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CONCEPTS, DÉFINITIONS
La communication d’entreprise ne s’improvise
pas, sa maîtrise résulte d’un apprentissage
progressif. Les professionnels de la
communication constatent souvent que la
différence fondamentale entre des personnes
qui ont reçu une bonne formation en
communication et celles qui n’en n’ont pas
reçu ne réside pas dans la connaissance des
outils mais dans la capacité à appréhender un
environnement complexe, à y situer le rôle
effectif de la communication et à se poser
Figure 1.1 – De l’émetteur au récepteur
immédiatement les bonnes questions. C’est
dans cet esprit que cette première partie traite
des fondements de la communication, c’est-à-dire le rôle effectif de la
communication dans l’activité de l’entreprise.
De nombreux termes sont employés pour évoquer un même type d’activité.
Il importe de clarifier certains concepts, notamment ceux de communication
d’entreprise, de relations publiques ou de marketing.
1
LA COMMUNICATION INTROUVABLE
Lucien Sfez écrivait : « On ne parle jamais autant de communication que
dans une société qui ne sait plus communiquer. »1 Il est vrai que le mot
« communication » fait figure de concept passe-partout, de terme
polysémique pour désigner des réalités multiples. On évoquera les voies de
communication pour désigner les autoroutes ou chemins de fer, les techniques
de communication pour parler de téléphonie ou d’application informatique et
de communication pour faire référence aux relations interpersonnelles.
La communication semble souffrir de quatre difficultés.
UNE VISION MÉCANISTE
La communication repose largement sur les travaux des cybernéticiens, au
premier rang desquels s’impose l’auteur de Cybernétique et société (1949) :
Norbert Wiener. Mathématicien, Wiener définissait la cybernétique comme
« la science du contrôle et des communications ».
Les travaux de l’époque sont généralement fortement influencés par une
vision de la communication comme un flux d’informations entre un émetteur
et un récepteur (cf. figure 1.1).
Développée par Claude Shannon et Waren Weaver dans un ouvrage paru
également en 1949, The Mathematical Theory of Communication, cette vision
fut présentée autour de cinq éléments :
l’origine de l’information ;
l’émetteur ;
le canal de diffusion de l’information ;
le récepteur ;
le destinataire de l’information.
ce que je pense ;
ce que je veux dire ;
ce que je dis ;
ce que le récepteur entend ;
ce que le récepteur comprend ;
ce que le récepteur retient.
LA COMMUNICATION D’ENTREPRISE
2
La communication des organisations est le processus d’écoute et
d’émission de messages et de signes à destination de publics particuliers,
visant à l’amélioration de l’image, au renforcement de leurs relations, à la
promotion de leurs produits ou services, à la défense de leurs intérêts.
De nombreuses définitions existent. Nous privilégierons la suivante :
La communication d’entreprise est l’action volontariste d’émission, de
transmission et de réception de messages, dans un système de signes qui
s’échangent au sein de l’entreprise et entre celle-ci et son environnement
(Fédération nationale entreprise et performance, 1989).
LA COMMUNICATION DES ORGANISATIONS
Ce terme relativement nouveau a supplanté la « communication
d’entreprise ». L’idée majeure réside en ce que la stratégie de communication
s’applique désormais selon les mêmes paramètres fondamentaux à tout type
d’organisation et non aux seules entreprises. Comme nous le verrons, la
communication s’exerce désormais dans les entreprises privées ou publiques,
quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité ; elle s’exerce dans les
sphères publiques des ministères, administrations, collectivités territoriales,
ou dans le domaine non marchand des associations, fondations ou ONG.
LE PROCESSUS
La communication ne peut être définie comme une science, son domaine n’est
pas suffisamment délimité et ses méthodes sont trop embryonnaires. À
l’inverse, il est impossible de la définir comme un art puisqu’elle prétend au
professionnalisme des techniques. Il eut été possible de la définir en tant que
domaine ou discipline mais, par le terme de processus nous visons à
positionner la communication autour d’un effort planifié, soutenu, autour d’un
objectif de long terme. C’est sur la durée que s’opère la communication
d’entreprise, c’est le temps qui donne de la valeur à ses actions. La
communication n’est pas un acte isolé mais un ensemble dynamique
d’interactions envisagées sur la durée.
L’ÉCOUTE
La grande majorité des définitions de la communication ne considère que
l’émission ou la production de messages. C’est une grave erreur, il est
important de toujours considérer que la communication est un processus
interactif qui commence par une phase d’écoute. Cette étape, dénommée
audit, analyse de situation ou diagnostic, recouvre la même réalité : la
compréhension des attentes des interlocuteurs. Sans écoute, la communication
ne serait qu’un flux linéaire d’informations à l’exemple des modèles
mécanistes d’après-guerre. L’analyse de situation est souvent comprise par
analogie avec la fondation d’un immeuble ; si elle est suffisamment
approfondie, l’ensemble de la stratégie de communication sera stable et
solide. A contrario, c’est l’ensemble de l’édifice communicationnel qui sera
vacillant.
DES MESSAGES ET DES SIGNES
Le terme de « signes » est trop souvent négligé. On conçoit aisément que la
communication diffuse des messages, c’est-à-dire produise un discours de
manière volontariste. L’analogie ici serait autour de la figure de l’iceberg ;
sous la face émergée composée des messages émis consciemment par
l’entreprise se dissimule un ensemble, hétérogène et très large, composé
d’éléments de contact avec le public et pouvant avoir un rôle dominant dans
l’image de l’entreprise. Ces éléments peuvent être l’architecture des
bâtiments, l’accueil téléphonique, la courtoisie des salariés, l’expérience
personnelle… Les déterminants de l’image d’une entreprise résident dans la
somme de ces paramètres hétéroclites plutôt que dans une stratégie
publicitaire très élaborée : l’image que nous avons de La Poste tient peut-être
moins à sa communication volontaire qu’à nos expériences d’attentes
interminables au guichet. L’entreprise doit ainsi veiller à ce qu’il n’y ait pas
de décalage entre les signes et les messages.
À DESTINATION DE PUBLICS PARTICULIERS
Une communication ne peut se comprendre qu’en fonction du destinataire à
qui elle s’adresse. Chacun peut en faire l’expérience à l’écoute des réactions
souvent tranchées devant certaines publicités jugées « nulles ». Il est
préférable de partir de l’idée qu’il n’y a pas de publicité nulle, mais seulement
des individus hors cible. Et c’est peut-être justement parce que nous recevons
des publicités qui ne nous sont pas destinées que nous les recevons aussi
négativement.
Une communication comme celle que Total mit en œuvre après le naufrage
de l’Erika sur les côtes bretonnes le 12 décembre 1999 illustre parfaitement
cette idée. De l’avis général, Total aurait commis d’importantes erreurs de
communication en se réfugiant derrière une posture défensive de type :
« Nous ne sommes pas juridiquement responsables. » À la suite de cette
communication, l’image grand public de Total chuta pour aboutir dans les
tréfonds des classements portant sur les images d’entreprises.
Il est toutefois important de mettre cette chute d’image grand public en
parallèle à d’autres indicateurs : Total n’a perdu aucune part de marché et ses
clients sont restés fidèles, ses marges bénéficiaires se sont établies à des
niveaux records dans les mois qui suivirent et le cours de Bourse s’accrut très
fortement. Bien évidemment, il n’y a aucune relation de cause à effet entre la
chute d’image et les marges bénéficiaires, en revanche, il est très important de
remettre cette communication en regard d’une idée centrale : quel est le cœur
de cible de Total ? Si l’on considère que l’entreprise opère les deux tiers de
son chiffre d’affaires à l’étranger, que le marché français est majoritairement
captif, alors on peut comprendre que le grand public ne soit pas la cible
principale de l’entreprise. L’importance et la volatilité des flux financiers
internationaux amène plutôt à considérer que la cible principale de
communication est constituée des opérateurs financiers internationaux et que
c’était eux qu’il fallait rassurer immédiatement en excipant d’une
irresponsabilité juridique qui mettait l’entreprise à l’abri de versements
d’indemnités importantes et pouvant faire baisser le cours de l’action en
Bourse.
Certes, cela n’empêchait pas Total de se préoccuper également de son image
globale. Toutefois, ce qui ici est fondamental est de bien apercevoir que l’on
ne peut évaluer et comprendre une communication d’entreprise qu’en
fonction de la cible principale à qui elle s’adresse. Nous ne jugeons pas de la
même façon une communication selon que nous sommes étudiants, militants
de l’altermondialisme, actionnaires ou retraités.
L’AMÉLIORATION DE L’IMAGE
L’image de l’entreprise est un concept dont les praticiens éprouvent quelques
difficultés à délimiter l’objet. L’image est généralement shématisée sous
forme d’un carré qui en représenterait les quatre composantes.
Une distinction est parfois opérée entre l’image et la réputation. Il est
parfois considéré que l’image « n’est finalement qu’une approche statique,
ponctuelle, une photographie qui restitue un instant de la vie publique d’un
produit, d’une entreprise, d’une personne », alors que la réputation serait
fondée sur une approche culturelle, historique et qu’elle s’inscrit dans le
temps »10. Pour d’autres11, l’image serait l’ensemble des perceptions des
publics autour de quatre axes : la réputation, les valeurs, la personnalité et
l’identité de l’entreprise. Quoi qu’il en soit, l’image est devenue un actif
majeur de l’entreprise et on peut aujourd’hui la mesurer. Ainsi, le simple fait
que Volkswagen ait une meilleure image que Renault lui permettrait de
vendre – toutes choses égales par ailleurs – ses véhicules 15 % plus cher. On
estime également que l’image peut représenter des valeurs supérieures à
l’ensemble des actifs tangibles de l’entreprise. Le cabinet Interbrand évalue
ainsi le poids financier de l’image des grandes entreprises mondiales
(tableau 1.1 gauche).
Google 55 McDonald’s 81
L’essentiel est toutefois dans le constat que l’actif réputationnel peut être
considérable et pour certains cas dépasser l’ensemble des actifs matériels de
l’entreprise. Cette observation peut modifier en profondeur le regard du
management de l’entreprise sur l’activité du responsable de communication.
LE RENFORCEMENT DE SES RELATIONS
Dénommés relations publiques, la création, l’entretien et l’amélioration des
relations sont la partie la plus ancienne de la communication d’entreprise. Les
termes « relations publiques » et « communication » ont d’ailleurs longtemps
été synonymes jusqu’à ce que, au début des années quatre-vingt, le terme
« communication » supplante définitivement celui de « relations publiques »
en le reléguant à l’une des quatre composantes de la communication. De
nombreuses définitions des relations publiques existent puisqu’un chercheur,
Rex Harlow, en avait, en 1976, dénombré 472.
« Les relations publiques sont une fonction de gestion qui identifie, établit et
maintient des relations mutuellement profitables entre une organisation et les
divers publics dont dépend le succès ou l’échec de ses activités. »12
Par ailleurs, l’Institute for Public Relations donne la définition suivante :
« Discipline concernée par la réputation de l’entreprise, de ses hommes,
services ou produits, et visant à gagner compréhension et soutien. » Dans
cette définition, la frontière devient beaucoup plus floue avec la
communication globale puisque les relations publiques ambitionnent
également le travail sur l’image.
De même, le terme « relations publiques internes » évoque fréquemment la
communication des dirigeants envers leurs salariés.
Il nous apparaît légitime que les professionnels des relations publiques
puissent prétendre au travail sur l’image. La frontière entre l’image et les
bonnes relations est souvent fort étroite puisque l’on conçoit difficilement
avoir de bonnes relations avec une mauvaise image. Malgré l’ampleur des
définitions, les relations publiques sont écartelées entre une conception plutôt
anglo-saxonne qui porte l’accent sur une modalité, l’échange et une finalité
(la réputation), et une conception plutôt française que l’on retrouve
notamment dans les statistiques annuelles des dépenses de communication, et
qui définit les relations publiques comme la composante de trois éléments :
les relations avec la presse, les visites et les portes ouvertes, les séminaires et
les congrès.
Fin 2011, l’association américaine des relations publiques (PRSA),
constatant que les définitions ne satisfaisaient personne, a lancé un travail
collaboratif sur Internet, afin de moderniser la définition de « relations
publiques » qu’elle avait proposé en 2003. « Les relations publiques sont la
discipline professionnelle visant à renforcer de manière éthique les bénéfices
mutuels des relations entre les entités sociales. » Une idée sous-jacente était
de voir si l’émergence et la généralisation des réseaux sociaux avaient
modifié la manière de définir les relations publiques.
Début mars 2012, après un vote sur 3 définitions, celle qui fut retenue est la
suivante : « Les relations publiques sont un processus stratégique de
communication qui construit mutuellement des relations bénéficiaires entre
les organisations et leurs publics ».
Comme le fait observer PRSA chaque mot a été pesé : le terme
« processus » a été préféré à « fonction du management » qui pouvait signifier
une démarche à sens unique, top down de la communication, le mot
« publics » a été préféré à celui de « parties prenantes » car ce dernier est
connoté au monde de l’entreprise.
Le syndicat français des agences de relations publiques, le Syntec RP a
proposé le 21 juin 2011 une nouvelle expression, celle de « relations
publics ». Selon Thierry Wellhoff, son président, le terme « relations
publiques » proviendrait d’une erreur de traduction. Le nouveau terme
traduirait davantage l’activité concernée, celle de relations avec les publics.
Les relations publiques
« La France est bien l’un des seuls pays industrialisés au monde à croire que les relations publiques
se résument, pour l’essentiel, à de l’événementiel avec, à la rigueur, un peu de compétences en
relations presse. Lorsque l’on parle chez nos voisins de « Public Relations », il s’agit de relations
avec les publics, entendez par là relations avec les parties prenantes qui intéressent autant le monde
des affaires que celui des institutions. Faire prendre conscience des enjeux de notre métier passe par
un changement d’appellation de « relations publiques » en « relations publics ».
Certes on peut opposer le fait que l’expression « relations publics » ne serait pas très fidèle aux
règles de l’orthographe et de la grammaire. L’argument n’est pas dénué de fondement. Mais alors,
que fait-on des « relations investisseurs » ? Des « relations presse » ? Ou encore des « relations
médias » ? Pourquoi, dès lors, ne pourrait-on parler de relations publics ? L’orthographe relations
« publics » est à la fois plus juste, plus explicite de nos métiers et beaucoup plus cohérente avec les
expertises requises. », explique Thierry Wellhoff, Président du désormais « Syntec Conseil en
Relations Publics ».
Source : Site de Syntec
3
LES MÉTIERS DE LA COMMUNICATION
Les tendances, que nous disent les enquêtes ?
Enquête Lewis PR, janvier 2011 sur 110 dircoms et directeurs marketing
• Les priorités
– Renforcer la présence de la marque dans les médias : 53 %
– Identifier les nouvelles opportunités de prise de parole : 51 %
– Développer la présence sur le web : 50 %
– Pénétrer la sphère des réseaux sociaux : 34 %
• Les outils pour y arriver
– Les relations publiques : 43 %
– Les réseaux sociaux : 40 %
– Les événements : 26 %
– Les médias classiques : 16 %
European Communicator Monitor 2011, étude effectuée en mars 2011
sur 2 209 responsables de communication répartis dans 43 pays
• Les 5 axes de communication 2011–2014
– Le web social et l’évaluation digitale : 54,9 %
– Le lien entre la stratégie business et la communication : 44 %
– La RSE : 37,2 %
– L’exigence de transparence et les audiences actives : 35,1 %
– La confiance : 30,1 %
• Les disciplines de communication les plus importantes en 2014
– La communication corporate
– La communication interne et le management du changement
– La relation client et la communication sur la marque
– La RSE
– La communication de crise
Une étude menée par PR Week en novembre 2011 en Grande-Bretagne auprès de 1 300
professionnels des relations publiques indique que l’écriture d’articles, les activités éditoriales et la
communication événementielle vont continuer à décroître et que les domaines qui croitront le plus
dans les deux prochaines années sont la communication digitale, le management de la réputation, la
production d’informations et le développement de la stratégie de communication.
LES DOMAINES DE LA
COMMUNICATION D’ENTREPRISE
Durant longtemps, la communication pouvait être analysée en fonction des
interlocuteurs auxquels elle s’adressait. Patrick d’Humières14 pouvait ainsi
définir quatre types de communication :
Figure 1.6 – Cibles et types de communication
1
LA COMMUNICATION PRODUIT
Il s’agit de la communication marketing destinée au consommateur dans
un objectif de vente du produit. Le public est généralement parfaitement
délimité et le message unique (unique selling proposition).
LA COMMUNICATION B TO B
2
C’est une communication d’industriel à industriel (business to business).
Elle peut emprunter les voies de la « communication produit » ou de la
communication corporate.
CAS D’ENTREPRISE
La communication B to B : l’exemple
NERIM
Nerim est une société française créée en 1999 et qui fournit des solutions de télécommunication
(téléphonie, web) aux entreprises. Elle regroupe 75 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de
24 millions d’euros pour l’année 2011.
En concurrence avec les mastodontes du secteur, c’est-à-dire le département entreprises des grands
opérateurs comme Orange, SFR ou Bouygues, mais aussi avec des sociétés de taille moyenne comme
Completel, filiale de Numericable, Nerim a souhaité se doter d’une solide stratégie de communication
pour améliorer sa notoriété et son image.
Dans l’objectif premier d’accroître sa visibilité envers ses cibles et de renforcer son réseau de
distribution en région, un travail sur la marque a été
ouvert avec l’agence Aressy, il fallait définir le
positionnement, la tonalité de la communication
ainsi que les éléments graphiques. Le message
central fut axé sur le thème : « Nerim, l’opérateur
qui ne fait pas de surpromesses, mais qui les tient ».
La communication qui devait se distinguer des
concurrents est épurée, factuelle et très axée sur la
technique. L’ensemble dégage l’impression d’une
forte sobriété avec une couleur blanche dominante.
Dans le même temps, et dans cet objectif de
différenciation, les thèmes se voulaient offensifs en
jouant sur la proximité offerte par une relation client
individualisée : l’accroche « Parce que vous n’êtes
pas un numéro » fut ainsi utilisée.
Pour signifier à la fois l’idée de vitesse du service
mais également l’image d’une entreprise moyenne
face aux gros concurrents, un partenariat fut noué
avec Henri Pescarolo, un célèbre pilote automobile
des années 70 qui fonda sa propre équipe. Les
visuels publicitaires reprennent cette relation en y
ajoutant la dimension « équipe ». L’accroche
« Toute une équipe à votre service » accompagnée
de l’explication « Circuit automobile ou entreprise,
les exigences sont les mêmes » intervient en crédibilisation de la promesse.–
LA COMMUNICATION FINANCIÈRE
3
Elle a supplanté l’information financière au début des années 1990 en
raison de l’expansion des capitaux internationaux et de leur volatilité. La
communication financière est devenue une discipline de plus en plus poreuse
aux autres domaines de communication, tant en raison de la diversité de ses
cibles (rôle croissant des salariés notamment), qu’à celle des domaines qui
interagissent avec elle. Le thème du développement durable est ainsi de plus
en plus présent dans la communication financière en raison du rôle croissant
des agences de notation éthique destinées à influer sur les flux de placements
financiers internationaux. Une étude publiée en avril 2011 par Novethic
indique que le marché financier de l’Investissement Socialement Responsable
(ISR) s’établit à 68,3 milliards d’euros, en augmentation de 35 % sur la
période 2009–2010. Cette étude souligne que l’épargne salariale contribue
fortement à cette progression puisque désormais un euro sur six en épargne
salariale est investi sur un fonds solidaire. Aux Etats-Unis, le marché de l’ISR
était évalué à 3 070 milliards de dollars en 2010, en progression de 13,2 % en
deux ans. Les fonds de pension sont les plus impliqués dans ce type de
placements évalué à 12,2 % de la gestion d’actifs.
4 LA COMMUNICATION D’INFLUENCE
Appelée également lobbying ou affaires publiques, la communication
d’influence cherche à faire pression sur un décideur afin d’influer sur une
décision.
Augmenter la couverture des opérateurs de téléphonie mobile
Objectif : assurer un meilleur service aux clients, répondre à la demande des pouvoirs publics et des
élus, mieux couvrir le territoire national.
Problème posé : un groupe de téléphonie mobile a cherché des alliés pour trouver de nouveaux
emplacements pour ses antennes relais de couverture.
Moyens : l’Association des maires de France a accepté d’établir une charte qui définit des
obligations pour l’ensemble des opérateurs lorsque ceux-ci installent une nouvelle antenne.
Cette charte intègre des normes maximales d’émission, des contrôles gratuits d’émission d’une
antenne à la demande des habitants, des réunions d’information des habitants… et bien d’autres
mesures.
Les opérateurs informent régulièrement les maires des actions qui ont été menées dans le cadre de
cette charte. Fin 2007-printemps 2008, une campagne d’information destinée aux élus au travers de
la presse spécialisée collectivité locale était engagée sur le thème « Antenne-relais, ce qui a changé
depuis 3 ans ».
Résultat : cette charte a permis de professionnaliser, d’objectiver et de rationaliser un sujet souvent
émotif, ce qui a abouti à une meilleure couverture du territoire national.
LA COMMUNICATION
5
INSTITUTIONNELLE
Destinée à améliorer l’image de l’entreprise, la communication
institutionnelle vise essentiellement le grand public mais peut s’adresser à des
cibles particulières (B to B) ou s’intégrer dans une démarche de lobbying.
CAS D’ENTREPRISE
LA COMMUNICATION SENSIBLE
6
Destinée à des publics hétérogènes, la communication sensible concerne
des thèmes crisogènes. Elle englobe quatre types de communication : la
communication de crise, la communication sur les risques, la communication
d’acceptabilité et la communication sur des sujets polémiques. La
communication sur le tabac, les ventes d’armes, les aliments génétiquement
modifiés sont des illustrations de ce type de communication.
Exemple
En 2001, le terme Mcjob est entré dans l’Oxford English Dictionnary pour signifier un mode de
travail non motivant, sans avenir et peu payé. McDonald’s a mis en œuvre une stratégie en réponse,
d’abord en recueillant des preuves positives du management des ressources humaines dans ses
restaurants. En 2007, la chaîne a lancé une vaste pétition en Angleterre pour faire modifier le
dictionnaire sur ce point. Des communications ciblées sur les interlocuteurs prioritaires étaient
engagées afin de trouver des relais d’opinion pour soutenir cette campagne. Des opérations de
communication de proximité furent conduites dans une quarantaine de villes. La pétition fut signée
par plus de 100 000 personnes et 500 articles de presse furent publiés.
LA COMMUNICATION D’ACCEPTABILITÉ
7
La communication d’acceptabilité s’effectue en accompagnement de
projets d’implantation industriel ou équipementier ayant un impact
environnemental ou humain important. Elle vise à convaincre de l’utilité d’un
projet susceptible de générer de fortes oppositions. La communication
d’acceptabilité est une discipline délicate car elle est au cœur d’une
contradiction psychosociologique : 70 à 95 % des citoyens acceptent la
nécessité de construire des voies de TGV, d’autoroutes, de nouvelles lignes à
haute tension, des décharges d’ordures ménagères, des incinérateurs. Mais un
pourcentage similaire de la population déclare refuser toute implantation dans
son voisinage. Pour désigner cette situation paradoxale d’une acceptabilité de
principe et d’un refus de fait, les chercheurs utilisent le terme de « syndrome
NIMBY » (not in my back yard 17).
LA COMMUNICATION DE CRISE
8
Ce domaine s’est fortement élargi en l’espace de quelques années
puisqu’il ne concerne plus seulement la communication autour du risque
industriel majeur mais tout type de crise et ce dans l’ensemble des secteurs
d’activité, quels que soient la taille ou le statut de l’entreprise. La discipline
est transverse puisqu’elle peut concerner la plupart des autres domaines de
communication en fonction de la nature de la crise : sociale, financière,
corporate, environnementale…
9
LA COMMUNICATION DE PROXIMITÉ
Elle traite de la communication locale de l’entreprise. Partant du constat
d’une différence d’objectif et d’interlocuteurs entre une entreprise et les
usines qui la composent, entre les grandes entreprises en réseau et les PME, la
communication de proximité traite de communication de terrain, elle vise les
relations entre l’implantation et les acteurs locaux : élus locaux, presse locale,
riverains.
10
LA COMMUNICATION DE RECRUTEMENT
Elle concerne le public de jeunes diplômés potentiels ou réels et tend à
être de plus en plus une déclinaison de la communication institutionnelle sur
ce type de public. Elle utilise également une panoplie d’outils de relations
publiques : forums, « amphi-retapes18 », sponsoring. Internet est désormais
devenu un outil central de cette communication.
LA COMMUNICATION INTERNE
11
Les salariés forment le public central de cette communication qui
poursuit des objectifs de motivation et de décloisonnement. Trois types
de communication interne sont généralement distingués : descendante,
ascendante et latérale. Elle utilise des moyens qui lui sont spécifiques :
journaux internes, Intranet, mais tend à être de plus en plus ouverte. La
communication interne ne l’est plus totalement, elle s’exerce plutôt autour
d’un continuum interne-externe qui se déplace en fonction des situations et
des enjeux.
LA COMMUNICATION INTERNATIONALE
12
La mondialisation a entraîné un accroissement des canaux de
communication et une concentration des marques désormais présentes
largement au-delà de leurs frontières originelles. Après avoir été longtemps
standardisée, la communication prend davantage en compte les spécificités
locales. Aux côtés de logo et base line homogènes, les communications
adoptent leur visuel et leur message. La communication internationale est
également transverse aux autres domaines : crise, interne, recrutement…
13
LA COMMUNICATION SUR LE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Il est délicat de présenter cette
communication comme une Quelques chiffres
discipline de la communication Selon une étude Limelight Consulting de septembre
d’entreprise puisqu’elle n’en forme 2009, 90 % des entreprises françaises ont une
qu’une variante thématique, à stratégie RSE et 10 % l’envisagent.
l’exemple de la communication Par ailleurs, 80 % des entreprises ont développé des
produits ou services intégrant les enjeux de
scientifique et technique. Pourtant, développement durable.
en raison de sa place prépondérante
dans les messages diffusés et des règles spécifiques qui l’encadrent, cette
communication apparaît désormais comme une discipline propre. Elle
intervient à la suite de la communication environnementale apparue vers la fin
des années quatre-vingt et dans le sillage des communications sur l’éthique ou
la citoyenneté d’entreprise.
Trois autres types de communication existent également, qui ne se
définissent qu’en relation avec leur émetteur.
14
14
LA COMMUNICATION NON MARCHANDE
Elle regroupe la communication des ONG, des associations ou fondations. Le
terme « non marchand » est réducteur, ne situant cette communication qu’en
opposition à celle du secteur marchand. « Communication associative »
apparaît donc plus appropriée pour marquer la primauté de la solidarité par
rapport aux mécanismes du marché et de la redistribution publique ; si la
communication non marchande emprunte de plus en plus des techniques au
marketing le plus élaboré – (mailing, phoning, couponing, fund-raising), elle
renvoie à des objectifs bien différents de la vente de produits ou de l’adhésion
à une politique de citoyenneté, mettant l’accent sur le maintien ou le
rétablissement du lien social.
CAS D’ENTREPRISE
LA COMMUNICATION PUBLIQUE
15
La communication publique représente une part importante du marché
global de la communication. Elle couvre des domaines larges comme celui de
la communication politique, de la communication gouvernementale, de la
communication des institutions publiques et parapubliques, et enfin de la
communication des territoires. Elle comprend donc la communication
gouvernementale que coordonne le SIG (Service d’information du
Gouvernement), la communication des administrations et des autorités
administratives indépendantes, ainsi que la communication des départements
et régions. Il était d’usage d’y inclure les entreprises publiques mais leur
communication se rapproche de plus en plus d’une communication
d’entreprise classique.
Les campagnes d’intérêt général appartiennent à cette catégorie, comme
celles qui incitent à modifier son comportement sur la sécurité routière,
l’alcool ou le tabac.
CAS D’ENTREPRISE
Une campagne sur le don d’organes
La question
L’agence de la biomédecine encadre l’activité de prélèvement et de greffe d’organes. Les organes
disponibles à la greffe sont rares. Or, beaucoup de possibilités de prélèvements post mortem
n’aboutissent pas car la famille ne peut attester de la volonté du défunt, ce qui est en France la
condition sine qua non pour permettre le don. Comment limiter ces situations extrêmement difficiles
pour les familles et les dons perdus « faute de savoir » ?
Une clé : la compréhension d’un frein majeur à la démarche du don
Le don d’organes suscite une adhésion de principe chez la majorité des gens. Mais cela ne constitue
pas un levier suffisamment fort pour passer le cap de réfléchir réellement au sort de son corps après la
mort, puis de partager sa décision avec son entourage, dans une société où le sujet de la mort est
largement tabou.
Remobiliser sur la greffe pour stimuler le don
La stratégie d’I&E en 2011 a été de revenir en
force sur l’utilité de la greffe et d’associer
étroitement le don à son bénéfice, avec une
nouvelle signature « Pour sauver des vies, il faut
l’avoir dit ».
Une exposition très large pour impacter
rapidement connaissances
et comportements
Le don d’organes concerne toute la population, y
compris les plus âgés. Pour assurer une visibilité
maximale au nouveau discours, un spot TV est
réalisé et programmé sur toutes les grandes chaînes
à l’occasion de la Journée nationale de réflexion
sur le don d’organes et la greffe (22 juin).
L’histoire racontée, simple et didactique, valorise
la chaîne d’échanges – entre le donneur et son
proche, puis entre le proche et le médecin – qui va
permettre la greffe. Le choix de l’animation
dédramatise le sujet.
En prolongement du film, un dispositif Internet
renforce la pression sur deux publics
particulièrement en affinité avec la démarche
d’après les études : les femmes et les jeunes
adultes. Un module Internet est mis en ligne sur
dondorganes.fr ; il répond aux questions les plus
fréquentes et donne des clés pour faciliter l’échange avec les proches. Sur Facebook, une page « don
d’organes, je le dis » est créée et son lancement est soutenu par une application à durée limitée, qui
permet d’afficher son soutien à la démarche et de personnaliser sa photo de profil.
En parallèle, une plateforme d’échange online dédiée à la greffe, soutenue par le ministère en charge de
la santé, est proposée durant les deux semaines encadrant la Journée nationale. Par son intermédiaire,
le public peut questionner et découvrir les parcours de vie de neuf professionnels de la greffe et
personnes greffées.
Enfin, autour du 22 juin, les hôpitaux et les associations en faveur de la greffe orchestrent des actions
événementielles et distribuent le guide d’information conçu par l’Agence de la biomédecine.
L’ensemble du dispositif bénéficie d’une valorisation soutenue en relations presse online et offline.
Une campagne remarquée et appréciée
• 7 Français sur 10 se souviennent avoir entendu parler du don et de la greffe d’organes dans les médias
(73 % des femmes, 63 % des hommes)
• parmi eux, 1/3 restitue clairement les éléments essentiels du message porté par l’Agence de la
biomédecine (1/2 chez les 16 – 25 ans)
• 2/3 des Français reconnaissent le spot TV et plus de 90 % d’entre eux le jugent utile, clair,
intéressant, adapté au sujet
• 20 000 fans Facebook dès le premier mois. –
LA COMMUNICATION POLITIQUE
16
Située à l’interface des deux communications précédentes, elle vise à
canaliser les passions politiques au profit d’une idée, d’un parti, d’un homme
ou d’une femme. Elle comprend une communication globale et une
communication électorale de plus en plus encadrée juridiquement et
financièrement.
D’autres types de communication existent mais ne se définissent que par les
moyens utilisés : la communication digitale au travers de l’outil Internet, la
communication événementielle.
SECTION 3
L’ÉVOLUTION DE LA
COMMUNICATION D’ENTREPRISE
La communication d’entreprise n’est pas une discipline figée, c’est un
domaine en évolution constante où il importe d’être attentif aux tendances
structurelles afin d’adapter son style de communication. Parmi les tendances
actuelles, sept évolutions majeures peuvent être constatées.
LA REMISE EN CAUSE
1
Aux côtés d’actions sporadiques des mouvements antipublicitaires, la
communication d’entreprise traverse une période difficile qu’il est possible
d’analyser en trois étapes.
LA REMISE EN CAUSE DE LA COMMUNICATION
Il s’agit ici d’un mouvement théorique dont on retrouve les prémices dans les
analyses marxistes, celles de l’école de Francfort (Adorno, Benjamin,
Marcuse) et celles de l’école situationniste (Guy Debord). Selon eux, la
communication se réduit à une analyse en termes de manipulation,
généralement fondée sur des rapports de domination. Cette vision un peu
linéaire a été améliorée depuis le début des années quatre-vingt-dix par un
courant de pensée hétérogène mais tout aussi critique (H.P. Jeudy, L. Sfez,
P. Breton, D. Wolton, D. Quessada, J.-P. Le Goff, R. Debray) selon lequel la
communication serait devenue la nouvelle idéologie des temps modernes.
Selon ces auteurs, il conviendrait de combattre cette vision simpliste d’une
communication utopique pour qui l’idéal de transparence serait la solution
ultime à tous les dysfonctionnements.
LA REMISE EN CAUSE DE L’ENTREPRISE
L’entreprise est interpellée parce que le sens de son action s’est estompé sous
trois effets. C’est d’abord la disparition des usines qui incite de plus en plus
les grands groupes à externaliser leur production au travers de contrats
temporaires avec leurs fournisseurs. L’entreprise se concentre sur sa marque
et sa valeur financière et décentralise fortement la partie amont de sa
production, généralement là où les coûts de fabrication sont les plus faibles.
La mondialisation implique des regroupements incessants, les ennemis
d’hier deviennent les alliés d’aujourd’hui, les dénominations d’entreprises se
modifient à une allure effrénée à l’exemple de Rhône-Poulenc, entreprise
chimique réputée dans les années quatre-vingt, devenue Hoecht au début des
années quatre-vingt-dix, puis Aventis et aujourd’hui Sanofi. La figure
emblématique d’une entreprise, pilier économique et social, bascule dans le
tourbillon d’une accélération temporelle aux contours imprécis et même les
entreprises les plus solides ne sont pas à l’abri d’un rachat brutal, à l’exemple
de Gillette rachetée pour 57 milliards de dollars en février 2005 par Procter &
Gamble.
C’est enfin la flexibilité qui s’accentue et ceci à l’intérieur même des
entreprises avec le développement des SBF (sans bureau fixe) : les salariés
n’ont plus de bureau attitré et s’installent à des places attribuées selon leur
ordre d’arrivée. Le développement des ordinateurs portables et des outils de
travail à distance accentue cette distanciation entre le salarié et son entreprise.
Un phénomène similaire se constate en externe avec ce que Jérémy Rifkin,
fondateur et président de la « Fondation pour les tendances économiques »
appelle « l’âge de l’accès ». Selon lui, les entreprises de demain vendront de
moins en moins des produits mais des services. La SNCF a déjà commencé en
vendant des billets d’avion et des locations de voiture. Après-demain, les
consommateurs n’achèteront plus de voiture mais un accès à un service global
de mobilité où ils pourront choisir en permanence l’outil le plus approprié à
leur besoin de déplacement.
LA REMISE EN CAUSE DE LA COMMUNICATION D’ENTREPRISE
Le thème de la confiance est central dans la plupart des communications
d’entreprise. Alors qu’en 1985, seuls 25 % des Français déclaraient n’avoir
pas confiance dans l’entreprise, ils sont désormais plus de 50 %. Ce
phénomène s’observe dans la plupart des pays occidentaux, à l’exception des
États-Unis où l’entreprise bénéficie encore d’un bon capital de confiance.
Deux tiers des salariés se déclarent désengagés de leur entreprise sous des
formes diverses : sceptiques, mitigés, mécontents.
La parole même de l’entreprise est en débat. Sur des thèmes comme la
communication sur le risque ou sur l’environnement, le discours de
l’entreprise a une crédibilité quasi nulle. Cette tendance lourde a été amplifiée
par le passif de la communication de crise qui s’est souvent contentée de
rassurer et de minimiser lors des crises majeures : Tchernobyl, sang
contaminé, amiante, vache folle, Erika. Tout ceci plonge le communicant
dans un sérieux paradoxe où il est exigé de lui de diffuser une information
toujours plus importante et transparente, et dans le même temps il lui est
signifié que sa parole n’est pas crédible et donc que sa diffusion
d’informations n’aura aucun effet pratique. Grandeur et misère de la
communication !
Ce mouvement global de perte de crédibilité semble encore accentué par le
mouvement antipublicitaire. Celui-ci est aussi ancien que la publicité et
resurgit régulièrement. La caractéristique du mouvement actuel réside en sa
relation très forte avec le courant altermondialiste au point qu’il est possible
de s’interroger sur sa spécificité. Faute de pouvoir s’attaquer aux causes de la
mondialisation, le mouvement contestataire ne représenterait-il pas la face
émergée d’une attaque qui ne pourrait s’en prendre qu’à son symbole le plus
visible : la publicité des entreprises ?
Bien que souvent fort documentée, à l’exemple de l’ouvrage No Logo de
Naomi Klein, bénéficiant d’un fort capital médiatique de sympathie, parfois
très créative, comme l’illustre la revue Casseurs de pub, la tendance
antipublicitaire pourrait paradoxalement accroître la communication
d’entreprise afin de répondre aux critiques formulées et de reconquérir la
confiance détériorée, voire perdue.
La publicité sur le lieu de vente apparaît dans des dépenses hors média
alors qu’il s’agit bien d’achat d’espace.
Le parrainage doit se scinder en deux parties – les actions de
sponsoring seraient assimilables à des dépenses de publicité (donc
« média ») alors que le mécénat serait du hors média.
Certaines dépenses n’apparaissent pas, comme celles des brochures ou
les dépenses en communication interne.
Le Web 2.0 rend encore plus obsolète cette distinction. Les dépenses liées
au référencement d’un site doivent–elles s’intégrer dans le « média » ou le
« hors média » ? Le débat n’est pas clos.
Durant plusieurs décennies, les dépenses consacrées à l’achat d’espace
publicitaire représentèrent les deux tiers des dépenses des entreprises dans
l’ensemble des pays européens. Un tournant brutal s’est opéré au début des
années 1990, les dépenses publicitaires se sont effondrées avec l’envolée des
dépenses consacrées aux opérations de marketing. Le ratio s’est inversé et,
désormais, le marketing représente près des deux tiers des actions de
communication.
Le caractère majoritaire du hors média se retrouve dans l’ensemble des pays
d’Europe, à l’exception de l’Italie où le ratio est de 50/50. Par contre, la
publicité reste le vecteur prédominant aux États-Unis (58/42 %) et au Japon
(73/27 %).
TABLEAU 1.3 – DÉPENSES DES ENTREPRISES EN FRANCE (EN %)
1960 63 37
1990 60 40
TABLEAU 1.4 – LES CINQ PREMIERS ANNONCEURS FRANÇAIS, TABLEAU 1.5 – LES PREMIERS ANNONCEURS MONDIAUX, EN
EN MILLIONS D’EUROS MILLIONS DE DOLLARS
LA JUDICIARISATION DE LA PROFESSION
3
Le droit étend son emprise sur la communication. Le communicant de
demain devra posséder un minimum de culture juridique ou être entouré
d’experts. La prégnance du droit s’explique par le développement de textes
juridiques qui encadrent l’activité du communicant.
Les agences de communication ont vu leur activité contrôlée par la loi dite
Sapin du 29 janvier 1993, certains secteurs sont soit interdits de
communication (tabac), soit fortement réglementés comme l’alcool (loi Evin
du 10 janvier 1991). Des secteurs, comme celui de l’alimentation pour les
enfants, sont susceptibles de contraintes nouvelles en raison de
l’accroissement de phénomènes d’obésité infantile. Déjà, l’obligation de faire
état de mentions spécifiques sur les publicités alimentaires (janvier 2006) ou
relatives au domaine de l’énergie (mars 2007) a montré le mouvement.
La communication financière est un exemple de ce mouvement. En effet, si
seulement trois grands textes furent promulgués sur la période 1970–2000, la
période 2000–2010 connut cinq lois ou règlements majeurs impactant
directement la communication financière pour les entreprises citées.
En parallèle à ces interdictions, certaines entreprises sont obligées de
communiquer sur des secteurs comme celui de la prévention des risques
industriels ou celui de l’environnement. Toutes les sociétés cotées en Bourse
ont l’obligation depuis le 1er janvier 2003 de publier leurs impacts
environnementaux au sein de leur rapport d’activité. Le secteur de la publicité
comparative a été fortement modifié et celui de l’accès à la publicité télévisée
largement étendu depuis début 2000. La jurisprudence est également en pleine
ébullition comme l’ont attesté les procès en plagiat publicitaire, tel celui qui a
condamné SFR à verser 300 000 euros à Luc Besson pour la référence au film
Le Cinquième Élément dans une publicité. En octobre 2008, la Cour d’appel
de Lyon condamnait la société Monsanto pour publicité mensongère sur le
désherbant Round Up, résultant « d’une présentation qui élude le danger
potentiel du produit par l’utilisation de mots rassurants et induit le
consommateur en erreur en diminuant le souci de précaution et de prévention
qui devraient normalement l’inciter à une consommation prudente ».
L’utilisation des marques d’entreprises par des groupes contestataires a
également fait l’objet de nombreuses affaires, notamment celle qui a opposé
Danone au site jeboycottedanone.com. Par deux arrêts du 8 avril 2008, la
Cour de cassation s’est prononcée sur l’utilisation et le détournement des
marques d’Areva et d’Esso par Greenpeace. Dans la première affaire jugée
par la première chambre civile, le juge considère que les associations
agissaient « dans un but général et de santé publique par des moyens
proportionnés à cette fin ». Dans la seconde où les « S » de Esso avaient été
remplacés par le sigle du dollar, la chambre commerciale note que ce
détournement s’inscrit « dans le cadre d’une campagne destinée à informer les
citoyens sur les moyens employés, selon l’association Greenpeace, pour faire
échec à la mise en œuvre du protocole de Kyoto sur les changements
climatiques ».
Ce mouvement juridique devrait s’accélérer à l’exemple des pratiques
anglo-saxonnes, de l’inscription le 28 février 2005 du principe de précaution
dans la Constitution française, de l’éventualité toujours présente de créer en
France un système de class action permettant à chacun de bénéficier des
retombées d’un procès même s’il n’en était pas partie, de l’extension des
obligations de communiquer sur les impacts environnementaux et sociaux à la
suite des travaux du Grenelle de l’environnement et notamment de la loi dite
Grenelle 2 promulguée le 12 juillet 2010 et surtout le souhait des avocats de
pouvoir communiquer plus librement. La conséquence immédiate serait un
accroissement de contentieux. Tout ceci doit inciter les entreprises à être
toujours plus vigilantes sur leur communication, sous peine d’être exposées à
des situations de crise.
LE PROFESSIONNALISME DE LA
5
COMMUNICATION
Il s’agit d’une tendance structurelle, comme en témoigne la modification des
recrutements de communication. Là où hier un tempérament était demandé,
on exige aujourd’hui une formation professionnelle toujours plus pointue. Les
formations à la communication d’entreprise se multiplient, en université, en
écoles et en instituts privés. La professionnalisation s’inscrit en parallèle à la
prise en compte du poids financier de la réputation, au développement et à la
sophistication des outils de mesure et d’évaluation et à la perception que,
derrière une appellation générique, la communication recouvre toute une
gamme de métiers hautement techniques (planner stratégique, sémiologue…).
Cette professionnalisation est valable quel qu’en soit l’émetteur : entreprises,
mais aussi administrations, associations, ONG…
LES TECHNIQUES AU SECOURS DE LA COMMUNICATION
Comme nous l’avons dit, la première dérive de la communication d’entreprise
réside dans sa tendance instrumentale. De ce point de vue, Internet a pu
symboliser cette tendance où la croyance à la modernité technologique faisait
office de valeur communicationnelle. L’entreprise devait avoir un site
Internet, et si possible le plus esthétique possible. Ce n’est que dans un second
temps, au début des années 2000, que la direction s’est interrogée sur l’outil et
les objectifs qui devaient lui être assignés au sein de la globalité des stratégies
de communication. Internet oui, mais pour quoi faire ? S’agit-il d’un objectif
d’image, de marketing, de relationnel ? Quel est le public visé ? La situation
s’est améliorée même si beaucoup d’entreprises raisonnent majoritairement
encore en termes de mise en ligne de documents, brochures, communiqués,
rapports d’activité ou s’interrogent sur la création d’un compte Twitter ou
d’une page Facebook. De ce point de vue, la notion même de « pages web »
est révélatrice d’une conception erronée, alors que le web est d’abord un
réseau mondial où l’échange et l’interactivité dominent.
L’ÉVALUATION DE LA COMMUNICATION D’ENTREPRISE
Parce que le responsable de communication est désormais soumis à la même
contrainte de devoir en permanence prouver l’efficacité de ses actions, que la
direction générale a besoin d’intégrer des indicateurs de pilotage de la
fonction communication dans son tableau de bord global, que l’offre de
service des agences s’est beaucoup développée sur ce point et que de simples
programmes informatiques permettent de disposer d’une visualisation claire
des principaux résultats, la fonction « évaluation, diagnostic, mesure » s’est
beaucoup développée dans les services communication. La mesure peut être
relative à un outil (les retombées presse, la réussite d’un stand) ou s’appliquer
à une opération globale de communication comme le lancement d’une
campagne corporate. Dans cette hypothèse, c’est une évaluation globale
s’appliquant à différents supports qui sera utilisée : post-test par groupes
qualitatifs ou par sondage, audits d’opinion en ligne, trafic généré sur le site
web, bruit et tonalité médiatique.
Évaluation de la communication d’entreprise
Réunie à Barcelone en juillet 2010, l’association internationale pour la mesure et l’évaluation des
communications en collaboration avec l’Institute for Public Relations a édicté une charte en sept
points pour rappeler l’importance de la mesure de la communication dans les organisations.
1. Il est important de fixer des objectifs et de mesurer leur degré d’atteinte.
2. Il est préférable de mesurer l’effet sur les résultats (outcomes) plutôt que les productions
(outputs).
3. L’effet sur les résultats globaux de l’organisation peut et doit être mesuré lorsque c’est possible.
4. L’évaluation des parutions média doit être faite de manière quantitative et qualitative.
5. Les équivalences en valeur publicitaire (EVP) ne sont pas représentatives de la valeur des
relations publiques.
relations publiques.
6. Les médias sociaux peuvent et doivent être mesurés.
7. La transparence et la reproductivité sont de première importance pour la valeur des mesures.
LA FINANCIARISATION DE LA
6
COMMUNICATION
Les entreprises hésitent encore à le reconnaître mais l’actionnaire tend à
devenir la cible principale de la communication d’entreprise. L’entreprise
préfère annoncer « le client » ou « ses salariés » mais personne n’est dupe.
Parce que les sommes en jeu sont colossales et qu’il suffit d’une déclaration
mal préparée pour que le cours de la Bourse s’effondre, parce que le
mécontentement des actionnaires entraînera le départ du président (Vivendi,
Eurotunnel, Carrefour, IBM, Air France,…), la communication financière a
pris une part majeure au sein de la communication d’entreprise. Durant la
période 2012-2020, on peut avancer l’hypothèse que la communication
financière va se faire de plus en plus institutionnelle, c’est-à-dire qu’elle
deviendra partie intégrante de l’image de l’entreprise. Un indice de cette
tendance est fourni par le raccourcissement extrême de la durée des plans de
communication. Jadis élaborés pour des durées de trois à cinq ans, voire
davantage, les plans de communication actuels ont des durées qui dépassent
rarement l’année et tendent à devenir semestriels car l’échéance de la stratégie
de communication est fixée aux deux rendez-vous annuels majeurs : la
publication des résultats financiers.
LA COMMUNICATION DE PROXIMITÉ
7
L’entreprise cherche à se rapprocher de ses interlocuteurs. Cette nouvelle
forme de communication s’effectue autour de trois axes.
L’AXE INSTRUMENTAL
Dans sa communication, l’entreprise privilégie les outils de la communication
possédant un effet direct sur la cible. La communication est fragmentée,
segmentée, personnalisée au travers d’outils comme les numéros verts, le
phoning, le mailing et les nouvelles techniques comme le géo-marketing et la
géolocalisation, le street-marketing ou le buzz-marketing.
L’AXE GÉOGRAPHIQUE
La communication se décentralise. Les sièges sociaux redéploient leurs
effectifs dans les délégations régionales, dans les usines ou diverses
implantations. La direction de la communication conserve la vision
stratégique et l’essentiel des actions de relations publiques sont conduites et
mises en œuvre au niveau local, au plus près des clients et autres cibles de
communication.
L’AXE DES MESSAGES
Cette communication s’effectue selon divers axes, d’abord celui des visuels
utilisés. L’entreprise, pour « humaniser » son image, met de plus en plus en
scène ses salariés. L’objectif est d’accroître la proximité avec la cible par
l’identification de l’entreprise au travers de l’image de ses salariés. IBM, le
CIC, Siemens, Adecco, EDF utilisent fréquemment cette technique.
Cette volonté de rapprochement se vérifie également au niveau des
accroches. Là où, jadis, les entreprises mettaient l’accent sur leur puissance
(« UAP, n° 1 oblige », « Chronopost, les maîtres du temps »), elles recentrent
aujourd’hui leur discours vers la relation – « Vous ne viendrez plus chez nous
par hasard » (Total), « À nous de vous faire préférer le train » (SNCF) – ou
les signatures de connivence, voire les conseils de comportement : « N’imitez
pas, innovez », « Deviens ce que tu es »… Le message se veut humble et
discret.
La relation avec les publics apparaît une tendance forte et les signatures de
SFR « Carrément vous », de Marionnaud « Ce qui est unique chez nous, c’est
vous », de Géant Casino « C’est bien parce c’est vous », de RTL « Qui vous
connaît mieux que RTL », apparaissent comme des illustrations de cette
tendance à la proximité.
Bien d’autres évolutions pourraient être signalées : les nouvelles formes de
communication interne, la banalisation de la communication de crise, le
développement de la communication internationale et surtout la révolution
apportée par la généralisation des réseaux sociaux. Ces différents points
seront évoqués plus loin.
L’ESSENTIEL
Section 1
CONCEPTS, DÉFINITIONS
La communication d’entreprise est un processus d’écoute et d’émission de signes et
messages à destination de publics particuliers, visant à améliorer l’image de
l’entreprise, renforcer ses relations, promouvoir ses produits et services, défendre ses
intérêts.
Section 2
La réalité est toutefois plus complexe et chaque communication est de moins en moins
limitée à sa cible.
Section 3
L’ÉVOLUTION DE LA COMMUNICATION
D’ENTREPRISE
La communication est une discipline en forte évolution qui doit suivre l’actualité en
permanence. Parmi les principaux changements figurent :
1. Quelques ouvrages
Beaudoin J.-P., L’Opinion, c’est combien ? Pour une économie de l’opinion, Village
Mondial, 2005.
Becker C., Du Ricard dans mon Coca, Éditions d’Organisation, 2002.
Bougnoux D., La Communication contre l’information, Hachette, 1995.
Cathelat B., Publicité et société, Payot, 1987.
Lamarque P., Les Désordres du sens, ESF, 1993.
Leclerc G., La Société de communication, PUF, 1999.
Libaert T., Communiquer dans un monde incertain, Village Mondial, 2008.
Mattelart. A., Histoire des théories de la communication, Repères, 2004.
Neveu E., Une société de communication, Monchrestien, 5e édition 2011.
Quessada D., L’Esclave maître, Verticales, 2002.
Sfez L., La Communication, PUF, collection « Que sais-je ? », 1991.
Winkin Y., La Nouvelle Communication, Éditions du Seuil, collection
« Points/essais », 2000 (1re édition : 1991) (explication extrêmement limpide des
théories de la communication).
Wolton D., Il faut sauver la communication, Flammarion, 2005.
2. Quelques revues
Plusieurs revues existent. Trois sont « opérationnelles », c’est-à-dire reliées à la vie
des agences et à celle des actions de communication d’entreprise :
– CB News, mensuelle, vendue en kiosque.
– Stratégies, hebdomadaire, vendue en kiosque.
– L’ expression d’entreprise, mensuelle, vendue sur abonnement.
D’autres revues, beaucoup plus universitaires, existent également. Elles sont souvent
très théoriques :
– Hermès, revue du CNRS, dirigée par Dominique WOLTON.
– Quaderni, revue de l’Université Paris I, département de Sciences politiques, dirigée
par Lucien SFEZ.
– Communication et langages, revue indépendante publiée par NecPlus, dirigée par
Yves JEANNERET et Emmanuel SOUCHIER.
L’université de Toulouse propose la revue Sciences de la Société qui contient souvent
d’intéressants articles sur la communication des organisations. Il en est de même de la
revue Communication et Organisation, de l’université de Bordeaux.
L’université de Lille publie Études de communication et celle de Metz Questions de
communication.
Les universités du Québec et de Louvain-la-Neuve (Belgique) publient également une
revue intéressante portant le titre Communication au Québec et Recherches en
communication en Belgique.
Signalons aussi l’intérêt majeur de consulter régulièrement le sommaire de revues
comme La Revue française de gestion, Harvard Business Review, L’Expansion
Management Review et les nombreuses publications relatives au marketing.
Sommaire
Que dire ? À qui ? Dans quel objectif ? Avec quelle technique ? L’entreprise
ne peut communiquer à tous vents. L’orientation générale, la dotation en
moyens, leur gestion demandent de la rigueur, faute de quoi les
investissements risquent d’être inopérants. Voici, pour commencer, quelques
conseils généraux.
Notoriété Je connais
FOCUS
L’AUDIT DE COMMUNICATION
Pour apprécier l’efficacité d’une politique de communication externe et évaluer l’état de l’image d’une entreprise, de
nombreux moyens sont actuellement envisageables. Nous recensons les quatre principaux, nous limitant
volontairement à la communication externe*.
Ces diverses investigations doivent permettre de définir les axes de communication à traiter en priorité, d’identifier
plus facilement les thèmes (et les discours) porteurs pour l’entreprise. Et, le cas échéant, de rectifier un
positionnement.
SONDAGES
Il s’agit, au moyen de sondages ou d’enquêtes, d’apprécier l’évolution de l’image de l’entreprise, tant au niveau de sa
notoriété que de son contenu.
On parle ici souvent de « baromètres » d’image.
Enquête globale : menée périodiquement (chaque mois, tous les trimestres, annuellement…, suivant les cas) pour le
compte de l’entreprise par un institut de sondage, elle permet de connaître l’évolution du « capital sympathie » dont
jouit l’entreprise auprès de ses différents publics cibles (considérés individuellement, puis globalement).
Enquête ponctuelle : sondage du même type que le précédent, mais ici la mesure ne concerne qu’un public cible
sélectionné par l’entreprise : actionnaires, clients, étudiants, etc.
Enquête de positionnement par rapport à la concurrence : enquête également confiée à un institut de sondage. La
plupart des grandes entreprises y ont recours ; elles en divulguent rarement les résultats.
EXTRAPOLATIONS
Les variations du recrutement : la courbe d’évolution des candidatures (spontanées ou en réponse à des petites
annonces) est très significative. Quand l’image d’une entreprise se bonifie, cette courbe se redresse ; et inversement.
Le bilan médias : il s’agit, à partir d’une revue de presse, d’analyser de manière qualitative et quantitative les articles
et les émissions dans lesquels l’entreprise est évoquée*.
Cette appréciation peut être réalisée au cas par cas par un responsable de la communication. Néanmoins, une
méthode plus systématique permettra d’affiner les résultats. Les données peuvent, effectivement, être enregistrées sur
un programme informatique, affectées de coefficients particuliers selon le support, la cible recherchée, la quantité
(nombre de lignes ou de minutes d’émission) et la qualité de l’information fournie. Des courbes pourront ainsi être
tracées, permettant d’évaluer la progression de l’image-presse. On parle alors de « baromètre-presse ».
Le monitoring de l’image on line : sur les réseaux sociaux en analysant les posts publiés sur des blogs et les
commentaires sur des forums de discussion, sur des pages Facebook, Twitter ou autres.
TESTS PUBLICITAIRES
Il s’agit de réaliser des post-tests afin de mesurer, a posteriori, l’impact d’une campagne de publicité institutionnelle
(ou corporate).
Ces techniques font partie de l’arsenal publicitaire classique.
Les post-tests sont réalisés auprès d’échantillons représentatifs des populations cibles (étude quanti), ou par
interviews de groupe (étude quali).
BILAN D’OPÉRATIONS PONCTUELLES
Il s’agit d’étudier, au coup par coup, les retombées de différentes actions de communication.
Analyse des retombées d’une opération de relations-presse : c’est le regroupement de tous les éléments permettant
d’évaluer l’impact, positif et négatif, d’une interview journalistique, d’une conférence de presse, d’un voyage de
presse, d’une prestation radio ou TV (en l’occurrence grâce aux mesures d’audience réalisées, de seconde en
seconde, par certains instituts de sondage)**.
Analyse des retombées d’une opération de relations publiques : c’est le regroupement de tous les éléments permettant
d’évaluer l’impact, positif et négatif, de la participation à un colloque, à un salon professionnel, de l’organisation
d’un road-show…
Analyse des retombées d’une opération de parrainage : c’est le regroupement de tous les éléments permettant
d’évaluer l’impact, positif et négatif, d’actions de sponsoring ou de mécénat :
– Sondage pour mesurer la réaction des publics sensibles.
– Évolution des baromètres d’image.
– Effet induit sur les ventes.
* En contrepoint de l’étude sur l’image externe d’une entreprise, il convient d’étudier son image interne. Pour ce
faire, reportez-vous au chapitre 5, consacré à la communication interne.
** Se reporter au chapitre 6, consacré aux relations presse.
Pour bâtir une image d’entreprise, respectez quatre principes. Une bonne
image sera juste, positive, durable, originale.
Une image juste : que la réalité valide le message
L’entreprise doit se faire connaître pour ce qu’elle est. Une campagne
d’image n’est jamais un coup de peinture : elle doit être crédible à l’intérieur
comme à l’extérieur de l’entreprise.
Exemple
En janvier 2011, Cofidis France, un des principaux acteurs du crédit à la consommation, qui
regroupe 850 enseignes partenaires et touche 3,5 millions de clients, lance un nouveau
positionnement autour du thème « Le crédit sous un nouveau jour ».
Face aux critiques sur le manque de clarté des organismes de crédit à la consommation et au
surendettement des ménages, Cofidis France entend se positionner comme un éclaireur grâce à
plusieurs outils d’accompagnement des clients : contenus pédagogiques, contrôle de l’information
numérique par des outils adaptés aux smartphones et tablettes, coaching budgétaire. Le concept
« éclaireur » est décliné autour de trois aspects :
FOCUS
Valoriser, certes. Mais point trop n’en faut. En faisant un éloge excessif, on
risque d’attirer l’attention sur ses insuffisances.
Enfin, dans cette même perspective, il est important de noter l’évolution
dans le discours des entreprises durant les deux dernières décennies, passant
du triomphalisme satisfait des années 1980 à une modestie de meilleur aloi,
empreinte de considération et de respect pour le client. Hier, les signatures
évoquaient la réussite, la performance, la toute-puissance des entreprises
(avec les « N° 1 oblige » de l’UAP ; « Le pouvoir de dire oui » du Crédit
Lyonnais ; « Performance à l’appui » de Hewlett Packard…). Les années
2010 sont plus variées, mettant en avant aussi bien la bonne conscience
d’entreprise (l’éthique est porteuse) que les performances.
Exemple
Afin de montrer leurs spécificités et leurs valeurs face aux problèmes de surendettement et de crise
du crédit, les banques coopératives allemandes ont publié dans plusieurs grands journaux du pays
une pleine page de publicité montrant une photo de manifestation du mouvement des indignés à
Francfort. Cette publicité était signée « Chaque personne vibre pour quelque chose, nous ouvrons la
voie. »
29 – SNCF Saint-Gobain 4 R
30 – Total Technip 4 R
Source : L’observatoire
Source : Indice général de réputation, en %,
Source : Posternak/IPSOS avril 2012 de la réputation,
Syntec RP, mars 2011
en R1 mars 2010
1 - Apple 6 - Fedex
3 - Amazon 8 - Starbucks
Une image durable : faite pour vivre des années… sinon toute une vie
CAS D’ENTREPRISE
CAS D’ENTREPRISE
UNE DÉMARCHE
3
TRACER SON TERRITOIRE ET L’IMPOSER AUX DIVERSES
FORMES DE COMMUNICATION
Toute politique de communication commence en interne (l’entreprise) pour se
diriger vers l’externe (ses différents publics). Elle doit être à la fois homogène
et globale. Les propos d’un professionnel de la communication d’entreprise
illustrent bien cette notion de globalité : « Nous avons un principe, l’image ne
se saucissonne pas. Quand une entreprise nous consulte pour un produit, nous
lui montrons que tout est lié, son climat interne, ses cours de Bourse, son
image… »
UNE POLITIQUE HOMOGÈNE
- Tout commence par l’interne…
L’expression que l’entreprise donne d’elle-même doit être conforme à la
réalité, pour être reconnue et approuvée par les salariés, premier ambassadeur
de la firme.
Exemples
En 1974, les agents de la BNP avaient ressenti un certain malaise face au célèbre slogan « Votre
argent m’intéresse » et la représentation de leur métier de banquier : excellente idée publicitaire,
mais totalement déconnectée de la réalité et difficile à assumer en interne.
En revanche, on peut constater la force de slogans comme celui d’Accor, lancé en septembre 2011 :
« Open new frontiers in hospitality » succédant à la signature « Nous fabriquons du sourire » qui
datait de 1998.
Contraintes : ce peut être le respect de la charte graphique, des contraintes budgétaires, des
contraintes de timing… ou tout autre élément important à prendre en compte dans l’élaboration de la
stratégie de communication ou dans sa mise en œuvre, notamment le positionnement des concurrents,
ou les contraintes des règles publicitaires.
L’ŒIL Le storytelling
DE « Un récit, une histoire, est, selon la narratologie (science du récit) une succession d’états et de
L’EXPERT transformations qui implique des acteurs (humains ou pas), des tensions et des émotions. Écouter,
lire ou regarder une histoire nous absorbe, nous interroge, et peut nous changer.
L’entreprise est impliquée dans la dynamique du récit, en tant que « héros » ou « ennemie » dans
les récits des autres (médias, parties prenantes, publics) et aussi en tant qu’énonciateur des
histoires de ses membres, de ses aventures, de ses succès. Raconter l’histoire de l’entreprise, et
interagir avec les façons de raconter l’entreprise qui circulent dans l’espace public, sont donc des
passages importants pour travailler l’image et la réputation, fédérer les publics internes, gérer les
marques, favoriser les ventes. Le terme « storytelling » s’est imposé à partir des années quatre-
vingt-dix, en provenance du monde anglo-saxon, pour identifier les narrations et l’activité de
raconter. On a mis alors encore plus en évidence que l’identité d’une marque, d’une entreprise,
d’un produit, possède une nature narrative. Soigner cette identité narrative est important, et un
nouveau marché de la consultance est né. Cette « vague » narrative a posé également des
problèmes éthiques : est-ce que le « récit » fait oublier des formes plus rationnelles d’informer sur
l’entreprise ? En tout cas, la dimension narrative restera toujours un élément central de la
construction du sens, au niveau individuel et collectif. »
Andrea Catellani, Professeur de communication à l’Université catholique de Louvain
CAS D’ENTREPRISE
Puis, en 2000, le groupe renforce la stratégie d’endossement des marques1. Chaque logotype de
marque intègre dans l’ensemble de ses applications une mention Accor-hôtel, Accor-services ou
Accor-travel, en fonction de son métier. Internet devient la clé de voûte d’un système de
communication qui doit porter l’offre transversale d’Accor à travers le monde, fédérée par
accorhotels.com. Une nouvelle campagne de publicité en avril 2003 vise à élargir l’audience d’Accor
avec pour thème « un regard neuf », celui de l’ensemble de ses collaborateurs. Résultat : une notoriété
qui a crû significativement.
En 2011, le groupe se fixe l’objectif de s’imposer comme « LA référence mondiale de l’hôtellerie
capable d’inventer les hôtels du futur ». L’entreprise se recentre sur son cœur de métier après avoir
cédé ses activités non hôtelières. Le groupe organise son portefeuille de marque en supprimant les
marques « All seasons » et « Etap-hotel » au profit de « Ibis-style » et « Ibis-budget ». Le lien et la
cohérence entre Accor et ses différentes marques sont renforcés. Les trois notions structurantes sont
dégagées comme axe de communication : la modernité, la simplicité et le bien-être. L’ancienne
signature « Nous fabriquons du sourire » qui était restée identique de 1998 à septembre 2011 est
remplacée par « Open new frontiers in hospitality » pour mieux traduire la dimension internationale et
les nouvelles formes de l’hospitalité notamment par la communication digitale ou le programme de
fidélisation, le club Accor-hôtel. –
1. Emsellem B., Le Capital corporate, manifeste, éditions Textuel, 2001.
Exemple
Le groupe Elior a connu également une évolution de sa politique de marque en lien avec l’évolution
de ses enjeux et de son activité. La signature « Inventer les nouveaux plaisirs de la table » (2000-
2004) semblait moins en phase avec les nouveaux modes de restauration, notamment pour la petite
restauration rapide. Une nouvelle signature « Partout où la vie a du goût » fut introduite en 2005. En
2011, le groupe se lance dans le facility management et les services de propreté collective. Le logo
est modernisé, et une nouvelle signature apparaît alors « Un monde d’attentions ».
DES OUTILS DE TRAVAIL
4
DES DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE
Toute stratégie sérieuse doit être exposée par écrit. La politique de
communication s’appuie en général sur deux documents : un plan et un guide
de communication. Le premier pose les principes directeurs, le second
encadre leur application.
- Le plan de communication
Clair, précis, exhaustif, il fixe le schéma directeur de la communication à
court, moyen et long terme. Il est bâti suivant un plan logique :
la standardisation, qui consiste à utiliser une seule et même campagne sur tous les
marchés, quelles que soient les différences socioculturelles qui existent ; c’est le parti pris
de grandes marques mondiales comme Coca-Cola et Benetton ;
l’adaptation, qui consiste à recourir à une publicité spécifique à chaque pays visé.
Au-delà de ce schéma simplifié, il va de soi qu’il existe des solutions intermédiaires, comme la
standardisation adaptée. Chacune de ces approches présente des avantages et des inconvénients ;
le choix de l’entreprise sera fonction de son degré d’internationalisation et de ses objectifs
stratégiques.
