecteurs de base). Les probabilités pour se
2
trouver dans l’un ou l’autre des états propres de Sz sont Proba ↑← ψ = Proba ↓← ψ = 1/2.
Nous vérifions sans peine que hSx iψ = h ψ |Sx | ψ i = ~2 .
Mélange statistique.– Nous considérons maintenant le mélange statistique décrit par les
probabilités P↑ = P↓ = 1/2 (qui coı̈ncident avec les probabilités quantiques Proba ↑← ψ
et Proba ↓← ψ pour l’état pur précédent). Cependant la moyenne de la composante est
hSx imelange = P↑ h ↑ |Sx | ↑ i + P↓ h ↓ |Sx | ↓ i = 0.
+ Pour en savoir plus : Les deux situations peuvent être décrites sur un pied d’égalité
grâce à la notion d’opérateur densité. 9 Cf. [3] ou [11].
résultats. Comprenez-vous pourquoi les termes non diagonaux de ρp sont appelés cohérences ?
Calculer tr{ρm Sx } puis tr{ρp Sx }.
49
II Description quantique : espace de Hilbert Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Définitions Dans tout problème spectral, comme la caractérisation du spectre {En } de l’ha-
miltonien de Schrödinger, une information intéressante est fournie par la densité spectrale, i.e.
la distribution des valeurs propres :
def
X
ρ(E) = δ(E − En ) (3.29)
n
où la somme porte sur les états quantiques (ce qui se confond avec une somme sur les ni-
veaux d’énergies uniquement en l’absence de dégénérescences ; en présence de dégénérescences
on peut relier la sommeP sur lesP états à la somme sur les niveaux d’énergie en introduisant les
dégénérescences dn : n · · · = En dn · · · ). Cette quantité mesure le nombre d’états dans un
intervalle :
ρ(E) dE = # d’états dans [E, E + dE] (3.30)
En général cette fonction est extrêmement irrégulière : pour un spectre discret il s’agit d’une
somme de pics δ (ce n’est même pas une fonction, mais une distribution singulière). Pour éviter
de manipuler une distribution singulière, on préfère introduire la densité d’états intégrée
Z E X
dE 0 ρ(E 0 ) =
def
Φ(E) = θH (E − En ) = # d’états d’énergies inférieures à E , (3.31)
−∞ n
qui s’avèrera plus simple à analyser. Φ(E) présente des discontinuités lorsque E coı̈ncide avec
une valeur propre de l’énergie.
Si le spectre devient très dense (i.e. tend vers un continuum), la nature discrète de la distri-
bution des énergies s’estompe. Autrement dit, sur des échelles d’énergie grandes devant l’écart
entre niveaux, on peut considérer que la fonction Φ(E) est une fonction régulière de l’énergie
(figure 3.7).
Motivation L’intéret de ces notions réside dans le fait que nous aurons souvent à considérer
des sommes d’une fonction de l’énergie de la forme
X Z
f (En ) = dE ρ(E) f (E) . (3.33)
n
50
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique II Description quantique : espace de Hilbert
Souvent, f (x) sera une fonction qui varie lentement à l’échelle des écarts entre niveaux ; nous
pourrons plus simplement écrire (approximation semi-classique)
X Z
f (En ) ' dE ρWeyl (E) f (E) , (3.34)
n
où l’intégrale réalise la moyenne locale sur une échelle plus grande que les écarts entre niveaux :
dE 0
Z E+∆E
ρWeyl (E) ' ρ(E 0 ) avec ∆E En+1 − En , (3.35)
E ∆E
mais encore petite devant des échelles macroscopiques (plus précisément devant l’échelle ca-
ractéristique sur laquelle varie la fonction
P f (E)).
Insistons : le calcul de la somme n f (En ) requiert
R la connaissance précise de l’ensemble des
valeurs propres de l’énergie, alors que l’intégrale dE ρWeyl (E) f (E) seulement leur répartition
moyenne sur l’axe réel. Il sera donc en général beaucoup plus facile de calculer l’intégrale (3.34)
que la somme (3.33).
En outre, alors que la connaissance du spectre est un problème quantique (difficile), nous
allons voir que la détermination de la densité moyenne ρWeyl (E) peut être formulée en termes
purement classique (facile).
Particule libre La démonstration générale de la formule semi-classique pour ρWeyl (E) fait
appel à des outils que nous n’introduisons pas dans ce cours. Nous considérons plutôt l’exemple
précis (et important) des particules libres afin d’établir la formulation semi-classique du calcul de
la densité d’états intégrée, puis nous étendrons (sans démonstration) le résultat au cas général.
Une particule de masse m se meut dans un espace de dimension d. Elle est confinée dans une
boı̂te de forme hypercubique de volume V = Ld . Nous supposons des conditions aux limites
périodiques, ce qui simplifiera l’analyse (on peut montrer que le terme de Weyl est indépendant
de la nature des conditions aux bords). Les états propres du problème sont les ondes planes
1 ~ 2π
ψ~k (~r) = √ eik·~r où ~k = (n1 , · · · , nd ) (3.36)
V L
51
II Description quantique : espace de Hilbert Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
avec ni ∈ Z (la quantification du vecteur d’onde est imposée par les conditions aux limites
périodiques). La densité d’états intégrée est
!
X ~2~k 2
Φ(E) = θH E − (3.37)
2m
~k
P P P
où la somme porte sur tous les vecteurs d’onde quantifiés selon (3.36) (i.e. ~k ≡ n1 ∈Z · · · nd ∈Z ).
θH (x) est la fonction de Heaviside. Autrement
√ dit (3.37) compte tous les ~k (quantifiés) à
l’intérieur d’une hypersphère de rayon 2mE/~. Si le volume est grand (i.e. E √ ~2 /mL2 ),
nous pouvons estimer que Φ(E) est donné par le volume de l’hypersphère de rayon 2mE/~,
divisé par le volume (2π/L)d occupé par un état quantique dans l’espace des vecteurs d’onde
~k (figure 3.8). Cela revient à faire une approximation continue et remplacer la somme par une
intégrale :
Z
X V
−→ d~k (3.38)
(2π)d
~k
Finalement nous substituons l’intégrale sur le vecteur d’onde par une intégrale sur l’impulsion
p~ = ~~k, et le volume par une intégrale sur les positions :
p~ 2
Z Z
1
ΦWeyl (E) = d d~r d~ p θH E − (3.39)
h V 2m
L’intérêt de ce dernier changement de variable est d’avoir re-formulé le calcul de ΦWeyl (E), une
fonction comptant les énergies propres (problème quantique), en termes de grandeurs purement
classiques. Nous interprétons donc ce résultat comme
1
ΦWeyl (E) = (volume occupé par les microétats de l’espace des phases d’énergies < E)
hd
(3.40)
d
h , où h = 2π~ est la constante de Planck, s’interprète comme le volume qu’occuperait un état
quantique dans l’espace des phases classique. d doit ici être interprété comme le nombre de
degrés de liberté, i.e. la moitié de la dimension de l’espace des phases. Notons que ce résultat
est réminiscent de la relation de Heisenberg δqδp ∼ h.
Nous pouvons terminer le calcul √ dans le cas d’une particule libre : ΦWeyl (E) est donné par
le volume de l’hypersphère de rayon 2mE dans un espace de dimension d : 10
d/2
V mE
ΦWeyl E) = d
. (3.41)
Γ( 2 + 1) 2π~2
Cas général Nous admettrons que la règle semi-classique (3.40) s’applique pour un hamilto-
nien général H({qi , pi }) :
d
Z Y
dqi dpi
ΦWeyl (E) = θH (E − H({qi , pi })) (3.42)
h
i=1
En pratique, l’approximation semi-classique est justifiée lorsque le spectre des valeurs propres de
l’énergie est extrêmement dense, i.e. lorsqu’on n’est pas sensible aux effets de la quantification
de l’énergie, ce qui est toujours le cas pour un volume macroscopique.
10
Le volume de l’hypersphère de rayon 1 est Vd = π d/2 /Γ( d2 + 1).
52
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique II Description quantique : espace de Hilbert
ky d
(2πL )
kx
2 mE
h
Figure 3.8 : Dans l’espace des vecteurs d’onde ~k, chaque état quantique d’une particule libre est
représenté par un nœud d’un réseau hypercubique de pas 2π/L. Chaque état quantique occupe
donc un volume (2π/L)d dans l’espace des ~k = p~/~. La densité d’états intégrée Φ(E)
√ correspond
au nombre de nœuds du réseau compris à l’intérieur de l’hypersphère de rayon 2mE/~.
L’intérêt des équations (3.40) et (3.42) est de relier une quantité quantique, la densité
d’états intégrée, à une propriété purement géométrique de l’espace des phases classique (le
calcul d’un volume).
Un exemple très simple : deux particules dans un puits harmonique.– Pour clarifier
ce point, commençons par un exemple très simple : deux particules sans interaction se déplaçant
sur une ligne et soumises à un confinement harmonique. C’est un problème séparable, le spectre
des énergies de l’hamiltonien à deux particules est simplement donné par l’addition des spectres
à une particule : les énergies sont repérées par deux nombres quantiques (un par particule)
En,m = ~ω(n + m + 1). Si l’on souhaite compter les états, calculer Φ(E), il nous faut dénombrer
les états, i.e. caractériser les dégénérescences des niveaux d’énergie. Examinons trois cas.
• Deux particules discernables.— À chaque énergie En,m sont associés deux états | n i ⊗ | m i
et | m i ⊗ | n i (suivant que la particule 1 occupe | n i et la 2 occupe | m i, ou l’inverse).
53
II Description quantique : espace de Hilbert Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
où la sommation sur les états quantiques est faı̂tes à l’aide de deux sommes indépendantes
sur les deux nombres quantiques. Le calcul explicite de Φdisc (E) peut se faire comme suit :
Φdisc (E) s’interprète comme le nombre de points du diagramme sous une ligne n + m =
E 2
E/(~ω) − 1. Dans la limite E/(~ω) 1, le nombre de microétats Φdisc (E) ≈ 12 ~ω
est
la surface du triangle.
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
m m m
... ... ...
... ... ...
... ... ...
... ... ...
n n n
discernables bosons fermions
Figure 3.9 : Représentation graphique des états quantiques pour deux particules dans un puits
harmonique. Les états sont indiqués en trait gras.
• Deux bosons.— L’état physique est invariant par permutation des particules, i.e.
| particule 1 dans n; particule 2 dans m i = | particule 1 dans m; particule 2 dans n i. Un
tel état peut être fabriqué à l’aide des états à un corps : | n, m ibosons = √12 | n i ⊗ | m i +
| m i ⊗ | n i . Cet état est invariant par échange des nombres quantiques : | n, m i = | m, n i,
i.e. les niveaux d’énergie sont non dégénérés. Pour compter les états, il ne faut som-
mer qu’une fois des couples d’entiers distincts. La représentation graphique des états
| n, m ibosons montre qu’ils ne couvrent qu’un huitième du plan (figure 3.9). La densité
d’états intégrée prend alors la forme
∞ X
X ∞
Φbosons (E) = θH (E − En,m ) (3.45)
m=0 n=m
| {z }
sommes contraintes
Le postulat de symétrisation affecte le comptage des microétats : les sommations sur les
nombres quantiques ne sont plus indépendantes pour tenir compte du fait que | n, m ibosons
et | m, n ibosons désignent le même état quantique.
• Deux fermions.— Les états quantiques à deux fermions sont antisymétriques sous la per-
1
mutation, i.e. | n, m ifermions = 2 | n i ⊗ | m i − | m i ⊗ | n i . Cette fois encore nous devons
√
sommer une unique fois sur les couples d’entiers distincts. Par rapport au cas des bosons,
nous devons exclure les états tels que n = m (principe de Pauli). La densité d’états pour
les deux fermions est donc
X∞ ∞
X
Φfermions (E) = θH (E − En,m ) . (3.46)
m=0 n=m+1
| {z }
sommes contraintes
54
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique II Description quantique : espace de Hilbert
Lorsque E/(~ω) 1, et puisque les états pour deux bosons et deux fermions ne couvrent que
le huitième du plan, nous pouvons écrire très grossièrement que
1
Φbosons (E) ' Φfermions (E) ' Φdisc (E) . (3.47)
2!
Cas du gaz parfait de particules libres.– Considérons le cas d’un ensemble de N parti-
cules libres identiques se mouvant dans un espace tridimensionnel. Si les particules sont sans
interaction, les états propres de l’hamiltonien sont des produits tensoriels d’ondes planes
~2~ki 2
| ~k1 i ⊗ · · · ⊗ | ~kN i (états non symétrisés) d’énergie E~k1 ,··· ,~kN = N
P
i=1 2m . Les états physiques
satisfaisant le postulat de symétrisation sont symétriques sous l’échange des particules : ils sont
obtenus en appliquant un opérateur de symétrisation sur l’état non symétrisé. Alors que l’état
non symétrisé | Ψnon sym i = | ~k1 i ⊗ · · · ⊗ | ~kN i est repéré par la suite ordonnée des nombres quan-
tiques (quelle particule est dans quel état), l’état symétrisé | Ψsym i = | ~k1 , · · · , ~kN i est repéré par
la donnée de la suite non ordonnée des nombres quantiques (quel état est occupé par n’importe
laquelle des N particules). Autrement dit il ne faut pas sommer indépendamment sur les
N vecteurs d’ondes, mais tenir compte des permutations des nombres quantiques
correspondant à des états quantiques équivalents : par exemple si tous les nombres quan-
tiques sont distincts, N ! permutations des indices correspondent au même état quantique. Dans
le cas des bosons, on a
N
!
X n~k ! · · · n~k ! X
1 N
Φbosons (E) = θH E − ~ki (3.48)
N!
~k1 ,··· ,~kN i=1
2~ 2
où n~ki est le nombre de particules occupant l’état individuel | ~ki i, et ~ki = ~ 2m
ki
. Les facteurs n~ki !
tiennent compte de l’éventualité que plusieurs vecteurs d’onde coı̈ncident lors de la sommation
(si deux vecteurs coı̈ncident, le nombre de permutations équivalentes est en effet inférieur à N !).
Pour des fermions, on doit exclure de la somme les termes où plusieurs particules occupent le
même état individuel (principe de Pauli) :
N
!
1 X X
Φfermions (E) = θH E − ~ki . (3.49)
N!
~k1 , · · · , ~kN i=1
tous différents
La difficulté du calcul réside dans le fait que les sommations sur les vecteurs d’onde ne sont pas
indépendantes puisqu’elles sont affectées par des facteurs combinatoires non triviaux pour les
bosons, et sont contraintes par le principe de Pauli pour les fermions.
Facteurs d’occupation.– Nous introduisons une formulation qui se révèlera très utile pour
discuter les statistiques quantiques, vers la fin du cours. L’état quantique respectant le postu-
lat de symétrisation est caractérisé par la donnée des états individuels occupés (sans préciser
l’identité des particules occupant ces états). Autrement dit l’état quantique symétrisé | Ψsym i =
| {n~k } i peut être spécifié par la donnée de l’ensemble des facteurs d’occupations des états quan-
tiques individuels, où n~k est le nombre de particules dans l’état | ~k i. La densité d’états intégrée
du problème à N particules s’écrit en ces termes :
(
X X n~k ∈ N (bosons)
Φindisc (E) = θH E − n~k ~k . (3.50)
~k n~k
∈ {0, 1} (fermions)
{n~ } tq.
P k
k n~
~ k = N
55
III Postulat fondamental Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
P
Contrairement aux expressions (3.48) et (3.49), la somme ~k ne porte plus sur les particules, ou
plutôt sur les états effectivement occupés par des particules, mais sur l’ensemble des états indi-
viduels (en nombre infini en général). La somme sur les états à N particules (i.e. sur l’ensemble
des facteurs d’occupation) est clairement contrainte pour que la somme des occupations coı̈ncide
avec le nombre de particules. Pour des bosons n~k ∈ N alors que pour des fermions n~k ∈ {0, 1}.
Limite diluée.– Lorsque l’on considère la limite d’un fluide dilué (haute température/faible
densité), la somme sur les états est dominée par des termes tels que les occupations des états
individuels soient petites. En effet, lorsque l’énergie du système est grande , le nombre de
manières de distribuer cette énergie parmi les états individuels est en général faramineux : le
nombre d’états accessibles est beaucoup plus grand que le nombre de particules. L’occupation
d’un état n~ki vaut la plupart du temps 0, rarement 1 et est encore plus rarement supérieur à
1. On peut alors négliger les contraintes sur les nombres quantiques lors des sommations dans
(3.48) et (3.49). Nous obtenons alors un résultat identique pour les bosons et les fermions
N
!
1 X X ~2~ki 2
Φindisc (E) ' θH E − (3.51)
N! 2m
~k1 ,··· ,~kN i=1
Autrement dit, si nous introduisons Φindisc (E) ' Φbosons (E) ' Φfermions (E), on a
1
Φindisc (E) ' Φdisc (E) (3.52)
N!
où dans l’approximation semi-classique, Φdisc (E) est donné par (3.42). L’approximation faite ici
est équivalente à l’approximation de Maxwell-Boltzmann qui sera discutée plus tard (les
expressions (3.48,3.49,3.50,3.52) deviendront plus claires aux chapitres 9 et 10).
Dans le cas des particules libres, en remarquant que la sommation sur les N vecteurs tridi-
mensionnels est équivalente à la sommation sur un unique vecteur de dimension d = 3N , nous
pouvons écrire Φdisc (E) sous la forme (3.37), et donc
3N/2 N 3N/2
VN e5N/2
1 mE Stirling V mE
Φlibres
indisc (E) ' ' √ , (3.53)
N ! Γ( 3N
2 + 1)
2π~2 π 6N N 3π~2 N
Notations Notons (`) les microétats du système. Dans le cas classique, (`) représente un point
{qi , pi } de l’espace des phases. Dans le cas quantique, il désigne un état quantique | ` i de l’espace
de Hilbert.
56
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique III Postulat fondamental
Postulat fondamental : tous les microétats accessibles d’un système isolé et à l’équilibre
(macroscopique) sont équiprobables.
Nous introduisons Ω(E), le nombre d’états accessibles (le nombre de microétats dont l’énergie
est E, à une incertitude δE près). Il s’exprime en termes de la densité d’états
La probabilité pour que le système soit dans le microétat (`) d’énergie E` est :
1
si E 6 E` 6 E + δE
P`∗ = Ω(E) (3.55)
0 sinon
Remarque no 2 : Dans le cas classique, (3.55) est une re-écriture de (3.16) (la correspon-
dance précise est assurée en remarquant que le nombre de microétats accessibles est Ω(E) =
V(E, δE)/hd où d est le nombre de degrés de liberté ; notons qu’au niveau de (3.16), l’effet de
l’indiscernabilité n’avait pas encore été discuté, ce qui explique l’absence du facteur 1/N ! dans
cette dernière expression).
Nous allons voir que l’entropie microcanonique, en fonction des paramètres macroscopiques du
problème, volume V , nombre de particules N , etc, S ∗ (E, V, N, · · · ), est la fonction fondamen-
tale permettant d’obtenir les propriétés thermodynamiques du système.11 S ∗ jouera le rôle de
fonction génératrice des propriétés thermodynamiques. Cette observation souligne le caractère
remarquable de la relation fondamentale (3.56) qui relie Ω(E), une fonction qui dénombre des
microétats, à des propriétés mesurables (équation d’état, chaleur spécifique,....).
11
Il s’agit du postulat fondamental de la thermodynamique : cf. § II.
57
III Postulat fondamental Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Extensivité de l’entropie
Variabes extensives et intensives Les grandeurs thermodynamiques peuvent être classées
selon deux catégories : les variabes extensives et les variables intensives. Considérons un système
isolé de N particules, d’énergie E, occupant un volume V . Si le système est dupliqué, les variables
extensives le sont également N → 2N , E → 2E, V → 2V , etc alors que les variables
où nous avons utilisé la propriété de sous-additivité de l’entropie (2.52), ou plutôt (2.50) ; nous
avions remarqué que l’égalité est réalisée lorsque les deux systèmes sont non corrélés, or seuls les
sous-systèmes voisins sont faiblement corrélés si nous suppons que les interactions sont à courte
portée.
1 2 3
...
... N
L’entropie est donc une grandeur extensive, i.e. qui croı̂t linéairement avec la taille du
système : S ∝ N . Puisque l’énergie est également une grandeur extensive, nous concluons que
12
Un contre exemple : les systèmes de particules en interaction gravitationnelle.
58
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique III Postulat fondamental
On peut vérifier qu’elle présente les bonnes propriétés d’extensivité discutées plus
√ haut. Notons
toutefois qu’en passant de (3.62) à (3.63), nous avons négligé un terme −kB ln(π q 6N ) N kB ,
1 3 δE
i.e. au total, de la formule générale (3.56) au résultat (3.63), un terme kB ln π 2 E . Ce terme
est non extensif, mais complètement négligeable, d’ordre O(ln N ).
59
IV Relâchement de contraintes Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
1 2 1 2
δE
Figure 3.12 : Contact thermique. Deux systèmes initialement isolés sont mis en contact
thermique ; ils peuvent alors échanger de l’énergie.
60
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique IV Relâchement de contraintes
Clarifions le sens de la somme discrète sur l’énergie en revenant à la formulation en termes des
densités d’états. Nous notons ρ1,2 (E1,2 ) la densité d’états de S1,2 , liée au nombre de microétats
accessibles par Ω1,2 (E1,2 ) = ρ1,2 (E1,2 )δE. Nous écrivons naturellement :
P
ρ1⊗2 (E)= `1 ,`2 δ(E−E`1 −E`2 )
z
Z Z }| {
Ω1⊗2 (E) = δE dE1 ρ1 (E1 ) dE2 ρ2 (E2 ) δ(E − E1 − E2 ) (3.66)
Z Z
dE1
= δE dE1 ρ1 (E1 ) ρ2 (E − E1 ) = Ω1 (E1 ) Ω2 (E − E1 ) . (3.67)
δE
| P{z }
E1
61
IV Relâchement de contraintes Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
1 ∗
def ∂S (E)
= (3.71)
T ∗ (E) ∂E
Il s’agit de la température absolue (introduite par en 1848 par William Thomson, futur Lord
Kelvin), dont le zéro correspond à −273.15 o C. Notons une petite différence avec la notation de
∂S
la thermodynamique 1/T = ∂E V,N
: l’entropie microcanonique caractérise le système isolé,
i.e. est naturellement une fonction de E, V , N , donc il sera inutile de préciser que la dérivation
partielle de S ∗ se fait à V et N fixés.
1 2E
T ∗ (E, V, N ) = = . (3.72)
∂S ∗ /∂E 3N kB
Elle est donc indépendante du volume ; par conséquent, étant intensive, T ∗ ne peut dépendre
que du rapport E/N des deux quantités extensives.
∂2S∗ ∂T ∗
<0 ⇒ >0 (3.74)
∂E 2 ∂E
Le lecteur aura peut-être reconnu la chaleur spécifique à volume constant, définie dans le
def
cadre de la thermodynamique comme CV = ∂E
∂T V,N . Pour assurer la correspondance avec la
thermodynamique, nous proposons la définition suivante de la chaleur spécifique microcanonique
1 1
CV∗ =
def
=− . (3.75)
∂T ∗ /∂E (T ∗ )2 ∂ 2 S ∗ /∂E 2
62
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique IV Relâchement de contraintes
D’après (3.75), les fluctuations sont reliées aux chaleurs spécifiques des deux sous-systèmes
1 −1
2 ∗2 1
σE1 = Var(E1 ) = kB T + (3.77)
CV∗ 1 CV∗ 2
où CV∗ 1 et CV∗ 2 sont les chaleurs spécifiques des deux sous systèmes. Cette expression montre que
les fluctuations de l’énergie sont essentiellement contrôlées par le système ayant la plus petite
chaleur spécifique : si CV∗ 1 CV∗ 2 alors σE1 ' kB T ∗ CV∗ 1 /kB .
p
La limite N → ∞, pour laquelle on peut négliger l’existence des fluctuations, est appelée
la limite thermodynamique.
1.2
W2 W1
1.0
pHE1;EL
0.8
0.6
0.4
E1m ~ΣE1
0.2
0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
E1
Figure 3.13 : Contact thermique. Nombres de microétats accessibles des sous systèmes en
fonction de E1 et distribution de l’énergie.
14
Notons que ces propriétés reposent sur l’hypothèse d’interactions à courtes portées, centrale dans l’analyse du
contact thermique. Lorsque cette hypothèse n’est pas satisfaite, il est possible de trouver des situations où CV∗ < 0.
63
IV Relâchement de contraintes Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
où nous avons utilisé (3.76) et (3.77). On déduit l’expression de l’entropie totale du système
∗ (E) = k ln Ω
S1⊗2 B 1⊗2 (E) :
Le terme dû aux fluctuations de E1 traduit un manque d’information sur l’état macrosco-
pique. C’est seulement à la limite thermodynamique, N → ∞, que l’on peut négliger cette
dernière contribution à l’entropie, qui est alors donnée par la somme des entropies des deux
sous-systèmes :
∗
S1⊗2 (E) ' S1∗ (E1max ) + S2∗ (E − E1max ) . (3.82)
- Exercice 3.2 : En utilisant la formule de Sackur-Tetrode obtenue plus haut, calculer ex-
2 ∂2S∗
plicitement − δE
kB ∂E 2 . Vérifier que le dernier terme de (3.81) est bien O(ln N ).
Figure 3.14 : Contact thermique. Le système ayant initialement la température la plus haute
(ici S2 ) cède de l’énergie (de la chaleur) à celui ayant intialement la température la plus basse.
Rq no 3 : sens des échanges d’énergie.– Les fonctions T1∗ (E1 ) et T2∗ (E − E1 ) sont donc
respectivement croissante et décroissante en fonction de E1 . Si le point d’intersection correspond
à l’équilibre, nous constatons donc que le système ayant initialement la température la plus haute
cède de l’énergie à celui ayant initialement la température la plus basse (figure 3.14). 15
Théorème : Lorsqu’une contrainte est relachée dans un système isolé, celui-ci évolue spon-
tanément vers un état d’équilibre macroscopique qui maximise son entropie réduite.
64
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique IV Relâchement de contraintes
(i) (i)
volume total est V = V1 + V2 . À un instant on retire le taquet pour permettre à la paroi de
se déplacer librement. On permet également aux systèmes d’échanger de l’énergie, i.e. la paroi
devient diatherme . Les énergies E1 et E2 ainsi que les volumes V1 et V2 deviennent alors
des variables internes, avec les contraintes E = E1 + E2 et V = V1 + V2 . L’analyse est analogue
à celle de l’échange thermique, à la différence que l’on doit maintenant introduire une entropie
réduite fonction de deux variables internes Se∗ (E1 , V1 ; E, V ) = S1∗ (E1 , V1 ) + S2∗ (E − E1 , V − V1 ).
La condition d’équilibre est
∂S1∗ max max ∂S2∗ ∂S1∗ max max ∂S2∗
(E1 , V1 ) = (E−E1max , V −V1max ) et(E1 , V1 ) = (E−E1max , V −V1max ).
∂E1 ∂E2 ∂V1 ∂V2
(3.83)
Nous savons par ailleurs que l’équilibre mécanique est un équilibre entre forces, i.e. entre pres-
sions. Nous définissons donc la pression microcanonique en accord avec la définition de la ther-
modynamique, éq. (1.1) :
p∗ def ∂S ∗
= . (3.84)
T∗ ∂V
Remarquons que, bien que nous ne l’ayons pas écrit, p∗ comme T ∗ sont donc des fonctions des
arguments de l’entropie microcanonique S ∗ (E, V, N, · · · ). La condition d’équilibre de la paroi
prend finalement la forme
11111111
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11 11111111
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11111111
00
11
00000000
11111111
t=0 t=0+ t & tequil.
Figure 3.15 : Détente de Joule. À un instant initial, t = 0, on libère la paroi, puis on attend
jusqu’à ce que l’équilibre (macroscopique) s’établisse.
On pourra vérifier que le sens de l’échange de volume est le suivant : le système ayant la
pression la plus basse cède du volume à celui ayant la pression la plus haute (figure 3.15).
2 ∗
Notons que l’existence d’un équilibre est assurée par la propriété de convexité ∂∂VS2 < 0, que
∗
nous pouvons encore interpréter ∂p∂V < 0.
Exemple : pression du gaz parfait – équation d’état.– Nous pouvons injecter la for-
mule de Sackur-Tetrode dans la définition de la pression. Remarquons toutefois que l’expression
complète de l’entropie n’est pas nécessaire. Il nous suffit de remarquer que, pour des particules
non corrélées (gaz parfait classique) le nombre de microétats dépend du volume comme
Ω∝VN (3.86)
∗
et par conséquent S ∗ = N kB ln V + f (E, N ). Il s’ensuit immédiatement que p∗ = N kVB T ,
autrement dit nous avons retrouvé l’équation d’état du gaz parfait classique : la loi de Boyle-
Mariotte ou loi universelle des gaz parfaits (classiques)
p ∗ V = N kB T ∗ (3.87)
65
IV Relâchement de contraintes Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Remarque : Nous verrons que la relation (3.88) est plus générale qu’il n’y paraı̂t : dans le
problème (annexe 3.C page 77) nous montrons qu’elle est valable aussi bien dans le régime
classique que dans le régime quantique, pour des bosons ou des fermions.
