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COMPAORE R.

SERGE RODRIGUE

Mai 2014
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Développement
durable,
réalités
historiques et
réalismes
africains

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Développement durable, réalités historiques et réalismes
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Développement durable, réalités historiques et réalismes


africains

COMAPORE R. SERGE RODRIGUE

Dédicace

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Remerciements

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Préface

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Avant-propos

SOMMAIRE

INTRODUCTION
GENERALE………………………………………………………………………

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A/ CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE………………………………………

B/ CADRE METHODOLOGIQUE………………………………………………

PREMIERE PARTIE : CONTEXTE D’EMERGENCE DU CONCEPT DE


DEVELOPPEMENT DURABLE………………………………………………..

CHAPITRE I : EFFETS PERVERS DU MODELE DE DEVELOPPEMENT


CLASSIQUE……………………………………………………………………..

I/ Le développement économique des pays industrialisés……………………….

1/La mutation industrielle de l’occident………………………………………….

2/Les enjeux environnementaux de la pollution industrielle…………………….

II/ La société de consommation…………………………………………………..

1/ Les fondements de la société de consommation……………………………….

2/La société de gaspillage…………………………………………………………

CHAPITRE II : COMMUNICATION MEDIATIQUE ET SOCIETE DE


CONSOMMATION………………………………………………………………

I/La communication au service d’une consommation de


masse……………………………………………………………………………...

1/Les mécanismes de la publicité et son rôle dans la consommation……………..

2/le rôle des outils de communication W2- 0……………………………………..

II/l’alerte médiatique et la formulation d’un message de


repositionnement……………………………………………………………….....

1/ les media et la conscience populaire………………………………………….

2/ le repositionnement stratégique des médias ou la communication


environnementale…………………………………………………………………

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PARTIE II : REALISMES ET REALITES AFRICAINS DU DEVELOPPEMENT


DURABLE………………………………………………..

CHAPITRE I : PRINCIPES DE BASE DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTRE


REALISME AFRICAIN ET REALITE
HISTORIQUE…………………………………………………………………….

I/ les principes fondateurs du développement durable………………………….

1/ l’aspect environnemental et social……………………………………………

2/l’aspect économique………………………………………………………….

II/l’Afrique devant la réalité historique…………………………………………

1/l’empreinte environnementale des populations africaines……………………

2/le commun accord africains devant le dilemme du développement durable…

CHAPITRE II : ASYMETRIES ENTRE LE DEVELOPPEMENT DURABLE ET LE


D2VELOPPEMENT BASE SUR LES PRATIQUES TRADITIONNELLES
AFRICAINES……………………………………………

I/la gestion de l’environnement en Afrique………………………………………

1/les pratiques culturelles…………………………………………………………

2/la notion de durabilité environnementale chez le paysan……………………..

II/ l’Afrique berceau du développement durable………………………………….

1/le sens du développement dans la vision paysanne…………………………….

2/ des comportements fidèles au développement durable………………………...

CHAPITRE III : LIMITES DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PRATIQUES


ET REALITES SOCIETALES AFRICAINES ACTUELLES…..

I/la nouvelle donne environnementale…………………………………………..

1/ la dégradation des ressources locales………………………………………….

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2/ l’influence de la société de consommation dans les villages africains……….

II/ les limites sociales et économiques……………………………………………

1/ les tares sociales africaines…………………………………………………….

2/ la précarité économique………………………………………………………..

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………….

INTRODUCTION GENERALE

En Afrique de l’Ouest, peut- être plus encore que partout ailleurs, des millions
de personnes vivent des ressources naturelles. Or la dégradation de ces

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ressources naturelles se poursuit sans relâche. Ce constat vient de l’ancien


Président du Sénégal, Son excellence M. Abdoulaye Wade. Sans être alarmiste,
cet homme politique pose le problème de la dégradation de l’environnement.
L’univers entier est en passe de connaître une crise de ses ressources naturelles.
Elle épuise démesurément ses ressources tout en polluant l’environnement, au
point qu’un sursaut de conscience et un réflexe de survie à conduit à
l’émergence d’un concept, celui du développement durable. Au regard de
l’importance qu’occupe se concept dans les politiques et visions de
développement, nous l’avons retenu pour notre étude.

L’Afrique est quelquefois restée en marge des grands rendez-vous de l’histoire.


Aujourd’hui alors que des thèmes sur les OGM (organisme génétiquement
modifié), les changements climatiques et bien d’autres font l’objet de débat à
travers le monde, l’Afrique semble se faire attendre. Les écrits critiques et de
recherches, le plus souvent, occulte l’importance de notre culture. Les
thématiques bien que relativement nouvelles trouvent des fois leur sources et
explications dans les faits et savoirs ancestraux et traditionnels. Il est donc
important pour les leaders africains de ne pas se laisser inonder par les
informations, mais partir de leur vécu et réalité pour contribuer à faire émerger
des débats cohérents, qui défendent notre image, l’image de l’Afrique. Ainsi,
nous ne serons plus offusqués lorsque certains européens diront de l’Afrique que
« ses hommes ne sont pas assez entrés dans l’histoire ». L’Afrique devrait
prendre part activement aux débats et surtout ne pas laisser le loisir aux penseurs
d’autres horizons de poser seules les fondements et les valeurs de notre vie
présente et de notre développement futur. Le continent a trop souvent été passif
et victime. Ses ressources naturelles sont aujourd’hui menacées parce qu’elles
ont servi au développement de certains pays développés. Les conséquences sont
désastreuses. Ses forêts sont dévastées, ses cours d’eau pollués et pour
couronner le tout, ses populations vivent dans la misère crasse et la maladie.

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Malgré ce pathétique tableau, l’Afrique amorce bien que timidement son


développement économiquement. Seulement, dans les discours actuels, le
développement ne doit plus être qu’économique. Il doit être durable et inclusif
dans le partage des richesses générées et surtout se baser sur la protection de
l’environnement. A priori ce repositionnement, ne dessert pas la cause de
l’Afrique, bien que des voix s’élèvent pour s’insurger contre cette situation qui
risque de plomber le développement économique de l’Afrique dans le court
terme. Quoiqu’il en soit, l’Afrique est encore engagée dans un nouveau mode
de développement. Celle-ci doit pouvoir tirer son épingle du jeu et faire du
processus du développement durable un tremplin pour amorcer un véritable
développement.

Avec un peu de recul on se rend compte que ce concept n’est pas étranger aux
sociétés africaines. En principe, l’Afrique depuis les sociétés primitives jusqu’à
nos jours a développé des manières de faire facilement assimilables aux
principes de développement durable. L’Afrique ne doit surtout pas rester en
retrait des débats parce qu’elle risque de faire l’objet une fois encore de
manipulation. En effet, si l’on considère que les institutions internationales, les
grands séminaires et conférences ont fait émerger ce thème, c’est parce que les
ressources naturelles sont menacées par un modèle de développement prôné
depuis des centaines d’années par ces mêmes pays qui manipulent et théorisent
ce concept à dessein.

Notre travail si modeste soit –il, vise à créer l’émulation nécessaire dans la
jeunesse consciente africaine, qui doit toujours avoir à l’idée que la culture est
indissociable dans toute approche en matière de développement. Aussi, il est
primordial que des cadres d’échanges soient promus en vue de mener des débats
qui reflètent de manière intrinsèques nos qualités. Ainsi nous ne perdrons pas
nos repères face à cette mondialisation grandissante, et devant des idéologies

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aussi diverses qui peuvent nous pervertir et faire échec à l’avenir des générations
futures des pays africains. De cette manière, l’Afrique propulsera son
développement comme elle sait le faire, et non exclusivement comme les autres
l’entendent.

A/ Cadre théorique de l’étude

1/ Problématique de recherche

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Le concept de développement durable est au centre des débats. Il est considéré


comme le modèle de développement le plus complet parmi les approches
existantes. Seulement ce concept est relativement nouveau. Il fait de nombreux
adeptes et des détracteurs. En Afrique par contre les populations appréhendent
lentement ce concept à travers les média, les discours alambiqués des politiques
et porteurs de projets et programmes intéressant l’environnement. Ainsi, les
populations semblent assister dans l’indifférence à l’ancrage de ce concept dans
leur environnement immédiat. Toutefois pourrait-on d’emblée arguer de leur
manque d’ouverture ou d’un manque d’intérêt ! Autrement dit, le concept de
développement durable est-il véritablement une nouveauté pour ces populations
rurales africaines en particulier ? Le concept de développement durable ne serait
pas une sorte de propagande des pays industrialisés pour se départir de leurs
méfaits sur l’environnement ? Les villageois ne sont –ils pas conscients de leurs
responsabilités et potentialités liées à la nature ? Les paysans d’Afrique et
particulièrement de la Région du Nord du Burkina avaient-ils des connaissances
endogènes et des pratiques en rapport avec la protection de l’environnement, les
valeurs d’équité économique et sociale ?

Cette pluralité de questions répond à notre souci de trouver des réponses. Celles-
ci vont servir à replacer les Africains dans le cadre d’un débat élargi dans lequel
ils doivent prouver leur vertu légendaire en matière de développement durable et
surtout qu’ils puissent se donner confiance pour relever les challenges dans ce
monde mondialisé.

Nous pensons avec cet écrit contribuer à montrer que l’apparition de ce


nouveau concept est une manière de désavouer le développement conventionnel.
Notre objectif est aussi de produire un ouvrage à partir duquel d’autres mèneront
des études approfondies. Surtout, que beaucoup d’analyses soient menées sur

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des aspects transversaux et transposables à notre mode de vie culturel vielle de


plusieurs milliers d’années soient faites.

Afin de poser les bases de ce projet d’écriture, nous formulons l’hypothèse en


avançant l’idée selon laquelle le concept de développement durable est un
concept alambiqué qui vise à dédouaner le modèle de développement
économique pratiqué par les pays développés. Il est aussi intéressant de poser
une autre hypothèse qui voudrait que le concept tel que décliné par les politiques
et les institutions prestigieuses internationales et les média des pays développés
soit déjà une réalité dans les procédés et connaissances des sociétés
traditionnelles d’Afrique et particulièrement celles de la région du Nord du
Burkina. Cependant, il n’est pas aussi superflu de penser que ces procédés sont
quelques fois inefficaces et ne suivent pas la logique du développement durable.

2/ Revue critique de la littérature

La réalisation de cet ouvrage a nécessité une recherche documentaire. Nous


avons lu des ouvrages littéraires qui traitent du concept de développement
durable et de ses enjeux. D’autres ouvrages comme, des mémoires, des thèses,
des articles de revues, une encyclopédie, des rapports d’institutions
internationales, des conventions sur l’environnement ont été exploités.
L’internet a été beaucoup exploité pour recueillir des données récentes.

Par rapport à la critique littéraire, nous avons noté que les auteurs comme S. A.
Yambangba, à travers Manuel pratique de développement communautaire à
l’usage des animateurs des services publics et des associations en Afrique, fait le
constat de la dégradation après 40 ans. Le même constat est fait par
DUROSELIE Jean Baptiste, dans Histoire des relations internationales de
1945 à nos jours, où il est dit que dans le domaine de l’environnement une

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conclusion s’impose, car les dangers menacent et elles sont de mieux en mieux
connues. BELEM (Gisèle), dans son « Le développement durable en Afrique :
un processus sous contraintes », ne dénie pas ce constat. Elle l’attribue au
modèle de développement des pays industrialisés. Le Rapport 2012 de la
CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement)
: Transformation structurelle et développement durable, insiste sur le fait que
l’Afrique ne doit pas suivre les erreurs des pays industrialisés, car ces derniers
ont pris le slogan « d’abord la croissance, l’environnement après ». Et comme
pour donner confiance aux africains, l’UNESCO à travers le document
SC2002/WS/66, sur les savoir-faire traditionnels, ajoute que la connaissance
approfondie du monde naturel n’est pas uniquement l’apanage de la science,
mais que partout dans le monde des sociétés humaines ont élaboré de riches
corpus d’expériences et de connaissances. Dr Basga Emile DIALLA , avec son
écrit sur les savoirs locaux, trouve que les savoirs locaux ont été développés,
pratiqués et transmis de génération en génération et ont fait leurs preuves. C’est
sur la base de ces savoirs locaux que les populations rurales ont pu s’organiser,
s’adapter et survivre dans des environnements bien souvent hostiles. Cependant
CAUCHY V. al., à travers son ouvrage, coexistence humaine et développement
durable, se demande qu’elle est le vrai prix de ces ressources qui servent , le
plus souvent, les économies occidentales et mondiales laissant les coûts sociaux
et environnementaux aux populations locales et régionales ? Parlant de
développement ALBERTINE (Jean-Marie) fait remarquer dans, Mécanismes du
sous-développement et développement, que le développement suppose
l’apparition d’un monde nouveau et non le grossissement quantitatif de ce qui
existe déjà. Ce monde nouveau, Rawls John, à travers la théorie de la justice,
voit la garantie des libertés de bases égales pour tous, l’égalité des chances et le
maintien des seules inégalités qui profitent aux plus défavorisés. Cette vision est
partagée par la majorité des adeptes du développement durable. Parallèlement,

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dans le texte d’une conférence donnée au lycée Faidherbe en France dont la


thématique était : le développement durable ou comment remettre l’humain au
cœur de l’économie ? Il est ressorti que depuis les années 90 les modes de
consommation n’ont cessé d’évoluer sous l’influence des messages publicitaires,
des média et parfois des politiques, qui incitent à consommer plus pour vivre
mieux, être heureux et soutenir l’économie. Ce passage montre à quel point les
détracteurs du développement conventionnel et les promoteurs du
développement durable mènent une lutte pertinente. Cependant, certains auteurs
comme les économistes Grosmann et Krueger dans Economic growth and the
environment, partent de l’hypothèse selon laquelle l’expansion de l’économie
devrait permettre aux sociétés de maîtriser de nouvelles technologies pour
conserver les ressources rares et pour compenser les effets négatifs qu’une
activité accrue pourrait avoir sur leur environnement.

