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Les confessions d’un loup solitaire

Ou mémoires d’outre-rampe

Introduction

L’injustice est révoltante : parachuté au milieu de nulle part, rien que parce
que l’on eut l’audace de remettre en question les conneries véhiculées par
quelques quidams qui se prenaient pour les détenteurs d’une baraka
irréprochable, d’un savoir incontestable, alors qu’ils n’étaient que de parfaits
plagiaires, des marionnettes dont une silhouette tire les ficelles dans l’ombre,
des fanatiques amassant des bouts de papier, nommés diplômes, se pétant les
bretelles devant un public voulu docile, ignorant jusqu’à la manière avec
laquelle leur ramassis fut chopé ; jeté dans la gueule du loup, l’on ne dépassât
guère son gosier : cette chair se veut trop dure même pour un canidé affamé ;
plaidant innocent, je ne savais pas que les jurys étaient complices, les magistrats
comparses et les spectateurs charognards.

Ce n’est pas l’histoire d’un détenu, allongé sur sa paillasse, maudissant son sort,
ni les paroles d’un adorateur fou de la théorie du complot. Pour un esprit libre,
quand ça dérange, ça démange : viennent ensuite les mots exorcisant les maux,
non pas seulement les siens, mais de tout opprimé. Ce sont des souvenirs
incrustés à jamais dans ma mémoire, des scènes inédites qui ne vous laisseraient
pas le temps de bâiller !

Amine ELGHIAT

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Ou mémoires d’outre-rampe

Je regarde dans le rétro : ma vie, à la manière d’un bolide faisant du drift sur
un terrain périlleux, est jonchée de virages ; le changement en fut synonyme,
une mutation constante vers le mieux, le meilleur de moi-même, non que je
cherchasse à plaire au monde, loin s’en faut ! mais en mon for intérieur je
réalisais qu’il manque encore quelque chose à l’homme que je suis, en matière
de Vertu, de convictions inébranlables, d’attitude implacable. L’avis des gens, la
vie des gens, je m’en fous carrément : Droit au But, ma conduite l’indiquait au
même titre que le t-shirt de l’OM (Olympique de Marseille) que je portais déjà à
l’âge de trois ans ; un signe du Ciel ? peut-être. La plupart du temps, cette
probité se trouvait mal interprétée, surtout, du jour au lendemain, quand j’enfilai
mes babouches, habillé d’un qamis, embaumant les ruelles de la médina de musc
et de rumeurs, détournant le regard de toute provocation féminine, je répondais
paisiblement à l’appel du muezzin : des ingrédients pareils, aux yeux des
services de renseignement, des mouchards à plein-temps, des voisins
insomniaques, d’une société paranoïaque semblent vachement former le kit
salafiste, généralement le profil du loup solitaire : personne susceptible de
commettre des actes violents au nom d’un groupe quelconque, sans qu’il
n’obéisse à qui que ce soit (commandant, prêcheur, cheikh, etc.)

L’indifférence totale que mon visage affichait, conformément à ce qu’en


pensaient les faux-culs et les condés, n’était que la partie émergée de l’iceberg,
mais, n’en déplaise à leur pauvre imagination riche ! loin de passer pour une
âme torturée dont passion et humour furent éradiqués, la mienne, regorgeant de
paix, montait les marches, cassant le code et la démarche, violant chaque fausse
représentation qui peuplait des crânes tellement vides, tellement sordides,
tellement haineux qu’en s’y penchant, l’on se crût aux tonneaux des Danaïdes !
Par contre, dans ma tête, tous les jours, c’est samedi soir : je bois de la coupe de
la sagesse, entouré de mes livres sexy en deux pièces (tomes), ambiance cabaret.

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Mes aïeux, originaires de la tribu Tsoul si fameuse par sa persévérance que


l’on ne reconnaît le tsouli que par la métaphore de la graine qui, plantée dans le
bitume, arrive à croître malgré le milieu stérile ; ils m’avaient transmis
l’obstination, la patience et l’air calme nécessaires afin de fleurir au milieu du
désert, là-bas où je viens de clore le premier épisode de ma carrière
professionnelle. À Tendit, province de Boulemane où il fait un froid de loup,
j’enseignais la tolérance, l’acceptation inconditionnelle, l’empathie… avant la
langue de Molière, une langue dont (partout) on dit beaucoup de mal, alors
qu’elle ne requiert qu’une paire de couilles solides chez celui qui veuille
l’atteindre, ce qui manque apparemment aux armées angloconnes (pardon ! je
voudrais dire anglophones) de ses détracteurs.

