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UNIVERSITÉ LUBUMBASHI

ÉCOLE SUPÉRIEURE DES INGÉNIEURS


INDUSTRIELS
Département de Génie-Civil

COURS D’AMÉNAGEMENT DES STRUCTURES


HYDRAULIQUES

Par Portance Kasongo


Master en Géologie de l’Ingénieur

5 juin 2021

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Première partie

Analyse Hydrologique

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Chapitre 1

Cycle Hydrologique

1.1 Introduction
La question de la disponibilité et d’accès à l’eau est sans aucun doute un des problèmes
majeurs auquel devra faire face l’humanité durant le siècle à venir. Aujourd’hui on estime en
effet qu’un habitant sur cinq de la planète n’a pas accès à l’eau en suffisance et un sur trois a
une eau de qualité. Dans ce contexte, il peut être utile de rappeler que "la mesure quantitative
et qualitative des éléments du cycle hydrologique et la mesure des autres caractéristiques
de l’environnement qui influent sur l’eau constituent une base essentielle pour une gestion
efficace de l’eau". (Déclaration de Dublin, 1992 cité par Musy, 2005). De fait, la compréhension
et l’analyse du cycle de l’eau est la base de toute étude et réflexion au sujet de la gestion des
eaux.

1.2 Définition
Le cycle de l’eau, appelé aussi cycle hydrologique, est l’ensemble des cheminements que peut
suivre une particule d’eau. Ces mouvements, accompagnés de changements d’état, peuvent
s’effectuer dans l’atmosphère, à la surface du sol et dans le sous-sol. Chaque particule n’effectue
qu’une partie de ce cycle et avec des durées très variables : une goutte de pluie peut retourner
à l’océan en quelques jours alors que sous forme de neige, en montagne, elle pourra mettre
des dizaines d’années.

1.3 Composantes du cycle hydrologique


1.3.1 Précipitations
Sont dénommées précipitations toutes les eaux météoriques qui tombent sur la surface de
la terre, tant sous forme liquide (bruine, pluie, averse) que sous forme solide (neige, grésil, grêle)

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et les précipitations déposées ou occultes (rosée, gelée blanche, givre,...). Elles sont provoquées
par un changement de température ou de pression. La vapeur d’eau de l’atmosphère se
transforme en liquide lorsqu’elle atteint le point de rosée par refroidissement ou augmentation
de pression. Pour produire la condensation, il faut également la présence de certains noyaux
microscopiques, autour desquels se forment des gouttes d’eau condensées. La source de ces
noyaux peut être océanique (chlorures, en particulier NaCl produit par l’évaporation de la
mer), continentale (poussière, fumée et autres particules entraînées par des courants d’air
ascendants) ou cosmiques (poussières météoriques). Le déclenchement des précipitations est
favorisé par la coalescence des gouttes d’eau. L’accroissement de poids leur confère une force
de gravité suffisante pour vaincre les courants ascendants et la turbulence de l’air, et atteindre
le sol. Enfin, le parcours des gouttes d’eau ou des flocons de neige doit être assez court pour
éviter l’évaporation totale de la masse. Les précipitations sont exprimées en intensité (mm/h)
ou en lame d’eau précipitée (mm) (rapport de la quantité d’eau précipitée uniformément
répartie sur une surface).

1.3.2 L’évaporation/l’évapotranspiration
L’évaporation se définit comme étant le passage de la phase liquide à la phase vapeur, il
s’agit de l’évaporation physique. Les plans d’eau et la couverture végétale sont les principales
sources de vapeur d’eau. On parle de sublimation lors du passage direct de l’eau sous forme
solide (glace) en vapeur. Le principal facteur régissant l’évaporation est la radiation solaire.
Le terme évapotranspiration englobe l’évaporation et la transpirationdes plantes. On
distingue :

• l’évapotranspiration réelle (ETR) : somme des quantités de vapeur d’eau évaporées


par le sol et par les plantes quand le sol est à une certaine humidité et les plantes à un
stade de développement physiologique et sanitaire spécifique ;

• l’évapotranspiration de référence (ET0) (anciennement évapotranspiration po-


tentielle) : quantité maximale d’eau susceptible d’être perdue en phase vapeur, sous un
climat donné, par un couvert végétal continu spécifié (gazon) bien alimenté en eau et
pour un végétal sain en pleine croissance. Elle comprend donc l’évaporation de l’eau du
sol et la transpiration du couvert végétal pendant le temps considéré pour un terrain
donné.

L’évaporation est une des composantes fondamentales du cycle hydrologique et son étude
est essentielle pour connaître le potentiel hydrique d’une région ou d’un bassin versant. En
général, des analyses spécifiques d’évaporation devront être faites pour des études de bilan et de
gestion de l’eau par les plantes. Cependant, ces analyses approfondies sont moins nécessaires
pour les études de projets d’aménagement où l’eau est plutôt considérée sous un aspect d’agent
dynamique

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1.3.3 L’interception et le stockage dans les dépressions
La pluie (ou dans certains cas la neige) peut être retenue par la végétation, puis redistribuée
en une partie qui parvient au sol et une autre qui s’évapore. La partie n’atteignant jamais le
sol forme l’interception. Son importance est difficile à évaluer et souvent marginale sous nos
climats, donc souvent négligée dans la pratique. Le stockage dans les dépressions est, tout
comme l’interception, souvent associé aux pertes. On définit l’eau de stockage comme l’eau
retenue dans les creux et les dépressions du sol pendant et après une averse.
La quantité d’eau susceptible d’être interceptée varie considérablement. Si la végétation
offre une grande surface basale ou foliaire, donc un important degré de couverture, la rétention
d’eau peut atteindre jusqu’à 30% de la précipitation totale pour une forêt mixte, 25% pour les
prairies et 15% pour les cultures. L’effet respectif de l’interception et du stockage dans les
dépressions est très variable et diminue au cours de l’averse. Il provoque en générale un retard
dans le démarrage et la réaction hydrologique qui peut être perçue à l’exutoire du bassin.

1.3.4 L’infiltration et la percolation


L’infiltration désigne le mouvement de l’eau pénétrant dans les couches superficielles du
sol et l’écoulement de cette eau dans le sol et le sous-sol, sous l’action de la gravité et des effets
de pression. La percolation représente plutôt l’infiltration profonde dans le sol, en direction de
la nappe phréatique. Le taux d’infiltration est donné par la tranche ou le volume d’eau qui
s’infiltre par unité de temps (mm/h ou m3 /s). La capacité d’infiltration ou l’infiltrabilité est la
tranche d’eau maximale qui peut s’infiltrer par unité de temps dans le sol et dans des conditions
données. L’infiltration est nécessaire pour renouveler le stock d’eau du sol, alimenter les eaux
souterraines et reconstituer les réserves aquifères. De plus, en absorbant une partie des eaux
de précipitation, l’infiltration peut réduire les débits de ruissellement.

1.3.5 Les écoulements


De par la diversité de ses formes, on ne peut plus aujourd’hui parler d’un seul type
d’écoulement mais bien des écoulements. On peut distinguer en premier lieu les écoulements
rapides des écoulements souterrains plus lents. Les écoulements qui gagnent rapidement les
exutoires pour constituer les crues se subdivisent en écoulement de surface (mouvement de
l’eau sur la surface du sol) et écoulement de subsurface (mouvement de l’eau dans les premiers
horizons du sol). L’écoulement souterrain désigne le mouvement de l’eau dans le sol. On peut
encore ajouter à cette distinction les écoulements en canaux ou rivières qui font appel à des
notions plus hydrauliques qu’hydrologiques (à l’exception des méthodes de mesures comme
nous le verrons ultérieurement).
Au-delà de cette distinction simpliste – ces notions seront réexaminées plus en détail au
chapitre 9 consacré à l’étude des processus de génération des crues – on remarquera que

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les écoulements peuvent aussi se signaler par leur domaine d’application. L’écoulement de
surface caractérise un écoulement sur une surface et s’exprime généralement par un rapport
volume / surface / temps [L3 /L2 /T ]. Il est ainsi souvent exprimé en millimètre par année
hydrologique dans les études de bilans ou encore en litres par secondes et par hectares dans le
cadre de projet d’aménagement des terres et des eaux (drainage ou irrigation). Les écoulements
souterrains et en rivière font explicitement référence à la notion de débit, à savoir à un volume
d’eau traversant une section par unité de temps [L3 /T ].

1.4 Stocks, flux et inertie de système


Quelles sont les quantités d’eau correspondant à chacun des termes de ce tableau, et avec
quelles vitesses se font les échanges ? Les réponses à ces questions sont très difficiles à donner ;
on pourra retenir, pour fixer les ordres de grandeur.

1.4.1 Volumes
En surface, les terres émergées ne représentent que 146 106 km2 sur une surface totale de
la planète de 510 106 km2 (soit sensiblement 1/4). Cette disparité entre océans et terres est
beaucoup plus accentuée entre eaux douces et eaux salées.
Le volume total des eaux douces est d’environ 36106 km3 , soit 2,8 % des réserves totales en
eau. Par ailleurs, les eaux se répartissent à peu près ainsi, exprimées en épaisseur uniformément
réparties sur la terre.

1.4.2 Flux
La vitesse avec laquelle l’eau circule est très variable ; généralement, on prend l’année
comme période de référence.
Les flux annuels sous forme liquide et gazeuse (les plus importantes) sont sensiblement les
suivants (figure 1.1) :

1.4.3 Inertie
On appelle "taux de renouvellement" le rapport du stock au flux qui l’alimente et "temps
de séjour" l’inverse du taux de renouvellement. Plus le temps de séjour est important, plus
l’inertie du système est importante : c’est par exemple le cas des eaux souterraines où il atteint
couramment, pour des nappes importantes, 10 à 50000 ans ; en revanche la quasi totalité des
eaux continentales ont un temps de séjour relativement limite, de l’ordre de quelques jours à
un an.

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Figure 1.1 – Flux d’eau

1.5 Cycle de l’eau


La figure 1.2 synthétise les différents éléments du cycle hydrologique.

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Figure 1.2 – Cycle de l’eau schématique

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1.6 Exercices
Exercice 1. Vrai - Faux
97,2% de l’eau présente sur la planète se trouve sous forme salée dans les mers et les océans.
0,001% de l’eau du globe se trouve dans le sous-sol.
Seulement 0,65% de l’eau du globe n’est ni salé ni glacé, donc potentiellement consommable
par l’homme.
Depuis l’existence de la terre et grâce à l’atmosphère c’est toujours la même eau qui réalise
son cycle de l’eau.
L’eau douce est répartie de manière très égale sur notre globe.
1/3 de l’eau douce présente sur la planète se trouve sous forme solide dans les glaciers et les
couvertures neigeuses permanentes.

Exercice 2. Le cycle de l’eau ...


 à l’échelle du globe terrestre tout entier présente un cycle externe et un cycle interne.
 a pour moteur principal le soleil.
 concerne la circulation continue de l’eau entre l’atmosphère et la Terre et son retour dans
l’atmosphère grâce à la condensation, à la précipitation, à l’évaporation et à la transpiration.
 ne concerne qu’une faible partie du volume d’eau présent sur Terre.
 n’est pas influencé par les activités humaines.

Exercice 3. Vrai - Faux


Le point triple de l’eau précise les conditions de température et de pression pour lesquelles
les trois phases de l’eau peuvent coexister.
Dans le diagramme de phase de l’eau, la courbe de "vaporisation" indique les états dans
lesquels l’eau solide coexiste et reste en équilibre avec sa vapeur.
Au niveau de la mer, l’eau pure bout à 100o C et gèle à 0o C.
La température d’ébullition de l’eau augmente quand la pression diminue.
Au-dessus du point critique il n’y a plus de différence entre l’état liquide et l’état gazeux.
Le comportement "anormal" de l’eau est dû aux liaisons hydrogènes.

Exercice 4. Vrai - Faux


Chaque année il s’évapore moins d’eau qu’il n’en précipite au-dessus des continents.
Chaque année il pleut plus d’eau au-dessus des océans qu’au-dessus des continents.
Le cycle de l’eau crée un déséquilibre entre l’évaporation et les précipitations.
Le temps de résidence est égal au rapport entre le volume d’eau et la somme des flux entrants
ou sortants du réservoir.
Plus le temps de résidence dans un réservoir est court, plus l’eau de ce réservoir est rapidement
renouvelée.
A l’échelle de la Terre, le temps de résidence moyen des eaux courantes (rivières) se compte
en heures.

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Exercice 5. En RDC, les deux sources principales d’eau douce sont constituées par ...
 Les eaux de surface.
 Les glaciers .
 Les nappes souterraines.
 La pluie.
 La neige.

Exercice 6. Vrai - Faux


Le bilan hydrologique vise à établir le budget entre les entrées et les sorties en eau d’une
unité hydrologique définie pendant une période de temps donné.
Le déficit d’écoulement peut être assimilé, en première approximation, à l’évapotranspiration
réelle.
La lame d’eau écoulée reste souvent la valeur à déduire par soustraction à partir de l’équation
de bilan.
Pour un bassin versant n’ayant ni glacier, ni lac, le bilan hydrologique annuel doit être
proche de zéro.
Un bilan hydrologique négatif signifie une diminution des réserves.
Les différents termes du bilan hydrologique sont facilement mesurables.

Exercice 7. Pour un bassin versant donné, on a : S= 2 500 km2 , Pannuelle = 1300 mm et Qannuel =30
m3 /s.

1. Quel est le volume d’eau total écoulée à l’exutoire ?

2. Quel est le déficit d’écoulement en mm ?

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Chapitre 2

Bassin versant

En tout point d’un cours d’eau, nous serons amenés à définir son bassin versant et à
caractériser son comportement hydrologique.
Le cycle de l’eau est planétaire et perpétuel. Il est alors nécessaire de le fractionner, conven-
tionnellement, en domaine d’espace et en durée accessibles aux observations, expérimentations
et mesures, donc en systèmes hydrologiques. Un système hydrologique est un système
dynamique, séquence d’espace et de temps, fraction du cycle de l’eau. L’identification spatiale
d’un système repose sur quatre concepts :

1. Domaine d’espace physique, fini à trois dimensions, dont toutes les parties sont en
liaison hydrodynamique continue ;

2. Siège de processus ou mécanismes internes, hydrodynamiques, hydrochimiques ou


hydrobiologiques ;

3. Séquence du cycle de l’eau, c’est-à-dire comportant une entrée (impulsion), un circuit


interne (transfert) et une sortie (réponse) ;

4. Variabilité des données dans l’espace selon des lois de distributions statistiques.

Dans l’identification spatiale des systèmes hydrologiques, trois domaines d’espace interdé-
pendants, emboités, peuvent être circonscrits :

• Le bassin hydrologique ;

• Le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines ;

• L’aquifère avec sa nappe d’eau souterraine.

2.1 Notion de bassin versant


Le bassin versant en une section d’un cours d’eau est défini comme la surface drainée par
ce cours d’eau et ses affluents en amont de la section. Tout écoulement prenant naissance à

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l’intérieur de cette surface doit donc traverser la section considérée, appelée exutoire, pour
poursuivre son trajet vers l’aval.
Selon la nature des terrains, nous serons amenés à considérer deux définitions.

2.1.1 Bassin versant topographique


Si le sous-sol est imperméable, le cheminement de l’eau ne sera déterminé que par la
topographie. Le bassin versant sera alors limité par des lignes de crêtes et des lignes de plus
grande pente comme le montre la figure 2.1.

Figure 2.1 – Bassin versant topographique

2.1.2 Bassin versant hydrogéologique


Dans le cas d’une région au sous-sol perméable, il se peut qu’une partie des eaux tombées
à l’intérieur du bassin topographique s’infiltre puis sorte souterrainement du bassin (ou qu’à
l’inverse des eaux entrent souterrainement dans le bassin (figure 2.2)).

Figure 2.2 – Bassin versant hydrogéologique

Dans ce cas, nous serons amenés à ajouter aux considérations topographiques des considé-
rations d’ordre géologique pour déterminer les limites du bassin versant.
Cette distinction entre bassin topographique et hydrogéologique se justifie surtout pour
les petits bassins.
En effet, lorsque la taille du bassin augmente, les apports et les pertes souterraines ont plus
de chance de se compenser.

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De plus, on peut admettre que le débit des cours d’eau est proportionnel à la surface du bassin,
les échanges souterrains se font, eux, aux frontières et varient donc sensiblement comme le
périmètre. Lorsque la taille du bassin augmente, la surface croît plus vite que le périmètre
et la valeur relative des échanges souterrains par rapport au débit de surface tend à devenir
négligeable.

2.2 Modèle Numérique de Terrain (MNT)


Actuellement l’utilisation des images satellitaires permet d’étudier un bassin versant et de
déduire se caractéristiques à l’aide du MNT (Modèle Numérique de Terrain). Le MNT est une
représentation en 3 dimensions d’une surface obtenues grâce aux données d’altitudes qui ne
prend pas en compte les éléments physiques présents sur le terrain (bâtiments ou différents
ouvrages,...).
La méthodologie pour cartographier les bassins versant à l’aide du MNT est la suivante :

1. Récupération des fichiers MNT relatifs à la zone à cartographier ;

2. Traitement des données :

• Création de mosaïque et incorporation des rasters dans la mosaïques pour traiter


des données simultanées ;
• Remplissage des dépressions fermées comme les cuvettes (cellule avec une direction
de drainage indéfinie ; aucune des cellules qui l’entoure n’est plus basse. Si la cuvette
est pleine d’eau c’est le point d’écoulement) ne communicant pas avec le réseau de
drainage général du bassin versant (fill sink). Cette opération permet de supprimer
les imperfections des données ;
• Détermination de la direction de flux (flow direction : figure ??) : il s’agit d’un
algorithme permettant de connaitre la direction des écoulements ;
• Détection des lieux d’accumulation de flux (flow accumulation : figure ??) : il est
facile de voir l’accumulation des eaux, les canaux d’écoulements correspondent
aux zones où les flux élevés sont concentrés ;
• Replacement des points de captage à l’exutoire (pour point) ;
• Génération des bassins versants (watershed) des cours d’eau en fonction des points
de captage ajoutés.

2.2.1 Génération d’un Modèle Numérique de Terrain (MNT)


Le modèle numérique de terrain (MNT) est très utilisé dans les sciences d’ingénieur comme
en hydrologie, en hydrogéologie, en géologie de l’ingénieur, en cartographie.

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Pour arriver à générer un MNT, on procède de la manière suivante :

1. menu Traitement ;

2. menu ligne de commande ;

3. fonction mnt :

• Menu action : MNT/DEM (Modèles de Terrain)... ;


• Fichier source (Raster MNT) ;
• Fichier en sortie ;
• Mode : ombrage, pente, exposition, relief en couleur, rugosité du terrain (TRI),
index d’exposition topographique (TPI), rugosité.

2.2.2 Obtention des paramètres topographiques


Ces paramètres comprennent par exemple : l’ombrage, la pente, l’index d’exposition
topographique (TPI), la rugosité, l’exposition,... Pour y arriver on procède de la manière
suivante :

1. menu Traitement ;

2. menu ligne de commande ;

3. fonction slope :

• Processing algorithm : Slope length ;


• Processing algorithm : Downslope distance gradient ;
• Processing algorithm : Slope, aspect, curvature ;
• Processing algorithm : Relative heights and slope positions ;
• Processing algorithm : Upslope Area ;
• Processing algorithm : Dtm filter (slope-based) ;
• Processing algorithm : Vegetation index (slope based) ;
• Processing algorithm : Slope ;
• Processing algorithm : r.slope.aspect - Generates raster layers of slope, aspect,
curvatures and partial derivatives from a elevation raster layer ;
• Processing algorithm : r.flow - Construction of slope curves (flowlines), flowpath
lengths, and flowline densities (upslope areas) from a raster digital elevation model
(DEM) ;

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• fonction roughness :
– Processing algorithm : Roughness ;
– Processing algorithm : r.shaded.relief - Creates shaded relief from an elevation
layer (DEM) ;
• fonction shade :
– Processing algorithm : Hillshade ;
• fonction index :
– Processing algorithm : Multiresolution index of valley bottom flatness (mrvbf) ;
– Processing algorithm : Stream power index ;
– Processing algorithm : Convergence index (search radius) ;
– Processing algorithm : Topographic position index (tpi) ;
– Processing algorithm : Saga wetness index ;
– Processing algorithm : Aggregation index ;
– Processing algorithm : Terrain ruggedness index (tri) ;
– Processing algorithm : Convergence index ;
– Processing algorithm : Topographic wetness index (twi) ;
– Processing algorithm : Grid cell index.

2.2.3 Génération des cartes topographiques en isovaleurs


Dans le cadre de ce cours, nous utiliserons SURFER, QGIS et ARC GIS. La procédure de
création des cartes en isovaleurs comme les cartes en courbes de niveau suit la même procédure
quelque soit le logiciel choisi :

1. Génération de la grille (grid) cartographique : Cette phase se déroule de la manière


suivante :

(a) choix de la colonne x ;


(b) choix de la colonne y ;
(c) choix de l’attribut à interpoler z ;
(d) choix de la méthode d’interpolation (natural neighbor, krigging,...) ;

2. appel de la grille pour un affichage cartographique.

Pour y arriver, on procède de la manière suivante :

1. menu Traitement ;

2. menu ligne de commande ;

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3. fonction natural :

• Processing algorithm : Natural neighbour ;

4. fonction kriging :

• Processing algorithm : Ordinary kriging ;


• Processing algorithm : Universal kriging (global) ;
• Processing algorithm : Universal kriging ;
• Processing algorithm : Ordinary kriging (global).

5. fonction interpolation :

• Processing algorithm : Multilevel b-spline interpolation (from grid) ;


• Processing algorithm : Multilevel b-spline interpolation ;
• Processing algorithm : v.surf.bspline.sparse - Bicubic or bilinear spline interpolation
with Tykhonov regularization ;
• Processing algorithm : r.resamp.interp - Resamples a raster map layer to a finer
grid using interpolation ;
• Processing algorithm : r.fillnulls - Fills no-data areas in a raster layer using v.surf.rst
splines interpolation or v.surf.bspline interpolation ;
• Processing algorithm : v.surf.idw - Surface interpolation from vector point data by
Inverse Distance Squared Weighting ;
• Processing algorithm : v.surf.bspline - Bicubic or bilinear spline interpolation with
Tykhonov regularization ;
• Processing algorithm : r.bilinear - Bilinear interpolation utility for raster map
layers ;
• Processing algorithm : v.surf.bspline.lambda - Bicubic or bilinear spline interpola-
tion with Tykhonov regularization ;
• Processing algorithm : r.surf.idw - Surface interpolation utility for raster layers ;
• Menu action : & Interpolation ;
• Menu action : Interpolation...
• pour tirer les isovaleurs d’une image qui provient de l’interpolation on utilise la
fonction contour déjà présentée.

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2.3 Caractéristiques morphométriques
L’utilisation de caractéristiques morphométriques a pour but de condenser en un certain
nombre de paramètres chiffrés, la fonction h = f (x,y) à l’intérieur du bassin versant (h altitude,
x et y coordonnées d’un point du bassin versant).
Nous utiliserons trois types différents de paramètres morphométriques.

2.3.1 Caractéristiques de la disposition dans le plan


Surface A

La surface du bassin versant est la première et la plus importante des caractéristiques. Elle
s’obtient par planimétrage sur une carte topographique après que l’on y ait tracé les limites
topographiques et éventuellement hydrogéologiques. La surface A d’un bassin s’exprime
généralement en km2 (figure 2.3).

Figure 2.3 – Surface d’un bassin versant

Longueur

On utilise différentes caractéristiques de longueur ; la première et une des plus utilisées est
le "périmètre P du bassin versant" (figure 2.4).

Figure 2.4 – Perimètre d’un bassin versant

Le périmètre est curvimétré sur une carte cartographique mais, selon l’échelle de la carte,
les détails sont plus ou moins nombreux et il en résulte des différences de mesures. Par ailleurs,

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on devrait souvent prendre en compte des détails de la frontière qui, on s’en rend compte
intuitivement, n’ont aucune influence sur l’écoulement. Avant de procéder au curvimétrage, il
faut donc procéder à une schématisation des limites du bassin, soit par des courbes à grand
rayon de courbure, soit par un tracé polygonal.
Dans des cas particuliers tels que celui d’un bassin replié sur lui-même, on pourra être amené
à tracer des contours fictifs qui tiendront compte de chaque cas particulier.
Le périmètre P n’est généralement pas utilisé directement mais le plus souvent à travers
des valeurs qui en dérivent, comme la "longueur L du rectangle équivalent". On définit le
rectangle équivalent comme le rectangle de longueur L et de largeur l qui a même surface et
même périmètre que le bassin versant, soit à l’aide de l’équation 2.1 :

P = 2.(L + l) et A = L.l (2.1)

L’inconvénient de cette méthode est que l’on peut rencontrer des bassins plus compacts
qu’un carré ; l’équation n’a alors plus de racines réelles.
A la suite de ces remarques critiques sur l’utilisation du périmètre comme critère de
longueur, il a fallu définir d’autres caractéristiques et en particulier (figure 2.5) :

Figure 2.5 – Autres caractéristiques de la morphométrie d’un bassin versant

• la "longueur du plus long thalweg" (lt). Cette caractéristique n’amène guère de


remarques si ce n’est que dans la plupart des cas, on admet qu’il faut poursuivre le
thalweg indiqué sur les cartes topographiques, vers l’amont jusqu’à la limite du bassin.
De même, si le cours aval présente des méandres, on curvimètre en général tous les
méandres.