3/ Définition des concepts

La gestion durable des ressources : elle consiste à obtenir les mêmes bénéfices
à partir d’une quantité inférieure de ressources naturelles consommées. Il s’agit
principalement de renforcer la capacité d’adaptation des moyens d’existence par
une utilisation durable des actifs naturels.

Le développement local : est un processus utilisant les initiatives locales au


niveau des petites collectivités comme moteur de développement économique. Il
est prôné dans les pays en développement en complément des mesures
macroéconomiques et des grands projets.

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La technologie : elle combine la connaissance du processus permettant de


transformer des matériaux bruts en produits utiles avec des équipements
destinés à fournir des biens et des services à une population.

L’environnement : est compris comme l’ensemble des composants naturels de


la planète terre, comme l’air, l’eau, l’atmosphère, les roches, les végétaux, les
animaux et l’ensemble des phénomènes et interactions qui s’y déploient.

L’écologie : c’est la science ayant pour objet les relations des êtres vivants avec
leur environnement, ainsi qu’avec les autres êtres vivants.

Une ressource naturel : elle est l’élément présent dans la nature, exploité ou
non par les humains, et pouvant être renouvelable ou non renouvelable. Dans
une approche quantitative, on parle de capital naturel.

La justice sociale : est une construction morale et politique qui vise à l’égalité
des droits et à la solidarité collective.

Les savoirs traditionnels : sont liés à l’ensemble des connaissances, savoir-


faire et représentations des peuples ayant une longue histoire avec leur milieu
naturel.

La protection de l’environnement : consiste à prendre des mesures pour


limiter ou supprimer l’impact négatif des activités de l’homme sur son
environnement.

Les générations futures : sont les générations d’êtres humains qui viendront
après la génération actuelle.

Empreinte écologique : une mesure de la pression qu’exercent les hommes sur


nature.

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Religions traditionnelles africaines : est une représentation de l’ensemble des


religions pratiquées en Afrique subsaharienne et non rattachés aux religions
révélées comme l’islam et le christianisme.

B/ Cadre méthodologique

1/ Cadre de l’étude

Cet ouvrage explore et analyse la thématique du développement durable dans le


cadre africain. Il ne s’agit pas d’une étude comparative des pratiques et des
réalités d’un pays à l’autre. Nous n’en avons pas la prétention. Mais notre étude
se consacre sur le sens générale et la philosophie dans les manières de vivre et
de faire communes aux africains. Parce que le concept de développement
durable est assez récent, nous allons cibler 2 villages du Yatenga et y rechercher
les pratiques traditionnelles et anciennes qui reflètent des aspects du
développement durable. Ces villages sont Wabdigre, et Zaba. Ces villages
relèvent de la commune de Tangaye, dans la province du yatenga.

2/ Population de l’étude

La population de l’étude est l’ensemble des paysans des villages de Wabdigre et


Zaba. De manière détaillée nous regrouperons la population cible en 4 groupes.
Le groupe des adultes et personnes âgées (15 personnes), celui des femmes (10
femmes), le troisième groupe sera composé de jeunes (10 jeunes) et le dernier
groupe sera un regroupement intergénérationnel (12 personnes).

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3/ La collecte et l’analyse des données

Les données ont été recueillies sur plusieurs plans. Le premier est théorique. Les
recherches livresques ont servi à rédiger les généralités sur le développement
durable et de comprendre les enjeux dans le cadre typiquement africain. Sur le
deuxième plan, nous avons mené des recherches sur le terrain. Grâce à des
enquêtes, à des focus groupes nous avons pu recueillir des informations sur le
terrain. Ces données ont servi à la rédaction de la partie de l’ouvrage qui illustre
les réalités dans pratiques traditionnelles et ancestrales vielles de plusieurs
milliers d’années, donc antérieurs à l’apparition du concept de développement
durable.

4/ Les difficultés

Un grand nombre de document traitant pertinemment du développement durable


sont en anglais. La non maîtrise de cette langue ne nous a pas permis d’exploiter
ces données. Ce concept n’a pas d’équivalence en langue nationale mooré. Au
niveau de l’enquête terrain il a été difficile de faire comprendre ce concept aux
paysans. La modestie de nos moyens financiers ne nous a pas permis d’étendre
l’enquête à plus de deux villages, mais cela ne diminue pas le sérieux du travail
de recherche mené.

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PARTIE I

CONTEXTE DE L’EMERGENCE DU CONCEPT


DE DEVELOPEMENT DURABLE

CHAPITRE I : LES EFFETS PERVERS DU MODELE DE

DEVELOPPEMENT CLASSIQUE

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I/ Le développement économique des pays industrialisés

1/ La mutation industrielle de l’occident

L’occident a abordé depuis l’antiquité une évolution ascendante qui a impactée


profondément et durablement sa vision de développement. Raymond Aron1 le
disait : «  Entre l’antiquité et le monde d’hier, les différences de possibilités
techniques étaient médiocres ». « Aussi chaque société, chaque génération
cherchait simplement à vivre comme les générations précédentes », du moins
jusqu’à l’ère de l’industrialisation, qui impulsera plus de célérité et de
précipitation vers les ‘’évolutions’’.

Par conséquent, l’industrialisation peut être comprise comme un processus au


cours duquel les sociétés changent leur mode de production. Au système ancien,
rural, agricole et artisanal, se substitue progressivement un autre mode de
création de biens urbains, marqué par l’usine, la machine etc. Ce processus va
malheureusement ou heureusement modéliser la société occidentale au bout de
trois (3) étapes d’évolution, à savoir la machine à vapeur, le moteur électrique et
enfin l’électronique.2

Il est nécessaire que nous puissions retracer ce parcours afin de marquer ces
trois (3) différents niveaux. Ce parcours commence donc au XIXe et XXe
siècles. A cette époque, l’activité de production des industries étaient modestes.
Toutefois, elle évoluera concomitamment avec l’amélioration des techniques de
productions.3 Pour ce faire, le secteur de l’industrie a substitué le charbon et la
machine à vapeur par des nouvelles sources d’énergie, à savoir le pétrole et
l’électricité. C’est aussi l’époque du développement de l’automobile, de la
1
Raymond Aron, histoire et évolution économique, Gallimard, 1962, 375P
2
Fr. wikipédia.org/wiki/Révolution_industrielle
3
Fr. wikipédia.org/wiki/Révolution_industrielle

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pétrochimie et de l’agroalimentaire. A partir de cette deuxième transition, la


production donne à la consommation un large choix de produits attrayants et
surtout confortables. La recherche effrénée des biens de consommation s’est
accentuée à partir de cette période. La troisième phase qui a suivi celle-ci, est
apparue avec l’internet et l’électronique. Cet exposé de l’histoire de cette
industrialisation nous permet de comprendre que le terreau de la société de la
consommation a été le franc succès de cette industrialisation. Cette mutation a
entre temps donné lieu à la période dite « trente glorieuse ». De 1945 à 1975 ce
fût la période glorieuse. A partir de 1945, les pays industrialisés ont connu une
croissance sans précédent. « L’apparition de nouvelle innovation technologie, de
matériaux, l’apparent abondance d’énergie bon marché comme le pétrole sont de
formidables moyens de croissance ».4 Les « trente glorieuses » vont se relevées
être la manifestation d’une réussite insolite de la société fondée sur l’industrie
moderne et ses principes d’organisation économique. Partout dans le monde, elle
fascine et est imitée.5 Devant la recherche du mieux-être, du luxe par le
matériel, les occidentaux ont opté de croire en la capacité de l’industrie d’offrir à
leur société ce qui les manquent le plus, le confort et l’abondance. Derechef, la
société occidentale voit désormais le développement comme tributaire de
l’industrie.

4
www.lemonde.fr/.../de la-société-industrielle-a-la-société de consommation
5
fr.wikipedia.org/wiki/Trente_Glorieuses

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Malheureusement, cette industrie est fortement tributaire des matières premières


et génèrent des problèmes environnement-aux.6 Avec les travaux du groupe
d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC), on s’est
rendu compte de l’émission de gaz effet de serre par la société industrielle. La
combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), a rejeté dans
l’atmosphère de très grandes quantités de dioxyde de carbone. 7 Selon l’expert
américain Lester R. Brown, la révolution industrielle a donné naissance à un
nouveau mode de vie et à l’ère la plus destructive pour l’environnement que
l’histoire de l’humanité n’ait jamais connue.8

La mutation industrielle de l’occident a donc été à l’origine de beaucoup de


torts causés à l’environnement, en matière de destruction, et de pollution.

2/ Les enjeux environnementaux de la pollution industrielle

Dès la révolution industrielle, la course au progrès, l’amélioration des


techniques et des technologies va décupler les moyens de production et par
6
Lester R. Brown, Eco-économie, Une autre croissance est possible, écologique et durable, Seuil, P143
7
Rapport du sénat français sur l’ampleur des changements climatiques. Source :
www.ladocumentationfrançaise.fr
8
Lester R. Brown, Eco-économie, Une autre croissance est possible, écologique et durable, Seuil, P143

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Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

conséquent la production. L’essentiel était de produire. La protection de


l’environnement a été reléguée au second plan. En réalité la pollution
systématique était déjà connue dès la fin du XIXème siècle. Cependant,
personne n’avait pris conscience à cette époque qu’une pollution puisse dégrader
l’environnement de manière durable.9

Dans le cours de la 2e partie du XIXe siècle, certaines inquiétudes se font jour


vis-à-vis de l’exploitation de la nature par l’homme et de sa dégradation non pas
dans le cadre accidentel, mais dans le cours normale des activités humaines. A
cette époque les populations commencent à se rendre compte qu’elles impactent
négativement sur l’environnement. Cet état de conscience ne s’est pas fait tout
seul. Elle a été précipitée par l’avancée de la découverte scientifique et la mise
en place des normes environnementales. Grâce à la science, le monde découvre
que l’industrie a généré de nouvelles molécules qui n’existaient pas à l’état
naturel. De surcroît, elles dégradent l’environnement d’une manière irréversible.
Cette pollution modifie les milieux et les rend parfois impropres à la vie. Ainsi
sur le site de Norilsk, à cause de la production du nickel, la forêt a totalement
disparue sur un rayon de trente (30) km autour de la ville ; à Dzerjinsk, une
ancienne usine sécrète spécialisée dans les armes chimiques, 300 000t de
déchets toxiques ont été enfouis de 1930 à 1998. L’espérance de vie des
habitants y était, en 2006, de 20 ans inférieurs à la moyenne nationale russe.

La prise de conscience est une étape qui a entrainé une sensibilité


environnementale chez les politiques et les populations. Dans le processus de
prise de conscience des menaces de l’industrie en particulier et de l’activisme
humain en général, il a fallu aussi que des célébrités comme Galilée et Nicolas
Copernic et bien d’autres fassent admettre que la terre n’était pas le centre de
9
fr.wikipedia.org/wiki/protection_de_l’environnement

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l’univers et que par conséquent, les hommes ne l’étaient pas non plus. Cette
théorie a ébranlé les logiques sociales de l’époque qui considéraient l’Homme
comme l’entité centrale la plus significative dans l’univers, à savoir
l’anthropocentrisme. Cet anthropocentrisme a poussé l’Homme à exploiter de
manière outrageuse l’environnement. Dans ce processus de prise de conscience,
les différentes catastrophes écologiques ont contribué à déclencher une peur et
un certain assentiment des populations quant à la protection des écosystèmes.
Les catastrophes écologiques comme l’Eurika (naufrage de navire avec 30 884
tonnes de fioul lourd le 12 décembre 1999 au large de la Bretagne), l’olympic
Bravery (le 24 janvier 1976, avec 800 t de fioul), Boehlen (au large de l'Île de
Sein le 15 octobre 1976), Amaco Cadiz (provoqua une marée noire en mars
1978 est considérée,
aujourd'hui encore, comme
l'une des pires catastrophes
écologiques de l'histoire), ont
dans leur ensemble
marqué les esprits. Tous ces
éléments sus cités ont changé
la donne en matière de protection de l’environnement. Dans le domaine
politique, sociale ; au niveau local comme à l’internationale, la société
occidentale a suscité une émulation dans le sens de la protection des
écosystèmes. L’institution des services de protections environnementaux, tel la
commission des nations unies pour l’environnement et le développement
(CNUCED), l’initiation de la journée mondiale pour l’environnement, la
constitution du groupe d’expert intergouvernementale sur l’évolution du climat,
le vote de loi protégeant l’environnement et sanctionnant les pollueurs, dénote
d’une certaine frilosité de la société occidentale, consciente de l’état en péril de
l’environnement.

