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introduction au

dessin d’architecture
aux instruments
Bernard Baines

ulb | Faculté d'Architecture La Cambre Horta


2  dessin d’architecture aux instruments
table des matières 3 

Introduction 5 pourquoi ce syllabus


La vision géométrale 6 le plan, la coupe, l'élévation
le plan  10
la coupe  12
L’échelle du dessin 16 l'échelle graphique
La mise en page 20 la disposition des dessins  20
l'affichage  22
les formats du papier  23
La cotation 24 disposition des lignes de cotes
Le lettrage 26 les titres, le cartouche
Les éléments particuliers du plan 28 la porte  29
la fenêtre  34
l'escalier  38
le mobilier  46
les sols  50
La topographie 52 les courbes de niveau
les symboles graphiques  55
Le plan d'implantation 56 le contexte, l'orientation
Les éléments végétaux 60 arbres et haies  60
l'implantation du végétal  62
l'eau 64
Le rendu des plans et coupes 66 la surface, le poché  66
les ombres  74
la silhouette humaine  78
Terrain en pente 80 le plan  81
la coupe  82
les élévations | le sol  84
matières  86
Axonométries et isométries 88
Les schémas 98 Objectifs
Pavillon Sonsbeek, Aldo Van Eyck  100
Dessin à main levée 102
Les outils du dessin 106 le crayon, la gomme  109
le support, le papier, la bande adhésive, le té  110
la latte graduée, les équerres de 45° et de 30°/60°  111
les grilles, le compas  113
du scan à l'informatique  115
Exemples remarquables 116 Alvar Aalto  118
William Wurster  122
Robert Venturi  126
Sanaa 130
Mosquée des Princes  132
Peter Zumthor  134
Giambattista Nolli  1136
Gunnar Asplund  138
James Stirling  140
Richard Meier  142
Atelier Bow-Wow  144
Studio Mumbai  146
Carl Theodor Sørensen  148
Bruno Vellut  150
Étudiants isa Saint-Luc  152
James Stirling  154
Alberto Sartoris  156

4  dessin d’architecture aux instruments
introduction 5 

L'objectif de ce petit ouvrage est d'aider l'étudiant de 1ère


année d'architecture à acquérir les notions de base de
la représentation orthogonale ( plan, coupe et élévation )
d'une quelconque construction.

Il existe plusieurs manières de représenter un bâtiment : la


représentation dessinée, la photographie, le cinéma,la ma-
quette réduite, la simulation à échelle grandeur, et même,
mais dans une moindre mesure, la représentation écrite.

Nous nous limiterons ici à la représentation plane, en


projection orthogonale ou géométrale, à l'aide des instru-
ments propres au dessin d'architecture et au crayon.

Nous n'aborderons donc pas le sujet du croquis d'archi-


tecture et de la perspective, ni celui de la maquette. Nous
dirons un mot sur les instruments du dessin à la fin de
l'ouvrage.

Ce système de représentation, appelé aussi représenta-


tion en plan, coupe, façade, est certes le plus élémentaire,
mais aussi le plus essentiel. Il est d'un usage courant et
universel. Il est un outil de conception chez l'architecte,
il devient un outil de communication avec le commandi-
taire et enfin un outil de réalisation pour le constructeur.

C'est donc un outil primordial et indispensable, mais aussi


limité en tant que tel. En effet, si les dessins de représenta-
tion remplacent momentanément la construction non en-
core réalisée, ils ne sont pas nécessairement une fin en soi.
6  dessin d’architecture aux instruments

Imaginons un édifice simple : quatre


murs, un toit à deux versants, une
porte dans le pignon, une fenêtre dans
chacune des autres façades. Il est
représenté ici en maquette de carton ( 1 ) ;
c'est à dire une représentation en trois
dimensions.
la vision géométrale 7 

On désire reporter cet objet tridimen-


sionnel sur une feuille de papier en deux
dimensions, de façon à conserver ses pro-
portions de longueur, largeur et hauteur.
On décompose le volume en autant
d'éléments compréhensibles que sont
les plans de projection parallèles aux
quatre faces du volume.
Quatre vues seront nécessaires. Éven-
tuellement une cinquième si l'on veut
une vue du dessus, une vue aérienne.
Toutes ces vues doivent être perçues
ensemble afin de saisir les données du
volume complet. ( 2 )
8  dessin d’architecture aux instruments

les dimensions en
hauteur restent
à l'échelle et
mesurables

les dimensions en largeur sont


déformées et non mesurables
4
la vision géométrale 9 

L'élévation est donc une projection Lorsque le plan de projection n’est pas
orthogonale consistant à représenter parallèle à une des faces de l’objet, les
un objet en projetant perpendiculaire- dimensions horizontales ne seront pas
ment tous les points ( les sommets ) de maintenues en proportion et il sera
cet objet sur un plan.( 3 ) impossible de mesurer correctement les
Le grand avantage de la projection largeurs.( 4 )
orthogonale est que toutes les faces Pourquoi une seule projection en
d'une forme parallèles à la surface du élévation ne suffit-elle pas pour com-
dessin sont représentées sans raccourci prendre la volumétrie? Pourquoi faut-il
ni distorsion. Elles conservent leurs qu’une information en plan la complète?
dimensions ( à l'échelle ), leurs formes et Parce ce qu’une seule projection
leurs proportions. correspond à un grand nombre de pos-
sibles. Deux, trois vues sont nécessaires
pour préciser un volume. ( 5 )
10  dessin d’architecture aux instruments

6
±1,20m

le plan
Mais les quatre élévations ne nous S'il y a plusieurs niveaux au bâtiment,
donnent aucune information sur l'intérieur à chaque niveau correspondra un plan
de l'édifice. Pour cela il vous faudra ef- ( niveau 0 ou rez-de-chaussée, niveau
fectuer des coupes horizontales, que l'on +1 ou premier étage, niveau +2 ou deu-
nomme plans, et des coupes verticales, xième étage, etc. ).
que l'on nomme coupes ou sections. ( 6–9 )
Le dessin du plan est donc une
coupe horizontale parallèle au plancher,
effectuée à une hauteur de ± 1.20 m par
rapport à celui-ci. Cette section coupe
à travers tous les éléments principaux :
baies, portes et fenêtres. L'habitude est
de considérer cette section au dessus
des niveaux d'appui des fenêtres même
si ces appuis sont plus hauts que 1.20 m.
la vision géometrale | le plan 11 

9
12  dessin d’architecture aux instruments

10

11

la coupe
Ce qu'on appelle communément coupe, Coupes et plans forment un couple
est une coupe verticale, perpendiculaire indissociable. Un plan ne peut être
au plancher du bâtiment, et réalisée à étudié sans la coupe : seul, il n'est que
travers les lieux significatifs de l'espace la représentation d'un volume inachevé,
du bâtiment : les baies, les portes, les sans toiture qui le délimite en partie
fenêtres, les ouvertures dans le toit, supérieure. Plans et coupes peuvent pré-
les changements de niveaux,…( 10–11 ) ciser à eux seuls la totalité des caracté-
Les coupes sont incontournables et ristiques dimensionnelles d'un édifice.
prioritaires, elles pénètrent au cœur
de l'espace et mettent au jour une des
dimensions fondamentales de l'architec-
ture : la relation entre l'espace intérieur
et extérieur du bâtiment.
la vision géometrale | la coupe 13 

? ?

12

coupe aa

A A

13

Le choix de l'emplacement judicieux Les élévations intérieures sont représen-


des coupes est essentiel à une bonne tées dans la coupe. Le sens dans lequel
lecture du système spatial et constructif. on regarde doit donc être choisi de ma-
Il est donc de première importance. Les nière à montrer les élévations intérieures
coupes sont représentées à la même intéressantes.
échelle que les plans. Comme dans le plan, ce qui est coupé
Une coupe peut être vue dans deux ( planchers, murs, structure du toit ) est
directions opposées ( 12 ). L'emplacement tracé avec un trait épais, ce qui est vu
choisi pour la coupe et le sens dans le- en élévation, avec un trait fin.
quel on regarde est donc indiqué en plan Comme dans le plan, la matière coupée
par un trait et par une flèche accompa- ( limitée par deux traits épais ) reste en
gné de lettres capitales qui permettent blanc. Ce blanc peut faire l'objet d'un
de repérer la coupe ( ici la coupe aa )( 13 ). rendu que l'on choisit selon l'échelle et
selon le but du dessin ( voir plus loin le
chapitre sur le poché ).
14  dessin d’architecture aux instruments

1 2 3

3
1
3
2

14

Comme déjà vu page 11, sur un plan


apparaissent également les arêtes signi-
ficatives du plafond, mentionnées avec
des tirets, tentative pour exprimer sur
une représentation en deux dimensions,
une troisième dimension.( 14 )
la vision géometrale | la coupe 15 

15

ligne de sol

coupe ( longitudinale ) aa coupe ( transversale ) bb

A A

La coupe transversale est une coupe


16 B dans le sens de la largeur du bâtiment
( ici la coupe BB ).
La coupe longitudinale est une coupe
dans le sens de la longueur du bâtiment
( ici la coupe AA ).
La ligne de sol, figurée par un trait épais,
doit toujours être mise en place.
( 15–16 )
16  dessin d’architecture aux instruments
l'échelle 17 

0 50 100 150 200 250m


1/5000 1mm par 5m

0 10 20 30 40 50m
1/1250 4mm par 5m

0 10 20 30 40 50m
1/1000 1mm par 1m

0 5 10 15 20 25m
1/500 2mm par 1m

0 2 4 6 8 10m
1/200 5mm par 1m

0 1 2 3 4 5m
1/100 1cm par 1m

0 0.5 1 1.5 2 2.5m


1/50 2cm par 1m

0 20 40 60 80 1m
1/20 5cm par 1m

0 10 20 30 40 50cm
1/10 10cm par 1m

0 1 2 3 4 5cm
1/1 échelle grandeur nature

17

l'échelle
Le terme échelle, rien que dans le L’échelle graphique ( 17 ) présente un
domaine d’architecture a de nombreuses avantage important : lors de la réduction
significations différentes : échelle de ou de l’agrandissement d’un document
perception ( un bâtiment hors d’échelle ), le rapport de l’échelle au dessin est
échelle humaine, échelle de voisinage, conservé.
échelle de la ville,… 1/200, 1/100, 1/50 sont les échelles ha-
Dans le sens restreint de la représen- bituelles du plan. Les plans d’exécution
tation graphique, c’est le rapport entre sont tracées au 1/50. 1/20 est l’échelle
la représentation figurée d’une longueur utilisée pour préciser les parachève-
et la longueur réelle correspondante. ments.
L’échelle est exprimée numériquement
( ex. 1/100 ), en % ( ex. 1% ), en cm/m
( 1cm = 1m ).
18  dessin d’architecture aux instruments

1/50

1/100

1/200

1/500

1/1000

18
l'échelle 19 

voir détail au 1/10

1/20

19

Le degré de détail d’un plan dépend À chaque échelle correspond un niveau


de l’échelle utilisée. Certains éléments de détail : un plan à 2cm/m n’est pas
peuvent avoir une représentation exa- simplement l’agrandissement du plan à
gérée selon l’échelle pour augmenter la 1cm/m. Il doit être plus complet et donc
lisibilité ( par exemples, les menuiseries communiquer des informations supplé-
de portes et fenêtres ). Selon l’échelle mentaires. ( 19 )
choisie pour le dessin, il est nécessaire
d’adapter la hiérarchie des traits, le
type de rendu, la représentation plus
ou moins détaillée des éléments. ( 18 )
20  dessin d’architecture aux instruments

