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Jean-Pierre LAPORTE

RECHERCHES RECENTES SUR


UALGERIE LIBYco-PUNIQUE
Article paru dans les
Actes du VII° Congrès des Etudes Phéniciennes et Puniques (Hammamet, 2009)
Tunis, INP, 2019, t. I, p. 243-258.

(Attention, au moment de sa parution, ce texte date de 10 ans...)

LA VIE, LA MORT ET LA RELIGION


DANS L”UNIVERS PHENICIEN ET PUNIQUE
Actes du VII° congrès intemational des études phéniciennes et puniques
Hammamet, 9 - 14 novembre 2009

VOLUME I
PRESENCE PHENICIENNE ET PUNIQUE EN
MEDITERRANEE, URBANISME, ARCHITECTURE

Tunis, Institut National du Patrimoine

2019
RECHERCHES RÉCENTES SUR
UALGERIE LIBYCO-PUNIQUE
Jean-Pierre LAPORTE*

RESUME
Depuis les synthèses de M. Bouchenaki (1970 et 1971) et S. Lancel (1995), plusieurs
avancées ont été réalisées dans différents domaines : modalités et ampleur de la punicisation,
sources textuelles, monuments funéraires, épigraphie punique et libyco-punique. Un examen
géographique permet de reconnaître quelques autres progrès. Le tout donne une vue sensiblement
améliorée de l”époque libyco-punique et de ses survivances parfois fort tardives aux époques
suivantes. Cependant, on ne saurait progresser beaucoup plus avant sans nouveaux outils de
travail (notamment en épigraphie) et sans nouvelles recherches de terrain et publications.
MOTS CLEFS : libyque, punique, libyco-punique, Algérie, Siga, Iol, Cirta, persistances.
INTRODUCTION
Pour compléter les synthèses précédentes de M. Bouchenaki en 1970 et 19711 et
de S. Lancel en 19952, il paraît utile de présenter quelques notes sur l”évolution des études
puniques en Algérie. Bien sûr, on doit regretter tout d”abord la disparition de fait du Bulletin
d 'Archéologie Algérienne, qui n”a plus paru depuis 40 ans, mais les connaissances progressent,
soit par la réévaluation de découvertes anciennes soit par quelques signalements sporadiques3.
On peut espérer que la mise en œuvre de la Loi de 1998 sur l”archéologie amène des chercheurs
algériens à publier des données nouvelles d”ici quelque temps4.
LE PROCESSUS DE PUNICISATION DU LITTORAL
Dès avant la seconde guerre mondiale, P. Cintas avait imaginé une punicisation du
littoral par un cabotage venu de Carthage et s”a.rrêtant toutes les nuits, soit des escales séparées
d”une quarantaine de kilomètres (fig. 1.A). Cette idée persiste, et même si plus personne n”y
croit vraiment, on y fait encore souvent références. Dès 1995, S. Lancel avait remarqué que les
découvertes archéologiques ne confirmaient pas cette hypothèsefi. En Algérie centrale, et par
exemple à Tipasa, le matériel est souvent archaïque par rapport aux productions de Carthage à
la même époque. En Algérie occidentale, les influences puniques viennent du sud de l”Espagne.
Une nouvelle conception récemment exposée tient compte de ces remarques et surtout de la
réévaluation considérable des capacités nautiques de la marine marchande puniquel. Elle propose
de restituer un grand circuit commercial punique en Méditerranée occidentale: Carthage, Sicile,
Sardaigne, Baléares, Andalousie et retour le long de la côte algériennes, mettant à profit un

' Chercheur libre


1 Bouchenaki 1970 et 1971. Je remercie Abdelouahab (N.), Alexandropoulos (J.), Briquel (D.), Bron (F.), Desanges (J.), Fantar
(IVI.-I-I.), L/epelley (Cl.), Maníredi (L.), Mezzolani (L.), Rebuffat (R.)et Soltani (A.), de leurs remarques et suggestions.
2 Lancel 1995.
3 La Presse, avec les limites du genre et dans la mesure de ses moyens, signale de temps à autre un certain nombre
de découvertes nouvelles et donne des informations sur l°évolution des grands sites.
4 Le colloque de Guehna de novembre 2008 a annoncé la possibilité pour certaines universités de faire des prospections,
voire des sondages.
5 Ainsi Lopez Pardo 1996.
6 Lancel 1995.
7 Laporte 2008, 159-160; Id., 2010.
8 En repartant d°Espagne, les navires pouvaient soit continuer la boucle en traversant la Méditerranée à hauteur de
Gibraltar, soit éviter la mer d°Alboran en cinglant directement entre la région de Carthagène et l'Oranie.

