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B.

la reprise des engagements de la soc en formation

-au cours de la période antérieure à l’immatriculation, les fondateurs, futurs associés vont faire
des actes et parfois mm ont intérêt à prendre des engagements pour que la soc soit pleinement
efficace à compter de son immatriculation, donc de son existence officielle.

-il ne faut pas que ces engagements restent à la charge du fondateur si l’on veut que les pers
s’engagent avant l’immatriculation. Certains actes sont vraiment faits pour la soc, sans eux
elle ne pourrait pas être créée. Donc logique que la société puisse reprendre les
engagements souscrits

1. L’obl à la dette des fondateurs

-avant l’immatriculation, les tiers n’ont pas la soc comme interlocuteur. Ils ont en face d’eux des
pers phys, les fondateurs, agissant pour le compte de la soc en formation. Ces cocontractants
doivent prendre en considération les qualités de cette pers en tant que fondateur.

Ex, il incombe à la bqe, qui est sollicitée pour l’ouverture d’un compte bancaire au nom de la soc
en formation, d’apporter la preuve qu’elle a effectivement vérifié l’identité des fondateurs et
qu’elle a bien consulté la bqe de France pour la délivrance des 1e formules de chèques (si l’un
des fondateur est interdit bancaire, pas possible). CCASS l’a rappelé le 11 janvier 2000 et le 7
sept 2007.

-le fondateur peut être obligé à la dette sociale soit en raison d’actes accomplis pour le compte
de la soc en formation, soit parce qu’il s’est comporté comme tel.

-sont tenus des engagements souscrits au nom de la soc en formation les seuls fondateurs qui
ont passés l’acte ou qui ont donné mandat à cet effet.

Ex, un seul fondateur s’occupe de ‘l’ouverture du compte bancaire alors il est seul tenu. Sauf si
les autres lui ont donné mandat, alors ils seront tenus aussi.

-imp car CCASS dit que c’est également la règle pour les soc de pers. En principe , pr les SNC,
tous les associés, fondateurs sont responsable. Mais CCASS estime que lorsque la soc est en
formation, mm si c’est une SNC, seul le fondateur qui passe l’acte au nom de la soc en formation
est tenu.

-CCASS 92, elle estime que l’obl à la dette est liée à la qualité de fondateur au moment de la
naissance de la dette. On ne regarde pas le but poursuivit, c’est la qualité de fondateur au jr de la
naissance de la dette qui doit seule être prise en compte.

-la seule discussion possible sera liée à la qualité de fondateur et de cocontractant fondateur.
-difficulté lorsqu’une soc reste longtemps en formation. Les tribunaux peuvent être amenés à
connaitre de difficultés en raison de soc qui restent en formation de manière persistante.
Situation délicate à apprécier car les textes n’imposent pas de délai aux fondateurs pour
demander l’immatriculation.

-si les fondateurs tardent, ça peut faire douter de la volonté réelle de tous de créer la soc. On
peut douter de l’affectio societatis.

-la période de formation peut durer aussi si on a des difficultés à libérer les apports, c’est aussi
une situation mal appréciée au départ, c’es peut être la structure de la soc qui ne convient pas à
la situation des fondateurs.

-le greffier peut refuser l’immatriculation, CFE peut dire que dossier pas recevable par le greffe.

-si la formation traine on peut douter : on pense à la fraude fiscale. Ça a conduit les tribunaux à
se prononcer : CCASS ayant le 4 dec 2001 estimé que cette situ pouvait donner lieu à la qualité
de soc créée de fait.

-la responsabilité du fondateur est une responsabilité en principe ind. Si un tribunal estime que
la soc en formation doit être qualifiée de soc créée de fait, ça a une incidence sur la
responsabilité des fondateurs car ce sera une responsabilité coll donc l’ensemble des associés
devront répondre des dettes sociales y compris les fondateurs qui n’auront accomplis aucun acte
au nom de la soc en formation.

>>> c’est une menace pour les fondateurs pour les pousser à immatriculer la soc.

-en effet, les décisions sont nombreuses de requalification en soc créée de fait : les tribunaux
prennent pour critère la constatation de l’exercice effectif d’une activité économique et
commerciale. Parfois ils distinguent les actes préparatoires et les actes qui traduisent l’exercice
d’une act. Certains tribunaux sont mm aller loin car ils ont déclaré la soc en faillite et condamné
le fondateur pour faillite personnel.

-lorsque la soc est immatriculée et dès lors qu’elle a acquis la persté m, elle a un patrimoine, des
droits.

2. Une reprise des actes

-la reprise des engagements antérieurs à l’immatriculation par la société peut porter sur tout ou
partie des actes passés par les fondateurs au nom de la société.
¤ il faut que le fondateur ait indiqué agir au nom de la soc, certes en formation. À défaut il
est réputé avoir agit à titre perso et l’acte n’a pas la possibilité d’être repris par la société une
fois créée.

¤ il faut que le fondateur ait accompli un acte jur. Il ne doit pas par ex s’être limité à des
démarches ou à des pourparlers car ces pourparlers n’entrainent pas la création d’un lien de
droit.

¤ il faut que l’acte soit régulier. Si par ex il repose sur des faits de concurrence déloyale,
ces actes ne peuvent pas être repris.

¤ il faut que l’acte indique lui mm avoir été passé au nom de la soc en formation. Il faut
que l’expression « en formation » apparaisse dans l’acte. À défaut l’acte serait considéré comme
nul car passé par une pers incapable.

-les textes prévoient 3 modalités de reprise, modalités fixées dans l’intérêt général pour les
besoins pratiques de la soc en formation ms aussi pour la protection des cofondateurs. en
principe , il n’y a pas de reprise en dehors des cas prévus par la loi. Ms il semble que les juges du
fonds statuent en équité et admettent une sorte de reprise tacite dans certains cas, pas lorsque
lors de la 1e AG, l’assemblée prend acte de ces engagements.

Pourtant, CCASS continue à affirmer que seules les modalités prévues par les textes sont
admissibles. (qd les juges du fonds admettent une reprise tacite, tt le monde est satisfait donc la
CCASS n’était pas saisie du litige. Donc cas de contestation rare). Il semblerait que CCASS
commence à admettre l’idée d’équité pour reconnaitre une reprise tacite en cas d’exécution
spontanée des engagements pris avant l’immatriculation par la soc immatriculée, CCASS 31 mai
2005.

a. la reprise doit être conciliée dans les statuts

-logique car mm pour la réalisation des statuts, certains engagements doivent être pris (ex, d au
bail). Donc on a des engagements en période de formation qui vont être obligatoirement repris
dans les statuts.

-donc pour l’immatriculation on a mm besoin de joindre aux statuts un état des actes accomplis
pour le compte de la soc en formation. Cet état va être annexé aux statuts et il sera signé par
l’ensemble des associés. L’immatriculation homologue ces engagements antérieurs.
b. la reprise des engagements sur mandat

-pour les besoins de la formation on peut donner mandat à certaines pers de prendre des
engagements pour le compte de la soc. Il faut que les engagements soient bien précisés dans le
mandat et que l’on y indique aussi la volonté de la soc de reprendre par la suite ces
engagements. Les modalités vont donc y être précisées et l’immatriculation va viser les
différents mandats et donc emportera reprise des engagements.

-en cas de difficultés devant un trib le fondateur devra apporter la preuve de l’existence du
contenu du mandat.

-en 2003, CCASS a admis un mandat a posteriori. Il s’agissait d’une hypo marginale :
l’adjudication d’un bien immo au profit d’une soc en formation. Une pers acquiert à la barre (en
vente jud) un immeuble qu’elle va après apporter à la soc. Ici la pers ayant apporté ce bien à la
soc on a considéré qu’elle avait eu un mandat pour participer à ‘l’adjudication. On fait la mm
chose pour les pers qui reprennent les soc (ex, un salarié qui gagne au loto, met l’argent dans la
soc, on régularise par la suite, on dit après que c’était un acte au nom de la soc).

>>> Tous les engagements utiles à la soc vont être repris sur l’idée du mandat car ils sont utiles
et nécessaires pour la soc (ct de L, bail commercial, contrat de domiciliation dans l’attente de la
fixation du siège social).

-question du point de départ de la formation des soc commercial? À partir de quelle date la soc
est en formation?

-date la plus dur à déterminer s’il n’y a pas eu projet ou promesse de la soc. Sinn on remonte à la
date des statuts.

si la soc n’a pas la PM :

-incapacité de jouissance, ce qui lui interdit d’être demandeur ou défendeur en justice avant
l’immatriculation. Dans ce cas, la soc va devoir donner un mandat à un fondateur pour qu’il
intervienne encore au nom de la société en formation.

-ex, une soc a été assignée la veille de son immatriculation. Si l’huissier délivre à la soc en
formation, l’assignation est nulle car délivrée à une soc inexistante. Si elle est délivrée le jour de
l’assignation elle sera encore nulle car délai jusqu’à minuit. Elle doit ê délivrée le lendemain de
l’immatriculation pour être efficace.
c. la reprise sur décisions des associés

-lors de l’assemblée, il peut être décidé à la maj des associés que les actes et engagements pris
pour les besoins de la soc en formation sont repris par la soc.

-c’est le cas le plus simple qui va dans la logique de la soc. Continuité. Les statuts visent les actes,
lors de la 1e ass on confirme les actes.

C. les effets de la reprise

-substituer la soc aux fondateurs : la soc devient partie au contrat passé par le fondateur au nom
de la soc en formation >>> substitution automatique. 1 exception : le fondateur reste tenu si la
soc a été constituée frauduleusement, cad uniquement pour permettre à ce fondateur
d’échapper à ces obl.

-2 csq :

¤ Le fondateur va être libéré de son engagement. En cas de souci c’est la soc qui
interviendra.

¤ Conséquence fiscale, en cas d’acquisition d’un bien entrainant un droit de mutation, ce


droit n’est payé qu’une fois, or la soc est réputée acquéreur dès l’origine, c’est donc la soc qui
sera tenue fiscalement à cond que la situation ait vraiment été crée avant l’immatriculation de la
soc.

-la seule limite que les tribunaux posent c’est l’action jud : si un fondateur a contesté une
décision à titre personnel, c’est l’acte qui sera validé et repris ms l’action en justice reste
personnelle au fondateur car on apprécie l’intérêt à agir au jr de la demande initiale or la soc en
formation ne pouvait pas agir à cette époque donc l’action reste sur la pers du fondateur. Seules
les conséquences seront reprises par la société.

Fonctionnement de la société. Eléments repris société par sociétés. 3 aspects ici liés à la durée,
aux dirigeants et à la société.
Chapitre 5 : La vie de la société
La vie de la société suppose que l’on s’intéresse à son fonctionnement et à son organisation.

SECTION 1/ La durée

La durée de la société est une notion obligatoire des statuts. La durée maximale a été fixée par le
législateur mais il est possible aux associés de prolonger la durée initialement prévue dans le
contrat de société.

1. La durée initiale de la société

A la différence des associations, dont la durée peut être indéterminée, la durée d’une société
commerciale doit être fixée. Le législateur précise à l’art 1838 du Code de commerce que cette
durée ne saurait excéder 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS.

Si les statuts ne mentionnent pas la durée de la société, le greffier responsable du registre va


faire procéder à la rectification ; il engagerait même sa responsabilité s’il ne le faisait pas. Pour
être sur que ça soit indiqué, une sanction est prévue en cas d’omission par l’art L 210-7 alinéa 2
du Code de commerce qui permet à tout intéressé de demander en justice que soit ordonné sous
astreinte la régularisation de la constitution de la société.

Le texte prévoit la durée maximale de 99 ans ce qui veut dire que dans les statuts les associés
peuvent fixer une autre durée, plus courte, et peuvent aussi envisager la prolongation mais dans
la limite des 99 ans car du fait de la limite légale, les renouvellements par tacite reconduction
sont possibles mais ne peuvent pas aller au-delà de ces 99 ans.

On sait bien qu’il y a de vieilles entreprises qui ont plus de 99 ans mais en fait elles ont changé de
structures. On change la forme sociétaire et on repart pour 99 ans.

2. La prorogation de la durée

Le législateur a prévu la prorogation de la durée à l’art 1844-6 du Code de commerce avec l’idée
qu’il est bête de radier une société qui fonctionne bien. Cette prorogation doit être décidée à
l’unanimité des associés si les statuts n’ont pas prévu une majorité particulière pour la
modification. Les associés doivent être consultés au moins un an avant la date d’expiration de la
société. A défaut de consultation, tout associé peut demander au tribunal la désignation d’un
mandataire de justice afin qu’il provoque la consultation. La prorogation doit intervenir avant la
date de dissolution prévue dans les statuts pour que la société conserve sa personnalité morale
quelque soit l’hypothèse puisque si c’est une prorogation pure et simple on a quand même une
nouvelle société à mettre en route et une nouvelle personne morale ; même chose si on
transforme la nature de la société car toute transformation du modèle sociétaire va entrainer un
changement de personnalité morale.

Cette vie de la société va aussi se traduire dans la gestion.

SECTION 2/ Les dirigeants

Les organes sociaux sont des personnes physiques ou morales chargées de gérer et
d’administrer les sociétés mais les représentants légaux sont toujours des personnes physiques.
Pour avoir le statut de dirigeant, ces personnes doivent répondre de certaines conditions et
notamment être capables au niveau civil et au niveau commercial (sinon elles ne peuvent pas
engager leur responsabilité). Au départ, s’agissant du dirigeant, on part du principe que la
société est un contrat et donc historiquement le dirigeant c’est la personne désignée par les
associés pour gérer la société. On analysait donc la situation en termes de mandat : le dirigeant
c’était le mandataire chargé de représenter la société et on lui appliquait les règles du Code civil.
C’était assez simple mais cela ne permettait pas d’assurer complètement la sécurité des tiers,
notamment lorsque le dirigeant allait au-delà de ses pouvoirs.

Le législateur en 1966 a estimé qu’il était préférable de donner aux dirigeants des pouvoirs
légaux dans l’intérêt des tiers et donc les pouvoirs des dirigeants ne sont plus fixés par les
statuts mais par la loi. Toute clause des statuts qui limiterait les pouvoirs des dirigeants serait
inopposable aux tiers. Au niveau théorique ça a aussi eu une incidence puisque le dirigeant n’est
plus un mandataire mais un organe de la société. C’est la raison pour laquelle parfois on trouve
encore l’expression mandataire social à la place de dirigeant.

1. L’étendue des pouvoirs

L’étendue des pouvoirs du dirigeant est fixée dans chaque texte relatif à la société concernée, et
l’étendue va être plus ou moins grande en fonction du type de société. L’idée générale c’est que
les dirigeants ont les pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la
société mais dans certaines sociétés on va limiter les pouvoirs.

Par ex pour la société en nom collectif, le gérant ne peut agir que dans les limites de l’objet
social. Dans les SA, les dirigeants ne peuvent se porter caution au nom de la société que s’ils ont
été autorisés par le Conseil d’administration.

Ces limitations sont prévues par la loi donc personne ne peut les ignorer et en premier lieu les
tiers : les pouvoirs sont prévus par la loi, l’étendue comme les limites, donc le tiers est censé les
connaitre. Il ne faut pas non plus perdre de vue l’organisation de la société car le dirigeant peur
avoir un pouvoir général et d’autres organes se voir attribuer certains de ces pouvoirs, par ex
l’assemblée des associés.

Les dirigeants vont également parfois être limités par les statuts en ce sens que les statuts vont
préciser les modalités d’exercice des pouvoirs reconnus par la loi. Il pourrait y avoir un risque de
disparition de l’objet social : par ex l’objet social d’une société serait l’exploitation d’un fonds de
commerce. Pour être sur qu’il ne puisse pas y avoir suppression de l’objet social et donc de la
société on va empêcher le dirigeant de vendre seul le fonds. Dans l’absolu le dirigeant peut
décider de la vente mais s’il procède à la vente il n’y a plus de société car plus d’objet social. Quoi
qu’il en soit, à chaque fois le dirigeant va engager sa responsabilité.
2. La responsabilité des dirigeants

En droit civil, la responsabilité personnelle des dirigeants va être engagée mais de manière
différente selon que le dirigeant est intervenu auprès des associés ou auprès de tiers.

A l’égard des associés, le dirigeant est responsable de la violation des statuts. Il sera responsable
en cas de faute ou en cas de préjudice subi par la société. Par ex, en cas de faillite, une partie du
passif peut être mise à la charge du dirigeant dans les hypothèses prévues par la loi et on peut
même prononcer sa faillite personnelle.

A l’égard des tiers, la tendance des tribunaux est quand même de tenter de limiter la
responsabilité du dirigeant pour ne pas tuer l’économie qu’il génère du fait de la société. La
question essentielle est celle de savoir dans quelle mesure un dirigeant qui a commis une faute
entrainant un préjudice pour un tiers peut être tenu d’indemniser celui-ci ? Les tribunaux ont
raisonné un peu comme en matière administrative selon que l’acte préjudiciable est ou non
détachable des fonctions du dirigeant. La société est responsable des fautes liées aux fonctions.
Dans le cas d’une faute de fonction le dirigeant ne sera pas personnellement responsable (par ex
un dirigeant avait vendu deux fois la même créance mais à des banques différentes. On a estimé
qu’il s’agissait d’une faute liée aux fonctions de dirigeant et donc que la société était
responsable). La jurisprudence est assez restrictive quant à la nature de la faute détachable des
fonctions. On cherche quand même à impliquer la société, peut être parce qu’on se dit qu’elle a
commis une faute de recrutement et puis pour une meilleure indemnisation des tiers. Lorsque le
dirigeant a commis une faute, même s’il y a une qualification pénale, ça ne sera pas forcément
une faute détachable des fonctions. De plus, même si le but est de protéger les tiers, il y a des cas
dans lesquels ce tiers ne va pas être protégé car ni la société ni les dirigeants ne seront
considérés comme responsables (par ex vente du fonds de commerce objet de la société. C’est
une faute liée aux fonctions de dirigeant donc normalement c’est la société qui est responsable
mais le dirigeant a dépassé ses fonctions et en conséquence la société n’est plus tenue. On ne
peut pas condamner le dirigeant ni la société car ni la société ni le dirigeant ne seront considérés
comme responsables). En plus, c’est de la responsabilité classique donc il ne faut pas oublier les
règles de prescription.

Mais, heureusement, certains comportements sont des délits pénaux qui vont sanctionner les
fautes les plus graves de mauvaise gestion, par ex, l’abus de biens sociaux pour les sociétés de
capitaux : Le dirigeant agit dans le cadre de ses fonctions mais il profite de l’exercice des
fonctions pour utiliser les biens de la société dans son intérêt personnel, donc comme il y a un
dépassement la société n’est pas responsable. Comme il y a un délit pénal d’abus de biens
sociaux on va quand même pouvoir condamner pénalement le dirigeant.

 La responsabilité pénale ne peut pas couvrir tous les cas de faute commise par les
dirigeants. Et il reste des cas où il ne peut y avoir de responsabilité.