C’est la plus grande commune au Maroc, à la fois la plus surpeuplée et la plus


dépeuplée : à quatre-vingt-dix kilomètres de Guercif, sur la route de Missour,
s’érige un recoin oublié au pied du mont Bounasser, tiraillé entre deux clans
dont les hostilités mutuelles étouffent dans l’œuf tout développement potentiel ;
conservateurs, ayant leur propre vision du monde, ces gens-là ne trouvaient
jamais paradoxal le fait qu’ils casernaient les harems dont ils prirent possession
et qu’ils allaient se dégourdir les yeux, la langue et d’autres organes dans des
cafés puant la rut ainsi que le cannabis. Jeune, célibataire, sans colocataire : une
menace a été détectée ; attention rivée sur le nouveau professeur de français : il
vient de Taza, murmure-t-on de bouche à l’oreille. Accueil digne d’un
extraterrestre débarquant de je ne sais quelle planète à des années-lumière d’eux.

La première rencontre avec mes futurs colle/lègues (parce qu’ils collent au


bureau plus qu’ils ne le lèguent) était vraiment hilarante : dévisagé par quelques
dizaines de gens tous genres confondus (masculin, féminin, fesculin 1 ) : un
examen plus méticuleux que l’IRM 2 qui déboucha plus tard sur une certaine
forme de bizutage que j’eus l’honneur de refuser fermement contrairement aux
autres nouveaux venus, déboussolés, s’ingéniant à côtoyer une ancienne lignée
imbibée de soi, de complexes et de défaitisme plongeur, rongeur, ravageur…

1
J’ai préféré ce néologisme au mot déjà existant (hermaphrodite) : à la différence de ce
dernier, fesculin fait référence à un genre plus particulier qui ne possède pas forcément les
membres des deux sexes.
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Imagerie par Résonance Magnétique : technique permettant l’analyse fine du corps humain
par l’action d’un champ magnétique et d’ondes radio.
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Certes la situation actuelle de l’école publique laisse à désirer. Mais à quoi bon
pleurnicher à cause du niveau dégradé des élèves, rester les bras croisés,
maintenir le statu quo qui ne profite à personne, quand on peut ensemble contrer
ce courant dont tout le monde sait la source ! Aux antipodes des enseignants dits
chevronnés dont le linge fut susmentionné, je connus les adeptes d’une doctrine
totalement radicale : des jeunes novices s’appropriant les erreurs d’autrui, tantôt
d’une administration corrompue, tantôt d’un devancier incompétent, tantôt d’une
audience qui, d’une façon ou d’une autre, finira par décrocher un bac ne valant
rien, sans assister à leurs cours, ni réussir leurs contrôles ; des bougies qui
brûlent pour montrer le chemin à des aveugles. Ce n’est pas de cette façon que
l’on donne à boire aux chameaux3 !

Chers collègues ! nous ne sommes pas responsables du zèle des uns, encore
moins que de la nonchalance des autres. Notre seul devoir est de faire de notre
mieux pour éveiller des consciences longtemps cuvées dans les bras de
Morphée : des parents rancuniers envers nos tabliers car dans leur optique
bornée l’on touche la paie du mois froidement au sens où nous ne faisons rien ;
des élèves que la fraude séduit plus que la sueur du front ; de quelques
prédécesseurs liant savoir-faire au nombre des décennies que l’on eût passées
derrière des bureaux sentant le moisi ; d’un employeur malicieux qui veut le
beurre et l’argent du beurre, nous prenant pour des boucs émissaires, abusant
d’une autorité infondée. La modération : mot-clé. Vous seriez étonnés de l’effet
de votre sourire, de votre compréhension, si seulement vous vous mettiez dans la
peau d’un adolescent : du matin au soir, les oreilles bourdonnant de musique
moderne, le corps en ébullition, le cœur en partitions, ce jeune être se fiche pas
mal d’un français châtié, suranné, déterré par des apprentis sorciers.
Redorer le blason d’une langue aussi charmante que le français ne passe pas par
des récits à dormir debout, des livres poussiéreux ; il est temps d’épousseter les
cervelles tenant les rênes du pouvoir.