Coupe aa

A A

Plan de toiture

A A

Plan 1er étage

A A

Plan rez-de-chaussée

B
20
mise en page | disposition des dessins 21 

Façade latérale gauche Façade latérale droite

Façade avant Façade arrière


Coupe bb

21

Plans, coupes et élévations étant des retrait – est plus petit, on respectera les
représentations fractionnées qui néces- lignes de rappel des murs communs à
sitent un assemblage intellectuel pour ces niveaux et aux plans de rez et d'étage.
comprendre le projet, il est indispensable On relie verticalement le plan et la
de les coordonner dans la mise en page coupe, le plan et l'élévation et on relie
afin de permettre la lecture complète, horizontalement les coupes entre elles et
cohérente et immédiate du projet. On relie les élévations par une même ligne de sol.
par des lignes de rappel fictives les diffé- Le plan de toiture est une vue or-
rents plans entre eux, horizontalement ou thogonale sur le bâtiment sans qu'il ait
verticalement, de préférence suivant leur aucune coupe. Il donne la forme géné-
plus grande dimension, ( il va de soi que les rale du bâtiment et permet d'indiquer les
plans sont orientés dans le même sens ). pentes de toiture. On utilise également le
Dans la mesure du possible, on oriente plan de toiture pour représenter le projet
le plan avec l'entrée au bas du dessin. Si dans la plan d'implantation
un plan – par exemple un plan d'étage en ( 20–21 )
22  dessin d’architecture aux instruments

du géneral au particulier

présentation de la maison analyse

intro plans, coupes, façades

Couverture +2 Coupe Coupe

Texte sur la
maison +1 +4 Façade Façade

Plan de
situation Rez +3 Façade

maquette de situation 1/200 maquette 1/50 maquettes d'analyse

sens de la lecture
22 Exemple d'affichage d'un projet d'étudiant

La mise en page des différents dessins d'explication, des références + le plan de


et titres doit être claire et efficace pour situation et d'implantation s'il y a lieu.
constituer un bon outil de communi- Ensuite : les plans ( rez-de-chaussée en
cation. Elle doit aussi être équilibrée et bas, au-dessus 1e étage, 2e étage, etc. )
harmonieuse pour augmenter le plaisir reliés verticalement ou horizontalement
de dessin. + les coupes si possible alignées aux plans
Pour la disposition des éléments du + les élévations.
projet, il faut se souvenir d'une part que Et encore : tous les documents complé-
l'on a l'habitude de parcourir les docu- mentaires utiles à une bonne compréhen-
ments de gauche à droite ( le sens de lec- sion du projet ( axonométrie, perspectives
ture ) et de bas en haut et, d'autre part, intérieures, détails à l'échelle du 1/20,
que l'organisation de la présentation se photos ).
fait du plus général au plus particulier. On déposera dans le bas sur un plan ho-
Ainsi on disposera à gauche : le titre, rizontal : les différentes maquettes ( des
le nom et la planche narrative reprenant maquettes d'étude à la maquette finale ),
les arguments du projet et les schémas traces du processus du projet. ( 22 )
mise en page | affichage + format 23 

84 cm

59,4 cm

118,8 cm

29,7 cm

14,85 cm

10,5 cm 21 cm 42 cm

23

Le format des feuilles de papier est le A0 118,8 × 84 cm


format normalisé din ( A0, A1, A2, A3, A4, A1 84 × 59,4 cm
A5,... ). Le format d’origine est le A0 et ses A2 59,4 × 42 cm
sous-multiples A1, A2, A3, A4, A5, A6. A3 42 × 29,7 cm
( 23 ) A4 29,7 × 21 cm
A5 21 × 14,85 cm
A6 14,85 × 10,5 cm
24  dessin d’architecture aux instruments

Ø60

3.00
60
1.20
90
coupe bb

élévation arrière

24

les cotations
Les cotes sont les dimensions réelles Une bonne disposition demande une
du bâtiment. Elles sont inscrites sur les réflexion sur l'utilisation des cotes,
lignes de cote limitées par les lignes de par exemple, la lecture immédiate des
rappel et tracées d'un trait fin continu. grandes dimensions du projet, ainsi que
La rencontre est soulignée par un tiret sur la lisibilité du dessin, par exemple,
à 45°, toujours dans le même sens ou l'interférence avec les titres, le mobi-
éventuellement par un •. lier, le dessin des sols ou les parties
Disposition des lignes de cotes dans hachurées.
le dessin. Dans les projets présentés à
l'école, on cotera uniquement les grands
éléments qui permettent de préciser :
• l'implantation du bâti sur le site
• les dimensions du gros œuvre
• les dimensions des principaux locaux
cotation 25 

5.70 5.70

1.70
3.00
50 60
2.90
2.70 2.70

20
40
20

60
1.20

2.70
2.00
0.00
-0.10
80

10
20

élévation latérale
coupe aa

b b
20

1.30

1.45
95
3.50
1.20

0.00
90

60
1.30

1.45
95
20

plan rez-de-chaussée plan étage


b b
20 4.30 20

20 4.20 1.20 1.00 20 3.30 4.70


6.80 1.20 8.00
25

On inscrit chaque cote une seule fois et à sin mais les traits du dessin serviront On cote les dimensions horizontales
l'emplacement qui représente le plus clai- de ligne d'attache. en plan, les dimensions verticales en
rement la partie cotée. On évite donc de La dimension des chiffres est petite, coupe. Seules quelques cotes générales
multiplier les cotes et les lignes de cote. mais elle doit rester lisible. Les chiffres peuvent apparaître en élévation à l'exté-
Les lignes de cotes sont parallèles sont toujours inscrits dans la même rieur du dessin, par exemple : hauteur de
à la partie cotée et parallèles entre direction, de façon à être le plus facile- sol ou de corniche, hauteur de faîte. En
elles. Les cotes les plus proches du ment lisible. Ils peuvent être placés soit plan, les cotes de niveau sont indiquées
dessin sont les plus détaillées, les plus en dessous, soit au-dessus de la ligne de dans un cercle, ceci à partir du niveau
éloignées sont les plus générales. Il faut cote mais ce choix, une fois réalisé, doit 0.00, qui est en général le niveau de la
constamment vérifier que les totaux de rester cohérent pour tous les dessins. partie principale du rez-de-chaussée.
chaque ligne sont les mêmes. Dans la La cote est mise au centre du trait ou, si On comprend ici d'autant mieux pour-
mesure du possible on place les lignes l'espace est trop réduit, juste à côté. Les quoi dans la mise en page des dessins,
de cote à l'extérieur du dessin. cotes jusqu'à 1m sont données en cm; il est indispensable d'aligner horizonta-
À l'intérieur du plan, on cote sur une les cotes supérieures à 1 m sont données lement ou verticalement les plans, les
ligne continue. On ne fera pas coïncider en mètres avec deux décimales après le coupes et les élévations.
une ligne de cote avec un trait du des- point ou la virgule. ( 24–25 )
26  dessin d’architecture aux instruments

le lettrage
Le lettrage est un élément qui intervient Les lettres sont très malléables: dispo- d'espacement égales. La proportion de
dans la composition d'une présentation. sées en ligne, en colonne, isolément; la lettre (sa largeur correspond à environ
La taille du lettrage sera déterminée en horizontalement mais aussi verticale- 2/3 de sa hauteur) doit rester stable, ex-
fonction de la lisibilité de l'observateur ment, plus ou moins denses, plus ou cepté pour certaines (le g, i, j, m, o, q, w).
et en proportion avec la taille et l'échelle moins hautes. On utilise principalement les majus-
des documents graphiques. ( 129 ) Si les titres sont trop importants ou cules pour les titres. Les minuscules
Apprendre à tracer les titres à main disposés trop rapidement, sans soin, peuvent être utilisées si elles sont en
levée ou aux instruments est indispen- sans réflexion, ou si le lettrage est d'un harmonie avec le caractère du dessin.
sable: c'est un excellent exercice de caractère trop singulier, ils affaibliront la Le cartouche, situé en bas du plan à
maîtrise du dessin et c'est un gain de présentation. droite, est l'endroit où l'étudiant indique
temps appréciable. Il faut utiliser des lignes guides tra- les données principales de l'exercice en
Les lettres et les chiffres sont des cées au crayon pour maintenir constante cours. Un titre, son nom, son n° de matri-
signes qui se lisent, alors que les dessins la hauteur des lettres. Il faut aussi main- cule, l'année académique en cours et le
s'étudient. Si textes et dessins ont tous tenir un espacement régulier: l'espace- n° de l'exercice dans l'année ( 27 ).
deux une présence graphique, ils ap- ment entre les lettres n'est pas basé sur
paraissent dans une planche graphique un espacement égal entre les extrémi-
comme fondamentalement différents. tés des lettres, mais sur des surfaces
lettrage | titres + cartouche 27 

26

27
28  dessin d’architecture aux instruments
éléments particuliers du plan | la porte 29 

Plan rez de chaussée Plan 1er étage


0 1 2 3m
28

représentation des éléments


particuliers du plan

la porte, la fenêtre, l'escalier,


le mobilier, la nature des sols
La diversité des éléments à représenter
dans le plan est très grande et varie
selon l'échelle utilisée. Deux contraintes
à concilier et à résoudre de façon à être
graphiquement compréhensible pour
tous. Aussi les éléments du plan sont
représentés de manière simplifiée et
codifiée. Mais au-delà du respect des
codes, c'est la capacité de les utiliser
correctement et avec subtilité qui est le
signe de leur maîtrise.
30  dessin d’architecture aux instruments

29

0 20 40 60 80 1m

1/20
éléments particuliers du plan | la porte 31 

31

0 1m

1/100

30

0 1m

1/50

wc
douche

lavabo

32
la porte (1/20, 1/50, 1/100)
Dans le dessin du plan et de la coupe,
portes et fenêtres sont tracées au trait
fin, malgré que ce soient des éléments
coupés ( 29 – 31 ). Les portes sont dessi-
nées en position ouverte, les fenêtres en
position fermée. Un arc de cercle de 90°
indique le sens d'ouverture de la porte:
la surface déterminée par l'arc de cercle
marque bien l'emprise du mouvement
dans l'espace et aide au dimensionne-
ment correct de la pièce (32)
32  dessin d’architecture aux instruments

33 36

34

35

0 1m

1/50

33 Porte coulissante appliquée


le long du mur
34 Porte coulissante encastrée
sur une face
35 Porte coulissante intégrée
dans le mur
36 Double porte
37 Porte pliante
38 Dessin correct du mouvement
d'ouverture d'une porte
éléments particuliers du plan | la porte 33 

37

38

Les portes coulissantes peuvent être


appliquées contre le mur (33) ou encas-
trées dans l'épaisseur du mur (34 – 35).
Attention à l'épaisseur du mur. Un petite
flèche indiquera le mouvement de la
porte.(33 – 35)
34  dessin d’architecture aux instruments

39

0 20 40 60 80 1m

1/20
éléments particuliers du plan | la fenêtre 35 

41

0 1m

1/100

40

0 1m

1/50

la fenêtre (1/20, 1/50, 1/100)


La représentation trop appuyée des
menuiseries et du vitrage conduit parfois
à une telle densité graphique que l'on
peut assimiler les fenêtres à une paroi
opaque. Aussi le dessin des châssis doit
rester fin tout en contrastant avec le
pochage des murs. Ici aussi, au fur et à
mesure que l'échelle diminue, le nombre
de détails diminue également. ( 39–41 )
36  dessin d’architecture aux instruments

42 43

42 Fenêtre fixe
43 Fenêtre fixe avec ouvrant
à gauche
44 Baie avec dalles de verre
45 Fenêtre coulissante
46 Fenêtre pliante

44
0 1m

1/50
éléments particuliers du plan | la fenêtre 37 

45

46
38  dessin d’architecture aux instruments

5.60

2.80

0.00

coupe dd

47

l'escalier
Le dessin correct de l'escalier en plan et d'axe, comme sur le plan A. vues.Le dégagement minimum qu'il faut
en coupe est souvent une pierre d'achop- Le dessin en plan de l'escalier est laisser pour le passage d'une personne
pement dans l'apprentissage du dessin complété en son milieu par une flèche in- est de 2m au dessus des marches de l'es-
d'architecture. diquant toujours le sens de la montée. Le calier (voir la coupe générale à hauteur
Si le départ en plan d'un escalier départ de la flèche, situé sur la première du plan B).
est parfaitement visible (voir plan A), marche, peut être légèrement accentuée. Il est préférable d'orienter la coupe
son arrivée au niveau supérieur ne l'est Lorsque les volées d'escalier se super- transversale de l'escalier vers le sens de
par contre plus. La partie non-vue est posent, ce sont les marches de l'escalier la montée, c'est à dire en regardant la
néanmoins représentée par des tirets. du niveau inférieur qui apparaissent (voir volée montante (voir la coupe DD).
La représentation en plan de la coupe à le plan B). A ce moment-là, deux flèches Si l'escalier comporte un garde-corps,
travers l'escalier ne se fait pas, comme seront dessinées: une pour la volée comme ici, le garde-corps sera coupé en
on pourrait s'y attendre, à travers son montante à gauche, l'autre pour la volée coupe, mais pas en plan (voir plan A, B
épaisseur (voir plan A') mais par une descendante à droite. et C), afin de ne pas être confondu avec
interruption représentée par une ligne Dans le plan supérieur (le plan C), on un mur. ( 48 )
placée artificiellement à 45° selon un trait dessinera tout simplement les marches
éléments particuliers du plan | l'escalier 39 

c c plan c

5.60

b b plan b
2.00m

2.80

a a plan a

0.00

0 1 2 2.5m

plan a''