SECTION 3/ Les associés

Les droits et pouvoirs des associés dépendent des différents types de sociétés. Tout va dépendre
de l’emprise des associés sur la société puisque les associés sont propriétaires chacun d’une
partie de la société et que normalement le droit de propriété est un droit absolu. Droit absolu, on
pourrait penser pouvoir absolu, pourtant les associés ne peuvent pas exercer directement tous
les contrô les nécessaires à la gestion de la société. Certaines personnes vont donc pouvoir les
aider à exercer leurs droits et leurs pouvoirs.

Les choses se sont compliquées quand les tribunaux ont crées la notion d’intérêt social. Ce n’est
pas une notion visée par les textes et pourtant la jurisprudence montre que l’on s’interroge sur
le fait que la décision ait pu être prise ou pas dans l’intérêt social. Les textes parlent « d’intérêt
commun des associés ». Est-ce la même chose ? Pour certains auteurs, l’intérêt social c’est la
conjonction des intérêts des associés lors de la constitution de la société. Pour d’autres auteurs,
l’intérêt social c’est plus large car la société ce n’est pas uniquement les associés, c’est un
ensemble qui comprend des salariés, des partenaires, des fournisseurs… l’intérêt social serait
donc plus large que l’intérêt commun des associés.

On a aussi une influence du droit comparé et surtout du droit allemand puisqu’on sait qu’en
Allemagne, les salariés participent à la gestion de la société. C’est aussi quelque chose qui a des
répercussions en Europe mais cette notion ne passe pas en droit comparé ni en droit européen.

1. Le contrô le et l’orientation permanente de la gestion

Ce contrô le va s’exercer à travers les assemblées et parfois avec l’aide d’un commissaire au
compte.

a. Les assemblées d’associés

L’assemblée des associés existe dans toutes les sociétés. Au minimum, il y a une assemblée
annuelle pour l’approbation des comptes. Pour l’EURL il y a des difficultés pratiques car
forcément il n’y a pas de réunion de plusieurs personnes et par ailleurs dans les SAS cette
réunion n’est pas forcément impérative.

Par ailleurs il y a une assemblée exceptionnelle pour les décisions exceptionnelles (par ex les
décisions modificatives des statuts). Il n’y a que pour les SA qu’il y a une dénomination
particulière de ces assemblées exceptionnelles : les assemblées générales qui peuvent être
ordinaires ou extraordinaires.

Les règles de convocation et d’information des assemblées sont prévues par les textes et elles
sont reprises dans les statuts ; c’est le minimum, après les statuts peuvent ajouter. Les
assemblées détiennent l’ultime pouvoir dans la société mais elles ont quand même des limites :
par ex on ne peut pas augmenter les engagements d’un associé sans avoir son consentement.
Mais l’expression de ce pouvoir c’est la réaction de la jurisprudence en cas d’abus :

 Abus de majorité

Les associés qui détiennent la majorité du capital vont en profiter pour prendre des décisions
dans leur intérêt et contraires à l’intérêt commun ou intérêt social.

 Abus de minorité

Les associés minoritaires vont bloquer une situation. Si les minoritaires ne votent pas, dans
certains cas, la décision ne peut pas être adoptée. Par ex dans les décisions relatives à
l’augmentation de capital.

 Abus d’égalité
Il est vraiment rare que le capital social soit réparti pour moitié entre deux associés ou un
groupe d’associé. L’égalité c’est invivable !

b. Le commissaire aux comptes

Le commissaire aux comptes est un professionnel de la comptabilité et en général il s’agit d’un


expert comptable. Il va être inscrit sur une liste tenue par la Cour d’appel et du fait de cette
inscription, il sera habilité à exercer dans les sociétés des fonctions de contrô le. Sa mission est de
vérifier les comptes et d’indiquer à l’assemblée des associés si les comptes lui paraissent exacts
ou non. Si ces comptes lui paraissent exacts, le commissaire aux comptes va les certifier. S’il
considère que les comptes ne reflètent pas la vérité ou s’il a des doutes sur la sincérité des
dirigeants et des associés à la lecture des comptes, il ne va pas les certifier mais de surcroit, pèse
sur lui l’obligation de dénoncer au Procureur de la république les doutes qu’il peut avoir. En
fonction de cette dénonciation, le Procureur qui a l’opportunité des poursuites va faire procéder
à une enquête (90% des affaires pénales financières ont pour origine une dénonciation du
commissaire aux comptes). Dans la majorité des cas, cette dénonciation correspond à d’autres
signalements qui avaient déjà été portés à la connaissance du Procureur.

A l’origine le commissaire aux comptes n’était imposé que dans les SA. Mais on s’est rendu un
compte que cela présentait un inconvénient : souvent les sociétés évitaient la forme de SA parce
qu’elles ne voulaient pas de commissaire aux comptes.

Le législateur en 1984 a décidé de généraliser le commissaire aux comptes pour toutes les
sociétés qui dépassaient deux des trois seuils qu’il fixait ; les trois seuils sont :

1/ un total du bilan supérieur ou égal à 1 million 550 000 ;

2/ montant hors taxe du chiffre d’affaire de 3 millions 100 000

3/ au moins 50 salariés.

Si pendant deux années consécutives, la société ne dépasse pas deux de ces seuils, elle peut
refuser le commissaire aux comptes.

Le commissaire aux comptes a des missions classiques d’assistance des associés car il procède
au contrô le permanent de la gestion et en cas de difficultés exceptionnelles, il va aussi avoir une
mission exceptionnelle tout comme certaines procédures de contrô le vont permettre aux
associés d’alerter voire de paralyser la direction de la société = contrô les exceptionnels.

2. Les contrô les exceptionnels

Les associés vont pouvoir mener une procédure d’alerte, poser des questions voire solliciter un
expert.

a. La procédure d’alerte

La procédure d’alerte résulte de la loi du 1 ER mars 1984. Elle peut être initiée par différents
organes en particulier par le commissaire aux comptes, les organisations représentatives du
personnel ou comité d’entreprise. Cette procédure d’alerte consiste à demander des explications
au gérant ou au conseil d’administration. Si les explications données n’arrivent pas à convaincre
notamment le commissaire aux comptes, la question sera portée à la connaissance de
l’assemblée générale.

La procédure d’alerte accordée au commissaire aux comptes est prévue par le Code de
commerce. L’art L 234-1 pour les SA, L 234-2 pour les autres sociétés dotées d’un commissaire
aux comptes. Quant à l’alerte du comité d’entreprise, elle est prévue à l’art L 234-3 du Code de
commerce et relayée par le Code du travail.

b. La question au dirigeant

Les associés ont la possibilité dans certains types de sociétés de poser des questions aux
dirigeants ou de demander la communication des documents sociaux. Les modalités de ces
demandes de renseignement diffèrent selon les formes de société et dans certaines d’entres
elles, comme les SARL et les sociétés en nom collectif, les associés vont vraiment avoir un droit
de surveillance des affaires sociales grâ ce à ce procédé.

Par ex, pour la SNC, l’art 221-8 dispose que les associés non-gérants ont le droit, deux fois par
an, d’obtenir communication des livres et des documents sociaux et de poser par écrit des
questions auxquelles il doit leur être répondu par écrit.

c. L’expertise de gestion

L’expertise de gestion est prévue à l’origine dans les SARL et les SA avec des conditions
similaires. Globalement un ou plusieurs associés représentants une partie significative du capital
peuvent demander au tribunal une expertise sur une ou plusieurs opérations de gestion.

Que veut-dire une part significative ? Il faut qu’ils représentent au moins 10% du capital pour
une SARL ; pour une SA c’est 5%.

Dans les SARL, les associés peuvent demander l’expertise de gestion directement au tribunal
sans même informer la société. Dans les SA, les associés doivent d’abord poser la question aux
dirigeants et à défaut de réponse ou lorsque la réponse ne leur convient pas, ils peuvent saisir le
tribunal.

Cette expertise de gestion peut aussi être demandée par le Ministère public et par les
représentants du personnel. Lorsque le Procureur de la République est informé des doutes du
commissaire aux comptes, il va provoquer l’expertise de gestion. Même l’Autorité des marchés
financiers peut le faire pour les sociétés cotées en Bourse.

Sur quoi va porter cette expertise ?

C’est une expertise de gestion donc il faut qu’il s’agisse d’opérations ressortissants de la
compétence des dirigeants. Ces expertises de gestions c’est pour les sociétés de capitaux mais les
tribunaux ont été saisis de demandes aussi pour les autres sociétés, dans ce cas, les demandes
ont été acceptées mais il ne peut pas s’agir d’une demande d’expertise de gestion puisqu’elle
n’est pas prévue par un texte pour ces sociétés. On se fonde alors sur le CPC pour demander une
expertise afin de se constituer des preuves en vue d’un litige ultérieur.

Cette demande d’expertise de gestion est souvent le préalable à l’action en responsabilité contre
les dirigeants. En effet, chaque associé peut exercer au nom de la société une action en
responsabilité contre ces dirigeants. C’est l’action sociale « ut singuli », qui a été généralisée à
toutes les sociétés par l’art 1843-5 du Code civil.

Les associés vont demander réparation aux dirigeants au nom de la société. C’est le préjudice de
la société qui va être réparé, indépendamment du préjudice personnel éventuel de l’associé
demandeur ou de chaque associé.

 C’est considéré comme un « droit fondamental » pour les associés puisque les statuts de
la société ne peuvent pas interdire ce type d’action. De même, l’assemblée des associés
ne peut pas paralyser l’action.

Cette responsabilité peut également mener à une action pénale mais ici l’action n’est pas ouverte
pour toutes les infractions, seulement pour les infractions les plus graves. Sinon on estime que la
réparation civile suffit.

d. L’injonction de faire

Elle est apparue dans les années 2000. C’est un substitut à une pénalisation importante voire
excessive du droit des sociétés. Avant la loi de 2001, il y avait beaucoup d’infractions pénales et
c’était surtout des infractions formelles (par ex la non communication de documents). Les
dirigeants et la société étaient quand même relativement souvent susceptibles de faire l’objet
d’une poursuite pénale.

Le législateur a gommé ces infractions formelles et a remplacé la procédure pénale par


l’injonction de faire. Désormais, si des dirigeants d’une société ne communiquent pas les
documents, les associés vont se diriger vers le Tribunal d’instance ou de commerce selon leur
situation pour obtenir une injonction de faire. Les frais de procédure seront à la charge des
dirigeants de la société lorsque le tribunal fait droit à la demande.

e. La convocation du dirigeant

En cas de situation extrême (proche de la faillite), on va procéder à la convocation du dirigeant.


Lorsque la situation ne va pas, il y a des clignotants (injonction de faire…). Le Président du
Tribunal de commerce va être alerté par ces clignotants.

Depuis la loi sur les procédures de sauvegarde de 2005, le Président du Tribunal de commerce
peut convoquer le dirigeant d’une société lorsque les comptes sociaux font apparaitre des
risques pour la continuité de l’entreprise. Le Président du tribunal de commerce est informé
parce que les comptes de la société doivent être déposés au greffe du tribunal de commerce. Il y
a plus de difficultés lorsque la société commence à ne plus respecter les enregistrements. En cas
de blocage, on va procéder à la nomination d’un administrateur provisoire qui aura pour mission
de faire fonctionner la société au quotidien et ensuite de trouver le moyen de remédier à la
situation de blocage.

S’il y a toujours des difficultés, l’administrateur provisoire demandera la dissolution ou la


liquidation de la société si le passif est supérieur à l’actif.
CHAPITRE 6 :

La dissolution et la liquidation des sociétés

On est en présence d’une société qui a vécu. La société a eu une existence plus ou moins fondée,
plus ou moins réalisée et plus ou moins efficace. Cette société ne peut plus perdurer et il y a dès
lors deux hypothèses :

 Dissolution
 Liquidation

De toute façon la liquidation sera toujours la phase finale étant donné qu’elle suivra une
procédure de paiement tout comme une procédure de dissolution.

SECTION 1/ La dissolution des sociétés

Les causes de dissolution sont énumérées à l’art 1844-7 du Code civil. Traditionnellement, elles
peuvent être regroupées en 4 catégories :

 Causes de dissolution légales ;


 Causes de dissolution statutaires ;
 Causes de dissolution volontaires ;
 Causes de dissolution judiciaires.

§1 : Les causes de dissolution légales

La loi exige un certain nombre de conditions qui à un moment donné ne vont plus être remplies.
C’est donc par l’effet de la loi que la société va être dissoute. Ces exigences législatives peuvent
être de divers ordres mais elles vont être principalement liées soit au capital de la société soit au
nombre d’associés.

S’agissant du capital, il y a des sociétés pour lesquelles la loi exige un capital minimum et dans
ces sociétés, la loi a prévu un mécanisme pour éviter une trop grande différence entre le capital
sociétaire et les capitaux propres. Lorsque les capitaux propres sont inférieurs à la moitié du
capital sociétaire, la loi impose que les capitaux propres soient reconstitués, à défaut de quoi il y
aura dissolution de la société.

S’agissant du nombre d’associés, chaque d’associé a un nombre légal d’associé. Pour les SNC, 2
associés au minimum, pour les EURL un minimum, pour les SARL pas de maximum, pour les SA il
en faut au moins 7. Il arrive que le nombre d’associés ne corresponde plus à ces exigences
minimales ou maximales. Par ex, pour la SNC, lorsque l’un des deux associés décède, l’hypothèse
c’est la dissolution mais la loi prévoit que la réunion des parts en une seule main n’entraine pas
la dissolution de plein droit puisqu’il peut y avoir la régularisation dans le délai de un an. Dans
les SARL, si on avait 99 associés et que l’un décède. On n’en a plus que 98 mais il a trois héritiers
donc on arrive à 101 et ainsi on dépasse le chiffre. Si le nombre d’associés dépasse 100, la
société est dissoute de plein droit dans un délai d’un an pendant lequel il est possible de
régulariser.

 Globalement il y a dissolution légale lorsque l’un des éléments nécessaires à la validité de


la société disparait.

§2 : Les causes de dissolution statutaire

Elles peuvent regrouper des dissolutions résultant soit de l’absence de mentions obligatoires
dans les statuts, soit de causes de dissolutions spécifiques prévues dans les statuts. De manière
générale on trouve deux causes de dissolutions statutaires :

 L’expiration de la durée de la société


 La réalisation ou l’extinction de l’objet social

1. L’expiration de la durée de la société

Elle est prévue à l’art 1844-7. L’art 1838 prévoit une durée maximale pour la société de 99 ans
mais les statuts peuvent prévoir une durée plus courte et cette durée peut être prorogée à une
double condition : il faut soit l’unanimité ou une majorité qualifiée ; que la décision de
prorogation soit prise au moins un an avant l’expiration.

2. L’extinction ou la réalisation de l’objet

L’art 1844-7 °2 prévoit que la société prend fin par la réalisation ou l’extinction de son objet. La
société peut modifier son objet à la condition que la décision soit prise avant la disparition de
l’objet et cette décision est une décision modificative des statuts, soumise à une procédure
relativement lourde pour aboutir. En cas d’échec, la dissolution est acquise.

§3 : Les causes de dissolution volontaires

Elle est prévue par l’art 1844-7 °4 du Code civil. C’est une dissolution qui est décidée par la
collectivité des associés. Sauf exceptions, la dissolution de la société ne peut pas être décidée par
un seul associé (sauf société avec une seule personne).
On a aussi ici le cas de la société en participation : on a la possibilité de provoquer
unilatéralement la dissolution d’une société en participation à durée indéterminée. En effet, les
sociétés en participation n’ont pas de statut donc il arrive qu’elles n’aient pas de durée. Si je
raisonne par rapport au contrat, les contrats à durée indéterminée peuvent être rompus un
unilatéralement. Donc, il faut transposer la règle à la société en participation et la solution est
affirmée par l’art 1872-2 qui prévoit que la dissolution, pour la société en participation à durée
indéterminée, peut résulter à tout moment d’une notification faite par un associé aux autres
pourvu que cette notification soit faite de bonne foi et pas à contre temps.

En pratique cette dissolution anticipée résulte souvent de difficultés financières parce qu’il ne
peut pas y avoir d’ouverture de procédure de faillite à l’encontre d’une société dissoute. C’est la
raison pour laquelle il est certes difficile mais intéressant pour le Président du Tribunal de
commerce de pointer les difficultés du doigt pour montrer au dirigeant qu’il vaut mieux
dissoudre plutô t que d’attendre une procédure de faillite.

§4 : Les causes de dissolution judiciaires

La première hypothèse c’est l’art 1844-7 °3 du Code civil qui vise la dissolution en cas
d’annulation du contrat de société. En effet, la décision judiciaire qui prononce l’annulation du
contrat de société produit les mêmes effets que la dissolution. C’est un cas de dissolution
spécifique puisque l’annulation n’est pas rétroactive.

Vient ensuite la dissolution en cas de liquidation judiciaire : en 1988 le législateur avait prévu
que la liquidation judiciaire avait pour effet la dissolution de la société. Cette mesure a suscité
des difficultés en raison de la personnalité morale. En disant que la liquidation judiciaire avait
pour effet la dissolution, la disparition de la personnalité morale venait en même temps que le
jugement de liquidation judiciaire ; or, le jugement de liquidation judiciaire ouvre une procédure
pendant laquelle on peut avoir besoin de représenter la société. Les anciens dirigeants n’avaient
plus la capacité de représenter la personne morale. Donc, le liquidateur n’avait pas d’autres
possibilités que de demander au tribunal la désignation d’un mandataire, d’un représentant
pour la société qui avait été dissoute et donc n’existait plus.

Vu ces difficultés pratiques, la loi de 2005 a considéré que la cession totale des actifs n’entrainait
plus la dissolution de telle sorte que les dirigeants sociaux conservaient leur pouvoir pour
représenter la société.

La dissolution judiciaire peut également résulter d’une condamnation pénale ; en effet le Code
pénal, pour les infractions les plus graves, prévoit comme sanction la dissolution de la personne
morale.

Enfin, il y a la dissolution demandée par un associé  : L’art 1844-7 °5 du Code civil prévoit que la
dissolution peut être prononcée par le tribunal à la demande d’un associé pour juste motif,
notamment en cas d’inexécution de ses obligations par un associé ou de mésententes entre
associés paralysant le fonctionnement de la société. C’est donc la disparition de l’affectio
societatis. C’est une notion floue et en conséquence les tribunaux sont assez réservés pour
admettre la dissolution pour mésententes entre associés. La jurisprudence exige qu’il y ait
véritablement paralysie de la société. Le texte dit que la dissolution ne peut être demandée que
par un associé. Cela prouve que la jurisprudence est très stricte dans l’appréciation de cette
mésentente.
Conclusion de la section :

 La décision de dissolution doit faire l’objet d’une publicité au RCS et dans un journal
d’annonces légales. La dissolution devient alors opposable aux tiers qui vont pouvoir
faire valoir leurs droits à l’occasion de la période de liquidation que va ouvrir la décision
de dissolution.

