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APPRENDRE UTILE
Catherine Viot
Le Marketing
8e
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Catherine Viot
Le Marketing
8e
La politique marketing
À l’issue de cette partie, le lecteur pourra déterminer les moyens d’action
marketing les plus pertinents compte tenu du positionnement retenu pour
chaque cible. Ces variables marketing sont traditionnellement connues sous
l’appellation 4P (Produit, Prix, Communication1, Distribution2).
Chaque thème incorpore des aspects théoriques issus de travaux universi-
taires et de la réflexion de praticiens ainsi que des développements plus
pragmatiques permettant d’acquérir les savoir-faire fondamentaux du
marketing. Des exemples concrets complètent les aspects théoriques.
Depuis plusieurs décennies, Internet a révolutionné tant les pratiques que la
réflexion marketing. Plutôt que de consacrer une partie spécifique à
l’influence d’Internet sur le marketing, nous avons souhaité l’intégrer au
sein des différents chapitres.
——
1. Promotion, en anglais.
2. Place, en anglais.
Plan de cours
Présentation 5
PARTIE 1
La connaissance du marché et des consommateurs
a) Les croyances 37
b) La composante affective 37
c) La composante conative 37
2) La relation entre attitude et comportement 37
2 Les facteurs influençant le comportement 38
A - L’influence de l’environnement 39
1) Les facteurs socio-culturels 39
a) La culture 39
b) Les valeurs 40
c) Les styles de vie 41
2) Les groupes sociaux et la famille 42
a) La famille 42
b) Les groupes de référence et d’appartenance 44
3) Les variables de situation 46
B - Les caractéristiques propres au consommateur 47
1) Les variables sociodémographiques 47
a) L’âge 47
b) Le niveau de formation 48
c) La pression temporelle 48
d) Le sexe et le genre 49
2) Les caractéristiques socio-économiques 49
a) Le revenu et le patrimoine 50
b) La classe sociale 50
3) Les caractéristiques psychologiques 50
a) Les besoins et motivations 51
b) La personnalité 52
c) Le concept de soi 53
3 Le processus d’achat 53
A - Le processus d’achat en BtoC 53
1) La répartition des rôles dans une décision d’achat 53
2) Les étapes du processus d’achat 54
3) L’implication 56
4) Le degré de préméditation de l’achat 57
5) La fidélité 57
DE COURS
B - Le comportement de l’acheteur industriel 58
1) La répartition des rôles entre les différents acteurs 58
2) Le processus de prise de décision 59
PLAN
1) Les sources primaires et secondaires 65
2) Les sources internes et externes 66
B - Les méthodes de collecte des données primaires 68
1) L’observation 68
2) L’expérimentation 69
3) L’enquête 69
C - La nature qualitative ou quantitative des données 69
3 L’étude qualitative 70
A - Les techniques qualitatives 70
1) L’entretien individuel 70
a) Les formes d’entretien individuel 70
b) L’échantillonnage qualitatif 71
2) Les techniques de groupe 71
a) Les différents objectifs et formats des réunions
de groupe 72
b) La taille et la composition du groupe 73
3) Les autres méthodes qualitatives 73
a) Les techniques projectives 73
b) Les méthodes fondées sur la sémiologie 74
c) Les techniques qualitatives et Internet 77
B - Le traitement des données qualitatives 78
1) L’analyse de contenu 78
2) La quantification des données qualitatives 79
4 L’étude quantitative 80
A - L’échantillonnage 80
1) La population mère ou de référence 80
2) La base de sondage 80
3) La taille de l’échantillon 81
4) Les méthodes d’échantillonnage 81
a) Les méthodes probabilistes ou aléatoires 81
b) Les méthodes empiriques 82
B - La conception d’un questionnaire 83
DE COURS 1) Les différents types de questions
a) Les questions de faits et questions d’opinion
83
83
b) Les questions ouvertes et questions fermées 83
2) Le choix du type d’échelle 85
3) Le niveau de mesure 87
a) Les mesures nominales 87
b) Les mesures ordinales 88
c) Les mesures métriques 88
4) Le style et le vocabulaire 89
a) Le vocabulaire utilisé 89
b) Le style de rédaction 90
5) Les biais 90
6) La structure du questionnaire 91
C - La collecte des données 91
1) Le face-à-face 92
PLAN
2) Le téléphone 92
3) La voie postale 92
4) L’enquête en ligne 92
D - Le traitement des données quantitatives 94
1) La préparation des données et leur saisie 94
2) Les grandes familles d’analyses statistiques 95
a) Les analyses univariées 95
b) Les analyses bivariées 95
c) Les tests statistiques 96
d) Les analyses multivariées 96
PARTIE 2
De la connaissance du marché aux choix stratégiques
PLAN
A - Fondements et définition 114
1) Les fondements 114
2) Les différentes conceptions du positionnement 116
B - La mise en œuvre du concept de positionnement 117
1) La méthodologie du positionnement 117
a) La définition du champ de concurrence 118
b) L’analyse des perceptions des consommateurs 118
c) L’analyse des préférences des consommateurs 119
2) Le choix d’un positionnement 120
PARTIE 3
Le marketing-mix
4 Le packaging 144
A - Les fonctions du packaging 145
B - Les niveaux du packaging 146
PLAN
3) La marque-gamme 163
4) La marque-ligne 163
5) La marque-produit 163
6) La griffe 163
C - Les marques de distributeurs 164
1) Les marques premier prix 164
2) Les marques propres ou marques réservées 164
3) Les marques-enseigne 165
D - Les marques collectives : les labels 165
4 Les fonctions des marques 165
A - La création de valeur pour le consommateur 165
B - La création de valeur pour le fabricant 166
C - La marque source de valeur pour le distributeur 167
5 Les politiques de marques 167
A - Les stratégies d’extension de marque 167
B - La stratégie de marques multiples 169
C - La concession de licence 170
1) Licences pour fabriquer et distribuer un produit/licences
promotionnelles 171
2) Licence de marque/licence de personnages/licence
d’événements 171
3) Licence croisée 171
D - Les stratégies d’alliance de marques 172
1) Le développement partagé 172
2) Le co-marquage 172
3) La communication conjointe 173
E - Les stratégies internationales de la marque 173
DE COURS Chapitre 9 La politique de prix 175
1 La publicité 197
A - Les acteurs du marché publicitaire 197
1) Les annonceurs 197
2) Les agences 198
3) Les médias et supports publicitaires 198
4) Les sociétés de production 199
DE COURS
B - La stratégie publicitaire 199
1) Définir les cibles 199
2) Définir les objectifs de la publicité 199
3) Choisir le niveau de communication 200
a) La communication corporate 201
b) La communication de marque 201
c) La communication orientée produit 202
4) Déterminer le budget 202
C - La création du message publicitaire et l’organisation
d’une campagne 202
1) La stratégie de création ou copie-stratégie 203
2) Le média planning 204
a) Le choix du média 204
b) Le choix du support 206
c) Le choix de la période 207
PLAN
d) Les indicateurs de performance du plan média 207
D - La mesure de l’efficacité publicitaire 208
E - La publicité sur Internet 209
F - La réglementation de la publicité 210
1) L’interdiction de la publicité fausse 211
a) L’incrimination 211
b) La répression de l’infraction de publicité mensongère 211
2) La publicité comparative 211
3) Les réglementations particulières 212
2 La communication hors média 212
A - Le parrainage, le sponsoring et le mécénat 213
B - Le magazine de consommateurs et les lettres d’informations 213
C - La communication événementielle 214
D - Les relations publiques, les relations presse et le community
management 214
E - Les autres formes de communication 215
1) Le placement de marques 215
2) Le street marketing 216
F - La communication BtoB 217
1) Les objectifs de la communication BtoB 217
2) Les cibles de la communication BtoB 217
3) Les vecteurs de la communication BtoB 217
a) La communication dans la presse professionnelle 218
b) La participation à un salon professionnel 218
3 La promotion des ventes 219
A - Les objectifs de la promotion des ventes 219
B - Les techniques de promotion des ventes 220
1) L’essai gratuit, la distribution d’échantillons
et les démonstrations 220
2) La réduction temporaire des prix 220
3) Les primes et cadeaux 221
4) Les loteries et concours 222
DE COURS 5) Les nouvelles techniques 222
C - Les cibles de la promotion des ventes 223
1) Les techniques de promotion destinées aux distributeurs 223
2) Les techniques de promotion destinées
aux consommateurs 223
3) Les techniques de promotion destinées à la force
de vente 224
D - Les effets de la promotion des ventes 224
1) Les effets sur les ventes 224
2) Les effets sur l’image 225
Conclusion 247
Bibliographie 251
Index 255
PLAN
CHAPITRE 1
Introduction
au marketing
l’orientation client, il est désormais largement admis que le marketing relève de l’orien-
tation marché (ce concept est abordé dans le Chapitre 7 de cet ouvrage).
5. Le marketing apparaît au début du XXe siècle mais il faudra plusieurs décennies pour
qu’il se généralise dans les entreprises. Il connaît alors plusieurs évolutions quant aux
fonctions qu’il recouvre et quant aux domaines d’application.
A - La naissance du marketing
6. L’orientation client est une logique de besoin ou de demande par opposition à une
logique de production (figure 1.1). Différentes conceptions de l ’entreprise se sont, en
effet, succédé au cours du temps (Chirouze, 2003).
Figure 1.1 : Les différentes conceptions de l’entreprise au cours du temps
(d’après Chirouze, 2003)
7. Le marketing aurait vu le jour après la crise de 1929, mais il est fort probable qu’au-
paravant des entreprises faisaient du marketing sans le savoir. Le rôle du marketing
dans la gestion des entreprises s’est accru au fil du temps. Pendant longtemps, le
marketing se confond avec la vente. Jusqu’à la fin du XIXe siècle les activités de vente
étaient considérées comme accessoires car la grande question pour les entreprises
était de produire et non de vendre. Le problème de débouchés et les moyens de
production de masse n’existaient pas encore. Les biens fabriqués étaient de première
nécessité. Le marketing n’était pas complètement absent, mais il était considéré
CHAPITRE 1 – Introduction au marketing 21
prenantes de l’entreprise parmi lesquelles les salariés considérés comme les clients de
la politique de GRH, les donateurs, les citoyens, les fidèles, etc.
12. Les évolutions du marketing conduisent à revoir sa définition. Ainsi, Lendrevie et
Lindon (2000) proposent-ils une définition de portée plus générale : « Le marketing
est l’ensemble des méthodes et des moyens dont dispose une organisation
pour promouvoir, dans les publics auxquels elle s’intéresse, des comportements
favorables à la réalisation de ses propres objectifs. »
13. Alors que les définitions classiques du marketing mettent l’accent sur la connais-
sance du marché et la satisfaction du consommateur (Helfer et Orsoni, 1998), la défi-
nition proposée par Lendrevie et Lindon ne fait preuve d’aucune ambiguïté quant à la
finalité du marketing. Il est considéré comme un moyen de servir les objectifs de
l’organisation en incitant les publics auxquels elle s’adresse à adopter un comporte-
ment qui lui est favorable.
14. Le terme « marketing » est parfois assorti, dans l’esprit du public, d’une « connota-
tion négative reflétant l’idée d’une manipulation des esprits, d’une tromperie, d’une
influence déguisée et clandestine... » (Chirouze, 2003). Certes, certaines dérives du
marketing sont condamnables parce qu’elles se traduisent par des pratiques
agressives, intrusives ou sournoises, lorsque l’annonceur cherche à dissimuler son
identité, trompeuses, lorsqu’elles s’apparentent à du greenwashing. Cependant, le
consommateur est de plus en plus aguerri et rodé aux techniques du marketing, y
compris lorsqu’elles relèvent de l’undercover marketing. Cette forme de marketing
furtif regroupe l’ensemble des techniques utilisées par un annonceur pour approcher
le consommateur dans son environnement, sans qu’il ait conscience d’une démarche
commerciale ou marketing. Pour éviter ces écueils, le marketing se doit aujourd ’hui
d’être durable. « Le marketing durable se définit comme une démarche proactive et
un processus (alliant des outils, des indicateurs, des objectifs et des moyens) qui crée
de la valeur de manière combinée et systématique, à trois niveaux : valeur pour
l’entreprise, valeur pour le consommateur et valeur « étendue » (valeur
environnementale et sociale) » (Dekhili et al., 2022).
BIBLIOGRAPHIE
La connaissance
du marché
et des
consommateurs
Chapitre 2 Le marché et ses acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Chapitre 3 Le comportement du consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Chapitre 4 L’étude de marché. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Le jeu combiné de l’ensemble de ces variables exerce une influence sur le processus
d’achat. L’étude du comportement du consommateur sera abordée dans le Chapitre 3.