• la "distance de l’exutoire au centre de gravité du bassin" (lg). Ceci paraît être une
bonne caractéristique de longueur mais elle nécessite l’évaluation de la position du
centre de gravité du bassin ;

• la "plus grande longueur entre deux points de la frontière" (L). On utilise cette
caractéristique surtout en association avec la "plus grande largeur" (l) perpendiculaire à

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la plus grande longueur. La caractéristique de forme la plus utilisée est le "coefficient Kc
de Gravelius" (équation 2.2). Il se définit comme le rapport du périmètre du bassin versant
au périmètre d’un cercle ayant même surface (appelée aussi coefficient de capacité) :

P
Kc = √ (2.2)
2 πA

Cet indice se détermine à partir d’une carte topographique en mesurant le périmètre du


bassin versant et sa surface. Il est proche de 1 pour un bassin versant de forme quasiment
circulaire et supérieur à 1 lorsque le bassin est de forme allongée.
On utilise également pour caractériser la forme d’un bassin, son "rectangle équivalent" (dé-
fini plus haut) et le rapport de la plus grande longueur à la plus grande largeur perpendiculaire
(voir plus haut).
Enfin, une des façons des plus sophistiquées (mais des plus pénibles) pour caractériser la
disposition d’un bassin dans le plan est d’établir la courbe aire-distance. Cette courbe donne
la surface s en km2 (ou en %) qui se trouve à une distance hydraulique supérieure à une
valeur donnée d. (La distance hydraulique est la distance parcourue par une particule d’eau
qui ruisselle d’un point du bassin jusqu’à l’exutoire.

Caractéristiques des altitudes (hypsométrie)

L’influence du relief sur l’écoulement se conçoit aisément, car de nombreux paramètres


hydrométéorologiques varient avec l’altitude (précipitations, températures, etc.) et la morpho-
logie du bassin. En outre, la pente influe sur la vitesse d’écoulement. Le relief se détermine lui
aussi au moyen d’indices ou de caractéristiques suivants
En général, on ne s’intéresse pas à l’altitude moyenne mais plutôt à la dispersion des
altitudes. L’étude statistique permet de tracer la "courbe hypsométrique". Cette courbe donne
la surface s (en km2 ou en % de la surface totale) où les altitudes sont supérieures à une cote h
donnée. Cette courbe est établie en planimétrant pour différentes altitudes les surfaces situées
au-dessus de la courbe de niveau correspondante. Cette méthode est précise mais fastidieuse
(figure 2.6). Une autre consiste à échantillonner les altitudes selon un maillage carré. On admet
alors que l’altitude au centre d’une maille est égale à l’altitude moyenne de la maille.
Bien souvent, on définit la "dénivelée D" comme étant la différence de cote entre H5% et
H95% (équation ).
D = H5% − H95% (2.3)

La courbe hypsométrique fournit une vue synthétique de la pente du bassin, donc du


relief. Cette courbe représente la répartition de la surface du bassin versant en fonction de
son altitude. Elle porte en abscisse la surface (ou le pourcentage de surface) du bassin qui se
trouve au-dessus (ou au-dessous) de l’altitude représentée en ordonnée. Elle exprime ainsi la

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Figure 2.6 – Hypsométrie

superficie du bassin ou le pourcentage de superficie, au-delà d’une certaine altitude.


Les courbes hypsométriques demeurent un outil pratique pour comparer plusieurs bas-
sins entre eux ou les diverses sections d’un seul bassin. Elles peuvent en outre servir à la
détermination de la pluie moyenne sur un bassin versant et donnent des indications quant au
comportement hydrologique et hydraulique du bassin et de son système de drainage.
Parfois, on schématise la forme du bassin et la répartition des altitudes sur le rectangle
équivalent. On construit alors une surface ayant même hypsométrie, même périmètre et même
surface que le bassin versant.

2.3.2 Indices de pente


L’objet de ces indices est de caractériser les pentes d’un bassin et de permettre des compa-
raisons et des classifications.

Pente moyenne

L’idée première qui vient à l’esprit est de caractériser les pentes par leur valeur moyenne I
pondérée par les surfaces.
Soit D l’équidistance des courbes de niveau, soit dj la largeur moyenne de la bande j comprise
entre les lignes de niveau j et j+1 et soit li la longueur moyenne de cette bande. La pente
D
moyenne nj sur cette bande est : nj = dj
(figure 2.7).
La surface de la bande j est : dj .lj = aj .
La pente moyenne I pondérée par les surfaces est (équation 2.4) :
P P
n j aj D lj
I= P = (2.4)
aj A

Si Lc est la longueur totale des courbes de niveau équidistante de D, la pente moyenne I a

19
Figure 2.7 – Pente moyenne

DLc
pour expression : I = A
.
L’estimation de cette expression simple est cependant laborieuse puisqu’il faut curvimétrer
toutes les courbes de niveau. Ceci explique que cet indice est peu utilisé dans la pratique.

Indice de pente de Roche Ip

ROCHE a proposé un indice de pente plus facile à calculer que le précédent : Ip est la
moyenne de la racine carrée des pentes mesurées sur le rectangle équivalent, et pondérée par
les surfaces.

Figure 2.8 – Indice de pente de Roche

D
La pente moyenne i sur la bande j est : ij = xj
. La surface de cette bande est : aj = lj xj .

D X√
Ip = xj (2.5)
L

L’estimation de Ip est plus simple que celle de I puisque l’on travaille sur le rectangle
équivalent. Par ailleurs, la valeur de I est peu affectée par le choix de D (une dizaine de classes
suffit pour bien estimer Ip ).

20
Indice de pente globale Ig

L’indice de Roche étant cependant trop long à évaluer pour des études rapides, on a proposé
un indice encore plus simple : la pente globale.

D
Ig = (2.6)
l

D étant la dénivelée h5% − h95% , définie sur la courbe hypsométrique ou même directement à
l’oeil sur la carte topographique ; L étant la longueur du rectangle équivalent.
Cet indice, très facile à calculer, est des plus utilisés. Il sert de base à une des classifications
O.R.S.T.O.M. pour des bassins versants dont la surface est des l’ordre de 25 km2 (tableau 2.1 ) :

Table 2.1 – Classification en fonction de Ig


Types Classes Limites
R1 Relief très faible Ig < 0,002
R2 Relief faible 0.002 < Ig < 0.005
R3 Relief assez faible 0.005 < Ig < 0.010
R4 Relief modéré 0.010 < Ig < 0.020
R5 Relief assez fort 0.020 < Ig < 0.050
R6 Relief fort 0.050 < Ig < 0.100
R7 Relief très fort 0.1 < Ig

Par ailleurs, cet indice simple est étroitement corrélé avec l’indice de pente de Roche, avec
un coefficient de corrélation de l’ordre de 0,99 (équation 2.7).

Ig = 0.8Ip2 (2.7)

Dénivelée spécifique Ds

L’indice Ig décroît pour un même bassin lorsque la surface augmente, il était donc difficile
de comparer des bassins de tailles différentes.
La dénivelée spécifique Ds ne présente pas cet inconvénient : elle dérive de la pente globale

Ig en la corrigeant de l’effet de surface admis étant inversement proportionnel à A :
s
√ l
Ds = Ig A = D (2.8)
L

La dénivelée spécifique ne dépend donc que de l’hypsométrie (D = H5% − H95% ) et de la


forme du bassin (l/L).
La dénivelée spécifique donne lieu à une deuxième classification de l’O.R.S.T.O.M., indé-
pendante des surfaces des bassins (tableau 2.2 ) :

21
Table 2.2 – Classification en fonction de Ds
Types Classes Limites
R1 Relief très faible Ds < 10 m
R2 Relief faible 10 m < Ds < 25 m
R3 Relief assez faible 25 m < Ds < 50 m
R4 Relief modéré 50 m < Ds < 100 m
R5 Relief assez fort 100 m < Ds < 250 m
R6 Relief fort 250 m < Ds < 500 m
R7 Relief très fort 500 m < Ds

"Reliefs ratios"

Les Anglo-Saxons utilisent d’autres indices de pente IAS que nous ne citerons que pour
mémoire :
P lus grande dénivelée
IAS = (2.9)
P lus long thalweg

2.4 Caractéristiques du réseau hydrographique


Le réseau hydrographique est constitué de l’ensemble des chenaux qui drainent les eaux de
surface vers l’exutoire du bassin versant. La définition d’un cours d’eau est difficile à donner
avec précision, en particulier pour les cours d’eau temporaires. Selon le support cartographique
utilisé, on étudiera le réseau avec plus ou moins de détails : en photographie aérienne, on
pourra déceler des thalwegs de très faibles extensions, tandis qu’on ne verra que les cours
d’eau pérennes et importants sur une carte au 1/100 000 ème.
L’étude du chevelu hydrographique servant surtout à comparer des bassins entre eux, il
suffit, dans la plupart des cas, de se fixer une définition du thalweg élémentaire et de l’appliquer
pour l’étude de tous les bassins.
La différenciation du réseau hydrographique d’un bassin est due à quatre facteurs princi-
paux.

• La géologie : par sa plus ou moins grande sensibilité à l’érosion, la nature du substratum


influence la forme du réseau hydrographique. Le réseau de drainage n’est habituellement
pas le même dans une région où prédominent les roches sédimentaires, par comparaison à
des roches ignées (i.e. des "roches de feu" dénommées ainsi car ces roches proviennent du
refroidissement du magma). La structure de la roche, sa forme, les failles, les plissements,
forcent le courant à changer de direction ;

• Le climat : le réseau hydrographique est dense dans les régions montagneuses très
humides et tend à disparaître dans les régions désertiques ;

• La pente du terrain, détermine si les cours d’eau sont en phase érosive ou sédimentaire.
Dans les zones plus élevées, les cours d’eau participent souvent à l’érosion de la roche

22
sur laquelle ils s’écoulent. Au contraire, en plaine, les cours d’eau s’écoulent sur un lit
où la sédimentation prédomine ;

• La présence humaine : le drainage des terres agricoles, la construction de barrages,


l’endiguement, la protection des berges et la correction des cours d’eau modifient conti-
nuellement le tracé originel du réseau hydrographique.

Le réseau hydrographique peut se caractériser par trois éléments :

1. sa hiérarchisation ;

2. son développement (nombres et longueurs des cours d’eau) et

3. son profil en long.

2.4.1 Hiérarchisation du réseau


Pour chiffrer la ramification du réseau, chaque cours d’eau reçoit un numéro fonction de
son importance. Cette numérotation, appelée ordre du cours d’eau, diffère selon les auteurs.
Parmi toutes ces classifications, nous adopterons celle de Strahler (figure 2.9) :

1. tout cours d’eau n’ayant pas d’affluent est dit d’ordre 1 ;

2. au confluent de deux cours d’eau de même ordre n, le cours d’eau résultant est d’ordre n
+ 1;

3. un cours d’eau recevant un affluent d’ordre inférieur garde son ordre, ce qui se résume
par : n + n = n + 1 et n + m = max (n,m).

Figure 2.9 – Classification des thalwegs selon STRAHLER

23
2.4.2 Lois de Horton
Ces "lois" empiriques relient le nombre, la longueur moyenne et l’ordre des cours d’eau.
On constate que pour un bassin versant homogène, le "rapport de confluence" Rc , rapport
du nombre Ni de cours d’eau d’ordre i au nombre Ni+1 de cours d’eau d’ordre i + 1, est
sensiblement constant :
Ni
Rc = = Cste (2.10)
Ni + 1
Il en est de même du "rapport des longueurs moyennes" :

li
Rl = = Cste (2.11)
li−1

(li : longueur moyenne des cours d’eau d’ordre i).


La détermination de Rc et Rl se fait par voie graphique (figure 2.10) en portant Ni, li et i
sur un graphique semilogarithmique comme le montre la figure jointe. La pente de la droite
moyenne permet de déterminer la raison de la progression géométrique.

Figure 2.10 – Détermination de Rc et Rl

Le rapport de confluence est un nombre sans dimension exprimant le développement du


réseau de drainage. Il varie suivant l’ordre considéré. C’est un élément important à considérer
pour établir des corrélations d’une région à une autre. Selon Strahler, le Rc varie de 3 à 5 pour
une région où la géologie n’a aucune influence. Le rapport de confluence le plus élevé est
rencontré sur le bassin de forme le plus allongé et présentant une vallée étroite et pentue.

24
2.4.3 Autres caractéristiques du chevelu
Densité de drainage Dd

Elle se définit par le rapport de la longueur totale des cours d’eau à la surface du bassin
versant (équation 2.12) : P
li
Dd = (km−1 ) (2.12)
A
La densité de drainage dépend de la géologie (structure et lithologie) des caractéristiques
topographiques du bassin versant et, dans une certaine mesure, des conditions climatologiques
et anthropiques. En pratique, les valeurs de densité de drainage varient de 3 à 4 pour des
régions où l’écoulement n’a atteint qu’un développement très limité et se trouve centralisé ;
elles dépassent 1000 pour certaines zones où l’écoulement est très ramifié avec peu d’infiltration.
Selon Schumm, la valeur inverse de la densité de drainage, C=1/Dd, s’appelle « constante
de stabilité du cours d’eau ». Physiquement, elle représente la surface du bassin nécessaire
pour maintenir des conditions hydrologiques stables dans un vecteur hydrographique unitaire
(section du réseau).

Fréquence des thalwegs d’ordre 1 : F1

C’est le rapport du nombre total de thalwegs d’ordre 1 à la surface du bassin versant


(équation 2.13) :
N1
F1 = (km−2 ) (2.13)
A
Les régions à haute densité de drainage et à haute densité hydrographique (deux facteurs
allant souvent de pair) présentent en général une roche mère imperméable, un couvert végétal
restreint et un relief montagneux. L’opposé, c’est-à-dire faible densité de drainage et faible
densité hydrographique, se rencontre en région à substratum très perméable, à couvert végétal
important et à relief peu accentué.

Courbe aire-distance

Déjà citée comme caractéristique de la forme du bassin, elle tient également compte de la
répartition des thalwegs et peut donc être considérée comme une caractéristique du réseau
hydrographique.
A partir de données sur un bon nombre de bassins versants (Hack, 1957 cité par Musy,
2005), une relation a pu être établie entre la longueur L [km] de la rivière et l’aire A [km2 ] du
bassin versant :

L = 1.4 × A0.6 (2.14)

On peut aussi définir la courbe aire-distance, qui met en relation la longueur moyenne des

25
cours d’eau d’ordre u donné et l’aire tributaire moyenne des cours d’eau du même ordre u, et
ceci ordre par ordre. Cette courbe permet de visualiser la répartition des superficies du bassin
par rapport à l’exutoire ou par rapport au point de mesure du débit. Cette répartition affecte
en effet la concentration du ruissellement et donc influence la réponse hydrologique du bassin
versant.

Endoréisme

On caractérise par ce terme, les réseaux hydrographiques qui ne se relient à aucun autre
réseau plus important. Les réseaux endoréiques sont surtout fréquents en zone aride et en
zone karstique. On peut distinguer deux types d’endoréisme :

• un endoréisme total où le réseau hydrographique converge vers une zone centrale


(ou parfois périphérique) du bassin où apparaît une surface d’eau libre permanente ou
non, à partir de laquelle s’évapore la quasi-totalité des apports ;

• un endoréisme du ruissellement. Dans ce cas, le réseau de drainage aboutit à une


zone où l’eau s’infiltre et poursuit son écoulement vers l’extérieur du bassin par les
nappes.

2.4.4 Profils en long


Ces profils sont établis en portant en abscisses les longueurs développées à partir d’un
point de référence et en ordonnées les cotes de l’eau dans le cours d’eau principal et dans ces
affluents (parfois on donne la cote du fond). Ces profils sont parfois disponibles lorsque la
navigation, où les besoins en hydroélectricité ont nécessité des études. Mais dans la plupart
des cas, on devra faire ce relevé, soit par nivellement sur le terrain, soit plus sommairement à
partir des cartes topographiques.
Les profils en long permettent d’estimer la pente moyenne du cours d’eau. Cette pente
moyenne sert surtout dans l’évaluation des temps de concentration d’un bassin versant, ce
temps de concentration étant lié à la vitesse de propagation des particules fines ; elle-même

proportionnelle à i.

2.5 Caractéristiques géologiques


La géologie d’un bassin versant est un facteur très important du régime des cours d’eau
qui drainent ce bassin. En période de crue, les volumes écoulés seront d’autant plus grands
que le bassin sera plus imperméable. En période de basses eaux, les débits seront d’autant plus
forts que les nappes sont plus nombreuses et importantes.
Enfin, la géologie influe indirectement sur l’évapotranspiration par l’effet thermique dû à
la couleur des sols et par le développement de la végétation en fonction des sols (albédo). On se

26
contente généralement de caractériser la géologie d’après le comportement hydrogéologique
du bassin.
L’O.R.S.T.O.M. a proposé une classification en cinq groupes ainsi définis (tableau 2.3) :

Table 2.3 – Classification en fonction de la géologie


Types Classes
P1 Perméable à aquifère drainant ou non drainé
P2 Perméable à aquifère drainé
P3 Perméabilité moyenne ou faible
P4 Karstique
P5 Imperméable

2.6 Couvert végétal


Le couvert végétal influe beaucoup sur les quantités d’eau disponibles pour l’écoulement
de surface. En effet, l’évapotranspiration par les végétaux est très importante et elle varie selon
la nature des végétaux (forêts, cultures, prairies, etc.).
Par ailleurs, la végétation joue également un rôle atténuateur important en période de
crue : en effet, lorsque la végétation est développée, le ruissellement est retardé et la pointe
de crue est atténuée. Par ailleurs, l’écoulement étant plus long, la part d’eau reprise par
l’évapotranspiration augmente et le volume de la crue diminue.
Pour caractériser le couvert végétal, on utilise le pourcentage des surfaces occupées par
chaque type de végétation.
La détermination des surfaces occupées par chaque type de végétation est difficile car les
documents cartographiques les mentionnant sont rares et bien souvent dépassés. Par exemple,
le type de culture peut changer d’une année à l’autre (prairies -> cultures). La télédétection
satellitaire trouve ici une application particulièrement efficace.

2.7 Coefficient de ruissellement


Pour caractériser la capacité d’un bassin versant à ruisseler un indice est très souvent
utilisé en hydrologie de surface : le coefficient de ruissellement (Cr). Son calcul et son emploi
sont simples, mais notons qu’il peut conduire à commettre de grossières erreurs. Ce coefficient
est défini comme suit :

Hauteur d0 eau ruissellée[mm]


Cr = (2.15)
Hauteur d0 eau précipitée[mm]

Ce coefficient est fortement influencé par la couverture du sol.

27
2.8 Exercices
Exercice 8. Vrai - Faux
bigcirc Le bassin hydrogéologique est le domaine aquifère dans lequel les eaux s’écoulent
vers un même exutoire ou groupe d’exutoires. Il est délimité par une ligne de partage des eaux
souterraines.
Toutes les précipitations tombées sur le bassin versant s’écoulent vers le cours d’eau principal.
Le bassin hydrographique est l’ensemble d’une région ayant un exutoire commun pour ses
écoulements de surface.
Le bassin versant topographique à son exutoire est délimité par une surface à l’intérieur de
laquelle tous les écoulements de surface se concentrent vers le même point de sortie.
Dans un bassin versant réel, la ligne de partage des eaux passe toujours par les lignes de
crêtes.
Certains aménagements du territoires peuvent modifier la délimitation du bassin versant.

Exercice 9. La réaction du bassin versant à une sollicitation pluvieuse...


 est étudiée par l’observation de la quantité d’eau qui s’écoule à l’exutoire.
 est caractérisée uniquement par sa vitesse (temps de montée de l’hydrogramme).
 est influencée par une multitude de facteurs.
 dépend uniquement des caractéristiques de la pluie incidente.
 est influencé par les activités humaines.

Exercice 10. Vrai - Faux


Le temps de concentration est le temps que met le ruissellement d’une averse pour parvenir
à l’exutoire depuis le point du bassin pour lequel la durée de parcours est la plus longue.
Le temps d’écoulement est le temps mis par l’eau pour s’écouler dans le réseau hydrogra-
phique jusqu’à l’exutoire.
Le temps de concentration est la durée comprise entre la fin de la pluie nette et le maximum
de débit
Le temps de réponse est le temps écoulé entre les instants qui correspondent respectivement
au centre de gravité d’une averse et au débit de pointe.
Le temps de concentration dépend de nombreux facteurs liés notamment aux caractéristiques
du bassin versant.
Les courbes isochrones permettent de déduire l’hydrogramme de crue résultant d’une pluie
donnée.

Exercice 11. Vrai - Faux


La déforestation a pour conséquence d’amortir les crues et d’augmenter le temps de concen-
tration.
Un sol caractérisé par une forte perméabilité favorise un ruissellement très rapide.
Le laminage correspond à la diminution du débit par rétention ou dérivation d’eau.

28
Au printemps, les cours d’eau alpins sont principalement approvisionnés par la fonte des
glaciers.
L’accumulation de glace ou de débris dans un cours d’eau peut provoquer des embâcles.
L’urbanisation a pour conséquence de réduire la capacité d’infiltration des sols et par voie
de conséquence le temps de concentration.

Exercice 12. Les conditions antécédentes qui prévalent sur un bassin versant...
 jouent un rôle peu important par rapport à la quantité d’eau ruisselée.
 sont la principale cause de non-linéarité de la réponse hydrologique.
 sont principalement caractérisées par l’étendue des sols humides et l’étendue des sols gelés.

Exercice 13. Le coefficient de ruissellement...


 est le rapport entre l’écoulement de surface (exprimé en lame d’eau) et la hauteur de précipitation.
 ne peut pas dépasser la valeur de 0.8 en milieu urbain.
 peut dépasser dans certains cas la valeur de 1.
 peut prendre la valeur de 0.6 en forêt.

Exercice 14. Calculer le coefficient de ruissellement d’un évènement pluie/débit à partir des
données suivantes : superficie du bassin versant de 12.5 km2 ; précipitation de 250 mm et volume
ruisselé de 15105 m3 .

29
Chapitre 3

Mesure des précipitations et analyse des


données

Sous le terme de précipitations, on regroupe toutes les eaux météoriques qui arrivent au
sol sous quelque forme que ce soit.

3.1 Mécanismes de formation des précipitations


La formation des précipitations nécessite la condensation de la vapeur d’eau atmosphé-
rique. La saturation est une condition essentielle à tout déclenchement de la condensation.
Divers processus thermodynamiques sont susceptibles de réaliser la saturation des particules
atmosphériques initialement non saturées et provoquer leur condensation :

• Saturation et condensation par refroidissement isobare (à pression constante) ;

• saturation et condensation par détente adiabatique ;

• saturation et condensation par apport de vapeur d’eau ;

• saturation par mélange et par turbulence.