Remarque 2 – détente de Joule avec une paroi adiabatique : La détente de Joule avec
une paroi adiabatique est plus délicate à discuter (cf. [6] ; exercice II.16 de [11]). Même si les
deux systèmes ne peuvent pas échanger de chaleur à travers la paroi, ils peuvent échanger du
travail, cependant les variations d’énergies et de volumes ne sont pas indépendantes. Montrons
que l’équilibre est encore caractérisé par la condition d’égalité des pressions. Pour cela nous
supposons que le système est dans son état d’équilibre et cherchons une propriété permettant
de définir cet équilibre. Si l’on écarte le piston de section A d’une distance infinitésimale dx, la
variation de l’énergie du gaz 1 est donnée par le travail des forces exercées sur le piston (par
le gaz 2) : 16 dE1 = d̄W1 = −F2→1 dx = −p∗2 dV1 où dV1 = Adx. De même dE2 = −p∗1 dV2 . Les
variations d’énergies et de volumes ne sont pas indépendantes. La variation d’entropie (réduite)
est donc complètement contrôlée par dV1 = −dV2 :
∗ ∗
∗ ∗ ∗ 1 p 1 p 1 1
1
dSe = dS1 + dS2 = ∗ dE1 + ∗ dV1 + ∗ dE2 + ∗ dV2 = 2
+ (p∗1 − p∗2 )dV1 . (3.89)
T1 T1 T2 T2 T1∗ T2∗
µ∗ def ∂S ∗
=− (3.90)
T∗ ∂N
16
Rappelons que le travail reçu par un système est le travail des forces extérieures. Pour un gaz séparé
de l’extérieur par un piston, le travail infinitésimal est d̄W = −pext dV où pext est la pression extérieure. Si
la transformation est réversible, i.e. le système passe par une succession d’états d’équilibre, il y a égalité entre
pressions intérieure et extérieure p = pext et le travail infinitésimal prend la forme d̄W rev = −p dV .
66
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique IV Relâchement de contraintes
Ces relations nous permettent de comprendre le sens physique du potentiel chimique : le pa-
ramètre conjugué de N joue le même rôle qu’une pression , mais pour les populations de
particules. On verifie cette fois que les particules se déplacent du système ayant initialement le
potentiel chimique le plus élevé, vers celui l’ayant le plus bas. Ceci se comprend bien en revenant
à l’égalité fondamentale (1.1) : lorsque S =cste et V =cste, on a dE = µdN , i.e. le potentiel
chimique est alors l’énergie gagnée par particule : N → N + 1 implique alors E → E + µ. Le flot
de particules vers la région de potentiel chimique le plus bas permet donc de minimiser l’énergie
totale.
∂S ∗ energie
Énergie E 1
T∗ = ∂E T1∗ = T2∗ si T1∗ (i) > T2∗ (i) S1 −→ S2
p∗ ∂S ∗ volume
Volume V T∗ = ∂V T1∗ = T2∗ & p∗1 = p∗2 si p∗1 (i) > p∗2 (i) S1 ←− S2
µ∗ ∗ particules
# de particules N T∗ = − ∂S
∂N T1∗ = T2∗ & µ∗1 = µ∗2 si µ∗1 (i) > µ∗2 (i) S1 −→ S2
Table 3.1 : (∗) : les sens d’échange de volume et de particules sont donnés en supposant égalité
des températures initiales T1∗ (i) = T2∗ (i) .
67
V Irréversibilité Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
On peut répéter la conclusion tirée de l’étude du contact thermique : les propriétés d’extensi-
vité de l’entropie nous permettent
√ de montrer que les fluctuations relatives de la variable interne
sont négligeables, σX ∝ N , comparativement à sa valeur moyenne, xmax ∝ N . À la limite
thermodynamique N → ∞, les variables extensives prennent une valeur certaine (on dit qu’elles
sont auto-moyennantes ). Ce point explique l’opposition entre l’aléatoire à l’échelle
microscopique et le déterminisme à l’échelle macroscopique (tableau 1.1).
Finalement l’entropie du système est S ∗ (E) ' Se∗ (xmax ; E), à une correction sous extensive
O(ln N ) près.
Ces propriétés sont résumées dans le tableau.
V Irréversibilité
Les différents exemples de relâchement de contraintes que nous avons analysés nous ont montré
que l’évolution spontanée du système isolé s’accompagne d’une augmentation de l’entropie. C’est
l’essence du second principe de la thermodynamique. Pour comprendre plus précisément l’origine
de l’irréversibilité, nous considérons un autre cas précis : un récipient est séparé en deux volumes
(i)
égaux par une paroi ammovible. Un volume contient initialement N1 = N molécules alors que
(i)
l’autre est vide N2 = 0. À un instant on retire la paroi, les molécules se répartissent rapidement
dans les deux volumes (figure 3.16). Puisqu’elles se déplacent dans tous les sens aléatoirement,
le nombre de molécules N1 est une variable interne (fluctuante), qui vaut en moyenne N/2. Une
molécule ayant une probabilité 1/2 de se trouver dans le volume de gauche, la distribution du
nombre de molécules dans le volume de gauche est donnée par
N!
p∗ (N1 ) = . (3.97)
2N N1 !(N − N1 )!
∗
= ∗ = ' 2 ∼ 2−N = 10−N ln 10 . (3.98)
max[p (N1 )] p (N/2) N! 2
L’application numérique pour v ∼ 1cm3 de gaz parfait dans les conditions normales de température
et de pression, N ∼ 3 1020 , donc
p∗ (N ) 20
∗
∼ 10−10 = 0. 000
| · {z
· · 0001} (3.99)
p (N/2)
1020 chiffres
68
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité
Encore une fois rien n’interdit que la situation où N1 = N ne se produise, cependant, sa proba-
bilité est si faible, relativement à la probabilité de l’état le plus probable, qu’on peut considérer
qu’elle ne se réalise jamais en pratique.
L’irréversibilité correspond à l’évolution d’un système d’un état très peu probable vers un
état beaucoup plus probable.
Nous avons évoqué à plusieurs reprises qu’un principe pouvant être pris comme le cœur de la
physique statistique des systèmes à l’équilibre est le principe d’entropie maximale , permettant
de construire le macroétat, i.e. de spécifier les probabilités d’occupation des microétats. Remar-
quons que les considérations sur l’irréversibilité ont bien illustré pourquoi le système choisi l’état
correspondant à une entropie (réduite) maximale.
Cette expression fait mieux apparaı̂tre les limites de la formule de Sackur-Tétrode : elle diverge
aux basses températures S ∗ → −∞ lorsque T ∗ → 0, ce qui ne respecte pas le théorème de
Nernst, parfois appelé 3ème principe de la thermodynamique,
lim S ∗ (T ) = 0 . (3.102)
T →0
Nous verrons plus tard que (3.63) et (3.101) ne sont valables que dans une limite diluée ou de
relativement haute température, lorsque
69
VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Pour mieux comprendre le sens de cette condition, nous écrivons (3.63) sous une autre forme
en introduisant 1/3 r
def V def E
∆x = et ∆p = 2m . (3.104)
N N
∆x3 = V /N représente le volume disponible par particule dans l’espace physique, et ∆x la
distance typique entre deux particules voisines. Le fait que le comptage des états des parti-
cules libres fasse intervenir le volume V /N , plutôt que le volume V qu’elles peuvent
explorer, est une manifestation de l’indiscernabilité, i.e. de l’invariance du microétat par
permutation entre particules. D’autre part ∆p représente l’impulsion typique d’une particule ;
puisque l’impulsion d’une particule fluctue, ∆p3 s’interprète comme le volume exploré par une
particule dans l’espace des impulsions. On vérifie facilement que la formule de Sackur-Tetrode
(3.63) devient
√
∗ ∆x∆p
S = 3N kB ln a avec a = 6πe5/6 = 9.9865... ' 10 . (3.105)
h
Ω = (a∆x∆p)3N /h3N est le nombre d’états quantiques accessibles (compte tenu de l’indiscerna-
bilité). Pour que la règle de comptage semi-classique soit valable, il faut que le nombre d’états
soit très grand Ω 1, ce qui exige que
a∆x∆p h (3.106)
C’est est une autre écriture de la condition (3.103). Lorsque cette condition n’est pas respectée,
les effets du postulat de symétrisation deviennent importants. Examinons les conséquences pra-
tiques.
Cas des bosons.– Dans le cas des bosons (chapitre 10), la condition (3.103), ou (3.106), est
violée lorsqu’une fraction macroscopique des particules occupent l’état fondamental (conden-
sation de Bose), ce qui se produit à très basse température (typiquement T .qq µK dans les
gaz dilués ; en matière condensée, la superfluidité ou la supraconductivité s’apparentent à des
phénomènes de condensation qui apparaissent pour T .qq K). Les effets quantiques liés à l’in-
discernabilité des bosons se manifestent donc à très basse température.
Cas des fermions.– Dans le cas des fermions (chapitre 9), le principe de Pauli impose aux
particules de s’empiler dans des états individuels distincts, ce qui confère une énergie énorme au
système. Par exemple, si on considère les électrons d’un métal, la condition (3.103), ou (3.106),
est respectée pour T &qq10000K. Autrement dit les électrons d’un métal ne sont jamais dans
une limite diluée. C’est seulement lorsque le gaz de fermions est très dilué (gaz atomiques) qu’il
sera justifié de considérer que le régime classique est atteint.
70
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité
Ces difficultés sont bien illustrées à travers le paradoxe de Gibbs que nous discutons
maintenant. Considérons l’expérience suivante : deux gaz parfaits de natures différentes, par
exemple un gaz d’hélium et un gaz d’argon, sont disposés dans deux volumes V1 et V2 ne
communiquant pas. Les deux gaz ont initialement mêmes températures et pressions : T1∗ = T2∗ ≡
T ∗ et p∗1 = p∗2 ≡ p∗ . À un instant on retire la paroi pour permettre aux deux gaz de se mélanger
(figure 3.17). La pression et la température du mélange est celle des gaz initialement séparés
puisque p∗ V1 = N1 kB T ∗ et p∗ V2 = N2 kB T ∗ implique p∗ (V1 + V2 ) = (N1 + N2 )kB T ∗ . Il est utile
pour la suite d’écrire
V1 V2 V1 + V2
= = . (3.107)
N1 N2 N1 + N2
def
L’entropie a néanmoins augmentée, ∆Smelange = S (final) − S (initial) > 0, du fait de l’incertitude
liée à la position des atomes des deux espèces dans l’état final, par rapport à l’état initial : il y a
(N1 +N2 )!
N1 !N2 ! manières de répartir aléatoirement les atomes des deux espèces dans les deux volumes,
ce qui correspond donc à une augmentation de l’entropie du système
(N1 + N2 )!
∆Smelange = kB ln ' kB [(N1 + N2 ) ln(N1 + N2 ) − N1 ln N1 − N2 ln N2 ] .
N1 !N2 !
(3.108)
Si l’on considère maintenant que les deux gaz sont de même nature, la présence de la paroi ne
change rien aux propriétés du système et l’entropie ne devrait pas varier. Or il n’est à première
vue pas évident de comprendre pourquoi le raisonnement qui a conduit à (3.108) ne s’applique
pas (paradoxe de Gibbs).
Plutôt que d’utiliser des arguments combinatoires (physique statistique), on peut comprendre
l’augmentation de l’entropie comme une conséquence du second principe de la thermodynamique.
Lorsque les gaz sont de natures différentes, la transformation est irréversible et donc ∆Smelange >
0 : si on remet la paroi, on ne revient pas dans l’état initial. En revanche si les gaz sont de même
nature, la transformation est réversible : re-introduire la paroi nous place à nouveau dans la
même situation qu’au départ de l’expérience. On attend alors ∆Smelange = 0.
Figure 3.17 : Entropie de mélange. Deux gaz de natures différentes occupent deux volumes.
À un certain instant on autorise les gaz à se mélanger (au centre). Si on réintroduit la paroi
(figure de droite), on obtient une situation différente de la configuration initiale.
71
VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
la simplification : puisque l’entropie de mélange est purement liée à la configuration spatiale des
gaz, il suffit de re-écrire la formule de Sackur-Tetrode comme :
S ∗ = N kB ln (c V /N ) . (3.109)
Gaz de différentes natures Lorsque les gaz sont de natures différentes, la variation d’entro-
pie est donc donnée en utilisant (3.109) (écrite pour chaque gaz) :
final : 2 gaz dans V1 +V2 initial
z }| { z }| {
V1 + V2 V1 + V2 V1 V1
∆Smelange = N1 kB ln c1 + N2 kB ln c2 − N1 kB ln c1 − N2 kB ln c2
N1 N2 N1 N2
(3.110)
N1 + N2 N1 + N2
= N1 kB ln + N2 kB ln (3.111)
N1 N2
où nous avons utilisé (3.107). Cette dernière expression correspond précisément à (3.108).
Gaz de même nature Lorsque les gaz sont de même nature, le calcul de l’entropie S (initial)
est le même que précédemment, en faisant c1 = c2 = c. En revanche S (final) n’est pas la somme
des entropies de deux gaz occupant le volume V1 + V2 comme précédemment, mais l’entropie
d’un gaz de N1 + N2 particules dans ce volume :
final : 1 gaz dans V1 +V2 initial
z }| { z }| {
V1 + V2 V1 V1
∆Smelange = (N1 + N2 )kB ln c − N1 kB ln c − N2 kB ln c =0 (3.112)
N1 + N2 N1 N2
Conclusion
Le paradoxe de Gibbs (1875), i.e. la nécessité du facteur 1/N ! dans Ωindisc (E) dans la limite
diluée, permettant de restaurer les propriétés d’extensivité de l’entropie, est la manifestation
à l’échelle macroscopique de l’énorme réduction de la dimension de l’espace de Hilbert d’un
nombre macroscopique de particules indiscernables par rapport à des particules discernables, i.e
conséquence du postulat de symétrisation de la mécanique quantique.
72
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité
73
VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Méthode no 1
En principe, (3.113) permet de trouver une des variables en fonctions des autres, par exemples
xN = ψ(x1 , · · · , xN −1 ). On cherche les points stationnaires des N − 1 variables indépendantes
∂F ∂ψ ∂F
de F x1 , · · · , xN −1 , ψ(x1 , · · · , xN −1 ) , i.e. on obtient les N − 1 équations : ∂xn + ∂xn ∂xN
= 0.
Critique de cette approche : il peut être difficile de trouver la fonction ψ.
∂S
2. l’extremum de Se est donné par ∂P = − ln Pm − 1 − λ = 0 pour 1 6 m 6 Ω, i.e. toutes les
e
m
∗
probabilités sont égales − ln Pm = λ + 1 ∀ m.
∗ = ΩP ∗ = 1 i.e. on retouve que parmi
P
3. On injecte la solution dans la contrainte : m Pm m
toutes les macroétats, celui qui maximise l’entropie est celui correspondant à la distribution
uniforme :
∗
Pm = 1/Ω (3.116)
(on obtient donc λs + 1 = ln Ω).
L’exemple montre que l’on retrouve la distribution microcanonique (i.e. le postulat fondamental
de la physique statistique) à partir d’un principe d’entropie maximum .
74
Postulat fondamental – Ensemble microcanonique VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité
Principe d’indiscernabilité
Le formalisme quantique (la description en termes de fonctions d’ondes) implique l’indiscer-
nabilité des particules identiques (deux électrons par exemple). La conséquence est que les
vecteurs d’états de plusieurs particules identiques doivent être
• soit tous invariants sous les permutations, pour les particules appelées bosons (pho-
tons,...)
• soit tous antisymétriques, pour les particules appelées fermions (électron, proton, neu-
tron,...).
La nature bosonique/fermionique est déterminée par le spin de la particule : les particules de spin
entier (S = 0, 1, 2 · · · ) sont des bosons et les particules de spin demi-entier (S = 1/2, 3/2, · · · )
dont des fermions.
L’indiscernabilité induit en particulier une grande réduction de la dimension de l’espace des
états des N particules, par rapport au cas des particules discernables. Dans le cas des bosons,
on ne retient que la partie des vecteurs symétriques, HN bosons = H1 ⊗ H2 ⊗ · · · ⊗ HN sym , et
États bosoniques.– L’état symétrisé peut être construit à partir de l’état non symétrisé en
lui appliquant un opérateur de symétrisation. Par exemple, dans le cas N = 2, on aura
symétrisation
| λ1 ipart. 1 ⊗ | λ2 ipart. 2 −→
1
| λ1 , λ2 ibosons = √ [| λ1 ipart. 1 ⊗ | λ2 ipart. 2 + | λ2 ipart. 1 ⊗ | λ1 ipart. 2 ] (3.117)
2
qui est bien invariant lorsqu’on permute les particules. La procédure se généralise à N particules :
on obtient un état à N particules invariant sous l’échange de deux particules (ou la permutation
des nombres quantiques) | λ1 , · · · , λi , · · · , λj , · · · , λN i = | λ1 , · · · , λj , · · · , λi , · · · , λN i.
États fermioniques.– La logique est la même dans le cas des fermions, si ce n’est que les
états doivent être antisymétriques sous toute permutation entre deux particules. Par exemple
1
| λ1 , λ2 ifermions = √ [| λ1 ipart. 1 ⊗ | λ2 ipart. 2 − | λ2 ipart. 1 ⊗ | λ1 ipart. 2 ] (3.118)
2
L’état de N fermions est antisymétrique sous la permutation | λ1 , · · · , λi , · · · , λj , · · · , λN i =
−| λ1 , · · · , λj , · · · , λi , · · · , λN i.
75
VI Remarques sur le rôle de l’indiscernabilité Postulat fondamental – Ensemble microcanonique
Quelques conséquences
• Par rapport aux bosons qui peuvent occuper un état individuel en nombre illimité, l’an-
tisymétrisation pour les fermions conduit au principe de Pauli, interdisant à un état
individuel d’être occupé par plus d’un fermion.
• La symétrisation des états quantiques pour des particules identiques induit des corrélations
entre particules, même en l’absence d’interaction.
• Le point important à noter pour la physique statistique, où nous devons fréquemment
dénombrer les états quantiques, est le suivant : alors que l’état non symétrisé | λ1 ipart. 1 ⊗
· · · ⊗ | λN ipart. N est spécifié par une suite ordonnée de nombres quantiques (quel état
individuel est occupé par quelle particule), l’état symétrisé | λ1 , · · · , λN i est caractérisé
par une suite non ordonnée de nombres quantiques. Seul suffit de spécifier quels états
individuels sont occupés, chacun étant occupé par toutes les particules à la fois.
Autrement dit : seule importe l’occupation des états individuels.
76
Chapitre 4
Plan du chapitre
I Ensemble canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
I.A Distribution canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
I.B Propriétés de l’ensemble canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
II Relâchement d’une contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
II.A Contexte physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
II.B Relâchement de la contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
II.C Énoncé du théorème de minimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
II.D Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
III Ensembles microcanonique et canonique . . . . . . . . . . . . . . . . 88
III.A Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
III.B Analyse d’un exemple : le cristal paramagnétique . . . . . . . . . . . . . 89
III.C Analyse générale de l’équivalence entre ensembles . . . . . . . . . . . . . 90
IV Retrouver les principes de la thermodynamique . . . . . . . . . 92
V Formulation semi-classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
V.A Distribution canonique classique et fonction de partition . . . . . . . . . 94
V.B Distribution de Maxwell des vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
V.C Théorème d’équipartition de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann . . . . . . 95
VI.A Indiscernabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
VI.B Approximation de Maxwell-Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
VI.C Apparition des effets quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Annexe 4.A :Transformations de Legendre et potentiels thermodynamiques100
Annexe 4.B : Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
I Ensemble canonique
Dans le cadre de l’ensemble microcanonique, une partie des difficultés techniques des calculs a
pour origine la contrainte de conservation de l’énergie. On peut éviter ce problème en fixant,
plutôt que l’énergie, le paramètre conjugué de l’énergie : la température. Cette situation est de
plus assez physique puisque la plupart du temps le système S n’est pas isolé mais en contact
79
I Ensemble canonique Ensemble canonique
avec l’extérieur, i.e. un grand système T avec lequel il peut échanger de l’énergie (sous
forme de chaleur). La première question qui se pose alors est celle de la probabilité d’occupation
des microétats du système dans une telle situation.
Thermostat ,T
δE
∗ ΩT (Etot − E` ) 1
S ∗ (E −E )
P`C = ΩT (Etot − E` ) × P`⊗Λ =P ∝ e kB T tot ` . (4.2)
E ΩS (E)ΩT (Etot − E)
Le thermostat est supposé suffisamment grand comparativement au système étudié afin que
les échanges d’énergie ne perturbent pas ses propriétés thermodynamiques (puisque son rôle est
d’imposer la température). On peut donc développer l’entropie du grand système comme
1/TT∗
z }| {
∗ ∗ ∂ST∗
ST (Etot − E` ) ' ST (Etot ) − E` (4.3)
∂ET
1 ∗
Plus formellement : P`C = Λ P`⊗Λ
P
δEΛ ,Etot −E` , où EΛ désigne l’énergie de microétat Λ du thermostat (c’est
∗
l’analogue du passage d’une loi jointe à une loi marginale). Puisque P`⊗Λ = 1/ΩS ⊗T est une constante, il peut
être sorti de la somme, i.e.
X ∗ ∗
X
P`C = P`⊗Λ δEΛ ,Etot −E` = P`⊗Λ δEΛ ,Etot −E` = ΩT (Etot − E)/ΩS ⊗T (Etot ) .
Λ Λ
80
Ensemble canonique I Ensemble canonique
1 −βE`
P`C = e (4.6)
Z
est appelée la fonction de partition canonique. Bien que l’introduction de Z soit apparue pure-
ment technique (une constante de normalisation), nous allons voir qu’elle va jouer un rôle central
dans l’analyse dans le cadre de l’ensemble canonique. La raison est que cette fonction est une
fonction génératrice, dont nous pourrons extraire de nombreuses propriétés intéressantes.
Le point important du résultat (4.6) est que les probabilités (et la fonction de partition)
ne dépendent que des propriétés du système S . Le thermostat T n’intervient qu’à travers un
unique paramètre, sa température T .
Une autre approche permettant d’obtenir la distribution canonique est de suivre la logique in-
troduite dans l’annexe page 74 partant d’un principe d’entropie maximale . Nous cherchons
la distribution des microétats {P` } qui maximise
P l’entropie statistique tout en satisfaisant deux
contraintes : d’une part la normalisation ` P` = 1, d’autre part nous P fixons la température via
une contrainte sur l’énergie moyenne que nous supposons donnée ` P` E` = E. Nous utilisons
l’approche des multiplicateurs de Lagrange (annexe page 74) et introduisons deux multiplica-
teurs, λ et β associés
P aux deux contraintes,
P ce qui nous
P conduit à considérer la fonction auxiliaire
S({P` }) = − ` P` ln P` + λ 1 − ` P` + β E − ` P` E` .
e
∂S
Nous cherchons maintenant l’extremum : ∂P = − ln P` − 1 − λ − βE` = 0 ∀ `. Autrement dit
e
`
l’entropie est maximisée pour P` ∝ exp −βE` , ce qui correspond bien à la distribution canonique.
Le second multiplicateur de Lagrange s’interprète comme l’inverse de la température.
81
I Ensemble canonique Ensemble canonique
def
F (T, V, N ) = −kB T ln Z(T, V, N ) (4.9)
Cette fonction des paramètres naturels de l’ensemble canonique (T , V , N ,...) joue un rôle central
dans l’ensemble canonique, similaire à celui de l’entropie dans le cadre de l’ensemble microca-
nonique : F s’interprète comme la fonction génératrice des propriétés thermodynamiques.
∆F = W + Q − T ∆S d’où ∆F 6 W (4.10)
| {z }
60
Du point de vue de la théorie des machines thermiques (Carnot), la question intéressante est de
quantifier le travail qu’une machine thermique (une locomotive, etc) peut fournir, Wdisponible =
−W . La variation de l’énergie libre fixe donc une borne supérieure sur la quantité de travail
disponible Wdisponible 6 −∆F .
82
Ensemble canonique I Ensemble canonique
Z = zN i.e. F = −N kB T ln z (4.13)
Extensivité de F : Parmi les arguments de l’énergie libre, T est intensive alors que V et N
sont extensifs. Par conséquent, la propriété d’extensivité est
où λ est un facteur de dilatation sans dimension. Autrement dit cette propriété nous montre
que, bien qu’elle ait trois arguments (pour un fluide simple), l’énergie libre s’exprime à l’aide
d’une fonction de deux variables : F (T, V, N ) = N f (T, V /N ).
1 X
X z }| {
C C −βE`
E = P` E` = E` e (4.16)
Z
` `
autrement dit
C ∂
E =− ln Z (4.17)
∂β
2
Rappelons que la propriété d’extensivité repose sur l’existence d’interactions à courte portée.
83
I Ensemble canonique Ensemble canonique
fonction de corrélation.
Entropie canonique
On calcule l’entropie statistique (2.43) associée à la distribution canonique :
X X
S C = −kB P`C ln P`C = kB P`C (ln Z + βE` ) , (4.22)
` `
∂S C ∂2F
CV = T = −T . (4.24)
∂T ∂T 2
On peut comparer cette définition à (3.75). On constate que les deux définitions expriment
la chaleur spécifique comme une dérivée seconde du potentiel fondamental (l’entropie dans le
cas de l’ensemble microcanonique et l’énergie libre dans le cas canonique). On vérifiera plus bas
sur l’exemple du gaz parfait que les deux définitions de la chaleur spécifique coı̈ncident dans la
limite thermodynamique.
84
Ensemble canonique I Ensemble canonique
C ∂F
X =− (4.27)
∂φ
Pour calculer la moyenne, il n’est donc pas nécessaire de faire appel à tous les détails microsco-
piques, énergies E` et valeurs moyennes X` , mais seulement de pouvoir identifier la dépendance
du potentiel thermodynamique dans le paramètre conjugué φ. Cette relation générale nous fait
mieux comprendre le rôle central de l’énergie libre et se révèlera très utile par la suite.
def ∂F
µC = (4.29)
∂N
On pourra retrouver rapidement ces définitions à l’aide de l’égalité fondamentale de la ther-
modynamique (1.1) à laquelle on aura fait subir une transformation de Legendre (cf. annexe
4.A page 100) : F = E − T S.
3
Une transformation réversible est telle que le système passe par une succession d’états d’équilibre.
85
II Relâchement d’une contrainte Ensemble canonique
Considérons une variable interne échangée lors du relâchement d’une contrainte entre S1 et S2 .
Par exemple
où X`1 est la valeur prise par la grandeur physique X dans le microétat `1 . Le calcul de la
distribution de X1 suit la même logique. p(X1 ; T ) est donné par la somme des probabilités
canoniques P`C1 ⊗`2 sur tous les microétats qui réalisent la valeur X1 . Si nous notons X`1 la valeur
prise par la grandeur dans le microétat (`1 ), nous pouvons écrire
X
p(X1 ; T ) = P`C1 ⊗`2 δX1 ,X`1 δXtot −X1 ,X`2 . (4.33)
`1 ⊗`2
Nous obtenons
86
Ensemble canonique II Relâchement d’une contrainte
qui représente l’énergie libre du système lorsque X1 est fixé. La probabilité p(X1 ; T ) est maximale
lorsque l’énergie réduite est mimimum
Théorème : Lorsqu’une contrainte est relachée dans un système en contact avec un ther-
mostat, celui-ci évolue spontanément vers un état d’équilibre macroscopique qui minimise
son énergie libre réduite.
II.D Discussion
Nous pouvons poursuivre l’analyse du problème de relâchement de contrainte en suivant les
lignes du cas microcanonique. Terminons par quelques observations :
Stabilité.– La stabilité de l’équilibre impose que l’énergie libre soit une fonction convexe (à
dérivée seconde positive)
∂2F
>0 (4.39)
∂X 2
∂2F ∂pC ∂p
(par exemple ∂V 2 > 0 et donc ∂V ≡ ∂V T,N < 0, ce qui assure la positivité de la compressibilité
def
κT = − V1 ∂V
∂p T ).
87
III Ensembles microcanonique et canonique Ensemble canonique
coı̈ncide avec l’énergie libre réduite à des termes venant des fluctuations de X1 près, négligeables
dans la limite thermodynamique.
(le calcul corrige une petite erreur de raisonnement dans la démonstration du chapitre III, § II.D,
de [11]). Finalement on aboutit à
F
ST∗ ⊗S (Etot ) ' ST∗ (Etot ) − . (4.43)
T
Le principe de maximisation de l’entropie du système (global) isolé (section IV), conduit donc
au principe de la minimisation de l’énergie libre du système thermostaté.
