L’économie peut être conçue comme divisée de trois manières
distinctes : - Employeurs et employés. - Consommateurs (épargnants) et producteurs (investisseurs) - Détenteurs et demandeurs de monnaie.
Au sein de ces trois groupes a lieu un marchandage où l’offre s’oppose à
la demande par le biais des prix, des salaires et du taux d’intérêt.
Il y a interdépendance entre ces trois marchés, pour deux raisons :
- Les acteurs y sont les mêmes. - Les leviers d’action y sont les mêmes. Sur ces trois marchés, certains groupes ont des positions dominantes : - Les employeurs : en ce sens qu’ils décident de l’embauche ou du licenciement. - Les employés : en ce sens qu’ils ne conçoivent pas une baisse des salaires et œuvrent pour l’effet inverse par les pressions syndicales. - Les producteurs : en ce sens qu’ils décident de l’investissement selon leur conception de l’avenir et leurs possibilités d’expansion. Comme l’individu fixe sa consommation, donc son épargne, uniquement d’après son revenu, il y a peur de chance pour que l’épargne corresponde exactement à la demande d’investissement. - L’équilibre Détenteurs-Demandeurs de monnaie nécessite un taux d’intérêt pas trop élevé pour un niveau de prix donné. - L’équilibre Employeurs-Employés est aussi délicat car il implique des prix pas trop élevés pour des salaires donnés. - L’équilibre Epargnants-Investisseurs est éminemment fragile car l’investisseur décide en fonction de la conjoncture future alors que l’épargnant décide en fonction du revenu présent ou passé. On a là les principales causes de déséquilibre économique. Cette fragilité est d’autant plus grave que l’investissement, de part l’effet multiplicateur, une action puissante sur les échanges économiques. En période de faible investissement, il est doublement souhaitable que les individus n’épargnent pas trop : - D’abord parce qu’une épargne trop forte serait surabondante pour couvrir la demande d’investissement. - Ensuite, parce qu’une consommation trop faible découragerait encore plus les investisseurs. Même si investissement et épargne s’équilibrent, encore faut-il qu’une monnaie assez abondante puisse couvrir les besoins de trésorerie des entreprises (et des particuliers). Or, la mise en circulation de billets ou de crédits supplémentaires ne facilite pas forcément les transactions : l’argent peut être thésaurisé, en particulier par ceux qui jugent le taux d’intérêt trop bas pour que les placements soient intéressants. Le gouvernement peut jouer un rôle de stabilisateur : - Soit par l’action budgétaire. - Soit par l’action monétaire.
Il a aussi le pouvoir d’infléchir assez fortement le cours du
développement économique, à court terme tout au moins.
La politique budgétaire et monétaire semble néanmoins impuissante
à empêcher à la fois le chômage et l’inflation dans la mesure où toute réduction du chômage s’accompagnera de tensions inflationnistes. Elles ne sont, en général, que capables de réaliser un certains compromis entre l’objectif de plein-emploi et l’objectif de stabilité monétaire. Compromis que la politique des revenus est susceptible d’améliorer. Tout ce qui précède s’applique seulement à court et moyen terme : nous n’avons fait intervenir - ni la croissance de la population, - ni l’augmentation du potentiel de machines, - ni les gains de productivité dus au progrès technique.