La saturation n’est cependant pas une condition suffisante à la condensation ; cette dernière
requiert également la présence de noyaux de condensation (impuretés en suspension dans
l’atmosphère d’origines variées - suie volcanique, cristaux de sable, cristaux de sel marin,
combustions industrielles, pollution) autour desquels les gouttes ou les cristaux se forment.
Lorsque les deux conditions sont réunies, la condensation intervient sur les noyaux ; il y a
alors apparition de gouttelettes microscopiques qui grossissent à mesure que se poursuit
l’ascendance, celle-ci étant le plus souvent la cause génératrice de la saturation. Les noyaux de
condensation jouent en faite un rôle de catalyseur pour la formation de gouttelettes d’eau.
Pour qu’il y ait précipitations il faut encore que les gouttelettes ou les cristaux composant
les nuages (les hydrométéores) se transforment en gouttes de pluie. Ce phénomène est lié

30
à l’accroissement de ces éléments dont la masse devient suffisante pour vaincre les forces
d’agitation. Ce grossissement peut s’expliquer par les deux processus suivant :

• l’effet de coalescence. Il y a grossissement par choc et fusionnement avec d’autres


particules. Du fait de la dispersion des vitesses, le cristal en se déplaçant, soit en chute
libre, soit par turbulence, entre en collision avec les gouttelettes surfondues ; la congéla-
tion de celles-ci augmente le volume du cristal. Il en est de même pour les gouttelettes
de diamètre supérieur à 30 microns qui entrent en collision avec des gouttelettes de
diamètre inférieur. Ce processus provoque un accroissement rapide de leur dimension et
donc de leur masse augmentant leur vitesse de chute ; l’effet Bergeron. Dans la partie du
nuage où la température est négative mais supérieure à -40o C, coexistent des cristaux de
glace et des gouttelettes d’eau surfondues (eau liquide avec une T<0o C, l’eau pure ne se
solidifie pas à 0o C mais en dessous de - 40o C). Autour d’un cristal de glace, l’air est saturé
à un taux d’humidité plus bas qu’autour d’une gouttelette d’eau surfondue. Suite à cette
différence d’humidité, il apparaît un transfert de la vapeur d’eau des gouttelettes vers
les cristaux. Par conséquent, les gouttelettes s’évaporent tandis qu’il y a condensation
autour des cristaux. Lorsque la masse du cristal est suffisante, il précipite. S’il traverse
une région à température positive suffisamment épaisse (souvent à partir de 300 m dans
les nuages stables) et si la durée de chute le permet, il fond et donne lieu à de la pluie.
Le même processus de grossissement a lieu entre deux gouttelettes à des températures
différentes (la plus froide grossit au détriment de la plus chaude).

3.2 Types de précipitations


Il existe différents types de précipitations : les précipitations convectives, les précipitations
orographiques et les précipitations frontales.
Les précipitations convectives. Elles résultent d’une ascension rapide des masses d’air
dans l’atmosphère. Elles sont associées aux cumulus et cumulo-nimbus, à développement
vertical important, et sont donc générées par le processus de Bergeron. Les précipitations
résultantes de ce processus sont en général orageuses, de courte durée (moins d’une heure),
de forte intensité et de faible extension spatiale.
Les précipitations orographiques. Comme son nom l’indique (du grec oros, montagne),
ce type de précipitations résulte de la rencontre entre une masse d’air chaude et humide
et une barrière topographique particulière. Par conséquent, ce type de précipitations n’est
pas « spatialement mobile » et se produit souvent au niveau des massifs montagneux. Les
caractéristiques des précipitations orographiques dépendent de l’altitude, de la pente et de
son orientation, mais aussi de la distance séparant l’origine de la masse d’air chaud du lieu de
soulèvement. En général, elles présentent une intensité et une fréquence assez régulières.
Les précipitations frontales ou de type cyclonique. Elles sont associées aux surfaces

31
de contact entre deux masses d’air de température, de gradient thermique vertical, d’humidité
et de vitesse de déplacement différents, que l’on nomme « fronts ». Les fronts froids (une masse
d’air froide pénètre dans une région chaude) créent des précipitations brèves, peu étendues et
intenses. Du fait d’une faible pente du front, les fronts chauds (une masse d’air chaude pénètre
dans une région occupée par une masse d’air plus froide) génèrent des précipitations longues,
étendues, mais peu intenses.

3.3 Difficulté de la mesure


Les mesures de précipitations intéressent des secteurs d’activités assez divers mais princi-
palement la météorologie, l’agriculture, l’hydrologie, etc. Des réseaux de mesures ont généra-
lement été installés de longue date. De nos jours, il est encore fréquent d’avoir à installer de
nouvelles stations pluviométriques pour les besoins d’une étude.
L’idée est de mesurer la quantité d’eau tombée au sol durant un certain intervalle de temps ;
or, ceci n’est pas aussi facile qu’il y paraît :

• la taille de l’échantillon est ridiculement faible puisqu’avec une surface réceptrice ne


dépassant pas 2000cm2 , on espère dans le meilleur des cas, représenter la pluie sur
quelques kilomètres-carrés ; on échantillonne donc quelques dix millionièmes de la
surface ;

• les précipitations sont par ailleurs très sensibles au vent, ce qui explique que l’introduc-
tion de l’appareil occasionne une perturbation de la circulation et ainsi, une modification
des précipitations ;

• enfin, signalons que pour la neige, on peut souvent se contenter de mesurer son équi-
valent en eau, mais dans ce cas, encore faut-il que les flocons aient bien voulu se poser
dans la surface réceptrice.

On retiendra que la signification d’une mesure pluviométrique n’est que relative. Si on


a le soin d’uniformiser les appareils et les conditions d’implantation, les hauteurs de pluie
enregistrées seront comparables entre elles et liées par une relation stable mais inconnue à la
hauteur de pluie réellement tombée au sol.
Cet handicap est acceptable dans la plupart des cas puisque les hauteurs de pluie mesurées
seront mises en relation avec les écoulements par des modèles statistiques ou par des modèles
déterministes mais calés sur différentes observations (par exemple, trouver un coefficient de
ruissellement supérieur à 100 % est alors acceptable et signifie pratiquement que la hauteur de
pluie réelle est sous-estimée).

32
3.4 Apareillages pluviometriques
3.4.1 Pluviomètres
Le pluviomètre est un appareil très simple qui comporte une surface réceptrice limitée
par une collerette cylindrique ; l’eau traversant cette surface est dirigée par un entonnoir vers
un seau récepteur. Si durant un certain intervalle de temps ∆t, on a récupéré un volume V à
travers la surface réceptrice S, la hauteur de pluie HDeltat tombée est (équation 3.1) :

V
H∆t = (3.1)
S

Figure 3.1 – Pluviomètre

Dans la pratique, on adjoint à chaque pluviomètre une éprouvette graduée (fonction de la


surface réceptrice S) qui permet la lecture directe de H∆t en 1/10 ème mm.
Bien que les surfaces réceptrices soient identiques, les mesures divergent du fait du chan-
gement de hauteur : 1,5 → 1 mètre et du changement de matériaux : tôle → plastique, ce qui
modifie les condensations sur les parois du récepteur. En général, les pluviomètres sont relevés
par un observateur une ou deux fois par jour.

3.4.2 Pluviographes
Ces appareils sont destinés à l’enregistrement de la hauteur de pluie cumulée en fonction
du temps. Deux types principaux ont eu un certain développement : les pluviographes à augets
basculeurs et ceux à siphons. Actuellement, ces derniers tendent à être abandonnés.
Les pluviographes à siphon ne sont plus que très rarement installés. Cependant on peut
encore en rencontrer sur le terrain (figure 3.2).

33
Figure 3.2 – Principe d’un pluviographe à siphon

Les pluviographes à augets basculeurs ont la partie captante commune avec les pluvio-
mètres ; ils en diffèrent par la partie réceptrice en aval de l’entonnoir. L’eau est dirigée par un
court tube vers les augets de mesures. Ceux-ci sont disposés symétriquement par rapport à un
axe de rotation horizontal. Dans la situation du schéma ci-contre, l’auget de gauche est en
train de se remplir alors que celui de droite s’est déjà vidé (figure 3.3 ).

Figure 3.3 – Principe d’un pluviographe à augets basculeurs

Lors du remplissage, le centre de gravité de l’ensemble des deux augets se déplace vers
la gauche jusqu’à dépasser la verticale de l’axe de rotation ; l’ensemble bascule alors vers la
gauche et l’auget plein se vide alors que celui de droite est venu en position de remplissage. Les
augets sont tarés de façon à ce que le basculement se produise lorsqu’ils contiennent 20 g d’eau.
La partie captante ayant des surfaces de 2000 cm2 , 1000 cm2 ou 400 cm2 , un basculement
correspond à 0,1 mm, 0,2 mm ou 0,5 mm de pluie.

34
3.5 Stations pluviometriques
3.5.1 Site
Le site d’implantation d’un pluviomètre comme d’un nivomètre doit répondre à certains
critères :

• être représentatif du secteur en étant exposé "normalement" aux vents ;

• être éloigné de toute singularité trop proche. On admet en général une distance minimum
de quatre fois la hauteur de l’obstacle.

Ces règles ne sont pas toujours faciles à respecter en particulier en montagne et en forêt.
Par ailleurs, si les appareils autonomes peuvent être installés a priori à n’importe quel point,
les pluviomètres imposent de les installer à proximité de la résidence de l’observateur. Le choix
d’un site est donc un compromis entre des impératifs techniques, économiques et humains. Il
garde donc un côté subjectif important.

3.5.2 Précautions d’installation


La collerette du capteur doit être rigoureusement horizontale ; on admet qu’un écart de 1o
peut provoquer des erreurs de l’ordre de 1 %.
Les pluviomètres nouvellement installés auront une surface réceptrice normalisée : 400 ou
1 000 cm2 (plus la section est grande, plus la pluie captée est importante).
Les pluviomètres seront installés à 1 m du sol. Si un ancien pluviomètre (situé à 1,5 m) doit
être remplacé, il est prudent de le laisser fonctionner durant un an concurremment avec le
nouveau calé à 1,0 m.
Après chaque installation, il convient d’établir une fiche descriptive du site avec croquis
et photos, ce qui permettra dans les années à venir, de mettre en évidence les évolutions
progressives du site (constructions, développement des arbres, etc.).

3.6 Gestion du réseau


3.6.1 Fréquence des observations
Les pluviomètres ne sont guère plus installés que sur des sites où on étudie les pluies à
une échelle de temps journalière. Un observateur local relèvera la pluviomètrie une ou deux
fois par jour et transmettra ses observations au bureau central une fois par mois.
Dans les autres cas, l’installation d’appareils enregistreurs permet d’espacer les visites.
Les autonomies théoriques atteignent plusieurs mois ; cependant, il est bon de procéder à
des visites au moins mensuelles, car les appareils nécessitent un petit entretien (par exemple,

35
déboucher l’orifice d’un entonnoir que les oiseaux remplissent une fois sur deux en se posant
sur la bague d’un pluviomètre). D’autre part, les pannes sont toujours possibles (ne serait-ce
qu’un feutre à sec). Dans ce cas, on ne perd qu’un mois au maximum d’informations.

3.6.2 Pluie moyenne sur une surface


D’une façon générale, le problème se pose de la manière suivante : on connaît sur n
points (aux postes pluviométriques), la fonction P (x, y) et on se propose de calculer la valeur
moyenne PBV de P (x, y) sur un certain domaine BV (en général un bassin versant).
Le problème est alors un problème d’interpolation de la fonction P (x, y) entre les points
d’échantillonnage.
Les solutions à ce problème sont nombreuses, mais elles peuvent se résumer en deux
grands types : des solutions simples et rustiques applicables à la main, des solutions précises
et sophistiquées d’application plus complexe.

Méthode de Thiessen

Cette méthode, basée uniquement sur les pluies observées aux pluviomètres, consiste à
supposer que la fonction P (x, y) varie discrètement. Pour cela, sur tout élément de surface
dxdy, on admet que P (x, y) est égal à la valeur enregistrée au poste le plus proche.

Figure 3.4 – Calcul de la précipitation moyenne par la méthode de Thiessen

Comme le suggère la figure ci-contre, les éléments de surface plus proches d’un pluviomètre
que de tout autre, sont déterminés par le réseau des médiatrices des segments joignant les
postes 2 à 2. Dans cette hypothèse, la pluie moyenne s’exprime ainsi
Pn
Pi S i
Pmoy = Pi=1
n (3.2)
i=1 Si

36
Méthode des isohyètes

Cette méthode consiste, connaissant la fonction P (x, y) en quelques points d’échantillon-


nage à interpoler P (x, y) en tout point du bassin versant. Cette interpolation est généralement
faite selon des techniques de krigeage où la pluie estimée en un point quelconque est une
combinaison linéaire des pluies connues aux pluviomètres ; les poids étant affectés selon la
distance du point au pluviomètre par rapport à la structure spatiale du phénomène. Cette
méthode permet de tenir compte d’autres paramètres, en particulier du relief que l’on connaît
en tout point. Dans ces conditions, on étudie les régressions pluie-morphométrie aux différents
points d’observation, puis on interpole les résidus de régression qui par construction sont une
fonction aléatoire stationnaire d’ordre 2. Enfin on reconstitue en tout point les précipitations
en ajoutant aux résidus interpolés, la moyenne conditionnelle des précipitations expliquée par
le relief.

Figure 3.5 – Calcul de la précipitation moyenne par la méthode des isohyetes

Cette façon de procéder est préférable puisqu’elle permet de prendre en compte des
paramètres autres que ceux mesurés uniquement aux pluviomètres, mais elle présente les
inconvénients d’être plus longue (calcul automatique quasiment nécessaire) et de devoir être
répétée pour chaque averse.

37
3.6.3 Publication des résultats
Chaque station pluviométrique ou pluviographique est exploitée à l’échelle journalière. En
fin de mois ou plus généralement en fin d’année, on établit un annuaire pluviométrique où
figurent pour chaque poste :

• les pluies journalières ;

• les totaux décadaires ;

• les totaux mensuels ;

• les totaux annuels ;

• le nombre de jours de pluies et des informations particulières sur les phénomènes


exceptionnels qui ont pu se produire dans l’année.

Le dépouillement des hyétogrammes à une échelle plus fine de temps ne font pas l’objet
d’une publication systématique. Ces données sont archivées sur support informatique (faci-
lement pour les enregistreurs sur support magnétique) ou encore à l’état brut des originaux
papiers. La banalisation des tables à digitaliser rend plus facile l’archivage informatique à
partir des hyétogrammes ; cependant, la plupart des services n’ont pas pu faire ce travail pour
des raisons de personnel. Les stocks d’enregistrement sur papier augmentent d’année en année
et cela est inquiétant car une partie de cette information risque de se dégrader ou même de
s’égarer.

3.7 Notion de temps de retour


Les projets d’aménagements hydrauliques ou hydrologiques sont souvent définis par
rapport à une averse type associée aux fréquences probables d’apparition.
Lorsque l’on étudie des grandeurs comme les précipitations (caractérisées à la fois par leur
hauteur et leur durée) ou les débits de crue d’un point de vue statistique, on cherche donc et,
en règle générale, à déterminer par exemple la probabilité pour qu’une intensité i ne soit pas
atteinte ou dépassée (i.e. soit inférieure ou égale à une valeur xi)
On définit alors le temps de retour T d’un événement comme étant l’inverse de la fréquence
d’apparition de l’événement.

38
3.8 Question et Exercices
Question 1. Les précipitations sont-elles variables à l’échelle d’un événement pluvieux ?

Question 2. Par quels critères peut-on différencier une averse d’une autre ?

Question 3. Quelles sont les deux lois générales de pluviosité ? Le comportement hydrologique
du bassin versant est-il influencé par la distribution de la pluie dans l’espace et dans le temps ?

Question 4. La méthode de la moyenne arithmétique est-elle recommandée pour calculer la


pluie moyenne sur un bassin versant si le relief du bassin n’est pas homogène ?

Exercice 15. Vrai - Faux


Les nuages sont formés, par accumulation dans les hauteurs de l’atmosphère, de minuscules
gouttelettes d’eau.
Les noyaux de condensation sont constitués de particules provenant des éruptions volcaniques,
de poussières arrachées au sol, de poussières de combustion, de pollens, etc.
Une masse d’air qui s’élève se réchauffe, ce qui provoque l’évaporation des fines gouttelettes
d’eau au sein du nuage.
Le phénomène de condensation de vapeur d’eau sur les gouttelettes d’eau des nuages n’est
pas suffisant pour former des gouttelettes de précipitation.
Le processus de coalescence est le processus par lequel les molécules d’eau s’évaporent de la
gouttelette d’eau du nuage pour aller se solidifier sur le cristal de glace qui devient plus gros, puis
tombe.
Le processus de Bergeron est le processus par lequel les gouttelettes au sein d’un nuage
entrent en collision entre-elles et grossissent pour finalement tomber.

Exercice 16. Les précipitations...


 sont dites stratiformes lorsqu’elles résultent d’une ascension rapide des masses d’air dans
l’atmosphère.
 sont dites convectives lorsqu’elles sont très localisées et qu’elles sont produites par l’instabilité
convective de l’air.
 de type orographique sont très importantes en région montagneuse.
 associées à des nuages de types "stratus" couvrent de grande étendue, elles durent longtemps
mais sont de faible intensité.
 associées à des nuages de types "cumulus" sont très étendues, de courte durée mais très intense.
 sont très variables dans le temps aussi bien à l’échelle annuelle qu’à celle d’un événement
pluvieux.
 présentent une variabilité dans l’espace très faible et ceci quelle que soit l’échelle spatiale prise
en compte (régionale, locale, etc.).

Exercice 17. Vrai - Faux


Un pluviographe est un pluviomètre comportant un dispositif d’enregistrement en continue

39
des hauteurs de précipitation.
Un pluviomètre fournit une mesure régionale des précipitations.
L’intensité des précipitations lors d’un évènement pluvieux est obtenue à partir des mesures
d’un pluviographe.
Plus le réseau de pluviomètres est dense et plus l’ensemble des mesures est représentatif de
la lame d’eau tombée sur une surface donnée.
La structure d’une averse influence fortement le comportement hydrologique du bassin
versant.
Une carte d’isohyètes est une représentation graphique de la distribution spatiale d’une
précipitation sur une période de temps donnée.

Exercice 18. Avec un pluviomètre, on a mesuré une précipitation de 12 mm. Combien cela
représente-t-il en volume par unité de surface ?
 1200 l/ha
 120 m3 /ha
 12 m3 /ha
 1,2 l/m2

Exercice 19. Quelle est la valeur moyenne des précipitations tombées sur le bassin versant
ci-dessous ? Utiliser la méthode des polygônes de Thiessen.

Exercice 20. Parmi les méthodes ci-dessous, laquelle ou lesquelles n’est / ne sont pas utilisée(s)
pour calculer la pluie moyenne sur un bassin versant si le relief du bassin n’est pas homogène ?
 La méthode de Thiessen.
 La moyenne arithmétique.
 Le krigeage.
 La méthode des isohyètes.

Exercice 21. Le temps de retour d’un événement considéré est défini par T = 1 / p, ou p est la
probabilité ...
 de non-dépassement de l’événement au cours d’une année quelconque.
 de dépassement de l’événement au cours d’une année quelconque.

Exercice 22. Vrai - Faux


Une pluie de fréquence centennale se produit tous les cent ans.
La probabilité et le temps de retour ne sont que des estimations de l’invraisemblance de
l’événement considéré.
Le temps de retour est la durée moyenne séparant deux occurrences de l’événement considéré.
Les temps de retour sont supérieurs ou égaux à un an car la probabilité de la formule T=1/p
est nécessairement inférieure ou égale à 1.

40
Le temps de retour est lié aux notions de régularité des phénomènes extrêmes.
évènements qui ne se sont pas produits et qui ne se produiront peut-être jamais à l’avenir.

Exercice 23. Les courbes Intensité-Durée-Fréquence...


 traduisent graphiquement le fait que pour une durée de pluie donnée, plus le temps de retour
est grand et plus l’intensité moyenne maximale sera importante.
 permettent de calculer des pluies de projets.
 permettent d’apprécier la répartition spatiale de la pluviosité sur un bassin versant donné.
 sont construites à partir d’ajustements fréquentielles de séries de pluies extrêmes qui utilisent
la loi de Gumbel.
 sont établies sur la base de l’analyse d’averses enregistrées à une station au cours d’une longue
période.

Exercice 24. Pour une région donnée, la quantité d’eau qui tombait habituellement en une année
(700 mm) est tombée en un mois provoquant des crues dommageables. Ceci s’est produit en 1979,
1988, 1991, 2000 et 2001 au cours des 25 dernières années.

1. Quelle est la probabilité d’occurrence de ce phénomène ?

2. Quel est son temps de retour ?

3. S’il a lieu en 2004, a-t-il autant de chance de se produire en 2005 ?

4. ... NON OUI Pourquoi ?

Exercice 25. Quelles séries de précipitations peut-on utiliser pour construire des courbes IDF
dans une région donnée selon la loi de Montana ?
 Série de maximums annuels de pluies journalières pour une période d’au moins 20 ans.
 Série de maximums annuels de pluies horaires pour une période d’au moins 20 ans.
 Série de maximums annuels de pluies sur 3 jours pour une période d’au moins 20 ans.
 Série de maximums annuels de pluies sur 5 jours pour une période d’au moins 20 ans.

Exercice 26. Vrai - Faux


Pour certains épisodes pluvieux, plus on s’éloigne du centre de l’averse et plus l’intensité de
la pluie est faible.
Le coefficient d’abattement est le rapport de la hauteur de pluie moyenne au minimum
ponctuel de précipitations.
L’analyse des hauteurs des précipitations en fonction de la surface concernée permet de
construire des courbes " hauteur de précipitation - surface".
Plus l’averse concerne une grande superficie, plus le coefficient d’abattement sera faible.
Plus l’averse est de courte durée, plus le coefficient d’abattement sera important.

41
Chapitre 4

Mesures liées à l’estimation de


l’évaporation et de l’évapotranspiration

Le retour de l’eau à l’atmosphère peut se faire de différentes manières, soit directement


par évaporation à partir d’une surface d’eau libre (mer, lac, cours d’eau, etc.), soit le plus
souvent à partir d’un sol ou par l’intermédiaire des végétaux. On parle dans ce deuxième
cas d’évapotranspiration. Pour l’évaporation, la quantité d’eau qui repart dans l’atmosphère
dépend uniquement des paramètres physiques tels que la température de l’air, de l’eau, de la
vitesse du vent, du degré hygrométrique, de l’ensoleillement, etc. L’évapotranspiration, elle,
dépend en plus du couvert végétal et de son stade de développement ; sa mesure en est rendue
d’autant plus difficile.

4.1 Mesure des paramètres physiques conditionnant l’éva-


poration
Ces mesures sont généralement faites par les services météorologiques. Cependant, dans
certains cas particuliers, les données ne sont pas disponibles à proximité du site envisage ;
dans ce cas, l’hydrologue peut être amené à installer des stations climatologiques plus ou
moins complètes. Il faut noter qu’il existe de grandes différences dans les appareils de mesures.
Lorsqu’ils sont destinés à équiper des stations du type synoptique, on rencontre des appareils
très précis mais nécessitant entre autres un important investissement, des sources d’énergie
électrique et un personnel compétent. Au contraire, pour les stations tertiaires que l’hydrologue
peut être amené à installer, il convient de mettre l’accent sur la robustesse et l’autonomie
d’appareils destinés bien souvent à être "abandonnés" durant des semaines.

42
4.1.1 Mesure des températures
Un thermomètre quel qu’il soit ne mesure que sa propre température. Il faut donc prendre
un soin particulier pour qu’il soit en équilibre thermique avec le milieu dont on veut mesurer
la température. Que ce soit pour la mesure de la température de l’air ou de l’eau, il convient
donc de protéger l’appareil des rayonnements solaires directs ou indirects.
L’air étant un très mauvais conducteur de la chaleur, il faut renouveler l’air au contact du
thermomètre ; l’abri devra donc être aéré. Sous nos climats, la ventilation naturelle à travers
des parois à persiennes est considérée comme suffisante. Par ailleurs, l’abri sera peint en blanc,
brillant si possible, de façon à limiter son échauffement. Enfin, la mesure de température se
fera à environ 1,5 m du sol.
Pour les besoins de l’hydrologie, un thermomètre à mercure à 0.1o C est suffisamment précis,
mais pour obtenir des températures moyennes journalières ou mensuelles, il nécessiterait des
relevés trop fréquents. On peut alors utiliser des thermomètres à maxima et minima.
Le thermomètre à maxima est un thermomètre à mercure présentant un étranglement à la
sortie du réservoir. Lorsque la température augmente, le mercure le franchit aisément. Par
contre lorsque la température décroît, le mercure se fractionne et maintient donc l’indication de
la température maximale atteinte. Pour la bonne marche de l’appareil, il convient de l’installer
dans une position voisine de l’horizontale (environ 2o ). Pour réduire le fractionnement après
la lecture, il suffit de "centrifuger" à la main l’appareil.
Le thermomètre à minima est généralement un thermomètre à alcool dont le capillaire
contient un petit index mobile se déplaçant librement. Si la température augmente, l’alcool
monte dans le capillaire en s’écoulant autour de l’index qui ne bouge pas. Par contre si la
température baisse, l’alcool va s’écouler autour de l’index jusqu’à ce que le ménisque l’atteigne.
Les forces de capillarité sont alors suffisantes pour que le ménisque entraîne l’index dans sa
descente.

