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Koselenko
Koselenko G. A. Les cavaliers parthes. Aspects de la structure sociale de la Parthie. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 6,
1980. pp. 177-199.
doi : 10.3406/dha.1980.1407
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1980_num_6_1_1407
LES CAVALIERSPARTHES
tribus par les Parnes, ces premiers réduits au statut de « clients collectifs» . Par
la suite, cette situation a évolué laissant place à une nouvelle forme de dépen
dance propre au régime esclavagiste. Ce processus fut accéléré par l'enrôl
ement de vrais esclaves dans l'armée parthe.
Malgré plusieurs conclusions qui nous paraissent très judicieuses (impor
tancede la conquête par les Parnes des régions peuplées par des sédentaires
pour la formation des structures sociales de la Parthie), l'analyse de M.
Masson ne semble pas être satisfaisante. Elle est contestable, tout d'abord, du
fait que la seconde indication de Justin, en contradiction avec la première,
n'a pas été prise en considération et que, d'autre part, la présence dans la
même source de deux assertions qui s'excluent mutuellement n'a pas retenu
l'attention de l'auteur. En outre, sans le justifier le moins du monde, l'auteur
considère le seul et même texte de Justin comme témoignage de deux
époques différentes. Or, cela ne donne pas le droit de prétendre que la rela
tion de Justin couvre également la période où l'armée était encadrée par les
hommes dépendants et celle où elle fut renforcée par les esclaves.
La situation en Parthie sur le plan social apparaît autrement (mais tou
jours due à l'analyse des sources mentionnés ci-dessus dans l'ouvrage de
N. Pigulevskaja) (7). Cet auteur se réfère aux deux témoignages de Justin.
En analysant le premier, M. Pigulevskaja déduit que l'armée des Parthes était
composée essentiellement de population dépendante. Les rapports de
dépendance sont hors de doute puisque : 1) nul n'a le droit d'affranchir ces
hommes ; 2) ils naissent tous esclaves. L'auteur prétend découvrir une
« nuance subtile » entre les termes « servi » et « servitores » et compare ces
derniers aux notions d'esclaves et de clients. Aussi croit-elle possible de tra
duire « servitores » comme « dépendants». A son avis, l'armée parthe avait un
nombre minime de « liberi » . Confrontant et opposant l'un à l'autre les deux
témoignages de Justin, N. Pigulevskaja explique la contradiction entre eux
de la façon suivante : dans le premier cas, il s'agirait des « clients », non libres
et dépendants (désignés comme « servitores ») ; dans le second, il serait ques
tion des esclaves proprements dits. Pour appuyer son assertion, l'auteur
recourt également aux indications de Plutarque.
Ce point de vue ne semble pas incontestable car N. Pigulevskaja omet de
constater que, dans le premier témoignage de Justin seulement, la même
catégorie est appelée tantôt « servi » tantôt « servitores ». En outre, elle ne
voit pas de contradiction dans sa propre déduction selon laquelle la seconde
indication de Justin ne fait mention que d'esclaves et d'hommes libres et la
catégorie de « dépendants » fait complètement défaut.
Enfin récemment encore, ce genre de problème a attiré l'attention
d'A. Belenickij (8). S'opposant à la thèse de la prédominance des rapports
esclavagistes en Asie centrale à l'époque antique, il se réfère aux informations
contenues dans les ouvrages de Justin et de Plutarque. Selon lui, la mention de
la présence des esclaves dans l'armée parthe doit être comprise comme une
preuve de l'existence d'une garde encadrée par des esclaves (gouliames)
bien connue dans l'histoire de l'Asie centrale et du Proche-Orient. Or,
cette explication paraît douteuse. D'abord, il faudrait avoir des justif
ications méthodologiques que l'auteur ne possède pas pour transplanter
une institution typiquement féodale dans un autre contexte historique et
sociologique.