17. Connaître le profil ou le processus d’achat des personnes qui consomment les
produits ou services offerts par l’entreprise suppose la réalisation d’études de marché.
Ces études se déroulent selon une démarche rigoureuse. Elles peuvent s’appuyer sur
des méthodes qualitatives ou quantitatives ; les données peuvent être collectées lors
d’enquêtes, d’expérimentation ou par l’observation directe des consommateurs. Les
différentes techniques de l’étude de marché seront présentées dans le Chapitre 4.
CHAPITRE 2
Le marché et ses acteurs
18. Selon les économistes, le marché est un lieu formel ou virtuel sur lequel sont
échangés des biens et des services de nature diverse. Le marketing ne se satisfait pas
d’une telle conception. Le marché ne peut être défini indépendamment des acteurs
susceptibles d’y intervenir. Ceux-ci sont nombreux et peu homogènes (concurrents,
distributeurs, consommateurs, etc.). Le concept d’homo economicus, un être rationnel,
exclut de nombreux facteurs individuels comme la confiance en soi, l’aversion au
risque, etc., et reflète peu le comportement du consommateur.
19. En marketing, le mot marché est utilisé avec deux sens différents mais complémen-
taires. Dans une acception étroite, le terme « marché » est utilisé pour décrire les
ventes d’un produit ou d’un service. Le sens élargi fait référence à l’ensemble des
acteurs intervenant sur le marché. L’état d’esprit du marketing reposant sur la satisfac-
tion du client, il est indispensable, pour l’entreprise, de bien connaître son marché que
ce soit au sens large ou dans une acception plus étroite.
21. Une question primordiale est celle de la délimitation du marché : marché géné-
rique, marché principal, segment, marché substitut et marché complémentaire. Si l’on
prend l’exemple d’un fabricant de colas, les différents niveaux de marché peuvent
s’illustrer comme suit (tableau 2.1).
Tableau 2.1 : Les différents niveaux du marché au sens étroit
Définition Exemple
Marché Produits différents satisfaisant un même Boissons rafraîchissantes sans alcool
générique besoin (BRSA)
Marché Produits semblables et directement Sodas (boissons gazeuses sucrées)
principal concurrents
Découpage du marché principal en Colas
Segments
groupes homogènes de produits Boissons gazeuses aux arômes de fruits
Produits de nature différente à ceux du Potentiellement, toutes les autres boissons :
Marché
marché principal mais qui procurent des jus de fruit, sirop, eau plate, gazeuse, nature
substitut
satisfactions équivalentes ou aromatisée...
22. Pour certains produits, un élément de marché supplémentaire doit être pris en
considération. Il s’agit du marché complémentaire, c’est-à-dire un produit qu’il est
nécessaire de consommer avec le produit principal. Par exemple, le marché des jeux
vidéo et des consoles de jeux, le marché des lames de rasoir et des rasoirs, celui des
cartouches d’encre et des imprimantes.
23. La délimitation du marché dépend de la perspective dans laquelle se situe l ’ana-
lyste. D’un point de vue stratégique, le marché doit être défini de façon relativement
large. Il s’apparente au domaine d’activité stratégique (DAS). D’un point de vue
tactique, par exemple pour analyser l’efficacité du marketing opérationnel (campagne
de publicité ou promotionnelle), le marché doit être défini de façon plus restrictive. Il
s’apparente au marché principal défini dans le tableau 2.1.
A - Le marché pertinent
24. Le marché pertinent d’une entreprise peut être défini comme l’ensemble des
produits, services ou comportements avec lesquels elle est en concurrence et contre
lesquels elle peut espérer, par son action propre, lutter avec une certaine efficacité
(Lindon et Jallat, 2002). Le marché pertinent est simple à déterminer pour certains
produits (le sel, par exemple). Pour d’autres produits, notamment ceux pouvant être
rattachés à deux catégories différentes, comme le yaourt à boire qui peut être posi-
tionné comme un produit laitier ou comme une boisson rafraîchissante sans alcool,
définir le marché pertinent peut s’avérer une tâche plus complexe.
25. La détermination du marché pertinent d’un produit donné nécessite de considérer
les produits directement concurrents et ceux susceptibles de s’y substituer parce qu’ils
répondent au même besoin. Par exemple, pour un trajet Bordeaux-Paris, le train est en
concurrence avec l’avion, le car et le covoiturage. La visioconférence peut aussi se
substituer à un déplacement physique.
CHAPITRE 2 – Le marché et ses acteurs 27
B - La taille du marché
26. Il est indispensable de mesurer un marché en volume et en valeur, l’évolution des
deux étant parfois très différente. L’évolution du marché de l’informatique grand
public est longtemps restée faible en valeur, en raison de la baisse continue du prix
de vente, et forte en volume, du fait de la demande croissante des ménages pour ce
type de produit.
Source : https://www.lsa-conso.fr/les-glaces-ont-flambe-en-2018,312436
Marché actuel
Taux de pénétration = x 100
Marché potentiel
Parc des biens en état de marche
Taux d’équipement = x 100
Population totale en nombre d’unités de consommation
Achats de renouvellement
Taux de renouvellement = x 100
Achats totaux
——
1. CREDOC, Baromètre du numérique, 2022, https://www.credoc.fr/publications/barometre-du-nume-
rique-edition-2023-rapport
30 MÉMENTOS – LE MARKETING
C - Le segment de marché
37. Un marché global peut être analysé en sous-ensembles homogènes ou segments.
Le terme de segment est utilisé ici pour répartir les produits en catégories homogènes.
Cette segmentation permet d’analyser la structure des ventes. En marketing, le terme
de segment correspond habituellement à un ensemble homogène de consommateurs
(cf. Chapitre 5).
D - La structure du marché
38. La part de marché (PDM) est un indicateur de la structure du marché qui peut être
calculé pour l’entreprise, pour une marque ou un produit donné. Les informations
servant de base à son calcul peuvent avoir de multiples sources : la facturation, les
ventes aux distributeurs et les achats par le consommateur.
39. La part de marché est le rapport des ventes de l’entreprise sur les ventes totales
du secteur pendant la période de référence. Elle peut s’exprimer en unités de volumes
ou en valeur. La PDM en volume correspond au nombre d’unités vendues par l’entre-
prise sur l’ensemble des unités vendues par le secteur. La PDM en valeur correspond
au rapport entre le chiffre d’affaires (CA) de l’entreprise et le CA de l’ensemble du
secteur. L’évaluation en valeur subit à la fois la modification du volume des ventes et
des prix. C’est un indicateur objectif car il est assez simple de trouver des informations
concernant les ventes globales d’un secteur (INSEE, syndicats professionnels, douanes
pour les importations...). Dans l’exemple des PC présenté en début de ce chapitre, la
PDM en volume du leader, Lenovo, en 2022 est de 23,3 %. Ce pourcentage corres-
pond au rapport des ventes d’ordinateurs Lenovo (68 millions d’unités) sur les ventes
totales d’ordinateurs (292,3 millions d’unités), multiplié par 100.
40. La part de marché relative (PDMR) est le rapport de la PDM de l’entreprise sur la
PDM de son principal concurrent. Elle peut être calculée à partir des parts de marché
en valeur et/ou en volume. Elle donne une indication de la distance entre une marque
et le leader et exprime la puissance du leadership de l’entreprise. Si la PDMR est infé-
rieure à 1, l’entreprise considérée n’est pas leader sur son marché. Si la PDMR est
supérieure à 1, l’entreprise occupe une position de leader. Cependant une PDMR de
1,1 traduit un faible leadership. Le calcul de la PDMR a du sens lorsque :
– le marché est concentré ;
– les concurrents sont peu nombreux et facilement identifiables ;
– quelques marques se partagent le marché, comme c’est le cas pour les médica-
ments contre la douleur et la fièvre, dominés en France par Doliprane et Efferalgan.
41. Cet indicateur n’est pas adapté à un marché atomisé comportant de nombreuses
marques et de faibles PDM, comme ce serait le cas pour le marché du parfum, par
exemple.
CHAPITRE 2 – Le marché et ses acteurs 31
42. Le marché des PC se prête bien au calcul de la PDMR en volume des différents
fabricants. Par exemple, en 2022, la PDMR de Lenovo, le numéro 1, est de 1,23, soit
le rapport de la PDM de Lenovo (23,3 %) sur la PDM de HP (18,9 %).
A - Les acheteurs
44. Selon que l’entreprise commercialise des biens de grande consommation ou des
biens destinés à d’autres entreprises, ses clients ne seront pas de même nature.
45. Dans les relations Business to Consumer (BtoC), l’entreprise s’adresse au consom-
mateur final. De tous les publics de l’entreprise, le consommateur est celui qui exerce
l’influence la plus directe sur les ventes d’un produit (consommateurs, usagers actuels
et potentiels). L’acte d’achat s’inscrit dans un processus où différentes personnes sont
susceptibles d’intervenir : leaders d’opinion, membres de la famille, prescripteurs...
(cf. Chapitre 3).
46. En marketing industriel ou Business to Business (BtoB), l’acte d’achat émane d’une
organisation. Les acheteurs sont fréquemment distincts des utilisateurs. Par exemple,
l’acquisition d’un ordinateur fera intervenir la direction des achats, la direction infor-
matique, le chef de service de l’utilisateur... Les intervenants dans le processus
d’achat peuvent, là aussi, être multiples.
32 MÉMENTOS – LE MARKETING
B - Les offreurs
47. Il s’agit des organisations offrant un produit ou un service équivalent à celui de
l’entreprise. Les structures de marché identifiées par les économistes sont le monopole,
l’oligopole et la concurrence. La connaissance du marché au sens élargi suppose
d’identifier l’offre concurrente. La structure de l’offre détermine l’intensité concurren-
tielle qui s’exerce sur le marché et celle-ci n’est pas sans incidence sur la stratégie
marketing suivie par les principaux acteurs.
C - Les distributeurs
48. Le rôle des distributeurs, au sein d’une filière, a tendance à devenir prépondérant.
En ce qui concerne les produits de grande consommation (PGC), le rapport de force
est souvent favorable aux groupes de distribution, bien que la crise actuelle souligne
le pouvoir de négociation des groupes de l’industrie agroalimentaire. La distribution
est très concentrée en France, que ce soit pour les grandes surfaces alimentaires
(GSA) ou pour les grandes surfaces spécialisées (GSS). En période d’inflation élevée,
les négociations, notamment sur les prix, sont rudes entre distributeurs et fournisseurs.
Le fabricant de PGC doit s’intéresser autant au distributeur qu’au consommateur final,
notamment lorsqu’il élabore sa stratégie marketing. Le trade-marketing « regroupe
l’ensemble des actions marketing menées ou financées par un fabricant fournisseur
en collaboration ou partenariat avec les distributeurs en ayant l’objectif affiché de
mieux répondre aux besoins du consommateur »2 .
——
2. https://www.definitions-marketing.com/definition/trade-marketing/
CHAPITRE 2 – Le marché et ses acteurs 33
s’appréhende d’un point de vue quantitatif, à travers la prévision des ventes, mais
également d’un point de vue qualitatif. L’entreprise dispose d’un éventail de méthodes
de prévisions (tableau 2.3).
Tableau 2.3 : Les méthodes de prévision
Elles donnent une large part à la subjectivité et à l’intuition. Elles émanent d’experts, du
fait de leur connaissance pointue d’un marché, ou bien des vendeurs, en raison de leur
contact permanent et direct avec le consommateur final.
Les experts peuvent être des :
– journalistes spécialisés ;
Méthodes – acheteurs de centrales d’achat ;
qualitatives – chefs de rayon ;
– consultants ;
– syndicats professionnels ;
– chargés d’études...
Les méthodes qualitatives traditionnelles peuvent être utilisées : entretiens individuels ou
de groupe, questionnaires.
Elles reposent sur l’hypothèse que les ventes d’un produit donné connaîtront la même
évolution que celles d’un autre produit. Ce raisonnement peut être utilisé mais avec
Méthodes
prudence, pour des marchés économiquement et socio-culturellement proches ou pour
analogiques
des produits complémentaires ou similaires. Par exemple, les prévisions de ventes de
mémoires DRAM peuvent être alignées sur les prévisions de ventes des ordinateurs.
Les méthodes d’extrapolation s’inspirent des tendances passées pour déterminer les
évolutions futures du marché. La principale limite de ce type de prévision c’est qu’il
Méthodes n’y a aucune garantie que le marché reste stable. La pandémie et la guerre en
statistiques de Ukraine ont montré les limites de ces méthodes de prévision.
prévision Les modèles économétriques cherchent à mettre en évidence les facteurs explicatifs
des ventes passées. Des modèles mathématiques intégrant ces variables sont
élaborés afin de faire des prévisions pour l’avenir.
