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« Valheim », le jeu vidéo viking qui a surpris son monde

En proposant un jeu de survie et d’exploration rêveur et original, ancré dans la mythologie


viking, les développeurs du petit studio suédois Iron Gate ont réussi un tour de force : vendre
5 millions de copies en un mois. Exploit d’autant plus notable que cette entreprise
indépendante ne compte que cinq personnes.
Cet automne, une petite équipe de développeurs de jeux en ligne a loué un bureau au centre
de Skövde, une petite ville située dans le sud-ouest de la Suède. Mais ils ne déferont
probablement jamais les cartons de déménagement qui s’y trouvent encore. D’abord c’est la
pandémie qui les a empêchés de se rendre sur leur lieu de travail. Et, depuis le 2 février, c’est
le succès incroyable de leur jeu Valheim qui les oblige à chercher d’autres locaux, plus
grands, précise Henrik Törnqvist, l’un des fondateurs d’Irongate au Dagens Nyheter. “On a
été stupéfaits. En effet, c’est difficile de décrire une telle réception”, explique-t-il à ce journal
suédois.
Le jeu en question, qui permet l’exploration d’un monde viking seul ou à plusieurs, en ligne,
a dépassé la barre du million de joueurs en quelques jours seulement. Début mars, il en
compte cinq fois plus. Passé la surprise, Henrik Törnqvist voit plusieurs raisons à cet
engouement : “Les Vikings sont un thème populaire, mais en période de pandémie nous
pensons aussi que les jeux de survie collaboratifs attirent beaucoup de gens.” Comme il le
souligne avec humour :
Chez nous [c’est-à-dire, dans un serveur du jeu ‘Valheim’], on peut être jusqu’à dix
personnes dans un groupe. C’est plus de huit [la limite fixée par le gouvernement suédois
pour les rassemblements physiques], mais il n’y a aucun risque de contamination.”
Un univers beau et mystérieux
La critique a également réservé un bon accueil à Valheim, qui n’est pas encore sorti sous sa
version définitive. “L’esthétique est simple, pixélisée et polygonale, mais magnifiée par de
sublimes jeux d’ombres et de lumière. C’est à mi-chemin entre confort moderne et bonne
vieille nostalgie. Bien sûr, c’est marrant de chasser des Ents [les arbres qui parlent et
marchent chez Tolkien] et de combattre des trolls, mais parfois je m’assois juste sur un
radeau et je regarde l’eau clapoter contre la rive, ou bien je contemple les rayons du soleil à
travers les feuilles des arbres dans une prairie. C’est extrêmement champêtre et
incroyablement cosy, et les tempêtes aussi brutales qu’imprévisibles ne donnent que plus de
charme aux belles journées ensoleillées”, s’enthousiasme Polygon.
Le site voit aussi dans Valheim un titre accessible, tant par son niveau de difficulté peu
élevée que par son prix.
De son côté, Wired affirme même que “Valheim est en train de changer notre approche des
jeux de survie”. Interrogé par le magazine, Henrik Törnqvist ne voit pourtant pas de grande
innovation. “On veut simplement proposer une aventure sympa à partager entre amis, ou en
solo d’ailleurs.” Néanmoins, c’est bien la possibilité de rassembler dix joueurs en même
temps, dans une optique plus collaborative que belligérante, qui constitue une vraie
originalité, reconnaît le développeur. “Plus on est de fous, plus on rit, non ? Alors imaginez
dix Vikings sur un bateau, affrontant les tempêtes pour trouver de nouvelles côtes à piller et
faire face à une faune inconnue et tous ces dangers !”
Enfin, grâce au système dit de “génération procédurale”, chaque serveur, chaque nouvelle
partie, offre un terrain de jeu différent, une incitation de plus à aller “explorer un monde
monstrueusement vaste, rempli de paysages idylliques”, selon The Verge, qui salue au
passage une “musique charmante”.
Détruire ou ne pas détruire ?
Contemplatif, mais aussi plein d’action, cet univers n’est pas spontanément accueillant. Il
faut trouver des ressources, fabriquer des outils, combattre des créatures de la mythologie
nordique, le tout pour progresser dans le jeu. Mais il y a un prix à payer, détaille Polygon
dans un autre article. Par exemple, les forêts se réduisent si le joueur exploite trop le bois :
“C’est en soi une représentation du colonialisme et des dommages environnementaux que
vous causez lorsque vous pillez les richesses d’un continent inconnu, et ainsi de suite, jusqu’à
ce qu’il ne reste plus rien.”
Mais le joueur n’est pas obligé de faire ça. Vous pouvez aussi vivre dans la solitude des forêts
et des prairies, et dans une habitation plus modeste pour coexister avec les créatures qui vous
entourent.”

Rappel d’un autre succès suédois

Un jeude survie et d’exploration pour PC, produit par un studio suédois indépendant et qui
séduit des millions de joueurs de façon inattendue ? L’histoire en rappelle une autre, celle
de Minecraft. Sebastien Badylak, producteur et responsable marketing pour Coffee Stain
Studios (la société éditrice de Valheim), et ami d’enfance de Henrik Törnqvist, en a
conscience. Il partage ses projets avec Dagens Nyheter :

Pouvons-nous renforcer Iron Gate pour que ‘Valheim’ devienne un succès [comparable à
‘Minecraft’] sur le long terme ? C’est ce que nous voulons.”
La simulation viking peut d’ores et déjà se targuer d’un point commun avec Minecraft : au
début du jeu, sans hache, il faut frapper les troncs d’arbre à main nue pour récolter du bois.
Mais attention, dans ces terres scandinaves de légende, les troncs d’arbres peuvent vous tuer
en chutant.

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