3
L’origine de l’expression remonte à l’an 400 : Malek Ibn Zaïd, sur le point de voyager, avait
confié à son frère Saad, poète et cavalier, la tâche de prendre soin du bétail ; de retour, il vit
qu’il y eut échoué et dit ce célèbre adage qui, par la suite, va devenir un rappel pour toute
personne empruntant un mauvais chemin.
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II

Comme un lierre tenace, par curiosité je grimpais le mur mitoyen séparant la


vertu du vice : j’ai connu le mal, non par amour, mais de crainte que j’en sois
tenté après. Le quartier qui m’a vu naître n’était pas un vivier béni d’où
jaillissent les bienfaiteurs ; y végétaient trafic de drogues, proxénètes, beauté
sans pareille, figures minables, querelles interminables et personne ne dormira
cette nuit : répétée par des gens complètement saouls, dont la voix vibrante
semble entamer quelque chant exquis. Mes amis d’enfance, aujourd’hui narcos,
me serrent toujours la main de la même manière qu’ils faisaient avant, lorsque
j’étais attendu pour commencer un match de foot ou aplatir une nouvelle
montagne : chaque fin de semaine, nous partions à la découverte d’un paradis
perdu dans les bras de la nature, longeant des hauteurs vertigineuses.

Mon attachement à la verdure ne date pas de la dernière pluie : c’est dans mes
gènes ; je ne trouvais aucune gêne à refuser de passer la semaine dans les draps
d’une bombasse que mon caractère indomptable désespérait ; ne m’en voulez
pas ! ma guitoune est plus séduisante. Si, dans l’imaginaire collectif local, vu la
proximité de Ketama, la couleur verte représentait le haschich et ses dérivés,
mes yeux ne la reconnaîtraient qu’en revêtant forêts, collines, plaines et
légumes. Depuis mon plus jeune âge, je fuyais le fard, l’artificiel, les
fanfaronnades et l’exhibitionnisme. Gourmand, ayant un appétit vorace pour le
naturel et pour le beau, je me goinfrais de mets délicieux, préparés par une
maman adorable ; je poussais comme un chêne, enlacé de champs de roses :
gavé de titise4.

4
Au Maroc, c’est un mot générique qui regroupe les filles canon, les belles gosses et les
nanas. J’ai essayé d’approcher le terme d’un point de vue étymologique : aucune parenté
sauf avec l’anglais titties - une autre façon chez les voisins d’outre-Manche pour dire
poitrines, plus particulièrement les seins.
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Changer le cap, nager à contre-courant, dire non ! aux tentations, tant de


formes incarnant le même contenu : en a marre, d’un ordre social pourri qui
mesure la masculinité par la quantité de trous enflammés, la féminité par le tas
de pigeons fourbés. Un ami m’avait demandé pourquoi je vénère un certain
Émile Zola : son style sent le vulgaire, m’eût-il glissé à l’oreille ; eh bien, mon
admiration pour l’auteur des Rougon-Macquart ne tient pas aux mots jugés crus
dont il usait : le Maroc de nos jours n’est qu’une reproduction tardive de la
France du second Empire, caractérisée à l’époque par une ruée effrénée vers la
baise, l’argent blanchi et les coulisses de l’industrie vile des décisions politiques.
Le peuple, ses aspirations, ses problèmes et ses inquiétudes, qui s’en soucie ?
une poignée de merlins enchanteurs, en pleine campagne électorale, ayant le
dessein de changer : leurs femmes, leurs voitures, leurs maisons ; quant à
l’électorat, merci pour votre naïveté fructueuse.