48

Il vaut mieux orienter la coupe transver-


sale de l'escalier vers le sens de la mon-
tée, en regardant la volée montante ( voir
la coupe dd )( 47 ). Dans le sens contraire,
le dessin devient difficile à comprendre.
Si l'escalier comporte un garde-corps,
comme dans le dessin ci-contre, il est
coupé dans la coupe transversale, mais
pas en plan, afin de ne pas être confondu
avec un mur.
40  dessin d’architecture aux instruments

49 50 51 52

55

0 1 2 2.5m

49 escalier à double volée avec palier 53 escalier droit avec départ et arrivée
intermédiaire sans marche. balancé.
50 escalier à double volée sans palier 54 escalier droit.
intermédiaire. 55 escalier en colimaçon ou escalier en
51 escalier à double volée balancé. Les vis. Sa mise au point est difficile ( les
escaliers 2 et 3 sont parmi les plus paliers ne se superposent pas toujours
compacts et leurs paliers d'arrivée et en fonction du nombre de marches
de départ se superposent de niveau en nécessaires ) et c'est un escalier qui
niveau. demande un espace dégagé autour.
52 escalier à double volée qui tend à s'ouvrir
au centre pour dégager un vide ou
l'espace nécessaire à un ascenseur.
éléments particuliers du plan | l'escalier 41 

53 54

0 1 2 2.5m

56 57 58 59 60 61

0 20 40 60 80 1m

Règle de Blondel : 2 hauteurs + 1 plat = ± 64 cm

56 échelle La dimension en profondeur de la Ainsi entre une échelle-de-meunier (58)


57 échelle de meunier ( escalier de
marche déterminera le confort de et un escalier d'espace public (62) la
grenier )
58 escalier de cave l'escalier. Les dimensions habituelles différence d'inclinaison sera inversement
59 escalier domestique avec nez de
d'un escalier domestique (60) seront proportionnelle au confort du parcours.
marche
60 escalier domestique sans nez de de ± 27,5 cm pour le plat et de ± 18 cm
marche
pour la hauteur d'une marche. Ce qui
61 escalier extérieur
correspond à la « règle » développée par
Blondel:
2 hauteurs de marche + 1 plat de marche
= ± 64 cm.
42  dessin d’architecture aux instruments

construction d'un escalier

62 Déterminer la différence de hauteur


entre les 2 niveaux.
Déterminer le nombre de marches de
l'escalier, sachant que la hauteur d'une
marche dans une habitation fait entre
17 cm et 18 cm.
Exemple : si la hauteur totale à franchir
est de 2,90 m, il faudra 16 marches de
18 cm de hauteur, ou 17 marches de 17 cm
de hauteur.
63 Sachant que le plat de la marche fait
28 cm, l'escalier aura une longueur de
16 × 28cm ou de 17 × 28cm, c'est à dire
4,48 m ou 4,76 m. Prenons ici une lon-
gueur de 4,76 m.
On reporte la longueur de 4,76 m au sol
et on trace la ligne du profil de l'escalier
ac.
64 Il convient maintenant de diviser ac en
17 segments égaux. On trace ac' d'une
longueur de 5,1 ( =mesure facilement
divisible par 17 ).
Les 17 segments de ac' sont reportés sur
ac. Les 17 points obtenus sont les 17 nez
de marche
65 On trace ainsi les 17 contremarches et les
17 plats de marche.
66 On donne une épaisseur à l'escalier, on
poche la coupe de l'escalier et on déter-
mine l'espace de passage ( la trémie ) de
l'escalier ( dc ).
éléments particuliers du plan | l'escalier 43 

62 63

64 65

66
44  dessin d’architecture aux instruments

67 —A 68–B
éléments particuliers du plan | l'escalier 45 

Vue isométrique de l'escalier C


voir pages de x à y

l'escalier en colimacon
Supposons une hauteur de 2,70 m le plus étroit mais toujours avec largeur
entre planchers, voici trois escaliers en de marche identique, aura un palier d'ar-
colimaçon à trois longueurs de marche rivée décalé d'au moins un quart de tour
différentes: 90 cm – A ( 67 ), 75 cm –B ( 68 ) par rapport au palier de départ.
et 60 cm – C ( 69 ). L'escalier A permet En effet, la largeur de marche doit res-
de superposer le palier de départ et ter constante, elle correspond à la place
le palier d'arrivée. L'escalier B, avec du pied sur la marche, et influe sur les
une largeur de marche (ou profondeur positions variables des paliers de départ
69–C de marche) identique, aura un palier et d'arrivée en fonction des hauteurs de
d'arrivée légèrement décalé dans le sens plancher.
des aiguilles d'une montre. L'escalier C,
46  dessin d’architecture aux instruments

étagère murale
bureau
canapé intégré
meuble bibliothèque

chaise table de nuit


fauteuil longue
meuble

armoire dressing
bas

lit double

muret garde-corps
table pour
quatre

tablette
de fenêtre
coin à
wc man-
placard ger
wc
armoire
vestiaire

cuisinière douche terrasse

cuisine
banc armoire murale 2 lavabos
haute et peu
évier profonde

Plan rez de chaussée Plan 1er étage


0 1 2 3m
70

le mobilier
La représentation en plan du mobilier travail de cuisine. Le dessin du mobilier
fixe ( cuisine, salle-de-bain, placards, … ) donne une référence humaine au plan,
ou mobile ( table et chaises, canapé ou il devient un instrument de mesure
fauteuil, lit, … ) n'est pas une manière de complémentaire.
décorer le plan par plaisir. La représenta- Le dessin du mobilier doit rester épuré
tion du mobilier fait partie de la concep- et ne pas s'imposer, au détriment des
tion des espaces et du dimensionnement constituants essentiels de l'espace.
de ceux-ci. Elle donne la mesure de Il faut éviter l'anecdotique : tapis à
l'homme et les potentialités d'usage des franges, rideaux, bibliothèque char-
pièces dans lesquelles il évolue. gée de livres, mobiliers singuliers, etc.
Les dimensions d'une chaise, d'un L'aménagement doit garder un caractère
lit ou la profondeur d'un plan de travail essentiel, sans superflu. Par contre, diffé-
de cuisine, sont constantes : 40 × 40 cm rencier le dossier de l'assise d'un fauteuil,
d'assise pour la chaise, 90 × 200 cm pour précisera son orientation dans le séjour,
le lit à une place, 60 cm de profondeur son rapport aux autres éléments du plan,
et 90 cm de hauteur pour un plan de à la circulation, à la vue et à la lumière. ( 70 )
éléments particuliers du plan | le mobilier 47 

71 72

dégagement dégagement

armoire haute et peu profonde

73 74
réfrigérateur cuisnière évier

dégagement nécessaire devant le mobilier de cuisine

dégagement

dégagement passage

dégagement

76

Le mobilier de cuisine est modulé sur


des éléments de 60 × 60 cm. Ainsi la
dégagement
cuisine ( 73 ) agencée sur une longueur
comporte huit modules de 60/60. La
75
cuisine ( 71 ) se dispose dans un angle, la
( 72 ) se dispose selon un plan en U avec
un coin à manger sur un bout. La cuisine
( 75 ) comporte un îlot central. Dans
chaque cas, il est important de prévoir
suffisamment de dégagement devant les
éléments de mobilier.
48  dessin d’architecture aux instruments

77 78

passage
table pour 6 personnes
table pour 8 personnes
le long d'une paroi
passage

80
accès
mobilier de rangement
79
accès

0 0.5 1 1.5 2 2.5m

canapé de 3 places
table
basse

Exemples de tables à manger rondes ou


rectangulaires avec indication de la sur-
mobilier de rangement

face de dégagement nécessaire (quand fauteuil

la personne est assise, il faut encore


pouvoir passer derrière).
Dans l'aménagement d'un séjour il est
important non seulement de bien dimen-
sionner les différentes pièces de mobilier
mais aussi leurs distances réciproques: fauteuil
elles conditionneront le mode d'échange accès et
surface de circulation
entre les différentes personnes dans
la pièce. 81
éléments particuliers du plan | le mobilier 49 

lave-mains

lavabo

baignoire

douche
wc

82 83 84

table
de nuit
penderie
armoire

lit

dégagement
bibliothèque

plan de travail

85

table
de nuit
armoire penderie

dégagement lit double

Exemples
82 Salle de bain
83 Salle de bain
84 Salle de bain
fauteuil 85 Chambre
86 Chambre pour un couple

86

0 0.5 1 1.5 2 2.5m


50  dessin d’architecture aux instruments

0 1 2 3m

87

les sols
Le dessin des revêtements de sol com-
plète les renseignements sur l'usage et la
fonction des espaces. Espaces humides
( sanitaires, cuisines ), espaces secs
( séjour, coin à manger, chambres,… ),
espaces servis et espaces servants,
espaces intimes et espaces communs,
espaces de jour et espaces de nuit,
espaces intérieurs et extérieurs, espaces
privés et espaces publics.
Représenter les sols oblige à se poser
la question des limites. La précision de la
définition des limites nous informe sur le
statut des espaces.
Le dessin des sols est fait avec un trait
très fin et léger. Il reste secondaire et ne
doit pas s'imposer. ( 87 )
voir également le dessin remarquable p.97
éléments particuliers du plan | les sols 51 

88 pierre
89 dallage
90 carrelage
91 faïence
92 dalles de terrasse
93 dalles sur sol extérieur
94 plancher
95 tapis

88 89

90 91

92 93

94 95
52  dessin d’architecture aux instruments

1 m

97

96

la topographie
Les courbes de niveau sont des lignes Les courbes de niveau ont l'avantage
imaginaires qui relient les points de de donner une lecture immédiate du
même altitude, et qui sont utilisées pour relief: quand les courbes de niveau sont
représenter le relief sur une carte. La régulièrement espacées, la pente est
différence d'altitude entre 2 courbes constante; quand elles sont largement
voisines est constante. espacées, la pente est faible; quand elles
Habituellement, pour la représenta- sont très rapprochées, la pente est forte.
tion d'un terrain, on trace les courbes de Les courbes de niveau sont continues
niveau principales avec une différence et ne se croisent pas. Elles coïncident
d'altitude de 1 m et les courbes de quand elles indiquent une surface verti-
niveaux secondaires avec une différence cale (mur de soutènement).
de 20  cm. Mais le choix de l'espacement Le dessin des courbes de niveau est
entre les niveaux dépend de l'échelle du indispensable pour la construction d'une
dessin et de l'importance du relief. ( 99–97 ) maquette de terrain. ( 98–99 )
la topographie 53 

a b
c

98

a c
b

Coupe aa Coupe bb Coupe cc


0 1 2 4 6 8 10 m
99
54  dessin d’architecture aux instruments

100

On peut indiquer les hauteurs respec-


tives des différentes courbes de niveaux,
ceci facilitera la perception du relief
la topographie 55 

101

Quelques exemples de symboles gra-


phiques pour indiquer l'orientation ( 101 )
et l'échelle ( 102 ) du plan. Leur empla-
cement doit être choisi selon leur rôle
dans l'organisation de la présentation
du projet et selon leur valeur dans la
composition du dessin.