4.1.2 Mesure de l’humidité de l’air


La mesure directe de l’humidité de l’air est difficile ; aussi utilise-t-on le plus souvent des
mesures indirectes.

Psychromètre

Le psychromètre se compose de deux thermomètres à mercure, l’un normal dit "sec"


et l’autre dit "humide" dont le réservoir est entouré d’une mousse humidifiée par de l’eau
(figure 4.1). Le thermomètre sec indique alors la température de l’air ambiant (t) alors que le
thermomètre humide enregistre une température plus faible(t’) due à l’évaporation de l’eau de
la mousse.
L’évaporation est d’autant plus intense et cette température plus faible que l’air est plus

43
Figure 4.1 – Schéma d’un psychromètre

sec. Les tables psychrométriques permettent, connaissant θ sec, θ humide et la pression


atmosphérique, d’évaluer le degré de saturation de l’air. A défaut on utilisera la relation 4.1 :

et = est0 − 0.00079.P.(t − t0 ) (4.1)

et et est0 sont respectivement la tension de vapeur réelle à la température t et la tension de


vapeur saturante à la température t’, P est la pression.
Évidemment, pour que la mesure soit représentative, il faut éviter que la vapeur émise par
la mousse humide ne stagne autour du thermomètre ce qui perturberait la mesure. On utilise
donc de préférence des psychromètres à ventilation forcée où l’air est introduit dans l’appareil
par une petite turbine actionnée par un moteur à ressort. L’avantage de ce type d’appareil est
de permettre des mesures tout à fait reproductibles et indépendantes de l’aération de l’abri ou
du tour de main de l’observateur.

Hygromètre enregistreur

Les psychromètres se prêtent mal à un enregistrement en continu du degré de saturation de


l’air. On a recours alors à des hygromètres organiques utilisant la propriété de certains corps
de s’allonger lorsque l’humidité relative croît. Le plus souvent, c’est une mèche de cheveux
qui sert de "capteur" ; leur dilatation relative est amplifiée et rendue linéaire en fonction de
l’humidité relative. Les mouvements sont transmis à une plume qui enregistre les variations
sur un diagramme entraîné par un mouvement d’horlogerie. Là encore, on utilise le plus
souvent des diagrammes hebdomadaires.
Malheureusement, ces appareils sont sujets à de fréquents détarages dus entre autres au
vieillissement du capteur ou à un phénomène d’hystérésis après une période sèche. Il convient

44
donc de réétalonner fréquemment ces enregistreurs après avoir eu soin de les réhumidifier.
Le réétalonnage pourra être fait grâce à un psychromètre lors du relevé hebdomadaire du
diagramme.

4.1.3 Mesure des pressions


La mesure des pressions peut être intéressante dans quelques cas particuliers (surveillance
piézométrique de nappes par exemple), mais elle est nécessaire pour l’interprétation d’autres
mesures.
Les appareils le plus souvent utilisés sont des barographes métalliques à capsules anéroïdes.
Certains types d’appareils comme celui présenté plus loin, permettent l’enregistrement en
"parallèle" de la température, de l’hygrométrie et de la pression.

4.1.4 Mesure du rayonnement solaire


Les mesures sont relativement rares. Les appareils diffèrent selon qu’ils mesurent le rayon-
nement direct (Phyrhéliomètre) ou le rayonnement global (Pyranomètre). Pour les besoins
de l’hydrologue, seuls ces dernières mesures sont intéressantes. Encore doit-on s’assurer que
la mesure s’effectue sur la totalité du spectre.
Les pyranomètres les plus utilisés en Europe et en Afrique sont des appareils à thermopiles
Moll. Les thermopiles se composent d’un montage en série de couples thermo-électriques.
Ceux-ci comportent deux soudures engendrant entre elles une force électromotrice fonction
de leur différence de température. Cette force électromotrice est dirigée sur un galvanomètre
enregistreur.
Une mesure indirecte mais beaucoup plus simple du rayonnement solaire est celle de
la durée d’insolation. L’appareil le plus utilisé est l’héliographe de Campbell-Stockes . Il se
compose d’une sphère de cristal qui, jouant le rôle d’une loupe, focalise les rayons du soleil. A
la distance focale de la sphère, on dispose à l’opposé du soleil une feuille de papier sensible.
Lorsque le soleil brille, le papier se consume et la brûlure progresse avec le mouvement
apparent du soleil. Chaque soir, on relève le papier qui, convenablement gradué, permet de
mesurer la durée quotidienne d’insolation.

4.1.5 Mesure du vent


La mesure du vent est faite dans les stations météorologiques par des anémomètres
enregistreurs des vitesses instantanées, doublés d’une girouette donnant la direction du vent.
Pour l’hydrologue et sauf cas particulier, on peut se contenter d’anémomètres totalisateurs.
En général, ils comportent quatre coupelles hémisphériques de 44 mm de diamètre. Le
mouvement de rotation provoqué par le vent quelle que soit sa direction, est transmis par un
axe et un système d’engrenage à un compteur indiquant directement le nombre de kilomètres

45
parcourus par le vent. Il suffit de relever ce compteur à l’intervalle de temps souhaité (de
l’ordre de une à deux fois par jour) pour pouvoir calculer la vitesse moyenne du vent. La
vitesse du vent variant d’une façon sensible au voisinage du sol, on dispose généralement
les anémomètres à 10 m au-dessus d’un sol plat et à une distance de tout obstacle égale au
moins à dix fois la hauteur de cet obstacle. La vitesse du vent variant d’une façon sensible au
voisinage du sol, on dispose généralement les anémomètres à 10 m au-dessus d’un sol plat et à
une distance de tout obstacle égale au moins à dix fois la hauteur de cet obstacle.

4.2 Mesures de l’évaporation


Les mesures de "l’évaporation" peuvent se faire de différentes façons selon les buts poursui-
vis : estimation de l’évaporation à partir d’un réservoir, estimation de l’évaporation potentielle.
Parfois on souhaite même évaluer l’ensemble de l’évaporation et de la transpiration par le
système sol-végétaux, c’est à dire directement l’évapotranspiration réelle.

4.2.1 Mesures de l’évaporation à partir d’une surface libre


Différents types d’appareils ont été conçus mais avec leurs défauts et leurs qualités.

Bac classe A (du Weather Bureau, U.S.A.)

Ce bac est constitué d’un cylindre métallique de 121,9 cm de diamètre et de 25,4 cm de


hauteur. Dans ce cylindre, on maintient une épaisseur d’eau de 17,5 à 20 cm (figure 4.2 ).

Figure 4.2 – Bac classe A

Le cylindre est supporté par un caillebotis à 15 cm du sol. Le caillebotis doit permettre une
bonne aération sous le bac.
Ce bac universellement répandu ne satisfait que très partiellement l’hydrologue car, du
fait de sa disposition par rapport au sol, il est très sensible aux variations de température, son
inertie thermique étant faible.

46
Bac Colorado et Bac ORSTOM

Le bac Colorado et le bac ORSTOM qui en dérive, sont des bacs de section carrée de 92,5
cm de côté (1 m pour le bac ORSTOM), d’une hauteur de 60 cm et enterré de 50 cm (figure 4.3
).

Figure 4.3 – Bac Colorado

L’eau est maintenue à 10 cm environ du rebord, soit sensiblement au niveau du sol. Cet
appareil étant enterré et avec une plus grande épaisseur d’eau, il possède une plus grande
inertie thermique et se rapproche plus des conditions naturelles.

Utilisation des bacs et des résultats des mesures

Ces bacs doivent toujours être installés dans un site représentatif du milieu hydrologique
ambiant. On évitera de mettre les bacs au milieu d’une zone recouverte de sable ou de gravillons
(augmentation de la température) mais plutôt au milieu d’une zone enherbée. Par ailleurs, les
bacs devront être entourés d’un grillage pour éviter que des animaux viennent y boire.
Chaque bac doit être associé à un pluviomètre pour pouvoir corriger l’évaporation appa-
rente des précipitations.
Cependant, le pluviomètre doit avoir le même coefficient de captation que les bacs. On utilisera
donc des pluviomètres de mêmes dimensions que les bacs et disposés au sol.
Évidemment, lorsque les averses sont importantes (quelques dizaines de millimètres), il est
illusoire de mesurer avec une bonne précision une évaporation de quelques millimètres au
maximum.
Pour mesurer l’évaporation apparente, on peut utiliser une pointe immergée fixe ; on
mesure alors le volume d’eau à ajouter ou retrancher pour rétablir le niveau du bac.
Cette méthode étant plus pénible pour obtenir une bonne précision, il est préférable
d’utiliser une pointe recourbée montée sur une tige filetée ; une molette graduée permet de
déplacer la pointe.
La lecture des déplacements de la pointe sur un vernier permet aisément une précision du
1/10 ème de mm. Les mesures sont faites généralement deux fois par jour, à 6 h et 18 h par
exemple.

47
Lorsque l’on veut passer de l’évaporation mesurée sur un bac à celle d’un réservoir de
grandes dimensions, il convient de tenir compte de la différence d’échelle. En général, on
admet que l’évaporation sur le réservoir sera celle mesurée sur un bac placé dans les mêmes
conditions climatiques, multipliée par un coefficient dit "coefficient de bac".
Dans le cas où une estimation précise est nécessaire, il est possible de mesurer directement
l’évaporation à partir d’un bac flottant de quelques dizaines de mètres-carrés. Le coefficient
du bac est alors de 1, mais il faut prendre un soin particulier pour éviter les entrées d’eau
intempestives.
En l’absence de mesures directes, on pourra évaluer l’évaporation mensuelle à partir de
réservoirs de grandes dimensions, par des formules telles celles de Meyer (équation 4.2), du
Service Hydrologique d’U.R.S.S. (équation 4.3), de Lugeon (équation 4.4).

V(miles/h à 25 pieds)
E(pouces/mois) = 11 × (est − e) × (1 + ) (4.2)
10
est et e désignent la tension de vapeur saturante à la température moyenne de l’air et la tension
moyenne réelle de vapeur (en pouces de Hg).

E(mm/mois) = 0.15 × (est − e) × (1 + 0.072V(m/s à 2 mètres) ) (4.3)

est et e désignent la tension de vapeur saturante à la température moyenne de l’eau en surface


et la tension moyenne réelle de vapeur à 2 m au dessus de la surface (en millibars).

273 + tmax 760


E(mois/mois de n jours) = 0.398 × n × (est − e) × × (4.4)
273 P a × est

est et e désignent la tension de vapeur saturante à la température moyenne de l’air et la tension


moyenne réelle de vapeur (en pouces de Hg), Pa la pression barométrique moyenne.

4.2.2 Mesure de l’évaporation à partir de surfaces poreuses : les atmo-


mètres
Ces appareils sont destinés à mesurer une grande caractéristique du pouvoir évaporant de
l’air ambiant. Ces appareils devraient donc avoir les qualités suivantes : faible inertie thermique,
surface évaporante, plane, horizontale et à comportement de corps noir, faible perturbation du
champ des vitesses du vent, ne pas modifier l’humidité relative de l’air ambiant au voisinage
de l’appareil.

Le "Black Bellani"

C’est un des appareils qui correspond le mieux aux qualités que l’on exige d’un atmomètre.
L’évaporation se fait à partir d’une surface poreuse de porcelaine noire de 7,5 cm de diamètre.

48
Cette coupelle est alimentée en eau à partir d’un réservoir qui sert également à mesurer la
quantité d’eau évaporée (figure 4.4 ).

Figure 4.4 – Black Bellani

Les faibles dimensions de l’appareil permettent d’obtenir une faible inertie thermique, et
l’évaporation réduite ne perturbe pas l’hygrométrie ambiante. Enfin, la couleur noire de la
surface évaporante permet de capter les radiations sur la quasi-totalité du spectre. Cet appareil
est installé sans protection à 2 m du sol, dans une zone représentative.

Le "Piche"

Parmi un grand nombre d’autres atmomètres, nous signalerons l’atmomètre de Piche, bien
qu’il ne réponde qu’imparfaitement aux qualités exigibles d’un appareil de mesure. Il est utilisé
très fréquemment par les agronomes. Son emploi se justifie par la simplicité et le faible coût
de l’appareil.
La surface évaporante est constituée par un film de papier buvard blanc, fixé à l’extrémité
du tube en verre en forme de U. Ce tube sert à la fois à l’alimentation et à la mesure de
l’évaporation. La feuille de buvard est changée chaque jour après lecture de l’appareil Le Piche
est disposé à l’intérieur de l’abri météorologique ; aussi la mesure dépend-elle beaucoup des
conditions d’aération.

4.3 Mesures et estimation de l’évapotranspiration


4.3.1 Notion d’évapotranspiration réelle et potentielle
On appelle évapotranspiration réelle (notée par la suite Etr ), la quantité d’eau, généralement
exprimée en millimètres, évaporée ou transpirée par le sol, les végétaux et les surfaces libres
d’un bassin versant. L’évapotranspiration potentielle (notée par la suite Etp ) est la quantité
d’eau qui serait évaporée ou transpirée à partir d’un bassin versant si l’eau disponible pour
l’évapotranspiration n’était pas un facteur limitant.

49
4.3.2 Mesures directes
Les mesures directes d’Etp ou d’Etr se font surtout en agronomie où on étudie chaque type
particulier de cultures. Les résultats de ces mesures sont difficiles à utiliser en hydrologie car
il y a une très importante différence d’échelle entre la surface de la parcelle d’essai (quelques
mètres carrés) et celle d’un bassin versant (des dizaines de kilomètres carrés). Par ailleurs, les
plantations utilisées ne sont généralement pas représentatives de la végétation d’un bassin
versant.
La mesure d’Etr peut être faite sur une case lysimétrique (figure 4.5). On isole un bloc
du sol de quelques mètres-carrés de surface sur environ 2 m d’épaisseur. Cet échantillon de
terrain est drainé à sa base et on enregistre les débits D sortant par les drains. En surface, un
collecteur fait le tour de la parcelle et récupère les eaux de ruissellement dont le débit Q est
également enregistré. Les apports d’eau par la pluie P sont mesurés avec un pluviomètre. Enfin,
on évalue le stock d’eau R contenu dans la case, soit par une mesure à la sonde à neutron des
teneurs en eau dans le sol, soit en montant la case sur un système de bascule. Un bilan très

Figure 4.5 – Case lysimétrique

simple permet d’évaluer l’Etr sur un intervalle de temps ∆t puisque l’on doit avoir la relation
4.5.
P = [Q + D + Etr ] + ∆R (4.5)

Entrée = [sorties] + variation de la réserve (4.6)

Le même système que la case lysimétrique, mais on parle alors "d’évapotranspiromètre",


permet de mesurer l’Etp . Il suffit alors de maintenir un niveau d’eau dans les drains pour que
l’eau disponible ne soit plus un facteur limitant de Etr . On mesure Etp en écrivant le même
bilan que précédemment mais le terme D pouvant être positif ou négatif.

50
4.3.3 Estimation de l’évapotranspiration
Plusieurs formules permettent d’évaluer l’Etp à partir de différentes mesures climatolo-
giques. La plus complète et la plus complexe est certainement la formule de Penman basée sur
la notion de bilan énergétique. Cependant, le nombre de paramètres utilisés par cette formule
(différentes températures, hygrométrie, rayonnement global, albédo, etc.) font que son emploi
est rarement possible compte tenu des mesures disponibles.

Formule de Turc

La formule de Turc, qui dérive en la simplifiant de la formule de Penmann, ne nécessite que


la connaissance des températures de l’air et de la radiation globale ou de la durée d’insolation.
Cette formule est la suivante (équation 4.7) :

t
Etp = 0.4 × × (Ig + 50) × K (4.7)
t + 15

Avec :

• Etp évapotranspiration potentielle mensuelle (en mm d’eau) ;

• t température moyenne mensuelle de l’air (en o C) ;

• Ig radiation globale moyenne mensuelle reçue au sol (en calorie/cm2 /jour) ;

• K un coefficient égal à 1 si l’humidité relative hr est supérieure à 50 % ; sinon K =


80−hr
1+ 70

Si la radiation globale Ig n’est pas mesurée, on pourra l’évaluer à partir de la durée


d’insolation h par la formule 4.8.

h
Ig = IgA × (08 + 0.62 × ) (4.8)
H

Avec :

• IgA radiation globale théorique (en cal/cm2 /jour) ;

• H durée théorique des jours du mois.

Les abaques de la figure 4.6 permettent d’évaluer IgA et H en fonction de la latitude et du


mois dans les mêmes unités (cosinus d’angles en º) et en numérotant les mois de 1 (janvier) à
12 (décembre).
La formule associée à la figure 4.6 d’emploi aisé, bénéficie d’un préjugé assez favorable
quant à la précision des estimations obtenues à l’échelle mensuelle. Parfois, on utilise même
cette formule à l’échelle décadaire en y adjoignant, si besoin, un terme tenant compte des
effets de la végétation.

51
Figure 4.6 – Abaques d’évaluation de IgA

52
Formule de Thornthwaite

THORNTHWAITE a proposé également une formule basée essentiellement sur les tempé-
ratures de l’air :
t
Etp = 16 × (10 )a × K (4.9)
I
Avec :

1. i = ( 5t )1 .5 ;
P12
2. I = 1 i;
1.6
3. a = 100
I + 0.5 ;

4. t est la température moyenne mensuelle du mois considéré ;

5. Etp est l’évapotranspiration potentielle du mois considéré (en mm d’eau) ;

6. K est un coefficient d’ajustement mensuel lu dans la table 4.1.

Table 4.1 – Table de lecture de K


Mois J F M A M J J A S O N D
K 0,73 0,78 1,02 1,15 1,32 1,33 1,33 1,24 1,05 0,91 0,75 0,70

4.3.4 Évaluation de l’évapotranspiration réelle


Formule de Turc

TURC a proposé une formule permettant d’évaluer directement l’Etr annuelle moyenne
d’un bassin à partir de la hauteur annuelle de pluie et de la température moyenne annuelle :

P
Etr = q avec L = 200 + 25t + 0.05t3 (4.10)
P2
0.9 + L2

Avec :

• Etr l’évapotranspiration réelle (en mm/an) ;

• P la hauteur annuelle de pluie (en mm) ;

• t la température annuelle (en ºC).

Cette formule est d’un emploi aisé mais elle ne donne malheureusement que l’ordre de
grandeur de l’Etr. En effet, cette formule permet l’estimation du "déficit d’écoulement" qui ne
se rapproche de l’évapotranspiration réelle que pour des bassins versant relativement étendus,

53
sans échanges à la frontière et pour des durées d’observation assez longues pour que l’on
puisse négliger les variations de réserves souterraines.
Dans la mesure du possible, on préférera la méthode suivante.

Bilan simplifié selon THORNTHWAITE

Cette méthode est basée sur la notion de réserve en eau facilement utilisable (notée par la
suite RFU).
On admet que le sol est capable de stocker une certaine quantité d’eau (la RFU) ; cette eau
peut être reprise pour l’évaporation par l’intermédiaire des plantes.
La quantité d’eau stockée dans la RFU est bornée par 0 (la RFU vide) et RFU max (capacité
maximale de la RFU qui est de l’ordre de 0 à 200 mm suivant les sols et sous-sols considérés,
avec une moyenne de l’ordre de 100 mm).
On admet que la satisfaction de l’Etp a priorité sur l’écoulement, c’est-à-dire qu’avant qu’il
n’y ait d’écoulement, il faut avoir satisfait le pouvoir évaporant (Etp = Etr ). Par ailleurs, la
complétion de la RFU est également prioritaire sur l’écoulement.
On établit ainsi un bilan à l’échelle mensuelle, à partir de la pluie du mois P, de l’Etp et de
la RFU.

1. Si P > Etp, alors :

• Etr = Etp ;
• il reste un excédent (P − Etp ) qui est affecté en premier lieu à la RFU , et, si la RFU
est complète, à l’écoulement Q ;

2. Si P < Etp :

• on évapore toute la pluie et on prend à la RFU (jusqu’à la vider) l’eau nécessaire


pour satisfaire l’Etp soit :
– Etr = P + min(RF U, Etp − P ) ;
– RF U = 0 ou RF U + p − Etp ;
• si RFU = 0, la quantité (Da = Etp − Etr ) représente le déficit agricole, c’est-à-dire
sensiblement la quantité d’eau qu’il faudrait apporter aux plantes pour qu’elles ne
souffrent pas de la sécheresse.

Exemple 1.

Pour établir ce bilan, il faut se donner la RFU maximale en fonction de la nature du bassin
versant (dans cet exemple RFU max = 100 mm). Par ailleurs, il faut connaître l’état de la RFU
à la fin du mois antérieur au début de l’établissement du bilan. On tient alors l’un des deux
raisonnements suivants :

54
Table 4.2 – Exemple du bilan simplifié selon THORNTHWAITE
Mois J F M A M J J A S O N D
P 67 55 41 49 54 77 60 67 65 55 61 62
Etp 3 8 33 61 90 103 109 94 67 35 14 5
RFU 100 100 100 88 52 26 0 0 0 20 67 100
Etr 3 8 33 61 90 103 86 67 65 35 14 5
D.A. 0 0 0 0 0 0 23 27 2 0 0 0
Ecoulement 64 47 8 0 0 0 0 0 0 0 0 23

• si la RFU doit être pleine un jour, ce sera à la fin de la période durant laquelle on a pu la
remplir, c’est-à-dire à la fin du dernier mois où P > Etp ;

• si la RFU doit être vide un jour, ce sera à la fin de la période durant laquelle on a pu la
vider, c’est-à-dire à la fin du dernier mois où P < Etp . Ayant établi ce bilan par mois, on
évalue l’Etr annuelle par la somme de 12 Etr mensuelles.

Cette méthode peut être également utilisée avec l’estimation d’Etp par la formule de Turc
et donne des résultats satisfaisants.

55
4.4 Questions et Exercices
Question 5. L’interception et l’évapotranspiration réduisent ou augmentent-ils la quantité d’eau
de pluie disponible pour le ruissellement ? L’évaporation dépend-elle des conditions météorologiques
ou de la disponibilité en eau ?

Question 6. Quelle est la différence, en terme d’évaporation, entre une surface d’eau libre, un sol
nu et une surface couverte par de la végétation ? L’évapotranspiration réelle peut-elle être plus
grande que l’évapotranspiration de référence ?

Question 7. Toute l’eau interceptée par la végétation est-elle soustraite au ruissellement de


surface ?

Question 8. La structure de l’épisode pluvieux joue-t-il un rôle essentiel sur le processus d’inter-
ception ?

Question 9. Par quels types de grandeurs physiques mesurées peut-on apprécier l’évaporation à
l’échelle d’un bassin versant ?

Exercice 27. Vrai - Faux


L’interception et l’évapotranspiration sont autant de phénomènes qui réduisent la quantité
d’eau de pluie disponible pour le ruissellement.
Les pertes brutes par interception concernent les précipitations perdues par évaporation à
partir de la frondaison des arbres et de la litière.
L’évapotranspiration augmente la quantité d’eau s’infiltrant vers la nappe.
L’évaporation correspond au passage progressif de l’eau à l’état gazeux à partir de la surface
libre d’une étendue d’eau, de la neige, du sol ou d’un végétal.
L’évapotranspiration est la quantité d’eau transférée du sol vers l’atmosphère par évapora-
tion et transpiration des plantes.
L’évapotranspiration est, au cours de la phase continentale du cycle de l’eau, la somme de
toutes les pertes d’eau liquide par transformation en vapeur.

Exercice 28. Vrai - Faux


Le phénomène d’évaporation est accéléré en présence de vent car celui-ci facilite le renou-
vellement de l’air humidifié par l’évaporation par de l’air plus sec.
Tant que la pression partielle de la vapeur d’eau est supérieure à la pression de vapeur
saturante de l’eau s’évapore.
L’évaporation est un processus qui provoque le réchauffement de l’air environnant car les
molécules d’eau puisent leur énergie dans l’environnement.
L’évaporation est d’autant plus importante que la température est élevée car à pression
constante la pression de vapeur saturante diminue avec la température.
Le déficit de saturation correspond à la quantité de vapeur d’eau que l’air peut encore

56
absorber.
L’évaporation est d’autant plus importante que la surface d’eau est grande, car dans ce cas,
un plus grand nombre de molécules d’eau ont la possibilité de se détacher de la masse d’eau.

Exercice 29. Il existe de nombreuses façons d’exprimer l’humidité de l’air (quantité de vapeur
d’eau dans l’air), notamment à l’aide :
 de l’humidité relative qui est le rapport entre la quantité d’eau contenue dans une masse d’air
et la quantité maximale d’eau que peut contenir cette masse d’air, pour une température donnée.
 de la température du point de rosée qui est la température à laquelle l’évaporation de l’eau se
produit.
 du taux d’humidité qui est la même grandeur que l’humidité relative.
 de l’humidité absolue qui est le rapport entre la masse de la vapeur d’eau pour un volume d’air
donné.
 de l’humidité spécifique qui est le rapport de la masse de vapeur d’eau sur la masse de l’air
humide.