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grand courant venant de l”Ouest à une vitesse journalière d”environ 40 km vers l”Est9 (fig. 1.B).
L”utilisation de ce circuit explique notamment le décalage typologique et chronologique
constaté entre la demière mode de Carthage et le matériel trouvé sur la côte algérienne,
notamment à Tipasa. Partant (par exemple) de Carthage avec une cargaison complète, chaque
navire déchargeait et vendait à chaque escale une partie de sa cargaison, puis rechargeait d”autres
marchandises dont on escomptait la vente plus loin. On comprend qu”arrivé à l”extrémité de la
Méditerranée, il ne transportait plus guère de sa cargaison d”origine et repartait vers l”Est en
longeant la côte algérienne, ainsi alimentée pour l”essentiel en matériel ibéro-punique.
Le commerce de la partie nord de la Méditerranée occidentale était apparemment aux
mains du commerce grec, étrusque puis romain, dans un grand « circuit grec ››. Des marchandises
pouvaient être échangées aux différents points de contact entre le « circuit grec ›› du nord et le
« circuit punique ›› du sud, ce qui suffit à expliquer la présence sporadique de matériel grec”
et étrusque“ sur la côte algérienne, sans nécessiter sa fréquentation habituelle par des navires
marchands grecs.
Les conséquences sont claires : au moins avant la seconde guerre punique, il n”était
nul besoin d”une domination politique et militaire directe de Carthage sur toutes les escales de
la côte algérienne ; la fréquentation de quelques grands ports plus punicisés le long de cette
côte suffisait, les localités intermédiaires pouvant être desservies à partir d”eux par un simple
cabotage régional. On peut de même envisager des liaisons directes entre les îles, Sardaigne,
Baléares, et les ports africains situés directement au sud. La situation dut changer après la
prise de ces îles par Rome (Sicile en 241, Sardaigne en 238, puis les Baléares), qui coupa
au commerce punique l”accès de ces escales et de ces marchés, et nécessita probablement
Porganisation d”une ligne longeant la côte algérienne vers l”ouest, donc à contre-courant. Un
contrôle punique plus étroit de certains de ces ports doit sans doute être envisagé pendant une
courte période, jusqu'à la perte par Carthage de l°ensemble de ses possessions espagnoles après
la chute de Gadès en 206. Les escales de la côte algérienne tombèrent sans doute ensuite entre
les mains de Massinissa, dont la culture était d°ailleurs essentiellement punique.
Il va de soi que cette théorie nouvelle devra être discutée, plus encore que la précédente.

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Fig 1. Schémas explicatifs du commerce punique en Méditerranée occidentale


A : << Système Cintas ›› ; B : Nouveau << système ››.

9 Laporte 2008, 159 et 2010, 387-389.


1° Villard 1959.
11 Briquel 2004 et 2006. Il s°agit en fait d°un docmnent tardif(sans doute du II° siècle avant J.-C.) et qui doit s'expliquer dans
le cadre de la réorganisation des échanges à une époque où l°Etrurie avait déjà perdu son indépendance vis-à-vis de Rome.

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Recherches récentes sur l 'Algérie libyco-punique

1 - SOURCES ET DONNEES
Les sources textuelles :
Peu de nouveau du côté des sources. Cependant, M.-H. Fantar a extrait le matériel
phénico-punique contenu dans le Périple d 'Hannon12. E. Lipinski a publié en 2004 une étude sur
le Périple de Scylax dont il reprend utilement le texte complet12. Nous nous séparons toutefois
de ses conceptions sur deux points :
- La recherche systématique d”étymologies moyen-orientales très anciennes pour la
plupart des toponymes. En fait, une bonne part doit ressortir de la langue libyque1“1, certains
pouvant être mixtes (punico-libyques).
- La localisation d”un certain nombre de toponymes. Cet auteur place notamment Iol non
pas à Cherchel comme on le fait d”habitude, mais à Tigzirt, à 200 km à l”est15. Certes, le mot grec
Akra qualifie Iol signifie d”ordinaire « sommet ›› ou « promontoire ››. Cependant, un autre site
qualifié d 'Akra dans le même Périple, celui de Siga, à la fois fleuve, ville et port, permet constater
qu”il n”y existe pas de presqu”île marquée, mais une île devant Pembouchure d”un fleuve. La
source n”est donc pas d”une précision telle qu”elle oblige à « déplacer ›› Iol, qui doit à notre sens
rester à Cherchel. De toute manière, la répartition des découvertes numismatiques le confirme..
Données archéologiques
En 1993, E. Lipinski a réuni une intéressante bibliographie des découvertes puniques
le long de la côte algérienne1°, malheureusement d”utilisation difficile, compte tenu des
problèmes d”identification signalés plus haut. Un survol des connaissances acquises, à la fois
historiques et archéologiques, a été donné récemment par V. Bridoux sur une zone plus large,
puisqu”elle va du Maroc jusqu”à la Numidie tLmisienne17. Si cet inventaire porte en principe
sur la période des royaumes maures, on en tire en fait l”impression qu”il est bien diflicile
de différencier la période strictement punique (pour nous libyco-punique) de la période des
royaumes maurétaniens et numides, et même de la période « romaine ›› précoce. Il n°existe en
fait pas de césure archéologique nette entre les périodes, mais de réelles continuités (ou des
évolutions lentes) matérielles et sans doute aussi intellectuelles.
Un abondant mate'riel archéologique
De grandes expositions ont permis de revoir une part non négligeable du matériel
découvert jadis et toujours soigneusement conservé dans les Musées algériens. Leurs catalogues
constituent de véritables outils de travail. Remontant à 30 ans déjà, celui de l”exposition Die
Numider à Bonn (1979) comporte nombre d”articles de fond qui n”ont pas été remplacés1*. Au
cours de l 'Année de l'Algérie en France (2003), une exposition intitulée « L”Algérie au temps
des rois Numides ››19, a montré un important mobilier, pour l”essentiel postérieur à la chute de
Carthage, mais encore en fait de type punique. Certains de ces objets ont été également exposés
la même année à l”Institut du monde arabe de Paris2°. Si l”on peut regretter que l”Algérie n”ait
pas été représentée en 2007 lors de l”exposition sur La Méditerranée des Phéniciens21, une

12 Fantar 2000.
13 Lipinski 2004. Le répertoire des toponymes de Filigheddu (P.) 2006, 149-266, semble hélas entaché de nombreuses erreurs.
14 Les hydronymes notamment ont toutes les chances d'être libyques.
15 Une conséquence immédiate de cette identification serait de repousser vers l'Est une bonne moitié des toponymes
antiques connus sur la côte algérienne, alors même que Pemplacement de nombre de ces toponymes puniques ou
libyco-puniques est fixé par des inscriptions d'époque romaine.
16 Lipinski 1993, avec une bibliographie intéressante, malheureusement accompagnée de localisations sujettes à
caution Laporte 2014.
17 Bridoux 2008.
18 Die Numider 1979.
19 Algérie au temps des mis numides 2003.
2° Algérie en héritage 2003.
21 La Méditerranée des Phéniciens 2007 Cf. Dossiers de l 'Archéologie 2007.

