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le point sur

Contexte pétrolier 2010 et tendances


L’incertitude du contexte économique, en particulier dans les pays occidentaux, est
à l’origine d’une fluctuation marquée du prix du pétrole en 2010 : minimum de 67 $/b
en mai et des pointes autour de 85 $/b, en avril et 90 $/b novembre. Il se situe en
moyenne annuelle à presque 80 $/b, soit près de 20 $ de plus par rapport à l’année
2009 (61 $/b). Pour 2011, le marché anticipe un prix compris entre 80 et 90 $/b, lié à
l’hypothèse d’une tension croissante. Le marché privilégie la croissance des pays
émergents avant le risque économique et financier des pays occidentaux.

Une influence majeure des marchés financiers économique de 2009 (- 0,6 % au niveau mondial) continuent
à peser sur les marchés par le biais de l’endettement des
Le prix du pétrole n’a pas échappé à l’influence d’un États occidentaux.
contexte économique incertain qui a provoqué de fortes Le premier semestre a été marqué par les incertitudes du
corrections tout au long de l’année. Il a, de ce fait, suivi contexte européen, avec les dégradations successives de
globalement les hésitations des marchés financiers la note de la dette de la Grèce (fin 2009), du Portugal
(figure 1), qui ont fait osciller l’indice Dow Jones entre (mars) et de l’Espagne (mai) qui aboutissaient à un décro-
10 000 et 11 400 points. Le pétrole a, pour sa part, fluc- chage violent des marchés financiers et du pétrole en mai.
tué entre 67 et 90 $/b au cours de l’année.
La hausse du prix du brut constatée entre février et avril,
Fig. 1 - Évolution du Dow Jones et du pétrole WTI en 2010 (jusqu’à soutenue par les résultats positifs des sociétés, était ainsi
début décembre) entièrement annulée, le pétrole passant ponctuellement
120 12 000
sous les 70 $/b fin mai. Il faudra l’annonce de la création
du Fonds européen de stabilité financière (FESF), lors d’un
Dow Jones sommet exceptionnel des chefs d’État début mai, pour
110 11 000
rassurer les marchés. La publication en juillet des tests
de résistance des banques jugés plutôt satisfaisants ira
100 10 000 dans le même sens.

90
Dans ce contexte, l’euro, qui avait perdu 16 % entre janvier
9 000
WTI $/b et juin (figure 2) commencera sa remontée alors que les
inquiétudes se tourneront désormais vers les États-Unis.
80 8 000
Le rapport de conjoncture de la Réserve fédérale améri-
caine (Fed) de fin juillet confirmera les doutes des inves-
70 7 000 tisseurs quant à la pérennité de la reprise économique,
avec une croissance de seulement 2,4 % au deuxième tri-
60 6 000 mestre, contre 3,7 % au précédent. Cela entraînera en
Janv.-10 Avril-10 Juil.-10 Oct.-10 août une nouvelle chute des marchés et du pétrole dans
leur sillage, qui perdra ainsi près de 14 $/b sur ce seul
Sources : Platts, Yahoo mois pour revenir vers les 70 $/b.
La vision économique et financière a ainsi été l’élément Les mois de septembre à novembre seront à nouveau
déterminant dans la formation du prix. Les secousses orientés à la hausse, grâce une nouvelle fois aux résultats
de la crise financière de 2008, suivies par la récession favorables des sociétés, comme en avril et juillet, et surtout
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Contexte pétrolier 2010 et tendances

à l’annonce de la Réserve fédérale américaine affirmant Chine (10 %). Ce constat a été à l’origine des corrections
sa volonté d’injecter des liquidités, si nécessaire. Le plan haussières poussant le brut à plus de 80 $/b.
de la Fed sera dévoilé le 3 novembre, prévoyant 600 mil-
liards de dollars d’achat d’obligations d’État avec l’objectif Fig. 3 - Croissance économique par zone
affiché de relancer la croissance (par le biais indirect de 10
Monde
l’accroissement de la liquidité bancaire, de la hausse des OCDE
actifs et de l’inflation anticipée). 8 Non OCDE

Fig. 2 - Évolution de l’euro et du Brent en 2010 6


95 1,7
4
90 1,6

%
85 Brent $/b 2
1,5
80 0
1,4
Brent

75 €
1,3 -2
70 €/$
1,2 -4
65
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
1,1
60
Source : FMI (octobre 2010)