La publicité et le marketing ont été remodelés par Internet et sa batterie d’outils participatifs et
La publicité et le marketing ont été remodelés par Internet et sa batterie d’outils participatifs et
collaboratifs. Les consommateurs sont désormais regroupés en communautés qui conversent entre
elles, au-delà des traditionnelles frontières géographiques : le distinguo entre national et
international n’a alors plus lieu d’être.
La communication corporate « glocale » et citoyenne
L’entreprise communique plus que jamais globalement, mais elle ne doit pas pour autant verser
dans le discours uniforme qui risquerait de la banaliser : pour assurer la cohérence de son message
corporate, l’entreprise doit donner du sens à ses propos et démontrer son utilité dans la société,
globalement et dans les différents pays où elle est implantée.
Cette approche globale se conjugue avec une proximité renforcée du terrain, rendue essentielle
par la taille croissante des entreprises à l’international : la dimension « glocale » de la
communication corporate, à la fois globale et locale, est plus que jamais la règle. La
communication mise en œuvre par ces entreprises en matière de développement durable illustre
cette double dimension.
À l’heure où une crise sans précédent ébranle l’économie mondiale, la remise en cause du modèle
de l’entreprise tel qu’il s’est développé tout au long du XXe siècle est prévisible, allant de pair
avec une moralisation de ses pratiques. Cette révolution en cours aura clairement un impact sur la
manière dont les entreprises communiqueront à l’avenir. »
Marielle Desmarais, présidente d’Armadesis, cabinet de formation et conseil en communication
UN BUDGET
Le plan de communication a sa contrepartie financière : un budget défini en
début d’exercice. Quelles sommes lui consacrer ? Comment les fixer3 ?
- Comment fixer un budget raisonnable ?
La faiblesse des sommes peut être un handicap à l’efficacité d’une politique
de communication. Ne « mégotez » pas : il y va de l’image de votre
entreprise ! Mais comment fixer à l’avance un budget raisonnable ?
L’IMPLICATION DU DIRIGEANT
1
« J’ai commencé à parler le jour où je suis devenu chef d’entreprise »,
reconnaissait un patron. Qu’il le veuille ou non, le chef d’entreprise est
inévitablement impliqué dans la politique de communication de sa firme.
Néanmoins, le rôle du président dans la communication d’entreprise a
considérablement évolué en trente ans. Nous pouvons schématiquement
distinguer cinq grandes époques :
LE RESPONSABLE DE LA
2
2
COMMUNICATION
Les premières directions de l’information au sein des entreprises sont
apparues il y a plus d’une trentaine d’années. La structure de Saint-Gobain a
ainsi démarré en 1970. Elle sera suivie par la naissance de ces mêmes services
chez L’Oréal, Rhône-Poulenc, IBM, Elf, la FNAC. Puis, au début des années
quatre-vingts, d’autres grands groupes s’équipent à leur tour : Alcatel,
Paribas, Peugeot, Shell, la Compagnie Bancaire, la BNP, Auchan, Bull, le
Gan, Air France, Péchiney, le Crédit Agricole, Usinor, Renault, etc.10
La fonction communication s’est véritablement installée dans l’entreprise et
n’a dès lors plus été contestée. Selon le baromètre UDA sur la communication
d’entreprise11, à la fin des années quatre-vingts, seul un quart des entreprises
avait un département de communication depuis onze ans ou plus. En 2007,
c’est plus d’une société sur deux (55 %). Et si l’on regarde les 100 premières
entreprises retenues, selon leur chiffre d’affaires, par le magazine l’Expansion
dans son classement annuel, toutes ont intégré une fonction communication.
Chez les PME, les directions de la communication sont moins fréquentes.
Ces sociétés font souvent appel à des conseils extérieurs sur des
problématiques spécifiques, mais, on trouve aussi des directeurs de la
communication (qui n’en ont parfois pas le titre), dans de petites unités.
Le virus de la communication n’a pas épargné non plus la sphère publique :
les ministères, les collectivités territoriales, les administrations se sont
également dotés de directions de la communication. La France compte
aujourd’hui environ 6 000 directeurs de la communication en titre, et
quasiment le même nombre de professionnels qui en assurent les fonctions
sans en avoir le titre.
Parallèlement, le rôle du directeur de la communication a beaucoup évolué
durant ces dernières années. Il est de plus en plus associé à l’élaboration de la
stratégie de communication avec les instances dirigeantes de l’entreprise, il
partage de plus en plus la gestion de ses dossiers avec les autres responsables,
en particulier le DRH, et surtout il se rapproche de plus en plus du dirigeant, à
qui il rapporte directement dans 66 % des entreprises. Dans 63 % des cas
(selon l’étude UDA), il est associé à l’élaboration des autres stratégies de
l’entreprise : industrielle, commerciale, financière, humaine, etc.
L’évolution de la fonction : perspectives anglo-saxonnes
• 62 % des communicants estiment que leur plus grand défi est d’intégrer la communication au
business, suivi pour 54 % par l’élaboration d’une réelle stratégie digitale.
• 51 % des communicants disent que leur budget a diminué, 22 % qu’il a augmenté et 27 % qu’il
reste stable.
• 77 % disent qu’ils mesurent le volume et la couverture de leurs messages, ils étaient 60 % en 2010.
Source : PR Week, « Comms directors survey », 1er juillet 2011
FOCUS
% % % % %
Journalistes 90 92 92 93 92
Personnel de l’entreprise – – – 84 83
Clients professionnels – – – 79 74
Organisations professionnelles – 61 64 59 43
Grand public – – – 53 64
Collectivités locales 39 43 43 39 62
Communauté financière – – – 39 42
Étudiants 46 34 42 39 49
Fournisseurs – – – 34 26
Instances européennes – – – 28 22
Communauté scientifique 23 23 23 25 20
Monde associatif 30 20 20 23 31
Organisations de consommateurs 22 20 20 21 16
- Veilleur
Le directeur de la communication suit en permanence les variations de
l’image d’entreprise, celle de ses concurrents et les grandes tendances de la
communication ; il en infléchit consécutivement les grandes orientations de
communication. Il épluche la presse et analyse ce qui se dit sur l’entreprise
dans les réseaux sociaux, guide les interventions du pdg, propose la réfection
de la plaquette de présentation, décide de la participation à une action locale,
se lance dans la recherche d’un nouveau code visuel, etc.
- Maître d’œuvre
Le directeur de la communication a en charge différents types de
communication. La communication institutionnelle et les relations publiques
lui sont systématiquement confiées, ainsi que la communication de crise et
surtout la communication interne. En termes de techniques de
communication, il a la responsabilité de l’événementiel et de l’identité
visuelle, mais c’est surtout le digital qui lui donne l’occasion d’acquérir
pleinement de nouvelles responsabilités : selon le baromètre UDA, il est de
son ressort dans 74 % des cas. 67 % des directeurs de communication
harmonisent également la communication corporate française avec celle qui
est mise en œuvre à l’étranger.
Le dircom a négocié un budget global de communication (dans les grandes
entreprises il s’agit surtout de la publicité corporate) et en assume la gestion.
Maître d’œuvre des opérations techniques, il choisit et dirige les différents
corps de métier impliqués : un producteur audiovisuel (pour le film
d’entreprise), une agence de communication écrite (pour la plaquette), un
designer (pour le logo), un imprimeur, un attaché de presse, un community
manager, etc.
L’enquête UDA montre une importante augmentation du nombre de sous-
traitants régulièrement employés : six en moyenne. L’agence de
communication globale tient toujours la tête et continue d’augmenter avec un
score de 68 % (+ 5 points en 2000). Brillant deuxième, le prestataire design et
création graphique concerne 60 % des entreprises. Sous-traitants réguliers de
plus d’une entreprise sur deux, viennent ensuite les prestataires événementiels
(55 %, + 6 points en 2000), les prestataires multimédias (54 %, – 6 points en
2000) et les prestataires en édition (53 %). Légèrement décrochés, suivent les
prestataires en audiovisuel (43 %), puis, avec le même score de 38 %, les
prestataires en relations publiques, les sociétés d’études et les agences médias.
FOCUS
- Animateur
Le rôle du dircom à l’intérieur de l’entreprise est fondamental : au nom de la
direction générale, il est chargé de transmettre les valeurs, les objectifs,
l’esprit de l’entreprise. Il doit se mettre à la disposition des différents services
de la firme. La plupart d’entre eux se méfieront, ne comprendront pas les
enjeux de la communication : à lui de les familiariser, de les rassurer, de les
former. Suivant le temps disponible, le degré de compétence, le niveau
d’implication des interlocuteurs internes, il les conseillera ou se substituera à
eux.
Pour jouer ce rôle, le dircom utilise les différentes techniques de
communication. En tête, la communication interne (utilisée par 94 % des
directeurs ayant répondu à l’enquête UDA), les relations publiques (92 %), le
parrainage (80 %), la communication du président (73 %), la communication
de crise (60 %). La communication financière (55 %), le lobbying (48 %) et la
communication à l’échelle internationale complètent le tableau.
L’enquête 2011 d’Entreprises & Médias indique que les directeurs de
communication ont dans leur champ de compétence la problématique de
marque (72 % d’entre eux), de développement durable (50 %), de
communication commerciale (31 %) et de lobbying (32 %). L’étude European
Communication Monitor 2011 indique que les domaines les plus importants
sont la communication institutionnelle, la communication de marque, la
communication de crise et la communication interne.
Du côté des techniques de communication, l’outil internet est pratiqué par
94 % des entreprises. L’événementiel (88 %) a connu une forte progression
ces dernières années (72 % en 1997 et 81 % en 2000). L’intranet est utilisé
par 77 % des entreprises devant l’audiovisuel d’entreprise en forte baisse
(71 % en 1992, 62 % en 1997 et 56 % en 2007). Le blog d’entreprise
commence à émerger (12 % en 2007). En 2011, l’enquête européenne indique
que les outils les plus utilisés sont les relations presse traditionnelles, le
digital, les relations médias on line et la communication en face à face.
Pour les grandes entreprises, la fonction d’animation consiste également à
manager le réseau des communicants à l’international, dans les filières
métiers et en région. Trop souvent, les responsables de communication se sont
contentés d’une relation descendante où le communicant de terrain était
seulement chargé de décliner les opérations de communication décidées au
niveau central. La relation directe était réduite à une opération collective de
type « forum annuel des communicants ». Aujourd’hui, la situation s’est
améliorée parce que les dirigeants se sont aperçus que la relation ne pouvait
être unilatérale et qu’elle fonctionne fréquemment sur une base de « donnant-
donnant ». Le responsable de communication à l’échelon central doit donc
pouvoir proposer des services, des offres de formation et être capable de
répondre aux attentes et questions des communicants locaux ou métiers. Il
faudra donc se méfier d’une vision trop pyramidale, encourager les synergies
latérales entre régions, aller à la rencontre des communicants dans leur entité.
Le communicant au siège devra également avoir en permanence à l’esprit que
les communicants métiers ou locaux lui sont, dans la plupart des situations
observées, rattachés fonctionnellement mais que le rattachement hiérarchique
lui échappe. Le management effectif des communicants de terrain dépend
donc essentiellement de leur directeur d’entité.
LE PROFIL IDÉAL D’UN « BON COMMUNICANT »
Le directeur de la communication est pour beaucoup la personne qui doit
faciliter les relations entre l’entreprise et son environnement. C’est lui qui va
donner corps à la stratégie de communication de l’entreprise.
Observateur, initiateur, chef de chantier, le métier d’un responsable de la
communication est éminemment subtil. Il demande à la fois de l’imagination
(pour concevoir le plan de communication), de la rigueur (pour le suivre) et
des compétences techniques (pour surveiller in situ les différentes opérations).
Consultant et praticien, il doit combiner tous les talents et savoir faire tous les
métiers : journaliste, attaché de presse, formateur, manager, animateur,
producteur, réalisateur, gestionnaire, etc. Quel est le profil idéal ?
- L’âge et le sexe
Selon le baromètre UDA, la répartition hommes / femmes s’établit en 2007 à
44 / 56. Les femmes sont surtout plus nombreuses parmi les jeunes
responsables (71 % de femmes chez les moins de 35 ans) et les bas salaires.
Après une période d’accroissement de l’âge moyen du responsable de
communication, celui-ci a tendance à se réduire depuis le début des années
2000. 19 % ont moins de 35 ans, 43 % (en hausse de 13 % depuis 2000) ont
entre 35 et 44 ans et 30 % ont plus de 45 ans. L’enquête « métiers » de
l’UJJEF (2006) permet de constater la féminisation du métier observée en
entreprise, en agence et dans les collectivités locales. La répartition est alors
de 38 % d’hommes contre 62 % de femmes (70 % en collectivités). L’enquête
européenne indique quant à elle un âge moyen de 41,2 ans et une répartition
femmes/hommes de 55,6 % contre 44,4 % (chiffres 2011).
- La formation
46 % des responsables de la communication ont suivi un cursus universitaire,
un pourcentage qui est fortement tombé ces dernières années, au profit des
grandes écoles (43 %) dont la formation domine dans les entreprises
implantées à l’international. Cette étude est corroborée par celle de l’UJJEF
indiquant 50 % de formations universitaires et 41 % de formations en grandes
écoles. 55 % des chargés de communication ont suivi des études supérieures
de cinq ans et plus. La filière communication concerne 22 % des répondants
selon l’enquête UDA de 2007 et 35 % selon l’enquête UJJEF de 2010. Seuls
7 % ont une formation supérieure étrangère, l’international n’étant pas encore
une priorité.
Au niveau européen, 44,5 % des responsables de communication ont un
diplôme universitaire en communication. Toutes formations confondues, ils
sont 58,8 % à avoir un diplôme de niveau Master et 27,8 % de niveau licence.
Ce chiffre est proche de celui du Canada où selon une enquête UQAM de
juin 2011, 47 % des responsables de communication possèdent un diplôme
dans une discipline en rapport avec le domaine des communications.
Les qualités du bon communicant
Il existe beaucoup de clichés sur les qualités du bon communicant. Pour la première fois, une étude
conduite entre 2002 et 2006 par Anne Grégory et publiée en 2008 a révélé les dix qualités
essentielles d’un responsable de communication d’une entreprise privée. Ces qualités sont :
En 2011, une étude réalisée dans le cadre d’un mémoire de Master Communication à l’Université
catholique de Louvain auprès de 111 responsables de communication en Belgique indique que selon
eux les qualités « très importantes » pour un chargé de communication sont dans l’ordre : la capacité
à travailler en équipe, la diplomatie, l’aisance à l’écrit, le dynamisme et la flexibilité.
Source : Aurore Vanopbroeke. « À l’heure de la professionnalisation de la communication, que
signifie être un bon communicant pour les entreprises privées belges ? »
Interrogés sur les qualités nécessaires dans les années à venir, les responsables indiquent
prioritairement l’habilité à travailler avec les réseaux sociaux et les nouvelles technologies.
Source : PR Week, 12 août 2011
- Les compétences
Le directeur de communication doit avoir plusieurs cordes à son arc : une
plume alerte, une expression orale aisée, le sens des contacts, un bon carnet
d’adresses, la connaissance de l’anglais, une solide culture économico-
financière et une bonne maîtrise des réseaux sociaux. Il doit également aimer
brasser les idées : c’est un homme de dialogue, qui parle et écoute beaucoup.
Il faut, toutefois, mettre en garde contre cette idée que la communication
serait un métier de contact. Pour avoir participé à un grand nombre de jurys
d’admission pour des masters communication, nous avons toujours été surpris
par le nombre de candidats déclarant vouloir faire de la communication parce
qu’ils aiment les contacts. Nul besoin d’être extraverti pour réussir en
communication. Certes, dans certains domaines comme le lobbying, la
communication événementielle, les relations avec les médias, cette qualité est
nécessaire. Mais pour des postes reliés aux études ou à la stratégie, le sens du
relationnel est à relativiser. En outre, selon certaines études récentes, les plus
grands créatifs auraient une nature plutôt introvertie, « ils se définissent
comme indépendants et individualistes et ne vont pas naturellement à la
rencontre des autres. » (Source : New York Times, 12 janvier 2012).
Tout en gardant un esprit de synthèse, le responsable de la communication
sait tirer les conclusions d’une discussion, préconiser une action, établir un
plan de communication, etc. En charge d’un budget, il doit avoir le sens des
réalités.
Quelles que soient les structures en charge de communication, il peut être
utile de constituer un comité des sages : instance de discussion, d’élaboration,
de définition du programme de communication. Ses membres doivent être
issus d’horizons différents (c’est la richesse d’un tel comité) : représentants de
la direction générale, de l’encadrement, spécialistes – internes ou externes –
de la communication. Ce comité se réunit périodiquement (tous les
trimestres/semestres/ans) pour établir le bilan de la période passée et fixer les
grandes orientations à venir. Une telle concertation n’est malheureusement
pas sans inconvénients. Les prises de décisions deviennent plus complexes,
les procédures se ralentissent : autant d’individus, autant d’énergie, de temps
et autant d’avis divergents à trancher.
- La rémunération
Signe sans équivoque de l’embellie qui se dessine depuis une dizaine
d’années, les salaires des responsables de la communication d’entreprise ont
fortement progressé : les salaires inférieurs à 53 000 € annuels sont passés de
46 % du total de l’échantillon UDA en 1997 à 28 % en 2008. Dans le même
temps, les salaires supérieurs à 100 000 € avaient plus que triplé, désormais
37 % des responsables de communication gagnent plus de 100 000 € par an
(dont 6 % plus de 300 000 €). Bien entendu, plus la taille de l’entreprise est
importante, plus les salaires sont élevés.
Quant à la rémunération du responsable de communication, elle serait de
82 200 € en salaire annuel brut selon l’argus des salaires 2008 publié par le
magazine Challenges (2 octobre 2008). La partie fixe serait comprise entre
46 400 et 109 600 € à laquelle s’ajouterait une part variable comprise entre
900 et 7 400 €.
La 7e édition de l’observatoire des rémunérations d’Entreprises & Médias
(novembre 2011) indique une rémunération médiane annuelle des dircoms de
185 000 € à laquelle il faut ajouter une part variable qui correspond à 25 % du
salaire. Ce chiffre doit être interprété avec prudence puisque l’échantillon est
très faible (48 réponses) et composé quasi exclusivement de directeurs de
communication de grandes entreprises. L’enquête européenne indique de son
côté qu’un quart des responsables de communication gagne plus de 100 000 €
par an et 5 % plus de 200 000 €. À l’inverse, 20 % gagnent moins de
30 000 €. Cette étude informe que les professionnels de la communication de
l’Est et du Sud de l’Europe ont une rémunération plus faible et que les
salaires féminins restent inférieurs à ceux des hommes.
L’enquête European Communication Monitor indique que si les directeurs
de communication peuvent avoir des salaires très importants, la masse des bas
salaires dans la communication est également en augmentation. Au niveau
européen (chiffres 2011), 48 % des responsables de communication disposent
d’un salaire annuel inférieur à 60 000 € et 11 % d’un salaire supérieur à
150 000 €.
Une enquête de septembre 2011 en Grande-Bretagne indique une
rémunération moyenne de 83 000 £ pour un directeur de communication (108
pour un homme, 63 pour une femme !), de 55 000 £ pour son adjoint ou le
responsable de la communication externe, de 39 000 £ pour un responsable
des relations avec la presse et de 28 000 £ pour un attaché de presse.
La rémunération du dircom est moins élevée en moyenne dans la
communication publique. En collectivité locale, le salaire médian se situe
entre 35 000 et 40 000 € bruts/an. 20 % des communicants territoriaux
gagnent plus de 40 000 € bruts/an et 51 % moins de 30 000 € bruts/an.
(Source : Cap Com/Occurrence, décembre 2011).
SECTION 3
INTERVENANTS EXTÉRIEURS :
COMMENT TRAVAILLER AVEC
UNE AGENCE ?
Une agence de communication – qu’elle soit créatrice d’événements, cabinet
de relations publiques, maison de production audiovisuelle, bureau de
création… – est un sous-traitant spécialisé qui apporte à son client des
prestations et une expérience. Quand une entreprise recourt à ces prestataires
extérieurs, elle en appelle à leur compétence et à leur objectivité : une agence
aborde les problèmes d’un œil neuf, neutre. Dans le domaine de la
communication, comme dans tout domaine spécialisé, travailler avec les
professionnels de la partie demande de respecter certains usages. Nous les
décodons pour vous.
La première sera à l’évidence moins bien armée que la seconde pour choisir
une agence.
La recherche d’une agence doit prendre en compte les besoins de
l’entreprise. La diversité des agences répond à la diversité de ces besoins. La
première étape consistera donc à choisir entre une agence généraliste et une
agence spécialisée.
Il faut ajouter une autre contrainte qui tient aux structures de l’entreprise :
annonceur dont le dirigeant, actionnaire principal, intervient directement dans
le choix de l’agence, multinationale d’origine étrangère dont le choix est
guidé par des considérations stratégiques et planétaires, ou encore entreprise
où le directeur marketing est le décideur ?
Sur les dix dernières années, on a pu observer une montée en puissance de
la direction des achats de l’entreprise dans l’organisation de la compétition.
Cet apport a pu être très bénéfique en réduisant la part des affinités
personnelles du directeur de communication souhaitant travailler avec « son »
agence. De fait, cela a contribué à réduire les compétitions alibi. Le directeur
de communication doit toutefois rester pilote du processus de sélection
puisqu’il est le mieux à même d’évaluer l’intérêt des recommandations
présentées ; à défaut, la compétition risquerait de se réduire à la recherche du
moins-disant.
Avant de partir à la recherche d’une agence, l’entreprise doit poser un cadre
général.
LE BRIEF
Ces différents éléments seront consignés dans un document écrit, appelé
« brief ». Cette plate-forme de travail se révèle utile à maints égards : elle
oblige l’entreprise à clarifier ses intentions dès le départ, elle encadre le
travail à venir, enfin, elle permet de limiter les éventuels malentendus entre le
commanditaire et ses partenaires. Ce n’est qu’après avoir réalisé ce travail
préparatoire, que l’entreprise peut entrer dans le vif du sujet : mettre en
compétition plusieurs professionnels pour, in fine, sélectionner l’un d’entre
eux.
FOCUS
LES CONSULTATIONS
- Le profil des agences
La plupart des grandes agences se présentent comme généralistes, et adoptent
à l’interne une division en départements spécialisés. La structuration se fait
par disciplines (communication institutionnelle, financière, prévention et
gestion de crise, communication événementielle, interactive, interne…), par
techniques et outils de communication (relations presse, création
d’événements, communication audiovisuelle, multimédia, lobbying,
parrainage, presse d’entreprise, études, édition, etc.)
- Un premier tour de piste
Il est bien évident que les entreprises ne s’engagent pas dans leur recherche
avec les mêmes besoins ou les mêmes atouts. Certaines ne pourront pas
prendre le risque de choisir un conseil sans le mettre à l’épreuve, d’autres
jugeront cette démarche inutilement longue et sauront d’emblée choisir
l’agence qui leur convient après un examen attentif de leurs besoins et la
consultation des agences adéquates.
Choisir une agence est un processus assez long, qui aboutit au choix
final par éliminations successives. Rares sont les cas où l’entreprise
connaît d’emblée l’agence avec laquelle elle veut travailler. Pour
entreprendre une sélection d’agences, tout annonceur doit partir de sa
stratégie d’entreprise et/ou de sa stratégie commerciale et marketing. Il
va ensuite préciser les critères de choix qui s’imposent à lui et s’informer
de l’état actuel du marché des agences. Jusqu’à ce stade, on peut dire que
la démarche est quasiment la même pour toute entreprise, quelles que
soient sa taille, son expérience et son organisation ; néanmoins la
manière de s’informer sur le marché dépendra de l’expérience de
l’annonceur.
Après avoir croisé ses critères de choix avec les caractéristiques des
agences, l’entreprise est en mesure de faire une première liste d’agences
avec lesquelles une collaboration lui paraît possible. En général, cette
liste comporte une dizaine de sociétés ; on l’appelle la longue liste (selon
l’expression anglo-saxonne long list). L’entreprise dispose de
nombreuses sources pour appréhender ce secteur dont les principales
sont : les organismes professionnels, en particulier ceux qui représentent
les annonceurs (Union des Annonceurs) ou les agences (Association des
Agences Conseils en Communication), les revues professionnelles, les
guides et annuaires qui recensent les acteurs de ce marché et fournissent
les informations les concernant, et les cabinets en choix d’agences, dont
l’activité principale a pour objet d’intervenir auprès des annonceurs pour
les aider dans leur sélection d’agences, tant sur le marché français qu’à
l’international. Ces cabinets disposent aussi d’informations utiles pour la
compréhension du marché.
L’annonceur doit ensuite exposer sommairement son problème aux
agences retenues, ou mieux leur donner sa plate-forme de travail. S’agit-
il, à partir des informations communiquées, d’élaborer une simple note
de réflexion, une étude d’image plus poussée, une stratégie de
communication, quelques axes de création, une véritable campagne ?
Ce premier tour de piste sert à éliminer une bonne moitié des consultés.
Les uns seront d’eux-mêmes sortis de la course, pour divers motifs : la
question n’est pas de leur ressort, ils travaillent déjà pour un concurrent
direct, le budget ne correspond pas à ce qu’ils traitent d’habitude, etc.
L’entreprise en éliminera d’autres, trop chers, inadaptés, n’ayant pas les
disponibilités nécessaires pour répondre efficacement au brief.
Les premiers contacts sont riches d’enseignement. Comment l’agence
a-t-elle répondu à vos sollicitations : rapidement, avec enthousiasme ? A-
t-elle approfondi son travail : elle a épluché les documents que vous lui
avez transmis ; elle est partie à la recherche d’informations
complémentaires, elle a demandé le bilan de l’entreprise, elle a tenu à
visiter votre siège social, vos usines… ? L’attitude des interlocuteurs est
souvent prémonitoire. Ont-ils fait preuve d’une bonne capacité
d’écoute ? S’ils se prennent pour des génies, ou des « grands créatifs »,
le dialogue risque d’être difficile et la collaboration acrobatique. Quand
les premiers contacts sont mauvais (entente difficile, impossibilité de
joindre directement les personnes concernées, impression d’inertie),
n’insistez pas. Préférez les agences aux méthodes de travail
spontanément compatibles avec les vôtres.
Où en sont les compétitions ?
Alors qu’en 2008, une agence participait en moyenne à 48 compétitions par an, le chiffre est tombé à
30 en 2010. La moyenne peut cacher des différences selon le type d’agence ; ainsi les agences de
publicité participent en moyenne à une compétition par mois, là où une agence d’événement est en
compétition 10 fois chaque mois. L’enquête publiée en novembre 2011 indique une réduction des
délais de consultation qui passent à 9 semaines alors qu’ils étaient de 12 semaines en 2008. Le
nombre d’agences en short list augmente (4,2 vs 3,5) et les indemnisations restent minoritaires pour
les agences non retenues (3/10).
Comme critère de sélection des agences, les annonceurs privilégient la réputation des agences, le fait
de les avoir déjà consultées, d’avoir déjà travaillé avec elles ou par relation. De manière plus annexe,
les autres choix sont les annuaires de la profession, les conseils en choix d’agence et les associations
professionnelles.
L’étude met en avant un curieux décalage entre le temps passé par les agences lorsqu’elles sont en
compétition (53 jours/homme) et la perception qu’ont les entreprises du temps passé par les agences
(29 jours/homme).
Source : 2e baromètre AACC/Limelight, mars 2011
- La short-list
La suite du processus permet de réduire la liste de candidats potentiels. Pour
ce faire, l’annonceur va devoir rencontrer, seul ou avec l’aide d’un cabinet
spécialisé, ces candidats, pour apprécier leur capacité à devenir le partenaire
dont il a besoin. Cette procédure peut être plus ou moins officialisée : les
agences connaissent l’existence de leurs compétiteurs, ou au contraire sont
consultées les unes à l’insu des autres. Cette étape décisive doit être abordée
avec soin.
Limitez le nombre de compétiteurs. À l’issue de ces rencontres,
l’entreprise peut alors aboutir à une courte liste (trois, quatre ou cinq
agences), communément appelée short list. Il ne faut pas oublier qu’une
compétition entre un nombre excessif d’agences est, tant pour
l’annonceur que pour les agences concernées, un gaspillage de temps et
d’argent. « L’abondance » devient lourde à gérer et coûteuse : il faut
passer un minimum de temps avec chacun des « prétendants ». En outre,
un nombre trop élevé de compétiteurs risquerait d’en décourager certains
d’avance et de les désintéresser du problème posé. L’annonceur peut
procéder à un nouvel échange avec les candidats restant en lice et réduire
à nouveau leur nombre afin qu’il ne reste qu’un seul candidat ; s’il n’y
parvient pas, il mettra ces agences finalistes en compétition.
Pensez à l’avenir. L’entreprise ne retient que les agences qui répondent
à ses attentes, en termes de taille (petite, moyenne ou grande agence),
d’implantation (régionale, locale, internationale), de structure
(indépendante, membre d’un groupe ou d’un réseau étranger), de
spécialités (les activités dominantes de l’agence répondent aux
principaux besoins de l’entreprise). Ne faites pas concourir une équipe
que vous ne pourriez retenir in fine pour des raisons objectives : trop
petite, franco-française, travaillant pour votre principal concurrent,
spécialisée dans une technique à laquelle vous ne recourez pas, ou au
contraire généraliste.
Suscitez un travail intelligent. De la qualité de la mise en compétition
(du ressort de l’entreprise) dépendra celle des réponses obtenues (de la
part des agences), d’où l’importance de bien définir le but de votre
sollicitation, sans toutefois tomber dans l’excès inverse : l’entreprise doit
certes donner un aperçu clair de ses objectifs, mais ne doit surtout pas
aller trop loin dans l’exposé des moyens de communication qu’elle
souhaite employer, voire du message qu’elle entend faire passer. Ce qui
reviendrait à brider d’avance les professionnels ou à faire leur travail.
FOCUS
Une information préalable sur les délais est nécessaire, et ces délais doivent
être raisonnables. Les partenaires doivent en effet convenir de délais de
réponse qui soient adaptés à la nature des demandes exprimées dans le brief et
suffisants pour permettre aux agences de fournir des propositions de bonne
qualité. Les délais s’apprécient notamment en fonction de l’objet de la
demande, de la nature du sujet, de la quantité de travail à fournir. À titre
indicatif, on peut envisager les délais suivants : une à deux semaines pour une
note de réflexion, trois à quatre semaines pour une réflexion stratégique, cinq
à six semaines pour des concepts créatifs, sept à huit semaines pour un
véritable projet de campagne12.
LE DÉROULEMENT DE LA COMPÉTITION
Il faut permettre aux agences consultées de présenter leurs propositions dans
des conditions de stricte neutralité et d’objectivité. Idéalement, il est
souhaitable de recevoir successivement les agences en compétition au cours
de la même journée, pour pouvoir mieux apprécier et comparer les approches
de chacune. Il se peut néanmoins que plusieurs réunions soient nécessaires
pour permettre l’examen des différents candidats, mais il faudra que les
mêmes représentants de l’entreprise se trouvent présents aux différentes
séances.
L’ordre des passages sera tiré au sort. Le temps accordé aux agences doit
avoir été précisé à l’avance et doit, évidemment, être le même pour toutes. Il
est conseillé d’y consacrer au moins une heure.
Lorsque chaque agence a présenté ses propositions, il faudrait qu’un tour de
table soit fait à chaud pour évaluer la perception immédiate du projet. Mais
bien entendu, les représentants de l’entreprise devront se donner un temps de
réflexion pour évaluer chacun des projets. L’entreprise pourra utiliser une
grille de notation des projets et des équipes. Il est souhaitable, en tout état de
cause, que la décision soit rapide. L’entreprise s’efforcera d’indiquer aux
agences la date à laquelle elle fera état de son choix.
Lorsqu’elle a pris sa décision, l’entreprise doit en informer l’ensemble des
agences. Elle précisera, autant que possible, à celles qui n’ont pas été retenues
les motifs pour lesquels leurs propositions n’ont pas été choisies. L’agence et
l’annonceur devront s’entendre sur les conditions de retour des éléments de
création qui ont été remis lors de la présentation.
LE CHOIX FINAL
- Passer les différentes propositions au crible
Chaque projet sera passé au peigne fin suivant trois critères :
FOCUS
FOCUS
COMMENT CHOISIR UNE AGENCE ?
LA CONNAISSANCE DE L’AGENCE
Connaître la qualité d’une équipe avant d’avoir travaillé avec elle n’est pas évident. Le chargé de communication doit
aller à la pêche aux indices.
• Se rendre sur place : visiter les locaux de l’agence, rencontrer les différents responsables, situer leurs champs
d’activités respectifs. Apprécier la compétence et l’implication des différents professionnels de l’équipe est délicat :
la communication n’est pas votre métier, vos interlocuteurs seront nécessairement plus compétents que n’importe qui
chez vous.
• Se renseigner : par la lecture des guides de la profession, en écoutant ce qui se dit sur les agences en course. Il peut
être instructif de connaître l’opinion d’un client actuel de l’agence.
• Évaluer le portefeuille clients : important, en progression ? Des clients fidèles ou constamment renouvelés ? À
quels secteurs appartiennent-ils ?
• Connaître le passé de l’agence : est-il marqué par des expériences fortes, fructueuses, comparables à votre cas ?
Demandez à l’agence de vous présenter ses cinq meilleures actions de l’année : cette auto-sélection vous donnera une
bonne idée de la qualité de son travail et de sa spécificité.
BILAN : LES VERTUS CARDINALES D’UNE AGENCE
Voici ce qu’une entreprise est en droit d’attendre d’une agence :
– analyse = capacité à comprendre la particularité du problème ;
– imagination = pour proposer une réflexion originale, créative ;
– bon sens = respect des délais, du budget, de la personnalité de la firme ;
– recul = apporter un œil neuf, critique, compétent.
En somme, l’agence doit se montrer capable de remettre en cause ses propres préconisations, de critiquer les
suggestions de son client (ne pas être un « béni-oui-oui »), et de proposer, le cas échéant, des solutions de rechange.
La stratégie Situation actuelle, objectifs, cibles (distinction des publics prioritaires et secondaires).
Un Domaines sélectionnés et raisons du choix : conception, organisation et mise en place des actions
programme
programme
principales ; exposé des mécanismes (fournitures de matériel, logistique) ; calendrier prévisionnel.
Les actions Pour chaque action : objectif, cible, mécanismes, timing, articulation avec l’action principale.
satellites
L’exploitation Relations avec les médias traditionnels (tv, radio, presse) et on-line (Web, réseaux sociaux) ;
montage d’opérations sur le terrain (panneaux publicitaires, distribution de documents, cadeaux
publicitaires, etc.)
Le budget Le total budgétaire se décompose en trois rubriques : coût de l’événement + coût de son exploitation
+ coût des actions satellites (le cas échéant).
- Le contrat de collaboration
Le contrat a une valeur juridique. Il n’est pas indispensable. Il est néanmoins
plus prudent de fixer les obligations de l’agence.
Un contrat type comprend :
FOCUS
L’exclusivité
L’entreprise doit exiger d’avoir toujours le même interlocuteur pour chaque
tâche identifiée. À lui de faire ensuite sa « cuisine », de dispatcher les tâches
entre les opérateurs internes. Cette unicité d’interface représente, pour le
commanditaire, un gain de temps et une assurance d’efficacité. C’est en outre
une garantie contre la dilution des responsabilités. Quand plusieurs chargés de
budget travaillent pour le même client, il n’est pas rare qu’ils se renvoient
mutuellement la balle (« ce n’est pas moi, mais… »). Cela ne facilite pas le
travail. Une fois un rapport de confiance établi avec votre interlocuteur
principal, abstenez-vous de vous prononcer sur le choix des personnes dont il
pourra être amené à s’entourer. Sinon, vous risquez de lui rendre la vie
impossible !
Un suivi périodique
L’entreprise doit demander un rapport de travail périodique (en général
mensuel). Ce document rend compte des réunions qui ont eu lieu pendant le
mois écoulé, et des décisions nouvellement arrêtées ; il informe de l’état
d’avancement des travaux et délivre des justificatifs (feuilles de temps, devis,
factures).
Pour sa part, l’entreprise organisera, une fois par an, une réunion générale
avec son agence conseil en communication, pour dresser le bilan des actions
engagées, évaluer les résultats de l’année échue (les objectifs ont-ils été
atteints ?), et présenter les nouvelles orientations en matière de
communication. Néanmoins, peut-être est-il préférable d’organiser ce type de
réunion d’évaluation pour chaque action de communication réalisée ? Cette
dernière méthode présente, à l’évidence, l’avantage de l’immédiateté.
La prudence budgétaire
Il est fréquent qu’une fois l’agence finaliste sélectionnée, le client dépêche un
contrôleur de gestion afin d’examiner les pistes de réduction de coûts avant la
conclusion du contrat. Ce ne sont pas tant les honoraires que les frais
techniques qui sont à l’origine de la plupart des mauvaises surprises. Les
commanditaires novices ne se rendent pas compte à quel point ce poste peut
être dramatiquement exponentiel. Si l’on veut limiter les dépassements, il faut
faire preuve d’une grande vigilance : exiger des devis pour toutes les
opérations, disposer de ces devis suffisamment tôt pour les comparer aux prix
du marché, et pour avoir recours à d’autres fournisseurs, le cas échéant. En
toute occurrence, exigez de signer tous les documents d’impression ou
d’exécution, avant la fabrication définitive (principe du BAT, bon à tirer).
Demandez toujours si la production est réalisée par des départements intégrés
ou des sous-traitants extérieurs. Dans ce dernier cas, l’agence retient
généralement 5 % à 10 % sur les frais techniques.
Quels que soient les garde-fous, l’entreprise peut utilement signifier à son
agence qu’elle refusera d’honorer les dépassements supérieurs à un montant
déterminé a priori : 10 % semblent être une limite correcte (la facture finale
n’excède pas 10 % du devis initial).
- L’entreprise établit des rapports de partenariat avec l’agence
La conduite à tenir est subtile : maintenir l’agence sous pression, sans pour
autant instaurer un climat de suspicion. Cela ruinerait toute collaboration.
L’agence est le partenaire de l’entreprise ; cette dernière doit lui faciliter le
travail par différents moyens. Prévoir des réunions périodiques avec un ordre
du jour précis. Faire « ligne ouverte » : le responsable en agence doit pouvoir
– et oser – contacter rapidement son interlocuteur en entreprise. Ne pas
négliger les occasions de contact informel (par exemple les petits-déjeuners)
qui permettront de mieux se connaître. Une bonne stratégie est « branchée »
sur la réalité. Il est donc nécessaire que le commanditaire intervienne aux
différentes phases de conception : il juge de l’adéquation des propositions,
teste leur acceptation par les salariés, estime leurs chances de succès. Son avis
devra naturellement être pris en compte par le professionnel.
FOCUS
CONCLUSION
La communication institutionnelle permet de donner une âme à l’action.
Le public, les publics de l’entreprise (salariés, actionnaires, fournisseurs,
sous-traitants, clients, leaders d’opinion, institutions…) exigent qu’elle
légitime son activité : que l’entreprise énonce ses valeurs, qu’elle dévoile sa
vocation et qu’à sa manière elle donne du sens à son action économique.
La réussite commerciale ou financière ne suffit plus ; l’entreprise doit
conquérir une légitimité sociale, civique, voire morale. Elle devient un
citoyen parmi d’autres, soucieux de trouver sa place dans la collectivité.
La communication institutionnelle permet ainsi d’attribuer une personnalité,
une âme aux produits. Le constructeur automobile Renault ne propose-t-il pas
« Changeons de vie, changeons l’automobile » ? Vuitton n’offre-t-il pas, plus
que des bagages, un véritable « art du voyage » ?…
PETIT GLOSSAIRE
TECHNIQUE
Audience : Ensemble d’individus en contact visuel ou auditif avec un
média.
Bon à tirer ou BAT : Agrément final donné par le responsable d’un
document, qui en autorise l’impression, le tirage ou la fabrication. Par
extension, désigne la dernière épreuve, précédant la réalisation
définitive.
Brain-storming : Séance de réflexion, généralement organisée pour
résoudre un problème spécifique.
Brief : Présentation par l’annonceur à une ou plusieurs agences, de son
problème de communication : ce document expose sa stratégie
marketing, l’état de la concurrence, ses moyens financiers, ses
contraintes calendaires… Le brief est généralement présenté au cours
d’une réunion entre l’entreprise et les différentes agences pressenties
(entre cinq et dix).
Cible : Ensemble homogène d’individus (les femmes, les jeunes, les
ingénieurs, les cadres supérieurs…), que l’on souhaite toucher par une
action de communication.
Copy-stratégie : Document de travail établi par l’agence de
communication, exposant les grands axes de sa réflexion : quelle
politique, avec quels moyens (techniques et budgétaires), pour quel
effet.
Couverture : Pourcentage de la population cible ayant été au moins
une fois exposé au message.
Dégressif : Remise de prix, accordée par un support en fonction du
volume d’achat d’espace effectué par un client.
Hors média : Ensemble des techniques de communication qui
n’utilisent pas l’un des cinq grands médias traditionnels (presse,
affichage, télévision, cinéma, radio). Le hors-média connaît
aujourd’hui un essor important. Il comprend notamment : les relations
publiques, le marketing direct, la promotion, la PLV, le
merchandising, le parrainage, etc.
List :
• Long list (littéralement grande liste) : Lors d’une compétition entre
plusieurs agences pour un budget de communication, pré-sélection de
professionnels habilités à concourir. Une long list comprend entre cinq
et dix agences.
• Short list (littéralement petite liste) : Au terme de la consultation,
deux des agences présentes sur la long list sont retenues, en raison de
la qualité de leur Copy-stratégie : elles composent la short list.
Média-planning : Dans le cadre d’une stratégie publicitaire, recherche
d’une combinaison optimale des différents supports – médias –
sélectionnés, afin d’en maximiser l’impact.
Plan média : Ventilation des investissements de communication pour
chaque média choisi : détermination des supports sélectionnés, durée
(pour les médias audiovisuels) ou format (pour la presse et l’affichage)
de la création publicitaire, emplacement et calendrier proposés,
performances des actions (nombre de contacts, coût pour mille…),
coût total de la campagne.
Promesse : Bénéfice que le consommateur est censé retirer d’un bien,
d’un service ou d’une marque. En grande consommation, la promesse
sert de fondement au message publicitaire.
Support : Canal susceptible de véhiculer une information ou un
message. Dans le domaine publicitaire, ce mot évoque
traditionnellement l’un des cinq grands médias : presse, affichage,
télévision, cinéma, radio, auxquels il faut désormais ajouter Internet.
L’ESSENTIEL
Section 1
3. Quelques ouvrages
Ouvrages généraux
Argenti P. A., Corporate Communication, Mc Graw-Hill, 5e éditions, 2009.
Beaudoin J.-P., Conduire l’image de l’entreprise, Éditions Liaisons, 1995.
Cornelissen J.P., Corporate Communication: A guide to theory and practice, Sage, 3e
édition, 2011.
Cossette C., Comment construire une image, Les Éditions Transcontinental, 1997.
Emsellem B., Le Capital-corporate, manifeste, Éditions Textuel, 2001.
Gordon A.E., Public relations, Oxford Press, 2011.
Lasserre P., Global Strategic Management, Palgrave, 2003.
Mattelart A. et M., Histoire des théories de la communication, La Découverte, 1997.
Tench R. et Yeomans L., Exploring Public Relations, Prentice Hall, 2e édition, 2009.
Ouvrages spécifiques
a. Les relations entreprise/agence
• Guides pratiques
Communication & Entreprise, UJJEF, Guide de la relation entreprises/agence, 2009.
Communication & Entreprise, Guide de la relation Indépendant - agence/entreprise,
2011.
UDA/AACC, Guide de la relation entre l’annonceur et l’agence conseil en
communication, septembre 2005.
UDA/Syntec RP, Guide des relations entre agences conseils et annonceurs, 2010.
UDA/CSA, Rémunérer ses agences, 2011.
UDA/AACC/ANAE, Guide de la relation entre un annonceur et une agence conseil en
communication événementielle, 2010.
UDA/AACC, Compétitions agences. Guide d’expériences réussies, 2010.
Syntec RP/UDA, Guide des relations entre une agence conseil et un annonceur, 2011.
• Pour une vision historique
Hanan M., Comment choisir et utiliser votre agence de publicité, Entreprise Moderne
d’Édition, 1968.
• Pour des témoignages de responsables d’agence
Bordas N., L’idée qui tue, Eyrolles, 2009.
Boulet J.-C., Passion communication, Le Cherche Midi, 2003.
Dru J.-M., La Publicité autrement, Le Débat/Gallimard, 2007.
Dru J.-M., Jet-lag, Grasset, 2011.
Habib L., La communication transformative, P.U.F., 2010.
Hieux J.-M., Les Nouveaux Gladiateurs, Michalon, 2003.
Michel P., C’est quoi l’idée ?, Michalon, 2005.
b. Le plan de communication
Carlier F., Réussir mon premier plan de communication, Vocatis, 2011.
Corriveau A., Le Plan de communication, Presses de l’Université du Québec, 2005.
Dagenais B., Le Plan de communication, Presses de l’Université de Laval, 1998.
Gilibert S. et Creusy O., Réaliser son plan de communication en 48 heures, Eyrolles,
2009.
6. A contrario, les analyses pratiquées à l’interne risquent de pécher par leur subjectivité.
7. Se reporter au chapitre 5, consacré à la communication interne.
8. On a pu le constater à de nombreuses reprises, et notamment dans la deuxième moitié des années 80,
au moment des privatisations. Paribas a connu un grand succès, sans que son leader, Michel François-
Poncet, ne soit médiatique. À l’inverse, Saint-Gobain a connu un succès plus mitigé, malgré l’aura de
Jean-Louis Beffa.
9. Voir chapitre 7 « La gestion de la communication en période de crise ».
10. Liliane Messika, Les Dircoms, L’Harmattan, 1995.
11. Dernier baromètre réalisé en 2007 par l’Union des Annonceurs auprès de 264 entreprises.
12. « Choisir son agence », AACC/UDA.
Chapitre 3
La communication permanente
ans une entreprise, tout est média : les objets (locaux, mobilier, papier
Sommaire
LA COMMUNICATION AU JOUR
LE JOUR
Lorsque l’on observe le résultat d’études qualitatives sur les déterminants de
l’image des entreprises, on est toujours surpris de l’importance prise par des
éléments qui pourraient apparaître anodins. Loin des campagnes d’image, tout
un pan de la réputation de l’entreprise repose sur des éléments pas toujours
pris en compte par la direction de la communication. La construction d’une
image d’entreprise serait comme un iceberg où sous une face émergée
composée d’une communication volontaire et de ses effets, se dissimulerait
un ensemble plus important composé d’éléments souvent non perçus à leur
juste proportion : l’accueil téléphonique, l’efficacité et la courtoisie du
vendeur ou du guichetier, son apparence, l’allure du hall d’entrée,
l’architecture du bâtiment. Tous ces paramètres participent d’une image
d’entreprise et à ce titre doivent être pris en compte par le responsable de
communication.
FOCUS
FOCUS
- Un va-et-vient d’informations
Les rapports d’une entreprise avec son entourage doivent être vivants, sur le
mode : « Vous m’intéressez. Nous avons des choses à faire ensemble. » Une
correspondance bien tenue permet d’écouter, de répondre, de dialoguer avec
divers interlocuteurs. Elle est directement vecteur d’image : l’entreprise qui
répond vite et bien aura les faveurs de ses correspondants. Elle s’avère en
outre une précieuse source d’information.
De l’entreprise vers l’extérieur : répondre
Lorsqu’il arrive par la poste, le courrier porte systématiquement deux
tampons : date d’arrivée, date de la réponse. En rapprochant les deux dates,
on pourra aisément contrôler la vitesse du processus et prendre des mesures
pour l’accélérer si la réponse excède la semaine. Sous forme électronique, la
date d’envoi est concomitante à la date d’arrivée et il suffit d’indiquer à son
interlocuteur la date de réponse souhaitée. Toute réponse porte la signature de
son auteur et indique qui rappeler en cas de besoin. Il est bon pour l’entreprise
de systématiser la pratique de l’accusé de réception : « Nous vous remercions
de votre courrier en date du … appelant notre attention sur … Il a été transmis
à notre service … en charge de ces sujets. Celui-ci vous apportera une
réponse dans les 48 heures. Croyez bien à notre détermination à… »
De l’extérieur vers l’entreprise : écouter
Les interrogations, les attentes, les critiques, les suggestions des
correspondants doivent être prises en compte par l’entreprise. Elles lui
permettront de faire évoluer le contenu de ses produits, de ses services. Une
entreprise « curieuse » peut adopter la démarche inverse et aller au-devant des
opinions, en envoyant un questionnaire écrit (lettre-sondage, cartes en T, e-
sondage) à sa clientèle, à ses actionnaires, à la presse, etc. Ces échanges
s’avèrent d’excellentes occasions d’enrichir son fichier. Noter nom, adresse,
numéro de téléphone, profession, âge, sexe des correspondants. Leur envoyer
régulièrement des documents (brochures, rapports annuels, gazettes,
journaux) est un moyen subtil de leur faire connaître l’entreprise et de les
faire participer à sa vie.
- Le choix des supports matériels
L’aspect matériel du document a son importance : c’est aussi un vecteur de
communication. Un papier à lettres bon marché (léger, transparent), une mise
en page archaïque, une manipulation difficile (papier-chiffon qui se froisse, se
déchire) donneront une bien piètre image de votre entreprise.
Le papier à lettres, les bons de commande, les factures… reflètent ce qu’est
l’entreprise. Ils doivent correspondre à sa personnalité, c’est-à-dire s’accorder
avec ses produits, son milieu professionnel, ses destinataires. Une entreprise
industrielle traditionnelle optera pour un papier blanc, moderne, clair. Un
distributeur de produits de luxe préférera un support coloré, inédit, plus
voyant. On pourra prévoir des documents de grammages différents, selon
qu’il s’agit de lettres (support plus lourd), ou de devis et de rapports, qui
s’accommodent parfaitement d’une main plus légère. Les différents
documents doivent aussi permettre à l’entreprise de se distinguer. L’épaisseur
du papier, la manière dont le logotype y apparaît, l’originalité de l’ensemble
permettront de repérer la correspondance d’une entreprise dans une pile de
courrier et de l’identifier du premier coup d’œil.
Toute entreprise qui se respecte dispose d’un papier à lettres personnalisé
sur lequel sont apposés son nom et son logo immédiatement reconnaissables
(voir chap. 9), ses coordonnées, adresse et raison sociale figurant le plus
souvent en bas de la lettre. Les mêmes symboles sont repris sur les
enveloppes et les cartes de visite des collaborateurs.
Mais il n’est pas question de rechercher l’originalité à tout prix. Respectez
les normes habituelles, et faites preuve de réalisme. Si votre papier dépasse la
taille réglementaire, il sera certes repéré, mais pas nécessairement en bien :
impossible à classer, tout de suite déchiré car trop grand… il ne sera d’aucun
confort pour ses destinataires. Attention également à bien vérifier que le
courrier que vous adressez sous forme électronique en pièce jointe est bien
compatible (Mac, PC) et reste lisible si votre correspondant en effectue une
impression en noir et blanc. Rappelez-vous : on mémorise ce qui est beau,
mais on vit avec ce qui est pratique. Tout document qui sort de l’entreprise
doit concilier ces deux exigences et porter sa meilleure griffe visuelle.
- Un facteur de productivité
Les études sociologiques menées en entreprise ont prouvé que la productivité
résultait non seulement des facteurs objectifs, traditionnels, mais aussi
d’éléments subjectifs, plus récemment reconnus (cf. tableau 3.1). Centre de
mise en forme ultra-moderne au siège social de Bouygues – « Challenger » –,
bar colonial chez Sony, terrasses de détente chez Steelcase Strafor, des
espaces de détente apparaissent ici et là. Leur vocation : permettre des
rencontres informelles qui améliorent la qualité de vie des salariés, favoriser
les échanges et, indirectement, servir les objectifs de l’entreprise. L’entreprise
travaille mieux quand elle est bien dans ses murs.
À une autre échelle, on comprend le succès de centres d’affaires, tels que
Sophia-Antipolis, ou celui proche du Futuroscope en Poitou-Charentes. Leur
positionnement : offrir aux entreprises des bâtiments de qualité et à taille
humaine, dans un environnement d’espaces verts et à proximité du centre-
ville. Leurs atouts : un urbanisme contrôlé, des locaux fonctionnels, des
facilités d’accès et, surtout, un cadre de vie agréable pour les salariés
(restaurants, hôtels, centre commercial, vie sportive, etc.)
TABLEAU 3.1 – ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’ESPACE EN ENTREPRISE
- La vitrine de l’entreprise
L’architecture extérieure, l’aménagement de l’espace intérieur sont les
premiers éléments visuels par lesquels une entreprise affirme sa personnalité.
Ils véhiculent, délibérément ou non, un message sur l’entreprise, une image
de l’entreprise. L’habit fait un peu le moine… Cette proclamation visuelle ne
date pas d’aujourd’hui.
Exemples
Quand Baccarat quitte, en 2003, son siège parisien de la rue de Paradis pour aller s’installer place
des États-Unis dans le célèbre hôtel particulier de Laure de Noailles, la « vicomtesse du bizarre »,
l’entreprise le fait redécorer par Philip Starck. Le célèbre cristallier affirme ainsi son
positionnement : luxe, tradition et modernité.
Même volonté pour Havas qui, en avril 2003, quitte Levallois-Perret pour un lieu plein d’histoire,
choisi par le publicitaire Jacques Séguéla, à proximité de la Seine : l’ancienne usine des parfums
Coty, aujourd’hui classée patrimoine industriel. Le bâtiment en briques des années trente a été
intégré et mis en valeur par les architectes Valode & Pistre, choisis par le promoteur Hines. Les
architectes ont conçu une série de volumes de verre proposant le défi de créer un nouveau lieu de
21 000 m2 conçu pour la communication. L’originalité des espaces permet de passer de couloirs
longilignes et bas à des volumes de près de 6 mètres de hauteur sous plafond. C’est un site avec un
mélange architectural de styles : la partie ancienne sur deux étages et la partie plus moderne
occupant cinq étages allient esthétiquement les matériaux et la lumière. Début 2012, Havas
déménageait une nouvelle fois pour s’installer à Puteaux.
FOCUS
FOCUS
CAS D’ENTREPRISE
C’est donc une approche globale et faisant intervenir de nombreuses disciplines qui a été mobilisée
pour introduire les fondamentaux de la marque RATP dans les cahiers des charges des designers et des
architectes, en cohérence avec une politique globale de communication dépassant très largement les
conceptions classiques des actions de communication. –
Source : Jean-Marc Bernardini, responsable
de la Communication interne et managériale de la RATP
FOCUS
Exemple
Vivaqua est une entreprise publique belge qui compte 1 600 collaborateurs dont 550 travaillent au
siège social à Bruxelles. En mai 2010, le conseil d’administration décida de vendre le siège et
d’acquérir un nouveau bâtiment, à un kilomètre de l’ancien. Dès la décision connue, l’information
fut transmise à l’ensemble du personnel, y compris ceux qui ne déménageaient pas, et il fut décidé
de communiquer sur les raisons du choix, de préparer au déménagement et d’expliquer les
avantages du nouveau bâtiment. Les moyens de communication utilisés furent distincts selon qu’il
s’agissait de l’ensemble des collaborateurs ou des personnes directement concernées.
Pour les premiers, les outils furent des communiqués aux salariés, des articles dans le journal
d’entreprise, une journée portes ouvertes pour les collaborateurs et leur famille.
S’agissant des personnes concernées, l’objectif était d’obtenir l’adhésion en impliquant les salariés
dans le projet. La communication fut donc davantage participative : séances d’information,
désignation de coordinateurs par direction, campagne d’affichage, mini-site intranet, envoi de mails,
organisation d’un « midi de la mobilité » pour expliquer les nouveaux moyens d’accès, organisation
de trois journées de packing days, remise d’un kit de bienvenue le jour de l’emménagement et
édition d’un portfolio revenant sur les moments clés du déménagement.
Pour le volet externe, l’information fut transmise aux partenaires de l’entreprise en y jumelant des
informations sur l’entreprise, la nouvelle adresse éditée sur son site web, ses mails, ses brochures,
un courrier adressé aux communes où elle est située, un communiqué envoyé à la presse.
Source : Marie-Eve Deltenre, responsable communication Vivaqua.
CAS D’ENTREPRISE
informer et expliquer ;
impliquer les collaborateurs pour les faire adhérer au projet ;
les rassurer sur les principaux facteurs de stress identifiés tels que la perte d’intimité (bureau
partagé), le changement d’environnement, etc. ;
les accompagner dans les nouveaux modes de fonctionnement.
Stratégies de moyens
Canaux classiques : newsletter mensuelle, rubrique dédiée sur l’intranet, showrooms, écrans
plasmas dans les espaces communs, écrans de veille d’ordinateurs, podcast du Président,
focus groupes, remise d’un beau livre d’informations sur First en cadeau d’accueil, etc.
Canaux innovants :
Lancement d’un site intranet interactif et immersif dédié, avec deux types de
navigation : l’une assez classique (menu déroulant), l’autre plus innovante sur le mode
de l’univers du jeu internet, pour les jeunes de la génération Y (la majorité des
collaborateurs).
Une campagne de 5 vidéos « la grande campagne de désinformation », adopte un ton
en rupture et utilise l’humour pour aider les collaborateurs à adapter leurs modes de
fonctionnement à leur futur environnement de travail.
E&Y stigmatise la langue de bois institutionnelle, le «blabla corporate», et traite ses collaborateurs en
adultes. –
Source : Marie-Anne Boucher, Directeur associé,
Communication interne Ernst & Young
FOCUS
À éviter À conseiller
FOCUS
LA PLAQUETTE D’ENTR
PRÉSENTATION
• C’est un document écrit d’épaisseur variable de quelques pages à une vingtaine de pages, destiné aux demandeurs d’information : sala
visiteurs, etc.
• Structure générale de la plaquette :
– historique de l’entreprise ;
– « philosophie » (valeurs de l’entreprise) et buts de l’entreprise ;
– principales activités (marques commercialisées) ;
– domaines prioritaires (recherche et développement, action commerciale…) ;
– principaux clients ;
– quelques chiffres et faits significatifs ;
– coordonnées des bureaux et implantations.
ÉLABORATION DE LA PLAQUETTE
La fabrication d’un tel document, fondamental pour l’image de l’entreprise, se fait au terme d’une démarche bien spécifique, réalisée au niv
• Il s’agit tout d’abord de définir le contenu :
Que dire, que passer sous silence ?
Comment hiérarchiser les informations ?
Comment ordonner les différentes rubriques ?
• Il faut aussi définir l’identité visuelle du document, en conformité avec le « style » des autres supports graphiques de l’entreprise (graphi
Si l’entreprise possède une charte graphique, la plaquette devra bien évidemment s’y conformer.
• Le rendu devra être de qualité (texture du papier, qualité de la mise en page, rendu des visuels…), dans les limites du budget alloué.
• L’ensemble de ces contraintes, de fond et de forme, sera consigné dans un cahier des charges, qui servira de document de base pour
imprimeur, etc.)
• Il faut veiller au mode de lecture.
Si la plaquette peut être imprimée, elle est de plus en plus réalisée en vue d’une lecture sur écran. La plaquette pourra être téléchargée sur l
LES PRINCIPES FONDAMENTAUX À RESPECTER
• Vigilance
Si votre entreprise dispose de matériel de micro-édition, vous pouvez réaliser la plaquette en interne. Mais vous préférerez peut-être recou
clairement vos besoins en amont (dans le cahier des charges), et accompagnez le travail dans ses différentes étapes. Il y va de votre imag
devra avoir été soigneusement corrigé et amendé par les différents services compétents. N’hésitez pas à concevoir plusieurs plaquettes, si v
Et surtout, veillez à réactualiser la plaquette régulièrement.
• Adéquation
Choisissez un style qui vous convienne. Pour vous exercer l’œil, vous pourrez utilement regarder ce qui a été réalisé par d’autres entrep
informatifs ; le grand format est plus adapté à un discours institutionnel de prestige. Le noir et blanc donne une impression de sobriété, de
techniques. La plaquette pourra être réalisée en hauteur (format dit « à la française », classique), ou en largeur (format dit « à l’italienne »,
• Simplicité
Affranchissez-vous d’un discours technique complexe. Ne donnez que les informations vraiment utiles. Évitez de vouloir faire plaisir
publicitaire : il ne s’agit pas ici de « vendre » votre entreprise comme un produit, mais de la faire valoir avec le maximum de crédibilité pos
• Attractivité
Pour inciter vos futurs lecteurs à « entrer » dans le document, essayez de donner une dynamique à l’ensemble : pages de respirati
organigrammes, encadrés, interviews, questions-réponses. Accordez un soin tout particulier à la première page de la brochure et aux pages
Les pages du milieu seront réservées aux tableaux et aux illustrations importantes.
Dans cet exercice de sélection et hiérarchisation des informations, rédaction, mise en page, un journaliste pourra vous apporter une aide pré
Extrait de la plaquette RAT
SECTION 2
LA COMMUNICATION DANS LA
DURÉE
La manière dont l’entreprise noue, puis entretient des liens avec ses clients,
ses fournisseurs, les étudiants… contribue bien sûr à fonder son image dans la
durée.
Plus un cadeau est personnalisé, plus il touche celui qui le reçoit. Les
moyens sont pléthore : du plus simple (un message accompagne le colis), au
plus subtil (faire graver sur l’objet le nom de son destinataire). Ces efforts de
personnalisation demandent du temps, engendrent des manipulations et un
coût supplémentaires. Mais l’entreprise sera payée de retour en puissance
d’impact.
Voici quatre faux pas qui risquent de gâcher le plaisir de vos destinataires
et, par là même, de ruiner tous vos effets :
Le lien entre l’objet et la société qui l’offre peut être direct (par exemple,
BSN Emballage qui a fait éditer Le Pack, somptueux guide de l’emballage),
ou symbolique (la société Uppercut qui offre des gants de boxe).
Il correspond au profil de l’expéditeur et aux goûts de son destinataire. C’est
une évidence : les intentions varient en fonction des statuts. Le chef du
service informatique (société A) n’enverra pas le même cadeau à son
correspondant-fournisseur (société B) que celui que le pdg de A offrira au pdg
de B. Déclinez les cadeaux par niveau de destinataires : pour éclairer votre
choix, demandez conseil aux personnes qui offriront ces objets. Un directeur
de département ne sait pas nécessairement ce qui fait plaisir à un chef
d’atelier.
- Un cadeau doit s’inscrire dans la durée
Il faut non seulement se soucier de l’impact du cadeau, mais aussi de sa
longévité, pour que le souvenir de l’entreprise dépasse les quelques heures qui
suivent le déballage du paquet. Il faut donc trouver des objets qui durent et
laissent un souvenir. Le meilleur moyen consiste à offrir des cadeaux qui
participent quotidiennement à la vie de leurs destinataires : cadeau à répétition
(abonnement à un magazine, places de spectacles), accessoires de bureau
(presse-papier, porte-document, lampe, pendule), objets pour la maison (linge,
ustensiles de cuisine), objets pour les déplacements (sac, bagage). À condition
qu’ils ne soient pas les énièmes du genre !
Exemples
Le petit cadeau aux actionnaires qui vient clore une assemblée générale fait partie des rituels
attendus. Il a souvent un lien avec l’activité de l’entreprise. Infogrames distribue des jeux vidéo,
Bonduelle des tabliers de cuisine, BIC des stylos et EDF des lampes basse consommation.
Exemples Verrerie, porcelaine ; livres, Accessoires de bureau (bloc-notes, valises en plastique, trombones,
objets d’art ; objets de cuir, calculettes, porte-documents), objets de la vie quotidienne (briquets,
montres et stylos de luxe ; téléphones, montres, lecteur mp3, boîtes à outils).
foulards, cravates ; cadeaux
gourmands ou
gastronomiques.
Inconvénients • Coûteux. • Banal : d’une entreprise à l’autre, d’une année sur l’autre ce sont
• Anonyme : qui se toujours les mêmes cadeaux. Seuls les logos changent ! Il y a eu
souviendra l’année des calculatrices, celle des lecteurs mp3 ; puis celle des
que c’est l’entreprise Cadsa montres et des caleçons, ou celle des téléphones. Ce manque
qui a offert ce splendide d’originalité résulte de la concentration du marché des cadeaux
sous-main ? d’entreprise.
Bilan • Parfait pour remercier les • Moderne : en choisissant ce type d’objets – cadeaux contemporains,
gros clients, dans le cadre légers, adaptables – l’entreprise va dans le sens de l’histoire.
d’une politique
• Exigeant : il lui faut absolument personnaliser son geste,sous peine
de prestige, ciblée (hauts
de disparaître dans la masse.
dirigeants).
• À compléter par d’autres
cadeaux plus modestes
destinés aux autres niveaux
hiérarchiques inférieurs.
LA PARTICIPATION À UN SALON
2
PROFESSIONNEL
La France est le deuxième pays organisateur de salons, derrière l’Allemagne,
et Paris est la première ville par le nombre de ses manifestations. Les
entreprises françaises ont dépensé 1,46 milliard d’euros en 2010 par an dans
les foires et salons, ce qui représente 4,8 % du total des dépenses des
annonceurs tous médias confondus4. C’est énorme ! Le média salons se place
ainsi derrière le marketing direct, la promotion et la publicité dans la presse et
à la télévision, mais devant la publicité à la radio, au cinéma, sur Internet et
dans les guides et annuaires.
Exemple
Le site viparis.com centralise les informations relatives aux manifestations grand-public et
professionnelles accueillies sur les dix parcs d’expositions et centres de congrès sur Paris Ile-de-
France gérés par le groupe Viparis, dont le Cnit Paris La Défense, le Palais des Congrès de Paris,
l’Espace Grande Arche, le Carrousel du Louvre, Paris expo Porte de Versailles, Paris Nord
Villepinte et Paris Le Bourget. Viparis accueille chaque année 300 salons, 125 congrès, 500
événements d’entreprises, ainsi que 45 spectacles pour un total de 150 représentations, et plus de
9,2 millions de visiteurs.