δ ( E −E)
1
δE
E
E
Afin de comparer en détail les propriétés des deux ensembles, nous introduisons la fonction
(
1 si E − δE/2 6 E` 6 E + δE/2
δ̄(E` − E) = (4.44)
0 sinon
88
Ensemble canonique III Ensembles microcanonique et canonique
que nous représentons sur la figure 4.3. L’introduction de cette fonction nous permet d’insister
sur l’analogie entre le nombre de microétats accessibles Ω(E) et la fonction de partition Z(T ) :
tous deux sont des fonctions de comptage des microétats. Alors que Ω(E) attribue un poids 1
aux microétats d’énergie E` = E et 0 aux autres, la fonction de partition canonique attribue un
poids exponentiel à tous les microétats.
Thermostat ,T
δE
Pl * Pl C
P`∗ = 1
Ω(E) δ̄(E` − E) P`C = 1 −βE`
Ze
El El
E k BT
S ∗ (E) = kB ln Ω(E) F (T ) = −kB T ln Z(T )
Dans chacun des ensembles, une fois obtenu le potentiel thermodynamique approprié (la
fonction fondamentale), S ∗ ou F , on déduit les propriétés thermodynamiques par dérivation
par rapport aux arguments de S ∗ et F . Le point que nous voulons maintenant examiner est
lié à l’observation que si les ensembles de la physique statistiques sont multiples, la
thermodynamique est unique.
(i)
où µz est la composante du moment i. Aux deux états du spin 1/2 correspondent deux valeurs
(i)
du moment quantifié µz = ±µ.
a) Traitement microcanonique
L’énergie est fixée, ce qui détermine la fraction des moments dirigés vers le haut. Le nombre
de moments tels que µz = ±µ est n± = 12 (N ∓ E/µB). Le nombre de microétats accessibles
correspond donc au nombre de manières de choisir n+ moments + parmi N , i.e Ω(E, B, N ) =
N !/(n+ !n− !). Nous déduisons l’expression de l’entropie microcanonique
89
III Ensembles microcanonique et canonique Ensemble canonique
1
2 (1 + ξ) ln(1 + ξ), qui coı̈ncide avec (4.46).
où nous avons introduit l’expression de l’entropie microcanonique S ∗ (E) = kB ln Ω(E) = kB ln[ρ(E)δE].
def
Il est intéressant de définir une énergie libre 5 F(E; T ) = E − T S ∗ (E) afin de re-écrire la
probabilité comme
p(E; T ) ∝ e−βF (E;T ) . (4.49)
Si nous cherchons la valeur de l’énergie qui maximise cette distribution, nous obtenons la condi-
tion
∂F(E; T ) ∂ 1 ∗
β = βE − S (E) = 0 ⇒ T ∗ (Em ) = T . (4.50)
∂E ∂E kB
Le point Em est le point où les croissances des deux fonctions s’équilibrent (figure 3.13) : la
fonction très rapidement croissante ρ(E) et la fonction très rapidement décroissante e−βE . La
4
Les températures négatives sont plus chaudes que les températures positives : un cristal de température
(absolue) négative mis en contact avec un autre cristal de température positive cède de l’énergie à ce dernier.
5
Stricto sensu F(E; T ) n’est pas l’énergie libre microcanonique. Celle-ci serait plutôt F ∗ (E) = F(E; T ∗ (E)) =
E − T ∗ (E) S ∗ (E).
90
Ensemble canonique III Ensembles microcanonique et canonique
valeur la plus probable Em est obtenue en écrivant l’égalité de la température canonique avec
la température microcanonique. Nous pourrions aller plus loin et analyser en détail la distribu-
tion p(E; T ), répétant ainsi l’exercice de la section IV.B dans laquelle nous avons obtenu une
distribution gaussienne très étroite
(E − Em )2
p(E; T ) ∝ exp − 2 , (4.51)
2σE
√
avec Em ∝ N et σE ∝ N . La distribution est représentée sur la figure 3.13 (il faut faire
Ω2 → ΩT (Etot − E) ∝ e−βE ).
Dans le cadre de l’ensemble canonique, l’énergie est autorisée à fluctuer. Mais puisque les
fluctuations sont négligeables devant les valeurs moyennes dans la limite thermodynamique,
N → ∞, on est presque dans la situation où l’énergie est fixée (distribution de l’énergie dans
l’ensemble microcanonique) : 6
La compétition énergie–entropie
Le principe de minimisation de l’énergie libre et l’analyse de la distribution de l’énergie illus-
trent un point intéressant que nous pouvons appeler la compétition énergie–entropie . Puisque
l’énergie libre s’exprime en fonction de l’énergie et de l’entropie comme F = E − T S, sa mi-
nimisation procède d’un compromis entre énergie et entropie : le principe de maximisation de
l’entropie, à combiner avec la minimisation usuelle de l’énergie. Ceci est particulièrement ex-
plicite sur l’expression de la distribution (4.48) de l’énergie : p(E; T ) est le produit d’un terme
rapidement croissant avec E, le terme de densité d’états dont la présence traduit un effet en-
tropique ρ(E) ∝ exp k1B S ∗ (E), et d’un terme décroissant rapidement avec l’énergie, exp −βE.
La recherche de la valeur la plus probable procède du compromis énergie-entropie.
Limite thermodynamique
Puisqu’elle joue un rôle central, examinons la fonction de partition canonique :
Z Z
X 1 −βE+ k1 S ∗ (E)
Z= e−βE` = dE ρ(E) e−βE = dE e B . (4.53)
δE
`
6
√
Remarquons que (4.52) est uniquement schématique : si la largeur de p(E; T ) croı̂t moins vite (∝ N )
que l’énergie sur laquelle elle est centrée (∝ N ), la largeur croı̂t et la distribution ne tend pas vers un Dirac.
def
En revanche, une écriture mathématiquement correcte est de considérer la variable aléatoire ε = E/N dont
la moyenne tend vers une limite finie εm = limN →∞ Em /N , tandis que ses fluctuations s’annulent à la limite
N → ∞ ; on a bien p(ε) −→ δ(ε − εm ).
N →∞
91
IV Retrouver les principes de la thermodynamique Ensemble canonique
où Em est une fonction de la température canonique définie par T = T ∗ (Em ). En utilisant (4.23)
nous écrivons l’entropie canonique
'0
z }| {
C C
E E − Em
S C (T ) = + kB ln Z = +S ∗ (Em ) + O(ln N ) . (4.56)
T T
Autrement dit
S C (T ) ' S ∗ (Em ) où T ∗ (Em ) = T (4.57)
Dans la section précédente nous avons montré que les potentiels thermodynamiques associés
aux différents ensembles coı̈ncident à la limite thermodynamique. Autrement dit nous avons
proposé plusieurs méthodes équivalentes pour construire les fonctions fondamentales au cœur
de l’analyse proposée par la thermodynamique. Nous discutons maintenant la relation avec
les principes de la thermodynamique. Afin de pouvoir considérer des transformations au cours
desquelles de l’énergie est apportée au système, il est naturel de se placer dans le cadre de
l’ensemble canonique.
Premier principe
Nous pouvons identifier l’énergie interne du système E (en général plutôt notée U ) avec l’énergie
moyenne de l’ensemble canonique (il est entendu que P nous nous plaçons dans la limite thermody-
namique où les fluctuations sont négligées) : E = ` P` E` . Nous considérons une transformation
réversible, i.e. passant par une succession d’états d’équilibre : nous pouvons ainsi supposer
92
Ensemble canonique IV Retrouver les principes de la thermodynamique
que les occupations des états P` et les énergies E` sont modifiées de manière adiabatique : 7
X
dE = (E` dP` + P` dE` ) . (4.59)
`
Soulignons que la notation d̄ signale que l’expression (4.60) n’est pas une différentielle exacte.
Chaleur.– Nous déduisons que le second terme de la variation d’énergie interne, occasionnée
par la variation des probabilités d’occupation, s’interprète comme la chaleur apportée au système
au cours de la transformation réversible :
X
d̄Qrev = E` dP` . (4.61)
`
Second principe
P
Calculons la différentielle de l’entropie statistique S = −kB ` P` ln P` , correspondant à la
variation d’entropie lors d’une transformation infinitésimale,
X
dS = −kB (ln P` + 1) dP` (4.62)
`
7
C’est seulement lorsque la transformation est réversible que nous pouvons utiliser le “langage” de la physique
statistique d’équilibre tout au long de la transformation : autrement dit, si les paramètres du problème dépendent
du temps très lentement on peut simplement négliger l’effet de leur dépendance temporelle sur la dynamique
du système. À l’inverse, si les paramètres dépendent rapidement du temps, il faudrait alors développer une
physique statistique hors de l’équilibre (cf. [20] par exemple, ou [4, 25, 28] ou mes notes de cours de Master 2
[33]).
8
Travail (petit rappel du cours de mécanique) : le travail d’une force F ~ le long d’un chemin (une transforma-
~ def R
tion) A → B est WA→B F
= ~ . Dans le cas où la force est conservative, F
d~r · F ~ = −∇E
~ p , le travail correspond
A→B
F ~
à l’opposé de la variation d’énergie potentielle WA→B = Ep (A) − Ep (B).
93
V Formulation semi-classique Ensemble canonique
Troisième principe
On évoque parfois un troisième principe pour désigner le théorème de Nernst sur l’annulation
de l’entropie à température nulle. Aussi bien l’expression de l’entropie microcanonique que
celle de l’entropie canonique montrent que l’entropie tend vers une limite finie à température
nulle S(0) = limT →0 S(T ) = kB ln D0 où D0 désigne la dégénérescence de l’état fondamental.
Génériquement, 9 la dégénérescence du fondamental est une quantité non extensive ce qui conduit
à limN →∞ S(0)/N = 0 (écriture précise du théorème de Nernst).
V Formulation semi-classique
V.A Distribution canonique classique et fonction de partition
La distribution canonique est exponentielle dans l’énergie du microétat, ce qui correspond à la
mesure dans l’espace des phases
où H({~ri , p~i }) est l’hamiltonien de N particules dans l’espace tridimensionnel. Si les parti-
cules possèdent d’autres degrés de liberté (rotation, vibration,...) on devra en tenir compte. La
constante de normalisation est proportionnelle à la fonction de partition
N
Z Y
1 d~ri d~
pi −βH({~ri ,~pi })
Z= e (4.66)
N! h3
i=1
où nous avons introduit le facteur 1/N ! pour tenir compte de l’indiscernabilité des particules
identiques.
Supposons l’hamiltonien de la forme
N
X p~i 2
H({~ri , p~i }) = + U ({~ri }) (4.67)
2m
i=1
où le potentiel U ({~ri }) décrit les interactions mutuelles entre les particules (il pourrait également
inclure l’effet d’un potentiel extérieur). Dans le cas classique, nous profitons de l’absence de
corrélation entre positions et impulsions pour calculer explicitement les intégrales (gaussiennes)
sur les impulsions. Nous obtenons :
N
N Z Y
1 V d~ri −βU ({~ri })
Z= e (4.68)
N! Λ3T V
i=1
où la longueur thermique à été introduite plus haut. La factorisation de la fonction de partition
en une partie cinétique (ou translation) et une partie potentielle reflète l’absence de corrélation
entre positions et impulsions (ce qui n’est pas le cas dans le cas quantique où [x̂, p̂] = i~).
9
Notons toutefois que certains problèmes de physique statistique font apparaı̂tre des problèmes avec fondamen-
tal hautement dégénéré pour lesquels le théorème de Nernst est violé (par exemple dans les antiferromagnétiques
frustrés et les systèmes vitreux).
94
Ensemble canonique VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann
Remarquons que l’expression de la fonction de partition (4.68) peut être re-écrite sous la forme
suggestive
1 D E V
Z= (ztrans )N e−βU , où ztrans = 3 (4.69)
N! ΛT
est la fonction de partition d’une particule, associée aux degrés de liberté de translation. h· · ·i
désigne ici la moyenne uniforme sur les positions.
H = · · · + b ξ2 + · · · . (4.71)
où la variable ξ est une des variables dynamiques (un des qi ou des pi ), n’apparaissant nulle par
ailleurs dans l’hamiltonien. La factorisation classique nous permet de calculer la contribution à
la fonction de partition de ce degré de liberté :
Z
2 1
Z = (· · · dξ · · · ) · · · e−βb ξ · · · ∝ · · · × √ × · · · (4.72)
β
∂ C
et donc sa contribution à l’énergie moyenne E = − ∂β ln Z = · · · + 12 kB T + · · · :
1
hb ξ 2 i = kB T (4.73)
2
95
VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann Ensemble canonique
VI.A Indiscernabilité
Considérons un problème de particules identiques (donc indiscernables). Étant donnée une base
des états individuels {| λ i}, nous pouvons construire une base {| λ1 i ⊗ · · · ⊗ | λN i} de l’espace
produit tensoriel H1 ⊗ · · · ⊗ HN . L’espace physique est la partie complètement symétrique
(ou
antisymétrique) sous l’échange de particules de l’espace produit tensoriel Hbosons/fermions =
H1 ⊗ · · · ⊗ HN sym/antisym [34]. Les vecteurs de l’espace de Hilbert à N particules sont donc
repérés uniquement par la donnée de l’ensemble des nombres quantiques, sans leur attribuer une
particule particulière : seule compte l’occupation des états individuels. Nous notons ces états
| λ1 , · · · , λN i (cf. annexe 2.B page 75).
Nous considérons un problème de particules sans interaction. L’hamiltonien prend une forme
séparable : les états construits à partir d’états individuels stationnaires sont états propres de
l’Hamiltonien à N particules. Nous notons Eλ1 ,··· ,λN = ελ1 + · · · + ελN le spectre de valeurs
propres de ce dernier. La fonction de partition prend la forme
X nλ1 ! · · · nλN ! −βEλ ,··· ,λ 1 X
Zbosons = e 1 N et Zfermions = e−βEλ1 ,··· ,λN
N! N!
λ1 ,··· ,λN λ1 , · · · , λN
tous différents
(4.74)
où nλ ∈ N (pour des bosons) désigne le nombre de particules occupant l’état individuel | λ i. La
difficulté du calcul de ces fonctions de partition tient aux contraintes introduites par le postulat
de symétrisation sur la sommation sur les nombres quantiques individuels. Nous expliquerons
dans un chapitre ultérieur comment résoudre ce problème. Contentons-nous pour l’instant de
discuter une approximation de ces fonctions de partition.
En oubliant les contraintes, nous avons pu relier la fonction de partition à une particule à la
fonction de partition des N particules (en principe corrélées par le postulat de symétrisation)
1 N X
Z M−B = z où z= e−βελ (4.76)
N!
λ
96
Ensemble canonique VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann
d~k −β ~2~k 2
Z
X k
−β ~2m
2~ 2 V
z= e 'V e 2m = (4.77)
(2π)3 Λ3T
~k
où
s
def 2π~2
ΛT = (4.78)
mkB T
est appelée la longueur thermique (de de Broglie). ΛT est l’échelle de longueur quantique associée
à l’échelle d’énergie caractérisant les fluctuations thermiques.
L’approximation de Maxwell-Boltzmann nous donne immédiatement la fonction de partition
du gaz à N particules :
N N
eN
1 V V
Z' '√ , (4.79)
N! Λ3T 2πN N Λ3T
en ayant utilisé la formule de Stirling. Cette règle approchée s’applique lorsque les effets de la
quantification s’estompent, or nous devons nous rappeler qu’au même titre que Ω(E), la fonction
de partition est une fonction qui compte les états accessibles, avec une pondération e−βE . Si les
énergies sont positives, E` > 0, on doit au moins avoir Z > 1. La validité de l’approximation
semi-classique est donc Ω 1 et Z 1, i.e.
N
V
1 (4.80)
N Λ3T
Cette condition est exactement celle obtenue au chapitre précédent lorsque nous avons discuté la
validité de la formule de Sackur-Tetrode (3.103). Si nous re-écrivons la condition (4.80) comme
1/3
V
ΛT ∝ T −1/2 (4.81)
N
nous constatons qu’il s’agit en effet d’une approximation faible densité/haute température, i.e.
de gaz dilué : la distance typique entre particules voisines (V /N )1/3 doit être plus grande que la
longueur thermique. Inversement, si la température est abaissée, toutes choses égales par ailleurs,
les effets des corrélations quantiques liés au postulat de symétrisation se font sentir lorsque la
distance entre particules approche la longueur thermique (chapitres 9 et 10).
97
VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann Ensemble canonique
ΛT n −1/3
Figure 4.4 : Chaque atome peut être considéré comme un paquet d’onde de largeur ΛT . Dans la
limite diluée (classique) les paquets d’onde ne se recouvrent pas, il n’y a pas d’effet du postulat
de symétrisation. Dans la limite opposée (quantique) le recouvrement des paquets d’onde conduit
à l’apparition de corrélations quantiques liées au postulat de symétrisation.
def ~2 2/3
T∗ = n (4.82)
kB m
On vérifie sans peine que la première équation est une simple reécriture de la condition (4.81).
98
Ensemble canonique VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann
99
VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann Ensemble canonique
dE = T dS − p dV + µ dN (4.85)
H = E + pV ⇒ dH = T dS + V dp + µdN (4.86)
F = E − TS ⇒ dF = −SdT − pdV + µdN (4.87)
G = F + pV = E − T S + pV ⇒ dG = −SdT + V dp + µdN (4.88)
J = F − µN = E − T S − µN ⇒ dJ = −SdT − pdV − N dµ (4.89)
Toutes ces relations coı̈ncident avec celles du tableau (à la limite thermodynamique où S ∗ =
S C = S G =etc).
Remarquons que l’extensivité de G(T, p, N ) fonction d’une grandeur extensive et deux gran-
deurs intensives (T et p) implique que
G = µN , (4.90)
100
Ensemble canonique VI Indiscernabilité et approximation de Maxwell-Boltzmann
de même
J = −pV . (4.91)
D’où
F = −pV + µN (4.92)
H = T S + µN (4.93)
E = T S − pV + µN (4.94)
Notons finalement que le contenu informatif de ces relations n’est pas si extraordinaire puisque
tous les paramètres ne sont pas indépendants ; par exemple, en terme des variables naturelles
pour un système isolé, E(S, V, N ) = T (S, V, N ) S − p(S, V, N ) V + µ(S, V, N ) N . De même
F (T, V, N ) = −p(T, V, N ) V + µ(T, V, N ) N .
Relation de Gibbs-Duhem
Les considérations précédentes sur l’extensivité impliquent une relation assez importante et utile
en thermodynamique, liant les variations des différentes quantités intensives : µ, T et p dans
un fluide simple. Elle peut être obtenue en considérant un potentiel thermodynamique qui n’est
fonction que d’une unique grandeur extensive, G ou J. En différentiant G − µN = 0 on obtient
la relation de Gibbs-Duhem
S V
dµ = − dT + dp , (4.95)
N N
qui contraint les variations des trois paramètres intensifs.
Relations de Maxwell
Finalement, remarquons que l’écriture des différentielles des potentiels thermodynamiques per-
met d’obtenir un ensemble de relations non triviales entre dérivées partielles. Par exemple, le
fait que dF = −SdT − pdV + µdN soit une différentielle exacte montre que (égalité des dérivées
croisées)
∂S ∂p
= (4.96)
∂V T,N ∂T V,N
∂S ∂µ
− = (4.97)
∂N T,V ∂T V,N
∂p ∂µ
− = (4.98)
∂N T,V ∂V T,N
etc.
101
Chapitre 5
Application 1 : Description
semi-classique des gaz
Plan du chapitre
I Gaz parfait monoatomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
I.A Propriétés thermodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
I.B Ordres de grandeur dans un gaz d’Argon . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
II Gaz parfaits moléculaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
II.A Aspects microscopiques : cas des molécules diatomiques . . . . . . . . . 108
II.B Thermodynamique des gaz de molécules diatomiques hétéronucléaires . 109
II.C Molécules diatomiques homonucléaires : cas de H2 . . . . . . . . . . . . 113
II.D Molécules polyatomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
III Gaz réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Premier chapitre d’application du formalisme canonique, dans lequel nous donnons une
présentation succinte (semi-classique) des gaz.
105
I Gaz parfait monoatomique Description semi-classique des gaz
dont nous tirons les propriétés thermodynamiques. Tout d’abord nous calculons l’énergie moyenne
du gaz : revenons plutôt à la fonction de partition, dont nous identifions la dépendance en
température
∂
− ∂β ln C 3
Z ∝ β −3N/2 =⇒ E = N kB T . (5.3)
2
Nous aurions pu directement déduire cette expression du théorème d’équipartition de l’énergie :
C
l’hamiltonien des N atomes libres contient 3N termes quadratiques, d’où E = 3N × 21 kB T .
L’expression nous permet d’obtenir la chaleur spécifique du gaz monoatomique
3
C V = N kB . (5.4)
2
En utilisant la relation de Mayer Cp − CV = N kB , nous déduisons le paramètre contrôlant les
def
transformations isentropiques γ = Cp /CV = 53 (l’équation de l’isentrope est pV γ = cste ; cf.
annexe 2.C page 77). Au passage nous en profitons pour caractériser les fluctuations de l’énergie
à l’aide de la relation fluctuation-dissipation (4.21) :
r
p 3N C
σ E = k B T 2 CV = kB T ⇒ σE E , (5.5)
2
√
qui sont en effet d’ordre N , beaucoup plus petites que l’énergie moyenne.
Le calcul de la pression peut être mené très simplement en identifiant la dépendance dans le
volume de la fonction de partition
Z ∝VN (5.6)
caractéristique de particules indépendantes. L’énergie libre est donc F = −N kB T ln V + · · · ,
d’où, en utilisant la définition de la pression canonique,
N kB T
pC = . (5.7)
V
Nous avons retrouvé l’équation d’état des gaz parfaits.
Nous calculons le potentiel chimique :
C V /N
µ = −kB T ln(ztrans /N ) = −kB T ln (5.8)
Λ3T
à haute température. Il est d’ores et déjà intéressant de noter que la condition de validité (4.81)
montre que cette expression du potentiel chimique cesse d’être valable lorsque µC ∼ 0. Autrement
dit, le régime classique est celui pour lequel µC . 0 alors que l’effet des corrélations quantiques
(postulat de symétrisation) devient dominant pour µC & 0 (ou simplement µC = 0 pour le cas
des bosons). Nous re-discuterons ce point à la fin du cours.
Terminons par l’analyse de l’entropie canonique. Nous obtenons
5 V /N
S C (T, V, N ) = N kB + ln (5.10)
2 Λ3T
qui est une re-écriture de la formule de Sackur-Tetrode (3.101). C’est une nouvelle illustration
de l’équivalence entre les ensembles (S ∗ = S C ).
106
Description semi-classique des gaz II Gaz parfaits moléculaires
Collisions (gaz réel).– Finalement nous discutons le rôle des collisions. √ Un atome parcourt
une distance typique entre deux collisions (libre parcours moyen) ` = 1/ 2σn où σ ' 5 Å2 est
la section efficace de collision (qui mesure en gros la probabilité de collision dans une expérience
de collision à deux atomes) et n = N/V la densité moyenne. On obtient ici ` ' 0.6 µm. Le temps
typique séparant deux collisions successives d’un atome est τ = `/v ' 1.3 ns.
Interaction (gaz réel).– Les collisions sont extrêmement fréquentes, sur des échelles macro-
scopiques. Cependant la contribution des collisions (i.e. de l’interaction entre atomes) à l’énergie
N r3
du gaz est très faible : on peut l’estimer comme suit (cf. TD) Eint /Ec ∼ V 0 kuB0T , où r0 est la
portée de l’interaction et u0 la force de l’interaction. Typiquement r0 ∼ 5 Å et u0 ∼ 1 meV,
ce qui conduit à une contribution Eint /Ec ∼ 10−4 extrêmement faible, et justifie l’hypothèse de
gaz parfait (dans les conditions normales de température et de pression).
Diffusion.– L’existence des collisions affecte fortement la nature du mouvement des particules.
Un atome effectuant un mouvement balistique parcourt une distance d = vt, i.e. d ' 430 m
pendant t = 1 s. Les atomes du gaz subissent des collisions incessantes. Pendant une seconde,
un atome subit typiquement Ncoll ∼ (t/τ ) ∼ 109 collisions. Son mouvement est donc de nature
diffusive. Si nous supposons que l’atome se déplace de ±` entre deux collisions (vers la droite,
+`, ou vers√la gauche, −`,√avec probabilité 1/2), l’atome aura typiquement parcouru une dis-
tance d ∼ Ncoll ` = vt/ Ncoll ∼ 1 cm après t = 1 s. Autrement dit, comparativement à la
distance parcourue par une particule √ balistique, la distance couverte par la particule diffusive
est typiquement réduite d’un facteur Ncoll ∼ 104 .
107
II Gaz parfaits moléculaires Description semi-classique des gaz
Veff (r) possède un minimum absolu en r = r∗ . Reécrit dans les coordonnées du centre de masse,
P~ et R,
~ et relatives, p~ et ~r :
P~ 2 p~ 2
Hmolecule = + + Veff (||~r||) (5.13)
2M 2mr
où M = m1 + m2 et 1/mr = 1/m1 + 1/m2 . On obtient un nouveau découplage (exact) entre
variables du centre de masse (mouvement de translation) et variables relatives.
~2
p
L’énergie cinétique 2m r
peut être décomposée en énergie cinétique de rotation et radiale
~2
p ~
`2 p2r
2mr = 2mr r2 + 2mr où ~` est le moment cinétique orbital et pr l’impulsion radiale. Si nous
supposons que le potentiel est très piqué autour de r∗ (la liaison est très rigide), V (r) ' −V0 +
1 2 2
2 mr ω (r − r∗ ) avec
ω grand , nous pouvons découpler (approximativement) rotation et
vibration. Finalement, ces différentes étapes ont conduit au découplage des degrés de liberté de
translation, de rotation et de vibration :
P~ 2 ~` 2 p2 1
Hmolecule = + + r + mr ω 2 (r − r∗ )2 −V0 (5.14)
2M 2I 2m 2
|{z} |{z} | r {z }
translation rotation vibration
où I = mr r∗2 est le moment d’inertie de la molécule. L’énergie de liaison est Eliaison = V0 − ~ω/2
(énergie minimum à fournir pour dissocier
p la molécule). La validité du découplage rotation-
vibration est ~2 /I ~ω, i.e. r∗ ~/mr ω. Le quantum d’énergie de vibration est beaucoup
plus grand que le quantum d’énergie de rotation. Les échelles de temps caractéristiques sont en
rapport inverse, i.e. la vibration est très rapide et la rotation lente.
108
Description semi-classique des gaz II Gaz parfaits moléculaires
109
II Gaz parfaits moléculaires Description semi-classique des gaz
La fonction de partition du gaz peut être immédiatement déduite (à l’approximation de Maxwell-
Bolztmann)
1 N
Zgaz = z (5.20)
N ! molecule
varient lentement et l’on peut remplacer les sommes par des intégrales : nous obtenons
Z ∞
2 2I
zrot ' d` (2` + 1) e−β~ `(`+1)/2I = 2 (5.21)
0 ~ β
Z ∞
1
zvib ' dn e−β~ωn = (5.22)
0 β~ω
ce que nous aurions pu obtenir assez directement à l’aide du théorème d’équipartition de l’énergie.
La chaleur spécifique du gaz contient donc trois contributions correspondantes :
(trans) 3
CV
= 2 N kB
(trans) (rot) (vib) (rot)
CV = CV + CV + CV avec CV = N kB (5.24)
(vib)
CV = N kB
La prédiction classique est donc une chaleur spécifique CV = 72 N kB pour les gaz parfaits diato-
miques.
Vibration.– Commençons par discuter la question du gel de la vibration. Nous revenons sur
l’expression de la fonction de partition (5.19) ; elle-ci se calcule très facilement (il s’agit d’une
série géométrique)
1
zvib = (5.25)
2 sinh( 2k~ω
BT
)
110
Description semi-classique des gaz II Gaz parfaits moléculaires
C V /NkB
experiment
theory
3
1 T vib
T rot
0
5 10 500 1000 5000
50 100 T (K)
Figure 5.2 : Chaleur spécifique du dihydrogène deutéré (HD ≡ 11 H–21 H). Partant
des hautes températures, la décroissance de la chaleur spécifique correspond aux gels succes-
sifs des degrés de liberté de vibration puis de rotation. Les petits schémas représentent l’état
des molécules : rotation et vibration excitées pour T > Tvib ; rotation seule excitée pour
Trot < T < Tvib (la molécule se comporte comme un bâtonnet rigide en rotation) ; rotation
et vibration gelées pour T < Trot (la molécule est un objet invariant par rotation). Données
tirées du livre de R. Balian [3].
111
II Gaz parfaits moléculaires Description semi-classique des gaz
Rotation.– Le même phénomène se produit pour les degrés de liberté de rotation. Le spectre
de rotation fait intervenir une échelle d’énergie caractéristique, convertie en température,
def ~2
Trot = . (5.28)
2kB I
Lorsque la température du gaz est T Trot , la fonction de partition rotationnelle (5.18) est
dominée par le premier terme zrot ' 1. Les degrés de liberté de rotation ne sont pas excités, i.e.
la molécule reste dans son état fondamental ` = 0 et ne tourne plus : elle se comporte comme
un objet invariant par rotation (comme un atome). Pour la plupart des gaz ce phénomène se
produit à trop basse température pour être facilement observé (le gaz se liquéfie), sauf pour
le dihydrogène qui est très léger (i.e. petit mr et grande température Trot ) pour lequel on voit
nettement sur la courbe figure 5.2 le gel de la rotation pour des températures T . 20 K.