SECTION 2/ La liquidation de la société

La liquidation comprend deux séries d’opérations :

 La liquidation proprement dite


 Le partage

§1 : La liquidation proprement dite

1. Les principes

L’art 1844-8 alinéa 3 du Code civil prévoit que la personnalité morale de la société subsiste
pour les besoins de la liquidation jusqu’à la publication de la clô ture de cette liquidation. Par
cette règle, la société va pouvoir continuer de passer les contrats nécessaires à sa liquidation ;
elle va terminer les contrats en cours. Mais elle va aussi pouvoir agir en justice pour les besoins
de la liquidation.

En revanche, la société ne pourra pas engager d’opérations qui seraient contraires à la finalité de
sa liquidation ce qui va, en pratique, poser des difficultés : il n’est pas toujours évident d’affirmer
que telle opération est bien dans le but de la liquidation et que telle autre ne l’est pas. La
jurisprudence est également fluctuante sur la question. On admet les opérations ayant
manifestement pour but la liquidation.

La liquidation est obligatoire : la société a été dissoute, les associés ne peuvent pas renoncer à la
liquidation. Les associés doivent nommer un liquidateur, en cas de difficulté pour la nomination
de ce liquidateur, c’est le tribunal qui va le faire. En pratique on a le jugement qui prononce la
dissolution et qui en même temps nomme le liquidateur.

La règle va poser des difficultés dans les sociétés unipersonnelles car en principe quand une
société unipersonnelle est dissoute, son patrimoine est transmis à l’associé unique donc il n’y a
pas besoin de liquidation (art 1844-5 alinéa 3). D’un autre cô té, on ne veut pas non plus que
dans ces sociétés la liquidation soit un moyen de fuir, donc l’art 1844-5 alinéa 3 prévoit que les
créanciers peuvent bloquer cette liquidation. De cette manière ils vont pouvoir se faire payer sur
l’actif de la société et passer avant les créanciers personnels de l’associé. En pratique, ça a peu de
portée dans la mesure où cette hypothèse suppose que la société soit in bonis (c'est-à-dire
qu’elle ait encore un actif important) et alors que l’associé à titre personnel lui connait des
difficultés. En réalité c’est plutô t inverse : la société n’est plus in bonis alors que l’associé unique
s’en sort relativement bien. Donc, ce que l’on veut ici ne va pas forcément fonctionner puisque la
société dans la majorité des cas va crouler sous les dettes et on va avoir un associé tenu des
dettes de la société alors que sa responsabilité est limitée à ses apports.
Le législateur a essayé de clarifier un peu les choses : il faut distinguer selon que l’associé est une
personne morale ou une personne physique. Si c’est une personne morale alors elle supportera
le tout ; si c’est une personne physique, il n’y aura pas de transmission universelle sans
liquidation, c'est-à -dire que ça reste limité à ses apports. Pas de transmission universelle ça veut
dire aussi que l’associé unique n’a pas le choix : en cas de dissolution, la société peut s’avérer
encore excédentaire et on ne voit pas alors l’intérêt d’une liquidation pour l’associé unique.

La Cour de cassation, en 2005, a encore atténué la controverse en considérant que la


transmission universelle n’avait pas à intervenir en cas de procédure collective ; en cas de
faillite, l’associé unique ne va pas tout récupérer car il n’y aura pas transmission du patrimoine
social au patrimoine de l’associé.

La dernière réforme sur le patrimoine d’affectation pourrait rejaillir sur cet aspect des choses
mais il faut attendre la position de la jurisprudence.

2. L’organisation de la liquidation

L’organisation de la liquidation est très réglementée, il faut nommer un liquidateur lors de la


décision de liquidation. Si ce n’est pas le cas, le liquidateur doit être nommé soit par les associés
si c’est prévu dans les statuts soit par le Président du tribunal de commerce qui peut être saisi
par tout intéressé. Le liquidateur va exercer l’ensemble des pouvoirs des organes de direction, il
va représenter la société, il a la charge de la société.

La liquidation doit s’opérer à l’intérieur d’un délai global de trois ans, le liquidateur peut
néanmoins demander une prolongation.

Dans les six mois de sa nomination, le liquidateur doit réunir l’assemblée des associés pour leur
exposer la situation, exposer les mesures qu’il souhaite prendre et parfois obtenir leur
autorisation quand celle-ci est nécessaire au vu des statuts. Ensuite, il doit apurer le passif et
réaliser l’actif, c'est-à -dire il doit payer toutes les dettes et s’assurer qu’il n’en reste aucune. Pour
payer les dettes, s’il n’a pas d’autres choix, il va vendre les parts d’actif. Il va vendre l’actif mais il
y a des limites : il ne peut pas de porter acquéreur des biens qu’il vend ; et si les biens sont
rachetés par d’anciens dirigeants, ça sera sous le contrô le de l’assemblée des associés. Tant que
la liquidation n’est pas clô turée, le liquidateur va réunir l’assemblée générale annuelle pour
approuver les comptes et il doit aussi réunir une assemblée pour voter la clô ture de la
liquidation.

Bien sur, pour tous ses actes, le liquidateur est susceptible d’engager sa responsabilité civile
voire pénale, il a la possibilité de distribuer des fonds au fur et à mesure mais toutes les étapes
de la liquidation font l’objet d’une publicité au RCS. La clô ture de la liquidation fait aussi l’objet
de cette publication qui va marquer définitivement la fin de la personnalité morale de la société.
2ème partie :

Les règles propres à chaque type de société

On peut distinguer les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux.

Le droit des sociétés est toujours en train d’évoluer, notamment sous la pression européenne.
Lorsque les institutions européennes procèdent par voie de directive, on constate que ces
directives ne sont pas toujours transposées, il y a une résistance des Etats. Par ailleurs, la
Commission a réagit par voie réglementaire, les règlements publiés étant directement
applicables dans chaque Etat membre. Cependant, la difficulté apparait toujours parce que les
projets de la Commission et du Parlement mettent du temps pour être publiés voire ne le sont
pas. Pour l’instant il y a eu le règlement relatif à la société européenne publié et intégré dans le
Code de commerce. Cependant, ce type de société est considéré par certains pays comme trop
important. Aujourd’hui très peu de société ont recours à cette société européenne (Allianz).

Voyant que cette société européenne ne prenait pas dans les différents Etats membres, la
Commission et le Parlement ont décidé de procéder également par voie réglementaire pour des
sociétés plus modestes. Mais, le succès n’est pas garantie car au niveau européen une PME c’est
au minimum 1000 salariés, et une petite entreprise c’est autour de 100-150 salariés. Le projet de
règlement de la société privée européenne devait être publié en 2009, on a repoussé en mars
2010 et aujourd’hui toujours rien. Ce n’est pas à cause du droit des sociétés, ce qui bloque au
niveau européen c’est étranger à la société, c’est le droit du travail. En effet, l’un des objectifs de
cette société privée européenne est de supprimer tout salaire minimum, un autre objectif est
d’exiger une plus grande durée hebdomadaire de travail (68 heures). La réaction du droit du
travail c’est aussi la participation des salariés à la gestion des entreprises. Cette dernière notion
a souvent été envisagée en France mais cette notion ne passe pas les frontières allemandes.

En droit français, on a aussi des évolutions liées au recul de l’exigence d’un capital minimum, et à
la création récemment de l’entreprise individuelle avec responsabilité limitée mais qui crée
quelque chose d’original puisque cela va se répercuter sur la contribution aux dettes avec un
éclatement de la notion de patrimoine et avec la création de la notion de patrimoine d’affectation
(influence du droit comparé et du droit allemand).

On pouvait aussi envisager de distinguer les différents types de sociétés selon qu’elles aient ou
pas la personnalité morale.

De plus, on ne peut pas occulter la société civile car c’est la 1 ère société qui est apparue. Les règles
du droit des sociétés étaient uniquement dans le Code civil et cette société existe toujours même
si elle est limitée à l’exercice de certaines professions. Il y a aussi la société en nom collectif qui
est la 1ère des sociétés commerciales mais qui sert toujours car elle peut concerner des petites
structures mais aussi des groupes de sociétés. Le même phénomène existe en droit comparé, on
va retrouver les mêmes bases par ex en droit allemand ou en droit espagnol ; même chose pour
les droits issus du droit romain (Italie, France) ; et les Anglais ont aussi des sociétés que l’on
peut rattacher à cette évolution.
CHAPITRE 1 : La société civile

C’est une société qui a la personnalité morale et on la définit comme étant une société à laquelle
la loi n’attribue pas un autre caractère à raison de sa forme, de sa nature ou de son objet (Code
Civil art 1845). Le régime juridique de ces sociétés est assez souple et met en avant la liberté
statutaire des associés.

Le droit commun des sociétés s’appliquent à ces sociétés civiles sauf si elles ont un statut
dérogatoire ; de plus il existe un régime spécifique de ces sociétés civiles (1845-1870 Code civil).
Enfin, il existe des règles particulières en fonction du secteur d’activité. Dans le secteur libéral
on va trouver les sociétés civiles de moyens et les sociétés civiles professionnelles où les
associés vont répondre indéfiniment et solidairement des dettes en dépit de la nature civile de la
société. C’est la raison pour laquelle les membres d’une SCR et d’une SCP sont obligés de
contracter une assurance de responsabilité civile professionnelle.

Dans le secteur immobilier on trouve les sociétés civiles de construction vente qu’on appelle les
promoteurs. On va aussi trouver les sociétés civiles d’attribution (pour la co propriété) ; les
sociétés d’attribution d’immeubles en jouissance à temps partagé  (la multi propriété) et enfin les
sociétés civiles de placement immobiliers.

Dans le secteur agricole, on trouve des groupements comme les GFA (groupement foncier
agricole), les GAEC.

Enfin, on aura l’EARL, qui est une société civile unipersonnel ou pluripersonnel.

 On va rester sur la société civile de droit commun qui est la forme sociale la plus
répandue en France avec la SARL, parce qu’elle touche des domaines, des professions
particulières qui sont relativement nombreuses sur le territoire français.

SECTION 1/ La constitution de la société civile

§1 : Les conditions de fond

A. Les associés

La société doit être composée d’au moins deux associés, personnes physiques ou
personnes morales. Aucune condition de capacité particulière n’est exigée, les associés doivent
seulement être capables de s’engager civilement.

B. Le capital social

Les trois types d’apports sont possibles : en numéraire, en nature et en industrie. On n’exige pas
non plus de capital minimum sous réserve de dispositions particulières à certains types de
sociétés. Aucune disposition ne prévoit les modalités de libération des apports et le Code civil
prévoit seulement que le capital est divisé en parts égales.
C. L’objet social

Etant donné qu’on est en présence d’une société civile, l’objet social doit présenter un caractère
civil et il ne doit pas comporter, même à titre accessoire, des éléments de commercialité. Si
jamais un élément de commercialité apparait, deux sanctions interviennent :

 une sanction fiscale (on va leur appliquer d’office l’impô t sur les sociétés)
 une sanction juridique à savoir la requalification de la société civile en société créée de
fait.

§2 : Les conditions de forme

On va distinguer ici les sociétés civiles selon leur date de création. Elles ont connu une réforme
par la loi du 4 JANVIER 1978 et jusqu’à cette date les sociétés civiles étaient tenues de se faire
immatriculer au RCS. Du fait de cette inscription, elles acquéraient la personnalité morale à
compter de cette date. Les sociétés constituées après 1978 n’étaient plus obligées de se faire
immatriculer pour pouvoir exister. Elles avaient la personnalité morale sans l’immatriculation.
Pour des raisons de transparence de la vie économique, la loi NRE de 2001 est venue dire que les
sociétés civiles qui n’auraient pas procédés à leur immatriculation au 1er nov 2002 perdront leur
personnalité morale à cette date. Ces sociétés pour autant ne seront pas nulles, elles seront
transformées en société en participation. Aujourd’hui toutes les sociétés civiles sont
immatriculées au RCS.

SECTION 2/ L’organisation de la société civile

§1 : Les associés

La société civile est fortement marquée par l’intuitu personae, en conséquence les qualités
personnelles des associés sont importantes tant lors de la constitution de la société que durant
la vie sociale.

A. Les obligations des associés

 La première obligation c’est l’obligation aux dettes sociales.

La société civile est une société à responsabilité illimitée. Chaque associé est tenu
personnellement, c'est-à -dire sur son patrimoine propre, et indéfiniment, c'est-à-dire au-delà de
son apport, des dettes de la société (art 1857 Code civil).

 Une obligation conjointe et non solidaire

C’est dans certains cas, ce n’est pas toujours. Dans certains types de société civile, chaque associé
n’est tenu que proportionnellement à sa part dans le capital social et non pour le tout (ex les
sociétés civiles de moyen).

 Une obligation subsidiaire


Les créanciers ne peuvent poursuivre le paiement des dettes sociales contre un associé que s’ils
démontrent avoir préalablement et en vain poursuivi la personne morale (art 1858 Code civil).

 La durée de l’obligation

L’associé qui quitte la société cesse de répondre des dettes sociales pour l’avenir. Mais, il reste
tenu du passif existant à la date de son départ. L’obligation aux dettes sociales se prescrit par 5
ans à compter de la publication de la dissolution.

Par ex, si dans une société civile de moyen, un associé quitte cette société. Lorsqu’il était encore
associé, il y avait des problèmes à propos des loyers, les charges n’avaient pas été payées.
L’associé est parti, si la société est condamnée au paiement par un tribunal, il sera obligé à la
dette même s’il a quitté la société. En revanche si la société entre temps a été dissoute,
l’obligation à la dette tombe au bout de 5 ans.

B. Les droits des associés

1. Les droits patrimoniaux

Ces droits patrimoniaux vont intervenir à l’occasion de la vie de la société :

a. La cessation de parts sociales entre vifs.

Un associé vend ses parts.

Il faut poser la question de l’agrément de cette cession de parts sociales ? En principe, la cession de
parts sociales ne peut intervenir qu’avec l’agrément de tous les associés (art 1861du Code civil)
mais les statuts peuvent n’exiger qu’une majorité voire même supprimer l’agrément pour les
cessions qui interviendraient entre associés. Les cessions sont libres au profit des ascendants,
des descendants et au profit du conjoint. Dans les autres cas, elles sont encadrées. Il se peut
aussi qu’il y ait un refus d’agrément mais pour autant on ne peut pas obliger un associé à rester,
la société est intuitu personae et on doit respecter sa volonté. On a donc un système pour palier
la difficulté : les associés vont faire une offre d’achat, un tiers peut être agrée par les sociétés ou
encore on peut faire fixer le prix de cession par un expert.

Quelle est la portée de la cession ? Si la cession est permise, elle est constatée par écrit. Il s’agit
d’une condition de preuve et non pas d’une condition de validité à peine de nullité. La cession est
rendue opposable à la société par notification. Les statuts peuvent prévoir que la notification est
remplacée par la modification des mentions sur le registre puisque pour être opposable aux
tiers, la cession doit être publiée au RCS.

b. La transmission des parts sociales en cas de décès

En principe les parts sont librement transmissibles à cause de mort. Donc l’art 1870, au décès
d’un associé, la société n’est pas dissoute et continue avec les héritiers de l’associé décédé mais
les statuts peuvent prévoir autre chose, notamment l’agrément des héritiers par les associés
voire même le fait que la société continuera avec les seuls associés survivants. Si on évince un
héritier de la société, il doit quand même hériter de la valeur des parts sociales que détenait son
auteur et cette somme lui sera payée par les associés titulaires de parts ou par la société elle-
même  recours à un expert.

c. Le droit de retrait ou de nantissement

Un associé peut se retirer partiellement ou totalement de la société dans les conditions prévues
par les statuts ou par autorisation unanime des associés. Mais, en cas de difficultés, le retrait
peut aussi être demandé pour juste motif au tribunal, l’associé a ici encore droit au
remboursement de la valeur de ses parts parce que son retrait va entrainer une réduction du
capital social. Enfin, un associé peut offrir ses parts à titre de garantie à un créancier. Ce
nantissement établi par écrit doit être mentionné au RCS et signifié à la société. Le créancier
nanti impayé pourra au besoin faire vendre les parts aux enchères avec l’agrément du
cessionnaire.

2. Les droits de vote ou les droits politiques

Il s’agit de deux aspects : un droit à l’information et le droit de vote en tant que tel.

a. Le droit à l’information

Les associés ont le droit d’obtenir une fois par an la communication des livres et des documents
sociaux (art 1855 Code civil) et comme l’associé n’est pas forcément professionnel en la matière,
il peut se faire assister d’un expert pour avoir une meilleure connaissance et compréhension des
documents.

Il a aussi le droit de poser des questions écrites au gérant. Là encore, au moins une fois par an ;
et plus si les statuts le prévoient. Les statuts ne peuvent pas interdire les questions au gérant.

Enfin l’associé peut prendre connaissance du rapport de gestion que le gérant doit établir pour
la clô ture de chaque exercice.

b. Le droit de vote

Chaque associé ne dispose que d’une seule voix sauf si les statuts prévoient autant de voix que
de parts sociales. Les décisions sont adoptées à l’unanimité sauf disposition statutaire prévoyant
la majorité.

Les décisions collectives sont prises en assemblée, on peut aussi prévoir dans les statuts des
consultations écrites pour ces décisions collectives. Les associés doivent être régulièrement
convoqués aux assemblées.
§2 : La gérance

A. La désignation du gérant

La société civile peut être gérée par une ou plusieurs personnes physiques ou morales, associées
ou non. Si le gérant est une personne morale, les dirigeants de la personne morale vont tous
engager leur responsabilité civile et pénale comme s’ils étaient gérants à titre personnel. Le
gérant est nommé soit par les statuts soit par un acte distinct, soit lors d’une assemblée et sur
décision prise à la majorité des associés sauf disposition statutaire différente.

Sauf clause contraire, le gérant est nommé pour la durée de la société. Il est révocable à la
majorité des associés sauf clause contraire ou par décision de justice. Il a droit à des dommages
et intérêts si la révocation est abusive ou si elle est décidée sans juste motif mais il est possible
d’exclure une indemnisation dans les statuts (pour les justes motifs).

B. Les pouvoirs du gérant

Dans ses rapports avec les associés, le gérant peut accomplir tous les actes de gestion
commandés par l’intérêt de la société. S’il y a plusieurs gérants, ils exercent séparément ce
pouvoir mais chaque gérant peut s’opposer à une opération qui serait décidée par un autre, le
plus souvent il y a un seul gérant pour éviter les difficultés.

Le gérant engage la société à l’égard des tiers et il le fait lorsque les actes entrent dans l’objet
social. Si les statuts limitent ses pouvoirs, par rapport à l’objet social, ces clauses sont
inopposables aux tiers même si ceux-ci en avaient eu une connaissance préalable. Ça vient du
fait qu’il y a une responsabilité totale et solidaire.

Ce gérant est responsable civilement envers la société et les tiers en cas de non respect des lois
et règlement, en cas de violation des statuts et en cas de faute de gestion. Aucune disposition
légale ne vise spécialement la responsabilité pénale du gérant, ce n’est pas pour autant qu’elle ne
va pas exister puisqu’il sera soumis aux textes communs.