Ensuite, les esclaves-gouliames constituaient, en règle générale, une
partie relativement petite de l'armée, différenciée des troupes locales, alors
qu'en Parthie, le gros des troupes était composé des dépendants (ou esclaves).
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d'évasion de Vonon, fils du roi des Parthes, Tacite rapporte, pour sa part, que
ce dernier rejoignit le roi des Scythes, son parent selon le sang (Ann. II, 68).
Dans les textes postérieurs, l'origine scythe des Parthes est un fait pratique
ment établi (Cf. Tertull. De anima, 30 ; Suid. s.v. napôou ; Eust. adDion.Per.
1039). Chez Strabon, le fruit de la parenté des Parthes avec les Scythes est
formulé de façon très nette : « Actuellement, ils possèdent un pays si vaste et
une si grande multitude de tribus que, par leur importance, ils rivalisent
en quelque sorte avec les Romains. Cela est dû à leur mode de vie et à leurs
mœurs qui, tout en étant barbares et scythes, n'en sont encore que plus favo
rables à l'emprise et aux victoires militaires » (XI, 9, 2).
En seconde considération nous tenons à insister sur le fait que, dans les
textes, la structure sociale de la société est toujours projetée sur son organi
sation militaire. Cette interdépendance, typique de nombreuses sociétés
primitives, nous oblige à aborder, ne serait-ce que brièvement, le système mili
taire des Parthes, surtout le rôle des cataphractaires. Ce problème a déjà fait
l'objet de plusieurs études (14),ce qui nous permet de nous en tenir aux faits
d'importance primordiale (15).
Il est de notoriété publique que l'armée parthe était composée princ
ipalement de la cavalerie. Les fantassins n'y jouaient qu'un rôle secondaire.
La cavalerie se divisait en deux parties : les cataphractaires et les cavaliers
armés à la légère. On désigne généralement par le terme de cataphractaires
des unités aux armes lourdes qui chargeaient l'ennemi (les fantassins, avant
tout) en formation de combat spécifique — rang serré — et qui avaient une
mission tactique concrète à accomplir (percée ou, moins souvent, débor
dement). Les cataphractaires se distinguaient par leur armement et leurs
techniques de combat.
Les armes des cataphractaires présentaient les composantes suivantes :
armure défensive lourde, longue pique (allant jusqu'à 4,0-4,5 m) tenue des
deux mains comme arme offensive principale, souvent, également cuirasses
protégeant le cheval. Ces composantes déterminaient le rôle des cataphract
aires dans le combat. Ces derniers chargeaient toujours en rang serré, ce qui
permettait d'utiliser au mieux la supériorité des armes et de réduire aux min
imum leurs défauts, mobilité limitée et, par conséquent, faible possibilité de
manœuvre. Les cataphractaires s'enfonçaient dans la formation ennemie, et,
l'ayant percée, la coupaient en deux décidant par là-même du sort du combat.
La cavalerie lourde de cataphractaires n'était efficace qu'associée aux cavaliers
armés à la légère, les archers montés. Par l'importance de ses effectifs, la cava
lerie légère était l'armée prépondérante. Un bel exemple de la coopération
de ces deux armées est fourni par la bataille de Carres.
C'est un fait particulièrement important que la cavalerie des Parthes
est extrêmement proche, tant par son armement que par sa formation de
combat, de celles des nomades habitant la steppe (des Sarmates par exemple)
ce qui s'explique aussi bien par l'origine de la dynastie des Arsacides que par
les liens constants entre la Parthie et le monde des peuples nomades.