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Ce soudain engouement pour la protection des écosystèmes pourrait bien avoir


un tout autre enjeu ? Les pays industrialisés n’ont pas seulement pollué
l’environnement, ils l’on dépouillé et bradé ses richesses sans considération de
frontières. Partout sur la planète, l’occident à exploiter les ressources au moment
où il en avait besoin pour propulser son développement c.-à-d. à la révolution
industrielle. Maintenant qu’il est de notoriété que la couche d’ozone est atteinte,
que les ressources sont en déperdition, que l’environnement est malade et
l’humanité menacée, l’occident commencent à ressentir un certain remord. Pour
faire bonne figure elle se doit de reconsidérer l’aspect environnemental dans
toutes ses actions de développement.

Ainsi, des concepteurs de théories, aux praticiens, les créations ne manquent


pas. Il est question maintenant ‘’d’industrie verte’’, ‘’d’économie verte’’, de
recyclage, ‘’d’écocitoyenneté’’, de ‘’ biocentrisme’’. Ces concepts, aussi
complexe les uns que les autres démontrent à quel point l’occident est imbu de
changement ou plutôt veut redorer son blason. Le message est même bien clair
lorsque les technocrates et les politiciens conseillent aux pays les moins avancée
de considérer l’aspect environnemental dans le processus de leur
développement.

De nos jours, beaucoup d’aides sont même conditionnées. Pour en bénéficier il


faut prendre en compte l’aspect environnemental. Ce qui justifie bien cet adage, 
« fait ce que je te dit, mais ne fait pas ce que je fais ». De nos jours, il est
question de développement durable, mais lorsque l’on dissèque ce concept, une
impression de roublardise s’y dégage. Le développement durable étant constitué
de trois (3) piliers à savoir, le développement économique, social et la protection
de l’environnement, il est légitime de se poser quelques questions. Ce concept
veut propulser un développement ou est-ce plutôt pour justement mettre la
protection de l’environnement au centre de l’équation développement ?

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L’émergence de ce concept signifie-t-il que le développement classique pratiqué


pendant plusieurs siècles par l’occident est-il caduque ?

Il est de toute évidence que l’occident a tiré les conséquents du désastre


environnemental qu’il a causé. Conscient du niveau de nuisance de l’humain,
l’occident se croit obliger de mettre des balises, mais très difficilement parce
qu’il n’arrive pas à se départir totalement de son modèle de développement.

L’un des effets pervers de son histoire de développement est la société de


consommation. Elle est la résultante d’un long processus. Si directement, elle ne
cause pas de dégât environnementaux graves, il n’en n’est pas moins vrai que
d’une manière indirecte elle encourage le système.

II/ La société de consommation

1/ Les fondements et aspects de la société de consommation

Les différentes civilisations qui se sont succédées, marquant les grandes étapes
de l’histoire de l’Homme se sont majoritairement organisées pour assurer une
transcendance (union avec l’ordre cosmique), assurer leur subsistance, perpétuer
son espèce et assurer son bien-être10. La révolution industrielle a donné de plus
en plus de superflu et de moins en moins d’importance à la transcendance. En
effet, l’évolution des machines a fait passer l’occident de l’ère de l’artisanat à
l’ère industrielle et ensuite à l’ère de la société de consommation.

10
fr.ekopedia.org/Société_de_consommation

27
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Par définition l’expression « société de consommation » désigne une société au


sein de laquelle les consommateurs sont incités à consommer des biens et des
services de manière abondante. Il s’agit d’une consommation non raisonnée.
Alors que, consommer répond à un besoin, à une nécessité, la société de
consommation n’a pas pour fondement ce préalable. A ce propos, le sociologue
français Jean Baudrillard considère que, « dans les sociétés occidentales, la
consommation est un élément structurant des relations sociales. Au niveau de
l’individu, elle n’est plus un moyen de satisfaire les besoins mais plutôt un
moyen de se différencier ». Cette société a pris de l’importance avec l’élévation
continue du niveau de vie depuis le début des années 1980 et la réduction du
temps de travail au cours des années 1990. La fabrication à la chaîne a permis de
produire plus et moins cher. Acheter moins cher, a incité à acheter plus et
forcément, à gaspiller plus facilement11.

De plus, la vivacité du système capitaliste est l’un des fondements de la société


de consommation. Au cours du XIXème siècle, le capitalisme a d’abord opéré
un dressage des populations rurales en les convertissant au travail industriel.
Une fois que les forces de travail étaient solidement socialisées, il ne restait plus
qu’à socialiser les forces de consommation12. L’individu servira ainsi le système
industriel non pas en lui apportant ses économies et en lui fournissant son
capital, mais en consommant ses produits. Le capitalisme allait dorénavant se
reposer sur la consommation. La consommation va donc servir à stimuler
l’économie. Ainsi n’est-on pas étonner lorsque le Président W Georges Bush,
invite les populations à consommer davantage afin de juguler la probable crise
économique. Ce fut au lendemain des attentats sur le World Trade Center.

11
fr.ekopedia.org/Société_de_consommation
12
Jean Baudrillard dans La Société de Consommation, ses Mythes, ses Structures Paris, Éditions Denoël, 1970
(réédition in Folio, 1986), p 252-273

28
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Comme nous le mentionnons plus haut, la société de consommation se repose


sur le superflu. La consommation est pour l’individu le modèle de plaisir, une
euphorie même, le plaisir d’acheter pour se faire plaisir, une auto-gratification
perpétuelle, selon le philosophe et essayiste André Gorz 13. L’aspect
psychologique de la consommation la renforce. La consommation peut être un
facteur de marginalisation, elle est maintenant une institution sociale et valorise
l’homme dans la société. Pour ces multiples raisons l’occidental est toujours à
l’affut des dernières modes de vêtements, des appareils électroniques les plus
performants, des produits alimentaires.
A la limite, il faut consommer à la
vitesse grand ‘’V’’ pour se sentir vivre.
Le consommateur considère donc celle-
ci comme un prestige. Cette situation
de pression sociale conduit à la frénésie
pour la nouveauté. Dans ce cas, il est
clair que la consommation est en passe
de devenir si elle ne l’est déjà, une
conduite active et collective.

Société de consommation

Si d’une part, la disponibilité des


produits à moindre coût et l’effet de
mode jouent en faveur de la consommation, il reste que l’augmentation des
revenus y contribue d’autre part. À partir de la période des « trente glorieuse »14
les revenus de la plupart des ménages de toutes les catégories
socioprofessionnelles a augmenté. Le salaire minima a été aussi instauré et les
chômeurs eux-mêmes bénéficient d’allocations, ainsi que les familles

13
André Gorz. Vers la société libérée, Textuel, coll. « La voix au chapitre », 2009
14
fr.wikipedia.org/wiki/Trente_Glorieuses

29
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

nombreuses. Tout cela joue en faveur de la société de consommation et la fonde.


Il faut ajouter que même le crédit à la consommation a été institué et promu, à
l’image du marché des  « subprimes »15

2/ La société de gaspillage

La société occidentale, qui est par définition une société de consommation, est
passée maître dans l’art du gaspillage. Elle consomme au-delà de ses besoins
essentiels. Ce gaspillage survient tout au long des chaînes de productions. De la
transformation de la matière première en passant par sa transformation et son
conditionnement se sont des millions de tonnes de résidus qui sont générés avant
la mise sur le marché du produit final.
Une étude16 publiée aux Royaume-Uni
indique que 30 à 40% des récoltes sont

délaissées chaque année parce qu’elles ne


répondent pas aux caractéristiques exigées
par le secteur de la transformation ou de
la distribution. Le gaspillage semble plus
important encore au niveau de la consommation locale c.-à-d. dans les
supermarchés familles, les restaurants. Un demi-milliard de tonne de nourriture
est invendue par les supermarchés. La même étude précise aussi que les
ménages qui constituent le dernier maillon de la chaine jettent plus que les
transformateurs et les supermarchés réunis. Les européens vident leur frigidaire
à la même vitesse qu’ils le remplissent. De ce fait, ce sont des millions de
tonnes de produits non consommés qui vont à la poubelle. Selon toujours
l’étude, un londonien se débarrasse en moyenne de 140 kg d’aliments par an,

15
Marché de prêt risqué pour les bourses moyennes, pratiqué aux USA et touchant plusieurs pays d’occident
16
WRAP, campagnelove food hate waste, www.borefoodhatewaste.com, 2007

30
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

souvent non déballés17. En terme monétaire, ce gaspillage s’élève à 1400


milliard d’euro. Les familles jettent des aliments qui auraient pu être
consommés.18

Les facteurs explicatifs de ce gaspillage sont multiples. Le consommateur se


laissent tenter et achète impulsivement en quantité supérieure à ses besoins, à
cause des formules de promotion qui incitent à des achats démesurés (bon de
réduction, multi-pack, vente rapide de produits presque périmés). Le
conditionnement des aliments est aussi facteur de gaspillage dans certains cas.
Dans les cas où des portions trop petites pour deux personnes et trop grandes
pour une personne, ce qui fait qu’on en prépare trop et l’on en jette.19

Le gaspillage n’est pas seulement alimentaire, au contraire depuis 1950, les


achats alimentaires qui représentaient 50% des dépenses de consommation des
ménages, ne représentent plus que moins de 20% de nos jours. L’essor a été
considérable dans les achats de voiture, de logements, de meubles, d’appareils
électroménagers, et plus récemment encore d’appareils électroniques de loisirs
et de travail (Téléviseur, chaîne HI-FI, ordinateur, portable…)

Notre objectif n’est pas de culpabiliser la société. Nous cherchions justement à


scruter les arcanes occidentaux d’un système qui incite à la consommation et au
gaspillage. Cette réalité occidentale trouve ses racines dans leur identité
profonde.

La société occidentale a une culture de consommation. Autant, il faut travailler,


autant il faut jouir de la vie, donc acheter. L’acte d’achat s’apparente le plus
souvent à une action dans l’intention de déstresser. Pour l’occidental, le super
marché c’est le temple dans lequel se trouve une partie de son identité. Dans ces
lieux il peut s’acheter des accoutrements afin de rester dans son temps c-a-d
17
Dossier « Briser un cercle vicieux : réduire les déchets » dans la Revue Durable n°22, oct-nov 2006
18
Dossier « Briser un cercle vicieux : réduire les déchets » dans la revue Durable n°22, octobre-novembre 2006
19
Dossier « Briser un cercle vicieux : réduire les déchets » dans la revue Durable n°22, octobre-novembre 2006

31
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

suivre la mode. Dans ces lieux, il est séduit et obnubilé par les produits qui sont
présentés de manière à inciter en lui l’acte d’achat. Sur la base de ce point de
vue nous pouvions nous servir de ce schéma pour illustrer nos propos.

Emploi

argent capitalisme produits

Supermarché

Schéma : La société de consommation (conception personnelle)

En somme le gaspillage chez l’occidental n’est pas intentionnel. Il est même


victime de la société de consommation qui n’est elle aussi que la résultante d’un
système plus large dans lequel la consommation est le pilier essentiel de la
survie économique des Etats. Afin de conforter les bases d’une consommation
pérenne et soutenue, la communication a été mise en contribution en vue d’un
conditionnement dans l’un ou l’autre sens.

32
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

CHAPITRE II : LA COMMUNICATION MEDIATIQUE ET LA


SOCIETE DE CONSOMMATION

I/ La communication au service d’une consommation de masse

1/ Les mécanismes de la publicité et son rôle dans la consommation

La publicité est une forme de communication, dont le but est de fixer l’attention
d’une cible visée afin de l’inciter à adopter un comportement souhaité, par
exemple l’achat d’un produit.20 Des auteurs comme Jesse E. Thornton, l’on
assimilé à un phénomène de propagande propres aux sociétés contemporaines. 21
En ce sens, la publicité pourrait être classée dans la catégorie des techniques de
manipulation mentale. Jacques Lendrevie et Bernard Brochand ont qualifié la
publicité de technique largement empirique qui empreinte à l’économie, à la
sociologie et à la psychologie. A priori, les mécanismes de la publicité jouent
sur ces trois (3) aspects pour arriver à ses fins. Si certains auteurs montrent la
publicité comme un outil stimulant l’achat tout en laissant une liberté de
décision au consommateur, d’autres auteurs comme le dessinateur de presse
Willem emploi l’expression  « coloniser notre cerveau » pour illustrer à quel
point la publicité manipule les consciences dans la société de consommation. Et
comme le souligne le groupe Marcuse : « la publicité mystifie les consciences en
mythifiant les marchandises pour leur donner une aura sans laquelle elles
apparaîtraient telles quelles, ternes et industrielles »22 Dominique Querssada
trouve qu’elle ne sert pas seulement à vendre des produits : « elle vise aussi de

20
Jacques Lendrevie et Bernard Brochand, Le Publicator, Dalloz, 1991
21
Jesse. E Thornton in science and social change, 1972, p 570
22
Groupe Marcuse, De la misère humaine en milieu publicitaire, La Découverte, 2004, p 87

33
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

plus en plus à instaurer la société de consommation en véritable projet politique


de civilisation. Et ce, à l’échelle de la planète entière ».23

Sa pensée est éloquente. La publicité est devenue une forme de communication


dont le dessein est de :

- Maintenir un idéal de vie fondé sur la consommation permanente de biens


matériels ;
- Créer des besoins inutiles, et de la nouveauté permanente pour augmenter
la production et maintenir la machine économique ;
- Maintenir et gérer la cohésion du corps social, par l’idéologie de la
consommation ;
- Contribuer à la propagande et à la domination culturelle des valeurs
occidentales sur le reste du monde.

