Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
FSJES TANGER
Exposé sur :
Recherche sur :
Réalisée par
- AMINE AOUFI
- HIND LAITI
- ILYASSE SAYAH
- LOUBNA EL HAOUAS
- AMAL EZ ZOHRI
Le fédéralisme Allemand 2
Ces dernières années, le système fédéral allemand a été soumis à un certain nombre
de pressions en faveur du changement.
À tout le moins, ces ajustements constitutionnels ont accru la possibilité que les
résultats politiques divergent d'un Land à l'autre et expriment des différences territoriales de
priorité et de préférence.
In recent years, the German federal system has come under a number of pressures for
change.
These reforms shifted some areas of legislative responsibility from the federal to the
Länder level and relaxed the rules that had previously justified a federal exemption when both
levels simultaneously exercised legislative responsibilities.
At the very least, these constitutional adjustments have increased the possibility that
political results will diverge across Land and express territorial differences in priority and
preference.
Introduction
Titre I
GENESE DU SYSTEME FEDERAL ALLEMAND ET SON DEVELOPPEMENT
Chapitre I : Les phénomènes de centralisation et d’enchevêtrement des compétences
Titre II
LES IMPACTS DE LA REFORME SUR LES COLLECTIVITES LOCALES
Chapitre I : Les impacts financières
Cette organisation a évolué dans le temps sous la pression d’une certaine tendance à
la centralisation, qui caractérise la plupart des Etats fédéraux, mais aussi pour prendre en
compte les questions tout à fait spécifiques que lui posait l’évolution de l’intégration
européenne, avec l’apparition d’un niveau de décision supranational.
Pour répondre à ces questions, nous avons compté sur une approche analytique qui
permet de comprendre le fédéralisme allemand et ses axes. Chaque élément ou sous-
élément du sujet - qui est ici le fédéralisme - devient un élément dont les mécanismes et les
processus sont faciles à comprendre et à traiter
Le principe fédéral constitue l’un des piliers de l’État allemand. Il se fonde sur une
profonde tradition historique, même si les frontières des 16 LÄNDER allemands, à l’exception
notable de la Bavière et des villes hanséatiques de Brême et de Hambourg, ont été tracées de
façon artificielle.
1
l’article 79III de la constitution allemande interdisant « toute modification de la présente Loi
fondamentale qui toucherait à l’organisation de la fédération en LÄNDER, au principe du
concours des LÄNDER à la législation ou aux principes énoncés aux articles 1 et 20 ».
2
cela ressort de l’article 30 LF
Cette disposition fonde par conséquent le principe d’un fédéralisme dualiste au sein
duquel les compétences entre le BUND et les LÄNDER sont organisées sur la base d’un
système de séparation interdisant, sauf exception expressément prévue dans la Loi
fondamentale.
3
des LÄNDER est en effet particulièrement restreinte par les dispositions des articles 71 et
suivants LF, lesquels organisent le détail de la distribution des compétences législatives entre
les LÄNDER et la fédération
4
art. 75 LF
En matière d’exécution des lois, les LÄNDER ont réussi à conserver une véritable
compétence administrative. La quasi-totalité des lois fédérales est exécutée par
l’administration fédérée, que ce soit sous sa propre responsabilité ou par délégation de la
fédération 5 . Si une loi a un effet sur la procédure ou sur l’organisation administrative
des LÄNDER, l’approbation du BUNDESRAT lors du vote est requise afin de protéger la
compétence souveraine des LÄNDER en matière administrative. Le BUNDESRAT (conseil
fédéral) assure la représentation des gouvernements des LÄNDER au niveau fédéral, puisque
par son intermédiaire, « les LÄNDER concourent à la législation et à l’administration de la
fédération et aux affaires de l’Union européenne ». Sauf que le recours répété aux lois
d’approbation participe lui aussi au processus d’unitarisation du fédéralisme allemand car il
implique que les lois soient adoptées au niveau fédéral au lieu de l’être par les parlements
fédérés.
Cependant, l’action des Länder s’est elle aussi traduite par le développement de cette
unitarisation latente de l’État fédéral allemand.