Exercice 30. Vrai - Faux


Les seuls paramètres qui influencent l’évapotranspiration sont le rayonnement solaire, la
température de l’air, l’humidité de l’air et la vitesse du vent.
L’évaporation d’un sol nu dépend de caractéristiques relatives au terrain, telles que l’orien-
tation des pentes, la couleur du sol.
L’évaporation d’une nappe d’eau libre est fonction de sa profondeur mais aussi de son
étendue.
L’énergie nécessaire pour extraire l’eau d’un sol nu par évaporation est d’autant plus faible
que le sol s’appauvrit en eau.
La transpiration des plantes extrait l’eau de la zone non saturée du sol et dépend donc de la
profondeur du sol colonisée par le système racinaire et de sa texture.
La transpiration d’un végétal est réglée par l’ouverture des stomates, elle-même dépendant
de la nature, de l’état hydrique du végétal et des conditions climatiques.

Exercice 31. On a enregistré à la station de Pully (VD, Suisse) pour le mois de juillet 1999, une
température moyenne t de 20,9o C, un rayonnement global RG de 547 cal/cm2/j, une humidité
relative Hr de 62,8 % et une durée d’ensoleillement de 97,6 heures. ?

1. Quelle est la valeur de l’évapotranspiration de référence ETo selon la formule de Turc pour
ce mois de juillet en mm ?

2. Quel moyen peut-on utiliser pour estimer les besoins en eau d’un sol couvert par de la
végétation à partir de ce résultat ?

Exercice 32. Parmi ces méthodes lesquelles sont utilisées pour estimer l’évapotranspiration de
référence ?

57
 Bilan hydrologique.
 Formules empiriques et pseudo-empiriques.
 Formules à base physique de type Penman-Monteith.
 Mesures avec des bacs évaporants.

Exercice 33. Sur un terrain de golf, l’évapotranspiration réelle est proche de l’évapotranspiration
de référence ...
 lorsque le terrain de golf est bien arrosé.
 lorsque le terrain de golf est peu arrosé.
 lorsqu’il fait nuit et que l’évaporation est nulle.

Exercice 34. Vrai - Faux


L’interception ne concerne que l’eau qui reste bloquée dans le feuillage et repart par
évaporation directe, sans entrer dans le cycle d’eau du bassin versant.
L’interception est influencée par le type de couvert végétal et par le type de précipitation.
Les épineux ont des capacités d’interception bien inférieures aux feuillus, d’autant plus que
ces derniers sont dépourvus de feuillage une partie de l’année.
Les pluies intermittentes sont moins fortement interceptées que les précipitations continues.
L’ interception due aux brouillards et aux brumes est plus importante que l’interception
due aux averses de courtes durées.
L’interception est généralement à son maximum dans la région immédiate du tronc, et
diminue à mesure que l’on s’en éloigne.

58
Chapitre 5

Hydrométrie

Les débits des cours d’eau varient en fonction du temps. Certaines études nécessitent des
mesures instantanées de ces débits ; on exécute alors des jaugeages aux instants choisis. Dans
la plupart des cas, c’est l’évolution des débits en fonction du temps qui nous intéresse ; on
installe alors des stations hydrométriques (appelées également stations de jaugeage).

5.1 Acquisition des débits en fonction du temps


Actuellement, il n’existe aucune technique opérationnelle qui permette de mesurer directe-
ment le débit en fonction du temps. Cette opération se fait généralement dans la pratique de
la manière suivante :

• on enregistre en un point du cours d’eau (la station hydrométrique), la hauteur d’eau H


en fonction du temps. Cet enregistrement H(t) est appelé "limnigramme" ;

• A différents instants t = t1, t2, ... tn, on pratique des mesures instantanées de débits Qt1,
Qt2, ...Qtn ; ces mesures correspondent à des enregistrements de hauteur synchrone Ht1,
Ht2, ... Htn ;

• Dans certaines conditions hydrauliques, comme le passage en "section critique", il existe


une relation biunivoque entre la hauteur d’eau et les débits. Dans ces conditions, les
différents jaugeages (Qti, Hti) permettent d’établir la relation hauteur-débit appelée
courbe de tarage : Q (H) ;

• en combinant la courbe de tarage Q (H) et le limnigraphe H (t), on obtient aisément


l’évolution du débit en fonction du temps Q (t) appelé hydrogramme.

Cette vision est tout à fait idyllique car de nombreuses difficultés apparaissent au long des
différentes étapes comme nous allons le voir.

59
5.2 Méthodes de jaugéage
Un jaugeage est donc une mesure quasiment instantanée du débit d’un cours d’eau. Les
techniques utilisées sont nombreuses et généralement complémentaires ; elles s’appuient sur
des principes très différents selon les cas.

5.2.1 Réservoirs étalonnés


Cette technique simple consiste à mesurer le temps nécessaire ∆t, pour remplir un récipient
V
de volume V. On obtient le débit Q par la relation suivante : Q = ∆t
.

Figure 5.1 – Jaugéage par reservoir étalonné

Cette méthode est surtout utilisée pour jauger des sources ou de très petits cours d’eau
(débits de l’ordre de quelques litres par seconde au maximum). Le récipient peut être un seau
de 10 litres ou un bac plastique de 100 litres par exemple. La seule condition est de pouvoir
faire rentrer l’eau dans le récipient ce qui nécessite, soit une chute naturelle, soit de pouvoir
aménager cette chute par une gouttière en plastique par exemple.

5.2.2 Déversoirs
Le débit d’un cours d’eau peut être mesuré en utilisant des déversoirs sur des orifices
normalisés. Ces techniques, adaptées surtout aux petits débits, utilisent les résultats de l’hy-
draulique classique mais dans des conditions bien souvent éloignées de celles rencontrées en
laboratoire.
Différents types de déversoirs sont utilisés mais on rencontre principalement des déversoirs
triangulaires dont la relation hauteur-débit théorique est :

α
Q = ahb ou en général Q = 1.32 × tg × h2.47 (5.1)
2

Dans la pratique, il est prudent de réaliser quelques jaugeages de contrôle permettant de


déterminer les valeurs a et b dans les conditions réelles d’installation. Il en est de même pour
les autres types de déversoirs rectangulaires avec ou sans contraction, à large seuil ou profilés.

60
Figure 5.2 – Jaugéage par deversoir

Dans la quasi-totalité des cas, on utilise des déversoirs fixés à demeure dans le cours d’eau.
Cette technique n’intéresse donc que des stations où l’on est disposé à réaliser un certain
investissement. Par ailleurs, l’installation d’un déversoir ne peut se faire que si la pente est
suffisante pour permettre un relèvement de la ligne d’eau amont sans conséquences néfastes ;
d’autre part, le ralentissement provoqué à l’amont entraîne des sédimentations qui peuvent
modifier progressivement la relation hauteur-débit.

5.2.3 Jaugeages par dilution


Le principe général du jaugeage par dilution est simple. On injecte dans une section I, un
traceur à une concentration C1 ; en un point de prélèvement P situé en aval, on prélève un
échantillon d’eau de la rivière et l’on détermine sa concentration C2 en traceur. Il est alors
aisé d’établir la relation entre le débit Q du cours d’eau et les concentrations C1 et C2, soit par
l’égalité des flux, soit par la conservation des masses entre les points P et I selon les procédés
d’injection.

Figure 5.3 – Jaugéage par dilution

Choix du traceur

A priori, le nombre de traceurs utilisables est élevé ; cependant, il est souhaitable qu’ils
possèdent les qualités suivantes :

• facilement solubles dans l’eau ;

• stables chimiquement en solution ;

61
• non toxiques ;

• facilement dosables et à faibles concentrations ;

• peu coûteux ;

• non adsorbable par les matières en suspension ou au contact des rives (argiles) ;

• non préexistants dans le cours d’eau (si possible) ou à faible concentration ;

• etc.

Dans ces conditions, le choix se réduit beaucoup et dans la pratique, on utilise les produits
suivants :

• chlorure de sodium (NaCl) : l’inconvénient est que souvent les quantités de sel à injecter
sont importantes ; par contre, le dosage par résistivimétrie est relativement aisé ;

• La Rhodamine B (C10 H21 Cl03 N2 ) : son avantage essentiel est d’être dosable à de très
faibles concentrations. On utilise ainsi peu de produit même pour de gros débits ; on fait
donc une économie financière et surtout la mise en œuvre sur le terrain est simplifiée.
Cependant, ce colorant rouge très violent est difficile à diluer, à nettoyer des appareils
et d’autre part, il se fixe sur les argiles en suspension dans l’eau ;

• le biochromate de sodium (N a2 Cr2 07 ) : c’est de loin le traceur qui a été le plus utilisé. Il
satisfait à la quasi-totalité des qualités requises pour un traceur hydrologique. Cependant,
il s’avère que ce sel est toxique tout au moins à forte concentration (»1 mg/litre) et pour
des durées supérieures à la journée ;

• colorants alimentaires : trois traceurs ont été retenus jusqu’à maintenant : la tartrazine
(E102), le jaune orange S(E110) et le rouge cochenille (E124). Au niveau des avantages,
citons la non-toxicité ; par contre, comme la rhodamine, ces substances sont difficilement
solubles ;

• enfin, d’une autre nature, les traceurs radio-actifs :

– à rayonnements γ, surtout le brome 82 ; les inconvénients sont surtout dus à la


protection nécessaire (matériel lourd) et à la nécessité d’avoir une pile proche pour
les irradiations (période courte de l’ordre de 36 h) ;
– à rayonnements β essentiellement le tritium, beaucoup moins dangereux mais avec
une période beaucoup plus longue (24 ans), ce qui justifie son utilisation plutôt
comme traceur des eaux souterraines.

62
Table 5.1 – Distance de bon mélange
Largeur du cours Longueur de bon d’eau (m) mélange (m)
0 à 10 50 à 500
10 à 50 500 à 2500
50 à 200 2500 à 15000

Le bichromate est un bon traceur jusqu’à présent le plus utilisé. Il est probable que
d’autres produits pourront le supplanter comme peut-être les colorants alimentaires ou des
traceurs radio-actifs avec le développement des générateurs de radio-éléments ("vaches" à
radio-éléments).
Le principe général n’en demeure pas moins le même. Seules les techniques de dosages
seront affectées.

Choix du site

La mesure des débits par dilution ne peut s’effectuer que s’il y a un bon brassage de l’eau
entre le point d’injection et le point de prélèvement. Il faut que la concentration C2 mesurée
au point de prélèvement représente bien la concentration moyenne dans toute la section à cet
instant.
Un site favorable est un tronçon de rivière particulièrement agitée avec soit des blocs
rocheux au milieu du cours d’eau, soit une succession de coudes qui assurent un brassage
latéral. Dans la pratique, on a souvent tendance à privilégier le rôle de chutes ou de rapides
qui n’assurent cependant qu’un brassage vertical.
La longueur du tronçon sur lequel on doit faire la mesure sera au moins égale à la "distance
de bon mélange". Cette notion est un peu subjective ; la meilleure façon de procéder est encore
de faire un test avec un colorant et d’évaluer à l’œil la distance nécessaire pour que ce colorant
se répartisse uniformément.
Selon la nature du courant, l’ordre de grandeur des distances de bon mélange est, selon
MUSY :

Injection à débit constant

Supposons que l’on ait déterminé le site d’injection I, la distance de bon mélange L et
par conséquent le point de prélèvement P ; on injecte en I un débit constant q de traceur à la
concentration C1. Au point P, on prélève des échantillons à la concentration C2.
Si on peut supposer que le régime permanent est atteint, le flux de traceur entrant dans le
tronçon est égal au flux sortant :

q.C1 = (Q + q).C2 (5.2)

63
En général, q est négligeable devant Q, d’où l’on tire :

C1
Q=q× (5.3)
C2

La seule difficulté est de réaliser le régime permanent. Pour cela, on effectue un essai avec
un colorant généralement de la fluorescéine. (Pour une rivière limpide, on peut compter 100
grammes de fluorescéine pour colorer 1 000 m3 d’eau et on dissout aisément 100 grammes de
fluorescéine dans un litre d’eau. On peut se baser sur une dose de 100 g par m3 /s).
A un instant t = 0, on injecte la fluorescéine au point I et on note au point P l’instant t1
où apparaît la fluorescéine et t2 l’instant où elle disparaît. Cet essai peut s’interpréter comme
l’injection en I d’une impulsion de traceur et l’observation P de la réponse impulsionnelle du
tronçon IP. On admet aisément que la durée t2 - t1 est indépendante de la qualité de colorant
injecté (dans la mesure où l’injection demeure quasi-instantanée).

Méthode dite globale

Comme pour le cas précédent, on se positionne en deux points P et I séparés par une
distance L de bon mélange. On injecte instantanément en I une certaine quantité de traceurs :
un volume V à la concentration C1 soit V.C1. Au point P, on fait différents prélèvements dans
le temps dont on mesure la concentration C2 (t).

V × C1
Q = R∞ (5.4)
0 C2 (t)dt

Les différents prélèvements faits en P permettent de construire point par point la courbe
C2(t) et de déterminer alors l’intégrale qui permet d’évaluer Q. Il faut toutefois noter que les
"queues de courbe" sont toujours mal connues, dans la mesure où l’opérateur ne dispose pas de
l’éternité pour achever ses prélèvements. Il sera dans ce cas toujours judicieux de rechercher si
cette "queue de courbe" ne s’ajuste pas à une fonction de type hyperbolique ou exponentielle
décroissante, ce qui en facilite l’intégration algébrique.

5.2.4 Jaugeages par exploration du champ des vitesses


Soit une section droite S d’un cours d’eau ; le débit dans cette section se définit comme le
flux du vecteur vitesse à travers S...
Les jaugeages par exploration du champ des vitesses consistent à étudier la fonction V
(x,y) en l’échantillonnant suivant différentes valeurs de x et de y. Généralement, on se fixe
différentes abscisses (des "verticales") x1, x2, ... xi xn et sur chaque abscisse xi, on échantillonne
à différentes profondeurs yi1, yi2, ... yij ... yip, la vitesse V (xi, yij) ; cette technique est appelée
jaugeage "point par point".

64
Figure 5.4 – Jaugéage par exploration des champs des vitesses

Matériel de mesures

La chaîne de mesures comporte différents éléments.

Capteurs : les hélices

Le paramètre à mesurer est la composante normale à la section de la vitesse de l’eau.


Le capteur le plus utilisé est une hélice. Si on introduit cette hélice dans l’écoulement, la
vitesse longitudinale de l’eau va provoquer la rotation de l’hélice. Théoriquement, la relation
entre la vitesse de rotation n (en tours/seconde) et la vitesse de l’eau V (en m/s) ne dépend que
du pas p de l’hélice : V = np.
Dans la pratique, on s’éloigne de cette courbe idéale du fait des frottements et des pertur-
bations des vitesses dues au support de l’hélice. L’étalonnage est fait au laboratoire dans les
conditions réelles d’emploi et la relation V (f (n)) est du type :

V = an + b (5.5)

où a représente le pas réel et b la vitesse de démarrage (ou vitesse de frottement). Parfois


même, on est amené à utiliser deux formules, suivant les plages de vitesses : par exemple, une
hélice de pas nominal 0,25 m peut avoir des formules d’étalonnage suivantes :

n < 0, 59V = 0, 2345n + 0, 017 (5.6)

n > 0, 59V = 0, 2515n + 0, 007 (5.7)

Traitement du signal : les moulinets

raitement du signal : les moulinets Les moulinets ont pour objet de transformer le mouve-
ment de rotation de l’hélice en impulsions électriques aisément transférables et enregistrables.

Le principe en est simple ; un axe auquel est fixée l’hélice est entraîné dans son mouvement
de rotation. La partie arrière de cet axe porte, soit une vis sans fin qui par un système d’engre-
nage ferme un circuit électrique à chaque tour, soit un aimant dont la rotation provoque la

65
Figure 5.5 – Photo d’un moulinet

fermeture d’un contacteur magnétique. L’axe du moulinet est porté par des paliers de haute
précision à très faible frottement.
Les éléments mécaniques sont dans un bain d’huile spécial dont les variations de viscosité
avec la température sont négligeables. Des joints empêchent la pénétration des substances en
suspension : il n’y a donc qu’une très faible usure des paliers.
L’ensemble du moulinet est généralement réalisé en acier inoxydable. Notons enfin que pour
certains matériels, le dispositif de contact est modifiable de façon à n’émettre une impulsion
que les 1, 2, 10 ou 20 tours.

Conduite et exploitation du jaugeage

Généralement, le site du jaugeage n’est pas complètement imposé ; on peut très bien selon
les cas, envisager différents sites plus ou moins en amont ou en aval, dans la mesure où il n’y
a pas d’affluent ou de pertes entre ces points.
On choisira donc de préférence un site où les vitesses sont parallèles entre elles et perpen-
diculaires à la section de jaugeage. La profondeur doit être suffisante par rapport au diamètre
de l’hélice (au moins 10 cm environ), mais les vitesses doivent être également suffisantes par
rapport aux vitesses de démarrage des hélices (au moins 5 cm/s).
Enfin, le fond doit être si possible régulier et dépourvu d’entraves au fonctionnement de
l’hélice (végétation par exemple). Pour les jaugeages au saumon depuis un pont, on choisira
de préférence des ponts n’ayant pas ou peu de piles en rivière car cela provoque des remous
dans lesquels il est difficile de mesurer le débit. Généralement, la mesure se fait en aval du
point avec un saumon et en amont avec une perche, mais l’inverse est possible selon les cas.
Le nombre de verticales doit être suffisant pour bien définir la section mouillée et la
répartition des vitesses. Ce nombre est variable et il est bien difficile de fixer une règle stricte.
Disons que généralement 5 à 20 verticales sont suffisantes mais le choix est une question
d’appréciation sur le terrain. On multipliera les verticales par des hétérogénéités de la section.

66
Dans le cas d’un jaugeage point par point, le nombre de mesures par verticale dépend de
la profondeur totale et de la variabilité des vitesses.
Ce nombre de points varie généralement de 5 à 10, les points étant souvent resserrés vers
le bas. Prenons le cas d’une verticale de 40 cm de profondeur jaugée avec une microperche et
une hélice de ø 5 cm ; on fera la première mesure à 5 cm du fond (2,5 cm en plus du rayon de
l’hélice) puis les autres à 10, 20, 30 et 37,5 cm du fond (l’hélice tangentant la surface libre).
A chaque point de mesures, il faut laisser tourner l’hélice un temps suffisant pour obtenir
la vitesse moyenne en ce point et que l’erreur sur les temps soit négligeable. En général, on
admet des mesures d’au moins 30 secondes et d’au moins 100 impulsions.
Dans le cas d’un jaugeage par intégration, le principe est d’explorer la verticale, de profon-
deur h, à vitesse constante v (variant de 1 à 5 cm/s dans les cas les plus fréquents).
L’exploitation du jaugeage ne peut se faire correctement que si la tenue du carnet de terrain
a fait l’objet d’un soin particulier. Tous les éléments qui peuvent expliquer les anomalies
constatées au bureau sont notées. Il vaut toujours mieux être trop précis dans la description
du jaugeage.
Cours d’eau, lieu, jour, heures, minutes de début et de fin de jaugeage, hauteurs à l’échelle
de début et de fin (si on dispose d’une échelle), noms des opérateurs et matériels utilisés
(numéro de l’hélice, du moulinet, support).
Pour chaque verticale, on notera l’abscisse, la profondeur totale et soit les différentes
couples hauteur-vitesse (jaugeages point par point), soit la vitesse moyenne, l’angle α du
câble du saumon par rapport à la verticale et l’angle β du saumon par rapport à la normale à
l’écoulement (jaugeage au saumon).
On interprétera le jaugeage en considérant successivement chaque verticale et on porte
dans un graphique les couples hauteur-vitesse. (Après avoir corrigé éventuellement la hauteur
h de l’angle α et la vitesse de l’angle β).
On interpole à partir de ces points, le profil des vitesses le plus vraisemblable.

5.3 Stations de jaugéage


Une station de jaugeage est un site (ou éventuellement plusieurs mais proches) où on
réalisera les différentes opérations nécessaires à l’acquisition des débits en fonction du temps.
En particulier, ce site doit de préférence être tel que la relation hauteur-débit soit biunivoque
et stable dans le temps.

5.3.1 Seuil ou contrôle


Le cas idéal est donc celui d’un site où la courbe de tarage est biunivoque : on choisira donc
un emplacement situé juste à l’amont d’une traversée du niveau critique, ainsi les perturbations
de niveau aval ne se feront pas sentir.

67
H ne dépend que du débit, de la forme de la section critique et des pertes de charge entre
station critique et station de mesures (qui sont sensiblement constantes). Pour que la courbe
de tarage soit stable dans le temps, il faut donc essentiellement que la forme de la section de
contrôle soit stable dans le temps.

Figure 5.6 – Echelle limnimétrique

Enfin, il est souhaitable que la section soit sensible, c’est-à-dire qu’une erreur ∆t (en
général de l’ordre du cm) n’entraîne pas une erreur inacceptable sur le débit. Cette sensibilité
est souvent faible en basses eaux.
Dans la mesure du possible, on cherchera des seuils naturels ou installés depuis longtemps ;
on est à peu près assuré dans ces cas, d’avoir un seuil stable. Les contrôles de ce type sont
tous ceux qui conditionnent un passage en régime critique : chutes, rapides, rétrécissements
du lit, passage de ponts, etc.
S’il n’est pas possible de trouver un seuil satisfaisant, on pourra se rabattre sur un tronçon
où le régime est uniforme. Là-aussi, une relation biunivoque existe entre hauteur normale et
débit :
Q = kSRH 2/3 I 1/2 (5.8)

On installera donc de préférence la station au milieu d’un tronçon uniforme. Dans ce cas,
on voit que le coefficient de Strickler et la forme de la section jouent un rôle ; donc, même avec
une section stable, on risque d’avoir une courbe de tarage instable du fait des variations du
coefficient de Strickler avec le développement saisonnier de la végétation.
Une autre solution est de construire un seuil artificiel (déversoir, jaugeur, etc.) ; les inconvé-
nients sont d’une part le coût d’une telle installation si on veut qu’elle ne soit pas emportée par
la première crue ; d’autre part, une modification du lit entraîne une variation des conditions de
transport solide et cette station n’est pas stable immédiatement (sédimentation et affouillement
tendant, on l’espère, vers un équilibre stable).

5.3.2 Limnimétrie
La limnimétrie est la mesure des niveaux en fonction du temps. Toute station comporte au
moins une échelle de mesures des hauteurs et éventuellement un limnigraphe.

68
Echelles

Les échelles sont les repères fixes sur lesquels on lira le niveau d’eau H. Elles sont réalisées
le plus souvent en tôle émaillée). Constituées généralement d’éléments de 1 m, elles portent
des indications métriques, décimétriques et centimétriques. L’installation des échelles se fait
sur des supports fixes : fers IPN battus dans le lit, culée de point, quais, rives rocheuses, etc.
L’échelle doit être installée de façon à être protégée des corps flottants qui pourraient
l’endommager lors des crues. Par ailleurs, elle doit être à l’abri du battillage de façon que l’on
puisse lire les niveaux de près.

Figure 5.7 – Echelles limnimétriques

Une fois installées, les échelles seront nivelées et rattachées au nivellement général. Ainsi,
au cas où une échelle serait endommagée, il sera possible d’en remettre une nouvelle à la
même cote. Enfin, il faut que le zéro de l’échelle soit toujours sous l’eau, même lors des étiages
les plus sévères et après d’éventuels affouillements (des hauteurs négatives entraînent souvent
des gênes dans le traitement informatique).