FOCUS
Le secteur est en forte progression. En 2010, il a accueilli 15,7 millions de visites* sur 4 125 561 m2 d’exposition
dans 554 manifestations, dont 727 000 visites étrangères. Sur l’ensemble des manifestations, on dénombre 306 salons
grand public et 195 salons professionnels. Il est à noter qu’une douzaine de salons (Mondial de l’automobile, Salon
de l’Agriculture, Foire de Paris,…) accueillent 17 % du total des entrées des visiteurs. Le Mondial de l’Automobile a
accueilli 1,2 million de visiteurs, le Salon de l’Agriculture 640 000 et la Foire Internationale de Paris 610 000.
* Source : Office de Justification des Statistiques (organisme agréé par le Ministère de l’Économie et des Finances,
qui contrôle et publie chaque année les résultats de fréquentation des manifestations organisées en France afin de
faciliter les choix des exposants), ces chiffres de fréquentation représentent environ 80 % de l’activité des
manifestations organisées en France.
Avantages
Économique : son prix est Créativité, Même démarche que pour
compris entre 150 et 400 € le souplesse : du le stand traditionnel, avec
m2. « sur-mesure ». des matériaux plus
Fonctionnel : le kit de base Incitatif pour le nobles, des structures plus
comprend des cloisons, de la visiteur. sophistiquées (structures à
moquette, une table et des Vitrine étages, équipements
chaises, une enseigne avec le élogieuse : multimédias, etc.)
numéro du stand et le nom de personnalise Une « exposition » dans
la société et quelques spots. l’exposant, met l’exposition.
Très répandu. en valeur les
produits, les
thèmes
d’exposition.
Bon support de
communication.
Inconvénients
Anti-créativité, uniformité. Coûteux : un Très coûteux : plusieurs
Aucun développement de stand habillé milliers d’euros le m2.
l’image, aucune mise en vaut de 1 100 €
valeur de l’entreprise. à 10 000 € le
m2.
Bilan
Une solution économique Asseoit Merveilleux vecteur de
standard, convient pour de l’identité de la communication.
petits salons, à budgets firme. Assure la notoriété.
limités. Permet Sert l’image de marque.
Adapté aux manifestations d’exploiter au
professionnelles spécialisées, mieux l’espace. Pour des manifestations de
dotées de petits stands (de 9 à prestige.
27 m2).
Pour les entreprises jeunes ou
celles qui exposent pour la
première fois.
Conseils Pour un coût raisonnable (de 100 Il faut ici oser (c’est-à-dire se distinguer), et pouvoir y
à 200 € le m2), on peut améliorer le consacrer le budget nécessaire.
stand de base par une décoration, des
En raison de leurs coûts, ces stands doivent être
En raison de leurs coûts, ces stands doivent être
fleurs, une signalétique réutilisables.
personnalisées.
- Les invitations
Un salon réussi est un salon durant lequel l’entreprise aura pu voir ses clients,
prospects chauds, et générer de nouveaux contacts commerciaux, d’où
l’importance du mailing d’invitation adressé au cœur de cible. Il faut qu’il
sorte de la masse pour que l’entreprise soit clairement identifiée et qu’il soit
mémorisé. Pour inciter votre cible prioritaire à venir vous voir, organisez des
événements prétextes : lancement d’un produit, démonstration d’une nouvelle
machine, zone d’accueil privilégié, distribution de cadeaux ou d’échantillons
de produits, cocktail, conférence du président, etc.
Faut-il envoyer des invitations gratuites ? C’est une tradition dans la plupart
des secteurs ; néanmoins c’est une tradition coûteuse. C’est pourquoi, il est
indispensable d’en sélectionner les bénéficiaires : meilleurs clients, prospects
chauds ou importants.
FOCUS
LA COMMUNICATION ÉVÉNEMENTIELLE
3
Extension d’un bâtiment, lancement d’une nouvelle chaîne de
production, implantation dans un nouveau pays, réussite commerciale, tout
dans l’activité de l’entreprise peut faire l’objet d’une opération de relation
publique. L’entreprise visera à « marquer » l’événement par une opération
spéciale tendant à attirer l’attention d’interlocuteurs préalablement choisis.
Elle pourra ainsi inaugurer son nouveau bâtiment et y associer les décideurs
ou leaders d’opinion mais aussi se servir de l’événement pour le médiatiser
via des relations presse adaptées. Les opérations peuvent être traditionnelles
(l’inauguration) ou viser l’originalité afin de susciter l’attention médiatique.
Quelques chiffres
• Près de 50 % des agences d’événements prévoient une augmentation de leur business.
• 40 % des agences d’événements répondent à un plus grand nombre d’appels d’offres.
• 65 % des agences constatent une diminution du temps de réponse lors des appels d’offres.
• 75 % des agences trouvent les relations avec l’annonceur plus difficiles qu’auparavant.
• 75 % des agences ont recruté depuis un an.
• 80 % des agences envisagent de recruter dans les 6 mois à venir.
• 24 % des projets événementiels contiennent une dimension éco-responsable.
Source : enquête auprès des adhérents de l’ANAE, septembre 2011
En 2010, le marché de la communication événementielle représentait :
• 420 agences.
• 6 930 collaborateurs.
• 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
• 58 % des événements organisés en Ile-de-France.
• 83,5 % des opérations réalisées par les entreprises, 8 % par des organismes publics, 7,5 % par des
associations.
• Les premiers secteurs organisateurs : finance, industrie, chimie/pharmacie/cosmétique.
• 18 % des événements accueillent plus de 500 personnes (12 % en 2009).
Source : enquête ANAE – Bedouk, février 2012
Une première étape qui émerge à la fin du XIXe siècle avec des
grandes expositions universelles. Si l’on exclut que les jeux du cirque
dans l’antiquité romaine puissent être un des premiers exemples
d’organisation d’événement, on peut poser que la croisière noire
(octobre 1924 – juin 1925) puis la croisière jaune (avril 1931 –
février 1932) organisées par André Citroën furent parmi les premières à
être autant réfléchies dans une perspective de communication, de
notoriété et d’image de marque.
Une deuxième étape à partir des années 70-80 avec l’intégration d’une
démarche publicitaire dans l’organisation, à laquelle se greffe une forte
professionnalisation venant des nouveaux métiers du spectacle et de la
production audiovisuelle.
Une troisième étape qui émerge au début des années 2000 avec la
croissance de l’Internet permettant de nouvelles formes d’événements à
l’exemple des flash-mob et surtout une préparation (teasing) et
médiatisation sous forme virale.
Médiatisation S. C. 15/04/2012
Restauration J. M. M. 1/03/2012
J – 1
J – 2
J – 3
J – 10
J – 15
J – 20
J – 30
L’ÉVÉNEMENT CLASSIQUE
Ce type d’événement a un double objectif : améliorer les relations avec
certains des interlocuteurs de l’entreprise, notamment des leaders politiques,
des décideurs économiques et sociaux (directeurs de chambre de commerce
ou d’organismes consulaires, fournisseurs, gros clients, etc.) Il cherche
également à obtenir des retombées presse positives à l’initiative de
l’entreprise. Ce type d’événement peut être la pose de la première pierre d’un
bâtiment, son inauguration, l’installation d’une innovation majeure, la
production d’un chiffre symbolique de produits issus de l’entreprise.
CAS D’ENTREPRISE
Les chefs Servair sur le stand de la fête de la gastronomie le 23 septembre 2011 à Roissy
proposent des verrines aux accents de cuisine du monde.
Bilan et impact de l’événement
Présence et satisfaction du ministre du Commerce. Félicitations du PDG de Servair et du directeur
général délégué ADP. Présence du chef du Studio culinaire Servair.
Grande fierté d’appartenance des équipes sur place.
Les chefs apprécient le contact avec le terrain.
Bon terreau de communication pour l’exploitation des vidéos et photos dans le cadre du
positionnement « identité culinaire ».
Moyens déployés (web, édition, événementiel, etc.)
Présence en tête de liste pendant les premiers mois sur le site officiel «Fête de la gastronomie», brève
sur le site Servair, communiqué de presse, distribution de fiches recettes.
Indicateurs d’efficacité :
Les critères de succès prioritaires
Venue du ministre sur cet événement parmi les 300 organisés en France (et dont une centaine en Ile-
de-France).
Satisfaction des passagers par un échange qualitatif plutôt que quantitatif (les passagers goûtaient
chacune des verrines et échangeaient avec les chefs).
Satisfaction du partenaire ADP par ailleurs client de Servair pour les prestations d’accueil et
accompagnement des personnes à mobilité réduite.
Éléments de développement durable ou de
responsabilité sociétale de l’entreprise pris en compte dans ce projet
Préparation de la dégustation avec des produits locaux et de saison.
Packaging réutilisable comme supports de dégustation.
Impression des fiches recettes sur papier PEFC et imprimeur Imprim’Vert.–
Source : Boris Eloy (Servair)
et Pierre Chavonnet (Teymour Corporate)
CAS D’ENTREPRISE
Axe créatif
Un concept de soirée totalement inédit : la première Demolition Party parisienne qui, de l’avis
des experts, a été reconnue comme la soirée de la dernière décennie.
Un concept qui surfe sur le mélange des genres : l’envie de casser avec des pelles, des burins
et des marteaux… dans un univers de luxe où il est plutôt de tradition de « bien se tenir ».
Un buzz viral et médiatique totalement orchestré et maîtrisé :
– étape 1 : envoi d’un teaser viral qui donne le ton subversif de la soirée, largement visionné sur
YouTube ;
– étape 2 : la vente aux enchères du mobilier du Royal Monceau (« Venez acheter un petit bout du
palace ») qui a vu défiler des milliers de visiteurs ;
– étape 3 : la Demolition Party ou la soirée « de la rareté » avec près de 10 000 personnes qui se sont
pressées devant les portes de l’hôtel.
Un raz de marée médiatique : jamais aucun hôtel n’avait généré en France et à l’international
une telle couverture presse (252 journalistes à la conférence de presse, près de 30 heures de
TV et de radio, plus de 400 retombées en deux mois).
Le coup de foudre des médias pour A. Allard : jamais, en aussi peu de temps, un homme
d’affaires ne s’était construit une visibilité médiatique aussi importante et de qualité,
dévoilant une personnalité hors du commun. Deux mois après la Demolition Party, Alexandre
Allard a été élu par Challenges parmi les 100 personnes influentes qui (re)font la France.
Le timing de réalisation : à peine deux mois pour organiser la vente aux enchères, la soirée et
leur médiatisation.
La gestion des invités : le buzz a tellement fonctionné que, forcément, certains invités ont été
déçus de ne pas pouvoir entrer dans la soirée.
Le budget (honoraires et frais) pour ce type d’opérations est de 80 /100 000 euros.–
Enfin, certaines entreprises s’introduisent sur les campus par des opérations
de parrainage : sponsoring sportif à l’échelle de l’université (financement de
tournois, concours), mécénat culturel (organisation d’un colloque, mécénat
artistique), bourse. Pourquoi pas ? Ce sont des manières détournées, mais
efficaces d’avoir accès aux milieux universitaires et de se montrer bonne
citoyenne12.
Parmi les autres tendances, on observe la multiplication de créations
d’événements pour rencontrer un maximum d’étudiants en un minimum de
temps.
Exemples
Après avoir procédé de 2003 à 2007 à des recrutements au Stade de France, la Société Générale
propose des formules « Un CDI en un jour ». Dans l’objectif de recruter 600 jeunes salariés, elle a
monté en septembre 2008 une journée de rencontres autour de ses 150 métiers à la Grande Arche de
La Défense. Intitulée SOGElive, l’opération est aussi le moyen d’organiser des conférences ouvertes
à tous pour présenter le rôle de la banque et ses perspectives de développement. Cette idée de
recrutement express s’est décentralisée et concerne les recrutements de stagiaires. Ainsi, en
février 2011, la banque a organisé un événement au Havre avec l’idée de présenter l’entreprise aux
étudiants et d’effectuer des entretiens. À la fin de la journée, 11 étudiants de l’EM Normandie ont
ainsi trouvé un stage.
EDF a organisé, en 2011, une grande opération « Energy Day » à la grande halle de la Villette. De
10 à 19 heures, 350 managers, experts et professionnels du recrutement de l’entreprise étaient
mobilisés pour permettre aux jeunes diplômés de formation bac+5 de venir les rencontrer. Tables
rondes, conférences, mini-forums permettaient de présenter les 240 métiers offerts par l’entreprise et
de rencontrer les 2 000 étudiants présents.
Dans le même esprit, Danone a réalisé une soirée spéciale étudiants dénommée « Danone
Explorers », le 7 novembre 2011, à Paris. Cinquante directeurs et managers du groupe furent
mobilisés pour rencontrer les étudiants lors de cette 6e édition de l’opération.
Danone organise également chaque année « La nuit UniverSell ». L’opération permet à 150
étudiants de formation commerciale de découvrir la fonction commerciale chez Danone, de
rencontrer une cinquantaine de managers et d’entrer dans le processus de recrutement de
l’entreprise.
Le groupe Orange a créé un programme « Orange Graduate Programme ». Ce dispositif conçu en
2003 est destiné aux jeunes diplômés à fort potentiel, issus des meilleures formations
internationales. Chaque année, une soixantaine d’étudiants sont recrutés au terme d’une présélection
en ligne, d’entretiens téléphoniques puis de séries d’entretiens et d’épreuves échelonnés sur deux
fois deux jours.
Le simple constat de la présence de leurs salariés sur les réseaux sociaux est
un impératif pour l’entreprise afin d’y organiser sa présence en tant que
contact pour les jeunes diplômés. En dehors des contacts pouvant s’opérer via
des sites spécialisés comme Linkedin ou Viadeo, on conseillera aux étudiants
de surveiller leur réputation sur le Web (personal branding) puisque la plupart
des entreprises ont pris l’habitude de se renseigner préalablement sur
l’étudiant via des moteurs de recherches comme Google ou Webmii.
DES RESPONSABILITÉS DIVERSES
Hormis le dirigeant de l’entreprise, naturellement enclin à ce type d’exercice,
à qui confier les relations avec le monde étudiant ? Les « anciens », d’une
part, les managers, d’autre part, pourront y être facilement impliqués.
- Le réseau des « anciens »
Chargez les jeunes embauchés, munis de diplômes, de l’interface avec leurs
écoles. Parlant le même langage, ayant la même optique, ils s’avèrent
d’excellents intermédiaires et sont parfaits pour monter des opérations de
collaboration (faire circuler dans l’école l’information sur ladite entreprise,
bâtir des projets de développement). Les « anciens » bénéficient d’un a priori
favorable de la part des étudiants actuels. Ne laissez pas passer ce merveilleux
outil de persuasion !
C’est ainsi qu’est apparu le métier de « campus manager ». Issu de l’école
ou d’une des écoles qu’il a pour mission de « couver », cet ambassadeur est
chargé de faciliter les relations entre l’entreprise et les étudiants. Il doit
associer un juste sens des besoins de l’entreprise, une bonne connaissance de
ses métiers, une écoute attentive des désirs des étudiants et surtout, faire
preuve d’une grande disponibilité.
- Les managers
Maximisez vos ressources internes. C’est d’une logique toute mathématique :
plus il y a de personnes chargées des relations avec les universités et les
écoles, plus le rayon d’action s’agrandit.
Selon leurs passés, suivant leurs affinités respectives, ils définissent le profil
de leurs interlocuteurs dans les écoles : bureau des « anciens », bureau des
élèves, directeur, professeur, secrétaire de promotion, etc.
Néanmoins, ces différents ambassadeurs doivent prendre garde à la manière
dont ils communiquent. Le jargon financier ou informatique n’est pas
forcément le meilleur s’il s’agit, par exemple, de valoriser l’entreprise auprès
d’étudiants d’écoles de commerce ou, a fortiori, d’écoles d’art.
- Les salariés
L’intérêt pour les étudiants d’entrer directement en relation avec des salariés
de l’entreprise via les réseaux sociaux s’est fortement accru. L’entreprise ne
peut espérer faire de ses salariés des prosélytes visant à dynamiser sa
communication de recrutement puisqu’il s’agit d’un espace privé, mais elle
peut les informer sur les distinctions à faire entre « Parler de son entreprise »
et « Parler au nom de son entreprise ».
TABLEAU 3.8 – MODES DE RELATIONS AVEC LE MONDE ÉTUDIANT
Classique Moderne
Définition Un salarié de Organisé sur le campus. Une entreprise vient se Convention ou jumelage
l’entreprise donne des Présentation de plusieurs présenter à la tribune d’une entre une entreprise et
cours ou participe à dizaines d’entreprises (100 grande école, d’une une grande école sur la
des tables rondes sur maximum) face aux élèves université. base d’un programme de
des thèmes proches de d’une ou de plusieurs écoles. recherche-
son activité développement.
professionnelle. Il
évoque incidemment
le cas de l’entreprise.
Avantages
Riche : Audience : les Ciblé : le profil du Ambitieux
dispense une étudiants se déplacent public est connu, échanges au plus
information volontiers. Le forum homogène. haut niveau, dans
complète. représente pour eux Rentable : le domaine de la
Efficace : une économie de l’entreprise a toute haute technologie.
l’orateur temps car ils voient liberté de parole Prometteur
communique plusieurs entreprises dans le temps qui découverte de
son savoir- à la fois et peuvent lui est imparti. talents, ébauche
faire et diffuse ainsi comparer. Contact de masse. de véritables
une image fine Occasion de relations de
de l’entreprise. multiples contacts. travail.
Rentable : fait
coller l’offre
de compétence
à la demande
de l’entreprise.
Quand les
étudiants
postulent, ils
se déterminent
en
connaissance
de cause.
Inconvénients
Coûteux en Confus : l’entreprise Formel : il y a d’un Rare en France
temps : est une parmi tant côté les étudiants (contrairement
préparation d’autres. (dans la salle), et de aux États-Unis) :
+ présence Grossier : l’entreprise l’autre les il y a ici une très
+ suivi des ne peut faire une représentants de nette coupure
élèves. présentation détaillée. l’entreprise (à la entre les sphères
Difficile : tout Superficiel : tribune). économique et
le monde n’a Réducteur : universitaire.
pas un talent les contacts Long : requérant
de pédagogue.
sont rapides, la plusieurs années,
l’entreprise ne
le plus présentation peut pas tabler sur
souvent de des retombées
immédiates.
formels. l’entreprise
reste
schématique.
Bilan
Une formule C’est une bonne Un passage obligé Démarche fine et
fine, durable amorce. Un moyen pour les grandes patiente, réservée
mais utile, mais entreprises. aux grandes
contraignante : insuffisant. C’est la formule qui entreprises.
les candidats- L’entreprise se développe le Un média
professeurs ne plus. Elle fait partie
se précipitent doit du processus de interactif,
pas ! Il faut recrutement sur le
aimer ça.
maximiser ses campus.
sophistiqué.
chances : s’y Il est indispensable
de choisir des
préparer avec intervenants de
soin, c’est-à- qualité.
dire travailler
son stand, sa
brochure ;
penser aux
meilleurs
angles
d’attaque
pour ses
interventions ;
trouver les
moyens pour
se différencier
de la
concurrence.
Classique Moderne
Avantages
Relations Facile : demande une Un extraordinaire vecteur
personnalisées, en organisation légère. d’image pour l’entreprise.
situation réelle. Instructif : Une formule intelligente
Directement familiarisation avec tablant sur le long terme.
utilisable : les l’esprit, l’atmosphère Un observatoire hors pair : les
superviseurs d’une entreprise. mêmes élèves sont confrontés à
arrivent des situations différentes dans
rapidement à la même entreprise. Au final,
évaluer le l’entreprise connaît leurs points
potentiel forts, leurs capacités
du stagiaire. La d’adaptation, leurs affinités,
perspective, à plus leurs dons et les élèves savent
ou moins long s’ils aimeraient travailler dans
terme, est une l’entreprise, et dans quel cadre.
éventuelle C’est un vivier au sein duquel
embauche. seront repérés les meilleurs.
Inconvénients
Restreint : Limité : ne pas Formule qui demande une
l’entreprise ne s’attendre à déplacer logistique lourde (pour ce qui
peut accueillir les foules. est de l’organisation) et une
qu’un nombre capacité d’accueil importante.
limité de Elle est souvent relayée par les
stagiaires. chaires d’enseignement type
Contraignant : un LVMH (Essec) ou Auchan
stage n’a d’intérêt (Reims) qui permettent
– pour l’entreprise d’accéder à des étudiants de
et pour l’étudiant manière sélective.
– que s’il est bien
organisé. Le
stagiaire se voit
confier une
mission précise,
est suivi par un
parrain, rédige un
rapport terminal.
Risqué : si
l’entreprise se
trompe dans sa
sélection, elle
perdra du temps
sur de « mauvais
chevaux ».
Bilan Formule intéressante pour N’organisez de journées Une technique idéale pour les grands
les deux parties à portes ouvertes que si vos groupes, à forte renommée.
condition que l’entreprise établissements sont implantés En réalité, peu utilisée, voire
soit prête à chaperonner près d’une université rarissisme.
le stagiaire. (quelques dizaines de
kilomètres maximum) ou
alors prévoyez des facilités de
transports. C’est une formule
relativement peu pratiquée.
L’ESSENTIEL
Section 1
LA COMMUNICATION ÉVÉNEMENTIELLE
– Elle vise un public direct, celui présent à la manifestation, et un public indirect, celui
qui est atteint par l’intermédiaire des relations avec la presse.
– Les outils de base sont la check-list qui identifie l’ensemble des opérations à
accomplir, et le retro-planning qui les ordonne dans un ordre chronologique inversé,
c’est-à-dire en partant du jour même de l’opération.
– On distingue des formules classiques d’événements (inaugurations, portes ouvertes,
conventions) et des formules qui visent l’originalité.
Cadeaux d’entreprise
Le Snapo, Syndicat national de la publicité par l’objet, 5 rue du Mail – 75002 Paris –
Tel. : 01 42 33 43 26.
Le Syprocaf, Syndicat des producteurs de cadeaux d’affaires et d’objets publicitaires,
10 rue de Chateaudun – 75009 Paris – Tél. : 01 40 82 71 27 – www.syprocaf.fr
Salon Affaire de cadeaux : le salon des cadeaux d’affaires et objets publicitaires.
Contact : 01 41 18 86 28 – http://www.affaire-de-cadeaux.fr
Tir Groupé. Sodexo Solutions de motivation – 19 rue Ernest Renan – 92022 Nanterre
Cedex – Tél. : 08 25 60 20 20 www.tirgroupe.fr
Promocadeaux : plateforme de communication regroupant fabricants, importateurs et
distributeurs d’objets publicitaires et de cadeaux d’entreprises : 27 000 références –
www.promocadeaux.com
Objets publicitaires : www.fip-objetpub.com, www.lagardere-france.com
Salons professionnels
Chambre de Commerce et d’industrie de Paris, Direction des Congrès et salons,
27 avenue de Friedland – 75008 Paris – Tél. : 08 20 01 21 12 - www.ccip.fr
CNIT Paris La Défense, 2-4 place de La Défense – 92053 La Défense – Tél. :
01 40 68 22 22 - commercial@viparis.com
Fédération française des métiers de l’exposition, 10 rue du Débarcadère – 75852 Paris
Cedex 17 – Tél. : 01 40 55 13 60 – www.ffm2e.info
Ministère du budget, des comptes publics et de la fonction publique, 139 rue de Bercy
75012 paris - Tél. : 01 40 04 04 04.
Ministère des PME, Direction du commerce extérieur, 207 rue de Bercy, Tour Mattei
– 75572 Paris Cedex 12 – Tél. : 01 44 87 19 63.
Foires, salons & congrès de France, 11, rue Friant – 75014 Paris –
Tél. : 01 53 90 20 00 – infos@fscef.com - http://www.foiresalon.com
Viparis est le gestionnaire des dix principaux centres de congrès et lieux d’exposition/
événements/spectacles de Paris-Ile-de-France : Carrousel du Louvre, Cnit Paris La
Défense, Espace Champerret, Espace Grande Arche, Le Palais des Congrès de Paris,
Le Palais des Congrès d’Issy, Palais des Congrès de Versailles, Paris Le Bourget, Paris
Nord Villepinte, Paris Porte de Versailles. Tél : (0)1 40 68 22 22 –
commercial@viparis.com - http://www.parisexpo.fr- Contact : infosalons@ccip.fr
– Palais des Congrès de Paris, 2 place de la Porte-Maillot – 75853 Paris Cedex 17 –
Tél. : 01 53 81 78 09 – www.parisexpo.fr
– Parc international d’expositions de Paris-Nord Villepinte – BP 68004 95970
Abbeville-la-Rivière – Tél : 01 40 68 22 22 – http://www.viparis.com
– Paris Expo Porte de Versailles, place de la Porte de Versailles – 75015 Paris –
Tél. : 01 40 68 22 22 – www.parisexpo.fr
– Reed expo France : 52-54, quai De Dion-Bouton – 92806 Puteaux –
Tél. : 01 47 56 50 00 – www.reedexpo.fr.
– Promosalons, Comité pour la promotion des salons français à l’étranger, 45 avenue
Georges V – 75008 Paris – Tél. : 01 53 23 92 22.
– AFD, Alliance française des designers, 121 rue Vieille-du-Temple – 75003 Paris –
www.alliance-francaise-des-designers.org
– Portail des sites et événements professionnels, www.salons-online.com.
2. Nous entendons par là, architecture des bâtiments et aménagement intérieur des locaux.
3. Ces conseils concernent au premier chef les agents d’accueil.
4. Source : France Pub.
5. Le premier Salon de l’Automobile vit le jour en 1898, celui des Arts Ménagers en 1923.
6. Se reférer à « Pour en savoir plus », en fin de chapitre.
7. Le matériel de démonstration doit être en bon état. Il y aura toujours quelqu’un sur le stand capable
de le faire marcher.
8. Un bon agent d’accueil doit connaître l’entreprise, ses produits, afin de pouvoir répondre aux
questions de base des visiteurs.
9. Quelques trucs faciliteront la personnalisation des relances : sur stand, outre les coordonnées des
visiteurs, les agents d’accueil inscrivent systématiquement l’objet de leur visite. De même, les
représentants de l’entreprise inscrivent au dos des cartes professionnelles « récoltées » le thème des
propos qu’ils ont échangés avec ladite personne.
10. Ce terme est entendu au sens large. Il comprend les universités, les grandes écoles, les écoles
d’ingénieur et de gestion, les établissements de troisième cycle, etc.
11. Pour chaque famille, nous distinguerons les actions classiques des techniques plus nouvelles.
12. Nous ne développons pas davantage ces techniques : elles sont largement traitées dans le chapitre
consacré aux techniques de parrainage.
Chapitre 4
La communication
digitale
n l’espace de quelques années, Internet est devenu le lieu
Sommaire
1
INTERNET OU L’ENTREPRISE OUVERTE
Internet est à la fois un canal d’information, un lieu d’échanges et un
circuit de distribution. Il permet d’informer autrement avec moins d’intrusion.
Le Web permet une communication totalement interactive puisque
l’entreprise peut adresser ses messages à l’internaute, celui-ci peut
l’interpeller et débattre avec elle. L’internaute peut s’abonner aux actualités
de l’entreprise via les newsletters, les flux RSS et les comptes sur les réseaux
sociaux, notamment via la page Facebook ou le compte Twitter. La
communication digitale a brisé les catégories étanches de communication
ascendante ou descendante par l’organisation d’un flux permanent et
interactif. Elle offre ainsi aux entreprises un média personnalisé et modulable,
dans une logique de marketing interactif global. « Pour nous, le Net est le
nouveau média marketing complet qui permet à la fois de faire de la
communication d’image, du marketing one-to-one et de fidéliser », affirmait
déjà en 1997 le responsable marketing et communication de Microsoft2.
Internet et ses déclinaisons offrent une palette d’outils que l’on peut
rassembler en quatre familles : le site web, le courrier électronique, la
bannière publicitaire et la présence sur les réseaux sociaux. Ces moyens
interagissent, créant une véritable dynamique. Les bannières publicitaires
renvoient l’internaute vers le site web de l’entreprise et celui-ci indiquera par
des icones les réseaux sociaux sur lesquels l’entreprise est présente.
Nous passerons en revue chacun de ces outils avec une approche très
pragmatique : à quoi servent-ils et comment les utiliser au mieux pour la
communication d’entreprise ?
Attention :
– le référencement du site est fortement dépendant de sa conception. Il faut
éviter de créer un site puis de s’interroger sur son référencement. À l’inverse,
il est conseillé d’intégrer la problématique du référencement le plus en amont
possible ;
– on ne peut se contenter de concevoir un site web, il faut aussi en assurer la
maintenance : mise à jour des informations, réponse au courrier, etc. Un site
doit sans cesse évoluer en contenu et en fonctionnalités et cette régie doit être
envisagée en termes logistique et budgétaire. Il faut également prévoir
l’utilisation du site adaptable au smartphone ou à la tablette pour
éventuellement proposer des applications spécifiques.
Exemple
Le site de la Société Générale, entièrement conçu en relation avec l’identité visuelle du groupe (le
code couleur noir et rouge), offre à l’internaute de multiples liens en fonction de ses centres
d’intérêt. Le passionné de rugby, sport parrainé par la banque depuis 1987, y trouvera un espace
dédié et se prolongeant par des comptes Twitter ou Facebook
paramourdurugby, comprenant un nombre considérable de choix : actualités, quiz, jeux, goodies,
blogs, résultats.
L’amateur d’art découvrira les collections artistiques avec un zoom sur les nouvelles acquisitions.
L’analyste financier pourra lire des études économiques mensuelles sur la croissance économique,
les prix du carburant, etc. Le site comprend aussi un blog « SGénération » dont l’ambition est de
« laisser s’exprimer les gens qui font le groupe ».
Publics spécialisés : analystes financiers, Pages dédiées par type de Sur adresses dédiées :
journalistes public : (ex. :
– revues de presse pour Relationspubliques@entreprise.com.fr)
journalistes ; Courriers directs
– comptes annuels et cours Forums de discussion
Les boîtes aux lettres peuvent être relevées sur téléphone portable. On
estime que 80 % des Français disposent d’un téléphone portable et parmi
ceux-ci les deux cinquièmes peuvent se connecter à Internet et donc à leur
messagerie. Cette généralisation de la messagerie sur les smartphones et à un
degré moindre sur les tablettes induit un usage différent. Les messages y sont
plus courts et peuvent donc apparaître plus brutaux. Certes, ces messages sont
accompagnés de la mention automatique – pouvant être désactivée – « envoyé
de mon iPhone », « envoyé de mon HTC »…, mais il est encore plus
nécessaire de se projeter dans l’esprit du récepteur pour éviter toute ambiguïté
liée à l’ergonomie des smartphones.
Exemple
Le groupe EDF compte entre 110 000 et 120 000 postes de travail dont 30 % sont composés
d’ordinateurs portables. 26 000 GSM sont répertoriés, 11 000 PDA (Personal Digital Assistant)
composés principalement de BlackBerry (R) et d’iPhone (R).
« Entre :
• ce que je pense,
• ce que je veux dire,
• ce que je crois dire,
• ce que je dis,
• ce que vous avez envie d’entendre,
• ce que vous croyez entendre,
• ce que vous entendez,
• ce que vous avez envie de comprendre,
• ce que vous comprenez,
il y a neuf possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même. »
Bernard Werber, Encyclopédie du savoir relatif et absolu
Se réserver 3 ou 4 plages horaires exclusives dans la journée pour vérifier ses mails, ne
pas activer les alertes sonores à l’arrivée des mails et travailler en mode hors connexion.
Et, si vous souhaitez tout de même recevoir les messages de certaines personnes très
importantes, utilisez le logiciel Emailtray.
Utiliser des codes couleur pour indiquer le niveau d’importance et le degré d’urgence d’un
message (sans abuser des niveaux prioritaires), ainsi que pour identifier les messages dont
vous êtes le destinataire principal ou en copie (la copie impliquant qu’il n’y a pas de
réponse à apporter au message).
Créer des listes de diffusion et des réponses types.
Utiliser avec modération les fonctions « copie » et « copie cachée ».
Envoyer vos messages uniquement pendant les heures de travail (les enregistrer en
brouillon si nécessaire).
Indiquer un objet clair et un seul sujet par mail.
S’interroger sur la pertinence du média de communication utilisé : lorsque les niveaux de
compréhension ou d’interaction sont élevés ou lorsqu’il y a risque de mauvaise
interprétation ou de conflit, préférer le téléphone ou le face-à-face.
L’avenir de la messagerie électronique passe désormais par les logiciels d’analyse sémantique qui
scrutent le contenu de vos mails et vous rappellent ceux auxquels vous devez répondre et ceux
pour lesquels vous attendez une réponse (comme Kwaga) mais aussi par l’élaboration collective
en interne de règles d’échange formalisées dans une charte d’utilisation de l’e-mail et applicables
à tous. Enfin, la mort de l’e-mail est annoncée à 10 ans, les jeunes lui préférant d’autres outils tels
que la messagerie instantanée et les réseaux sociaux. Le temps réel risque bien à terme de détrôner
le mail… »
* Chiffre issu d’une étude du Laboratoire CREPA - Paris Dauphine - 2005.
Caroline Sauvajol-Rialland, maître de conférences associée à l’Université Catholique de
Louvain et à Sciences Po Paris et fondatrice de So Comment, cabinet conseil en gestion de
l’information.
SECTION 2
L’ENTREPRISE 2.0
LES AUTRES MODES DE RELATIONS DE
1
L’ENTREPRISE SUR LE WEB
La relation de l’entreprise avec ses différents publics se situe bien au-delà de
son site web et de ses échanges électroniques. L’arrivée et la généralisation
immédiate du Web 2.0 à partir de 2005 ont fortement révolutionné le mode de
relation sur le Web. Alors qu’il y a 4-5 ans on parlait encore du Web comme
simple mise en ligne de documents, c’est toute une présence qui doit se
repenser autour de l’apport essentiel du Web, l’échange et la participation.
Ces échanges peuvent prendre plusieurs formes.
LES BLOGS
À l’origine, le blog (contraction de web log) est une initiative personnelle. Le
blog de Michel-Édouard Leclerc est le plus célèbre et il a prouvé son
efficacité en période de crise : confronté en novembre 2005 à une crise grave
ayant entraîné des hospitalisations dues à la mauvaise qualité des steaks
hachés vendus dans l’un de ses magasins, Michel-Édouard Leclerc a utilisé
son blog comme l’un des outils principaux pour communiquer sur ce sujet.
Exemple
« Au-delà des lignes » est un blog réalisé par RTE, le gestionnaire français du réseau de transport
d’électricité à haute et très haute tension. Opérateur b to b, RTE a lancé un blog en 2010, pour
ouvrir les métiers et les enjeux du transport d’électricité à un large public. Celui-ci attire
mensuellement près de 15 000 internautes. Les nombreuses clés d’entrée, qui permettent de
découvrir les articles par date, thème, cible ou lieu géographique, sont valorisées par une ergonomie
simple et une mise en page soignée. Trois nouveaux contenus d’information sont mis en ligne
chaque semaine, et le blog organise une animation trimestrielle généralement sous forme de jeu
concours interactif pour faire participer et interagir avec les internautes. Pédagogie et proximité sont
les maîtres mots de cette activité éditoriale et pédagogique. Et pour soutenir la curiosité des lecteurs,
l’information est illustrée de clips vidéos, de nombreuses photographies, de cartes… Ce blog a été
primé, dans sa catégorie, en novembre 2011 comme meilleur blog d’entreprise aux Digital
Communication Awards de Berlin.
Extrait du site audeladeslignes.com
Quelques chiffres
Selon l’étude « L’état de la blogosphère » publiée en septembre 2011 par Technorati, la plupart des
blogueurs sont des amateurs publiant irrégulièrement. Seuls 11 % publient quotidiennement et 5 %
sont des blogs d’entreprise. On estime qu’il existe plus de 150 millions de blogs dans le monde.
Figure 4.1 – Panorama 2012 des médias sociaux de Frédéric Cavazza (FredCavazza.net)
Comme elles ont pu le faire au démarrage d’Internet dans les années 1990
en se servant de leur site web comme d’une simple vitrine, les entreprises
présentes sur les réseaux sociaux y participent activement à raison de 27
tweets et 4 messages Facebook par semaine. En outre, les fonctions de
commentaires sont aussi utilisées, ce qui signifie que l’entreprise a compris
qu’il était nécessaire de participer activement aux échanges. Parmi les
entreprises françaises les plus actives sur Twitter, on note Renault, Orange,
Carrefour, PSA. Parmi celles qui ont le plus de fans sur Facebook, figurent
Chanel, Louis Vuitton, Oasis, Nesquik, L’Oréal, TF1.
La communication digitale est
Twitter
d’abord une affaire de marketing Twitter
plus que de communication - 25 % des utilisateurs font 90 % des tweets
corporate si l’on observe tout à la (message envoyé via Twitter)
fois les actions réalisées, mais aussi - 47 % de comptes Twitter ne sont pas en service
le rattachement du pilotage de
l’action. Celui-ci est d’abord le fait du département marketing plutôt que de la
direction de la communication. À observer les entités présentes sur les
réseaux, il est vrai qu’on y constate plutôt des noms de marques que des noms
d’entreprises.
La communication digitale permet en effet de nombreux avantages tant pour
les publics de l’entreprise que pour celle-ci. Dans les deux cas, l’accès à
l’information, sa mise à disposition gratuite et instantanée sont au cœur du
dispositif. L’entreprise réduit ses coûts de communication et se place dans
une optique de satisfaction client qu’elle peut mesurer rapidement.
Pour être efficace sur les réseaux, l’entreprise doit respecter certains codes.
Elle doit déjà connaître ses publics présents et leurs attentes.
Exemple
EDF a recensé l’ensemble des lieux digitaux où l’entreprise pouvait intervenir. Elle a repéré 1 453
sites reliés par 12 216 liens et répartis en sept groupes : politique, loisirs, féminin, agora,
environnement, marketing et technologie.
En 2011, l’entreprise avait élaboré toute sa stratégie digitale autour des six axes suivants :
Source : EDF
Exemples
Accor est un bon exemple d’une stratégie réfléchie de présence sur les réseaux sociaux. L’entreprise
est présente sur Facebook pour montrer l’actualité du groupe à ses 22 000 fans. Elle y met en ligne
des informations sur ses événements, des galeries de photos à thème (la piscine du groupe Accor, les
lits dans les chambres, des chaises), mais aussi ses ouvertures d’hôtels et certaines rencontres avec
des clients particuliers. Le ton est en correspondance avec le public présent, plus jeune, plus décalé.
La marque Accorhotels développe également sa page devant ses 72 000 fans mais dans une optique
délibérément plus commerciale. Enfin, le club Accor montre des offres réservées aux adhérents du
programme de fidélisation et chaque marque, Sofitel, Ibis, All Seasons, possède également sa page.
Le groupe est présent sur Twitter sur le compte @accorhotels pour dévoiler les promotions et les
offres commerciales. Il n’existe pas de compte Twitter corporate car le groupe estime que Facebook
est plus adapté à une communication de crise que le site de micro-blogging.
Air France possède de nombreux sites mais avec une visibilité spécifique pour chacun d’entre eux.
L’entreprise est présente sur Facebook pour proposer des offres particulières ou des jeux concours à
ses près de 600 000 fans. Une page musicale est également offerte, Air France Music. Le compte
Twitter @AirFranceFR possède des actualités dans une perspective interactive avec la volonté de
répondre au maximum aux questions posées. 120 000 followers sont inscrits sur ce compte.
Les Français sont aussi très actifs sur les réseaux et l’on estime le temps
passé désormais équivalent à celui des messageries électroniques, c’est-à-dire
5 heures par semaine. L’internaute français dispose en moyenne d’une
centaine d’amis sur Facebook (233 en Malaisie, 29 au Japon). Certains
auteurs comme Stefana Broadbent4 mettent en garde contre une approche
purement quantitative. Nous pouvons avoir un grand nombre d’amis sur
Facebook, nous ne commentons les messages que de 5 à 10 % de nos amis.
Selon elle, « la nature publique du réseau social fait de lui le moins
impliquant et le moins astreignant des canaux. »
Pour les entreprises, l’intérêt des réseaux sociaux est multiple, elles peuvent
utiliser le 2.0 pour leur réputation digitale, à la fois en renforcement de leur
image mais aussi pour le monitoring, la veille et l’inclure comme outil dans
leur panoplie de marketing. Le marketing viral, appelé aussi buzz marketing,
provient de cette idée que toute information mise en ligne peut être fortement
amplifiée par la communauté des internautes en raison de la facilité de
partage d’une information.
Exemples
La célèbre campagne de Tipp-Ex « A hunter shoots a bear » a ainsi attiré près de 20 millions de
personnes.
La campagne « Les imperturbables » de Primagaz, particulièrement originale et inédite, présentée
sur la chaîne YouTube de la marque, avait pour objectif de proposer une façon originale, innovante
et ludique de faire connaître à tous ses solutions énergie gaz : du chauffage à la combinaison
d’énergies en passant par la cuisson ou la production d’eau chaude. Entre septembre et
novembre 2011, la chaîne Primagaz a connu près de 750 000 visites et plus d’1,6 million de vidéos
furent visionnées pour un temps d’exposition moyen à la marque de 7 minutes. Le concept était de
permettre aux internautes de créer leur propre spot de publicité en glissant sur l’écran des éléments
de la page YouTube afin d’influencer le cours de l’action. Ces vidéos furent primées aux « e-
marketing Awards 2012 ». Les ressorts de la viralité sont l’interaction, la participation,
l’émotion/l’humour et la gratification.
On observe ainsi que les campagnes les plus réussies sont celles qui font
participer l’internaute ou qui le divertissent. Une publicité traditionnelle
télévisée est rarement un succès digital. À l’inverse les publicités réussies sur
le 2.0 ont été conçues pour être spécialement adaptées au format web, comme
les campagnes Blendtec ou Primagaz.
Être présent sur les réseaux sociaux n’est pas un objectif en soi. Encore faut-
il savoir ce que nous voulons y dire et ensuite quelle différence nous devons
opérer entre les multiples réseaux. Le site web est un outil dont l’entreprise
possède la maîtrise totale du contenu, il en est de même avec le blog
puisqu’elle peut modérer les posts des internautes. La modération est plus
délicate sur Facebook et elle est impossible sur Twitter. Sur Facebook, le
sentiment communautaire est plus important ; à l’inverse, tout ce qui est
publié sur Twitter est public. Sur Twitter, un statut a une durée de vie
extrêmement brève (quelques secondes) puisqu’il s’inscrit dans un flux
conversationnel. Il est donc nécessaire d’organiser sa présence afin que les
mêmes messages ne soient pas répétés de manière similaire sur les différents
réseaux.
Exemple
Thierry Lartigau, responsable communication digitale chez RTE, présente le dispositif suivant :
TABLEAU 4.2 – LES MODES DE COMMUNICATION SELON LES RÉSEAUX, L’EXEMPLE RTE
Blog Corporate Tous les internautes via les moteurs de recherche De la pédagogie, mais
(objectif annexe de référencement sur les mots clés plus informelle
liés au transport d’électricité)
Simplicité et lisibilité
Par ailleurs, RTE possède également des sites thématiques. Ceux-ci peuvent concerner un thème
sensible comme celui des champs électriques et magnétiques cledeschamps.info, soit de manière
ponctuelle pour présenter un projet de construction d’ouvrage de transport d’électricité.
Exemple
Chez BNP Paribas, on retrouve le même souhait de complémentarité et de cohérence. Le site web
bnpparibas.com est le pivot central du dispositif digital et offre une information exhaustive au sein
de rubriques comme « Nous connaître », « Investisseurs » ou « Histoire ». Le public est fort varié et
le site est conçu pour les journalistes, actionnaires, candidats, mais aussi pour les clients et
prospects. Pour des communications visant davantage la proximité, la banque développe des
applications comme Dr Job, du coaching pour préparer les entretiens de recrutement, ou encore
backstage.bnpparibas.com, une plate-forme d’échange sur la vie de l’entreprise et les process de
recrutement. Par ailleurs, le blog pourunmondequichange.com donne la parole à plus de 250 auteurs
qui publient leurs initiatives soutenues par la banque. L’utilisation de YouTube pour la vidéo, des
médias sociaux, la prise en compte des tablettes, tout cela est nécessaire pour une entreprise présente
dans 80 pays et pour laquelle la cohérence de la marque est indispensable. À noter que l’entreprise
mentionne sur son site sa large présence sur les médias sociaux, notamment sur Twitter, Facebook,
LinkedIn, Flickr, YouTube, et Pinterest, ainsi que quelques-unes de ses applications mobile et iPad,
telles que EcoNews, l’actualité économique en vidéo. BNP Paribas a également lancé sa première
webradio sur le cinéma : seanceradio.com/.
Il en est de même pour Orange où, en dehors de la page officielle Facebook ou du compte Twitter, il
existe une vingtaine de comptes dédiés à des domaines spécifiques comme le SAV 2.0, le relais des
offres ou même les pages des boutiques physiques. Des sites et comptes ciblés sur des opérations
spéciales complètent le dispositif à l’exemple de le12emehomme.com, site web complété en flux
RSS, Facebook, minutebuzz et Twitter axé sur le monde du ballon rond.
L’E-COMMERCE
3
La vente sur Internet a explosé depuis le début des années 2000 en
relation avec la sécurisation des transactions en ligne. On estime désormais
que 30 millions de Français achètent sur Internet (contre 21 millions en 2008).
Les internautes sont plus nombreux à acheter et ils achètent plus souvent.
42 % des internautes ont acheté en ligne le mois précédent. Le chiffre
d’affaires en France continue de s’accroître avec 31 milliards d’euros contre
20 milliards en 2008. La filière représente 60 000 emplois. Si l’on estime à
plus de 80 000 les sites marchands actifs en France, seuls 700 enregistrent
plus de 10 000 transactions par mois. Cette filière peut encore largement
progresser puisqu’elle est en France moitié plus faible qu’au Royaume-Uni.
On peut émettre l’hypothèse que le renchérissement du prix des carburants
pourra encore inciter au service de courses à domicile pour lequel le montant
de la transaction moyenne se situe autour de 91 euros.
TABLEAU 4.3 – LA SITUATION DE L’E-COMMERCE EN FRANCE
Les dix sites d’e-commerce les Le chiffre d’affaires de l’e- Les produits ou services les plus
plus visités commerce achetés en ligne
4
LA PUBLICITÉ ON LINE
Les bannières sont des bandeaux publicitaires, en général interactifs.
Elles sont insérées dans les pages d’information d’un site, d’un blog, d’un
réseau social, comme l’est la publicité dans un journal, avec l’interactivité en
plus. La liberté est laissée à l’internaute de cliquer ou non sur une icône
publicitaire et d’accéder ainsi au site publicitaire de l’annonceur ou sur une
page d’information.
Plus insidieusement, la publicité peut aussi apparaître au milieu de l’écran
de manière à assurer un maximum de visibilité à la marque. Cette publicité,
appelée pop-up, dure quelques secondes. L’internaute peut la supprimer dès
son apparition en cliquant sur un onglet « fermer », généralement représenté
par la lettre X. L’objectif de l’entreprise est bien évidemment de convaincre
l’internaute de cliquer sur son bandeau publicitaire. Comment ? La réponse
est unanime : communiquer autour d’un thème fédérateur, offrir un service et
ensuite un produit. Internet devient ainsi un média complémentaire des
supports publicitaires traditionnels.
Exemple
Quand la marque de jeans Levi’s lance un spot TV, elle le soutient sur le Net. Comment ? Une icône
clignote sur le menu du site choisi. Si l’internaute clique dessus, il découvrira l’émetteur de l’image
– en l’occurrence Levi’s – et les images du film.
La difficulté pour la publicité on line réside dans son caractère parfois trop
intrusif. Selon l’enquête de juin 2011 (Atelier BNP Paribas/Ifop), la publicité
en ligne est jugée moins créative par 62 % des internautes et 69 % la
considèrent plus intrusive. La publicité comportementale est plus discrète
mais suscite également de nombreux débats. Elle consiste à proposer des
publicités en rapport avec les centres d’intérêt de l’internaute en fonction de
sa navigation sur le Web.
C’est pour éviter des dérives liées à une absence de réglementation que
l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) a publié en
décembre 2010 une recommandation relative à la publicité digitale. Cette
recommandation précise que « la publicité doit pouvoir être clairement
identifiée comme telle » et que « tout annonceur, émetteur d’une campagne de
communication publicitaire digitale doit être aisément identifiable ». Elle
porte également une attention particulière à la protection des enfants et des
adolescents sur Internet afin d’éviter que ceux-ci ne souscrivent indûment à
des services payants et prend en compte le confort d’utilisation pour dissuader
les pop up trop intrusifs. Le poids, les dimensions, l’intensité sonore et la
durée doivent être raisonnables selon les termes de cette recommandation.
5
LES NOUVELLES FORMES DE
COMMUNICATION ÉLECTRONIQUE
En l’espace d’une quinzaine d’années, la communication d’entreprise a subi
trois grandes évolutions liées à Internet.
Les ordinateurs portables, notamment les ultra légers, ont permis un accès
quasi permanent et la tendance fut amplifiée avec les smartphones et les
tablettes. Rapidité, ergonomie et mobilité deviennent des critères d’autant
plus prédominants que les téléchargements sont équivalents et que les
puissances de calcul atteintes par les microprocesseurs permettent de répondre
aux attentes. Selon certaines prévisions, il devrait se vendre à partir de 2016
dans le monde davantage de tablettes que d’ordinateurs portables. C’est en
fait une gigantesque reconfiguration de l’espace domestique et de la relation
entre l’espace public et privé qui s’opère. L’écran de télévision devient écran
d’ordinateur, la tablette permet de multiples usages et se répand dans
certaines professions (immobilier, finance, distribution, services publics), les
smartphones permettent des applications de monétarisation et l’ensemble
s’interconnecte sans nécessaire synchronisation ni problème de capacité de
mémoire avec le cloud computing. On considérait à la fin 2011 qu’un
possesseur de mobile sur deux disposait d’une connexion Internet sur son
téléphone alors qu’ils n’étaient que 34 % en 2009. En dehors de la lecture de
la messagerie électronique, on observe que la fréquence d’utilisation s’accroît
fortement, avec dorénavant une moyenne de 3,4 connexions par jour, ce qui
représente un doublement par rapport à l’année précédente. Les sites mobiles
les plus fréquentés concernent les supports d’informations générales, ceux
fournissant des données sur la météo et le trafic, les réseaux sociaux ou les
jeux. L’utilisation de l’Internet mobile apparaît complémentaire d’autres
activités ; ainsi, 1/4 des mobinautes se connectent en regardant la télévision et
d’ailleurs 81 % utilisent la vidéo sur leur mobile et certains, surtout parmi les
plus jeunes, ne regardent la télévision que sur leur mobile. La géolocalisation
n’effraie pas puisqu’elle représente avant tout une opportunité pour obtenir de
bons plans en matière d’offres promotionnelles ou de bonnes adresses dans un
quartier. La plupart des grandes entreprises ont développé des versions de leur
site pour faciliter la lecture en version mobile et la quasi-totalité d’entre elles,
des applications pour smartphones et tablettes comme EDF, Total, Auchan,
Renault, Accorhotels, voire des applications spécifiques comme BNP Paribas
qui en propose une dizaine adaptées à différentes attentes.
Le bon community manager est donc une perle rare qui doit réunir les dix
qualités suivantes :
Être réactif ;
Posséder un réel talent d’animation et souvent de médiation ;
Être capable de bien rédiger ;
Être curieux et créatif ;
Être à l’écoute dans le dialogue ;
Identifier les acteurs influents ;
Adopter un ton adapté tout en étant sincère ;
Avoir une approche marketing tout en étant à l’avant-garde des
avancées en matière de logiciels ;
Être capable de désamorcer des conflits potentiels ;
Maîtriser parfaitement son entreprise, sa culture et ses produits.
L’essor de la communication digitale a entraîné l’apparition ou le
développement de nouveaux métiers, notamment dans les achats d’espace en
ligne, les relations commerciales avec des sites partenaires, la définition et
l’achat des mots clés, le design des sites et des pages Facebook, le
développement d’applications. On peut imaginer que d’autres fonctions
apparaîtront et que le digital restera pour quelques années un lieu en plein
essor dans la communication d’entreprise.
Les quatre qualités du community manager selon un spécialiste
américain
Selon Jeremiah Owyang, spécialiste de stratégie web à San Francisco, le community manager doit
être :
• Un défenseur des communautés avec qui il dialogue. Il doit écouter mais aussi comprendre ce
qu’expriment les internautes et la réalité de leurs attentes.
• Un évangéliste de la marque ou de l’entreprise. Il doit promouvoir l’image, les produits et les
événements.
• Un professionnel de la communication familier des outils de la communication sur Internet et du
langage utilisé par les communautés qui y sont présentes. Il doit maîtriser les éléments d’une
stratégie éditoriale pour offrir en permanence du contenu de qualité.
• Un vivier de valeur pour l’entreprise. Il doit pouvoir synthétiser l’ensemble des informations reçues
lors de ses conversations sur les réseaux et transmettre aux services compétents ses suggestions
permettant à l’entreprise d’améliorer ses produits et services.
Source : Brian Solis et Deirdre Breakenridge,
Putting the public back in Public Relations, FT, 2010
Le premier concerne le regard posé d’emblée sur une organisation. Lorsqu’elle n’est pas
connue d’un public, l’image renvoyée par une organisation est forgée par les premiers
résultats des moteurs de recherche : titre des pages, description, vocabulaire utilisé.
Le second concerne la construction de l’e-réputation dans la durée qui se destine à un
public qui connaît préalablement l’organisation. Dans ce cas de figure, c’est l’ensemble
des actes, des liens et des commentaires suscités qui construisent l’histoire de
l’organisation. Il s’agit d’une forme élaborée de storytelling (narration), d’un récit qui
s’écrit dans le flux des interactions sur les réseaux sociaux. L’e-réputation demande de
définir un scénario, de déterminer une ligne éditoriale d’autant plus élaborée qu’elle devra
se satisfaire d’une co-écriture du récit final avec les internautes.
7
L’ÉVALUATION D’UN SITE WEB ET DES
RÉSEAUX SOCIAUX
Il existe deux méthodes pour analyser les effets d’un site web :
L’ENTREPRISE 2.0
– Les réseaux sociaux. Nouveau lieu de dialogue entre l’entreprise et ses publics, les
réseaux appellent une communication plus continue, cohérente, adaptée. Ils placent
l’entreprise dans un flot de communication permanent où l’information descend,
remonte et se partage de manière incessante. Ils nécessitent un fort professionnalisme et
une réflexion préalable sur l’organisation, la politique éditoriale, les messages, les
événements et les conflits potentiels.
– L’e-commerce est une tendance structurelle. Sa croissance est interrompue et sa
dynamique plaide pour l’intégration des attentes de consommateurs dans la
communication corporate 2.0 de l’entreprise.
– Les bandeaux publicitaires sont insérés dans les pages d’information d’un site,
comme l’est la publicité dans un support, avec l’interactivité en plus. Cette technologie
induit une toute nouvelle conception de la publicité : d’imposée elle est devenue
proposée, active, et même interactive. Néanmoins, le développement de la publicité en
ligne reste conditionné à la mise en place d’un système de mesure d’audience efficace.
Internet est une galaxie immense et l’entreprise se doit d’être en interaction constante
avec ce qui s’échange en permanence sur les innombrables blogs et réseaux sociaux.
– L’histoire continue à s’écrire et de nouvelles formes de communication électronique
apparaîtront vraisemblablement dans les prochaines années.
– De nouveaux partenaires voient le jour pour proposer leurs services aux entreprises,
la fonction de community manager se développe.
– L’évaluation de l’efficacité des actions de communication digitale se sophistique,
même si elle reste encore largement d’ordre quantitatif.
POUR EN SAVOIR PLUS
1. Quelques ouvrages sur les sites web
Anderruthy J.-N., Web 2.0 – (R)évolutions et nouveaux
services d’Internet, ENI, 2007.
Annet D. et Cornu J.-M., Web et dirigeants, Edipro, 2008.
Chaibi L. et al., Internet Marketing, Elenbi, 2007.
Chu N., Réussir un projet de site web, Eyrolles, 2006.
Crowder D. et al., Concevoir un site web pour les nuls, éditions Pour les nuls, 2011.
Fayon D., Web 2.0 et au-delà, Economica, 2008 (préface et postface de Pierre
Kosciusko-Morizet, Guy Pujolle).
Le site web de David Fayon contient un bon dictionnaire des mots utilisés sur le Web :
http://david.fayon.free.fr.
Greffe X. et Sonnac N., Culture web : création contenu, économie numérique, Dalloz,
2008.
Hardy J.-M. et Palermo G., Réussir son site web en 60 fiches, Dunod, 2010.
Livingstone J., Strauser J. et Dhifallah H., Les Plus Grandes Réussites du site, ESF,
2008.
Niel X. et Roux D., Les 100 Mots de l’Internet, PUF, collection « Que sais-je ? »,
2008.
Shuen A., Web 2.0. A Strategy Guide, O’Reilly Media, 2008.
Sommaire
LA STRATÉGIE DE
COMMUNICATION INTERNE
INTRODUCTION
1
La communication interne englobe l’ensemble des actes de
communication qui se produisent à l’intérieur d’une entreprise. Ses modalités
varient d’une organisation à l’autre. Chacune a ses habitudes : du tutoiement
systématique aux « Monsieur, Madame, » de rigueur ; de la politique des
portes ouvertes aux bureaux clos ; des dialogues informels aux réunions
périodiques, etc. ; et ses outils : journal, radio interne, réseau téléphonique
d’informations, boîte à idées, tableau d’affichage, montages audiovisuels,
intranet, etc.
La communication s’inscrit aussi dans une perspective sociale, répondant
aux attentes d’information – tout aussi irrésistibles que légitimes – des
salariés. On ne peut demander à des hommes de participer à une œuvre
collective en aveugle. Ils ont besoin de comprendre où l’entreprise va, d’être
reconnus pour leurs compétences et d’être écoutés. Une bonne
communication a un effet positif sur le climat interne, sur l’opinion que les
salariés ont de la firme, et donc sur l’image globale de l’entreprise.
L’entreprise a de plus en plus besoin d’entretenir et de développer sa culture
d’entreprise dont dépend fortement son image. Une entreprise comme IBM
possède une culture spécifique qui transcende les particularismes, facilitant
ainsi les contacts internes.
La communication interne fait partie de la dynamique de construction de
l’image, au même titre que la communication externe, les relations presse, ou
l’identité visuelle. L’image d’une entreprise dépend de l’image qu’en
diffusent les hommes qui y vivent : un personnel motivé à l’interne fait une
entreprise aimée à l’extérieur1. L’expérience prouve que les sociétés dont on
dit le plus de bien sont celles dont le personnel, informé, motivé, écouté, peut
répondre aux critiques, expliquer les difficultés, diffuser les succès, vanter les
mérites. En somme, agir en ambassadeur fidèle, crédible et positif.
La communication interne s’est ainsi progressivement imposée comme une
discipline managériale, au même titre que la gestion des ressources humaines.
Exit le management autoritaire, au profit de modèles axés sur la collaboration
dynamique et l’esprit d’équipe. La logique est simple : la communication
interne permet de créer un esprit d’entreprise, de motiver les hommes. Elle
sert donc l’entreprise. Parmi les grands défis de la communication interne,
celui du rétablissement de la confiance semble majeur. Tous les indicateurs
depuis une dizaine d’années démontrent une distanciation forte entre les
salariés et leur entreprise. La communication interne doit donc s’efforcer de
recréer du lien et de la confiance.
Communément pratiquée, la communication interne est souvent mal
maîtrisée. D’une entreprise à l’autre, on retrouve les mêmes erreurs :
transmission pléthorique d’informations, de directives et autres documents,
syndrome de la réunionite, utilisation anarchique des différents supports de
communication, décalage entre les communications interne et externe, piètre
remontée de l’information. Le personnel est trop informé et paradoxalement
mal informé. Comment élaborer sa stratégie de communication interne ?
Quels outils choisir ?
Il faut penser la communication interne, l’organiser. Surtout dans les
grandes entreprises, les voies naturelles ne suffisent plus pour faire transiter
l’information. Il n’existe, certes, pas de recette miracle : ce qui marche ici
risque d’échouer là ; tout dépend de l’entreprise, du secteur auquel elle
appartient, de ses salariés. Notre volonté est de guider votre démarche et de
vous inciter à la plus grande patience. Les résultats d’une politique, aussi
performante soit-elle, ne sont pas instantanément perceptibles : il faudra
attendre quelques mois, voire plusieurs années.
L’AUDIT INTERNE
2
Quelques chiffres
Sur les salariés et l’entreprise :
la surcharge : 51 %,
le manque de participation aux décisions : 47 %.
(IFOP BNP Paribas, octobre 2011)
Je suis attaché à mon entreprise : 50 ( note sur 100)
Je me sens gêné ou nerveux à cause de mon travail : 61 (note sur 100).
(BVA, Les Échos, décembre 2011)
15 % des salariés évoquent leur entreprise sur les réseaux sociaux et 21 % en parlent le plus souvent
de manière négative.
(Vivavoice/Hopscotch, janvier 2012)
1 salarié sur 3 songe à quitter son entreprise.
(Mercer, septembre 2011)
L’enquête publiée le 27 mars 2012 par l’Association Française de Communication Interne (AFCI)
indique que :
La Elle prend le chemin Boîte à idées, sondage, affichage, tribune libre Tardivement reconnue,
communication inverse, c’est-à-dire dans le journal d’entreprise, etc. difficilement maîtrisée, la
ascendante part du « bas » et Moins institutionnalisée, cette information communication
remonte la emprunte surtout des voies informelles ascendante est encore
hiérarchie. directes (échange verbal, tract, lettre ouverte) redoutée par les chefs
ou indirectes (bruits, rumeurs). d’entreprise, voire
négligée :
Est-elle bien nécessaire ?
Ne vient-elle pas troubler
l’ordre général ? Or, elle
se révèle fondamentale,
permettant de connaître
les aspirations des
salariés et de désamorcer
les éventuels conflits ou
tensions.
Facteur de bon climat
social, elle est aussi un
moyen d’améliorer les
performances de
l’entreprise.
d’affichage, etc.)
Objectif Présenter l’entreprise comme un Donner aux salariés les Mettre en valeur la politique
système ouvert et compétitif. moyens de comprendre la managériale de l’entreprise.
manière dont l’entreprise
fonctionne.
Thème Insertion géographique : place Organisation technique : La GRH sous toutes ses facettes.
dans la ville, la région, le pays. chaîne
Conditions de travail.
de production, travail,
Position dans son secteur
machine. Avantages sociaux : aide au
professionnel, par rapport à la
logement, facilités diverses
concurrence. Organisation fonctionnelle :
(notamment pour les mères de
définition des postes,
Pôle de développement, se famille), conseils fiscaux,
organigramme, système
manifestant par une stratégie organisation de voyages.
d’organisation, mode de
globale (parts de marché, chiffre Perspectives : évolution de carrière,
fonctionnement.
d’affaires, résultats financiers). formation.
« Comme ils ne savent pas écouter, ils ne savent pas parler non plus2. »
Avant de mettre sur pied un système de communication interne, il convient
d’écouter et de regarder, pour, ensuite, savoir parler juste et choisir la bonne
courroie de transmission.
Exemple
Croyant en l’idée qu’un salarié satisfait impliquerait un client heureux, IBM effectuait tous les deux
ans une enquête générale d’opinion interne, dans l’ensemble de ses filiales et de ses établissements.
Cette enquête de près de 100 questions a désormais été revue et allégée. Vingt-cinq questions sont
dorénavant envoyées tous les deux mois à un échantillon aléatoire de 6 à 7 % des salariés. Les
thèmes abordés sont : le moral des salariés, des questions spécifiques à chaque entité et des
questions liées à une actualité particulière (nouveaux produits, nouveau concept managérial, etc.).
La situation
Qui informe ?
La direction ? L’encadrement ? Certaines catégories de personnel ?
Dans quel cadre ?
Information officielle et contrôlée ; Information officieuse : bruits de couloir,
rumeurs, tam-tam, etc. ; Information ascendante ou descendante ? Typologie
des moyens d’information utilisés : sont-ils légers (prompts à suivre
l’événement, faciles à manier), ou lourds (diffusion plus espacée, contenu
plus dense) ?
Quand ?
Les flux d’information sont-ils réguliers (à quelle fréquence ?), ou
occasionnels, imposés en certaines circonstances (crise, changement,
urgence) ?
À quel stade du processus de décision interviennent-ils (en phase préparatoire,
ou quand tout est arrêté) ? L’information interne précède-t-elle l’information
externe ?
Les résultats
FOCUS
donner du sens pour que chaque salarié comprenne et s’approprie la stratégie Conquêtes
2015 ;
accompagner les salariés pour qu’ils soient ambassadeurs des principaux produits et services
dans leur pays ;
développer la fierté d’appartenance et l’engagement des salariés.
Chacun de ces objectifs est ensuite décliné en sous-objectifs et prévoit les moyens associés.
LA PLATE-FORME DE COMMUNICATION
3
INTERNE
La communication interne est un investissement lourd, qui demande du
temps, des compétences et des moyens. Elle s’adresse à un public de plus en
plus averti : son niveau d’exigence, ses aspirations ont évolué. Il a besoin
d’être séduit et convaincu. Une mise en forme avenante permet, certes, de
faire passer des messages austères mais ne suffit pas : le contenu importe
autant que l’acte de communiquer. La communication gadget n’ab(m)use plus
personne.
En outre, le programme de communication interne devra être proportionnel
aux ressources dont dispose l’entreprise : une fois passé l’enthousiasme du
début, l’intendance devra suivre. Une PME qui met en place un programme
quotidien d’information n’est-elle pas présomptueuse ? En a-t-elle les moyens
financiers, humains ?
L’ATTRIBUTION DES RESPONSABILITÉS
- Les missions du responsable de la communication interne
Le responsable de la communication interne est, en bonne logique, chargé de
la conception et de la mise en œuvre de la politique de communication interne
de l’entreprise. Il est attendu de lui qu’il définisse la stratégie de
communication interne et en assure la mise en œuvre ; qu’il conçoive les
différents supports d’information ; et qu’il assiste la direction générale et les
autres départements dans la communication interne de leurs projets.
Avantages Riche : s’appuie sur une solide connaissance Harmonieux : homogénéisation des messages internes
des salariés, des valeurs de l’entreprise. et externes.