112
Description semi-classique des gaz II Gaz parfaits moléculaires
On peut même aller plus loin : le comportement de la chaleur spécifique nous donne des
informations sur la dynamique microscopique des molécules comme on l’a illustré sur les petits
schémas de la figure 5.2 : par exemple, lorque rotation et vibration sont gelées, les mocules HD
se comportent exactement comme des atomes, i.e. des objets invariants par rotation sans degrés
de liberté internes.
Comparaison entre isotopes.– Pour enfoncer le clou, il est intéressant de comparer les deux
molécules isotopiques H2 et HD, qui possèdent des propriétés similaires, si ce n’est la masse des
noyaux. En particulier on peut vérifier que le découplage rotation/vibration est une très bonne
−1/2
approximation. Le modèle que nous avons présenté montre que Trot ∝ m−1 r et Tvib ∝ mr . On
(H2 ) (HD) (H2 ) (HD)
vérifiera
√ que les valeurs données dans le tableau satisfont Trot /Trot = 4/3 et Tvib /Tvib =
2/ 3 avec une très bonne précision.
(rot) ∂ ∂
La chaleur spécifique correspondante est CV = N kB ∂T (−) ∂β ln zrot , i.e.
(H2 , rot) ∂ 2 ∂
CV (T ) = N kB
T ln (zpara + zortho ) (5.30)
∂T ∂T
Cette discussion peut être généralisée pour des molécules avec noyaux ayant des spins arbitraires
(cf. chapitre 6 de [28] ou complément III.B de [11]). Notons toutefois que puisque les températures
113
III Gaz réels Description semi-classique des gaz
de rotation sont en général très basses (cf. tableau 5.1), on peut se limiter en pratique au régime
classique, pour lequel zrot = 2TTrot (au lieu de TTrot pour les molécules hétéronucléaires). La chaleur
spécifique n’est bien entendu pas affectée par ces effets dans le régime classique.
Revenons sur le cas du di-hydrogène pour lequel la température Trot est telle qu’il est possible
d’observer la transition vers le gel de la rotation. On constate que le modèle théorique discuté
ci-dessus, équation (5.30), est en désaccord avec les données expérimentales. La raison est liée au
manque de relaxation entre para- et ortho- hydrogène (la probabilité de transition d’un état vers
l’autre est très faible car elle met en jeu des états des spins nucléaires très faiblement couplés).
Le gaz de dihydrogène se comporte en pratique comme un mélange de deux gaz indépendants
de para- et ortho- hydrogène dans des proportions correspondant aux dégénérescences de spin
1/4 et 3/4, caractérisé par une chaleur spécifique
(H2 , rot) ∂ 2 ∂ 1 3
CV (T ) = N kB T ln zpara + ln zortho , (5.31)
∂T ∂T 4 4
au lieu de (5.30). Cette subtilité est discutée dans le § 6.5.B de [28] et dans le chapitre 8 de [3].
Elle illustre bien l’importance des interactions microscopiques, même faibles, afin d’atteindre un
équilibre thermodynamique.
Rotation.– Les molécules linéaires sont caractérisées par deux degrés de liberté de rotation
(deux angles sont nécessaires pour définir l’orientation de la molécule). Dans le régime classique
(rot)
on aura donc CV = N kB .
En revanche il faut trois angles pour spécifier l’orientation d’un objet tridimensionnel (une
(rot)
molécule non linéaire comme H2 O, CH4 ,...) et on aura CV = 23 N kB .
Vibration.– Les molécules polyatomiques sont caractérisées par un nombre plus grand de
degrés de liberté de vibration, associés aux déformations de la molécule. Un comptage du nombre
de degrés de liberté permet d’identifier le nombre de modes de vibration. Considérons une
molécule formée à partir de n atomes ; elle est caractérisée par 3n degrés de liberté, dont 3 de
translation, 3 de rotation (molécules non linéaire) et donc 3(n − 2) de vibration. Dans le régime
(vib)
classique on aura dans ce cas CV = 3(n − 2)N kB si tous les modes de vibrations sont activés.
• d’une part dans certaines conditions les corrélations quantiques liées au postulat de
symétrisation de la mécanique quantique se manifestent : nous discuterons les propriétés
des gaz parfaits quantiques dans les chapitres 9 et 10.
• D’autre part les particules présentent toujours des interactions mutuelles (sauf dans le
cas notable des photons que nous analyserons). Nous avons noté que ces interactions sont
nécessaires à l’établissement d’un équilibre thermodynamique (i.e. le gaz parfait correspond
114
Description semi-classique des gaz III Gaz réels
115
III Gaz réels Description semi-classique des gaz
116
Chapitre 6
Application 2 : Thermodynamique
des oscillateurs harmoniques
Plan du chapitre
I Molécule diatomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
I.A Analyse classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
I.B Traitement quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
II Vibrations d’un corps solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
II.A Aspects microscopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
II.B Thermodynamique des vibrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
III Thermodynamique du rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
III.A Description du problème du corps noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
III.B Modes propres du champ électromagnétique dans une cavité . . . . . . . 128
III.C Thermodynamique du rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Annexe 6.A : Modes propres d’une chaı̂ne de ressorts . . . . . . . . . . . . 136
Annexe 6.B : Corde vibrante : quantification classique versus quan-
tique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Annexe 6.C : Cristal – Approximation harmonique et indiscernabilité . . 140
117
I Molécule diatomique Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
p2 1
H(q, p) = + mω 2 q 2 . (6.2)
2m 2
Pour la molécule, q serait l’écart à la position correspondant au minimum de l’énergie potentielle.
1 1
ε(class) = kB T + kB T = kB T , (6.4)
|2 {z } |2 {z }
εcin εpot
kB T
l’énergie libre f (class) (T ) = kB T ln k~ω (class) (T ) = k
B T ou encore l’entropie s B 1 + ln ~ω .
Rappelons que la validité du traitement classique est celle des grands nombres quantiques, i.e.
z (class) 1. Autrement dit c’est une approximation de haute température T Tvib .
Fonction de partition
Rappelons le spectre quantique de l’hamiltonien
1
εn = ~ω n + où n ∈ N . (6.5)
2
La fonction de partition
∞
X
z= e−β~ω(n+1/2) (6.6)
n=0
1
z= β~ω
(6.7)
2 sinh 2
118
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques I Molécule diatomique
ε0 excitation
1
nω = (6.9)
e~ω/kB T −1
mesure le nombre moyen de quanta d’énergie dans l’oscillateur. Cette fonction porte le nom de
distribution de Bose-Einstein et jouera un rôle important par la suite.
Finalement nous pouvons caractériser la capacité de l’oscillateur à stocker l’énergie en considérant
sa chaleur spécifique
2
∂ε
~ω
2kB T
1 if kB T ~ω
c(T ) = = kB ' kB × ~ω 2 −~ω/k T (6.10)
∂T sinh ~ω e
kB T
B if kB T ~ω
2kB T
Pour T Tvib , l’oscillateur est essentiellement bloqué dans son état fondamental. Les fluc-
tuations thermiques, fournissant une énergie typique ∼ kB T , sont très insuffisantes pour le
promouvoir dans ses états excités.
Rappelons que l’expression (6.10) décrit très bien les données expérimentales d’un oscillateur
simple comme une molécule diatomique (figure 5.3) : la contribution à la capacité calorifique
de ces gaz diatomiques très divers (O2 , N2 , etc) est parfaitement décrite par cette fonction,
qui ne dépend que d’un unique paramètre microscopique, la pulsation ω caractérisant la liaison
chimique.
119
II Vibrations d’un corps solide Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
f HTLÑΩ
-1
-2
-3
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
kBTÑΩ
Figure 6.1 : Énergie libre d’un oscillateur harmonique On identifie la saturation à basse
température f (T ) −→ ε0 = 12 ~ω et le comportement classique de haute température f (T ) '
T →0
−kB T ln T (ligne en tirets).
mettant bien en évidence son comportement de basse température s(T ) ' ~ω T exp − kB T →
~ω
2.0
1.5
gel quantique
sHTLkB
1.0
ré gime classique
0.5
0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
kBTÑΩ
Un solide peut être considéré comme une grosse molécule , constituée d’un nombre ma-
croscopique d’atomes. Deux contributions importantes à l’énergie sont d’une part l’énergie des
électrons formant la liaison chimique entre atomes, que nous étudierons plus tard, et l’énergie
des ions :
Esolide = Eions + Eelectrons . (6.14)
Les ions se meuvent autour de leur positions d’équilibre, lentement à l’échelle de la dynamique des
électrons (cf. § II.A). Nous pouvons nous représenter l’énergie des atomes comme une énergie
120
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques II Vibrations d’un corps solide
N
X p~a 2 1 X
Hvibration ' + mω02 (~ra − ~rb )2 (6.15)
2m 2
a=1 ha,bi
où la somme porte sur les atomes voisins : ce deuxième terme décrit des énergies de liaison
(harmoniques) entre atomes plus proches voisins dans le cristal. Comme dans la discussion sur
la liaison chimique dans les molécules, les forces harmoniques résultent de la liaison chimique.
Cette forme de l’énergie est bien entendu une approximation au voisinage de l’état d’équilibre
du solide, loin de son point de fusion.
Figure 6.3 : Un modèle simple de solide : des atomes plus proches voisins en interactions
harmoniques, décrit par (6.15).
où les ωi2 sont les 3N valeurs propres de la matrice Ω2 et les qi des combinaisons linéaires des
coordonnées atomiques (· · · , xa , ya , za , · · · ). Finalement, l’énergie mécanique s’écrit sous la forme
3N 2
X pi 1 2 2
Hvibration = + mωi qi (6.18)
2m 2
i=1
où les 3N coordonnées {qi }, combinaisons linéaires des {~ra }, sont appelées les coordonnées
normales (cf. annexe 6.A page 136 pour l’analyse d’un exemple explicite). Autrement dit, la
diagonalisation de la forme quadratique donnant l’énergie potentielle nous a permis de reécrire
l’énergie de vibration comme la somme de l’énergie de 3N oscillateurs harmoniques unidimen-
sionnels indépendants (le nombre vient d’un argument de comptage des degrés de liberté associés
aux N atomes).
1
L’hamiltonien décrit l’énergie des ions et des électrons, mais pas l’excitation du gaz électronique, qui sera
analysée dans un chapitre ultérieur.
121
the origin notably straight for some distance before
falling oG. Karman model. A simple sketch will verify that it is
The frequency distributions for phonons in alumi- easy to interpolate graphically between symmetry
II Vibrations d’un corps solide
num and lead at 80'K are shown in Figs. 1 and 2. The
Thermodynamique
directions in aluminum with des at oscillateurs
least the accuracy harmoniquesof
integral for the total curve in each case is 1. The con- the complicated computer program involved in the
I.
tributions from the , T~, and T2 STEDMAN,
branches are shown ALMQVIS 1', AND NlLSSON
separately. In rounding oG the curves, phonon widths
have been taken into account, which means that each similar to ours in Table I, though with an interval of —,'6
phonon frequency is replaced by a distribution of in each q component, followed by a linear Taylor
frequencies about the same mean and with a small but ezpansion of frequencies locally in this network. Their
appreciable width: The only eGect worth mentioning resalts2 diEer from ours mainly in the relative intensities
is a broadening 4 and lowering of the high longitudinal of the peaks near 2.6 and 3.6, but in other details as
peak in both metals. well. (In comparing the two distributions it should be
'0 noted that theirs is not normalized as ours is. ) The
0s 3
2.3 Comments
O
on the Frequency Distribution source of the differences between the two distributions
for Aluminum must be in the frequencies for points oG the main
3 directions, since they have attained a
symmetry
The three3 peaks of the aluminum distribution are
02 Cb
ω~k4 G. ~
' Gilat
||k||c s où cs est la vitesse du son. R. A. Cowley, A. D. B. Woods, and G. Dolling, ib@. 150, 487
and R. M. Nicklow, Phys. Rev. 143, 487 (1966). (1966) (potassium).
122
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques II Vibrations d’un corps solide
où le facteur 3 provient du fait que pour chaque vecteur d’onde, existent trois modes de vibration
(un mode longitudinal et deux modes transverses). Finalement 4
3V
ρ(ω) ' ω2 (6.22)
ωωmax 2π 2 c3s
Il est donc remarquable que du point de vue des propriétés de basse énergie, toute la complexité
du cristal (nature des atomes, structure cristalline, etc) est encodée dans un unique paramètre cs .
Sur la figure 6.4 sont représentées les densités de modes de deux métaux, obtenues par
diffusion de neutrons. On observe bien le comportement quadratique à l’origine.
Les modes propres de vibration sont des combinaisons linéaires des variables de position ato-
miques. Il est donc naturel de quantifier ces oscillateurs. Les niveaux d’énergieP de vibration sont
donc caractérisés par 3N nombres quantiques (un par oscillateur) : E{ni } = i ~ωi (ni + 1/2).
Lorsque le mode de fréquence ωi est dans son ni ème niveau excité, on dira que le mode est occupé
par ni phonons. Un phonon représente un quantum d’excitation du mode. Si nous revenons au
labelling des modes à l’aide d’un vecteur d’onde, i → ~k, nous dirons que ~ω~k représente l’énergie
du phonon et ~~k son impulsion. 5 Nous interprétons la relation de dispersion linéaire ω~k ' ||~k||cs
comme caractérisant des particules de masse nulle.
Les phonons sont des particules émergentes apparaissant dans la théorie de basse énergie
décrivant les vibrations du cristal (notons que les phonons n’ont d’existence que dans le cris-
tal). Toutefois ces particules ne sont libres qu’à basse énergie, dans la limite où l’énergie peut
être considérée quadratique. À plus haute énergie, la physique des vibrations est sensibles aux
déviations à la forme quadratique (6.15), qui se manifestent sous forme de termes quartiques,
etc. Ces anharmonicités seront interprétées comme décrivant des interactions entre les phonons.
À la limite où la température est très élevée, il peut y avoir fusion du cristal.
Fonction de partition
L’indépendance des oscillateurs nous permet d’écrire que la fonction de partition du cristal est
3N
Y 1
Zvibration = zi où zi = β~ωi
(6.23)
i=1 2 sinh 2
4
En principe les modes transverses (cisaillement) et longitudinal (compression) ne sont pas caractérisés par la
même vitesse de propagation. Dans ce cas on posera simplement 3/c2s = 1/c2L + 2/c2T où cL et cT sont les vitesses
du son associées aux différents types de modes.
5
Stricto sensu l’interpétation de ~~k comme une impulsion n’est valable que pour les petits vecteurs d’onde
(1/k 1 Å). Pour les plus grands vecteurs d’onde les effets liés au réseau perturbent cette image simple (cf. [17]).
123
II Vibrations d’un corps solide Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
Énergie moyenne
Nous déduisons immédiatement l’énergie moyenne, qui prend la forme d’une somme de contri-
butions de termes (6.8) associées aux différents modes
3N Z ωmax
C
X ~ωi ~ωi ~ω ~ω
E vibration = + β~ω = dωρ(ω) + β~ω (6.24)
2 e i −1 0 2 e −1
i=1
Le premier terme correspond à l’énergie fondamentale du cristal (énergie à T = 0), que nous
notons : Z ωmax
~ω
Evide = dω ρ(ω) (6.25)
0 2
(l’énergie du vide de phonon ). Le second terme s’interpète comme l’énergie des excitations,
i.e. du gaz de phonons : Z ωmax
C
E phonons = dω ρ(ω) ~ω nω (6.26)
0
où ~ω représente l’énergie d’un phonon, nω = eβ~ω1 −1 le nombre moyen de phonons occupant le
mode et dω ρ(ω) le nombre de modes dans l’intervalle.
Chaleur spécifique
La chaleur spécifique s’obtient de même en pondérant la chaleur spécifique de chaque mode par
la densité de modes :
C Z ωmax
∂E vibration ∂nω
CV (T ) = = dω ρ(ω) ~ω (6.27)
∂T 0 ∂T
d’où 2
Z ωmax ~ω
2kB T
CV (T ) = kB dω ρ(ω) (6.28)
~ω
0 sinh 2kB T
Elle met en jeu l’intégrale d’un produit de deux fonctions : une fonction de largeur ωmax , la
densité de modes, et une fonction de largeur kB T /~, la chaleur spécifique d’un mode.
ρ(ω) kBT/h
1 1 ρ(ω)
kBT/h
ω
0 ω Max ω 0 ω Max
Figure 6.5 : Les deux fonctions intervenant dans le calcul de la chaleur spécifique (6.28).
Limite de haute température (T ~ωmax /kB ).– Dans la limite classique, la seconde
fonction est très large à l’échelle de la densité de modes. On peut donc écrire (x/ sinh 2 ' 1 dans
R ωx)
max
l’intégrale, qui fait alors intervenir l’intégrale de la densité de modes CV (T ) ' kB 0 dω ρ(ω).
En utilisant la règle de somme (6.20), nous obtenons la loi de Dulong et Petit (1819) :
CV (T ) ' 3N kB (6.29)
Autrement dit la chaleur spécifique (classique) des solides est une loi universelle, indépendante
de la nature du cristal, de la structure cristalline etc.
124
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques II Vibrations d’un corps solide
Limite de basse température (T ~ωmax /kB ).– Dans la limite quantique, de basse
température, une partie des modes de vibration sont gelés et ne participent plus à la cha-
leur spécifique. Dans ce cas la fonction (x/ sinh x)2 sélectionne le comportement à l’origine de la
chaleur spécifique. On peut simplement injecter le comportement (6.22) dans (6.28) :
2
Z Λ ~ω
3V 2kB T
CV (T ) ' kB dω ω 2 , (6.30)
2π 2 c3s
~ω
0 sinh 2kB T
où la borne supérieure Λ est une coupure qui correspond à la limite de validité du comportement
quadratique ρ(ω) ∝ ω 2 . Un changement de variable nous donne
3 Z ~Λ/(2kB T ) 3 Z ∞
dx x4 dx x4
3V 2kB T 12V kB T
CV (T ) ' kB 2 3 2 ' kB 2 . (6.31)
2π cs ~ 0 sinh x π ~cs sinh2 x
|0 {z }
π 4 /30
Ce comportement universel CV (T ) ∼ T 3 est dans la pratique très bien vérifié (cf. figure 6.6).
Remarquons qu’il ne dépend
A1872de la nature du cristal
W.queH.viaLI
laEN
vitesse
AN du
0 son s . PH ILL I PS
N. cE.
r
0.5 1 I
1.0
I
IS TmLE IV. The heat capacity of rubidium; measurem
I
the liquid-helium temperature cryostat. The units of
~ I I I ~
1 I I
Potassium pacity are mJ mole ' deg '. Temperatures are based on
He4 scale. '
cu 5
'Cl
4
I 3,0
1.1991 24.07 4.0713 1009. 3.6579
1.3249 32.22 1.1952 23.83 4.0081
E 2 1.4630 43.46 1.3076 30.99 1.5881
1.6163 59.22 1.4365 41.12 1.7361
o 25 1.7867 81.31 1.5882 56.00 1.9055
1.9718 111.4 1.7523 76.35 2.0910
2. 1610 149.7 1.9314 104.3 2.2887
2.3660 200.3 2.1287 142.6 2.5015
2.0 2.0 2.5961 269.1 2.3342 191.4 2.7254
O.I 0.2 03 2.8521 361.7 2.5471 251.8 2.9798
T PK)
3.1428 486.5 2.7886 336.9 3.2642
Pro. 1. C/T versus T' for potassium. Q: liquid-helium cryostat;
3.4535 644.5 3.0530 445. 1 3.5784
o: adiabatic demagnetization cryostat. 3.7762 827.6 3.3361 581.4 3.9231
Ordres de grandeur
Examinons la condition de basse température dans la pratique. Par exemple dans le cas de
l’aluminium (figure 6.4) la fréquence maximale est ωmax ' 6 × 1013 s−1 , ce qui correspond à une
échelle de température ~ωmax /kB ' 430 K. Le régime de basse température est donc facilement
atteint pour un échantillon d’aluminum. Dans le cas du plomb la fréquence maximale est plus
petite ωmax ' 1.4 × 1013 s−1 , i.e. ~ωmax /kB ' 100 K. Celui-ci est donc plutôt dans le régime
classique à température ambiante.
où le deuxième terme représente l’énergie libre du gaz de phonons (la dépendance dans le volume
est via la densité de modes ∝ V ). Cette forme permet d’insister sur l’absence d’unePloi de
conservation sur le nombre de phonons, dont le nombre moyen est N phonons = 3 ~k nω~k .
Les phonons ne représentent que de l’énergie, ce qui est associé ici au fait que ce sont des
particules de masse nulle, ou plutôt que le spectre des phonons ω~k ' ||~k||cs est sans gap (une
discussion plus précise de ce point sera proposée en entrée du chapitre 10).
Par conséquent l’énergie libre est indépendante du nombre de phonons et donc le potentiel
∂F
chimique des phonons est nul (µ = ∂N )
µphonon = 0 (6.34)
1.0
0.8
~ã -ÑΩDkB T
CV HTLH3NkBL
0.6
µT 3
0 0.05 0.1
0.06
0.4
0.04
0.2 0.02
0.0 0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4
kBTÑΩD
126
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques II Vibrations d’un corps solide
Modèle de Debye
Le modèle que nous avons introduit est une variante du modèle proposé par Debye en 1912. Celui-
ci avait fait la simplification suivante : afin de manipuler une forme explicite de densité de modes,
on suppose que celle-ci est donnée exactement par la formule de basse énergie, équation (6.22),
sur l’intervalle
R ω [0, ωD ] où la fréquence de Debye ωD est choisie pour que la règle de somme soit
satisfaite : 0 D dω 2π3V2 c3 ω 2 = 3N ce qui conduit à
s
où n = N/V ; on a retrouvé que la fréquence de coupure est associée à une longueur d’onde de
l’ordre de la distance interatomique. La fréquence de Debye est du même ordre que la fréquence
maximale ωD ∼ ωmax . Le modèle de Debye consiste donc à considérer une densité d’états (fi-
gure 6.8) (
3V 2
2 3ω si ω ∈ [0, ωD ]
ρ(ω) = 2π cs (6.36)
0 sinon
ρ(ω)
ρ(ω)
ω ω
0 ω Max 0 ωD
2T 3 TD /2T 3x4
Z
def ~ωD
CV (T ) = 3N kB × dx où TD = (6.37)
TD 0 sinh2 x kB
qui permet de retrouver les comportements limites donnés plus haut, mais aussi d’analyser le
régime intermédiaire (figure 6.7). Par exemple nous pouvons re-écrire le comportement de basse
énergie (6.32) en fonction de la température de Debye
12π 4 T 3
CV (T ) ' N kB . (6.38)
T TD 5 TD
Les solides sont communément caractérisés par leurs températures de Debye dans les ouvrages.
127
III Thermodynamique du rayonnement Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
1 ∂2 ~
∆ − 2 2 A(~r, t) = 0 . (6.39)
c ∂t
Les solutions dans le vide sont donc des ondes planes
~
~~k,± eik·~r−iω~k t où ω~k = ||~k||c (6.40)
Le vecteur ~~k,± peut prendre deux valeurs indépendantes correspondant aux états de polarisation
de l’onde plane (dans la jauge de radiation, 7 ~k ·~~ = 0). Dans la cavité les vecteurs d’onde sont
k,±
quantifiés pour satisfaire certaines conditions aux limites dépendant de la nature des parois. Un
6
Rappelons que l’équilibre thermodynamique ne peut être atteint que si des interactions permettent de redis-
tribuer l’énergie entre les différents degrés de liberté. Les photons sont des particules strictement sans interaction.
Le gaz de photons ne peut atteindre un équilibre thermodynamique que grâce aux interactions avec la matière. Le
problème du corps noir correspond donc à l’étude du rayonnement dans le problème de l’équilibre lumière/matière.
Ce problème ne se posait pas pour les phonons, pour lesquels l’absence d’interaction n’est qu’une approximation.
L’énergie de vibration d’un solide n’est qu’approximativement quadratique et l’on peut interpréter les anharmo-
nicités de l’énergie comme des termes d’interaction entre phonons. En outre les phonons interagissent avec les
électrons.
7
Rappelons que les deux équations de Maxwell divB ~ = 0 et −→
rotE~ = − ∂t
∂ ~
B (induction) contraignent les deux
−→
~ = rotA
~ et B −−→
~ = gradφ − A
∂ ~ où φ et A
~ sont les potentiels scalaire et vecteur.
champs vectoriels à être de la forme B ∂t
Étant donnée une distribution de charges, il reste cependant une liberté pour déterminer ces potentiels (choix
de jauge). Dans le vide, il est pratique d’imposer φ = 0 et divA~ = 0 (jauge de radiation), ce qui fixe alors les
potentiels de manière univoque.
128
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
mode propre du champ dans la cavité est donc décrit par le couple (~k, σ) où σ = ± indice les
deux états de polarisation. 8
La densité de modes est facilement calculée
d~k
X Z
ρ(ω) = δ(ω − ω~k,σ ) = 2 V δ(ω − ||~k||c) (6.41)
(2π)3
~k,σ
~ r, t) = i~k·~
P ~
peut être écrit en termes du champ dans l’espace de Fourier A(~ √1 ~k A~k (t)e
r . Le
V
terme cinétique prend la forme 9
0
Z ~~ 2
0 X ~ 2 0 X ∂ A
d~r E~ 2 = E
~k = k
2 V 2 2 ∂t
~k ~k
et le terme potentiel
Z
1 ~2 = 1 X ~ 2 1 X~ 2 2
~
d~r B B~k = k A~k ,
2µ0 V 2µ0 2µ0
~k ~k
~~ = ~k × A
où l’on a utilisé B ~~ avec ~k ⊥ A ~~ dans la jauge de radiation. Finalement :
k k k
~
0 X ∂ A
~k 2 2 ~ 2
He−m = + ω~k A~k (6.45)
2 ∂t
~k
129
III Thermodynamique du rayonnement Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
Quantification – photons
Comme dans le cas de l’énergie de vibration des solides, les oscillateurs harmoniques associés
aux modes propres du champ électromagnétique doivent être quantifiés. Un état quantique du
champ est donc caractérisé par l’état quantique de chacun des oscillateurs harmoniques. Les états
propres de l’énergie sont caractérisés par des nombres quantiques entiers n~k,± ∈ N indiquant
l’état d’excitation du mode. L’énergie de l’état stationnaire est
X 1
E{n~k,σ } = ~ω~k n~k,σ + (6.46)
2
~k,σ
On dira que le mode (~k, σ) est occupé par n~k,σ photons, ceux-ci représentant les quanta d’énergie
des modes du champ électromagnétique.
Tout comme pour l’analyse des vibrations d’un corps solide, il y a donc deux interprétations
physiques complètement équivalentes de l’énergie :
• Soit l’énergie d’un gaz de particules sans interaction (les quanta des modes propres), de
nature bosonique (ce qui sera plus clair au chapitre 10), décrit par la relation de dispersion
p||c (avec p~ = ~~k et εp~ = ~ω~k ).
εp~ = ||~
Le rayonnement est donc décrit via un gaz de particules libres (sans interaction) : les photons.
où le produit porte sur tous les modes propres de la cavité. L’énergie libre correspondante est :
X X ~ω~
Fe−m (T, V ) = Evide + kB T ln 1 − e−~ω~k /kB T où Evide = k
(6.48)
2
~k,σ ~k,σ
| {z }
Frayon : contrib. du rayonnement
À ce niveau nous pouvons faire la même observation que pour les phonons : les photons ne
représentent que de l’énergie et leur nombre n’est pas contraint par une quelconque loi de
conservation. Cela se traduit par
µphoton = 0 (6.50)
130
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
Énergie moyenne
De même nous pouvons écrire l’énergie moyenne électromagnétique comme la somme de deux
termes :
E e−m (T, V ) = Evide + E rayon (T, V ) (6.51)
où le second terme représente l’énergie d’excitation, i.e. l’énergie du gaz de photons :
énergie d’un photon
Z ∞ z}|{ Z ∞
E rayon = dω ρ(ω) × ~ω × nω =V dω u(ω, T ) (6.52)
0 | {z } |{z} 0
# de modes # de photons
dans le mode
Afin d’identifier les contributions à l’énergie des différentes fréquences, nous introduisons la
densité spectrale d’énergie u(ω, T ) = V1 ρ(ω) ~ω nω par unité de volume.
Loi de Planck.– La densité spectrale d’énergie est donnée par la loi de Planck
~ ω3
u(ω, T ) = (6.53)
π 2 c3 e~ω/kB T − 1
C’est donc une loi universelle contrôlée uniquement par la température. Nous obtenons une
courbe avec un comportement quadratique aux petites fréquences (résultat classique, loi de
Rayleigh-Jeans) uRJ (ω, T ) = πkB2 cT3 ω 2 , présentant un maximum pour ωm ' 2.82 kB T /~, puis
décroissant exponentiellement aux plus hautes fréquences (gel des oscillateurs de haute fréquence).