Pour éviter cette difficulté, les associés vont avoir un certain contrô le sur la gérance et lorsque la
société exerce une activité économique, un commissaire aux comptes est également prévu.

Enfin, pour éviter les abus et les difficultés, les conventions passées entre le gérant et la société
sont également soumise à une procédure de contrô le qui s’exerce lors de l’assemblée générale
des associés. L’assemblée va approuver ou pas cette convention. Si la convention n’est pas
approuvée par l’assemblée, elle peut quand même produire des effets mais la société ne sera pas
tenue et les conséquences éventuellement préjudiciables sont à la charge du gérant.

SECTION 3/ La disparition de la société civile

Il y a deux types de disparition : la transformation et la dissolution.

§1 : La transformation

La transformation d’une société civile en société commerciale est possible, c’est même le mode
normal. La société civile va finir par avoir une activité économique et deviendra une Dté
commerciale. Cette transformation n’entraine pas la création d’une personnalité morale
nouvelle donc la société pourra, pendant la période de transformation, poursuivre normalement
ses activités, sans que cela puisse porter préjudice ni à elle ni aux tiers.

§2 : La dissolution

Outre les causes de dissolutions communes à toutes les sociétés, la société civile est dissoute en
cas d’absence de gérant depuis plus d’un an. La société civile n’est pas non plus dissoute de plein
droit ni en cas de faillite d’un associé (dans ce cas on lui demandera de se retirer de la société) ni
par le décès d’un associé (la société continue avec les héritiers). Mais, dans les deux cas, les
statuts peuvent prévoir la dissolution notamment en cas de faillite.

Lorsque la dissolution est avérée, elle est suivie par la liquidation et le partage en application des
règles du droit commun. Le partage c’est la distribution entre les associés du montant de l’actif
restant après la liquidation. Chaque associé a droit au remboursement de ses apports augmentés
du bonus de liquidation ou diminué par la contribution aux pertes.

La part de chacun est proportionnelle aux apports. Lorsque la somme est fixée, elle peut faire
l’objet soit d’un paiement en espèce soit d’une attribution de biens. On peut aussi prévoir une
attribution préférentielle. En général c’est le gérant qui demande l’attribution préférentielle. Ces
attributions préférentielles se font à charge de soulte c'est-à-dire qu’il y aura une répercussion
de la valeur sur les autres parts de la société. Parfois cette attribution préférentielle est
contestée notamment pour tout ce qui concerne les sociétés crées de fait. Mais, de manière
générale les opérations se passent bien, les associés pouvant néanmoins demeurer dans
l’indivision.

Une fois le partage réalisé, on va pouvoir clô turer la liquidation, procéder à la publicité et radier
la société du registre du commerce et des sociétés.

Si un contentieux apparait, l’action doit être engagée dans les trois ans et l’associé ne peut être
responsable que dans la limite de ce qu’il a reçu pour la liquidation.
CHAPITRE 2 : La société en nom collectif

La société en nom collectif (SNC) est la première à figurer sur la liste du Code de commerce. Ce
sont les arts L 221-1 à L 221-17 du Code de commerce. Ce sont d’anciennes sociétés qui sont
considérées comme les héritières de la société civile tout en étant le prototype de la société
commerciale. Les sociétés en participation et les sociétés créées de fait sont en effet des sociétés
envisagées par référence à la SNC. La SNC est une société de personnes, les associés sont
indéfiniment et solidairement responsables des dettes de la société, l’intuitu personae est
donc très fort et présent.

Pendant longtemps la SNC a présenté l’avantage d’être la seule société commerciale sans capital
minimum exigé. Elle a donc permis le développement du droit des sociétés et des sociétés en
général puisque les associés n’avaient pas forcément de mise en fond considérable à effectuer.
Cet avantage s’est amoindri avec la disparition du capital minimum pour les SARL et au fur et à
mesure que le capital minimum n’est plus exigé dans les sociétés, la SNC devrait perdre du
terrain. Toutefois, les SNC restent nombreuses car on les trouve dans des secteurs dynamiques.
Il y a un nombre important de SNC dans les groupes de sociétés. L’inconvénient de la SNC c’est la
responsabilité personnelle des associés mais ce n’est pas très gênant si l’associé est lui-même
une SARL puisque dans cette société on sera limité aux apports. Donc de nombreuses filiales
sont constituées sous forme de SNC, à tel point qu’en 2004, le législateur a prévu une règle
particulière pour les rapports de gestion annuels lorsque les associés de la SNC sont une SA ou
une SARL.

On trouve ensuite un nombre important de SNC dans les affaires immobilières. Elle est souvent
créée pour la gestion de patrimoines immobiliers parce qu’il y a un intérêt fiscal : les associés
sont imposés au titre de l’impô t sur le revenu et non au titre de l’impô t sur les sociétés. Le taux
de fiscalité est plus bas.

Les bénéfices qu’elle procure ne sont pas non plus imposables : les bénéfices et les pertes
remontent directement entre les mains des associés. Les bénéfices ne sont pas spécialement
imposables et les pertes sont imputables sur le revenu des associés.

SECTION 1/ La constitution de la SNC

§1 : Les conditions de fond

La SNC présente des conditions de formation originale qui découlent de sa forme. En effet, c’est
une société commerciale par la forme. Elle présente la particularité que ses associés ont tous la
qualité de commerçants, les associés doivent donc tous avoir la capacité commerciale. Ils ne
peuvent pas être des associations ou des personnes ayant un statut de droit public.

La société doit aussi avoir un objet commercial, cet objet est important car il va délimiter les
pouvoirs du gérant. Même si l’objet social est civil, cela n’affectera pas le caractère commercial
de la société.
Elle n’a pas de capital minimum ; les apports sont indispensables et il peut s’agir d’apport en
industrie ou en jouissance.

C’est une société facile à créer aussi parce qu’il n’y a pas de contrô le des apports étant donné que
si la société n’honore pas ses dettes, les associés doivent le faire. De plus, la sous-évaluation ne
peut même pas être préjudiciable aux tiers, les seules victimes seraient les associés.

Enfin, la SNC n’est pas obligée d’avoir une raison sociale. Cette exigence a disparu en 1985 et
aujourd’hui il suffit d’une dénomination sociale à laquelle on ajoute les lettres SNC. Il est
cependant impératif que tout le monde sache qu’il s’agit d’une SNC.

§2 : Les conditions de forme

Pas de vérification des apports, pas de procédure de blocage. On va simplement procéder à la


signature des statuts, à leur dépô t au greffe et à un journal d’annonce légale en vue de
l’immatriculation.

Les formalités de publicité sont requises à peine de nullité mais uniquement en cas de fraude.

Les associés sont au moins 2, il n’y a pas de maximum et depuis la loi de 1985 sur l’égalité des
époux, rien ne s’oppose à ce que deux époux soient associés de la même SNC.

SECTION 2/ Le fonctionnement

§1 : L’administration de la SNC

Elle est effectuée par un ou plusieurs gérants puisque le Code de commerce prévoit que tous les
associés sont gérants sauf stipulations contraires des statuts. Ces stipulations peuvent être
variées puisque les gérants peuvent être associés ou non associés. Ils peuvent être désignés dans
les statuts ou ultérieurement dans les modalités prévues par ces statuts. Ils sont nommés pour
une durée déterminée ou indéterminée et il peut s’agir d’une personne morale.

Il y a donc trois possibilités :

- Soit les statuts n’ont rien prévu, donc tous les associés sont gérants
- Soit les statuts ont désigné le gérant
- Soit les statuts prévoient que le gérant sera désigné par les associés selon les règles de
fonctionnement de l’assemblée (soit à la majorité si les statuts le prévoient, sinon à la
majorité des associés).

Il y a aussi un parallélisme des formes car les fonctions du gérant vont prendre fin
conformément au mode de désignation. Lorsque le gérant a été désigné dans les statuts, ou
lorsque tous les associés sont gérants, la révocation n’est possible qu’à l’unanimité des autres
associés. En principe, la révocation du gérant statutaire entraine la dissolution de la société mais
les associés peuvent décider à l’unanimité de continuer.

Le gérant révoquer reste associé et peut donc rester dans la société ou la quitter, moyennant le
remboursement de la valeur de ses parts sociales. L’évaluation des parts va se faire d’un
commun accord ou en recourant à un expert.
Lorsque le gérant est un associé qui n’a pas été désigné dans les statuts, la révocation est
possible dans les conditions statutaires ; à défaut de précisions dans les statuts, il faudra
l’unanimité. Comme le gérant n’est pas statutaire, sa révocation ne lui donne pas le droit de
quitter la société, tout comme elle ne va pas entrainer la dissolution de cette société. Même
chose, lorsque le gérant n’est pas un associé  : la révocation est toujours possible mais, à défaut
de disposition statutaire, il suffira de la majorité.

 Dans tous les cas, la révocation doit être fondée sur de justes motifs. L’art L 221-12 du
Code de commerce dispose que si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut
donner lieu à des dommages et intérêts.

La décision de révocation, qu’elle soit fondée ou non, sera toujours efficace. On ne va pas
réintégrer le gérant révoqué dans sa fonction de gérant. Mais, le gérant révoqué sans juste motif
pourra demander des dommages et intérêts. Il n’aura un intérêt à agir pour exercer ce recours
en indemnisation que s’il établi l’absence de juste motif.

C’est donc sur le gérant que pèse la charge de la preuve de l’absence de juste motif. C’est le
tribunal qui estime si les motifs allégués et prouvés sont constitutifs de juste motif.

Ce juste motif peut être : un manque de résultat, ou encore une faute de gestion. La perte de
confiance dans la personne du gérant peut-elle valoir juste motif ? Les tribunaux l’admettent en
procédant in concreto, ils vont donc rechercher si cette perte de confiance se traduit par des
éléments objectifs pouvant aller jusqu’à nuire à la société. Dans certains cas, la perte de
confiance peut devenir un juste motif.

Le Code de commerce prévoit aussi que le gérant peut être indemnisé, mais il n’en donne pas les
critères et reste muet quant à la rémunération. Ce sont les statuts ou les associés qui
déterminent une éventuelle rémunération. Quand une rémunération était prévue, elle peut
servir de base à l’indemnisation.

 Le gérant de SNC peut ne pas être rémunéré.

Il n’y a pas de procédure particulière concernant les contrats que le gérant pourrait passer lui-
même ou avec les associés. Les associés contrô lent la gestion du gérant avec les moyens dont ils
disposent.

Les pouvoirs du gérant sont définis relativement largement par les textes puisque l’art 221-5 du
Code de commerce dispose que dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société pour
les actes entrant dans l’objet social. En cas de pluralité de gérants, ceux-ci déterminent
séparément les pouvoirs normalement prévus. La formule est générale et c’est le seul type de
société dans laquelle les actes du gérant qui dépassent l’objet social n’engagent pas la société
(Cour de cassation 2003).

 Le gérant agit dans la limite de l’objet social, s’il va au-delà la société n’est pas engagée
sauf si tous les associés, unanimement, ont demandé au gérant de procéder.

Lorsqu’il y a plusieurs gérants, en principe, ils se répartissent les tâches. Quelque fois, il y a des
conflits entre gérants parce qu’un gérant veut s’opposer à un acte passé par un autre gérant. En
cas d’opposition, les textes limitent la difficulté en disant que l’opposition ne produira effet à
l’égard des tiers que dans la mesure où on aura informé les tiers de cette opposition.

L’art L 221-4 prévoit que le gérant peut faire tout acte de gestion dans l’intérêt de la société. Ce
sont les statuts qui, le cas échéant, préciseront les actes et les fonctions du gérant. Les statuts
peuvent aussi prévoir que certaines décisions seront réservées aux associés.

La plus importante obligation du gérant c’est de tenir la comptabilité, élaborer un bilan annuel,
ainsi qu’un rapport de gestion. Il peut bien évidemment se faire aider par un expert, il peut aussi
recourir aux services d’un comptable ou d’un commissaire aux comptes, même si le commissaire
aux comptes n’est pas obligatoire dans ce type de société. Le commissaire aux comptes peut être
présent, soit par la volonté des associés soit chaque fois que l’on dépasse deux des trois seuils
prévus par la loi concernant le chiffre d’affaire, le résultat et le nombre de salariés supérieur à
50.

§2 : Le statut des associés

A. Les obligations et droits des associés


a. obligations

Les associés sont tenus indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Cette responsabilité
est quand même une responsabilité subsidiaire puisque les créanciers sont obligés de
poursuivre d’abord la société et doivent la mettre en demeure avant de poursuivre les associés.
La mise en demeure de la société sera considérée comme vaine si la société n’a pas payé sa dette
dans les huit jours. Dans un tel cas, les créanciers pourront agir contre n’importe lequel des
associés pour toute la dette et ils pourront aussi faire procéder à la saisie de ses biens
personnels. Si la société n’a pas payé la dette, le créancier n’a pas à faire saisir les biens de la
société, il peut aller directement saisir les biens personnels de l’associé le plus solvable. C’est ce
qui différencie la SNC de la société civile puisque le créancier de la SC doit d’abord poursuivre la
société et ce n’est que si la société n’est pas en mesure de répondre à l’action que le créancier
pourra se retourner contre les associés.

Avant 2005, on allait encore plus loin en cas de faillite : si la société était déclarée en faillite, le
tribunal déclarait aussi en faillite personnelle les associés. Désormais, ce n’est plus automatique,
mais en pratique ça ne change pas grand-chose puisque les dettes de la société peuvent être
poursuivies directement sur les associés or, en général si la SNC est en faillite c’est que les
associés ne sont pas en mesure de payer.

L’associé qui quitte la SNC demeure tenu des dettes qui étaient à la charge de la société au jour
de son départ donc il ne sera pas tenu des dettes postérieures. En revanche, l’associé qui entre
dans la SNC en cours de vie sociale, prend en charge toutes les dettes, passées comme futures.

Il y a assez souvent des difficultés pour les associés sortants parce que la SNC était souvent
titulaire d’un bail commercial or l’associé quitte en cours de bail ce qui peut poser problème car
il ne connait pas forcément l’état du bail.

Cette solidarité s’explique aussi par le fait que tous les associés ont la qualité de commerçants.
Tous doivent être inscrits personnellement au RCS. Cette reconnaissance de la responsabilité via
le statut de commerçant va conduire aussi à accorder aux associés des droits en plus des
obligations.
b. Les droits des associés

Les associés de la SNC ont un droit à l’information. L’art L 221-8 prévoit que les associés non-
gérants ont le droit d’obtenir deux fois par an communication des livres et documents sociaux.
Ils ont aussi la possibilité de poser des questions écrites auxquelles le ou les gérants doivent
répondre par écrit.

Il y a aussi un droit à participer à la vie de la société . Les associés doivent se réunir en assemblée
pour l’approbation annuelle des comptes et l’approbation du rapport de gestion. Cette
assemblée annuelle est obligatoire et elle doit être précédée d’une information légale. On peut
faire d’autres assemblées mais les statuts peuvent prévoir que les assemblées qui ne portent pas
sur les comptes peuvent procéder par consultation écrite des associés.

Les associés ont des droits financiers : ils peuvent avoir des parts de bénéfices et des boni de
liquidation. La répartition des bénéfices est prévue par les statuts mais il n’existe pas de règles
particulières. Seul le Code général des impô ts s’y intéresse pour dire qu’ils seront taxés
directement au titre de l’impô t sur le revenu des associés.

B.  Le changement d’associés

La cession des parts de SNC connait deux régimes différents selon que ça soit entre vifs ou à
cause de mort.

a. La cession entre vifs

L’art L 221-13 prévoit que les parts sont cessibles à condition que la cession ait été acceptée par
l’unanimité des coassociés. Ce texte est d’ordre public : toute clause contraire dans les statuts est
réputée non écrite. En réalité, les parts ne sont pas facilement cessibles, l’associé peut très bien
obtenir un crédit grâ ce à ses parts et donc passera par une convention de croupier. Il restera
associé mais n’aura plus l’usage de ses parts et ne percevra plus ses bénéfices, c’est la banque
qui l’aura pris en croupe qui percevra les dividendes pendant le temps de la convention.

b. La cession à cause de mort

Le principe est que le décès d’un associé met fin à la société en raison de l’importance de
l’intuitus personae dans les SNC. On a toujours voulu laisser survivre les sociétés ni bonis et faire
en sorte qu’elles ne soient pas dissoute du fait du décès donc la société peut continuer avec ou
sans les héritiers du défunt. Si on continue avec les héritiers, il faut que ceux-ci soient acceptés
par l’ensemble des associés et s’ils ne sont pas agrées, on doit leur rembourser la valeur des
parts qui sont redistribués entre les associés restants.

Si l’un des héritiers est mineur d’â ge, il peut devenir associé mais la SNC devra se transformer en
société en commandite.

SECTION 3/ La dissolution

La SNC est soumise aux causes de dissolutions communes à toutes les sociétés mais en plus, il y a
des cas spécifiques :
- Le décès d’un associé sauf statut contraire ;
- La révocation d’un gérant associé statutaire
- La survenance d’une incapacité qui empêcherait l’un des associés de demeurer
commerçant ;
- Lorsque l’un des associés est mis personnellement en faillite.
Chapitre 3 : La société en participation

Art 1871 à 1873 du Code civil. C’est une société de personnes qui présente la caractéristique
d’être dénuée de la personnalité morale et de ne pas faire l’objet d’une immatriculation au RCS.
Elle n’est pas commerciale par la forme, tout dépend de son objet. Au moment de sa création, la
société en participation était une société occulte, et lorsqu’elle était révélée, elle
devenait/dégénérait en une société créée de fait. Avant 1966, on parlait d’association en
participation chaque fois qu’on était en présence d’une société dont l’existence n’était pas
révélée au tiers. La loi de 1966 envisage la société du point de vue commerciale et aucun texte ne
prévoit son existence du point de vue civil.

C’est la loi de 1978 qui, après des débats parlementaires, a consacré la société en participation
en imaginant deux renvoi à des sociétés existantes : un renvoi général au droit de la SNC si elle
est commerciale ; un renvoi à la société civile si la société en participation a un objet civil. C’est
apparu comme une évidence surtout le renvoi à la société en nom collectif car cette société est
considérée comme l’archétype de la société commerciale. Pourtant, en pratique, c’est moins
évident que cela car la SNC est une société structurée alors que la société en participation ne
l’est pas. Par ailleurs, l’art 1873 du Code civil prévoit que les dispositions relatives à la société en
participation sont applicables aux sociétés créées de fait. Ca parait logique puisqu’une société
créée de fait n’a pas statut et on n’en fait pas non plus de publicité. Ce nouveau renvoi entraine
lui aussi parfois des difficultés car il y a des différences entre les sociétés personnalisées et celles
qui ne le sont pas. La société créée de fait se projette sur la St en participation, qui se projette sur
la SNC ou sur la société civile. On a donc une sorte de greffe pour des entités qui à l’origine ne se
ressemblent pas.