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exposition sur l”Algérie punique doit ouvrir en Alger en décembre 2010. Elle comportera un
catalogue rédigé par une équipe algéro-italienne dirigée par A. Soltani et L. I. Manfredi22.
Monuments funéraires
Si l”on ignore pour l”essentiel ce qu”étaient les monuments publics et les habitats
d”époque libyco-punique25, on est un peu mieux renseigné sur les coutumes filnéraires,
d”ailleurs plutôt libyques avec un peu de matériel punique qu”à proprement parler « puniques ››.
On dispose depuis 2002 d”une très utile synthèse d”A. Krandel Ben Younès pour les actuels
territoires tunisien et algérien24.
Depuis 30 ans, l”attention s”est portée essentiellement sur les grands mausolées numides
(Siga, Khroub, Médracen). On en est resté dans l”ensemble aux interprétations de F. Coarelli, Y.
Thébert et F. Rakob25 qui insistaient sur les influences étrangères puniques, grecques ou gréco-
puniques. Il convient de réintroduire dans le discours les commanditaires autochtones et leurs
propres choix2°. En contact avec le monde punique de leur époque, ils ont certes adopté certains
des décors architecturaux utilisés à Carthage, mais ceux de leur temps, et non de vieux modèles
datant d”un siècle ou plus auparavant. C”est ainsi que le Medracen, que F. Rakob descendait très
bas dans le II° siècle avant J.-C.27, doit certainement être replacé beaucoup plus haut, à notre
sens dans le III° siècle et peut-être même au IV° siècle avant J.-C., conformément d”ailleurs à la
datation de ses poutres de cèdre par le carbone 1428.
Epigraphie punique et libyco-punique
Un domaine presque en friche est celui de lӎpigraphie punique. Le Corpus des Inscriptions
Sémitiques est en fait décédé de sa belle mort, au moins en ce qui conceme l”Afi*ique du Nord29. On
peut cependant utiliser plusieurs études de K. Jongeling et R. M. Kerr2°, qui toutefois ne sont pas
illustrées. En fait, on n”étudie de manière érudite et pointilliste que quelques-unes des inscriptions
puniques d”Algérie. Malgré tout, la moisson est loin d”être négligeable. Ainsi, dans un article
d°une érudition scrupuleuse, M. Sznycer a retrouvé l'«assemblée du peuple›› sur une inscription
de Cap Djinet31. F. Bron donne dans le présent volume une étude des inscriptions puniques de

22 Phéniciens d 'Algérie, 2010.


25 A l°exception de quelques habitats de Rachgoun fouillés et décrits par Vuillemot 1965, 224-258) et de Cirta publié
par Berthier 1980, 13-26). Même dans le second cas, il vaudrait mieux parler d'habitat libyque (ou nmnide) avec un
peu de matériel punique.
24 Krandel-Ben Younès 2002.
25 Rakob 1983. Stucchi 1987. Coarelli et Thébert 1988. Pour un résmné pratique de ces positions devenues maintenant
traditionnelles, cf. Jean-Sylvain Caillou 2008, 172-177, avec même, p. 177, l°évocation de << ressemblances troublantes ››,
mais non précisées, entre les mausolées nmnides et le mausolée d'Auguste, commencé après 29 avant J.-C. Si influence il
y a eu (ce qui reste à notre sens fort improbable), elle ne saurait avoir été que des plus anciens vers le plus récent !
25 Laporte 2009, 140.
27 Pour Rakob 1983, 331, le monmnent serait du II° siècle avant J.-C. et sans doute attribuable à Massinissa. On ne
peut que rester dubitatif devant une datation qui ne semble pas étrangère à un rapprochement préalable avec le
grand roi. D°une part, nombre d°auteurs ont du mal à ne pas succomber à la tentation d°une attribution à l°un ou
l°autre des quelques rares grands hommes connus. D°autre part, fort peu sont en mesure d'accepter l'existence de
grands royamnes nmnides avant que les auteurs grecs et latins ne se soient intéressés à l'Afi'ique du Nord, c'est-
à-dire guère avant la première guerre punique. Il conviendra d'y revenir.
2* Laporte 2009, 152. Réalisée à la demande de Camps (G.), la datation au carbone 14 de quelques fi'agrnents des poutres
de cèdre qui couvrent la galerie menant à la chambre fiméraire, avait permis de dater le Medracen des environs de 300
avant J.-C. (de la fin du IV° siècle ou du début du III°). Il serait bien étonnant, si l°on admettait les datations suggérées
par Coarelli F., Thébert Y. et Rakob F., que le constructeur du Medracen ait fait appel à des fonnes architecturales
périmées de son temps depuis plus d°un siècle, et utilisé pour la couverture de la galerie inteme une soixantaine de
tronçons de cèdre d°un mètre cinquante de long et trente centimètres de diamètre, coupés eux aussi plus d°un siècle
auparavant. Le << temps de séchage ›› parfois évoqué pour expliquer l°ancienneté de ces tronçons de bois par rapport à
la date évoquée pour le monmnent auquel ils appartiennent paraîtrait nettement excessif.
2° Le demier fascicule du Corpus des Inscriptions Sémitiques pour l'Afi'ique du Nord (Pars I, fasc. 3), par Février
(J.), est paru en 1962.
5° Jongeling 1984 et 1994; Jongeling et Kerr 2005.
51 Sznycer 1975, 61, n° 8, Cap Djinet.