La loi de Planck décrit assez bien la distribution spectrale du rayonnement solaire et extrêmement
bien celle du fond S174
diffus cosmologiqueL. Page
pourand une température
D. Wilkinson: T background
Cosmic microwave = 2.725 ± 0.002 K (figures).
radiation
FIG. 3. (Color) The final four-year sky map (in galactic coordinates) produced by the DMR experiment aboard COBE. Some of
the stronger features seen off the galactic plane are due to real CMBR anisotropy. The 2.73 K CMBR level, the 3.3 mK dipole, and
most of the galactic emission have been subtracted to obtain this map. The temperature range is �150 �K. (Figure courtesy COBE
Science Working Group, NASA/GSFC.)
Figure 6.10 : Anisotropie du fond cosmologique. Figure tirée de : Lyman Page & David
�100 � K, so extraordinary detector sensitivity and sta- The COBE/DMR result was quickly confirmed using
Wilkinson, Cosmic microwave background radiation , Rev. Mod. Phys. 71, S173 (1999).
bility are needed. Also, care must be taken to avoid data from an earlier MIT balloon experiment, the Far
changes in the signal from antenna side-lobes when Infrared Survey (FIRS). The measurement was made
moving the antenna beams, and the effects of atmo- using bolometric detectors at 170 GHz and higher. On
spheric
que emission
nous and galactic
associons radiation spécifique
à une chaleur must be mini- their own, the FIRS data were too noisy and contami-
mized. Early experimenters spent many years develop- nated by spurious effects to permit an unambiguous iso-
ing receivers and techniques for observations from the lation of the
CMBR 3 anisotropy signal. However, cross
CV (Tsuccessfully
) ∂etot (T 4π 2
) correlation kBthe
of T FIRS
ground, balloons, and aircraft. They = de- = kB . map with the COBE/DMR(6.55) map
tected the dipole effect, a Doppler shift V due to the∂T sun’s showed
15 a strong ~c common signal. The much higher fre-
velocity with respect to the CMBR frame. The dipole quency of the FIRS data provided a measurement of the
amplitude is 3.3 mK, �10�3 TCMBR . However, the early spectrum of the common signal; it matched that ex-
experimentslibre
Énergie failedet to pression
separate thede important
radiationintrinsic pected from a 2.73 K blackbody (Ganga et al., 1993).
CMBR anisotropy from spurious effects. After COBE, interest in the CMBR anisotropy turned
NousBy the late 1970s,
revenons the lessonsde
à l’analyse learned from the
l’énergie early
libre to measurements
(contribution at smaller angular
du rayonnement) : scales. Again, ex-
experiments led to the design of the COBE satellite’s perimenters have used ground- and balloon-based in-
differential microwave radiometers (DMR) which 1 con-∞ struments with coherent receivers, bolometric detectors,
Z
clusively detected the CMBR anisotropy V ) =a year of dωand
Frayon (T,after ρ(ω) ln 1 − e−β~ω
interferometers (see Page, 1997, for a review).(6.56)
Since
orbital data had been analyzed (Smoot et al., 1992). β The0 the COBE/DMR measured anisotropy only at angles
COBE/DMR experiment used differential radiometers �7°, it was natural for the experiments to move to
at 31,
En 53, and 90que
utilisant GHzlatodensité
map the spectrale
sky with beams
est ofune7° loi smaller angular scales.
de puissance simple,Also, theorists
nous had found
pouvons faire that,
une
full width. The three frequencies were needed to sepa-
d 1 during. On
the decoupling process of the standard model,
intégration par partie en écrivant ρ(ω) = ωρ(ω) obtient
rate the CMBR anisotropy from Galactic radio emis- dω 3 certain angular scales are enhanced, embedding measur-
sion. These sources have different, but known, Z ∞ fre- able features in the angular power spectrum of the
quency dependence. The rms amplitude of1 the CMBR 1 (e.g., Bond and Efstathiou, 1987).
dω ρ(ω) CMBR
~ω anisotropy
Frayon (T, V ) = − = − E rayon (T, V ) (6.57)
on angular scales �7° was found to be 30�5 3 0� K. One These e β~ω −were
1 predicted
3 to appear at scales from about 1°
sees why terrestrially based experiments had so much to 0.1°. Experimental progress at these intermediate an-
trouble separating the CMBR anisotropy
d’où, en utilisant la loi de Stefan-Boltzmann from the ef- gular scales has been rapid, with all three detection tech-
fects of the 300 K background of the Earth’s environ- niques contributing to the current picture. Figure 4
ment. After four years of data the signal-to-noise ratio shows a plot of4 the average of many measurements of
in regions of the COBE/DMR map away from the ga- π 2 (k
CMBR BT )
anisotropy amplitude vs angular scale. (Angles
Frayon (T, V ) = −are V (6.58)
lactic plane was about 2, so the CMBR anisotropy was (~c)3 by the spherical-harmonic index l ,
45 represented
clearly detected (Bennett et al., 1996). Figure 3 shows a angle �180°/ l .) The solid line shows the prediction of a
132
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
Comparaison avec le gaz classique.– On peut comparer l’équation d’état des photons
(6.59) avec l’équation d’état classique p = nkB T en exprimant la pression en terme de la densité
moyenne de photons :
1 ∞ 2ζ(3) kB T 3
Z
n= dω ρ(ω) nω = (6.60)
V 0 π2 ~c
(l’intégrale est donnée dans le formulaire, annexe A). Nous re-écrivons l’équation d’état comme
ζ(4)
prayon = n kB T . (6.61)
ζ(3)
Voile solaire.– Notons que la pression exercée par les photons (loin du soleil) a permis à la
voile solaire Nanosail, lancée avec le satellite Ikaros en mai 2010 et déployée en janvier 2011, de
se déplacer autour de la terre pendant quelques mois (figure).
Sa présence peut toutefois se manifester, à condition de pouvoir faire svarier un paramètre dont
elle dépend. Si par exemple on considère deux plaques métalliques séparées par une distance
a, celles-ci imposent des conditions aux limites qui affectent la distribution des fréquences. En
faisant l’hypothèse simplifiée que la présence des plaques impose des conditions de Dirichlet, les
fréquences des modes propres entre les plaques sont caractérisées par une densité de modes
∞
d2~kk
Z
Sa
X q
ρ(avec plaques)
(ω) = 2 S 2 ~
δ ω − c (nπ/a) + kk 2 = 2 3 ω 2 +δρ(ω) (6.63)
(2π) 2
n=1 |π c{z }
Weyl
où S est la section des plaques. La composante ~kk parallèle aux plaques n’est pas quantifiée,
seule la composante perpendiculaire k⊥ = nπ/a est quantifiée, conséquence de l’introduction
des conditions aux limites. Le premier terme est le terme de Weyl, obtenu à la limite a → ∞
où le spectre des fréquences propres peut être considéré continu. Le second terme δρ(ω), i.e. la
133
canning electron micro- 350 nm) the Casimir force is the dominant characteristic
d cantilever with sphere far exceeding all the systematic errors (the electrostatic
III Thermodynamique
he sphere diameter was duof rayonnement
force is less than 3% the Casimir force in this region). Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
196 mm. The average Region 3 is the flexing of the cantilever resulting from VOLUME 81, NUMBER 21 PHYSICAL REVIEW LETTERS
lized surfaces was mea- the continued extension of the piezo after contact of
the two surfaces. Given the distance moved by the flat a flat plate using an AFM. The m
ntilever is measured by plate (x axis), the difference signal of the photodiodes consistent with the corrections f
can be calibrated to a cantilever deflection in nanometers and roughness of the metal surf
beam is reflected off the
fabrication of cantilevers with a
ection. A force on the using the slope of the curve in region 3. The deflection interferometric detection of canti
er deflection leading to of the cantilever leads to a decrease in the sphere-plate of lower temperatures to reduce
odiodes A and B (shown over 1000, improvement in the
sible in the future using this tech
implications of the Casimir force
ments should allow for careful c
properties of vacuum.
Cette pression négative décrit une petite force attractive entre les plaques métalliques.
Elle a pu être mesurée à la fin des années 1990 grâce à un microscope électronique, en
mesurant la force entre une boule et une surface métallisées (figure 6.12).
134
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
135
III Thermodynamique du rayonnement Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
(eq)
où xn = Xn − na mesure l’écart à la position d’équilibre Xn = na de la masse numéro n.
Pour simplifier nous supposons x0 = xN (i.e. des c.a.l. périodiques). L’identification des modes
propres correspond à la diagonalisation de la forme Pquadratique, i.e. au changement
P 2 2 de variables
1 2 2 1
{xn } → {χk } permettant d’écrire Ep = 2 mω0 n (xn − xn−1 ) = 2 m k ωk χk . Autrement
dit, en introduisant le vecteur X regroupant toutes les coordonnées, l’identification des modes
propres correspond à la diagonalisation de la matrice Ω2 intervenant dans Ep = 12 mX T Ω2 X ;
les ωk2 sont les valeurs propres de la matrice Ω2 .
Dans Ple cas présent cet exercice est très facile : nous introduisons les variables normales
χk = N n xn e−ikn , où le paramètre appartient à la première zone de Brillouin k ∈]−π, +π]
√1
X |πk |2 1
H= + mωk2 |χk |2 où ωk = 2ω0 | sin(k/2)| (6.67)
2m 2
k
136
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
est Ec = 12 m R~ ḣ2~ . Déduire les équations du mouvement. Montrer que la relation de dispersion
P
R
des modes propres est donnée par
v
u d
uX
ω~k = 2ω0 t sin2 (ki /2) (6.68)
i=1
137
III Thermodynamique du rayonnement Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
L’étude des vibrations d’une corde vibrante rend assez claire la distinction entre le phénomène
classique de quantification des modes propres d’une équation d’onde, induite par des conditions
aux limites, et la quantification de la mécanique quantique.
Nous étudions la thermodynamique d’une corde vibrante fixée à ses deux extrémités (fi-
gure 6.13). Commençons par exprimer l’énergie de la corde caractérisée par une déformation
y(x). L’énergie élastique d’un segment est proportionnelle à son élongation : la contribution du
∂y 2
δx + δy − δx ' f 2δx ∂x
p
segment de longueur initiale δx est δEp = f 2 2 , où f est la tension
µδx ∂y 2
de la corde. L’énergie cinétique du segment est δEc = 2 ∂t où µ est la masse linéique. En
sommant ces contributions, on obtient l’énergie :
" #
1 L ∂y(x, t) 2 ∂y(x, t) 2
Z
E[y(x, t)] = dx µ +f . (6.69)
2 0 ∂t ∂x
2 δ y2
δx +
δy
y(x)
δx
x
0 L
Quantification classique – Modes propres.– La situation où la corde est fixée à ses
deux extrémités correspond à un choix de conditions aux limites de Dirichlet pour le champ
de déplacement y(x, t). Nous pouvons décomposer le déplacement en série de Fourier
r ∞
2X kπx
y(x, t) = yk (t) sin , (6.70)
L L
k=1
p
où le facteur 2/L est introduit par commodité afin de décomposer le champ de déplacement
p RL
sur une base de fonctions, uk (x) = 2/L sin(kπx/L), orthonormées : 0 dx uk (x) uk0 (x) = δk,k0 .
On vérifiera que l’énergie se reécrit dans les composantes des modes comme
∞
" 2 #
X 1 2 1 kπ 2
E[{yk (t)}] = µ ẏk (t) + f yk (t) . (6.71)
2 2 L
k=1
···
0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
-0.5 -0.5 -0.5
138
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
Antenne RF
Corde de nanotubes
de carbone hω
1111111
0000000 1111111
0000000
0000000
1111111 0000000
1111111
1111111
0000000
0000000
1111111
1111111
0000000
0000000
1111111
Au
Re
0000000
1111111 L =1.7 µ m 0000000
1111111
0000000
1111111
Si 3 N 4 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111
Si
139
III Thermodynamique du rayonnement Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
les atomes sont des particules identiques qui doivent être traitées comme des particules indis-
cernables, dont la fonction de partition est, dans l’approximation semiclassique,
N
Z Y
1 d~ri d~pi −βH({~ri ,~pi })
Z= 3
e . (6.78)
N! h
i=1
Approximation harmonique
Si la température est abaissée suffisamment, le système pourra éventuellement atteindre une
phase cristalline (selon la nature de l’interaction). Si tel est le cas, le potentiel possède des
minima correspondant à l’état stable de la molécule macroscopique (le solide). Une particule
verra typiquement un profil d’énergie comme celui de la figure 6.16 (pour simplifier la discussion
nous nous plaçons dans la situation unidimensionnelle).
U
0 ρ1 0 ρ2 0 ρ3 0 ρN
...
R1 R2 R3 RN
Lorsque la température est suffisamment basse (devant la hauteur des puits de potentiel), on
peut faire une approximation harmonique, i.e. développer le potentiel autour de ses N minima.
Si on introduit ρi , mesurant le déplacement autour d’une position d’équilibre, on écrit
1 X ∂2U
U (R1 + ρ1 , · · · , RN + ρN ) ' (R1 , · · · , RN ) ρi ρj . (6.80)
2 ∂xi ∂xj
i, j
Avant d’introduire le développement dans la fonction de partition, nous devons toutefois remar-
quer que puisque le potentiel est invariant sous les permutations, il y a N ! manières différentes
140
Thermodynamique des oscillateurs harmoniques III Thermodynamique du rayonnement
d’attribuer un atome à chacun des puits avant d’effectuer le développement, ce qui traduit que
dxi est dominée par N ! minima équivalents dans RN . Précisément, nous
RQ
l’intégrale multiple
devons écrire
Z Y N 2U
1 dρi dpi X −βHcin −β 12 i, j ∂x∂i ∂x
P ρσ(i) ρσ(j)
Z' e j eq
(6.81)
N! h σ
i=1
P
où σ est une somme sur les N ! permutations des indices et σ(i) désigne le résultat de la
permutation sur l’indice i. Puisque les variables d’intégration sont muettes, on peut simplement
remplacer la somme sur les permutations par un facteur N ! qui vient corriger le facteur 1/N ! :
N
Z Y ∂2U
dρi dpi −βHcin −β 12 i, j
P
∂xi ∂xj eq
ρi ρj
Z' e . (6.82)
h
i=1
Les oscillateurs, attachés aux sites du réseau cristallin, sont bien discernables. Après diagonali-
sation de la forme quadratique, on obtiendrait une expression du type (6.79).
141
III Thermodynamique du rayonnement Thermodynamique des oscillateurs harmoniques
142
Chapitre 7
Plan du chapitre
I Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
II Liquide-gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
II.A Description du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
II.B Approximation de champ moyen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
II.C Analyse des isothermes de van der Waals – transition liquide-gaz . . . . 147
III Para-Ferro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
III.A Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
III.B Traitement de champ moyen du modèle d’Ising Ferro . . . . . . . . . . . 153
III.C Brisure spontanée de symétrie et paramètre d’ordre . . . . . . . . . . . 161
III.D Comparaison avec la transition liquide-gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Annexe 7.A : Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
I Introduction
Dans ce nouveau chapitre d’application du formalisme canonique, nous allons aborder un sujet
plus difficile : l’étude (simplifiée) de deux transitions de phase par une approximation de champ
moyen. Les interactions à l’échelle microscopique sont à l’origine des effets coopératifs à l’échelle
macroscopique se manifestant par différents types d’organisation de la matière. Le cœur de
la question consiste donc à comprendre l’effet de la compétition entre les interactions et les
fluctuations thermiques.
II La transition liquide-gaz
Pour l’instant nous avons étudié deux situations extrêmes :
• Au chapitre 5, nous avons étudié les gaz dans la limite du gaz parfait, i.e. le cas d’atomes
en très faible interaction : les interactions n’étaient pas présentes explicitement dans le
modèle (i.e. dans l’hamiltonien), mais cependant nécessaires à l’équilibration.
• Au chapitre 6, l’étude des vibrations des atomes d’un solide correspond à la situation
extrême inverse d’atomes en très fortes interactions, de manière à former une molécule ma-
croscopique (un corps solide).
143
II Liquide-gaz Transitions de phase – Approximation de champ moyen
Nous allons aborder dans ce paragraphe la situation la plus délicate à décrire : le cas intermédiaire
où l’interaction n’est ni dominante ni négligeable.
L’interaction entre deux atomes est très répulsive à courte portée, à cause des effets
électrostatiques et du principe de Pauli qui s’opposent à l’interpénétration des nuages électroniques.
À longue portée, un atome (neutre) est polarisable : soumis à un champ électrique extérieur
~ le barycentre du nuage électronique se décale de la position du noyau et l’atome acquiert
E,
un moment dipolaire d~ = α E~ (où α est la polarisabilité). Lorsque deux atomes se trouvent en
présence, une fluctuation du moment dipolaire de l’un des atomes crée un champ électrique
polarisant le second atome. Cet effet des fluctuations est responsable de l’apparition d’une in-
teraction attractive ∝ −r−6 .
En résumé, un modèle de potentiel effectif incorporant les deux effets est le potentiel de
Lennard-Jones
r 6
r0 12 0
uLJ (r) = u0 −2 (7.1)
r r
où les deux paramètres u0 et r0 sont très dépendants des atomes. Typiquement u0 ∼ 10 meV
(i.e. 100 K) et r0 ∼ 4 Å (des ordres de grandeurs sont donnés dans le tableau 7.1 où u0 ∼ kB Tc ).
Pour l’Hélium, l’interaction est plus faible u0 ' 1 meV et r0 ' 3 Å [13].
Le potentiel d’interaction de Lennard-Jones est une interaction effective, qui a pour origine des
mécanismes microscopiques complexes (par opposition avec une interaction fondamentale comme
l’interaction de coulomb). Lorsque l’on considère plus de deux particules, l’énergie potentielle
fait donc très certainement intervenir des effets à plusieurs corps. Autrement dit l’énergie de
trois atomes est différente de la somme des énergies à deux corps avec potentiel effectif de type
de Lennard-Jones. Nous devrions en principe écrire P l’énergie d’interaction
P comme une somme
d’interaction à deux corps, trois corps, etc : U = i<j u(~ri − ~rj ) + i<j<k u(~ri , ~rj , ~rk ) + · · ·
Nous ne prendrons cependant pas en compte ces effets à plusieurs corps et considèrerons le
modèle suivant :
U=
N
p~i 2
X z X }| {
def
H= + uLJ (rij ) où rij = ||~ri − ~rj || . (7.2)
2m
i=1 16i<j6N
L’interaction à deux corps est décrite par deux paramètres : la force de l’interaction attractive
u0 et sa portée r0 .
144
Transitions de phase – Approximation de champ moyen II Liquide-gaz
Imaginons une configuration microscopique des atomes {~r1 , · · · , ~rN }. L’intégration sur ~r1 nous
donne Z
def 4π 3
PN
d~r1 e−β i=2 u(r1i ) = V − (N − 1)v où v = r (7.4)
V 3 0
est le volume exclu autour de chaque atome (Fig. 7.1).
r0
rs
1 V
Lorsque N v V , nous pouvons écrire N
P R
n=1 ln (V − (n − 1)v) ' v V −N v dy ln(y) ' N ln(V −
N v/2), d’où
N
Nv N
Y
(V − (n − 1)v) ' V − . (7.6)
2
n=1
Nous concluons que la partie fortement répulsive de l’interaction contribue à la fonction de
partition comme
def v 2π 3
he−βU irepul ' (V − N b)N où b = = r . (7.7)
2 3 0
Ce traitement de l’interaction répulsive n’est qu’approximatif : il est facile de voir qu’il ne décrit
pas correctement la phase très dense au voisinage du full packing (le cas V ∼ N b). C’est
pour cette raison que le traitement de champ moyen que nous décrivons dans ce chapitre rend
compte de la transition liquide-gaz, mais pas des transitions vers la phase solide.
N (N − 1) N2
Z
d~r
hU iattract ' uLJ (||~r||) ∼ − u0 r03 . (7.8)
2 r||>r0 V
||~ V
145
II Liquide-gaz Transitions de phase – Approximation de champ moyen
1 (V − N b)N β N 2 a
Z= e V (7.11)
N! Λ3N
T
Bien que cette approximation paraisse assez grossière, nous allons déduire de ce calcul de fonction
de partition des résultats remarquables (l’apparition d’une transition de phase).
Énergie et entropie
Nous déduisons l’énergie libre
N 2a
V − Nb
F = −N kB T 1 + ln − (7.12)
N Λ3T V
L’énergie moyenne
C 3 N2
E = N kB T − a (7.13)
2 V
est la somme de l’énergie cinétique moyenne (extensive) et de l’énergie d’interaction moyenne
(non extensive). Remarquons que la chaleur spécifique CV = 32 N kB est la même que celle du
(G.P.)
gaz parfait, cependant Cp diffère de Cp = 52 N kB .
L’entropie s’obtient facilement
5 V − Nb
S = N kB + ln . (7.14)
2 N Λ3T
N kB T N2
p= − 2a pour V > N b . (7.15)
V − Nb V
2
Nous avons retrouvé l’équation d’état de van der Waals. Écrite sous la forme (p+ N V2
a)(V −N b) =
N kB T , elle a la forme de l’équation d’état des gaz parfaits pour un volume réduit V − N b et une
2
pression effective peff = p + N V2
a (cette dernière expression traduit une réduction de la pression
sous l’effet de l’interaction attractive, par rapport à un gaz parfait). Les isothermes sont tracées
sur la figure 7.5.
146
Transitions de phase – Approximation de champ moyen II Liquide-gaz
Les coefficients Bk , appelés les coefficients du viriel, admettent une interprétation intéressante
en termes du problème à k particules et peuvent être calculés systématiquement (chapitre 10
de [13]). Par exemple, dans un gaz classique,le second coefficient du viriel est donné par B2 =
(0)
−23/2 Λ3T δZβ , où δZβ = Zβ − Zβ caractérise le problème à deux corps. Zβ est la fonction
de partition de l’hamiltonien décrivant la particule relative dans le problème à deux corps :
1 2 (0)
Hr = m p~ +u(r) et Zβ la fonction de partition pour u(r) = 0. Par exemple, l’introduction d’une
interaction répulsive u(r) > 0 repousse le spectre vers les énergies positives, ce qui correspond à
une diminution de la densité d’états du problème à deux corps et donc à δZβ < 0, par conséquent
B2 > 0 (l’introduction d’une interaction répulsive augmente la pression, toutes choses égales par
ailleurs).
Pour l’équation de van der Waals, on obtient une expression systématique des coefficients
du viriel
a
Bk (T ) = bk−1 − δk,2 . (7.17)
kB T
La partie répulsive du potentiel génère bien une contribution positive à B2 alors que le coefficient
a caractérisant la partie attractive apporte une contribution négative. Remarquons finalement
que B2 est dominé par l’effet de l’interaction répulsive aux hautes températures.
V T<Tc V
0 V1
V1 V2 0 V2
Nb
Nb p p
>0 >0
V V
Figure 7.2 : Gauche : Résolution graphique de (7.19). Droite : allure des isothermes de van der
Waals (pour T < Tc , la partie rayée est non physique car elle correspondrait à une compressibilité
κT < 0).
147
II Liquide-gaz Transitions de phase – Approximation de champ moyen
Point critique
Nous déterminons la position du point critique (Vc , pc , Tc ) en écrivant l’équation d’état, l’annu-
∂p ∂2p
lation de la dérivée ∂V |c = 0 et de la dérivée seconde ∂V 2 |c = 0, puisque le point critique est un
point d’inflexion de l’isotherme (Fig. 7.2). Nous obtenons les trois équations :
N kB Tc N2
pc = −a 2 (7.20)
Vc − N b Vc
N kB Tc N2
0= − 2a (7.21)
(Vc − N b)2 Vc3
N kB Tc N2
0= − 3a (7.22)
(Vc − N b)3 Vc4
Le rapport des deux dernières équations conduit à Vc = 3N b. La deuxième équation nous donne
8
alors la température critique kB Tc = 27 a/b. Puisque a ∼ u0 r03 et b ∼ r03 , nous obtenons que la
température critique est simplement de l’ordre de l’énergie d’interaction
kB Tc ∼ u0 . (7.23)
Table 7.1 : Positions du point critique pour divers gaz. Données tirées de [11] citant N. Lange,
Lange’s handbook of chemistry , McGraw-Hill (1967).
148
Transitions de phase – Approximation de champ moyen II Liquide-gaz
~−ln(V−Nb)
p F 2
F
~1/(V−Nb) <0
V2
D2 D1
~1/ V A D2
B
V V
D1
VA VB
Nb Nb ~−lnV
Figure 7.3 : Isotherme de van der Waals et énergie libre pour T < Tc . L’énergie libre
du mélange des phases A et B (ligne en tirets) est plus basse que celle de la courbe présentant
l’inversion de concavité.
Une question intéressante est celle de la détermination des caractéristiques des phases A et
B, à partir de l’équation de van der Waals. Pour cela il est utile d’introduire l’enthalpie libre (la
fonction de Gibbs)
def
G = F + pV . (7.27)
La relation entre les deux potentiels thermodynamiques est une transformation de Legendre,
dF = −SdT − pdV + µdN −→ dG = −SdT + V dp + µdN , ce qui montre que l’enthalpie libre
est une fonction des trois variables T , p et N : G(T, p, N ). L’analyse des propriétés d’extensivité
montre qu’elle est proportionnelle au potentiel chimique.
G(T, p, N ) = N µ(T, p) . (7.28)
La dépendance en p de ce potentiel thermodynamique peut R p être déduite de l’intégration de
l’équation d’état, tournée de 90 : G(T, p, N ) = f (T ) + p0 dp V (p0 ). En partant des grandes
o 0
pressions, la courbe V (p) rebrousse chemin entre D2 et D1 , ce qui implique que G(·, p, ·) repasse
par un même point,
G(T, pA , N ) = G(T, pB , N ) , (7.29)
qui s’interprète comme le point d’équilibre entre les deux phases où est réalisée l’égalité des
potentiels chimiques :
µA = µ B . (7.30)
Puisque dG = −SdT + V dp + µdN , nous déduisons
Z
V (p) dp = 0 (7.31)
B→A
149
II Liquide-gaz Transitions de phase – Approximation de champ moyen
p
D2 vapeur
sur−saturée
plateau de B
A liquéfaction
liquide
sur−chauffé
Nb aires égales V
D1
Figure 7.4 : Construction de Maxwell. La ligne bleue épaisse est la ligne d’équilibre thermo-
dynamique. Les deux branches (lignes vertes fines) AD1 et D2 B sont deux lignes de métastabilité.
où l’intégrale correspond à l’intégration sur le circuit fermé enclosant les deux aires hachurées
de la figure 7.4. Nous venons de décrire la construction de Maxwell .
Partant des hautes densités (petit V ), le fluide suit l’isotherme jusqu’au point A. Lorsque le
volume est augmenté, il suit alors le plateau de liquéfaction (pression constante) correspondant
à la conversion progressive du liquide en gaz. Arrivé en B, tout le fluide a été converti en gaz.
Une augmentation supplémentaire du volume conduit à un abaissement de la pression.
Notons que les deux branches AC et DB ne sont pas interdites. Dans certaines conditions,
le liquide peut exister à des densités plus basse que celle du point A ( liquide sur-chauffé ),
cependant il s’agit d’un état métastable que le système peut quitter à l’aide une fluctuation.
def VB − N b
Lvap = T ∆Svap = N kB T ln (7.33)
VA − N b
Elle mesure le coût énergétique nécessaire pour convertir tout le liquide en gaz (à p et T fixées).
L’existence d’une chaleur latente s’interprète comme une discontinuité, SA 6= SB , d’une dérivée
première de l’énergie libre S = − ∂F ∂T , de part et d’autre de l’équilibre entre phases. La dis-
continuité de la densité, i.e. VA 6= VB , correspond à une discontinuité d’un autre potentiel
thermodynamique, puisque V = + ∂G ∂p . Pour cette raison on dira que la transition liquide-gaz est
une transition de phase du premier ordre.
150
Transitions de phase – Approximation de champ moyen II Liquide-gaz
ou encore
3v 3 + 8v 2 (π − t) + (7π − 16t)v + 2(π − 4t) = 0 . (7.36)
On trace sur la figure 7.5 les isothermes dans ces variables adimensionnées.
1.0
T=Tc
Π =Hp-pcLpc
0.5
0.0
-0.5
-1.0
0 1 2 3 4 5
v=HV-VcLVc
Figure 7.5 : Isothermes de van der Waals (en termes des variables adimensionnées). La
pression p = 0 correspond à π = −1 et le volume V = N b à v = −2/3.
p
C
Liq.
T=Tc
Liq.+Gaz
Gaz T<Tc
V
Figure 7.6 : Propriétés du point critique. La zone intermédiaire sous le point critique est
la région du plan (V, p) où coexistent les deux phases liquide et gazeuse.
L’étude du voisinage est un petit peu délicate et peut être trouvée dans le chapitre 12 de
[28]. Les conclusions sont :
• Sur la ligne de coexistence des phases (dans le plan (T, p)), la pression est proportionnelle
à l’écart à la température critique π ' 4t. Combinée à (7.36), nous obtenons que les deux
densités dépendent de la température comme
√
v ' ±2 −t pour t < 0 , (7.37)
151
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
Description du phénomène
Certains matériaux possèdent une aimantation spontanée à température ambiante, comme les
composés à base de fer, cobalt ou nickel. Si le matériau est chauffé au delà d’une certaine
température appelée température critique Tc , aussi appelée la température de Curie, cette ai-
mantation disparaı̂t.