Ils permettent de prévoir les réponses probables du marché à différentes actions
Les modèles de
initiées par l’entreprise. Ces méthodes de prévision sont plus fiables et reposent sur
simulation
des modèles mathématiques et probabilistes.
Contrairement à la simulation qui reste théorique, les méthodes expérimentales
consistent à manipuler effectivement des facteurs (le prix, la pression publicitaire ou
promotionnelle) et à observer les effets sur les ventes.
De telles méthodes peuvent être utilisées à grande échelle grâce aux données de
Les méthodes
scanner, collectées lors des passages en caisse, ou de panels.
expérimentales
Ces méthodes ne relèvent plus vraiment de la prévision. La fiabilité dépendra de l’aptitude
à contrôler l’ensemble des facteurs environnementaux susceptibles d’influencer le
consommateur, comme la publicité et les promotions concernant les marques
concurrentes.
BIBLIOGRAPHIE
JOLIBERT (A.), « Part de marché », in Simon Y. et Joffre P., Encyclopédie de gestion, 2e éd.,
1997, Economica, pp. 2173-2181.
LINDON (D.) et JALLAT (F.), Le Marketing, 4e éd., 2002, Dunod.
CHAPITRE 3
Le comportement
du consommateur
10 euros comme étant trop cher alors qu’un autre individu le considérera comme un
prix normal. Deux autres mécanismes sont au cœur du comportement de consomma-
tion : la mémorisation et la formation des attitudes.
A - La perception
59. La perception est le processus par lequel un individu prend conscience de son envi-
ronnement et interprète les informations qui en émanent. La perception remplit une
double fonction. La première est la sélection des informations parmi l’ensemble des
stimuli auxquels le consommateur est confronté. La seconde, la catégorisation, est
l’organisation des informations par recoupement avec les connaissances déjà acquises.
60. La perception est influencée par certaines caractéristiques individuelles du consom-
mateur. Filser (1994) en dénombre trois : l’attention, la compréhension et le style
cognitif. L’attention est influencée par l’intérêt de l’individu pour le produit ou le
service et par des processus psychologiques. Un individu porte plus d’attention à un
stimulus conforme à ses convictions. Par exemple, le message de mise en garde
« Fumer tue » sur les paquets de cigarettes n’entraîne pas une attention très grande
chez le fumeur alors qu’elle fera réagir les non-fumeurs. La compréhension est
influencée par la connaissance objective (ce que le consommateur sait effectivement
du produit) et par la connaissance subjective (ce qu’il pense connaître du produit).
Quant au style cognitif, il fait référence à la manière de rechercher et de traiter
l’information. Les consommateurs diffèrent dans leur manière de traiter l’information
et dans les moyens qu’ils utilisent pour régler et contrôler les informations provenant
de leur environnement. Le style cognitif d’un individu est considéré comme une prédis-
position permanente qui se retrouve dans différentes situations de choix.
B - La mémorisation
61. Le processus de mémorisation sert de support au stockage et à l’utilisation de
l’information reçue par le consommateur. Le fonctionnement de la mémoire est carac-
térisé par deux phases : l’acquisition et l’actualisation. L ’acquisition permet de
conserver l’information perçue. L’actualisation permet de réutiliser ultérieurement
l’information stockée en mémoire.
62. La mémorisation influence le comportement du consommateur à travers différents
mécanismes tels que la reconnaissance et le rappel. Par exemple, la reconnaissance
permet d’identifier, sur un linéaire de supermarché, une marque dont le nom est
mémorisé alors que le rappel permet au consommateur de se souvenir d’une marque
qu’il a eu envie d’acheter suite à une publicité, alors qu’il n’est pas encore devant un
linéaire.
C - Les attitudes
63. Les attitudes traduisent l’évaluation par l’individu de tout ce qui l’entoure et de lui-
même : la société, les produits, les marques, les personnes, sa propre personnalité...
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 37
Les attitudes sont des tendances à évaluer une entité avec un certain degré de faveur
ou de défaveur habituellement exprimé dans des réponses affectives, cognitives et
comportementales. Filser (1994, p. 83) définit l’attitude comme une « orientation posi-
tive ou négative du consommateur à l’égard d’un produit ou d’une marque ».
a) Les croyances
65. Ce sont les informations relatives à un produit ou à une marque que l’individu a
mémorisées. Il peut les utiliser lorsqu’il recherche une solution à un besoin ressenti.
Certaines de ces connaissances sont informatives comme les attributs tangibles du
produit (sa taille, sa couleur) alors que d’autres sont évaluatives et font référence aux
bénéfices procurés par le produit (le prestige associé à une marque, par exemple). La
mesure des croyances se fait en identifiant le degré d’association d’un produit ou
d’une marque à chacun des attributs retenus par le consommateur pour l’évaluer.
Cela suppose une identification préalable de ces attributs.
b) La composante affective
66. Elle regroupe l’ensemble des sentiments et émotions ressenties par le consomma-
teur à l’égard d’un objet (une marque, par exemple). Elle se traduit par une évaluation
globale dont l’orientation sera positive ou négative. Elle est unidimensionnelle, contrai-
rement aux croyances. La mesure de la composante affective peut être opérée par des
mesures ordinales de préférence ou par des échelles d’intervalles (cf. Chapitre 4).
c) La composante conative
67. Cette dimension fait référence à l’intention du consommateur d’acheter ou de
rejeter un produit ou une marque. L’intention et/ou la probabilité d’achat d’un
produit ou d’une marque peuvent se mesurer à l’aide d’échelles d’intervalles. Les
données collectées lors des passages en caisse permettent d’aller au-delà de la simple
intention d’achat et de mesurer un comportement effectif.
69. Ajzen et Fischbein (1977) proposent une théorie permettant d’expliquer la relation
entre attitudes et comportements. Il s’agit de la théorie de l ’action raisonnée (TAR).
Dans ce modèle, les croyances déterminent l’attitude – sentiment positif ou négatif à
l’égard du comportement – qui elle-même détermine, conjointement avec les normes
subjectives, l’intention de comportement, puis le comportement. La relation entre atti-
tude et comportement n’est pas directe ; l’intention de comportement joue le rôle de
variable médiatrice. Les normes subjectives renvoient à ce que les autres vont penser
du comportement.
A - L’influence de l’environnement
72. L’environnement socio-culturel exerce une influence sur le comportement de l’indi-
vidu à travers son mode de vie et sa personnalité. Ces facteurs environnementaux sont
plus ou moins proches du consommateur (la culture à laquelle il appartient, sa famille,
ses amis...).
a) La culture
74. « La culture désigne l’ensemble des normes, croyances et habitudes qui sont
apprises à partir de l’environnement social et qui déterminent des modes de compor-
tement communs à tous les individus » (Assael, 1987). L’apprentissage de la culture
s’opère par socialisation – principalement durant l’enfance – par le biais d’institutions
telles que la famille, le système éducatif, la religion, les médias... La socialisation peut
se définir comme un ensemble de mécanismes de conditionnement instrumental et
d’apprentissage cognitif. L’acculturation est un autre mode d’acquisition d’une
culture : c’est l ’adoption des normes d’une autre culture par des adultes émigrés.
Pour ces derniers, l’apprentissage des normes de consommation serait rapide par
rapport à l’apprentissage des normes culturelles (Hair et Anderson, 1972).
75. Une analogie avec un iceberg est parfois utilisée pour représenter les composantes
de la culture (figure 3.1). La partie visible comprend le langage, le comportement et les
institutions. La partie immergée est composée des états mentaux, des opérations
cognitives, des mythes, des croyances et des représentations. Entre les deux, se trou-
vent les normes et les valeurs.
76. Les facteurs culturels exercent de nombreuses influences sur les comportements. À
travers le langage, c’est le mode de communication, de stockage et de récupération de
l’information qui subit l’influence de la culture. De plus, la perception du temps, de
40 MÉMENTOS – LE MARKETING
l’espace, des couleurs ou des gestes est également influencée par la culture. Les
ethnologues, parmi lesquels Edward T. Hall, ont mis en évidence de tels mécanismes.
La culture agit comme un filtre au travers duquel l’individu perçoit les phénomènes qui
l’entourent.
77. En outre, la culture guide l’activité humaine. Elle se traduit par des processus de
décision, d’acquisition d’information et des modes de consommation différents, mais
le lien entre culture et comportement d’achat n’est pas toujours direct. L’influence de
la culture sur la consommation peut intervenir au niveau des objectifs poursuivis par
les individus, en fonction des valeurs qui caractérisent cette culture. Un tel effet pour-
rait expliquer une plus forte sensibilité aux questions environnementales, dans les
cultures des pays de l’Europe du Nord, se traduisant au niveau de la consommation,
par une préférence pour les produits respectueux de l’environnement. La culture peut
également jouer un rôle modérateur. Par exemple, la prise de décision dans un
contexte familial est influencée par les normes culturelles. La culture a un effet sur la
répartition des rôles entre l’homme et la femme. Cette répartition influence ensuite le
comportement de consommation.
Figure 3.1 : L’analogie de l’iceberg
78. Il existe, au sein d’une même culture, des sous-cultures. Ce sont des segments de
population qui présentent des valeurs et des normes différentes de celle de la culture
dominante et qui peuvent correspondre à des ethnies, des religions, des zones géogra-
phiques, des classes d’âge, etc.
b) Les valeurs
79. L’influence de la culture sur le comportement est liée au système de valeurs des
individus. Le système de valeurs est composé de valeurs sociales et de valeurs indivi-
duelles. « Une valeur est une conviction stable, chez l’individu, qu’un mode de
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 41
84. Sur un plan méthodologique, les styles de vie sont déterminés à partir d’inventaires
qualifiés d’inventaires AIO (pour activités, intérêts et opinions). Cette approche des
styles de vie par les AIO suppose l’utilisation de questionnaires composés de plusieurs
centaines d’items (c’est-à-dire de questions) dont l’objectif est de mesurer les activités,
les centres d’intérêt et les opinions des individus. À partir de ces informations, des
analyses typologiques permettent d’identifier plusieurs segments de consommateurs.
85. En France, le Centre de Communication Avancée (CCA) et la Cofremca ont déve-
loppé, dans les années 1970, des méthodes d’analyse s’inspirant des styles de vie. La
démarche la plus connue est celle du CCA qui regroupe les Français et les Européens
par mentalités et socio-styles autour de deux dimensions bipolaires : plaisir-rigueur et
ordre-mouvement.
86. Les styles de vie ont été présentés comme une variable complétant ou se substi-
tuant aux critères de segmentation sociodémographiques, mais leur pouvoir prédictif
s’est avéré faible voire inférieur à celui des variables sociodémographiques, à l’excep-
tion de certains produits complexes, comme le vin ou l’automobile. Les styles de vie
sont, en revanche, fréquemment utilisés en communication, pour la conception des
messages publicitaires et le choix des médias et supports. Outre leur faible pouvoir
prédictif, une autre limite est parfois soulignée. Elle tient au fait que les sociétés
d’étude qui ont recours à cette approche restent assez évasives sur les méthodes
mises en œuvre.
a) La famille
88. La notion de famille a beaucoup évolué et renvoie aujourd’hui à des situations
aussi disparates que la famille nucléaire (père, mère et enfants vivant sous le même
toit), la famille étendue, la famille monoparentale et la famille reconstituée. Quelles
que soient la composition et la taille de la famille, les membres qui la composent inter-
fèrent largement dans les décisions d’achat de certains biens qui relèvent d’une
consommation collective (choix de la destination pour les vacances, choix d’une
nouvelle voiture...).
89. La répartition des rôles entre les hommes et les femmes a fait l’objet de
nombreuses recherches. La spécialisation des rôles est largement influencée par la
culture. Le sociologue Wolfe (1959) montrait que pour certaines décisions, l’homme
domine, pour d’autres c’est la femme. Il existe également des décisions prises de
façon autonome et à l’opposé des décisions prises en commun, à l’issue d’un
échange important d’informations, pour arriver à un consensus. C’est par exemple le
cas pour l’achat du logement : au sein des couples français, la décision est prise à deux
dans 48 % des cas1. L’arrivée d’un enfant se traduit par une plus grande spécialisation
——
1. Étude du CREDOC publiée par la Caisse d’allocations familiales (« Comment se prennent les décisions
au sein des couples ? », Politiques Sociales et Familiales, mars 2015, nº 119, pp. 72-79).