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Recherches récentes sur l 'Algérie libyco-punique

Ksiba Mraou et révèle une intéressante onomastique mixte, libyque et punique52. Bien d”autres
restent plus ou moins ignorées, ainsi une inscription monumentale de Portus Magnus qui, compte
tenu de sa taille (hauteur des lettres : 12 à 18 cm !), mériterait d”être commentée plus avant malgré
sa forte mutilation55. De leur côté, V. Bridoux et H. Dridi annoncent un travail sur les grafiîti
puniques sur ostraca, sans doute plus nombreux qu”on ne le croit54.

Fig 2. Une dédicace monumentale des Andalouses.


D”après Vuillemot, Reconnaissance..., 1965, p. 21, fig. 2.

Au sein de l”épigraphie punique, il existe un domaine particulièrement prometteur,


celui des bilingues. L”examen des libyco-puniques et les libyco-latines a été bien entamé par
R. Rebuffat dans plusieurs a.rticles55. Il en tire des informations importantes pour lӎtude de la
langue libyque, en dégageant les pratiques (plutôt que les règles) de transcription du libyque,
bien connues dans le cas des bilingues latino-puniques, encore à expliciter plus avant dans le
cas des libyco-puniques. La compréhension de la partie punique de ces textes pourrait sans
doute profiter d”un examen de même nature.
La solution des Corpus imprimés ne répondant plus vraiment aux besoins55, il est
nécessaire de mettre en route un inventaire des inscriptions puniques et libyco-puniques
d”Algérie, en employant naturellement des méthodes modemes: un inventaire permanent,
collectif et collaboratif, enrichi en permanence en fonction des découvertes, publications et
interprétations nouvelles. Intemet et les moyens informatiques actuels devraient permettre sans
difficulté cette réalisation, à un faible coût et avec une rapidité sans pareille dans la mise à la
disposition de tous, des documents, de leur(s) interprétation(s) et de la bibliographie afférente.
Numismatique
Dans le domaine de la numismatique, on a noté en 2000 une avancée considérable avec
la synthèse de J. Alexandropoulos57 qui renouvelle un domaine qui avait peu progressé depuis

52 Bron, << Inscriptions puniques de Ksiba Mraou ››, à paraître.


55 Vuillemot 1959, 187-190 et 1965, 21 et fig. 2.
54 Bridoux et Dridi, << Graffiti ››, à paraître.
55 Rebuffat 2005 et 2007; Cf. Laporte 2007.
55 Si l°on examine l°historique de différents corpus imprimés, chacun a souvent représenté l'aventure solitaire d°un savant
isolé, dont les travaux ont été publiés après son décès, parfois cinquante ans après le début de l'aventure, par l°un de
ses élèves méritants, dans de monmnentaux et coûteux ouvrages dépassés dès leur sortie. Le problème est pratiquement
le même pour les inscriptions libyques et latines. On dispose toutefois pour ces dernières de l°outil pratique, mais non
illustré et pas toujours complet (en cas d°inscriptions nombreuses d°un site, il arrive que seules les plus intéressantes
soient évoquées sous un ou plusieurs nmnéros), que représente Pirremplaçable Année épigraphique.
57 Alexandropoulos 2000, et 2003. Nous n°avons pas encore pu consulter Manfi'edi, Monete, 2010.

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Jean-Pierre LAPORTE

J Mazard en 195555. On débat encore de l”origine de ce monnayage, Syphax, Massinissa, le


roi Capussa ou la ville d”Iol59. Bien qu”en grande partie postérieur à la chute de Carthage,
le monnayage royal numide et maure appartient bien au domaine sémitique par les légendes
monétaires, qui conservèrent les caractères puniques jusqu”à une date avancée dans le 1°' siècle
avant J.-C. Il témoigne de ce fait d”une acculturation profonde, qui a survécu un siècle à la
disparition de la métropole punique. Son iconographie était directement inspirée du monnayage
carthaginois à l”est et du monnayage barcide à l”ouest. La réévaluation des collections et des
trésors puniques et numides d”Algérie a été bien entamée par A. Soltani. D”autres études ont
concemé des trésors découverts anciennement, ainsi D. Gérin et P. Salamapour un trésor d”Icosim
(Alger)4°, J.-P. Laporte et A. Soltani pour un autre de Saldae (Vgayet, Bejaia, Bougie)41. Un
catalogue des monnaies d”Iol (plus tard Caesarea, Cherchel) va être publié prochainement“12.
L”une des plus intrigantes découvertes récentes est la datation de l”époque de Syphax
des monnaies les plus anciennes d”Iol"5, maintenant certaine compte tenu de leur présence en
Espagne dans des couches contemporaines de la seconde guerre punique44. Comme il est peu
probable qu”un roi ait autorisé une ville à frapper des monnaies d 'argent qui ne mentionnent
nullement sa souveraineté, la compréhension que l”on avait jusqu”ici d”une Numidie partagée
en deux royaumes oriental et occidental est remise en question.
On pourrait utilement ajouter à ces sources numismatiques assez classiques, mais
limitées (collections anciennes souvent dépourvues d”origines précises), le recensement et
l”étude des monnaies de site recueillies par un nombre croissant d”associations locales qui
s”intéressent chacune à l”histoire de leur petite patrie et sauvent de la dispersion les monnaies
de toutes époques découvertes après chaque pluie45.
II - NOTES GEOGRAPHIQUES
Passons maintenant à une revue de quelques sites puniques d”ouest en est.

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Fig 3. Sites puniques d”Algérie cités.
5* Mazard 1955.
5° Alexandropoulos, << Origines ››, à paraître.
4° Salama et Gérin 1999.
'11 Laporte 1998. Soltani 1998 et 2005.
42 Manfi'edi et Soltani 2011.
45 Alexandropoulos, << Origines ››, à paraître.
'14 Villaronga 1983, 64. Manfi'edi 2005. Ripollès 2008, 56.
45 Citons par exemple le cas de Siga, où les ateliers monétaires nmnides de Cirta et de Siga pourraient sans doute
être différenciés par l'examen des collections nmnismatiques locales aux provenances bien établies.