102
56  dessin d’architecture aux instruments

le plan d'implantation
Le plan d'implantation définit l'empla-
cement du bâtiment, son orientation
et son environnement. Le bâtiment y
est représenté le plus couramment par
son plan de toiture ( 103 ) (avec ou sans
ombres, voir p.58), ou par le plan du rez
si on désire insister sur la relation du
rez avec le contexte. On fera ressortir le
bâtiment par contraste, en forçant son
contour. L'échelle du plan d'implantation
peut être de 1/200 ou de 1/500.
L'orientation est donnée par une flèche
indiquant le nord. Dans la mesure du
possible, on dessinera ce plan avec le
nord en haut de la feuille.
La coupe d'implantation illustre
l'environnement et le contexte physique
ainsi que la relation entre extérieur et
intérieur: vues, ensoleillement, paysage,
relief du terrain, rapport au sol. ( 104 )
le plan d'implantation 57 

volume d'arbres
terrasse édicule

allée d'arbres

cours d'eau

terrasse courbes de niveau


haie

canal

A
pavillon
d'accès

orientation

plan d'eau

chemin

103

0 5 10 15 20 25m

eau

coupe aa

104
58  dessin d’architecture aux instruments

plan et coupe d'implantation en ville

Dans le plan ci-contre ( 102) le petit édifice 3  la vie du quartier, les piétons, le La coupe met en valeur le rapport entre
est implanté dans un contexte urbain. tram avec son arrêt, les voitures qui se l'espace public et le projet. Elle ne dé-
Font ici partie du dessin: déplacent, … taille pas le bâti existant; elle ne montre
1  le parcellaire du quartier avec les 4  un trait plus épais sépare l’espace que sa silhouette (son gabarit).
volumes bâtis existants (en gris foncé) et privé de l’espace public, c’est une fron-
les surfaces privées non-construites (en tière qu’il s’agit de toujours bien définir.
gris clair). 5  le projet apparaît sous la forme du
2  l’espace public en blanc avec les plan de toiture renforcé d’un trait épais
voiries, les trottoirs, les emplacements ou d’un ombrage (voir plus loin).
de voitures, les arbres, l’aménagement 6  l’indication de l’orientation et de
du petit square tout proche (bancs, bac à l’échelle graphique est ici indispensable.
sable), …Les surfaces de circulation et les
espaces publics sont généralement dans Voir aussi les dessins remarquables
des valeurs claires par rapport au bâti. p. 137, 139, 141 et 143 .
le plan d'implantation 59 

4
1

5
1
1

4 2 6

105

5 3

Coupe AA
0 5 10 15 20 25m
106
6
60  dessin d’architecture aux instruments

107

les éléments végétaux


Tout comme les éléments bâtis, le végétal pour agrémenter le plan, mais bien parce mente: elle va donc d'un simple contour
est un volume qui structure l'espace. Tout qu’il participe à la définition des espaces. à une représentation plus réaliste. ( 105 )
comme un mur ou une colonne, c'est Le dessin du végétal sera épuré et Pour que l'information soit utile, il est
un élément d'architecture d'une grande quelque peu géométrisé. Éventuellement indispensable de respecter l'échelle,
variété de texture et de structure. Mais l'expression de sa ramure le différenciera la justesse des proportions et la forme
c'est aussi une matière vivante, libre, du bâti. Les haies, les massifs d'arbustes des éléments végétaux. Dans le plan
évolutive et domestiquable par la taille. et les arbres apportent des informa- d'implantation et dans les plans d'étage,
Ces différents aspects, en accord et en tions concernant le caractère du site, la on représente la couronne des arbres
opposition avec le bâti, se retrouvent relation intérieur/extérieur et l'échelle. vue d'audessus. Dans le plan du rez,
dans son dessin. Un dessin qui n'a pas Ils peuvent jouer un rôle important dans on représente le tronc de l'arbre et la
la même rigueur ni la même pérennité le rapport figure / fond du dessin. Leur couronne (située au-dessus du plan de
que les édifices avec lesquels il est mis représentation doit rester la plus simple coupe), en pointillé. ( 108 )
en rapport. Mais il n'est pas de l'ordre du possible mais peut être de plus en plus Pour le dessin des haies et des végétaux bas, voir les
décoratif, on ne représente pas le végétal détaillée quand l'échelle du dessin aug- dessins remarquables p.123 et 125.
les elements végétaux 61 

108

Les graphismes utilisables pour rendre


les éléments végétaux et la texture des
sols extérieurs sont extrêmement nom-
breux et divers. Il faut trouver, d'une part,
l'expression qui convient à chaque projet,
selon la nature du projet, l'échelle des
documents, le type de présentation et,
d'autre part, le type de dessin que l'on do-
mine le mieux, le plus aisément et le plus
rapidement, celui qui convient le mieux à
sa main. C'est en observant, en critiquant,
en copiant les dessins de végétation que
vous admirez, que vous finirez par acqué-
rir une manière personnelle. ( 107 ) niveau de plein pied niveau du dessus
62  dessin d’architecture aux instruments

implantation du végétal On peut distinguer quatre types de Les courbes de niveaux peuvent aussi
De façon générale, les surfaces de végétaux : apparaitre, mais par des lignes très fines
circulation, les routes, les chemins, • l'arbre isolé (1), ou les arbres remar- ou en un pointillé très fin.
les sentiers, ainsi que les intérieurs de quables seront coupés au niveau du
bâtiments, apparaissent dans les valeurs tronc avec indication de leur couronne Voir dessins remarquables pages 149,
les plus claires (blanc ou petits points approximative. 151 et 153.
ou gris très pâle). Par contre les pleins, • une masse d'arbres plus dense (2),
les masses seront dans les valeurs plus qui arrête la vue, sera dans une valeur
foncées. foncée.
• les végétaux bas (buisson ou haie)
(3), dans une valeur plus claire. Les
éléments taillés suivront un dessin
plus géométrique.
• les surfaces végétales basses : herbe,
prairie, gazon (4), seront proches du
blanc.
les elements végétaux 63 

haie

courbes de niveau

chemin

eau (voir p.64)

bâtiment ou projet

banc

109
64  dessin d’architecture aux instruments

l'eau
La représentation de l'eau en plan et
en coupe se fait par une surface unie,
claire et qui donne l'impression d'être
transparente.
Sur les plans anciens l'eau était marquée
par une rangée de lignes fines ou pointil-
lées longeant les berges et s'en écartant
de plus en plus (1). Cette convention
peut être toujours utilisée. Sinon une
surface de teinte claire (2) ou blanche
(3) complétée par le dessin d'une petite
embarcation (4) est assez sugestive.
En coupe un bon contraste entre l'eau
(surface claire ) et la terre (une masse
plutôt sombre) doit être respecté (5).

Voir également le dessin remarquable p.141.


l'eau 65 

1 2 3

110

Coupe

111
66  dessin d’architecture aux instruments

i ii iii
la figure du plus sombre au plus clair

le fond du plus sombre au plus clair

iv

vi

vii

viii

112 113

la lisibilité, le rendu
le poché
Tout principe de rendu graphique repose Dans le dessin du plan et de la coupe on Elle peut aussi être rendue par différentes
sur un phénomène fondamental de la utilise le trait pour les parties vues et la valeurs de gris: petits traits de crayon irré-
perception visuelle: le rapport figure/ surface pour les parties coupées. Cette guliers (iv), hachures serrées et régulières
fond. Plus un élément (la « figure » ou ici notion de surface (i) peut être rendue de (vi), gris appliqué à la trame unie ou au
le dessin) est contrasté par rapport à son diverses façons. Elle peut être rendue feutre (v), remplissage de traits denses et
contexte (le « fond » ou ici le papier), plus au trait plus épais (iii). Un trait fort qui foncés mais qui restent nuancés (vii), ou le
il est lisible. Nous nous limiterons aux marque bien la limite entre espace et noir pur (viii). Le noir pur est efficace pour
valeurs monochromes allant du blanc au matière, cette dernière restant blanche. Le les plans à petite échelle (il est très utilisé
gris vers le noir, car les plus fréquemment trait renforcé est impérativement à l’inté- pour les publications), mais devient trop
utilisées dans les domaines de la présen- rieur de la matière (ii) pour ne pas fausser présent au 1/50. ( 112 – 113 )
tation, de la publication et de la reproduc- les dimensions du plan.
tion de dessins d’architecture.
la lisibilité | le rendu | le poché 67 

Une surface foncée exprime une sensa-


tion de densité, une surface claire une
sensation de vide. Dans ce schéma ( 114)
on ressentira à droite un vide dans de
la densité, à gauche, un élément dense
dans du vide. En architecture, la densité
veut dire matière, et le vide veut dire
espace.
Détail d’un plan du Vatican de
114 Letarouilly où différentes valeurs, allant
du gris au noir, nuancent notre percep-
tion du bâti. Une hiérarchie se crée entre
les différentes constructions.( 115 )

115
68  dessin d’architecture aux instruments

116

Les dessins d'architecture mettent ( 119 ).Il est clair et efficace. Le rendu du les possibilités de poché en plan et en
toujours en évidence le rapport entre terrain, surtout s'il est en pente, comme coupe sont innombrables. Il faut donc
les pleins (la masse, la matière, les ici, donne une information supplémen- trouver, d'une part, l'expression qui
murs, ...) et les vides (l'espace inté- taire ( 120 ). Le poché au noir nuancé peut convienne le mieux au projet et, d'autre
rieur ou extérieur). Le dessin au trait, remplir le plein des murs mais aussi le part, le moyen graphique que vous puis-
laissant en blanc la matière du mur, est plein du sol ( 121 ). Cela peut se révéler siez dominer le plus aisément.
le plus simple et le plus rapide ( 118). La efficace dans les coupes d'implantation.
différence d'épaisseur de trait entre les Les hachures assez serrées permettent
parties coupées et les parties vues doit d'obtenir une tonalité raffinée qui se dif-
être nette. férencie d'autres rendus de gris utilisés
Le poché au noir nuancé accentue le pour d'autres parties de la coupe ( 122 ).
contraste entre les pleins et les vides Vous aurez compris que les nuances et
la lisibilité | le rendu | le poché 69 

117 118

119 120

121 122
70  dessin d’architecture aux instruments

123

124

125

126

127

la ligne de sol en coupe


Voir également les deux pages pré-
cédentes. Le choix le plus fréquent
est celui de la ligne épaisse ( 123 ). Mais
d'autres variantes sont aussi envisa-
geables telles ( 124 ) le dessin d'une frange
de petites lignes perpendiculaires au sol,
ou ( 125 ) un dégradé de petits points, ou
( 126 ) une bande ou une surface grisée, ou
encore ( 127 ) une bande d'un motif gaufré.
Les variantes ( 124 ) et ( 127 ) sont davantage
utilisées dans le dessin technique de la
construction.
la lisibilité | le rendu | le poché 71 

123 124

125 126
72  dessin d’architecture aux instruments

variantes du pochage
En fonction de votre projet vous déci-
derez d'accentuer tel ou tel aspect du
contexte de celui-ci. Vous adapterez les
intensités du pochage en conséquence.
Le plan d'implantation 128 privilégie les
limites du canal (1) et de la rivière (2).
Le plan 129 met l'accent sur les accès et
nuance par contraste les surfaces végé-
tales. Le plan 130 renforce la densité des
arbres et marque l'écart entre le paysage
plus ouvert du bas et celui plus dense du
haut. Vous pouvez ainsi modeler votre
dessin afin de mieux communiquer le
parti de votre projet.
la lisibilité | le rendu | le poché 73 

128

129

130
74  dessin d’architecture aux instruments

a
A ombre propre

b'

h
a'

ombre portée

131

le tracés des ombres


portées à 45°
Parfois le rendu de dessins en élévation Imaginons un cube. Le soleil éclaire ce
ou d'un plan d'implantation parait bien cube selon sa diagonale, de l'angle supé-
plat et sans relief: la différence dans les rieur gauche (point a) à l'angle inférieur
épaisseurs de traits ne suffit pas pour arrière droit (point b), de sorte que, en
obtenir un contraste entre les volumes plan et en élévation, la lumière suit la
représentés. Le tracé des ombres portées diagonale du carré. Les rayons du soleil
à 45° a l'intérêt de mettre en évidence la sont parallèles. La direction de la lumière
troisième dimension manquante. à 45° donne des ombres égales dans
On imagine le soleil éclairant l'objet les deux dimensions du plan. La limite
architectural à 45°, dans les trois direc- de l'ombre est parallèle à l'arête portant
tions et définissant ainsi des ombres ombre quand le plan recevant l'ombre
propres et des ombres portées. est parallèle (a//a' et b//b'). ( 131 )
Pour rendre la partie ombrée, on Le tracé des ombres à 45° fait partie
utilisera des hachures ou des valeurs de du cours de géométrie descriptive où il
gris foncées. On évitera le noir pur car il fait l'objet d'explications plus complètes
peut faire disparaître des arêtes signifi- et d'exercices.
catives du dessin.
le tracé des ombres 75 

A
A
D D

h h h h

E
E
B
B
h

h h
h h

C h
F

C
h h
Vues en plan Vues en perspective Vues en plan Vues en perspective

132

élévation coupe élévation coupe

un volume qui s'avance un volume en creux


(un volume en ressaut) (une niche, une alcôve)

133
76  dessin d’architecture aux instruments

134

la façade ombrée
Toutes les façades ne sont pas suscep-
tibles d’être ombrées. Seulement celles
possédants suffisamment de parties en
retrait ou en ressaut le sont. L’angle de
l’ombre, ici de 45°, peut être adaptée
en fonction de ce qu’elle peut ou de ce
qu’elle ne doit pas cacher dans le dessin
de la façade.
On peut estimer, parfois à juste titre
(cela dépend du projet), que le contraste
noir/blanc d’une façade ombrée ne soit
trop dur ( 135 ). Aussi des valeurs intermé-
diaires, appliquées sur le bâtiment ou
sur le fond peuvent adoucir ce contraste
( 136 – 137 ).Tout dépend de l’atmosphère
que l’on désire construire par le projet.
le tracé des ombres 77 