L’habit ne fait pas le moine ; et la barbe ne fait pas le terroriste non plus.
Putain ! les poils surplombent mon visage, non pas le tien. Qué pasa hermano ?
tu t’en doutes encore ! regarde-toi dans la vitre derrière laquelle tes orbites
s’adonnent à me suivre. Aures habet, et non audiet5. Le temps et l’énergie que
ces espèces d’abrutis, surconsommateurs de la malbouffe médiatique, du fast-
food culturel6 mijoté à l’abri de leurs regards désorientés, déploient pour projeter
des topoï7 ratatinés par la logique sur un individu qui veut seulement qu’on lui
fiche la paix, c’est hors de contrôle. Soufflant mes bougies, prenant de l’âge, le
poids des années rendit mes épaules balèzes, mon esprit critique, mes ripostes
lancinantes face à la hagra8 : je rabrouais trop de gueules, parties chercher leur
honneur que j’envoyais ad patres, quelle que soit la couleur de leurs passeports
ou celle de leurs mines. Je conçus que la récitation du Coran n’est pas
occasionnée par les funérailles ; que ce Livre sacré n’eût jamais été la cause des
boucheries qu’il est sans cesse accusé de commanditer ; que l’on peut facilement

5
Traduit du latin : « Ils ont des oreilles et n’entendent pas ».
Voir Les Livres Poétiques et Sapientiaux (Psaume 115), Les Livres Prophétiques (Isaïe 42.20 ;
Jérémie 5.21)
6
Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber éditions, 1997
7
« Théorie de l’argumentation, topoï, et structuration discursive » par Jean-Claude
Anscombre, Revue québécoise de linguistique, vol. 18, nº 1, 1989, p. 13-55
8
Repris de l’arabe, signifie injustice, tort, misère
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ménager au total une heure par jour pour faire la prière ; que Dieu m’Évacua
d’un trou noir qui engloutît des générations dont les descendants sont en
dégénération, victimes d’une crise morale tentaculaire ; que mon refus des
joints, du pastis et des pétasses valait mieux qu’y succomber ; qu’enfin
j’apprécie l’idée qu’on n’est pas tous les mêmes.

Les hypocrites ? ils portaient le masque avant la covid ; je les entends me


tailler, c’est normal, l’on ne taille que les diamants 9 . Quand leurs caboches
n’arrivaient pas à résoudre un exercice de triphasé 10, à analyser un poème de
Rimbaud, à rédiger une dissertation à propos d’un thème donné, ils se faufilèrent
à travers la foule, serpentant, demandèrent mon aide que j’offrais volontiers.
Reconnaissance ? cela ne fut guère mon intention : un bon musulman ne doit
point accaparer le savoir ; il sait que ce qu’il accumulât en termes de
connaissances, expériences, est dû moins à un effort personnel qu’au Regard
satisfait du Ciel, là-bas où existe la Source : « Et au-dessus de tout homme
détenant quelque science, il y a un Savant 11 [plus docte que lui]. »
Donner un coup de main à quiconque en ait besoin se veut un devoir que le
barbu, surnom que j’eus reçu dans le dos, accomplît avec humilité.

Mais l’excès de modestie entraîne vers la mésestime, voire l’humiliation,


puisque nous sommes dans une contrée où les gens vendent leurs âmes au diable
pour se vanter des choses qu’ils n’ont pas. Au pays du merguez, la vantardise est
impératrice : l’on passe sa vie entière à bâtir une fortune, qui vous infortune,
pour ensuite acquérir des biens dont on a pas besoin ; l’objectif étant de plaire à
un monde qui vous déplaît déjà. Ma foi ! c’est de la pure folie. Amigo ! J’en ai
vu des vertes et des pas mûres : ce dont l’homme est capable au nom du
pognon ; ce qu’il pourrait perpétrer, en proie à un subconscient persécuteur, le
faisant ramper devant tous les talons ; jusqu’à quel précipice la recherche d’être
admis, validé, béni par une collectivité éphémère le mènerait.