Il est donc clair que la publicité apparaît comme  «  le dictateur invisible et


insidieuse de notre société »24 en modifiant radicalement les comportements des
individus. Elle est en réalité une forme subtile de propagande de l’idéologie de
la consommation. Dans les termes d'Edgar Morin dans Terre Patrie, "on crée un
consommateur pour le produit et non plus seulement un produit pour le
consommateur".

La stratégie de manipulation la plus caractéristique est la formation des bons


consommateurs. Et pour ce faire, la tranche des jeunes de 8 à 18 ans constitue
une cible privilégiée. La méthode utilisée est la manipulation mentale. Elle
désigne une tentative de prise de contrôle de l’esprit et du comportement d’un
individu ou d’un groupe d’individus, par l’utilisation de techniques de
persuasion et de suggestion mentale qui permettent de contourner le sens
critique de la personne. La capacité à juger ou refuser des informations est donc
23
La Société de consommation de soi, Paris, Verticales, 1999, p 103
24
Jacques Ellul, Le bluff technologique, Hachette Littérature, Coll-Pluriel Sociologique, 1988, p 621-639)

34
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

annihilée chez ces jeunes. Le matraquage publicitaire inculque massivement et


du matin au soir, un ensemble d’illusions dans la conscience collective, en
entretenant une idéologie.

Cette méthode de manipulation s’appuie sur :

- L’émotion (peur, affection, espoir)


- La répétition, la pression physique, morale et mentale25 ;
- Des biais cognitifs (fausses informations, signification rhétorique…)

Les jeunes subissent donc directement ces méthodes, puisqu’ils sont les plus
sensibles aux médias télévisuels et informatifs. De plus, leur esprit critique étant
moins ‘’développé’’ que l’adulte, ils représentent donc des cibles faciles. Par
conséquent, l’individu est comme piégé et forcé à contribuer à la pérennisation
de la société de consommation. Il ne participe pas de son plein gré, mais sous le
poids de la manipulation publicitaire. Ainsi, la publicité est utilisée pour ancrer
fortement la société de consommation de manière infaillible.

2/ Le rôle des outils de communication W2-0

Internet est considéré aujourd’hui comme un moyen de communication puissant


et comme, le meilleur support de communication puisqu’il connecte le monde
entier. Les industries et les entreprises ne peuvent plus s’en passer. Pour faire de
meilleures ventes et profits et en peu de temps il faut utiliser le web. En réalité il
regroupe l’ensemble des supports de communication à savoir : l’audio, la vidéo,
la presse et la radio.

L’apparition du web a renforcé la consommation parce qu’elle permet au


consommateur de faire leur achat directement sur internet. La société de
25
Un américain moyen reçoit 300 messages publicitaires par jour. Source : seeing through the spin : Public
Relations in the Global Economy, Baby milk Action, 2001

35
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

consommation s’identifie aisément à son caractère oisif en clair offrir moins


d’effort et profiter grandement des loisirs, du luxe. Il est même possible de faire
des achats sur des boutiques virtuelles et sans même se déplacer l’objet
parviendra à la personne dans un bref délai.

La communication W2-0 est, a-t-elle point bien structurée ce d’autant plus que
les consommateurs ne subissent plus seulement la publicité, le buzz marketing
de la communication traditionnelle. Au contraire le consommateur devient un
acteur et influence grandement l’offre, c-a-d l’action des producteurs. Grâce
aux réseaux sociaux comme Twitter, Facebook, Youtube, Dailymotion,
Myspace, lindeln… c’est une nouvelle forme de communication qui est offerte
aux consommateurs qui est en mesure de critiquer les produits mis à sa
disposition. Cette nouvelle donne pourrait faire passer cette société de
consommation vers une société de consommation plus sophistiquée, mieux
informés, mais est-ce pour autant que l’on aura une société plus consciente et
responsable de sa dangerosité pour la durabilité de l’environnement ?

Avec le web, la commercialisation est excessivement concurrentielle. Le


consommateur n’a pas de répit. Les sites commerciaux usent toujours de
stratégies intelligentes pour appâter le potentiel consommateur. Tout est mise en
œuvre pour que la personne devant sa connexion soit inondée de newsletters,
qui l’incitent à visiter le site en question à acheter ou à faire des suggestions.
Aussitôt fait, le répondeur automatique envoie encore des messages afin de
garder le fil du contact de l’utilisateur. Sans oublier que le paiement en ligne et
l’automatisation des ventes automatise encore plus la consommation. En fait, la
société de consommation est renforcée par la société de l’information.

S’il est vrai que la communication incite à la consommation en se basant sur la


manipulation, sur le harcèlement, il faut aussi reconnaître qu’elle a servi aussi de
rempart ou de garde-fou aux dérives suivant les enjeux.

36
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

II/ L’alerte médiatique et la formulation d’un message de repositionnement

1/ Les medias et la conscience populaire

Les médias ont un effet d’ouverture du monde et d’apport de connaissances. Ils


représentent aussi un miroir de l’activité humaine. Les médias ont contribué
d’une manière indéniable à déclencher la sonnette d’alarme devant les impacts
environnementaux et sociaux des modes de production et de consommation des
pays riches. La limitation des ressources et la capacité des écosystèmes à
restaurer les équilibres perturbés, l’épuisement et le renouvellement trop lent de
certaines ressources, la pollution et la dégradation de l’environnement
constituaient un danger pour l’humanité entière. Devant ce péril
environnemental jamais vécu, les médias ont beaucoup contribué à éveiller les
consciences. La diffusion des images de catastrophe écologique comme les
marées noires avec ses cortèges de victimes dont les oiseaux et mammifères les
éléments du biotope marin tout entier sont touchés. Ces différents clichés ont
contribués à alerter et éduquer l’opinion publique internationale à s’impliquer
d’avantage dans la protection de l’environnement. Dès lors, l’opinion est avertie
de la dangerosité que ces catastrophes pouvaient causer à l’environnement. Les
populations se sont senties vulnérables.

Le combat contre la prolifération des centres nucléaires, la création des partis


écologiques et l’occupation de la scène politique est donc la résultante d’une
conscientisation populaire dont les médias sont comptables.

En outre, les média ont un pouvoir de mobilisation et de conscientisation sans


pareil. Les média ont toujours été au cœur des grands enjeux, la voix des sans
voix. Lorsque la G8 se retrouvent, les medias sont à l’affut afin répercuter les
37
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

conclusions au plus grand nombre. De même elles participent massivement à


relayer les conclaves ou sessions qui traitent de l’environnement, du
développement durable. A la conférence de Rio qui se tient tous les 4 ans, des
milliers de reporteurs retransmettent les informations. C’est une manière de
mettre la pression sur les décideurs. Les medias sont devenus les yeux et les
oreilles des populations. Ils dénoncent et lancent la sonnette d’alarme.

Les médias étant aussi un moyen puissant d’orienter le choix des citoyens et les
styles de vie, le modèle de la société de consommation a fait l’objet de critique
de certains medias.

Ces derniers ont certes servi à ancrer la société de consommation grâce à la


publicité. Cependant, lorsque les scientifiques ont dévoilé aux yeux du monde
que les changements climatiques sont une réalité, que les ressources naturelles
sont susceptibles de se tarir, que la société de consommation en est en parti la
cause, alors les médias se sont fait une cause, éveiller la conscience des
consommateurs.

D’antan, les occidentaux posaient les actes d’achat et ne se sentaient nullement


responsables de cet état de fait. Heureusement avec les medias l’acheteur essaie
de faire des achats « responsables ». Cela veut dire que les consommateurs se
distinguent en payant des produits labélisés qui respectent les normes
environnementales. Les produits recyclables sont aussi privilégiés. Ainsi les
consommateurs veulent contribuer à atténuer les effets négatifs que leurs achats
peuvent causer à l’environnement. Les medias ont donc contribué à catégoriser
les consommateurs. Ils ont ouvert les yeux des consommateurs en leur donnant
l’occasion de se dérober de la catégorie de consommateurs que les industriels
s’échinent à former. Des messages comme «  consommation responsable », « 
consommation durable »,  « responsabilité sociétale » ont commencé à assaillir
de partout.

38
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Toutefois, devant le brouillard médiatique26 existant lié à la diversité des


émetteurs et des messages qui incitent à la consommation, certains médias ont
opéré un repositionnement afin d’être plus sensible à la thématique
environnementale. En effet, l’apparition du développement durable exige une
approche multipartite dans laquelle les médias auront une place à jouer.

2/ Le repositionnement stratégique des médias ou la communication


environnementale

La thématique communication environnementale est apparue dans le contexte


médiatico-politique occidentale au cours des deux dernières décennies. Elle est
apparue comme une source privilégiée de médiation et d’appréhension
environnementale par les citoyens.27

Les politiques du développement durable ont formulé un certain nombre


d’exigence à l’égard des médias28. Considérant que le développement durable est
une grande cause internationale et un bien commun de l’humanité, ils attendent
des médias une attitude militante et leur demandent de relayer les informations
de façon augmenter la notoriété du concept et de ses contenus et à renforcer
l’adhésion public.

Les médias ont fidèlement à leur mission transmis les informations, notamment
lorsque la planète c’est trouvé menacée par les changements climatiques, la
raréfaction des ressources et la dégradation de l’environnement. Son rôle est
toutefois controversé parce qu’elles ont d’une part contribué à exacerber les
besoins de consommation et dynamiser la société dans ce sens, notamment à

26
Synthèse des recherches menées dans les clusters ; consommation durable de PADD II p1-43
27
Emmanuel Marty ; Annette Burguet, Pascal Marchand, la communication environnementale : des discours de
sensibilisation ? Institut UT, Département information-communication p 1-8
28
ww.presse-francophonie.org/ l'Union de la presse francophone a animé, mardi 7 février, un atelier sur le rôle
et la responsabilité des médias dans le développement

39
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

travers la publicité. Cependant, les media n’étant que des outils de


communication, son usage dépend de la culture se son utilisateur et surtout de
l’objectif et de l’impact qui sont visés. Au fil du temps la récurrence des
messages sur la protection de l’environnement a fini par mettre à jour un
concept clé de développement, c.-à-d. le développement durable. Ainsi, les
média ont travaillé à accompagner les politiques qui ont mis ce concept en
branle. Les medias ont surtout participé à un repositionnement stratégique.
L’économie verte, les gestes éco citoyens, le respect et la protection de
l’environnement occupent aujourd’hui une plus large place dans les contenus
des médias par ce qu’ils correspondent à des préoccupations politique. Le
concept de développement durable est même devenu un concept fort de
communication.29 L’idée possible de consommation contre un mieux-être social
et une meilleure protection de notre environnement
progresse petit à petit ; mais cela passe par la remise en
cause des rapports d’inégalités ».30 Les média
étant aussi des instruments d’éducation et porteur d’un
changement social, ils ont orienté leur message dans
un positionnement plus environnemental. Ils ont donc au fil du temps éduqué la
masse au développement durable et surtout à prendre fait et cause pour ce
développement.

Ce repositionnement stratégique se manifeste à travers plusieurs actions qui vont


des messages de conscientisation, d’éducation, de mise en confiance, de
valorisation du potentiel consommateur, mais aussi des industries et entreprises.
Les conséquences de ces actions sont assez louables. Certains consommateurs
sont prêt à payer un peu plus cher des produits respectueux de la santé et de
l’environnement, des entreprises mener des campagnes de communication

29
ww.presse-francophonie.org
30
Uniem.org/media et développement durable

40
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

environnemental et les normes de qualité environnementale comme ISO sont


valorisées

41
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

PARTIE II 

REALISMES ET REALITES AFRICAINS DU


DEVELOPPEMENT DURABLE

42
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

CHAPITRE I : LES PRINCIPES DE BASE DU DEVELOPPEMENT


DURABLE ENTRE REALISME AFRICAIN ET REALITE
HISTORIQUE

I/ Les principes fondateurs du développement durable

1/ L’aspect environnemental et social

Le développement durable ouvre une toute nouvelle perspective dans la manière


d’aborder le développement. Le terme de développement signifie une
transformation qualitative des modifications des structures économiques et
sociales. Il est un effort continu de recherche d’un mieux être31 .