135

136

137
78  dessin d’architecture aux instruments

138

les silhouettes
La représentation d'un personnage
explicite la relation entre l'espace et l'uti-
lisateur ( 125 ). Elle donne des informations
sur l'échelle, les vues et les proportions.
Le dessin doit rester le plus simple
possible: un trait de contour suffit ( 139,
141 ). Le gabarit et les proportions, sans
être absolument réalistes, doivent être à
l'échelle et sans grande distorsion.
C'est un domaine où la technique du
collage peut se révéler intéressante.
les silhouettes 79 

139

140 141
80  dessin d’architecture aux instruments

Les dessins de cette maison sur une pente sont inspi-


rés du projet à Lanterns (2010–2011) des architectes
autrichiens Marte & Marte

plan +01
a

plan 00

plan -01

142

dessins d’une construction


sur un terrain en pente
Le niveau inférieure de cette maison est du plan (h baie > +1,20 m, voir a sur l’iso- afin d’y parvenir (voir b).
encastré dans la pente du terrain. Ce métrie ci-dessus ainsi que sur les plans Les trais fins des courbes de niveau
niveau est représenté par le plan -01. ci-contre), plutôt que de ne pas la des- sont dessinées sur les plans -01 et 00,
Le dessin du plan -01 s’effectue donc à siner et ainsi de perdre une information mais ne le sont plus sur les étages. Le
une hauteur de ± 1,20 m au dessus du importante du plan, on préfère déroger garde-corps du niveau d’accès (c sur le
sol de ce niveau, mais aussi, et toujours aux conventions du dessin du plan et la plan 00) se situe en dessous de la hau-
à la même hauteur, à travers le volume représenter de toutes façons. teur de pochage des murs, il n’est pas
de terre extérieure ( 131 ).Le sol extérieur Le tracé de la coupe AA en plan (voir coupé et apparaît donc en traits fins.
apparaît donc comme poché. ci-contre et pages suivantes) passera
D’autre part, lorsque dans un plan, de préférence à travers les baies et les
une baie se situe au dessus de la hauteur portes, quitte à décaler l’axe de la coupe
construction sur un terrain en pente 81 

b
A

plan +01
143

A A

plan 00
144

A
b
A

plan -01
145
82  dessin d’architecture aux instruments

plan +01

plan 00

plan -01
a

146

coupe d’une construction


sur un terrain en pente
Le dessin de la coupe peut se résumer Le poché noir pour la construction et gris
aux conventions de base comme sur pour la pente apporte des nuances dans
( 135 ), ou bien se nuancer dans l’expres- le rendu des pleins ( 147 ). Le poché noir
sion des pleins et des vides ( 147 –149 ). pour la construction et la pente renforce
Il s’agit de bien percevoir le volume de l’accroche au sol du bâtiment ( 148 ).
la pente dans la coupe. A chaque courbe Foncer les espaces intérieurs renforce le
de niveau en plan correspond une contraste du bâtiment et du sol avec l’es-
hauteur d’un mètre en coupe. La ligne pace extérieur ( 149 ). C’est une expression
en tirets (a) montre le profil de la pente plutôt utilisée dans les coupes d’implan-
à travers la construction. Les fenêtres se tation.
situeront au-dessus de cette ligne.
construction sur un terrain en pente 83 

147

148

149
84  dessin d’architecture aux instruments

150

élévation d'une
construction sur
un terrain en pente
Une élévation (ou façade) est une coupe texture sera plus pâle dans le lointain les ouvertures ou les transparences
devant la face d’une construction. La et plus accentuée pour les volumes créées entre les volumes du projet ( 141 ).
ligne de coupe du sol (a) doit y être proches ( 151 ). Ici également, il n’existe aucune règle
précisée; c’est la ligne de sol. Un effet d’ombre marquera l’arti- stricte, les possibilités graphiques sont
S’agissant d’une vue frontale sans culation des volumes et la définition infinies, et une bonne compréhension
aucun effet de profondeur, le dessin de des avant-plans par rapport aux des critères de perception et des rap-
l’élévation demande à être relevé de dif- arrière-plans. La présence de person- ports figure/fond reste de mise.
férentes effets graphiques ou valeurs qui nages donnera de la vie et une échelle au
pallieront à ce manque de profondeur. dessin ( 152–153 ).
La texture de la matière du bâtiment Une ligne d’arrière-plan définira le voir également les dessins remarquables
accentuera les volumes du projet. Cette fond du dessin et aidera à comprendre p.123, 125 et 131
construction sur un terrain en pente 85 

151

152

153
86  dessin d’architecture aux instruments

154

matières
La représentation de matière en éléva- chaque brique, mais on se limite souvent Le parement de pierre est souvent com-
tion (ou en plan) tend à augmenter la à tracer les lits des tas de briques, et ceci posé d’élément plus grands, et de tailles
densité graphique certaines surfaces du à une échelle appropriée au dessin ( 155 ). variables. Cette variabilité accentue
dessin et à instaurer un dialogue entre Un revêtement de bois est souvent le caractère « matériau naturel » de la
ces surfaces ornées de matières et les figuré par des planches posées verticale- pierre ( 157 ).
surfaces restées nues ou neutres. ment ou horizontalement. La largeur Voir aussi exemples p.119 et 121
Le rendu d’un béton, d’une matière d’une planche est significativement plus Tout ceci, on le comprend, est basé
peinte, ou d’un enduit, lisse ou rugueux grande qu’un lit de brique, de manière à sur des images simplifiées, sur des mo-
s’obtiendra par des valeurs de gris lisses éviter la confusion ( 156 ). des de représentation conventionnels,
ou texturées ( 154 ). parfois fort éloignés de la construction
Un mur en brique est fait d’éléments Voir aussi les dessins remarquables p. 123, réelle du projet. On est ici assurément
multiples et modulés; on ne dessine pas 125, 127 et 129. dans un monde symbolique.
construction sur un terrain en pente 87 

155

156

157
88  dessin d’architecture aux instruments
axonométrie et isométrie 89 

Perspective cavalière de la
ville de Fribourg vers 1200.

axonométries & isométries


Le plan, la coupe et l'élévation sont des
projections orthogonales de l'édifice que
vous voulez représenter. Leur compré-
hension suppose une synthèse visuelle
de dessins séparés. Alors que l'axono-
métrie ¹, en une seule vue, comprend la
troisième dimension, et permet ainsi une
vision plus globale de l'édifice. L'isomé-
trie fait partie de la famille des axonomé-
tries (voir plus loin).

1 — Dans le passé on utilisait les termes de « pers-


pectives militaires » et de « perspectives cavalières »
afin de désigner des vues similaires; aujourd'hui, en
architecture, le terme « perspective axonométrique »
ou « axonométrie » est d'usage courant.
90  dessin d’architecture aux instruments

Z
X Y

90°

L'axonométrie: associer au plan selon


les axes orthogonaux X et Y, la repré-
sention de la hauteur selon l'axe Z.
Le plan non-déformé sert de point de
départ: longueur (axe X), largeur (axe Y)
et hauteur (axe Z) restent à l'échelle et
géométriquement cohérents.

b
Outil indispensable pour construire une
axonométrie: l'équerre 45°/45°.

158
axonométrie et isométrie 91 

a'

X Y
120°

d'
L'isométrie: ici longueur X et largeur
Y du plan ne sont plus orthogonales
mais disposés selon un angle de 120°.
Néanmoins longueur, largeur et hauteur
restent à l'échelle et géométriquement
cohérents. Les trois faces du volume
sont ici équivalentes.
b'

Outil indispensable pour construire une


isométrie: l'équerre 30°/60°.

c'

159

axonometrie ou isométrie: que choisir ?


Si l'on désire valoriser de manière opti- considérée elle, comme plus « abstraite »
male l'espace intérieur du plan (c ou c'), ou « rationnelle ».
ou bien, si l'on veut valoriser la vue du Concernant la mise en page d'une
dessus du volume (d ou d'), l'axonomé- axonométrie ou d'une isométrie sur la
trie s'imposera. La non-déformation du feuille de dessin, elle n'est pas évidente:
plan lui donnera une bonne lisibilité. proportionnellement l'axo aura besoin
Si l'on désire valoriser de manière d'un développement plus en hauteur
optimale le rapport entre les trois faces (b) que l'iso (b'), mais par contre l'iso
du volume, à la manière d'une perspec- s'étendra plus en largeur (a').
tive sans point de fuite, on optera pour
l'isométrie. Sa lecture nous semblera
plus « naturelle » que celle de l'axo,
92  dessin d’architecture aux instruments

160
axonométrie et isométrie 93 

a'

b'

161

Axonométries et isométries peuvent


être vues du dessus (a et a') ou du
dessous (b et b'). Les vues du dessous
reprennent le plan (au ras du sol) en
symétrie selon un axe horizontal. Elles
sont utilisées afin de montrer soit une
volumétrie particulière comprenant des
éléments en porte à faux, soit un espace
intérieur remarquable.
94  dessin d’architecture aux instruments

162

L'inclinaison du plan de l'axonomé- Mais dans ce type d'axonométrie de la


trie peut varier (30°/60°, 45°/45° ou face, la perception de la profondeur,
60°/30°). Cela permet de mettre telle ou (l'axe z), crée un malaise : le volume
telle autre façade en valeur ( 162 ). L'isomé- parait beaucoup trop long.
trie se prête moins à ce type de variation. Aussi, si les dimensions de la largeur x
A ce stade nous avons vu l'axonométrie et de la hauteur y ne changent pas, la di-
construite à partir du plan. On peut aussi mension de la profondeur z sera divisée
construire l'axonométrie à partir d'une par deux, ce qui atténuera quelque peu
élévation (axes x et y), tout en montrant la déformation. Dans la dernière rangée
la profondeur du volume (l'axe z) à des de dessins ( 163 ), la profondeur a donc été
degrés variés (0°, 60°, 45° ou 30°). réduite de moitié.
axonométrie et isométrie 95 

z
z/2

z
z/2

z élévation z
x
z/2

163
96  dessin d’architecture aux instruments

le cercle et l'isométrie
Tout cercle s'inscrit dans un carré, qui
lui s'inscrit dans un des trois faces de
l'isométrie. le cercle devient ainsi une
ellipse dont les proportions grand axe/
petit axe restent constantes ( 165 ). Il existe
des grilles normalisées qui permettent
de tracer des ellipses respectant ces
proportions et ceci pour plusieurs tailles
de grand axe ( 164 ).

Sainte-Sophie de Constantinople.
Isométrie éclatée, par dessous.
Auguste Choisy, 1900.
axonométrie et isométrie 97 

164

165
98  dessin d’architecture aux instruments

les schémas

L’objectif des schémas est didactique. Il Les schémas sont réalisés en fin de Le schéma ci-contre explique le système
s’agit d’expliquer au lecteur du projet ou projet, lorsque celui-ci est figé. C’est de distribution de la maison sur une
au jury, les tenants et les aboutissants une sorte de making off explicatif. Leur pente représentée p.68 – 75.
de celui-ci. Dans les schémas le dessin contenu varie de projet à projet:
prend le pas sur le texte; le texte se ré- · l’enjeu du projet dans son site
sume à un titre ou une légende. Les des- · le rapport au site (vues, orientation)
sins sont des icônes, des diagrammes · la relation espaces publics / privés
simplifiés du projet. Le schéma peut · les fluxs de la circulation
être assez petit, mais il doit être lisible · les accès et les circulations verticales
de loin. · l’organigramme du projet
Souvent les étudiants dessinent · la composition du projet:
des schémas à main levé, sans dessin - les pleins et les vides
préparatoire; ces croquis sont parfois - les proportions
malhabiles. Les schémas peuvent donc - la structure
aussi être des réductions simplifiées des - les matières
dessins du projet et être dessinés aux - le rôle de la lumière
instruments. · etc, …
schémas 99 

chambre

chambre

sanitaires

vues

terrasse

accès

cuisine

salle à manger

rangement

166
100  dessin d’architecture aux instruments

plan

167

le pavillon sonsbeek
de aldo van eyck
En 1965, on commanda à Aldo van Eyck assises de blocs de béton, se dressaient
(architecte néerlandais *1919 – 1999) la sur un terre-plein de forme carrée au
réalisation d’un pavillon destiné à abriter milieu des grands arbres. Sur ces murs
quelques sculptures trop petites ou trop reposent de fines poutrelles métal-
fragiles pour être exposées à ciel ouvert liques supportant un vélum de nylon
dans le parc de Sonsbeek à Arnhem. La translucide.
vie de ce pavillon fut brève: quelques Les deux schémas ci-contre mettent
mois de l’année 1966, le temps de l’expo- l’accent sur la modulation du plan du
sition. Puis il fut démoli. pavillon: chaque élément construit se
Six murs parallèles, distants l’un de place en relation à la grille composée de
l’autre de 2,5m, interrompus ou incurvés 14 carrés de 2,65 m × 2,65 m.
par endroits, hauts de 4m, formés de 16
schémas 101 

d
e c

b
+ −
− +
− +
f + −

schéma 1 schéma 2

168

Schéma 1
Le périmètre du terre-plein et le grand
dessin circulaire au sol sont décalés d’un
demi module dans le sens horizontal,
mais pas dans le sens vertical (a et b).
Par contre les extrémités des 6 murs
le sont dans le sens vertical mais pas
dans le sens horizontal (d). En ce qui
concerne les murs bas (en gris à droite et
à gauche), c’est à nouveau l’inverse (c).
La couverture ne s’aligne pas sur la tête
des murs dans le sens vertical, mais par
contre bien sur la grille (e). Les éléments
d’un même ensemble s’alignent, mais
chaque ensemble se décale par rapport
à l’ensemble voisin. Les 2 ensembles se
renforcent ainsi réciproquement.
Schéma 2
Face à l’axe, van Eyck nous invite à
dévier, à « prendre la diagonale », quitte
à revenir au droit chemin par la suite. La
succession des demi-cercles, tous rigou-
reusement fixés dans la grille, forme une
séquence spatiale concave / convexe
d’une grande logique formelle:
+(- -)+ -)+ +(-
102  dessin d’architecture aux instruments