5
art. 85 LF
Si l’émergence d’un tel État fédéral unitarisé (unitarischer Bundestaat) résulte en partie de
raisons politiques et socio-économiques liées notamment à la volonté d’assurer des conditions
de vie équivalentes sur l’ensemble du territoire allemand, son influence sur la modification de
la structure fédérale s’est conjuguée aux effets liés à l’émergence d’un fédéralisme coopératif.
L’importante réforme de 1969, en plus d’avoir élargi le catalogue des matières relevant de
la législation-cadre de l’article 75 LF, a introduit dans le texte constitutionnel une nouvelle
catégorie de missions : celle des tâches communes (Gemeinschaftsaufgaben).
Ses implications sont avant tout financières, la fédération devant supporter au moins la
moitié des dépenses réalisées.
La répartition des dépenses entre la fédération et les Länder est fondée sur le principe de
séparation.
Mais une nouvelle fois, les dérogations à ce principe sont nombreuses, à commencer par la
multiplication des aides financières fournies par la fédération aux Länder ou le développement
des cas de financements mixtes. De même, si initialement la répartition du produit des impôts
reposait sur le principe de séparation corrigé par un système de péréquation financière, la
L’ensemble de ces réformes successives et des pratiques qui en découlèrent eut l’avantage
de mettre en place un système dynamique de coopération permettant de répondre aux besoins
de création d’infrastructures et de coordination ressentis au cours des années 60-70, mais fut
de plus en plus la cible des critiques portant sur le système fédéral allemand.
I- Le parlement fédéral
- La composition du parlement
Les membres du Bundestag sont élus au suffrage universel direct pour 4 ans en
application d’un mode de scrutin mixte dit de « double vote ».
Un Land soumet à l’ensemble des membres un texte qui, en cas d’adoption à la majorité
absolue, devient une proposition de loi du Bundesrat.
La loi est, en principe, adoptée par le Bundestag par un vote à la majorité. Le pouvoir
législatif du Bundesrat varie selon l’objet de la loi : il dispose soit d’un veto relatif pour les lois
simples, soit d'un veto absolu pour certaines lois (art. 77 de la LF 1949).
L’état de nécessité législative est une technique exceptionnelle qui permet, sous de
strictes conditions, au Gouvernement de faire adopter par le Bundesrat une loi rejetée par le
Bundestag. Le Bundestag :
Le Président est le Chef d’État de la République fédérale d’Allemagne Il est élu pour un
mandat de 5 ans par l’Assemblée fédérale qui se compose des membres du Bundestag et d’un
nombre égal de membres élus par les assemblées populaires des Länder.
La mise en accusation est votée à la majorité des deux tiers des voix du Bundesrat ou à la
majorité des deux tiers des membres du Bundestag. Si la Cour constitutionnelle juge le
Président coupable, elle le déclare déchu de ses fonctions.
Le Président fédéral actuel est Frank-Walter Steinmeier (SPD), élu en mars 2017. La Loi
fondamentale allemande n’accorde au Président fédéral qu’un rôle de faible importance.
Les actes du Président doivent, sauf exceptions, être contresignés par le Chancelier et un
ministre. Le Président ne peut jamais imposer sa volonté au Gouvernement ou au Bundestag
- La composition du Gouvernement
Le Chancelier est désigné par le Bundestag sur proposition du Président fédéral : est élu
celui qui obtient les voix de la majorité des membres du Bundestag ; il doit alors être nommé
par le Président fédéral. Si le candidat proposé n’est pas élu, le Bundestag peut désigner un
Chancelier à la majorité de ses membres dans les quatorze jours qui suivent le premier scrutin.
À défaut d’élection dans ce délai, il est procédé à un nouveau vote, à l’issue duquel est élu
celui qui obtient le plus grand nombre de voix :
- Si l’élu obtient les voix de la majorité des membres du Bundestag, le Président fédéral
doit le nommer.
- Si l’élu n’atteint pas cette majorité, le Président fédéral doit, soit le nommer, soit
dissoudre le Bundestag.