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 43
——
2. CREDOC pour la CAF, mars 2015.
44 MÉMENTOS – LE MARKETING
de loi visant à réglementer cette pratique sujette à des abus – les influenceurs ne sont
pas toujours transparents sur les partenariats qu’ils peuvent conclure avec les marques
– est en cours d’élaboration. Le texte, examiné et voté à l’Assemblée nationale et au
Sénat début 2023, propose une définition juridique. Il s’agit des personnes « qui à titre
onéreux » communiquent en ligne des contenus faisant la promotion « directement ou
indirectement de biens, de services ou d’une cause quelconque ». Un contrat écrit
devra être établi. Les influenceurs mineurs sont protégés et certaines activités sont
exclues3 .
96. Le groupe est également un support propice à la propagation de rumeurs. La
rumeur est la diffusion à grande échelle, sous forme de BAO, d’informations négatives
ou positives sur une marque ou une entreprise. Le développement d’Internet s’est
accompagné d’une recrue d’essence des rumeurs qui se propagent par le biais des
réseaux sociaux et des plateformes qui reposent sur un système de notation. Ainsi, en
décembre 2017 un restaurant fictif a-t-il été sacré meilleure table de Londres sur
TripAdvisor. Les avis de consommateurs peuvent être considérés comme une influence
sociale. Or, selon la DGCCRF, en 2017, 35 % des avis que l’on trouve sur les sites d’e-
commerce sont de faux avis. La DGCCRF souligne le réalisme des faux avis, ce qui rend
difficile leur repérage par les consommateurs. La France s’est dotée d’une loi qui
renforce les obligations des sites Internet. Le décret d’application de la loi votée en
octobre 2016, est entré en vigueur le 1er janvier 2018. Une première condamnation a
été prononcée en octobre 2021.
97. Il existe une nuance entre rumeur et canular (ou hoax, en anglais). La rumeur est
une information qui peut être fausse, vraie ou se situer entre les deux, alors que le
canular est faux. La confusion est d’autant plus grande que ce type de communication
est parfois utilisé délibérément par les entreprises afin de créer une rumeur positive à
propos de leurs propres produits ou marques ou des rumeurs négatives à l’encontre de
leurs concurrents. Ces pratiques relèvent soit du buzz marketing (ou marketing viral),
soit du guérilla marketing, lorsque l’objectif est de nuire à un concurrent.
——
3. https://www.vie-publique.fr/loi/288793-regulation-des-influenceurs-proposition-de-loi-delaporte-vojetta
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 47
a) L’âge
102. La pyramide des âges est fréquemment utilisée en marketing. Certaines classes
d’âges font ainsi l’objet de nombreuses attentions. Par exemple, les enfants et les
adolescents représentent un pouvoir d’achat important. De plus, les valeurs et les
modes de vie de ce groupe exerceront une influence à long terme sur la consomma-
tion. Les seniors constituent également un segment important du fait de leur part
croissante dans la population, de leur pouvoir d’achat et du temps dont ils disposent
48 MÉMENTOS – LE MARKETING
b) Le niveau de formation
105. Le niveau d’instruction détermine, en partie, la capacité cognitive de l’individu. Il
influence, par ce biais, le processus de décision et en particulier les étapes de
recherche d’information et d’évaluation des alternatives. Plus l’individu est instruit,
plus il a tendance à rechercher de nouvelles informations.
c) La pression temporelle
106. Chaque individu répartit le temps dont il dispose entre le temps alloué au travail
(temps rémunéré), le temps consacré aux besoins primaires comme se nourrir, dormir
(temps contraint) et le temps destiné aux loisirs (temps discrétionnaire). L’exercice
d’une activité professionnelle a pour conséquence de réduire le temps disponible. Il
instaure une pression temporelle qui, à son tour, influence le comportement du
consommateur. À titre d’exemple, une pression temporelle forte se traduit par des
changements de marques et des achats non planifiés plus fréquents ; un consomma-
teur pressé fréquente moins de magasins ; plus le temps consacré au travail est long,
plus le temps passé dans les magasins est court. Le niveau de la pression temporelle
explique, peut-être, que le consommateur français redécouvre les bienfaits des
——
4. Source : http://www.credoc.fr/pdf/4p/229.pdf
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 49
d) Le sexe et le genre
108. Il semble que l’utilisation du terme « genre » dans les recherches ou études en
marketing remplace de plus en plus celui de « sexe », jugé politiquement incorrect
notamment par les Anglo-Saxons. La nuance entre les deux concepts n’est pas
dénuée d’intérêt d’un point de vue marketing. Alors que le concept de sexe relève du
physiologique et du biologique, le genre intègre une dimension socio-culturelle. Le
genre est le fait ou la condition d’être un individu féminin ou masculin, particulière-
ment dans l’optique de comprendre comment le genre influe ou détermine l’image
de soi, le statut social, les buts, etc. La notion de genre fait référence aux traits de
masculinité et de féminité, au-delà des différences de sexe. Un individu masculin peut
présenter des traits de féminité et vice versa. Sans sombrer dans les stéréotypes
primaires, les valeurs associées au genre féminin et masculin diffèrent sensiblement
au sein d’une même culture, mais aussi d’une culture à l’autre. Hofstede considère,
par exemple, que l’appât du gain et la réussite sociale sont des valeurs typiquement
masculines alors que la recherche de lien social est une valeur plutôt féminine
(Bollinger et Hofstede, 1987).
109. Ces différences de valeurs se traduisent-elles par des comportements de consom-
mation différenciés ? De nombreuses études empiriques se sont intéressées à
l’influence du genre sur le comportement de consommation. Il ressort de ces études
que les femmes s’engagent dans un processus de traitement plus détaillé de l’informa-
tion. Les hommes sont plus autocentrés et plus sensibles aux informations qui leur sont
directement destinées alors que les femmes sont plus ouvertes aux informations desti-
nées aux deux sexes. Hommes et femmes ne prennent pas en considération les mêmes
attributs du produit. Les bénéfices fonctionnels intéressent davantage les hommes
alors que les femmes accordent de l’importance aux aspects sociaux.
pertinentes dans les études de segmentation, mais leur pouvoir prédictif a tendance à
s’amenuiser.
a) Le revenu et le patrimoine
111. Le revenu a été une des premières variables utilisées pour prédire le comporte-
ment du consommateur. Aujourd’hui, il perd de son pouvoir prédictif car de nombreux
biens se sont démocratisés du fait du développement du crédit (crédit immobilier,
crédit à la consommation...). Des études ont démontré que le revenu expliquait faible-
ment certains types de consommation (produits alimentaires et biens d’équipement,
par exemple). Il reste pertinent pour expliquer la consommation de produits haut de
gamme et de prestige (parfum, épicerie fine, restaurant...). L’inflation actuelle
redonne de l’intérêt à cette variable. Selon l’IRI, les ventes de produits bio ont baissé
de 7,6 % en volume entre janvier et août 2022 (– 2,4 % pour les produits non bios) 5.
Le prix du bio pourrait expliquer le retournement de tendance.
b) La classe sociale
112. Le concept de classe sociale désigne la position d’un individu ou d’un ménage sur
une échelle définie à partir de critères tels que la profession, le revenu et le niveau
d’éducation (Assael, 1987). Outre les critères sociodémographiques qui les définissent,
les classes sociales résultent de normes culturelles. Elles sont hiérarchisées et leur posi-
tion relative s’appréhende selon leur prestige plutôt que selon leur pouvoir d’achat
(Filser, 1994, p. 170). Une classe sociale se distingue par un ensemble de valeurs parta-
gées qui devraient se traduire par des comportements homogènes, notamment en
matière de consommation. Ceci peut se vérifier pour la consommation de biens qui
revêtent un fort contenu symbolique. Le principal domaine d’application en marketing
est celui de la segmentation. Si, autrefois, la classe sociale présentait un pouvoir de
segmentation supérieur aux données sociodémographiques, aujourd’hui, excepté
pour des produits très élitistes, il n’existe plus véritablement de consommation de
classe.
113. Les méthodes développées pour déterminer la classe sociale de l’individu s’appa-
rentent à des méthodes objectives ou subjectives. Les premières reposent sur l’agréga-
tion d’indicateurs. L’indice de Warner et al. (1960) est le plus connu. Il est composé de
quatre variables : profession, sources de revenus, type de logement et zone de rési-
dence. Les méthodes subjectives sont plus qualitatives et reposent sur les déclarations
des individus, avec le biais que cela représente.
——
5. https://www.iriworldwide.com/IRI/media/IRI-Clients/International/fr/IRI-Le-bio-en-grandes-surfaces-
alimentaires_sept-22.pdf
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 51
116. Lorsqu’un individu ressent un écart entre la situation dans laquelle il se trouve et
une situation qu’il perçoit comme idéale, il éprouve une sensation de manque qui peut
potentiellement créer un besoin. Ce besoin ressenti motive l’individu à agir. La motiva-
tion est une force psychique qui pousse le consommateur à agir pour réduire un état
de tension. « Les motivations sont l’ensemble des déterminants irrationnels des
conduites humaines [...] : les désirs, les besoins, les émotions, les sentiments, les
passions, les intérêts, les croyances, les valeurs vécues, les fantasmes et les représenta-
tions imaginaires, les complexes personnels, les conditionnements et les habitudes, les
attitudes profondes, les opinions et les aspirations » (Muchielli, 1992).
117. D’un point de vue marketing, les motivations constituent des forces positives
pouvant inciter à l’achat contrairement aux freins qui sont des motivations négatives.
La démarche privilégiée dans les études de motivation est exploratoire et s’appuie sur
des méthodes qualitatives (entretien individuel, de groupe, tests projectifs,
cf. Chapitre 4) car l’objectif est d’identifier à la fois les forces positives et négatives, ce
qui est moins aisé avec un questionnaire fermé.
52 MÉMENTOS – LE MARKETING
b) La personnalité
118. Selon Allport (1937, p. 48) : « La personnalité est l’organisation dynamique au
sein du système psychologique individuel qui détermine une adaptation unique à son
environnement. » Elle est composée de traits. Un trait est un aspect durable de la
personnalité individuelle qui exerce une influence sur le comportement. Les traits de
personnalité sont regroupés autour de facteurs. Le modèle des facteurs principaux
(ou Big Five) occupe actuellement la position de modèle de référence. Il trouve son
origine dans les travaux fondés sur l’approche psycho-lexicale selon laquelle la plupart
des caractéristiques saillantes et pertinentes de la personnalité sont encodées dans le
langage naturel, sous la forme de mots. Les cinq dimensions de ce modèle sont l’extra-
version, le caractère agréable, le caractère consciencieux, le névrosisme (ou instabilité
émotionnelle) et l’ouverture aux expériences (tableau 3.1).
Tableau 3.1 : Définition des cinq dimensions du modèle de personnalité
en cinq facteurs
Définitions
Facteurs
(d’après Cloninger, 1999 et Rolland, 2001)
L’extraversion renvoie à la quantité et à l’intensité des relations avec
Extraversion vs l’environnement. Elle concerne la tendance à rechercher le contact avec
introversion l’environnement avec énergie, entrain, enthousiasme et confiance et à vivre ces
expériences de manière positive.
Facteur « E » Ce facteur décrit des sujets que leurs pairs désignent comme sociables, aimant
s’amuser, affectueux, amicaux.
L’agréabilité concerne la nature des relations avec autrui. Elle se différencie de
l’extraversion dans la mesure où l’extraversion concerne plus l’individu lui-même
tandis que l’agréabilité concerne de manière plus explicite la sphère relationnelle
L’agréabilité
et la tonalité des relations à autrui (bienveillance, empathie, cynisme, hostilité).
L’agréabilité renvoie à la qualité des relations interpersonnelles sur un continuum
Facteur « A »
allant de la compassion à l’antagonisme.
Ce trait décrit des individus considérés comme doux, indulgents, sympathiques,
agréables.
Le caractère consciencieux est une dimension centrée autour du problème de
l’orientation, de la persistance de la conduite et du contrôle des impulsions. Cette
Le caractère
dimension est composée d’éléments dynamiques de la conduite (anticipation, besoin de
consciencieux
réussite, orientation vers la tâche, implication) et d’éléments de contrôle ou d’inhibition de
la conduite (planification, persévérance, méticulosité, respect des normes et procédures).
Facteur « C »
Il concerne des individus décrits comme soigneux, bien organisés, ponctuels, ambitieux et
persévérants.
Névrosisme vs Cette dimension rend compte des différences individuelles de prédisposition à
stabilité construire, à percevoir et à ressentir la « réalité » comme problématique
émotionnelle ou menaçante et pénible (soucis, inquiétudes, dévalorisation de soi) et à ressentir des
stabilité affective émotions négatives (peur, honte, colère).