Par conséquent, l’objectif du développement durable est de définir des schémas


viables qui concilient les trois (3) aspects, écologique, social et économique des
activités humaines. La finalité du développement durable est de trouver un
équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois enjeux. Il s’agit donc
d’une vision biocentrisme du développement qui met l’accent sur la qualité de
vie de l’être humain actuel et à venir, d’où cette phrase «  un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations
futures de répondre aux leurs ». Elle est inscrite en 1987 dans le rapport
Brundtland32. Ce rapport rappel les propos du chef indien Seattle : « Nous
n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».
C’est un peu l’esprit qui se dégage de ce concept. Ce rapport insiste en outre
sur la nécessité de protéger la diversité des gênes, des espèces, et de l’ensemble
des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, par une gestion durable de
31
Jean Pascal Kaboré, Formation en Approche Développement local et en stratégie de projet de territoire, avril
2005, P 34
32
75 études sur l’environnement et le développement économique

43
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

l’utilisation des populations animales et végétales exploités. Cette préservation


de l’environnement doit être accompagnée de la « satisfaction des besoins
essentiels en ce qui concerne l’emploi, l’alimentation, l’énergie, l’eau, la
salubrité ».

Afin de prendre en compte l’aspect environnemental et social, trois (3) points


ont été proposés :

- L’efficacité (techniques plus performantes) ;


- La sobriété (technique utilisée avec parcimonie) ;
- L’utilisation des ressources renouvelables.

La gestion et l’utilisation de ces ressources incluent :

- La protection de la biodiversité ;
- La lutte contre la désertification et la dégradation des terres;
- L’adaptation aux nouveaux défis environnementaux (changements
climatiques) ;
- La conservation des forêts ;
- Le respect des droits humains, l’équité et la justice sociale.

L’aspect social33 est prise en compte grâce à la considération des valeurs


d’équité intra et intergénérationnelle et sur la valeur de démocratie
participative. Le développement social et humain est un objectif à atteindre.
Elle n’exclut pas la garantie des libertés, des égalités de chance comme John
Rawls l’écrit dans son ouvrage, théorie de la justice en 1971.

2/ L’aspect économique

33
Jean Pierre Reveret , professeur titulaire Université du Québec à Montréal : Atelier , le développement
durable : Une utopie ? Source : www.economistesquebecois.com

44
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

En matière de développement durable, on ne se concentre plus sur l’aspect


purement économique des choses, mais sur les interactions et les
interdépendances. La création de nouveaux rapports sociaux de production34 qui
répondent en même temps, à l’impasse de la destruction des ressources
naturelles non renouvelables, de la pollution et du règlement écologique.

La dissociation est maintenant faite entre croissance économique qui n’est pas
forcément promotrice d’une amélioration qualitative de la vie, mais une
amélioration quantitative. Aussi, la croissance et l’environnement se mettent en
symbiose. L’environnement est même considéré comme un facteur de
production indispensable au développement des activités économiques.

Schéma descriptif du développement durable

II/ L’Afrique devant la réalité historique

34
François Houtart et François Pollet, l’autre Davos-mondialisation des résistances et des luttes, L’Harmattan,
Paris, 1999, 138 p

45
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

1/ L’empreinte environnementale des populations africaines

L’Afrique est le continent le plus faiblement industrialisé. Sa consommation


intérieure de matière première était de 5,8%t/ht 35 en 2008, soit deux (2) fois
moins que la moyenne annuelle. Avec plus d’un milliard d’habitants, soit
environ 15% de la population mondiale, l’Afrique ne consomme pour tout que
5,5% des ressources de la planète.36

L’empreinte écologique des africains est tout aussi basse. L’empreinte


écologique mesure les surfaces biologiquement productrices de terre et d’eau
nécessaires pour produire les ressources qu’un individu, une population ou une
activité consomme ainsi que pour absorber les déchets générés, compte tenu des
techniques. En effet, l’empreinte de l’Afrique reste largement inférieure à la
moyenne mondiale par habitant qui est de 12 hag37. L’empreinte dépend de la
taille de la population, de la quantité des biens et services consommé par chaque
personne et du niveau des ressources et des déchets associé à la production de
ses biens et services.38

Les populations en Afrique utilisent plus la ressource terre pour se procurer la


pitance. Les techniques inappropriées et la forte croissance démographique ont
fini par causer une forte dégradation de la terre. La jachère de longue durée qui
était à la base de la gestion fertile des sols est de plus en plus écourtée, il en
résulte donc un appauvrissement du sol. Dans le même temps, l’utilisation des
autres ressources comme les ressources minières sont de moindre mesure, soit
parce que leur technique d’extraction est archaïque, c.-à-d. qu’ils n’ont pas les
machines nécessaires à cet effet. Par conséquent leur effet sur la nature est assez

35
t/ht : tonne/ habitant
36
Rapport CNUCED (commission des nations unies pour l’environnement et pour le développement)
37
Biocapacité : hectares globaux.
38
Rapport CNUCED, 2012, page 34

46
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

limité par rapport aux occidentaux. Bien que l’empreinte écologique de


l’Afrique ait augmentée, elle reste encore très inférieure à celle de l’occident.

L’urbanisation est aussi une des conséquences de l’accentuation de l’empreinte


écologique. L’Afrique est le continent qui connaît l’urbanisation la plus rapide
au monde, soit 3,4% de croissance urbaine. 39L’urbanisation est associée à un
changement de mode de vie et de demande de service. Partout dans le monde, la
richesse relative des populations urbaines est associée à une plus forte
empreinte carbone liée à l’augmentation de la consommation énergétique, la
surexploitation des terres qui entraîne un épuisement des sols, le surpâturage qui
a pour conséquence la disparition de la couverture végétale et de l’érosion.

Par rapport aux ressources halieutiques, l’Afrique a produit 2,5 millions de


tonnes de poissons, soit près du quart du total mondial.40

Si l’empreinte écologique africaine est en train de monter, il est tout aussi


imputable aux pays industrialisés. Ils sont les premiers exploitants des
ressources miniers du continent, leur industrie dévaste les forêts en quêtes de
bois. Ils coupent des arbres vieux de plusieurs centaines d’année contribuant
ainsi au déséquilibre de l’écosystème, à l’érosion du sol et à la désertification.
Le pillage des richesses continuent jusque dans les eaux. Même l’écosystème
du milieu marin est menacé. Elle est menacée par la pêche industrielle. En
Afrique, la pêche est difficile à réglementer41. Les navires occidentaux
investissent illégalement les côtes africaines très riches en poissons et qui sont
en grande partie sans surveillance. Comparativement à la pêche traditionnelle où
le pêcheur n’a que sa pirogue et son filet, les navires européens, s’arment de

39
Déclaration consensuelle africaine pour Rio + 20, P 4
40
Rapport sur l’empreinte écologique de l’Afrique, P 68, awassets.panda.org
41
Déclaration consensuelle africaine pour Rio + 20

47
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

radars pour détecter les bancs de poissons, avec des filets de plusieurs centaines
de mètres ils dépeuplent très rapidement l’écosystème marin.

L’histoire retiendra que l’empreinte écologique de l’Afrique s’est renforcée à


partir des politiques agricoles des institutions de Breton wood. Elles ont incité
les pays africains à la promotion des cultures d’exploitation. Ensuite les
entreprises occidentales ont investies le terrain avec des nouvelles techniques
d’exploitation agricoles hautement dévastatrices et polluant. Ce qui est encore
plus aberrant, l’Afrique est la destination privilégiée pour y déverser les produits
toxiques que les industries ont rejetés. Avec la complicité de quelques vénales
autorités, les occidentaux déversent leurs déchets. ‘’L’affaire du Proto Koala’’
en est un exemple. Elle est une catastrophe environnementale survenue en Côte
d’ivoire en septembre 2006. Un navire appartenant à une compagnie grecque a
déchargé 581 tonnes de déchets toxiques. Ce qui a provoqué la mort de 17
personnes et de 43.492 cas d’empoisonnement confirmés.42

2/ Le commun accord africain devant le dilemme du développement durable

Pour Jollivet Marcel43, dans « le développement durable, de  l’utopie au


concept », il faut admettre que le développement durable a besoin d’être réalisé,
à la limite d’être construit. Le problème consistant à réaliser un développement
durable se pose différemment selon le niveau de développement des pays. Les
pays en développement qui n’ont pas véritablement amorcé leur développement
doivent penser «  développement durable », parce que la capacité de la planète à
survivre à une hyperactivité économique et industrielle est limitée. Mais devant
les dangers avérés et manifestes de l’appauvrissement des ressources et des
dégâts climatiques, les africains font contre mauvaise fortune, bonne foi.
42
D’après l’institut d’hygiène publique de Côte d’ivoire, cité par Amnesty international
43
Marcel Jollivet, le développement durable, de l’utopie au concept », de nouveaux chantiers pour la
recherche, décembre 2001, Editions scientifiques et médicales Elsevier SAS, Paris

48
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Politiquement la ligne directionnelle de l’Afrique est claire, notamment dans sa


déclaration consensuelle africaine pour RIO +20.

Dans le contexte où les pays en développement ont vu des ajustements


structurels, définir de manières rigides les modalités de développement suivant
un modèle qui favorise l’ouverture des économies et l’intégration de l’économie
mondiale, ces pays n’ont fait que subir les effets néfastes de l’économie
mondiale sans en profiter pour autant. L’Afrique est donc vulnérable à tout point
de vue, aussi bien sur le plan économique qu’environnementale. A cause de sa
faible capacité d’adaptation et de la faiblesse technique et technologique,
l’Afrique est le continent qui va beaucoup en pâtir de la dégradation de
l’environnement. Les pays industriels riches peuvent, eux générer des
innovations technologiques, alors qu’ils génèrent plus de déchets.

L’Afrique, consciente de ses forces et de ses faiblesses a opté pour la voix de la


‘’sagesse’’ celle de ne pas marcher sur les traces des occidentaux, à savoir « 
croissance sans vergogne aujourd’hui et dépollution demain ».

Pour ces raisons dans la déclaration consensuelle, les politiques ont noté la forte
dépendance de l’Afrique vis-à-vis des ressources naturelles pour sa croissance et
son développement, qui peut être affectés par les effets du changement
climatique. En dépit de ses faibles émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique
rets néanmoins le continent qui souffrira le plus des changements climatiques à
cause principalement de ses faibles capacités d’adaptation. Ces changements et
leurs effets entravent sérieusement le développement du continent.

Les politiques se sont donc engagés à résoudre ce problème de développement,


tout en tirant parti des possibilités offertes comme le renforcement des capacités
et le transfert de technologie.44

44
Document de la conférence préparatoire régionale africaine de la conférence des nations unies pour le
développement durable (RIO+20) / Déclaration consensuelle, p3, octobre 2011

49
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Malgré cette apparente prise de responsabilité politique pour donner un coup de


frange au développement durable, la réalité africaine n’est pas reluisante.
L’intensité de la désertification des terres arables représente un obstacle majeur
au développement durable du continent.

Tout cela ne réduit pas la détermination de l’Afrique, car bien qu’étant au début
du processus d’industrialisation, elle profite de cette occasion pour mettre en
œuvre une croissance industrielle durable. A ce propos le rapport CNUCED 45
(commission des nations unies pour l’environnement et le développement)
recommande à l’Afrique de ne pas suivre les erreurs des pays industrialisés qui
se sont développé au détriment de l’environnement. Le rapport préconise de
faire plus avec moins d’eau, moins d’énergie, moins d’intrant grâce à
l’utilisation des technologies plus efficaces et plus adaptés aux conditions
africaines. Albertine Jean marie46, appui dans ce sens en définissant le
développement comme l’apparition d’un monde nouveau et non le
grossissement quantitatif de ce qui existe déjà.

CHAPITRE II : ASYMETRIES ENTRE LE DEVELOPPEMENT


DURABLE ET LE DEVELOPPEMENT BASES SUR LES PRATIQUES
TRADITIONNELLES AFRICAINES

45
Rapport 2012, LA CNUCED, stratégie de transformation structurelle durable pour l’Afrique, Africatime, 14 juin
2012.
46
ALBERTINE Jean Marie, Mécanismes du sous-développement et développement, Paris, Editions Ouvrières,
1981n 254 pages.

50
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

I/ La gestion de l’environnement en Afrique

1/ Les pratiques ‘’culturelles’’

Les pratiques culturelles nous renseignent sur la place que les sociétés donnent à
la protection de l’environnement. Nous abordons ce point afin de nous attarder
sur les considérations culturelles que ces sociétés ont développées en rapport
avec la protection de l’environnement. Leurs pratiques culturelles se fondent sur
les savoirs traditionnels. Ces savoirs regroupent l’ensemble des connaissances,
savoir-faire et représentation des peuples qui ont une longue histoire avec leur
milieu naturel47. Ils sont étroitement liés au langage, aux relations sociales, à la
spiritualité et à leur façon d’appréhender le monde. Cette anecdote nous montre
que le paysan n’est pas aussi dénudé de connaissance comme certains
intellectuels le pensent. Aussi lors d’une émission « point de vue » diffusée à la
radiotélévision burkinabè (RBT), le journaliste Adjima D Thombiano,
s’exprimait ainsi, « les nouveaux acteurs (agrobusiness) vont ouvrir les yeux des
paysans en matière… » ; mais son interlocuteur qui était M. Baniahma Dao,
Président de la confédération paysanne du Faso, rétorqua en ces termes : « les
paysans ont déjà les yeux grands ouverts, ils ont un savoir illimité, ils lisent dans
le livre du savoir qu’est la nature ».48 Cette réponse est très éloquente et
illustratif parce qu’elle émane d’un paysan, président d’organisation paysanne.
Ce soi-disant savoir de son milieu naturel, permet au paysan de gérer
durablement son environnement parce que sa survie en dépend.