Limnigraphes à flotteur

Ces appareils ont pour but d’enregistrer les niveaux d’eau en fonction du temps. Parmi
tous les types de limnigraphes, ceux à flotteurs sont les plus utilisés. Leur principe commun
est très simple. Le capteur est un flotteur équilibré en partie par un contre-poids dont les
déplacements sont liés à ceux du flotteur par un câble et une poulie. Les mouvements verticaux
du flotteur sont transformés en mouvements de rotation de l’axe de la poulie. Cet axe entraîne,
par un système d’engrenage, le déplacement transversal d’un stylet le long d’une tige filetée.
Le stylet inscrit sur le papier d’un tambour ou d’une table déroulante dont le déplacement
est proportionnel au temps. Les modèles sont très nombreux : ils se distinguent essentiellement
entre les limnigraphes à tambour (à axe horizontal ou vertical) et à table déroulante. En général,

69
Figure 5.8 – Implantation d’une échelle limnimétrique

Figure 5.9 – Limnigraphe à flotteur

70
Figure 5.10 – Installation d’un limnigraphe à flotteur

le système d’engrenage permet différentes démultiplications : 1/1, 1/2, 1/5, 1/10, 1/20 (1/5 => 1
cm papier = 5 cm niveau)
L’installation de ces appareils se fait à la verticale d’un puits de mesures dans lequel est
situé le flotteur. Il est ainsi protégé du batillage et des corps flottants. Selon les cas et les
circonstances, l’installation peut se faire soit en prise directe dans le cours d’eau, soit enterrée
dans la rive avec un tube de prise (figure 5.10).

5.3.3 Sections de jaugeage


Lorsque l’on choisit le site d’une station de jaugeage, le critère essentiel est l’existence d’un
contrôle stable et sensible ; des critères d’accessibilité s’y ajoutent ; ce n’est qu’en dernier lieu
que l’on considère les sections où on effectue les jaugeages. En effet, il n’est généralement pas
nécessaire de faire le jaugeage dans la section même où on effectue la mesure de niveau. Ayant
donc choisi le contrôle, on prospectera vers l’amont et vers l’aval (à distance raisonnable bien
sûr) les sites possibles pour effectuer les jaugeages. On peut imaginer plusieurs sites selon
que l’on est en basses, moyennes ou hautes eaux. Ce dernier cas est certainement celui qu’il
faut le mieux prévoir car en période de crues, on ne dispose guère de temps à perdre. Dès
l’installation de la station, on retiendra un site pour les jaugeages de crue (pont ou jaugeage
en bateaux) et si nécessaire, on installera à demeure un câble pour une station téléphérique. Il
faut absolument, pour des crues exceptionnelles, que l’équipe de jaugeage n’ait pas à hésiter
sur le site de la mesure et sur la technique à employer. Ce n’est que dans ces conditions que
l’on ne ratera pas la crue exceptionnelle.

71
5.3.4 Courbes de tarage
Si on a pu réunir les conditions idéales d’installation d’une station de jaugeage, l’établisse-
ment d’une courbe de tarage ne devrait pas poser de difficultés particulières. Malheureusement,
ces conditions idéales ne se rencontrent pas fréquemment.
La relation hauteur-débit pour une station avec une section de contrôle dépend à la fois
de la hauteur critique Hc pour le débit considéré dans la section de contrôle, mais aussi au
niveau normal à l’amont et de la distance à la section de contrôle.
La relation hauteur-débit dépend donc de la forme du lit et du coefficient de Strickler ; il
n’est guère possible de préjuger de la forme mathématique que prendra cette relation. On se
contente donc de reporter les couples hauteurs-débits obtenus par jaugeage, sur un graphique
millimétré ; le nuage de points permet d’évaluer la relation la plus probable.
En général, il est relativement aisé de tracer la courbe de tarage en eau ; par contre, le
tarage est plus délicat en hautes et basses eaux.
Lorsque les eaux sont basses, on constate une diminution de la précision relative sur les
débits. En effet, de faibles modifications du lit perturbent gravement la relation hauteur-débit.
Il en est de même pour le développement de la végétation.
Il est toujours difficile d’obtenir une bonne courbe hauteur-débit en étiage. Les remèdes
sont, soit de multiplier les jaugeages d’étiage, soit d’aménager la station pour la mesure des
débits de basses eaux. Il est parfois même impossible d’établir une véritable courbe de tarage.
En hautes eaux, le problème essentiel est celui de l’extrapolation de la courbe ; en effet, on
enregistre au limnigraphe des hauteurs supérieures à celles correspondant aux jaugeages des
plus grands débits. Comment extrapoler cette courbe ? Les solutions sont multiples mais pas
toujours satisfaisantes.
Dans les cas les plus simples où la variation de la section est progressive avec la hauteur,
on peut supposer que les différents paramètres varient comme des fonctions puissances de
(H - Ho), Ho étant un paramètre dépendant du zéro de l’échelle. Pour extrapoler la courbe de
tarage, on portera donc sur un papier log-log, les plus forts jaugeages en testant différentes
valeurs de Ho jusqu’à obtenir l’alignement.
Cependant, la section n’est pas toujours homogène et il est alors préférable d’extrapoler la
courbe de tarage d’après par exemple, la formule de Strickler :

Q = kS(H)(RH(H))2/3 I 1/2 (5.9)

S(H) est la section mouillée pour une hauteur H ; RH (H) est le rayon hydraulique. Ces deux
fonctions sont déterminées par l’étude des profils en travers au voisinage de la section de
mesures. On se contentera seulement d’extrapoler k(H) et I(H) d’après l’allure de ces courbes
obtenues d’après les plus forts jaugeages réalisés. Il faut là-encore se méfier car une station
peut très bien avoir plusieurs contrôles.

72
Dans les premières années de la vie d’une station, on multiplie les jaugeages de façon à
établir au plus tôt une courbe de tarage précise.
Dans certaines conditions, on peut avoir une courbe parfaitement stable (pas de végétation,
transport solide faible, lit parfaitement stabilisé) ; il suffit alors de procéder à quelques jaugeages
de contrôle assez espacés dans le temps.
Bien souvent, les courbes ne sont pas stables surtout en basses eaux. En effet, l’influence
de modifications du lit ou de la végétation perturbe beaucoup la relation hauteur-débit. On est
alors obligé de multiplier les jaugeages et d’établir différentes courbes suivant les périodes de
l’année. Généralement, ces courbes sont plus stables en hautes eaux.
On obtient donc des faisceaux de courbes de tarage auxquelles sont attachées différentes
périodes de validité.
Parfois même, pour les périodes d’étiage, il est impossible d’établir une courbe de tarage.
On se contente alors d’interpoler les débits entre les jaugeages successifs en tenant compte
d’une façon subjective du limnigramme.

5.4 Etablissement des hydrogrammes et des annuaires


hydrologiques
5.4.1 Digitalisation des courbes de tarage et des limnigrammes
Après le développement de l’informatique, les limnigrammes sont bien sûr archivés mais
leur exploitation se fait d’une façon automatique après digitalisation. Les jaugeurs sont indi-
qués sur les limnigrammes, les points limitant des zones où on peut considérer que H varie
linéairement en fonction du temps.
Le limnigramme est alors passé à la table à digitaliser à partir de laquelle on constitue une
chronique dite des hauteurs-temps. Cette chronique est celle de base car une fois ce travail
fait, il n’y a plus lieu d’y revenir.
Parfois, au lieu d’utiliser un pas de temps variable, on utilise un pas de temps fixe ; cela
conduit à un stockage d’informations beaucoup plus volumineux.
Pour les courbes de tarage, on peut procéder à une approximation de cette courbe par un
polynôme de degré suffisant, ou - ce qui est généralement préféré - procéder à une digitalisation
de la courbe en segment de droite comme pour les limnigrammes.
Évidemment, on archivera également dans le dossier de la station, les résultats de jaugeage
qui sont établis une fois pour toute.

73
5.4.2 Annuaires
Chaque année, les principaux services hydrologiques établissent un annuaire où sont
récapitulés les débits moyens journaliers de chaque station. Ayant en machine limnigramme
et hydrogramme, ce travail ne présente guère de difficultés particulières. Les annuaires pré-
cisent également les débits moyens mensuels et annuels aux différentes unités m3 /s, l/s/km2 ,
mm/mois, etc.
Enfin, on donne les plus forts débits instantanés. Rappelons qu’un annuaire est susceptible
d’être modifié par des améliorations des courbes de tarage, ce n’est donc pas un document
définitif. Cependant la sortie de l’annuaire est une étape indispensable au moins moralement,
pour la motivation des personnels.
Avant d’utiliser les données d’un annuaire, il est indispensable de consulter le service
gestionnaire pour savoir s’il est toujours valide. Avec le développement de l’informatique, il
est aisé de recalculer les débits à la demande (périodes autres que journalières) et de fournir
des résultats plus élaborés (graphiques, ajustement).

74
5.5 Questions et Exercices
Question 10. A partir de quelles mesures peut-on apprécier le pouvoir évaporant de l’air ?

Question 11. Le débit d’une rivière peut-il être mesuré directement ?

Question 12. Comment peut-on explorer un champ de vitesse dans une section de rivière ?

Question 13. A quoi sert le deuxième cyclindre (extérieur) de l’infiltromètre à double cylindre ?

Exercice 35. Vrai - Faux


Un pluviomètre crée une perturbation aérodynamique qui modifie le champ local des
précipitations.
Une des principales causes d’erreur dans la mesure des précipitations avec un pluviomètre
est la variation de son coefficient de captation avec la vitesse du vent.
Les erreurs instrumentales ont presque toutes pour conséquence de surestimer les quantités
précipitées.
L’échantillon de pluie récolté ponctuellement au niveau d’un pluviomètre est d’autant
moins représentatif du volume total d’eau précipitée sur l’ensemble du bassin que celui-ci est
grand.
Un pluviomètre peut être placée au pied d’un mur, près d’un obstacles situés au-dessus de
lui (arbre, toit, ...), dans un lieu trop ventilé (courant d’air entre deux bâtiments).
Dans le cas de précipitations solides (chutes de neige ou grêle) l’erreur relative due au déficit
de captation de la neige peut atteindre 60 à 80 % par fort vent.

Exercice 36. 3. L’évaporation à partir d’une nappe d’eau libre...


 est mesurée directement à l’aide de bacs à évaporation.
 est mesurée directement à l’aide de lysimètres
 est estimée à partir de facteurs météorologiques qui conditionnent l’évaporation.
 est mesurée directement à l’aide de châssis vitrés.

Exercice 37. Vrai - Faux


Le psychromètre est un instrument formé par l’association de deux hygromètres dont l’un
est un hygromètres ordinaire, et l’autre est entouré d’une mousseline propre qu’on imbibe d’eau
distillée avant une observation.
Un hygromètre permet de mesurer l’humidité relative de l’atmosphère et de déterminer le
point de rosée.
Les pyranomètres et les héliographes mesurent tous deux chaque jour la durée totale de
l’insolation.
Un héliographe enregistre la durée pendant laquelle le rayonnement solaire est d’une
intensité suffisante pour produire des ombres distinctes.
La mesure de la température doit se faire sous un abri météorologique blanc et aéré de
manière à ne pas capter le rayonnement.

75
Exercice 38. 6. Compléter les phrases suivantes :
La station de jaugeage est un site où sont régulièrement réalisées des mesures concomitantes de.......
et de....... . La répétition de ces mesures permet de tracer une............ . Il devient alors possible pour la
section considérée de passer d’un enregistrement continue des hauteurs d’eau, courbe appelée..........
à celle des débits appelée.......... .

Exercice 39. Parmi les idées suivantes quelle(s) sont celles qui vous paraissent importantes pour
installer une station de mesure des débits ?
 L’écoulement doit être uniforme, c’est à dire que la vitesse doit être perpendiculaire à la section
de jaugeage.
 Le site doit être accessible à tout moment.
 Les caractéristiques hydrauliques et topographiques de la rivière aux abords de la station
doivent être stables.
 Le site doit être dégagé et ensoleillé.
 La section doit être située dans une partie du cours d’eau où tous les écoulements se concentrent,
même pour des fortes crues.
 Le régime d’écoulement doit être torrentiel.
 A une faible variation de débit doit correspondre une grande variation de hauteur d’eau.

Exercice 40. Pour jauger une rivière de 200 l/s environ en écoulement turbulent, quelle méthode
est la plus précise ?
 Utilisation des lois de l’hydraulique classique au niveau d’un ouvrage calibré.
 Le jaugeage par exploration du champ de vitesse en utilisant un micromoulinet.
 Le Jaugeage au sel à l’aide d’une sonde conductimétrique.
 Le jaugeage au flotteur.
 Le jaugeage par exploration du champ de vitesse en utilisant l’ADCP (Acoustic Doppler Current
Profiler).
 Le Jaugeage par méthode volumétrique (volume de liquide pénétrant dans un réservoir jaugé).

Exercice 41. Vrai - Faux


On appelle la quantité de sédiment transportée par un cours d’eau la turbidité.
Le débit solide en suspension à travers une section donnée est obtenu en intégrant sur la
section le produit de la concentration en matière en suspension par le débit liquide.
La quantification des flux solides peut se faire de manière indirecte par des études bathy-
métrique et topographique.
La mesure du charriage est très facile car la plus grande partie des matériaux, notamment
les plus gros, sont transportés pendant les crues.
Pour effectuer des prélèvements pour le transport de fond on utilise des préleveurs à pompe.
Les principales difficultés rencontrées lors des mesures de concentrations en suspension sont
liées à la variabilité naturelle du transport sédimentaire et aux erreurs de mesures

76
Exercice 42. Vrai - Faux
La mesure de la teneur en eau d’un sol sur le terrain est très difficile et coûteuse alors qu’elle
est plus aisée au laboratoire mais toutefois destructrice.
L’aptitude du sol à infiltrer l’eau à sa surface est classiquement étudiée in situ à l’aide de
piézomètres.
Le cylindre externe dans l’infiltromètre à double cylindre est destiné à favoriser une
infiltration verticale depuis le cylindre central, en limitant les phénomènes de diffusion depuis
celui-ci.
Les humidimètres neutroniques (ou sondes à neutrons) mesurent l’humidité absolue de l’air.
Le principe de la méthode des sondes TDR (Time Domain Reflectometry) repose sur la
relation existant entre la constante diélectrique relative des sols et la teneur en eau volumique.

77
Chapitre 6

Méthodes d’études des crues

6.1 Historique et Définition


La défense contre les crues et les problèmes d’irrigation ont été historiquement à l’origine
du développement de l’hydrologie.
L’importance économique extrême de l’étude des crues s’explique en grande partie par des
considérations de géographie : les zones de fortes concentrations urbaines sont très fréquem-
ment près des fleuves ; les terres agricoles les plus riches sont généralement dans les basses
vallées. D’autres considérations économiques justifient également une étude approfondie des
crues : par exemple, les ouvrages de franchissement représentent une part très importante
des coûts des infra-structures routières ou ferroviaires, le coût de l’évacuateur de crue qui
protège une retenue en terre peut très bien être du même ordre de grandeur que celui de la
digue elle-même...
L’homme de tout temps s’est donc intéressé aux crues, que ce soit à leur prédétermination
ou à leur prévision ; il en a résulté une foule de méthodes d’étude dont, bien sûr, certaines sont
dépassées maintenant.
Cependant, il en persiste un grand nombre encore et chaque année voit l’apparition d’une
nouvelle méthode ou l’amélioration d’anciennes. Une conclusion s’impose : le problème
des crues est loin d’être réglé. Dans la plupart des cas, plusieurs méthodes d’étude sont
envisageables et ce n’est que la convergence d’un faisceau de présomptions qui justifie une
certaine confiance.
Mais avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’une crue ? Quelle est son origine ? Comment la
caractériser ? Les définitions s’articulent autour de deux concepts justifiés par l’existence de
deux phénomènes qui peuvent être plus ou moins liés :

• la crue est une augmentation brutale du débit quel que soit ce débit (typiquement, la
crue provoquée par un orage) ;

• la crue est la période durant laquelle le débit dépasse un certain multiple (2 à 3 par

78
exemple) du débit moyen annuel.

En fait, la définition peut changer en fonction de la taille du bassin et du phénomène


engendrant la crue. Les phénomènes engendrant les crues peuvent se ramener à trois grands
types :

• les crues d’averses sont de loin les plus fréquentes sous nos climats ; elles sont provo-
quées par des averses exceptionnelles, soit par leur durée, leur intensité, leur extension
géographique, leur répétition, ou la combinaison de plusieurs de ces caractères ;

• les crues de fonte de neige sont plus rares en République Démocratique du Congo ;

• enfin, signalons les crues d’embâcle et de débâcle de glace bien qu’elles n’affectent
généralement que les régions sub-polaires (nord du Canada et Sibérie par exemple).

Quelles sont par ailleurs les valeurs numériques qui permettent de caractériser une crue ?
La réponse à cette question en nécessite une autre : quel est le problème posé ?

• Dimensionner l’évacuateur de crue d’une retenue au fil de l’eau (pas de stockage possible
de l’eau en amont ; l’élément caractéristique de la crue est certainement son débit de
pointe instantané. Dans certains cas, ce débit est méconnu et on est obligé de se rabattre
sur le débit moyen journalier maximum, quitte à rétablir le débit instantané par un
coefficient multiplicatif, dit "coefficient de pointe", plus ou moins empirique.

• Effectuer le recalibrage d’un cours d’eau en zone agricole ; l’élément caractéristique de la


crue est la durée pendant laquelle le débit demeure supérieur au débit de débordement.

• Dimensionner un bassin de compensation ; c’est alors le volume de la crue qui est la


caractéristique essentielle.

• Etudier l’amortissement de la crue à la traversée d’un barrage réservoir ; c’est alors tout
l’hydrogramme de la crue qu’il est nécessaire de connaître. Bien d’autres cas sont encore
possibles. Tout est affaire de bon sens dans le choix des variables que l’on étudiera.

6.2 Méthodes empiriques de prédétermination des crues


La prédétermination du débit d’une crue consiste à associer au dépassement d’un certain
débit une probabilité d’occurrence. Pendant très longtemps, les hydrologues ont travaillé avec
l’idée qu’il existait sur un bassin versant, un débit maximum possible. Cette notion de crue
maximale possible est généralement réfutée aujourd’hui. On considère que si la probabilité de
dépassement d’un débit x tend vers 0, ce débit tend lui-même vers l’infini. Nous ne parlerons
donc plus de crue maximale possible mais de débits de crue de fréquence donnée.

79
6.2.1 Intérêts de la recherche historique
Les crues sont un phénomène suffisamment important pour que l’on conserve le souvenir
des principales catastrophes. Ce souvenir peut se traduire par des descriptions écrites, par des
repères de niveau marqués par l’homme, par des déplacements de blocs de rochers...
La période sur laquelle portent ces souvenirs est variable de quelques dizaines d’années à
quelques centaines.
Généralement, les crues sont caractérisées par un niveau d’eau . Il nous faudra, pour
dimensionner des ouvrages, passer des hauteurs aux débits. Ceci ne peut se faire que si une
courbe de tarage, établie de nos jours, est valable pour les périodes anciennes. Une telle validité
dans le temps n’est justifiée que si le site a été hydrauliquement stable. Cette stabilité est
envisageable dans certains cas comme des passages de ponts anciens, des endiguements entre
des quais...
De toute façon, le passage des hauteurs aux débits, lorsqu’il est possible, sera toujours
entaché d’une forte incertitude. Que peut donc apporter la recherche historique ? Surtout
l’ordre de grandeur du phénomène.
L’étude des crues, basée sur d’autres méthodes telles que nous les verrons, s’appuie sur des
observations plus ou moins longues, plus ou moins stables. Il se peut très bien que les observa-
tions chiffrées disponibles sur une période restreinte ne permettent pas d’envisager l’ampleur
de crues excessivement rares et provoquées par des phénomènes tout à fait exceptionnels et
d’une autre nature que ceux observés habituellement.
Dans tous les cas, il est donc recommandé de procéder à une investigation "historique".
Que ce soit dans des textes anciens ou tout au moins par interrogation des populations locales.
Les résultats que l’on peut en espérer serviront essentiellement à vérifier que les estimations
de débits de crues faites par d’autres méthodes permettent de rendre raisonnablement compte
des différentes crues catastrophiques enregistrées.

6.2.2 Évolution du débit avec la surface


Les paramètres essentiels qui influent sur le débit de crue de fréquence donnée pour un
bassin versant sont :

• la surface ;

• la pluviométrie ;

• la nature géologique du bassin versant.

Dans une région restreinte où on peut supposer que "géologie" et surtout "pluviométrie"
varient peu, il est possible d’étudier l’évolution du débit de crue de fréquence F en fonction de

80
la surface du bassin. La quasi-totalité des études montrent qu’en première approximation, le
débit QF de fréquence F varie comme une fonction puissance de la surface :

QF = aS b (6.1)

Le terme b est inférieur à 1, ce qui traduit l’amortissement du débit de pointe de crue en


fonction de la surface.
Le coefficient a est lui une variable régionale intégrant essentiellement "pluviométrie" et
"géologie".

6.2.3 Évolution du débit avec la fréquence


De nombreux auteurs ont proposé de relier la variation du débit à celle de la période de
1
retour T T = 1−F
par des relations du type :

Q(T ) = Q(1)(1 + βlogT ) (6.2)

Q(T) étant le débit de période de retour T années ; Q (1) étant la crue dite annuelle et β est
un coefficient régional variant généralement de 0,7 à 0,8 mais pouvant atteindre parfois des
valeurs supérieures à 2.
Le caractère local de cette valeur β ne permet pas de donner ici les valeurs à prendre dans
chaque cas particulier. On peut seulement constater que le débit devenant une fonction linéaire
de la période de retour, cela sous-entend que les lois de distribution des débits de crue ont un
comportement asymptotiquement exponentiel.

6.2.4 Différentes méthodes empiriques valables pour l’Afrique


Approche déterministe - les débits de crues décennales en Afrique

Détermination de l’averse décennale


On constate que les fortes averses présentent un corps de courte durée et qu’il ne se produit
généralement qu’une seule averse par jour. La statistique des hauteurs précipitées lors des
averses se ramène sensiblement à celle des hauteurs de pluies journalières Pj. Pour ces hauteurs
de pluies journalières, on rencontre généralement des distributions gumbeliennes.
Pour passer de la pluie ponctuelle à la pluie sur le bassin versant de surface S, on applique
un coefficient d’abattement K qui, en Afrique, varie avec la surface S (en km2 ), la hauteur de
pluie annuelle Pan (en mm) et la période de retour T (en années) de l’averse :

K = 1 − 0.001(9logT − 0, 042Pan + 152)logS (6.3)

Il est donc possible de calculer pour la période de retour T, le volume d’eau V précipité sur

81
le bassin versant :
V = K(T, S, Pan ) × S × Pj (T ) (6.4)

Passage à l’averse de la pluie nette


RODIER et AUVRAY proposent de passer de l’averse à la pluie nette par un coefficient de
ruissellement Kr qui dépend à la fois de la perte et de la maîtrise du sous-sol.
En admettant des classifications suivant les pertes de R1 à R6 et suivant la perméabilité
de P1 à P5 (Classification ORSTOM), plusieurs abaques sont proposées donnant Kr dans les
conditions de la crue décennale (figure 6.1).

Figure 6.1 – Abaques d’estimation de Kr

82
Approche stochastique-les débits de crues décennales en Afrique de l’Ouest et Cen-
trale (par PUECH et CHABI GONNI du C.I.E.H.)

Inventaire des variables explicatives et à expliquer


1 Inventaire des variables explicatives et à expliquer La seule variable à expliquer est le
débit de pointe de crue décennale Q10 . Les variables explicatives sont nombreuses, qualitatives
et quantitatives :

• S : surface du bassin versant en km2 ;

• Pan : hauteur de pluie annuelle en mm ;

• Ig : indice de pente global ;

• Kr : coefficient de ruissellement dans les conditions décennales ;

• nature du sous-sol (élément qualitatif).

Nature de la régression
Le C.I.E.H. suppose que Q10 varie avec les autres variables comme une fonction puissance
du style :
Q10 = aS α Pan
β
Ig γ Krδ (6.5)

Manifestement, la régression logQ10 en logS, logPan , etc., est une régression linéaire
multiple de résolution classique.
A partir des observations sur 162 bassins versants,des régressions de types suivants ont
été obtenues :
−0,643
• Afrique de l’Ouest : Q10 = 197 S 0.633 Ig 0.35 Pan ;

• Afrique de l’Ouest : Q10 = 0.163 S 0.628 Ig 0.26 Kr0.877 ;


−0,638
• Afrique centrale : Q10 = 15.77 S 0.787 Ig 1.089 Pan ;

• Afrique centrale : Q10 = 0.225 S 0.496 Ig 0.507 Kr1.087 .

En fonction de la géologie, Kr est évalué de la manière suivante :


−0.67
• granite : Kr = 2.300Pan ;
−0.375
• grès : Kr = 300Pan ;
2.2
• sable : Kr = 210Pan ;
2.2
• argiles et marnes : Kr = 300Pan ;
−0.375
• schiste : Kr = 370Pan .