Facteur « N »
Cette dimension regroupe un ensemble de conduites relatives à la recherche active et au
Ouverture aux goût pour les expériences nouvelles. Elle se manifeste par des intérêts ouverts, une
expériences capacité à rechercher et à vivre, sans anxiété, voire avec plaisir, des expériences nouvelles
et inhabituelles.
Facteur « 0 » Les individus faisant preuve d’ouverture sont décrits comme imaginatifs, audacieux,
originaux, libéraux dans leur système de valeur et demandeurs de variété.
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 53
c) Le concept de soi
120. Le concept de soi correspond à l’image qu’un individu a de lui-même. L’individu
aura tendance à adopter un comportement cohérent avec cette image de soi. Ce
besoin de cohérence l’incitera à consommer les marques qui correspondent à l’image
qu’il a de lui-même. Une célèbre marque de cosmétique a retenu ce besoin de valori-
sation de soi comme signature : « L’Oréal, parce que vous le valez bien. » Cette hypo-
thèse de congruence a fait l’objet de nombreuses recherches empiriques. Le concept
de soi d’un individu se décompose en soi réel (soi perçu), soi idéal (personne que l’on
voudrait être) et soi social (la façon dont les autres le perçoivent).
3• LE PROCESSUS D’ACHAT
121. Les variables qui viennent d’être étudiées se combinent pour influencer les déci-
sions d’achat dans un contexte BtoC. Dans un contexte industriel dénommé tradition-
nellement BtoB, les variables à prendre en considération diffèrent quelque peu.
– l’acheteur est celui qui procède à l’achat, il paie et supporte les risques financiers ;
– le consommateur est celui qui utilise le produit.
——
6. Source : 4e baromètre BVA pour Mappy du web-to-store – mars 2017 (pas d’édition plus récente).
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 55
le risque social (est-ce que l’acheteur sera mal jugé par son entourage ?) et le risque de
perte de temps (est-ce que cela prendra du temps d’acheter tel produit ?). L’habitude
et la familiarité à l’égard du produit ont pour effet de réduire le risque perçu.
127. L ’évaluation des alternatives se fait en confrontant les éléments disponibles
avec les critères personnels que l’acheteur s’est fixés. Cette phase se traduit par le
choix de critères d’évaluation et débouche sur la constitution d’un ensemble de consi-
dération. L’ensemble de considération rassemble les alternatives de choix (produits ou
marques) que le consommateur met en balance lorsqu’il doit prendre une décision.
128. Les intentions d’achat se forgent à l’égard de la solution (produit, marque, lieu
d’achat) qui obtient l’évaluation la plus élevée du point de vue de la satisfaction
attendue.
129. L’achat constitue la cinquième étape du processus. Son importance est cruciale
mais n’appelle pas de développement particulier si ce n’est qu’un incident dans le
processus (indisponibilité du produit, problème lors du paiement en ligne, par
exemple) peut amener à des changements par rapport au choix initial.
130. L’évaluation post-achat des performances du produit ou service permet
d’apprécier l’adéquation entre le comportement adopté (achat du produit) et le
problème initial et/ou entre les attentes et la qualité perçue du produit. En cas
d’écart, le consommateur pourra modifier son attitude initiale grâce au mécanisme de
la dissonance cognitive et en tirer des conclusions quant aux décisions futures.
131. Une fois que le consommateur a acheté puis utilisé le bien, il compare les béné-
fices retirés de sa consommation à ses attentes. Un écart signifie une disconfirmation
qui peut être positive (bénéfices supérieurs aux attentes : c’est mieux que ce à quoi il
s’attendait) ou négative (bénéfices inférieurs aux attentes : c’est moins bien que ce à
quoi il s’attendait). La satisfaction résulte d’une comparaison entre les attentes du
consommateur et sa perception de la performance réellement procurée par le produit
acheté (figure 3.5). L’insatisfaction peut conduire à un changement d’attitude à l’égard
des produits alors que la satisfaction la renforce. La satisfaction joue un rôle très
56 MÉMENTOS – LE MARKETING
important dans la mesure où elle conditionne les comportements futurs. C’est une des
conditions nécessaires mais non suffisante de la fidélisation de la clientèle. La satisfac-
tion est indissociable de la qualité perçue.
Figure 3.5 : Le modèle de disconfirmation (d’après Oliver, 1993)
3) L’implication
133. L’implication, définie comme un état motivationnel et émotionnel orienté vers un
but qui détermine la pertinence d’une décision d’achat pour le consommateur, est un
concept composé de plusieurs facettes. Il peut s’agir de l’implication à l’égard du
produit mais aussi de l’implication à l’égard de la marque et, enfin, de l’implication à
l’égard de l’acte d’achat en lui-même. L’implication à l’égard du produit est définie
comme l’intérêt personnel perçu du produit pour un consommateur donné. De
nombreuses recherches ont montré l’existence d’un lien entre l’implication à l’égard
du produit et le comportement du consommateur. Les consommateurs fortement
impliqués consacrent plus de temps au choix du produit et font un effort cognitif
plus important que les consommateurs faiblement impliqués. En situation de faible
implication, la quantité d’information requise diminue et la réflexion est moins
longue. L’achat s’apparente alors à une décision routinière résultant de l’appren-
tissage.
134. Le degré d’implication est variable d’un produit à l’autre et pour un même
produit, d’un individu à l’autre. Par exemple, l’achat de parfum est en général un
achat impliquant. L’achat d’une bouteille de vin pour un dîner important, chez des
amis, sera plus impliquant que l’achat d’une bouteille de vin pour une consommation
courante. L’achat de vêtements est un achat très impliquant pour la majorité des
adolescents.
CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 57
5) La fidélité
136. « La fidélité à la marque est la réponse biaisée [non aléatoire], exprimée par une
unité de décision, se traduisant par des comportements d’achat au cours du temps, en
faveur d’une ou plusieurs marques choisies parmi un ensemble de marques compara-
bles ; elle est le fruit d’un processus psychologique (prise de décision et évaluation) »
(Jacoby et Kyner 1973).
137. La fidélité est l’attachement plus ou moins exclusif à une ou plusieurs marques au
cours d’achats qui se succèdent. En effet, en marketing, la fidélité n’exige pas l’exclu-
sivité. Un consommateur peut être fidèle à plusieurs marques. La fidélité est la résul-
tante d’un processus psychologique entraînant une préférence. La fidélité est diffé-
rente de l’inertie, ou fausse fidélité, définie comme le ré-achat de la même marque
sans véritable préférence du consommateur pour celle-ci.
138. Une mesure complète de la fidélité suppose la prise en compte de la dimension
comportementale et attitudinale. Elle doit intégrer une mesure basée sur des compor-
tements d’achat, comme le poids de la marque dans l’ensemble des achats de même
catégorie (taux de nourriture), la probabilité de ré-achat ou bien encore à partir de
séquences d’achats. À ces mesures comportementales, il convient d’ajouter des varia-
bles d’attitude qui expriment la prédisposition d’un individu envers une marque
donnée.
139. Des concepts tels que l’engagement ou l’attachement à la marque, ont récem-
ment vu le jour. L’engagement du consommateur est défini comme « le désir de déve-
lopper une relation stable, la volonté de faire des sacrifices à court terme pour
58 MÉMENTOS – LE MARKETING
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CHAPITRE 3 – Le comportement du consommateur 61
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CHAPITRE 4
L’étude de marché
A - La formulation du problème
152. Dans une phase préliminaire, le problème doit être clairement formulé. La ques-
tion marketing (le problème tel qu’il est formulé par le responsable marketing) doit
être transformée en question d’étude par le chargé d’étude. Si l’étude est confiée à
une société extérieure, le chargé d’étude doit collecter, lors d’entretiens, un
maximum d’informations sur l’entreprise et sur le problème rencontré ou le projet envi-
sagé. Une étude documentaire est parfois nécessaire. Une démarche exploratoire
permettant de générer des idées s’avère parfois utile.
153. La question d’étude est une reformulation du problème rencontré par l’entre-
prise. Par exemple, la baisse des ventes d’un produit peut avoir de multiples explica-
tions : un prix trop élevé par rapport à la concurrence, un produit qui ne satisfait plus
les attentes du consommateur, des difficultés à fidéliser les clients, un problème
d’image de marque, etc. Il convient de bien identifier ce sur quoi l’étude doit porter.
B - Le plan de l’étude
154. Le plan décrit formellement les caractéristiques de l’étude. Il précise les objectifs,
les informations à collecter, les choix méthodologiques (démarche qualitative ou quan-
titative ; mode de collecte et d’analyse des données) et comporte un budget. Le choix
du format de l’étude va dépendre en partie de l’objectif, c’est-à-dire du problème tel
qu’il a été reformulé par le chargé d’étude.
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 65
– budgets publicitaires...
• Résultat des études et audits antérieurs :
– notoriété, image, satisfaction ;
– Segmentation du marché ;
– Rapports de ventes trimestriels ;
– comptes rendus des salons...
Chiffre d’affaires réalisé par les points de vente où la marque est présente
DV = x 100
Chiffre d’affaires total des points de vente référençant la catégorie de produit
164. Les informations ayant un coût non négligeable, il est impératif de bien identifier
celles qui sont absolument nécessaires à l’étude et de toujours vérifier qu’elles ne sont
pas déjà disponibles en interne, avant de recourir aux sources externes. Par ailleurs, la
mise à disposition des données publiques, imposée par une directive européenne de
2003 permet aux entreprises, aux scientifiques, aux développeurs de logiciels, aux
étudiants ou encore aux journalistes d’agréger des informations, de les analyser et
d’imaginer des services et des applications innovantes.
68 MÉMENTOS – LE MARKETING
1) L’observation
166. L’observation consiste à suivre les faits et gestes d’un ou plusieurs individus. Par
exemple, une personne choisissant une bouteille dans le linéaire vin d’un hypermarché
peut être filmée, ce qui permettra de mieux comprendre quels sont ses critères de
choix. Un fabricant de jouets peut réunir des enfants dans une salle de jeux équipée
d’une glace sans tain et observer leur comportement. L’observation peut se faire avec
ou sans le consentement de la personne observée. L’avantage de l’observation sans
consentement préalable est d’éviter une modification du comportement du fait que
la personne se sait observée. L’observation peut s’accompagner d’instruments de
mesure : chronomètre, caméra oculaire permettant d’enregistrer les mouvements des
yeux... L’observation est une technique qui permet de mettre en évidence des déca-
lages importants entre le comportement déclaré et le comportement réel.
167. Internet a donné naissance à de nouvelles formes d’observations. Grâce aux
fichiers log et aux cookies , il est possible de suivre le parcours de navigation d’un indi-
vidu, de connaître le temps passé sur chaque page, le nombre de clics sur une
bannière publicitaire ou sur un lien commercial. De nouvelles techniques plus sophisti-
quées, comme l’eye tracking (oculométrie) permettent de suivre le parcours oculaire
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 69
d’un internaute, les points d’arrêt du regard et le temps consacré à une information.
Cette technique est utilisée pour tester les pages d’accueil des sites Internet. Elle est
également utilisée pour déterminer les points qui constituent un blocage dans un
tunnel d’achat en ligne. Avec l’Internet mobile, l’observation va encore plus loin puis-
qu’il devient possible de suivre, en temps réel, les allées et venues physiques d’une
personne, grâce à la géolocalisation. Il est aujourd’hui possible de faire de la géoloca-
lisation à l’intérieur de bâtiments (géolocalisation indoor), ce qui présente un intérêt en
grande distribution. Cette technique permet, en effet de déterminer la position d’une
personne ou d’un objet dans un espace fermé. La géolocalisation indoor s’appuie sur
des technologies Wi-Fi, Bluetooth ultra wide band (UWB). Ces systèmes permettent de
réaliser en temps réel une cartographie des flux des personnes circulant sur un site
couvert en Wi-Fi, à partir des données de connexions émises par leurs smartphones.
2) L’expérimentation
168. L’expérimentation consiste à manipuler certaines variables, dites explicatives ou
facteurs, tels que les attributs du produit (composition, packaging, nom, aspect, prix,
etc.) et à mesurer les effets sur d’autres variables qualifiées de variables expliquées
(intention d’achat, attitude). L’expérimentation permet de tester l’existence de causa-
lités. Par exemple, elle permet de connaître les réponses du consommateur à une
opération promotionnelle. Elle suppose l’élaboration d’un plan d’expérience et néces-
site de recourir aux analyses de variance. Elle est utilisée pour des tests de produits, de
noms de marque, de concepts de magasins ou de merchandising... Les nouvelles
technologies numériques facilitent la réalisation de tests dans un univers virtuel. Un
client peut, par exemple, faire ses courses dans un supermarché virtuel. Les réponses
du consommateur à différents aménagements, organisations du linéaire ou
assortiments peuvent ainsi être connues.