248 -
Recherches récentes sur l 'Algérie libyco-punique

1 - Alge'rie occidentale
Dès que l”on parle de l”ouest algérien, on pense à G. Vuillemot, jadis vigneron à Bou
Sfer, qui prospecta seul plus de 200 kilomètres de côtes algériennes, remarquablement publiées
en 1965 dans le copieux volume « Reconnaissance aux échelles puniques d 'Oranie ››“15. Certes,
contrairement à la théorie Cintas en vigueur à l”époque, ces sites ne sont pour nous ni échelles
ni puniques“17, mais, compte tenu de la précision et de la fiabilité des descriptions de l”auteur,
indications stratigraphiques comprises, ses fouilles peuvent toujours être réinterprétées avec
les connaissances d”aujourd”hui. Toutefois, il sera souhaitable de réexaminer directement le
matériel qu”il a découvert et qui se trouve toujours soigneusement conservé au Musée d”Oran.
Ceci sans parler d”une révision systématique des sites eux-mêmes.
Rachgoun : Le matériel découvert par G. Vuillemot sur l”île de Rachgoun a été
récemment réinterprété par M. Torres Ortiz et A. Mederos Martin et, semble-t-il, notablement
vieilli avec quelques traces du VII° siècle (voire du VIII°) avant J.-C.“111.

Fig 4. Vue aérierme de l”île de Rachgoun. Cliché G. Vuillemot, 1960.

Siga (Takembrit) : Le site a fait l”objet d”une étude diachronique“19. Une association
locale du village de Siga a sauvé de la destruction un certain nombre d”amphores miniatures
déposées dans des tombes détruites par les labours5°. Bien reconnaissables dans la typologie de
Ramon Torrès51, elles donnent une idée saisissante du commerce en Méditerranée occidentale.
Une intéressante série monétaire se constitue ainsi petit à petit au lieu d”être dispersée. La
charge municipale des b 'lm y est maintenant attestée52.
'15 Vuillemot 1965.
'17 La conception d°échelles réparties tous les 40 km et contrôlées directement par Carthage doit être révisée, cf.
ci-dessus. Il s°agit de lieux de contact entre habitants libyques et commerçants puniques. Certains étaient très
fi'équentés, d°autres fort pauvres, comme Mersa Madakh, cf. ci-dessous p. suivante et fig. 5.
15 Torrès Ortiz et Mediros Martin 359-378. Cf. Laporte 2006, 2555.
'19 Laporte 2006.
5° Laporte 2003. Certains de ces objets ont été déposés au Musée d'Aîn Temouchent ; d°autres sont conservés localement.
51 Ramon Torrès 1995.
52 Manfi'edi Politica 2003, 468-471, d'après une stèle du tophet de Cirta : l'bm sygn.

- 249
Jean-Pierre LAPORTE

Mersa Madakh : Le site de Mersa Madakh55 est encore presque intact, malgré
Paménagement récent (2007) d”un parking tout contre la petite butte qui porte le site lui-
même5“1. Ce demier frappe par sa petite taille et la pauvreté du matériel. Le grignotage par
la mer ne saurait avoir fait disparaître complètement une ville même modeste. Il ne s”agit
en aucun cas de l'esca1e punique que 1°on a cru pouvoir en faire, mais d°un tout petit village
libyque habité par de pauvres pêcheurs et mangeurs de coquillages, utilisant essentiellement de
la poterie modelée locale, de la poterie de type ibérique et quelques rares poteries à vemis noir
acquises dans le commerce côtier.

15,
zîl

_.-.__

Fig 5. Vue de Mersa Madakh. Cliché J.-P. Laporte, 2008. Le site se trouve au bout de la petite pointe
au premier plan.

Les Andalouses : Le site des Andalouses a hélas été partiellement recouvert par des
constructions nouvelles, déjà plus ou moins abandonnées. Il serait souhaitable de sauvegarder
les espaces encore libres.
2 -Alge'rie centrale
Nombre de sites côtiers d”Algérie centrale, comme Cartennae ou Gunugu, n”ont pas
fait l”objet d”études récentes à notre connaissance.
Cartennae (Ténès), Gunugu (Gouraya) : Ce qui subsiste des nécropoles puniques (ou
plutôt libyco-puniques) mériterait de manière urgente des travaux de clôture, de nettoyage, de
conservation et de mise en valeur.
Iol (plus tard Caesarea, Cherchel) : Les travaux de T. W. Potter et N. Benseddik sous
le forum romain ont atteint les niveaux puniques sur des surfaces limitées, mettant toutefois en
évidence, dans une partie de bâtiment(s) punique(s), deux phases de construction assez tardives
55 Vuillemot 1965, 150-155.
5'1 Les aménagements touristiques sont souvent redoutables, surtout lorsqu°ils détruisent en fait l°harmonie des sites
dont ils sont censés aménager l°accès.