83
6.3 Étude statistique des débits de crue
Lorsque l’on dispose d’observations de débits de crue, au site même ou à proximité, il est
possible de procéder à un ajustement statistique puis à une extrapolation sur les fréquences.
Cette méthode est parfaitement justifiée si on dispose de suffisamment d’observations (10
ans est un strict minimum). Cependant, il n’est pas raisonnable d’extrapoler l’ajustement
statistique à des périodes de retour supérieures à 2n ou 3n, n étant la durée d’observations.
Cette méthode est donc limitée par la durée habituelle des observations à la prédétermination
de débits de crue de fréquence généralement inférieure à 0,99.

6.3.1 Constitution de l’échantillon


Dans le cas où les observations ont été faites sur une durée suffisante, de l’ordre de 20 ans,
on pourra travailler sur les débits instantanés ou moyens journaliers, maximaux annuels. Bien
souvent, la période d’observations est restreinte et on pourra constituer un échantillon de
débits de crue par corrélation à partir d’une station plus longue.
Généralement, les corrélations se font en log-log, les distributions de fréquence des crues
étant à forte dissymétrie positive.
Les variables utilisées sont généralement un débit maximum instantané Qi ou un débit
moyen journalier Qj maximum. Que ce soit à partir d’une période réellement observée ou
d’une série reconstituée, on peut retenir :

• les débits maxima annuels de chacune des n années (on s’assure de l’indépendance des
observations puisque l’on travaille sur des années hydrologiques débutant à la fin de la
période d’étiage) ;

• tous les débits supérieurs à un certain seuil de débit Qo ;

• etc.

La première définition est préférable lorsque la taille de l’échantillon est suffisante. Les
fréquences s’expriment alors en an-1, et les observations sont généralement parfaitement
indépendantes.
La seconde définition est d’un emploi un peu plus délicat, soit à cause du problème de
l’indépendance, soit du problème de la fréquence de (Q < Qo ). Elle ne s’utilise que si le nombre
d’années disponibles est faible et avec une extrême prudence.

6.3.2 Choix du type de loi et ajustement


Le choix du type de loi peut être guidé par des tests statistiques, les coefficients de symétrie
et d’aplatissement.

84
Malheureusement la taille de l’échantillon est généralement trop faible pour que les esti-
mations des moments d’ordre supérieur soient fiables.
Le plus souvent, on procède par expérience en choisissant une loi à priori puis en vérifiant
a posteriori que ce choix n’est pas absurde (alignement correct des points dans un graphique
adéquat). Dans telle région, les expériences faites sur des stations longues et fiables montrent
que ce sont les lois de Galton, de Gumbel... qui rendent le mieux compte de la statistique des
débits de crue (sous les climats tempérés, ce sont généralement les lois de Gumbel, Galton ou
Pearson III).
Le choix d’une technique dépend alors essentiellement des moyens de calcul dont on
dispose et de la taille de l’échantillon.

6.4 Protection des ouvrages - choix de la fréquence de la


crue de projet et de la crue de chantier
On appelle crue de projet, la crue maximale que l’ouvrage est capable d’évacuer sans
dommage grave. En général, on se fixe la fréquence (ou période de retour) de la crue du projet
puis on évalue le débit de crue (ou l’hydrogramme) à l’entrée dans l’ouvrage ; enfin, on étudie
l’éventuel laminage de la crue à la traversée de l’ouvrage afin de déterminer les capacités
d’évacuation nécessaires au transit de la crue : c’est le débit de la crue évacué par le déversoir
qui intéresse le calcul de l’évacuateur. La crue de chantier quant à elle, est celle pour laquelle
on calcule les ouvrages de protection du chantier. En général, la période de retour de cette
crue est beaucoup plus faible (de l’ordre de quelques années) que pour la crue de projet (de
l’ordre de quelques milliers d’années).

6.4.1 Crue de projet


Le choix de la fréquence de la crue de projet est très important ; en effet, il influe directement
sur le débit à évacuer donc sur la taille de l’évacuateur. Le coût de l’évacuateur de crue
représente une part non négligeable du coût total d’un barrage ; en augmentant la période de
retour, on augmente donc le coût total de l’ouvrage. Par contre, l’augmentation de la période
de retour de la crue de projet diminue le risque de voir arriver des dommages à l’ouvrage au
cours de sa durée de vie. Le choix de la période de retour peut donc s’aborder par le biais de la
comparaison du coût en regard du risque. Les risques de rupture ne sont pas négligeables et
dans 30 % des cas de rupture, elle a été provoquée par des crues.

Ouvrages présentant un risque pour les populations en cas de rupture

C’est le cas des grands barrages (on range sous ce vocable les barrages de plus de 20 m de
haut ou de plus de 15 millions de mètres-cube de retenue), ou des petits barrages lorsque la

85
propagation de l’ordre de rupture risque de provoquer des pertes en vie humaine. Dans ces cas,
une étude plus ou moins économique du coût de l’ouvrage par rapport au coût des dommages
n’est pas philosophiquement envisageable car elle ne pourrait se faire qu’en attribuant un
certain "prix" aux vies humaines. En conséquence, on adopte pour fréquence de la crue de
projet, une valeur telle que les risques de rupture du fait des crues deviennent nuls ou tout au
moins négligeables. En général, les périodes de retour retenues sont de l’ordre de 10.000 ans.

Ouvrages ne menaçant pas la sécurité publique

On peut alors mettre en œuvre un calcul économique. En effet, le prix de l’évacuateur


de crue peut être considéré comme une prime d’assurance contre les dégâts provoqués par
une crue. Il suffit alors d’étudier la rentabilité maximum en fonction du coût de l’ouvrage par
rapport au coût des dégâts et à leur fréquence.
Cette étude économique dépend à chaque fois du cas de figure mais quelques simplifications
permettent de généraliser les résultats d’une étude synthétique menée par le Centre Technique
du Génie Rural des Eaux et des Forêts.
Les aspects essentiels de cette étude sont :

• si une crue a un débit maximal Q inférieur au débit x, il se produit des dommages dont
le montant est évalué à R francs. Ce coût représente le montant des dégâts subis par
le barrage et les dégâts en aval de l’ouvrage. On admettra que R est indépendant de Q
(dans la mesure où Q > x) donc de la fréquence de la crue ayant provoqué les dégâts.
Le principe est donc de minimiser la somme de deux coûts qui varient en sens inverse en
fonction de la période de retour T du débit x pour lequel est dimensionné l’évacuateur :

• coût de l’ouvrage,

• espérance mathématique du coût des dommages éventuels.

Soit C le coût de l’ouvrage à l’année 0, T la période de retour de la crue de débit x et α le


taux d’actualisation ; l’investissement à l’année 0 sera C. Chaque année, la probabilité pour
avoir Q > x est sensiblement 1/T. Pour la ième année, s’il y a rupture, le coût des dégâts sera :
R
(1+a)i
(coût actualisé à l’année 0).
Le coût C de l’ouvrage dépend du débit x de l’évacuateur, donc de T. Il est donc logique de
décomposer le coût C en une partie D représentant le coût de la digue seule (indépendant de
T) et une partie E, coût de l’évacuateur de crue en fonction de T : C = D + E.
Appelons :

• h la hauteur maximale de charge sur le déversoir

• H + h la hauteur totale de la digue

• a le gradex des débits (en général, les débits sont gumbeliens surtout pour T grand).

86
On admet alors les hypothèses simplificatrices suivantes :

• la modification de x se fait en modifiant h ;

• le coût D de la digue est proportionnel à (H + h)2 (donc à son volume) ;

• le coût E de l’évacuateur est proportionnel à (H + h) ∞ h ;

• les débits suivent une loi de Gumbel telle que : Q = Cte + alogT ;

• la loi de débit x du réservoir est du type : x = Cte∞h3/2 . Soit Q le débit maximum


entrant dans la retenue et x le débit laminé qui en sort ; la relation entre Q et x est du
type :
Q
x= (l = Cste) (6.6)
1 + lQ−0.44

6.4.2 Crue de chantier


Pour des chantiers devant durer plusieurs années, le problème est analogue au précédent.
Il n’en diffère que par le fait qu’il n’y a pas d’amortissement de la crue. Dans ce cas, il n’y a
généralement pas de risque pour la sécurité des personnes et le coût des dégâts au chantier est
relativement faible devant le coût des ouvrages de dérivation ; aussi prend-on généralement
des périodes de retour assez faibles, de l’ordre d’une dizaine d’années.
Dans le cas de chantier de moindre durée, il est possible de limiter la période des travaux à
un certain nombre de mois où les risques d’apparition de crues sont plus faibles. Le même calcul
économique pourra être établi mais on n’introduira que la statistique des crues saisonnières
de la période considérée.

87
Chapitre 7

Infiltration et écoulements

7.1 Introduction
Les écoulements représentent une partie essentielle du cycle hydrologique. On a déjà
vu que l’eau précipitée sur un bassin versant va se répartir en eau interceptée, évaporée,
infiltrée et écoulée. La quantité d’eau collectée puis transportée par la rivière résultera des
précipitations directes à la surface même du cours d’eau et des écoulements de surface et
souterrain parvenant à son exutoire. La proportion entre ces deux types d’écoulements est
définie par la quantité d’eau infiltrée dans le sol.

7.2 L’infiltration
L’estimation de l’importance du processus d’infiltration permet de déterminer quelle
fraction de la pluie va participer à l’écoulement de surface, et quelle fraction va alimenter les
écoulements souterrains et donc aussi participer à la recharge des nappes souterraines.

7.2.1 Définitions et paramètres descriptifs de l’infiltration


L’infiltration qualifie le transfert de l’eau à travers les couches superficielles du sol, lorsque
celui-ci reçoit une averse ou s’il est exposé à une submersion. L’eau d’infiltration remplit en
premier lieu les interstices du sol en surface et pénètre par la suite dans le sol sous l’action de
la gravité et des forces de succion. L’infiltration influence de nombreux aspects de l’hydrologie,
du génie rural ou de l’hydrogéologie. Afin d’appréhender le processus d’infiltration, on peut
définir :

• Le régime d’infiltration i(t), nommé aussi taux d’infiltration, qui désigne le flux d’eau
pénétrant dans le sol en surface. Il est généralement exprimé en mm/h. Le régime
d’infiltration dépend avant tout du régime d’alimentation (irrigation, pluie), de l’état
d’humidité et des propriétés du sol ;

88
• L’infiltration cumulative, notée I(t), est le volume total d’eau infiltrée pendant une
période donnée. Elle est égale à l’intégrale dans le temps du régime d’infiltration.
Z t
I(t) = i(t)dt (7.1)
t=t0

Avec :

1. I(t) : infiltration cumulative au temps t [mm] ;


2. i (t) : régime ou taux d’infiltration au temps t [mm/h].

La conductivité hydraulique à saturation Ks est un paramètre essentiel de l’infiltration. Il


représente la valeur limite du taux d’infiltration si le sol est saturé et homogène. Ce paramètre
entre dans de nombreuses équations pour le calcul de l’infiltration.
La capacité d’infiltration ou capacité d’absorption (ou encore infiltrabilité) repré-
sente le flux d’eau maximal que le sol est capable d’absorber à travers sa surface, lorsqu’il
reçoit une pluie efficace ou s’il est recouvert d’eau. Elle dépend, par le biais de la conductivité
hydraulique, de la texture et de la structure du sol, mais également des conditions aux limites,
c’est à dire, la teneur en eau initiale du profil et la teneur en eau imposée en surface.
La percolation désigne l’écoulement plutôt vertical de l’eau dans le sol (milieu poreux non
saturé) en direction de la nappe phréatique, sous la seule influence de la gravité. Ce processus
suit l’infiltration et conditionne directement l’alimentation en eau des nappes souterraines.
La pluie nette représente la quantité de pluie qui ruisselle strictement sur la surface du
terrain lors d’une averse. La pluie nette est déduite de la pluie totale, diminuée des fractions
interceptées par la végétation et stockée dans les dépressions du terrain. La séparation entre
la pluie infiltrée et la pluie écoulé en surface s’appelle fonction de production. Ce concept est
développé dans le chapitre 11 « la réponse hydrologique ».

7.2.2 Facteurs influençant l’infiltration


L’infiltration est conditionnée par les principaux facteurs ci-dessous :

• Le type de sol (structure, texture, porosité) - Les caractéristiques de la matrice du sol


influencent les forces de capillarité et d’adsorption dont résultent les forces de succion,
qui elles-mêmes, régissent en partie l’infiltration ;

• La compaction de la surface du sol due à l’impact des gouttes de pluie (battance) ou à


d’autres effets (thermiques et anthropiques) - L’utilisation de lourdes machines agricoles
dans les champs peut par exemple avoir pour conséquence la dégradation de la structure
de la couche de surface du sol et la formation d’une croûte dense et imperméable à
une certaine profondeur (sensible au labour). La figure 5.3 montre à titre d’exemple les
différentes évolutions du régime d’infiltration au cours du temps selon le type de sol ;

89
• La couverture du sol - La végétation influence positivement l’infiltration en ralentissant
l’écoulement de l’eau à la surface, lui donnant ainsi plus de temps pour pénétrer dans le
sol. D’autre part, le système radiculaire améliore la perméabilité du sol. Enfin, le feuillage
protège le sol de l’impact de la pluie et diminue par voie de conséquence le phénomène
de battance ;

• La topographie et la morphologie - La pente par exemple agit à l’opposé de la végétation.


En effet, une forte pente favorise les écoulements au dépend de l’infiltration ;

• Le débit d’alimentation (intensité de la précipitation, débit d’irrigation) ;

• La teneur en eau initiale du sol (conditions antécédentes d’humidité) - L’humidité du


sol est un facteur essentiel du régime d’infiltration, car les forces de succion sont aussi
fonction du taux d’humidité du sol. Le régime d’infiltration au cours du temps évo-
lue différemment selon que le sol est initialement sec ou humide. L’humidité d’un sol
est généralement appréhender en étudiant les précipitations tombées au cours d’une
certaine période précédant un événement pluvieux. Les Indices de Précipitations Anté-
cédentes(IPA) sont souvent utilisés pour caractériser les conditions d’humidité antécé-
dentes à une pluie ;

• Finalement, les facteurs les plus influents, pour une même topographie, sont le type de
sol, sa couverture et son taux initial d’humidité.

7.2.3 Variation du taux d’infiltration au cours d’une averse


La variabilité spatiale et temporelle de la teneur en eau dans le sol est décrite par des profils
d’infiltration, ou plus généralement profils hydriques, successifs, représentant la distribution
verticale des teneurs en eau dans le sol, à différents instants donnés. Dans un sol homogène
et lorsque la surface du sol est submergée, le profil hydrique du sol présente : une zone de
saturation, située immédiatement sous la surface du sol ; une zone proche de la saturation
appelée zone de transmission, qui présente une teneur en eau proche de la saturation et en
apparence uniforme ; et finalement une zone d’humidification qui se caractérise par une teneur
en eau fortement décroissante avec la profondeur selon un fort gradient d’humidité appelé
front d’humidification qui délimite le sol humide du sol sec sous-jacent.
Finalement la pluie qui arrive à la surface du sol y pénètre assez régulièrement selon un
front d’humectation qui progresse en fonction des apports, selon le jeu des forces de gravité et
de succion.
Au cours d’une averse, la capacité d’infiltration du sol décroît d’une valeur initiale jusqu’à
une valeur limite qui exprime le potentiel d’infiltration à saturation. En fait, elle diminue très
rapidement au début de l’infiltration mais par la suite, la décroissance est plus progressive
et tend en règle générale vers un régime constant, proche de la valeur de la conductivité

90
hydraulique à saturation. Cette décroissance, due essentiellement à la diminution du gradient
de pression, peut être renforcée entre autre par le colmatage partiel des pores et la formation
d’une croûte superficielle suite à la dégradation de la structure du sol provoquant la migration
de particules.
Si l’on compare l’intensité de la pluie et la capacité d’infiltration d’un sol, il existe deux
possibilités :
Tant que l’intensité de la pluie est inférieure à la capacité d’infiltration, l’eau s’infiltre
aussi vite qu’elle est fournie. Le régime d’infiltration est dans ce cas déterminé par le régime
d’alimentation. C’est le cas au début du processus. Le temps nécessaire pour égaler la capacité
d’infiltration est variable. Il dépend principalement des conditions antécédentes d’humidité
du sol et de l’averse. Le temps requis est d’autant plus long que le sol est sec et que le régime
d’alimentation est voisin de la conductivité hydraulique à saturation Ks.
Lorsque l’intensité des précipitations est supérieure à la capacité d’infiltration du sol,
l’excédent d’eau s’accumule en surface ou dans les dépressions formant des flaques, ou bien
encore s’écoule en suivant les dénivelés topographiques. Dans ce cas, on a atteint le temps
de submersion et l’on parle d’infiltration à capacité (le régime d’infiltration est limité par
la capacité d’infiltration du sol). Comme la détermination du seuil de submersion définit le
début de l’écoulement superficiel (principe de Horton), on peut alors déduire la lame ruisselée
provoquée par une averse (volume du ruissellement divisé par la surface du bassin versant).
Celle-ci correspond à la pluie nette.

7.2.4 Modélisation du processus d’infiltration


Parmi les nombreux modèles existants, on peut retenir deux grandes approches, à savoir :

• une approche basée sur des relations empiriques, à 2, 3 ou 4 paramètres ;

• une approche à base physique.

Relations empiriques

Les relations empiriques expriment une décroissance de l’infiltration en fonction du temps


à partir d’une valeur initiale (soit exponentiellement, soit comme une fonction quadratique du
temps) qui tend vers une valeur limite, en général Ks mais pouvant être proche de zéro. Citons
à titre d’exemple deux formules empiriques :
La formule de Horton - La capacité d’infiltration s’exprime comme suit :

i(t) = if + (io − if ) × e−rt (3paramètres) (7.2)

Avec :

1. i(t) : capacité d’infiltration au temps t [mm/h] ;

91
2. io :capacité d’infiltration respectivement initiale dépendant surtout du type de sol
[mm/h] ;

3. if : capacité d’infiltration finale [mm/h] ;

4. t : temps écoulé depuis le début de l’averse [h] ;

5. g : constante empirique, fonction de la nature du sol [min-1].

L’utilisation de ce type d’équation, quoique répandue, reste limitée, car la détermination


des paramètres, i0, if, et g présente certaines difficultés pratiques.
La formule de l’Institut d’Aménagement des Terres et des Eaux de l’EPFL - La relation est
légèrement différente de celle de Horton (seulement deux paramètres). Elle est du type :

i(t) = if + a × e−bt (7.3)

Avec :

1. i(t) : capacité d’infiltration au temps t [mm/h] ;

2. if : capacité d’infiltration finale [mm/h],

3. a et b : coefficients d’ajustement.

Cette relation a l’avantage de permettre la recherche de relations fonctionnelles, d’une


part entre la capacité limite (ou finale) d’infiltration et la texture du sol, d’autre part entre le
paramètre a et l’humidité volumique. On lève ainsi l’indétermination sur certains paramètres
par l’intervention de caractéristiques objectives.
D’autres formules peuvent être utilisées pour déterminer le régime d’infiltration de l’eau
du sol. Elles font toutes appel à des coefficients empiriques à évaluer en fonction du type de
sol rencontré.

Modèles à base physique

Ces modèles décrivent d’une manière simplifiée le mouvement de l’eau dans le sol, en
particulier au niveau du front d’humidification et en fonction de certains paramètres physiques.
Parmi les modèles présentés dans le tableau 5.1, les deux modèles suivants sont les plus connus :
Le modèle de Philip - Philip a proposé une méthode de résolution de l’équation de l’infil-
tration verticale pour certaines conditions initiales et limites (tableau 5.1). Ce modèle introduit
la notion de sorptivité qui représente la capacité d’un sol à absorber l’eau lorsque l’écoulement
se produit uniquement sous l’action du gradient de pression. La sorptivité est définie par la
lame infiltrée I en écoulement horizontal. Elle dépend des conditions initiales et des conditions
aux limites du système. Elle est fonction des teneurs en eau initiale du sol qi et imposée en
surface q0.

92
Le modèle de Green et Ampt - Un autre modèle tout aussi connu que le précédent est celui
de Green et Ampt. Ce modèle repose sur des hypothèses simplificatrices qui impliquent une
schématisation du processus d’infiltration.
Il est basé sur la loi de Darcy et inclut les paramètres hydrodynamiques du sol tels que les
charges hydrauliques totales, au niveau du front d’humidification (Hf est la somme de la
hauteur d’eau infiltrée depuis le début de l’alimentation - Zf - et de la charge de pression au
front d’humidification - hf ) et en surface (H0 = ho = charge de pression en surface).Une des
hypothèses du modèle de Green et Ampt stipule que la teneur en eau de la zone de transmission
est uniforme. L’infiltration cumulative I(t) résulte alors du produit de la variation de teneur
en eau et de la profondeur du front d’humidification. Ce modèle s’avère satisfaisant dans le
cas de son application à un sol dont la texture est grossière. Cette méthode reste cependant
empirique puisqu’elle nécessite la détermination expérimentale de la valeur de la charge de
pression au front d’humidification.

7.2.5 Mesurage de l’infiltration


L’analyse des hydrogrammes des bassins versants de très petite taille ou des parcelles
permet d’estimer la capacité d’infiltration. La capacité d’infiltration correspond à la différence
entre la précipitation et le ruissellement. Pour les bassins de grande taille, seule la capacité
moyenne d’infiltration peut être estimée.
Les mesures d’infiltration in situ visent à connaitre le flux vertical de l’eau en régime
constant (q) d’un sol soumis à une lame d’eau ou d’une pluie artificielle. Par celles réalisées au
laboratoire, on détermine généralement la conductivité hydraulique en milieu saturé Ks .
Dans les tests de terrain classiques, le gradient de charge hydraulique (i) n’est pas déterminé.
Très généralement on considère sa valeur égale à 1 . Cependant, cette condition n’est remplie
que si on a affaire à un sol de profil de porosité homogène ou si le niveau commandant le
transfert se trouve à quelques dizaines de centimètres de la surface ou en profondeur.
Elles se différencient dans leur exécution essentiellement par :

• le nombre d’anneaux employés (technique à simple anneau, ou à double ;

• le maintien d’une lame d’eau d’épaisseur constante ou pas pendant la anneaux) : mesure
(technique à charge constante ou à charge décroissante aussi appelée "méthode à charge
variable") : la mesure ;

• la surface occupée par l’anneau central ou unique sur lequel se fait la mesure.

La technique à un seul anneau est affectée d’un biais dû aux flux latéraux. Dans celle à
charge décroissante, q peut être fonction de la hauteur de d’eau si l’infiltration est régie par la
surface du sol.
La technique à double anneaux et à charge constante, est donc à préconiser.

93
Pour que le résultat soit représentatif de l’unité à laquelle il se rapporte, il faut que la ou les
mesures prenant en compte l’ensemble de l’hétérogénéité spatiale de la porosité existante. La
surface de mesure (SM) doit par conséquent être au moins égal à celle qui peut être considérée
représentative de la porosité. La technique préconisée a l’inconvénient d’être plus laborieuse
et d’exiger un matériel plus sophistiqué que pour les mesures faites à charge variable avec
double anneaux ou simple anneau.
La première de ces deux techniques, à priori non appropriées, peut néanmoins être em-
ployée, sans risque de biais, si on a à faire à des sols de profil de porosité homogène ou si le
niveau se trouve à plusieurs dizaines de cm de la surface ou en profondeur.
Dans la pratique, on utilise fréquemment le lysimètre (figure 7.1).

Figure 7.1 – Schéma d’un lysimètre

7.3 Les écoulements


7.3.1 Généralités
De par la diversité de ses formes, on ne peut plus aujourd’hui parler d’un seul type
d’écoulement mais bien des écoulements. On distingue dans un premier temps deux grands
types d’écoulements, à savoir : les écoulements « rapides » et par opposition, les écoulements
souterrains qualifiés de « lents » qui représentent la part infiltrée de l’eau de pluie transitant

94
lentement dans les nappes vers les exutoires. Les écoulements qui gagnent rapidement les
exutoires pour constituer les crues se subdivisent en écoulement de surface et écoulement de
subsurface :

1. L’écoulement de surface ou ruissellement est constitué par la frange d’eau qui, après
une averse, s’écoule plus ou moins librement à la surface des sols. L’importance de
l’écoulement superficiel dépend de l’intensité des précipitations et de leur capacité
à saturer rapidement les premiers centimètres du sol, avant que l’infiltration et la
percolation, phénomènes plus lents, soient prépondérants ;

2. L’écoulement de subsurface ou écoulement hypodermique comprend la contribution


des horizons de surface partiellement ou totalement saturés en eau ou celle des nappes
perchées temporairement au-dessus des horizons argileux. Ces éléments de subsurface
ont une capacité de vidange plus lente que l’écoulement superficiel, mais plus rapide
que l’écoulement différé des nappes profondes.