3) L’enquête
169. L’outil privilégié de l’enquête est le questionnaire. Les règles de fond et de forme
régissant l’enquête par questionnaire seront abordées dans la quatrième partie de ce
chapitre. Les données obtenues par cette méthode reposent sur du déclaratif avec les
biais que cela peut représenter.
étudiée est crucial. Les résultats doivent pouvoir être généralisés avec une marge
d’erreur restreinte. La taille des échantillons est beaucoup plus importante.
172. Un plan d’étude peut comporter une phase qualitative suivie d’une phase quan-
titative. Le problème est dégrossi puis, grâce aux informations obtenues, un outil de
collecte quantitatif est élaboré. Ces deux démarches doivent être considérées comme
complémentaires.
173. En 2019, le marché des études était estimé à 2,289 milliards d’euros. Les études
quantitatives, y compris les panels, représentent l’essentiel du marché (75 %). Le
secteur a été lourdement frappé par la pandémie (– 11 % en 2020).
3• L’ÉTUDE QUALITATIVE
174. L’étude qualitative présente un certain nombre d’avantages et de limites. Du côté
des atouts, elle permet d’aborder un problème sans aucun a priori. Elle permet
d’explorer les motivations et les freins du consommateur ainsi que les processus de
décision. Elle peut être rapide en raison de la taille modeste de l’échantillon (10 à
70 entretiens).
175. En contrepartie, les études qualitatives fournissent des résultats qui ne sont pas
toujours généralisables à l’ensemble de la population étudiée. De plus, la qualité des
données collectées dépend des compétences des enquêteurs. L’analyse des données
comporte une part de subjectivité qui peut, cependant, être corrigée par différentes
techniques automatisées et des procédures de contrôle.
1) L’entretien individuel
177. Il existe plusieurs formes d’entretiens individuels : entretien directif, entretien
semi-directif et entretien non directif. Quelle que soit la forme de l’entretien, un
climat de confiance doit s’instaurer dès les premières minutes.
b) L’échantillonnage qualitatif
181. Il est important d’interroger des personnes dont le profil est varié selon des
critères susceptibles d’expliquer les différences de comportement (âge, sexe, activité,
revenu...). Quelques entretiens préalables réalisés auprès d’experts ou des réunions de
créativité dans l’entreprise permettront de mieux identifier ces critères.
182. Le nombre d’entretiens n’est pas forcément déterminé a priori. Tant que l’enquê-
teur a l’impression que des éléments nouveaux ressortent des derniers entretiens
réalisés, il est souhaitable de continuer la collecte. Les entretiens cessent lorsqu’il y a
saturation de l’information, c’est-à-dire lorsqu’aucun élément nouveau n’est évoqué.
184. Par rapport à un entretien individuel, le groupe permet des échanges entre des
participants qui n’ont pas forcément le même point de vue. Il facilite les associations
d’idées. Des phénomènes liés à la dynamique de groupe peuvent s’observer :
leadership, agressivité, changements d’opinion sous la pression du groupe, etc.
185. L’enregistrement audio et vidéo est recommandé alors qu’un enregistrement
audio est suffisant pour l’entretien individuel. La vidéo permet d’attribuer correctement
les propos à chaque participant.
186. Internet a rendu possible la réalisation à distance de groupes focus. Certains
peuvent se tenir de manière synchrone et s’appuient sur les chats (messagerie instan-
tanée). Les participants sont invités à participer à une réunion virtuelle qui se tiendra
tel jour à telle heure. Cette réunion est animée selon des techniques semblables à
celles des réunions en face-à-face. D’autres groupes focus – qualifiés de bulletins
board – peuvent avoir lieu de manière asynchrone. Ils prennent alors pour support
technique un forum. La discussion est ouverte durant une dizaine de jours et les parti-
cipants peuvent réagir ou répondre à n’importe quel moment. Un animateur est
chargé de suggérer de nouveaux thèmes de discussion et de relancer les participants.
Le groupe focus
Un groupe focus implique des personnes possédant certaines caractéristiques (par exemple,
elles consomment toutes une catégorie de produit ou de service), apportant des informa-
tions de nature qualitative dans une discussion centrée. Le groupe est en principe composé
de 7 à 12 personnes. Il est souhaitable que les personnes qui le composent ne se connaissent
pas au préalable afin d’éviter que des phénomènes liés au groupe (tels que le leadership ou
le rejet) préexistent. Les participants doivent avoir des caractéristiques communes qui font
qu’ils sont sélectionnés pour y participer. Par exemple, si l’on souhaite connaître les représen-
tations à l’égard du vin bio auprès des consommateurs de vin, le groupe sera constitué de
personnes qui consomment du vin de manière régulière ou occasionnelle. Plusieurs
groupes pourraient être organisés selon la sensibilité à l’égard du bio en général.
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 73
Par exemple, pour connaître les motivations à l’achat de marques premier prix, il est
recommandé de poser la question « pourquoi les gens achètent-ils des marques
premier prix ? » au lieu de poser directement la question « pour quelles raisons
achetez-vous ou achèteriez-vous des marques premier prix ? ». Certaines personnes
pourraient ressentir une gêne en reconnaissant qu’elles achètent de tels produits.
193. Les principales applications marketing sont les méthodes d’associations libres, les
tests d’associations d’images, le portrait chinois et les tests d’expression (tableau 4.1).
Tableau 4.1 : Les techniques projectives en marketing
Technique Principe Illustrations
Il est demandé aux répondants de citer les Pouvez-vous nous dire ce qui vous vient à
Associations mots qui leur viennent à l’esprit à l’énoncé l’esprit lorsque vous pensez aux marques
libres de de mots qui jouent le rôle de stimulus. de distributeurs ?
mots Cette technique peut être utilisée sous forme Que pensez-vous des personnes qui
de questionnaire ou au cours d’entretiens. consomment des vins biologiques ?
Une première série de photos représentant Deux types de photos sont proposés aux
un univers connu est remise aux répondants : des photos de voiture et des
Associations
participants. Ils doivent ensuite associer les photos de personnages. Il leur est
d’image
images de l’univers connu à celui de demandé de constituer des paires entre les
l’univers à étudier. personnages et les modèles de voiture.
Le portrait chinois repose sur l’exploitation Si la marque X était un personnage connu
de métaphores. Il joue sur des associations quel serait ce personnage ?
spontanées. Le portrait chinois, par son Si la marque X était une couleur ?
Portrait
caractère non conventionnel, est à même Si la marque X était un pays ?
chinois
de créer de la curiosité. Il présente un côté Si la marque X était un animal ?
ludique qui se traduit par l’implication du Si la marque X était un plat cuisiné ?
répondant (Boulaire, 2004).
Il est demandé aux répondants de Voici une série de phrases incomplètes.
compléter spontanément une série de Vous devez les lire et les compléter sans
Test
phrases inachevées. réfléchir.
d’expression
Acheter sur Internet, c’est...
Acheter du vin bio, c’est...
——
1. Traduction partielle des travaux de Pierce dans (Deledalle G., Écrits sur le signe, 1979, Seuil).
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 75
195. La sémiologie est une analyse d’expert dont la validité et la fiabilité dépendent de
la compétence de celui qui l’a menée. En marketing, la sémiologie est utilisée, par
exemple, pour analyser les signes émis par le packaging, la communication d’entre-
prise, la publicité, etc. Plusieurs méthodes ont été développées à partir de la sémio-
tique. Le carré sémiotique et le schéma narratif sont les plus couramment utilisés en
marketing2.
——
2. Voir Hetzel et Marion (1992) pour des exemples d’application de ces méthodes en marketing.
76 MÉMENTOS – LE MARKETING
Le carré sémiotique
Le carré sémiotique cherche à structurer le sens contenu dans un texte en mettant en avant
des oppositions. Le résultat de cette analyse se présente sous la forme d’un carré. Le
concept considéré comme fondamental dans le texte doit tout d’abord être identifié
(mise en évidence d’une première affirmation). L’affirmation contraire peut être formulée
par une autre personne. Par exemple, au cours d’un entretien de groupe portant sur l’atti-
tude à l’égard du piratage de musique sur Internet, l’individu X déclare : « Télécharger
gratuitement de la musique sur Internet, c’est bien » alors que l’individu Y affirme le
contraire : « Télécharger gratuitement de la musique sur Internet, ce n’est pas bien. »
Le carré sémiotique est construit en 4 étapes autour de cette contradiction et des complé-
mentarités qui peuvent émerger (figure 4.3).
Le schéma narratif
Un entretien avec un consommateur est un micro-récit restituant les effets de sens
produits par les discours des marques. Le héros du récit est la marque. Le schéma narratif
se présente comme la succession ordonnée de quatre grands épisodes.
Le cœur du récit est la performance, c’est-à-dire l’ensemble des actions correspondant à la
mission que remplit le héros (la marque). Elle présuppose une compétence composée des
aptitudes à faire et à réaliser le programme d’action.
Les réalisations de la marque donnent lieu à un jugement positif ou négatif (sanction) de la
part du consommateur, en fonction de la conformité du contrat passé au préalable. Le
contrat est l’épisode où le héros reçoit sa mission et où le système de valeurs est instauré :
promesse, mission de la marque (figure 4.4).
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 77
empathie...). Ces limites rendent risquées la généralisation des résultats à une popula-
tion plus large que la communauté servant de support pour l’analyse.
1) L’analyse de contenu
200. L’analyse de contenu est une technique d’analyse du discours (ou corpus) fondée
sur des procédures de classification. Le corpus peut être constitué d’articles, d’entre-
tiens individuels et de groupe, de réponses à des questions ouvertes, de communica-
tions téléphoniques, de conversations entre internautes et de conversations avec un
agent virtuel intelligent (AVI) sur un site Internet. La qualité de l’analyse de contenu
dépend du respect d’une procédure spécifique décrite par Giannelloni et Vernette
(2001, p. 97). Elle comporte six étapes (tableau 4.2). La dernière étape de quantifica-
tion des données qualitatives sera abordée dans le paragraphe suivant.
Tableau 4.2 : Les étapes de l’analyse de contenu
Le discours de l’interviewé doit être respecté fidèlement y compris les silences, les
lapsus et les répétitions. La collecte de données qualitatives en ligne permet
d’alléger cette tâche longue et fastidieuse.
1. Transcription La saisie du corpus à l’aide d’un logiciel compatible avec un logiciel d’ analyse
textuelle permet de gagner du temps dans la mise en forme des données. Par
exemple, la saisie à l’aide du logiciel Sphinx permet d’importer directement le
corpus sous Alceste sans avoir besoin de codifier chaque réponse.
Le mot est l’unité primaire d’ analyse que l’on peut étendre aux synonymes sous
réserve de créer des tables d’équivalence.
2. Définition de La phrase est intéressante pour repérer des enchaînements ou des relations de
l’unité d’analyse dépendance entre deux ou plusieurs phrases.
de contenu Le thème est un groupe de phrases jugées équivalentes parce qu’elles font
référence à des concepts qui sont proches. Un dictionnaire des thèmes doit alors
être élaboré.
Elle doit pouvoir être utilisée pour l’ensemble des interviews. La construction se
fait par tâtonnements à l’aide d’une première lecture des réponses.
3. Élaboration L’objectif est d’identifier et de dénommer les rubriques ou catégories qui
d’une grille apparaissent comme les plus pertinentes pour l’analyse. Les catégories doivent
d’analyse être exclusives – c’est-à-dire qu’un même extrait du corpus ne peut être classé que
dans une catégorie – si l’analyse est complétée par une quantification des
données.
Les transcriptions sont codifiées une à une en fonction des catégories identifiées à
l’étape précédente.
La même grille utilisée par deux codeurs différents doit conduire à des affectations
4. Codification et aussi proches que possibles.
remplissage de la Le degré de fiabilité du codage entre deux analystes peut être calculé avec la
grille formule suivante :
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
————————————————————————————————————
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 79
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
————————————————————————————————————
Coefficient de fiabilité = Nombre d’accords sur les classifications
Nombre total de classifications de la grille
Ce coefficient doit être supérieur ou égal à 0,9.
L’analyse qu’elle soit lexicale (mots ou phrases) ou thématique (mots, expression,
phrases, paragraphes) est conduite selon deux axes.
L’analyse intra interview permet de déterminer comment le répondant a abordé
l’ensemble des thèmes : dans quel ordre, avec quelle fréquence, quelles sont les
catégories omises...