L'analyse des témoignages des auteurs antiques relatifs aux structures
sociales des Parthes et à l'armée parthe nous révèle ceci : les ouvrages contemp
orains négligent trop, à notre avis, la contradiction manifeste entre le
premier et le second passages de Justin. Il est dit dans le premier (Just. XLI,
2, 5-6) qu'au sein de l'armée, les esclaves sont cavaliers et à en juger par
leur initiation au tir à l'arc, armés à la légère. Dans le second témoignage
(Just. XLI, 3, 4), l'esclave se distingue extérieurement de l'homme libre par
le fait que celui-là va à pied tandis que celui-ci ne se déplace « autrement qu'à
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cheval » . Il semblerait que cette contradiction manifeste n'est pas due à une
mauvaise rédaction du texte abrégé (comme on a souvent tendance à le
croire) (16) mais à la contamination, dans le texte original de Trogue Pomp
ée, de deux traditions différentes remontant à deux sources diverses. Si
auparavant, on admettait éventuellement que tous les sujets concernant
l'hellénisme et l'Orient traités par Trogue Pompée n'avaient qu'une soûle source
(17), aujourd'hui il est incontestable que ce dernier a eu recours à trois auteurs
au moins et que son rôle n'était pas celui d'un simple compilateur mais
d'auteur d'une synthèse complexe (18). L'opposition évidente des deux
témoignages confirme la référence à diverses sources. La « faute » de Justin
consiste en ce que ces deux indications, séparées auparavant par de nombreux
autres passages (ce qui rendait leur contradiction moins évidente), se soient
retrouvées côte à côte.
Peu importe de savoir si l'un ou l'autre témoignage remonte à Tima-
gène, à Posidonios ou à Apollodore ; c'est le fait même de l'existence de deux
sources qui explique notre intérêt (nous désignerons ci-après le passage Just.
XLI, 2, 5-6 comme Justin A, et Just. XLI, 3, 4, comme Justin B.)
Ainsi donc il existe trois versions de la composition sociale de la société
parthe (Justin A, Justin В et Plutarque), dont l'importance est inégale. Justin
В présente un tableau bref et très général de la société parthe ; Justin A
fournit un peu plus de détails, associant les structures sociales à l'organisation
militaire ; enfin, Plutarque, tout en décrivant des catégories sociales complé
mentaires, se borne à rapporter les relations existant entre ceux qui accompag
naientdans ses campagnes un représentant de la noblesse parthe, à savoir
Suréna. Nous devons, en outre, nous opposer à l'opinion très répandue (19)
selon laquelle Plutarque aurait décrit l'armée que commandait Suréna et cité
des chiffres qui caractérisent cette dernière. Or, en réalité, il en fut tout autr
ement : l'armée parthe commandée par Suréna et Silacès comprenait, entre
autres, le détachement mené par Suréna. Si l'on s'en tient au chiffre de
10 000 hommes qui constituaient l'armée parthe, la bataille prendrait des
proportions fantastiques puisqu'il est inconcevable que ces dix mille hommes
aient pu encercler de trois côtés les troupes romaines fortes de 42 000
hommes au moins (20).
Il faudra ensuite abandonner une autre assertion aussi répandue et aussi
erronée selon laquelle et les pelatai et les esclaves de Suréna auraient pris part
à la bataille. Plutarque soulignait que le train seul de Suréna «était composé
de mille chameaux qui portaient son bagage, de deux cents chariots pour ses
concubines». Il est naturel qu'une partie importante de ces 10 000 hommes
(à savoir les pelatai et les esclaves) devait accompagner le train. Ainsi, le
témoignage de Plutarque peut-il être interprété comme suit : Suréna arrive
sur le champ de bataille amenant 10 000 hommes dont une partie seulement
étaient guerriers (1 000 cataphractaires et un nombre indéterminé d'archers
montés). Cependant, l'unité de Suréna n'était pas la seule à constituer l'armée
parthe (les autres détachements sous les ordres de Silacès représentaient
apparemment les troupes royales proprement dites à Carres). La tradition qui
voulait que Suréna y eût joué le rôle prépondérant, devait tenir au fait que
c'est ce dernier qui exerçait le commandement suprême. On pourrait égal
ement émettre l'hypothèse que Suréna se vit accorder ce poste car le gros des
cataphractaires, principale force de frappe des troupes, étaient venus avec lui.