55 Brent €/b 1,0

50 0,9 Spéculation et rôle des fondamentaux


Janv.-10 Avril-10 Juil.-10 Oct.-10
De nombreuses études ont tenté de prouver l’impact
Sources : Platts, BCE
de la spéculation sur les prix sans conclure pour la
Ce plan de création monétaire, susceptible d’affaiblir le plupart avec certitude. Il semble néanmoins probable
dollar, poussera le Brent vers des sommets à 88 $/b, au qu’elle joue un rôle significatif de court terme pour
plus haut depuis octobre 2008. La fragilité de la situa- accentuer les mouvements tendanciels du marché.
tion européenne, nécessitant le plan de soutien à Les conseils d’achat ou de vente fondés sur les seules
l’Irlande et l’intervention de la BCE pour rassurer les techniques graphiques et parfois automatisées ("trading
marchés, fera retomber l’euro de 1,42 $ à 1,31 $ fin algorithmique") ne peuvent être sans effet.
novembre, sans trop impacter le Brent qui résistera Ces mécanismes ont probablement tendance à amplifier
autour des 85 $/b, avant de dépasser les 90 $/b. Comme les mouvements, sans toutefois en créer de fictifs
en début d’année, le lien inversé souvent évoqué entre déconnectés du contexte. L’analyse de l’année 2010
évolution du dollar et du pétrole ne se vérifie pas, montre en effet que des facteurs objectifs (crainte ou
confirmant qu’il n’est pas systématique (figure 2). espoir sur la croissance, sur le risque financier, effet
L’année 2010 aura donc été marquée par des mouvements euro, etc.) peuvent aussi expliquer les évolutions
haussiers et baissiers assez violents, reflets de ce observées.
contexte d’après crise qui fait encore peser un risque Les mouvements des marchés ne peuvent donc pas
financier majeur, avec la possibilité d’une rechute de être attribués au seul résultat des positions purement
l’économie. La Banque des règlements internationaux spéculatives. Ils résultent in fine d’une combinaison
comme le FMI ont évoqué ce scénario que l’on ne peut complexe entre les positions spéculatives visant un
écarter. Le retour régulier en 2010 vers les 70 $/b pour profit, et celles des acteurs physiques qui cherchent à
le pétrole s’inscrivait dans cette hypothèse. couvrir un risque, tout en spéculant eux-mêmes sur
Le scénario central proposé par le FMI reste néanmoins une hausse ou une baisse à terme.
un scénario de reprise en V (figure 3) à 4,8 % au niveau La question de la fiabilité de ces mécanismes pour
mondial en 2010, avec toutefois un léger recul en 2011 à découvrir un prix juste reste toutefois fondée. Elle se
4,2 %. Rappelons également que, si la croissance est pose depuis 2004, et surtout depuis 2008 année du
assez molle pour les pays occidentaux (2,7 et 2,2 % res- prix record de 144 $/b atteint en juillet. En d’autres
pectivement), elle reste particulièrement vigoureuse termes, est-ce que les fondamentaux du marché sont
dans le reste du monde (7,1 et 6,4 %), en particulier en pris en compte ?
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Contexte pétrolier 2010 et tendances