Angela Merkel est Chancelière depuis le 22 novembre 2005. Elle a remporté quatre
élections consécutives (2005, 2009, 2013, 2017) Les ministres sont nommés et révoqués par
le Président fédéral sur proposition du Chancelier.
Les fonctions du Chancelier et du Gouvernement prennent fin soit avec la réunion d’un
nouveau Bundestag (donc après les élections législatives) soit avec l’adoption d’une motion
de censure contre le Chancelier.
si le Bundestag rejette à nouveau le projet ou s’il l’adopte dans une rédaction que le
Gouvernement fédéral a déclaré inacceptable, la loi est considérée comme définitivement
adoptée dans la mesure où le Bundesrat l’approuve. 2ème conséquence : Pendant un délai
qui ne peut dépasser 6 mois et tant que le Chancelier minoritaire demeure en fonction, tout
autre projet de loi rejeté par le Bundestag peut également être adopté par le Bundesrat en
application de cette procédure législative exceptionnelle.
L'Allemagne est un État fédéral constitué de 16 Länder. Il existe donc des lois fédérales
qui s’appliquent à la totalité du territoire de la Fédération et des lois de Land qui sont valables
uniquement dans le Land les ayant adoptées.
Les lois de Land ne doivent pas être en contradiction avec les lois fédérales. L’article 31
de la Loi fondamentale dispose : « Le droit fédéral prime le droit de Land. » De cette manière,
il s’agit autant que possible d’œuvrer à la réalisation de « conditions de vie équivalentes » sur
tout le territoire fédéral.
Les compétences exclusives relèvent du droit fédéral seul : une législation locale dans
ces domaines n'est possible que si une loi fédérale l'autorise. Ces compétences, définies
principalement mais pas uniquement dans l'article 73 de la loi fondamentale, comprennent
entre autres la citoyenneté, le transport aérien, la liberté de circulation et l'immigration, les
postes et télécommunications, la défense et la monnaie.
L'article 72 précise que dans un certain nombre de ces domaines où les compétences
s'exercent de façon concurrente, la Fédération a le droit de légiférer lorsque et pour autant
que l'établissement de conditions de vie équivalentes sur le territoire fédéral ou la sauvegarde
de l'unité juridique ou économique rendent nécessaire une législation fédérale dans l'intérêt
de l'ensemble de l'État ».
Les articles 87 et suivants précisent les matières qui relèvent de l'administration fédérale
(affaires étrangères, défense, administration fédérale des finances, administration de la
navigation aérienne, transports ferroviaires...). Dans les autres matières, les lois fédérales sont
exécutées par les Länder soit à titre de compétence propre, soit par délégation, ces derniers
exécutant également leurs propres lois.
Sur la base d'une loi fédérale soumise à l'approbation du Bundesrat, la Fédération concourt
à l'accomplissement des missions des Länder quand ces tâches sont importantes pour la
collectivité et si le concours de la Fédération est nécessaire à l'amélioration des conditions de
vie dans les domaines de l'extension et de la construction d'établissements d'enseignement
supérieur ainsi que de l'amélioration de la structure économique régionale, des structures
agricoles et de la protection des côtes.
Sur le même fondement, la Fédération et les Länder (ou les communes ou groupements de
communes) peuvent coopérer dans des institutions communes pour l'exécution des lois
fédérales dans le domaine de la protection de base des demandeurs d'emploi.
En concluant des conventions, la Fédération et les Länder peuvent coopérer dans les cas
d'intérêt suprarégional pour promouvoir la recherche scientifique, ainsi que pour la
planification, la construction et l'exploitation de systèmes informatiques nécessaires à
l'accomplissement de leurs missions.
sont partagées entre le Bund et les États : le droit fédéral ayant la primauté, les États
ne peuvent exercer leurs compétences dans ces domaines que dans la mesure où — et aussi
longtemps que — le Bund ne l'a pas déjà fait. Les domaines concernés, définis principalement
mais pas uniquement dans l'article 74 de la loi fondamentale, comprennent entre autres le
droit civil et pénal, le droit d'association, les permis de séjour des étrangers, les
dédommagements de guerre, l'économie (avec des exceptions), le droit du travail, la
recherche, l'alimentation, les transports, la sécurité économique des hôpitaux, la chasse, la
protection de la nature et la gestion de l'eau.