Examinons maintenant chacune des trois versions de la composition
sociale des Parthes. Naturellement, il faut aborder en premier le témoignage
Justin В qui est très bref : la société parthe se compose de deux couches :
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 1 83
Libres
Ligne de démarcation entre
la liberté et la non-liberté
Cavaliers légers
Producteurs directs
Suréna
Cavaliers cataphractaires
Ligne de démarcation supposée
entre la liberté et la non- Cavaliers légers
liberté
Pelatai
Esclaves
Plutarque)
? Esclaves Pelatai
Esclaves
— .
,
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 185
Ligne de démarcation
entre la liberté Noblesse supérieure
et la non-liberté Ligne de démarcation
d'après Justin A Cataphractaires entre la liberté et
la non-liberté d'après
Cavaliers légers Plutarque et Justin В
Pelatai
Esclaves
hilotes » (Athén. VI, 27 le ; X 443). T.D. Zlatokovskaja, qui s'est penchée sur
les rapports sociaux chez les Thraces, souligne le fait que ce témoignage est
révélateur de l'apparition en Thrace de la forme de dépendance courante
dans plusieurs régions de la Grèce au cours de la conquête (38). Ainsi les
prospelatai thraces figureraient parmi des types analogues, hilotes de Sparte,
pénestes de Thessalie, mnoïtes et oikées de Crète, mariandyniens d'Héraclée
du Pont et ainsi de suite. Les auteurs antiques définissaient la position sociale
de ces catégories de la population comme intermédiaire « entre l'esclavage et
la liberté ». Ces derniers temps, leur étude a particulièrement attiré l'attention
des chercheurs (39). Si différents que soient les statuts de ces catégories, ils
présentent certains traits communs : dépendance résultant de la conquête,
restes d'une certaine capacité juridique, autonomie économique à tel ou tel
degré.
Il est possible que les contractants des parchemins d'Avroman connus
appartiennent également à cette catégorie des pelatai parthes (40). Les
documents en question sont relatifs à des transactions de vente de vignobles
(ou aux détails de ces dernières). Selon toute vraisemblance, ils étaient
conclus à l'intérieur de la communauté (41). Ce qui importe particulièrement
pour notre sujet, c'est que l'étude de ces documents révèle la nature coercitive
de la culture de la terre par les membres de la communauté considérée comme
une charge civile. En témoignent les indications précisant que le propriétaire
d'un terrain laissé à l'abandon était passible d'une amende. Dans un cas, le
montant de cette amende est 15 fois supérieur au prix du terrain, dans l'autre,
presque 8 fois supérieur. Nul doute que ce système d'enregistrement et de
contrôle asservissait de fait le paysan communautaire à la commune et à
son terrain (42).
C'est probablement ce genre de paysans communautaires que lesostraca
de Novaja Nisa (43) citent comme contribuables.
Il y a donc des raisons de croire que le terme « pelatai » employé par
Plutarque, servait à désigner la masse des cultivateurs ordinaires de la Parthie.
Cette population était loin d'être esclave. Il est vraisemblable que les pelatai
gardaient leurs terrains, jouissaient de certains droits et étaient organisés en
communautés. Or, en même temps, puisqu'ils payaient le gros des redevances,
il existait une démarcation très nette qui séparait ce statut des couches
sociales supérieures, ce qui a permis à Justin B, dans son schéma très général
des structures sociales de la Parthie, de les associer aux esclaves (servi). Leur
dépendance avait pour fondement leur attachement à la glèbe et leur obliga
tionde payer des redevances sur chaque terrain enregistré. On peut affirmer
que cette forme de dépendance résulte certainement de la conquête parne.
On dit souvent que la formule la plus typique de dépendance dans un
contexte de conquêtes nomades est le tribut (44). La non-intégration des
tributaires aux structures socio-économiques du groupe dominant est citée
comme une des causes principales et un des indices de cette forme de dépen
dance. On peut convenir que, lorsque la société des vainqueurs et celle des
vaincus coexistent en gardant presque intactes leurs propres structures, les
rapports sont caractéristiques pour toute une série des sociétés analogues.