L’article 8 de la convention sur la diversité biologique de 1992, demande


expressément le respect, la préservation et le maintien des savoirs, des
innovations et des pratiques, des communautés autochtones et locales, parce

47
www.unesco.org/new/fr/natural-sciences
48
Emission TV/RTB : «  point de vue », copyright 12/2013, 19h08

51
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

qu’ils représentent des modes de vie traditionnels nécessaires à la conservation


et à l’utilisation durable de la diversité biologique. Cette reconnaissance nous
réconforte dans l’idée que la protection de l’environnement par les villageois
grâce à leur savoir-être et savoir-faire est avérée. Cette situation est plus
déterminée par la survie des populations directement dépendant de la nature.
Dans une telle situation, le paysan est plus prompt à la protection de
l’environnement que le citoyen européen qui vit entre gratte-ciel, ascenseur et
supermarché et ses occupations sociales qui sont le plus souvent éloigné du
travail de la terre. En fait être en contact avec la terre donne un certain sens de
spiritualité. Le paysan vit par conséquent grâce à un système culturel qui prend
sa source, sa définition de la nature, qui est sa mère nourricière. Cet adage de
Me Titinga F. Pacéré dit que  « si la branche veut fleurir, qu’elle honore ses
racines », est révélateur de la primauté de la culture dans la vie quotidienne du
paysans en Afrique noire. L’individu doit toujours marquer un respect pour les
éléments de la nature. Ceux-ci sont habités par des esprits qui établissent un
contact avec les ancêtres. Chez les Dogon au Mali, l’esprit de l’eau  « Nommo »
est considéré comme le père de l’humanité.49 Cette croyance aux forces vitales
de la nature ne permet pas aux individus d’abuser des ressources naturelles.
Tous les aspects liés à la gestion des ressources sont codifiés.

Le chef de terre qui avait la lourde et noble tâche de veiller à la bonne gestion
des ressources, brandissait les interdits, les sanctions et même des exclusions,
lorsque des comportements personnels mettent la communauté en danger.

49
Danielle et Olivier Follmi, origines : 365 pensées de Sages africains, Editions de la Martinière, Paris, 2009, 750
P

52
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Cette conception culturelle de la gestion de l’environnement basé sur les


interdits, la peur des esprits, et la règlementation des chefs de terre, a permis une
gestion de plus en plus performante de l’environnement au fil des années. Au
nombre des innovations techniques nous pouvons faire cas du ZAÏ. Il signifie en
morée  «  se lever tôt et se hâter pour préparer sa terre ». C’est une technique
traditionnelle réhabilitée au Yatenga (région au Nord du Burkina Faso) entre
1982 et 1984, à la suite d’une année de sécheresse. Il est une technique de
récupération des terrains encroûtés qui consiste à creuser un trou de 20 à 40 cm
de diamètre et de 10 à 15 cm de profondeur afin de recueillir les eaux de
ruissellement et de les laisser s ‘infiltrer. La matière organique y est ensuite
apportée sous forme de fumier ou de compost avant la période des semis. C’est
la mise en pratique des connaissances
qu’ils ont de leur nature, qui a poussé ces
paysans à expérimenter cette technique qui
a priori s’est déporté hors des limites
territoriaux. Cette technique est largement
utilisée par des paysans d’autres contrées.

Le zaï est actuellement promu par les


institutions internationales comme le PAM (programme alimentaire mondial) et
les ONG (organisation non gouvernementales) de développement. C’est dire à
qu’elle point les populations rurales sont en elles-mêmes des forces surs de
gestion et de protection de leur environnement pour peu qu’on considère leur
technique et leur savoir. Outre la technique du ZAI, nous avons le BANKA. Il
est une marre creusée au point le plus bas de chaque champ pour y recueillir
l’eau de pluie et éviter par là qu’elle ne ravine la parcelle. Il alimente en même
temps la nappe phréatique. Nous avons aussi le ‘’Wegoubri’’. Le paysan entoure
une prairie ou son champ de haies vives et plante des rangées d’arbres. Cette

53
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

protection naturelle maintient les animaux loin du terrain et protège le terrain


des vents desséchant.

En somme, il ressort que la protection de la nature est inhérente au style de vie


traditionnel de l’africain bien avant que la modernité ne vienne s’imposer et
surtout qu’elle apporte son lot de considération qui est notamment plus matériel
que spirituel.

2/ La notion de durabilité environnementale chez le paysan

Les populations locales d’Afrique ont leur propre compréhension de la durabilité


environnementale. Pour le paysan l’environnement a une existence pérenne.
Cette pérennité n’est pas liée aux ressources naturelles comme la matière. Elle
est plutôt liée à la spiritualité qui se trouve dans ces ressources. Les esprits qui
habitent les ressources ne meurent pas. Pour de nombreux pays Ouest-africains,
le monde à l’extérieur du village est peuplé de Djinns qui établissent leur
« demeures » soit dans les arbres, dans les roches ou dans les marres ou
s’associent quelquefois avec des animaux50. De ce fait, la matière qui est la
maison des esprits ne devrait pas périr. Cependant, le paysan reconnaît que
l’action de l’homme peut corrompre la pérennité de la matière, de l’habitat de
l’esprit et cela peut pousser l’esprit à migrer ailleurs d’où les malheurs sur le
village51. Par conséquent, l’homme qui est le responsable de la non
pérennisation de cette matière, peu aussi en assurer la pérennité. L’Homme
assure la pérennité des ressources parce que sa survie est liée à celle des
ressources donc à celle de l’environnement.

50
Fairhead J. Fields of struggle : Towards a social history of Farming knowledge and practice, Thèse pour le
doctorat d'Etat es Lettres, 2 tomes, Paris,1990 720pp.
51
Enquête de terrain 24/04/214, village de wabdigre

54
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Aussi, bien avant que les études sur la dégradation des terres et de
l’environnement ne viennent alarmer les milieux intellectuels et « 
développementiste », les paysans savaient que la terre est exposée à une
dégradation sous l’effet du ruissellement de l’eau, d’où l’existence des haies
vives…52

En somme pour le paysan, l’environnement est pérenne. Les esprits qui


l’habitent font son caractère pérenne. L’homme doit alors assurer le respect, la
protection de la nature parce que sa survie en dépend. Seulement, l’Homme est
comme un saprophyte dans la nature. Pour qu’il respecte la nature il faut un
figure forte, d’où le chef de terre. Grâce au respect et à la crainte qu’on lui
voue, celui-ci arrive à poser à l’homme une limite à ne pas dépasser. C’est cette
limite qui garantira l’équilibre et une possible pérennisation des ressources
naturelles.

II/ L’Afrique berceau du développement durable

52
Enquête/ 24/04/214 village de wabdigre : témoignage d’un paysan dans le canton du village de
Boundoukamba

55
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

1/ Le sens du développement dans la vision paysanne

La société traditionnelle africaine, c.-à-d. l’organisation sociale au niveau rural


se caractérise par une organisation basée sur les valeurs communautaires. Nous
tenons à insister sur le terme communautaire parce qu’elle est une unité sociale
autour de laquelle la vie se mène au village. Elle est une référence sociale pour
comprendre la vision du paysan. La communauté a des valeurs notamment, la
solidarité matérielle et morale. Le fait communautaire en lui-même découle
d’une conception de la vie fondée sur la recherche d’un «équilibre harmonieux »
au sein du groupe, ainsi qu’entre la société, la nature et le sacré. L’esprit
communautaire se traduit dans la vie quotidienne par le travail communautaire,
l’entraide, le « sousoaga ». Ce dernier, est une mobilisation de la force de travail
pour venir en aide à un individu, parce que l’union fait la force.

En effet, l’expression de la communauté, même si elle a affaibli depuis les


indépendances reste vivace. Cet esprit de communauté conçoit le
développement comme d’abord l’harmonie du groupe, parce que le groupe ne
pourra survivre que si l’harmonie est maintenue, sinon cette communauté
devient caduque et vide. Aujourd’hui le développement tel qu’il est compris
s’apparente à de l’accumulation des richesses dans l’objectif d’un mieux-être.
L’individualise est plus poussé. En comparant l’esprit de la communauté qui est
communautaire, et l’individualisme qui est une caractéristique du
développement moderne marqué par le capitalisme, il est difficile mais pas
impossible de concilier ces deux aspects dans la vision paysanne.
L’accumulation expresse et poussée de la richesse s’apparente à de l’égoïsme au
regard des autres membres de la communauté. Dans le même sens, la misère est
socialisée, humanisée et rendu supportable53.

53
Hergon Philippe, les blocages socio-culturels du développement en Afrique-noire, 1967, PP 699-709

56
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

La société capitaliste est marquée par la force de production et la consommation.


Pour la communauté en Afrique, il est plutôt question de « participation
sociale » et de consommation dans la « communion »54 pour emprunter les
termes de Senghor L. Sedar55. Il faut comprendre que la richesse est utilisée à
des fins de consommation et pour consolider le ciment social 56. Un paysan est
capable de mettre toute sa petite fortune pour marier une jeune fille. En se
mariant de nouveau, il sait qu’il agrandi la communauté et renforce les alliances
avec la tribu d’où provient la fille.

L’accroissement et l’utilisation rationnelle des richesses sont des préoccupations


secondaires57. L’accroissement des richesses n’a pas la signification qu’il a dans
les pays développés parce que la société est un système de relations symboliques
avant d’être un système d’échange onéreux58. Devant une telle conception,
Axelle Kambou59 s’insurge et trouve que l’Afrique se suicide dans une sorte
d’ivresse culturelle pourvoyeuse des seules gratifications morales.

Alors que pour la plupart des personnes interviewées «  c’est Dieu qui nous
transporte, il nous donne des animaux, la pluie et la force pour cultiver.
Pourquoi doit-on être encore égoïste en lui demandant plus ». Pour la majorité
des paysans il faut utiliser à bon escient les richesses dans les aspects les plus
importants de la vie. Dans les mariages afin de célébrer l’homme en tant qu’être
d’abondance, être qui produit, qui perpétue l’humanité. Dans l’entendement du
paysan, l’économie doit servir le social, et parallèlement l’économie et le sociale
font partie des piliers du concept de développement durable, d’où l’asymétrie
avec les conceptions traditionnelles.
54
Union des esprits
55
Senghor L S, La Poésie de l’action, conservation avec Mohammed AZIZA, Edition, Stock, 1980, 359 Pages
56
Les paysans africains et l’économie morale, Kazuhiko Sugionura, University of Fukui, Japan, traduction :
Robert Frouville, Janv-mars 2007, P 3
57
Les paysans africains et l’économie morale, Kazuhiko Sugionura, University of Fukui, Japan, traduction :
Robert Frouville, Janv-mars 2007, p 389
58
Hergon Philippe, les blocages socio-culturels du développement en Afrique-noire, 1967, PP 699-709
59
Kabou Axelle, Et si l’Afrique refusait le développement ? L’harmattan, Paris, 1994, 207 p

57
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

2/ Des comportements fidèles au développement durable

A la question, à qui appartient la terre ? Un ancien sage africain répondit : « Elle


appartient à une grande famille, une partie de laquelle est actuellement vivante,
une autre est déjà partie, une troisièmes n’est pas encore née »60. Cette réponse à
beaucoup de similitude avec la définition du développement durable
communément admise qui dit que : «  le développement durable est un
développement qui prend en compte les besoins du présents, sans compromettre
la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Dans les sociétés africaines précoloniales et même actuelles, le rapport à la


ressource terre, était fondamentale pour la survie du groupe 61. L’essentiel était
de la cultiver, non de la posséder parce qu’elle est non appropriable et
inaliénable, et n’est pas une valeur marchande. Pour le comprendre, il faut entrer
dans la pensée socio-écologique dont le village est le point de départ. Le village
est souvent nettement distinctif de la « brousse », foyer principal des végétaux,
des animaux et des esprits. L’espace du village humain a été découpé à partir de
la brousse. Cette fondation impose de créer une relation ou un ‘’contrat’’ avec la
brousse originelle, contrat qui continue à régir les relations entre la productivité
des hommes, des cultures, des arbres et des animaux62.

A wabdigre63 par exemple, le terme ‘’ faagre’’ est utilisée pour décrire une terre
dégradée. Ce mot signifie, ‘’ maigrir’’. La terre est comme personnifiée. Tout
comme l’homme la terre peut maigrir. Mais comme le fait de maigrir est

60
Jacques Chonchol, Paysans à venir, les sociétés rurales du tiers monde, édition La découverte, Paris V, 1986,
P291
61
Jacques Chonchol, Paysans à venir, les sociétés rurales du tiers monde, édition La découverte, Paris V, 1986, P
117
62
M. Leach, Rainforest, opt cit .à propos des chasseurs mende, Anthropos 79, 1984, p 653-656
63
Quartier du village de Boundoukamba. Nous avons choisi de mener une enquête dans ce quartier à cause de
son isolement. Nous voulons voir à quel niveau il conserve toujours leur manière de faire traditionnel, mais
aussi à quel niveau d’influence de la vie moderne.