250 -
Recherches récentes sur l 'Algérie libyco-punique

qui ont livré un intéressant matériel céramique55. La totalité des découvertes numismatiques
relatives à Cherchel a été réévaluée55. La reconnaissance de l”ancienneté du monnayage d”Iol57,
peut-être même antérieur à Syphax, de plus bi-métallique (alors que le roi ne semble avoir
frappé que du bronze55) pose le problème déjà évoqué ci-dessus de l”importance et du rôle
politique de la ville en Numidie centrale.
Tipasa (Tipasa) : Une partie de la bibliographie récente du site (libyco-) punique a fait
l”objet d”un examen par S. Ferdi59.
Icosium (Alger): Un trésor du II5 siècle avant J.-C. a été publié par P. Salama et D.
Gérin5°. Un groupe d”études et d”analyse critique des sources est dirigé par N. Benseddik51. Un
catalogue des monnaies d”Icosium (en arabe) a été édité par le Musée National des Antiquités
d”Alger 52. Un ouvrage intitulé De Ikosim à El Djazaïr a été édité en collaboration entre le
Ministère de la Culture et le même musée55.
Iomnium (Tigzirt): A 125 km à l”Est d”Alger, le site présente une implantation
« punique ›› typique, une presqu”île tendue vers une petite île. La presqu”île a été déblayée
à l”époque romaine et n”a pas livré de vestiges puniques, toutefois on a signalé récemment
une petite boucle d”oreille, dont la partie en croissant porte un signe de Tanit5'1. Ce type paraît
attesté uniquement à Ibiza au III5 siècle avant notre ère, ce qui pourrait témoigner d”échanges
maritimes directs avec les Baléares.
Aït Raouna : A 20 km à l”ouest, les découvertes d”Aït Raouna (Kabylie, wilaya de
Tizi-Ouzou) fournissent un exemple intéressant de contacts libyco-puniques en dehors des
villes55. Le site se trouve entre deux escales dont le nom est entièrement punique, Rus-azus, et
probablement libyco-punique, Rusippisir. A la fin du IV5 siècle et au III5 siècle avant J.-C., une
population libyque continuait à pratiquer des coutumes funéraires de tradition protohistorique:
déchamement des corps dans une sépulture primaire, rassemblement des fragments osseux
subsistants, peut-être parfois après crémation, et dépôt de ces amas, accompagnés de poteries
fragmentées, dans le sol de grandes allées couvertes. La céramique abondante (plus de 540
poteries différentes55) se compose de 31,6 % de poterie modelée a priori locale, de 64% de
céramiques tournées communes et enfin de 4,4 % de céramique à vemis noir (« campanienne ››)
importée. Il s”agit bien d”une population libyque restée fidèle à ses coutumes, mais déjà en
contact avec le commerce régional (cabotage) et, même marginalement, à longue distance57.
Rusazus, Azeffoun, ex-Port-Gueydon : trouvée sur le site de l”antique Rusazus55 (en
punique, rus - azus : « le grand cap ››), une stèle, de 0,65 m de haut59, n”a aucun équivalent dans

55 Benseddik et Potter 1993, notamment 29-33. Par ailleurs, Pinauguration de la salle des portraits de Juba au Musée
de Cherchel, a donné lieu à une joumée d'études à l°Institut Goethe d°Alger.
55 Manfi'edi, << Monete neo-puniche ››, à paraître.Voir également ci-dessus p. 6 les questions nmnismatiques.
57 Voir ci-dessus, 6. Nmnismatique.
55 Manfi'edi, Repertorio 1995, 178-180, 284-285, n° 101-103. Alexandropoulos 2007, 471-472, n° 141-143.
59 Ferdi 2005.
5° Salama et Gérin 1999.
51 Les sources de l 'histoire antique et médiévale. Analyse critique des sources .' le cas d 'Alger.
52 Musée National des Antiquités, catalogue des monnaies d°Alger, édité à l'occasion de l°Année << Algérie, capitale
de la culture arabe ››.
55 Il s°agit d°un ouvrage regroupant des articles couvrant toutes les périodes, de l°Antiquité à la période ottomane.
51 Boucle encore inédite.
55 Camps 1987; Laporte, << Allées couvertes ››, 2012
55 En nombre minimmn d'individus (NMI). Les formes identifiables sont bien moins nombreuses.
57 Laporte 2012.
55 Gsell, Atlas, f. 6, n° 70.
59 Baghli et Février 1968, 15, fig. 19.

-251
Jean-Pierre LAPORTE

la région, où s”exprimait un art libyque très particulier7°. Les deux personnages qui se dirigent
vers un autel, représentés le corps de face et le visage de profil (mais l”œil de face), présentent
une allure punique avec une touche égyptisante. Il s”agit certainement d”un document ancien,
même si nous ne pouvons en préciser l”époque.

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Fig 6. Azcfi1`oun, stèle de tradition punique ancienne ( ?). Calque sur photographie J.-P. Laporte, 1970.

Saldae, Vgayet, Bejaia, Bougie : dans l”antique Saldae, un trésor de 3000 monnaies
puniques de Carthage enfoui vers la fin de la seconde guerre punique (entre 210 et 201),
découvert en 1926 et resté pratiquement inédit, a fait récemment l”obj et d”études historiques et
numismatiques".
Igilgili (Jijel, ex-Djidjelli) : Des joumées d”études sur le Patrimoine de la cité antique
devraient donner lieu à publication. On peut espérer que cette marque d”intérêt se traduise sur
le terrain par des travaux de protection de la nécropole de Rabta menacée par l”avancée des
constructions modemes.
3 - Alge'rie orientale
K. Daho-Kitouni a publié en 2003 une carte de répartition des inscriptions puniques
signalées dans l”Est algérien72. Elles sont très concentrées à Cirta même, presque toutes
en provenance d'un point unique, le tophet75. Cependant, on en trouve également dans les
montagnes du nord, et de manière plus sporadique au sud, jusque fort loin au sud-ouest.
Hippo Regius (Hippone, près d'Annaba, ex Bone) : Une réévaluation exemplaire du
site d”Hippone et l”examen des collections du Musée par une équipe algéro-française ont révélé
récemment quelques objets anciens, ainsi une amphore du V5 siècle avant J.-C.7“1.
Extrême nord-est algérien : On attend enfin avec intérêt la publication des prospections
menées dans le nord-est de l”Algérie (entre Annaba et la frontière tunisienne) par une équipe

7° Laporte 1992.
71 Laporte 1998, Soltani 1998 et 2005.
72 Kitouni-Daho 2003.
75 Cette concentration écrasante dans un lieu particulier enlèverait une bonne part de sa signification à une étude
statistique régionale réalisée sans précaution.
7'1 Hippone, amphore ibéro-punique type T.1.3.2.3. ou T.11.2.2.3, cf. Hippone, éd. Delestre 2005, p. XXIV, n° 261.