169 170

le dessin aux instruments


comme support au dessin à
main levée
Les dessins d’architecture à main levée, en 1928), n’ a pas dessiné son projet pour
mis à part les esquisses ou croquis, sont un atelier d’artiste en ville uniquement à
souvent construits sur base d’un dessin main levée ( 170). Il l’a préparé à l’aide d’un
aux instruments. tracé préliminaire aux instruments ( 169 ).
Le dessin d’architecture à main levée a Ce tracé a été gommé et n’apparaît plus.
une dimension « sensible » et séduisante Lucien Kroll (architecte belge né à
que le dessin technique n’a pas. Mais ce Bruxelles en 1927), n’a pas tracé sa vue
type de dessin exige une rigueur dans les urbaine ( 171 ) sans l’aide d’un dessin pré-
proportions très difficile à atteindre sans paratoire au crayon et aux instruments.
l’aide des instruments de dessin.
Charles Rennie Mackintosh (architecte Voir également les dessins remarquables
écossais né à Glasgow en 1868 et décédé p. 147, 149, 150–151 et 153.
support au dessin à main levée 103 

171
104  dessin d’architecture aux instruments

le dessin du detail de
construction
C'est un dessin plus technique où des • La maçonnerie (parpaign, briques et • Les étanchéités, pare-vapeur, feuilles
conventions existent pour la représenta- blocs de terre cuite) est indiquée par de plastique par un double trait avec
tion des matières, même si ces conven- des hachures à 45° (1). alternance de noir et de blanc (6).
tions sont fort sujet à interprétation. Le • Le béton le sera par une aggrégation • Le bois par un dessin de lignes
dessin sera obligatoirement accompagné de petits points et de cailloux (2). ondulantes telles les veines du bois
d'une légende et tout ce qui ne pourra • La pierre le sera par des hachures à (8). Les pièces de bois en section
pas être explicité par le dessin, sera dé- 45° très serrées (7). (lambourdes, chevrons, poutres, etc)
crit. C'est également un type de dessin • Les petites pierres, le gravier, les par un dessin de la section barrée
qui est coté, ce qui n'apparaît pas ici. galets, par un dessin d'entassement d'une croix (9).
de cailloux (3). • L'isolation souple par une ligne
• Le sable par des petits points (4). sinusoïdale serrée (10). L'isolation
• La terre une surface légèrement en panneaux rigides par une surface
texturée (5). gaufrée (11).
support au dessin à main levée 105 

vide ventilé

172
106  dessin d’architecture aux instruments
les outils du dessin 107 

L'apprentissage du dessin d'architecture


se fait dans un premier temps aux instru-
ments traditionnels pour ensuite passer
au dessin assisté par ordinateur (dao).
L'apprentissage traditionnel reste à ce
jour le meilleur moyen pour acquérir
les conventions et les bases de ce type
de dessin très particulier mais néan-
moins universel.
Avec un bon matériel, dessiner est plus
agréable et un travail de qualité s'obtient
plus aisément. Le matériel de dessin pour
professionnels ne se trouve pas dans les
petites papeteries ni dans les grandes
surfaces mais dans les magasins spécia-
lisés en fournitures pour arts graphiques
où l'on vous conseillera avec compé-
tence. Un bon matériel coûte assez cher:
il est donc important d'abord de bien le
choisir, ensuite d'en prendre soin.
108  dessin d’architecture aux instruments

les outils du dessin


Le porte-mine calibré avec une mine de Il faut légèrement incliner le porte-mine
0,5 mm ( 174 ), donne un trait d'épaisseur le long du té ou de l'équerre et tracer
constante et peut suffire pour le dessin le trait à vitesse constante pour avoir
d'architecture. Le degré de dureté des un trait bien régulier tout en effectuant
mines est indiqué par un chiffre et une une légère rotation du porte-mine pour
lettre allant de 9h (très dur) à 6b (très garder la mine pointue et le trait fin ( i ).
tendre). Plus la mine est tendre, plus le Ne pas pousser la mine dans l'angle,
trait est foncé, s'efface facilement mais mais laisser un très petit espace entre
salit le papier. Plus la mine est dure, le bord et la pointe de la mine. Tout trait
plus le trait est précis mais moins foncé, doit commencer et s'achever avec pré-
s'efface difficilement et raie le papier. Les cision et présenter une épaisseur et une
mines les plus utilisées pour le dessin du densité continue ( ii ). Un trait discontinu
projet sont 2h, h et hb. Tous les dessins doit avoir des espacements réguliers et
de ce fascicule ont été dessinés avec un des tirets égaux entre eux: il doit s'ache-
portemine jetable et une mine 0,7 hb ( 173 ). ver par un tiret et présenter deux tirets
Les gommes ( 175 ) sont soit en caout- à chaque changement de direction ( iii ).
chouc, soit en plastique pour le crayon. Les traits doivent se toucher nettement
Employer toujours la gomme la plus pour former un angle ( iv ). Le trait épais
douce possible pour éviter d'abîmer la ne sera pas réalisé grâce à une mine plus
surface du papier. Une plaquette avec épaisse ou plus grasse mais il sera com-
des trous calibrés ( 176 ) permet de gom- posé de deux traits extérieurs et l'espace
mer des zones très précises sans étaler blanc au milieu sera rempli d'un ou deux
la mine de graphite alentour. traits bien appuyés ( v ). ( 177–178 )
les outils du dessin 109 

173

174

175

176
173 porte-mine jetable
(0,7mm, mine hb)
174 porte-mine rechargeable
à canon métallique
(0,5mm, mine hb)
174 gomme pour crayon
175 plaquette avec trous
calibrés pour gomme

i équerre ou té
iii

ii

177
iv

178
110  dessin d’architecture aux instruments

Papier blanc a3 ou a2 (80 à 110gr.)

180 ruban adhésif de masquage


(19 mm × 50 m)

Té (± 90 cm de long)

planche en mdf (50 cm × 70 cm × 10 mm)

179

Aujourd’hui l’usage des tables à dessin Votre planche sera complétée par un Une règle en plastique transparent de
a disparu. L’étudiant en architecture a té ( 179 )de 80 ou 90 cm de long. Choi- 30, 40, ou 50 cm (30 suffit) avec un
néanmoins besoin d’un support adéquat sissez un profil simple sans graduation biseau et de bonne qualité ( 183 ). À ne
pour réaliser ses dessins. On lui conseille d’une épaisseur de 2 à 3 mm. De bons jamais utiliser pour les découpes en ma-
une planche à dessin en mdf d’une modèles existent en plastique trans- quette. Une autre latte métallique et sans
épaisseur de 10 mm et d’une taille de parent et souple, en aluminium ou graduation vous sera très utile dans le
50 × 70 cm ( 179 ), taille suffisante pour en carbone. Les modèles avec vis de cadre de réalisation de maquettes pour
une feuille de format a3 ou a2. Avec une réglage angulaire sont à proscrire ainsi le projet et préservera votre matériel de
épaisseur moindre, la planche gauchit; que les modèles à biseau prononcé qui dessin.
avec une épaisseur plus importante, la ne permettent pas le glissement des Une équerre 45°/45°, transparente
charge devient trop lourde. Le bois de équerres. avec profil simple et une face à plots,
finition des planches contreplaquées est Pour fixer votre papier, nous vous mais sans chanfrein ni biseautage ( 160 ).
strié et ne convient pas. Le bois agglo- conseillons un ruban adhésif de Une équerre 30°/60°, transparente
méré est aussi à proscrire. Veillez à ne masquage beige ( 180 ), d’une largeur avec profil simple et une face à plots,
pas couper au cutter sur vos planches, de ± 20 mm (pas de papier collant sans chanfrein ni biseautage( 182 ).
la précision et le traçage seraient com- traditionnel !). Les équerres ne sont jamais à usage
promis. Le choix du papier: Choisissez un de découpe ! Équerre de type Aristo à
papier bien blanc, sans grain, d’une proscrire !
épaisseur allant de 90 à 110 gr/m2, de
facture standard.
les outils du dessin 111 

± 30 cm
± 21 cm

181 équerre 45° 182 équerre 60°/30°

183 latte graduée de 30 ou 50 cm de longueur


112  dessin d’architecture aux instruments

75°/1

/75°
90°/90°

105°
05°
60


°/6
°/1
20

120
°
45
°/
13

30
°/1
50
°

15°/1
65°

0°/180°
Maniement des équerres
184

185 Exemple de dessin de parallèles de 75°


les outils du dessin 113 

187 grille à cercles et à ellipses

a b c

186

189 le rendu de formes rondes, ici 3 colonnes

2 2

1
1

188 190 vue en plan

Pour le tracé de cercles, on utilisera deux Pour tracer le raccord d'un segment de
instruments: la grille à cercles ( 187 ) et cercle et d'une droite en évitant l'impré-
le compas ( 186 ). Pour les cercles à petit cision au point de tangence, on trace
diamètre ( jusqu'au Ø de 36 mm, c'est-à- d'abord le segment de cercle (1) et puis la
dire le mouvement, d'une porte au 1/50) droite (2) à partir de la courbe.( 167 )
on choisira la grille, pour les plus grands Le rendu des formes courbes peut
on fera usage du compas. s'envisager de différentes façons:
Le compas, quoique relativement ( a ) un dégradé de petits points du bord
coûteux, sert bien sûr à tracer des de la colonne vers son centre,
cercles, mais aussi quantité de construc- ( b ) de fines lignes parallèles aussi avec
tions géométriques (diviser un segment un dégradé du bord vers le centre, et
en deux, élever une perpendiculaire, ( c ) un jeux d'ombre. ( 189–190 )
trouver la bissectrice d'un angle, tracer
un triangle équilatéral, etc.).
114  dessin d’architecture aux instruments
les outils du dessin 115 

191

dessin

scan

dessin
numériseé

du scan à l’informatique
La volonté de démarrer en première – ne s’excluent nullement l’une l’autre toshop de Adobe ou Gimp programme
année d’architecture l’apprentissage des mais tendent à devenir complémentaires open source). Le scannage du dessin
conventions du dessin d’architecture grâce justement à l’outil informatique. traditionnel donne accès aux outils du
par les outils du dessin traditionnel On observe chez les jeunes architectes le monde numérique. Ainsi, dessin tra-
s’explique pour une raison simple: rien développement de représentations d’ar- ditionnel et dessin numérique ne sont
de tel pour comprendre et assimiler les chitecture mélangeant des techniques plus nécessairement antinomiques,
conventions que la pratique conjointe du d’origine très diverses: dessins tradition- mais ils peuvent être utilisés de manière
geste qui trace manuellement les traits nels et numériques, photos anciennes et complémentaire.
au crayon et de l’esprit qui les ordonne numériques, photomontages et collages,
de façon raisonnée. De plus cette pra- manipulations de l’image, etc. L’outil
tique du dessin a une dimension expres- informatique offre un support commun
sive et sensible que le dessin numérique à toutes ces techniques, anciennes
transmet plus difficilement. ou nouvelles, et le dessin traditionnel
Cet apprentissage du dessin tradition- y trouve également sa place. L’outil
nel n’est qu’un passage assez bref dans informatique a ainsi permis le décloi-
les cinq années d’étude d’architecture. sonnement de domaines d’expressions
A l’avenir il sera peut-être considéré anciennement très séparés tels que le
comme le reliquat d’un enseignement dessin aux instruments traditionnels, la
dépassé, mais en attendant, aujourd’hui, photo, la peinture, la maquette, etc.
il reste le plus efficace sur le plan péda- Tous les dessins de ce recueil sont
gogique. dessinés au crayon et aux instruments
Mais il y a plus que cela: les diffé- traditionnels, puis scannés et ensuite
rentes techniques de dessin – tradition- retravaillés sur ordinateur à l’aide d’un
nelles et contemporaines (numériques) programme de retouche d’image (Pho-
116  dessin d’architecture aux instruments

118 – 119 140 – 141
Dessin de l'architecte finlandais Alvar Alvar Aalto (volume 1), Dessin de l'architecte anglais James James Stirling Michael
éd. Girsberger; Les Éd. Wilford & Associates,
Aalto ( 1898 – 1976 ) pour le projet du Stirling ( 1926 – 1992 ) pour le projet du
d'Architecture Artemis, Architectural Design,
centre paroissial Riola à Bologne ( 1966 ) Zürich, 1990, p. 110 centre des arts de l'université de Cornell Academy editions,
London, 1990, p. 15
en Italie. aux USA.