58
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

logiquement le plus souvent lié à la maladie, la terre est donc malade lorsqu’elle
est dégradée, appauvrie.

La terre est même capable d’être souillée. Avoir des rapports sexuels avec une
fille dans la nature souille, la nature. Les coupables tombent malades du
« timpelem ». C’est une malédiction qu’il faut lever par des sacrifices.

«  Avant, quand on chasse un hérisson qui se réfugie dans la cavité d’un arbre, le
chasseur qui brûle l’arbre par mégarde afin de faire sortir l’animal doit faire des
sacrifices ». Ce sont là, des explications d’un octogénaire du village de
wabdigre. Il ajoute que le chef de terre donnait la bonne période pour couper les
arbres et il les trillait.

A travers ces exemples, on remarque que dans la société traditionnelle africaine


et certainement dans d’autres sociétés traditionnelles, met l’homme au même
titre que les autres éléments de la nature, sinon moins que ces éléments. Lorsque
Gallilé et Nicolas Copernic professaient que la terre n’était pas le centre du
monde, tout comme l’homme, ils étaient à mille lieux de s’imaginer que la
philosophie africaine l’avait déjà comprise et vivait en conséquence.

Dans le fond, les interprétations animistes ont donc favorisé un certain respect
de la vie, des ressources naturelles. Pour Dr Basga Emile DIALLA 64, elles ont
fait leur preuve. Il avance que c’est sur la base de ces ‘’interprétations ‘’ que les
populations rurales ont pu s’organiser, s’adapter et survivre dans des
environnements souvent hostiles. Il ajoute avec pertinence que l’influence de
l’héritage colonial et les sciences sociales du XIXème siècle ont plongée dans
l’oubli les savoirs locaux.

La société traditionnelle africaine n’est pas la dernière en matière de savoir, de


savoirs faire et être en matière de développement durable, notamment de gestion

64
Dr Basga Emile DIALLA, Savoirs locaux, 2007, p 7

59
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

durable de l’environnement. En outre, par rapport à son niveau de métabolisme


sociologique, elle est la première société qui détruit le moins l’environnement.
Le métabolisme désigne essentiellement le processus par lequel des organismes
vivants tirent leurs nutriments de l’environnement, les brisent en fragments plus
petits afin de les assimiler et rejettent ensuite ceux dont ils n’ont pas besoin. On
peut donc concevoir que les sociétés accomplissent un procédé métabolique en
acquérant de l’énergie et en extrayant des ressources naturelles des écosystèmes
puis en les transformant pour les consommer et finalement en générant des
déchets et autres sous-produits. Ces déchets dépendent du stade spécifique de
développement par lequel passe une économie65. De nombreux pays se trouvent
encore dans une phase de tradition entre une économie agraire et une économie
industrielle, notamment les pays africains. De ce fait, leur empreinte écologique
n’est pas aussi lourde que pour les pays industrialisés de l’occident.

Au finish quel que soit les termes et concept qui sortiront des laboratoires de
pensées pour définir le développement harmonieux qui a pour pilonne central le
respect de l’environnement, les africains pourront s’enorgueillir d’avoir opté
pour le bon choix, c.-à-d. en plaçant la sauvegarde de l’environnement au centre
de sa vie. Toutefois, l’Afrique a du mal a amorcé son développement
économique, mais cela n’est pas pour autant alarmant parce qu’il est un
processus relativement long et complexe.

CHAPITRE III : LES LIMITES DU DEVELOPPEMENT DURABLE


DANS LA PRATIQUE ET LES REALITES SOCIETALES AFRICAINES
ACTUELLES

65
Rapport 2012, conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement/ Le développement
économique en Afrique : Transformation structurelle et développement durable. P25

60
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

I/ La nouvelle donne environnementale

1/ La dégradation des ressources locales

La croissance démographique est l’un des facteurs majeurs de la dégradation des


ressources naturelles, notamment la ressource en terre. La croissance
démographique en Afrique fait partie des plus fortes au monde : au début du
20ème siècle, la population était de 188 millions, soit 7,4% de la population
mondiale. En 2000, ce chiffre avait été multiplié par 6 pour atteindre 798
millions, soit 13% de la population mondiale.66 L’Afrique a enregistré une
croissance fulgurante dans un contexte de croissance économique lente, ce qui
va engendrer de nombreux défis environnementaux. Ce facteur a causé une plus
grande demande de terre pour l’agriculture, ce qui contribue à la déforestation.
Sawadogo Y, à travers son « Manuel pratique de développement communautaire
à l’usage des animateurs en Afrique »67 constate qu’au bout de quarante (40) ans
son village a changé. Il déplore essentiellement la détérioration de
l’environnement à travers la disparition des bosquets.

Cette situation inquiète le paysan. Une personne âgée du village de wabdigre


disait ceci : « la terre va bientôt devenir une ressource rare, et lorsque cela
arrivera nous mourrons de faim ». Lorsqu’on lui demande pourquoi, il
s’explique. « Avant lorsqu’un étranger vient de la côte d’ivoire ou d’ailleurs,
nous étions fier de lui tailler une portion de terrain pour sa culture. Aujourd’hui
même nos enfants ne trouvent plus de terrain à plus forte raison fertile. Il lie la
cause à l’action humaine, à l’anarchie liée à la relative perte de l’autorité du
chef de terre. Selon lui, d’antan, la force de la tradition permettait une bonne

66
Source : FAO 2003, Division de la population des nations unies, 2005
67
Sawadogo Yambangda, Manuel pratique de développement communautaire à l’usage des animateurs des
services publics et des associations en Afrique, Imprimerie Ouagadougou, décembre 2008, 125 p.

61
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

gestion des ressources foncières. Aujourd’hui, les forestiers sont là. Ils donnent
des autorisations pour couper les arbres on ne sait même pas sur quels critères ».

Sans vouloir expressément lier la dégradation des terres et la forte natalité qui a
conduit à une forte pression démographique, il faut avouer que la croissance
démographique ne s’est pas accompagnée d’une croissance économique. S’il est
indéniable que le paysan peut légitimement et librement mettre au monde sa
progéniture, il reste vrai que les enfants ne doivent plus être un prestige de par
leur nombre. Les parents doivent prendre leur responsabilité. Dans le temps, une
forte progéniture est une main d’œuvre pour travailler sur le champ familial.
Malheureusement la donne a changé. La terre est de plus en plus improductive,
la forte progéniture ne peut plus rien tirer des champs. Pour finir les jeunes
s’enfuient en ville où certains deviennent des délinquants.

La démographie n’est pas le seul facteur de la dégradation environnementale.


L’orpaillage traditionnel qui s’est développé ces dernières années au Burkina
Faso est une menace pour l’environnement. Dans le Yatenga, la paysage est
défiguré partout où des orpailleurs sont passés. C’est une recherche effrénée.
Que ce soit dans les champs, sur les montagnes pourvu que l’on puisse tirer
quelques grammes d’or. L’argile qui est extraite des trous s’écoule aux
premières pluies et forme un terrain encroûté où presque plus rien ne peut plus
pousser. Plus grave encore, certain utilise des produits chimiques tels le cyanure.
Cette situation est d’autant plus préoccupante parce que les autorités n’ont les
moyens de contrôler et même de réglementer cette exploitation traditionnelle,
qui mal cadrée cause de graves dommages à l’environnement.

La dégradation environnementale est aussi liée à l’utilisation de plus en plus


grande des produits chimiques pour les cultures agricoles. Dans le nord
l’utilisation des produits chimique n’est pas répandue. Par contre dans le sud
Burkina où l’herbe est bien grasse, les paysans utilisent des pesticides pour

62
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

affaiblir les herbes avant de les couper. L’utilisation de ces produits chimiques a
un impact non négligeable dans le long temps. Il y a un risque de pollution des
nappes phréatiques dans le long terme, dans le court terme, les marres et
l’écosystème qui y vit seront atteints.

En définitive, les ressources naturelles directement liées à la vie du paysan sont


menacées, essentiellement la terre. En dépit des comportements généralement
respectueux de l’environnement, le paysan africain n’est plus libre de ces
agissements envers la nature. Son comportement est déterminé par la nécessité
de survivre dans un monde sans frontière ou les effets de l’économie influence
la planète entière. La forte croissance démographique des pays pauvres et la
récession économique mondiale a conduit le monde rural dans une impasse. Ce
monde rural est dans l’obligation de trouver des mesures de survies qui ne sont
pas forcément respectueuses de l’environnement, donc paradoxale aux principes
du développement durable.

2/ L’influence de la société de consommation dans les villages africains

La société de consommation occidentale a étendu ses tentacules à travers


l’espace avec la mondialisation galopante. Les plus petits et mêmes les plus
éloignés des hameaux de culture ont été atteints par le modèle de la société de
consommation. Le portable est de nos jours l’outil le mieux partagé. Celui qui
en possède ressent même un certain prestige. Son utilité est aussi de plus en plus
prouvée. Dans les villages quelques soit l’âge, le statut, le sexe, c’est un outil de
luxe qui séduit. Au niveau communautaire, le principe de communauté
commence à être éprouvé. L’individualisme commence à s’installer en même
temps que le paysan commence à s’intéresse aux produits technologiques et au

63
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

mode de vie urbain. En effet, la paysannerie est en mouvement. Pour aller où,
nous l’ignorons, mais une chose est certaine elle va se muer.

Les mets traditionnels commencent à sentir fade dans la bouche de certains.


Lors de notre enquête que ne fut pas notre surprise, lorsque nous avons vu dans
la maison de notre candidat des produits manufacturiers. Il nous dit ceux-ci : « 
Comme cela, vous penser que vous êtes les seules à connaître le bon, nous aussi
nous voulons manger bon, mais c’est seulement, l’argent qui manque ».

De plus, la motocyclette est le matériel qui va bientôt révolutionner le monde


paysan. Avec ce moyen, les distances sont écourtées, les déplacements sont de
plus en plus éloignés et pour couronner le tout, le portable permet d’être
permanemment informés, sans oublier la radio. Pour mettre en exerbe le niveau
d’information des paysans du village de Zaba, nous avons demandé à 25
personnes de sexes, d’âge, de statut différent, qu’elle était la dernière actualité
politique du pays qu’ils avaient en tête. Voici le résultat dans le tableau suivant :

Le paysan est très informé et averti. Il est différent du citadin par le cadre de
vie, sinon il est aussi perspicace que ce dernier.

Dans les villages, les valeurs changent d’une manière insidieuse, mais
imparablement. La terre n’est plus la seule source de survie. Le commerce et les
autres métiers sont devenus des gagnes pains. Lors d’une enquête exécutée par
le centre d’études, de recherche et de formation pour le développement
économique et social (CERFODES), et dans laquelle nous étions enquêteur,

64
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

nous avons remarqué qu’il se distingue une certaine catégorie de paysans qui ne
cultivent plus en saison pluvieuse.

Il se consacre à une autre tâche bien différente de l’agriculture. Avant les deux
activités étaient cumulées. C’est dire que les activités se diversifient dans
l’objectif de changer, mais surtout d’avoir plus d’argent. La ruée vers l’or est
aussi une solution pour être riche. Le plus souvent le gain de l’orpaillage sert à
s’acheter une moto, des babioles, un gros portable et à faire la fête en ville pour
un moment. Le goût du luxe est entré dans les « cases ». Et la société de
consommation ‘’mode villageois’’ commence à prendre forme.

II/ Les limites sociales et économiques

1/ Les tares sociales africaines

En Afrique il est de notoriété internationale que la solidarité est une marque


distinctive des sociétés et des communautés. Toutefois, des tares sociales
existent, comme dans toutes sociétés. Nous relevons quelques une de ces tares,
qui d’une manière ou d’une autre constituent des obstacles à la réalisation de la
vision de développement durable.

En effet, la vision sociale de la production et de la reproduction serait à la base


de l’oppression de la gente féminine. Alors que le développement durable
voudrait que toutes les personnes puissent bénéficier d’une justice sociale. On
constate malheureusement que la femme africaine est spécialement victime des
pratiques sociales qui leur sont défavorables à tout point de vue.