9
Écouter Zoum : duo de Soprano et Niska.
10
Le lecteur aura le droit de me demander ce que je chante, vu la dissonance des pistes
abordées : au lycée, ma spécialité prenait l’appellation sciences et technologies électriques.
11
Sourate Yûsûf ; verset 76
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III

« De la ville de Taza à un village nommé Fès 12 », ainsi parlait le précurseur de


la sociologie, auteur de Al Muqaddima (Les Prolègomènes) en 1347, de mon
pays natal. Taza, la forteresse imprenable. Taza, le bastion de la civilisation.
Taza, convoitée par Lyautey au même titre que par les sultans se succédant à sa
régence. Taza, l’amour de ma vie. J’ai hérité de ses reliefs, la dureté ; de sa terre,
la générosité ; de l’air qu’elle contient, la pureté. Taza, damnée par son histoire
révolutionnaire, vouée à l’oubli, paie cher la témérité des putschistes issus de
son terroir. Mais je ne serais jamais du nombre des tazis trahissant leur origine,
leur mater dolorosa, ayant honte (ou probablement peur) de dire qu’ils en sont
originaires. J’ai bu de ses fontaines, mangé de ses figues, passé des années à
explorer ses richesses inépuisables ; l’on ne crache pas dans la soupe, hijo !

- Monsieur Amine, vous avez la langue trop longue… me dit un type, dont
je m’abstiens de citer le nom13, en me prenant à part.
- Je ne lèche pas les bottes avec, Dieu merci ! je répondis en haussant les
épaules.

En fait, je somnolais, sombrais dans un ennui remarquable, dans ces amphis


animés par des ventres piriformes qui pensent faire la pluie et le beau temps ;
qui se contredisent tout le temps ; qui encouragent en public leurs assiégés à
avoir un esprit critique, et en privé les transfèrent à la session de rattrapage si
jamais ils osent pousser leurs critiques un peu loin, piquant à vif un orgueil
merdeux. Ça reste de la merde, hombre ! tu peux joliment l’emballer, la tremper
dans la Rivière des Parfums, ça pue encore et ça puera toujours.

12
Ibn Khaldûn, Pensée du fantôme : voyages au Maghreb et en Andalousie
(malheureusement disponible uniquement en arabe)
13
Rassurez-vous chers lecteurs : de tels noms souilleraient ces pages blanches ; gardons-les
propres !
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Dans mes allocutions, je n’avais aucune retenue de mentionner Ibn Qayyim al-
Jawziiya, Marx, de Beauvoir, de Lamartine14, Le Pen, de Staël, Ibn Taymiiya ou
Rabia Al Adaouiya. L’esprit critique c’est le nectar qui n’est pas donné à tout le
monde ; il ne suffit pas de prétendre d’en avoir, il faut le prouver. C’est bizarre
comme les voix entonnant éternellement des airs sur émancipation, liberté,
évolution… en sont les plus démunies ; que leurs corps comptent parmi les plus
inhibés, leurs cœurs arrivant en tête des plus froids.

Au moment où je vous écris ces lignes, tapant sur le clavier, dehors il y a un


autre type de tapage : l’on célèbre quelques noces, je pense, vu la fréquence des
you-yous et la musique assourdissante. Je me demande si les voisins, depuis la
fente des fenêtres, auraient proféré les mêmes paroles en entendant quelqu’un
réciter le Coran en pareilles circonstances ; si les autorités locales guettent un
mariage islamique de la même manière qu’elles s’amusent à voir la danse des
barbares. Bienvenue en terre d’islam ! là où argumentation à base de versets
coraniques et hadiths est synonyme d’allégeance à je ne sais quelle organisation
terroriste ; où le titre de musulman s’acquiert par ablution après adultère ;
où l’on prie avec un cœur plein de haine, de jalousie et de rancunes ; où le hadj
est allé à la Mecque grâce à l’argent des orphelins qu’il eût dupés.

Ce que mes concitoyens ne vont (peut-être) jamais appréhender : pour être


musulman -avec toute la portée du mot- l’on n’a pas besoin d’adhérer à un ordre
secret, ni marcher sur les pas d’un épouvantail cagoulé, barbe touffue, qui incite
ses fidèles à s’enliser dans des bains de sang. L’Islam est beaucoup plus beau,
beaucoup plus saint que les seins allaitant les cartels qui essaient de le dénigrer.

C’est le témoignage d’un canard libre qu’on voulait voir enchaîné…

À plus !

14
Lisez son Histoire de la Turquie, où il décrit l’amour du Prophète Mûhammad (que le Salut
et la Paix soient sur lui) pour son épouse Khadija.
10

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