Ces processus qui se produisent à des vitesses très différentes, mobilisent des eaux d’âge,
d’origine et de cheminement très distincts, et permettent d’expliquer la plupart des comporte-
ments hydrologiques rencontrés sur les bassins versants, depuis les crues de « ruissellement
pur » jusqu’aux crues où la contribution à l’écoulement final est essentiellement hypodermique
ou phréatique.
Les éléments les plus importants dans la génération des crues sont finalement les écou-
lements de surface et de subsurface et les précipitations directes à la surface du cours d’eau,
l’écoulement souterrain n’entrant que pour une faible part dans la composition du débit de
crue.
Fig. 5.10 - Découpage de différentes phase d’un hydrogramme de crue.
Rappelons que l’écoulement de surface ne peut pas être mesuré directement sur un versant,
sauf dans le cas de très petites parcelles expérimentales équipées à cet effet. Généralement, on
mesure indirectement cette composante des écoulements par l’évaluation des débits dans le
réseau hydrographique.

7.3.2 L’écoulement de surface


Après interception éventuelle par la végétation, il y a partage de la pluie disponible au
niveau de la surface du sol :
en eau qui s’infiltre et qui contribue, par un écoulement plus lent à travers les couches
de sol, à la recharge de la nappe et au débit de base, et en ruissellement de surface dès que
l’intensité des pluies dépasse la capacité d’infiltration du sol (elle-même variable, entre autre
selon l’humidité du sol). Cet écoulement de surface, où l’excès d’eau s’écoule par gravité le
long des pentes, forme l’essentiel de l’écoulement rapide de crue.

95
L’écoulement par dépassement de la capacité d’infiltration du sol (écoulement Hortonien)
est considéré comme pertinent pour expliquer la réponse hydrologique des bassins en climats
semi-arides ainsi que lors de conditions de fortes intensités pluviométriques. Il est générale-
ment admis que même des sols naturels présentant une conductivité hydraulique élevée en
climats tempérés et humides peuvent avoir une capacité d’infiltration inférieure aux intensités
maximales des précipitations enregistrées.
Cependant des crues sont fréquemment observées pour des pluies d’intensité inférieure à
la capacité d’infiltration des sols. Dans ce cas, d’autres processus tel que l’écoulement sur des
surfaces saturées en eau, permettent d’expliquer la formation des écoulements. Des zones de
sol peuvent être saturées soit par contribution de l’eau de subsurface restituée par exfiltration
(d’une nappe perchée par exemple), soit par contribution directe des précipitations tombant
sur ces surfaces saturées.
Il existe ainsi deux modes principaux d’écoulement de surface qui peuvent se combiner :

• l’écoulement par dépassement de la capacité d’infiltration (écoulement hortonien) ;

• l’écoulement sur surfaces saturées.

7.3.3 L’écoulement de subsurface


Une partie des précipitations infiltrée chemine quasi horizontalement dans les couches
supérieures du sol pour réapparaître à l’air libre, à la rencontre d’un chenal d’écoulement.
Cette eau qui peut contribuer rapidement au gonflement de la crue est désignée sous le
terme d’écoulement de subsurface (aussi appelé, dans le passé, écoulement hypodermique ou
retardé). L’importance de la fraction du débit total qui emprunte la voie subsuperficielle dépend
essentiellement de la structure du sol. La présence d’une couche relativement imperméable
à faible profondeur favorise ce genre d’écoulement. Les caractéristiques du sol déterminent
l’importance de l’écoulement hypodermique qui peut être important. Cet écoulement tend à
ralentir le cheminement de l’eau et à allonger la durée de l’hydrogramme.

7.3.4 L’écoulement souterrain


Lorsque la zone d’aération du sol contient une humidité suffisante pour permettre la
percolation profonde de l’eau, une fraction des précipitations atteint la nappe phréatique.
L’importance de cet apport dépend de la structure et de la géologie du sous-sol ainsi que du
volume d’eau précipité. L’eau va transiter à travers l’aquifère à une vitesse de quelques mètres
par jour à quelques millimètres par an avant de rejoindre le cours d’eau. Cet écoulement, en
provenance de la nappe phréatique, est appelé écoulement de base ou écoulement souterrain.
A cause des faibles vitesses de l’eau dans le sous-sol, l’écoulement de base n’intervient que
pour une faible part dans l’écoulement de crue. De plus, il ne peut pas être toujours relié au

96
même événement pluvieux que l’écoulement de surface et provient généralement des pluies
antécédentes. L’écoulement de base assure en générale le débit des rivières en l’absence de
précipitations et soutient les débits d’étiage (l’écoulement souterrain des régions karstiques
fait exception à cette règle).

7.3.5 Écoulement dû à la fonte des neiges


L’écoulement par fonte de neige ou de glace domine en règle générale l’hydrologie des
régions de montagne ainsi que celles des glaciers ou celles des climats tempérés froids. Le
processus de fonte des neiges provoque la remontée des nappes ainsi que la saturation du sol.
Selon les cas, il peut contribuer de manière significative à l’écoulement des eaux de surface.
Une crue provoquée par la fonte des neiges dépendra : de l’équivalent en eau de la couverture
neigeuse ; du taux et du régime de fonte et finalement des caractéristiques de la neige.

7.3.6 Bilan annuel des écoulements


L’écoulement total Et représente la quantité d’eau qui s’écoule chaque année à l’exutoire
d’un bassin versant considéré. L’écoulement est la somme des différents termes : écoulement
superficiel Es, écoulement hypodermique Eh et écoulement de base (ou écoulement souterrain)
Eb qui résulte de la vidange des nappes.
Le bilan hydrologique d’un bassin versant est également caractérisé par trois coefficients
essentiels :

• le coefficient d’écoulement total Cet, défini par le rapport entre les quantités d’eau
écoulées et les quantités d’eau précipitées P ;

• le coefficient d’écoulement de surface Ces, obtenu en calculant le rapport entre les


quantités d’eau écoulées rapidement et les quantités d’eau précipitées ;

• le coefficient de ruissellement Cr est défini par le rapport entre la quantité d’eau ruisselée
(i.e. écoulée) à la surface du sol et celles des précipitations.

Pour de fortes précipitations, Es » Eh. Par ailleurs, il n’est pas toujours évident de distinguer
quantitativement sur le terrain Es et Eh. Par conséquent on adopte souvent Cr » Ces. Cr varie
en général entre 0 et 1 (voir chapitre 2) mais peut être supérieur à 1 dans le cas où des
échanges entre bassins, via le système géologique, sont supposés exister (exemple des milieux
karstiques).

7.3.7 Introduction au transport solide (dans les cours d’eau)


Les écoulements de surface transportent avec eux les produits de la désagrégations des
roches des régions hautes vers les zones basses et en définitive vers la mer. Cette section

97
est une introduction brève aux problématiques du transport solide dont l’étude est devenue
essentielle dans de nombreux domaines, de l’étude des processus d’érosion et de sédimentation
(dans les retenues par exemple) aux études sur la pollution des cours d’eau.

Transport solides dans les cours d’eau

Le transport solide est par définition la quantité de sédiment (ou débit solide) transportée
par un cours d’eau. Ce phénomène est limité par la quantité de matériaux susceptible d’être
transportée (c’est à dire la fourniture sédimentaire). Il est principalement réglé par deux
propriétés du cours d’eau :

• Sa compétence - Elle est mesurée par le diamètre maximum des débris rocheux que peut
transporter le cours d’eau. Cette caractéristique est essentiellement fonction de la vitesse
de l’eau. Les variations de la compétence en fonction de la vitesse et la granulométrie
du substrat ont été étudiées par Hjulstrom ;

• Sa capacité - C’est la quantité maximale de matériaux solides que peut transporter en


un point et à un instant donné le cours d’eau. La capacité est fonction de la vitesse de
l’eau, du débit et des caractéristiques de la section (forme, rugosité, etc.).

Ces deux propriétés du cours d’eau ne sont pas directement liées. Ainsi dans un fleuve, la
compétence décroît vers l’aval, ce qui n’est pas le cas de la capacité.Le transport des sédiments
par les cours d’eau est donc déterminé par les caractéristiques des particules (taille, forme,
concentration, vitesse de chutes et densité des particules). Ce qui permet de distinguer :

• la charge en suspension (suspended load), constituée de matériaux dont la taille


et la densité leur permettent, dans des conditions d’écoulement déterminées, de se
déplacer sans toucher le fond du lit. Le transport en suspension est en général constitué
de matériaux fins, argiles et colloïdes et quelquefois de silts. C’est souvent la seule
fraction du débit solide qui puisse être aisément mesurée : par rapport à la capacité
de mesures, on peut d’ailleurs distinguer la charge échantillonnée de la charge non
échantillonnée (Fig. 5.12). Dans la très grande partie des cas, la charge en suspension
représente quantitativement un pourcentage très important du transport global ;

• la charge de fond (bed load), formée de matériaux trop gros pour être mis en sus-
pension compte tenu de leur densité et de la vitesse du courant. Ces particules roulent
sur le fond ou se déplacent par saltation. Le transport par saltation correspond à un
déplacement par bonds successifs.

Notions de transport spécifique et érosion mécanique sur un bassin versant

Les notions d’érosion mécanique sur un bassin versant (ou prédictions des pertes en sols) et
de transport spécifique dans les fleuves (flux annuel de MES rapporté à la superficie du bassin

98
versant ) regroupent deux processus différents. Ces deux notions permettent de distinguer
d’une part les processus de détachement et de transport de matériaux du sol avant leur entrée
dans le système "rivière" et d’autre part leur transport dans la rivière elle même. Pour le
premier point, on peut parler des agents de l’érosion qui sont principalement les pluies, les
ruissellements qui en découlent et le vent, ainsi que des facteurs qui vont conditionner les
quantités de particules arrachées : caractéristiques des pluies, des sols, de la végétation, de la
topographie et enfin les activités humaines. Les taux de particules transportées vont à leur
tour être régis par de nombreux facteurs dont la vitesse de l’eau, les caractéristiques du lit,
la granulométrie des particules... Le matériel particulaire ainsi transporté par le cours d’eau
ne reflétera qu’en partie les phénomènes d’érosion sur les versants puisqu’une partie des
sédiments arrachés au bassin pourra se déposer (éventuellement temporairement) entre les
sources d’érosion et l’exutoire du bassin de drainage. D’autre part, l’érosion des berges pourra
contribuer à la charge en suspension mesurée dans le cours d’eau tandis que la présence de
lacs, réservoirs entraînent une sédimentation des particules. Pour ces différentes raisons, il est
donc généralement admis que le transport spécifique de matières particulaires calculé dans les
fleuves ne peut être assimilé à un taux de dénudation mécanique des versants.

Distribution du transport spécifique à travers le monde

Pour l’ensemble du monde, tous continents réunis la quantité totale des sédiments évacués
en suspension est aujourd’hui de 13,505 106 tonnes par an sur une aire de drainage externe
de 88,6 106 kilomètres carrés (contre 148,9 106 km2 pour l’ensemble des continents), ce qui
correspond à une transport spécifique de 152 tonnes par kilomètre carré et par an. Cependant,
la distribution est très variable d’un point à l’autre. Sur les grandes îles du Pacifique (Indonésie),
le transport spécifique est près de six fois supérieure à la moyenne globale (1 000 t . km-2 an-1).
En Asie du Sud-Est, l’érosion mécanique des régions himalayennes est également très forte
(380 t . km-2 an-1 pour l’ensemble du continent). L’Europe (50 t . km-2 . an-1), l’Afrique (35 t
. km-2 . an-1), l’Australie (28 t . km-2 an-1) ne contribuent que pour une faible part (6%) au
bilan global.

99
7.4 Questions et Exercices
Question 14. Qu’appelle t-on fonctions d’infiltration ? Qu’est ce qu’un profil hydrique et quelles
en sont les principales caractéristiques ?

Question 15. Que représente la pluie nette ? La capacité d’infiltration est-elle dépendante de
l’indice des précipitations antérieures ?

Question 16. Comment peut-on calculer l’apport en eau par infiltration dans un sol durant une
certaine période ?

Question 17. L’écoulement de surface et le ruissellement représentent-ils le même processus ?


Quelle est l’origine des matériaux granulaires transportés par les cours d’eau ?

Exercice 43. Vrai - Faux


L’eau du sol qui ne représente que 0,064% de l’eau douce totale joue un rôle cependant
essentiel pour les plantes.
Les termes d’infiltration et de perméabilité désignent le même flux d’eau, à savoir le flux
d’eau que peut transmettre un sol.
En hydrologie de surface le concept d’infiltration s’intéresse surtout aux flux de toute origine
(précipitations, écoulement superficiel) pénétrant dans le sol.
L’eau dans un sol non saturé n’est soumise qu’aux forces de gravité.
Le phénomène de percolation correspond à l’écoulement de l’eau dans le sol non saturé, sous
l’effet de la gravité et des forces de capillarité.
Au sens actif, phénoménologique, l’infiltration concerne le passage de l’eau à travers la
surface du sol mais aussi son déplacement en milieu non saturé.

Exercice 44. La capacité d’infiltration d’un sol...


 est aussi dénommée l’infiltrabilité du sol.
 est la quantité maximum d’eau que le sol peut absorber dans un intervalle de temps déterminé
à travers sa surface maintenue avec de l’eau à la pression atmosphérique.
 est la dérivée par rapport au temps de l’infiltration cumulative.
 dépend de la conductivité hydraulique K, ou coefficient de perméabilité du sol mais pas de la
structure et de la texture du sol.
 en écoulement horizontal tend asymptotiquement vers 0 car le terme de gravité est absent.
 en écoulement vertical tend asymptotiquement vers la conductivité hydraulique à saturation.
 varie dans le temps en fonction de l’état de saturation du sol et de la température.

Exercice 45. Compléter les phrases suivantes.


 L’eau s’infiltre aussi vite qu’elle est fournie lorsque l’intensité des précipitations (ou débit
d’irrigation) est inférieur à....... du sol.
 Il y a accumulation d’eau en surface ou ruissellement lorsque du sol est dépassée. On parle

100
alors d’........
 Le moment pour lequel l’intensité des précipitations est égal à du sol se nomme le temps de .

Exercice 46. Parmi les nombreux facteurs suivants lesquels ne régissent pas les parts respectives
du ruissellement et de l’infiltration ?
 Les conditions initiales du sol.
 La couleur de la végétation.
 Les activités humaines.
 La pente.
 L’intensité de la pluviométrie.
 La profondeur du sol.

Exercice 47. La fonction d’infiltration de Horton...


 est un modèle à base empirique.
 est un modèle à base physique.
 prend en compte la complexité du processus d’infiltration.
 prend en compte de manière simplifiée les conditions initiales.
 fait intervenir la conductivité hydraulique à saturation.

Exercice 48. Connaissant les paramètres de la fonction d’infiltration de Horton pour un sol
donné, à savoir : une capacité d’infiltration initiale de 100 mm/h, une capacité d’infiltration finale
de 2 mm/h et une constante empirique de 0,5 h-1.

1. Quelle est la capacité d’infiltration au bout de 1 heure en mm/h ?

2. Au bout de combien de temps la capacité d’infiltration aura plus ou moins atteint atteint sa
valeur limite ?

Exercice 49. Vrai - Faux


La quantité d’eau livrée par la pluie au ruissellement est la pluie nette.
La pluie nette est le volume d’eau qui reste disponible à la surface du sol après soustraction
des pertes par évapotranspiration réelle.
La détermination du seuil de submersion définit le début de l’écoulement superficiel.
Lorsque le seuil de submersion est dépassé il n’y a plus d’infiltration.
La connaissance du taux d’infiltration au cours d’une averse permet de calculer le volume
ruisselé.

Exercice 50. Vrai - Faux


L’écoulement de surface est considéré comme un écoulement rapide car il répond directement
et rapidement aux précipitations.
Ce qui pénètre dans le sol pour alimenter les réservoirs souterrains est appelé la recharge.
La principale et souvent unique composante régulière de l’écoulement total est constituée

101
par l’écoulement de surface.
L’écoulement souterrain est généralement et en pratique identifié au "débit de base" estimé
à partir de l’analyse de l’hydrogramme du cours d’eau.
L’écoulement de subsurface est dit " retardée " car bien que l’eau circule dans les couches
supérieures du sol à une vitesse supérieure à la vitesse normale de l’écoulement souterrain, elle
arrive quand même dans le cours d’eau après l’écoulement de surface.
La fonte des neiges ne contribue qu’à l’écoulement de surface.
L’écoulement souterrain est considéré comme un écoulement lent.

Exercice 51. Dans le cas simple d’une averse uniforme dans le temps et l’espace, quel est
l’écoulement proportionnellement le plus important lors du pic de crue ?
 Écoulement de subsurface.
 Écoulement de surface.
 Écoulement souterrain.
 Précipitations directes à la surface du cours d’eau.

Exercice 52. Vrai - Faux


Les matériaux granulaires transportés par les cours d’eau proviennent uniquement du fond
ou des berges du lit mineur.
La compétence de transport solide est le débit solide maximal qui peut être assuré par un
chenal dans des conditions d’écoulement données.
Pour une vitesse donnée, il y a simultanément transport par charriage des matériaux les
plus lourds et transport en suspension des matériaux plus légers.
La capacité d’un cours d’eau est fonction de la vitesse de l’eau, du débit et des caractéristiques
de la section (forme, rugosité, etc.).
Un matériel sédimentaire de 1 micron transporté à 10 cm/seconde se déposera au fond du
lit de la rivière.
Un matériel sédimentaire de 0.1 mm peut être érodé puis transporté si le courant atteint
100 cm/s.

102
Deuxième partie

Drainage

103
Troisième partie

Navigabilité

104
Quatrième partie

Érosion et Sédimentation

105
Bibliographie

[1] J. BALEK, G.P. JONES et E. SKOFTELAND : Notes de cours de formation pour techniciens
en hydrologie. UNESCO, Paris, 1989. 160p.

[2] D. CASTANY : Principes et méthodes de l’hydrogéologie. Dunod, Paris, 1967.

[3] D. CASTANY : Traité pratique des eaux souterraines. Dunod, Paris, 1967.

[4] G. CASTANY : Courbe de tarissement et calcul des réserves régulatrices. Ass Berkeley
Assoc. Int. Hydrol Scient, 63(319), 1964.

[5] CAUVIN : Notion d’hydraulique. Eyrolles, Paris, 1964.

[6] CHOW et T. VEN : Handbook of applied hydrology. McGraw–Hill, New York., 1964.

[7] J. DE-BENEDITTIS : Mesurage de l’infiltration et de l’exfiltration dans les réseaux


d’assainissement. thèse, Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, Lyon, Avril
2004.

[8] G. DE-MARSILY : Hydrogéologie quantitative. Masson, Paris, 1981.

[9] P. DUBREUIL : Initiation à l’analyse hydrologique. Masson, Paris, 1974.

[10] C. GUYOT : L’Hydrologie. Presses universitaires de France, Paris, 1974.

[11] J.P. LABORDE : Eléments d’hydrologie de surface. Université Nice Sophia Antipolis,
France, 2009. 202p.

[12] A. MUSY : Cours d’hydrologie générale. Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL),


Institut des Sciences et Technologies de l’Environnement (ISTE), Fevrier 2005.

[13] A. MUSY et C. HIGY : Hydrologie appliquée. Mc Graw –Hill, 1998.

[14] REMENIERAS : L’hydrologie de l’ingénieur. Eyrolles, Paris, 1980.

[15] M. ROCHE : Hydrologie de surface. Gauthier-villay, Paris, 1965.

[16] SCHULZ : Problems in applied Hydrology. Collins, Colorado, 1973.

106
Table des matières

I Analyse Hydrologique 1

1 Cycle Hydrologique 2
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Composantes du cycle hydrologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3.1 Précipitations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3.2 L’évaporation/l’évapotranspiration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3.3 L’interception et le stockage dans les dépressions . . . . . . . . . . . . 4
1.3.4 L’infiltration et la percolation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3.5 Les écoulements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Stocks, flux et inertie de système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4.1 Volumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4.2 Flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4.3 Inertie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.5 Cycle de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2 Bassin versant 10
2.1 Notion de bassin versant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.1 Bassin versant topographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.1.2 Bassin versant hydrogéologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Modèle Numérique de Terrain (MNT) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2.1 Génération d’un Modèle Numérique de Terrain (MNT) . . . . . . . . . 12
2.2.2 Obtention des paramètres topographiques . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2.3 Génération des cartes topographiques en isovaleurs . . . . . . . . . . . 14
2.3 Caractéristiques morphométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.1 Caractéristiques de la disposition dans le plan . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.2 Indices de pente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.4 Caractéristiques du réseau hydrographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.4.1 Hiérarchisation du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

107
2.4.2 Lois de Horton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4.3 Autres caractéristiques du chevelu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4.4 Profils en long . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.5 Caractéristiques géologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.6 Couvert végétal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.7 Coefficient de ruissellement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.8 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

3 Mesure des précipitations et analyse des données 30


3.1 Mécanismes de formation des précipitations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.2 Types de précipitations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.3 Difficulté de la mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4 Apareillages pluviometriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4.1 Pluviomètres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4.2 Pluviographes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.5 Stations pluviometriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.5.1 Site . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.5.2 Précautions d’installation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.6 Gestion du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.6.1 Fréquence des observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.6.2 Pluie moyenne sur une surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.6.3 Publication des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.7 Notion de temps de retour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.8 Question et Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

4 Mesures liées à l’estimation de l’évaporation et de l’évapotranspiration 42


4.1 Mesure des paramètres physiques conditionnant l’évaporation . . . . . . . . . 42
4.1.1 Mesure des températures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.1.2 Mesure de l’humidité de l’air . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.1.3 Mesure des pressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.1.4 Mesure du rayonnement solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.1.5 Mesure du vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.2 Mesures de l’évaporation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.2.1 Mesures de l’évaporation à partir d’une surface libre . . . . . . . . . . 46
4.2.2 Mesure de l’évaporation à partir de surfaces poreuses : les atmomètres 48
4.3 Mesures et estimation de l’évapotranspiration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.3.1 Notion d’évapotranspiration réelle et potentielle . . . . . . . . . . . . 49
4.3.2 Mesures directes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
4.3.3 Estimation de l’évapotranspiration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

108
4.3.4 Évaluation de l’évapotranspiration réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.4 Questions et Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

5 Hydrométrie 59
5.1 Acquisition des débits en fonction du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.2 Méthodes de jaugéage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.2.1 Réservoirs étalonnés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.2.2 Déversoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.2.3 Jaugeages par dilution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
5.2.4 Jaugeages par exploration du champ des vitesses . . . . . . . . . . . . 64
5.3 Stations de jaugéage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
5.3.1 Seuil ou contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
5.3.2 Limnimétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.3.3 Sections de jaugeage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.3.4 Courbes de tarage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
5.4 Etablissement des hydrogrammes et des annuaires hydrologiques . . . . . . . 73
5.4.1 Digitalisation des courbes de tarage et des limnigrammes . . . . . . . 73
5.4.2 Annuaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.5 Questions et Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

6 Méthodes d’études des crues 78


6.1 Historique et Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
6.2 Méthodes empiriques de prédétermination des crues . . . . . . . . . . . . . . . 79
6.2.1 Intérêts de la recherche historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
6.2.2 Évolution du débit avec la surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
6.2.3 Évolution du débit avec la fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
6.2.4 Différentes méthodes empiriques valables pour l’Afrique . . . . . . . . 81
6.3 Étude statistique des débits de crue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
6.3.1 Constitution de l’échantillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
6.3.2 Choix du type de loi et ajustement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
6.4 Protection des ouvrages - choix de la fréquence de la crue de projet et de la
crue de chantier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
6.4.1 Crue de projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
6.4.2 Crue de chantier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

7 Infiltration et écoulements 88
7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7.2 L’infiltration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7.2.1 Définitions et paramètres descriptifs de l’infiltration . . . . . . . . . . 88

109
7.2.2 Facteurs influençant l’infiltration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
7.2.3 Variation du taux d’infiltration au cours d’une averse . . . . . . . . . . 90
7.2.4 Modélisation du processus d’infiltration . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
7.2.5 Mesurage de l’infiltration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
7.3 Les écoulements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
7.3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
7.3.2 L’écoulement de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
7.3.3 L’écoulement de subsurface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
7.3.4 L’écoulement souterrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
7.3.5 Écoulement dû à la fonte des neiges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
7.3.6 Bilan annuel des écoulements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
7.3.7 Introduction au transport solide (dans les cours d’eau) . . . . . . . . . 97
7.4 Questions et Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

II Drainage 103

III Navigabilité 104

IV Érosion et Sédimentation 105

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