5. Analyse Une analyse transversale (inter interview) met l’accent sur la façon dont chaque
thème ou catégorie a été abordé par l’ensemble des interviewés (fréquence,
enchaînements...).
Lorsqu’il s’agit d’un entretien de groupe, le discours de chaque participant peut
être isolé afin de réaliser une analyse horizontale – par individu – mais l’analyse
transversale reste essentielle.
Ce document doit synthétiser les éléments ressortant de l’analyse de contenu. Il
6. Rédaction d’un
s’appuie essentiellement sur l’analyse transversale du corpus.
rapport
Il se présente comme le rapport de synthèse de l’étude de marché.
4• L’ÉTUDE QUANTITATIVE
205. Les études quantitatives se caractérisent par des échantillons de taille importante
qui doivent respecter des conditions de représentativité par rapport à la population
étudiée afin de pouvoir généraliser les résultats. Elles donnent lieu à des traitements
statistiques.
A - L’échantillonnage
206. Dans toute étude quantitative, la détermination de l’échantillon est cruciale. La
méthode retenue influence la représentativité de l’échantillon et la fiabilité des résul-
tats. En outre, de la représentativité dépend la possibilité de généraliser les résultats.
L’échantillonnage désigne l’ensemble de la procédure qui consiste à définir la popula-
tion mère, sélectionner une base de sondage, déterminer la taille de l’échantillon et à
choisir une méthode pour sélectionner les individus dans la population étudiée.
2) La base de sondage
209. La base de sondage constitue la liste à partir de laquelle la sélection des éléments
va être opérée. Elle doit être, autant que faire se peut, exhaustive afin de pouvoir
constituer un échantillon représentatif. Les bases de sondage les plus courantes sont
l’annuaire téléphonique, les annuaires d’entreprises, les fichiers loués (abonnés au télé-
phone, abonnés à EDF, abonnés à un magazine, licenciés d’un sport...). Il n’existe pas
de fichier parfait. Par exemple, l’annuaire téléphonique ne permet pas d’accéder aux
personnes sur liste rouge et à celles qui ont renoncé au téléphone fixe et qui utilisent
exclusivement un téléphone mobile et/ou un téléphone couplé à une connexion ADSL
dégroupée.
210. Le choix de la base de sondage dépend de l’objet de l’étude. Le fichier des
abonnés à Orange pour la téléphonie fixe traditionnelle est peu qualifié et peut
s’avérer plus large que la population cible. Par exemple, il n’est pas adapté pour
réaliser une étude auprès de personnes susceptibles d’acheter des véhicules haut de
gamme. Pour cela, il faudra probablement utiliser différents fichiers : le fichier des
immatriculations pour repérer ceux qui possèdent déjà un véhicule haut de gamme,
un fichier de cadres d’entreprise et pourquoi pas de personnes ayant un hobby élitiste
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 81
(licenciés de golf, par exemple). Une erreur concernant le choix de la base de sondage
aura un impact sur l’efficacité de l’étude – notamment sur le taux de retour – et
pourra se traduire par des biais dans les réponses. Le principal risque est le décalage
entre la population visée et la base utilisée. La base de sondage peut s’avérer plus
large ou plus étroite que la population cible. Dans l’exemple concernant les voitures
haut de gamme, le fichier des immatriculations est plus étroit que la cible car il
permet de toucher seulement les personnes qui possèdent déjà un véhicule haut de
gamme. Il ne permet pas d’identifier des personnes qui pourraient s’offrir un véhicule
haut de gamme, mais qui « roulent sous-classées ».
3) La taille de l’échantillon
211. La détermination de la taille de l’échantillon résulte d’un arbitrage entre diffé-
rents critères qualitatifs et quantitatifs. Les principaux critères quantitatifs sont le
degré de précision souhaité, le budget et le temps disponible. Le degré de précision
dépend de l’erreur acceptée. Cette dernière est inversement proportionnelle à la racine
carrée de la taille de l’échantillon. Plus l’échantillon est grand, plus le gain de précision
obtenu par un individu supplémentaire dans l’échantillon diminue. Le calcul précis de
la taille en fonction de la précision souhaitée dépend également du type de paramè-
tres à estimer (moyenne, proportion) et ne se justifie que pour les échantillons proba-
bilistes, notion qui sera abordée dans la partie consacrée aux méthodes
d’échantillonnage3 . D’un point de vue budgétaire, plus la taille de l’échantillon est
importante plus le coût de l’enquête augmente. Cependant, la taille n’est pas une
garantie absolue de représentativité. Enfin, la taille de l’échantillon dépend parfois du
temps disponible.
212. À ces critères s’ajoutent des critères qualitatifs parmi lesquels l’importance de la
décision pour l’entreprise, la nature de l’étude (il existe des sortes de normes suivant
le type d’étude), les techniques statistiques envisagées et le nombre de variables .
Les analyses statistiques sophistiquées, notamment les analyses multivariées nécessi-
tent un nombre important d’observations car plus le nombre de variables à étudier
simultanément est important, plus le nombre de paramètres à estimer est élevé et
plus l’échantillon doit être conséquent.
——
3. Pour le calcul de la taille de l’échantillon, le lecteur est invité à consulter des ouvrages de statistiques.
82 MÉMENTOS – LE MARKETING
avec une certaine marge d’erreur liée à la taille de l’échantillon et pour un certain
niveau de confiance. Il existe différentes méthodes probabilistes (tableau 4.3).
Tableau 4.3 : Les méthodes probabilistes d’échantillonnage
Un tirage est réalisé à partir d’une liste exhaustive de la population numérotée de 1 à N
Échantillonnage
(tirage sans remise). La mise en œuvre d’une telle technique suppose l’utilisation de
aléatoire simple
procédures aléatoires informatisées (fonction « alea » pour Excel, par exemple).
Cette méthode peut être utilisée par le chargé d’étude lorsqu’il ne dispose pas
d’une liste nominative exhaustive. Il calcule un intervalle de sondage :
Intervalle de sondage = N (population) / n (échantillon)
Échantillonnage
N = taille de la population mère
systématique
n = taille de l’échantillon
Il procède ensuite au tirage au hasard d’ un nombre i entre 1 et N / n et sélectionne
systématiquement les individus i, i + N / n, I + 2N / n...
La population à étudier est répartie en classes homogènes appelées strates. Cette
partition est réalisée au moyen d’une ou plusieurs variables (variables de
Échantillon stratification). Dans un second temps, un tirage aléatoire simple est effectué dans
stratifié chacune des strates. L’échantillon total résulte de l’agrégation des sous échantillons
de chaque strate. Les strates ne doivent pas se chevaucher et doivent recouvrir la
base de sondage dans son intégralité.
Échantillon en Cette technique consiste à découper en zones géographiques un territoire
grappe ou déterminé, à procéder au tirage aléatoire simple d’un échantillon de régions et à
aréolaire interroger tous les individus appartenant à la base de sondage (recensement).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
————————————————————————————————————
Les personnes qui ont rempli le questionnaire sont invitées à indiquer le nom de personnes
qui ont le même profil ou à le faire remplir par des personnes de leur entourage. Ces
échantillons sont justifiés lorsque la population étudiée est spécialisée ou fermée. Cette
L’échantillon
technique est parfois utilisée sur Internet. Le questionnaire est envoyé par le biais de listes
boule de
de diffusion et les premiers répondants sont invités à le diffuser à leur tour auprès de
neige
personnes ayant le profil requis (communauté virtuelle de consommateurs d’un produit
donné, par exemple). De telles enquêtes en ligne présentent un biais important de non-
représentativité.
222. Les échelles dichotomiques ou à choix multiples doivent être utilisées en priorité
pour les questions visant à enregistrer des comportements. Les modalités de réponse
aux questions portant sur les attitudes et les opinions seront formulées de préférence
sous forme d’échelles de Likert ou de différentiel sémantique car elles permettent de
nuancer l’opinion émise. L’utilisation de différentiels sémantiques pose parfois des
problèmes aux répondants. Le prétest du questionnaire permettra de s’assurer que ce
n’est pas le cas. Il est déconseillé d’utiliser des différentiels sémantiques juste après ou
86 MÉMENTOS – LE MARKETING
juste avant une échelle de Likert car les valeurs des échelons n’ont plus la même signi-
fication (cf. l’exemple ci-dessous). Enfin, le recours aux icônes peut se justifier pour des
publics spécifiques, comme les enfants, ou pour un sondage d’opinion rapide
(fréquent sur les sites Internet de la presse nationale).
l’image-prix d’un magasin). Si l’objectif de l’étude est de faire apparaître des diffé-
rences d’opinions ou d’attitudes, la solution 2 de l’exemple ci-dessous sera préférable.
3) Le niveau de mesure
227. Les réponses aux questions fermées sont soit de nature non métrique (échelles
nominales et ordinales) soit de nature métrique (échelle d’intervalles et échelle de
proportion).
230. Si les objets ou les marques à classer sont en grand nombre, l’individu aura des
difficultés à tous les classer. À partir de quatre à six objets, le classement devient
contestable. L’ordre de la liste peut influencer le classement. Ce biais, appelé effet
d’ordre, peut être contrôlé en prévoyant plusieurs versions du questionnaire compor-
tant des ordres différents pour les modalités de réponse. Les traitements statistiques
ne sont pas simples si l’on souhaite aller plus loin que les fréquences.
4) Le style et le vocabulaire
232. Le vocabulaire utilisé dans un questionnaire ne doit pas constituer une gêne pour
le répondant. Il en va de même pour le style de rédaction.
a) Le vocabulaire utilisé
233. Le vocabulaire technique ou peu familier est à exclure des questionnaires. Le
terme « technique » doit être pris au sens large. Le questionnaire est en général admi-
nistré à des personnes qui ne maîtrisent pas ce vocabulaire. Par exemple, une étude
portant sur les ordinateurs grand public ne doit pas employer un vocabulaire trop tech-
nique. Dans une étude qui porte sur les marques de distributeurs, il faut bannir le sigle
MDD. Il est préférable de préciser, dès l’introduction, ce que l’on entend par MDD, car
il peut s’agir d’une marque propre, d’une marque enseigne ou d’une marque
premier prix.
234. Le vocabulaire utilisé ne doit pas être ambigu. Il faut éviter les mots et expressions
qui prêtent à confusion ou qui peuvent donner lieu à des interprétations de la part du
répondant.
235. Une solution permettant de limiter le choix d’un vocabulaire inadapté consiste à
réaliser un ou deux entretiens de groupe avant de rédiger le questionnaire et/ou à pré
tester le questionnaire auprès d’un petit échantillon assez proche de la cible.
236. Le choix du vocabulaire est d’autant plus important que l’on s’adresse à des
personnes appartenant à des groupes spécifiques : enfants, jeunes adolescents,
personnes très âgées, personnes de milieux défavorisés. Chaque groupe social
dispose de son propre vocabulaire.
b) Le style de rédaction
237. Le style de rédaction doit être direct. Il faut éviter les questions contenant une
négation, car elles sont tendancieuses, c’est-à-dire qu’elles influencent les réponses.
Par exemple, la question « Ne pensez-vous pas que les prix ont augmenté depuis le
passage à l’euro ? » entraînera probablement un degré d’accord supérieur par rapport
à la formulation : « Selon vous, les prix ont-ils augmenté depuis le passage à l’euro ? »
Quant aux doubles négations, elles ont tendance à induire le répondant en erreur. Par
exemple, la question « Ne pensez-vous pas que les prix n’auraient pas dû augmenter
autant lors du passage à l’euro ? » risque d’être comprise à l’inverse de ce qui est
souhaité par celui qui a conçu le questionnaire.
238. Les questions doivent être courtes. Si elles comportent plusieurs phrases, il est
difficile de savoir sur quelle partie porte la question, surtout si la réponse se fait sous
la forme d’une échelle d’agrément. Il faut veiller à ce qu’une question ne cache pas
deux questions. Par exemple, répondre à la question suivante peut s’avérer un vrai
casse-tête : « Selon vous, le magasin où vous faites habituellement vos courses est-il
plus cher ou moins cher que les autres magasins ? » Lorsqu’un individu répond par
l’affirmative à cette question, est-ce sur « plus cher » ou sur « moins cher » ?
5) Les biais
239. La formulation des questions est une source importante de biais : utilisation de
termes peu familiers ou trop techniques, termes vagues, imprécis ou ambigus, ques-
tions trop longues ou trop personnelles, réponse induite par le libellé de la ques-
tion, etc.