Fructueux : assure une certaine cohérence Dynamique : l’approche d’un service de
entre les diverses politiques à vocation interne communication externe passe pour être moins austère
( recrutement, management, formation, que celle d’une direction des ressources humaines.
motivation, communication, etc.).
Pragmatique : mise en œuvre de compétences
Fédérateur : assure un lien entre les transversales, selon les techniques utilisées (rédaction,
partenaires sociaux ; permet de déceler et de audiovisuel, événementiel, etc.), et non plus suivant les
résoudre les conflits. publics concernés (interne ou externe).
Dangers Le débordement : leurs démarches et leurs La perte d’autonomie : la communication interne risque
priorités respectives ne s’accorderont pas de n’être qu’une pâle déclinaison des opérations
nécessairement. conçues pour l’externe.
Le classicisme : le mode de communication La mise à l’index : la communication externe pourrait
des DRH est tenu pour austère, sévère. porter ombrage à la communication interne.
Le cloisonnement : les actions couplées
associant les deux formes de communication
(interne et externe) seront plus difficiles à
mettre en œuvre.
Définition Promotion d’un salarié de l’entreprise, dans le cadre de Recrutement d’un candidat extérieur à
la mobilité interne. l’entreprise.
Avantages Sa connaissance du terrain, des hommes, de la culture et Son expertise : c’est un véritable
de l’histoire de l’entreprise. professionnel, détenteur d’une technique
Sa bonne crédibilité interne. et d’un savoir-faire appropriés.
Son ouverture d’esprit, du fait de ses
expériences passées.
Sa virginité dans l’entreprise, garante
d’une certaine neutralité.
Bilan À condition que le candidat interne soit rompu au b.a.-ba Il faut que le candidat ait une certaine
de la communication, lui proposer une formation en connaissance sinon de l’entreprise, du
matière de communication, et/ou l’entourer de moins du milieu professionnel dans
techniciens compétents. lequel elle évolue.
Avantages
Immédiat : Direct : contact Affectif : un Complet :
n’importe qui immédiat, média l’ensemble des
peut écrire. dialogue « chaud », informations
Traditionnel : possible. agréable pour le utiles au salarié
dans les pays Économique : récepteur (cela sont censées y
latins, la diffusion quand ne nécessite pas figurer.
des idées passe l’audience est une écoute très Accessible : en
traditionnellement limitée soutenue de sa tout lieu où il se
par l’écrit. (n’excédant pas part). situe, le salarié
Riche : la une centaine de Maniable : les peut y accéder.
démultiplication personnes). processus de Multiple :
est aisée pour un conservation et archives,
nombre important de documents
de destinataires ; démultiplication récents, notes
dans le temps, font partie du de direction,
dans l’espace. dispositif initial. annuaires,
Efficace : bonne vidéos, le mode
mémorisation. de traitement de
l’information
est varié.
Inconvénients
Traître : ce n’est Imprécis : risque Long : la Onéreux : du
pas parce que l’on de déformation préparation est moins au
peut écrire, que de l’information lourde. Elle lancement et en
l’on sait faire aux deux stades peut être rapide fonction de la
passer un de transmission (vidéo sur complexité du
message. Pour du message l’intranet) mais dispositif.
rédiger un (émission, la qualité peut Inégalitaire :
« bon » message, réception). s’en ressentir. certains salariés
il faut y passer du Volatile : ne Complexe : la n’y ont pas
temps. laissant pas de conception d’accès direct
Dangereux : les trace, l’analyse technique est du (hôtesses de
entreprises « à tête ressort de caisses,
françaises ont reposée » est spécialistes. personnel de
tendance à faire impossible (à Exigeant : conduite, etc.)
crouler leurs moins d’avoir concevoir, puis Complexe : du
salariés sous trop pris soin diffuser les moins parfois.
de documents d’enregistrer le messages À force de
écrits. message). demande un vouloir créer
matériel des entrées
important. multiples,
Onéreux : coût certains
de la intranets
conception, de ressemblent à
la fabrication et des usines à gaz
de la où il n’est pas
duplication. toujours facile
d’atteindre
l’information
recherchée.
Bilan
Fondamental : Indispensable : Limité : du fait Incontournable :
moyen le plus média convivial, de son coût, la la richesse en
classique, le économe, mais duplication fait l’outil
moins coûteux. peu fiable. d’un DVD se central de la
Commode : À encadrer : fait en nombre communication
diffusion tout message limité interne.
illimitée, oral devrait être d’exemplaires.
conservation accompagné Moderne :
parfaite, d’une technologie
consultation information d’avenir
souple (possible à écrite appelée à jouer
tout moment). (complémentaire un rôle
Modulable : ou préparatoire). croissant,
utilisé par les Pourquoi ne pas notamment en
entreprises de distribuer en numérique.
toutes tailles. cours de réunion Imposant :
À limiter : gare les dossiers de convient aux
aux excès ! presse, destinés grandes
à la structures.
communication À suivre :
externe ? aucune
entreprise ne
peut
aujourd’hui
l’ignorer.
SECTION 2
L’ÉCRIT, PIVOT DE LA
COMMUNICATION INTERNE
L’écrit est le premier vecteur de la communication interne : beaucoup de
messages internes de l’entreprise passent encore par des supports de
communication écrits, même s’ils sont désormais transmis sous forme
électronique. Bien utilisé, l’écrit permet de transformer des obligations de
communication (diffusion d’informations, transmission d’ordres, publication
de résultats, etc.) en occasions de contact. Les supports sont extrêmement
divers : tract, note de service, affichage, lettre, journal interne, etc.
À l’entreprise de les utiliser à bon escient, et de gérer strictement
l’ensemble7.
Extrait d’une note de service du ministère de l’éducation nationale du 23 mai 2012
L’INFORMATION COURANTE
1
Nous commencerons par les supports les plus courants (note, rapport,
fiche de synthèse, etc.) : ceux qui diffusent une information brute et sont
utilisés par tous et tout le temps.
LES DOCUMENTS DE TRAVAIL
- La note de service
réduisez le délai entre la rédaction et la diffusion du texte : cela ne dépend pas toujours de vous mais de la
lourdeur des processus de validation, aussi veillez à être toujours dans l’actualité ;
si des incidents de parcours (panne de photocopieuse, coupure d’un week-end) vous obligent à différer,
veillez à modifier la date du document (que l’information n’ait pas l’air périmée). Et, surtout, assurez-vous
que le message soit toujours pertinent.
EFFICACITÉ
La lecture du document peut se faire dans un environnement « tourmenté » : à toute vitesse, sur des messageries
encombrées, perdue au milieu de multiples autres informations. Guidez votre lecteur par :
Une rédaction efficace
CONSERVATION
Pensez à conserver l’information. Pour ce faire, rassemblez les messages dans des collections (sous forme
d’archivage sur votre messagerie, de classeurs de notes de service, de recueils de documents, etc.) Ce seront non
seulement des outils de travail, mais aussi la mémoire de l’entreprise.
- Le rapport écrit
Contenu : le rapport écrit fait le point sur un sujet, résume une réunion,
etc. Il est soit une aide à la décision (hypothèse a), soit un compte rendu
d’une décision déjà prise (hypothèse b). Il présente la démarche qui a
abouti à ce conseil (a) ou à cette décision (b), la responsabilité à engager
(a) ou déjà engagée (b).
Présentation : le problème, les choix écartés, la solution doivent être
saisis rapidement. L’ensemble sera bref (2 à 3 pages) et finalisé,
s’achevant sur une conclusion nette et précise.
Solution préconisée Point de vue de l’auteur de la note (opinion personnelle, opinion collective, degré de
certitude), énoncé des questions restées en suspens.
Pour illustrer par l’absurde notre propos, voici trois exemples de mauvais
rapports.
TABLEAU 5.7 – EXEMPLES DE MAUVAIS RAPPORTS
Le lecteur n’est pas plus L’auteur prend position, mais ne se Le lecteur s’y retrouve difficilement ; aura-t-
avancé à la fin du donne pas la peine de la justifier. il même le courage d’aller jusqu’au bout ?
document qu’à son Comment espérer convaincre le lecteur ?
début.
FOCUS
- La fiche signalétique
* Ne pas oublier de faire figurer en bonne place les coordonnées de l’entreprise : adresse, numéro de téléphone, e-mail,
site web, etc.
- L’affichage lumineux
Il est des variantes sophistiquées permettant de moderniser le tableau
d’affichage. Certaines entreprises installent des panneaux lumineux.
Attention ! Cette formule est attirante, mais délicate. Les entreprises qui
l’adoptent doivent savoir qu’elles mettent le doigt dans un engrenage coûteux
(l’installation revient entre 3 000 et 5 000 euros pièce) et contraignant.
Contrairement aux panneaux d’affichage classiques (où les textes peuvent
rester des semaines durant), on ne peut laisser longtemps le même panneau
lumineux. C’est trop visible : les messages doivent donc être fréquemment
réactualisés (une fois par semaine environ). Cette contrainte explique que
certaines entreprises équipées de panneaux lumineux soient amenées à les
débrancher, faute d’avoir la logistique et l’information nécessaires pour les
faire vivre !
- La boîte à idées
Contenu : la boîte à idées (BAI) est une idée ancienne. La première est
apparue en 1880 dans une société écossaise de chantiers navals, la
William Denny & Brothers. L’objectif était de recueillir les idées de tous
les salariés mais aussi de les récompenser si l’idée était retenue.
Au final, deux fois par an, la direction en charge de la communication interne en soutien du dispositif
d’innovation salariés organise un marché aux idées avec une trentaine de projets remarqués comme
étant particulièrement innovants. Chaque salarié sélectionné possède un petit stand où il peut présenter
son idée aux autres collaborateurs et aux membres du comité de direction Orange France.
Depuis le lancement de la démarche, 112 000 idées ont été déposées, dont 10 % sont déjà déployées.
Orange chiffre à 30 % la participation de ses salariés et a pu noter des taux assez exceptionnels (de
l’ordre de 82 %) dans certaines entités et l’absence de toute typologie préétablie s’agissant du type de
salariés participant. Depuis 2010, le programme d’innovation salariés en France s’étend
progressivement dans les filiales internationales du Groupe Orange avec déjà 11 pays ou entités. À
l’échelle du Groupe, un événement annuel, le festival international des idées, permet le partage et la
récompense des idées. L’objectif est le même : susciter l’engagement de chaque salarié autour de trois
leviers :
Depuis son lancement en 2007, Orange idClic communique à travers la charte innovation salarié pour
préciser son processus, notamment expliciter ce qu’est une idée, définir les rôles de l’innovateur, de
l’expert ou du correspondant local, afficher le montant et les conditions d’attribution des points talents
et mettre en place la déontologie de l’innovation salarié. –
FOCUS
CONTRE
Difficile : Comment fixer les montants des « récompenses » ? Faut-il opter pour une tarification constante,
indépendante de l’envergure du projet et des améliorations auxquelles il aboutit ? Ou, au contraire, adopter
une certaine proportionnalité, la récompense étant établie en fonction des bénéfices obtenus ? Comment faire
quand les progrès ne sont pas chiffrables : amélioration des conditions de travail, réduction des délais de
production, amélioration de l’ambiance ?
Néfaste : Pour l’équilibre d’une entreprise, il est souhaitable de motiver les salariés autrement
(responsabilisation, mobilisation, intérêt des tâches, etc.)
BILAN
Avec ou sans prime ? Avec primes fixes ou progressives (calculées sur la base de l’économie réalisée) ? Chaque
entreprise doit adopter le système le plus conforme à sa « philosophie ». Quoi qu’il en soit, on ne doit pas oublier de
récompenser, sur un mode honorifique, les efforts d’ingéniosité du personnel. En diffusant (dans le bulletin interne,
sur le tableau d’affichage, lors d’une assemblée générale, etc.) la liste des suggestions appliquées, accompagnées de
la mention de leurs instigateurs, et des résultats escomptés et/ou obtenus.
Exemple
Président de TBWA, Jean-Marie Dru explique que ces courriers du président pouvaient apparaître
« d’un autre âge » lorsqu’il commença à en rédiger pour l’ensemble de ses collaborateurs, mais qu’il
eut raison de persévérer. « Bien m’en prit, car ces courts textes, qu’on nomme désormais les
Thursday, d’après le jour où ils sont postés, ont contribué à créer l’esprit de corps qui est le nôtre
aujourd’hui. Ils resserrent les mailles du réseau. »
Jean-Marie Dru, La Publicité autrement, Le débat/Gallimard, 2007, p. 165.
2
LA PRESSE D’ENTREPRISE
LE JOURNAL INTERNE
Le journal d’entreprise est l’un des supports privilégiés de communication
interne. Média riche et souple, il est aujourd’hui très répandu, partagé par
l’écrasante majorité des grandes entreprises. La concurrence du Web n’a pas
entamé la place majeure tenue par le journal d’entreprise parmi les supports
de communication de l’entreprise. Selon une étude Euro RSCG C&O9 :
Un journal existe pour et par son lectorat : c’est lui qui suscite telle ou telle
formule rédactionnelle. La première démarche du concepteur d’un titre
d’entreprise est de s’intéresser à ses salariés-lecteurs : qui sont-ils, quelles
sont leurs habitudes en matière de lecture et de consommation média, quels
sont leurs sujets de préoccupation dans et hors de l’entreprise ? Selon la
réponse à ces questions, le journal d’entreprise s’adaptera au cas par cas. Les
exemples montrent la diversité.
Exemples
Axa a décidé de supprimer en 2008 son journal interne papier pour le remplacer par une nouvelle
formule dénommée Switch, uniquement en version on line. Pour Valérie Perruchot-Garcia, ex-
directrice de la communication interne, deux paramètres ont conduit à ce choix ; d’abord un coût
élevé de la formule traditionnelle en papier, puisqu’il fallait la traduire en neuf langues. Le second
était les difficultés récurrentes liées au routage vers les 100 000 collaborateurs. La formule actuelle
existe en français et en anglais, elle est publiée toutes les huit à dix semaines. Au niveau
international et des filiales, la diffusion s’effectue via le réseau des communicants qui la mettent sur
l’intranet local.
Danone a également effectué ce choix de la dématérialisation en remplaçant en 2009 son journal
interne par un magazine électronique e-manager, diffusé en français et en anglais à 8 000 cadres de
l’entreprise. Ce magazine électronique de 16 pages est diffusé 15 fois par an. La direction de la
communication a décidé de confier l’information de proximité à apporter à ses 100 000 salariés à
ses filiales réparties dans le monde. Comme les implantations internationales de Danone
représentent 47 langues, on peut concevoir l’intérêt financier de ce choix.
Il en est de même à la Sacem, établissement de 1 500 salariés dont la moitié travaille au siège et
l’autre est répartie sur 80 sites en région. Le magazine papier a été supprimé fin 2009 et un site
internet dédié au journal interne a été créé. Envoyé tous les deux mois à l’ensemble des
collaborateurs, ce magazine, organisé autour de six grandes pages de rubriques, offre de multiples
possibilités de visualisation de vidéos, d’accès à des liens dirigeant vers des revues de presse ou des
informations complémentaires.
Autre exemple particulièrement original : Argos, le journal semestriel de Beauté Prestige
International, 20 pages, en français et en anglais, diffusé à plus de 600 personnes dans une dizaine
de pays et exclusivement constitué d’interviews de collaborateurs évoquant leurs métiers. BPI,
filiale de Shiseido, crée les parfums Jean Paul Gaultier, Issey Miyake et, depuis 2004, Narciso
Rodriguez. Les salariés ont donc davantage le sentiment d’être les collaborateurs de ces créateurs
plutôt que ceux de BPI. L’objectif d’Argos est ainsi de leur faire découvrir la face cachée de la
création pour mieux comprendre les lancements. Luxe oblige : le magazine est très haut de gamme.
« C’est un outil de communication latéral et absolument pas descendant », explique son concepteur.
Extraits du site internet Sacem dédié au journal interne
Extrait d’Accor TV
Le groupe Accor possède une panoplie de supports internes adaptés à différentes cibles.
Mosaic est le journal interne international du groupe. Il est diffusé trimestriellement à 55 000
exemplaires sur le lieu de travail, est traduit en six langues et comporte 40 pages. En parallèle,
une version on line est publiée sur l’intranet.
Décryptage est diffusé semestriellement par e-mail aux managers au moment de la publication
des comptes. Le PDG y décrypte les résultats pour les collaborateurs. Adressé à
27 000 personnes par e-mail et disponible sur l’intrAccor, il comporte 4 pages. Il est traduit en
français et en anglais.
Leaders, lancé en novembre 2008, est la newsletter des 5 000 managers Accor. Diffusé
également en français et en anglais, il se présente sous forme d’une page, mais les liens
hypertextes offrent des entrées vers des articles plus complets, des vidéos, des diaporamas ;
l’ensemble ayant une pagination de l’ordre de 4-5 pages. Il est diffusé tous les deux mois.
Extrait de map
De même, BNP Paribas adresse à l’ensemble de ses collaborateurs un magazine trimestriel de 28 à
32 pages comprenant dix rubriques. Ambition existe en six langues, français, anglais, italien,
néerlandais, russe et turc. Une version fluidbook est disponible sur l’intranet du Groupe.
Pour être lu, un journal doit être de qualité. Fini le temps des bulletins mal
ficelés et mal écrits, composés de manière artisanale, avec les moyens du
bord : les lecteurs d’aujourd’hui, ceux qui consomment quotidiennement de la
« grande presse », ne daigneront pas les lire. Un soin tout particulier doit être
accordé aux illustrations et photos, rarement considérées pour ce qu’elles
sont, c’est-à-dire un élément crucial du traitement de l’information. À bannir
donc les photos en format timbre-poste, les photos d’identité sinistres des
dirigeants, ou tout simplement les images « bouche-trou » n’ayant qu’un
vague rapport avec le texte courant.
La maquette doit aménager, à l’instar des supports de presse « classiques »,
des ruptures de rythme et offrir des niveaux de lecture multiples. C’est ainsi
qu’une « bonne » maquette associe des espaces d’information avec un texte
calme, sobre, clair ; des informations « rapides » ; des rubriques visuelles ;
des lieux ouverts de réflexion ou de dialogue. Enfin, texte, image, typographie
seront gérés de concert pour la meilleure efficacité de l’ensemble.
Néanmoins, il faut se garder de l’excès inverse : tentation de résoudre les
problèmes de fond par la forme, c’est-à-dire de livrer un produit
techniquement irréprochable (un « beau » magazine), mais au fonds
rédactionnel insatisfaisant (un journal « creux »). Les bons journaux sont ceux
qui réussissent à obtenir cet équilibre, à l’instar de Bouygues Immobilier,
grand prix du journal interne 2011, décerné par l’association
« Communication & Entreprise ».
C’est une revendication courante : un bon journal d’entreprise est autant celui
de la direction qui le conçoit, que celui du personnel qui le reçoit. Il y a deux
manières d’atteindre cet équilibre :
Exemples
À la RATP, le magazine interne Urban Mag est né en 2009 pour remplacer l’ancien journal
bimensuel Quinzo. La nouvelle version de 20 pages, mensuelle, est diffusée à 70 000 exemplaires
au domicile des salariés et des retraités. L’objectif est de fédérer par une approche terrain. Des
numéros spéciaux sont parfois ajoutés, notamment en début d’année pour présenter les faits
marquants de l’année écoulée ou pour apporter, deux fois par an, dans le cadre d’un supplément
économique de 6 pages, des informations sur les chiffres du semestre. Derrière les rubriques
habituelles « actualité, reportage, en pratique, enjeux, éclairage, développement durable », nous
avons noté la 4e page de couverture « en vue » qui publie des photographies pleine page, le plus
souvent en noir et blanc, sur les transports en commun à Paris au début du siècle ; une manière
originale de faire le lien entre le passé et le présent de l’entreprise. Parallèlement, les cadres
disposent d’une version électronique Urban Web et une newsletter électronique existe pour
l’international.
La même volonté de proximité anime la nouvelle formule de Vivre EDF. Un mensuel de 40 pages,
en papier recyclé, tiré à 235 000 exemplaires et créé en mars 2004, à la suite d’un autre magazine La
Vie électrique. La nouvelle formule a l’ambition de répondre davantage aux attentes des salariés tout
en marquant une évolution vers une approche plus concurrentielle après l’ouverture du marché de
l’électricité. En parallèle, un nouveau magazine de 24 pages, conçu et réalisé à Londres, One, est
distribué à l’ensemble des salariés du groupe.
une distribution au domicile des salariés est plus impliquante. Mais les
journaux d’entreprise sont aujourd’hui le plus souvent distribués sur le
lieu de travail pour des raisons de coût et de logique d’entreprise, à
l’exception de ceux de très grands groupes. La réception à domicile
instaure une intimité entre l’entreprise et le lecteur dans son
environnement familial ; elle accroît le taux de lecture. La remise en
mains propres sur son lieu de travail présente une occasion de contact
professionnel. Les avantages et les inconvénients de ces deux formules
sont largement débattus ;
une juste proportion rédactionnelle doit être respectée afin de ne
favoriser aucun secteur, aucun métier, aucune unité de production ;
au sein des groupes importants, de ceux qui possèdent plusieurs
dizaines de titres (journaux de groupe ; organes de branche, de filiales,
de métiers, etc. ; magazines nationaux, étrangers, etc.), il faut concevoir
une véritable architecture du système de presse, avec deux objectifs
majeurs : en amont, les journaux ne doivent pas se cannibaliser
mutuellement ; en aval, toutes les catégories de lecteurs doivent être
prises en compte. Sans oublier dans les groupes internationaux, une
traduction de tout ou partie du journal d’entreprise pour les filiales
étrangères, etc. ;
dans une entreprise décentralisée, la constitution d’un réseau de
correspondants internes est le seul moyen de rester proche du terrain.
Missions Définition de la ligne Conception des articles (enquête et rédaction). Réalisation technique du
directrice du journal. journal : code visuel,
typographie, utilisation de
Composition du
couleurs, insertion de photos
sommaire de chaque
ou d’illustrations, etc.
numéro.
Prise Oui : un comité Peut-être : cette formule présente des avantages Difficile : rares sont les
en éditorial, composé de (faible coût, implication du personnel, crédibilité entreprises qui possèdent les
charge salariés représentatifs, d’un journal fait par tout le monde, impact, les compétences et le matériel
interne connaît les attentes, journalistes sont proches des lecteurs). nécessaires.
les préoccupations, les
Mais elle n’est pas dépourvue de risques : on ne
centres d’intérêt des
s’improvise pas journaliste. Comment donner
lecteurs.
une unité d’ensemble aux papiers écrits par les
uns et les autres ?
Prise Non : un comité Peut-être : faire appel à des professionnels est Oui : la présentation d’un
en éditorial composé de souvent plus sûr. Les textes sont rendus à temps, journal est une affaire
charge personnalités leur qualité est standard, sans surprise, etc. délicate qu’il vaut mieux
externe extérieures à L’ensemble est plus homogène (à l’intérieur d’un laisser aux spécialistes. C’est
l’entreprise risque même numéro, d’un numéro à l’autre). Cette un facteur déterminant pour
d’être trop éloigné des formule est coûteuse et parfois hasardeuse. la réussite ou l’échec du
lecteurs. magazine.
Que connaît-il de la
réalité du terrain ?
FOCUS
LES INGRÉDIENTS D’UN BON JOURNAL INTERNE
Avant toute chose, un journal d’entreprise doit être lu. Et donc, cela tombe sous le sens, être le plus lisible possible.
Cela suppose :
UNE LIGNE DIRECTRICE
Unité de contenu : homogène de numéro en numéro.
Périodicité régulière : hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle.
Maquette soignée.
DES ARTICLES DE QUALITÉ
Adaptation permanente à l’actualité et aux désirs du personnel.
Des papiers professionnels : une idée directrice par article ; un enchaînement logique ; un minimum d’objectivité.
Une présentation attirante : mise en page, titres, photos au service du texte ; de l’humour, cela fait passer bien des
idées sérieuses ; une « Une » accrocheuse qui donne envie d’ouvrir le journal.
Le magazine interne de Renault fait figure de journal modèle. Voici rapidement pourquoi :
UN VRAI JOURNAL
Ce journal est exemplaire de par sa qualité (articles complets, pédagogiques, faciles à lire), sa richesse (variété des
thèmes, diversité des angles d’attaque). C’est un modèle du genre. Mais ne prenez pas tout pour argent comptant : les
entreprises n’ont pas toutes la taille, les moyens, ni les enjeux de Renault, etc.
* Une brève est un court article, d’une dizaine de lignes, composé comme une dépêche d’agence de presse.
FOCUS
LA RÉALISATION
Identifier les tâches et les attribuer nominalement. Pour que l’équipe fonctionne à son plein rendement, il
faut que chacun prenne en charge un aspect particulier. Il y aura ainsi : un rédacteur en chef, un secrétaire de
rédaction, un collecteur d’articles, un individu chargé des relations avec l’imprimeur, etc.
Établir un calendrier de parution et s’y tenir. Le journal doit s’imposer une périodicité fixe. À partir de cet
échéancier, fixer à l’avance jours et horaires des comités de rédaction. Pour plus de sûreté retenir deux dates ;
en annuler une au dernier moment, selon les occupations des uns et des autres.
Anticiper pour les papiers écrits par les salariés eux-mêmes. Ils devront être rendus bien avant la date réelle
du bouclage. C’est plus sage pour deux raisons complémentaires. Les salariés ont une fâcheuse tendance à
écrire leurs textes au dernier moment, voire après la date fixée : prévoyez un volant de sécurité pour n’avoir
pas à retarder une date de parution. En outre, certains papiers devront être rewrités (réécrits) : cela demande
du temps.
Exemple
À l’automne 2011, BNP Paribas a diffusé en interne deux notes d’information destinées aux clients.
La première intitulée « Vos questions face à la chute actuelle des marchés » présentait en trois pages
les réponses à quelques questions : « Quelles sont les garanties pour mon épargne ? », « La banque
va-t-elle continuer à faire crédit ? », « La banque se porte-t-elle mal ? », « Que représente le risque
grec pour la banque ? », et la seconde en décembre 2011, « Halte aux rumeurs, place aux faits »
présentait en dix points les éléments de base pour renforcer l’image de solidité de la banque.
- La revue de presse
Dans les petites entreprises chacun lit, découpe, photocopie les magazines.
Dans les plus grandes structures, cet artisanat est difficile. On lui préfère un
système plus organisé de revue de presse, soit photocopiée, soit scannée et
envoyée par mail qui permet d’informer simultanément tout un réseau de
personnes, et leur offre la possibilité de conserver les éléments transmis. Des
photocopies d’articles se gardent mieux que du papier journal : elles sont
moins sales, ne jaunissent pas. La revue de presse est un instrument
d’information plus ou moins efficace. Plus elle colle aux centres d’intérêt de
ses destinataires (et au temps de lecture dont ils disposent), plus elle sera lue.
C’est pourquoi, il est souvent préférable de réaliser différentes revues de
presse, chacune destinée à un groupe de lecteurs spécifique.
À quelle fréquence diffuser une revue de presse ? Il n’y a pas de solution
idéale.
Attention, depuis la loi du 3 janvier 1995, la revue de presse est taxée afin
de limiter le photocopillage. Cette loi s’applique également à la copie
numérique, c’est-à-dire aux revues de presse électroniques. Le Centre français
d’exploitation du droit de copie reverse cette taxe aux auteurs et éditeurs des
articles.
- Les recueils et ouvrages
Exemples
Colas, entreprise de construction d’infrastructures routières, a publié un album de 200 pages en
2008. Tiré à 55 000 exemplaires, cet album présente certains salariés de l’entreprise avec de
superbes photos. 250 portraits ont été réalisés. L’ouvrage a été publié en anglais et en français.
Depuis 2012, le Crédit Agricole a décidé de bien séparer la finalité financière de son rapport annuel
destiné à un public d’actionnaires et d’analystes, et un objectif plus global de communication
corporate avec une inclinaison interne forte. Les éléments financiers glissent vers le document de
référence qui regroupe l’ensemble des informations financières, et le rapport annuel devient un
yearbook qui présente l’ensemble des faits marquants de l’année et qui est adressé à tous les
collaborateurs.
FOCUS
Un livre pour un livre, sans Un livre qui réponde à une vraie et claire Le livre permet de rendre
objectif préalable de préoccupation : faire mémoire ; accompagner la compte (pour le passé)
l’entreprise. fusion de deux groupes aux cultures différentes ; et/ou d’éclairer (pour le
démontrer que le succès repose sur la capacité futur) une stratégie
d’adaptation. d’entreprise.
Raconter l’histoire intégrale Chercher un angle d’attaque, puis structurer le récit et Ce qui intéresse les lecteurs
de l’entreprise : long et hiérarchiser les informations. (collaborateurs, clients,
fastidieux. interlocuteurs extérieurs à
l’entreprise) :
Ex. : Remonter à l’Antiquité
pour parler d’une des informations + une
entreprise fondée en 1980 ! success-story à
l’américaine.
Dire la vérité à tout prix, en Respecter une certaine discrétion, et les « trous de Quand le sujet est délicat
levant le voile sur des sujets mémoire » concernant des épisodes douloureux : mais incontournable, rester
confidentiels ou tabous plans sociaux drastiques, pratiques commerciales factuel, et bref.
douteuses, dirigeants peu recommandables.
Ex. : Secrets de fabrication, Ne pas tomber dans l’excès
analyse de marchés, vie inverse : produire des récits
privée des personnes. lisses et désincarnés, ou
trop anecdotiques.
Absence d’objectivité dans Adopter l’approche la plus journalistique et historique Impensable en France
la forme et le fond : possible. d’être réellement critique,
comme ce peut être le cas
« En 1926, lorsqu’Aragon Conserver du recul.
chez certains de nos
publie Le Paysan de Paris, Hiérarchiser les informations. partenaires (l’Allemagne,
Olida ouvre une nouvelle
par exemple).
usine. » La comparaison
n’est-elle pas déplacée ?
Ou dans le fond : un livre
hagiographique, enjolivant
systématiquement la vie de
l’entreprise ou de ses
dirigeants, perdra toute
crédibilité.
Oublis ou erreurs, Avant sa parution, faire relire l’ouvrage en interne par Procéder à des enquêtes de
provoquant des différents lecteurs, différents services, différents lecture a posteriori afin de
humiliations niveaux hiérarchiques, des hommes et des femmes savoir :
Ex. : si on a omis de citer d’univers culturels divers et de générations – si le message est passé ;
une personne, un service différentes. Ne pas oublier ceux qui ont quitté
l’entreprise. – s’il a atteint sa cible.
et décrédibilisant
Et pouvoir, le cas échéant,
l’ensemble (pour les
corriger coquilles et
informations erronées).
erreurs.
L’ORAL ET L’AUDIOVISUEL,
SUPPORTS DE COMMUNICATION
INTERNE
L’ORAL
1
Parler est le moyen d’échange le plus naturel, le plus immédiat. Dans les
entreprises, comme dans n’importe quel groupe, la communication orale se
fait, bien sûr, de manière informelle : deux personnes se rencontrent dans un
couloir, elles échangent quelques mots. Mais elle se fait aussi autour de
procédures plus formalisées : réunions, instances de dialogue12, etc.
UN OUTIL : LE TÉLÉPHONE
De plus en plus supplanté par les messageries électroniques, le téléphone est
un acteur omniprésent dans une entreprise : quand le téléphone est coupé, une
entreprise s’arrête ! Outre son rôle habituel, le téléphone peut être utilisé
comme outil d’information interne ascendante (ligne ouverte aux questions du
personnel), latérale ou descendante (réunion par téléphone).
- La ligne ouverte aux collaborateurs
Il s’agit de donner aux salariés les moyens de s’exprimer, de poser leurs
questions de manière simple : en décrochant leur téléphone. Inutile de prendre
rendez-vous, ni de rédiger une note écrite. L’expression est libre, tous les
thèmes peuvent être abordés.
Pour une entreprise, consacrer un numéro intérieur aux questions/idées de
son personnel est facile. L’équipement est rudimentaire : un réseau
téléphonique interne plus un système de réponse. Celui-ci varie suivant les
entreprises. La méthode la moins contraignante consiste à brancher un
répondeur-enregistreur, à relever puis à transcrire les questions une à deux
fois par semaine. Celles-ci sont ensuite triées et adressées pour réponse aux
services compétents. Si la question est d’intérêt général, la réponse sera
insérée dans un support d’information global (note écrite, réunion, tableau
d’affichage, etc.) ; si la question est plus spécifique, ou nominative, il y sera
répondu personnellement. Une autre méthode, plus lourde mais plus
personnalisée, consiste à charger un salarié à poste de répondre aux questions,
immédiatement (si la question est simple) ou en différé (si elle nécessite une
recherche complémentaire).
Ainsi pour un coût dérisoire et une organisation légère, la ligne ouverte au
personnel donne la parole aux salariés, de manière informelle, et hors
hiérarchie ; elle assure en outre la remontée des informations (processus du
feed-back).
- Le journal téléphoné
L’entreprise peut également mettre à disposition de ses salariés une ligne
téléphonique aboutissant à un répondeur diffusant périodiquement des
informations sur la vie de l’entreprise. Ce système peut être conçu soit pour
l’ensemble des collaborateurs, soit pour une population spécifique, il peut être
mis à jour quotidiennement ou chaque semaine. Les informations sont
généralement brèves (5 à 10 minutes) et visent à intéresser le salarié qui arrive
à son bureau le matin (rangement du bureau, café, etc.) ou la population des
travailleurs nomades en déplacement constant chez des clients et pouvant
accéder aux informations de son entreprise via son téléphone de voiture.
Exemples
Orange possède un dispositif intitulé Médiaphone qui diffuse un journal téléphoné chaque matin à
8 h 30. Dix mille connexions sont reçues chaque semaine sur ce système qui vise les salariés en
déplacement, qui peuvent difficilement se brancher sur l’intranet.
Un dispositif similaire existe à BNP Paribas Assurances. Dénommé Écho Net Mobile, le système est
destiné aux collaborateurs nomades du groupe, il leur permet de recevoir sur leur téléphone
l’ensemble des nouvelles informations de l’entreprise. Administré quotidiennement le matin, le
dispositif permet également d’envoyer des informations urgentes à tout moment de la journée.
- La radio d’entreprise
La radio d’entreprise fonctionne sur le même modèle que le journal
téléphoné. Disponible le plus souvent sur l’intranet de l’entreprise, elle
permet l’archivage des émissions précédentes, l’élaboration d’une grille de
programmes ainsi qu’une flexibilité dans la diffusion et la réception qui peut
être individuelle ou collective comme dans l’étude de cas ci-dessous.
CAS D’ENTREPRISE
Avant
Choisir la date, s’assurer au préalable que les intervenants et les
participants importants sont disponibles.
Fixer une durée déterminée (par exemple : « réunion de 11 h à
13 h »). Cela donne aux auditeurs une indication et leur permet de
s’organiser en conséquence. En outre, cela accélère in situ les
échanges : quand la fin approche, les langues se délient.
Pénaliser les retardataires et faire respecter les temps de parole.
Sélectionner les participants, afin de former un groupe homogène,
composé d’individus complémentaires. Préférer les petits effectifs :
à cinq ou dix, on travaille généralement mieux et plus vite qu’à
vingt ou trente.
Concevoir un ordre du jour précis, et le communiquer à l’avance
aux personnes concernées. Éventuellement, répartir les rôles et les
missions entre les différents participants.
Nommer un animateur de débat.
Assurer une logistique parfaite : disposition de la salle, accueil des
participants, mise à disposition du matériel nécessaire et bon
fonctionnement, pause-café, etc.
Pendant la présentation
Diriger la réunion ; respecter l’ordre du jour pré-établi, sans pour
autant museler l’auditoire.
Sérier, puis traiter les problèmes les uns après les autres. Il n’est
pas question d’éviter à tout prix les digressions, ce sont des pauses
utiles et instructives, permettant de connaître les préoccupations des
invités. Elles doivent être encadrées, c’est-à-dire limitées dans le
temps, et pondérées : un débat exagérément polémique risque d’être
difficile à recentrer.
Après
Rédiger un compte rendu de la réunion dans les plus brefs délais.
Le distribuer aux participants par mail ; en afficher, si nécessaire,
une synthèse sur le tableau d’affichage interne.
Surveiller scrupuleusement l’application des décisions et des idées
qui ont été proposées lors de la réunion. Rien n’est plus décevant
pour les participants que de constater qu’aucune suite concrète n’est
donnée à leurs propos.
Prendre, le cas échéant, un prochain rendez-vous avec date, lieu et
ordre du jour. Cela prouve aux participants que la réunion qui vient
de se tenir n’est pas « un coup d’épée dans l’eau », mais qu’elle
s’inscrit dans une impulsion globale.
En dehors des traditionnelles rencontres avec les top 100, top 300, des
rencontres organisées avec les cadres à fort potentiel ou dans les unités
locales, il peut être intéressant pour un chef d’entreprise de pratiquer à
intervalles réguliers des déjeuners ou dîners avec des salariés de son
entreprise. Ces salariés, sans lien hiérarchique entre eux, peuvent être tirés au
sort. L’idée est de permettre au dirigeant d’avoir une relation directe avec les
salariés de son entreprise dans une ambiance légèrement conviviale.
- Préparer une convention
La convention est une opération de communication événementielle axée sur
l’interne. C’est une réunion d’un grand nombre de salariés en un lieu unique,
elle est destinée à transmettre des messages et écouter des attentes. Elle peut
être généraliste, notamment pour expliquer une stratégie, présenter des
résultats, ou thématique (convention de communicants, convention
commerciale). Elle peut être périodique ou exceptionnelle, notamment s’il
s’agit d’expliquer le rapprochement avec un concurrent, le lancement de
nouveaux produits, une augmentation de capital, etc. Pour marquer son
importance, la convention est présidée par le plus haut niveau de l’entreprise,
qui en assure généralement la conclusion. Des salles de réunion pourront être
réservées afin de travailler en ateliers. Des témoignages d’experts apporteront
une réflexion externe au thème de la journée. Un journaliste est fréquemment
invité à jouer les animateurs et, si la convention dure toute une journée, il est
recommandé de prévoir des divertissements afin d’améliorer le sentiment de
convivialité ; cela peut être l’invitation d’un chanteur, d’un magicien, d’une
troupe de théâtre, etc. Comme pour toute opération événementielle, une
préparation soigneuse est nécessaire et le responsable de l’opération détaillera
l’ensemble des éléments qu’il aura à considérer, établira – le cas échéant – un
contrat détaillé avec une agence prestataire, préparera le rétroplanning de
l’opération. Il lui sera nécessaire, au début de la préparation, de se rendre sur
les lieux afin de maîtriser l’ensemble des opérations liées à la conduite de
l’opération.
Exemples
En mai 2011, Axa avait organisé à Istanbul son Corporate meeting, séminaire annuel des dirigeants.
320 managers avaient été invités pour une convention placée sur deux thèmes : la relation client et le
sens de l’urgence. Après une matinée et un début d’après-midi de travail en commun, le directeur de
la communication leur annonça, comme illustration concrète, qu’en soirée, leurs principaux clients
et fournisseurs, soit 250 personnes, avaient été invités confidentiellement à venir les écouter chanter
« Les noces de Figaro » dans l’église Sainte-Irène et qu’ils avaient juste deux heures de répétition
qui les attendaient. Belle illustration du sens du client et de l’urgence.
En juin 2011, le Crédit Agricole a organisé pour l’ensemble des collaborateurs du nouveau siège
social à Montrouge une « journée des familles ». Le samedi 18 juin, toutes les familles dont un
membre avait été muté sur le nouveau site furent invitées à une journée où furent proposés un
gigantesque barbecue, des jeux pour les enfants, des jeux de piste, des animations, des spectacles, un
marché de produits bio, un forum des associations et des concerts. Le président était présent sans
discours organisé. Les salariés purent ainsi, dans une atmosphère décontractée, faire visiter les
bureaux à leurs conjoint et enfants.
En octobre 2011, Sanofi a organisé des opérations en France : « Vivre ensemble » dont l’objectif
était de recréer de la relation directe dans l’entreprise. L’ensemble des collaborateurs s’était vu
proposer une journée complète sans rendez-vous, sans réunion et sans utilisation de la boîte mail.
Comme l’explique Fabienne Dulucq, directrice de la communication, « l’objectif était que chacun
puisse redécouvrir son voisin de bureau. » Des ateliers étaient organisés par groupe de trente sur des
thèmes comme « Comprendre la stratégie », « À la découverte des directions » ou « Valeurs et
attitudes ». L’ensemble des salariés a pu se retrouver pour déjeuner autour d’un buffet géant.
Journée des familles organisée au nouveau siège social du Crédit Agricole à Montrouge
Exemple
France Télécom Orange organise une ou deux vidéotransmissions par an pour présenter la stratégie
et répondre aux questions des salariés. Le 18 janvier 2012, Stéphane Richard, le PDG de
l’entreprise, présente ses vœux à ses collaborateurs réunis en France dans 600 salles aptes à capter la
vidéotransmission. Animés par un collaborateur, les salariés avaient été invités à poser leurs
questions, 700 furent reçues. Le fait que cette vidéotransmission se réalisa le jour de l’annonce de la
nouvelle offre de Free permit opportunément de répondre aux inquiétudes des salariés sur une offre
concurrente. Selon Nicolas Deschamps, directeur délégué de la communication interne groupe
d’Orange, le principal attrait de la vidéotransmission est qu’elle s’effectue dans un cadre collectif,
ce qui donne ensuite aux managers locaux la possibilité d’organiser des débats ou de rebondir sur
l’intervention du président.
Extraits des émissions « Sur le vif » du groupe Orange
Il est par ailleurs conseillé d’en effectuer une évaluation de manière à
pouvoir améliorer ce type d’opération dans le futur. On peut émettre
l’hypothèse que celles-ci devraient toutefois se réduire puisque les capacités
offertes par le très haut débit permettront des formules plus légères sur le
Web. Une autre possibilité est d’enregistrer le discours du PDG et d’adresser
les vidéos aux responsables de communication locaux, à charge pour eux de
les diffuser aux équipes sur place. Dans cette dernière hypothèse, il est
important de maintenir un espace de débat, celui-ci pouvant être organisé
autour des managers locaux.
- Les opérations spéciales
En dehors des conventions assez lourdes à organiser, les entreprises peuvent
mettre en place une formule plus légère ou plus originale.
Exemples
La SNCF a lancé en décembre 2006 pour 300 de ses salariés une opération « premier train des idées
d’avance » où, pendant 24 heures, un gigantesque brainstorming était organisé et réparti en sept
wagons aménagés selon les familles de métiers de l’entreprise.
Du 6 octobre 2010 au 29 juin 2011, la SNCF a organisé ce qu’elle considère comme « l’une des plus
vastes opérations de management menée par une entreprise française ». Cette opération qui tournait
autour d’un simple film de 73 mn a permis de réunir 90 000 salariés lors de 900 rencontres. L’idée
principale était de mettre l’entreprise en débat interne et de renforcer l’expression des salariés. Le
dispositif était bâti sur des rencontres en région où un film était projeté, puis suivi d’un débat. Les
rencontres réunissaient entre 30 et 200 salariés. Les managers locaux avaient préalablement reçu
une formation sur la conduite des débats. Le film que présentait le journaliste Benoît Duquesne était
bâti comme un véritable documentaire télévisé. Il contenait trois reportages : « Le transport fait sa
révolution » consacré aux nouvelles formes de mobilité, « La France à l’heure suisse » sur les
problèmes de la ponctualité ferroviaire et « l’Europe à grande vitesse ». À la fin des débats, les
salariés étaient invités à voter sur leur perception à l’aide de boîtiers électroniques. Un livre bilan
pour conserver la mémoire de l’événement fut ensuite adressé à l’ensemble de l’encadrement.
Pour sensibiliser ses collaborateurs à la responsabilité sociale d’entreprise, Veolia Environnement a
lancé en juin 2011 une campagne auprès des collaborateurs de son siège social. Ainsi, du 6 juin au
5 juillet, une exposition dans le hall du siège de l’avenue Kléber à Paris présentait les huit gestes
éco-responsables « par le biais desquels chacun peut contribuer à l’engagement environnemental du
groupe. » Par ailleurs, un dépliant fut remis à chaque salarié et une boîte à idées sur ce thème fut
créée sur l’intranet. Enfin, furent invités à un petit-déjeuner thématique le 6 juin 2011 l’ensemble
des assistants du siège autour de la directrice du développement durable. Cette réunion fut
prolongée par une matinée d’information pour tous les collaborateurs.
En novembre 2011, pour la semaine du handicap, la Sacem a conçu pour les salariés de son siège,
une opération de sensibilisation qui mélangeait des interventions de managers présentant leur plan
d’action et des ateliers de sensibilisation sur des sujets comme « Sensorialité et musique » ou
« Malentendance et musique ». Ces ateliers étaient organisés en binôme avec une personne
handicapée. Certains artistes comme Gilbert Montagné vinrent témoigner et débattre et un repas
commun fut proposé aux salariés au restaurant d’entreprise. Un menu spécial avait été préparé, où
les salariés volontaires portèrent un bandeau les empêchant de voir.
FOCUS
SECTION 4
2
L’EXTRANET OU L’ENTREPRISE ÉLARGIE
PRÉSENTATION DE L’EXTRANET
L’extranet élargit l’accès au réseau intranet à un public extérieur à
l’entreprise, public restreint et sélectionné (clients, fournisseurs). Les
fonctions d’accès aux publics extérieurs sont réduites en fonction du type de
données et du type d’utilisateurs.
L’outil extranet est le même que l’intranet avec quelques fonctionnalités
supplémentaires. Il se développe de plus en plus dans les relations entre
partenaires professionnels comme les extranets de travail coopératifs entre
une agence de communication et ses clients. La formule permet de faire
l’économie des coursiers, d’améliorer la précision des plannings, de laisser la
latitude au client de modifier le contenu jusqu’au dernier moment. Bref, il
réduit tous les circuits. Mieux, le multimédia permet de démultiplier le travail
de rédaction et de mise en forme de l’information grâce à une cellule de
pilotage éditorial qui peut dispatcher la même information vers différents
supports internes ou externes, évitant une importante déperdition d’énergie.
CONCLUSION
Pour clore ce chapitre, nous aimerions pointer trois évolutions susceptibles
d’introduire des changements radicaux dans la pratique de la communication
interne.
À la fin des années 1980, la mission principale assignée à la communication
interne était de faciliter les échanges, de fluidifier les communications,
d’initier le personnel à la logique de l’entreprise. À la fin des années 1990, les
priorités ont évolué : on attend désormais de la communication interne qu’elle
favorise la transmission de l’information, les objectifs précédents étant passés
au second plan ou réalisés.
Aujourd’hui, en ce début de la 2e décennie des années 2000, la
problématique semble foncièrement différente. Il s’agit moins de transmettre
de l’information que d’en donner le sens, le rôle de diffusion s’efface ainsi
derrière un rôle de régulation.
Par ailleurs, les services de communication interne travaillent de plus en
plus pour d’autres services de l’entreprise, en qualité de prestataires ou de
sous-traitants. Là aussi, des synergies et des schémas intégrés se forment.
Enfin, la généralisation des réseaux sociaux, tant internes qu’externes à
l’entreprise, change radicalement la donne. Pour le personnel d’une
entreprise, l’accès à l’information devient autre : direct, immédiat, interactif et
décloisonné. Le schéma classique émetteur-récepteur est (ou sera) bouleversé
au profit d’une relation où chacun est à la fois émetteur et récepteur.
Mais que ceci ne dispense pas de toujours penser au contenu et à la qualité
de la communication : une non-information interne, aussi interactive soit-elle,
demeure une non-information. Laissons le multimédia à sa place : un outil,
certes révolutionnaire, à utiliser au service de l’entreprise. Que la forme, toute
technologique soit-elle, ne nous fasse pas oublier le fond, etc.
Et le fond concerne également l’autre défi que doit affronter la
communication interne, qui est celui de la défiance et du désengagement.
Parce que le travail est de plus en plus perçu comme temporaire, parce que la
relation avec ses collègues est devenue plus distante en raison des techniques
qui permettent le travail nomade, parce que des scandales liés à des opérations
comptables douteuses ou à la rémunération de certains dirigeants ont éclaté,
l’entreprise a perdu de son aura tant vis-à-vis de l’opinion publique que de ses
propres salariés. Le thème de la confiance est désormais central, cela signifie
que le communicant devra toujours s’assurer de la crédibilité des informations
qu’il transmet et éviter au maximum tout ce qui pourra apparaître comme de
la langue de bois.
L’ESSENTIEL
Section 1
éviter le décalage entre ce que les salariés vivent et pensent de leur entreprise, et
le discours de l’entreprise sur elle-même – parler d’une même voix aux
différents publics internes ;
harmoniser communications interne et externe : aucune action de
communication externe d’envergure ne peut se passer d’un volet interne.
Section 2
Section 3
Les guides
DECAUDIN J.-M., IGALENS J., La Communication interne, 2e édition, Dunod, 2009.
DONJEAN C., La Communication interne, Edipro, 2006.
Par thème
JANSSOONE D., Les Boîtes à idées d’entreprise, Edipro, 2008.
CARME M. et CHAUVIN D., Management de l’Intranet, Territorial Éditions, 2006.
GERMAIN M., Conduite de projets Intranet, Economica/Gestion Poche, 2004.
En anglais
SMITH L., Effective Internal communication, 2e édition, Kogan Page / CIPR, 2008.
2. Disait Héraclite.
3. Source : « Communication interne. Nouvelle mission impossible ? », RH & M, n°30,
juin/juillet 2008, p. 60
4. Frédéric Six et Arndt Sorge, « Creating a high trust organization », Journal of management studies,
n° 45-5, juillet 2008, pages 857 à 884.
5. « Je déteste la manière avec laquelle de nombreuses personnes utilisent des présentations PowerPoint
pour dissimuler une absence de réflexion. »
6. « Les personnes qui savent ce dont elles parlent n’ont pas besoin de recourir à PowerPoint. »
7. Avoir toujours à l’esprit l’équivalence : sur-informer = mal informer.
8. Demander un nouvel examen en développant les arguments qu’ils opposent.
9. Euro RSCG C&O/CSA, Stratégies, n° 1503, 29 mai 2008, p. 46
10. Source : enquête du cabinet d’études Ecins, Stratégies, n° 1417, 4 octobre 2007, p. 66.
11. Certaines sociétés sont spécialisées dans la livraison de journaux d’entreprise « clés en main ».
12. Nous ne parlerons pas ici du dialogue informel (voir chapitre 3, section 1, « La communication au
jour le jour »). Nous nous consacrerons exclusivement aux techniques formalisées.
16. Source : C. Balagué et D. Fayon, Réseaux sociaux et entreprise, Pearson, 2011.
Chapitre 6
Les relations presse
ontrairement aux pays anglo-saxons, adeptes de la transparence, la
Sommaire
LE DIAGNOSTIC : LE PAYSAGE
MÉDIATIQUE FRANÇAIS
PRESSE, MÉDIAS ET HORS-MÉDIA
1
Pour bien communiquer avec la
presse, il faut bien la connaître. On fait
remonter la création de la presse au 30
mai 1631, jour où Théophraste
Renaudot publie le premier numéro de
La Gazette. La presse existait avant,
dans la Rome antique ou en Chine dès
le IXe siècle, mais c’est l’imprimerie,
découverte par Gutenberg en 14361,
qui entraîna la réelle naissance de la
presse.
On différencie souvent le média du
hors-média. Cette distinction repose
sur une répartition des dépenses de
publicité qui s’effectueraient soit sur
de l’achat d’espace (le média), soit en
dehors des espaces publicitaires (le
hors-média). Dans la première catégorie, on trouve la télévision, la presse
écrite, la radio, l’affichage, le cinéma et Internet. Dans la seconde, le hors-
média, on trouve le marketing, la promotion, les relations publiques (donc les
relations presse), la communication événementielle.
Cette distinction est de moins en moins opératoire, car chaque support se
revendique comme un média à part entière et certains sont à la fois l’objet
d’une communication directe et le support d’un achat d’espace. C’est le cas
pour Internet où l’entreprise peut communiquer par son propre site ou sur les
réseaux sociaux et acheter des bandeaux publicitaires. Les dépenses de
relations presse, évaluées à 2,5 % de l’ensemble des dépenses de
communication des entreprises, sont situées en hors-média.
Toutefois, lorsqu’il est question de relations avec la presse, on entend les
relations avec les médias, c’est-à-dire avec les médias audiovisuels (télévision
et radio) et la presse écrite.
À ces médias, il convient désormais d’ajouter les journalistes présents sur le
Web, à savoir les journalistes des supports traditionnels puisque ceux-ci sont
quasiment tous présents sur le Web via le site de leur journal, et les
journalistes exclusivement présents sur Internet, à l’exemple du journal en
ligne Médiapart lancé en mars 2008 par Edwy Plenel, ancien rédacteur en
chef du Monde. Dans cette rubrique, on peut situer des sites web se présentant
comme des sites d’information dont la fréquentation n’est pas négligeable2,
même si leurs moyens sont souvent réduits. D’autres apparaissent avec des
moyens plus importants dans le cadre d’une stratégie internationale comme le
Huffington Post qui s’est implanté en France le 23 janvier 2012, et d’autres
encore basculèrent sur le Web en raison des difficultés économiques liées à la
publication sur papier comme France Soir ou La Tribune. Ces supports on
line peuvent être ciblés thématiquement comme e24.fr, premier journal
économique en ligne, aujourd’hui disparu ou Lenouvelconomiste.fr dont la
version papier apparaît désormais minime par rapport à la formule numérique.
Enfin, la blogosphère peut également faire l’objet d’une stratégie de relations
presse.
TF 1 23,7
France 2 14,9
M 6 10,8
FR 3 9,7
TMC 3,5
W 9 3,4
France 5 3,3
Canal + 3,1
NRJ 12 2,3
Direct 8 2,3
Arte 1,5
Source : Médiamétrie, tableau cumulé des audiences en 2011, chiffres janvier 2012.
LA RADIO
La radio connaît le même type de segmentation que la télévision
(cf. tableau 6.2). Elle est présente sur l’ensemble du territoire, comporte des
radios généralistes (Europe 1, RTL, France Inter), des thématiques souvent
musicales et des radios locales, pour la plupart rattachées à un réseau national.
L’écoute de la radio est de plus en plus mobile. La moitié des auditeurs
écoutent la radio hors domicile, notamment dans un contexte de mobilité. Au
total, la radio est écoutée par 42,4 millions de personnes chaque jour en
France, la durée moyenne d’écoute est de 3 heures, le pic d’audience se
situant entre 8 h et 8 h 15. En termes de relations presse, France Info est une
radio très importante puisque les informations sont diffusées en boucle et sont
une référence pour beaucoup d’autres journalistes. Une radio comme BFM est
également remarquable, son audience est faible mais la typologie des
auditeurs peut intéresser les entreprises. Le traitement journalistique de la
radio est assez proche de la télévision. Nous sommes dans la sphère de
l’émotion. La personne interviewée devra prêter attention au débit de sa voix
(ni trop lent, ni trop rapide), faire des phrases courtes et imagées, éviter les
bruits parasites (« euh », « bon », « alors »). En dehors des créneaux réservés
aux émissions économiques, il n’est pas rare que les propos diffusés ne
correspondent pas à ce que l’entreprise souhaitait faire passer comme
message, d’où l’intérêt de rappeler ce message à de multiples reprises lors de
l’interview.
La radio est beaucoup impactée par Internet. D’abord parce que de
nombreuses stations sont écoutables sur un ordinateur et parce que de
nouvelles stations se sont créées pour une écoute exclusivement sur Internet.
Pour prendre un exemple dans le domaine musical, il est difficile de
différencier certaines radios musicales des sites d’écoute de musique en ligne
comme Spotify, Deezer ou Grooveshark. Par ailleurs, la possibilité de
podcaster certaines émissions, les services de replay proposés entraînent une
relation plus mobile à la radio. À noter, enfin, que le site internet des stations
de radio offre de plus en plus la retransmission visuelle. Les radios se mettent
plus fortement à filmer leurs émissions de manière à pouvoir en diffuser des
extraits aux chaînes de télévision, mais aussi pour les mettre en ligne sur leur
site internet. On peut émettre l’hypothèse d’une intégration croissante entre
télévision et radio, à l’exemple de BFM devenu en novembre 2010 une radio
et une chaîne de télévision.
TABLEAU 6.2 – LES RADIOS LES PLUS ÉCOUTÉES
RTL 11,7
Europe 1 7,8
NRJ 6,2
RMC 6,0
Skyrock 4,4
Nostalgie 4,2
LA PRESSE ÉCRITE
La presse écrite s’est beaucoup transformée ces dernières années sous l’effet
de quatre phénomènes : une intense concentration du secteur, la concurrence
du digital, une réglementation publicitaire contraignante et l’arrivée d’un
nouvel acteur, les journaux gratuits, qui a surtout perturbé la presse
généraliste d’information.
On distingue généralement cinq types de presse écrite :
L’Humanité 49 271
69 % des Français lisent chaque jour un titre de presse ; quotidien ou magazine, gratuit ou
payant, et en moyenne plus de 7 titres différents par mois.
Le Monde.fr 54,2
Le Figaro.fr 40,7
Le Parisien.fr 24,1
Libération.fr 20,7
20 minutes.fr 18,3
Nouvelobs.com 14,8
Lexpress.fr 12,5
Lepoint.fr 10,1
Le Monde.fr 14,6
Le Parisien.fr 8,1
20 minutes.fr 6,2
Lepoint.fr 1,4
Europe1.fr 1,4
Libération.fr 0,8
Nouvelobs.com 0,5
Source : chiffres décembre 2011, ODJ
Le premier site est Lequipe.fr avec 73,7 millions de visites par mois
(chiffres décembre 2011, ODJ).
Le développement des applications sur mobile offre une nouvelle occasion
de lire la presse dans un format différent.
Qui fait quoi dans un journal ?
Le directeur de la rédaction est le manager de l’ensemble de l’équipe rédactionnelle.
Le rédacteur en chef a en charge la définition et le respect de la ligne éditoriale. Il sélectionne les
informations et leur angle.
Le secrétaire de rédaction gère l’espace rédactionnel, s’assure que le journaliste livre son article dans
les délais. Il peut intervenir sur les articles au niveau du style et parfois sur le contenu.
Le chef de service est le responsable d’une rubrique. Il représente son équipe lors de la conférence
de rédaction.
Le correspondant local couvre pour un ou plusieurs supports d’informations une zone géographique.
Son ancrage local le positionne en source d’information privilégiée pour le journal.
Le pigiste exerce son activité journalistique sans être salarié permanent d’un journal. Il est rémunéré
à l’article et peut vendre ses articles à plusieurs journaux.
INTERNET
Internet stricto sensu ne rentre pas dans les relations presse puisqu’en dehors
des sites de presse spécialisée on line, les journalistes n’y sont pas présents.
Le Web est toutefois le média le plus influent sur les consommateurs. Selon
une étude réalisée par Fleishman-Hillard et Harris Interactive en 2010 sur huit
pays représentant 48 % de la population mondiale des internautes, l’influence
d’Internet sur les décisions des consommateurs serait supérieure à celle des
médias traditionnels. Internet serait deux fois plus influent que le deuxième
média le plus fort, la télévision, et dix fois plus que la presse écrite. Cette
influence serait particulièrement forte dans le domaine des voyages et de
l’électronique grand public. Toutefois, et à un niveau davantage corporate, les
leaders d’opinion restent plutôt influencés par les médias traditionnels, les
journaux, la télévision et la radio. Ainsi, une étude britannique « Influencing
the influencers » de septembre 2011 indique que 62 % des leaders d’opinion
réagiraient immédiatement à une information négative sur les médias
traditionnels, contre seulement 21 % sur les réseaux sociaux.
En dehors des sites, des blogs et des forums de discussion, les sites de
comparaison de produits ou de services ou ceux où les internautes notent des
produits et expriment leur avis peuvent avoir une forte influence. C’est ainsi
qu’en France, l’Agence Française de Normalisation (AFNOR) a mis sur pied
en 2011 un groupe de travail pour normaliser les modalités d’expression des
avis des consommateurs et éviter les abus que chacun a pu constater.
En 2008, Euro RSCG avait publié un communiqué de presse sous le titre
« Wikipédia cannibalise l’image des entreprises du CAC 40 et de leurs
dirigeants » en constatant les faits suivants :
Ces faits sont importants dans les relations presse puisque le Web est
devenu la première source d’information des journalistes.
Aux États-Unis, il occupe la première place comme source d’information de
la population âgée de 18 à 49 ans, devant la télévision. Si l’écart est faible
(56 % contre 55 %), il se creuse fortement pour la population des 18-29 ans à
qui Internet apparaît comme première source d’information avec un écart de
65 % contre 52 % pour la télévision, 21 % pour la presse écrite et 15 % pour
la radio, selon une étude du Pew Research Center de janvier 2011.
Les blogs méritent une attention particulière. Leur nombre était estimé en
2011 à 152 millions, 10 000 blogs se créent chaque jour et les 2/3 des blogs
n’ont eu aucune mise à jour dans les deux derniers mois. Certains reçoivent
un grand nombre de visiteurs, jusque deux millions par mois pour certains
blogs américains. Le blog bénéficie d’une crédibilité surprenante, ainsi aux
États-Unis ils sont considérés comme plus crédibles que les journaux. Le
blogueur n’est pas un journaliste et à l’exception de quelques-uns ne
s’imagine pas jouer ce rôle, ce qui n’empêche pas, bien sûr, que de nombreux
journalistes tiennent leur blog. L’écriture d’un blog n’obéit à aucune
périodicité. 95 % des blogueurs se contentent de reprendre et de commenter
des informations publiées sur le Web, sans les vérifier pour 56 % et sans
apporter de correction en cas d’erreur pour 60 %. Cela n’empêche pas d’avoir
une relation privilégiée avec les blogueurs influents dans votre sphère
d’activité. Ceux-ci peuvent relayer vos messages, citer vos produits, générer
du trafic vers votre site web. Nous verrons dans la section suivante si le
traitement des blogueurs est semblable à celui des journalistes.
LA STRATÉGIE : COMMENT
CONSTRUIRE SES RELATIONS
PRESSE ?
LES FONDEMENTS
1
Les médias agissent comme un amplificateur : se saisissant d’un
événement brut, ils le font monter en puissance. Chambres de résonance, les
médias sont aussi des filtres déformants. Ils ne reproduisent jamais une
information à l’identique, mais la mettent en perspective, la critiquent, etc.
Cette prise de position, inhérente à l’activité journalistique, peut tourner en la
faveur ou en la défaveur de l’entreprise, qui ne le sait qu’après.
UN CODE DE BONNE CONDUITE
La réussite ou l’échec d’une opération presse provient de la conjonction de
paramètres, plus ou moins contrôlables. Certains sont objectifs : conjoncture
(vacances scolaires, événements sportifs majeurs et périodes électorales sont à
l’évidence de très mauvais moments), nature et qualité de l’information.
D’autres paramètres sont plus subjectifs : qualité des relations avec les
journalistes, disponibilité des médias (sont-ils au même moment accaparés
par un événement majeur ?), mouvements d’opinion, etc. Quels qu’en soient
les thèmes, quelles qu’en soient les méthodes (communiqué, dossier,
conférence, interview), les relations avec la presse sont fondamentales. De
leur qualité dépendra la qualité de l’image d’entreprise. Comment les
conduire avec succès ?
- Bâtir une politique de long terme
Il ne suffit pas d’agir au coup par coup : tel événement suscitant une prise de
contact ponctuelle avec les médias. Il est préférable de capitaliser d’une
action presse à l’autre, tout en maintenant sa capacité à réagir au coup par
coup, quand l’actualité de l’entreprise le commande. Une action presse qui
s’inscrit dans une stratégie globale est plus efficace qu’un « coup » : elle est
bien reçue, mieux comprise, plus écoutée.
Cette politique de durée est un gage de qualité. L’entreprise a tout intérêt à
se constituer un réseau de contacts et à entretenir avec eux des rapports
constants. Elle parviendra ainsi à connaître les médias et, en leur sein, les
journalistes qui l’intéressent : quand viendra le moment de travailler avec eux,
elle sera certaine d’avoir un répondant de connaissance.
En outre, cette politique de capitalisation permet de mener des actions
« coup de poing ». L’entreprise vient de décrocher un contrat, sa branche
d’activité traverse une crise, une de ses filiales lance un produit, etc., : il lui
faut joindre dans l’heure les médias. Cela lui sera d’autant plus facile qu’elle
aura entretenu des relations permanentes avec eux. Elle saura qui appeler, à
quelle heure (ni pendant la conférence de rédaction, ni après le bouclage !),
pour quel type d’information.
Cette stratégie du long cours est d’ailleurs imposée par le mode de
fonctionnement de la presse. Un journaliste interviewe un chef d’entreprise au
jour J : il n’est pas tenu de faire immédiatement état des informations qui lui
ont été données. Il a en effet toute liberté pour les trier et n’en utiliser qu’une
fraction ; il peut aussi les exploiter en différé, en fonction de son calendrier
rédactionnel ; ou encore les agréger, plus tard, dans un article de synthèse.
FOCUS
COMMENT ENTRETENIR DE BONNES RELATIONS
AVEC LES JOURNALISTES ?
Les entreprises commettent des erreurs par pure méconnaissance de leurs interlocuteurs, les journalistes. Ceux-ci leur
apparaissent mystérieux, voire dangereux. En réalité, les journalistes sont avant tout des personnes pressées,
perpétuellement à court de temps, avec pour ligne d’horizon (ou couperet ?) l’heure du bouclage. Leur métier :
écouter, faire parler, accumuler les informations pour exercer ensuite leur esprit critique. Leur raison d’être : mettre
l’information en perspective. Une entreprise soucieuse d’établir de bonnes relations avec ses interlocuteurs doit
respecter trois principes.
JOUER L’EFFICACITÉ
Donner le maximum d’informations en un minimum de temps. Rien ne sert de faire durer une interview ou
une conférence de presse.
S’attacher aux seules informations exploitables.
Être simple : le journaliste connaît souvent moins bien le sujet que son vis-à-vis dans l’entreprise, et c’est
bien normal.
Aider matériellement le journaliste en lui fournissant documents, photos, illustrations, etc.
ENTOURER L’INFORMATION
Donner le maximum d’éléments positifs : « Voici ce qu’il y a de nouveau, de remarquable », « Voici en quoi
nous nous démarquons ». Éviter toutefois l’autosatisfaction qui ne pourrait qu’exaspérer le journaliste.