120 – 121 142 – 143
Dessin de Alvar Aalto pour le projet de Ibid Plan d’implantation du centre culturel Richard Meier architect,
volume 2, éd. Rizzoli
la villa Mairea ( 1939 ) à Noormarkku en de Ulm (1986 – 1993) en Allemagne de
(New York), 1991, p.180
Finlande. l’architecte américain Richard Meier
(*1934).
122 – 123
Dessin de l'architecte américain William The Residential Design 144 – 145
Legacy of William W.
W. Wurster ( 1895 – 1973 ) pour le projet de Dessin au crayon du bureau japonais Atelier Bow-Wow. A
Wurster, R.Th. Hille,
Primer, Stalder, Escher,
la maison Sibbet à San Francisco. Princeton Architectural Bow-Wow pour un projet d'aménage-
Komura, Washida, ed.
Press, New York, 1994,
ment de toiture en espace public (2011) à Buchhandlung Walter
p. 71
König, Cologne, 2013,
124 – 125 Shibuya, Tokyo.
p. 156 (Miyashita Park)
Dessin de la maison Doble ( 1939 ) de Ibid, p. 65
William W. Wurster à San Francisco. 146 – 147
Plan de la Tara house (2005) réalisé par Studio Mumbai (2003-
2011), revue El Croquis
126 – 127 le Studio Mumbai à Kashid (au bord de
n°157, p.82
Dessin de l'architecte américain Robert Venturi Scott Brown & la mer d’Arabie) en Inde.
Associates on houses
Venturi ( *1925 ) pour le projet de la mai-
and housing, Architec-
son Hersey à Hyannis Port aux USA. tural Monographs n° 21, 148 – 149
Academy ed., London,
Dessin du jardin Saxild (1941) de c.th. Sørensen Land-
1992, p. 38–39,
scape Modernist, Sven-
128 – 129 l'architecte de jardin danois Sørensen
lngvar Andersson &
Dessin imaginaire de Robert Ibid, p. 82–83 (1893 – 1979). Steen Høyer, The Danish
Architectural Press, Co-
Venturi pour un cabanon de
penhagen, 2001, p.147
vacances décoré ( 1977 ). 150 – 151
Dessin de relevé (1983) de l'architecte Question n°4, Le jardin
dans la cité, éd. isa
130 – 131 Br. Vellut des espaces publics de la cité
Saint-Luc, ceraa, 1983,
Projet d'une petite salle de concert à Kazuyo Sejima & Ryue du Logis-Floréal, projet de l'architecte feuillet glissé dans la
Nishizawa 2006-2011, revue et p.45
Séoul (2009 – 13) du bureau japonais Van der Swaelmen (1922 – 1930).
GA Architect, a.d.a.
Sanaa (coupe). edita Tokyo, Japan, 2011
p. 196
152 – 153 Ibid
132 – 133 Dessin de relevé réalisé dans la Cité du
Dessin de la Mosquée des Princes à Comprendre l'Architec- Logis-Floréal par les étudiants de l'isa
ture universelle, Stierlin
Istanbul ( 1544 – 1548 ), construite par Saint-Luc (1983).
(Henri), Office du Livre
l'architecte Sinan. de Fribourg, Suisse,
1977, p.377 (Mosquée
154 – 155 James Stirling – RIBA
des Princes, Istanbul)
drawings collection, 2nd
134 – 135 Axonométrie de l'architecte James
edition, Heinz gallery,
Dessin d'exécution pour la chapelle Song Peter Zumthor (1985– Stirling pour le Leicester University 1976.
1989), Buildings and
Benedetg ( 1987 – 89 ) à Sumvigt de l'ar- Engeneering building (1959-1963).
Projects Volume 1, ed.
chitecte suisse Peter Zumthor (*1930 ). Scheidegger & Spiess,
Zurich, 2014, p. 56–57
156 – 157 Alberto Sartoris –
Dessins et aquarelles
136 – 137 Axonométrie inversée de l'architecte
projets d'architecture,
Fragment du plan (1748) de la Rome Design of Cities, Bacon Alberto Sartoris (1901-1998). Projet exposition 1981, Genève.
(Edmund N.), Penguin
Baroque de Giambattista Nolli. pour les communautés artisanales
Books, revised edition,
England, 1980, p. 161, autonomes de Turin (1926-28).
(plan de G. Nolli)
138 – 139
Dessin de la Marina Corricella sur Volume 3 de Villages
and Towns – Medi-
l'île de Procida en face de Naples
terranean Sea - essai
par Wayne Nobushi Fujii (1975). photographié et édité en
1975 par Yukio Futagawa
et réédité en 2017.
dessins remarquables 117 

dessins remarquables
L'expression du dessin d'architecture
évolue dans le temps. Un dessin du xxie
siècle se reconnaît et se différencie d'un
dessin du xxe ou du xixe siècle; ceci aussi
parce que les outils du dessin changent.
Les conventions graphiques par contre
restent stables et évoluent peu. Ce qui
nous permet de continuer à lire et à
comprendre les dessins du passé.
Suivent ici quelques exemples remar-
quables de dessins du siècle dernier
jusqu'à nos jours, utiles dans le sens où
nous nous rendons alors compte de la
validité qui perdure des conventions du
dessin d'architecture et ceci malgré leurs
interprétations personnelles diverses.
118  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de l'architecte finlandais Alvar


Aalto ( 1898-1976 ) pour le projet du
centre paroissial Riola à Bologne
( 1966 ) en Italie.

Architecture et nature sont ici fusion-


nelless. Remarquez ici comment la ligne
de sol définit le relief du terrain, le jeu
des terrasses face à la rivière, et devient
ensuite le trait qui coupe le bâtiment, le
tout de façon non interrompue.
Remarquez aussi l'expression des
façades : le recouvrement du grand mur
de gauche par des plantes grimpantes
( le trait rectiligne du mur déchiré par le
trait plus irrégulier du végétal mais qui
est aussi droit par endroit ), et contras-
tant avec la façade de l'entrée de l'église
recouverte de dalles de pierre. Quelques
accents d'ombre articulent les différents
plans des volumes et donnent du relief
au dessin, le tout exprimé avec une très
grande économie de moyens.
dessins remarquables 119 
120  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de Alvar Aalto pour le projet de


la villa Mairea ( 1939 ) à Noormarkku en
Finlande.

Dessin exceptionnel pour un projet ex-


ceptionnel. Tel un peintre, Aalto déploie
ici une palette de textures et de matières
d'une grande richesse. Le dessin varié
des sols caractérise les espaces de la
maison et crée des relations entre les
différentes pièces.
Les hachures serrées du pochage des
murs est la valeur la plus sombre, les
sols en bois sont représentées par de
fines lignes parallèles, le dessin irrégulier
des pierres crée un lien avec le paysage.
dessins remarquables 121 
122  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de l'architecte américain


William W. Wurster ( 1895-1973 ) pour
le projet de la maison Sibbet à San
Francisco.

Le terrain est en forte déclivité d'une part


dans le sens de la rue, voir le dessin en
haut à droite, et d'autre part également
latéralement et à l'arrière. Les dessins en
élévation sont toujours des coupes au
ras des façades et à travers un sol.
Ces dessins sont aussi remarquables
par le rendu des matières : le bardage
horizontal des planches de bois, le
dessin des garde-corps également
en bois mais dans le sens vertical, le
soubassement en béton qui suit la
pente du terrain, et remarquez enfin les
escaliers en bois, vus de face, et qui ne
se confondent pas avec le bardage des
façades. Ensuite l'expression correcte
des châssis de bois, avec leurs fines
divisions, exprimées par un seul trait.
dessins remarquables 123 

Coupe sur l'arrière du terrain Coupe sur l'avant ( façade à rue )

Coupe sur le côté droit ( façade latérale droite )t


124  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de la maison Doble ( 1939 ) de


William W. Wurster à San Francisco.

Ici le terrain n'a de la déclivité que dans


un sens, celui de la longueur, ce qui
est visible dans la coupe longitudinale,
voir ci-dessous. Cette coupe va bien
au-delà de la maison : elle nous montre
le jardin, le profil de la rue et le mur de
soutènement qui limite le jardin voisin.
La coupe de l'escalier est remarquable:
il est balancé et la partie invisible nous
est montrée en pointillé (dessin ci-contre
en dessous). Ainsi que la présence du
mobilier intégré. Le mobilier mobile ( lit,
table, chaises ) n'est pas montré.
Ici, comme dans la coupe de A. Aalto,
la ligne de sol fusionne avec la coupe de
la maison.
Cette coupe n'est pas une coupe
d'ordre technique : la coupe dans les
parties pleines ne donne aucune indica-
tion sur les différentes matières dont est
constitué le bâtiment.
dessins remarquables 125 
126  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de l'architecte américain


Robert Venturi ( *1925 ) pour le projet
de la maison Hersey à Hyannis Port
aux USA.

Ce qui nous séduit dans ce dessin est


son aspect décontracté et artisanal. Il
est sans fioritures et « simple ». Venturi
désirait que sa représentation ait un ca-
ractère banal et populaire et se distancie
ainsi de l'architecture académique de
ses contemporains. Il prend également
quelques libertés avec les conventions
graphiques. Dans le plan du rez, il n'y a
pas d'indication du surplomb de l'étage
et dans le plan de l'étage, il n'y a pas d'in-
dication des poutres de la toiture plate.
Néanmoins le tracé des ombres est
ici bienvenu pour comprendre la façade
avant et Venturi démontre par là que son
architecture est bien plus savante qu'elle
ne paraît de prime abord.
dessins remarquables 127 
128  dessin d’architecture aux instruments

Dessin imaginaire de Robert Venturi


pour un cabanon de vacances décoré
( 1977 ).

Il s'agit ici d'une réflexion théorique de


Venturi sur l'idée d'une façade avant
décorée et d'un intérieur à l'arrière tout
à fait quelconque et ordinaire. Le dessin
reflète aussi cet avant « monumental » et
symétrique avec par contre un plan et
une coupe à l'arrière tout à fait banals.
Venturi s'amuse ici avec les codes de
l'architecture classique et de l'archi-
tecture populaire et donne ainsi une
dimension ironique à ses dessins. Mais il
a néanmoins aussi besoin de respecter
les conventions graphiques du dessin
pour bien se faire comprendre.
Ici également, la coupe n'est pas
d'ordretechnique (voir p. 100).
dessins remarquables 129 
130  dessin d’architecture aux instruments

Projet d'une petite salle de concert à


Séoul (2009-13) du bureau japonais
Sanaa (coupe).

Pourquoi avoir sélectionné ce dessin ?


Les dessins des architectes japonais
sont exemplaire à plus d'un titre:
• une précision extrême dans la facture
mise en relation avec une simplicité et
une pureté expressive.
• l'importance du blanc.
• une grande finesse dans les traits qui
gomme la différence d'épaisseur des
traits vus et coupés, et ceci au dépend
d'une bonne lisibilité du dessin.
Remarquez également la présence des
multiples personnages qui donnent la
taille non négligeable des espaces et des
indications sur l'usage de ces derniers.
dessins remarquables 131 
132  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de la Mosquée des Princes à


Istanbul ( 1544-1548 ),construite par
l'architecte Sinan. Office du Livre de
Fribourg, 1977, Comprendre l'Architec-
ture universelle par H. Stierlin.