Toutefois, la compétence fédérale est limitée dans certains de ces domaines par
l'article 72. On distingue ainsi trois catégories :
Selon l'article 28 de la Loi fondamentale, « l'ordre constitutionnel des LÄNDER doit être
conforme aux principes d'un État de droit républicain, démocratique et social [...]. Dans
les LÄNDER [...] le peuple doit avoir une représentation issue d'élections au suffrage universel
direct, libre, égal et secret ».
Chaque État fédéré a sa propre cour constitutionnelle et ses propres tribunaux du premier et
second degré. L'organisation de ces juridictions ordinaires est régie par la loi fédérale du
12 septembre 1950 relative au système judiciaire modifiée.
L'article 29 de la Loi fondamentale prévoit que « le territoire fédéral peut être restructuré en
vue de permettre aux LÄNDER d'accomplir efficacement les tâches qui leur incombent en
fonction de leur dimension et de leur capacité ». Les mesures de restructuration du territoire
fédéral sont prises par une loi fédérale, qui doit être ratifiée par votation populaire à la majorité
des suffrages exprimés, avec une participation d'1/4 des électeurs disposant du droit de vote
au BUNDESTAG. Les LÄNDER concernés doivent être entendus.
Par des traités conclus entre eux, les länder peuvent également modifier
leurs territoires, les communes et les arrondissements concernés devant être
entendus. Le traité doit être ratifié par votation populaire dans chaque land. Son
entrée en vigueur requiert l'approbation du bundestag
Les normes adoptées au niveau fédéral sont placées dans la hiérarchie des normes au-
dessus de celles adoptées au niveau des Länder, en vertu des dispositions de la Loi
fondamentale (en allemand : Bundesrecht bricht Landesrecht ; en français : « Le droit fédéral
prime le droit provincial », art. 31 GG). Le Bundesrat assure le concours des Länder
au processus législatif pour les matières ne relevant pas d’une compétence exclusive de la
Fédération, mais d’une compétence partagée avec eux.
La Fédération a également une compétence concurrente avec les Länder dans des
domaines requérant une législation uniforme dans l’ensemble du pays, entre autres le droit
civil et pénal, l’aide sociale, le droit commercial, le droit du travail, l’assurance sociale et
la circulation routière (art. 74 GG).
Ont été conservées à l’article 91a LF, les tâches communes visant à améliorer les
structures économiques régionales, la politique agricole et la protection des côtes. En
revanche, sont supprimées de la catégorie des tâches communes les extensions et la
construction des bâtiments des établissements d’enseignement supérieur, cette suppression
se justifiant au regard du fait que la construction de tels bâtiments n’a plus véritablement
d’objet à l’heure actuelle, la priorité étant désormais non plus de les construire mais de les
rénover. Afin de poursuivre la prise en charge des bâtiments bénéficiant encore de tels
financements a été introduit un nouvel article 143c au sein de la Loi fondamentale qui prévoit
le maintien des crédits jusqu’en 2019 avec une réévaluation en 2013.
L’article 91b LF concerne quant à lui les conditions dans lesquelles les conventions de
coopération entre le BUND et les LÄNDER sont adoptées et embrasse deux domaines, comme
Mais, même dans ce domaine, les conditions d’éligibilité à une telle convention ont été
minutieusement définies, même si les contours de ce que recouvrent précisément ces
conditions restent sujets à des interprétations divergentes en doctrine.
C’était précisément tout l’objet du second volet de la réforme du fédéralisme sur lequel
a travaillé deux ans durant la commission parlementaire instituée au printemps 2007 et dont
la mission consistait à moderniser les relations financières entre la fédération et les LÄNDER,
sujet crucial, sensible et difficile. Difficile en ce qu’il touche à des points extrêmement
techniques (détermination des quotes-parts, complexité des modalités d’attribution…).