Or, il en était tout autrement de la conquête de la Parthie par les
Parnes. Celle-ci n'a pas seulement établi la dépendance des cultivateurs
sédentaires de la Parthiène, de l'Hyrcanie, de la Médie et d'autres régions
mais les Parnes (en premier lieu, l'aristocratie parne) se subsituèrent aux
couches dominantes gréco-macédoniennes. La conquête parne eut pour
résultat une intégration assez profonde des sociétés nomade et sédentaire
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 1 89
les sanctions sévères pour manquement à cet impératif laissent entendre que
la situation de cette catégorie était proche de celle des laoi dans l'État des
Ptolémées. Cette dernière catégorie peuplait un territoire placé sous la suzerai
neté directe du roi et dépendait de l'État en la personne de celui-ci, et, lors
qu'elle vivait sur un territoire appartenant à la noblesse supérieure, de cette
dernière.
Bien que les auteurs antiques aient désigné par le terme d'esclavage la
situation de ce groupe de population, cette dépendance ne l'était pas en
réalité. La définition la plus adéquate serait «travailleurs dépendants de type
esclavagiste » (66). Le fait de la conquête fut une des raisons principales de
l'apparition de cet état de « dépendance » .
Les esclaves se plaçaient à un niveau inférieur ; d'ailleurs, il faut souli
gner la multiplicité de types et de formes d'esclavage ainsi que l'existence pro
bable des stades transitoires entre les esclaves et les pelatai.
Parmi les particularités principales de la société parthe il convient de
mentionner : 1) l'influence notable de la conquête sur la formation des struc
tures sociales ; 2) la multiplicité des couches sociales, l'absence de limites
nettes entre elles au bas de l'échelle sociale et l'ambiguïté de certaines de leurs
positions ; 3) la concordance imprécise des limites entre la classe et l'ordre ;
4) le rôle extrêmement important du statut d'un ordre pour qu'un homme
ait une place définie dans la société. Toutes ces considérations obligent à
qualifier la société parthe d'assez archaïque.
Il est évident que le tableau des rapports sociaux ici présenté se carac
térise, d'abord par un certain schématisme (puisqu'il n'a pas touché, par
exemple, les rapports existant dans les cités grecques ou sur les territoires
appartenant aux temples), ensuite par une certaine généralisation — absence
de détails et caractéristiques des formes de transition, etc. Cependant, nous
estimons que ce schéma général a le droit d'exister : d'une part, il est fondé
sur les sources ; d'autre part, il montre en quelque sorte un « modèle idéal »
de la société parthe, telle qu'on peut la reconstituer d'après leur analyse.
Certes, la réalité des rappoits sociaux fut bien plus complexe et les éléments
mis en présence plus nombreux que ne le révèle notre travail ; cependant, ces
éléments complémentaires devaient être utilisés dans le cadre de ce même
modèle (à notre avis, du moins) ; par conséquent, il paraissait tout à fait
nécessaire de définir ses structures et son fonctionnement. Pareilles structures
sociales n'ont probablement existé que dans les régions Est de la Parthie.
L'Occident (Babylonie, Mésopotamie, Susiane) où le processus de formation
des classes commença plus tôt et se déroula autrement, engendra ses propres
structures (dont la présence des cités grecques accentuait la complexité).
La conquête de ces régions par les Parthes devait amener la collision et l'inte
raction de ces différentes structures sociales. Mais l'étude de ce processus
dépasse le cadre de notre investigation.
G.A. KOSELENKO
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196 G.A. KOSELENKO
NOTES
pas encadrés exclusivement par des nobles. Cette thèse toutefois ne paraît pas
indiscutable puisque l'auteur ne tient pas compte du fait que le pouvoir de Suréna
s'étendait sur d'immenses territoires et que, dans ses rapports avec les nobles
«ordinaires», sa place était, de fait, analogue à celle du Grand Roi.