Dans la vision sociale de la production et de la reproduction, la femme est prise


comme une force productrice de biens et une matrice reproductrice naturelle. La

65
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

femme africaine abat un gigantesque travail pour le bien-être de sa famille. Elles


assurent le plus souvent les tâches les plus ardues. A titre illustratif, nous
pouvons nous référer aux témoignages des femmes du village de wabdigre.
« Chaque jour avec sa peine. Il y a la corvée d’eau, de bois, le balayage, la
vaisselle, la cuisine ». Ailleurs les femmes se plaignent aussi notamment à
Dissin (Burkina Faso) : « « pendant l’hivernage on se lève vers 4 ou 5 h du
matin pour chercher l’eau, balayer, piler le mil, préparer le petit déjeuner,
travailler sur le champ du mari, rentrer à 19 h, puis il préparer le soir pour se
coucher vers 22 h ou 23h.68 Leur peine ne s’arrête pas là. Mme Adjaratou,
femme alphabétiseuse dans le village de wabdigre nous a fait quelques
confidences bien alléchantes. «  Une fois un mari à malmener sa femme, parce
que celle-ci ne voulait pas de lui pour la nuit, la pauvre était exténuée. Le mari
l’a battu, jusqu’ au consentement de la femme. Personne, n’est intervenu parce
que les hommes prennent l’acte sexuel comme un droit que la femme ne peut
refuser ». La peine de la gente féminine se prolonge lorsque vient la saison des
pluies. Une fois que l’homme à débroussailler le champ, la femme creuse le zaï.
Cela demande une grande ébauche d’énergie. Cette situation a une explication
sociale. Le système patriarcal fait de la femme un être social de second rang.
Elle est condamnée à obéir aveuglement à l’homme et à le servir. Aussi, la
femme est considérée comme une étrangère chez son mari 69. A ce propos, le
chef coutumier de koupéla (Région du Centre-est du Burkina Faso) s’exprimait
en ces termes : « La femme ne se marie pas pour s’ingérer dans des questions de
terre, mais pour servir la famille de son mari. Dans l’histoire de l’humanité, la
femme n’a jamais réclamé la terre. Elle peut bien faire des propositions sur
l’utilisation de la terre, mais elle ne peut appliquer directement ses idées sur la
terre. La terre appartient à la famille. Devrait-on morceler la terre à chaque fois
68
Pierre PRADERVAND, Une Afrique en marche : le révolution silencieuse des paysans africains, Avril 1989,
France Edition PLON 333, p 65
69
Propos d’une villageoise lors d’une réunion de travail sur le parrainage à l’association Zoodo pour la
promotion de la femme (AZPF)

66
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

qu’il y a un mariage ? Il est très difficile qu’une femme hérite d’une terre alors
qu’elle est alliée à une autre famille. Je ne vois pas comment on devrait lui
donner la jouissance d’un patrimoine qui irait par alliance à une autre famille.
C’est la loi des mâles en Afrique ».70

Ce dernier passage est assez éloquent sur la position sociale de la femme, surtout
lorsque ces paroles émanent d’une personne garante des valeurs de la
communauté. Il ressort clairement un déséquilibre social consécutif aux valeurs,
connaissances et croyances. Il en découle des stéréotypes et préjugés envers la
femme. Cela induit des inégalités et des iniquités préjudiciables à la gente
féminine.

Les conséquences sont de ce fait grandioses. On note un accès inégal aux


services sociaux de base, le manque d’accès au contrôle des ressources et des
sphères de décisions sans oublier le manque de partage équitable. Cette
problématique prend forme dans le concept « genre ». Le « Genre » qui est en
réalité une construction sociale qui confère dans une société donnée, des rôles
sociaux, des responsabilités et des positions aux hommes et aux femmes. Cette
construction sociale a conféré à la femme rurale africaine une position inférieure
à celle de l’homme. Cette situation ne permet pas une justice sociale et un
partage des bénéfices d’écoulant de l’économie.

2/ La précarité économique

En Afrique et plus particulièrement dans les villages et les communautés,


l’économie rurale n’est pas dynamique. Elle n’est pas structurée. Les
populations sont très pauvres. D’après notre enquête, une femme gagne en
moyenne 15 000 f par an à wabdigre. Leur source de revenu est principalement
la coupe et la vente du bois mort. Les hommes eux vendent une partie de la
70
Atelier de formation des Animatrices et animateurs des Partenaire de mise en œuvre de la composante 3 du
Programme Alimentaire mondial (PAM) Dans la région du Nord. En Genre et développement/ Cahiers du
Participant Mars 2012, p 22

67
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

récolte ou de la volaille ou du petit bétail. En général les sources de revenu en


milieu rural sont limitées. La pauvreté se ressent sur les enfants et les femmes.

Dans le village, une dizaine de filles et de garçons fréquentent le collège de


Tangaye qui est à 12 kilomètres. A midi, les élèves restent sur place sans
pouvoir se mettre même un petit gâteau dans le vendre. Les plus petits, ceux du
primaire profitent de la cantine. Malheureusement, beaucoup d’entre eux portent
des habits rapiécés, qu’ils portent toute l’année. En ville un enfant de la rue
refuserait probablement de porter de vêtements pareils. Aussi ils abattent 3
kilomètres pour aller l’école. La majorité est pied nu. Ce schéma de
vulnérabilité des habitants de wabdigre est semblable à d’autres villages en
Afrique.

Le commerce n’est pas aussi vivant. A wabdigre il n’y a qu’une seule boutique
pour quelques centaines de personnes. Quelques femmes exercent de petites
activités commerciales. Elles vendent soit du sucre, soit des arachides, ou bien
des gâteaux. Les profits sont bien maigres et elles font des pertes qui ne les
encouragent pas à développer leur commerce.

De plus, d’une manière générale, en Afrique le milieu rural manque cruellement


d’infrastructure, toute chose qui ralenti son développement économique.

Les infrastructures sanitaires manquent, elles sont éloignées des populations. Par
exemple à wabdigre le centre sanitaire le plus proche est à 7 km. Aussi les
populations ne l’a fréquent qu’en cas d’aggravement de la maladie. La confiance
aux tradi-praticiens est encore très forte.

Les populations sont malnutris, ce qui fait qu’en 2000, une association a apporté
un projet de récupération nutritionnelle des femmes enceintes et des enfants de
moins de 5ans, dans ce village.

68
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

Le développement durable ne peut se faire sans le développement économique.


Et le milieu rural a besoin d’être organisé économiquement et socialement. En
la matière, des efforts sont consentis par les associations et les ONG de
développement. Les activités socio-économiques dont les activités génératrices
de revenus initié et soutenu par les projets sont la preuve que les ONG peuvent
contribuer énormément dans le sens d’accompagner le développement des
communautés à la base.

CONCLUSION GENERALE

L’un des concepts, le plus usité et le plus mobilisateur de ce XXI siècle est le
développement durable. Que de conférences et de séminaires auxquels
participent d’éminents chercheurs et fonctionnaires internationaux pour des
réflexions. Paradoxalement, le petit paysan dans le dernier des hameaux de

69
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

culture du Burkina Faso, n’est pas dans l’engouement de ces réflexions. Mais il
semble que celui-ci soit au centre des enjeux sans même le savoir.

Notre souci à travers ce travail a surtout consisté à argumenter sur le contexte


qui a prédéterminé la médiatisation hors pair du concept de développement
durable. Dans la première partie de notre travail, nous avons donc revisité le
mode de développement économique des pays industrialisé. L’occident s’est
développé grâce à l’exploitation industrielle. Cette exploitation a été très
gourmande en ressource naturelles. Elle a causé des dommages
environnementaux et contribué à mettre en danger la survie de l’espèce
humaine. Même la couche d’ozone qui nous protège des rayons du soleil est
attaqué cause de la pollution industrielle, les nappes phréatiques sont
empoissonnées, les forêts sont détruites pour le bois, etc.

Après son succès industriel, l’occident s’est mué en une société de


consommation. Elle se caractérise par le gaspillage et la consommation
maladive et inconséquente des produits manufacturiers. Les industries ont dû
continuer de piller les richesses planétaires afin de toujours satisfaire cette
société de consommation. En réalité tout le système économique de l’occident
est basé sur la consommation. Ce système a connu des critiques pour son
manque de durabilité et surtout pour son manque de respect de l’environnement.

La communication médiatique a aussi joué un rôle primordial dans la


configuration de la société occidentale telle qu’elle se présente à nos jours. Elle
a surtout contribué à diffuser largement le concept de développement durable.
Cependant, la publicité et les outils de communication W2-0, ont contribué
largement à renforcer la société de consommation. Ils ont servi à manipuler les
consommateurs qui en sont arrivé à considérer la consommation comme un
aspect de leur culture. Par finir la consommation déterminait le statut social.
Dans l’autre sens la communication médiatique a aussi contribué à la

70
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

sensibilisation des occidentaux pour une prise de conscience. Les media ont
voulu pousser le consommateur certes à continuer de consommer, mais de le
faire avec sa conscience et surtout de consommer d’une manière plus
respectable parce que la planète est en danger.

Dans la seconde partie de notre travail nous faisions ressortir, les réalités et le
réalisme de ce concept pour les africains. Nous y abordons d’abord les trois (3)
principes fondateurs du développement durable. Ces trois piliers sont sous
tendus par la définition du rapport Brundtland qui dit que le développement
durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Cette
conceptualisation nous permis de nous rendre compte qu’il s’agit d’un
développement qui met l’environnement au centre.

Dans le contexte africain nous avons pu voir avec des données l’appui que
l’empreinte écologique de ce continent est presque nulle ce qui prouve qu’elle
ne nuit pas tellement à l’environnement comme l’occident. Cette situation est
possible grâce aux bonnes pratiques culturelles et à la notion de durabilité chez
le paysans en Afrique. Ce qui nous a fait dire que l’Afrique est le berceau du
développement durable avant que les media, ni les politiciens, ni même les
chercheurs ne le conceptualise.

En outre la donne a changé en Afrique. Les ressources sont menacées par la


forte démographie. Les populations rurales commencent à être influencées par la
société de consommation du fait de la mondialisation. Nous avons noté aussi
que les tares sociales et la précarité économiques pourrait saper l’avènement
d’un développement durable fidèle au concept.

71
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78
Développement durable, réalités historiques et réalismes
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ANNEXES

79
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

TABLES DES MATIERES

DEDICACE…………………………………………………………………….

REMERCIEMENT……………………………………………………….......

PREFACE……………………………………………………………………

AVANT-PROPOS……………………………………………………………

INTRODUCTION
GENERALE…………………………………………………………………

80
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

A/ CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE……………………………………

B/ CADRE METHODOLOGIQUE……………………………………………

PREMIERE PARTIE : CONTEXTE D’EMERGENCE DU CONCEPT DE


DEVELOPPEMENT
DURABLE………………………………………………………………………

CHAPITRE I : EFFETS PERVERS DU MODELE DE DEVELOPPEMENT


CLASSIQUE……………………………………………………………………..

I/ Le développement économique des pays


industrialisés…………………………………………………………………….

1/La mutation industrielle de


l’occident…………………………………………………………………………

2/Les enjeux environnementaux de la pollution


industrielle………………………………………………………………………

II/ La société de
consommation……………………………………………………………………

1/ Les fondements de la société de


consommation……………………………………………………………………

2/La société de
gaspillage………………………………………………………………………..

CHAPITRE II : COMMUNICATION MEDIATIQUE ET SOCIETE DE


CONSOMMATION………………………………………………………………

I/La communication au service d’une consommation de


masse……………………………………………………………………………...

1/Les mécanismes de la publicité et son rôle dans la consommation……………..

2/le rôle des outils de communication W2- 0……………………………………..

81
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

II/l’alerte médiatique et la formulation d’un message de


repositionnement……………………………………………………………….....

1/ les media et la conscience populaire………………………………………….

2/ le repositionnement stratégique des médias ou la communication


environnementale…………………………………………………………………

PARTIE II : REALISMES ET REALITES AFRICAINS DU DEVELOPPEMENT


DURABLE………………………………………………..

CHAPITRE I : PRINCIPES DE BASE DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTRE


REALISME AFRICAIN ET REALITE
HISTORIQUE…………………………………………………………………….

I/ les principes fondateurs du développement durable………………………….

1/ l’aspect environnemental et social……………………………………………

2/l’aspect économique………………………………………………………….

II/l’Afrique devant la réalité historique…………………………………………

1/l’empreinte environnementale des populations africaines……………………

2/le commun accord africains devant le dilemme du développement durable…

CHAPITRE II : ASYMETRIES ENTRE LE DEVELOPPEMENT DURABLE ET LE


D2VELOPPEMENT BASE SUR LES PRATIQUES TRADITIONNELLES
AFRICAINES……………………………………………

I/la gestion de l’environnement en Afrique………………………………………

1/les pratiques culturelles…………………………………………………………

2/la notion de durabilité environnementale chez le paysan……………………..

II/ l’Afrique berceau du développement durable………………………………….

1/le sens du développement dans la vision paysanne…………………………….

82
Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

2/ des comportements fidèles au développement durable………………………...

CHAPITRE III : LIMITES DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES


PRATIQUES ET REALITES SOCIETALES AFRICAINES ACTUELLES…..

I/la nouvelle donne environnementale…………………………………………..

1/ la dégradation des ressources locales………………………………………….

2/ l’influence de la société de consommation dans les villages africains……….

II/ les limites sociales et économiques……………………………………………

1/ les tares sociales africaines…………………………………………………….

2/ la précarité économique………………………………………………………..

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………….

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………….

ANNEXES…………………………………………………………………………

TABLES DES MATIERES……………………………………………….

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Développement durable, réalités historiques et réalismes
africains [ ]

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