De 2004 à 2008, la faiblesse des capacités de production 70/80 $/b comme référence des coûts
disponibles a constitué sans aucun doute une explication marginaux de production
crédible, aboutissant à un prix de destruction de la
demande nécessaire pour rétablir l’équilibre offre/
Compte tenu du rôle de l’Opep prêt à assurer le rôle
demande. Cette affirmation est cependant contestée par
de producteur d’appoint en période d’offres excéden-
certains experts dans un débat qui ne sera probablement
taires, le marché pétrolier a pu développer au fil du
jamais tranché.
temps des offres à des coûts relativement élevés.
Actuellement, il est possible d’identifier deux facteurs
Ce fut l’offshore de la Mer du nord dans les années 80,
susceptibles de donner un sens aux prix observés : il
et plus récemment l’offshore très profond et les huiles
s’agit des coûts de production les plus élevés et, à nou-
veau, des marges de manœuvre du marché en termes de non conventionnelles. Ces dernières jouent aujour-
capacités disponibles. Le premier facteur joue sur la zone d’hui le rôle de fourniture marginale du marché aux
d’équilibre du prix, le second sur une prime éventuelle coûts de production les plus élevés. Il s’agit en parti-
dans l’hypothèse d’un risque de tensions. culier des sables bitumeux du Canada, qui représen-
tent un volume de l’ordre de 1,5 millions de baril jour
(Mb/j), soit 2 % environ de la production mondiale,
Spéculation et volatilité
volume qui devrait atteindre 2,8 Mb/j en 2020.
La volatilité structurelle du prix du pétrole ne semble
pas très fortement affectée par la montée en puis- Une étude de 2008 d’un consultant canadien (Ross
sance des contrats financiers sur le pétrole observée Smith Energy Group) permettait d’estimer la valeur
depuis 6 ans. En moyenne mensuelle, elle est en effet plancher des huiles lourdes canadiennes à 60 $/b
relativement stable depuis les années 1990, se pour obtenir un taux de retour de l’ordre de 10 %.
situant autour de +/- 0,5 % à 1 % par jour avec bien Pour un taux de 15 %, un prix de 80 à 90 $/b devenait
entendu des pointes en période de crise. nécessaire. La compagnie norvégienne Statoil a évo-
qué plus récemment, début 2010, un seuil de 70 à
Fig. 4 - Écarts journaliers du Brent en $/b – moyenne 22 jours 80 $/b, proche de celui évoqué par l’AIE (65 à 75 $/b –
1,0 WEO 2010).
Cette fourchette de prix, évoquée d’ailleurs à plusieurs
0,5
reprises par les membres de l’Opep comme juste prix,
avait donc un sens pour définir des cotations sur le
0
marché, en ligne avec les coûts marginaux de produc-
$/b

tion. Les pointes au-delà de la valeur haute des 80 $/b


-0,5
sont d’ailleurs restées assez fragiles, avec des correc-
tions baissières en période de doute sur la croissance.
-1,0
Le marché a pourtant montré, même ponctuellement,
-1,5 qu’il était prêt à valoriser le pétrole entre 80 et 90 $/b
cette année. L’Opep s’est d’ailleurs empressé, par la
-2,0 voix du ministre saoudien du pétrole, d’évoquer le 1er
novembre une nouvelle référence de prix entre 70
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010

et 90 $/b. La psychologie jouant un rôle non négli-


geable sur les marchés, ce seul fait est susceptible de
Elle a ainsi atteint en moyenne près de + 3 % par jour constituer un facteur de soutien du prix au-delà des
au cours de la crise du Golfe de 1990, et à l’inverse
80 $/b.
– 2 % pendant la crise financière de fin 2008. Ce qui
bouleverse la donne, c’est évidemment la valeur Néanmoins des raisons objectives sont nécessaires
absolue du pétrole en forte progression sur cette pour tenir un prix, les raisons erronées ou infondées
période : 0,5 % de 20 à 30 $/b représente 0,1 à 0,15 $, ne pouvant que déboucher sur des bulles spéculatives
contre 0,35 à 0,4 $ pour un pétrole coté entre 70 et appelées à éclater. C’est donc du côté de la perception
80 $/b (figure 4). de l’équilibre futur offre/demande qu’il faut se tourner
pour mieux comprendre les raisons d’une prime sur
Source : IFP Energies nouvelles le brut.
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Contexte pétrolier 2010 et tendances