Fe : Tc = 1043 K
Co : Tc = 1388 K
Ni : Tc = 627 K
L’existence d’une aimantation spontanée s’interprète comme un effet d’alignement des mo-
ments magnétiques locaux, dans le matériau, sous l’effet des interactions microscopiques générant
un effet coopératif à l’échelle macroscopique. Lorsque le système est chauffé, il y a compétition
entre ces interactions et les fluctuations thermiques. Celles-ci peuvent finalement dominer les
interactions et détruire l’ordre ferromagnétique.
Origine microscopique
Nous allons baser notre discussion sur un modèle de magnétisme localisé porté par des moments
magnétiques locaux, supposés aux nœuds d’un réseau cristallin. 1 Rappelons que le moment
magnétique des électrons domine le moment nucléaire puisque les rapports gyromagnétiques
sont dans un rapport de l’ordre de 1000. L’aimantation du matériau vient donc du spin des
électrons (et éventuellement de leur moment orbital).
La première question est de comprendre l’origine de l’interaction microscopique entre mo-
ments magnétiques. L’hypothèse venant spontanément à l’esprit serait celle d’une interaction
µ0 |~
µi ·~
µj |
dipolaire magnétique EDM ∼ 4π r3
. Celle-ci a cependant une intensité très nettement insuf-
ij
fisante pour expliquer l’existence d’un alignement des moments à température ambiante. Pour
des échelles atomiques, on trouve EDM ∼ 10−5 eV (soit 0.1 K, très loin de Tc ∼ 1000 K).
Un second candidat expliquant l’existence d’une interaction entre moments magnétiques est
le mécanisme d’échange. Je renvoie aux problèmes du chapitre 13 de [34] où l’on montre que
1
Par opposition à un magnétisme itinérant porté par le spin des électrons de conduction.
152
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
où B est un champ magnétique extérieur. Nous avons choisi un système d’unité telles que
[J] = [B] = [énergie]. Ce modèle est appelé le modèle d’Ising. Il est d’une très grande importance
en physique statistique, ce que nous comprenons facilement en remarquant qu’il sera pertinent
pour décrire toute situation où les variables microscopiques prennent deux valeurs :
• Gaz sur réseau (cases vide ou pleine).
• Alliage binaire (atomes de type A ou B).
• etc.
2
Son signe pourrait également devenir positif pour certains choix d’orbitales atomiques, pouvant conduire à
une interaction anti-ferromagnétique (J < 0) favorisant l’anti-alignement des spins. Il peut également y avoir des
effets d’anisotropie dans le cristal : interaction plus forte dans une direction que dans une autre.
153
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
P
pour J > 0, où hi , ji désigne la somme sur les sites du réseaux plus proches voisins, i.e. sur les
liens du réseau.
chaque spin pouvant prendre deux valeurs σi ∈ {−1, +1}. Nous déduisons l’aimantation moyenne
par spin
C
def M 1 ∂F
m(T, B) = =− (7.47)
N N ∂B
i.e., pour le paramagnétisme,
m(T, B) = tanh(B/T ) . (7.48)
def ∂m
La susceptibilité correspondante présente le comportement χ = ∂B B=0 = 1/T .
Approximation de Bragg-Williams
Nous commençons par quelques petites manipulations sur l’hamiltonien d’Ising. Supposons
l’existence d’une solution caractérisée par une aimantation moyenne
def
m = σi . (7.49)
Nous écrivons
σi = m + δσi (7.50)
où δσi représente une fluctuation autour de la moyenne. Faisons quelques manipulations sur le
terme d’interaction
X X X
σi σj = (m2 + 2m δσi + δσi δσj ) = (−m2 + 2m σi + δσi δσj ) (7.51)
hi , ji hi , ji hi , ji
Nous pouvons calculer certaines sommes en convertissant la somme sur les liens en somme sur
les sites :
N
X 1X X
= (7.52)
2
hi , ji i=1 j∈v(i)
où v(i) désigne l’ensemble des sites voisins du site i. Nous notons q = Card(v(i)) le nombre de
voisins, i.e. la coordinence du réseau. Par exemple sur un réseau hypercubique en dimension d
on a q = 2d. Nous déduisons finalement
N X X
HIsing = Jqm2 − (Jqm + B) σi −J δσi δσj (7.53)
2
i
| {z } | hi , ji
{z }
Hcm (m) fluctuations
154
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
Le second terme admet une interprétation en termes de champ local moyen. En effet, puisque l’in-
teraction tend à aligner les spins, on peut dire que les spins de v(i) créent un champ magnétique
local au site i sur lequel σi trouve favorable de s’aligner. L’expression de ce champ local est
obtenue par dérivation de l’hamiltonien (le champ est la variable conjuguée du spin) :
(loc)
où l’on a encore utilisé (7.52). La valeur moyenne du champ local est donc Bi = Jqm + B,
soit précisément l’expression que nous avons fait apparaı̂tre dans l’hamiltonien.
L’étape suivante consiste à faire l’approximation de champ moyen consistant à négliger le
terme de fluctuation de l’hamiltonien d’Ising. On suppose ainsi que la dynamique d’un spin est
(loc)
contrôlée par un ordre moyen, le champ local moyen Bi = Jqm + B, davantage que par les
fluctuations (idée du champ moléculaire de Weiss, 1907). L’hamiltonien approché
N X
Hcm (m) = Jqm2 − (Jqm + B) σi (7.55)
2
i
155
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
1.0 1.0
TTc=1.25 TTc=0.75
0.5 0.5
-m*
0.0 0.0
+m*
-0.5 -0.5
-1.0 -1.0
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
m m
Si en revanche βJq > 1, la fonction tanh intersecte trois fois la droite (figure 7.7). Nous mon-
trerons que la solution m = 0 est instable. L’équation (7.58) admet deux solutions symétriques
m = ±m∗ , avec m∗ > 0.
En résumé, la résolution graphique de l’équation auto-cohérente met en évidence deux types
de solutions, suivant la valeur de la température T = 1/β
fcmHmL
-0.80 -0.54
-0.55
-0.85
-0.56
-0.57
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
m m
Figure 7.8 : Fonction fcm (m) pour B = 0. En deçà de la température critique (figure de
droite), le système choisit une des deux solutions (ici +m∗ ). La solution brise la symétrie du
problème.
La seconde expression montre que fcm (m) développe un double puits pour T < Tc alors que
m = 0 correspond à un maximum local de l’énergie libre , i.e. à une solution instable.
156
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
Cette expression est intéressante : elle souligne l’existence d’un gap dans le spectre des
excitations. Nous verrons plus bas que la chaleur spécifique présente le même comportement
de basse température.
−J +J
−J +J
−J +J
−J +J
E=−qJ E=+qJ
1.2
1.0 3 HTc - TL Tc
lw
0.8 ~ - NIC
m* HT,0L
o -NIC
0.6
h- CO
X- IR
+- IR
0- MA
0.4
~ 2
I- PY
0.2 I
X
FERRO PARA +
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 0 -I .2 .3 .4
T
5,
.
~ ~
6 .7 .8 .8
I
I0
TTc ep
Fig. 3. The reduced saturation intensity is plotted as a function of the reduced temperature.
The experimental results are taken from the papers referred to in Figs. 1 and 2, and from F.
Figure 7.10 : Paramètre d’ordre àHegg,
B Thesis,
= 0Ziirich,
en 1910;
fonction dedeTChim.
P. Curie, Ann. . À et degauche : (1895),
Phys. 5, 289 Résolution
P. gneiss, Jour.
de Physique 6, 661 (1907); and Zeigler, Thesis, Zurich, 1915.
numérique de l’équation auto-cohérente. À droite : figure tirée de F. Bitter,' On the Interpre-
= IRoN x= NlcKEL:+ =MAONETITE ~ h"-F&2 Q j 0= cEMENTITE
tation of Some Ferromagnetic Phenomena , Phys. l. 00
Rev. 39, 337 (1932).
,96
Tc m .188 Tc m 3
m' − (7.64)
T 3 T
+84
.05 ~I .I5 ~ 2 .25 .3
e
157
Fig. 4. The reduced saturation intensity is plotted as a function of the square of the re-
duced temperature. The experimental points are taken from P. gneiss and R. Forrer, Ann. de
Physique 12, 279 (1929).
group, and those for the non-cubic orthorhombic lattices into another. As for cobalt and pyrrho-
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
Le paramètre d’ordre à B = 0 est tracée sur la figure 7.10. Les données expérimentales sont
assez bien décrites par cette théorie très simple.
1.0
T=Tc
0.5
m* HTc,BL
H3BTc L13
0.0
-0.5
-1.0
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
Tc m B B
m' + d’où m∗ (T, B) ' . (7.68)
T T B→0 T − Tc
∂ f def 2
Nous obtenons une susceptibilité magnétique, χ = ∂m 1
∂B |B=0 = − ∂B 2 |B=0 = T −Tc , divergente à
la transition (on montre plus bas que la relation est exacte). Le comportement χ = 1/(T − Tc )
porte le nom de loi de Curie-Weiss. Il rappelle celui de la susceptibilité paramagnétique.
où m∗ est solution de (7.58). Toutes les propriétés thermodynamiques peuvent alors être déduites
explicitement de f (T, B). La dérivation par rapport aux deux paramètres requiert de connaitre
158
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
Χ HTL
3
2 FERRO PARA
1
0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
TTc
En utilisant que m∗ = tanh β (Tc m∗ + B), un réarrangement conduit à une première relation
utile
∂m∗ 1 − m2∗
= . (7.71)
∂B T − Tc (1 − m2∗ )
qui est bien valable au delà du voisinage de la transition, comme annoncé précédemment. En
outre, en utilisant (7.65), nous pouvons obtenir une expression de la susceptibilité dans la phase
ferromagnétique :
1
χ(T ) ' (pour T . Tc ) . (7.73)
2(Tc − T )
∂ 2 f
Var(m) = T χ(T ) = −T . (7.74)
∂B 2 B=0
1 Tc
fcm (m) ' −Tc ln 2 + a(T )m2 + m4 où a(T ) = T − Tc (7.75)
2 12
On associe un poids e−βfcm (m) ' e−fcm (m)/Tc à l’aimantation m. Au dessus de la température
critique, T → Tc+ , on peut identifier la courbure de l’énergie libre avec la susceptibilité, d’où
χ = Var(m)/Tc ' 1/a(T ), Qed. Au dessous de la température critique, T → Tc− , l’énergie libre
présente une structure en double puits (figure 7.8) : fcm (m) ' cste + T12c (m2 − m2∗ )2 . La concavité
2f
d’un des puits est donnée par ∂∂m 2
2 m ' 3 Tc m∗ ' 2(Tc − T ).
cm
∗
159
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
Énergie moyenne.– En dérivant (7.58) par rapport à β nous obtenons une seconde relation
utile :
∂m∗ (Tc m∗ + B)(1 − m2∗ )
= , (7.76)
∂β 1 − TTc (1 − m2∗ )
qui nous permet de calculer l’énergie moyenne par spin. Après quelques simplifications, on obtient
C ∂ 1
E = (βf (T, B)) = − Tc m2∗ − B m∗ (7.77)
∂β 2
Les deux termes s’interprètent respectivement comme l’énergie d’interaction et l’énergie po-
tentielle magnétique. Remarquons que cette expression correspond simplement à la moyenne
de (7.55).
1.5
1.0
CV HTL
0.5
0.0
FERRO PARA
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2
TTc
Chaleur spécifique.– La chaleur spécifique par spin (à B = 0) est obtenue en dérivant
l’énergie par rapport à la température, i.e. en utilisant à nouveau (7.76) :
Tc2 m2∗ (1 − m2∗ )
CV (T ) = . (7.78)
T [T − Tc (1 − m2∗ )]
Le comportement de basse température est obtenu à partir de celui de m∗ :
2Tc 2 −2Tc /T
CV (T ) ' e . (7.79)
T Tc T
Lorsque la température tend vers Tc par valeurs inférieures, on obtient une limite finie CV (Tc− ) =
3/2 ; remarquons que cette valeur peut être obtenue en combinant l’expression de l’énergie,
C C
E = − 21 Tc m2∗ , avec le comportement (7.65) : E ' 32 (T − Tc ) pour T . Tc . Au delà de la
température critique, m∗ (T, 0) = 0 et donc la chaleur spécifique est nulle CV (Tc+ ) = 0. La
discontinuité de chaleur spécifique est donc
3
CV (Tc− ) − CV (Tc+ ) = kB , (7.80)
2
où nous avons rétabli kB .
160
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
0.6
SHT,0L
0.4
0.2
0.0
FERRO PARA
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
TTc
Remarque
La méthode de champ moyen de Bragg-Williams que nous avons présentée pourrait être améliorée
pour prendre en compte les corrélations locales entre spins. L’idée consiste à appliquer la méthode
de champ moyen, non pas à un spin isolé, mais à un petit cluster de spins plus proches voisins
(un spin et ses q voisins) soumis à un champ moyen dû à l’environnement. Cf. § 14.5 de [13] ou
[28].
Paramètre d’ordre.– La notion de brisure de symétrie est tout à fait centrale dans la théorie
des transitions de phase. C’est même ainsi que l’on définit le changement de phase (par une
réduction des symétries de l’état du système). La grandeur physique signalant cette brisure de
symétrie (ici l’aimantation moyenne et dans la transition liquide-gaz la densité) est appelée le
paramètre d’ordre.
161
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
L’existence de tels comportements singuliers trouve son origine mathématique dans la limite
thermodynamique (en effet, pour une nombre N fini de spins, la fonction de partition et l’énergie
libre sont par définition des fonctions parfaitement régulières de T et B). Il y a donc une question
de limites qui ne commutent pas
1 ∂F (T, B, N ) 1 ∂F (T, B, N )
lim lim = 0 6= lim lim <0 pour T < Tc . (7.84)
N →∞ B→0+ N ∂B B→0+ N →∞ N ∂B
m* HT,BL
m* HT,BL
0.0 0.0 0.0
B B B
Remarquons que si ces figures sont tournées de 90o , elles ont une allure tout à fait similaire
aux isothermes de van der Waals au voisinage du point critique, i.e. la correspondance entre les
deux problèmes est établie en faisant substituant l’aimantation à la densité du fluide (mesurée
par rapport à la densité critique) m∗ → ρ − ρc et B → p − pc .
La ligne verticale à B = 0 sur la figure de droite de Fig. 7.15 décrit donc un équilibre
thermodynamique avec coexistence de deux phases : une phase d’aimantation m = +m∗ (T, 0)
et une phase d’aimantation m = −m∗ (T, 0). Le système est inhomogène et présente des zones
d’aimantation +m∗ (T, 0) et d’autres d’aimantation −m∗ (T, 0).
La relation est plus profonde qu’il n’y paraı̂t comme on peut s’en convaincre en examinant
les exposants critiques caractérisant le voisinage du point critique obtenu dans le cadre de
l’approximation de champ moyen (tableau 7.3). Pour cela on introduit la variable
def T
t= −1 (7.85)
Tc
mesurant la distance au point critique.
Nous pouvons pousser plus loin la comparaison et questionner l’égalité entre exposants cri-
tiques des deux problèmes physiques expérimentalement. Pour cela il convient d’abord de re-
marquer que l’approximation de champ moyen ne donne pas des valeurs exactes des exposants
critiques. Ceux-ci ont été obtenus numériquement (cf. tableau 7.4).
162
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
Liq.-Gaz Para-Ferro
CV (T ) ∼ |t|−α α=0 CV (T ) ∼ |t|−α α=0
δρ(T ) ∼ (−t)β ∼ β = 1/2 m(T, 0) ∼ (−t)β β = 1/2
δρ(Tc ) ∼ (δp)1/δ δ=3 m(Tc , B) ∼ B 1/δ δ=3
κ(T ) ∼ |t|−γ γ=1 χ(T ) ∼ |t|−γ γ=1
Si ces exposants sont comparés aux résultats expérimentaux, on constate en effet un remar-
quable accord entre théorie et expérience d’une part, mais surtout entre exposants associés aux
deux transitions.
163
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
pour des spins σi = ±1. La somme porte sur les spins voisins en interaction. L’interaction
J > 0 favorise l’ordre ferromagnétique (et J < 0 l’ordre antiferromagnétique).
• Le traitement en champ moyen du modèle d’Ising (méthode auto-cohérente) fait émerger la
plupart des propriétés physiques intéressantes (au moins qualitativement).
• Concrètement : être capable de retrouver l’équation auto-cohérente et maı̂triser le principe
de la résolution graphique.
164
Transitions de phase – Approximation de champ moyen III Para-Ferro
où J > 0, i.e. une interaction favorisant l’anti-alignement des spins. On admet que la phase
ordonnée à T = B = 0 correspond à l’ordre de Néel : les spins prennent des valeurs alternées +1
et −1. Autrement dit, si nous divisons le réseau hypercubique en deux sous réseaux imbriqués,
notés Ra et Rb , l’aimantation prend une valeur constante sur chacun des sous-réseaux, ma = +1
et mb = −1 (ou l’inverse). L’aimantation moyenne m = 21 (ma + mb ) est nulle mais il existe un
ordre caractérisé par la valeur de l’aimantation alternée mstag = 12 (ma − mb ) = 1 (ou −1). Cette
dernière joue donc le rôle de paramètre d’ordre dans la phase anti-ferromagnétique.
P P P
a/ En décomposant la somme sur les sites sur les deux sous réseaux i = i∈Ra + i∈Rb ,
donner l’expression de l’hamiltonien de champ moyen Hcm analogue à (7.55). Il sera commode
pour la suite d’introduire deux champs magnétiques distincts Ba et Bb sur les deux sous réseaux.
b/ Calculer l’énergie libre associée à l’hamiltonien de champ moyen Hcm . Déduire deux équations
auto-cohérentes permettant de déterminer ma et mb .
c/ On admet que ma = −mb . Déduire une équation pour mstag . Comparer au cas ferro-
magnétique. Résoudre cette équation graphiquement lorsque B = 0. Identifier la température
critique Tc . Analyser mstag dans les limites T . Tc et T Tc .
- Exercice 7.2 Du bon usage du champ moyen – La méthode variationnelle : On
veut fonder l’approche de champ moyen sur un principe variationnel, i.e. construire une énergie
libre approchée, que nous noterons fvar (m), à partir d’un critère de minimisation clair.
On souhaite étudier les propriétés d’un système décrit par le Hamiltonien H, que l’on ne
sait pas traiter exactement. L’idée de la méthode variationnelle est de proposer un ansatz H0 ,
dépendant d’un(des) paramètre(s) variationnel(s), dont on sait étudier les propriétés. On cher-
chera alors quelle(s) valeur(s) du(des) paramètre(s) minimise(nt) un critère que nous définissons
maintenant.
1/ Inégalité de Bogoliubov.– Soit x une variable aléatoire ; on donne l’inégalité de convexité
hex i > ehxi . Montrer que l’énergie libre pour H est bornée supérieurement par :
F 6 F0 + hH − H0 i0 (7.88)
165
III Para-Ferro Transitions de phase – Approximation de champ moyen
166
Chapitre 8
Plan du chapitre
I Ensemble grand canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
I.A Introduction : Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
I.B Ensemble grand canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
I.C Propriétés de l’ensemble grand canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
II Particules identiques sans interaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
II.A Motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
II.B Description microscopique : facteurs d’occupation . . . . . . . . . . . . . 174
II.C Décomposition de la grande fonction de partition . . . . . . . . . . . . . 174
II.D Occupation des états individuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Motivations physiques.– Cette situation peut avoir un intérêt pour décrire certaines situa-
tions physiques. Deux exemples :
• L’étude de l’adsorption des atomes d’un gaz à la surface d’un solide. Les surfaces des solides
sont extrêmement rugueuses à l’échelle atomique, et d’autre part inhomogènes chimique-
ment, ce qui se traduit par l’existence de pièges sur lesquels les atomes du gaz peuvent venir
s’accrocher. Cet effet est particulièrement désagréable si l’on souhaite faire une expérience
sous vide : des atomes piégés à la surface de la chambre à vide pourraient être relâchés et
polluer l’expérience, d’où l’intérêt de bien comprendre le phénomène d’adsorption afin de
contrôler la quantité d’atomes de surface.
167
I Ensemble grand canonique Ensemble grand canonique
Si nous considérons l’ensemble des atomes piégés à la surface du solide ( le système ),
leur nombre varie constamment à cause des processus de piégeage/dépiégeage. Il y a donc
des échanges constant avec le gaz qui joue le rôle d’un réservoir d’atomes. Puisque le
nombre d’atomes de surface est nécessairement beaucoup plus petit que les atomes du gaz,
l’état de la surface n’affecte pas l’état thermodynamique du gaz.
• Une deuxième illustration physique est fournie par un conducteur mis en contact avec
une batterie. Les lois de l’électrocinétique nous disent que la charge est contrôlée par la
tension, Q = C V , où C est la capacité du conducteur. Cette description ignore toutefois
l’effet des fluctuations thermiques, qui peuvent générer des fluctuations δq de la charge :
on doit plutôt écrire Q = C V . La batterie joue le rôle de réservoir pour les charges du
conducteur.
δq
Q
V
Figure 8.1 : Un conducteur relié à une batterie. Les fluctuations thermiques sont respon-
sables de fluctuations de la charge dans le conducteur.
Nous utilisons l’hypothèse que le réservoir est beaucoup plus grand que le système pour développer
son entropie microcanonique :
∗
∂SR ∗
∂SR
∗ ∗
SR (Etot − E` , Ntot − N` ) ' SR (Etot , Ntot ) − E` (Etot , Ntot ) −N` (Etot , Ntot ) (8.2)
∂E ∂N
| R {z } | R {z }
1/TR∗ −µ∗R /TR∗
168
Ensemble grand canonique I Ensemble grand canonique
Nous définissons la température et le potentiel chimique grand canoniques comme les valeurs
fixées par le réservoir :
T = TR∗
def
(8.3)
µ = µ∗R .
def
(8.4)
Nous avons obtenu la dépendance de la probabilité d’occupation du microétat dans les variables
définissant celui-ci :
G 1 1 µ
P` ∝ exp − E` + N` . (8.5)
kB T T
Il nous reste à normaliser cette distribution. Finalement, la distribution grand-canonique est
1 −β(E` −µN` )
P`G = e (8.6)
Ξ
nous obtenons la relation entre grande fonction de partition et fonction de partition canonique
∞
X def
Ξ(β, µ) = ϕN Z(T, N ) , où ϕ = eβµ (8.9)
N =0
est appelée la fugacité. Par convention Z(β, 0) = 1. Autrement dit, on peut utiliser la fonction de
partition grand canonique comme fonction génératrice de la fonction de partition canonique : 1
1 ∂N
Z(β, N ) = Ξ(β, µ) . (8.11)
N ! ∂ϕN
ϕ=0
1
Remarque : On a vu une relation analogue entre la fonction de partition canonique et le nombre de
microétats accessibles. Si on identifie le nombre de microétats accessibles à énergie E avec la dégénérescence (i.e.
on identifie δE avec l’écart entre niveaux successifs, dans les notations du chapitre 3) :
X
Z(β, N ) = Ω(E` ) e−βE` (8.10)
E`
où la somme porte ici sur les niveaux d’énergie (pas les états).
169
II Particules identiques sans interaction Ensemble grand canonique
170
Ensemble grand canonique II Particules identiques sans interaction
À quels effets pouvons-nous d’ores et déjà nous attendre ? Considérons par exemple l’équation
d’état d’un gaz parfait quantique. Si les atomes sont des bosons, les corrélations quantiques fa-
vorisent leur regroupement spatialement ou énergétiquement. Elles auront donc pour effet de
diminuer la pression, par rapport au gaz classique (figure 8.2). En revanche, si les atomes sont des
fermions, le postulat de symétrisation induit des anti-corrélations produisant une répulsion ef-
fective entre les atomes (principe de Pauli), ce qui augmente la pression du gaz comparativement
au gaz parfait classique (figure 8.2).
?
ue
P
siq
as
fermions
cl
?
bosons
n
n*
Figure 8.2 : Allure attendue pour les équations d’états des gaz parfaits quantiques. La déviation
à la loi p = nkB T est due aux corrélations quantiques (postulat de symétrisation).
171
II Particules identiques sans interaction Ensemble grand canonique
Deux bosons.– Les états à deux bosons sont des états symétrisés
(
| n i1 ⊗ | n i2 si n = m
| n, m iB = (8.22)
√1 | n i1 ⊗ | m i2 + | m i1 ⊗ | n i2
2
6 m
si n =
afin de ne pas compter deux fois le même état | n, m iB = | m, n iB . Autrement dit la fonction
de partition à deux bosons est
La somme sur les états quantiques s’écrit donc en termes d’une double somme sur des nombres
quantiques avec une contrainte, expression du postulat de symétrisation.
Nous pouvons expliciter la somme afin de relier la fonction de partition à deux bosons à la
fonction de partition à une particule :
1
| n, m iF = √ | n i1 ⊗ | m i2 − | m i1 ⊗ | n i2 pour n > n . (8.26)
2
172
Ensemble grand canonique II Particules identiques sans interaction
Forme approchée de l’équation d’état des gaz parfaits quantiques – Second coeffi-
cient du viriel
Quelle(s) conséquence(s) physique(s) peut-on déduire de ce résultat ? Pour des particules libres,
nous utilisons Z1 = V /Λ3T , d’où
" #
V 2 1 V 2 Λ3T
B/F 1 V
Z2 (β) = ± 3/2 3 = 1 ± 3/2 , (8.29)
2 Λ3T 2 ΛT 2 Λ3T 2 V
√
où nous avons utilisé que ΛT → 2ΛT si β → 2β. En traitant le terme ±Λ3T /(23/2 V ) comme
une petite correction, ce qui est le cas dans la limite de haute température, nous obtenons
l’énergie libre
Λ3T kB T Λ3
F (T, V, 2) = Fclass (T, V, 2) − kB T ln 1 ± 3/2 ' Fclass (T, V, 2) ∓ 3/2 T (8.30)
2 V | 2{z V }
∆Fpaire
où Fclass (T, V, N ) = −N kB T ln(Z1 /N ) + 1 est l’énergie libre du gaz parfait classique étudiée
au chapitre 4. ∆Fpaire est la correction due aux corrélations quantiques, pour une paire de
particules.
Nous extrapolons maintenant au cas d’un gaz de N particules en écrivant
N (N − 1)
F (T, V, N ) ' Fclass (T, V, N ) + ∆Fpaire (8.31)
2
où nous avons multiplié ∆Fpaire par le nombre de paires du gaz, N (N − 1)/2 ' N 2 /2. Nous
obtenons finalement
kB T Λ3T
F (T, V, N ) ' Fclass (T, V, N ) ∓ N 2 . (8.32)
25/2 V
Cette expression n’est valable que dans un régime de relativement haute température car elle
ignore les corrélations à N > 2 particules.
Nous déduisons le comportement de la pression :
∂F
p=− ' nkB T 1 ∓ 2−5/2 n Λ3T . (8.33)
∂V
La correction quadratique dans la densité a donc un signe opposé dans les cas bosonique et
fermionique. L’expression est en accord avec le comportement attendu (figure 8.2).
Second coefficient du viriel.– Une manière pratique d’analyser les gaz réels consiste à
présenter l’équation d’état sous la forme d’un développement en puissance de la densité :
∞
!
X
p = n kB T 1 + Bk (T ) nk−1 . (8.34)
k=2
Le coefficient Bk est appelé le kème coefficient du viriel, et encode l’effet des corrélations à k
particules. Si ce développement a été introduit au chapitre 7 pour traiter l’effet des corrélations
induites par l’interaction entre atomes (conduisant à une transition de phase), nous venons
d’obtenir l’expression du second coefficient du viriel du gaz parfait quantique :
(
−5/2 3 − bosons
B2 (T ) = ∓2 ΛT (8.35)
+ fermions
caractérisant l’effet des corrélations quantiques à 2 particules (dans un gaz réel, effets de l’in-
teraction et des corrélations quantiques se conjuguent). L’équation d’état du gaz parfait quan-
tique pourrait s’écrire sous la forme d’un développement en puissance du paramètre adimen-
sionné nΛ3T .
173
II Particules identiques sans interaction Ensemble grand canonique
Objectif des prochains chapitres : l’objet de la fin du chapitre et des deux chapitres
suivants sera d’analyser en détail les propriétés des gaz parfaits quantiques (fermions, puis
bosons). Cependant, la stratégie sera très différente de celle suivie dans ce paragraphe introductif,
qui a consisté à étudier, à partir des hautes températures, comment l’équation d’état du gaz
parfait classique p = nkB T était affectée par les corrélations quantiques. Dans les prochains
chapitres nous aborderons le problème à partir de la température nulle et nous procéderons à
des développements de basse température.