252 -
Recherches récentes sur l 'Algérie libyco-punique

algéro-italienne dirigée par Mariette De Vos 75. Outre la découverte de vestiges d”époque
romaine, ces travaux ont révélé des témoignages libyques et puniques peu nombreux mais non
négligeables.
III- EXTENSION ET SURVIE DE L'ACCULTURATION PUNIQUE EN
ALGERIE ORIENTALE
La punicisation s”est certainement produite sur une longue durée. Elle a été très inégale
selon les époques et les régions. Apparemment limitée à une étroite frange côtière dans le
Centre et l”Ouest algériens, elle a été nettement plus approfondie et durable dans l”Est algérien.
L” empreinte punique a été forte non seulement dans la capitale Cirta, mais encore dans certaines
campagnes. On note même près de l”actuelle Oum el-Bouaghi (ex Canrobert), un toponyme
punique, Macomades75 (« le nouveau lieu ››) dans une région qui n”a jamais été soumise à
Carthage. Bien plus au sud, on a signalé une inscription en caractères puniques jusque dans un
tumulus proche de Ferkane (région de Négrine)77.
D”une manière générale, la langue punique survécut longtemps dans plusieurs régions
du nord de l”Afrique, notamment en Libye autour de Lepcis Magna, où la propre sœur de
Septime Sévère parlait à peine le latin75. Ulpien, mort en 228 ap. J.-C., admettait comme valable
les contrats de droit privé rédigés en latin, en grec, en gaulois et également en punique, mais
pas les obligations contractées oralement dans cette demière langue79.
Dans l”Est algérien, il y a bien eu une population punicisée5° assez nombreuse, au
moins par endroit, jusqu”à l”intérieur du pays. Elle était suffisamment dense pour que la langue
punique survécût au moins jusqu”au V5 siècle de notre ère en plusieurs régions. Saint Augustin
en a parlé explicitement dans un texte dont le sens avait été jadis mis en doute par C. Courtois51.
Comme l”a bien montré Cl. Lepelley52, l”utilisation du punique est maintenant prouvée, avec
la découverte par F. Dolbeau d”une lettre de saint Augustin qui indique la présence d”une
population qui nommait ses dieux les Elim55. On écrivait encore en langue punique (sans que
l'on sache si on le faisait en caractères puniques, ou en caractères latins, comme dans les latino-
puniques de Tripolitaine)51. Il existait donc encore à l”époque de saint Augustin des textes
écrits, et par conséquent une culture susceptible de se perpétuer, et pas seulement une présence
résiduelle et une culture purement orale.
Le doute étant levé, on peut recenser plusieurs sites habités par des populations dont
l”évangélisation nécessitait des clercs punicophones : Hippone, Fussala, Madaure, Macomades,
Calama55. Dans le même sens, Augustin correspondait avec Novatus, évêque de Sitifis, à propos
d”un diacre, Lucillus, connaissant parfaitement le punique55, sans que nous sachions où il l”avait

75 De premiers résultats sont disponibles sur Intemet.


75 Gsell, Atlas, XXVIII, 9.
77 Grebenart 1961-2, p. 171-195. Camps 1964, p. 298-299. Grebenart D.a signalé alentours de Ferkane de nombreux
tumuli libyques. Deux d°entre eux ont livré des éléments de datation intéressants, le premier des charbons datant
de 1950 +- 160 B.P., donc autour du changement d°ère, le second des graffiti dans lesquels Février J.-G. reconnut
des lettres néo-puniques , cf. Camps, apud Grebenart, 1961, 195, n. 1. Il est bien évident que l°arrivée de Rome
dans la région ne changea guère les coutumes firnéraires de ce type qui durèrent sans aucun doute encore fort
longtemps par la suite.
75 Lepelley 2005. Jaïdi 2004.
7° Lepelley 2005, 132, note 17.
5° A notre sens, il s'agissait probablement d°une population libyque punicophone.
51 Courtois 1950.
52 En dernier lieu, Lepelley 2005.
55 Sermon Dolbeau 3, 7-8 (<< Mayence ›› 7). Lepelley 2005, 143-144, n° 1. Notons toutefois qu°à lui seul, le fait
que cette population ait appelé ses dieux Elim (ou plutôt Ylim ou Ilim) ne prouve pas qu°elle était totalement
punicophone, pas plus que l°invocation d°Allah ne fait de tous les Berbères des arabophones.
51 Lepelley 2005, 132, note 17.
55 Voir les différents docmnents cités par Lepelley 2005.
55 Augustin (84, 2) àNovatus, évêque de Sitifis (CSEL, 34, 2, p. 393). Lepelley 2005, 150, n° 15.

- 253
Jean-Pierre LAPORTE

appris ni surtout où il le pratiquait57.