L’équilibre offre/demande anticipé pèse et 4 Mb/j en 2015. Une Opep plus forte pour gérer l’offre et
à la hausse sur le prix un déclin des marges de manœuvre constituent sans
conteste des facteurs de soutien haussier pour le marché.
Il est souvent difficile de comprendre une relative tension C’est la vision anticipée actuellement par les marchés,
sur les prix à court terme (spots) alors que le seul ce qui se traduit par des prix à terme, qui cotent le
contexte du moment ne la justifierait pas. Le marché pétrole pour les mois à venir, orientés à la hausse. Ces
pétrolier est en effet caractérisé par des capacités excé- cotations financières, qui fluctuent fortement comme
dentaires de production assez élevées, de l’ordre de 6 Mb/j, les prix spots, avec la perception du futur, ont ainsi anti-
soit plus de 7 % de la demande. Pour comprendre les cipé la moyenne 2011 entre 80 et 90 $/b (figure 6) tout
hausses actuelles des cours, il convient donc de se tourner au long de l’année 2010.
vers l’équilibre attendu dans les prochaines années. Les prix spots fixés au jour le jour sont influencés par ces
La demande, qui a reculé de 1,6 Mb/j entre 2007 et 2009 anticipations. Un écart trop important entre prix spots et prix
sous l’effet de la crise, est désormais à nouveau orientée à à terme entraînerait en effet des mécanismes physiques de
la hausse. Une croissance très forte de 2,2 Mb/j est ainsi réajustement via le stockage. Ceci explique pourquoi, en
attendue en 2010, et de l’ordre de 1,1 Mb/j en moyenne dépit de capacités excédentaires importantes actuellement,
annuelle jusqu’en 2015. Les pays émergents seront à l’ori- le prix est relativement élevé. Une progression du prix
gine de la hausse (+ 1,4 Mb/j), alors que les pays occiden- moyen annuel de 80 $/b en 2010 à près de 90 $/b en 2015
taux entament un déclin structurel de leur consommation. est ainsi envisagée par les marchés.
Dans le même temps, la production des non Opep devrait Fig. 6 - Prix moyen mensuel du WTI (2009-2010) et anticipation des
stagner autour des 53 Mb/j, ce qui nécessitera un recours marchés (prix à terme)
croissant à l’offre des pays de l’Opep. La production du 100
cartel passera ainsi de 34 Mb/j en 2010 (LGN inclus) à plus
90
de 39 Mb/j en 2015 (figure 5). Hors LGN, la progression
devrait se situer à 3,7 Mb/j, ce qui devrait permettre d’ab-
80
sorber la hausse attendue de l’Irak (+1 Mb/j d’ici 2015), en
laissant une marge significative pour les autres pays 70
Prix à terme à différentes dates
$/b

membres soumis à quotas. L’intégration de l’Irak dans ce WTI (mensuel)

système de quota pourrait ainsi se réaliser sans trop de 60


tensions au sein de l’organisation.
50
Fig. 5 - Équilibre du marché pétrolier 2000 - 2015
100 40

90
Demande
30
Janv.-09

Avril-09

Juil.-09

Oct.-09

Janv.-10

Avril-10

Juil.-10

Oct.-10

Janv.-11

Avril-11

Juil.-11

Oct.-11
80

70

60 Sources : Platts, CME Group


Prod. non Opep
Mb/j

50 Dans ce schéma de tensions potentielles à venir, il convient


40
Capacités Opep également d’intégrer le contexte géopolitique. Nigeria,
enclave du Cabinda en Angola, Yemen, provinces pétro-
30
Prod. Opep lières de l’Irak ont ainsi été l’objet d’attentats ces derniers
20 Marges Opep
mois. Le transport maritime est également un secteur sen-
10 4,3 5,6 2,9 6,2 6,5 5,9 4,8
3,9 4,5 4,0
sible, le dernier exemple remontant à juillet 2010 dans le
2,3 1,9 3,0 3,5 3,0
détroit d’Ormuz : un pétrolier japonais a été la cible d’un
0
missile, information confirmée en novembre par l’adminis-
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015

tration américaine. Le dossier iranien reste également un


sujet sensible, marqué depuis juillet 2006 par l’adoption de
Source : IFP Energies nouvelles – Base données AIE
cinq résolutions par le Conseil de sécurité de l’ONU, la der-
Cette évolution aura ainsi deux conséquences majeures : nière, de juin 2010, renforçant de manière significative le
d’une part, renforcer le poids de l’Opep sur le marché (de 39 régime de sanctions. Compte tenu de ce contexte, la prime
à 42 %), et d’autre part, réduire les excédents de production. de risque géopolitique est toujours susceptible de peser
De 6 Mb/j en 2010, ils devraient se réduire à 4,8 Mb/j en 2012 plus ou moins fortement sur le marché.
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Contexte pétrolier 2010 et tendances