La relation entre la coupe et le plan


fonctionne ici très efficacement. L'épais-
seur du trait poché des parties coupées
est bien proportionnée en fonction de
l'échelle du dessin et le report en plan
des arêtes supérieures au plan de coupe
du plan ( arches et voûtes ) est très clair.
dessins remarquables 133 

Mosquée de Schézadé, ou Mosquée des Princes,


à Istanbul (turquie), construite par l'architecte
Sinan entre 1544 et 1548 pour commémorer le décès
prématuré des deux fils de Soliman 1er. Isométrie
1:300, coupe longitudinale et plan 1:750. C'est le
premier plan de mosquée qui s'inspire directement de
Sainte-Sopjie. Mais il recourt à quatre demi-coupoles
contre-butant le dôme central, comme à Sultan Ahmet
(1609).
Pour la publication les dessins ont été réduit à 90%
134  dessin d’architecture aux instruments

Dessin d'exécution pour la chapelle


Song Benedetg ( 1987-89 ) à Sumvigt
de l'architecte suisse Peter Zumthor
(*1930 ).

Zumthor dessine comme un artisan. Ici


chaque pièce de bois, chaque assem-
blage, la position de chaque clou est
représenté. Les dessins au crayon de
ses premiers projets sont tracés sur de
grandes feuilles à l'échelle du 1/20 ou
du 1/10. Zumthor travaille longuement à
l'élaboration des projets. Il construit peu.
La coupe, ici de caractère technique
(voir le contraire p. 100 et 104), ne peut
être trop réduite, comme ci-contre, car
sa lecture devient difficile
dessins remarquables 135 
136  dessin d’architecture aux instruments

Fragment du plan (1748) de la Rome


Baroque de Giambattista Nolli.

Dans l'esprit de Nolli et de ses contem-


porains, l'espace public intérieur et ex-
térieur de la ville était inextricablement
intégré dans un seul et même concept
d'usage de la ville.
Ici le dessin de l'intérieur de tous les
édifices publics, églises, cours et jardins
de palais, théâtres, sont représentés en
blanc au même titre que les rues et les
places. L'espace intérieur du Panthéon
s'ouvre sur la petite place avec sa fon-
taine baroque dans le fond.
Les espaces privés, par contre, sont
traités en masse pleines et hachurés par
de fines lignes. Ils forment une surface
grise en contrepoint avec le blanc des
espaces publics.
dessins remarquables 137 
138  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de Wayne Nobushi Fujii,


extrait du volume 3 Mediterranean
Sea, Villages and Towns édité et
photographié par Yukio Futagawa
(1975).

Coupe et plan font ici référence à la


représentation de l'eau, au plan d'im-
plantation et à la coupe dans un terrain
en pente.
Le pochage de l'eau en coupe (1) est
plus clair et transparent que la masse
grise du sol et des constructions, fondue
en une seule masse (2). De plus le dessin
en plan et coupe de petits bateaux
complète la compréhension de l'élément
aquatique.
L'échelle et le terrain accidenté sont
bien rendus par le personnage sur le
quai et la voiture située dans la ruelle
du haut (3). Le relief n'est sinon pas
visible dans le plan. Le fait d'unifier sol
et construction dans la coupe crée de
la cohérence dans le dessin, le nombre
de niveaux est clair, l'échelle ici aussi
est explicite. Le plan par contre se fait et
au niveau de la ruelle supérieure, et au
niveau du port. Il faut obligatoirement
voir la coupe pour le comprendre.
Un petit détail dans les bâtiments le
long du port en coupe (4): les planchers
des deux niveaux sont portés par des
arches en pierre (voir le dégradé des
lignes qui indique l'arrondi de l'arche).
dessins remarquables 139 
140  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de l'architecte anglais James


Stirling ( 1926-1992 ) pour le projet
du centre des arts de l'université de
Cornell aux USA.

Ce plan de situation a été retracé à


l'encre en vue de sa publication. Le
volume des bâtiments aux alentours a
été poché par des hachures, ce qui leur
donne une teinte grise, mais le dessin
du projet lui-même reste blanc, par
contre sa présence est renforcée par des
ombres. La ville est divisée en deux par
une vallée au creux de laquelle coule une
rivière. Cette vallée est rendue percep-
tible par le resserrement des courbes
de niveau et le dessin des ponts qui
l'enjambent.
Le dessin de la rivière est renforcé
afin qu'elle ne soit pas confondue avec
les courbes de niveaux. La présence du
végétal n'est pas accentuée ici, unique-
ment à proximité du projet. La flèche de
l'orientation est très discrète, mais l'en-
semble des informations données par le
plan est très bien dosé et équilibré, entre
autres en ce qui concerne les routes, les
trottoirs et les chemins.
dessins remarquables 141 
142  dessin d’architecture aux instruments

Plan d’implantation du centre culturel


de Ulm en Allemagne de l’architecte
américain Richard Meier (*1934).

Meier met l’accent sur trois points:


le bâti qui donne son contour à la place,
la position monumentale de la cathé-
drale, et son projet du centre culturel.
Il le fait grâce au liséré d’ombre qui
marque le volume des îlots environnants
la place, ainsi que l’ombre portée de
la cathédrale et l’ombre portée sur son
projet.
Mais ici l’ombre de la cathédrale ne se
résume pas à une simple surface noire
qui masquerait trop les formes sous-
jacentes de l’édifice: l’architecte y ajoute
discrètement des traits en blanc qui
soulignent le rythme de sa structure.
dessins remarquables 143 
144  dessin d’architecture aux instruments

Dessin au crayon du bureau japonais


Bow-Wow pour un projet d'aména-
gement de toiture en espace public
(2011) à Shibuya, Tokyo.

Ce dessin tellement fouillé et rempli de


détails volontairement anecdotiques,
montre aussi, si on y prête bien atten-
tion, le projet de rénovation de l'atelier
Bow-wow. L'objectif ici des architectes
est de démontrer par le dessin à quel
point leur projet s'imbrique dans le
contexte du quartier et les relations
qu'il crée avec celui-ci. Outre sa facture,
la lecture d'un tel dessin demande de
l'attention et du temps.
Le quartier de Shibuya se caractérise
par sa densité. Le graphisme de Bow-
wow le montre. Certains bâtiments sont
comme transparents: cela leur permet
de dessiner l'espace public de la rue
située derrière. La rue avec ses trottoirs,
ses voitures, ses passants, ses bacs à
plantes, ses passages piétons, ses lam-
padaires, ...etc.
dessins remarquables 145 
146  dessin d’architecture aux instruments

Plan de la Tara house (2005) réalisé


par le Studio Mumbai à Kashid (au
bord de la mer d’Arabie) en Inde.

Ici les éléments construits et l’environ-


nement végétal coexistent et sont repré-
sentés de façon équivalente. L’essence
de chaque arbre est précisé. Le Studio
Mumbai démontre ainsi son soucis de
marier harmonieusement architecture
et environnement naturel. Leurs dessins
doivent beaucoup à ceux de l’architecte
Sri Lankais Geoffrey Bawa (1919 – 2003).
dessins remarquables 147 
148  dessin d’architecture aux instruments

Dessin du jardin Saxild (1941) de l'ar-


chitecte de jardin danois Carl Theodor
Sørensen (1893-1979).

Les différentes nuances des hachures


sont à observer dans ce plan: la lumière
éclairant la masse d'arbres à partir du
coin inférieur gauche rendue grâce à des
traits serrés qui marquent le volume des
arbres, les hachures légèrement accen-
tuées des haies, et enfin les hachures
croisées ( plus foncées ) des bâtiments.
dessins remarquables 149 
150  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de relevé (1983) de l'architecte


Bruno Vellut des espaces publics de la
cité du Logis-Floréal, projet de l'archi-
tecte Van der Swaelmen (1922-1930).

Le dessin des bâtiments et des parcelles


privatives est ici laissé blanc afin
accentuer l'importance des plantations
des espaces publics et des squares
en intérieur d'îlot. Les petits encadrés
montrent les parties relevées en détail
par les étudiants de la 1ère Bachelier de
l'école Saint-Luc.

(n°4 de la revue Questions de l'École


d'Architecture de Saint-Luc)
dessins remarquables 151 
152  dessin d’architecture aux instruments

Dessin de relevé réalisé dans la Cité du


Logis-Floréal par les étudiants de l'isa
Saint-Luc (1983).

Le dessin correct des arbres et des


différentes essences du végétal, ainsi
que le rendu du relief est ici primordial.
Le dessin du bâti, au contraire, apparaît
en pointillé.

( n°4 de la revue Questions de l'École


d'Architecture de Saint-Luc )
dessins remarquables 153 
154  dessin d’architecture aux instruments

Axonométrie du projet de l'architecte


anglais James Stirling pour le Leicester
University Engeneering building.
(1959 – 1963)

La vue axonométrique est fort utilisée


en mécanique pour la représentation de
pièces d'outils. Stirling choisit ce mode
de représentation car il conçoit son
bâtiment comme une machine de haute
technologie.
L'axonométrie lui permet de bien ex-
primer les articulations sophistiquées
des volumes à facettes des circulations
verticales et des volumes des labo-
ratoires se découpant sur fond de la
surface cristaline des toits d'atelier. La
vue plongeante sans contexte renforce le
côté « objet » du bâtiment. La dimension
industrielle du projet est marquée par
le dessin des petites grues servant à
nettoyer les façades vitrées, le dessin
des garde-corps de bâteaux, et le détail
de la haute cheminée, e.a. Il n'y a aucune
indication de matière, de texture, de
personages ou d'atmosphère: ici chaque
ligne montre l'arête d'un volume, chaque
ligne se veut fonctionelle.
dessins remarquables 155 
156  dessin d’architecture aux instruments

Axonométrie inversée d'Alberto Sarto-


ris (1901-1998), représentant un projet
pour les communautés artisanales
autonomes de Turin (1926 – 28).

Le bâtiment vu du dessous semble


flotter dans les airs, la perception de
sa géométrie rigoureuse étant ainsi
aténuée. Une grande économie de lignes
nous suffit à sa bonne compréhension.
Le raccord des surfaces arrondies aux
verticales des hauteurs est admira-
blement exécuté. Les surfaces vitrées
ne sont pas transparentes; elles sont
définies par une teinte un peu plus
foncée, et par leur division régulière. Les
garde-corps métalliques du toit-terrasse
sont une transition subtile entre les
volumes pleins de l'édifice et l'espace
aérien au-dessus et autour.

«Je n'aime pas travailler par super-


position. […] Pour cela, il fallait que
mon dessin fût entièrement préconçu,
prémédité, et que chaque trait vînt à
sa place au moment de l'exécution. Je
passais des jours entiers à réfléchir, à me
représenter mentalement le projet. Avant
de le dessiner, je voulais voir l'architec-
ture dans l'espace. […] Je me suis exercé
à voir l'architecture en axonométrie. Et j'y
suis arrivé.»¹
«Comme je le disais à Angeletti, je rase
les murs, je lève la tête, et je vois la ville
en axonométrie.»²

1 — voir le texte de Bruno Reichlin, L'assonometria


come progetto, Lotus international, n°22 (1979), p.
82 – 93.
2 — Extraits de Les instruments du dessin: conver-
sation avec Alberto Sartoris de Jacques Gubler
publié dans le catalogue de A. Sartoris, dessins et
aquarelles, projets d'architecture, exposition en 1981
à Genève.
dessins remarquables 157 
158  dessin d’architecture aux instruments

bibliographie

huisman (Nele), La représentation


du projet d'architecture (cours de
moyens d'expression), Bruxelles, isa
La Cambre, 1995-1996
durand (Jean-Pierre), La représen-
tation du projet – Approche pratique et
critique, Collection école d'architec-
ture de Grenoble, Paris, Éditions de la
Villette, 2003
ching (Frank), Architectural Graphics,
Great-Britain, The Architectural Press
Ltd, 1981
jenkins (Eric), Drawn to Design,
Analysing architecture through freehand
drawing, Basel, Éditions Birkhäuser, 2013
colophon 159 

colophon

Conception et dessins
Bernard Baines
Bernard.Baines@ulb.ac.be

Conception graphique
Ellen Van Huffel
Ellen.Van.Huffel@ulb.ac.be

Ce livre a été composé en caractères


Post Grotesk, créé par Josh Finklea

Impression
pub Bruxelles
© février 2018

Ouvrage perfectible;
toutes remarques bienvenues

Publication à caractère non-commercial


et à usage interne de la faculté d'archi-
tecture de l'ulb.

L'auteur tient à marquer ici sa dette


envers deux ouvrages en particulier:
huisman (Nele), La représentation du
projet d'architecture (cours de moyens
d'expression), 1995-1996
durand (Jean-Pierre), La représen-
tation du projet – Approche pratique et
critique

Merci également à Kiran Katara pour son


travail concernant le matériel du dessin.

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