Insister sur les points qui comptent pour l’entreprise, passer rapidement sur d’autres, plus mineurs.
Mettre les informations en perspective, en donnant, par exemple, quelques éléments inédits sur le marché et
le contexte économique dans lequel l’entreprise évolue.
Se mettre à la disposition du journaliste pour tout éclaircissement technique en cours de rédaction.
- Un effort d’originalité
Des centaines de communiqués et de dossiers de presse arrivent
quotidiennement dans les rédactions, d’où l’intérêt de sortir de la masse.
Exemples
Le 23 janvier 2008, pour annoncer une nouvelle recette de sa marque Kit Kat, Nestlé a invité une
vingtaine de journalistes pour une destination inconnue. Il s’agissait d’une soufflerie géante
d’entraînement à la chute libre où ils purent s’essayer aux sensations de flotter dans les airs, avant,
bien sûr, de déguster des barres chocolatées offertes par l’entreprise.
Hewlett-Packard, une à deux fois par an, organise des soirées de prestige pour les journalistes. En
2006, la présentation des nouvelles gammes de produits s’est effectuée sous forme d’un défilé de
mode dans un endroit prestigieux sur les Champs-Élysées. L’entreprise s’est également distinguée
en adressant des communiqués de presse dans des bouteilles d’eau afin de sensibiliser au thème du
1
recyclage .
Le tableau suivant indique cinq moyens pour que le message soit bien reçu
par le journaliste (cf. tableau 6.4).
TABLEAU 6.4 – CINQ STRATÉGIES POUR SORTIR UN MESSAGE DE L’ANONYMAT
Exemples Des comédiens ou Faire parvenir tous les Une maison d’édition Pour l’ouverture d’un Envoyer un dossier
des étudiants habillés jours pendant une lance, dans les grandes nouveau village, un de presse austère
ou déguisés selon le semaine des messages rédactions parisiennes, club de vacances alors que les
thème de l’opération énigmatiques : « Qui un test sur la culture invite les principaux concurrents donnent
font le tour des est le premier en générale des journalistes des documents
rédactions, et Europe sur son journalistes. « Tourisme » à venir y luxueux. Ou au
remettent les marché ? Qui a séjourner. contraire, délivrer
documents aux découvert le processus une information
journalistes. Machin ? Qui « fleurie » dans un
commercialise le univers traditionnel.
produit Truc ? Quelle
est l’entreprise qui peut
se vanter de ne pas
licencier ?, etc.» Au
jour J, donner la
solution, « L’entreprise
X », dans un
communiqué ou un
dossier de presse ; la
compléter
éventuellement par
d’autres informations.
Avantages
Spectaculaire. Excitant : la Incitatif : si le Agréable : les
Effectif : on curiosité du jeu est drôle, rapports
est certain journaliste est ou s’il entreprises-
que le éveillée. concerne des journalistes
message sera Original : sujets d’intérêt dépassent la
bien transmis. l’entreprise se général. stricte relation
Humoristique. distingue. Instructif : le professionnelle
nombre de et se déroulent
réponses est un dans un
bon indicateur environnement
de l’état des plaisant.
contacts presse
de l’entreprise.
Ludique :
l’entreprise
inverse le sens
du dialogue.
Pour une fois,
elle va à la
« pêche aux
informations ».
Inconvénients
Aléatoire : en Cette méthode Difficile : les Classique :
l’absence des ne tolère pas la journalistes pratiqué
journalistes, médiocrité. n’ont pas de depuis
que faire ? Il faut qu’il y temps à toujours.
Revenir, ait une juste perdre. Dangereux :
remettre le adéquation Pour qu’ils l’entreprise ne
document à entre le contenu répondent, doit jamais
quelqu’un et la forme pour il faut arriver à donner
d’autre ? que le teasing piquer leur l’impression
Galvaudé : soit compris. curiosité. de tabler sur
cet artifice est Impossible de Incertain : on du « donnant-
souvent pratiquer ce jeu ne peut donnant ».
employé. pour une escompter un Incertain : les
Pas toujours information fort retombées
efficace : grave ; ce serait taux de presse ne sont
dans quelle particulièrement réponse. pas garanties.
mesure les mal venu. Coûteux.
journalistes se Le timing doit
sentent-ils être parfait : le
honorés par « jeu » ne doit
ce geste ? pas durer trop
Agaçant : longtemps, afin
cela les que les
dérange, les journalistes
fait rarement fassent le lien,
rire. et ne se lassent
Coûteux. pas.
Bilan La forme adoptée, aussi judicieuse soit-elle, ne doit pas faire oublier le fond, c’est-à-dire le contenu de l’information.
Aucun « enrobage » ne pourra travestir un message dépourvu d’intérêt ou de profondeur.
- Créer l’événement
Pour intéresser la presse, le responsable de communication peut lancer un
sondage, un baromètre ou une étude. Le journaliste sera souvent attiré par ce
type d’information qui lui apparaît non publicitaire et apte à intéresser un
vaste lectorat. Lancer un sondage coûte environ 200 000 euros, mais tout
dépend de la méthode, automatisé (par Internet), par téléphone, en
questionnaire auto-administré ou en face à face. Le coût variera également si
le sondage s’inscrit dans une batterie d’autres questions (sondage omnibus
pour lequel le coût de la question est de l’ordre de 1 500 euros) ou s’il est
spécifique.
Les qualités d’un sondage pouvant intéresser les médias sont :
Exemple
Europ Assistance a créé en 2000 avec Ipsos un baromètre « voyage » reconduit annuellement.
Celui-ci est réalisé sur sept pays et mesure les « intentions et préoccupations des Européens pour les
vacances ». En outre, avec l’Institut CSA, un baromètre « santé » a été créé en 2006. Celui-ci,
annuel également, s’effectue sur un échantillon de dix pays et mesure la relation et la pratique des
citoyens européens à l’égard de leur système de santé. Depuis 2009, les résultats de ce baromètre
sont présentés fin septembre à Chamonix lors d’un important événement, la Convention on Health
Analysis and Management, ce qui permet de nourrir les débats entre hommes politiques,
journalistes, économistes et leaders d’opinion dans l’univers de la santé. La publication des deux
résultats est un moment fort dans la stratégie des relations presse de l’entreprise.
3
LE CHOIX DES AMBASSADEURS DE
L’INFORMATION
Pour plus de commodité nous appellerons « attaché de presse » toute
personne chargée des relations avec les médias. Peu importe qu’elle assume
d’autres fonctions10 ; qu’elle porte d’autres titres (responsable de la
communication, responsable RH) ; qu’elle fasse ou non partie de l’entreprise.
L’attaché de presse est le maillon central de la chaîne qui rattache l’entreprise
à l’opinion publique, par l’intermédiaire des médias. De la nature des contacts
qu’il aura noués avec ceux-ci, de la teneur des informations qu’il aura réussi à
faire passer, dépendra la qualité des retombées pour l’entreprise. L’attaché de
presse est donc un personnage central dans une stratégie de communication.
Comment le choisir ?
LES QUALITÉS D’UN ATTACHÉ DE PRESSE
L’attaché de presse fait le lien entre deux mondes radicalement différents :
d’un côté, l’entreprise avec son mode de fonctionnement et ses impératifs de
discrétion ; de l’autre, les médias avec leur goût pour les scoops et leur mépris
de la hiérarchie. Il se trouve, ainsi, souvent « pris en sandwich » entre
l’entreprise qui considère que telle information (diversification, lancement de
produits, restructuration) est tout aussi capitale que révolutionnaire et en
attend donc d’importantes retombées presse ; et les journalistes, dont le métier
est de relativiser toute nouvelle. Pour assumer cette mission complexe,
l’attaché de presse doit faire preuve de qualités tant humaines que
professionnelles.
- Une personnalité ouverte et adaptable
Disponible
La raison d’être de l’attaché de presse n’est-elle pas le service de
l’information et par là même celui des médias ? Une importante partie de son
temps est consacrée à répondre aux demandes des journalistes (qui s’y
prennent généralement au dernier moment, c’est-à-dire juste avant le
bouclage). Il peut s’agir d’une demande d’interview du dirigeant, d’une prise
de position officielle sur un problème d’actualité, d’un complément
d’information technique, de l’envoi d’échantillons en province, d’un besoin
urgentissime de clichés pour illustrer un article.
Tout doit être fait dans les plus brefs délais. D’où la nécessité d’avoir des
dossiers bien préparés, une tête bien faite (pour sérier les priorités), et une
humeur égale : l’attaché de presse doit rester lui-même quelles que soient la
précipitation et les exigences de ses interlocuteurs. Ce sens de l’organisation
devra être doublé d’un don d’ubiquité : l’attaché de presse doit être partout à
la fois, notamment lors des réunions officielles (cocktail, déjeuner,
conférence, voyage). Au four, supervisant l’organisation et la bonne
synchronisation de l’ensemble ; et au moulin, jouant l’intermédiaire entre les
intervenants et les invités.
Intercesseur
L’attaché de presse entoure, sinon materne, celui qui parle au nom de
l’entreprise (pdg, directeur technique, chef de service, etc.). Il lui présente les
journalistes, oriente la discussion, essaie de faire converger le besoin
d’information des uns – les journalistes – et le désir de communication de
l’autre – le représentant de l’entreprise. Le mythe du journaliste, grand
méchant loup, cherchant à soutirer des informations compromettantes, est
encore bien ancré dans les esprits : l’attaché de presse est là pour dissiper les
craintes et positiver le dialogue.
En outre, l’attaché de presse est investi d’une mission de représentation pour
l’entreprise. Dans ce rôle, il sera avenant et ouvert ; il aura le sens des
contacts, la poignée de main franche et conviviale. Il devra aussi être
physionomiste et pouvoir compter sur une bonne mémoire : dans les
manifestations officielles, et contrairement aux journalistes, l’attaché de
presse ne peut pas déambuler avec un bloc-notes sous le bras. Il doit pourtant
se souvenir de tout : noms, têtes, événements, thèmes des discussions, etc.
Souple mais tenace
L’attaché de presse devra être prêt à sauter sur une bonne occasion : rencontre
impromptue, interview de dernière minute, etc. Et à changer son fusil
d’épaule : s’il sent le vent tourner, annuler une conférence de presse plutôt
que la tenir devant une salle vide, retarder la parution d’un article jusqu’à une
conjoncture plus favorable, etc. Il doit non seulement être malléable mais
aussi persévérant. Si un support de presse est fondamental, si une grande
signature est injoignable, il n’a pas le droit d’abandonner : il fera le siège de
la rédaction jusqu’à obtenir gain de cause.
- La finesse de l’intermédiaire
Connaisseur
L’attaché de presse est l’ambassadeur de l’entreprise auprès des médias. C’est
à lui que revient le travail de fond : rédaction de communiqués et de dossiers
de presse ; conception des brochures ; préparation d’articles (fournir les
éléments techniques nécessaires, rendre une information intéressante et
dynamique, relire les papiers avant leur parution). Comment envisager de
mener à bien toutes ces tâches, sans une connaissance préalable de
l’entreprise, et une certaine pratique des us et coutumes de ses médias
interlocuteurs ? Surtout s’il s’agit d’un journalisme technique.
Proche
Un bon attaché de presse établit des rapports de confiance avec les
journalistes : il sait pour chaque support à qui s’adresser, connaît
personnellement tel ou tel journaliste, adapte ses angles d’attaque aux besoins
de chacun. Il s’est peu à peu familiarisé avec les méthodes de travail des
principales rédactions qui intéressent l’entreprise : moment de la conférence
de rédaction (pour éventuellement y suggérer un thème d’article par
l’intermédiaire d’un journaliste « ami »), contenu du calendrier rédactionnel
(pour proposer le bon sujet au bon moment), délai de fabrication, jour et heure
de bouclage.
Amical
L’attaché de presse est structurellement demandeur : il sollicite en
permanence les médias. Sa position n’est pas évidente à tenir sur le long
terme sans une bonne gestion du quotidien et des rapports privilégiés avec
certains de ses contacts. Un bon attaché de presse évite de matraquer ses
interlocuteurs, en faisant le siège des rédactions, ou en multipliant les appels
téléphoniques. En revanche, il n’hésite pas à déranger un journaliste pour une
information capitale : ce dernier lui en sera reconnaissant. En somme,
l’attaché de presse doit, autant que faire se peut, se mettre dans la peau du
journaliste.
Discret
L’attaché de presse doit user du téléphone et des mails avec modération. La
relance téléphonique ou électronique se justifie dans certains cas :
- L’imagination du stratège
Le rôle d’un attaché de presse ne se limite pas à répondre aux sollicitations de
la presse au jour le jour. Cette activité quotidienne est la partie émergée de
l’iceberg : le principal consiste en l’élaboration d’une stratégie de relations
presse. Quelle image donner ? Quels moyens utiliser pour se faire connaître ?
Quels magazines privilégier ? L’importance de la mission explique
l’étroitesse des relations qui se nouent entre la direction d’une entreprise et
son attaché de presse. Pour trouver des angles d’attaque susceptibles
d’intéresser la presse, l’attaché de presse peut partir de deux séries
d’éléments :
l’analyse de la presse. Ce qui est dans l’air du temps : les sujets qui se
vendent, ceux qui ne font plus recette. Les centres d’intérêt des lecteurs
sont, effectivement, très mouvants ;
l’audit de l’entreprise. Ce qui a déjà été fait dans le cadre des
relations avec la presse : quels articles, dans quelle orientation ? Quels
furent les points faibles ayant fait l’objet d’attaque, les points forts
oubliés ? Quels sont les aspects positifs de l’entreprise que les
journalistes soulignent généralement ?
appeler le journaliste ou lui adresser un mail pour lui exprimer votre mécontentement et lui
demander un rectificatif ;
appeler ou adresser un mail à son responsable de rubrique, voire au rédacteur en chef ;
retirer le journaliste de la liste de vos interlocuteurs privilégiés dans les envois de
communiqués ou de dossiers de presse, ou dans les invitations à des opérations
événementielles. Ceci est délicat si le journaliste est incontournable dans sa rédaction ;
exiger un droit de réponse. Ce droit, qui figure à l’article 13 de la loi sur la liberté de la presse
(loi du 29 juillet 1881, modifiée le 19 septembre 2000), précise que « le directeur de la
publication est tenu d’insérer dans les trois jours de leur réception les réponses de toute
personne nommée ou désignée dans le journal ou écrit périodique quotidien sous peine de
3 750 euros sans préjudice des autres primes et dommages et intérêts auxquels l’article
pourrait donner lieu. » Le principe du droit de réponse concerne tous les médias (qu’ils soient
de l’ordre de l’écrit, de la radio ou de la télévision). Il concerne également les blogs (article 6
de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique et décret du 24 octobre
2007). Le droit de réponse doit être publié dans les mêmes caractères, à la même place.
Les représailles sont interdites par les codes de déontologie de la profession comme celui de
l’association des directeurs de communication Entreprises et médias qui spécifie que l’entreprise
s’engage à « ne pas se livrer à des “représailles” en cas d’article ou d’émission déplaisants ». Parmi
les réactions « lourdes », certaines entreprises ont pu suspendre quelque temps toute publicité dans
un magazine. Outre le fait d’être déontologiquement discutable, c’est également dangereux pour
l’entreprise. Les recettes publicitaires ne représentent souvent qu’une faible part du budget du
journal et l’entreprise a aussi un intérêt à communiquer publicitairement : « Une fois la colère
passée, la publicité revient comme avant. En outre, dans ce combat, la presse ne manque pas
d’armes : en dénonçant les pressions, elle ternit l’image de marque du patron et de l’entreprise
concernés1. »
Les représailles peuvent prendre une tournure juridique, notamment si l’entreprise considère qu’il y
a diffamation ou divulgation de données confidentielles.
Le 17 juillet 2007, à la suite de la publication par le journal Auto Plus de photographies de la
nouvelle Mégane dont la présentation ne devait s’effectuer qu’un an plus tard, Renault dépose
plainte contre X auprès du parquet de Versailles. Cela conduira un an plus tard à la perquisition du
journal et à la mise en garde à vue d’un journaliste. Pour Renault, il ne s’agissait pas d’une
manœuvre contre le journal mais d’une volonté de connaître l’origine des fuites, il reste que
l’avertissement est clair.
1. Patrick Eveno, Les Médias sont-ils sous influence ?, Larousse/à dire vrai, 2008, p. 78.
L’intérêt Le danger
• Disponibilité : les relations presse demandent • Méconnaissance : quand on n’appartient pas à une entreprise, on
beaucoup de temps. en parle moins bien.
• Économies : cela évite de créer un poste • Faible crédibilité : surtout dans un secteur très pointu, un attaché
permanent. On fait appel à des compétences de presse généraliste fait rarement le poids face aux journalistes
extérieures pour chaque coup ponctuel. techniques.
• Professionnalisme : pour toute une série de • Intervention limitée : un attaché de presse extérieur est au mieux
prestations : un prestataire de services pour ce qui est de l’organisation et un
– mise à jour d’un fichier ; intermédiaire pour ce qui est de l’information.
• Risque : il est difficile de juger a priori des compétences de
– conception d’un dossier presse ;
quelqu’un qui ne travaille pas dans l’entreprise. La seule solution :
– organisation d’une réunion ;
– organisation d’une réunion ;
– argus de la presse (collecte d’articles, essayer. C’est risqué !
enregistrement, etc.).
SECTION 3
RÉDIGER L’INFORMATION :
1
COMMUNIQUÉ DE PRESSE ET DOSSIER DE
PRESSE
LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le communiqué délivre rapidement une information sur le modèle d’une
dépêche d’agence. Sa structure est normalisée :
Exemple
La restructuration de l’entreprise X
Développement en trois temps :
Quoi ? Faits, chiffres, précisions (Présent).
Pourquoi ? Causes structurelles et évolution du phénomène (Passé).
Vers quoi ? Perspectives et objectifs (Futur).
Si votre entreprise est peu connue, il peut être utile d’ajouter un paragraphe
la présentant en 4-5 lignes. Ce paragraphe appelé boiler plate, commence
généralement par la formule « À propos de ». Souvent, afin de ne pas la
confondre avec le contenu du communiqué, cette présentation s’effectue dans
une police de caractères différente ou en italiques.
Un bon communiqué doit contenir de l’information, et c’est bien la moindre
des qualités attendues. Cela signifie surtout qu’il ne doit pas ressembler à une
opération publicitaire, manipulatoire ou outrancièrement triomphaliste. Il doit
fournir des données précises, vérifiables et mettre en perspective des faits en
apportant un éclairage. Il doit être bref et aller à l’essentiel. Un communiqué
doit apporter une information et une seule, sinon il faudra en envisager un
autre.
Le fait que les communiqués soient adressés sous forme électronique permet
d’y inclure un lien renvoyant vers le site web de l’entreprise et une rubrique
où le journaliste pourra trouver davantage d’informations et notamment des
visuels.
En dehors de l’approche avantages/inconvénients (cf. tableau 6.8), chaque
support de relations avec la presse doit être analysé en fonction de ses
spécificités (cf. tableau 6.9).
TABLEAU 6.8 – LES AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DES DIFFÉRENTES TECHNIQUES DE RELATION PRESSE
Légende :
Facilité = la technique est-elle facile à maîtriser ?
Qualité = l’information transmise est-elle pertinente ?
Dialogue = l’échange est-il possible entre l’entreprise et les journalistes ?
Rentabilité = quel est le rapport temps passé/résultat obtenu ?
Efficacité = quelle probabilité d’atteindre le but ?
Coût = le message revient-il cher ?
Communiqué Commun, pratique, fonctionnel. Rapide, courante, Joindre simultanément un grand nombre de
urgente. supports.
Dossier Riche, ouvert : tout est possible. Profonde : mise en Destiné à être utilisé comme outil de
perspective. référence.
FOCUS
COMMUNIQUÉ DE PRESSE :
LES ERREURS À NE PAS COMMETTRE
Voici un mauvais communiqué de presse. Nous le livrons à votre lecture : cherchez les erreurs. Essayez de le rédiger
correctement. Puis confrontez vos critiques aux nôtres, votre mouture à celle que nous vous proposons.
LE TEXTE ORIGINAL
BADCOM SA
FORTE PROGRESSION DU CHIFFRE D’AFFAIRES EN 2011
Le chiffre d’affaires de Badcom SA, pour l’année 2011, a été de 240 M € TTC (204 M € HT), contre, en 2010,
197 M € TTC (175 M € HT), soit une progression de 21,8 %.
Le montant des commandes prises au cours de l’année 2011 s’élève à 476 M € TTC (426,5 M € HT), portant ainsi le
carnet de commandes de la Société, au 31 décembre 2011, à près de deux années de chiffre d’affaires.
Ces chiffres confirment l’expansion de la Société et permettent de prévoir à nouveau une importante croissance du
chiffre d’affaires pour 2012.
Paris, le 10 mars 2012.
LA CRITIQUE
Impression générale
Plat : le communiqué n’a aucun relief. Les informations importantes sont noyées dans la masse.
Neutre : les éléments positifs sont exposés sèchement, sans élan. Ils disparaissent.
Maigre : le message est délivré à l’état brut, l’information n’est pas mise en perspectives. Un grand absent : le
bénéfice réalisé par la société (donnée capitale pour les analystes financiers).
Inconfortable : une lecture rapide est impossible.
Peu maniable : avalanche de chiffres, excès de précision. Arrondir les chiffres aurait permis de les rendre
plus significatifs. Le lecteur ne sait pas qui contacter pour demander une information complémentaire.
Ligne à ligne
Ils permettent d’envisager une importante croissance (de combien ? ) du chiffre d’affaires pour l’année à venir.
Paris, le 10 mars 2012.
N.B. Pour information complémentaire, contacter M. … au …. (donner les coordonnées : téléphone, e-mail et le titre
de cette personne).
LE DOSSIER DE PRESSE
Un dossier de presse met à la disposition des médias un ensemble complet de
documents. Il combine en général les aspects factuel (informations brutes),
documentaire (« preuves » à l’appui de la démonstration) et anecdotique
(devant piquer la curiosité de ses destinataires). Bien conçu, il devrait donner
aux journalistes tous les éléments nécessaires à la rédaction de leurs papiers.
Aujourd’hui la forme des dossiers de presse a fortement évolué. Certes,
beaucoup d’entreprises surtout dans le secteur du luxe continuent à les
envoyer sous forme papier, par la poste ou par coursier. D’autres se
contentent de les adresser par mail. Par rapport au dossier sur support papier,
il offre plusieurs avantages notoires : il présente un plus grand choix de
photos et permet au journaliste d’aller plus vite en transférant directement
textes et images sur son ordinateur. Le tout pour un prix très modéré.
Mais le poids pris par Internet a considérablement augmenté. Rapide,
interactif, peu onéreux, il répond aux besoins des journalistes, à leurs
manques de moyens, de temps ou d’expertise. Il permet d’avoir accès
directement aux photos et de les ouvrir immédiatement, ainsi que de se
connecter aux sites des entreprises, qui donnent de plus en plus
d’informations bien faites. Toutefois, beaucoup de journalistes préfèrent
encore un « mixte » : papier et Internet. Et avant de leur faire parvenir un
dossier, il faut toujours vérifier le canal par lequel ils souhaitent recevoir
l’information. Certains services de communication envoient un mail mais le
doublent systématiquement d’un courrier.
- La présentation d’un dossier de presse
S’adressant à des journalistes, saturés d’informations et débordés, tout dossier
de presse (papier, mail ou CD-Rom) doit respecter une certaine discipline de
forme :
les feuillets (dans le cas d’un dossier de presse papier) sont réunis dans
une chemise, un dossier, une enveloppe et constituent un ensemble ;
les documents sont ordonnés : pages estampillées au logo de
l’entreprise, numérotées et agrafées afin que le journaliste s’y retrouve
ou s’il travaille sur plusieurs dossiers à la fois, et pour qu’il puisse
éliminer les pages qui ne l’intéressent pas ;
un sommaire placé au début du dossier, indique les titres des
documents et les pages correspondantes, pour que le lecteur ait
directement accès aux sujets qui le concernent. Dans le même esprit, les
différentes sous-sections pourront être séparées (par des chemises ou des
intercalaires de couleur) afin de permettre un feuilletage rapide ;
il sera fait mention, bien en évidence, du nom, du numéro de téléphone
et de l’adresse mail de la personne à contacter pour information
complémentaire.
FOCUS
Exemples
L’agence Hill + Knowlton a ainsi fait réaliser un dossier de presse géant pour le nouveau système
Tomtom de GPS grand écran.
Pour la marque Canderel, Chantal Thomass a construit un superbe carton à chapeau dans lequel se
trouvait les Pockets « Canderel by Chantal Thomas ».
Chantal Thomass participe à la campagne Canderel
Pour inviter les journalistes à l’opération « Rêve de neige » qu’elle organise chaque hiver au Stade
de France pour près de 50 000 enfants, la marque Milka qui appartient au groupe Kraft Foods a fait
porter aux journalistes un dossier de presse en forme de coucou suisse.
Dans toutes ces opérations, l’objectif est le même : attirer l’attention du journaliste.
ENTOURER L’INFORMATION : LA
3
CONFÉRENCE DE PRESSE
Une conférence de presse réunit plusieurs journalistes, dans un lieu et à une
heure donnés, afin de leur transmettre un ensemble d’informations. Les
occasions sont multiples : lancement de produit, présentation des comptes,
bilan d’une opération, riposte à une rumeur, etc. Le succès d’une conférence
de presse résulte de la combinaison de divers éléments :
Cette triple performance paraît difficile à réaliser. C’est sans doute pourquoi
la conférence de presse fait l’objet d’un paradoxe : tout le monde la craint,
mais personne n’arrive à s’en passer.
LA PRÉPARATION D’UNE CONFÉRENCE DE PRESSE
L’organisation d’une conférence de presse ressemble à un parcours semé
d’embûches. L’entreprise s’expose aux yeux et à la critique des médias :
l’information en vaut-elle la peine ? Jusqu’au dernier moment, on ne sait pas
qui va effectivement y assister : l’audience sera-t-elle suffisante ? Enfin, on ne
peut jamais prévoir la réaction des médias : l’opération sera-t-elle in fine
justifiée par les retombées presse qu’elle aura suscitées ?
- Avez-vous de bonnes raisons pour organiser une conférence de
presse ?
Aucune entreprise – à partir d’une certaine taille – ne peut en faire l’impasse.
Il n’existe pas de meilleur moyen pour toucher simultanément un grand
nombre de supports, ni pour répondre collectivement aux demandes des
journalistes. Il n’y a pas non plus d’équivalent en termes de retombées. Une
réunion de presse assure non seulement la couverture média d’un événement
(sur le court terme), mais permet aussi d’établir des contacts privilégiés avec
la presse (préoccupation fondamentale sur le long terme). Alors faut-il ou non
en organiser ? On ne peut répondre dans l’absolu. Cela dépend de la
dimension de l’entreprise, des pratiques de la branche, des moyens
disponibles, du nombre de journalistes susceptibles de venir (rien n’est pire
qu’une salle à moitié vide), et, à l’évidence, de l’intérêt de l’information : les
meilleurs petits fours n’ont jamais fait passer une information creuse.
Opération complexe, l’entreprise ne s’y lancera qu’après avoir répondu à
quelques questions simples :
Pendant
Si l’entreprise dispose d’un budget limité, mieux vaut adopter une solution
plus légère : envoi d’un dossier de presse complet, suivi de contacts
personnalisés avec les journalistes importants. C’est préférable à une formule
« Oasis-verres-en-plastique-cacahuètes », dans le réfectoire d’une usine. Cette
extrême simplicité risque de porter préjudice à l’image de la firme12.
Attention aussi à ne pas tomber dans les effets de mode. Peu de journalistes
sont dupes des conférences de presse où l’entreprise voudrait prouver son
engagement dans le développement durable par la panoplie cocktail bio,
papier recyclé, compensation carbone de la conférence.
- Définir une ligne directrice
Une conférence de presse doit se concevoir comme un show. Et un show ne
fonctionne que s’il plaît au public, en l’occurrence aux journalistes.
L’organisateur doit constamment s’interroger : qu’attendent les médias ?
Quelle est la plus-value d’une conférence par rapport à un dossier de presse ?
Que faire pour séduire ? Sur quoi tabler : des intervenants brillants, un
événement exceptionnel, une information riche ou, au contraire,
divertissante ?
Avant d’entrer dans les détails, l’entreprise aura fixé les grandes lignes :
le nom de l’invitant ;
le thème de la réunion ;
les date, heure et lieu (avec un plan et l’indication de parking, si
nécessaire) ;
le programme : thèmes des exposés, si possible accompagnés de la
durée des interventions, des titres et noms des orateurs ; exemple :
Que dire ?
Les interventions auront été soigneusement préparées. Les intervenants
devront avoir anticipé les questions des journalistes, surtout s’il y a des sujets
sensibles. Dans cette optique, le mieux est de suggérer aux journalistes
d’envoyer leurs questions par avance. Cette pratique « protège » l’entreprise
et lui permet de garder la maîtrise des débats : chaque question soulevée aura
été pensée, éventuellement reformulée et intégrée dans une perspective plus
générale. Mais les journalistes n’affectionnent guère ce procédé. Par
principe : jaloux de leur indépendance, les journalistes se sentent muselés s’ils
doivent poser leurs questions au préalable ; ils craignent d’obtenir des
réponses détournées. Par manque de temps, ensuite : les journalistes n’ont pas
la disponibilité nécessaire pour réfléchir au thème de la conférence par
avance, encore moins pour anticiper leurs questions. Par goût, enfin : l’intérêt
d’une conférence de presse ne réside-t-il pas justement dans cet échange
spontané entre les représentants des médias et l’entreprise ? Les journalistes
aiment poser des questions sur le vif, les unes appelant les autres. Ils ne
détestent pas non plus surprendre, s’éloigner des chemins balisés, voire
provoquer : en somme susciter l’inédit.
Comment le dire ?
L’ensemble des allocutions ne doit pas dépasser 20 à 30 minutes : au-delà,
l’auditoire se lasse ou s’endort. Les exposés doivent être structurés, clairs,
succincts. Le mode direct, informatif et convaincant. Voici quelques règles
pour faciliter le contact :
- Contrôler le déroulement
Voici cinq suggestions pour un déroulement efficace.
Recenser
Profitez de la venue des journalistes pour constituer une liste de presse
nominative et actualisée. À l’entrée de la salle, une hôtesse d’accueil notera,
pour chaque invité, nom, adresse et média d’attachement. Cela vous
permettra, par ailleurs, de savoir qui est venu.
Connaître
Préparez pour les invités attendus – ceux qui ont répondu affirmativement à
votre invitation – un badge plastifié ; donnez à ceux qui arrivent à
l’improviste un badge écrit à la main. Les représentants de l’entreprise
porteront eux aussi un badge. Utilisez un système d’identification clair, à base
de signes ou de couleurs : par exemple des badges bleus pour les membres de
l’entreprise, des badges verts pour la presse.
Attendre
Prévoyez un quart d’heure de battement pour les retardataires. Guère plus : les
journalistes mènent perpétuellement une course contre la montre, ils n’aiment
pas attendre.
Offrir
Vous pouvez éventuellement remettre des échantillons de produits, ou des
cadeaux estampillés au logo de l’entreprise (gadgets, stylos, briquets, blocs,
dossiers, parapluies, machines à calculer, etc.), mais n’en faites pas trop : ne
donnez en aucune manière l’impression d’acheter les journalistes.
Exemple
Il y a quelques années, la mésaventure d’un constructeur automobile japonais fut à cet égard
édifiante. Non content d’inviter la presse économique française à passer huit jours au Japon pour
essayer ses nouveaux modèles, il a tenu à offrir à chaque journaliste une montre de luxe (d’environ
800 euros pièce). Les journalistes ont très mal réagi. Et, pourtant, la démarche était dépourvue de
toute intention manipulatrice !
Aider
Facilitez le travail des journalistes par la distribution de dossiers de presse, la
diffusion d’audiovisuels et de divers supports aux exposés (slides, photos,
films).
Quand remettre le dossier de presse ? Éternel dilemme qui donne des
cheveux blancs à tout organisateur et sur lequel personne ne s’entend. En
début ou en fin de conférence ? Aucune solution n’est parfaite : examinons les
avantages et les inconvénients de chacune de ces solutions (cf. tableau 6.10).
TABLEAU 6.10 – QUAND REMETTRE LE DOSSIER DE PRESSE ?
Avantages • L’audience suit mieux : elle sait de quoi on parle. • Oblige l’auditoire à soutenir son
attention et à rester jusqu’à la fin.
• Gain de temps : les journalistes écoutent en feuilletant
les documents qu’ils annotent et commencent à travailler • Ne déflore pas le sujet.
sur place.
• Intérêt : il n’y a pas de bonne question sans information
préalable.
ACCUEIL
CADRE
TRAVAIL
• Faire la pige des journaux ou s’abonner aux différents • Attendre que les journalistes envoient une
organismes de pige de la presse. La première formule photocopie de leurs articles : il y a de grandes chances
demande du temps, la seconde des moyens. qu’ils oublient.
• Établir un press-book dans un délai raisonnable (1 mois) et • Boucler le press-book dans la semaine suivant
le compléter au fil du temps. l’opération est utopique ! C’est passer outre
l’étalement inévitable des retombées presse.
• Noter et prendre contact avec les journalistes qui ont écrit • Attendre le prochain événement pour faire signe à
un article. ces journalistes.
• Remercier personnellement les journalistes avec lesquels
vous aurez eu des contacts approfondis.
• Si vous constatez des erreurs, précisez les aspects • Réclamer un correctif pour un point de détail : cette
apparemment mal compris. exigence risquerait de ruiner vos futures relations.
• Ne demandez d’erratum que pour une erreur grossière ou
grave.
4 L’INTERVIEW
L’interview est très prisée du journaliste : elle lui permet d’obtenir une
information personnalisée, sur mesure, fine. Mais, elle est redoutée par
beaucoup d’interviewés, qui craignent de se faire piéger. C’est objectivement
un moyen d’information intéressant, riche, pour l’une – le journaliste – et
l’autre partie – l’entreprise –, à condition que cette dernière s’y soit préparée
(cf. tableau 6.12).
- Préparer l’interview
Il est imprudent d’accepter une interview au pied levé. À moins que ce ne soit
la énième d’une même série, et que vous soyez très au fait de votre sujet. Si
vous êtes sollicité par un journaliste, demandez-lui, en prenant rendez-vous,
quelle orientation il souhaite donner à son article. Si, en revanche, c’est vous
qui le sollicitez, vous aurez pris soin de fixer l’axe de votre rencontre – de
quoi allez-vous l’entretenir ? – et de vous assurer que l’information en
question en vaille la peine. Préparez l’interview dans une double direction :
Le contexte
Le contenu
Prévoyez les questions que vos propos risquent de susciter. Pensez aux
éventuels contre-exemples, aux pièges possibles. S’il y a des points délicats,
soyez certain que le journaliste les abordera : envisagez à l’avance une
réplique.
TABLEAU 6.12 – LA PRÉPARATION DE L’INTERVIEW SUR TROIS NIVEAUX
Exemples Ainsi pour notre produit P, le Voilà ce qui nous À l’instar de ce qui se fait dans le secteur
prix de revient baissera distingue de la à l’étranger.
de… %. concurrence.
À faire À éviter
Être aimable
L’interview est un échange entre deux personnes. Évitez d’interrompre les
échanges par d’incessants appels téléphoniques ou de stresser le journaliste,
en disant par exemple : « Nous avons dix minutes pour tout boucler », « Je
vous reçois entre deux rendez-vous ». Essayez au contraire de créer un climat
détendu. Même si vous craignez la presse, ne commencez pas l’entrevue par
une remarque négative : « Moins j’en dis, mieux je me porte », « Je vous
reçois, mais à reculons », etc. Il n’y a aucune raison pour que l’échange se
fasse à sens unique : pourquoi ne pas inverser les rôles et poser au journaliste
des questions sur son journal (évolution du titre, orientations rédactionnelles,
chiffre de tirage, perspectives) ?
Au début de l’interview, demandez-lui ce qui l’intéresse, quels sont ses
besoins, quel sera son angle d’attaque. Au cours de la discussion, assurez-
vous que le message passe bien : « Ai-je été assez clair ? Ai-je complètement
répondu à votre question ? Y a-t-il encore des zones obscures ? » Enfin,
enquérez-vous de ses impératifs de bouclage afin de lui fournir les différents
documents à temps et assurez-le de votre aide pour compléter tel aspect, lui
faire rencontrer le spécialiste, etc.
Être professionnel
Votre propos, que vous aurez eu soin de préparer, sera clair, court, construit et
objectif. Vous devez donner au journaliste le maximum d’éléments de
jugement, le plus grand nombre de clés d’entrée.
Être diplomate
L’interview est un jeu : chacun des protagonistes obéit à sa propre logique.
L’entreprise utilise la presse pour faire passer un message, et, plus
globalement, pour véhiculer une certaine image. Le journaliste cherche la
matière pour construire son papier. La première doit éviter les vagues
incontrôlées ; le second essaie d’obtenir le maximum d’informations.
Sachez qu’il est rare de contrôler le contenu d’un article avant sa parution.
Faites preuve de diplomatie pour pouvoir exercer un droit de regard :
proposez de vérifier les aspects techniques. Si cela vous est accordé, débordez
prudemment de votre rôle technique et avancez une ou deux remarques sur le
fond. En toute occurrence, ne donnez jamais d’ordre.
Enfin, si par le passé l’entreprise a pâti d’un mauvais article de presse, n’en
faites pas mention en préambule : rien de tel pour instaurer un climat crispé.
Si vous tenez néanmoins à mentionner vos déboires, faites-le en fin
d’interview, sur un mode léger et précis : « Voilà ce qui m’a déplu », « Telle
information dans l’article de … était fausse », « Je préférerais cette fois que
vous ne mentionniez pas, etc. »
Ne pas céder à l’urgence
Lorsqu’un journaliste vous appelle, sa demande est souvent urgente. Il
réclame une réponse immédiate. Sauf si vous êtes déjà préparé, dites-lui que
vous êtes en réunion ou faites dire par votre assistante que vous êtes en
rendez-vous car il est périlleux de répondre immédiatement sans préparation.
Dites que vous rappellerez dans les 10 minutes et profitez de ce laps de temps
pour vous préparer. Réunissez votre équipe rapprochée, relisez
l’argumentaire, voyez l’historique de vos relations avec ce journaliste,
vérifiez si vous maîtrisez bien toutes les données et seulement ensuite,
rappelez le journaliste. Ne tardez pas à le faire car il pourrait s’impatienter et
la tonalité de l’interview pourrait devenir plus offensive.
N’oubliez pas qu’une interview pour un média audiovisuel et un média écrit
ne s’effectue pas de la même manière. Pour une interview radiodiffusée, les
phrases doivent être concises et précises, elles appellent des faits, des
témoignages et souvent de l’émotion. Pour la presse écrite, vous avez – en
général – davantage le temps de l’explication.
Vous pouvez également en urgence organiser un brain storming avec les
moyens du bord. Il suffit de réunir son équipe ou ses proches collaborateurs,
de leur expliquer le contexte et de réfléchir avec eux aux réponses à fournir
aux questions les plus probables. Toutefois, pour une réelle formation au
média-training, le recours à un prestataire spécialisé apparaît indispensable.
FOCUS
QUI ?
Des cabinets spécialisés en média-training (certaines filiales d’agences de relations publiques et certaines écoles de
journalisme) entraînent hommes politiques, fonctionnaires, chefs d’entreprise.
COMMENT ?
Dans un studio en miniature, devant une caméra en circuit fermé, un vrai journaliste interviewe l’apprenti
« Duschmock ».
Le journaliste, le professeur et « Duschmock » visionnent ensuite le film de l’interview, sur un écran de télévision. Ils
critiquent.
À la première séance, tout le monde sort démoralisé ! Ils recommencent l’interview autant de fois que nécessaire.
COMBIEN ?
Le coût dépend bien sûr du temps passé et du spécialiste qui va « entraîner » le représentant de l’entreprise (un
cabinet spécialisé, un journaliste free-lance, etc.). Le prix varie également si le dirigeant est concerné ou son dircom.
Il faut compter de 2 000 euros la séance de deux heures (dans le cas d’un journaliste) à 4 000 euros (pour un cabinet),
au total un coût évoluant entre 8 000 et 16 000 euros.
5
LES AUTRES TECHNIQUES
En dehors du communiqué et du dossier de presse, de la conférence et de
l’interview, bien d’autres outils existent.
LE DÉJEUNER DE PRESSE
Il permet d’inviter quelques journalistes à discuter de manière conviviale avec
un porte-parole de l’entreprise. Cela peut s’effectuer également sous forme de
petit-déjeuner, de cocktail ou de dîner (cf. tableau 6.14). L’endroit doit être
calme, la table un peu isolée, les journalistes ne doivent pas être trop
nombreux afin de faciliter la relation et que chacun puisse poser ses questions.
Petit-
Économique. Délicat : les retardataires sont Invitation : à 8 h 30,
déjeuner
Favorable : c’est un bon nombreux. pour un début réel
moment pour les Bref : tout doit être fini à vers 9 h.
journalistes, ils ont 10 h 30 (11 h au plus tard). Accès facile :
l’esprit libre. Limité : cette formule est impérativement dans
L’ambiance sera moins agréable l’hiver. le centre-ville.
décontractée, mais Accueillir les
professionnelle. retardataires : penser
Rapide : personne – à leur réserver des
invitant ou invité – ne chaises et à leur
peut s’éterniser. donner des dossiers
de presse.
Une variante : le
brunch, commençant
vers 11 h. Cette
formule est moins
pratiquée, car elle
coupe la matinée.
coupe la matinée.
Déjeuner Personnalisé : c’est une Long : les déjeuners de presse Rapidité : que le
bonne occasion pour sont redoutés par les déjeuner dure moins
faire connaissance avec journalistes. Ils les de deux heures.
les journalistes. « bloquent » pendant un long Légèreté : que les
Riche : les orateurs moment (environ trois heures). mets n’endorment
disposent de multiples L’aspect « bonne chère » est pas les convives.
possibilités rarement suffisant pour les Composition des
d’intervention (au début attirer. tables : 6 à 8
du déjeuner, entre les couverts, chacune
plats, au café). Ils ont du animée par un
temps pour répondre aux responsable de
questions. l’entreprise.
Timing étudié : la
conférence doit
précéder le déjeuner.
Dans le cas contraire,
les journalistes
risquent d’arriver au
dessert.
Cocktail
Discret : encombrement Banal. Faire vite :
minimum de l’emploi du Aléatoire : plusieurs cocktails intervention à la
temps. risquent de se chevaucher au tribune avec micro
Économique : à nombre même moment. (durée 20 mn
d’invités égal, cela coûte Superficiel : les journalistes ne maximum), débat
moins cher qu’un vrai font que passer, tout se déroule puis rencontre avec
repas. dans une atmosphère pressée. les journalistes autour
du buffet.
Simplifier : pour le
buffet, commander
des petits fours.
Dîner
Insolite : cette formule Incertain : il faut que les N’organiser une telle
est encore peu pratiquée. journalistes – triés sur le volet réunion que si l’on
Convivial : rencontre – acceptent de consacrer une peut compter sur la
hors des heures soirée à l’entreprise. venue des
« ouvrables ». Exigeant : c’est une vraie journalistes les plus
L’atmosphère en devient promesse de la part de importants et si l’on
plus chaleureuse. l’entreprise. Elle ne peut est sûr de sa capacité
apporter une information à l’orchestrer.
médiocre. Convier les conjoints
des journalistes s’il
s’agit d’un dîner
d’agrément.
Viser un nombre
réduit pour favoriser
la convivialité.
LE VOYAGE DE PRESSE
Il est idéal pour nouer des relations suivies avec des journalistes, puisqu’il
permet de passer une journée ou davantage en leur compagnie. Le voyage doit
être parfaitement organisé de manière à pouvoir se concentrer sur l’objet du
voyage et non sur ses péripéties (minibus en retard, chambre d’hôtel non
réservée, etc.) Nombre de journaux disposent de principes déontologiques
pour éviter que le voyage de presse ne soit que le prétexte à un voyage
d’agrément offert par l’entreprise soucieuse de bonnes relations avec certains
journalistes.
C’est ainsi que le code de déontologie de France 2 stipule que « Les
journalistes, à quelque stade de la hiérarchie qu’ils se situent, ne peuvent
accepter une invitation à un voyage de presse en France ou à l’étranger sans
en référer à leur direction qui en décidera l’opportunité » (Article 5). Les
journalistes de La Tribune suivent le même principe. La déontologie précise
en outre que « L’organisateur de voyage doit être informé au préalable que la
participation au voyage n’implique pas la rédaction d’un article. Si le voyage
donne lieu à un article, ce dernier précise que l’information a été recueillie
“dans le cadre d’un voyage à l’invitation de (nom de l’entreprise invitante)” »
(Article 2-6 – charte du journal, 7 avril 2008).
La charte du journal Libération interdit les voyages – sauf exception – payés
par l’entreprise. Le journal s’engage à rembourser les frais (transports,
hébergements) afférents au voyage.
Exemple
En septembre 2010, l’entreprise Orolia a organisé un voyage de presse à Lorient sur le thème de la
sécurité en mer. Quatorze journalistes de la presse économique, financière et professionnelle furent
accueillis le matin à Orly pour prendre l’avion en compagnie du président de la société. Arrivés à
Lorient les journalistes eurent droit le matin à la présentation de l’entreprise, mais aussi à des
témoignages clients. Après le déjeuner, une démonstration de l’efficacité des balises de secours fut
effectuée en grandeur nature, et un skipper, Alain Gautier, qui eut la vie sauve grâce à une balise de
sauvetage et une personne de l’armée vinrent témoigner. Après un pot de discussions plus
informelles, les journalistes reçurent en cadeau une balise de détresse et furent ramenés à l’aéroport
le soir. Selon Elodie Cally, directrice de la communication d’Orolia, « Le succès d’un voyage de
presse se mesure par le sentiment qu’ont les journalistes que les informations récupérées lors de la
visite n’auraient pu l’être par une autre modalité. »
LE SÉMINAIRE DE PRESSE
Il s’agit ici de réunir des journalistes pour une journée de formation, de
sensibilisation ou d’échange autour d’un thème central pour l’activité de
l’entreprise.
Exemple
Chaque année, le groupe GDF Suez accueille pendant deux jours les journalistes qui couvrent le
secteur énergétique en France et en Belgique. La vingtaine de journalistes est accueillie par un dîner
la veille au soir et durant les deux jours, ils peuvent écouter des présentations détaillées sur
l’entreprise et l’évolution de son secteur d’activité. Les organisateurs alternent des présentations et
des temps de discussions informelles. Un thème sert de fil conducteur à ce séminaire, le thème 2010
concernait les perspectives énergétiques et en 2011, il s’agissait de la situation spécifique du marché
britannique.
LE PUBLI-RÉDACTIONNEL
6
Par souci d’exhaustivité, nous avons intégré le publi-rédactionnel dans
les techniques de relations avec la presse. Toutefois et pour qu’il n’y ait
aucune ambiguïté, le publi-rédactionnel n’est pas une technique de relations
avec la presse et souvent le service presse de l’entreprise n’y est pas associé.
Il s’agit d’une technique publicitaire consistant à acheter un espace dans un
support pour y insérer une publicité, avec la particularité que cette publicité se
présente comme un article de presse.
Le publi-rédactionnel, aussi nommé « publi-reportage », « publi-enquête »,
« publi-scopie », « publi-spécial », « communiqué », est une technique
particulière, à mi-chemin entre l’article (dans sa forme) et la publicité (par son
fond). La présentation du texte peut être assimilée à celle des autres articles
de presse : à première vue rien ne les distingue, sinon le contenu : le publi-
rédactionnel délivre un message « publicitaire », totalement maîtrisé par
l’entreprise. Celle-ci achète à un journal l’espace – une page, une double
page, un cahier entier, etc. – pour son publi-rédactionnel, comme elle le ferait
pour une annonce publicitaire classique. Contrairement aux articles de presse,
l’information est à la libre disposition de l’entreprise. C’est tout l’intérêt de la
formule. Le « publi » permet à une entreprise de réaliser le papier idéal.
Certains secteurs se prêtent mieux que d’autres aux publi-reportages. C’est le
cas de la santé, de l’alimentation et des cosmétiques. Les villes et les pays
l’utilisent également très souvent.
Afin de diffuser des images conformes à leur objectif, de nombreux pays
achètent des pages de publicité dans des revues internationales pour y vanter
de façon rédactionnelle les avantages d’entretenir des relations commerciales,
d’y investir ou de s’y installer.
Exemple
Dans le numéro 91 de Foreign Affairs de janvier/février 2012, le lecteur trouve quinze pages de
publi-reportage sur la Suisse, cinq sur l’Australie, quatre sur la ville de Rio de Janeiro et deux sur le
Ghana sous un léger intitulé en haut à droite « Sponsored section ». On y trouve également sept
pages sur la Chine sous une autre rubrique « Advertising section. »
- Le publi-rédactionnel on line
Les publi-rédactionnels peuvent s’effectuer également sous forme
électronique et prendre place dans des journaux en ligne ou des newsletters.
La pratique des billets sponsorisés sur les blogs est assez proche, elle consiste
à présenter un produit ou service d’une entreprise sous la forme d’un article
du propriétaire du blog alors qu’il s’agit d’un article écrit par l’entreprise ou
écrit par le blogueur sur la base d’indication de l’entreprise, ceci moyennant
une rémunération. L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité
définit le billet sponsorisé comme un « message publié par un internaute pour
le compte d’un annonceur contre rémunération » et recommande que ces
messages puissent être toujours identifiés comme étant à caractère
publicitaire. Il conviendra d’être vigilant sur ce point. La loi sur la confiance
dans l’économie numérique en son article 20 stipule que « Toute publicité,
sous quelque forme que ce soit, accessible par un service de communication
au public en ligne, doit pouvoir être clairement identifiée comme telle ». Le
code de la consommation indique (article L 121-1) qu’une pratique
commerciale sera jugée tromperie « lorsque la personne pour le compte de
laquelle elle est mise en œuvre n’est pas clairement identifiable. »
La difficulté est que parfois, il ne s’agit pas d’une rémunération pour un
article, ni même d’un achat d’espace, mais d’un cadeau promotionnel : un
blogueur spécialisé dans la mode pourrait ainsi recevoir un vêtement d’une
grande marque, un blogueur hi-tech une tablette numérique dernier modèle.
Le contrôle est plus difficile à opérer puisque le blogueur pourra toujours ne
rien écrire, voire rédiger un article critique, mais il sait également que dans
cette hypothèse il ne sera plus destinataire des offres. Cette supposition nous
rapproche d’un travail de journaliste classique avec la différence que la
déontologie digitale apparaît plus embryonnaire que l’éthique journalistique.
- Le publi-rédactionnel ou l’information en service commandé
L’entreprise maîtrise totalement le message qu’elle délivre. Le publi est
moins réducteur qu’une annonce publicitaire : il permet de dire plus et
autrement. Son mode – article, enquête, témoignage – crédibilise
l’information. Sa situation – au beau milieu d’un journal – lui permet de
bénéficier d’un environnement favorable : la proximité avec la maquette et la
ligne éditoriale induit chez le lecteur l’idée d’un réel partenariat avec le titre
qui cautionne ainsi le publi-reportage.
Mieux encore : le publi-rédactionnel peut s’insérer dans un dossier
journalistique traitant du même thème (on l’appellera alors plus volontiers
« publi-spécial »). Les services Publicité des magazines délivrent à la
demande des annonceurs le programme et le calendrier des « spéciaux » à
venir.
Exemples
Pour promouvoir un nouveau déodorant, le Groupe U a acheté, en février 2012, dans la presse
d’information générale des pages de publicité présentant un visuel légèrement décalé et tenu par une
main expliquant sur deux colonnes : « Sels d’aluminium chlorohydrate dans les déodorants quelle
alternative à prix bas ? »
De même, pour expliquer les caractéristiques de sa gamme de soins pour les mains, la marque Vita
Citral a acheté deux pages dans le magazine Psychologies de février 2012. Conçu selon la même
présentation que les articles de la revue, le publi-reportage se présente comme une enquête
journalistique « Vers quels choix dermo-cosmétiques se tourner ? » La page de droite qui apparaît
comme une publicité classique renforce l’impression d’un réel article en page de gauche.
FOCUS
La logique du lecteur : ne pas subir la tromperie intellectuelle qui consiste à prendre un publi-rédactionnel
pour un article courant. Le lecteur demande donc que la spécificité du texte soit la plus évidente possible.
L’intérêt de l’entreprise : intégrer au maximum ses propos dans le corps du journal, pour bénéficier de sa
crédibilité. Elle s’attache donc à ce que la mention « publi-rédactionnel » soit la moins visible possible.
Exemple
Dans le supplément Économie du journal Le Monde du 7 février 2012, une pleine page est
consacrée à ce qui peut apparaître comme des interviews d’experts dans le domaine de la banque et
des assurances. L’ensemble des propos est en effet placé entre guillemets. Toutefois, la mention en
haut à droite « Dossier réalisé par Le Monde Publicité » et discrètement en blanc sur un fond violet
clair et placée tout en bas à gauche « En partenariat avec Monster.fr » ne laissent guère de doute sur
les caractéristiques d’un publi-reportage.
l’achat d’espace : c’est le poste le plus lourd. Le tarif d’un publi est
sensiblement ou strictement – cela dépend des supports – égal à celui
d’un emplacement publicitaire ;
la réalisation : c’est un poste modulable. La réalisation d’un publi
comprend la rédaction d’un texte, la prise (ou l’achat) des photos, la
mise en page et les frais d’exécution du typon. L’entreprise a le choix
entre trois solutions :
une réalisation interne : le texte est rédigé par un membre de
l’entreprise. Celle-ci ne règle que les frais techniques (maquette,
exécution du typon) ;
une réalisation mixte : elle choisit de recourir à certains des
services offerts « à la carte » par le titre. Les sommes varient en
fonction du nombre de pages. Un publi d’une page prend très peu
de temps à fabriquer. Un document de quatre pages imprimé en
même temps que le reste du support (ou « jeté » à l’intérieur) coûte
beaucoup plus cher ;
Une prestation de journaliste : entre 150 et 300 € HT le feuillet de 1 500 signes (en fonction
du délai, du type de sujet, du nom ou de la spécialisation du journaliste).
Le tarif du photographe : aucune règle en la matière. Tout est fonction de la difficulté des
prises de vues, du temps qu’elles requièrent, et surtout de la notoriété du professionnel. Cela
peut aller de 300 € à 2 000 €.
La conception éditoriale du document : environ 1 000 € HT par jour (deux jours minimum).
La création artistique : 1 000 € HT par jour (en général trois jours si le publi comprend
plusieurs pages).
La mise en page/supervision artistique : 700 € HT par jour (deux jours minimum).
Le coût de la photogravure des photos quadri : 100 € par page.
Les honoraires de suivi de fabrication : 500 € HT par jour (un jour et demi environ).
Exemple
La presse nationale utilise fréquemment des suppléments thématiques qui prennent la forme d’un
dossier du journal et qui sont des publi-rédactionnels. Le Monde publie ainsi des « Cahiers de la
compétitivité » qui se présentent comme un cahier du journal si ce n’est la mention « publicité » en
haut de chaque page. Un encart en bas du journal précise que le cahier est édité par l’agence Média
Thème en association avec le ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi et que la
rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation. Ce cahier comporte également des encarts
publicitaires. Un publi-rédactionnel comportant des encarts de publicité afin que l’illusion d’une
réelle page de journal soit complète, il fallait y penser !
CONCLUSION
L’entreprise ne peut échapper aux exigences d’information des hommes qui
l’entourent. Quelles qu’en soient les occasions, quelles qu’en soient les
méthodes (communiqué, dossier, conférence, interview, publi-rédactionnel),
les relations avec la presse constituent l’un des moyens de répondre à ces
demandes. De la teneur des messages diffusés dépendra, entre autres, la
qualité de son image.
Ce processus d’ouverture exige une réelle clairvoyance de la part de
l’entreprise. On ne communique pas pour rien : la qualité de l’information est
le paramètre déterminant. Aucune pirouette technique – dossier de presse
fourni, déjeuner succulent, somptueuse réception, etc., – ne pourra racheter
une mauvaise information : elle ne fera que la maquiller. Mais, a contrario,
un bon message pourra être desservi par un mode de communication
inadéquat.
Le dialogue avec la presse impose, on l’aura compris, une certaine
constance : pour affiner sa stratégie, l’entreprise pourra régulièrement (tous
les ans par exemple) dresser un bilan des actions menées. Cela permettra de
tirer parti des points forts, et d’orienter l’avenir. Cette autocritique
constructive ira du plus spécifique au plus général :
Section 2
Tout processus d’information doit être précédé par quatre questions simples :
Section 3
Les écoles
– CELSA – Université Paris IV, 77 rue de Villiers –- 92200 Neuilly –
Tél : 01 46 43 76 76.
– EFAP, 61 rue Pierre Charron – 75008 Paris – Tél. : 01 53 76 88 00 – www.efap.com
– ISERP, 87 bis boulevard Carnot – 92300 Levallois-Perret – Tél. : 01 47 48 15 15.
– Sciences Com, 1 rue Marivaux – 44000 Nantes – Tél. : 02 40 44 90 00.
contact@sciencescom.org
– Ircom, 23 rue Édouard Guinel – 49130 Les Ponts-de-Cé – Tél. : 02 41 79 64 64 –
www.ircom-asso.com
– ISCOM, 4 cité de Londres – 75009 Paris (6 écoles en région) – Tél. : 01 55 07 07 77
–
www.iscom.fr
– ISCPA, 12 rue Alexandre Parodi – 75010 Paris – Tél : 01 40 03 15 56 –
www.iscpa-paris.com
En anglais
BLAND M., THEAKER A. & WRAGG D., Effective Media Relations, CIPR, 3e édition,
2005.
CHANDLER R., Media Relations, Outskirts Press, 2008.
WILCOX D., Public Relations Writing and Medias Techniques, Pearson, 2012.
En plus, il est conseillé de lire des témoignages historiques à l’exemple de celui d’une
personnalité comme Pierre Lazareff. Voir un documentaire sur la fabrication d’un
journal (comme ceux consacrés au journal Le Monde) ou regarder le film d’Orson
Welles Citizen Kane ne peut être qu’un bon moment.
L’étudiant pourra compléter avec des ouvrages plus spécifiques. Par exemple, sur le
thème des médias et de l’environnement, il existe l’ouvrage de Pierre Lascoumes,
L’Éco-pouvoir (1994, La Découverte), qui reste une référence dans la typologie des
approches médiatiques de l’environnement. On pourra aussi consulter La Place de
l’environnement dans les médias de Claude Marie Vadrot et Marianne Dejouet
(Victoires Éditions, 1998) ou L’Environnement dans les journaux télévisés de Suzanne
de Cheveigné (CNRS Éditions, 2001).
1. La Chine l’avait inventée bien plus tôt, mais c’est la machine de Gutenberg qui reste considérée
comme le grand départ de l’imprimerie.
2. En avril 2012, l’audience était estimée par l’OJD à 9,2 millions de visites pour Rue89, à 4 millions
pour le Huffington Post lancé deux mois plus tôt. D’autres titres pure players, c’est-à-dire uniquement
en ligne comme Slate ou Mediapart, obtiennent également d’excellents résultats.
3. Source : Euro RSCG C&O, 10 juin 2008.
4. Pour plus de facilité, nous ne considérons ici que les supports de presse écrite. La démarche est
semblable pour les médias audiovisuels et tous les titres sur Internet, catégories qu’il n’est, bien sûr, pas
question d’oublier dans une stratégie de relations presse.
5. Le taux de circulation correspond au nombre moyen de contacts par numéro.
6. « L’ours » est la liste des noms et des attributions par rubrique : « Rédacteur en chef : M. X »,
« Sciences : MM. Y.Z », « Économie : M. W »… L’ours est généralement imprimé en petits caractères
en début ou en fin de journal. Il n’y a pas d’ours dans les quotidiens : repérez, au gré de vos lectures, la
signature des journalistes qui écrivent sur les sujets vous concernant.
7. Divers moyens de contrôle : téléphoner à la rédaction pour demander confirmation de l’adresse,
consulter les guides professionnels et regarder les sites internet.
10. Dans certaines PME, cela peut être le pdg, un technico-commercial, une secrétaire de direction, ou
un chef de service qui assument les relations presse.
11. Ce que l’on appelle le « crédit-photo ».
12. À moins d’appartenir à un secteur technique – scientifique, médical – où les réunions austères sont
pratique courante. Mais, en général, seule la presse professionnelle y est conviée.
13. Ne vous faites pas d’illusion : les produits reviennent rarement.
14. Exemple : 1re partie « L’entreprise » ; 2e partie « Son pdg » ; 3e partie « Le produit X ».
Chapitre 7
La communication
de crise
près avoir exposé les principes généraux de la communication
Sommaire
LA COMMUNICATION COMME
SYSTÈME DE DÉFENSE1
LA CRISE SUSCITE UN APPEL À
1
L’INFORMATION
Les entreprises – comme les États – sont en général peu préparées. Face à une
situation aiguë, les mentalités se figent, les réflexes se crispent. L’entreprise –
victime, coupable – se recroqueville. Toute question venue de l’extérieur est
considérée comme une intrusion, voire une agression. « Mais, pourquoi
viennent-ils fouiller dans nos affaires ? » Or, c’est justement en pleine crise
qu’il faut communiquer.
L’ORIGINE DE LA CRISE
Il serait vain, toutefois, d’imaginer une organisation parfaite et suffisamment
préparée pour être à l’abri de toute crise. La crise peut frapper n’importe
quelle organisation, quels que soient sa taille, son secteur d’activité et l’état
de sa préparation. Il existe schématiquement deux écoles dans ce domaine :
LA DYNAMIQUE DE CRISE
« Crise : phase grave dans l’évolution des choses, des événements, des idées,
voire perturbation, rupture (d’équilibre), phase critique3. » Naufrage,
canicule, acte de terrorisme, scandale financier, grève, OPA agressive, mort
d’un grand patron, catastrophe écologique, les crises se suivent et ne se
ressemblent pas.
Une crise pourrait s’assimiler à un tremblement de terre à l’échelle de
l’entreprise. Elle la secoue, la déstabilise. Brutale cacophonie qui provoque
des réactions en chaîne : stress général, multiplication des interventions
(chacun y va de son couplet : dirigeants, experts, victimes, élus locaux,
associations, etc.), raz de marée médiatique. Tout semble remis en cause, la
confiance dans l’entreprise a tendance à fondre comme neige au soleil.
L’opinion se saisit de l’événement, l’entreprise est livrée en proie au public.
Que reste-t-il de son image ?
Exemple
Après le naufrage de l’Erika, en décembre 1999, au large des côtes de Bretagne, l’image du groupe
Total s’est subitement et durablement dégradée. En janvier 2012, l’entreprise se retrouvait à la
dernière place du baromètre d’image des grandes entreprises françaises. L’avant-dernière place étant
prise par la Société Générale après le scandale de « l’affaire Kerviel » (Source : Baromètre
Posternak – Ipsos).
Parfois, une affaire devient une crise de première importance alors qu’une
autre réunissant des conditions similaires peut faire l’objet de simples brèves
dans les médias.
Exemple
À l’automne 2006, le porte-avions Clemenceau en route vers son désamiantage dans les chantiers
d’Alang en Inde, était stoppé par un Zodiac de Greenpeace et faisait l’objet d’une intense campagne
d’opposition médiatique. Début 2008, l’ancien paquebot France, ancien fleuron de la marine
française, commençait son désamiantage dans une indifférence générale sur le même chantier indien
et cela alors que les estimations d’amiante à son bord étaient comparables, voire supérieures, à
celles du Clemenceau.
Les crises ont changé de dimension au début des années 2000 avec la
généralisation des médias sociaux. L’émergence des crises, leur monitoring,
leurs conséquences sont fortement impactées par la vitesse de diffusion et
l’abolition des distances. Les réseaux sociaux ont également apporté un
nouveau paramètre pour la circulation des rumeurs.
FOCUS
LA LOGIQUE DE L’INFORMATION
Maîtriser l’information est d’autant plus important que l’entreprise connaît
une situation d’urgence entraînant la perte des repères traditionnels. Une
bonne communication de crise s’avère indispensable.
- À l’interne
L’entreprise doit, en période de crise, plus que jamais gérer au plus près sa
communication interne, pour préserver la motivation des salariés, maintenir sa
cohésion et un bon climat social. En pleine crise, il faut expliquer davantage
et mieux, afin de réduire les tensions et de répondre aux questions et aux
aspirations du personnel.
Le personnel est un public prioritaire en période de crise. Qu’un salarié
apprenne une information critique concernant son entreprise dans la presse,
avant d’en avoir été informé par ses supérieurs hiérarchiques, est au mieux
maladroit, au pire dangereux. Comment prétendre maîtriser son image
externe, si ses propres troupes « jouent » contre soi ?
Exemple
Fabricant de verrerie et de vaisselle (Luminarc, Cristal d’Arques, etc.), Arc International est présent
en Chine lorsque le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) fait son apparition en avril 2003.
Bien que la région où elle est implantée (Nankin) ne soit pas alors classée à risque par l’OMS,
l’entreprise limite les départs, envoie des masques et maintient ses équipes en place sur la base du
bénévolat. Et, surtout, elle informe ses salariés, ses expatriés, les familles et les médias régionaux.
C’est le premier d’une série de bons réflexes d’une entreprise pourtant peu familière avec la
communication hors de ses produits. Car l’inimaginable se produit. Alors qu’aucun cas de SRAS
n’a encore été déclaré à Nankin, le vendredi 21 mai, un groupe de 21 personnes rentre de Chine.
L’un des salariés présente les symptômes de la maladie. Les précautions sanitaires sont prises. Le
5 mai, deuxième cas suspect, puis, un troisième. L’information interne circule à plein régime. Le
6 mai, l’AFP révèle l’affaire. Dès le 7 mai, l’entreprise lance un communiqué et organise une
conférence de presse, tout en poursuivant sa politique soutenue de communication vers l’interne et
vers les familles, organisant notamment des visioconférences entre les salariés restés en Chine et
leurs épouses.
Ainsi, Arc International se préserve des prises de parole inconsidérées et jugule l’influence
médiatique qu’aurait pu avoir un délégué syndical l’accusant de manquer au principe de précaution.