Encore plus étonnant, car bien loin au sud-ouest, le cas de N”gaous où le sacrifice d”un
mouton est attesté encore sous son nom punique de molchomor à la fin du III5 siècle après J.-
C.55, dans une région fort éloignée de Carthage55.
Bilan et pistes de recherche
Au terme de ce rapide examen, les possibilités de recherche dans la relecture soigneuse
des archives et des publications anciennes restent encore assez larges. La réévaluation des
importantes collections (notamment de céramiques) conservées dans les musées, devrait
permettre de mieux connaître un matériel un peu oublié qui peut encore révéler des surprises.
La réalisation d”outils de travail (comme l”inventaire permanent des inscriptions puniques
évoqué ci-dessus) est strictement nécessaire.
Toutefois, il convient de souligner que ce stock se renouvelle peu, faute de prospections,
de fouilles et de publications depuis une trentaine d”années5°, ce qui fait apparaître l”Algérie
comme une zone quasi blanche sur de nombreuses cartes de répartition de divers types de
matériel en Méditerranée occidentale51. On ne peut que souhaiter la reprise des travaux de
terrain. En ce sens, les prospections de M. De Vos dans le nord-est algérien constituent un signe
très encourageant.
Il convient cependant d”appeler à la prudence dans les interprétations. Il ne faut plus
considérer un site comme punique parce que l”on y a trouvé quelques tessons de céramique à
vemis noir « campanienne ››52. La poterie locale ou régionale, tournée ou modelée, rarement
mentionnée dans les publications, parce que mal connue et diflicilement datable, est souvent
largement majoritaire. Tout au plus peut-on affirmer qu”un site a été occupé aux époques
libyco-punique et numide par une population dont l”appartenance ethnique probable ne pourrait
être (plus ou moins) précisée que par l”étude statistique de la totalité d”un matériel céramique
suffisamment abondant, à défaut d'un matériel osseux humain suffisamment étoffé.
Il convient enfin de réintroduire globalement la population autochtone dans le discours
historique. De manière un peu paradoxale, seule la mise en valeur du substrat libyque dans les
raisonnements permettra de réinterpréter les liens entre Puniques et Libyques et d”approcher
les modalités et l”ampleur réelle de la punicisation. Ce n”est qu”à cette condition que l”on
pourra véritablement aborder la question des limites entres les territoires punique et libyque,
les frontières politiques étant manifestement fort différentes des frontières culturelles, qui ne
semblent d”ailleurs jamais avoir été ni nettes ni immuables. Il conviendrait enfin de revoir le
vocabulaire, de ne plus parler dӎpoque punique (ou romaine) mais dӎpoque libyco-punique
(puis libyco-romaine) en cessant d”oublier au passage les royaumes numides et maurétaniens,
qui ont existé longtemps au cours des deux périodes, à côté de territoires soumis à Carthage
puis à Rome.

57 La région de Sétif ne semble pas avoir connu d°implantation punicophone, Lepelley, loc. cit., p. 142.
55 Pour une nouvelle dédicace mentionnant le molchomor, et la localisation exacte du site de découverte des six
Stèles maintenant connues, cf. Laporte 2006, et annexe ci-dessous et page suivante.
55 Desanges (J.) nous fait observer que le cas de Niciuibus, ablatif-locatif signifiant << chez les Niciues ››, dont dérive
le toponyme médiéval Nikaous puis l°actuel N' gaous, pose une question très intéressante : la punicisation possible
d°une tribu, gétule qui plus est.
5° Les fouilles Benseddik et Potter à Cherchel (cf. ci-dessus) ont constitué une exception notable.
51 Voir en particulier les cartes de répartition publiées par Ramon Torrès 1995 .
52 De la même manière, quelques vases grecs à vemis noir venus de la mer ne doivent pas faire imaginer une
quelconque colonisation grecque sur la côte algérienne, idée parfois encore évoquée et << renforcée ›› par le
rapprochement du toponyme Icosium avec le mot grec eikosi (vingt), simple calembour antique auquel il serait
vain d°attribuer la moindre valeur historique.

254 -
Recherches récentes sur l 'Algérie libyco-punique

Jean-Pierre Laporte
ANNEXE : A propos d'une formule votive : « Punicisation ›› et « Romanisation ››
Un réexamen récent des Stèles à Saturne de N”gaouS mentionnant le molchomor”
amène à mieux comprendre le mode de punicisation et de romanisation du Substrat libyque
dans le domaine particulièrement conservateur de l”épigraphie votive51.
Le sacrifice d”un mouton évoqué par ces Stèles par le mot punique molchomor semble
bien avoir été aussi d”abord libyque. Certes, la formule latine Quod bonum etfaustum feliciter
sit factum de la stèle 6 est largement attestée en Numidie. Elle se trouve également sur des
Stèles de Teboursouk (Fantar 1974), dont certaines portent des épigraphes latines et d”autreS
des épitaphes néo-puniques. Dans un article convaincant, M. H. Fantar (1991) a démontré que
la formule Quod bonum..., en apparence bien latine, traduisait en fait mot à mot la formule
punique bym n 'mw brk que l°on on utilisait antérieurement dans les mêmes nécropoles, ainsi
que sur les Stèles puniques d”El Hofra. Bien qu”écrite en punique, cette demière n”était pas
d”origine Sémitique, dans la mesure où elle est totalement absente tant à Carthage que dans les
autres cités puniques. Elle n”eSt présente que dans les territoires libyques et plus spécialement
numides, c”eSt-à-dire, dans l”état actuel de la documentation, les villes de Cirta, Dougga,
Téboursouk, Ksiba Mraou, Ksar Lemsa, qui toutes appartenaient au royaume numide. Elle
appartient à un contexte africain, en l”occurrence numide. Elle semble bien relever d”un rituel
libyque encore à identifier dans la langue d”origine55.
Il est remarquable que les deux formules, en apparence bien latine et bien punique,
traduisaient en fait dans une nouvelle langue de culture une vieille conception libyque restée
intacte. La forme ne doit pas cacher le fond.

55 Laporte, << N°gaous ››, 2006, p. 92-104 = AE, 2006, 1802.


51 Je tiens à remercier le Professeur Fantar (IVI.-H.) pour les informations qu°il m°a fournies et le dialogue que nous
avons eu à ce sujet.
55 Comme le concluait M.-H. Fantar (1991, p. 133) : «Aux spécialistes du libyque de nous trouver la fonnule
originale libyque qui soulève bien d°autres problèmes, et notamment ceux du contenu religieux et de
Pidentification du ' jour heureux et béni' ››.

- 255
Jean-Pierre LAPORTE

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