Autrement dit nous pouvons factoriser la grande fonction de partition en produit de grandes
fonctions de partition associées à chacun des états individuels :
Y X
Ξ= ξλ où ξλ = e−βnλ (ελ −µ) . (8.39)
λ nλ
La fonction de grand partition ξλ permet donc de caractériser les propriétés statistiques des
particules dans l’état individuel | λ i.
Ce résultat est très important : il montre que l’écriture en terme des facteurs d’occupation
et le formalisme grand canonique fournissent le bon langage pour passer très directement
des propriétés à une particule (le spectre des états individuels | λ i) aux propriétés à plusieurs
particules (la physique statistique d’un système macroscopique).
Cette factorisation des propriétés à un corps est d’autant plus remarquable que les particules
sont corrélées (effets du postulat de symétrisation).
174
Ensemble grand canonique II Particules identiques sans interaction
Statistique de Bose-Einstein
Nous appliquons les formules précédentes au cas des bosons. Dans ce cas l’occupation des états
individuels n’est pas limitée :
bosons : nλ ∈ N
Nous obtenons explicitement la grande fonction de partition d’un état individuel et l’occupation
moyenne de l’état :
1 1
ξλB = ⇒ nλ B = pour µ < ε0 (8.45)
1− e−β(ελ −µ) eβ(ελ −µ) −1
qui est appelée la distribution de Bose-Einstein. On doit P∞imposer une contrainte sur le po-
tentiel chimique afin que la série géométrique ξλ = nλ =0 e−nλ β(ελ −µ) soit convergente : µ
B
doit donc être inférieur à l’énergie fondamentale ε0 . Nous verrons dans deux chapitres que cette
contrainte joue un rôle extrêmement important : elle est responsable du phénomène de conden-
sation de Bose-Einstein, lorsqu’il existe une loi de conservation sur le nombre de particules.
175
II Particules identiques sans interaction Ensemble grand canonique
Statistique de Fermi-Dirac
Pour des fermions, le principe de Pauli interdit l’occupation d’un état individuel par plus d’une
particule, i.e.
fermions : nλ ∈ {0, 1}
La sommation, dans la grande fonction de partition, est encore plus élémentaire :
1
ξλF = 1 + e−β(ελ −µ) ⇒ nλ F = (8.46)
eβ(ελ −µ) +1
Résumé : Bosons/Fermions
Nous pouvons écrire sur le même plan les propriétés obtenues ci-dessus :
(
B/F ∓1 − pour des bosons
ξλ = 1 ∓ e−β(ελ −µ)
(8.47)
+ pour des fermions
L’idée maı̂tresse formulée dans l’encadré plus haut est particulièrement explicite si l’on
considère le grand potentiel. Ce dernier contient toutes les propriétés thermodynamiques du
système à N particules (non fixé), or, bien que les particules ne soient pas indépendantes mais
corrélées, J s’exprime comme une somme de propriétés du problème à une particule (propriétés
des états individuels).
3.0
2.5 MB
2.0
1.5
principe de Pauli
1.0
FD
0.5 Μ BE
0.0
-6 -4 -2 0 2
176
Ensemble grand canonique II Particules identiques sans interaction
le terme quadratique en ϕ est construit d’une part par les termes quadratiques ϕ2 e−2βελ de ξλ ,
et d’autre part par les produits ϕ e−βελ ϕ e−βεν de termes linéaires (chaque couple apparaı̂t une
fois dans le développement). Si nous comparons ce développement avec (8.9), nous retrouvons
X
Z(β, 1) = e−βελ (8.53)
λ
1
B
Z (β, 2) = Z(β, 1)2 + Z(2β, 1) .
(8.54)
2
- Exercice 8.2 : Facile : vérifier que le cas des fermions redonne le résultat obtenu en
introduction de la section.
Plus difficile : pousser le développement jusqu’aux termes ϕ3 afin de déduire Z(3, N ).
ce qui caractérise une distribution poissonienne, pour des particules indépendantes. Le résultat
(8.56) montre donc l’effet du postulat de symétrisation sur les fluctuations : pour des bosons se
regroupant plus favorablement dans un même état quantique, les fluctuations sont augmentées
BE BE BE
par rapport au cas classique, Var(nλ ) = nλ 1 + nλ . En revanche, pour des fermions, les
fluctuations sont réduites par le principe de Pauli par rapport au cas poissonien, Var(nλ )FD =
nλ FD 1 − nλ FD ; dans le cas extrême de température nulle, la distribution de Fermi-Dirac est
nλ FD = θH (µ − ε) et les fluctuations sont nulles : Var(nλ )FD = 0 à T = 0.
177
II Particules identiques sans interaction Ensemble grand canonique
les facteurs d’occupation sont très faibles nλ BE ' nλ FD ' e−β(ελ −µ) . Dans ce cas il n’y a pas de
différence entre les deux types de statistiques. Si la probabilité d’occupation d’un état individuel
est très faible, les bosons ne sentent pas qu’ils doivent s’encourager à s’empiler dans un
même état, et les fermions à s’interdire de s’y mettre à plusieurs (Pauli). Dans ce régime, le
système est insensible aux effets du postulat de symétrisation : c’est la limite classique (diluée),
dans laquelle l’approximation de Maxwell-Boltzmann est valable. On notera
Validité de M-B : nλ 1
Dans ce cas l’expression du grand potentiel est obtenue en écrivant ln(1 ∓ e−β(ελ −µ) ) '
∓e−β(ελ −µ): X
e−βελ
def
J MB = −kB T eβµ z où z= (8.60)
λ
est la fonction de partition à une particule. Cette formule illustre de façon extrême avec quelle
facilité le formalisme grand canonique permet de passer des propriétés à un corps, la fonction
de partition z, aux propriétés à plusieurs particules, le grand potentiel.
Nous pouvons également examiner la structure de la grande fonction de partition Ξ =
exp(−βJ) : h i
ΞMB = exp eβµ z = eϕ z . (8.61)
1 ∂ N MB 1 N
Z MB = N
Ξ = z (8.62)
N ! ∂ϕ ϕ=0 N!
Exemple d’application : retrouvons les propriétés du gaz parfait classique Pour illus-
trer l’efficacité du formalisme grand canonique, analysons (encore une fois !) le cas du gaz parfait
classique. Rappelons nous p que la fonction de partition pour une particule libre dans une boı̂te
3
est z = V /ΛT où ΛT = 2π~2 /mkB T est la longueur thermique. On obtient immédiatement
V
J MB = −kB T eβµ (8.63)
Λ3T
dont nous tirons les propriétés thermodynamiques du gaz. On déduit le nombre moyen de par-
ticules
G ∂ V
N = − J MB = eβµ 3 (8.64)
∂µ ΛT
puis la pression
∂J MB J MB 1
pG = − =− = kB T eβµ 3 . (8.65)
∂V V ΛT
G
En combinant ces deux équations nous retrouvons la loi des gaz parfaits pG = N kB T /V .
178
Ensemble grand canonique II Particules identiques sans interaction
(relation déjà introduite au chapitre 4), où nous avons refait apparaı̂tre l’échelle de température
def ~2 2/3
T∗ = n . (8.67)
kB m
La limite diluée correspond à
On a retrouvé que l’échelle de température T∗ dresse la frontière entre les régimes classique
(T & T∗ ) et quantique (T . T∗ ).
179
II Particules identiques sans interaction Ensemble grand canonique
180
Chapitre 9
Statistique de Fermi-Dirac
Plan du chapitre
I Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
I.A Contexte physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
I.B Les électrons d’un métal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
II Gaz parfait de fermions libres complètement dégénéré (T = 0) . . . 185
II.A Formules grand canoniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
II.B Interprétation canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
III Développements de basse température . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
III.A Rappel des formules grand canoniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
III.B Stratégie de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
III.C Développements de Sommerfeld . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
III.D Potentiel chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
III.E Énergie et chaleur spécifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
III.F Entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
III.G Équation d’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
I Introduction
I.A Contexte physique
Nous étudions dans ce chapitre les effets du postulat de symétrisation (i.e. du principe de Pauli)
sur la thermodynamique d’un ensemble de fermions libres. Une question est de comprendre
comment les corrélations quantiques liées à l’indiscernabilité modifient la théorie semi-classique
du gaz parfait étudiée au chapitre 5. L’étude du gaz de fermions dégénéré (i.e. dans un régime
dominé par le principe de Pauli) trouve des applications dans des domaines assez divers :
181
I Introduction Statistique de Fermi-Dirac
• Pour changer d’échelle : la stabilité de certains types d’étoiles (naines blanches et étoiles
à neutrons) est assurée par la pression résiduelle du gaz de fermions dégénéré.
1
nλ F = . (9.2)
eβ(ελ −µ) +1
2.0
T=0
nΛ F = f HΕ - Μ;TL
1.5
1.0
0<T`ΜkB Μ
0.5
0.0
0 1 2 3 4 5 6
ΕΛ
Justifions la pertinence de ce modèle, qui néglige deux aspects du problème physique : l’exis-
tence du potentiel cristallin et les interactions coulombiennes.
182
Statistique de Fermi-Dirac I Introduction
de la structure cristalline, i.e. Vions (~r + R) ~ = Vions (~r) pour tout vecteur R ~ = n ~a + m ~b +
~ 3
p ~c, où ~a, b et ~c sont les vecteurs de la maille élémentaire et (n, m, p) ∈ Z . Le problème est
extrêmement riche (manière polie de dire compliqué ) et pourrait donner matière à des
discussions avancées dans le cadre d’un cours de cristallographie [2, 17]. Fort heureusement, tous
les détails microscopiques seront gommés , dans le sens où ils n’affectent que marginalement
les propriétés thermodynamiques du gaz d’électrons, pour des raisons que nous allons maintenant
exposer et qui reposent sur la structure de la fonction de Fermi-Dirac (figure 9.1).
À ce stade il est inutile de connaı̂tre tous les détails des propriétés spectrales pour un potentiel
périodique, mais il nous suffit de retenir deux propriétés importantes, déduites de l’observation
suivante. Puisque le cristal est invariant sous les translations de réseau, i.e. les translations de
R~ = n ~a + m ~b + p ~c, ∀ (n, m, p) ∈ Z3 , l’hamiltonien et les opérateurs de translations T̂ (R) ~ sont
diagonalisables simultanément. Par conséquent (théorème de Bloch, cf. chapitre 6 de [34]) :
1. Les états stationnaires sont étendus (délocalisés) à l’échelle du cristal, comme les ondes
planes du problème libre. 1
La densité d’états est typiquement composée de bandes (théorie des bandes de Bloch), i.e.
est continue par morceaux. La détermination de la structure de bandes précise est un problème
compliqué ; pour donner une idée de la complexité du problème, on montre sur la figure 9.2 la
densité d’états associée à la bande de conduction du cuivre.
183
I Introduction Statistique de Fermi-Dirac
ε ε
électrons gelés µ électrons électrons gelés µ
excités
Cristal Problème libre
Figure 9.3 : Blocage de Pauli. Le principe de Pauli nous permet de simplifier l’information
spectrale injectée : seuls les électrons occupant des états d’énergies voisines de µ sont excités. La
majeure partie des électrons ne participe pas à l’excitation thermique.
La deuxième question que nous soulevons est celle du rôle des interactions électroniques. Les
électrons sont des particules chargées électriquement. Dans le vide ils interagissent via l’inter-
def qe2
action coulombienne, de portée infinie : VCoul (r) = e2 /r où e2 = 4π 0
. Il pourrait sembler a
priori que les interactions jouent un rôle dominant dans l’étude des électrons d’un métal, ce
qui anéantirait nos espoirs d’un traitement simple dans le cadre d’un modèle de particules non
interagissantes. Fort heureusement, l’électro-neutralité dans un métal (assurée par la présence
des ions) induit des phénomènes d’écrantage qui rendent l’interaction effective entre charges à
très courte portée. Si une charge Q est introduite dans un métal, des charges de signe opposé
vont immédiatement se mouvoir et se distribuer autour afin d’assurer la neutralité électrique (un
métal est précisément un milieu au sein duquel les charges se meuvent aisément). Par conséquent,
à grande distance la charge globale est nulle et le potentiel électrostatique créé par cette distribu-
tion de charge décroı̂t extrêmement rapidement, exponentiellement : Veff (r) = (e2 /r)e−r/`ecr où
la longueur d’écrantage `ecr est une échelle microscopique (dans l’argent, `ecr . 1 Å). Autrement
dit, l’interaction effective entre charges est à très courte portée, microscopique, ce qui explique
que les interactions sont effectivement faibles et peuvent légitimement être négligées.
− −
−
− − +Q −
− −−
− − −
−
Figure 9.4 : Écrantage. Lorsque qu’une charge +Q est introduite dans un métal, des électrons
se déplacent de manière à écranter la charge extérieure. Ils se répartissent typiquement sur une
distance `ecr (la taille de la sphère). À grande échelle de `ec , l’électroneutralité est restaurée.
En résumé : nous avons justifié qu’il est possible de négliger la présence du potentiel périodique
cristallin et les interactions électroniques. Autrement dit, nous modélisons les électrons d’un
métal comme un gaz parfait d’électrons libres dans une boı̂te (le volume du métal).
Rappelons que le spectre des énergies pour une particule libre, les ondes planes | ~k i ⊗ | ± ispin
184
Statistique de Fermi-Dirac II Gaz parfait de fermions libres complètement dégénéré (T = 0)
~2~k 2
d’énergie ε~k = 2m , est caractérisé par la densité d’états :
3/2
√
X 2spin 2m
ρ(ε) = 2spin δ(ε − ε~k ) = V A ε avec A = (9.3)
4π 2 ~2
~k
(pour les détails du calcul, on pourra se référer au § II.C page 49). La densité d’états encodera
toutes les propriétés microscopiques du problème nécessaires à notre étude.
Cette forme rend les calculs particulièrement simples. Le nombre moyen des fermions et l’énergie
moyenne sont donnés par
Z µ
G
X 2
N (0, µ, V ) = 2spin n~k F = dε ρ(ε) = V A µ3/2 (9.5)
0 3
~k
et Z µ
G
X
F 2 3 G
E (0, µ, V ) = 2spin n~k ε~k = dε ρ(ε) ε = V A µ5/2 = N (0, µ, V ) µ . (9.6)
0 5 5
~k
def ~2
µC (0, n) = εF , où εF = (3π 2 n)2/3 (9.7)
2m
est une échelle d’énergie caractéristique du problème à N et V fixés, appelée l’énergie de
Fermi ; elle est uniquement fonction de la densité moyenne n = N/V , et de constantes mi-
croscopiques. Du point de vue des propriétés thermodynamiques, εF est donc la limite de
température nulle du potentiel chimique canonique (ou de manière équivalente la valeur de µ
G
pour laquelle N (0, εF , V ) = N ). Il est utile pour la suite de définir une échelle de température
associée, la température de Fermi, qui jouera un rôle dans les développements ultérieurs :
def ~2
kB TF = εF = (3π 2 n)2/3 (9.8)
2m
Nous avons ainsi obtenu une échelle caractéristique à laquelle comparer la température pour
définir des régimes de basse et haute température. En effet, la température de Fermi coı̈ncide
185
II Gaz parfait de fermions libres complètement dégénéré (T = 0) Statistique de Fermi-Dirac
précisément, à un facteur numérique sans importance près, avec l’échelle de température intro-
duite au paragraphe VI.C séparant les régimes classique et quantique :
1
TF = (3π 2 )2/3 T∗ (frontière classique/quantique). (9.9)
2
Notons finalement que la saturation du potentiel chimique à température nulle reflète l’effet
du principe de Pauli : à T = 0 les fermions s’empilent dans les états quantiques jusqu’au niveau
d’énergie égal à εF . Le spectre libre est extrêmement dense, cependant s’il est rempli par un
nombre macroscopique de fermions, l’énergie εF est grande (typiquement quelques eV dans
les métaux, i.e. quelques 10000 K). Les anticorrélations quantiques (en énergie) imposées par le
postulat de symétrisation forcent les électrons à occuper des états individuels de grande énergie,
à température nulle.
De même, l’énergie peut être exprimée en fonction de N et V (on utilise l’équivalence des
G C
ensembles à la limite thermodynamique E (0, εF , V ) = E (0, N, V ) = E0 ) :
3
E0 = N εF (9.10)
5
Pression quantique à T = 0
Nous pouvons relier l’énergie au grand potentiel grâce à (9.20) (pour α = 3/2) : J(0, µ, V ) =
G
− 32 E (0, µ, V ). En utilisant de plus que J = −pG V , nous obtenons la pression pG (0, µ) =
2 G 2 G
3V E (0, µ, V ) = 5V N (0, µ, V ) µ, que nous pouvons reécrire comme une fonction de la densité
2 1 ~2
p0 = nεF = (3π 2 )2/3 n5/3 (9.11)
5 5 m
186
Statistique de Fermi-Dirac III Développements de basse température
Naines blanches.– La pression quantique du gaz dégénéré est très importante. En particulier
c’est la pression du gaz d’électrons qui fournit le mécanisme de stabilisation des étoiles de type
naines blanches pour s’opposer à l’effondrement gravitationnel.
Les ordres de grandeurs typiques sont : 2 une masse typique M ∼ 1030 kg∼ M = 2×1030 kg
et un rayon typique R ∼ 10 000km∼ R♁ = 6400km. On peut associer à l’énergie gravitationnelle
def
Egrav ∼ −GM 2 /R une pression pgrav = Egrav /R3 ∼ −GM 2 /R4 (négative pour caractériser
l’effondrement). L’application numérique donne pgrav ∼ −1022 Pa = −1017 atm.
La masse est essentiellement celle de la matière hadronique ; puisque l’étoile est neutre, le
nombre d’électrons est Ne ∼ Np ∼ M/mproton ∼ 1057 , ce qui donne une densité d’électrons
ne ∼ 1036 m−3 = 106 Å−3 . Nous obtenons εF ∼ 105 eV (< me c2 = 511 keV) et TF ∼ 109 K,
bien supérieure à la température de cœur, estimée à Tcœur ∼ 107 K (température de fusion de
l’hydrogène) ; le gaz d’électrons peut donc être considéré quasiment comme un gaz à température
nulle ! La pression quantique du gaz d’électrons est p0 ∼ 1022 Pa= 1017 atm, exactement du même
ordre que pgrav (puisqu’elle compense l’effondrement).
def 1
nλ F = f (ελ − µ; T ) où f (ε; T ) = (9.12)
eβε+1
est la fonction de Fermi, centrée sur l’énergie nulle. Nous pouvons écrire les diverses quantités
importantes :
Z ∞
G
N (T, µ, V ) = dε ρ(ε) f (ε − µ; T ) (9.13)
0
Z ∞
G
E (T, µ, V ) = dε ρ(ε) ε f (ε − µ; T ) (9.14)
0
Z ∞
1
J(T, µ, V ) = − dε ρ(ε) ln 1 + e−β(ε−µ) , (9.15)
β 0
etc.
G
Une relation utile entre J et E – Équation d’état
Discutons une relation qui sera très utile entre le grand potentiel et l’énergie moyenne. Comme
celle-ci est indépendante de la nature bosonique ou fermionique, et puisqu’on y fera appel dans
le prochain chapitre, nous considérons ici le cas général. Notre point de départ est l’expression
du grand potentiel Z
1
J B/F
=± dε ρ(ε) ln(1 ∓ e−β(ε−µ) ) , (9.16)
β
P
où le spectre des énergies du problème à une particule est supposé continu, i.e. ρ(ε) = λ δ(ε−ελ )
est une fonction continue. Effectuons une intégration par parties dans (9.16), nous obtenons
Z ∞
B/F ε
J =− dε Φ(ε) β(ε−µ) , (9.17)
0 e ∓1
2
Sur l’article wikipedia, on trouve que les naines blanches observées sont dans les bornes : 0.17 M < M <
1.33 M où M = 2 1030 kg et 0.008 R < R < 0.02 R où R = 700 000 km.
187
III Développements de basse température Statistique de Fermi-Dirac
Rε 0
où Φ(ε) = dε ρ(ε0 ) est la densité d’états intégrée (le nombre d’états individuels d’énergie
6 ε). Cette équation est intéressante : dans un fluide simple (si J n’est fonction que de T, V, µ),
elle correspond à l’équation d’état :
Z ∞
G Φ(ε) ε
p (T, µ) = dε β(ε−µ)
(9.18)
0 V e ∓1
(rappelons que ρ et Φ sont proportionnelles au volume V dans un problème invariant par trans-
lation).
Nous pouvons maintenant établir la relation entre le grand potentiel et l’énergie moyenne,
à condition de faire une hypothèse supplémentaire sur la densité d’états : nous supposons que
celle-ci est une loi de puissance
ρ(ε) ∝ εα−1 . (9.19)
En écrivant Φ(ε) = α1 ε ρ(ε), l’équation (9.17) prend la forme d’une relation entre J et l’énergie :
1 G
J B/F = − E pour ρ(ε) ∝ εα−1 (9.20)
α
Bien souvent (mais pas toujours) on s’intéresse à des quantités physiques exprimées en fonction
de N plutôt que µ (situation canonique). Par exemple si l’on considère le cas important de la
chaleur spécifique, définie par
C G
def ∂E ∂E (T, N, V ) ∂E (T, µ, V ) ∂E
CV = = 6= = (9.21)
∂T V,N ∂T ∂T ∂T V,µ
Méthode
188
Statistique de Fermi-Dirac III Développements de basse température
où ϕ(ε) est une fonction régulière de l’énergie. Les développements de basse température sont
effectués à l’aide de la formule 3
Z ∞ Z µ
π2 7π 4 000
dε ϕ(ε) f (ε − µ; T ) = dε ϕ(ε) + ϕ0 (µ) (kB T )2 + ϕ (µ) (kB T )4 + O(T 6 ) (9.24)
6 360
Démonstration : On considère
Z ∞
def
δΦ(T, µ) = Φ(T, µ) − Φ(0, µ) = dε ϕ(ε) δf (ε − µ; T ) (9.25)
0
def
où δf (ε; T ) = f (ε; T ) − θH (−ε) est une fonction concentrée autour de ε = 0 et décroissant
exponentiellement vite sur une échelle kB T . On utilise le découplage entre échelles, i.e. que
δf (ε; T ) décroı̂t rapidement (sur l’échelle kB T ) alors que ϕ(ε) varie lentement , ce qui
permet de remplacer cette dernière par son développement de Taylor au voisinage de ε = µ :
Z ∞
ε2 00
0
δΦ(T, µ) = dε ϕ(µ) + ε ϕ (µ) + ϕ (µ) + · · · δf (ε; T ) . (9.26)
−µ 2!
En remplaçant la borne inférieure par −∞ (i.e. en négligeant des corrections d’ordre e−βµ ) et
en utilisant la symétrie δf (−ε; T ) = −δf (ε; T ), on fait apparaı̂tre les intégrales
Z ∞
def xn
In = dx x (9.27)
0 e +1
qui sont tabulées (cf. le formulaire de l’annexe A) : par exemple I1 = π 2 /12, I3 = 7π 4 /120, etc.
Qed.
À µ fixé, le nombre moyen de fermions est une fonction croissante de la température, ce qui est
lié au fait que ρ(ε) est une fonction croissante. Autrement dit, les états vidés sous µ sont moins
nombreux que ceux occupés au dessus de µ.
Nous souhaitons interpréter ce résultat à la limite thermodynamique comme une relation
entre N/V , T et µ. Nous déduisons que le potentiel chimique décroı̂t lorsque T croı̂t, à N fixé.
Explicitement, nous pouvons caractériser cet effet en inversantla relation entre N/V et µ. Pour
cela nous proposons la forme du développement µC (T, n) = εF 1 + a(T /TF )2 + O(T 4 ) , où a est
un nombre sans dimension, que nous obtenons en injectant ce développement dans l’expression
G
de N (T, µ, V ) :
" 2 #3/2 " 2 #
N 2 T π 2 T
G 3/2
N = N (T, µC (T, ), V ) = V A εF 1 + a + ··· 1+ + · · · (9.29)
V 3
| {z } TF 8 TF
=N
| {z }
2
2
1+( 23 a+ π8 ) T
TF
+···=1
3
Cette formule correspond au développement de la fonction de Fermi-Dirac, en puissance de sa largeur kB T .
Un tel développement s’exprime à l’aide de distributions :
1 π2 7π 4
= θH (ε − µ) − (kB T )2 δ 0 (ε − µ) − (kB T )4 δ 000 (ε − µ) + O(T 6 ) . (9.23)
eβ(ε−µ)+1 6 360
La relation entre les deux formules est assurée par dx δ (n) (x) f (x) = (−1)n f (n) (0).
R
189
III Développements de basse température Statistique de Fermi-Dirac
" 2 #
π2
T
µC (T, n) = εF 1− + O(T 4 ) pour T TF . (9.30)
12 TF
3
µC (T, n) ' kB T ln(Λ3T n/2spin ) = kB T ln (c TF /T ) pour T TF , (9.31)
2
" 2 #
2
G 2 5π kB T
E (T, µ, V ) = V A µ5/2 1 + + O(T 4 ) (9.32)
5 8 µ
Nous injectons (9.30) dans cette expression afin d’obtenir le développement de l’énergie cano-
C G
nique E (T, N, V ) = E (T, µC (T, N/V ), V ) :
" #
5π 2 T 2
C 3
E (T, N, V ) = N εF 1 + + O(T 4 ) pour T TF . (9.33)
5 12 TF
C
Cette expression peut être comparée avec le résultat (classique) de haute température E '
3
2 N kB T pour T TF . On peut maintenant simplement dériver l’énergie moyenne canonique
190
Statistique de Fermi-Dirac III Développements de basse température
π2 T
CV = N kB + O(T 3 ) (9.36)
2 TF
Par rapport à la chaleur spécifique d’un gaz parfait classique, CVclass ∼ N kB , la chaleur spécifique
du gaz dégénéré de fermions est réduite d’un facteur TTF , qui peut être très petit en pratique (par
300
exemple, ∼ 60000 = 1/200 dans l’argent à température ambiante). Ce comportement linéaire est
très caractéristique des métaux et trouve son origine dans le blocage de Pauli : à cause du
principe de Pauli, seuls les fermions d’énergies voisines de εF , à kB T près, peuvent être excités,
i.e. une très petite fraction des particules. Ces fermions gagnent individuellement typiquement
kB T par rapport à la situation de température nulle. Le nombre de fermions excités étant
typiquement Nexcites ∼ ρ(εF )kB T , l’énergie du gaz dépend de la température comme E(T ) −
E(0) ∼ Nexcites kB T ∼ ρ(εF )(kB T )2 . En se rappelant que N ∼ ρ(εF ) εF nous retrouvons bien
CV ∼ N kB TTF .
Ce résultat est important : il établit une connection directe entre blocage de Pauli et compor-
tement linéaire de la chaleur spécifique. Nous pouvons garder en mémoire que le comportement
CV ∝ T est caractéristique de l’énergie électronique d’un métal : un gaz de fermions libres ca-
ractérisé par un spectre d’excitation sans gap, i.e. une densité d’états finie au niveau de Fermi.
III.F Entropie
On peut très facilement obtenir l’entropie canonique en utilisant la formule vue dans la chapitre
C
4 : CV = T ∂S
∂T . Puisque CV ∝ T on a donc CV ' S (seuls les termes linéaires en T des deux
C
4 G
∂E
Pour bien apprécier le calcul précédent, on peut comparer la chaleur spécifique à ∂T
. Nous dérivons (9.32)
par rapport à la température
G
∂E 2 5π 2 kB2
T
= V A µ5/2 +O(T 3 ) . (9.34)
∂T |5 {z } 4 µ2
| {z }
3 N ε +O(T 2 )
5 F k2 T
B +O(T 3 )
ε2
F
191
III Développements de basse température Statistique de Fermi-Dirac
quantités coı̈ncident) :
π2 T
S C (T, N, V ) = N kB + O(T 3 ) (9.37)
2 TF
ce qui respecte le théorème de Nernst, S(T → 0) = 0, (contrairement à la formule de Sackur-
Tétrode pour l’entropie du gaz classique).
Pour T TF , la pression sature à une valeur finie p → p0 (alors qu’elle s’annule avec T pour le
gaz parfait classique).
Puisque TF ∝ n2/3 , le développement (9.38) est aussi un développement valable dans la
limite de haute densité p = (· · · )n5/3 1 + (· · · )T 2 n−4/3 + · · · , ce qui montre que l’isotherme
présente une divergence à haute densité, p ∝ n5/3 , plus forte que dans le cas classique p ∝ n,
nouvelle manifestation du principe de Pauli.
p p n 5/3
uli
Pa
ue
siq
as
Cl
ue
n 5/3
siq
T’<T
as
T
Pauli
Cl
p0
T n=N/V
−3 −3
TF Λ T’ Λ T
Figure 9.7 : Pression d’un gaz de fermions.– À gauche en fonction de la température (à
n fixée). À droite : deux isothermes.