Elle tiendra cette politique de clarté jusqu’au 14 mai, jour de retour des derniers salariés, que les
médias pourront rencontrer librement1.
1. CB News, n°748, 26 mai 2003.
En 1982, un fou rajoute du cyanure dans les capsules de Tylénol1. La presse américaine se saisit de
l’affaire. C’est une bombe pour l’image et la survie de Johnson & Johnson, qui commercialise le
produit. L’entreprise réagit immédiatement : arrête sa publicité-produit, retire les capsules du
marché et mène une communication active avec les médias, répondant à toutes les questions du
public. Son président intervient largement sur les ondes (aux journaux télévisés, dans des talk-
shows).
Johnson & Johnson se montre loyale ; elle ne récuse rien, mais lance un unique message, celui de la
confiance. Confiance dans une entreprise qui a une longue histoire, des produits de qualité, un
management responsable. Quelques semaines plus tard, la firme réintroduit le produit avec un
conditionnement sûr, et l’annonce par une
téléconférence de presse.
En quelques mois, l’entreprise a retrouvé ses parts de
marché, et à peine quatre ans plus tard (en 1986)
figurait au second rang (dans sa catégorie) du
classement corporate du magazine Fortune. Non
seulement J&J a survécu, mais elle a renforcé son
image : grâce à la crise !
1. Produit générique aussi connu aux États-Unis que
le paracétamol en France.
FOCUS
L’IMAGE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
PROTÈGE-T-ELLE DES CRISES ?
L’EFFET BOOMERANG D’UNE CAMPAGNE DE COMMUNICATION CITOYENNE
Des recherches récentes indiquent que le fait de communiquer ses activités citoyennes aux consommateurs ne
conduit pas nécessairement à des effets bénéfiques pour l’entreprise. D’autre part, de nombreuses études concluent à
l’impact négatif des activités non-citoyennes (par exemple Brown et Dacin, 1997; Sen et Bhattacharya, 2001). Une
certaine asymétrie semble exister entre les conséquences positives liées aux communications citoyennes des
entreprises et les conséquences négatives des accusations de comportements non-citoyens. Cette asymétrie est
d’autant plus importante à prendre en compte qu’il existe un risque élevé d’avoir à faire face à des accusations
(fondées ou non) de comportements non-citoyens quand une entreprise a communiqué au préalable sa citoyenneté.
En effet, il semblerait que « plus on est transparent,
plus on se fait critiquer, et il est assez surprenant de voir que les entreprises qui ne font rien dans le domaine
(citoyenneté d’entreprise) sont aussi celles qui reçoivent le moins de critiques » (propos du vice-président de Shell,
Tom Delfgauuw, SEE Newsletter, 2001).
Les éléments présentés ci-dessus soulèvent deux questions.
Il y a, d’une part, la question de la rentabilité à long terme des communications citoyennes des entreprises,
lorsqu’après coup l’entreprise est accusée, à tort ou à raison, d’avoir commis des actes socialement
répréhensibles (crise RSE). Comme les entreprises les plus actives dans le domaine de la citoyenneté sont
aussi celles qui semblent les plus critiquées, ces entreprises doivent savoir - avant toute action de
communication marketing intégrant des éléments de citoyenneté - à quel point ces accusations de
comportements non-citoyens pourraient leur nuire et, notamment, détériorer les perceptions des
consommateurs à leur sujet.
D’autre part, il faut également s’interroger sur l’influence du type de source utilisée pour communiquer au
sujet de la citoyenneté d’entreprise.
Dans ce cadre, nous avons réalisé une série d’expérimentations – dont la dernière en date a été réalisée pendant l’été
2011 – visant à comparer les effets d’une accusation de comportements non-citoyens selon que l’entreprise
concernée ait ou non communiqué au sujet de ses activités citoyennes au préalable.
Les résultats de ces études montrent que les entreprises se présentant comme de bonnes citoyennes dans leurs
communications vers les consommateurs peuvent être perçues dans un premier temps de manière plus
positive par les consommateurs et comme des entreprises plus « dignes de confiance ». Cependant, nos études
montrent également le risque d’effet de boomerang de ces communications citoyennes. Après l’information
sur certains comportements irresponsables de l’entreprise, les consommateurs ayant reçu au préalable la
communication citoyenne semblent avoir perdu confiance en l’intégrité de l’entreprise, davantage que ceux
qui avaient reçu la communication sans éléments de citoyenneté. Remarquons que cet effet de boomerang est
plus fort quand la promotion des activités citoyennes de l’entreprise est réalisée par une source indépendante
de celle-ci plutôt que via le site web de l’entreprise et lorsque les comportements irresponsables et
responsables touchent au même domaine d’activités. Nos études mettent cependant en évidence un cas où la
communication responsable protège l’entreprise des attaques ultérieures. Il s’agit du cas où la communication
citoyenne se fait via le site web de l’entreprise et les accusations d’irresponsabilité portent sur un domaine
différent de celui abordé dans la communication citoyenne.
Ces résultats conduisent à la conclusion relativement contre-intuitive que pour éviter un effet de boomerang,
une entreprise devrait plutôt promouvoir ses activités citoyennes par l’intermédiaire de sources qu’elle
contrôle que par l’intermédiaire de sources indépendantes, pourtant plus crédibles aux yeux des
consommateurs.
Source : Joëlle Vanhamme (Edhec Business School), Valérie Swaen (Université catholique de Louvain),
Guido Berens (Erasmus University Rotterdam) et Catherine Janssen (Université catholique de Louvain)
2
COMMENT BÂTIR UN SCÉNARIO DE
CRISE ?
Air France et le crash du Concorde, Buffalo Grill et sa viande « douteuse »,
Danone et son plan social, la Société Générale et sa fraude de 4,6 milliards
d’euros, Servier et le Mediator, etc. Une situation d’urgence provoque, entre
autres choses, une crise de l’information : le dialogue, l’ouverture sur
l’extérieur s’imposent plus que jamais. Mais il n’est, bien sûr, pas question de
se mettre dans la gueule du loup par plaisir. Ne vous lancez pas dans un
processus d’information en l’absence de demande. Si l’événement n’intéresse
ni les médias, ni le grand public, inutile d’aller les chatouiller : contentez-
vous d’une bonne information auprès de vos salariés. Dans le cas contraire,
réagissez sans tarder. L’objectif est clair : contrôler l’information, même et
surtout en état de choc.
UN PLAN DE GUERRE COORDONNÉ
« La communication a une fonction comparable à celle des pompiers :
anticiper les risques à venir plutôt que courir d’un foyer à l’autre. » Ce propos
du responsable de la communication du secteur de l’assurance est d’une
grande sagesse. C’est dans cet esprit que plusieurs grandes entreprises,
siégeant dans une tour de La Défense, ont constitué un dossier « Tour
infernale », scénario préventif en cas d’incendie.
Suivant cet exemple, toute entreprise devrait se doter d’un plan de
communication d’urgence. La communication en temps de crise ne tolère pas
l’improvisation : le contexte est grave, l’enjeu trop aigu. C’est pourquoi
l’entreprise doit prévoir à l’avance différentes ripostes pour différents types
de crise ; il ne lui restera qu’à les appliquer au moment critique. Comme nous
l’avons vu dans le chapitre consacré aux relations presse, il est essentiel de
pouvoir disposer de quelques messages prérédigés. Ainsi, dans la cellule de
crise (nous détaillerons ce point plus loin), il sera nécessaire de pouvoir
disposer des argumentaires relatifs aux postures de l’entreprise en cas de
crise : quel est le message essentiel à diffuser ? Quelles sont les réponses aux
principales questions potentielles ? Quelles sont les données précises que
nous pouvons communiquer en appui de nos messages ?
Une crise, plus encore que toute autre conjoncture, exige un plan de guerre
coordonné et rapide.
Exemple
La communication préventive d’EDF illustre cette vieille sagesse populaire. EDF n’est jamais à
l’abri d’un accident. Mener une vie souterraine, sans contact avec le grand public, sauf, en cas de
catastrophe, serait suicidaire. D’autant plus que l’environnement de la firme est difficile : le public,
et l’accident de Fukushima le 11 mars 2011 au Japon l’a rappelé, entretient des rapports émotionnels
avec le nucléaire et il est en outre délicat – sinon impossible – de parler de cette activité sans utiliser
un langage technique. « Il y a en moyenne 90 incidents mineurs par an dans les centrales, mais
grosso modo nous en avons pour 180 jours de réactions négatives dans la presse », expliquait son
directeur de la communication.
Dans ce contexte, la politique de communication d’EDF se révèle des plus actives. L’entreprise
publique entretient des flux permanents d’information : en dialoguant avec le public (visites
d’usines, journées portes-ouvertes), en allant au-devant des journalistes (reportages, rencontres,
initiatives diverses) et en lançant des campagnes publicitaires en direction du grand public. Ceci,
dans la triple perspective de diffuser une connaissance technique minimale, de désamorcer peu à peu
certaines idées préconçues répandues dans le grand public et de redynamiser ses quelques cent mille
salariés, « afin qu’ils soient les meilleurs défenseurs du nucléaire ». Tout ce travail serait
proprement inenvisageable en période de crise.
Plus le délai de perception est long, plus la riposte se fait tardive, moins la
marge de manœuvre de la « victime » est confortable. Mieux vaut faire
preuve de vigilance. Un accident traité dès l’origine ne se transformera peut-
être pas en crise. Dans cette optique, il faut se méfier des périodes creuses
(week-end, jours fériés, grandes vacances) et mettre en place un système
d’astreinte pour qu’à la première alerte la contre-attaque s’organise.
Même le maître incontesté du marketing peut commettre des erreurs.
Exemple
Première erreur : le 2 mars 2004, un porte-parole de Coca-Cola Royaume-Uni explique à la presse
que l’eau Dasani, qui vient d’être lancée sur le marché britannique, est une eau purifiée fabriquée à
partir d’eau du robinet. Inutile de dire que cette révélation fait scandale.
Deuxième maladresse : la multinationale se défend en arguant qu’elle « purifie l’eau trois fois avant
de la débarrasser de ses impuretés, bactéries et virus toxiques », elle ne fait qu’aggraver son cas. Les
dirigeants de Water UK (qui représente toutes les compagnies d’eau outre-Manche) lui répondent
que leur eau est parfaitement saine et que Coca en profite surtout pour multiplier le prix de l’eau du
robinet par 400. Comble de malchance : Coca reconnaît que les premières bouteilles livrées en
Angleterre « présentent un taux de bromates supérieur aux normes britanniques autorisées » !
Résultat : le groupe d’Atlanta décide de retirer Dasani des rayons.
Troisième erreur : au même moment, la filiale française continue à affirmer qu’elle a toujours
l’intention de lancer Dasani sur notre territoire, ainsi qu’en Allemagne.
FOCUS
les interlocuteurs prioritaires : représentants des supports importants, soit en raison de leur puissance (ex : les
agences de presse, les lettres professionnelles), soit du fait de leur audience (identique à celle que l’entreprise
souhaite toucher) ;
les interlocuteurs privilégiés : journalistes connus par l’entreprise et « gagnés à sa cause ».
Ne pas négliger d’autres vecteurs d’information – souvent oubliés – tels que les organismes professionnels, la
chambre de commerce, une organisation sectorielle ou patronale, un syndicat, etc. Très ciblés dans leur audience, ils
se révèlent d’efficaces messagers.
DES OUTILS PRÊTS À L’EMPLOI
En dehors des communiqués de presse types qu’il conviendra d’affiner, des argumentaires pour les déclarations à la
presse, l’entreprise pourra concevoir également un site caché (dark site) qu’elle pourra mettre en ligne lors de la
catastrophe. Un compte spécifique pour être présent sur les réseaux sociaux peut également être envisagé.
Précise, l’information doit aussi être cohérente dans le temps. Ce qui n’est
pas toujours facile, la crise cueillant l’entreprise « à chaud ».
Exemple
Quelques mois après le naufrage de l’Erika, le 31 octobre 2000, le navire Ievoli Sun transportant du
styrène s’échoue au large de Brest. Un contexte international risqué avec un assureur anglais, un
armateur italien et un naufrage en France. « Trop, c’est trop ! » pour une opinion publique et des
médias révoltés par l’insécurité maritime. Tout l’enjeu de la communication va donc consister à
éviter l’amalgame avec l’Erika.
L’agence Hill and Knowlton fait donc monter Domenico Ievoli en première ligne, lui fait rencontrer
le ministre français des Transports, organise quelques interventions médiatiques maîtrisées et
articule toute la communication autour d’un message clé : le Ievoli Sun porte le nom de son
propriétaire, armateur réputé depuis quatre générations. Centralisée par le réseau Hill and Knowlton,
la communication est maîtrisée en Italie, au Royaume-Uni et en France par une veille constante des
médias et une adaptation tactique des messages, en temps réel.
Résultat : qui parle encore aujourd’hui du naufrage du Ievoli Sun ?
- Un message rassurant
Rassurer est particulièrement important quand arrive un grave accident, ou,
simplement, quand des rumeurs se propagent. Dans cette optique, le soutien
de spécialistes du secteur ou la caution de scientifiques s’avèrent
particulièrement profitables : ces avis, entourés de l’aura de « ceux qui
savent », tranquillisent l’opinion et arrêtent, pour un moment du moins, la
spirale de la crise.
Exemple
Au cœur de la célèbre « crise des tétines », Rémond aurait dû faire appel au témoignage de
spécialistes reconnus. D’autant que la presse l’a fait, mais trop tardivement (les rumeurs avaient déjà
fait leur travail de sape) : le message rassurant du département de Cancérologie de l’enfant de
l’Institut Gustave-Roussy a été effectivement rapporté par les médias, mais jamais utilisé par le
fabricant. Une précieuse caution dont Rémond a eu tort de se passer.
La centrale nucléaire du Tricastin dans la basse vallée du Rhône entre Valence et Avignon
- Un double effort de transmission
Il faudrait idéalement que l’information soit traitée en temps réel de manière :
Mais il faut savoir que ce type de transmission est lourd à gérer : seul un
suivi de tous les instants permet d’actualiser la stratégie d’information7.
L’information doit être dirigée non seulement vers les publics extérieurs de
l’entreprise, mais aussi vers les publics internes. Les salariés sont en droit de
savoir : ils sont le premier public de l’entreprise8. En période de crise, plus
que jamais, l’information interne doit être précise et servie « chaude ». Cela
permet de limiter bruits, inquiétudes, paniques qui risquent de miner
l’organisation de l’intérieur.
Il est important de dresser la liste des différents publics : médias, victimes et
familles des victimes, employés, clients, fournisseurs, pouvoirs publics,
collectivités locales, personnalités qualifiées, etc., et de s’adresser à chacun
d’eux avec une attention soutenue et spécifique.
- Une attention particulière aux réseaux sociaux
Les médias sociaux sont désormais inséparables de la gestion des crises.
Selon une étude de juillet 2011 effectuée par l’agence Burson-Marsteller à
l’échelle mondiale, 65 % des dirigeants d’entreprise estiment que les
nouveaux médias rendent les crises plus difficiles à gérer. Un des premiers
travaux dans l’anticipation des crises sera d’analyser les conversations sur les
réseaux sociaux et de ce point de vue la relation entre le community manager
et les personnes en charge de la gestion des crises doit être très étroite.
Analyser les tendances émergentes et percevoir le moment où le bruit de fond
peut devenir crise fait partie des taches incontournables.
Un processus de veille spécifique doit donc être mis en place pour surveiller
les propos tenus sur les différents réseaux. Ce monitoring doit comporter un
volet quantitatif reposant sur l’audience du site originaire (nombre d’amis, de
followers), du nombre de reprises des propos, du page rank, c’est-à-dire de la
visibilité sur un moteur de recherche. Le volet qualitatif tiendra compte de la
tonalité du message et des reprises qui en découlent.
L’attaque peut être soudaine.
Exemple
Le 16 mars 2010 Greenpeace attaque Nestlé pour dénoncer l’utilisation de l’huile de palme. La
légèreté de la réaction du community manager face aux attaques a aggravé la crise et Nestlé
reconnaît des erreurs de communication.
L’émotion provoquée par les crises sur les réseaux sociaux est désormais un
fait incontournable.
Exemple
Le 13 janvier 2012, le navire de croisière Costa Concordia fait naufrage près des côtes italiennes.
Dans les trois jours qui suivirent, il y eut sur le sujet :
35 000 tweets ;
4 600 mentions sur Youtube ;
34 000 mentions sur des sites d’information ;
10 900 mentions sur des blogs.
Mais les réseaux sociaux sont aussi un lieu de gestion aux mains des
communicants de crise.
Exemple
Air France avait expérimenté l’utilisation des réseaux sociaux par son compte Twitter lors de
l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll en avril 2010 qui avait paralysé plusieurs jours la quasi-
totalité du trafic aérien en Europe de l’Ouest. Le compte Tweeter d’Air France fut utilisé pour
fournir des informations en temps réel.
FOCUS
LA CYBERCRISE
On entend par « cybercrise » toute crise qui, soit prend Internet pour relais, soit naît sur Internet.
Car Internet est un média générateur de crise, du fait de divers facteurs :
la désinformation : joue sur le « buzz », voire sur le « hoax » (canular) : la banane tueuse du Costa-Rica, les
portables gratuits, etc,
le détournement d’image (les fausses publicités),
le piratage d’adresse ou cybersquatting,
le piratage de site,
le spamming ou mail-bombing (saturation des messageries),
l’intrusion à distance (piratage de mots de passe, etc.),
l’interception et le détournement de mail,
le phishing ou usurpation d’identité pour se procurer des informations sur un individu,
l’ampleur des commentaires négatifs, spontanés ou organisés sur les réseaux sociaux.
LA DÉTECTION DE LA CYBERCRISE
Le seul moyen consiste à fréquenter les lieux d’information (et de désinformation) sur Internet :
les forums (newsgroups) modérés ou libres, où les échanges sont stockés sur un serveur,
les chats, où les échanges se font en temps réel et ne laissent pas de traces,
les e-mails,
les pages personnelles et les blogs. On estime que chaque jour 1,5 million de messages sont mis en ligne sur
l’ensemble des blogs,
les sites (associatifs, institutionnels, d’information, communautaires, portails),
les banques de données en lignes,
l’ensemble des réseaux sociaux sur lesquels l’entreprise est susceptible d’être mentionnée.
Avant de pouvoir détecter l’information qui concerne l’entreprise, il faut établir un plan de recherche, choisir des
mots clés et des outils de recherche.
Les outils de recherche sont :
les annuaires, par structuration de l’information thématique (ex. : Google ou Yahoo !),
les moteurs de recherche, qui sont des outils de recherche sur les pages web que les auteurs ont indexées,
les métamoteurs, qui interrogent simultanément plusieurs répertoires et moteurs à partir d’une requête.
les agents de recherche avancée, qui permettent la personnalisation de la recherche, le filtrage, etc.,
les agents de veille, qui détectent les changements qui ont eu lieu dans une masse importante d’informations,
les réseaux sociaux notamment Twitter et Facebook.
LA GESTION DE LA CYBERCRISE
Étape 1 : se préparer à la cybercrise
Se doter des moyens et des outils pour faire face à la cybercrise :
organiser une veille multisource et multilingue pour détecter les signes annonciateurs de crise,
préparer son langage adapté aux réseaux sociaux,
contribuer régulièrement aux forums de discussion
concevoir un site internet de crise et/ou de pré-crise (autour d’une médiathèque si la dimension « images » est
forte),
prévoir un site web de crise,
créer et alimenter une base de données pour les journalistes et leaders d’opinion,
s’équiper d’une base documentaire (textes, images, sons) de crise adaptée.
intervenir sur les réseaux sociaux pour contrer les rumeurs, ne pas chercher à rassurer, mais à informer,
ne pas s’inscrire dans un registre défensif, mais chercher à acquérir un droit de parole.
Avantages
Simplicité. Finesse : l’entreprise Sincérité : l’entreprise fait
Immédiateté. choisit à chaque instant ce preuve de bonne volonté,
qu’elle dit, à qui, par quel proclame son innocence.
canal. Crédibilité.
Efficacité : l’entreprise Complicité : l’entreprise joue
reste maître des cartes sur table. Les médias lui
informations ; elle les en seront reconnaissants.
distille au bon moment.
Puissance : elle tient ainsi
les journalistes en haleine.
Inconvénients
De court Risqué : les ratés peuvent Illusoire : toute entreprise est
terme : cette être douloureux ! tenue
position n’est Exigeant : cette politique de garder des zones d’ombre.
pas tenable impose la réunion de trois Utopique : cette politique
face à un paramètres : un bon d’ouverture implique une
journalisme stratège + une excellente totale confiance en amont (les
d’investigation. coordination interne + journalistes sont à même de
Limitée : ce une absolue discrétion transmettre) et en aval (le
parti pris a (pas de fuites !). public peut tout entendre, tout
minima frustre comprendre).
tout le monde.
Bilan Le plus raisonnable. Choix le plus classique en France Stratégie rarement pratiquée.
Lors d’une crise (comme en Europe). C’est la meilleure solution sur une
mineure, banale. Permet de panacher ses silences longue période.
et ses informations.
Quand les médias sont C’est en pratique la plus difficile :
absorbés par un autre À pratiquer avec précaution. l’entreprise doit être sûre d’elle,
événement. confiante dans la presse, optimiste
quant à l’écoute du public.
De plus en plus
difficile avec les
réseaux sociaux.
SECTION 2
LA GESTION DE LA
COMMUNICATION EN PÉRIODE
DE CRISE
N’attendez pas le dernier moment pour répartir les rôles : quelles sont les
instances de réflexion, de décision, de représentation ? Qui parle ? Avec quel
mandat ?
LE RELAIS DE L’ENCADREMENT
Si la direction doit donner l’impulsion, pour toutes les raisons que nous avons
évoquées précédemment, le relais doit être assuré par l’encadrement
immédiat : à lui d’expliquer, d’adapter le message à ses différents
interlocuteurs, d’examiner les situations au cas par cas, de rassurer. Cette
implication de la hiérarchie intermédiaire est indispensable.
Toutefois, il ne faut pas oublier de privilégier la communication en direction
des délégués syndicaux et des représentants du personnel : ils restent, dans
bien des entreprises, la source privilégiée d’information pour les salariés
(notamment en cas de licenciements collectifs), et peuvent ainsi jouer un
grand rôle dans la préservation d’un bon climat social.
LA CONSTITUTION D’UNE CELLULE DE CRISE
Nous l’avons vu : l’information doit être traitée en temps réel. Une
information « réchauffée » manque d’impact. Or, les personnes qui sont en
première ligne (en général le pdg et/ou un directeur
commercial/marketing/technique) ne peuvent à elles seules recueillir,
analyser, synthétiser heure par heure l’information sur l’entreprise, puis
émettre des réponses circonstanciées à la crise qu’elle traverse. L’intérêt pour
ces responsables est donc de s’appuyer sur une équipe, un « conseil de crise »,
qui les déchargera de tout un travail de réflexion et de préparation.
Exemples
EDF a mis sur pied une cellule de crise, dotée d’un local particulier au siège de l’entreprise. Cette
cellule comporte une partie « action » composée des responsables opérationnels de la gestion de
crise et une partie « réflexion » dénommée « force de réflexion rapide » sur les conseils du
spécialiste français de la gestion de crise, Patrick Lagadec. Les deux parties sont reliées en
permanence. Le dispositif de crise ainsi proposé est constamment amélioré grâce à des analyses de
crise dans d’autres entreprises et de nombreuses simulations.
La SNCF a organisé sa cellule de crise, auparavant rattachée à la présidence, au sein de la direction
de la communication. Une salle de montage est reliée à cette cellule dans l’objectif que l’entreprise
puisse produire ses propres images et les proposer aux différents médias. Ainsi, lors du sabotage de
câbles de signalisation qui entraîna d’importants retards pour 30 000 personnes dans la région
d’Albertville, le 26 février 2011, la SNCF put mobiliser trois cars satellites et diffuser ses propres
images.
FOCUS
3. Former
Constituer une cellule de crise, associant des représentants de la direction et du personnel, des experts et des
professionnels de la communication.
Informer les personnels concernés, à tous niveaux hiérarchiques, par des programmes de sensibilisation
adaptés.
Tester les aptitudes de chacun par des exercices de simulation.
GÉRER LA CRISE
4. S’informer sur les causes du sinistre
5. Riposter
6. Informer
Informer en priorité les familles des victimes du sinistre, afin d’éviter qu’elles n’en soient averties par les
médias.
Rassurer les proches de l’entreprise, et, au premier chef, les victimes et leurs familles.
Mettre en place le plus rapidement possible un dispositif complet d’information, à l’usage des médias
traditionnels et on line.
Assurer la cohérence des messages diffusés à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise.
7. Respecter
8. Encadrer
9. Conclure
Remercier, après la crise, ceux qui en ont été des acteurs efficaces.
Rassurer le personnel : lui expliquer pourquoi il y a eu crise, comment elle a été résolue, quels sont les
enseignements à en tirer et quelles sont les perspectives d’avenir.
Maintenir le contact avec les différents interlocuteurs extérieurs.
10. Préparer l’avenir
Effectuer le retour d’expérience et voir en quoi le dispositif actuel peut être amélioré.
Examiner en quoi la crise a pu être une opportunité et envisager des actions de communication sur la base de
l’épreuve traversée.
La cellule de crise comprend une partie fixe, ce sont des responsables qui,
quel que soit le type de crise, seront présents en salle de crise, comme le
juriste ou le responsable de communication. La partie variable est composée
de membres réquisitionnés en fonction de leur spécialité et de la nature de la
crise : directeur de l’environnement, directeur commercial, des ressources
humaines, etc. La cellule comporte également une composante managériale,
un directeur représentant le plus haut niveau de l’entreprise et habilité à la
prise de décision doit être présent. Il ne faut pas oublier la composante
logistique. La cellule doit comporter une secrétaire, une personne en charge
de la « main courante », c’est-à-dire du relevé de l’ensemble des décisions et
de leur suivi et un technicien en informatique et téléphonie, afin de pallier
toute défaillance de la transmission des informations. Par ailleurs, la salle de
crise doit être équipée des matériels suivants :
FOCUS
Quand on a affaire à une crise évolutive dont on ne peut pas prévoir l’évolution, il ne faut pas exposer le
président tout de suite, mais le garder en réserve, ne pas céder aux « caprices des journalistes », qui réclament
toujours le pdg.
En revanche, si c’est une crise extrêmement grave où les pouvoirs publics vont prendre rapidement la parole,
le pdg soit s’exprimer.
Il faut choisir un responsable de secteur pour une crise produits.
Il faut choisir un responsable qui connaît bien le sujet, mais qui peut prendre du recul et n’est pas trop
technicien.
Pour choisir le bon porte-parole, il est nécessaire de faire des simulations, afin d’observer comment les
personnes se comportent. Le porte-parole n’est pas forcément tout de suite un communicant. Il faut former,
entraîner, soutenir, etc. Cela s’acquiert.
Au bout de quelques jours, il faut passer la parole à d’autres relais.
Quels qu’ils soient, quel que soit leur nombre, les principaux « chargés-de-
crise » sont soumis à une stricte discipline. Ils doivent être à tout moment
joignables (malgré les jours fériés, vacances, ponts). Ils disposent en
permanence sur eux de fiches indiquant les coordonnées (n˚ de portable, de
domicile) d’un certain nombre de responsables de l’entreprise et de
journalistes connus de celle-ci. Ils connaissent parfaitement la marche à suivre
car il ne suffit pas de faire un beau plan de communication de crise et de
l’utiliser uniquement le jour J. Il est plus raisonnable de faire le point une ou
deux fois par an avec les personnes concernées : actualisation des
informations, mise à jour des différents contacts, révision de la conduite à
tenir, plan d’actions.
4. FORMATIONS ET SIMULATIONS
coûteuse ;
limitée : le « stratège », aussi pertinentes que soient ses préconisations
en matière de communication, est loin de connaître la firme aussi bien
que ses dirigeants ;
partielle : il sera difficilement accepté comme interface exclusive de la
presse. Les journalistes préfèrent traiter directement avec les
responsables de l’entreprise.
- Pour
C’est une formule qui se justifie :
- Bilan
Bien encadré, le bilan est une solution qui permet de diriger et d’enrichir les
relations avec la presse et sur les réseaux sociaux, de traiter et transmettre
l’information en temps réel. Lors d’une crise d’envergure, l’entreprise seule
risque d’être dépassée par les événements. Certaines conditions doivent
néanmoins être réunies :
CONCLUSION
L’anticipation est le terme le plus important de la communication de crise, il
est impossible de se satisfaire d’une communication de dernière minute.
Stratégie de communication et gestion de l’information en temps de crise
sont intimement liées. Une bonne communication de crise ne saurait rattraper
une image d’entreprise inexistante (l’entreprise n’a jamais communiqué), ou
défavorable (crédibilité limitée, légitimité fragile).
Un capital-confiance se construit dans la durée. Le silence ne se rattrape pas
à coups de communication une fois que la crise a éclaté.
Les effets d’un reportage à chaud sont presque toujours dévalorisants pour
l’entreprise ; avec une information anticipée – à froid –, ils seront canalisés,
banalisés. Mieux vaut prévenir que guérir.
Une bonne communication de crise ne saurait faire oublier une situation
préalable défavorable : prévention insuffisante, outils inadaptés. En cas
d’accident, les réactions risquent de se cristalliser autour de ces conditions
jugées inacceptables, et d’amplifier la crise. Quand l’édifice est branlant, la
communication ne peut rien faire.
L’ESSENTIEL
Section 1
LA GESTION DE LA COMMUNICATION
EN PÉRIODE DE CRISE
Il n’y a pas de recette miracle, chaque crise étant un cas particulier, générant une
situation unique et complexe. Néanmoins, le décideur doit se fixer quelques principes
directeurs en matière de communication :
En anglais
La gestion de crise : www.crisinavigator.org
Les catastrophes : www.cred.be
Le management des situations extrêmes : www.crismart.org
Les réponses à la crise : www.crisis-response.com
La communication de crise : www.crisis-communication.de
Un outil de diagnostic : www.crisiscommunication.fi
2. Quelques ouvrages
En français
• Deux ouvrages fondateurs sur l’accroissement des risques :
Beck U., La Société du risque, Aubier, 2001 (éd. originale, 1986).
Lagadec P., La Civilisation du risque, Seuil, 1981.
• Manuels, guides
Beaudoin J.-P., Être à l’écoute du risque d’opinion, Éditions d’Organisation, 2001.
Gaultier-Gaillard S., Persin M. et Vraie B., Gestion de crise. Les exercices de
simulation, Afnor éditions, 2012.
Heiderich D., Plan de gestion de crise, Dunod, 2010.
En anglais
Amiso M. G., Pratt C. B., Case studies in Crisis Communication, Routledge, 2012.
Boin A., t’Hart P., Stern E. et Sundelius B., The Politics of Crisis Management,
Cambridge, 2005 (la communication de crise dans le secteur public, un des meilleurs
livres sur la communication de crise).
Coombs T. W., Holladay S.J., The handbook of crisis communication, John Willey,
2011.
Regester M. et Larkin J., Risk Issues and Crisis Management, 3e édition, Kogenpage,
2005.
3. Revues
La Science du danger, Préventique sécurité et Les Cahiers de préventique (cf. le site
preventique.org).
Risques, Les cahiers de l’assurance, revue trimestrielle publiée par la Fédération
française des sociétés d’assurances.
En anglais : Journal of contingencies and crisis management, trimestriel.
1. En conformité avec le parti pris de l’ouvrage – traiter exclusivement de communication non
publicitaire – nous n’abordons pas les stratégies publicitaires en période de crise. Elles peuvent être
néanmoins très utiles. Jouer sur les deux tableaux (publicité/hors publicité) permet de démultiplier leurs
effets respectifs. Les techniques diffèrent, l’esprit est le même.
3. Le Petit Robert.
7. Voir « La constitution d’une cellule de crise ».
8. Se reporter au chapitre 5, consacré à la communication interne.
Les techniques
de la communication
a distinction entre les domaines et les techniques de
Sommaire
LES FONDEMENTS DE LA
COMMUNICATION ÉCONOMIQUE
ET FINANCIÈRE
INTRODUCTION
1
Une action est un produit : à ce titre elle a besoin de communication. En
outre, c’est un produit qui porte en général le même nom que l’entreprise. Son
cours dépend en partie de l’image de la firme, de son capital-confiance (et
réciproquement) : on ne peut à l’évidence tronçonner l’image d’une
entreprise, et mettre d’un côté son image financière, de l’autre son image
institutionnelle.
Exemples
L’annonce, le 29 juillet 2008, du départ des deux dirigeants du groupe Alcatel-Lucent a entraîné une
hausse de l’action de l’entreprise de 5,48 %, alors que le marché reculait de 1,21 %.
Le 11 août 2011, le cours de bourse de la Société Générale perdait 14,7 % à la suite d’un article paru
quatre jours auparavant dans le journal Mail on Sunday.
Le 7 février 2012, l’entreprise de tourisme Thomas Cook perdait 50 % de la valeur de ses actions.
La réputation globale est donc bien un facteur décisif dans l’évolution des cours boursiers.
FOCUS
LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION
2
FINANCIÈRE
Née d’une obligation légale – la publication par toute société cotée en Bourse
de ses résultats – la communication financière est restée longtemps une
communication pour spécialistes. Il en résultait une communication grise,
passablement rébarbative, ne touchant qu’un public d’initiés (actionnaires et
analystes financiers). Peu à peu, la démarche des entreprises a changé : à ce
public averti est venu s’en ajouter un autre plus large et plus composite. Une à
une les entreprises ont compris qu’il n’était plus possible de se contenter d’un
placard gris pour annoncer leurs résultats : image de firme oblige ! Tout a
changé avec l’internationalisation. Les entreprises grandes ou moyennes ont
désormais à leur disposition pour financer leur croissance des sources de
financement diverses et totalement internationales. On trouve également les
fonds organisés : fonds de capital risque internationaux, fonds de pension
simples ou regroupés devenus accessibles (hedge funds, fonds de private
equity, fonds souverains), ou fonds plus anciens comme le fonds des
travailleurs du Québec (qui place 8 millions de dollars de disponibilités). Les
hedge funds permettent d’obtenir des performances déconnectées des
tendances du marché, les fonds de private equity sont des titres de sociétés
non cotées et les fonds souverains sont des fonds de placement détenus par
des États.
L’existence de sources de financement à la fois diverses et internationales a
donné naissance à un nouveau métier de la communication financière plus
fiable et plus professionnel. De nouveaux acteurs ont pris une place croissante
comme les agences de notation (Standard & Poors, Moody’s, Fitch ratings),
les régulateurs « gendarmes » des Bourses mondiales (l’International
Organization of Securities Commission IOSCO, appelée en français
l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs, OICV), les
commissaires aux comptes et l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) qui a
pris le 1er août 2003 la suite de la COB (Commission des Opérations en
Bourse) en France.
Ainsi, plus les sources de financement se multiplient, plus il se crée
d’entreprises, plus celles-ci ouvrent leur capital, et plus se ressent le besoin
d’une information fiable et de qualité.
Le paysage s’est profondément transformé sous l’effet de scandales nés
outre-Atlantique qui ont malmené les places financières, comme l’affaire
Enron qui a vu disparaître le cabinet Arthur Andersen, la crise des subprimes
en 2008 et la crise européenne qui a débuté à l’été 2011 sous l’effet des
surendettements atteints par certains pays et notamment la Grèce. Ces crises
ont entraîné une volonté de rétablir la confiance. Quant à
l’internationalisation, elle a contribué à :
Qui SICAV, caisses de Les réseaux des Journalistes économiques et Les investisseurs particuliers.
retraite, fonds de banques financiers de la presse La France des actionnaires
pension, compagnies généralistes, les spécialisée ou généraliste. En ressemble de plus en plus à
d’assurances, sociétés banques France et à l’étranger, sites la France tout court. Étoffée
d’investissement, spécialisées, les web spécialisés. par des vagues successives,
plans d’épargne sociétés de elle s’est rajeunie,
d’entreprise, français bourse ou provincialisée, féminisée, et
et internationaux. brokers (et leurs multipliée.
analystes).
Activité Génèrent une part Prescripteurs « Faiseurs d’opinion », ils Ils gèrent des portefeuilles
importante de importants, ils disposent d’un pouvoir boursiers (de quelques
l’activité boursière. interviennent d’influence considérable. milliers d’euros en moyenne,
On dit d’eux qu’ils directement sur Leurs analyses ont un impact mais avec des montants
« font » le marché. le marché : direct sur les décisions du variables).
conseillent, grand public. Bien que Ils sont sensibles aux avis
investissent, prescripteurs indirects, ils financiers donnés par les
gèrent des interviennent lourdement sur banquiers et les analystes ou
portefeuilles. le marché. rapportés dans la presse.
Ils donnent de
gros ordres
d’achat
d’achat
et de vente.
Objectif Obtenir un rendement Conseiller leurs Diffuser information et conseil Investir pour gagner de
optimum de leurs clients, leur financiers. l’argent avec de petites
placements. faire gagner de À la recherche sommes.
l’argent. Ils du scoop. À la recherche
jouissent aussi d’informations simples et
d’un grand crédibles provenant des
pouvoir « initiés ».
d’influence.
- Panacher
Les professionnels et le grand public n’ont ni les mêmes besoins ni les mêmes
compétences. L’entreprise veillera à alimenter les premiers par des flux
permanents d’information technique. En revanche, elle simplifiera les
messages adressés aux néophytes et les égayera. Chacun des outils de
communication financière joue sur un registre différent. Il faut les panacher
suivant la structure de son actionnariat.
Exemple
La Société Générale segmente sa politique de communication financière en fonction de ses deux
cibles.
- Personnaliser
Le chef d’entreprise doit monter en première ligne, il est nécessairement
impliqué dans la construction des images financières et institutionnelle. Cette
« starification » joue pour tous types d’entreprises, elle se révèle encore plus
cruciale dans les grandes entreprises, celles qui tiennent un rôle public.
Un dirigeant médiatique est assurément le meilleur porte-parole d’une
entreprise et le plus logique. Cette personnalisation s’avère déterminante en
période de crise. S’appuyer sur un patron solide permet de conserver la
confiance des investisseurs face à une manœuvre hostile ou lors de
turbulences boursières.
- Élargir
Aujourd’hui, la communication financière n’est plus seulement franco-
française. Les entreprises utilisent de plus en plus la presse internationale
(Wall Street Journal, Herald Tribune, Financial Times, etc.), organisent des
réunions d’informations, des road-shows dans les grandes places financières
européennes et internationales et de plus en plus de conf call.
La conference call, plus fréquemment appelée conf call, n’est pas un outil
spécifique à la communication financière, mais elle est souvent utilisée pour
les publics financiers. Elle se déroule généralement sous forme d’une
rencontre via Internet et le téléphone entre le dirigeant d’entreprise, son
directeur financier et des investisseurs institutionnels. Via le web, l’entreprise
expose ses slides comme elle le ferait sur un écran lors d’une conférence
classique et le public, pouvant être réparti dans des lieux différents, a la
possibilité de poser des questions et de dialoguer avec les dirigeants de
l’entreprise. Cette rencontre peut également faire l’objet d’une retransmission
audiovisuelle en direct (il s’agit alors d’une visioconférence). Ces formules
ont le grand avantage d’être peu onéreuses et d’éviter tout déplacement. La
plupart des entreprises traduisent également leurs rapports annuels et autres
documents en anglais.
La communication financière doit élargir non seulement ses cibles mais
également son contenu comme le lui imposent la loi NRE du 15 mai 2001
élargie par la loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010, la loi de sécurité financière du
1er août 2003, la loi de modernisation de l’économie du 26 juillet 2005, la
directive européenne sur la transparence transposée en France dans le
règlement de l’AMF le 20 janvier 2007 et l’ordonnance du 22 janvier 2009
relative à l’offre publique de titres financiers.
Exemple
En 2011, le cabinet KPMG a analysé les rapports de 3 400 entreprises implantées dans 34 pays. Les
conclusions indiquent que la quasi-totalité des grandes entreprises édite désormais un rapport de
développement durable. Le Royaume-Uni et le Japon sont les deux pays où le reporting RSE est le
plus répandu, suivis par l’Afrique du Sud et la France.
permanentes ;
périodiques ;
occasionnelles, au moment d’une opération particulière qui doit être
soumise au visa de l’AMF.
L’information réglementée
Dans le règlement de l’AMF, l’information réglementée désigne divers
documents et informations :
L’information périodique
C’est celle donnée par les émetteurs à échéances régulières, sur une base
annuelle, semestrielle et trimestrielle. Il s’agit essentiellement de
l’information comptable. Elle comprend notamment le rapport financier
annuel, le rapport financier semestriel, et l’information financière trimestrielle
dans des conditions déterminées par le règlement général de l’AMF.
L’information périodique est aussi de nature juridique.
L’information permanente
C’est l’information diffusée par les émetteurs en application de l’obligation
qui leur est faite de porter dès que possible à la connaissance du public toute
information précise non publique les concernant, susceptible, si elle était
rendue publique, d’avoir une influence sensible sur leur cours de bourse. Il
s’agit là de la notion d’information privilégiée définie comme suit par
l’AMF : « une information précise qui n’a pas été rendue publique, […]
information, qui si elle était rendue publique, serait susceptible d’avoir une
influence sensible sur le cours, etc. »
L’information occasionnelle
Quand elle réalise une opération financière, l’entreprise faisant un appel
public à l’épargne doit diffuser un certain nombre d’informations avec des
moyens adaptés. Les opérations financières donnant lieu à l’établissement de
documents d’information sont les introductions en Bourse sur un marché
réglementé, les émissions de titres de capital par appel public à l’épargne, les
offres publiques d’achat (OPA), les offres publiques d’échange (OPE), les
offres publiques de retrait (OPR), les fusions, scissions, apports partiels
d’actifs ou de titres et les procédures de garanties de cours consécutives à une
cession de bloc de contrôle.
Les conditions de diffusion des informations
Ces diverses informations réglementées doivent faire l’objet d’une diffusion,
elle-même très réglementée. L’AMF précise que « l’émetteur s’assure de la
diffusion effective et intégrale de l’information réglementée » avec une triple
ambition : « atteindre le plus large public possible, […], transmettre
l’information réglementée aux médias dans son intégralité, […], pouvoir
identifier clairement l’émetteur concerné et le moment de la diffusion ».
L’AMF impose deux modes de diffusion :
Quelques chiffres
97 % des investisseurs pensent qu’Internet occupe aujourd’hui une place incontournable pour
la communication financière des sociétés citées (92 % en 2010).
Pour 92 % des investisseurs, le site internet des sociétés cotées est un outil indispensable pour
communiquer auprès des actionnaires et des investisseurs (88 % en 2010).
Le site internet des sociétés cotées est considéré comme la source d’information n° 1 devant la
lettre aux actionnaires et le rapport annuel.
- Le rapport annuel
Face à la multiplication d’informations fournies par les sociétés, les rapports
annuels restent l’un des outils les mieux adaptés. Étroitement liés au Web, ils
permettent aux entreprises de respecter leurs obligations d’égalité de
traitement des cibles vis-à-vis de l’information.
Auparavant les rapports annuels étaient publiés « sous la contrainte », pour
répondre aux obligations administratives et fiscales. Aujourd’hui, ils sont
volontiers considérés comme des outils de communication et de séduction : ne
fournissent-ils pas une occasion de dialoguer avec les actionnaires et la
presse ? Les informations qu’ils contiennent, le ton qu’ils adoptent, s’en
trouvent modifiés. Les documents rébarbatifs d’autrefois font
progressivement place à de splendides plaquettes.
Plusieurs prix sont décernés aux rapports annuels des entreprises. Les
principaux critères pris en compte pour l’attribution de prix sont :
Ces dernières années, les prix du meilleur rapport annuel furent décernés au
groupe Axa (prix Communication & Entreprise 2011) notamment pour sa
version en ligne qui mariait texte, image et vidéo et au groupe EADS (le Top
Com d’or en février 2012) pour son dispositif de communication annuelle et
financière.
Certaines entreprises non cotées éditent également un rapport annuel et
l’utilisent comme un outil de communication promotionnelle.
Exemple
La SNCF de son côté a édité un mini-dossier comportant quatre livrets « 241 000 experts vous
accompagnent », « Vous avez rêvé de voyager avec nous », « C’est une histoire française », chacun
était construit en trois chapitres faisant une forte place aux photographies et le quatrième document
présentait en vingt pages « Les chiffres clés de l’entreprise ».
Exemples
Le Crédit Agricole profite de son rapport d’activité
Extrait du Rapport annuel 2010 Carrefour
2010 pour présenter « Nos valeurs, nos convictions,
notre projet ».
Quant à Areva, son « Rapport de croissance responsable 2010 » est l’occasion de retracer 10 ans
d’existence de l’entreprise et notamment « 10 ans de progrès continu » et « 10 défis d’aujourd’hui et
de demain. »
FOCUS
Un rôle institutionnel
Le document doit inciter le lecteur à s’y plonger, et, pour cela, se présenter
sous une forme claire, intelligente, pratique.
Il faut s’assurer que le rapport est prêt pour l’assemblée générale : il doit
impérativement y être remis aux actionnaires. Pour plus de sûreté, prévoir une
marge de manœuvre, et consulter quelques exemplaires témoins dès que
possible : le rendu est-il conforme au cahier des charges ? Qu’en est-il de la
qualité de reproduction ? de la quadrichromie ?). La durée de vie du rapport
annuel est d’un an : impossible d’y admettre la moindre erreur.
Le rapport annuel « à la française » n’est pas universel. Pour en publier une
version étrangère, il faut songer à l’adapter à sa cible. Chaque pays a ses
préférences (et ses règles) en matière de rédaction, d’approche des comptes,
de choix éditorial (format, brochage, qualité de papier, etc.). Les rapports
américains sont plus légers, plus synthétiques ; les rapports anglais sont, en
revanche, plus imposants, accordant une grande place au message
institutionnel.
Un outil pratique
Un document est fait pour être consulté. Quelques petits détails en faciliteront
l’utilisation : un sommaire en début de document, une mise en page aérée (pas
de paragraphe supérieur à 15 lignes : c’est illisible). Le document produit ne
doit être ni trop lourd, ni trop imposant : introduire des annexes si nécessaire,
le corps du texte s’en trouvera allégé. Mentionner sur la quatrième de
couverture les coordonnées complètes de l’entreprise et le nom de la personne
à contacter pour plus d’information.
Il est difficile de tirer à plusieurs milliers d’exemplaires des rapports qui
coûtent 10 à 15 € pièce et qui n’intéressent que les techniciens. L’entreprise
pourra donc utilement différencier ses destinataires : d’un côté, le grand
public ; de l’autre, les professionnels. Elle adressera au premier une
information rapide, légère, accessible, sous forme de mini-rapports annuels :
documents peu coûteux, au tirage important. Elle réservera aux seconds des
rapports pointus : documents lourds, édités en nombre limité.
Outre le rapport annuel, la plupart des entreprises publient des documents
institutionnels de présentation beaucoup plus légers et accessibles, destinés à
présenter l’entreprise à tous ses publics, y compris aux potentielles recrues.
Toutes les combinaisons sont possibles.
Exemple
EDF a édité en 2011 un dépliant de douze pages en format poche, 11 x 20, de type accordéon
« Groupe EDF, l’essentiel 2010 ».
étonner par une accroche courte, sans détours ; par un procédé original
(présentation de comptes en bandes dessinées) ; par un ton insolent ;
attirer, il faut susciter l’envie ;
nouer des liens affectifs : lettre ouverte signée du dirigeant de
l’entreprise ou lettre de courtoisie, procédé courant aux États-Unis,
marginal en France, qui consiste à remercier ses nouveaux actionnaires.
Exemples
En 2011, les trois meilleures AG suivant ces critères furent Schneider Electric, BNP Paribas et GDF
Suez.
S’agissant de Schneider Electric, le jury avait souligné quelques points forts et notamment, la
présentation claire du business model, le talent pédagogique, la retransmission en direct et en différé
sur Internet, une mini exposition présentée en parallèle. Pour BNP Paribas, c’est la lisibilité de la
stratégie qui fut récompensée. Pour GDF Suez, l’installation de stands pour accueillir les
participants selon leur statut d’actionnaires individuels, de membres du club des actionnaires ou de
salariés actionnaires avait été remarquée.
Assemblée Générale Mixte 2012 de BNP Paribas
Ces critères sont bien sûr évolutifs. Début 2012, une étude menée par Euro
RSCG C&O « Assemblées Générales 2012, les attentes du marché »,
indiquait que les domaines les plus sensibles portaient sur la refonte de la
gouvernance des entreprises, une politique des dividendes plus claire, un
meilleur contrôle sur les risques, l’endettement et la rémunération des
dirigeants.
Les Assemblées générales sont un moment décisif dans la relation avec les
actionnaires, elles représentent d’ailleurs un poste financier très lourd. Dans le
contenu même de l’Assemblée générale, deux thématiques fortes se sont
imposées : celle liée à la gouvernance d’entreprise qui représente plus de 15
minutes pour douze sociétés du CAC 40 et celle de développement durable
désormais traité en Assemblée générale par une société sur deux, dont une sur
quatre durant plus de 10 minutes. En lien avec cette hausse de la sensibilité
des actionnaires aux problématiques de développement durable, certaines
entreprises effectuent leur Assemblée générale dans une démarche de
réduction de leur bilan CO2 afin de contribuer modestement à la réduction de
l’effet de serre. De plus en plus d’AG cherchent à réduire le volume de papier
diffusé (une tonne de papier économisé permet d’éviter l’émission de deux
tonnes de CO2) et à compenser les émissions provoquées par la réalisation de
l’Assemblée générale en soutenant des projets liés à des thèmes de
développement durable (plantations, énergies renouvelables). La moyenne des
questions posées par les actionnaires est de 22, mais peut aller bien au-delà.
Plus prosaïquement, on notera qu’en dehors des démarches citoyennes
promises aux actionnaires, la pratique des petits cadeaux reste appréciée.
Exemple
Chaque participant à l’une des Assemblées générales du groupe Ricard qui s’étaient déroulées au
théâtre Mogador a pu repartir avec une bouteille d’Absolut Vodka et une bouteille de vin.
Pour ces deux salons, l’entreprise peut organiser des ateliers, participer à
des conférences. Cette pratique, d’inspiration anglo-saxonne, confère à
l’entreprise une image ouverte et dynamique : une entreprise qui se déplace et
suscite le dialogue ! Elle lui permet, en outre, de se doter d’un réseau, local
et/ou international, de relais d’opinion. Néanmoins, fortement impliquants et
lourds à organiser, les road-show sont donc réservés aux événements
financiers d’importance.
Exemple
La direction du groupe PPR consacre beaucoup de temps aux rendez-vous avec les analystes, elle
rencontre près de 300 investisseurs institutionnels par an soit plus d’un par jour, en petits comités ou
en tête-à-tête.
Le comité consultatif
Composé d’un petit nombre de membres (entre 10 et 15), le comité consultatif
a pour but de conseiller la direction de l’entreprise sur l’amélioration de sa
relation avec les actionnaires. L’objectif est de faire remonter de manière
institutionnalisée, lors de réunions régulières avec l’entreprise, les attentes des
actionnaires.
Exemples
L’Oréal a mis en place un comité consultatif des actionnaires qui compte 18 membres. Ce comité se
réunit sous la présidence du directeur général de la communication financière. Ses membres qui
doivent posséder au moins 100 actions de l’entreprise sont choisis sur candidature en fonction de
leur motivation et dans le respect d’une représentation équilibrée des actionnaires. Ils sont nommés
pour deux ans non renouvelables et se réunissent 3 à 5 fois par an. L’entreprise met en ligne sur son
site le compte rendu de leur réunion.
Le comité consultatif est appelé « Comité de liaison » au Crédit Agricole. Il compte douze membres
représentant les grandes régions françaises et se réunit trois à quatre fois par an.
D’un format généralement court (six à huit pages), elle est adressée sous
forme électronique en offrant la possibilité aux actionnaires d’en recevoir une
version papier par voie postale. Le site internet du groupe archive également
les anciens numéros.
Exemple
Le groupe PPR diffuse une version de
12 pages, sous format 14x22 en français et
en anglais en conformité avec sa charte
graphique et l’ensemble de ses
publications (rapport annuel, rapport
RSE).
LES PRATIQUES DE LA
COMMUNICATION ÉCONOMIQUE
ET FINANCIÈRE
1 LES AGENCES DE COMMUNICATION
FINANCIÈRE
Une entreprise ne peut entreprendre d’actions financières sans recourir à des
professionnels de la partie, au moins pour ce qui est de l’achat d’espace.
Historiquement d’ailleurs, les intervenants sur le marché étaient de simples
répartiteurs chargés de faire publier dans la presse spécialisée les résultats des
sociétés cotées en Bourse. Leur rôle se limitait à acheter de l’espace
publicitaire dans les supports économiques, afin d’y placer les communiqués
de leurs clients. Pour répondre aux nouvelles demandes des entreprises, les
agences ont dû progressivement étendre le champ de leurs prestations.
Puisque la communication financière fait désormais partie intégrante de la
communication en général, les agences prennent tout en charge : publication
des annonces légales, contacts avec la presse, relations publiques et édition.
Toutes mettent en avant leurs capacités de conseil.
COMMENT CHOISIR ?
Pour une entreprise, il n’est ni cohérent, ni commode de faire appel à des
prestataires différents pour chaque pan de sa communication financière.
Mieux vaut choisir un partenaire unique capable de bâtir une stratégie
globale, puis d’en exécuter les diverses applications. En somme, une bonne
agence de communication financière devra apporter un service complet et
donc, maîtriser des techniques de base, que nous passons rapidement en vue.
- Un conseil stratégique
L’entreprise attend de son agence de communication financière qu’elle l’aide
à formuler sa vision et son positionnement auprès de ses différents publics.
L’agence doit donc être capable de proposer des services de veille, d’étude
des tendances émergentes de manière à ce que l’entreprise puisse anticiper les
évolutions. L’agence doit aider l’entreprise à formuler ses messages et à
couvrir toute la palette des outils de communication pour les décliner.
L’agence doit, davantage encore que dans d’autres domaines, être disponible
et réactive. Elle doit être à la pointe des outils de communication pour
permettre une transmission la plus immédiate possible des informations.
Enfin, l’agence de communication financière doit réussir cet exercice
périlleux d’avoir une double compétence très pointue à la fois sur les
stratégies de communication financière mais aussi sur l’ensemble des
techniques et marchés financiers.
- Un conseil presse
Le conseil-presse est le dénominateur commun à toutes les agences de
communication financière. Cette activité se décompose en deux métiers
distincts : l’achat d’espace et le conseil en création publicitaire.
L’achat d’espace
L’agence choisit les médias, y achète de l’espace, négocie les tarifs et fixe un
calendrier de publication. Pour chaque client, l’agence achète en bloc, en
début d’année, un nombre forfaitaire de lignes, calculé en millimètres. Ce
volume correspond aux publications légales, augmentées le cas échéant du
métrage nécessaire aux communiqués diffusés librement, en dehors de toute
obligation. En revanche, l’agence achète au coup par coup les espaces
particuliers, calculés à la page comme dans le cadre d’une campagne
publicitaire classique, prévus pour accompagner des opérations
exceptionnelles : emprunts, émission d’actions ou d’obligations, lancement de
produits financiers, OPA, etc.
En matière d’achat d’espace, le service apporté par les agences de
communication est unanimement reconnu : compte tenu du volume de leurs
achats, elles se trouvent effectivement en situation de force pour négocier les
prix et les délais de parution pour les communiqués financiers de leurs clients.
Le conseil en création publicitaire
Souvent, la créativité est réduite à une peau de chagrin dans le cadre d’avis et
de communiqués financiers : le contenu et la mise en page répondent à des
normes précises. Dans la plupart des cas, l’entreprise apporte à son agence un
message brut, à charge pour elle de le formaliser afin d’obtenir le meilleur
impact possible. On ne demande donc pas à son agence de faire des prouesses
artistiques, mais plutôt de réaliser un document lisible, clair et précis, en un
mot : sérieux. Ceci n’empêche pas une créativité qui trouve sa totale
expression dans le cadre de campagnes financières d’envergure, au ton plus
proche de celui de la publicité grand public.
- Les relations publiques et relations presse
Le monde de la finance est particulièrement fermé. Pour monter des
opérations de relations publiques, l’agence devra s’appuyer sur un carnet
d’adresses sélectif (fichier des différents publics : leaders d’opinion,
gestionnaires, analystes, journalistes), personnalisé (il ne suffit pas de
disposer d’une collection de noms, encore faut-il savoir qui fait quoi) et
actualisé (le fichier doit être instantanément utilisable). L’agence de
communication financière devra en outre gérer l’aspect logistique des
opérations : savoir lancer une réunion d’analystes, organiser une conférence
de presse, monter une assemblée d’actionnaires.
- La conception du site web
Le site web est devenu l’outil incontournable de la communication financière
puisqu’il permet une information en permanence sur l’actualité de l’entreprise
et ses perspectives financières. Dialoguer avec les dirigeants, recevoir
immédiatement toute nouvelle information grâce aux flux RSS et sur les
réseaux sociaux, suivre en direct l’AG, offrir aux actionnaires un espace
privatif sur le site, tout ceci nécessite une compétence technique
communicationnelle et financière.
- L’édition
L’édition de documents financiers (rapport annuel, brochure, plaquette
d’introduction, etc.) exige une double compétence : technique, pour ce qui est
de la conception, de la rédaction, de la réalisation de documents et
économique, pour « mettre en scène » des chiffres avec intelligence.
Beaucoup d’agences de communication financière ont tendance à sous-traiter
les travaux d’édition de leurs clients, ainsi que leurs productions
audiovisuelles. Si tel est le cas, l’entreprise devra s’assurer que ses directives
arrivent bien jusqu’aux personnes qui réalisent le document. La chaîne est
malheureusement souvent longue. L’entreprise fixe un programme d’édition
avec son interlocuteur en agence, lequel « briefe » ensuite le commercial de la
société sous-traitante, ce dernier transmet enfin les directives à ses
concepteurs-rédacteurs. Entre l’entreprise commanditaire et ceux qui réalisent
le document, il y aura eu deux niveaux d’intermédiaires : c’est beaucoup !
QUEL TYPE D’AGENCE CHOISIR ?
Il y a quelques années, la question ne se posait même pas. Le banquier de
l’entreprise recommandait au directeur financier une agence, laquelle
effectuait son achat d’espace. Aucune fantaisie n’était permise en la matière.
Tel n’est plus le cas aujourd’hui : l’état-major de l’entreprise choisit
personnellement son agence, dont elle attend plus qu’un strict répartiteur.
La famille des agences de communication financière a deux caractéristiques
notables. C’est d’une part une famille réduite, comptant une dizaine de
sociétés de tailles et de structures très différentes. C’est, d’autre part, un
groupe hétérogène où coexistent des prestataires de structure et de
personnalité très diverses.
FOCUS
la confiance : l’agence est un partenaire avec qui on élabore une stratégie globale, non un simple prestataire
de services, d’autant que l’entreprise peut être amenée à lui confier des informations confidentielles ;
la personnalisation : l’entreprise doit exiger de s’adresser à un professionnel unique et permanent, lequel se
chargera, le cas échéant, de la répartition des tâches à l’intérieur de l’agence. Ce « dispatching » doit rester la
cuisine interne de l’agence ;
la permanence : la durée est nécessaire pour bâtir une politique de communication financière, logiquement
plus sophistiquée qu’un simple programme d’annonces légales. Les entreprises se montrent en général
particulièrement fidèles à leurs agences financières.
- Spécialiste ou généraliste ?
Activité convoitée, la communication financière n’est plus l’apanage exclusif
des agences spécialisées. Puisqu’elle participe de la stratégie d’image de
l’entreprise, puisqu’elle adopte un ton grand public, pourquoi ne pas la
confier à une agence de communication généraliste ? D’ailleurs, qu’il s’agisse
de lancer une campagne de privatisation, de gérer un budget post-
privatisation, ou de riposter lors d’une OPA, les entreprises font de plus en
plus appel aux agences généralistes, celles s’occupant habituellement de
publicité-produit. Est-ce une bonne formule ?
Pour un problème banal, mieux vaut faire appel à une structure spécialisée
en communication financière. C’est une solution moins onéreuse et plus
professionnelle.
En revanche, dans le cadre d’opérations financières d’envergure
(privatisation, introduction en Bourse, riposte à une OPA) destinées pour
partie au grand public, l’idéal est de jouer sur le tandem : agence financière
plus agence généraliste.
Exemples
Pour une agence comme Euro RSCG C&O, la communication financière a représenté un montant
total de 27 milliards de $ en 2011, réparti sur 41 opérations. Cette agence, première agence française
pour la communication financière, aura accompagné en 2011 Solvay lors de son OPA amicale sur
Rhodia, Cristal Union pour l’acquisition de la Vermandoise, France Telecom pour la cession
d’Orange Suisse à Apax Partners.
Le groupe Publicis arrive en deuxième position pour une valeur de 10 milliards de $ et 23
opérations réalisées.
Depuis le début des années 2000, certaines grandes agences ont cherché à se
positionner autour du concept d’agence globale. L’ensemble des compétences
dans le domaine publicitaire et dans celui des techniques de communication
financière hors médias sont regroupées, c’est notamment vrai pour Euro
RSCG C&O et Publicis. L’entreprise peut également confier à son agence
traditionnelle ses actions de communication financière lorsqu’elle considère
que celle-ci a atteint un niveau de connaissance sur ses enjeux et qu’une
relation de confiance s’est établie.
LES ÉVALUATIONS BUDGÉTAIRES
Nous distinguerons la publicité financière (communiqués, annonces) des
autres prestations. La première se calcule sur la base de règles fixes, les
secondes s’évaluent de manière plus aléatoire. Une entreprise moyenne du
CAC 40, n’affrontant aucun événement spécifique, doit compter un minimum
de 150 000 à 200 000 € pour répondre aux seules obligations réglementaires.
- La publicité financière
En règle générale, l’entreprise passe avec son agence de communication
financière un contrat annuel. En début d’année, l’agence évalue le lignage
total, en millimètres pour l’année à venir, et calcule le montant correspondant
en achat d’espace. L’entreprise effectue le versement intégral en début de
période.
Ce règlement anticipé ne pose aucun problème si l’entreprise occupe
effectivement tout l’espace réservé. En revanche, il joue en sa défaveur si elle
se retrouve en deçà des estimations initiales3. En principe rien ne lui est
remboursé. L’agence justifie cette règle draconienne, en arguant qu’elle a
elle-même passé en début d’année un contrat client par client avec chaque
support. L’idéal est de taper juste, c’est-à-dire de réserver le nombre exact de
millimètres utilisés. C’est difficile : aucune entreprise n’est à l’abri
d’événements extérieurs. Certains annuleront les annonces prévues, d’autres
en commanderont de supplémentaires. Il est toujours préférable de sous-
évaluer ses besoins que de les surévaluer. Dans le premier cas, l’agence
s’arrangera pour trouver l’espace supplémentaire, qu’elle facturera au tarif
habituel ; dans le second cas, l’entreprise aura perdu de l’argent.
Dans le cadre d’une campagne publicitaire, le fait que l’annonce soit
financière ne change rien au mode de facturation. Tout fonctionne comme s’il
s’agissait d’une publicité standard.
Une caractéristique française est le coût élevé de la publicité financière du
fait de l’existence d’un grand nombre de journaux spécialisés qui oblige à
multiplier les placards publicitaires.
- La répartition des budgets
Les budgets de communication financière se répartissent ainsi :
Une image : l’entreprise doit définir son image, c’est-à-dire établir les
critères sur lesquels elle veut être jugée. Ils dépendront de sa
personnalité en tant que firme, de son image institutionnelle et des
promesses faites aux investisseurs et aux prescripteurs en termes
boursiers et financiers.
Une place : l’entreprise doit trouver le profil de la valeur à introduire.
Le marché boursier peut fictivement être assimilé à un linéaire
d’hypermarché : pour être acheté, le produit – le titre de l’entreprise –
doit répondre à une motivation de l’acheteur. Quelle sera la nature de la
valeur : valeur de croissance, de rendement, de sécurité, valeur à risques,
etc. ? Quel timing adopter pour la vente des titres ?
Une différence : poursuivons la métaphore. Dans le linéaire Bourse,
pourquoi acquérir telle valeur plutôt que telle autre ? Qu’est-ce qui
différencie deux titres du même secteur ?
Exemples
Une des dernières grandes OPA concernant une entreprise française s’est déroulée sur le territoire
américain. Il s’agit de l’OPA de Sanofi Aventis sur Genzyme. Cette OPA a débuté en juillet 2010
avec une première offre informelle. Après plusieurs tractations, Sanofi lance une OPA hostile début
octobre 2010, l’opération s’achèvera en février 2011 par un accord d’acquisition entre les deux
sociétés.
En France, la dernière grande OPA remonte au 26 juillet 2006. Le groupe Arcelor passe sous le
contrôle d’un groupe d’origine indienne : Mittal dans une indifférence quasi générale. Arcelor,
surtout depuis le départ de son président Francis Mer, n’avait jamais cherché à se forger une
réputation ni même une image. Entreprise relativement apatride à la signature inconnue et au
président d’une grande discrétion, Arcelor a payé le prix de son absence de communication et
personne n’a songé sérieusement à la protéger. Les actionnaires furent peu nombreux à vouloir se
mobiliser pour défendre une entreprise qui ne se singularisa pas par la qualité et la constance de ses
relations avec eux. Quant aux propres salariés d’Arcelor, et notamment l’actionnariat salarié,
l’absence de toute réaction marque une distance forte proche d’un désaveu adressé à leur équipe
dirigeante. Inconnue du grand public, Arcelor ne pouvait espérer que les pouvoirs publics, nationaux
et locaux, se mobilisent.
On peut émettre l’hypothèse que si demain Air Liquide faisait l’objet d’une OPA, ses actionnaires
hésiteraient longtemps à abandonner une entreprise qui leur prête une attention constante.
- Anticiper
Peut-on se mettre à l’abri d’une OPA ? Cette préoccupation débouche
logiquement sur une autre question : comment consolider son actionnariat ?
La communication n’y apporte qu’un début de réponse, à la mesure de ses
moyens. En connaissant nominativement ses actionnaires, l’entreprise se
donne au moins la possibilité de les mobiliser en cas de conflit5. C’est un
travail de longue haleine, le principe de l’anonymat de l’actionnariat étant
scrupuleusement respecté en France.