Les risques de long terme ■ l’évolution future de la demande, avec la


possibilité d’une croissance faible voire d’une
L’idée d’un pic à venir ou d’un plateau plus ou moins
stagnation, scénario évoqué dans le dernier
long de la production pétrolière (notion de peak oil)
rapport WEO de l’AIE (scénario 450 ppm).
est désormais acceptée par la plupart des experts.
Deux pays sont là pour le confirmer (figure 7), le En tenant compte des scénarios d’offre/demande
Royaume-Uni (plateau) et la Norvège (pic). Le pic a proposés par l’AIE (figure 8) d’ici 2035, la production
été passé pour ces pays une fois que le cumul de la cumulée (LGN et huiles lourdes du Canada inclus)
production a atteint environ la moitié des réserves est assez proche, se situant en 2035 entre 2 050 Gb
exploitables. Cela répond à une loi simple que l’on dans le scénario de base (Nouvelles politiques) et
pourrait appeler la "théorie du triangle", les côtés 1990 Gb dans le scénario le plus favorable
du triangle représentant la production et l’aire la (450 ppm). Sur ces bases, le passage critique
production cumulée et donc les réserves productibles. (production de la moitié des ressources mobilisables)
L’aire de gauche avant le pic doit être du même se situerait en 2015 sur la base du seul potentiel
ordre de grandeur que l’aire de droite de l’après pic. connu qui s’élève à 2 750 milliards de barils (Gb), en
Cela signifie que la production cumulée d’avant pic tenant compte des révisions récentes de l’Irak (+ 28 Gb),
est proche de la production cumulée d’après pic, et de l’Iran (+ 13 Gb) et du Koweït (+ 12 Gb). En retenant
donc égale à environ la moitié des réserves un potentiel ultime plus élevé, estimé par l’USGS à
productibles. 3 600 Gb (scénario médian), la date critique se
situerait en 2030.
Fig. 7 - Production historique et tendancielle de la Norvège et du
Royaume-Uni
Fig. 8 - Offre de liquides 2009 et 2035 - Mb/j
1,4
Prod. Norvège 67,9 68,5 2009 - 84 Mb/j 2035
1,2 Nouvelles politiques - 103 Mb/j
450 ppm - 89 Mb/j
57,7
1,0
Prod. RU
0,8
Gb

0,6

0,4 17,9

10,8 13,3
0,2 9,5
8,1
7,4
2,3 2,3 3 2,5 4,4
1,1
0
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Pétrole Liquide de Huiles lourdes Gain Biocarburants
conventionnels gaz naturel GTL, CTL raffinage
Source : BP
Source : IFP Energies nouvelles – Base données AIE
Au niveau mondial, cette analyse est plus difficile à
faire compte tenu des trois paramètres suivants : À court/moyen terme, le risque de pic, au niveau
■ l’ i n ce r t i t u d e s u r le s re ss o u rce s u l t i m e s mondial, est donc assez faible, mais présente une
récupérables, probabilité forte d’intervenir avant 2030. Il convient
■ la diversité de l’offre de liquides qui est plus large de souligner que, d’un point de vue régional, la
que les seuls pétroles conventionnels : elle inclut situation est bien différente, marquée par un recul
les liquides de gaz naturel (LGN), les pétroles non de l’offre non Opep. Cela signifie un recours
conventionnels (huiles lourdes - Canada et croissant inévitable à l’offre Opep qui concentre
Venezuela), mais aussi les produits pétroliers 70 % des réserves mondiales. La moitié de l’offre
issus du gaz ou du charbon (GTL et CTL) ainsi que pétrolière dépendra ainsi de l’Opep d’ici 20 ans,
les biocarburants, contre 40 % actuellement.
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Contexte pétrolier 2010 et tendances