192
Statistique de Fermi-Dirac III Développements de basse température
193
III Développements de basse température Statistique de Fermi-Dirac
194
Chapitre 10
Statistique de Bose-Einstein
Plan du chapitre
I Phonons et photons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
I.A Rappel : description canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
I.B Description grand canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
I.C Remarque sur le cas où µ = 0 : Gap ou masse ? . . . . . . . . . . . . . . 196
II Gaz parfait de bosons libres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
II.A Gaz de bosons libres – Information microscopique . . . . . . . . . . . . 197
II.B Analyse du potentiel chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
II.C Énergie et chaleur spécifique pour T < TBE . . . . . . . . . . . . . . . . 202
II.D Équation d’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
II.E Entropie et chaleur latente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
III Réalisations expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
III.A Diverses réalisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
III.B Condensation dans un piège harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
I Phonons et photons
I.A Rappel : description canonique
Il est intéressant de reprendre à ce niveau la discussion du chapitre 6 sous un nouvel éclairage.
Nous y avions analysé l’énergie d’oscillateurs harmoniques dans le cadre canonique. La quan-
tification de ces oscillateurs harmoniques nous a conduit à interpréter les excitations de ces
oscillateurs en termes de particules émergentes (les phonons et les photons).
Par exemple, dans le cas de l’énergie de vibration des corps solides, le calcul canonique avait
montré que l’énergie moyenne et l’énergie libre sont données par
195
I Phonons et photons Statistique de Bose-Einstein
Nous avions interprété ces expressions en introduisant le nombre moyen d’excitations dans le
mode de fréquence ω :
1
nBω = ~ω/kB T . (10.3)
e −1
La comparaison entre la distribution de Bose-Einstein (8.45)
P et cette expression, et le fait que
F (T, V ) soit indépendant du nombre de quanta N = ω nω , démontrent que le potentiel
chimique de ces quanta (interprétés comme des particules ) est nul : µphonon = 0 (de même
µphoton = 0).
Remarque : l’identité entre descriptions canonique et grand canonique est évidente pour
µ = 0 puisqu’elle implique l’égalité entre potentiels thermodynamiques : J = F .
196
Statistique de Bose-Einstein II Gaz parfait de bosons libres
La différence est de taille car dans le second cas il est possible d’observer le phénomène de
condensation de Bose-Einstein, 1 mais pas pour des particules de gap nul ∆ = 0 dont le nombre
n’est pas fixé. 2
Conclusion :
particule de gap nul ∆ = 0 ⇒ µ=0
197
II Gaz parfait de bosons libres Statistique de Bose-Einstein
La fonctionP est bijective. Elle envoie l’intervalle [0, 1] sur l’intervalle [0, Jα (1)], avec Jα (1) = ζ(α)
où ζ(α) = ∞ n=1 n
−α est la fonction zeta de Riemann. Pour α > 1, la borne supérieure J (1)
α
est finie, ce qui va jouer un rôle crucial pour l’apparition du phénomène de condensation de
Bose-Einstein (du point de vue mathématique).
Quelques manipulations (un changement de variable x = βε) montrent que nous pouvons
reécrire la relation (10.7) comme
p
où n = N/V est la densité moyenne et ϕ = eβµ < 1 la fugacité. ΛT = 2π~2 /(mkB T ) est la
longueur thermique introduite dans un chapitre antérieur.
La fonction J3/2 (ϕ) présente donc un comportement linéaire à petite fugacité. Lorsque la
fugacité tend vers sa limite supérieure, J3/2 (ϕ) tend vers la valeur limite ζ(3/2) = 2.612...
ϕ pour ϕ 1
J3/2 (ϕ) ' (10.11)
ζ(3/2) − c √1 − ϕ pour ϕ → 1−
3.0
2.5
2.0
J32HjL
1.5
1.0
0.5
0.0
198
Statistique de Bose-Einstein II Gaz parfait de bosons libres
2π ~2 2/3
kB TBE = n (10.12)
[(2s + 1)ζ(3/2)]2/3 m
Nous retrouvons encore une fois l’échelle de température caractéristique introduite au para-
graphe VI.C :
2π
TBE = T∗ (frontière classique/quantique). (10.13)
[(2s + 1)ζ(3/2)]2/3
(du même coup, on remarquera l’analogie avec la température TF du chapitre précédent). En
deçà de la température TBE , l’équation (10.10) ne permet plus de déterminer µ.
Condensation
Le problème posé par l’équation (10.10) aux basses température remonte à l’équation (10.7) dont
l’obtention a supposé le passage d’une somme, N = ~k n~k B (pour simplifier nous considérons
P
dorénavant des bosons de spin nul), à une intégrale. Ce passage est autorisé si la fonction sommée
(le facteur de Bose-Einstein) varie peu à l’échelle du pas de la somme. Or lorsque µ → 0, le
nombre de bosons dans l’état fondamental, que nous noterons dorénavant
def
N0 (T ) = n~0 B (10.14)
est beaucoup plus important que les nombres de bosons dans les états excités : en effet si µ → 0−
on a
1 kB T
N0 (T ) = −βµ ' − →∞ (10.15)
e − 1 µ→0− µ
(si N est fixé, N0 ne diverge pas mais est limité par N ). Le passage de la somme à l’intégrale
n’est alors plus justifié (figure 10.3), sauf si nous singularisons le premier terme de la somme (le
seul qui diverge , i.e. devient macroscopique) :
X
N = N0 (T ) + n~k B . (10.16)
~k (6=~0)
Le premier terme de la somme devient macroscopique (d’ordre N ) pour T < TBE , alors que
les occupations des états excités restent microscopiques ( N ). On peut encore remplacer la
somme par une intégrale pour calculer le nombre de bosons dans les états excités, en considérant
simplement que
µ=0 pour T 6 TBE (10.17)
(rigoureusement : µ ' −kB T /N0 où N0 est macroscopique). Finalement
Z ∞ √
ρ(ε) π
N = N0 (T ) + dε βε = N0 (T ) + V A ζ(3/2)(kB T )3/2 . (10.18)
0 e −1 | 2 {z }
| {z }
bosons excités N ×(T /TBE )3/2
Nous obtenons finalement le nombre de bosons condensés dans l’état individuel fondamental :
" #
T 3/2
N0 (T ) = N 1 − pour T 6 TBE (10.19)
TBE
199
II Gaz parfait de bosons libres Statistique de Bose-Einstein
contribution
du fondamental
B
nλ T > TBE T <TBE
ελ ελ
Figure 10.3 : Passage de la somme à l’intégrale. Le nombre de bosons est donné par la
somme des aires des rectangles (les facteurs d’occupation). Pour T > TBE , la somme est bien
approximée par l’intégrale sous la courbe. Au dessous de la température TBE , l’occupation de
l’état fondamental est beaucoup plus grande que les occupations des états excités et la somme
des occupations n’est pas correctement approximée par l’intégrale.
1.2
1.0
0.8
N0HTLN
0.6
0.4
0.2
0.0
TTBE
L’existence d’une transition (de phase) entre une situation où toutes les occupations sont micro-
scopiques et une situation où un facteur d’occupation devient macroscopique a reposé sur le fait
que la fonction J3/2 (ϕ) atteint une valeur finie lorsque ϕ = 1 (i.e. µ = 0). Plus physiquement, il
200
Statistique de Bose-Einstein II Gaz parfait de bosons libres
-1 Max.-Boltz.
ΜHT,nL
-2
-3
-4
-5
0 1 2 3 4
TTBE
Figure 10.5 : Potentiel chimique d’un gaz parfait de bosons libres. Potentiel chimique
en fonction de la température, obtenu par résolution de l’équation (10.10).
G
faut qu’il existe une température finie (T = TBE ) telle que N = N (T, V, µ = 0). Autrement dit
Z ∞
ρ(ε)
∃ T telle que N = dε βε (10.21)
0 e −1
Ceci est possible si l’intégrale converge, i.e. si
Z
ρ(ε)
dε <∞ ⇒ il y a condensation de BE (10.22)
0 ε
Il faut bien entendu qu’il existe également une loi de conservation sur le nombre de par-
ticules, comme pour des atomes (mais pas pour des photons ou des phonons).
Exemples :
• Bosons en 1D dans un puits harmonique : cf. exercice 4.7 ; ρ(ε) ∝ ε0 . Pas de condensa-
tion. On avait montré dans l’exercice que µ(T ) est une fonction régulière de T (pas de
discontinuité de ses dérivées).
201
II Gaz parfait de bosons libres Statistique de Bose-Einstein
N 2/3 ~2 /(kB mL2 ), soit une échelle bien supérieure au cas des particules discernables. Ce facteur
N 2/3 a donc pour origine la nature bosonique des particules et traduit leur tendance à vouloir
se regrouper dans l’état fondamental (des corrélations en énergie) 4 à des températures bien
plus grandes (d’un facteur N 2/3 ) que la température associée au gap entre le fondamental et le
premier état excité ~2 /(kB mL2 ).
Figure 10.6 : Énergie moyenne et chaleur spécifique d’un gaz parfait de bosons.
Énergie
Sous la température de Bose-Einstein l’énergie s’exprime simplement comme :
Z ∞
ρ(ε) ε
E = N0 × 0 + dε βε = V A Γ(5/2)ζ(5/2)(kB T )5/2 (10.24)
0 e − 1
L’énergie s’annule plus vite à basse température que celle du gaz parfait classique (approximation
de Maxwell-Boltzmann). Ceci illustre que la nature bosonique des particules favorise leur
regroupement dans l’état fondamental. Le postulat de symétrisation (la symétrisation de
la fonction à N bosons sous les permutations) induit des corrélations en énergie qui favorisent
le regroupement des particules dans le même état quantique. Remarquons que lorsque T = TBE ,
l’énergie E(TBE ) ' 0.77N kB TBE est plus basse que celle du gaz classique, 32 N kB TBE .
4
Les postulat de symétrisation induit également des corrélations spatiales favorisant leur regroupement, cf.
chapitre 11 de [34], § 11.2.5).
202
Statistique de Bose-Einstein II Gaz parfait de bosons libres
Chaleur spécifique
La chaleur spécifique est obtenue par simple dérivation du résultat précédent (l’équation (10.25)
est l’expression de l’énergie en fonction de T , N et V , i.e. l’énergie canonique ; rappelons nous
que TBE est fonction de n = N/V ) :
3/2
15ζ(5/2) T
CV (T ) = N kB pour T 6 TBE (10.26)
4ζ(3/2) TBE
| {z }
'1.925
Pour T = TBE , la chaleur spécifique CV ' 1.925N kB excède la chaleur spécifique du gaz clas-
sique, CV = 23 N kB (cf. figure). La suppression de la chaleur spécifique à T → 0 traduit également
l’existence de corrélations en énergie entre bosons. Puisque le regroupement des bosons dans
l’état individuel fondamental est encouragé par le postulat de symétrisation, la réponse de
l’énergie du gaz à une élévation de température est plus lente, i.e. la chaleur spécifique plus basse
(comparativement au cas classique).
Remarque : Nous n’avons pas prouvé que la chaleur spécifique est continue en TBE , puisque
nous n’avons pas donné d’outil permettant l’analyse du régime juste au dessus de TBE (cf.
ouvrage [29]). Dans le cas de bosons piégés dans une boı̂te, la chaleur spécifique est bien continue,
cependant cela n’est pas une propriété générale. Par exemple, pour un gaz parfait de bosons
piégés dans un puits harmonique 3D (TD9), la chaleur spécifique présente une discontinuité
à TBE .
m 3/2
p = ζ(5/2) (kB T )5/2 pour T 6 TBE (10.27)
| {z } 2π~2
'1.341
(N/V )5/3 .
203
III Réalisations expérimentales Statistique de Bose-Einstein
s
fermion
ons
ue
bos
n 5/3
siq
as
Pauli
Cl
5/2
T
p0
T
TBE ~ TF ~ T*
Figure 10.7 : Pression d’un gaz parfait de bosons.- À gauche : pression en fonction de
la température (pour mémoire, on a reporté la pression du gaz de fermions). À droite : deux
isothermes (remarque : l’existence d’une zone où la compressibilité isotherme κT est infinie est
un artefact du modèle idéal sans interaction).
L’entropie du gaz s’annule bien à température nulle, limT →0 S(T ) = 0, traduisant l’accumulation
de tous les bosons dans un unique état individuel. Le théorème de Nernst est bien respecté.
Au delà de la température TBE , l’entropie doit rejoindre la formule de Sackur-Tetrode S '
3
2 N kB ln T + cste aux hautes températures T TBE .
Cette expression de l’entropie permet de déduire la chaleur latente de condensation, reliée
à la variation d’entropie
entre la phase gazeuse à T = TBE et la phase condensée Lcondens =
T Sgaz − Scondens , d’où
5ζ(5/2)
Lcondens = N kB T . (10.29)
2ζ(3/2)
Elle correspond au coût énergétique nécessaire pour passer de la phase condensée à la phase
gazeuse, sur l’isotherme. La transition de phase est donc du premier ordre.
204
Statistique de Bose-Einstein III Réalisations expérimentales
• Dans les gaz ultra-froids : première observation en 1995 (au MIT, Maschusetts, et à Boul-
der, Colorado). TBE ∼ 0.2 µK.
• Beaucoup d’autres réalisations en matière condensée. Un cas exotique très étudié ces toutes
dernières années : la condensation de gaz de polaritons. 6 Grâce à leur faible masse, on
peut observer le phénomène de condensation à T ∼ 100 K.
qui fait apparaı̂tre l’exposant α = 3. La distribution spatiale de la fraction condensée est donnée
par la fonction d’onde du fondamental
mω 3/2 mω 2
ρ(~r) = N0 (T ) |φ0 (~r)|2 + ρexcites (~r; T ) où φ0 (~r) = e− 2~ ~r . (10.32)
π~
Expériences
Dans les expériences, le gaz est piégé dans une mélasse optique (dans un piège magnéto-
optique) : l’interaction entre les atomes et les lasers génère une force de friction effective qui
ralentit les atomes (i.e. refroidit le gaz). La température est encore abaissée par refroidissement
évaporatif.
Le piège est alors retiré, le gaz diffuse quelques millisecondes dans l’espace puis on prend
une photo qui permet de remonter au profil de densité.
Dans l’expérience on observe un profil gaussien typique d’une distribution thermique à haute
température
mω 2
− 2k r2
~
ρ(~r) = C e BT
(10.33)
Lorsque la température est abaissée on voit pousser un pic non gaussien, qu’on interprète
comme l’apparition du condensat.
6
Le polariton est une quasi-particule constitué du mélange d’un photon piégé dans une cavité et d’un exciton
(une paire électron-trou dans un semi-conducteur).
205
III Réalisations expérimentales Statistique de Bose-Einstein
1140 Wolfgang Ketterle: When atoms behave as waves
FIG. 7. Observation of Bose-Einstein condensation by absorption imaging. Shown is absorption vs two spatial dimensions. The
Bose-Einstein condensate is characterized by its slow expansion observed after 6 ms time of flight. The left picture shows an
expanding cloud cooled to just above the transition point; middle: just after the condensate appeared; right: after further evapo-
rative cooling has left an almost pure condensate. The total number of atoms at the phase transition is about 7!105 , the
temperature at the transition point is 2 !K [Color].
206
o
the noncondensate atoms methodsimagingfor system. Our trapped
ultracold measurements
gases are thus only margin-
[1–3,5–8]. For
ficantly broader than the an allyidealdifferent
gas farfrom
fromthequantum degeneracy
theory for the velocity
noninteracting bosons in
mperatures below TyToStatistique
≠ distribution de
is Bose-Einstein
the thermodynamic limit. whose
a Gaussian Finite width
number is corrections
proportional [22] III Réalisations expérimentales
nts become suspect, as it to willT 1y2shift
. As thethe
transition
cloud temperature Tc sNd down
is cooled closer to theabout
BEC3%
separate the condensate phase transition, higher densities and lower temperatures
ents without recourse to cause a rapid increase in the significance of quantum
rary to the spirit of this statistics and of residual atom-atom interactions. Rather
than attempt to model these effects, we assume that the
om previously reported high-energy tail of the velocity distribution (i) remains in
gases [1–3,5–8]. For thermal equilibrium with the rest of the cloud and (ii) can
degeneracy the velocity be characterized by a purely ideal Maxwell-Boltzmann
se width is proportional (MB) distribution. The latter is plausible because these
oled closer to the BEC highest-energy atoms spend most of their trajectories in
FIG. 1. Total number N (inset) and ground-state fraction
s and lower temperatures the low-density, and therefore weakly interacting, outer No yN as a function of scaled temperature T yTo . The scale
significance of quantum part of the trapped cloud. Furthermore the occupation temperature To sNd is the predicted critical temperature, in
tom interactions. Rather numbers of the corresponding energy states are much less the thermodynamic (infinite N) limit, for an ideal gas in a
ects, we assume that the than one. Finally, during the free expansion the high- harmonic potential. The solid (dotted) line shows the infinite
distribution (i) remains in energy atoms undergo on average much less than one (finite) N theory curves. At the transition, the cloud consists
of 40 000 atoms at 280 nK. The dashed line is a least-
of the cloud and (ii) can collision. Guided by these assumptions, we determine the squares fit to the form No yN ≠ 1 2 sTyTc d3 which gives
deal Maxwell-Boltzmann temperature by fitting a 2D Gaussian to only the wings Tc ≠ 0.94s5dTo . Each point represents the average of three
plausible because these of our velocity-distribution images, excluding the central separate images.
st of their trajectories in
FIG. 1. Total number N (inset) and ground-state fraction
weakly interacting, outer No yN10.9as a function temperature T yT
of scaledcondensée
thermore the occupation Figure : Fraction eno . fonction
temperature To sNd is the predicted critical temperature, in
The scale de la température. Figure tirée de 4985 l’article :
ergy states are much less the thermodynamic (infinite N)
J. R. Ensher, D. S. Jin, M. R. Matthews, C. E. Wieman and E. A. Cornell, Bose-Einstein
limit, for an ideal gas in a
free expansion the high- harmonic potential. The solid (dotted) line shows the infinite
age much less than one
condensation in acurves.
(finite) N theory diluteAtgas : measurement
the transition, of energy and ground state occupation , Phys. Rev.
the cloud consists
of 40 000 atoms at 280 nK. The dashed line is a least-
mptions, we determine Lett.
the 77, 4984 (1996).
squares fit to the form No yN ≠ 1 2 sTyTc d which gives
3
ussian to only the wings Tc ≠ 0.94s5dTo . Each point represents the average of three
es, excluding the central separate images.
4985
207
III Réalisations expérimentales Statistique de Bose-Einstein
208
Chapitre 12
En guise de conclusion, prenons un peu de recul afin de percevoir la cohérence globale du cours
de physique statistique. L’objet de ce petit résumé est de donner une vue synthétique des aspects
techniques : quel est le minimum de choses vraiment essentielles à retenir ? Que doit-on calculer ?
Quelle est la logique ?
211
II La boı̂te à outils de la physique statistique La physique statistique : mode d’emploi
un certain macroétat, caractérisé par l’ensemble des probabilités d’occupation des mi-
croétats {P` }. La construction explicite de cette distribution de probabilité est effectuée
dans différentes situations correspondant à divers choix des quantités thermodynamiques
fixées : (E, V, N, · · · ) ou (T, V, N, · · · ) ou... Ces différentes situations (i.e. distributions)
sont désignées comme les ensembles de la physique statistique .
Le choix du jeu de quantités fixées est guidé soit par la situation physique, soit par des
motivations techniques (facilité des calculs).
: on choisira l’ensemble qui rend les calculs les plus simples puis on utilisera l’équivalence
entre les ensembles pour revenir à la situation d’intérêt.
• Ensemble grand canonique : contact avec un réservoir, i.e. (T, µ, · · · ) fixés (cha-
pitre 8). Si la température et le potentiel chimique sont fixés, les probabilités d’occupation
des microétats sont
P`G ∝ e−β(E` −µN` ) (12.6)
212
La physique statistique : mode d’emploi II La boı̂te à outils de la physique statistique
Q
( : λ car les fonctions de partition sont des grandeurs multiplicatives) où la
fonction de grand partition de l’état individuel est
X
ξλ = e−nλ β(λ −µ) (12.10)
nλ
d’où
1 X B/F 1X
J B/F = − ln ξλ = ± ln(1 ∓ e−β(λ −µ) ) (12.12)
β β
λ λ
qui illustre bien le passage propriétés des états individuels −→ propriétés thermodyna-
miques .
Je souhaite insister sur un point : finalement les seules formules à retenir sont les trois
expressions encadrées. Tout le reste s’en déduit avec un peu de réflexion.
Je dois assortir cette remarque d’une mise en garde : attention à ne pas juste retenir des
formules , mais à intégrer les idées. La physique doit d’abord être pensée, le formalisme ne
fournissant que le cadre et les outils pour la mise en pratique des idées.
213
II La boı̂te à outils de la physique statistique La physique statistique : mode d’emploi
dE = T dS − p dV + µ dN + · · · (12.13)
Exemple : F est une fonction de (T, V, N, · · · ), ce qui nous conduit à écrire F = E−T S
⇒ dF = −S dT − p dV + µ dN + · · ·
• La relation entre physique statistique et thermodynamique nous suggère les définitions des
quantités thermodynamiques : par exemple l’entropie S C = − ∂F
∂T , la pression p = − ∂V ,
C ∂F
etc.
214
Ensemble paramètres Distribution Fonction Potentiel Relation
extérieurs fixés génératrice thermodynamique thermodynamique
microcanonique E, V, N, ... S ∗ (E, V, N, · · · ) = kB ln Ω dE = T dS − pdV + µdN + · · ·
système isolé P`∗ = Ω1 (*) Ω(E, V, N, · · · ) : # de entropie ou dS = T1 dE + Tp dV − Tµ dN + · · ·
def ∗ p∗ def ∂S ∗
(postulat fond.) microétats accessibles d’où T1∗ = ∂S∂E , T ∗ = ∂V , etc
canonique T, V, N, ... P F (T, V, N, · · · ) = −kB T ln Z Legendre : F = E − T S
1 −βE`
système P`C = Ze Z = ` e−βE` énergie libre dF = −SdT − pdV + µdN + · · ·
def C def ∂F
thermostaté fct de partition (fonction de Helmholtz) d’où S C = − ∂F
∂T , p = − ∂V , etc
grand canonique T, V, µ, ... Legendre : J = F − µN
1 −β(E` −µN` ) P
contact avec P`G = Ξe Ξ = ` e−β(E` −µN` ) J(T, V, µ, · · · ) = −kB T ln Ξ dJ = −SdT − pdV − N dµ + · · ·
def ∂J def ∂J
un réservoir fct de grand partition grand potentiel d’où S G = − ∂T , pG = − ∂V , etc
de particules
isobare- T, p, N, ... G(T, p, N, · · · ) = −kB T ln Y Legendre : G = F + pV
1 −β(E` +pV` ) P
isotherme contact avec =
P`ii Ye Y = ` e−β(E` +pV` ) enthalpie libre dG = −SdT + V dp + µdN + · · ·
def ii def ∂G
un réservoir (**) (fonction de Gibbs) d’où S ii = − ∂G
∂T , V = ∂p , etc
de volume
Etc...
(*) pour E 6 E` 6 E + δE
(**) On traite le volume comme une variable prenant des valeurs discrètes pour simplifier les notations.
II La boı̂te à outils de la physique statistique La physique statistique : mode d’emploi
216
Annexe A
Formulaire
La relation fonctionnelle
Γ(z + 1) = z Γ(z) (A.2)
permet d’étendre la définition de la fonction dans la seconde moitié du demi-plan complexe de z.
Deux valeurs particuières :
√
Γ(1) = 1 et Γ(1/2) = π (A.3)
√
π
d’où Γ(n + 1) = n! et Γ(n + 12 ) = 2n (2n − 1)!!.
(on peut étendre le domaine de définition de ζ(α) dans le plan complexe de la variable α en
utilisant des relations fonctionnelles). Par développement de la fraction en série géométrique, on
montre que
X ∞
ζ(α) = n−α pour Re α > 1 . (A.6)
n=1
Quelques valeurs particulières utiles : ζ(1) = ∞, ζ(3/2) ' 2.612, ζ(2) = π 2 /6, ζ(5/2) ' 1.341,
ζ(3) ' 1.202, ζ(4) = π 4 /90, etc.
D’autres représentations intégrales utiles sont
Z ∞
1−α tα−1
(1 − 2 )Γ(α)ζ(α) = dt t valable pour Re α > 1 (A.7)
0 e +1
217
Formulaire
Intégrales gaussiennes
Z +∞ √
2
dx e−x = π (A.8)
−∞
Plus généralement
Z +∞ n+1
n − 12 ax2 1 2 2 n+1
dx x e = Γ (A.9)
0 2 a 2
Méthode du col
Soit l’intégrale
Z b
I(λ) = dx e−λϕ(x) (A.10)
a
où la fonction ϕ(x) possède un unique minimum (absolu) en x∗ ∈]a, b[, loin des bords ;
on suppose de plus que ϕ00 (x∗ ) 6= 0. Dans la limite λ → ∞ l’intégrale est dominée par les
contributions du voisinage du minimum :
s
2π
I(λ) ' e−λϕ(x∗ ) (A.11)
λ→∞ λϕ00 (x∗ )
(les restrictions sont faciles à lever ; on pourra facilement obtenir des généralisations de la formule
précédente lorsque les hypothèses ne sont pas satisfaites).
1
ln Γ(z + 1) = z ln z − z + ln(2πz) + O(1/z) (A.13)
z→∞ 2
Remarquons qu’il s’agit des premiers termes d’une série asymptotique P (i.e. si on poursuivait le
développement en complétant par des termes cn /z pour n > 1, la série ∞
n n
n=1 cn /z ne converge
pas).
218
Formulaire
Distribution de Dirac
Rappelons la formule définissant l’action de la distribution de Dirac. Soit f (x) une fonction
continue à l’origine : Z
dx f (x) δ(x) = f (0) , (A.14)
R
où l’intégrale inclut l’origine. Autrement dit δ(x) est une fonction de poids R dx δ(x) =
1 concentré à l’origine.
La transformée de Fourier de la distribution de Dirac est une constante (δ est la superposition
d’ondes planes à toutes les fréquences) i.e.
Z +∞
dk ikx
δ(x) = e . (A.15)
−∞ 2π
1
Exemple 1 : δ(x2 − x20 ) =
2x0 δ(x − x0 ) + δ(x + x0 ) .
P
Exemple 2 : δ(sin x) = n∈Z δ(x − nπ) est un peigne de Dirac.
219
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224
Index
A Cumulants (définition) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Agitation thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Aléatoire (variable) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 D
Argon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 De Broglie (longueur thermique de) . . . 97, 194
Avogadro (nombre d’) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Debye (modèle de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Debye, Petrus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
B Dégénérescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Bernouilli, Daniel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Densité de modes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
Binomiale (distribution) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Détente de Joule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Bit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Développement du viriel . . . . . . . . . . . . . 145, 171
Blocage de Pauli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188 Diatherme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Boltzmann, Ludwig . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Diffusion
Born-Oppenheimer (approximation de) . . . 108 des molécules dans un gaz . . . . . . . . . . . . 107
Bose-Einstein (distribution de) . . . . . . . 119, 173 Dilatation (coefficient de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Boson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48, 75 Distribution de Bose-Einstein . . . . . . . . . . . . . 119
Brisure spontanée de symétrie . . . . . . . 154, 159 Distribution de probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Dulong et Petit (loi de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
C
Capacité calorifique (voir Chaleur spécifique)3 E
Casimir (pression) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Échange (interaction d’) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Einstein, Albert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Chaleur latente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 Élementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
de condensation de Bose-Einstein . . . . . 200 Émergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 27, 123, 192
Chaleur spécifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3, 62, 84 Énergie de Fermi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
gaz diatomique . . . . . . . . . . . . . . . . 3, 110, 111 Énergie libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
gaz parfait monoatomique . . . . . . . . . . . . 106 Énergie libre (interprétation thermo.) . . . . . . 82
Champ moyen (approximation de) . . . . . . . . 152 Enthalpie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Chaos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Enthalpie libre (fonction de Gibbs) . . . . . . . 147
Clausius, Rudolf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11, 93 Entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
COBE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Col (méthode du) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 214 de Rényi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 102
Collision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 extensivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58, 59, 70
Compressibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3, 7, 87 microcanonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Conjugué principe d’entropie maximale . . . 46, 57, 69
paramètre conjugué . . . . . . . . . . . . . . . . 85, 87 réduite . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61, 63–65, 67, 69
variable canoniquement conjugué . . . . . . 39 Sackur-Tetrode (formule de). .59, 106, 200
Constante de Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 validité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Contact thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 statistique (de von Neumann) . . . . . . . . . 29
Corps noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 Équilibre macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Corrélations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Espérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Covariances (matrice des) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 État pur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Crochets de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 44 Étoiles
Cumulants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23, 84 à neutrons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
225
INDEX INDEX
226
INDEX INDEX
T
Température de Fermi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Température
absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
microcanonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Théorème d’équipartition . . . . . . . . . . . . . 95, 106
Théorème de Feynman-Hellmann . . . . . . . . . . 85
Théorème de la limite centrale . . 26, 33, 44, 46
Théorème de Liouville . . . . . . . . . . . . . . 39, 40, 44
Théorème de Mermin-Wagner. . . . . . . . . . . . .135
Théorème de Nernst . . . . . . . . . . . . . . . 69, 94, 188
Théorème H . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Théorie ergodique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
227