Les instruments interactifs (organisation de réunion, dialogue par téléphone
ou sur Internet) sont autant de moyens mis à la disposition de l’entreprise
pour se constituer un fichier jour après jour. C’est un travail de fourmi,
relativement fastidieux, mais c’est la seule manière de se préparer à une OPA
en termes de communication.
- Riposter
La riposte à une OPA s’ébauchera au cas par cas. C’est un problème classique
de communication : l’image de l’entreprise est en jeu, à elle de bâtir une
stratégie ad hoc6, tant sur le plan institutionnel, que d’un point de vue
financier.
CAS D’ENTREPRISE
Parmi les paramètres, figurait le fait que l’opération ne se limitait pas au territoire national mais
concernait près d’une vingtaine de pays où les entreprises étaient implantées avec chacune une culture
spécifique. La stratégie globale reposait sur la démonstration d’un engagement de long terme, non
seulement pour maintenir l’activité biscuiterie, mais aussi pour la développer en lui apportant de
nouvelles ressources.
Une attention particulière devait être apportée à l’extrême sensibilité de ce type d’acquisition, ce qui
amène à privilégier une communication de proximité en interne pour les entreprises. Une évaluation
des retombées presse et sur le Web permettait également d’identifier les thèmes émergents et
nécessitant une prise en compte. L’opération, qui eut pour thème « Together, we go further », utilisa
les outils suivants :
des relations presse pour actions utilisant la panoplie complète des moyens : argumentaire,
média training, conférence de presse, veille. La simple annonce du projet généra en France
139 articles et 829 passages radio ;
une communication d’influence vers les leaders d’opinion. Il fallait éviter que certains leaders
n’apprennent le projet par les médias. Du cabinet du président de la République à celui du
Premier ministre ou du ministre de l’Économie, en passant par de nombreux parlementaires,
un grand nombre d’hommes politiques disposèrent préalablement d’une information
spécifique avec un objectif clair : rassurer sur l’aspect social et les engagements pris pour les
sites français ;
une communication interne. Afin de rassurer les salariés de Danone, 150 000 kits de
présentation leur furent adressés, dans une vingtaine de langues. Une centaine d’expositions
furent montées, chacune déclinée selon les pays et les productions concernées. Le dispositif
fut complété avec des vidéos, un site web dédié et des road shows organisés par les dirigeants.
L’opération s’est conclue fin 2007 par la concrétisation de l’acquisition. Les politiques ne se
mobilisèrent pas, aucune grève ne se produisit ; les médias se positionnèrent entre une attitude de
neutralité et de soutien du projet.–
L’ESSENTIEL
Section 1
QUELLE STRATÉGIE ?
QUELLES CIBLES ?
Section 2
LE RAPPORT ANNUEL
2. Le BALO, Bulletin des annonces légales obligatoires, est une annexe au Journal officiel. Il publie
toutes les informations relatives à la vie des sociétés faisant publiquement appel à l’épargne. Il peut
s’agir de convocations à des assemblées d’actionnaires, de la publication des comptes, de l’annonce
d’un changement important.
3. Exemple : au 31 décembre, l’entreprise n’a utilisé que les 3/4 de son lignage.
4. Elle n’aura en aucun cas la prétention de la déterminer.
5. C’est la technique du proxy-fighting.
Sommaire
Un bon logo doit être inspiré. Il doit à la fois rassurer, être accessible, être
simple, reconnaissable, moderne sans « être mode », et susciter une émotion.
Bref, il doit être de qualité, clair et avoir un fort impact.
FOCUS
Un nom : le logo se coule dans le nom de l’entreprise. Celui-ci peut être utilisé entièrement (Air France, Le
Monde) ou se réduire à des initiales (CIC, IBM, BHV, PPR, MMA, NRJ), il peut également conjuguer les
deux comme pour BNP Paribas ;
Un symbole : emblème graphique qui permet de distinguer l’entreprise, ses activités, ses produits, et de
provoquer immédiatement la reconnaissance par le public. Le symbole peut être abstrait (le losange de
Renault) ou figuratif (la pomme d’Apple) ;
Un système de couleurs : combinaison de couleurs censée représenter l’entreprise (le bleu du Crédit du Nord,
le rouge de Ferrari, l’association du rouge et du blanc de Coca-Cola) ;
Un code graphique : chaque logo a sa manière d’utiliser la typographie. Le code graphique est bien souvent le
reflet de l’époque de création du logo : ainsi le modernisme froid des années 1970 contraste avec la patte plus
chaleureuse des années 1980, puis avec la sobriété étudiée des années 1990. Quant aux années 2000 et 2010,
elles se caractérisent par un style qui présente davantage de chaleur et d’exubérance maîtrisée, qui laisse une
plus grande liberté et tolère un épanouissement plus marqué.
Comme chacun de nous a sa propre écriture dont la graphologie nous dit qu’elle exprime notre personnalité, les
entreprises peuvent également avoir leur style avec une police de caractères qui les rendrait reconnaissables. Les
polices peuvent être accessibles gratuitement via les systèmes d’exploitation de nos ordinateurs, d’autres sont
fournies par des designers mais il est également possible de faire du sur-mesure en créant de toutes pièces une
nouvelle police pour différencier le système d’écriture d’une entreprise. Des entreprises comme Alstom, BNP Paribas
ou Vinci ont ainsi développé leur propre style typographique.
UN SYSTÈME COHÉRENT
La racine du « logotype » est le nom grec logos proche du sens des mots
discours, parole. Cette étymologie est riche en signification : c’est donc
autour du logo que s’organise le discours de l’entreprise. Le logo symbolise
l’identité et la personnalité de l’entreprise. Il est porteur de ses valeurs auprès
de ses publics externes (clients, fournisseurs notamment) et de son personnel.
C’est pourquoi, un bon logo colle à ce qu’est l’entreprise : le fauve du
constructeur automobile Jaguar ; le sigle bleu, blanc, rouge de TF1, indiquant
la place de leader de la chaîne en France ; les arches jumelles de McDonald’s,
synonymes de bienvenue et de jeu, correspondant au positionnement de la
firme auprès des familles et des enfants, etc. Sa logique s’apprécie à un triple
niveau : un logo doit résumer ce qu’est l’entreprise, correspondre à l’image
qu’elle donne et s’inscrire dans sa politique de communication.
UN EFFET ÉVOCATEUR
Un logo doit parler de lui-même. Plus il est puissant, moins il a besoin du
soutien typographique du nom de la firme pour exister.
Exemples
L’un des exemples les plus célèbres est sans doute celui de Michelin qui avait osé lancer une
campagne d’image en 1986 : les annonces étaient simplement signées du coude du bibendum, le
nom Michelin n’apparaissait même pas, pourtant personne n’a eu la moindre hésitation.
De même, le célèbre « swosh » de Nike, peut-être l’un des logos les plus connus
dans l’histoire des marques, identifiable entre mille comme contour ou comme
forme peinte, et ce quelle que soit sa couleur. Son succès est tel que la société n’a
même plus besoin de lui accoler son nom !
La longévité ne doit pas être recherchée coûte que coûte : une identité vit en
moyenne entre 10 et 30 ans. S’il est préférable de ne pas toucher à un bon
logo, c’est-à-dire à celui qui semble toujours actuel, il faut en revanche
moderniser, voire remplacer celui qui a vieilli.
Exemples
Pour fêter son centenaire, la firme Michelin voulait tourner la page et accorder son logotype à l’air
du temps, plus favorable aux « grands maigres » qu’aux « petits gros » ! « Michelin voulait que
Bidendum adopte une posture qui traduise mieux ses valeurs de respect et d’écoute du client »,
explique le créatif en charge de la refonte de l’identité visuelle. Résultat : une sérieuse cure de
minceur et de sérénité pour la nouvelle mascotte version 1998, plus élancée, solidement campée sur
ses deux pieds (et non plus en mouvement comme le Bibendum des années 1980), et regardant le
client droit dans les yeux. Le personnage est inscrit dans un bloc-marque aux caractères moins
patauds, dynamisés par de l’italique et inscrits dans un pavé (« cartouche ») bleu souligné d’un trait
jaune1. À l’époque, l’audit avait montré qu’il y avait 70 variantes de Bibendum dans le monde. Une
douzaine de postures ont donc été autorisées, toutes en phase avec son positionnement.
Pour ses 100 ans, le Tour de France, désormais événement sportif international, a adopté en 2003
une nouvelle identité visuelle. Toute en dynamisme, elle allie le noir, symbole de puissance et de
technicité, au jaune, couleur du maillot jaune et du soleil du mois de juillet. Stylisée, la typographie
manuscrite utilise la silhouette d’un coureur en danseuse, clin d’œil aux arrivées au sprint et aux
étapes de montagne2.
Il faut étudier avec soin le traitement en noir et blanc du logo choisi : est-il
satisfaisant ? Posez-vous la même question pour ce qui est de ses variations
de taille (réduction, agrandissement) : de l’impression grand format (sur une
enseigne par exemple) à la gravure minuscule, le logo devra diffuser le même
message visuel.
Tout logo devrait en outre pouvoir être compris à l’étranger, malgré les
barrières linguistique ou culturelle. Les grands vendeurs internationaux sont
unanimes : plus fine est la perception de son logo, plus facile sera
l’intégration de la firme en pays étranger.
Exemple
La société Benetton a parfaitement réussi l’universalisation de son logo en recourant à une extrême
simplicité : dans une cartouche verte et blanche (le vert, symbole de la nature – rappel des prairies
où paissent les moutons producteurs de laine –, couleur du renouveau et de l’espoir ; le blanc pour
évoquer les moutons, la pureté, la paix : une synthèse du positionnement de la marque), figure le
sigle « United Colors of Benetton ». Ce cocktail permet de rappeler l’origine de la marque (l’Italie),
tout en affirmant la vocation internationale et les ambitions éthiques de l’entreprise (« United
colors »).
3
POURQUOI CHANGER DE LOGO ?
Quand une entreprise décide de modifier son système visuel, ou de
l’abandonner pour un autre, elle se lance dans une manœuvre grave, coûteuse
et déstabilisante. C’est une décision grave, d’abord, car une identité visuelle
est destinée à durer : il ne peut être question de la retoucher en permanence.
C’est une démarche coûteuse, ensuite, en termes de temps passé et de fonds
investis. C’est une activité déstabilisante, enfin, en raison des implications
ultérieures : tout ce qui porte l’emblème de la firme devra être modifié.
Sérieuse, cette orientation stratégique est du ressort de la direction générale,
bien évidemment inspirée par le service de communication. Elle s’impose
dans quatre hypothèses : une signature banale, une représentation obsolète,
une connotation inopportune et des déclinaisons anarchiques.
CAS D’ENTREPRISE
UNE SIGNATURE BANALE
Dans un univers concurrentiel encombré de signes, pour exister, une
entreprise doit sortir de la masse. Son logo est, entre autres, un signe de
distinction. Les chiffres laissent songeur : il existe cinq millions de marques
dans le monde. Un homme occidental est exposé quotidiennement à environ
2 000 images, 20 000 stimuli visuels, 800 mots différents et 150 marques
(parmi lesquelles il n’en retiendra au maximum que dix en fin de journée).
Les trois quarts des informations reçues par un individu sont visuelles, d’où
un risque insidieux d’érosion de l’attractivité de la marque, de son pouvoir
d’émotion. Une règle est largement démontrée : pour qu’il y ait mémorisation,
il doit impérativement y avoir émotion. Le logo est donc une arme visuelle
dans la bataille économique à laquelle se livrent les entreprises.
Exemple
C’est ce souci de modernisme qui a amené Cofidis, l’organisme de crédit, à moderniser fin 2011 son
identité visuelle. Pour apparaître plus proche de ses clients, le nom de l’entreprise n’était plus inscrit
au centre d’un soleil mais en décalage à droite. La figure du soleil, le nom de l’entreprise et les
couleurs rouge et jaune ne furent pas modifiés, mais les emplacements respectifs, le dessin du soleil
et la typographie le furent.
Ancien logo
Logo actuel
Exemple
En mai 2003, TotalFinaElf change de raison sociale pour s’appeler Total S.A. « La réussite de la
fusion nous permet aujourd’hui de substituer au nom TotalFinaElf, créé pour rassembler les équipes,
un nom simple et clair qui incarne le nouveau groupe qu’est aujourd’hui Total », expliquait alors
son président, Thierry Desmarest. La transformation s’est accompagnée d’une nouvelle identité
visuelle sur tous les outils de communication du groupe, et notamment sur les principaux sites
internet. Au soir de l’assemblée générale du 6 mai 2003 qui approuvait la nouvelle dénomination,
TotalFinaElf.com était re-routée vers le nouveau site Total.com qui devenait la vitrine
institutionnelle du groupe, le site Total.fr étant dédié à l’activité distribution dans l’hexagone. Dans
un souci pédagogique, un module flash donnant des informations sur la création du nouveau logo
avait été mis en ligne sur le site Total.com. Le nouveau logo de Total, un « globe constitué de
courants d’énergie entrelacés », avec trois couleurs pour garder les origines des trois marques, est
intégré sur tous les supports web du groupe, avec quelquefois des problèmes inattendus. La police
de caractère « helvetica » spécifique utilisée pour le logo officiel de Total n’étant pas disponible sur
les navigateurs des internautes, il a fallu adopter un autre caractère « arial » proche du modèle
original.
1922
1925
1931
FOCUS
Rouge Joie, impulsivité, passion, force, Explosion, mort, guerre, Coca-Cola, Ferrari,
optimisme, dynamisme, virilité, anarchie, sang, danger, feu, Marlboro, SFR, Cartier,
mobilité, chaleur. agressivité. Société Générale, SNCF.
Jaune Gaieté, éclaircissement, soleil, lumière, Lâcheté, traîtrise, félonie. Schweppes, Lajaunie, Shell,
jeunesse, intelligence, maturité, action. Banania.
Vert Nature, fertilité, jeunesse, vie, Déclin, désagrégation, envie, Benetton, Perrier, Badoit,
prospérité, stabilité, sécurité, espoir. jalousie, désordre, folie. Heineken, BNP Paribas.
Bleu Spiritualité, féminité, conservatisme, Mélancolie, obscurité, doute, Crédit du Nord, Minolta,
tranquillité, satisfaction, propreté, découragement, dépression, Gauloises, Aerospatiale,
tranquillité, satisfaction, propreté, découragement, dépression, Gauloises, Aerospatiale,
fraîcheur, grands espaces. froideur. ONU, Skyteam, Transilien,
Vinci.
Violet Biologie, force, virilité, terre, Vulgarité, médiocrité, Silk Cut, Milka.
minéralité, densité, santé, utilité. stérilité,
appauvrissement.
Noir Impénétrabilité, distinction, noblesse, Mort, maladie, deuil, Black & White, Chanel,
élégance, obscurité. désespoir, rejet, enfer, péché, Kleber.
silence éternel, tristesse,
mélancolie.
Blanc Pureté, repos, fraîcheur, perfection, Mutisme, fantôme, vide. Axa Assurances, Descamps.
sagesse, vérité.
Gris Autonomie, neutralité, élégance, Indécision, peur, monotonie, Christian Dior, PSA
intelligence. dépression, vieillesse. Peugeot Citroën.
Le graphisme et le corps des lettres influent également sur l’impression qui se dégage d’un logotype : les majuscules
évoquent la puissance, l’agressivité, le commandement. Elles expriment la force, mais inspirent l’inquiétude. En
revanche, les minuscules sont chaleureuses, paisibles : elles déclenchent la sympathie, appellent la confiance. Les
caractères romains et arabes symbolisent l’optimisme…
Pour vous convaincre de l’importance de la forme même des lettres, pensez à la marque Coca-Cola, qui, bien que
déclinée en une vingtaine de langues différentes, se reconnaît immédiatement grâce à sa typographie si
caractéristique.
LA SYMBOLIQUE DES FORMES SIMPLES
Triangle Spiritualité, finesse, intelligence, esprit, divinité. Pyramide du Louvre, Adia, Triangle.
Ces indications, sommaires, pourraient être enrichies à l’infini : la verticalité – l’homme debout – évoque une
dynamique, une notion de mouvement, l’appel de l’esprit ; l’horizontalité, en revanche, signifie le repos, la paix (la
mort ?), le monde concret.
Les formes carrées, rectangulaires ou triangulaires évoquent la masculinité, l’agressivité ; les formes rondes, la
féminité, la plénitude, la douceur…
Le Crédit Agricole conserve son fer à cheval mais il devient totalement stylisé à partir de 1987.
Exemple
C’est dans le même esprit – modifier légèrement son logo pour traduire une évolution – que SFR a
modernisé son logo en septembre 2008, après son rapprochement avec Neuf Cegetel. Le logo
conserve la puissance du carré rouge mais traduit une nouvelle dynamique au travers d’une
dimension plus tactile. Le nom de marque SFR reste présent mais est décalé vers la droite pour
introduire davantage l’idée de mouvement. La signature a changé : « Vivons mobile » qui datait de
2007 cède la place en 2008 à « Et le monde est à vous », puis en 2010 à « Carrément vous ».
SECTION 2
FOCUS
- Simple
Le logo doit être simple, susceptible de provoquer des associations évidentes,
sans erreur possible. L’étoile Mercedes délivre un message simple, bref,
compréhensible : il est promesse de qualité. Cette simplicité conditionne la
durée de vie d’un logo : plus le symbolisme est dépouillé, moins il risque de
vieillir.
FOCUS
Faible pouvoir évocateur : un sigle est le plus souvent considéré comme une suite de lettres dénuée de sens,
privée de personnalité. Que veut dire ATT ? Qui se souvient de l’origine d’IBM, un géant pourtant en termes
de notoriété (IBM : International Business Machines) ?
Froideur : dépourvu de toute valeur émotionnelle, ne dit rien sur l’âme de l’entreprise, sur ses valeurs, sa
culture.
Efficacité aléatoire, en termes d’impact, de mémorisation, et d’attribution.
Délicat à gérer sur le plan de la communication : comment s’approprier un territoire de communication ?
POUR
Facilité de conception : les entreprises sont bien souvent tentées par un sigle vite trouvé, logique.
Simplicité d’usage.
Flexibilité : les sigles sont utilisables, tels quels, dans n’importe quelle langue étrangère.
BILAN
Préférez les sigles qui mêlent consonnes et voyelles, et deviennent ainsi de véritables mots. Leur caractère
d’abstraction s’en trouvera atténué. Exemples : Esso, la NASA, l’ONU. Ou, mieux encore, associer des
lettres qui, prononcées, font explicitement référence à des mots. Exemple : NRJ (« energy »).
Les sigles ont une froideur toute technicienne : ils conviennent à certains secteurs (la haute technologie
notamment).
Pour pallier leur faible pouvoir mnémotechnique (en raison de leur caractère abstrait), le traitement graphique
devra être parfaitement maîtrisé.
Pour « réchauffer » leur identité, l’entreprise pourra recourir à une figure emblématique ou à un symbole
figuratif (IBM utilise Charlot ou NRJ a recours à une panthère noire).
- Pertinent
La pertinence d’un logo tient à sa capacité à exprimer la personnalité de
l’entreprise. Il doit être : original, expressif, mémorisable.
Exemple
Le logo du Bazar de l’Hôtel de Ville, BHV, est efficace. On associe l’idée de maison aux initiales
du nom : le bricolage et les articles de maison ne font-ils pas justement la renommée du magasin ?
Un jeu graphique sobre se dessine par la liaison d’un signe simple représentant un toit avec la
seconde partie de la lettre V déformée.
L’identité visuelle doit porter un message sur l’entreprise, sur ses valeurs,
ses produits, sa politique de commercialisation, la qualité de son service, son
positionnement, etc. Le moyen : l’associer, graphiquement, à des symboles, à
des figures emblématiques, à un univers métaphorique qui exprime l’âme de
l’entreprise. Les ressources sont nombreuses : figures géométriques (le
losange de Renault) ; personnages (le petit Mexicain des biscuits Pepito,
l’Alsacienne des biscuits éponymes) ; bestiaire animalier (le tigre d’Esso, le
fauve de Jaguar, le crocodile de Lacoste, l’oiseau d’Auchan, le coquillage de
Shell) ; végétaux (la fleur de Yoplait).
Exemple
Le sigle NRJ est, dans cette optique, une parfaite réussite : trois
lettres, riches de sens (« energy » : un mot d’ailleurs repris sous
le logo à l’international), soulignées par une panthère noire en
pleine détente ; un code couleur chaud (rouge) et vif (contrastant
avec le noir de l’animal) et une impression de vitalité générale.
- Déclinable
Le logo est déclinable sur différents types de supports (documents de
l’entreprise, signalétique, packaging des produits, campagne publicitaire) et
dans des situations variées (en noir et blanc et en couleur, dans toutes les
dimensions). Le symbolisme doit être simple, facilement reproductible. C’est
dans cette recherche d’un logo facilement déclinable pour ses différentes
activités que le nouveau logo d’Axa a été choisi en 2008.
DÉCLINAISON ET ADAPTATION DU SYSTÈME
D’IDENTIFICATION VISUELLE
Une fois le logotype créé, il faut prévoir sa future application en l’examinant
en positif, en négatif, en étudiant les possibilités d’agrandissement, de
réduction, d’impression sur tout support, sans perte de lisibilité. Cette phase
terminale est longue et délicate, elle se révèle fondamentale. Il ne suffit pas de
créer un symbole qui convienne aux objectifs de communication de
l’entreprise, il faut aussi mettre en place son application : un bon symbole mal
décliné sera moins efficace qu’un symbole plus faible systématiquement
décliné sur tous les supports de l’entreprise. Seule une application homogène
de son système visuel permettra à l’entreprise de se bâtir une image. Cela
demande rigueur, patience et prudence.
- Rigueur
Il est nécessaire de s’appuyer sur un livre de normes : il encadre les
différentes applications du logo, en indiquant précisément sa place, sa taille et
ses couleurs dans chaque situation. Ce document doit être largement diffusé
dans l’entreprise car il donne les coordonnées du ou des responsables
susceptibles de résoudre les problèmes qui surviendront en cours d’exécution.
En tête du document, le sommaire ou l’introduction explique quand et
comment l’utiliser. La plupart des livres de normes s’ouvrent sur une lettre du
président, qui présente et assume le programme : pourquoi ce changement ?
Comment appliquer le nouveau système ? Quelle importance revêt sa mise en
œuvre ?
Exemples
Le respect du graphisme de
l’emblème Shell fait ainsi
l’objet de recommandations
extrêmement précises pour
veiller à ce que, malgré la
diversité des activités et des
pays où la compagnie est
présente, son dessin n’en soit
pas altéré. Il en va de même
pour les couleurs, jaune et
rouge. La coquille, aux
applications parfaitement
maîtrisées, exerce ainsi un rôle
fédérateur entre les centaines
de sociétés et les milliers de
personnes qui composent la
Shell dans plus de cent trente
pays. Les consignes ont été les
mêmes chez BP.
En se rapprochant en 2009, les
Banques Populaires et les
Caisses d’Epargne ont donné
naissance à un nouveau groupe,
le Groupe BPCE, dont les
initiales reprennent le nom des
deux composantes. Pour bien
asseoir la nouvelle identité, le
directeur de la communication
a édité pour l’ensemble du
nouveau réseau un document
de présentation de la charte
graphique de 60 pages. Il
présente d’abord les
fondamentaux de l’architecture
de marque, puis les éléments
déterminants du nouveau logo,
comme les couleurs, les fonds,
les typographies
d’accompagnements ainsi que
les utilisations interdites, et
enfin les applications,
notamment en papeterie ou sur
les communiqués de presse. Un
CD explicatif était intégré dans
la plaquette.
FOCUS
LE CONTENU D’UN
LIVRE DE NORMES
GÉNÉRALITÉS : OBJECTIFS
EN MATIÈRE DE
COMMUNICATION
VISUELLE
Présentation générale de
l’entreprise et de sa
politique de
communication ;
Exposé de sa stratégie en
matière visuelle ;
Raisons du choix
graphique, sa signification
symbolique, son rôle et ses
divers objectifs ;
Filiation entre l’ancienne et
Extrait de la charte graphique BPCE
la nouvelle génération
graphique ;
Lignes directrices et
calendrier de mise en place
pour le nouveau système
d’identité visuelle.
PRÉSENTATION DES
MODALITÉS DE
DÉCLINAISON
- Patience
L’application complète des différentes déclinaisons graphiques est longue.
Tout changer demande du temps, peut-être une ou deux années. Le délai est, à
l’évidence, fonction des ouvertures budgétaires annuellement allouées au
programme de réfection visuelle ; et, bien sûr, de la taille de l’entreprise. La
tâche est d’autant plus lourde que l’entreprise est importante et qu’elle émet,
donc, un éventail conséquent de documents.
- Prudence
Il faut éviter tout effet de parachutage. À l’intérieur comme à l’extérieur de
l’entreprise, le changement ne doit ni paraître illogique, ni s’imposer
brutalement, sous peine de déstabiliser les personnes concernées.
Le plus sage est de distinguer dans une charte graphique les différents
cas d’application, impérative ou facultative. Pour préserver l’autonomie
des filiales, la maison mère pourra leur laisser toute liberté dans
l’expression de leurs propres noms ou marques. Cela sera une
contrepartie appréciable à la stricte discipline imposée dans les cas
d’application du logo commun.
Le plus diplomatique consiste à associer les filiales en amont du
processus de création : ayant participé à la recherche d’un système visuel
puis à son élaboration, elles l’intégreront plus naturellement.
Le plus efficace consiste enfin à aider les filiales à résoudre les
problèmes, pratiques et budgétaires, provoqués par de telles
modifications.
Traduire le nouvel élan fédérateur de cette entreprise qui, 150 ans après sa création, entre dans
une nouvelle ère de son histoire.
Objectif
Contraintes
Méthodologie
À l’origine, trois cents noms sont recensés à partir des territoires d’expression définis.
Puis, l’agence approfondit ce travail de déclinaison, à l’aide d’ouvrages spécialisés et de dictionnaires :
au total plus de cinq cents noms sont élaborés à l’issue de cette deuxième étape.
Cinquante noms sont retenus et présentés, le 21 janvier 2003, à un comité de pilotage autour du
président Henri Proglio. Une short list de 10 noms est alors arrêtée, et fait l’objet de recherches
juridiques approfondies menées par le département juridique du groupe, appuyé par des spécialistes. Et
Veolia Environnement voit le jour. Par sa référence au dieu Eole, le mot Veolia est censé évoquer un
souffle nouveau pour l’entreprise et une énergie propre.
Budget : 4 millions d’euros (source : Stratégies, juin 2003).
Intégration
- Le relief
C’est ici une conséquence de l’évolution du support principal qui passe de la
papeterie au Web. Les logos Hyundai, Chevron, SFR ou Audi en sont des
illustrations. Le support électronique permet en outre de créer une légère
animation donnant la possibilité de faire vivre le logo par une modification
infime de sa luminosité.
- La RSE (responsabilité sociale des entreprises)
La tendance est ici moins marquée et McDonald’s qui a remplacé son fond
rouge par un fond vert l’explique plutôt par le souhait d’une meilleure
intégration dans les espaces urbains.
- L’intégration des variantes
Google en est le champion incontesté. Alors qu’auparavant le logo devait
obligatoirement être la marque fédératrice intangible, on assiste désormais à
des évolutions de l’identité selon les périodes, événements, publics. IBM ou
FedEx en sont des exemples.
Exemple
Le groupe Elior est un bon exemple de la tension qui s’exerce sur une identité visuelle lorsque le
groupe se lance dans de nouvelles activités. En 2010, l’entreprise en charge de la restauration
collective investit dans le facility management, autrement dit les métiers de la propreté. Le lien est
logique puisque dans les deux cas, l’activité s’exerce au profit d’une collectivité. Le nouveau logo
dévoilé en 2011 pour les 20 ans de l’entreprise offre une écriture plus arrondie du nom, le retrait des
majuscules pour une perception d’accessibilité, un camélia retravaillé avec une esquisse de lettre
« e » en son centre et pour l’activité de propreté, une déclinaison de « son identité autour d’un “effet
bleu”, illustrant ses valeurs de services » selon les termes du communiqué de presse émis à cette
occasion (12 décembre 2011).
- L’ouverture
Finie l’époque des logos fermés, souvent carrés ou rectangulaires. Les angles
s’arrondissent à l’exemple du logo de la SNCF qui a connu un discret
reliftage en septembre 2011 pour supprimer les angles trop vifs. À terme, il
semble que le logo représentant la partie avant d’un TGV puisse également
fonctionner sans la dénomination SNCF. Caractéristique récente du logo
SNCF, il sort de la place traditionnelle accordée aux logos, en bas des
messages publicitaires, pour venir s’inscrire au cœur même du message,
comme si l’entreprise utilisait son logo pour une fonction d’endossement,
voire de labellisation par le sceau de son entreprise.
Il en est de même pour le groupe Nexity qui s’exprime depuis début 2012 au
sein d’un rond rouge. EDF est également exemplaire de cette tendance par la
suppression de son rectangle bleu au profit d’une image ouverte de turbine
orange.
LES AUTRES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’IDENTITÉ DE
L’ENTREPRISE
- L’identité sonore
Il est désormais de plus en plus fréquent d’associer à la réflexion sur l’identité
visuelle celle relative à l’identité sonore, comme ce fut le cas pour Accor ou
EDF lors de leur dernier changement de logo. L’identité sonore peut être
associée aux campagnes publicitaires, utilisée lors des attentes téléphoniques,
adaptée à certains messages diffusés aux clients, ce qui est particulièrement le
cas pour la SNCF. La musique peut être exploitée de manière très brève
(annonce d’un événement) ou en accompagnement d’un événement durant
plusieurs minutes. L’identité sonore de la SNCF qui a été réalisée au moment
du changement de logo en 2005 est ainsi déclinée dans toutes les gares, sur les
attentes des plates-formes téléphoniques, sur Internet, etc. Elle obéit aux
mêmes contraintes d’universalité du logo, c’est-à-dire pouvoir être utilisable
dans l’ensemble des pays où l’entreprise est installée. L’identité sonore peut
avoir été conçue dans cet objectif spécifique ou l’avoir été pour une
campagne institutionnelle. La musique d’Air France semble désormais
étroitement liée à son image globale, peut-être même davantage que son
identité visuelle. Les deux notes qui ponctuent chaque publicité de BMW en
sont un autre exemple.
Il en est de même pour le Crédit Agricole et la musique du groupe Oasis et
pour le groupe Renault dont la nouvelle identité sonore fut conçue en
parallèle à la création du nouveau positionnement « Drive the change ».
D’après Dominique Musset, son directeur de la communication marketing,
une ambiance sonore affirmée permet d’accroître l’efficacité d’un message
publicitaire et il n’est nul besoin d’attendre la fin du spot pour découvrir
l’annonceur. Autre avantage constaté : l’identité sonore accroît l’attribution à
la marque. Comme le fait remarquer Laurent Delassus, auteur de l’ouvrage La
musique au service du marketing (Eyrolles, 2012), le choix d’une musique est
souvent ponctuel et lié à la subjectivité du commanditaire alors que la
musique renforce la personnalité de l’entreprise. « Tel un logo visuel qui
représente ou suggère certaines valeurs, la musique peut représenter, évoquer,
suggérer, reprendre ou souligner des attributs qualitatifs propres à la
marque. »
La musique peut faire également l’objet d’un travail de nature davantage
marketing. C’est ainsi que les grandes surfaces se sont aperçues de
l’importance de musiques adaptées aux différents moments de la journée,
voire de bruitages différents selon les rayons (cris de moineaux au rayon
fruits et légumes, de mouettes au rayon poissonnerie, etc.). Le groupe
Carrefour a beaucoup travaillé sur ces aspects.
- La signature
L’entreprise peut également s’apercevoir que son identité visuelle correspond
toujours à ses enjeux, mais que sa signification pourrait être complétée par
une nouvelle signature.
Exemples
L’actuel logo de la RATP qui date de 1990 remplit toujours ses objectifs d’image et sa
perception reste bonne. Tant sur son design, la Seine stylisée comme un visage tourné
vers le haut et inséré dans un cercle ouvert, que pour le choix de ses couleurs, verte et
bleue, le logo ne nécessitait pas de modification. Toutefois, l’accroche qui lui était
associée « On avance, on avance » paraissait un peu trop « autocentrée » et ne
correspondait plus à l’image que souhaitait donner la RATP. L’objectif était de se
montrer comme un acteur de la mobilité urbaine, intégré dans la ville et participant à son histoire.
Une nouvelle signature « Aimer la ville » est ainsi apparue en 2007 en accompagnement du logo.
Cette signature fut l’objet d’une campagne d’explication autour des cinq raisons suivantes :
Aimer la ville, c’est l’ambition qui réunit les femmes et les hommes de notre entreprise.
La même évolution est observée à La Poste. Après avoir modifié son logo en décembre 2005 (le
précédent datait de 1994), La Poste a modifié en octobre 2008 sa signature. Le thème de la
confiance reste central, l’accroche de la version précédente « La Poste et la confiance grandit »
devient « La confiance donne de l’avance. »
Alors, choisir une grosse structure ou une petite agence ? Tout est question
de proportions et d’envergure du dossier. Une entreprise de taille importante
aura plutôt tendance à faire appel à une agence de structure comparable,
tandis qu’une plus petite entreprise préférera sans doute choisir une plus petite
agence, souple et réactive.
COMBIEN COÛTE UN LOGO ?
Cela dépend de la taille de l’entreprise : plus l’entreprise est importante, plus
son organisation est lourde, plus cela demande de travail ; à l’évidence, les
honoraires du consultant augmentent à mesure de la complexité du problème.
Cela dépend aussi de la notoriété du consultant : plus il est connu, plus son
cabinet est important, plus il sera cher. Cela dépend enfin de l’ampleur du
travail : s’agit-il d’une création ou d’une modification de logo ? Quelles en
seront les déclinaisons ultérieures ? La fourchette des prix est ici très large :
de quelques dizaines de milliers d’euros à plusieurs centaines, selon la taille
de l’entreprise et l’importance de la création. L’évaluation budgétaire se fait
en deux temps : la création, l’application.
- La création
Il s’agit de visualiser sur maquette l’ensemble des documents et supports
d’image de l’entreprise. À ce stade, n’hésitez pas à demander de multiples
propositions : quelques millièmes de millimètres sur une lettre, une variation
de ton peuvent changer totalement l’aspect du logo. Voici quelques ordres de
grandeur :
Bien sûr, toutes les entreprises n’ont pas besoin de passer par toutes ces
phases. Il n’y a, à l’évidence, pas de plafond supérieur. À programme
exceptionnel, réponse chère, les entreprises font alors appel à des
professionnels de grand renom (ce qui alourdit d’autant la facture). La plupart
des bureaux de création se font rémunérer en honoraires.
- L’application
Un changement de logo a non seulement un coût direct – facturation liée à la
création –, mais aussi un coût induit – coût des différentes déclinaisons du
logo sur les supports d’image de l’entreprise. C’est un poste très coûteux : on
ne doit pas l’omettre de ses prévisions budgétaires. Pour ce faire, demandez à
l’ensemble des services de réaliser un état complet des différents matériels
portant le nom de l’entreprise (plaques, plaquettes, lettres, factures, bons de
livraison, uniforme, objets publicitaires, voitures, emballages, etc.)
Il n’y a pas de coût moyen : chaque entreprise est un cas d’espèce. Il pourra
être souhaitable d’échelonner ces dépenses indirectes en fonction des besoins
de renouvellement, afin de modifier en douceur le système visuel, et de ne pas
grever trop lourdement le budget annuel.
Exemple
L’ANPE a ainsi dépensé en 2003, 100 000 euros pour la création de son nouveau logo et 1,2 million
d’euros pour changer la signalétique extérieure de 1 000 points d’implantation. Avec la charte
graphique et la transformation de site, l’opération totale a coûté 2,4 millions d’euros.
Analyse
Recherche et création
Déclinaison et adaptation
Total
2011
CAS D’ENTREPRISE
Les éléments graphiques appliqués aux filiales du groupe Air France ont été utilisés pour créer le
nouveau logo, ainsi que :
À cette occasion, la marque a également choisi de faire évoluer son logo d’origine, en supprimant les
deux lignes du temps. Au fil des années, dans un secteur en pleine mutation (du traitement d’appels à
distance vers de l’expertise métier et des solutions de conseil), ces symboles étaient devenus superflus.
–
Source : Aurélie Sutter, responsable Communication
et Image de la marque BlueLink
CAS D’ENTREPRISE
En 2010, le nom RTE étant installé auprès des clients, les salariés rassurés sur leur statut, il était
possible de faire évoluer le logo dans une vision moins administrative et plus moderniste. Des
contraintes étaient à respecter, notamment la nouvelle identité qui devait marquer une évolution, non
une rupture et par conséquent continuer à évoquer l’univers d’un service public, c’est pourquoi les
couleurs bleu, blanc, rouge furent conservées.
Le logo relie les trois lettres de RTE pour signifier l’idée de réseau ainsi que la référence à la
continuité, fondement de la notion de service public. L’évocation des lignes électriques reliant
différents pylônes est ainsi discrètement suggérée. La typographie perd son aspect trop institutionnel
pour devenir plus accessible, ce qui est renforcé par la suppression de la cartouche permettant de
fournir une image de plus grande ouverture et liberté de la marque. –
CAS D’ENTREPRISE
CAS D’ENTREPRISE
Un changement d’identité
pour traduire son recentrage sur un métier
Présent dans 28 pays, doté de 26 navires et de 5 000 salariés, le groupe Bourbon, créé en 1948 autour
de l’industrie sucrière à La Réunion, est devenu progressivement un des leaders des services maritimes
après avoir revendu au début des années 2000 ses activités agroalimentaires.
En 2005, pour traduire son ancrage dans le métier de la mer et dans l’idée que le public financier était
prioritaire, le groupe Bourbon, sur les conseils de Publicis Consultants, se dote d’une nouvelle identité
plus sobre et plus épurée. La taille de l’appellation et sa typographie en lettres capitales ont été
imaginées afin de rehausser l’image de solidité du groupe. Les deux couleurs furent choisies car elles
symbolisent la passion et l’engagement (le rouge) et le terrain d’action de l’entreprise, la mer (le bleu).
L’accroche internationale du groupe a été repensée : « Building together a sea of trust ». –
CAS D’ENTREPRISE
Au final, le changement de nom fut annoncé à l’occasion du 30e anniversaire du Cemagref qui devint
l’Irstea : Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et
l’Agriculture. Le nom est simple, il connote un organisme à vocation scientifique. –
L’ESSENTIEL
Section 1
Section 2
sa visibilité ;
sa notoriété spontanée ;
son pouvoir de séduction.
Pour créer une identité d’entreprise, il faut s’accorder, et accorder aux professionnels
du design, un certain temps de réflexion. Du temps pour connaître l’entreprise,
comprendre ses problèmes, imaginer des solutions nouvelles, visualiser les différentes
créations possibles et décliner celle qui aura été retenue dans un système
d’identification visuelle.
L’impact d’un logo dépend de son aspect répétitif : une bonne image résulte autant
du travail de création initial (compréhension du problème, créativité, pertinence des
solutions préconisées) que de la maîtrise de ses applications.
PETIT GLOSSAIRE
TECHNIQUE
Le graphisme
Bloc-marque : pour une marque ou une raison sociale, ensemble
constitué par le traitement graphique, le symbolisme et les couleurs.
CAD : Computer Assisted Design.
Charte graphique : ensemble des règles graphiques (traitement
typographique, graphisme, code-couleur), adoptées par une entreprise
afin d’homogénéiser les déclinaisons visuelles de son logotype : sur
les documents imprimés, sur les conditionnements et les emballages,
en signalétique, dans les actions de communication, etc. L’ensemble
de ces règles est consigné dans un « livre de normes graphiques ».
CMYK : abréviation de cyan (bleu-vert), magenta (rose tyrien),
yellow (jaune), et black (noir). Symbolise le système composé des
quatre couleurs de base utilisées en quadrichromie.
Couleurs complémentaires : se dit de deux couleurs dont la
combinaison donne le blanc en synthèse additive (lumière) ou le noir
en synthèse soustractive (encre, peinture, etc.).
Couleurs primaires : couleurs fondamentales à partir desquelles sont
produites d’autres couleurs. En imprimerie, les encres primaires sont le
jaune, le cyan (nuance de bleu-vert), le magenta (nuance de rose),
auxquelles on ajoute le noir pour augmenter le contraste. Ces couleurs
composent un système normalisé (sous l’appellation CMYK) et sont
utilisées pour l’impression en couleur.
Gamme Pantone : système, créé par la société américaine éponyme,
composé de 747 couleurs, toutes dérivées de huit couleurs de base.
Constituant un véritable langage de couleurs, il est universellement
utilisé pour tout travail d’impression ou d’édition nécessitant l’emploi
de la couleur. Chacune de ces 747 couleurs, identifiée par un numéro,
peut s’obtenir d’après un nuancier par dosage des encres de base.
Identité visuelle : personnalité visuelle de l’entreprise, résultant de
l’ensemble des expressions visuelles de sa raison sociale ou de ses
marques.
Livre de normes graphiques : recueil des règles graphiques définies
par une entreprise pour son identité visuelle. Document de référence, il
prévoit les différents cas d’application, interne ou externe, de l’identité
visuelle : papeterie, signalétique, emballage, conditionnement,
uniforme, supports de communication, etc. Encore appelé « bible
graphique ».
Logotype : nom d’un produit, d’une marque ou d’une organisation
dessiné de manière unique et spécifique. La composition associe
généralement un nom (ou des initiales), un graphisme spécifique, un
système de couleurs, et, parfois, un symbole. Le logotype se distingue
de l’identité visuelle, constituée par l’ensemble des expressions
graphiques de l’entreprise sur divers supports.
Maquette : document graphique relativement avancé, donnant une
idée précise de ce que sera la réalisation finale. La maquette intervient
à une étape intermédiaire de l’avancement du projet, après le « rough »
(maquette grossière) et avant le « lay-out » (maquette travaillée).
PAO : production, et par extension, publication assistée par
ordinateur. Système micro-informatique permettant de nombreuses
applications dans le domaine du graphisme : création d’illustrations et
d’images animées, conception de maquette, simulation, mise en pages,
etc.
Pantone : voir supra, « Gamme Pantone ».
Rough : ébauche d’un projet graphique. Équivalents français :
crayonné, esquisse, maquette grossière.
La typographie
Caractère : modèle ou dessin des lettres utilisées en imprimerie. On
distingue les caractères par leur chasse (largeur du bloc de métal), leur
corps (hauteur), leur police, leur style et leur famille.
Chasse : encombrement en largeur d’un caractère typographique. La
chasse est différente pour chaque signe (un « m » chasse plus qu’un
« n », lequel chasse plus qu’un « i ») ; en outre, pour un même signe, il
est possible de varier la chasse en modifiant le corps (hauteur du
caractère) ou la graisse (épaisseur du trait).
Corps : hauteur d’un caractère d’imprimerie exprimée en point Didot
(0,376 mm), allant du corps 5 (le plus petit) au corps 84 (le plus
grand). Un corps important sera utilisé pour les titres, un petit corps
pour le texte courant. Le corps 10 (10 points) est fréquemment utilisé
dans la presse ; le corps 12 est généralement utilisé dans l’édition.
Famille : classement des caractères suivant leur dessin.
Force de corps : mesure de la hauteur d’un caractère, exprimée en
points typographiques ou en dixièmes de millimètres.
Force du papier : voir « Grammage ».
Graisse : relative épaisseur du dessin d’un caractère ou d’un filet. Par
caractère, on trouve toujours quatre types de graisse de base : maigre,
normal, demi-gras, et gras, auxquelles on peut adjoindre des
compléments : extra-maigre, extra-gras, noir, super-noir.
Grammage : poids du papier, de la carte ou du carton, exprimé en
grammes au mètre carré. Le grammage, ou la force, fonde la
classification du papier, sa qualité : plus le papier est lourd (supérieur à
135 g/m2), meilleure en est sa qualité. Voir « Main du papier ».
Main du papier : rapport de l’épaisseur d’un papier d’impression à
son grammage (son poids au mètre carré). La main fonde la tenue du
papier.
Point : unité de mesure non métrique, utilisée en typographie pour
mesurer le corps d’un caractère. En France, l’unité est le point Didot
(valant 0,376 mm), sous-multiple du Cicéro (valant 4,51 mm ; 12
points Didot = un point Cicéro), aussi appelé « douze ». Au Royaume-
Uni, l’unité de mesure typographique est le point Pica (valant
0,351 mm).
POUR EN SAVOIR PLUS
1. Où trouver les coordonnées des
professionnels ?
Consulter les guides spécialisés
Le Guide Short List Design, publié par CB News, 4 bis, rue
de la Pyramide – 92643 Boulogne-Billancourt Cedex – Tél. : 01 55 58 55 01 –
cbnew@clubdbfoctory.fr
Le Guide des Agences et Le Guide du Design, publiés par le groupe Stratégies, 2 rue
Maurice-Hartmann, BP 62 – 92133 Issy-les-Moulineaux Cedex – Tél. :
01 46 29 46 29.
Ouvrages en anglais
Chase M. et al., Really good Logos explained, Rockport Publishers, 2008.
Evamy M., Logo, Laurence King, 2007.
Gernsheimer J., Designing Logos, The Process of creating Symbols that endure,
Allworth Press, 2008.
Seenk, Derock C., Lalande F., et Badani C., Types for brand, Eyrolles, 2010.
3. Organismes spécialisés
AFD, Alliance française des designers, La maison des philosophes, 121, rue Vieille-
du-Temple – 75003 Paris – www.alliance-française-des-designers.org
Association française des agences de design, 14 rue de Siam – 75016 Paris
– Tél. : 01 47 04 17 02 – www.adc-asso.com
Centre de création industrielle, Centre Georges-Pompidou, 19 rue Beaubourg 75004
Paris – Tél. : 01 44 78 12 33 – www.centrepompidou.fr
Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), 26 bis, rue Saint-Pétersbourg
75008 Paris – Tél. : 0 820 210 211 – www.inpi.fr
4. Sites web
Le petit musée des marques : www.pmdm.fr
Un blog sur les logos (en anglais) : www.logoblog.org
La vie des marques (un site web complet) : www.prodimarques.com
Le musée de la publicité : www.lesartsdecoratifs.fr
1. Pour plus de facilité, nous utiliserons l’abréviation « logo ».
Sommaire
LES FONDEMENTS
INTRODUCTION
1
La manière d’intégrer l’audiovisuel dans la panoplie des outils de
communication a fortement évolué. Auparavant, le film d’entreprise était
destiné à un public captif, essentiellement utilisé lors d’opérations de
communication externe de type inaugurations ou conférences. Aujourd’hui, le
premier support du film est le Web et la visualisation est autant d’origine
interne qu’externe avec l’émergence des web télés. C’est une modification
majeure qui s’est opérée et on peut en distinguer trois étapes :
une première étape qui dure jusqu’à la fin des années 1980, marquée
par des films longs, très didactiques et essentiellement projetés lors de
rassemblements de publics ;
une deuxième étape de 1990 à 2000, où le film se déplace et
s’individualise. Les films sont alors mis en boucle sur des bornes lors des
foires commerciales. Ils peuvent s’offrir sous des formats VHS et la
généralisation de la télécommande permet à chacun de zapper si le
programme lui déplaît ;
la troisième étape a démarré début 2000 et s’est réellement développée
avec le haut débit vers 2005. Elle marque le règne du public roi. La
souris succède à la télécommande et il suffit d’un clic pour modifier son
programme. Les formats se sont considérablement raccourcis et la durée
moyenne est aujourd’hui inférieure à 5 minutes.
L’AUDIOVISUEL, VECTEUR DE
2
2
COMMUNICATION
Une entreprise ne se lance pas dans cette aventure à la légère. Elle cherche par
l’audiovisuel à apporter une réponse concrète à un besoin précis. Ce besoin se
décompose comme suit :
DES OBJECTIFS
- Asseoir l’image de l’entreprise
Le film dit « institutionnel » est l’exercice le plus largement pratiqué au sein
des entreprises. Son importance est comparable à celle de la plaquette, à la
différence près que ce peut être un support vivant, voire « sexy » : les
techniques actuelles permettent d’habiller les décors les plus austères par de la
musique, de l’infographie, des effets spéciaux, etc. Le seul impératif est de
bien choisir le message à faire passer et de le décliner sous toutes les formes
et techniques à disposition. En somme, comme le souligne un professionnel,
« il faut faire faire un voyage ludique au cœur de l’entreprise en utilisant
toutes les combines possibles ».
Le film présente la société, ses activités, ses hommes et ses objectifs. Son
utilisation n’est pas limitée et s’adapte aux différents moments de la vie d’une
entreprise : embauche, lancement d’un produit, réunion, salon professionnel,
festivités diverses. Audiovisuel de prestige, il s’adresse aussi bien au
personnel qu’aux différents publics extérieurs : grand public, clients,
consommateurs, fournisseurs, milieux financiers et professionnels du secteur.
Un projet audiovisuel n’est a priori pas évident à réaliser pour le non-initié,
mais les contraintes liées à une telle présentation sont compensées par
l’impact très fort qu’elle suscite, parfois plus puissant que celui de la
télévision. Le film audiovisuel est un support moderne, vivant, ludique,
dynamique et créatif, et ce d’autant que la vidéo ne se résume plus désormais
aux supports DVD ou audio. Faire un film, c’est aussi avoir à sa disposition
un produit diffusable sur le Web.
- Former et informer
L’audiovisuel peut véhiculer différents types de message : économique
(résultats, performances, perspectives), financier (comptes, bilan), social
(masse salariale, environnement, hygiène et sécurité), technique (présentation
de nouvelles technologies), etc.
Quand il est conçu à usage interne, l’audiovisuel poursuit deux objectifs
traditionnels. Soit il répond à un besoin pédagogique ponctuel : présenter un
matériel, une technique, un nouveau processus de production ; soit il s’intègre
à un programme de motivation de long terme : responsabilisation et
sensibilisation du personnel. Suivant sa vocation, le film s’adressera à la
société dans son ensemble (ex. : présentation du projet d’entreprise) ou à un
public restreint et ciblé (ex. : information d’une catégorie spécifique de
salariés).
Exemple
Planète Orange est une nouvelle série vidéo interne consacrée aux
actions des femmes et des hommes d’Orange sur le terrain, illustrations
concrètes de «Notre stratégie en marche» dans les différents pays du
Groupe.
Construite selon les mêmes codes TV que des émissions comme «Les
nouveaux explorateurs» ou encore «J’irai dormir chez vous», et
«Fourchette & sac à dos» (qui ont fait leurs preuves tant en termes de
concept que de ligne éditoriale), la série Planète Orange casse les codes
de la communication interne «corporate», en se plaçant à mi-chemin
entre la pédagogie et le divertissement, positionnement que certains
experts en communication commencent à appeler désormais
«l’infotainment».
Planète Orange permet de donner à Orange toute sa dimension humaine
en faisant témoigner des opérationnels qui, avec leurs mots, simples et
vrais, démontrent comment ce qu’ils font peut changer le quotidien de
milliers voire de millions de personnes à travers le monde. Chaque
épisode de Planète Orange comporte 3 reportages de 3 mn 30 chacun
dans trois zones différentes (France, Europe, AMEA, à savoir Afrique,Extraits de Planète Orange
Moyen-Orient et Asie).
- Promouvoir
Il y a deux types de cibles : interne, l’entreprise s’adresse à ses salariés et à sa
force de vente, et cherche à inciter leur collaboration ; externe, elle s’adresse à
ses clients, à ses prescripteurs, aux actionnaires, aux journalistes, aux
investisseurs financiers afin de susciter un acte d’achat ou d’adhésion. Alors
que jusqu’au début des années 2000, les entreprises réalisaient un ou deux
films par an, aujourd’hui, la diffusion web a totalement modifié la donne et
les entreprises utilisent le format vidéo de manière courante.
Exemples
Sanofi a créé sa propre chaîne de télévision baptisée Sanofi TV. Le site présente, grâce à de courtes
vidéos généralement d’une minute et demie, l’entreprise autour de quatre axes : les métiers, les
engagements, l’entreprise, votre santé.
C’est également le cas de GDF Suez qui expose ses actions autour d’une centaine de vidéos.
Extrait de Sanofi TV
Exemple
Au Crédit Agricole,
deux types de films
sont distingués :
Des vidéos
informatives,
pédagogiques
sur l’actualité
dont les cibles
sont les
salariés, les
actionnaires et
le grand
public, Extrait du film « Donnons un avenir à notre économie » du Crédit Agricole
diffusées
surtout sur YouTube et le site web interne et externe.
Des films d’ordre institutionnel à l’exemple d’une série « Carnets de voyage » organisés
comme des mini-documentaires d’une durée de 2 mn à la rencontre des salariés du groupe
dans le monde.
Par ailleurs, un film de présentation existe en format long (20 mn) et court (3 mn). Ces films sont
présentés généralement dans leur version longue de 10 à 15 mn lors d’événements comme
l’assemblée générale ou des conventions internes. Un film de prestige de 5 mn a également été
produit et présenté en clôture de l’assemblée générale des actionnaires en 2011.
La stratégie de diffusion influe sur le type même de film qui sera réalisé :
film didactique ou scénarisé, court ou moyen métrage, petit ou gros budget ?
Il existe différentes occasions de diffusion.
- La diffusion interne
La projection
L’entreprise convie tout ou partie de son personnel à visionner le film. La
projection peut être formelle (lors d’une « grand-messe », d’une réunion
annuelle) ou informelle (lors d’un entretien d’embauche, par exemple, pour
présenter l’entreprise aux salariés potentiels).
La séance de formation
Elle est conçue pour informer le personnel d’un établissement ou d’une
entreprise sur les enjeux, les contraintes, les moyens nécessaires à la
fabrication d’un produit, à l’instauration d’un nouveau mode de production, à
une réorganisation interne, etc. La réunion dure entre trois quarts d’heure et
deux heures. Elle est présidée par un animateur spécifiquement formé. Le
public, le plus homogène possible, compte entre 20 et 100 personnes. Il
convient de distinguer les audiovisuels à vocation didactique et les films à
vocation comportementale.
La convention commerciale
C’est un spectacle de quelques heures, à base de films, de mises en scène,
d’échanges autour d’un produit. Son objectif est clair : sensibiliser la force
commerciale, et l’informer régulièrement sur l’état de l’entreprise. Cette
dernière peut profiter de ces projections pour évaluer l’impact de son
audiovisuel. Les voies et moyens en sont variés, notamment :
FOCUS
– La Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette accueille de préférence les audiovisuels d’entreprise dans le
cadre d’expositions temporaires sur un thème précis.
– Le Centre Georges Pompidou diffuse des films sur des sujets a priori sociologiques, ou ayant trait à des
manifestations organisées par le centre.
Les cinémathèques des ministères.
La réunion
L’audiovisuel est fréquemment utilisé comme vecteur de communication dans
le cadre de manifestations telles qu’une conférence de presse, une assemblée
générale, une réunion financière, des opérations de relations publiques, un
meeting sur un campus universitaire.
Le salon professionnel, la foire commerciale
Lors des manifestations commerciales, les entreprises disposent fréquemment
sur leur stand d’un ou de plusieurs écrans pour diffuser leur film. Elles le font
d’autant plus désormais que les grands écrans plasma permettent un affichage
commode sur les cloisons et que grâce aux progrès techniques la luminosité
reste suffisante pour que ces films soient visibles quelles que soient les
conditions d’éclairage de la foire ou du salon.
Les rencontres audiovisuelles
Les événements relatifs à la communication audiovisuelle des entreprises se
sont beaucoup déplacés. Pendant longtemps hébergé à Biarritz, le Festival
international de la communication audiovisuelle a été accueilli depuis 1987 au
Creusot sous l’égide du FIMAC, le festival international des médias
audiovisuels corporate. Depuis 2012, le festival tâche de renaître au Festival
international de l’image corporate de Cannes (F2IC) alors que le délégué du
festival du Creusot s’investit dans le festival Green Awards de Deauville.
Le canal de transmission
L’entreprise qui décide de mener une politique active de diffusion dispose de
multiples créneaux : son propre site, la télévision, le cinéma, les
cinémathèques, la mise en ligne sur des blogs, sur des réseaux sociaux, en
téléchargement sur des téléphones 3G, tablettes, etc.
LE CHOIX D’UN SUPPORT DE PRODUCTION
Le choix d’un support de production intervient chronologiquement en bout de
course, au moment de la réalisation. Il convient néanmoins d’aborder cette
question dès les premières réflexions sur la stratégie audiovisuelle.
La question d’un support initial en format film ou vidéo ne se pose plus en
raison des convergences technologiques qui permettent le basculement
immédiat d’un support vers l’autre. De toute manière, le résultat final en
termes de qualité est comparable : c’est davantage un choix artistique du
réalisateur qui préférera tourner sur un type de support qui présidera à la
décision.
Du vidéo-communiqué de presse au film de plusieurs minutes tourné par
des comédiens sur un vrai scénario, tout est désormais possible, mais dans le
premier cas, l’écriture, le scénario, la mise en scène et le montage doivent être
très professionnels. Quoi de plus dévalorisant en effet, pour l’image d’une
entreprise, que la diffusion de son image sur une vidéo amateur ?
Le montage numérique a décuplé les possibilités créatives : les trucages et
les effets spéciaux manipulés par des monteurs de talent peuvent désormais
transformer un film en véritable œuvre d’art. L’habillage graphique,
l’intégration d’animations, de textes, d’images sont des possibilités
supplémentaires pour attirer l’attention des spectateurs.
La généralisation des connexions haut débit a rendu la vidéo
incontournable. Avec le développement des derniers logiciels, l’outil vidéo
devient interactif : il est maintenant possible de créer des zones cliquables sur
les films numériques pour naviguer dans le film, afficher un document ou
déclencher un commentaire en voix off, etc. S’agissant du choix du support
de diffusion, les sélections possibles sont :
Exemple
Pour un budget de 300 000 € annuel, BNP Paribas a lancé en 2011 un programme EcoTV accessible
en Bourgogne sur Internet et depuis le 9 janvier 2012 sur le canal 29 de la TNT. Eco TV offre des
émissions pédagogiques sur l’économie, une émission mensuelle en plateau et un programme court
hebdomadaire où un économiste de la banque vient développer un sujet d’actualité. Si
l’expérimentation se révèle un succès, les programmes seront rediffusés en Île-de-France et sur
Marseille dans un premier temps.
- Un spectacle de qualité
L’objectif premier : que les futurs spectateurs adhèrent au spectacle qui leur
est proposé. La recette : s’appuyer sur un scénario intéressant, qui progresse
bien, et sur une mise en scène valorisante.
« Aujourd’hui, on constate une réelle convergence entre la communication
d’entreprise et ce qui se fait à la télévision », explique Sébastien François,
directeur général d’Eurêka-Medias. « Les salariés veulent des films qui ont la
même qualité et présentent le même intérêt que ce qu’ils regardent le soir sur
leur petit écran. Les vieux films qui duraient une heure et demie, avec des
interviews du pdg de 10 minutes n’ont plus aucun impact. »
Exemple
Pour célébrer son 165e anniversaire, Cartier a réalisé en 2012 un film
de prestige de 3,31 mn qui a nécessité six mois de tournage et deux
ans de travail. « L’Odyssée de Cartier » met en scène une panthère,
emblème de la marque depuis 1904, qui parcourt le monde à la
rencontre des produits et valeurs de l’entreprise. Avant d’être
présenté sur les écrans, le film fut mis en ligne sur la page Facebook
du joaillier. Le budget est estimé à 4 millions d’euros.
- Un ton spécifique
La fiction est de plus en plus employée. Pour raconter « une histoire sur
l’entreprise », on n’hésite plus aujourd’hui à « faire du cinéma ». Les modes
de narration vont de l’imaginaire au suspense, en passant par le comique.
Exemple
À partir de la fin 2009, SFR a lancé une mini série humoristique « Guillaume Tel » représentant
diverses situations dans lesquelles se retrouve le personnage central, Guillaume, lorsqu’il téléphone.
Au printemps 2012, seize épisodes étaient diffusés sur le site de la marque.
Exemple
Lors de l’après-midi du 22 mars 2011 consacré à la présentation de l’opération « Engagement
2014 » qui réunissait les managers du groupe Crédit Agricole, douze vidéos furent présentées,
généralement en format court afin de rythmer et illustrer l’ensemble des interventions.
- Un travail d’équipe
De la qualité du tandem client/équipe de réalisation dépend la réussite du
produit fini. Le choix d’une bonne équipe est bien sûr délicat, puisqu’il n’est
jamais a priori garanti. L’entreprise adoptera une démarche prudente, en trois
temps :
Pour bien faire fonctionner une équipe, il n’y a pas de recette miracle, mais
un contexte plus ou moins favorable qui tient à l’adéquation des compétences
de chaque intervenant avec le sujet et le traitement choisis, à une bonne
collaboration entre eux et à des rapports personnalisés. Cela ira plus vite et
mieux si une certaine complicité se noue autour de l’audiovisuel, et, au
premier chef, entre le commanditaire et son producteur.
LES ÉCUEILS À ÉVITER
Voici, exposés rapidement, les principaux pièges et tentations dans lesquels
les entreprises tombent et s’égarent.
- Trois pièges courants
L’absence d’objectifs clairs
Le film institutionnel doit poursuivre des objectifs en lien étroit avec la
stratégie de communication de l’entreprise. Il est essentiel que le but
poursuivi soit clairement formulé et que, le plus en amont possible, un accord
soit établi quant à la cohérence du film. Il faut éviter toute conception
maladroite qui résulterait d’un excès de :
SECTION 2
LA RÉALISATION D’UN
AUDIOVISUEL D’ENTREPRISE
À moins de disposer de compétences internes confirmées, il est plus prudent
de faire confiance à des professionnels de l’image. Ils pourront porter un œil
neuf sur les ambitions audiovisuelles de l’entreprise, puis prendront en charge
l’intégralité de la réalisation.
Comme nous allons le voir, entre la conceptualisation et la finalisation d’un
audiovisuel s’écoulent du temps, de l’argent, du travail. L’entreprise doit
s’engager progressivement afin de limiter les risques : chaque étape décidera
de la suivante. L’entreprise réalise un travail interne de réflexion : quel type
audiovisuel ? Pour quoi faire ? Dans quel cadre ? Puis, elle choisit un
producteur. Ensemble, ils adopteront un scénario et composeront l’équipe
technique. C’est alors que commencera la réalisation proprement dite.
LA PRÉPARATION : DÉFINITION DU
1
PROJET
Au départ, l’entreprise exprime la volonté de réaliser un audiovisuel. Ce désir
souvent diffus doit être clarifié avant d’enclencher le processus de création.
La qualité de la réflexion menée en amont – avant tout appel d’offres, avant
toute discussion avec des professionnels – influe sur la qualité de la future
production.
CLARIFIER SES INTENTIONS
- Rechercher un consensus
Quand une entreprise décide de réaliser une production audiovisuelle, et le
fait savoir, tout le monde a tendance à lui assigner des missions différentes.
Les uns voudraient en faire un vecteur d’image, les autres aimeraient s’en
servir pour motiver leurs troupes, les troisièmes l’utiliseraient volontiers pour
le lancement du nouveau produit, etc. Vouloir additionner tous ces messages
dans un même film semble périlleux : œuvre « fourre-tout », elle manquerait
de cohérence et d’impact. Le premier travail consiste donc à trier les
intentions des uns et des autres, et à définir une orientation générale. Quelle
est la vocation de l’audiovisuel : information, formation, promotion ? Auprès
de quel(s) public(s) ?
En outre, un audiovisuel n’est jamais destiné à être utilisé seul, il s’intègre
dans une politique de communication. C’est pourquoi l’entreprise doit le
resituer dans un contexte institutionnel plus large : comment s’articule-t-il
avec les différents outils de communication ? Répond-il aux préoccupations
stratégiques de l’entreprise ? Quels avantages un produit audiovisuel
présente-t-il par rapport à un document écrit, à une réunion d’information, à
un séminaire ?
- Nommer un responsable
Rares sont les entreprises qui comptent un département spécialisé (comme à
EDF)2 ou une personne chargée des relations audiovisuelles (comme chez
Total ou à la SNCF). Les responsabilités en la matière sont le plus souvent
partagées entre les responsables de la communication et, de plus en plus, le dg
ou le pdg. Par souci d’efficacité, de rapidité et de souplesse, il est préférable
de nommer un responsable unique (ou une équipe légère de deux ou trois
personnes). Il (elle) sera chargé(e) d’arrêter un programme audiovisuel,
d’élaborer le cahier des charges et de conduire les relations avec les
partenaires extérieurs (choix du scénario, direction et suivi des équipes
techniques).
L’interface avec les équipes de réalisation ne peut être gérée par des comités
lourds (nous entendons par là une dizaine de personnes), à moins d’aimer se
perdre en digressions et discussions.
RÉDIGER UN CAHIER DES CHARGES
Le cahier des charges est à l’origine de tout processus de production. Il est
important de prendre le soin de rédiger ce document de référence, et de ne pas
se contenter d’un rapide brief oral. Outil de travail indispensable, il sert aux
trois parties prenantes :
Exemple
Une entreprise demande à une société de production audiovisuelle un film de présentation pour ses
40 ans. But souhaité : « moderniser l’image de l’entreprise ». Le projet a été réalisé en deux mois,
réunions préparatoires comprises pour une semaine de tournage et une semaine de post-production.
Lors de la réunion anniversaire, le client a pu diffuser en boucle la réalisation et a distribué
1 000 copies de son film encartées dans les plaquettes.
FOCUS
Méfiez-vous des présentations floues ! Elles ne font que repousser les problèmes à plus tard et exposent l’entreprise à
certains dangers : plans non maîtrisés, scénario incomplet, dépenses exponentielles, etc. En résumé, la note
d’intention du soumissionnaire devra comprendre :
une partie « compréhension de l’objectif poursuivi » afin de s’assurer que la réalisation est bien en phase avec
l’objectif de communication de l’entreprise ;
un synopsis (court scénario), exposant le traitement du sujet ;
un choix de support technique (film, vidéo, diaporama) ;
un devis chiffré, et un calendrier précis ;
le nom du réalisateur pressenti.
La présentation est en fait très proche d’une copy strategy classique, mais le terme n’est pas – ou peu – utilisé en
matière audiovisuelle.
QUELS SONT SES GAGES DE SÉRIEUX ET DE TECHNICITÉ ?