Trois caractéristiques qui expliquent surtout pourquoi les résultats du deuxième acte de
la réforme sont sensiblement éloignés des objectifs herculéens qui lui avaient été assignés.
Ce pacte de stabilité interne impose à partir de 2011 à l’État fédéral et aux LÄNDER de
réduire leurs déficits budgétaires, sauf circonstances exceptionnelles. Dès 2016, le BUND ne
pourra recourir à l’emprunt pour compenser son déficit structurel que dans la limite de 0,35%
du PIB allemand. Surtout, il sera interdit à partir de 2020 aux États fédérés de recourir à
l’emprunt pour financer leurs dépenses. À l’instar des collectivités locales françaises,
les LÄNDER sont ainsi astreints à un strict équilibre de leurs budgets. Or, cette règle s’avère
problématique au regard de sa conciliation avec le principe constitutionnel de séparation des
budgets du BUND et des LÄNDER, certains auteurs estimant même qu’elle porte atteinte à
l’autonomie financière des LÄNDER voire à leur qualité d’État (EIGENSTAATLICHKEIT).
En plus des insuffisances dans les résultats atteints, c’est en définitive au regard de ses
tabous que la réforme du fédéralisme est le plus critiquable. Thème exclu des débats
parlementaires bien que central, la question de la recomposition territoriale de l’Allemagne a
pourtant été évoquée par certains auteurs en doctrine ou par certains hommes politiques. Le
point de savoir si les dimensions et les capacités des seize LÄNDER sont suffisantes pour leur
permettre d’accomplir efficacement les tâches qui leur incombent aurait dû être discuté en
amont de la réforme.
Au lieu de cela, cette question n’a fait l’objet d’aucune considération et a été
renvoyée SINE DIE à une hypothétique troisième commission de réforme du fédéralisme. En
vérité, les difficultés d’adoption de la réforme conduisent à s’interroger sur la pertinence de la
procédure de révision de la Constitution, surtout au vu du nombre de révisions qui ont
spécialement concerné l’organisation du système fédéral.
Cette organisation à trois niveaux relève un double défi : d’un côté, l’ordre fédéral doit
digérer le choc politique, économique, social et culturel de la réunification allemande ; de
l’autre côté, il s’agit de définir le rôle de l’Allemagne dans une Union européenne désormais
dotée de compétences dans la plupart des domaines politiques d’un Etat, avec des décisions
souvent prises par ses Etats membres à la majorité.
L’Etat allemand agit dans ce contexte dans les marges que sa Loi fondamentale lui
impose et selon les possibilités qu’elle lui offre. Cette loi était, dès le début, ouverte à
l’intégration européenne.
Ce principe est certes ancré dans le Traité d’Amsterdam à travers l’article 5, le protocole
et la déclaration en annexe, mais il n’est pas encore juridiquement défini.
Malgré des documents explicatifs et insistants, comme l’avis du Comité des régions «
Vers une véritable culture de la subsidiarité ! » du 11 mars 1999, rédigé par MM. Delebarre et
Stoiber, ce principe ne pourra certainement pas connaître d’application réelle tant qu’il n’y aura
pas répartition concrète des compétences entre l’Union européenne, les Etats membres et,
éventuellement, les collectivités régionales et locales.
Celle-ci est d’ailleurs également demandée par le Conseil des Communes et Régions
d’Europe (CCRE) qui propose de « dresser l’inventaire des compétences exclusives de l’Union
et des Etats membres, étant entendu que par défaut les autres compétences seraient soit des
compétences mixtes ou concurrentes entre l’Union, les Etats et les collectivités locales et
régionales, soit des compétences exclusives de ces dernières ».
Pour l’Union européenne, c’est le contraire : elle multiplie désormais l’emploi du mot
« subsidiarité » dans ses textes fondateurs, sans que ce principe soit véritablement traduit dans
ses structures. La ratification du Traité de Maastricht a déclenché en Allemagne un grand débat
sur les limites de l’implication allemande dans l’intégration européenne. La conformité
constitutionnelle du traité a été contestée devant la Cour constitutionnelle
(Bundesverfassungsgericht) de Karlsruhe.