Un scénario baissier à court terme reste Impact du prix du pétrole sur le marché gazier
envisageable... Le prix du gaz importé en Europe est historiquement indexé sur les
Ce schéma de hausse régulière du prix s’appuie bien évi- produits pétroliers, et donc indirectement sur le pétrole. Depuis le
début de la crise financière de 2008, on assiste à un découplage
demment sur le scénario central de croissance économique
très marqué de ce prix par rapport aux cotations court terme, NBP
proposé par le FMI. Il implique une forte croissance de la pour le Royaume-Uni et Henry Hub pour les États-Unis (figure 9).
demande pétrolière des pays émergents, Chine en tête, qui Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces écarts :
compense largement le recul de celle des pays occidentaux. ■ le pétrole, qui avait fortement chuté début 2009 (40 $/b environ)
Le niveau effectif de la croissance économique à venir sera connait depuis une progression régulière (74 $/b fin 2009, 80 $/b
ainsi un facteur déterminant pour le prix du brut. La croissance en 2010),
mondiale de 4,2 % envisagée pour 2011 reste encore incertaine, ■ les marchés spots du gaz ont fortement réagi à la crise passant
par des niveaux particulièrement faibles mi-2009 (10 €/MWh ou
comme le rappelle régulièrement le FMI, soulignant en particu- 4 $/MBtu) faute de demande et dans un contexte d’excédents
lier les risques financiers existants. Un scénario à seulement d’offre,
3 % de croissance est ainsi envisagé pour 2011. ■ de nouvelles références se sont mises en place en 2010 :
Poids de la dette dans les pays occidentaux qui peut à la fois concurrence charbon pour le marché anglais, ce qui pousse le
peser sur la demande et les taux d’intérêt, risque de bulle dans NBP à la hausse (le charbon est passé de 71 $/t en mars à
116 $/t fin 2010) ; coût des gaz non conventionnels aux États-
certains pays émergents lié à un afflux de capitaux, politique res- Unis, dans un contexte d’excédents d’offre, ce qui a maintenu
trictive en Chine visant à contrôler l’inflation sont autant de scé- les prix autour de 4 $/MBtu (hors effet hiver 2009/2010).
narios envisageables. Un retour vers les 70 $/b est ponctuelle-
Avec des prix potentiellement élevés du pétrole (80 $/b et plus),
ment envisageable dans un tel contexte dégradé. les prix indexés devraient se maintenir en 2011 au dessus des
Il convient également de souligner que la baisse des coûts de prix spots, même en tenant compte d’une part d’indexation sur
production des pétroles les plus chers à produire, les le prix court terme (10 à 15 %). Ainsi, sur la base des cotations
pétroles lourds du Canada en particulier, est également envi- de fin novembre, les prix indexés pourraient se situer autour de
26 €/MWh contre 20 à 21 €/MWh pour le NBP et 12 €/MWh
sagée. Le seuil jugé comme raisonnable compris entre 70 et (4,5 €/MBtu) pour le Henry Hub. La pression risque ainsi de res-
80 $/b n’est de ce fait pas une fatalité, ce qui pourrait peser à ter forte en 2011 pour réduire les achats long terme ou renégo-
la baisse sur les prix. cier une nouvelle fois les contrats afin de renforcer un peu plus
la part spot.

Vers une moyenne de 80 à 90 $/b en 2011 Fig. 9 - Prix moyen mensuel du gaz (Europe, NBP et Henry Hub)
35 13.3
La moyenne 2010 s’inscrit à près de 80 $/b, ce qui constitue un
record juste derrière les 97 $/b de 2008, année de tous les
30 11.4
excès. Cette valeur 2010 s’inscrit dans une tendance de fond
que l’on observe depuis 2004 (38 $/b), qui a abouti à un double-

$/MBtu - Base 1 € = 1,3$


25 9.5
ment du prix du pétrole en six ans.
Si l’on tient compte de l’ensemble des incertitudes d’ordre éco- 20 7.6
€/MWh

nomique, géopolitique ou liées aux fondamentaux du marché,


15 5.7
une fourchette de prix allant de 70 à 90 $/b en moyenne 2011,
n’est pas irréaliste. Le scénario baissier ne constitue néan- 10 3.8
moins pas le scénario de référence des marchés qui privilé-
Europe
gient une tendance haussière pour les années à venir, avec un 5 NBP 1,9
équilibre dans la zone haute des 80 à 90 $/b. Des pointes vers Henry Hub
0 0
les 100 $/b sont même envisagées.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 101112 1 2 3 4 5 6 7 8 9 101112 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ce scénario s’inscrit dans une vision optimiste sur l’évolution
économique mondiale et tient compte du rôle désormais 2008 2009 2010
majeur des pays émergents. Leur croissance, à l’origine de la
Source : IFP Energies nouvelles - Platts
hausse de la demande pétrolière, reste solide en dépit de la
mollesse de celle des pays occidentaux. Cette montée en puis-
sance des pays émergents, qui marque l’avènement d’un Guy Maisonnier - guy.maisonnier@ifpen.fr
monde nouveau, s’inscrit ainsi dans les cours du brut. Manuscrit remis en décembre 2010

IFP Energies nouvelles Établissement de Lyon


1 et 4, avenue de Bois-Préau Rond-point de l’échangeur de Solaize
92852 Rueil-Malmaison Cedex - France BP 3 - 69360 Solaize - France
Tél. : + 33 1 47 52 60 00 - Fax : + 33 1 47 52 70 00 Tél. : + 33 4 37 70 20 20

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