Pour évaluer les compétences du soumissionnaire (et de son équipe) demandez-lui de visionner ses œuvres passées.
Vous pourrez en outre lui demander des références : liste de clients, nature des productions, échantillon représentatif
de son travail, exposé de ses succès.
LA COLLABORATION ENVISAGÉE S’AMORCE-T-ELLE BIEN ?
Le soumissionnaire est-il disponible pour s’occuper du projet ? Sa méthode de travail vous convient-elle ? Peut-on
raisonnablement envisager une collaboration entre les deux équipes : d’un côté les responsables internes de
l’entreprise, de l’autre les professionnels de l’audiovisuel ?
LA RÉALISATION : L’ENTREPRISE ET SES
2
PARTENAIRES
Le commanditaire ayant défini ses besoins, choisi un scénario et accepté un
devis de production, commence la phase de réalisation, c’est-à-dire la mise en
images du travail précédent. Si la balle est dans le camp de l’équipe
audiovisuelle (producteur, auteur, réalisateur), le commanditaire ne doit pas
pour autant disparaître : il a une place à tenir aux différents moments de la
réalisation.
LA RÉPARTITION DES TÂCHES
Les compétences et les responsabilités sont clairement distribuées. Le
commanditaire a eu l’initiative de l’œuvre audiovisuelle et a proposé un
programme ; il s’en remet au producteur et au réalisateur pour la réalisation
technique.
FOCUS
Les producteurs-concepteurs sont nombreux : plus d’une centaine de sociétés recensées en France. Ils sont
organisés en équipes légères, souples, disponibles. Ce sont pour la plupart de petites structures (5 à 15
collaborateurs), relativement jeunes. Reposant sur une organisation flexible, ce métier peut gérer
ponctuellement (pour les besoins d’un tournage) près de dix fois ses effectifs en collaborateurs extérieurs :
réalisateurs, cameramen, cadreurs, éclairagistes, etc.
Sociétés spécialisées dans la conception d’audiovisuels, elles disposent de peu de matériel de tournage. Elles
confient la production (tournage, réalisation) à des techniciens spécialisés. Cette répartition des tâches leur
permet de conserver toute liberté dans le choix des moyens à mettre en œuvre : elles ne sont pas contraintes
de rentabiliser à tout prix un matériel dont elles disposeraient !
Néanmoins, par souci de compétitivité, certains producteurs ont choisi de s’équiper basiquement pour satisfaire leurs
propres besoins : pour des prestations techniques élaborées (image synthétique, etc.), ils continuent de recourir à des
prestataires extérieurs. Enfin, quelques producteurs n’hésitent pas à se positionner sur le double marché de la
production et des prestations techniques en ouvrant un département spécialisé.
Cette tendance devrait se poursuivre et la frontière entre producteurs, concepteurs et sociétés spécialisées s’amoindrit
fortement. Cela est dû principalement à la forte baisse du coût du matériel de tournage qui permet aux sociétés de
conception audiovisuelle de se doter de leur propre matériel de tournage. De plus en plus, la distinction s’effectue en
fonction de la taille de la société : d’un côté de grandes sociétés multitâches (Capa, Europ Images) produisant pour la
publicité, la télévision, le corporate, et de l’autre des sociétés plus petites, plus artisanales mais peut-être plus
réactives et créatives.
QUI CHOISIR ?
Il y a de moins en moins de producteurs spécialisés, de plus en plus de généralistes. Aujourd’hui la plupart des
producteurs peuvent intervenir sur une grande variété de produits, allant du film de formation à la carte de visite ou
au dossier de presse audiovisuels, en passant par le journal vidéo interne. En revanche, les entreprises ont toujours
intérêt à faire appel à des spécialistes pour des films à gros budgets ou nécessitant un important savoir-faire
technique.
Certains producteurs généralistes proposent aux entreprises des formules à l’année. Ce système comporte un triple
avantage : la rapidité d’intervention, la couverture des événements par la même équipe audiovisuelle et un volume
annuel de production permettant des économies d’échelle. Il convient aux entreprises de grande dimension, ayant
d’importants besoins en matière d’audiovisuel.
FOCUS
DU TOURNAGE À LA POST-PRODUCTION
L’équipe technique est constituée, les salaires ont été négociés, le casting
(choix des comédiens) fait. Les autorisations de tournage ont été obtenues, les
déplacements et les hébergements sont organisés, etc. Le tournage va
commencer.
- Le tournage
C’est une période de relative accalmie pour le commanditaire. La plupart des
décisions importantes ayant été prises, il n’est pas tenu d’assister au tournage.
Néanmoins, il est préférable qu’il y soit afin d’assurer l’interface avec les
contremaîtres, les cadres…, et de contrôler que toutes les règles de
l’entreprise sont bien respectées (notamment en matière de sécurité). La
présence sur le plateau d’un représentant de l’entreprise est parfois considérée
par l’équipe technique comme une gêne ; c’est bien au contraire une soupape
de sécurité. Le commanditaire ou quelqu’un du service de communication
prendra ainsi part aux ultimes directives, orientera la production au jour le
jour, et pourra rassurer la direction de l’entreprise quant au bon déroulement
des opérations.
- La post-production
La post-production est l’étape qui commence dès la fin du tournage et
s’achève avec la livraison des copies d’exploitation. Les opérations diffèrent
dans le cadre d’un film et d’une vidéo.
Le master
La notion de master est importante à connaître car elle est essentielle à de multiples égards :
technique : c’est le support duquel on part pour reconstituer des dubs permettant de tirer les
copies de diffusion ;
juridique : c’est le support qui fait foi quant à ce qui a été livré ;
économique : généralement, sa remise au commanditaire entraîne le solde des règlements au
producteur.
Toutefois, on assiste à une certaine dématérialisation des supports et l’on voit de plus en plus des
masters tapeless, autrement dit des fichiers électroniques ou des DVD de données.
FOCUS
LE DÉPÔT LÉGAL
QUE DÉPOSE-T-ON ?
Une copie standard intégrale, neuve, conforme aux copies mises en distribution, ou, à défaut, les éléments de
tirage.
Une déclaration (en cinq exemplaires) disponible à la Bibliothèque nationale. Le Centre national du cinéma
est également habilité à recevoir des films institutionnels en dépôt légal.
OBLIGATIONS DIVERSES
Si une œuvre est éditée simultanément sur supports film et vidéo, c’est le support de première diffusion, ou
celui qui présente la meilleure qualité, qu’il convient de déposer.
Chaque fois qu’il y a réédition, même partielle, l’entreprise est soumise à la formalité du dépôt légal. Il faut
cependant que la nouvelle version comporte un changement de contenu, de format et de support.
En matière de concurrence déloyale ou de piratage, le dépôt légal constitue une protection. La date de dépôt
est une preuve d’antériorité. Cette protection n’est valable que pour la France.
Les copies sont conservées dans des locaux adaptés, à l’abri du vol, de l’incendie, de l’humidité.
Le dépôt légal est actuellement régi par le code du patrimoine du 20 février 2004, modifié par la loi du 1er août 2006
et les décrets des 31 décembre 1993 et 13 janvier 2006.
Couverture vidéo d’un séminaire de trois jours en France : diffusion quotidienne d’un journal de 8 Entre
minutes, soit 3 « journaux » avec prise en charge des participants et formation 17 000 et
20 000
Les coûts sont très disparates et le paramètre majeur est celui de la volonté
du commanditaire de faire un film qui puisse marquer les esprits et se prêter à
de nombreuses utilisations.
Exemples
Pour une durée équivalente de 7 à 8 mn, BNP Paribas fera un film qui coûtera 70 000 euros là où le
Zénith de Strasbourg en dépensera 150 000.
Le Crédit Agricole a payé 150 000 euros un film de moins de 4 mn, Le fabuleux destin de clients
heureux.
Nissan pour le même budget a fait un film de 2 mn 36, et pour un budget de 800 euros une école,
l’INSIA, a réalisé un film institutionnel de 2 min.
Il n’existe pas de lien entre le coût et la longueur du film, l’important est le
format du film, non sa durée. Un film réalisé sous forme de reportage pourra
nécessiter un budget dérisoire ; si le film nécessite la création d’animation en
3D, il pourra coûter très cher.
La question essentielle est celle des retombées attendues. Une seule
utilisation (one shot), par exemple pour une convention interne, ne nécessite
peut-être pas le budget d’un film pouvant être mis en ligne sur le site de
l’entreprise ou sur des sites de partage.
Exemples
Renault a ainsi payé cher un film réalisé pour le salon de l’automobile de Genève, mais sa mise en
ligne sur le site DailyMotion l’a fait découvrir à 50 000 nouveaux visiteurs.
IBM a produit Digital curtain, un film de 6 mn réalisé par Capa pour Ogilvy. Le film a pour objet
de montrer l’aide apportée par IBM à l’opéra de La Fenice pour concevoir un site web capable de
diffuser les représentations. Mis en ligne sur le site d’IBM, le programme a été retransmis par la
chaîne CNBC aux États-Unis et sur plusieurs compagnies aériennes. Comme pour un stand, la
notion de rentabilité par le calcul du coût/contact est essentielle.
- La stratégie d’entreprise
Il n’y a pas de plafond supérieur : certaines entreprises consacrent plusieurs
centaines de milliers d’euros à un audiovisuel de prestige. Tout dépend de
leur stratégie et du but recherché.
L’allocation budgétaire sera guidée par trois facteurs indépendants :
UN BUDGET TYPE
Les frais de diffusion peuvent beaucoup varier selon le support : un film
promotionnel adressé sous coffret DVD et plaquette explicative peut se
révéler onéreux alors que la diffusion sur le site web de l’entreprise sera
gratuite. De même, la mise en ligne sur un site de partage vidéo pourra être
gratuite sauf dans l’hypothèse où l’entreprise demande que ne figure aucune
publicité sur la page et notamment l’absence d’une petite publicité vidéo de
15 à 20 secondes avant le démarrage du film de l’entreprise. Dans ce cas, le
tarif est de l’ordre de 5 000 euros.
- Les principes généraux
Avant d’examiner en détail les différentes lignes budgétaires, respectez trois
principes généraux :
Tournage De 20 à 40
Moyens techniques De 5 à 20
Post-production De 20 à 40
Lieu du tournage Moins de 10
Diffusion De 0 à 10
À ces frais, il faut ajouter ceux relatifs à la diffusion qui, comme indiqué
plus haut, sont généralement de l’ordre de 0 à 10 %. La dématérialisation des
supports et la diffusion effectuée via le site web ou des sites de partage en
ligne ont ainsi permis de réduire ce poste budgétaire.
CONCLUSION
L’audiovisuel est un secteur qui présente une forte maturité et une relative
homogénéité. Les intervenants du secteur sont majoritairement très
professionnels dans leur capacité à maîtriser l’image en adéquation avec les
objectifs de l’entreprise, ce qui n’était pas forcément le cas il y a encore une
dizaine d’années.
Les formats sont plus courts, plus rythmés et cela est dû à de nombreux
facteurs et notamment la culture ambiante qui nous fait concevoir l’image
comme un bien à notre disposition : nous pouvons zapper en permanence là
où dominait jadis le règne des audiences captives. Les agences audiovisuelles
sont dans une situation qui pourrait être inconfortable puisque les entreprises
leur demandent en permanence de réduire leur budget alors que dans le même
temps elles doivent produire des films ambitieux, attractifs, percutants. Cela
amène à une créativité accrue qui n’est pas incompatible avec une recherche
de la simplicité comme en témoigne l’importance des petits films
d’animation. Les entreprises cherchent également à effectuer des économies
d’échelle en « recyclant » leur image pour des films différents, destinés à des
publics spécifiques : actionnaires, grand public, salariés. La société de
production audiovisuelle PWP a réalisé en 2010 un film pour ERDF « Carte
de visite » d’une durée de 3,25 mn. Les images tournées à cette occasion ont
été utilisées pour constituer un kit presse destiné à l’utilisation d’image pour
les chaînes de télévision. Il en fut également extrait des séquences pour un
film projeté lors du Salon des Maires « Paroles d’élus » qui se déroula en
novembre 2011. Cela illustre, selon Patrick Dalbin, directeur de PWP, la
possibilité pour un film d’être « polymorphe » à condition qu’il soit toujours
bien adapté à ses publics. La capacité pour l’audiovisuel d’entreprise de
fournir des films différents, pour des publics différents, lors d’occasions
différentes et sur des supports différents est une bonne indication du
renouvellement de ce secteur.
L’ESSENTIEL
Section 1
LES FONDEMENTS
L’audiovisuel est un vecteur performant, dynamique et souple de communication.
Ses objectifs sont les suivants :
en interne, il s’intègre dans les projections aux salariés et est utilisé lors de
séances d’information, lors de conventions d’entreprise ;
en externe, il est employé lors de conférences de presse, assemblées générales, à
l’occasion de foires et salons, mais aussi via les nombreuses possibilités offertes
par Internet.
un film doit contenir un message clair, posséder une tonalité propre et être le
plus généralement assez court ;
il conviendra donc d’éviter des objectifs flous, un mode inadapté et une qualité
trop peu professionnelle ;
il faudra aussi se méfier des tentations d’adopter un genre trop convenu et de
l’utilisation des grands noms de la réalisation ou des spectacles.
Section 2
de bien définir son projet. Cela suppose de clarifier ses intentions en vérifiant
que les parties prenantes internes à l’entreprise soient bien d’accord sur l’objectif
du film et qu’un responsable du projet soit nommé. Un cahier des charges devra
être élaboré afin de fournir toutes les informations utiles sur l’entreprise, sur le
sujet du film et sur la démarche du projet. Un appel d’offres sera réalisé ;
d’organiser le travail entre l’entreprise et ses partenaires. La connaissance du
travail de chacun est essentielle : producteur, réalisateur, équipe technique.
L’audiovisuel passera ensuite au tournage et à la post-production avant d’aboutir
à la version définitive.
2. Quelques ouvrages
Becker N., Vidéo d’entreprise et film institutionnel, Vuibert, 2008.
Franceschini L. et de Bellescize D., Droit de la communication, PUF, 2011.
Giniès J., Les Métiers de l’audiovisuel, Collection Guides J, Studyrama Éditions,
2012.
Sommaire
Section 1 | Présentation
Section 2 | La stratégie
Section 3 | Le régime juridique et fiscal
SECTION 1
PRÉSENTATION
INTRODUCTION
1
LE PARRAINAGE : BUDGETS ET DOMAINES
D’INVESTISSEMENT
Bien que la France accuse un certain retard par rapport à ses partenaires
occidentaux, un nombre croissant d’entreprises prend goût au parrainage.
Elles veulent ainsi dépasser leur mission économique et prouver qu’elles sont
aussi animateurs culturels, sportifs, humanitaires. La participation à un
événement ne témoigne-t-elle pas de l’insertion de l’entreprise dans son
environnement ? À l’évidence, deux préoccupations coexistent de la part du
parrain :
Si le parrainage est considéré avec méfiance, c’est sans doute parce que ses
retombées sont difficiles à évaluer. Il est présomptueux de vouloir séparer les
conséquences d’une opération de parrainage de celles d’une campagne
publicitaire ou d’une opération de relations publiques : comment faire la part
des choses ? Enfin, on ne peut en l’espèce tabler sur aucune proportionnalité
entre le montant de l’investissement initial et ses retombées. En d’autres
termes, on n’est jamais tout à fait certain de l’efficacité d’un investissement
de parrainage, et on ne peut évaluer exactement son taux de « rentabilité ».
Le parrainage a fortement augmenté ces dernières années et on peut
imaginer que les avantages fiscaux qui se sont développés, notamment depuis
la loi du 1er juillet 2003, y sont pour beaucoup. À titre d’illustration, 62 %
des entreprises pratiquaient le parrainage en 2000, elles étaient 80 % en 2007
selon le baromètre de l’Union des Annonceurs. La récession économique
impactera vraisemblablement l’évolution dans les prochaines années. Les
entreprises ne peuvent pas d’un côté diminuer leurs dépenses, réduire leurs
effectifs et, de l’autre, engager des frais que d’aucuns jugeraient superflus,
voire excessifs. Étant donné l’austérité ambiante (et notamment la croissance
du chômage), il n’est pas facile de débuter une collection d’art plastique, ou
de se lancer dans la course au large, etc.
En outre, les entreprises se recentrent sur leurs activités essentielles : elles
cherchent à vendre leurs produits et se préoccupent moins de peaufiner leur
image institutionnelle. C’est pourquoi, les actions de communication directes
(portant sur leurs marques ou leurs produits), inscrites sur le court terme, aux
résultats aisément quantifiables1, sont parfois préférées aux initiatives de long
terme, aux retombées incertaines.
Doit-on pour autant parler de crise du parrainage ? Pas encore ; plutôt de
recentrage. Les entreprises investissent toujours, mais avec plus de
circonspection : elles adoptent un profil plus pragmatique. Les sommes
consacrées au mécénat s’élevaient à près de 2,5 milliards d’euros en 2008, à
2 milliards en 2010 et à 1,9 milliard en 2012. Le paysage du mécénat en
France est composé de 40 000 entreprises, ce qui représente 31 % des
entreprises de plus de 20 salariés. Les conséquences de la crise se ressentent
directement sur les entreprises de 200 salariés et plus, qui étaient 43 % à
pratiquer le mécénat en 2010 et ne sont plus que 27 % en 2012. De fait, la part
des grandes entreprises dans le budget global du mécénat devient à peine
supérieure à la moitié : 53 %, alors que cette part des entreprises de plus de
200 salariés était de 63 % en 2012 (chiffres Admical, 2012).
En ce qui concerne les préférences des entreprises, 39 % s’engagent dans le
sport, 36 % dans le social, 24 % dans la culture et 17 % dans la santé. Les
chiffres ne sont pas exclusifs et il n’est pas rare qu’une entreprise, surtout de
grande taille, puisse investir dans différents domaines. Les chiffres peuvent
toutefois cacher de fortes disparités : le sport apparaît comme le premier
thème par le nombre d’entreprises engagées mais il ne représente pourtant que
6 % du budget alloué, ce qui s’explique par le fait qu’il est le premier
domaine soutenu par les PME avec 42 % des entreprises de 20 à 99 salariés
alors que seules 19 % des entreprises de plus de 200 salariés s’y investissent.
Figure 11.1 – Les domaines du mécénat en France (part du budget dans le mécénat)
Source : Admical/CSA 2012
Objectif Création de liens entre une marque (un produit) et un Recherche d’une image
événement médiatique. pour la firme en tant qu’institution.
Exploitation Mise en valeur commerciale, directe de l’événement : Mise en valeur « spirituelle », discrète,
avant, pendant et après son apparition. à faible intention commerciale.
FOCUS
Le mécénat est un « soutien matériel apporté sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre
ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général ».
Un mécène est donc une personne physique ou morale qui pratique le mécénat.
Le sponsoring est « un soutien apporté à une manifestation, à une personne, à un produit ou à une
organisation en vue d’en retirer un bénéfice direct ». Un sponsor est donc une personne physique ou morale
qui pratique le sponsoring.
Mécénat Sponsoring
La distinction majeure réside donc dans l’intention de l’entreprise qui, dans la première hypothèse, cherche à
renforcer à terme son insertion dans un environnement (entreprise mécène) ; et, dans la seconde, entend promouvoir
immédiatement son image ou celle de ses marques (entreprise sponsor).
Les domaines d’intervention sont les mêmes dans l’un et l’autre cas : art, culture, éducation, écologie, économie,
santé, activités sociales, recherche, etc.
LE VOCABULAIRE PRATIQUE
Cette terminologie officielle n’est toujours pas entrée dans les mœurs. La traditionnelle opposition entre sponsoring
et mécénat est toujours en vigueur. L’Admical insiste pour que la distinction entre mécénat et sponsoring soit
respectée. L’inconvénient serait qu’il n’y aurait plus de notion pertinente pour regrouper le soutien « désintéressé » et
le soutien « intéressé » alors que les frontières ne sont pas toujours claires. Le soutien à une équipe de football de
division d’honneur serait du mécénat, mais si l’équipe se qualifie en finale de la Coupe de France, cela deviendrait
alors du sponsoring. Le parrainage reste, par commodité, employé pour regrouper les deux notions :
le sponsoring, généralement assimilé à une technique publicitaire, a pour mission d’accroître, à court ou
moyen terme, la notoriété d’une marque ou d’un produit. On a coutume de parler de sponsoring quand
l’entreprise intervient dans le domaine sportif. Ex. : Renault « sponsorise » une écurie de Formule 1 ; Veolia
Environnement « sponsorisait » le voilier de Roland Jourdain ; BNP Paribas est le « sponsor » officiel de
Roland Garros ;
le mécénat, considéré comme une technique plus « noble », a pour objectif de forger, à plus long terme, une
image d’entreprise, de lui conférer une certaine citoyenneté. On a coutume de parler de mécénat quand
l’entreprise intervient dans le domaine culturel ou pour des causes d’intérêt général. Ex. : Vivendi est très
actif dans le « mécénat » artistique ; le festival d’Aix-en-Provence attire de nombreux « mécènes » :
DeutscheBank, KPMG, CIC, La Poste, Total, HSBC, Orange, Saint-Gobain.
On retrouve dans le langage courant les mêmes distinctions entre « mécénat » et « sponsoring » qu’entre
« parrainage » et « mécénat », à l’exception des domaines d’intervention.
2
LES OBJECTIFS DU PARRAINAGE
Le parrainage est une technique de communication : l’entreprise utilise le
podium (que lui offre la manifestation) pour délivrer un message, face à un
auditoire bien disposé. Une entreprise peut y recourir pour plusieurs motifs :
démontrer son dynamisme, créer un mouvement de sympathie, rajeunir sa
réputation, motiver ses employés, stimuler sa force de vente… C’est un
investissement dont on attend des bénéfices. En termes de notoriété :
l’événement est prétexte pour évoquer l’entreprise. En termes d’image : il doit
susciter des associations valorisantes pour celle-ci. En termes de légitimité :
l’entreprise démontre sa capacité à œuvrer pour la collectivité et son
ouverture d’esprit.
LES OBJECTIFS DE MARQUE
- Construire une image de marque
Le sponsoring est une technique de positionnement de la marque : l’entreprise
en attend une progression de la notoriété de ses produits et des associations
valorisantes en termes d’image. L’événement a valeur d’exemple : son
association à la marque permet de créer un lien particulier dans l’esprit du
public, en y intégrant une dimension affective.
Exemple
La politique de parrainage
sportif de la RATP est bien
intégrée dans sa stratégie
globale de communication.
La RATP a trois axes de
parrainage : par son soutien
à ses athlètes de haut
niveau, elle affiche sa
démarche de responsabilité
et de citoyenneté ; par son
soutien à l’équipe de France
féminine de handball et au
club d’Issy Paris Hand, elle
défend la notion de mixité
hommes-femmes ; par son
soutien à la Fédération
française de rugby et au club
du Racing Métro 92 dont
elle est le partenaire officiel, elle traduit son engagement autour des valeurs de respect. Elle valorise
notamment son savoir-faire de transporteur à travers les partenariats de rugby et de handball féminin
sur le tout le territoire national. Pour le rugby, la RATP met notamment à disposition des navettes
dédiées pour les spectateurs des matchs du Racing Metro 92 au stade Yves du Manoir à Colombes.
En ce qui concerne le XV de France et l’équipe de France féminine de handball, la RATP met à
disposition des solutions de transport adaptées : un car haut de gamme avec une capacité modulable
et un total covering. Ce dernier est soit aux couleurs du XV de France et de la RATP ou de l’Équipe
de France Féminine de handball et de l’entreprise de transport.
Banque Populaire V, nouveau détenteur du Trophée Jules Verne
- Valoriser le produit
En participant à un événement, l’entreprise cherche à établir la performance
de ses produits. Ce « sponsoring de la preuve » a été pour la première fois
expérimenté par Michelin : l’entreprise a pensé en 1891 à faire connaître ses
pneumatiques par un ancien champion cycliste, Charles Terront.
Le sponsoring est considéré comme un banc d’essai ou un faire-valoir.
Beaucoup de fabricants investissent donc dans des activités qui leur
permettent de valoriser leur savoir-faire.
Exemple
Pour leur part, Total et Citroën, associés depuis 1968 dans le team Total-Citroën, mettent leurs
savoir-faire respectifs à la disposition de l’événement sportif. Le pétrolier apporte au constructeur
son potentiel de recherche et sa puissance logistique pour lui fournir les meilleurs carburants et
lubrifiants de compétition. De son côté, l’engagement de Citroën Sport couvre quatre dimensions :
technique, industrielle, commerciale et sportive. Les deux marques ont signé un accord de
préconisation faisant apparaître sur les voitures de série la vitrophanie « Citroën préfère Total ». Un
deal qui permet à Total de pénétrer plus aisément le réseau de succursales et concessions du
constructeur ainsi que le circuit des grandes surfaces. En devenant champion du monde des rallyes
pour la 8e fois consécutive le 11 novembre 2011, Sébastien Loeb a montré les bénéfices en termes
d’image mondiale de l’engagement de l’association Total-Citroën.
Exemples
En Chine, LVMH a offert au Grand Théâtre de Shanghaï un rideau de scène conçu par le peintre
Olivier Debré. C’est un atout supplémentaire pour les marques du groupe souhaitant s’implanter
durablement dans cette région au fort potentiel de croissance et renforcer leurs liens avec les
communautés locales.
C’est une des raisons qui avait incité beaucoup d’entreprises à sponsoriser les Jeux olympiques de
Pékin en 2008 malgré les controverses relatives aux droits de l’homme. General Electric, Samsung,
Volkswagen, Coca-Cola, McDonald’s, Visa, Adidas, Lenovo et Kodak furent ainsi parmi les
partenaires olympiques internationaux.
De même, pour soutenir son développement à l’international, le groupe Crédit Agricole a conclu le
4 décembre 2006 un accord de partenariat avec l’association Patrimoine sans frontières dont
l’objectif est la sauvegarde du patrimoine suite à des catastrophes ou des conflits.
En 2010, l’entreprise Colas spécialisée dans les constructions routières a initié en relation avec la
Fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand un programme « En route pour l’école ». L’action
soutient six ONG qui travaillent sur l’accès à l’éducation dans six pays où le groupe est implanté.
Cette action a été distinguée comme meilleure action dans le domaine RSE en 2011 par l’association
Communication & Entreprise.
CAS D’ENTREPRISE
le parrainage d’enfants. Une convention fut passée avec l’ONG « Plan » pour promouvoir le
parrainage d’enfants à travers le monde. Accor a invité ses collaborateurs, clients et
fournisseurs à devenir parrains pour améliorer la situation des plus démunis ;
le parrainage de proximité au travers d’un soutien à la Croix-Rouge pour le développement
des actions sociales, l’aide d’urgence et la promotion des gestes qui sauvent ;
Accor apporte également son soutien à l’association Emmaüs, au Samu Social, aux Restos du Cœur et
participe avec l’Unesco à des projets de sauvegarde du patrimoine, notamment en Chine ou au
Cambodge.
En novembre 2007 dans le cadre d’une réflexion globale sur son image qui s’est traduite notamment
par un rajeunissement de l’identité visuelle, le groupe a décidé de repenser toute sa politique de
parrainage autour d’une idée : le soutien aux projets portés par des collaborateurs du groupe. Un
budget de 5 millions d’euros est prévu pour cinq ans et un site intranet est mis en place. Des
correspondants sont désignés et un comité des sages est nommé. Chacun des 150 000 collaborateurs du
groupe qui le souhaite peut adresser son dossier sur le site intranet avec la possibilité de se faire aider
par le correspondant qui valide le projet. Les trois axes d’intervention choisis sont en continuité avec la
politique de mécénat :
Pour organiser l’ensemble de cette nouvelle politique de mécénat, Accor a créé une fondation
spécifique qui a tenu la première réunion de son conseil d’administration le 24 octobre 2008.
En 2012, 117 projets avaient été soutenus dans 34 pays, pour un montant de 700 000 euros et 5 000
collaborateurs avaient été impliqués. –
Source : www.fondation-accor.com
Depuis la loi de 2003 sur le mécénat, les relations sont devenues matures et
certaines habitudes se généralisent. Il en est ainsi de l’attribution par
l’organisme mécène d’un quota de tickets d’entrée à l’entreprise partenaire de
l’ordre de 25 % de son don. Cette pratique qui s’est installée dans le domaine
du mécénat culturel permet ainsi à l’entreprise d’inviter largement son
personnel et ses différents publics.
La frontière entre les actions externes et internes de mécénat est de plus en
plus étroite. C’est particulièrement le cas pour le mécénat de compétence qui
permet à une entreprise d’autoriser ses salariés à s’investir sur leur temps de
travail dans des projets liés à la solidarité, la culture ou l’environnement.
Selon les chiffres 2012 de l’Admical, 11 % des entreprises pratiquent le
mécénat de compétence. Ce chiffre traduit une forte baisse puisqu’il était de
21 % en 2010. Le mécénat de compétence est surtout une pratique des
grandes entreprises qui sont 31 % à y recourir dont notamment Vinci, Areva,
Carrefour, Veolia, Accenture, Vivendi, Bouygues ou SFR.
Le congé solidaire est également une forme de mécénat destiné aux salariés.
Il s’agit toujours de soutenir le projet d’un salarié, mais celui-ci est mené
durant son temps de congé. Lorsqu’un salarié décide de prendre ses congés
pour une mission humanitaire, il peut demander le soutien de son entreprise
pour se voir financer son billet de train, voire ses frais de séjour. En 2010, 687
volontaires ont participé à des actions dans le domaine de l’aide au
développement, de l’éducation et de l’environnement par le biais de
l’association Planète urgence.
Dans le même esprit, il n’est pas possible de tracer une frontière hermétique
entre retombées internes et externes d’une action de parrainage : elles se
stimulent mutuellement, se répondent. Le personnel, premier ambassadeur
d’une entreprise, n’a-t-il pas une influence sur l’image qu’elle diffuse ?
Notoriété et image n’ont-elles pas des répercussions indirectes sur la
progression des ventes ? Ne facilitent-elles pas l’intégration de l’entreprise
citoyenne ? Image, notoriété, climat interne n’imposent-ils pas à l’entreprise
un certain mode de relations avec ses interlocuteurs ? Les corrélations seraient
infinies.
- Consolider son ancrage européen ou international
Les entreprises étrangères implantées en France utilisent souvent le
sponsoring pour accroître leur notoriété et affirmer leurs préoccupations
citoyennes dans notre pays.
Exemple
Dans le cadre de l’année internationale des forêts déclarée par l’ONU en 2011, Toyota France a
participé à l’opération « Plus d’arbres, plus de vie ! ». L’objectif était triple : valoriser l’ancrage
français de Toyota, promouvoir son image environnementale au travers de ses technologies hybrides
et renforcer les relations locales des concessionnaires Toyota au travers d’événements de plantations
menés conjointement avec des mairies de leurs communes entre octobre 2011 et mars 2012.
LES INTERVENANTS
3
La qualité et la puissance des retombées dépendent du soin apporté à la
réalisation de l’opération de parrainage et à sa mise en œuvre. Une structure
propre à l’entreprise est souhaitable. Mais faut-il toujours avoir recours à des
professionnels extérieurs ? Non, si l’entreprise dispose de compétences
internes propres capables de définir les objectifs stratégiques en amont de
l’opération, puis de gérer son exécution (action principale plus opérations
satellites). Oui, si l’entreprise n’a ni les compétences, ni le temps de négocier
un contrat, monter une conférence de presse, organiser un cocktail de
lancement, assurer la régie des invitations, coordonner les relations avec les
sportifs ou les organisateurs de la manifestation, établir des contacts avec les
journalistes, etc. Toutes ces tâches prennent du temps et requièrent un certain
professionnalisme.
UNE INSTANCE DE DÉCISION INTERNE
Qui doit choisir ? La voie royale pour l’entreprise consiste à s’appuyer sur un
comité de sages.
Exemple
Au sein de la Fondation EDF Diversiterre, trois comités consultatifs ont été mis en place. Un comité
de sélection étudie les projets et s’assure de leur adéquation avec la politique de mécénat. Un comité
d’évaluation s’assure de la transparence et de l’équité de traitement envers les projets soumis. Enfin,
un comité de réflexion réunissant des experts a pour but d’éclairer le choix de la fondation.
FOCUS
Pour les régies : en pourcentage du montant de l’opération réglé par le sponsor, et éventuellement par
l’organisateur.
Pour les agences : en honoraires, calculés sur la base d’un cahier des charges. Il est ainsi préférable de :
– fixer un cahier des charges précis, et quasi définitif : objectifs, mode de parrainage, opérations annexes ;
– surveiller les frais techniques : édition de documents, frais de réception, diffusion de photos, réalisation
d’audiovisuels… Ils viennent en supplément des honoraires de l’agence. Assurez-vous que l’agence pratique, ici, des
tarifs raisonnables ; mettez-la éventuellement en concurrence avec vos propres fournisseurs.
En toute occurrence, le niveau des honoraires d’un prestataire extérieur ne doit pas dépasser 10 % à 15 % du budget
global de l’opération.
Il est par ailleurs recommandé aux entreprises de consacrer un volet financier du même montant à leur propre
communication pour exploiter l’événement. En 1999, Philip Morris a lancé un programme philanthropique pour
aider des secteurs défavorisés de la société. Tout en dépensant 60 millions de dollars pour cette cause, l’entreprise a
affecté un budget de communication pour valoriser son action de 108 millions de dollars.
Source : Angela Bargenda, « Le mécénat d’entreprise : un impact sur le futur », Entreprise éthique, n° 29,
octobre 2008.
SECTION 2
LA STRATÉGIE
Une idée n’est ni bonne ni mauvaise dans l’absolu. Elle se révèle plus ou
moins adaptée aux objectifs de l’entreprise. La première tâche consiste à les
définir clairement : quelle image ? Auprès de quel(s) public(s) ? Pour quels
objectifs ? Avec quel budget ? C’est en fait la détermination de la cible qui
conditionne le reste : la nature du parrainage (mécénat ou sponsoring), le
choix de l’événement et de ses modalités, la détermination du message.
Est-ce pour toucher la communauté financière, les médias, le personnel ?
Les choix seront à chaque fois différents. Pour les premiers une manifestation
de prestige est préférable : concert, exposition. Pour les suivants, un
événement inédit : colloque professionnel ou voyage lointain. Pour les
derniers, une activité fédératrice : engager un véhicule dans une course,
supporter une équipe sportive, œuvrer pour une cause humanitaire. Le
parrainage est donc affaire de logique, d’où la nécessité de procéder, en
préambule, à l’analyse de la nature et de la vocation de l’entreprise, de ses
objectifs, de son image.
Pour être crédible, il faut durer : pour tirer parti d’un investissement de
parrainage, il faut jouer le long terme. Les retombées sont
nécessairement lentes à venir : puisqu’il s’agit d’influer sur l’image
institutionnelle de l’entreprise, le secret de la réussite réside dans la
répétition d’actions susceptibles de former l’opinion des publics cibles.
Une politique de coups ponctuels est rarement récompensée, à moins
de n’en attendre qu’une progression provisoire des ventes. C’est
pourquoi avant de se jeter dans l’action, l’entreprise doit lucidement se
demander : qu’est-on prêt à faire ? Quels moyens est-on disposé à
engager sur le long terme ? Combien de temps est-il nécessaire pour
bénéficier de retombées ? La palme de la persévérance pourrait sans
doute être attribuée à la BNP Paribas, sponsor de Roland Garros depuis
1973. Le Crédit Lyonnais, rebaptisé LCL, est sponsor du Tour de France
depuis 1981.
Avec le temps, le mécénat devient de plus en plus participatif. Comme
corollaire à cette politique de durée, il y a l’obligation pour un parrain de
longue date qui veut se dégager de se ménager une sortie en beauté, et de
justifier son abandon.
Le parrain peut aussi glisser d’un domaine à l’autre, quand le premier
ne correspond plus à l’image que l’entreprise entend diffuser ou qu’il
n’offre plus de « bonnes » retombées. Il peut également élargir son
champ d’intervention.
Exemple
Après avoir parrainé l’émission Le Juste Prix pendant plus de 10 ans, But a choisi, depuis 2002, un
territoire d’expression nouveau et original : l’arbitrage. L’entreprise est ainsi devenue le partenaire
officiel des arbitres de football, de rugby, de handball et de basket-ball. Par-delà la matérialisation
visuelle du logo sur les maillots des arbitres de l’élite et la visibilité ainsi engendrée, But a voulu
donner à son engagement une dimension sociale et citoyenne, à la confluence de l’action
traditionnelle de sponsoring et de l’action de mécénat, en soutenant activement les politiques
fédérales de valorisation, de recrutement et de formation des jeunes arbitres.
Quelques arbitres de l’élite portant le maillot sponsorisé par But
Exemple
La SNCF permet à une centaine de ses salariés de devenir « parrain SNCF ». Ceux-ci peuvent
durant une dizaine de jours par an, mettre leurs compétences au service de trois associations
sélectionnées par l’entreprise : Passeport Avenir, Association Entreprendre pour Apprendre et la
Fondation de la 2e chance.
Inconvénients Absence de flexibilité : le parrain ne peut Complexité : l’organisation repose sur les épaules de
faire ce qu’il veut. Il est tributaire d’un l’entreprise, c’est lourd.
lieu, d’une organisation, d’un public. Les relations avec la presse sont moins évidentes, dans
Correspondent-ils exactement à ses la mesure où l’événement n’a pas d’antériorité (donc
souhaits ? aucune crédibilité a priori) : il faut convaincre les
journalistes les uns après les autres.
Risque : la réussite n’est pas assurée. La manifestation
sera-t-elle valable en soi ? L’accueil du public, des
interlocuteurs, des invités sera-t-il favorable au parrain ?
L’effet « boule de neige » : construire une véritable
réputation demande du temps. Il faut compter cinq ans
environ pour qu’une manifestation fonctionne bien,
d’une part, et pour qu’elle soit reconnue du public,
d’autre part.
- Le domaine d’intervention
Le parrainage est aujourd’hui plus développé dans les domaines sportif et
artistique. Mais il déborde largement ce cadre : se développent des actions de
mécénat de solidarité (problématique sociale), humanitaire (grandes causes),
éducatif, scientifique (recherche et développement). On a coutume d’opposer
le « sponsoring sportif » au « mécénat artistique » : où résident leurs
véritables différences ?
Dans une épreuve sportive, le parrain n’aura souvent qu’un objectif : tenir le
devant de la scène. Pour cela, il lui faut être le meilleur, soit en termes de
compétition, soit en termes médiatiques. Ceux qui ont la vedette ne sont-ils
pas les premiers, les sport-stars, et les graves accidentés ? Même dans ces
deux dernières hypothèses, le succès du sponsoring n’est pas assuré. En
soutenant un champion-star, le sponsor risque de disparaître derrière le renom
de son poulain, et de n’obtenir aucune retombée propre. Par ailleurs, quand
les médias s’emparent d’un événement dramatique, le sponsor qui y est
associé peut pâtir de mauvaises retombées en termes d’image.
Il n’est conseillé de s’associer à un grand sportif que si l’entreprise jouit
d’une forte renommée auprès du public ; et toujours prévoir une riposte en cas
de catastrophe. Pour éviter les risques sportifs, certaines entreprises préfèrent
parrainer les compétitions (courses, régates, trophées…) elles-mêmes. Les
exemples sont pléthore, dans des disciplines très variées : Volvo qui a
« racheté » la Witbread (voile) rebaptisée la Volvo Ocean Race ; Lancôme et
son fameux Trophée aujourd’hui disparu ou l’Open Peugeot (golf) ; l’Open
EDF de natation ; le trophée Lalique en patinage artistique ; la Danone
Nations Cup pour le géant de l’alimentaire (la plus grande coupe
internationale de football pour les enfants, qui réunit 32 pays et 2,5 millions
de joueurs de 10 à 12 ans). Avantage : les marques deviennent propriétaires
d’un événement sportif pour un investissement qui n’est pas forcément
moindre, mais avec des retombées plus ciblées. À titre d’exemple, un ticket
d’entrée pour un sponsor majeur à Roland Garros tourne autour de 3 000 € !
Autre avantage : les retombées auxquelles on peut s’attendre restent très
avantageuses par rapport à l’investissement consenti. Par exemple, le nom de
Jacques Vabre est aujourd’hui devenu pratiquement synonyme de la Transat
qu’il sponsorise.
Mais cette stratégie n’est pas sans inconvénient : les médias citent rarement
le nom des partenaires d’une course – surtout s’ils sont plusieurs –,
contrairement à celui du sponsor d’un bateau, par exemple. Une autre
possibilité est d’acquérir, non le nom de la compétition, mais le nom de
l’endroit où celle-ci se déroule. Dans ce cadre, une stratégie relativement
récente mais onéreuse, le naming, est d’acquérir le nom du stade, à l’exemple
du stade du Bayern de Munich, devenu l’Allianz Arena depuis 2011, de celui
de l’équipe d’Arsenal désormais appelé l’Emirates Stadium ou le nouveau
stade de l’équipe du Mans, le MMArena.
TABLEAU 11.4 – LE CHOIX D’UN THÈME D’INTERVENTION : SPORT OU CULTURE ?
Nature Plus spectaculaire, plus voyant que l’événement culturel. Discret, prestigieux.
Risque Aléatoire : il ne faut pas arriver bon dernier (ni « casser » Déroulement relativement prévisible.
au cours de l’épreuve).
Accueil L’événement sportif est médiatique. Néanmoins la presse, L’événement culturel est rarement
Médias saturée, cite de moins en moins le nom des marques médiatique sauf à faire un gros coup.
sponsors, surtout quand le sportif est très connu. Néanmoins la presse, plus disponible,
mentionne volontiers le nom des
mécènes.
Bilan Idéal pour l’entreprise qui cherche Permet à l’entreprise d’enrichir son
à accroître ses ventes, à dynamiser son personnel, ou à image, de s’intégrer dans son
gagner des points de notoriété. environnement socio-
Permet de toucher le grand public. économique, et de soigner
ses contacts privilégiés.
S’adresse prioritairement aux cibles
proches de l’entreprise.
proches de l’entreprise.
FOCUS
36 % des entreprises interviennent dans ce secteur en France et 7 % pour des actions à l’international.
Le social est plutôt un domaine choisi par les grandes entreprises ; s’y investissent 34 % des entreprises de 20 à 99
salariés contre 56 % pour les entreprises de 200 salariés et plus.
Si l’on agrège les résultats du social, de l’éducation et de la santé, cela représente 61 % des entreprises.
5 % des entreprises s’y engagent aujourd’hui contre 12 % en 2010. Cela représente une somme de 76 millions
d’euros.
Le mécénat environnemental est l’affaire des grandes entreprises qui sont 22 % à s’y investir, contre
seulement 2 % pour les entreprises de 20 à 99 salariés.
s’imposer ;
se concentrer sur quelques organismes ou manifestations déterminés ;
surprendre en créant une manifestation inédite (à l’instar du fourreur
Révillon qui a lancé les premières courses de chiens de traîneaux) ; ou en
cherchant à investir dans des domaines nouveaux ou négligés ;
provoquer une association insolite ;
Exemple
Audi, que l’on imaginerait dans le sponsoring automobile, a inauguré en 2007 un programme Audi
Talents Awards destiné à soutenir quatre jeunes créateurs dans les domaines de l’art contemporain,
de la musique, du film court et du design industriel.
FOCUS
Importance prévisionnelle ;
Caractéristiques socio-démographiques et psychologiques.
RISQUES D’ÉCHEC
Selon la nature de l’activité : engager une équipe sportive est plus aléatoire qu’organiser une exposition ;
Antécédents de la manifestation, de l’artiste ou du sportif parrainés : réputation, prestige, compétences ;
Rationalité des sommes engagées : le budget fixé par le parrainé ne pèche-t-il pas par excès de modestie ?
RETOMBÉES MÉDIATIQUES
ACTIONS DE LA CONCURRENCE
Nombre d’entreprises parrains de l’activité choisie ;
Présence ou non d’un concurrent direct.
Selon une étude menée en 2012 par PWC sur le marché international du
sport à horizon 2015, le marché du sport en France représente 4,6 milliards de
dollars en 2011 et devrait continuer à croître de 3,7 % par an jusqu’en 2015,
le sponsoring représente la principale source de revenu du marché et
progressera de 5,2 % par an.
Les investissements en sponsoring sportif paraissent aujourd’hui avoir
atteint un niveau de maturité en se situant en adéquation avec les objectifs de
communication globale de l’entreprise. Le parrainage en ce domaine obéit à
des règles spécifiques, liées au caractère plus ou moins aléatoire des résultats
et les investissements s’y effectuent généralement sur la durée. Le sponsoring
sportif est toutefois plus exposé que le mécénat. 64 % des entreprises estiment
que la crise a un impact direct sur les dépenses de sponsoring, elles ne sont
que 49 % à penser la même chose pour le mécénat (chiffres Sponsora 2012).
- Adapter son budget
Les sommes mises en jeu varient d’un sport à l’autre. La Formule 1 est de
loin le sport le plus cher. Le cyclisme et le football viennent ensuite.
Néanmoins, il faut savoir que les charges des sponsors dans tous les sports
s’alourdissent au fil des ans.
Les partenaires du Tour de France 2012
Les grands événements offrent de nombreuses possibilités de partenariat sous des statuts différents.
Le sponsoring du Tour de France en apporte une illustration.
Voilà des exemples de parrainage de grand luxe ! S’ils sont très prestigieux,
ils ne sont certainement pas représentatifs de l’éventail des choix possibles en
matière de parrainage. Il est des opérations bien moins onéreuses.
Quand une entreprise crée son propre événement, elle est tout à fait libre au
plan budgétaire. Elle peut décider d’investir telle somme, et s’y tenir au
centime près.
En matière de budget de parrainage tout est donc possible, de quelques
milliers à plusieurs millions d’euros.
Exemple
La Fondation Cartier a pour vocation depuis 1984 d’aider la création artistique contemporaine et
d’en diffuser la connaissance. Outil offert aux artistes pour créer, inventer et exposer, ce lieu de
rencontre entre les formes d’expression artistique les plus diverses joue un rôle original au sein du
mécénat d’entreprise en France. Son objectif : ouvrir l’art contemporain à un public le plus large
possible dans une relation suivie avec des artistes comme César, Jean-Pierre Raynaud, Raymond
Hains ou Marc Couturier. La fondation passe régulièrement des commandes aux artistes.
FOCUS
UN BUDGET DE PARRAINAGE
Un budget type comprend deux rubriques.
L’ÉVÉNEMENT
L’EXPLOITATION DE L’ÉVÉNEMENT
Service de presse.
Opérations de relations publiques : congrès, table ronde, conférence, déjeuner ; exposition, édition de
plaquette, production d’audiovisuels.
Publicité et promotion : annonces publicitaires, sites web et réseaux sociaux, tracts, badges, billetterie.
Pour une exposition artistique, il est deux postes particulièrement lourds : dans la ligne « événement », le transport
des œuvres et les frais d’assurances ; dans la ligne « exploitation », le financement du catalogue.
Comme nous l’avons vu, l’entreprise qui se lance dans le parrainage s’engage pour quelques années. Pour se baser
sur des estimations fiables, elle devra évaluer :
– les charges annuelles de l’ensemble du budget ;
– l’évolution dans le temps de ces charges ;
– une estimation de leur coût moyen.
Exemple
33 Export est le premier à avoir utilisé cette méthode : rappel du voilier dans les messages
publicitaires, figuration du bateau sur les packs de bière. La marque a désormais arrêté son
sponsoring de la voile.
Quoi qu’il en soit, tout sponsor cherche à maximiser sa visibilité sur les
lieux de l’événement – et dans les reportages télévisés –, et, dans cette
optique, tente de choisir les meilleurs emplacements. Pour chaque
manifestation sportive, on pourrait classer les différents supports en fonction
de leur efficacité. Pour un tournoi de tennis, les bâches de fond de court sont
les plus performantes, suivis de la chaise de let, puis des panneaux
publicitaires. Dans une course cycliste, le palmarès s’établit comme suit (par
ordre décroissant) : maillots des coureurs, panneaux, voitures
d’accompagnement. Contrairement à ce qui se passe sur un stade de Formule
1, où les supports de marquage les plus efficaces sont (toujours par ordre
décroissant) : les panneaux, les incrustations, puis les voitures.
Attention aussi à la visibilité de l’entreprise sur l’annonce de l’événement :
affiche, carton d’invitation, site web, billet d’entrée. Il n’est pas rare de
trouver sur certaines affiches les logos d’une vingtaine de sponsors. Dans
cette hypothèse, la visibilité est quasi nulle. Cela ne signifie pas qu’il faille
être absent du parrainage de l’événement en question, mais simplement que
l’enjeu sera alors davantage du côté des retombées potentielles en relations
publiques (invitation des clients) plutôt qu’en retombées sur l’image de
l’entreprise.
- Mobiliser les salariés : la communication interne
Le parrainage permet de renforcer le sentiment d’appartenance du personnel à
l’entreprise, de créer un consensus sur un autre terrain que celui de l’activité
professionnelle. L’embauche d’un sportif de bon niveau est, par exemple, un
formidable outil de stimulation interne : lorsque le champion monte sur le
podium, aux yeux des salariés de l’entreprise, c’est un des leurs qui se
distingue.
Exemples
Démarré en 1982, le programme de la RATP Athlètes de haut niveau se poursuit régulièrement et
une dizaine d’athlètes sont soutenus. Ceux-ci sont intégrés à un service de l’entreprise qui leur
aménage leurs horaires de travail. En 2008, deux lutteurs affectés à la surveillance du réseau furent
médaillés olympiques et en 2010 un athlète affecté au service informatique décroche une médaille
aux championnats du monde d’escrime.
Basé à Rennes, composé de 16 sociétés, 3 000 salariés et 20 sites de production, le groupe
alimentaire Norac a initié en 2008 une biennale d’art contemporain dont la 3e se déroule du
15 septembre au 9 décembre 2012. Pour sensibiliser les collaborateurs au mécénat alors que l’art
contemporain est parfois difficile à comprendre et parce que tous les salariés ne pourront se rendre à
l’exposition, Norac a lancé un concours par équipe de 5 à 15 personnes par site qui consistait à
choisir une œuvre représentant le mieux un thème choisi. Douze équipes, soit 120 salariés,
participèrent. Les œuvres étaient exposées dans chaque site pendant 3 mois. Les équipes devaient
expliquer leur choix devant un jury composé de spécialistes de l’art contemporain. Pour son action,
Norac a reçu du ministère de la Culture la distinction « grand mécène de la culture ».
Exemple
Afin de pouvoir impliquer ses clients dans ses actions de mécénat, la Fondation Club Med a créé
l’association des amis de la Fondation qui permet de recevoir les dons de ses GM (gentils membres)
en Europe.
Une communication interne réussie est celle qui donne au personnel une
image valorisante de l’entreprise dans laquelle il travaille (en suscitant des
associations positives avec l’événement) et resserre les liens entre ses
membres.
Exemples
Bien évidemment, les frontières ne sont pas étanches entre les publics. Lorsque AG2R La Mondiale
sponsorise le Tour de France, c’est aussi pour permettre à ses commerciaux d’aller à la rencontre
des clients sur les villes étapes.
De même, Safran sponsorise un voilier du Vendée Globe. À l’occasion du départ de la course,
l’entreprise convie une centaine de cadres, clients, hauts fonctionnaires ; il s’agit notamment de
vanter les capacités d’innovation du groupe en mettant l’accent sur les matériaux utilisés par le
voilier et issus des laboratoires de l’entreprise.
PROCÉDURE DE CONTRÔLE
Une opération de parrainage est un investissement dont on attend des
retombées : il est important d’en dresser le bilan, une fois la « tourmente »
(l’événement) passée. Pour mesurer la rentabilité de la chose, puis,
éventuellement en infléchir les orientations futures.
- Les critères de réussite
Il faut évaluer les retombées sous trois aspects :
- La mesure du succès
Le succès se mesure à travers quatre éléments objectifs.
Exemple
Certains grands événements sportifs drainent une quantité impressionnante de téléspectateurs. Le
Tour de France rassemble plus de 2 milliards de téléspectateurs dans 180 pays, dont 168 en direct
(102 chaînes TV et 76 radios couvrant l’événement, près de 2 000 journalistes et consultants
accrédités), auxquels il faut ajouter les 15 millions de spectateurs sur le bord des routes (65 %
d’hommes, 73 % de moins de 50 ans) et 6 millions de visiteurs du site internet.
LE RÉGIME JURIDIQUE ET
FISCAL
LE CADRE JURIDIQUE
1
Le degré d’implication de l’entreprise dans l’opération de parrainage
détermine la nature des liens juridiques qu’elle noue. Quand une entreprise
s’associe à une manifestation (location d’un panneau d’affichage, présence de
sa marque sur le maillot d’un sportif), elle passe un simple contrat de
publicité, à l’instar des contrats classiques d’affichage ou d’achat d’espace.
En revanche, quand elle apporte son soutien financier ou matériel à une
manifestation, elle forme des liens de droit plus élaborés.
LE CONTRAT DE PARRAINAGE
C’est un contrat par lequel une entreprise apporte son concours financier et/ou
matériel à une personne physique ou une personne morale, en contrepartie de
quoi cette dernière lui assure directement ou indirectement une certaine
publicité (entendue largement). Il fixe les clauses relatives d’une part à la
préparation et à la création de l’événement ; d’autre part, à sa diffusion et à
son exploitation médiatique.
- Réduire les aléas
Un contrat de sponsoring comprend des clauses relatives aux principes de
financement, au soutien matériel et financier, au droit pour le parrain
d’utiliser l’image du parrainé, à la publicisation de la marque. La production
d’un tel contrat est délicate : il faut juxtaposer dans un même acte des
obligations de natures différentes et d’inégales durées. Le souci premier de
l’entreprise est de faire connaître son appui : elle devra donc se montrer
particulièrement vigilante pour ce qui concerne le marquage de l’événement,
sa promotion. L’information sur l’événement porte-t-elle la marque du
sponsor ? Le parrain peut-il développer une publicité autonome et son
exploitation (Comment l’entreprise peut-elle utiliser l’événement comme
tremplin ?) ? Au cours de la rédaction d’un contrat de parrainage, l’entreprise
doit essayer de réduire au maximum les aléas, surtout s’il s’agit de sponsoring
sportif. Il est notamment prudent de faire figurer en toutes lettres dans le
contrat la nature sportive et publicitaire de l’obligation : ceci est important au
cas où l’opération ne se déroule pas comme prévu d’un point de vue sportif
(les épreuves sont annulées au dernier moment, une équipe boycotte la course,
un cas de dopage est découvert…).
- Les clauses essentielles
Chaque action étant unique par son objet, sa durée, ses modalités
d’application, il ne peut y avoir de contrat type. Un contrat comprend
habituellement six rubriques :
objet ;
durée : elle doit être définie en fonction de la durée de l’opération et
des délais de mise en valeur de celle-ci ;
obligations de faire et de ne pas faire, pour le parrain comme pour la
personnalité parrainée ;
description des opérations satellites ;
conditions de rupture : les modalités de résiliation sont à définir
notamment pour ce qui est de la restitution du matériel et de la poursuite
éventuelle de l’utilisation des éléments de la personnalité du sportif ou
de l’artiste, pendant un temps à déterminer ;
droits dérivés : il convient de définir qui aura la propriété des droits sur
les films, les photos (droits d’édition, d’exploitation, de reproduction, de
représentation, d’adaptation, de traduction), et d’en déterminer le cadre
(en fonction du temps, de l’espace, des supports utilisés).
LA FONDATION DE FRANCE
VOCATION
Organisme philanthropique créé en 1969 à l’initiative du général de Gaulle et d’André Malraux pour aider des
personnes, des associations, et des entreprises à réaliser des projets philanthropiques, culturels et scientifiques.
Elle collecte des fonds auprès des particuliers et des entreprises pour répondre aux besoins prioritaires de notre
société dans des domaines tels que : la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, la recherche scientifique et
médicale, la promotion des arts et de la culture, la protection et la mise en valeur de l’environnement, l’aide aux pays
du tiers-monde et de l’Europe de l’Est.
Elle favorise le développement des associations en leur apportant services et conseils : gestion de fonds, agrément,
conseil en mécénat d’entreprise…
STATUT
La Fondation de France est un organisme privé sans but lucratif, reconnu d’utilité publique. Elle est aconfessionnelle
et apolitique. Elle est indépendante de l’État et régie par le droit privé.
LA FONDATION ABRITÉE AU SEIN DE LA FONDATION DE FRANCE
La Fondation de France offre à toute personne ou toute entreprise désirant poursuivre à titre individuel une œuvre
généreuse, la possibilité de créer sa propre fondation en son sein.
La fondation créée par une entreprise peut avoir un ou plusieurs objets, les champs d’activité et les modalités
d’intervention devant être clairement définis.
Sa dotation est gérée au sein d’un fonds commun dans lequel est incluse la dotation propre à la Fondation de France,
laquelle prélève, pour frais de gestion, un pourcentage variant entre 2 et 10 % sur les revenus distribués par la
fondation.
La fiscalité
Les dispositions fiscales sont particulièrement incitatives pour les entreprises :
en effet les sommes consacrées par les fondateurs au programme pluriannuel,
ainsi que la dotation initiale contingente sont déductibles au titre de l’impôt
sur les sociétés à hauteur de 5 ‰ du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise.
- Les inconvénients
La durée
La fondation d’entreprise est créée pour une durée minimale de cinq ans. Elle
doit d’ailleurs, pour obtenir l’autorisation préfectorale de création, présenter
un programme d’actions pluriannuel, précis et budgétisé. Cette durée
minimale représente une contrainte importante, dissuasive pour maintes
entreprises.
Les ressources
Depuis la loi du 1er août 2003, le régime s’est assoupli : les fondations
d’entreprise peuvent recevoir d’une part des dons effectués par les salariés de
l’entreprise fondatrice, et d’autre part des dons effectués par les salariés des
entreprises du groupe auquel appartient l’entreprise fondatrice.
- Le bilan
En raison notamment de l’importance de l’immobilisation de fonds que
représente la dotation initiale, peu d’entreprises (327 en 2012) réalisent leurs
actions de mécénat par le biais d’une fondation d’entreprise.
Certaines préfèrent tout simplement ouvrir un compte à la Fondation de
France ou à l’Institut de France (organismes habilités à gérer des fonds), et
signer leurs interventions « fondation X sous l’égide de la Fondation de
France ou de l’Institut de France ».
La Fondation de France gère en 2012 682 fondations. Elle distribue
127 millions d’euros sur 8 000 subventions. Elle occupe 150 salariés. Contre
une rémunération, la Fondation de France gère une partie des questions
administratives et comptables du mécénat de l’entreprise.
LE RÉGIME FISCAL
2
La gestion d’une opération de sponsoring ne pose fiscalement aucun
problème spécifique à l’entreprise : il s’agit d’un investissement de même
nature qu’une dépense publicitaire, répondant à un objectif commercial (le
sponsoring doit entraîner le développement des ventes). En revanche, la
gestion d’une opération de mécénat nécessite de considérer l’aspect fiscal des
choses avec le plus grand soin.
FOCUS
l’activité exercée entre strictement dans le cadre de l’activité générale désintéressée de l’association et
contribue par sa nature (et non simplement par son apport financier) à la réalisation de cet objet ;
la gestion de l’association ne procure aucun avantage matériel direct ou indirect à ses fondateurs, dirigeants et
membres « Sont […] exclus les organismes qui fonctionnent au profit d’un cercle restreint de personnes […],
les organismes qui auraient pour objet par exemple de servir les intérêts d’une ou plusieurs familles,
personnes ou entreprises […] » (Instruction administrative du 26 février 1988) ;
la réalisation d’un excédent de recettes n’est pas systématiquement recherchée ;
le cas échéant, les excédents de recettes sont réinvestis dans l’œuvre elle-même ;
l’œuvre présente une utilité sociale, en assurant la couverture de besoins qui ne sont pas normalement ou pas
suffisamment pris en compte par le marché.
FOCUS
associations déclarées ;
associations reconnues d’utilité publique ;
fondations d’entreprise ;
fondations sous égide ;
fondations reconnues d’utilité publique ;
établissements d’enseignement supérieur ou privé à but non lucratif agréés ;
organismes agréés ayant pour objet exclusif de participer à la création d’entreprise ;
organismes publics ou privés dont la gestion est désintéressée (elle ne procure aucun avantage matériel direct
ou indirect aux fondateurs, dirigeants ou membres) et qui ont pour activité principale l’organisation de
festivals.
Selon l’article 238 bis du Code général des impôts, modifié par la loi du 1er août 2003, « les entreprises assujetties à
l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés sont autorisées à déduire 60 % du montant du versement de leur
impôt, dans la limite de 5 ‰ de leur chiffre d’affaires hors taxes1, les versements2 qu’elles ont effectuées au profit
d’œuvres ou d’organismes d’intérêt général ayant un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, sportif,
familial, culturel ou concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement naturel
ou à la diffusion de la culture, de la langue, et des connaissances scientifiques françaises… »
Le même mécanisme de déduction s’applique aux fonds de dotation institués par l’article 140 de la loi du 4 août
2008, précisé par le décret du 11 février 2009.
1. En cas de non-déduction des versements par application de la limite globale de déduction de 5 ‰, c’est-à-dire
quand les limites de déductibilité sont dépassées au cours de l’exercice, l’excédent peut être déduit des cinq exercices
suivants, après déduction des versements effectués au titre de chacun de ces exercices.
2. La forme de ces versements peut être diverse : cotisations, subventions soit en numéraire, soit en nature.
Source : ADMICAL.
L’ESSENTIEL
Section 1
PRÉSENTATION
LE PARRAINAGE OU L’AUBERGE ESPAGNOLE
Le parrainage traduit une orientation rationnelle : il doit être fait aux mesures de
l’entreprise, c’est-à-dire adapté à sa taille (une action proportionnée), à sa personnalité
(un choix logique) et à sa stratégie de communication.
Trois conditions préalables doivent être remplies :
Section 2
LA STRATÉGIE
UNE STRATÉGIE ACTIVE
Il faut être acteur ou créateur de l’événement : l’entreprise ne peut se contenter
d’afficher sa marque, en sleeping partner.
Le succès dépend du sérieux avec lequel les opérations sont montées.
En tout état de cause, l’entreprise a toujours intérêt à se positionner le plus en amont
possible du projet : dans le domaine sportif par exemple, il vaut mieux privilégier le
sponsoring de production (création d’une course) que le sponsoring de diffusion
(parrainage d’émission sportive).
S’assurer que :
Le sponsoring
www.sportlabgroup.com : agence spécialisée
www.sponsora.com : l’économie du sport
www.trouverunsponsor.com : quelques fiches pratiques
www.question-sponsoring.com : quelques fiches pratiques
www.sportstrategies.com : l’actualité du sport business
www.sport.fr/sponsoring : l’actualité du sport business
Une revue
Entreprises & Mécénat, la revue de l’Admical, bimestriel.
1. En témoigne la place dominante prise par le hors-média, en général, et le marketing direct, en
particulier.
2. Les récompenses seront en rapport avec l’opération de sponsoring, par exemple des places pour
assister à la compétition.
3. Parmi les fédérations plus actives, figurent les fédérations de golf, de tennis, de football et de rugby,
qui drainent des sommes considérables.
4. Comme Peugeot, Longines, Lacoste.
5. Spi (mot maritime anglais) : abréviation de spinnaker. Voile d’avant triangulaire, légère, très creuse et
de grande surface, utilisée aux allures portantes pour donner au voilier le maximum de vitesse.
6. Voir, paragraphe « Le parrainage de création ».
7. A contrario si l’événement ne les intéresse ni ne les concerne, ne vous dépensez pas en efforts
inutiles.
8. Voir paragraphe, La structure juridique des fondations.
9. Dans l’esprit du public, la seule appellation de « fondation » était automatiquement associée à une
activité philanthropique, liée à une cause « noble ».
Conseils aux futurs pros
de la com
POUR VOS
ÉTUDES ET
APRÈS
POUR RÉUSSIR VOS ÉTUDES
Félicitations, vous avez effectué le bon choix. La
communication est une discipline passionnante. Elle
vous mettra au cœur de multiples missions, à la
rencontre de nombreux interlocuteurs. Sachez
toutefois que le métier est ingrat et que ceux qui ont
choisi ces études parce qu’ils « aiment
communiquer » risquent de perdre rapidement leurs
illusions. La communication exige de la rigueur, de
la disponibilité qui peut parfois confiner à la
corvéabilité, un sens politique élevé car, s’il est
d’usage de transmettre toutes les informations, le
communicant aura parfois connaissance de données
confidentielles qu’il lui faudra gérer avec vigilance.
Le stress et la communication
Le 23 octobre 2003 – Fatigue, tension avec son conjoint, maux
physiques… 85 % des acteurs du métier de la communication
vivent une situation de stress au travail – qu’ils soient chez
l’annonceur, en régie et agence média, en agence de
communication ou dans un média – : tel est le principal
enseignement de notre étude réalisée pour CB News et
Psychologies Magazine.
Un stress qui progresse depuis deux ans… mais davantage perçu
comme un moteur plutôt que comme un handicap.
La moitié (51 %) des communicants se disent plus stressés qu’il y a
deux ans, contre 25 % moins stressés et 24 % ni plus ni moins
stressés qu’avant. […]
Tous reconnaissent, en revanche, que dans leur métier respectif, ce
stress est plutôt un moteur (68 % des réponses) qu’un handicap
(source : TNS Sofres).
En avril 2010, le troisième baromètre UJJEF (Union des Journaux
et Journalistes d’Entreprise en France) sur le moral des
communicants indiquait, sur la base de 305 réponses et 577 mots
proposés, que trois tendances émergeaient :
• Les pessimistes avec 24 % utilisent des termes comme « tendu »,
« stressant », « marasme ».
• Les neutres représentent 34 % et se caractérisent par des termes
comme « année charnière », « défi », « consolidation ».
• Les optimistes avec 41 % utilisent des mots comme
« dynamique », « intense », « ambition ».
Respect du timing
Aisance d’expression
Clarté de la problématique
Orthographe
LES PROFESSIONNELS
PARLENT AUX ÉTUDIANTS
À UN ÉTUDIANT QUI COMMENCE SA
FORMATION
« S’apercevoir très vite que la communication est un
vrai métier qui requiert un “savoir” et qui possède
des “règles”. Et aussi, diversifier son parcours de
stages en agence ET en entreprise. »
Philippe Chadeyron, reponsable
de communication chez Vinci