La société en participation est une société multiforme, elle peut servir à des opérations
ponctuelles, là elle est recherchée en tant que société, c’est parce que sa souplesse permet de
réaliser une opération.

L’exemple classique est celui des diamantaires qui se regroupent pour acheter une pierre. Seuls
ils ne peuvent pas faire l’opération donc ils se regroupent. La pierre est ensuite travaillée,
vendue, et ils se partagent les bénéfices.

L’autre exemple c’est celui de deux personnes qui achètent ensemble un ticket de loto et
décident de partager les gains s’ils gagnent. Les tribunaux ont été confrontés à la difficulté que
vu le prix du ticket, un seul des deux paie. Celui qui a acheté le ticket va empocher les gains mais
il peut se produire qu’il ne veuille pas partager avec l’autre ou alors qu’il veuille simplement lui
donner un faible pourcentage du gain. Il y a eu deux types d’actions : devant le juge civil lequel
venait parfois dire qu’il y avait une société en participation ; devant le tribunal correctionnel
pour abus de confiance et à chaque fois le juge pénal a estimé qu’il y avait société en
participation, que ça pouvait caractériser l’abus de confiance et donc également pouvait
prononcer une peine correctionnelle et quant à l’action civile ordonner le partage des gains.
Lorsqu’un associé n’a pas rempli ses obligations, il est logique de liquider la société et de
procéder au partage des bénéfices.

Il y a d’autres exemples, notamment l’hypothèse d’étudiants qui organisent un voyage.


La société en participation peut aussi être intéressante lorsqu’une société est en difficulté
financière mais, cette société contribue à l’économie locale et à l’emploi. Au niveau local, on va
avoir souvent la création d’une société en participation à l’initiative du préfet. Le préfet va réunir
les banques pour qu’elles injectent des fonds dans la société et ce pô le bancaire va, avec la
société, crée une société en participation dont ils partageront les bénéfices mais aussi les pertes.

La société en participation n’a pas la personnalité morale et elle n’a donc pas de patrimoine
propre ; elle-même en tant que telle ne peut donc pas faire l’objet d’une procédure de
sauvegarde. Si elle a des difficultés financières, ce sont les associés qui seront déclarés en faillite
et pas la société.

SECTION 1/ Le fonctionnement de la société en participation

§1 : Les rapports entre associés

Les rapports entre associés sont gouvernés par le principe de liberté.

L’art 1871-1 du Code civil prévoit que, à moins d’une organisation différente prévue, les
rapports entre associés sont régis en tant que de raison, soit par les dispositions
applicables aux sociétés civiles, ou par les dispositions applicables aux SNC si elle a un
caractère commercial.

La société en participation va donc quand même avoir un fonctionnement de société. Les


associés vont nommer un gérant, à défaut si la société est commerciale, tous les associés seront
gérants puisque l’on se conforme aux règles de la société en nom collectif.

Les droits et obligations sont également librement convenus entre les associés sous réserve d’un
certain nombre de dispositions d’ordre public. Il est certain que les associés doivent garder un
contrô le sur la gestion de la société. Les associés vont devoir faire des apports mais ces apports
ne pourront pas être des apports en propriété. Ils doivent participer aux pertes et ont droit au
partage des bénéfices.

Il faut tenir une comptabilité car l’administration fiscale va demander la déclaration annuelle
des bénéfices en vue de les taxer. Mais, l’imposition va être spécifique, elle va se répercuter sur
l’impô t sur le revenu et non pas sur l’impô t sur les sociétés. Le taux d’imposition sera donc
moins élevé. Ceci n’est envisageable que pour les sociétés en participation qui ont une vocation à
durer dans le temps.

§2 : Les rapports avec les tiers

Les rapports avec les tiers vont varier selon que la société sera occulte ou ostensible.

A. société occulte

Dans la société en participation occulte, l’art 1872-1 dispose que chaque associé contracte en
son nom personnel et est seul engagé à l’égard des tiers (normal puisque personne ne sait qu’il y
a une société). Il y a quand même trois exceptions :

- Il arrive que les associés disent au tiers qu’ils sont associés d’une société en participation
- Il se peut qu’un autre associé ait pris part à la discussion, ce qui fait que le tiers a pu
croire qu’il y avait société
- Lorsque l’engagement a finalement profité à l’un des associés

Dans ces trois hypothèses, le tiers peut s’adresser à n’importe quel associé mais le principe reste
quand même surtout celui selon lequel on ignore l’existence de la société donc l’associé est
engagé à titre personnel. Cet article 1872-1 du Code civil a eu des applications jurisprudentielles
mais on l’a invoqué dans des situations que finalement il n’avait pas prévu.

Par ex, lorsque l’associé qui contracte avec un tiers révèle sans leur accord, le nom des autres
associés. Les tribunaux estiment que ce n’est pas prévu par la disposition. Dans ce cas 1872-1 ne
peut pas jouer, seul l’associé qui a révélé le nom des autres est tenu.

B. société ostensible

Tous les associés sont tenus même s’il arrive que les sociétés ne soient que partiellement
ostensible, il arrive que seuls certains associés soient connus des créanciers. Or, les autres
associés ne sont pas obligés de se dévoiler. En fait, il y a une seule personne qui peut les
connaitre tous, en dehors du fisc, c’est le banquier.

En cas de faillite, les choses peuvent devenir très complexes. On peut avoir des listes de
créanciers par associés ; on peut aussi avoir des associés qui se retrouvent sur plusieurs listes et
d’autres que l’on ne voit nulle part. Il n’est pas évident que tous soient appréhendés par la
procédure de faillite. Le seul créancier qui aura une vue générale, c’est le fisc puisque la société
doit être déclarée à l’administration fiscale pour la perception des droits d’enregistrement et
pour l’imposition. Cette déclaration ne fait pas perdre à la société son caractère occulte vis-à-vis
des autres tiers.

§3 : Le régime des biens

On est en présence d’une société qui fonctionne avec un certain nombre de biens mais qui ne
peut pas en être propriétaire puisqu’elle n’a pas la personnalité morale :

- soit tous les biens appartiennent personnellement à l’un des associés

Le mode normal pour effectuer des apports est la simple mise à disposition, c’est prévu par le
Code civil, à l’égard des tiers, chaque associé reste propriétaire des biens qu’il met à disposition
de la société.

- soit les biens sont partagés entre les associés, ce sont des biens indivis.

Tous les biens acquis du fait de la société seront placés en indivision. La société aura une activité
économique, elle va donc percevoir de l’argent et cet argent sera aussi un bien indivis. C’est
renforcé par le fait que l’article 1872 pose une présomption d’indivision ce qui veut dire que l’on
doit respecter les règles générales relatives à l’indivision, sachant aussi que d’après l’art 915 du
Code civil, nul ne saurait être contraint de rester dans l’indivision. Cela se produit surtout
lorsque les créanciers de l’un des indivisaires veulent poursuivre les biens indivis. D’habitude
avec la société en participation, l’associé répond sur ces biens personnels mais comme il y a
indivision, les créanciers peuvent poursuivre sur tous les biens mis en indivision. C’est la raison
pour laquelle on veut pouvoir en sortir.

SECTION 2/ La dissolution de la société en participation

La société en participation présente des particularités. Elle pose des difficultés.

Les sociétés en participation sont les seules sociétés qui peuvent faire l’objet d’une dissolution
par volonté unilatérale de l’un des associés. L’art 1872-2 dispose que « lorsque la société en
participation est à durée indéterminée, sa dissolution peut résulter à tout moment d’une
notification adressée par l’un d’eux à tous les associés pourvu que cette notification soit
de bonne foi et non faite à contre temps ».

Cependant, le plus souvent la dissolution va intervenir en raison de la réalisation de l’objet


social.

La dissolution va entrainer la reprise des apports, le partage des bénéfices et des bonis de
liquidation. C’est la raison pour laquelle des concubins ont préféré dire qu’ils étaient en société
créée de fait et non pas en société en participation car ils pouvaient partager leur patrimoine et
pas seulement les bénéfices. il doit aussi y avoir un partage des biens indivis.

On va aussi, à l’occasion du partage, admettre l’attribution préférentielle. Par ex, l’un des
associés avait mis à disposition un immeuble, c’est logique que ça soit lui qui récupère
l’immeuble s’il est intéressé.
CHAPITRE 4 : LA SARL

La SARL a été introduite dans notre législation par la loi du 7 MARS 1925 suite au rattachement
à la France de l’Alsace-Lorraine. On l’a créée parce qu’on s’est rendu compte que le système
juridique allemand qui avait contribué au développement de ces sociétés en Alsace-Lorraine
avait permis un bon développement de cette région. Les Allemands on crée ce type de société
GMBH en 1892. Ce très bon accueil a conduit le législateur français à l’étendre sur l’ensemble du
territoire.

La SARL est une société qui, au fil des réformes, est devenue de plus en plus hybride. Tout
comme en Allemagne c’est une société de capitaux car les associés ne sont responsables qu’à
hauteur de leur apport. Les associés n’ont pas la qualité de commerçant mais l’intuitus personae
y a quand même une place importante puisque la SARL reste une société fermée puisque les
parts ne peuvent pas faire l’objet de titres négociables. C’est ce qui différencie en partie la SARL
française du droit Allemand.

Dans sa rédaction initiale, la loi de 1966 prévoyait un capital social minimum de 20 000 francs.
En 1984, on est passé à 30 000 francs puis, à compter de 2003, on est partie dans un sens de
libéralisation et de souplesse en estimant qu’au nom de la liberté d’entreprendre, il n’y avait
aucune raison à ce que la loi détermine arbitrairement un bon niveau de capital pour pouvoir
exercer une activité économique ; on a donc supprimé l’exigence d’un capital social minimum. Ce
n’est pas pour autant qu’il y a eu plus de SARL créée. Dans le même temps, on s’est aussi
interrogé en Allemagne sur la nécessité de maintenir un capital social minimum. La tendance en
européenne était de ne plus fixer de minimum. En Allemagne, on a pris la loi de modernisation
des sociétés le 1ER NOV 2009, et on a maintenu le capital minimum de 30 000 € pour la GMBH.
Même en France, on se dit que ne pas imposer de capital minimum est peut être dangereux car
on laisse croire que les problèmes de financement d’une société, surtout à sa création, sont
secondaires ; et parallèlement, la jurisprudence décide souvent que la création d’une entreprise
sans apporter de financement suffisant pour assurer son fonctionnement normal constitue une
faute de gestion imputable au gérant. Donc en général on a quand même un capital de 20 000€
au départ.

Aujourd’hui la SARL est réglementée par 233-1 à 233-43 du Code de commerce.

SECTION 1/ La constitution de la SARL

§1 : Les conditions de fond

A. les conditions relatives aux associés

La SARL traditionnelle comprend au moins 2 associés personnes physiques ou morales. Depuis


1985, la SARL peut se constituer sous forme unipersonnelle, il s’agit alors de l’EURL. Il n’y a pas
de conditions particulières relatives aux associés, la SARL peut très bien être constituée entre
deux époux mais on va avoir une difficulté en cas d’apports d’un bien commun dans une EURL. Il
ne peut y avoir qu’une personne, un époux, l’autre devra donner son agrément pour qu’un bien
commun soit apporté à l’entreprise. En revanche, pour la SARL, pas de difficulté si les deux
époux y participent, un bien commun peut être apporté.
Le nombre d’associé de la SARL ne peut être supérieur à 100. Si ce nombre vient à être dépassé,
la société n’est pas dissoute de plein droit, on ouvre un délai d’un an pour procéder à la
régularisation. Cette régularisation c’est soit revenir à un nombre inférieur soit changer de
société, c'est-à-dire passer à un type de société où le nombre d’associé est illimité. Lorsque le
nombre d’associé passe à 100, c’est souvent en raison de décès intervenu parmi les associés, les
héritiers pouvant venir à leur place. Si la régularisation n’intervient pas au bout d’un an, la
société est dissoute automatiquement.

Les associés n’ont pas la qualité de commerçant, c’est une société commerciale par la forme,
aucune capacité particulière n’est donc requise. Tout le monde peut être associé  : mineur non
émancipé, majeur protégé… la seule limite c’est que, au moment de la constitution, les mineurs
et les incapables majeurs ne peuvent pas signer les statuts. Une SARL pourrait être annulée pour
incapacité des fondateurs si tous les fondateurs sont incapables. On imagine mal une SARL
annulée pour cette raison mais on peut l’imaginer plus facilement pour une EURL.

B. Les apports

Les apports en numéraire : Les fonds doivent être déposés entre les mains d’un intermédiaire.
Les parts sociales doivent être souscrites en totalité et depuis 2003, elles peuvent être
uniquement libérées d’1/5ème de leur montant à la constitution. Le reste devra être libéré dans
les 5 ans de l’immatriculation. Passé ce délai de 5 ans, tout intéressant peut demander au
Tribunal de Commerce d’enjoindre le gérant à faire procéder à un appel de fonds ou de désigner
un mandataire pour procéder à la formalité.

Les apports en nature : Un bien, dès qu’il a une valeur patrimoniale, peut faire l’objet d’un apport
en nature. Les apports en nature doivent être immédiatement libérés. Restera le problème de
leur évaluation. Il y a toujours un risque de surévaluation, au détriment des autres associés voir
des créanciers. Le législateur a donc instauré un système de contrô le : les statuts doivent
contenir l’évaluation de chaque apport en nature, en principe c’est un Commissaire aux apports
ou un expert qui le fait, à la demande unanime des futurs associés. Pour éviter les frais, les futurs
associés peuvent aussi décider à l’unanimité de ne pas recourir aux services du commissaire aux
apports dès lors qu’aucun apport en nature ne dépasse une certaine somme (souvent 7500€) et
que la valeur cumulée de tous les apports en nature n’excède pas la moitié du capital.
Lorsqu’aucune commissaire aux apports n’intervient, les associés sont solidairement
responsables à l’égard des tiers pendant 5 ans et à hauteur de la valeur qu’ils ont attribués à
l’apport en nature.

Les apports en industrie : Jusqu’en 2001, il ne pouvait pas y avoir d’apport en industrie dans une
SARL parce qu’ils ne pouvaient pas être intégrés au capital et ne pouvaient donc, de ce fait, pas
servir de gage au créancier et puisque parce que ce type d’apport ce libère tout au long de la vie
sociale et on ne peut pas le limiter à 5 ans. Par la suite, on les a autorisés mais en complément
d’un apport en nature. Enfin, étant donné qu’on a supprimé le capital minimum, on a permis
librement les apports en industrie (2003). Ça pose quand même une difficulté car ces apports
n’entre toujours pas dans le capital mais les statuts doivent prévoir des parts sociales pour
évaluer les droits de vote des associés titulaires et pour répartir les bénéfices. il y a aussi une
autre difficulté, c’est la participation aux pertes. Normalement, chaque associé contribue aux
pertes à hauteur de ses apports. Si un associé n’a apporté qu’en industrie, ou bien on fixe dans
les statuts un montant pour lequel l’apporteur en industrie sera responsable des pertes sociales
sur son patrimoine propre ou bien on décide qu’il n’apportera que son industrie et qu’en
conséquence, aucun élément de son patrimoine ne peut servir à combler les pertes de la société.
Dans cette hypothèse, la contribution aux pertes résidera dans le fait que l’apporteur en
industrie a travaillé sans dégager de bénéfices.

§2 : Les conditions de forme

Il faut des statuts écrits, établis soit par acte notarié s’il y a des apports d’immeubles ou si des
époux sont concernés, soit par acte sous seing-privé. Quoi qu’il en soit, tous les associés signent
les statuts, lesquels vont comporter toutes les mentions obligatoires relatives à la forme, la
durée, la dénomination sociale, le siège social, l’objet social et le montant du capital.

Aux statuts sont annexés le rapport du commissaire aux apports s’il y en a eu un, l’estimation des
apports, la certification de dépô t des fonds pour les apports en numéraire ainsi que l’état des
actes accomplis pour le compte de la société en formation. On procède aux différentes formalités
de publicité classique et la société est immatriculée.

La loi du 4 AOUT 2008 sur la modernisation de l’économie a voulu alléger les formalités pour les
SARL, surtout lorsque ces SARL avaient un associé unique. Inutile dans ce cas d’avoir trop de
formalisme : il est possible de recourir aux statuts type et de n’indiquer que le strict minimum.
Ce modèle est proposé par les CFE eux-mêmes. Les formalités de publicité sont réduites elles
aussi au strict minimum ; on se contente de la publicité au BODAC pour l’inscription au RCS. On
avait aussi pensé à l’immatriculation via internet mais ce n’est pas encore admis en France.

SECTION 2/ Le fonctionnement de la SARL

§1 : La gérance

A. Le statut du gérant

La SARL peut être administrée par un ou plusieurs gérants, personne physique, associé ou non.
Les gérants n’ont pas forcément la qualité de commerçants mais ils ne doivent pas être frappés
d’incapacité ou de déchéance. Il existe aussi des règles d’incompatibilité ou d’interdiction qui
s’apparentent à celles qui frappent le commerce. Le gérant peut être nommé par les statuts ou
par un acte extérieur. Dans une telle hypothèse, les associés qui désignent le gérant doivent au
moins représenter la moitié des parts sociales, c’est le minimum prévu par le texte et les statuts
peuvent prévoir une majorité plus forte.

Le gérant peut être révoqué par une décision des associés, cette révocation nécessite une
majorité. Les statuts, là encore, peuvent aller au-delà de la majorité simple. Lorsque le gérant est
nommé par les associés parmi les associés, il participe au vote ; ça peut être difficile voire
impossible de le révoquer surtout quand il est majoritaire. Si le gérant est révoqué par la
majorité des associés sans motif légitime, il pourra obtenir des dommages et intérêts. Par
ailleurs, la Cour de cassation applique la théorie de l’abus de droit notamment depuis un arrêt de
2001 ce qui conduit à engager la responsabilité personnelle des associés et cette responsabilité
personnelle va être engagée pour tout associé ayant participé au vote qui a conduit à la
révocation abusive. Donc, même celui qui a donné pouvoir devrait être responsables.
Lorsque la situation est difficile à apprécier, notamment parce que le gérant est majoritaire, il est
possible de demander la révocation judiciaire du gérant. On ne peut pas laisser en place
quelqu’un qui n’est pas apprécié des autres car cela va nuire à la société. Souvent, lorsqu’il ne
peut pas y avoir accord entre les parties, on a recours au juge ; c’est le cas aussi pour la
révocation. Cette possibilité de révocation judiciaire prévue par le Code de commerce permet
d’éviter l’inamovibilité du gérant majoritaire ou soutenu par la majorité des associés. N’importe
quel associé et un seul associé peut en effet demander au Tribunal de commerce la révocation du
gérant à condition de justifier d’une cause légitime. Le plus souvent, il n’y a pas qu’un seul
associé qui agit !

B. Les attributions du gérant


1. Les devoirs

Le gérant a des devoirs. Il n’y a pas de texte général sur les devoirs du gérant.