Dans son arrêt, formulé par le juge-rapporteur Paul Kirchhof, la Cour a jugé les transferts
de compétences vers l’Union européenne, y compris de la souveraineté monétaire, conformes
avec la Loi fondamentale, mais elle a, par la même occasion, dressé ses limites.
Pour la Cour, l’Union européenne n’est plus une fédération d’Etats (Staatenbund) et
pas encore un Etat fédéral (Bundesstaat), mais une structure intermédiaire, un « groupement
d’Etats » (Staatenverbund) qui agit en premier lieu à travers les gouvernements de ses Etats
membres.
Selon cette interprétation, les droits conférés au Parlement européen sont une
légitimation démocratique supplémentaire, mais la légitimation première provient des
parlements et gouvernements nationaux. La Cour stipule dans ce cadre que le Bundestag doit
toujours conserver des compétences substantielles. L’intégration européenne ne doit pas aller
jusqu’à le départir de son rôle. La Cour constitutionnelle s’est en outre réservé le droit
d’examiner la conformité des décisions européennes à la Loi fondamentale, si les institutions
de l’Union dépassent les compétences inscrites dans les traités ou si les droits fondamentaux
ne sont pas suffisamment respectés.
Nous avons vu que le système fédéral allemand était conçu à l’origine comme un
système de séparation des compétences entre les Länder et le Bund, avec un volet important
de compétences concurrentes.
Le Bund a fait très vite usage de son pouvoir législatif dans le domaine des
compétences concurrentes, ce qui a créé un effet de centralisation législative au niveau
fédéral.
En sens inverse, elle montre aussi que la structure fédérale a permis de concilier l’unité
nationale avec le respect de la diversité historique des régions et des communes sur le plan
politique et culturel.
Comme tout système fédéral, l’Allemagne est en évolution constante et passe par des
cycles caractérisés par l’antinomie entre le centre et la périphérie, où les éléments
centralisateurs et décentralisateurs se font concurrence. En ce qui concerne les défis
institutionnels de l’intégration européenne, on peut en tout cas affirmer, que le système
allemand a fait preuve de flexibilité en s’adaptant aux exigences de changement.
- Bowie, Robert R. et Friedrich, Carl J. : Etudes sur le fédéralisme (tome I et II). Librairie
générale des droits et jurisprudences Pichon et Durand-Auzias, Paris, 1960 et 1962
- Bundesrat, service des relations publiques : Le Bundesrat - organe constitutionnel fédératif,
Bonn, 3è édition
- Carpentier, Jean et Lebrun, François : Histoire de l’Europe. Editions Seuil, Paris, 1990
- Clergerie, Jean-Louis : Le principe de subsidiarité, Editions Ellipses, Limoges, 1995
- Ellwein, Thomas : « Fédéralisme et autonomie : l’unité à l’extérieur, la diversité à l’intérieur :
une réussite de l’histoire allemande. In : Deutschland, n°2, 1996
- Gosselin, Serge : « Evolution du fédéralisme allemand depuis 1949. Tendances récentes et
rôles du Bundesrat dans l’Allemagne unifiée ». In : Allemagne d’aujourd’hui, n° 116, avril-juin
1991
- Pernice, Ingolf : « Consitutional Law Implications for a State Participating in a Process of
Regional Integration. German Constitution and ‘Multilevel Constitutionalism’. In : Eibe
Riedel (éd.) : German Reports on Public Law. Presented to the XV. International Congress on
Comparative Law, Bristol 26 July to 1 August 1998. Baden-Baden, 1998
- Uterwedde, Henrik : « Faut-il réformer le fédéralisme allemand ? » In : La Jaune et la Rouge,
janvier 1998
- Weidenfeld, Werner (éd.) : Wege zur Erneuerung der Demokratie (Bellevue-Gespräche III).
Verlag Bertelsmann Stiftung, Gütersloh, 1998
- Winkelmann, Ingo (éd.) : Das Maastricht-Urteil des Bundesverfassungsgerichts vom 12.
Oktober 1993. Dokumentation des Verfahrens mit Einführung. Berlin, 1994