(57) Pour le morcellement politique, cf. R.N. FRYE, op. cit. p. 255 sq.
(58) Pour les possessions de Suréna, v. W. TARN, The Greeks... p. 95, 204, 224, 345 ;
E. HERZFELD, Sakastanaz A rchaeologische Mitteilungen aus Iran, IV, 1932, S.
63 sq ; J. MARKWART, Erânhhr nach der Géographie de Ps. Moses Xorenac'i,
Berlin 1901, S. 34, 46 ; sur les possessions d'autres familles illustres, cf. R.N. FRYE,
op. cit., p. 262.
(59) E.V. GRANTOVSKIJ, Les castes indo-iraniennes chez les Scythes, Moscou 1960 ;
D.S. RAEVSKIJ, Essais d'idéologie des tribus scythes et saces, Moscou 1977.
Signalons entre parenthèses que le terme de Raevskij, «groupe ordre-caste» nous
semble plus heureux que celui de « caste» employé par Grantovskij.
(60) A.M. XAZANOV, Histoire sociale... p. 201.
(61) D.S. RAEVSKIJ, Essais... p. 153.
(62) Pour des exemples, cf. G.A. KOSELENKO, La lutte politique intérieure en
Parthie (seconde moitié du IIe s. av. n. ère - début du Ier s. de n. ère), VDI, 1963,
№ 3, p. 56 sq.
(63) A.M. MANDEL'STAM, Nouvelles informations sur les monuments des nomades
du Turkménistan sud dans l'Antiquité, Annales de l'A.S. de la Turkménie, section
des sciences sociales, 1963, № 2, p. 32 sq ; A.A. MARUSČENKO, Tertres funér
aires de l'époque sarmate en Turkménistan du Sud. Annales de l'IIAE de l'A.S.
de la Turkménie, V, Askabad, 1959 ; M.E. MASSON, Nouvelles données archéo
logiques sur l'histoire de la société esclavagiste sur le territoire du Turkménistan
du Sud, VDI, 1953, № 1. En Bactriane, à la période qui suit la conquête des
nomades et même après la formation de l'État des Kushans, lesjiomades conti
nuaient de peupler la périphérie des oasis. Cf. A.M. MANDEL'STAM, Les no
mades sur la route aux Indes, 136, 1966 ; ou, du même auteur, Monuments
nomades de l'époque kouchane en Bactriane du Nord, Leningrad 1975.
(64) M. D'JAKONOV (op. cit., p. 195) et R.N. FRYE (op. cit., p. 260-261) suppos
ent que les nobles disposaient d'un conseil spécial.
(65) Un des documents découverts lors des fouilles de Dura-Europos (The Excavations
at Dura-Europos... p. 115, № 20) mentionne Manèse, fils de Phraate, batesa,
homme libre ( xûv êAeudépcov ), percepteur d'impôts, stratège de Mésopo
tamieet de Parapotamie, archonte des Arabes. Il est hors de doute que c'est là
un des fonctionnaires du rang le plus élevé. Le fait qu'il est désigné comme libre
confirme cette thèse. Cf. M.I. ROSTOVCEV, Ch.B. WELLES, op. cit., p. 52 ;
R.N. FRYE, Some early iranian titles, Oriens, vol. 15, 1962, p. 352-354. Nous
avons cité ci-dessus des documents sassanides et sogdiens qui appuient également
notre hypothèse. Notons, en outre, que plusieurs sociétés de classe primitives
connaissent l'identité des notions de «noble» et «libre». Cf. H. VAN EFFEN-
TERRE, Y a-t-il une noblesse crétoise ? Recherches sur les structures sociales
dans l'Antiquité classique, Paris 1970, p. 21.
(66) I.M. D'JAKONOV, Les esclaves, les hilotes et les serfs dans la Haute Antiquité,
VDI, 1973, №4, p. 3sq.