Le gérant dirige la société, il a donc le devoir d’en prendre soin, c'est-à-dire de passer les actes
juridiques nécessaires au fonctionnement quotidien de la société.

Il représente la société, il doit donc agir au mieux dans l’intérêt de la SARL en apportant toute la
diligence et toute l’activité nécessaire à la réalisation de l’objet social.

2. Les obligations

A cô té de ces devoirs, en parallèle, le gérant a quand même des obligations :

- Il doit établir un rapport de gestion :

Même si la loi du 4 aoû t 2008 va en dispenser certains gérants notamment pour les EURL. La
rédaction du rapport dans ce cas n’est pas évitée car le gérant doit quand même pouvoir établir
les comptes et démontrer la gestion de l’entreprise ; mais les conditions de publications sont
allégées.

- Il va faire un inventaire, préparer les comptes annuels pour que tout puisse être soumis à
l’assemblée annuelle des associés.
- Il doit convoquer les assemblées,

Même parfois à titre exceptionnel, une fois de plus dans l’année en cas de perte réduisant les
capitaux propres à moins de la moitié du capital social.

- Il doit mettre à dispositions des associés tous les documents nécessaires à la tenue de
l’assemblée.

En 2005, on avait déjà allégé les formalités de publicité concernant l’approbation des comptes
annuels. On continue d’alléger la situation et on facilite également la tenue des assemblées et la
consultation des documents. Auparavant, par ex, seules les assemblées d’actionnaires pouvaient
se tenir par visio-conférence. Le vote par correspondance avait aussi été réglementé. Désormais,
le recours à tut moyen informatique est possible pour les SARL.
Le gérant procède à la mise à disposition des informations. Avant, les associés devaient se
déplacer au siège pour consulter les documents. Maintenant, ils peuvent les consulter par
courriel et parfois ils peuvent recevoir un code d’accès aux documents qui seraient mis en ligne
par la société. Cela suppose que la SARL ait quand même un nombre important d’associés.

3. Les rapports avec les associés :

En principe ces rapports sont précisés dans les statuts, mais finalement les statuts lorsqu’ils
prévoient quelque chose, viennent limiter les cas d’intervention du gérant. Si les statuts ne
prévoient rien, le gérant peut faire tous les actes de gestion qu’il estime bon dans l’intérêt de la
société. Dans les statuts on ne peut donc que limiter ces cas ou en fixer les modalités (par ex
devoir se faire autoriser par l’assemblée des associés).

4. Les rapports avec les tiers

Ici le gérant a des pouvoirs plus étendus car selon le Code de commerce, il doit agir en toute
circonstance au nom de la société sous réserve des pouvoirs que la loi attribue expressément
aux associés. Le texte dit lui-même que le gérant a des pouvoirs plus étendus pour y parvenir. Le
même texte précise que la société est engagée même par les actes du gérant qui ne relèvent pas
de l’objet social à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que l’acte dépassait l’objet social ou
qu’il ne pouvait l’ignorer étant donné les circonstances.

La jurisprudence estime que le fait que les statuts soient publiés ne suffit pas à démontrer la
connaissance du tiers du dépassement de l’objet social. Il faut une preuve plus importante sinon
la société pourrait trop facilement se soustraire à sa responsabilité.

5. Les limites aux pouvoirs du gérant

Le gérant a quand même beaucoup de pouvoirs, néanmoins son pouvoir est limité et ces limites
résultent de la loi.

Quelles sont ces limites ?

Le gérant connait une première limitation en ce sens que seule l’assemblée des associés a le
pouvoir, par ex, de modifier les statuts. La modification des statuts échappe au gérant mais
l’ordonnance de 2004 a quand même assoupli la règle puisque le gérant peut déplacer le siège
social à condition qu’il reste dans le département ou qu’il aille dans un département limitrophe
et qu’ensuite ce déplacement soit ratifié par la prochaine assemblée des associés.

Le gérant ne peut pas non plus, par ex, vendre le fonds de commerce. Le fonds de commerce
constitue l’objet social et donc le remettre en cause en le vendant contribue à remettre en cause
l’existence même de la société. Il est donc logique que seuls les associés aient le pouvoir de le
faire. Ces règles jouent à chaque fois MÊ ME si le gérant est majoritaire.

Le gérant ne peut pas non plus passer au nom de la société un contrat avec lui-même ou avec un
associé (prêt, caution…). On ne peut pas non plus imaginer que le gérant conclut au nom de la
société avec lui-même un contrat de travail. Certains contrats sont même interdits à peine de
nullité, notamment en matière de crédit. Le gérant a totale interdiction de contracter un
emprunt auprès de la société ou de se faire consentir par la société un découvert. D’autres
conventions sont réglementées, elles peuvent toucher le domaine bancaire, par ex les
conventions de financement dans un groupe de société.
Autre ex, le bail commercial. La convention en tant que telle n’est pas interdite mais la procédure
est tellement lourde et particulière qu’en pratique elle ne se réalise pas. En effet, en principe, il
faut faire appel à un commissaire aux comptes qui va établir un rapport sur l’opportunité de la
convention. Ce rapport devra être approuvé par l’assemblée des associés. Si l’assemblée refuse
de l’approuver, le bail n’est pas pour autant annulé mais s’il est préjudiciable à la société, il
entrainera la responsabilité des associés ou du gérant. Si le gérant n’est pas associé, de toute
façon, il ne peut pas passer seul le bail commercial et si jamais il le faisait, la convention serait
nulle.

6. Le contrat de travail

Reste la question du contrat de travail : Le gérant peut-il être également salarié de la SARL ? OUI
sous certaines conditions. C’est quand même difficile d’imaginer qu’une personne soit salariée
d’elle-même : Le gérant en tant que salarié recevra des ordres du gérant employeur.

Les conditions vont partir de cet état de fait :

- La jurisprudence admet le cumul mais à la condition que le gérant ne soit pas un associé
majoritaire. Comme il n’est pas associé majoritaire, il va être subordonné à la société et
non à lui-même
- Il faut que ses fonctions de salarié soient distinctes de celles de gérant

L’intérêt se révèle surtout en cas de révocation. Si le gérant est révoqué :

- Il peut demeurer salarié


- Il est révoqué et le contrat de travail tombe également

L’avantage de cumuler les deux fonctions, en cas de révocation, grâ ce au contrat de travail, le
gérant révoqué pourra être pris en charge par les ASSEDIC alors que la révocation en tant que
telle ne lui donne aucun droit particulier, sauf si la révocation est abusive. C’est souvent dans les
petites SARL où le gérant est salarié.

C. La responsabilité du gérant
1. La responsabilité civile

L’évolution s’est faite dans le sens de l’aggravation de la responsabilité civile des gérants. C’est
normal si l’on se réfère au principe de moralisation des affaires et de moralisation du droit des
sociétés. Trop de sociétés se créaient pour un rien et tombaient très vite en faillite.

Le Code de commerce (art 223-22) prévoit que les gérants sont responsables, individuellement
ou solidairement selon les cas, envers la société ou les tiers soit des infractions aux dispositions
législatives ou réglementaires applicables aux SARL, soit de la violation des statuts, soit des
fautes commises dans leur gestion. Mais, à l’égard des tiers, leur responsabilité personnelle ne
peut être engagée que s’ils ont commis une faute séparable de leur fonction.

Selon la Cour de cassation, il y a faute séparable des fonctions lorsque le dirigeant commet
intentionnellement une faute d’une particulière gravité incompatible avec l’exercice normal des
fonctions sociales. C’est la définition donnée par la Cour de cassation dans un arrêt du 20 mai
2003 et qu’elle reprend régulièrement depuis. Ça veut dire que s’il n’y a pas faute séparable des
fonctions, le tiers ne pourra pas agir contre le gérant. Il n’aura d’actions que contre la société. Or,
il y a des actes non détachables des fonctions qui n’entrainent pas pour autant la responsabilité
de la société. Le gérant ne peut pas être responsable parce que ce n’est pas détachable mais
justement dans ce cas, la société ne peut pas être déclarée responsable. Il n’y a donc rien à faire
pour le tiers.

Par ex ; c’est le cas d’un gérant qui vend le fonds de commerce à un tiers. le gérant l’a fait dans
l’exercice de ses fonctions mais il va au-delà puisque normalement c’est le rô le de l’assemblée
des associés. La société ne peut pas être engagée dans la mesure où la vente du fonds va la faire
disparaitre. Donc, tant pis pour le tiers.

Autre ex, si la société est en redressement judiciaire.

Vis-à-vis des associés, le gérant est responsable de toutes ses fautes. L’action en responsabilité
peut être exercée individuellement par tout associé justifiant d’un préjudice personnel mais une
action sociale peut également assigner le gérant lorsqu’il s’agit de réparer un préjudice subi par
la société ou par ses représentants légaux voire par plusieurs associés représentants au moins
1/10ème du capital. Cette action, quelle soit individuelle ou sociale, se prescrit par trois ans à
compter de la révélation du fait dommageable.

2. La responsabilité pénale

En matière de responsabilité pénale, les types d’infractions sont rares et c’est pratiquement
toujours le même qui en pratique est utilisé : l’abus de biens sociaux. L’abus de biens sociaux
c’est l’utilisation de mauvaise foi par le gérant des biens et crédit de la société. Au lieu de s’en
servir dans l’intérêt de la société, il s’en sert pour lui-même. C’est puni de 5 ans
d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende.

§2 : Les associés

Les obligations des associés sont soit individuelles soit collectives

A. Les droits et obligations individuels

Les associés ont l’obligation d’effectuer des apports et d’exercer leur pouvoir dans l’intérêt de la
société. Ils ne peuvent pas concurrencer cette société.

1. Les parts sociales

Les associés sont titulaires de parts sociales. Chaque part sociale est un droit de créance et le
nombre de ces parts sociales est fixé par les statuts sachant que toutes les parts des d’égales
valeur.

a. Transmission entre vifs

La SARL est toujours une société dominée par l’intuitu personae, pourtant, l’associé a le droit de
céder et de transmettre ses parts dans les conditions fixées par la loi. Certaines de ces conditions
peuvent cependant faire l’objet d’aménagement dans les statuts. Il est possible de céder ses parts
à un tiers à la société. Les textes prévoient en effet une procédure qui permet de concilier le
caractère fermé de la SARL avec l’idée que l’on ne peut pas rendre un associé prisonnier de ses
parts sociales dès lors qu’il a trouvé un acquéreur. On respecte la liberté de l’associé. Mais,
encore faut-il que la SARL, c'est-à -dire que la majorité des associés, acceptent ce tiers, acquéreur
éventuel des parts d’un associé. L’agrément est nécessaire, il doit résulter de la majorité des
associés représentants la moitié au moins des parts sociales mais les statuts peuvent prévoir une
majorité plus forte. Cela ne pose pas de difficulté quand l’agrément est obtenu mais le problème
demeure lorsqu’il y a refus d’agrément : on est face à quelqu’un qui veut céder une partie de ses
parts et face à lui les autres associés refusent son départ. Cela va entrainer une gêne au sein de la
société donc les textes ont aménagé une solution en cas de refus d’agrément. L’associé qui veut
céder les parts a trouvé un tiers acquéreur qui ne plait pas à la majorité des associés ; les
associés peuvent alors acquérir les parts en questions ou les faire acquérir par un autre tiers qui
a leur agrément dans un délai de trois mois à compter du refus. Le prix de cession est fixé par
expert. Seconde possibilité, on prend acte de la volonté du cédant et, avec son consentement, on
décide dans le délai de trois mois, d’annuler ses parts. On décide de réduire le capital du montant
de la valeur nominale des parts du cédant. Si c’est le cas, la société va racheter elle-même ses
parts. Si aucune des solutions n’est intervenue à l’expiration du délai de trois mois, le cédant
retrouve toute liberté et pourra faire la cession initialement prévue. Ce 3 ème cas de figure n’arrive
jamais.

L’associé qui désire partir peut très bien céder ses parts ou une partie de ses parts à un associé.
Les parts sociales sont, en principe, librement cessibles entre associés. Ça ne porte pas atteinte
au caractère fermé de la société puisque les parts restent entre les associés. Néanmoins, cette
cession peut entrainer quand même un bouleversement dans le fonctionnement de la société.
Cette cession va entrainer une nouvelle répartition des parts et peut être qu’à la suite de cette
répartition il y aura un renversement de majorité ou une prise de contrô le et donc pour éviter
cette situation il se peut que les statuts prévoient également un agrément également lorsque la
cession intervient entre associés.

b. Transmission à cause de mort

Il peut y avoir transmission des parts en cas de succession parce que la SARL n’est pas dissoute
par le décès de l’un des associés. Il va donc y avoir un partage tout comme il y aura aussi un
partage d’indivision entre époux qui divorcerait. En cas de succession, le principe est que les
transmissions sont libres. Les statuts peuvent prévoir un agrément mais ils peuvent aussi
prévoir qu’en cas de décès la société continuera entre les seuls survivants mais en indemnisant
les héritiers. On va donc racheter les parts du défunt.

2. Les bénéfices

Les associés vont contribuer aux pertes mais ils ont aussi droit aux bénéfices. Ce droit va
s’exercer annuellement au moment du vote de l’assemblée sur les comptes et sur la répartition
de ces bénéfices. La répartition est prévue par les statuts. Le bénéfice distribuable est constitué
par le bénéfice de l’exercice avec éventuellement le report d’un bénéfice de l’année antérieure
diminué des pertes ainsi que des sommes que l’on peut mettre en réserve. Lorsque les sommes
ne sont pas importantes souvent on procède par réserve et l’assemblée peut, lors de cette
cession relative au budget, décider de distribuer les sommes qui seront prélevées sur les
réserves de la société et qui sont des bénéfices que l’on a « stockés ».

3. Droit de contrô le
L’associé a un droit de contrô le sur la marche de l’entreprise et ce contrô le va s’exercer de trois
manières :

- Via l’information
- Via la possibilité de demander une expertise de gestion
- Via la possibilité d’exercer un droit d’alerte

>> Le droit d’information :

Si on veut que les associés puissent contrô ler efficacement l’activité de la société et de la
gérance, si on veut qu’ils participent à la vie sociale de l’entreprise en connaissance de cause, il
est indispensable qu’ils bénéficient de l’information la plus étendue possible, c'est-à-dire qu’ils
peuvent obtenir cette information a tout moment et pas seulement avant l’assemblée des
associés. L’art L 223-26 permet à l’associé de la SARL, à toute époque, d’obtenir communication
de certains documents sociaux concernant les trois derniers exercices. Ces documents sont : les
comptes annuels, les inventaires, les différents rapports présentés en assemblée et les PV.

Ensuite, il y a les documents liés à l’assemblée annuelle. Dans les 15 jours qui précédent
l’assemblée annuelle, certains documents doivent être envoyés à tous les associés : les comptes,
le rapport de gestion, le texte des résolutions proposée, l’ordre du jour et le rapport du
commissaire aux comptes s’il y en a un. Ces documents doivent être envoyés mais il est possible
maintenant de permettre la consultation par voie électronique de ces documents. Lorsqu’il est
en possession de ces documents, tout associé a la faculté de poser par écrit des questions et le
gérant devra y répondre lors de l’assemblée quelque soit l’intérêt de la question.

>>  Le droit de demander une expertise de gestion :

C’est possible depuis une loi de 1984 et cette loi concernait la prévention des difficultés de
l’entreprise. C’est la loi qui a instauré les clignotants pour montrer à tous qu’une société risque
de tomber en faillite si personne ne réagit. Le Président du Tribunal de commerce peut
convoquer le gérant et vérifier la situation avec lui et parfois lui conseiller de déposer le bilan.

Les associés qui détiennent au moins 10% du capital peuvent demander une expertise de
gestion. Ils vont en justice demander la désignation d’un expert qui présentera un rapport
général ou un rapport sur une opération spécifique de gestion. Cette expertise va être demandée
lorsque la situation financière de la société donne des inquiétudes. Souvent, ce sont les associés
minoritaires qui réagissent. Mais, ces associés ont aussi la possibilité d’exercer un droit d’alerte.

>> Le droit d’alerte :

Le droit d’alerte s’exerce par des questions posées par écrit au gérant sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation. On a la possibilité de lui poser cette question deux
fois par an et en même en dehors des assemblées. Comme on est en dehors des assemblées, le
gérant va répondre par écrit et sa réponse sera communiquée au commissaire aux comptes ou
même au greffier qui pourrait décider d’une procédure collective à l’encontre de la société ou
qui pourrait procéder à la radiation et donc à la liquidation de la société.
B. Les droits et obligations collectifs des associés

Il est prévu une assemblée annuelle pour l’approbation des comptes et des rapports de gestion.
En dehors de cette assemblée, les statuts peuvent prévoir que certaines décisions seront prises
par consultation écrite. Cette possibilité de consultation écrite va donner beaucoup de souplesse
au fonctionnement de la société. Les décisions ordinaires sont adoptées par un ou plusieurs
associés représentants plus de la moitié des parts sociales. Si lors d’une première consultation,
cette majorité n’est pas obtenue, et sauf stipulations contraires de statuts, les associés sont
consultés une seconde fois et la décision sera prise à la majorité des votes émis quelque soit le
nombre de votants.

Les décisions extraordinaires, qui concernent la modification des statuts, sont prises par les
associés représentants au moins ¾ des parts de la société. A défaut de quorum, on ne pourra pas
statuer et une 2ème assemblée pourra être prévue auquel cas les décisions seront adoptées à la
majorité des 2/3 des présents ou représentés. Les statuts peuvent prévoir dans certains cas des
quorums plus élevés mais jamais l’unanimité. La loi prévoit quand même des modalités
particulières : il faudra l’unanimité des associés pour changer la nationalité de la société ou pour
transformer la SARL en une autre société.

S’il y a un associé unique, il n’y a pas d’assemblée. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a
pas de formalités. Toutes les décisions que l’associé unique va prendre et qui normalement
appartiendrait à l’assemblée devront être consignées dans un registre.

SECTION 3/ La dissolution

La SARL peut être dissoute pour toutes les causes communes aux sociétés : arrivée du terme ;
réalisation ou extinction de l’objet social ; annulation de la société ; décision des associés ;
dissolution judiciaire.

Ici, il y a une particularité  : la dissolution de la société peut être exigée lorsque les capitaux
propres de la société sont inférieurs à la moitié du capital nominal. Dans cette hypothèse, la loi
oblige les associés à choisir entre la dissolution anticipée de la société et la réduction du capital,
réduction d’un montant au moins égal à celui des pertes si les capitaux propres n’ont pas pu être
reconstitués. Le plus souvent on choisit la réduction du capital ce qui n’est pas forcément la
meilleure solution parce que cela reflète les difficultés financières et, après coû t, on se dit qu’il
aurait été préférable de procéder à la dissolution.

CHAPITRE 5 : L’EIRL

L’EIRL est une nouvelle modalité d’exercice professionnel qui résulte de la loi du 15 JUIN 2010,
en vigueur depuis le 1ER janvier 2011. Cette nouvelle structure permet d’affecter une partie du
patrimoine personnel à l’exercice d’une activité professionnelle. Cela a pour effet de cantonner le
risque d’entreprendre en scindant le patrimoine de l’individu. En réalité, il semblerait que cette
nouvelle structure soit source d’insécurité juridique, à la fois pour l’entrepreneur et pour les
créanciers. Pour l’instant, on ne peut pas dire si cette nouvelle structure attire les individus, elle
peut attirer les artisans mais le problème majeur restera celui de son patrimoine privé qui
risque d’être pris complètement par les créanciers en cas de difficulté. Et puis, on doit dire aussi
que l’EIRL se rapproche de l’EURL qui n’est pas une structure sociétaire souvent choisie par les
opérateurs de commerce. L’EURL n’a pas emporté le succès escompté, le nouveau dispositif
essaie de pallier les difficultés mais il exige quand même des formalités complexes qui
supposent des conditions de fond et qui entrainent des obligations particulières de telle sorte
que certains disent que cette structure devrait séduire davantage les créateurs d’entreprises.

L’essentiel des dispositions juridiques figurent aux articles L 526-6 à L 526-21 du Code de
commerce. L’EIRL est due à l’absence de succès de l’EURL (4% seulement d’EURL en 2009 alors
que les artisans représentent plus de 74% des créations d’entreprise). On constate aussi que les
artisans exerçant en nom propre, représentent près de 2 millions de personnes, contre un
million de SARL et 70 000 SA. On voulait aussi créer un véritable patrimoine d’affectation pour
protéger l’entrepreneur individuel tout en échappant au formalisme lourd de création d’une
société. Le législateur avait 2 possibilités :

 Soit il crée uniquement le patrimoine d’affectation (mais théorie de l’unicité du


patrimoine)
 Soit, il crée une nouvelle société.

C’est la 2nde solution qui a été choisie même si elle entraine un bouleversement en droit des
sociétés d’un cô té en raison du patrimoine d’affectant et de l’autre par rapport aux notions de
partage et d’affectio societatis.

SECTION 1/ La naissance de l’EIRL

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer ; l’utilisation de ce modèle sociétaire exige des
formalités complexes. Elle suppose des conditions de fond qui tiennent d’une part aux personnes
susceptibles d’y recourir et d’autre part au patrimoine susceptible d’être affecté.

A. Les personnes susceptibles d’y recourir


1. La qualité d’entrepreneur individuel

Le dispositif de l’EIRL est accessible à tout entrepreneur individuel travaillant en nom propre
que l’activité soit de nature commerciale, artisane, agricole ou libérale. Ce statut peut être
adopté au moment de la création de l’entreprise ou en cours d’activité. Les commerçants ont une
vocation particulière à accéder au statut d’entrepreneur individuel mais cela n’exclut pas pour
autant la nécessité de respecter les conditions requises pour acquérir la qualité de commerçant
et cela ne soustrait non plus aux incompatibilités et aux interdictions d’exercer une activité
commerciale. Les artisans sont peut être les plus intéressés par ce statut : ils sont plus nombreux
sur le marché et le législateur les a visé par la loi de 2010. Déjà , les artisans ont plus tendance à
s’orienter vers les sociétés unipersonnelles. De plus, les éléments du patrimoine affecté peuvent
être plus facilement identifiés puisque ça sera essentiellement le matériel et les divers
équipements nécessaires à l’exercice de l’activité. Même chose pour les agriculteurs. Pour ce qui
concerne les activités libérales, il semble que ça soit la profession d’avocats qui soit à même de
bénéficier le plus du dispositif. De plus, dès juin 2010, le conseil national des barreaux a pris une
résolution pour dire que les avocats y avaient accès quelque soit le mode actuel de leur exercice
professionnel : individuel ou au moyen de sociétés civiles. Les agents commerciaux pourraient
aussi en bénéficier. Cela a fait l’objet d’une question écrite à l’Assemblée nationale et la réponse
ministérielle tend à dire que les agents commerciaux sont mandatés, ils exercent une profession
réglementée, et donc pourraient tout à fait bénéficier de la structure.

Des artisans avaient pris une autre voie et avaient optés précédemment pour le statut d’auto-
entrepreneur. C’était une possibilité de la loi de 2008 qui permettaient aux personnes physiques
d’exercer une activité sans être enregistrés aux RCS ou au répertoire des métiers à la condition
de réaliser un chiffre d’affaire inférieur au plafond fixé par les textes. Ce régime de l’auto-
entrepreneur a eu beaucoup de succès : il a représenté les ¾ des créations d’entreprises
individuelles en 2009. Cet auto-entrepreneur peut abandonner ce statut ou le cumuler avec une
EIRL.

Certaines personnes ne pourront pas accéder au statut : toute personne qui a choisit une autre
structure sociétaire ne peut pas être en plus un entrepreneur individuel. Donc, les associés en
nom collectif, qui sont investis de la qualité de commerçants, et sont indéfiniment et
solidairement tenus du passif social, ne peuvent pas adopter ce statut. Pour limiter leur
responsabilité, ils n’ont qu’une solution : transformer la SNC en SARL, SAS voir en SA. Une SNC
ne peut pas devenir une EIRL. Mais, rien n’empêche à un associé d’une SNC de créer en parallèle,
pour une autre activité, une EIRL.

Les associés en nom collectif ne peuvent pas de ce fait procéder à une déclaration
d’insaisissabilité prévue pour l’EIRL à l’article L 526-1 qui permet à l’entrepreneur individuel de
mettre à l’abri sa résidence principale et ses biens immobiliers non affectés à un usage
professionnel.

Bien sur, cette solution doit être étendue à tous les associés qui sont indéfiniment et
solidairement responsables du passif social : les commandités des SCS ou des SCA et les associés
des sociétés civiles.

2. La capacité de l’entrepreneur individuel

La loi apporte des modifications à la capacité commerciale des mineurs et à leur faculté
d’entreprendre. Cela résulte surtout d’une des mesures annoncées par le Président de la
République en 2009 dans son discours sur la jeunesse. Cela a provoqué le dépô t d’un
amendement ayant pour objet d’accroitre la capacité des mineurs à entreprendre et à être
commerçant. Cet amendement a été adopté et il a donné lieu à un nouvel article 389-8 du Code
civil et L 121-2 du Code de commerce.

Traditionnellement, les mineurs, même émancipés, ne peuvent exercer une activité


commerciale. Auparavant, la possibilité d’exercer une activité commerciale constituait l’un des
principaux atouts de l’émancipation. C’était bien lorsque la majorité était encore à 21 ans. Le fait
d’avoir abaissé la majorité à 18 ans et l’émancipation à 16 ans, a eu pour conséquence
d’interdire cela. S’agissant de la création d’une EIRL, la situation va dépendre que le mineur soit
émancipé ou pas et de la nature de l’activité exercée. Si les mineurs sont émancipés, donc
capable de tous les actes de la vie civile, ils peuvent créer ou reprendre une EIRL quelque soit le
caractère civil ou commercial de l’activité exercée. Ils peuvent donc accomplir librement tous les
actes d’administration et de disposition nécessaire à cette création ou à cette reprise. Ils ne
peuvent toutefois être commerçants que si le juge aux affaires familiales, qui exerce depuis 2010
les fonctions de juge de tutelle des mineurs, et le Président du TGI, leur en ont donné
l’autorisation au moment de l’émancipation. Ce retour à la situation d’avant 1974 a entrainé des
réactions, surtout qu’il a fallu modifier les textes.

Des professeurs de droit, députés ou sénateurs, n’ont pas manqué de faire remarquer que cela
était dangereux car « modifier 4 articles du Code civil et un article du Code de commerce en 5
minutes, je regrette, je ne sais pas faire ».

La nouvelle disposition a quand même le mérite d’être claire par rapport à des textes plus
anciens qui eux aussi parlent des mineurs émancipés. Par ex, en cas de décès d’un associé d’une
SNC, on peut prévoir la continuation avec un héritier mineur mais on a laissé ouverte la question
de l’héritier mineur émancipé alors que dans une SNC tout le monde a la qualité de
commerçants.

On a donc pour les SNC et les sociétés en commandite, une transformation du statut.

Les mineurs non émancipés sont privés de l’exercice de leurs droits qui est confié à leur
représentant légal. Ils ne pourront donc créer une EIRL que sous certaines conditions : l’activité
doit être civile (artisanale, agricole ou libérale), par ailleurs, ils devront être autorisés par les
personnes ayant autorité sur eux (les deux parents ou l’administrateur légal voire même le
Conseil de famille en cas de tutelle). L’autorisation qui sera donnée dans un acte, sous seing
privé ou notarié, devra donner la liste des actes susceptibles d’être accomplis par les intéressés.
Le mineur non émancipé ne peut pas être commerçant mais peut faire des actes
d’administration indispensable au fonctionnement de l’EIRL. Or, parmi ces actes il y aura des
actes de commerce. Donc, il semblerait que pour effectuer ces actes de commerce, le mineur soit
obligé de demander l’aide du représentant légal ou du tuteur. Donc, c’est une situation vraiment
compliquée.

3. La nature de l’activité accomplie

Le texte définit les actes d’administration comme des actes d’exploitation ou de mise en valeur
du patrimoine protégé dénué de risque anormal. Les actes de disposition sont les actes qui
engagent le patrimoine de la personne protégée pour le présent ou l’avenir par une modification
importante du contenu, une dépréciation significative de sa valeur en capital ou une
dépréciation durable des prérogatives de son titulaire. Et, le décret nous donne une liste
exhaustive d’actes.

Les actes de disposition comprennent notamment la vente ou d’apport en société d’un immeuble
ou de droits réels.

Par ailleurs, un représentant légal n’a pas la possibilité d’exercer une profession libérale pour le
compte du mineur ; on ne peut pas effectuer pour le compte du mineur un acte de disposition
pour une EIRL à activité libérale.

D’un cô té, on va avoir un représentant légal qui ne pourra pas contribuer à la création d’une
EIRL à caractère libéral et de l’autre on aura des mineurs non émancipés qui ne sont pas
habilités à créer ou gérer une EIRL de nature commerciale. Donc, finalement, s’agissant des
mineurs, la solution n’est pas tellement satisfaisante.

En donnant la possibilité au mineur émancipé d’accéder au statut de commerçant, la loi nouvelle


l’expose aux procédures de faillite. Et en cas de liquidation, il répondra des dettes sur l’ensemble
de son patrimoine. Donc, même pour le mineur émancipé, ce n’est pas forcément intéressant. En
outre, le mineur émancipé est responsable pénalement et pourrait donc être poursuivi pour
abus de biens sociaux…

B. La question du patrimoine d’affectation

La notion de patrimoine d’affectation est apprécié au regard des éléments qui en font partie et
non par référence à la personnalité juridique. Il faut exclure de ce patrimoine les biens
personnels déclarés par la loi insaisissable car vitaux. On considère à ce titre les biens mobilers
nécessaires au travail et à la famille… 

En revanche, on inclut dans ce patrimoine les sommes minimales qui doivent être laissées à la
disposition de l’entrepreneur individuel. Il y a par ex, ce que l’on appelle pour l’entrepreneur
individuel, le solde bancaire insaisissable. C’est une somme qui est équivalente au RSA et qui
doit être laissée sur le compte bancaire car elle a un caractère alimentaire

Finalement, on va porter un intérêt particulier aux biens réservés aux services de l’entreprise et
les biens que l’on doit laisser à l’individu et certains auteurs ont parlé d’un patrimoine de dignité
que les créanciers ne pouvaient saisir. Quels sont les éléments du patrimoine d’affectation qui
donne lieu à déclaration ?

1. La composition du patrimoine d’affectation

Le nouvel art L 526-6 alinéa 1er du Code de commerce confère à tout entrepreneur individuel la
faculté d’affecter à son activité professionnelle un patrimoine détaché de son patrimoine
personnel sans création d’une personne morale. Ce patrimoine est constitué par l’ensemble des
biens, droits, obligations ou sû retés appartenant à l’entrepreneur et nécessaires à l’exercice de
son activité professionnelle. Parce qu’il en a besoin, il va l’affecter à l’entreprise. Mais, un même
bien, droit, obligation ou sû reté ne peut être affecté qu’à un seul patrimoine. Les biens doivent
avoir une valeur économique mais c’est la seule exigence donc on peut présenter une clientèle,
des finances, du matériel, de l’outillage sans que ça soit pour autant un bien immobilier. Ce qui
est important c’est que le texte pointe deux catégories de biens :

 Les biens nécessaires


 Les biens utilisés

On comprend bien la notion de biens nécessaires à l’exercice de l’activité professionnelle (fonds


de commerce, matériel…). C’est quelque chose qui s’impose à l’entrepreneur individuel. Ensuite,
il y a les biens utilisés pour l’exercice de l’activité professionnelle et dans ces biens
l’entrepreneur retrouve sa liberté. C’est sa volonté qui est prépondérante : c’est à lui de choisir si
tel bien est fondamental pour l’exercice de la profession. Est-ce que c’est utile ou pas à son
activité ?

Cette différence entre les deux catégories de biens tient au fait qu’un patrimoine doit
obligatoirement comprendre des biens professionnels par nature. Le reste ce ne sont que des
biens professionnels par destination, qui ne participent donc pas à la constitution de l’entreprise
individuelle mais qui sont déterminants pour son fonctionnement.

Tout va bien si l’entrepreneur est célibataire. Mais, que se passe-t-il si les biens affectés sont des
biens communs ou en indivision ? C’est possible sous réserve d’obtenir l’accord exprès du
conjoint ou des co-indivisaires. Et, on doit également informer les créanciers professionnels de
la nature commune ou indivis des biens. Un arrêté de 2010 a publié les accords types pour le
conjoint ou les co-indivisaires. Ces formulaires doivent être remplis, signés et joint au dossier
remis au centre de formalité des entreprises. C’est important parce que ce bien aura une
incidence sur l’affectation patrimoniale : si les époux divorcent ou qu’il y a un partage de
l’indivision, ça va modifier les droits de l’entrepreneur et ça peut aussi provoquer le retrait du
bien du patrimoine affecté.

L’affectation n’influe pas sur la propriété. On pourrait être en présence d’un bien qui servirait de
garantie à la dette d’un tiers d’où l’intérêt d’avoir cet accord pour affecter le bien à l’entreprise.

2. La déclaration d’affectation
a. Les modalités de cette déclaration d’affectation : a première lecture, les choses sont
simples puisque l’entrepreneur détermine les revenus qu’il verse dans son patrimoine
non affecté. L’idée est simple ce qui ne veut pas dire qu’en pratique ça le soit. Le
patrimoine affecté, donc celui que l’on n’a pas déclaré être resté dans le patrimoine
propre, fait l’objet d’un dépô t de déclaration qui représente l’acte constitutif de l’EIRL. Ce
dépô t a lieu au registre de publicité légale, donc là où l’entrepreneur doit s’immatriculer.
Certaines personnes ne sont pas obligées de s’immatriculer. Par ex, les membres d’une
profession libérale et les exploitants agricoles. Dans ce cas le dépô t est effectué sur un
registre spécial tenu au greffe du tribunal de commerce ou du tribunal de grande
instance statuant en matière commercial. Il s’agira du greffe du tribunal du lieu de
l’établissement principal ou du local d’habitation dans lequel l’entreprise a son siège. En
pratique, il va s’agir du RCS pour les commerçants et du Répertoire des métiers pour les
artisans.

Lorsque les entrepreneurs ne sont pas obligés, de part leur statut, à s’y inscrire, par ex, les auto-
entrepreneurs, la déclaration d’affectation va être tenue dans un registre spécial établi à cette fin
et crée par le législateur. Mais, dans tous les cas c’est la seule inscription, la seule
immatriculation. Il n’est pas prévu de publication dans un journal d’annonce légale ou au
BODAC.

L’affectation de tout ou partie d’un bien immobilier est effectuée par acte notarié et elle est
publiée au Bureau des hypothèques du lieu de situation de l’immeuble. Cette formalité doit être
effectuée avant l’enregistrement de la déclaration au greffe.

Le législateur a envisagé l’hypothèse d’immeuble à usage mixte car dans la plupart des cas,
l’entrepreneur individuel va utiliser en partie son immeuble d’habitation à des fins
professionnelles. L’intervention du notaire garantit également la bonne répartition du
patrimoine personnel et du patrimoine d’affectation. Le notaire est aussi habitué à faire un état
descriptif des immeubles. C’est une garantie supplémentaire ; l’immeuble sera réputé être resté
dans le patrimoine personnel.

b. L’évaluation de l’affectation
Avant la déclaration de l’affectation, l’entrepreneur doit faire procéder à l’évaluation des biens
affectés. Cette évaluation ne concerne pas les liquidités et elle devient nécessaire à partir de
30 000 euros. Elle est effectuée par un professionnel qui sera un commissaire aux comptes ou un
expert comptable, sachant que pour l’évaluation d’un bien immobilier çà sera un notaire. Ce
professionnel doit décrire la situation et expliquer dans son rapport le mode d’évaluation qu’il a
retenu. Ce rapport va être annexé à la déclaration d’affectation ce qui devrait éviter les
surévaluations et les sous-évaluations. Finalement, on s’est inspiré des règles applicables aux
apports en nature effectués dans le cadre des sociétés.

Si la valeur déclarée excède celle proposée par le professionnel, l’entrepreneur va être


responsable envers les tiers sur l’ensemble de son patrimoine et ce pendant 5 ans.

Si l’évaluation s’avère erronée, ce sont les professionnels qui vont engager leur responsabilité,
tant à l’égard de l’entrepreneur qu’à l’égard des tiers.

c. Le contenu de la déclaration d’affectation

On s’inspire ici des règles relatives au statut. La déclaration doit contenir :

- les noms, prénoms, date et lieu de naissance mais aussi domicile de l’entrepreneur
individuel,
- la dénomination utilisée,
- l’adresse du local,
- l’adresse de l’établissement principal
- objet de l’activité professionnelle à laquelle le patrimoine est affecté.
- La date de clô ture de l’exercice comptable
- Si nécessaire, la mention de l’opposabilité de la déclaration d’affectation au créancier qui
aurait déjà des droits contre l’entrepreneur.
- Descriptif des biens et on joint le rapport d’évaluation ; si la personne est déjà
immatriculée en tant que commerçant ou artisan, on va devoir donner son numéro
d’identification.

Les personnes chargées de recevoir la déclaration doivent la vérifier avant de l’enregistrer. Le


fait de devoir préciser les biens affectés empêche l’entrepreneur individuel de commencer son
activité avant la déclaration. Les choses sont strictes puisqu’on n’admet aucune déclaration à
titre conservatoire. Tant que le dossier n’est pas complet, on doit refuser la déclaration.

L’état du patrimoine affecté a pour objet d’informer et de protéger les créanciers professionnels
puisque ça va constituer leur seul gage.

d. L’opposabilité de la déclaration

La déclaration d’affectation est opposable de plein droit aux créanciers dont les droits sont nés
postérieurement à son dépô t. Elle n’est opposable aux créanciers antérieurs que si
l’entrepreneur l’indique dans sa déclaration et s’il le signale à ses créanciers. Cette information
est impérativement effectuée par lettre recommandée avec accusé de réception dans le mois du
dépô t de la déclaration. Si les créanciers antérieurs font opposition, cela n’empêche pas la
constitution du patrimoine affecté. C’est à l’appréciation du juge : il peut rejeter l’opposition,
ordonner le remboursement des créances ou la constitution d’une garantie.
Le CC a été saisi à propos de cette situation et a estimé que les dispositions relatives à
l’opposition sont conformes à la constitution à condition que les créanciers soient
personnellement informés de leur droit d’opposition. Sinon, pour le CC, il n’y a pas d’atteintes
aux conditions d’exercice du droit de propriété des créanciers.

Les créanciers professionnels, c'est-à -dire ceux dont les droits sont nés après la déclaration et
l’occasion de l’activité de l’entrepreneur vont avoir pour seul gage général le patrimoine
d’affectation. Les autres créanciers auront pour gage général le patrimoine non affecté et en cas
s’insuffisance de ce dernier, ils pourront récupérer à hauteur de leur créance le bénéfice réalisé
par l’entrepreneur lors du dernier exercice.

SECTION 2/ La vie de l’EIRL

§1 : Le fonctionnement de l’EIRL

On a présenté l’EIRL comme une technique d’organisation de l’entreprise. L’objectif premier via
le patrimoine d’affectation, c’est de limiter le gage des créanciers ; mais, en contrepartie de cette
limitation, l’entrepreneur individuel assume des obligations pour le bon fonctionnement de
l’entreprise mais aussi pour permettre de vérifier la séparation de l’activité professionnelle et de
l’aspect personnel.

A. Les obligations de l’entrepreneur individuel

L’inobservation des obligations peut entrainer de lourdes conséquences. En revanche, leur


respect confère à l’intéressé une certaine liberté qui peut le mettre à l’abri d’une action en
responsabilité civile ou pénale.

1. La teneur des obligations


a. L’utilisation d’une dénomination

Pour exercer son activité professionnelle, l’entrepreneur individuel doit utiliser une
dénomination à laquelle est incorporée son nom, ou le nom d’usage, précédé ou immédiatement
suivi des initiales EIRL. Il doit indiquer ces dénominations sur tous ces documents
professionnels. S’il ne le fait pas, tout intéressé et même le Ministère public, peut saisir le
tribunal en référé pour le condamner à le faire. Ça ressemble donc à l’obligation du commerçant.
Ça permet à prévenir les créanciers professionnels du dédoublement du patrimoine. Bien sû r,
cette mention n’est pas suffisante pour décrire le patrimoine affecté mais au moins on connait
son existence. Cela tend aussi à rapprocher l’EIRL des personnes morales bien qu’elle n’en soit
pas une.

b. Les obligations comptables

L’activité professionnelle donne lieu à l’établissement d’une comptabilité autonome puisqu’il


faut bien continuer à diviser le patrimoine. C’est aussi logique, pour des raisons fiscales, de ne
pas confondre les deux. Les comptes annuels doivent se présenter comme ceux d’une société,
c'est-à -dire être réguliers, sincères et fidèles, c'est-à -dire reproduire en tout point la situation
financière de l’entreprise. La seule différence c’est que le bilan va bien reprendre séparément
l’actif et le passif de l’entreprise d’un cô té et les capitaux propres de l’autre.
Cette obligation comptable s’impose même si l’entrepreneur exerce une activité civile. Cela
découle du droit fiscal. Il faut une comptabilité pour déterminer le mode d’imposition.

Les comptes annuels et tous les documents s’y rapportant, doivent être déposés chaque année
au lieu d’enregistrement de la déclaration ; ils doivent être annexés au registre. Le législateur a
prévu que les dépô ts, dans les 6 mois de la clô ture de l’exercice, puissent aussi être faits par voie
électronique ; cela est très important car on va estimer que les documents produits valent
actualisation de la composition et de la valeur du patrimoine affecté.

Le patrimoine ; est-ce que c’est la valeur vénale au sens du droit comptable ou est-ce que ça sera
la valeur réelle du bien comme on le conçoit en droit des sû retés ?

c. L’ouverture de comptes bancaires spéciaux

C’est logique ! Il faut ouvrir un compte bancaire pour l’exploitation à cô té du compte privé. Tout
compte ouvert pour les besoins de l’activité doit contenir dans son intitulé la dénomination de
l’entreprise et les initiales EIRL. Ici encore, on calque la règle applicable aux commerçants mais,
cette règle est encore plus justifiée par la séparation du patrimoine.

On voit bien aussi la séparation puisque l’ordonnance de 2010 envisage aussi l’interdiction
bancaire. Cette interdiction est limitée au patrimoine concerné par le compte mais si
l’entrepreneur a plusieurs comptes professionnels, l’interdiction bancaire va jouer pour tous les
comptes professionnels.

Le droit bancaire va également consacrer comme le droit civil ou le droit commercial, le


principe d’étanchéité entre les patrimoines détenus par l’entrepreneur individuel.

2. Le non-respect des obligations


a. La fraude

Le non-respect peut d’abord être lié à une fraude. En cas de fraude, on va reconsolider le
patrimoine et cette reconsolidation va s’opérer au profit des créanciers professionnels. Les
victimes de la fraude ne peuvent plus se voir opposer la séparation des patrimoines. Le texte ne
définit pas la fraude pour laisser une marge de manœuvre aux tribunaux. On peut aussi penser à
la fraude paulienne : on peut imaginer que l’on ait voulu organiser une insolvabilité c'est-à-dire
réduire le patrimoine personnel en en transformant une partie en patrimoine d’affectation.
Donc, à l’origine de l’action paulienne, il y aurait un abus de l’affectation patrimoniale. Il faudrait
ici que le créancier agisse dans le délai de droit commun c'est-à -dire dans les 5 ans de l’acte
ayant contribué à cet abus. En effet, la sanction de la fraude n’est pas la nullité (donc pas de
prescription de 5 ans) mais ça n’est pas non plus une action en responsabilité (on écarte aussi la
prescription de 10 ans). On doit retenir la prescription de l’article 2224 du Code civil et donc 5
ans.

b. Un manquement grave

Le manquement grave n’est pas non plus défini mais il pourrait s’agir par exemple de
l’affectation d’un bien dont l’entrepreneur individuel ne serait pas titulaire ; ou encore si
l’affectation du bien n’est pas nécessaire puisque le bien n’est pas utilisé pour l’exercice de
l’activité professionnelle. Le manquement grave ça serait finalement la mauvaise répartition au
sein de l’affectation. Le non-respect le plus fréquent pourrait être le non-respect des obligations
comptables et bancaires et la sanction ici sera la reconstitution d’un patrimoine unique. On peut
aussi imaginer que l’entrepreneur ne dépose pas les comptes annuels et les documents. Cela va
se traduire par la saisine du tribunal pour enjoindre sous astreinte l’entrepreneur à le faire et s’il
ne le fait ; même sanction c'est-à -dire réunification du patrimoine.

Le texte ne le précise pas ; en l’absence de précision, il semble donc que les créanciers
professionnels comme les créanciers privés peuvent invoquer ces manquements. C’est tout à fait
logique puisque la sanction c’est la réunification donc pourquoi laisser uniquement les
créanciers professionnels ?!

B. Le droit de gage général des créanciers professionnels

Les choses sont claires : le patrimoine est bien séparé. Mais le patrimoine n’est pas aussi stable
que le capital social d’une société. Il va varier avec l’activité  ; des biens nouveaux peuvent y
entrer comme des biens existants peuvent en sortir. Donc, tout le monde a intérêt, entrepreneur
et créancier, à ce que le patrimoine d’affectation évolue à la hausse.

Si l’entrepreneur se rend coupable d’une faute de gestion, on va estimer que la situation est
grave ce qui permet d’aller rechercher l’indemnisation sur le patrimoine privé. Mais le texte ne
prévoit qu’une faute intentionnelle et particulièrement grave.

 Le patrimoine d’affectation protège bien l’entrepreneur d’une action e responsabilité


civile ou pénale.

§2 La transmission 

En principe, le patrimoine ne se transmet pas entre vifs mais à cause de mort. Néanmoins, le
droit civil prévoit que le patrimoine puisse, à titre exceptionnel, être cédé avant la mort, à savoir
que seuls certains éléments peuvent être cédés entre vifs.

Le patrimoine d’affectation va échapper à ce principe classique en ce sens que l’on va faciliter sa


transmission sans pour autant le faire totalement disparaitre. Des éléments pourront être
facilement transmis mais cela ne doit pas entrainer la disparition de l’EIRL. Le déclarant ensuite
peut aussi renoncer ce qui va entrainer d’autres règles

1. La transmission du patrimoine d’affectation

L’entrepreneur individuel peut disposer ibrement des éléments compris dans le patrimoine
d’affectation et il peut le faire de trois manières :

- Cession à titre onéreux


- Cession à titre gratuit entre vifs
- Apport en société de l’intégralité de ce patrimoine

Toutes ces opérations vont se dérouler conformément au droit commun avec en plus l’obligation
de procéder à la rectification de la déclaration d’affectation du patrimoine.

A. La cession
La cession peut se faire à titre onéreux ou à titre gratuit. Elle entraine la reprise du patrimoine
avec maintien de l’affectation dans le patrimoine du nouvel acquéreur ou du donataire. Le
cédant ou le donateur doit déposer une déclaration de transfert auprès du registre où a été
déposée la déclaration constitutive de l’EIRL. Il doit le faire puisque la déclaration d’origine
contient en annexe un état descriptif des biens. Ici encore il va falloir procéder à un état
descriptif des biens, des droits et des sû retés qui composent le patrimoine affecté. Cette
modification du titulaire va donner lieu à publicité et c’est celui qui cède ou donne qui doit, dans
le mois de la transmission, effectuer cette publicité. Il faut effectuer cette publicité auprès du
BODAC, obligatoirement. Une fois la publicité effectuée, elle est opposable aux tiers ; à TOUS les
tiers (créanciers de celui qui a transmis comme les créanciers de celui qui reçoit, sans oublier les
créanciers privés).

B. L’apport en société

C’est un cas de cession à une personne morale.il va y avoir transfert de propriété depuis le
patrimoine de l’entrepreneur vers le patrimoine de la société. Ici encore, il y a aura maintien de
l’affectation tant que les règles de publicité ne seront pas effectuées. Dès que le bien entre
définitivement dans le patrimoine de la société, il n’y a plus maintien de l’affectation. La
demande relative à la cession ou à l’apport est présentée par le cédant. Elle fait aussi l’objet d’un
avis et d’une publication. Si ce n’est pas fait, le transfert de propriété est inopposable aux tiers.
C’est une manière aussi facilitée pour apporter en société. De surcroit, cet apport a déjà fait
l’objet d’une évaluation que l’on suppose digne de foi puisqu’elle est effectuée par un
professionnel. Si son intervention est nécessaire, le commissaire aux apports aura peu de travail
à effectuer.

Il se peut néanmoins que tous ces types de transmission fassent l’objet d’une opposition. En
effet, le cessionnaire, le donataire et le bénéficiaire de l’apport de l’ensemble du patrimoine
affecté deviennent débiteurs des créanciers de l’entrepreneur individuel puisqu’ils prennent sa
place. Cette modification de leur statut est automatique ; il y a vraiment complètement
substitution puisque cela n’entraine aucune novation à leur profit.

Les créanciers peuvent former opposition à la transmission du patrimoine affecté. Cette


opposition doit avoir lieu dans le mois de la publication du transfert au BODAC. En tant que telle,
l’opposition ne fait pas obstacle à la transmission du patrimoine affecté, la transmission existe
toujours mais si l’opposition est admise, elle sera réduite. En cas d’irrecevabilité de l’opposition,
le tribunal va consolider la transmission et peu même ordonner le remboursement des créances.

2. La disparition du patrimoine affecté


A. Quelles sont les causes de disparition ?
a. La renonciation

On a procédé par déclaration. C’est un acte unilatéral, donc, parallélisme des formes, si on ne
veut plus affecter ce patrimoine, on va faire une renonciation. La renonciation au patrimoine
affecté constitue une cessation volontaire de l’affectation. L’entrepreneur individuel va faire
procéder à sa mention au registre dans le mois de sa renonciation. Dans les deux mois de la
renonciation, l’entrepreneur est aussi tenu de déposer un état descriptif actualisé des biens,
droits, obligations et sû retés qui avaient été affectés à l’activité professionnelle. Il doit le faire en
précisant la nature, la qualité, la quantité et la valeur de chacun d’entre eux.

Cette renonciation expresse intervient en théorie :

- lorsque l’entrepreneur individuel veut cesser son activité,


- lorsque l’on veut participer à une société ou à une personne morale, c'est-à-dire lorsque
l’on veut participer à une entité qui ne peut pas avoir de patrimoine affecté. Ça peut aussi
concerner une personne physique qui ne voudrait pas devenir entrepreneur individuel.
La renonciation va avoir pour effet de permettre le transfert du patrimoine affecté sans
maintien de l’affectation.

b. Le décès

Le décès de l’entrepreneur individuel correspond à une cessation forcée de l’affectation. On est


obligé d’en prendre acte. Mais, le législateur a quand même envisagé une exception : il se peut
qu’un héritier ou un ayant-droit manifeste l’intention de poursuivre l’activité professionnelle à
laquelle le patrimoine était affecté.

Le patrimoine de tout défunt est transmis à ses héritiers ou ayant-droits et il fusionne avec leur
patrimoine personnel. Donc, ici, le patrimoine affecté va également tomber dans l’actif des
héritiers. La situation ne sera pas compliquée lorsqu’il y aura un seul héritier ; ça sera déjà
moins évident s’il y en a plusieurs ne serait-ce que parce que l’on parle d’entrepreneurs
individuels. Lorsque le patrimoine affecté comporte un bien immobilier, le notaire intervient ;
comme il va aussi régler les successions, la situation sera un peu plus simple puisqu’il connait
des règles de répartition de l’actif successoral ; mais tout cela devra sans doute être précisé par
la jurisprudence.

De toute façon, le décès va lui aussi être mentionné au registre. Cette mention doit pêtre
effectuée par un héritier ou par toute personne mandatée. Le plus souvent c’est le notaire qui va
y procéder. Celui qui veut poursuivre l’activité professionnelle doit aussi le mentionner dans les
trois mois du décès. Au départ, le législateur avait envisagé une durée de 6 mois mais le texte a
retenu trois mois dans l’intérêt des créanciers professionnels. C’est bien pour ces créanciers
puisque les biens subiront peu de dommages si le délai est bref ; mais en revanche, les héritiers
sont contraints de réagir très vite et même dès l’ouverture de la succession.

On va en effet devoir partager la succession : si un héritier veut reprendre l’activité, il faut faire
une sorte d’attribution préférentielle et il devra donc désintéresser ses co-héritiers. La reprise
du patrimoine affecté va elle aussi faire l’objet d’une déclaration mais on n’a pas fixé de délai,
peut être parce que ça va de soit mais aussi et surtout parce que ça ne porte pas atteinte au droit
de créanciers professionnels.

Il peu très bien n’y avoir aucun héritier prêt à reprendre le patrimoine. Ça équivaut à une
renonciation à l’affectation. Le patrimoine affecté va réintégrer le patrimoine propre et le notaire
va procéder à la liquidation ce qui va permettre de satisfaire les créanciers. On va régler les
créanciers et le solde du patrimoine affecté réintégrera le patrimoine personnel du défunt.

B. Les effets de la disparition


La renonciation à l’affectation ou le décès met fin à la déclaration d’affectation. Les deux
entrainent la liquidation du patrimoine d’affectation et la liquidation a pour conséquence le
désintéressement des créanciers professionnels et la déchéance du terme pour les créances.
L’éventuel surplus restant après le désintéressement doit être liquidé et il va revenir dan le
patrimoine non affecté. Donc, à partir de ce moment là, on revient dans la théorie de l’unité du
patrimoine. Tous les biens, qu’ils aient été à un moment donné affecté ou pas vont constituer le
gage des créanciers non professionnels. Cela devrait avoir des conséquences en matière de
faillite.

Un mois avant ou après la cessation complète de son activité professionnelle, l’entrepreneur


individuel est tenu de demander sa radiation du registre spécial et doit absolument préciser la
date exacte de la cessation d’activité afin de stopper les créances. le greffier doit, sans délai,
procéder à la radiation de l’immatriculation. En cas de décès et si les héritiers ne veulent pas
reprendre l’activité, ils doivent également demander la radiation. Dans ce cas, il remettent un
acte de décès au greffier qui radie d’office la personne immatriculée.

Quelque soit l’origine, cette cessation n’a aucune incidence sur la situation des créanciers. Les
créanciers professionnels sont assurés d’être payés grâ ce au patrimoine d’affectation. Quant aux
autres, ils ont toujours le patrimoine personnel et ils vont avoir l’espoir d’être payé sur le solde
du patrimoine d’affectation qui va réintégrer le patrimoine personnel

CONCLUSION :

On ne peut aujourd’hui que faire des projections. Certains auteurs sont sceptiques, nous disent
que l’intention du législateur est bonne mais la solution proposée mais la solution est quand
même risquée parce que de nombreux points devront être précisés par les tribunaux. D’autres
auteurs, plus théoriciens, dénoncent le fait que la théorie de l’unicité du patrimoine ait été
pulvérisée pour des raisons électorales. Dire que l’unité du patrimoine a été pulvérisée peut
sembler exagérée : on a certes crée le patrimoine d’affectation mais il n’en demeure pas moins
que ce patrimoine est suspendu dès lors que la personne décède ou dès lors qu’elle renonce à
l’affectation, on revient à l’unité du patrimoine. L’EIRL est un outil de communication pour les
entrepreneurs ; pour leur montrer qu’on pense à eux en période de crise, en leur permettant de
créer une structure qui leur permettra de vivre correctement. Ce qui peut être gênant c’est le
risque de confusion entre l’EIRL et l’EURL. Il semblerait qu’il y ait déjà près de 100 000 EIRL qui
ont été créées. C’est de toute façon l’attrait des nouvelles structures ; on peut dire que cette
création peut être intéressante ; en tout cas elle a plus de succès que l’EURL et elle a mieux
démarré que la SAS ; mais cela s’explique peut être parce que ce sont les artisans qui ont pris
cette voie. Les questions restent posées car l’entrepreneur individuel sera sans doute amené un
jour à se porter caution, parce qu’il devra faire un emprunt dans le cadre de son activité
professionnelle et il n’est pas du tout évident que face à une telle situation l’entrepreneur tire
profit des protections que lui accorde le statut de l’EIRL. Même chose si l’entrepreneur
individuel, à titre personnel, fait l’objet d’une procédure de surendettement.

On ne peut donc que souhaiter une longue vie à ces entrepreneurs individuels mais ils ne
pourront survivre que si les banques sont à leurs cô tés.

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