240. Les biais proviennent aussi des réponses et prennent des formes multiples. Des
solutions existent pour certains de ces biais mais ce n’est pas le cas pour la totalité :
– le biais d’acquiescement ou de courtoisie – la tendance à procurer une réponse
supposée recherchée par l’enquêteur – peut intervenir lorsque le répondant pense
avoir deviné l’objectif de l’étude et répond de manière à faire plaisir à l ’enquêteur ;
– le biais de désirabilité sociale – la tendance à procurer une réponse qui reflète la
norme, c’est-à-dire une opinion ou un comportement considéré comme normal
dans un groupe social déterminé – est plus ou moins marqué selon les cultures ;
– le biais de valorisation ou de prestige est une tendance à embellir la réalité, par
exemple, déclarer des possessions supérieures à la réalité ;
– le biais lié au sujet de l’enquête peut s’observer lorsque l’étude porte sur des sujets
tabous comme la consommation d’alcool, le piratage, l’achat de produits contre-
faits, etc., dans ce cas, les entretiens individuels sont plus appropriés que l’enquête
par questionnaire ;
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 91
– le biais dans le style de réponse s’observe surtout dans les études multiculturelles,
les Italiens ont, par exemple, tendance à surnoter, alors que les Allemands ont
tendance à sous noter ;
– le biais de non-réponse fait référence aux réponses manquantes et au non-retour de
questionnaires qui peut affecter la validité des résultats de l’enquête et la représen-
tativité de l’échantillon ;
– le biais de mémorisation peut intervenir lorsqu’il est demandé au répondant de se
rappeler des faits qui ont eu lieu sur une période trop étendue comme, par
exemple, le nombre de fois où il a acheté en ligne au cours des 12 derniers mois ;
– le biais de rationalisation concerne les enquêtes comportant des questions qui
permettent de faire des recoupements afin de vérifier la sincérité des réponses, car
la personne cherchera à répondre à l ’identique.
6) La structure du questionnaire
241. L’en-tête est surtout important lorsque le questionnaire est auto-administré par le
répondant. L’enquête doit être brièvement présentée sans dévoiler réellement
l’objectif.
242. Une question filtre est parfois nécessaire. Elle doit permettre de déterminer si la
personne possède l’information recherchée. Par exemple, lorsque La Française des Jeux
réalise une enquête auprès des personnes qui consomment ses produits, le question-
naire débute par la question filtre « Vous arrive-t-il de jouer aux jeux proposés par la
Française des Jeux ? »
243. Les premières questions doivent être des questions simples jouant le rôle
d’amorce et qui portent sur des éléments bien connus du répondant. Elles favorisent
la familiarisation avec le questionnaire, captent son attention et suscitent la sympathie.
Ce sont des questions de mise en route pour amener le répondant progressivement
vers le thème central de l’étude.
244. Les questions spécifiques à l’étude viennent ensuite. Elles vont fournir l’informa-
tion recherchée. Les questions embarrassantes doivent être posées en fin de question-
naire, car elles pourraient être rédhibitoires si placées en début et entraîner un taux de
refus important.
245. Les questions permettant de caractériser le répondant viennent, en principe, en
fin du questionnaire (variables psychographiques et variables sociodémographiques),
mais lorsque la méthode d’échantillonnage est celle des quotas, les sociétés d’étude
débutent par ces questions afin de ne pas interroger inutilement des individus pour
lesquels il y a déjà suffisamment de réponses. Le questionnaire est anonyme, mais il
est parfois demandé aux personnes qui le souhaitent d’indiquer leur nom soit pour
participer à une nouvelle phase de l’enquête soit pour leur adresser une rétribution,
sous forme de bons de réduction ou d’échantillons, par exemple.
1) Le face-à-face
247. La collecte des données en face-à-face est potentiellement le mode le plus inté-
ressant quant à la qualité et à la quantité des informations recueillies. Ce mode est
adapté à tous les thèmes mais particulièrement conseillé pour les sujets confidentiels,
tabous ou embarrassants. La collecte peut avoir lieu au domicile du répondant, sur son
lieu de travail ou dans un lieu public (enquête dans la rue, enquête sortie de caisse
d’un magasin, etc.). C’est aussi le mode de collecte le plus onéreux, car il nécessite
d’engager des enquêteurs qui se rendent sur le terrain ou au domicile des personnes
interrogées.
2) Le téléphone
248. L’enquête par téléphone est envisageable dans un contexte BtoC ou BtoB. Ce
mode d’enquête, moins coûteux que le face-à-face, permet de recueillir le même
type d’informations. Le nombre de questions doit cependant être limité afin que la
durée n’excède pas 10 à 15 minutes. La baisse du coût des communications nationales
et internationales a réduit d’autant le coût de l’enquête par téléphone et l’a rendue
plus compétitive comparativement à la voie postale. La collecte est fréquemment
sous-traitée auprès de centres d’appels.
249. La surexploitation des abonnés au téléphone réduit l’efficacité de ce mode
d’enquête et les individus sont de moins en moins réceptifs. Les appels doivent avoir
lieu dans les plages horaires où les personnes sont joignables, c’est-à-dire le soir voire
le samedi pour les personnes qui travaillent, ce qui accroît l’irritation des sondés.
L’enquête par téléphone est jugée trop intrusive et, comme elle constitue un mode
de communication synchrone, elle ne permet pas de reporter la réponse à plus tard.
Un moyen de lever cette limite est la prise de rendez-vous préalable.
3) La voie postale
250. L’enquête par voie postale est d’un coût peu élevé, mais d’une efficacité très
limitée. Les taux de réponse sont particulièrement bas. Pour améliorer le taux de
retour, il faut fournir une enveloppe pré-affranchie pour la réponse et/ou proposer
des récompenses aux personnes qui acceptent de répondre (participation à un tirage
au sort, envoie de coupons de réduction, etc.). Ce mode d’enquête est en net recul.
4) L’enquête en ligne
251. Avec la diffusion d’Internet, l’enquête en ligne est devenue un mode d’adminis-
tration à part entière. Face aux dérives, telles que le spamming – ou envoi de courriel
non sollicité – et les arnaques en ligne, l’internaute est de plus en plus méfiant à leur
CHAPITRE 4 – L’étude de marché 93
égard. En France, une loi de 2004 a réduit les possibilités d’envoi puisque le principe
de l’opt-in est désormais reconnu4 . Selon ce principe, il est interdit d’envoyer un cour-
riel à caractère commercial si la personne n’a pas donné au préalable son accord et si
elle n’est pas déjà cliente de l’entreprise. La définition du spamming proposée par la
Commission nationale informatique et liberté (CNIL) : « envoi massif et répété d’e-
mails non sollicités à des personnes qui n’ont jamais été en contact avec l’émetteur,
lequel a récupéré l’adresse sans son autorisation » ou par la directive européenne 97/
66 : « envoi de courrier électronique à des fins de marketing direct sans que le récep-
teur en fasse la demande » incitent à la plus grande prudence quant à l’envoi d’un
questionnaire par le biais d’Internet. Le fichier servant de base de sondage doit être
constitué selon le principe de l’opt-in.
252. L’enquête en ligne présente un certain nombre d’avantages. Ceux-ci ne doivent
cependant pas être surestimés, car la banalisation de ce mode de collecte risque de
réduire l’attrait et la curiosité qu’il a pu susciter chez les répondants lorsque cette
pratique était nouvelle (tableau 4.6).
Tableau 4.6 : Avantages et inconvénients d’une enquête en ligne
• Envoi et réception quasiment instantanés contre 5 à 8 jours
pour un courrier commercial postal.
Rapide • 80 % des retours dans les 72 heures contre 2 à 4 semaines
par voie postale.
• Les premiers retours se font dès le routage achevé.
• Permet de tester le questionnaire avant de le diffuser à plus
Réactif
grande échelle.
• Coût d’envoi faible voire quasi nul. La version papier coûte
Avantages
80 % plus cher qu’une version électronique (0,03 € contre
Peu coûteux
0,50 € en moyenne).
• Coût identique à l’international.
• Risque d’erreur de saisie réduit puisque le répondant
Plus sûr effectue directement la saisie de ses réponses, ce qui
contribue aussi à réduire les coûts.
• Conçu pour déclencher une réponse immédiate du
Interactif
destinataire.
Faible taux de • Les jeunes délaissent leur messagerie électronique au profit
consultation des boîtes de la communication via Facebook.
électroniques
• Durée de vie de 10 à 20 mois contre 7 ans pour une adresse
Volatilité de l’adresse e- physique.
Inconvé- mail • Un fichier perd de 25 à 35 % de sa valeur tous les ans.
nients • Taux de NPAI élevé (n’ habite pas à l’adresse indiquée).
• Encombrement des messageries.
Risque de saturation
• Attitude négative (assimilation aux spams).
• Adresse parfois commune aux différentes personnes d’un
Destinataire incertain
foyer.
——
4. Loi pour la confiance dans l’économie numérique du 21 juin 2004.
94 MÉMENTOS – LE MARKETING
253. Quel que soit le mode d’administration, le questionnaire doit être testé, afin de
déceler les erreurs ou imperfections, avant sa diffusion. Pour ce prétest, le face-à-face
est intéressant car il permet d’observer les réactions des répondants. Les individus
utilisés pour le prétest doivent être issus de la même population que l’échantillon défi-
nitif.
254. La formation des enquêteurs est également un élément de réussite de l’enquête.
Elle est le seul moyen de garantir que tous les questionnaires seront administrés de la
même manière, sans intervertir l ’ordre des questions, sans les interpréter, etc.
Suppression appariée
Les observations dont les réponses s’avèrent incomplètes sont exclues analyse par analyse.
Cette solution se traduit par des tailles d’ échantillon fluctuantes, pour une même collecte,
en fonction des variables introduites dans les analyses statistiques. Cela ne constitue pas, à
proprement parler, une limite. Cette solution est préférable aux autres, notamment si les
questionnaires incomplets représentent plus de 10 % de l’échantillon.
258. Les données sont saisies à l’aide de logiciels d’analyse statistiques (R, SAS,
SPHINX, SPSS, STATISTICA, etc.) ou de tableurs qui incorporent un module d’analyse
statistique (Excel). Les modalités de réponse doivent être codifiées par un numéro,
dès la conception du questionnaire, afin de faciliter le travail de saisie. Un contrôle de
la saisie devrait être effectué pour 25 à 30 % des questionnaires.
——
5. Étude Vins et Société, 2020, https://www.vinetsociete.fr/chiffres-cles.
96 MÉMENTOS – LE MARKETING
262. Les tris croisés donnent une première indication sur l’existence de relations entre
variables sans pour autant valider une causalité ou une corrélation. Dans cet exemple,
il ressort que les habitudes de consommation diffèrent entre hommes et femmes en ce
qui concerne la proportion de consommateurs réguliers (deux fois plus nombreux chez
les hommes que chez les femmes) et les non consommateurs, beaucoup plus
nombreux chez les femmes que chez les hommes.
263. Les analyses de corrélations ou de régressions simples relèvent également de
l’analyse bivariée. Elles étudient l’intensité de la relation entre deux variables métriques
et le sens de cette relation s’il s’agit d’une analyse de régression.
267. Parmi les analyses descriptives, les analyses factorielles (analyses en composantes
principales, analyse des correspondances), les analyses typologiques et les analyses
discriminantes sont courantes en marketing. L’analyse en composantes principales
(ACP) permet de mettre en évidence la manière dont un ensemble de variables se
structure et permet de réduire la masse d’information à analyser. L’ACP synthétise les
traits dominants. L’analyse typologique est utilisée pour classer des objets (marques
par exemple) ou des individus dans des ensembles relativement homogènes appelés
groupes ou classes. Au sein d’une même classe, les individus tendent à être semblables
– la variance intragroupe est faible – et ils se différencient des individus des autres
groupes – la variance intergroupes est élevée. L’analyse typologique est utilisée dans
les études de segmentation, pour comprendre les comportements d’achat et pour
positionner les marques. L’analyse discriminante est, comme la typologie, une
méthode de classification, mais qui est utilisée lorsque la variable à expliquer est nomi-
nale, comme l’appartenance à un segment de clientèle. Elle permet, ainsi, de prédire
l’appartenance à un groupe (variable nominale) à partir de variables explicatives métri-
ques. Concrètement, en connaissant le profil de prospects, à partir de quelques varia-
bles métriques (âge, revenu, etc.), l’analyse discriminante est en mesure de prédire leur
appartenance à tel ou tel segment de clients.
268. Les méthodes explicatives sont utilisées lorsque certaines variables de l’analyse
sont considérées comme des variables exogènes et d’autres comme des variables
endogènes ou expliquées. Les régressions multiples et l’analyse conjointe sont utilisées
lorsqu’il n’y a qu’une variable à expliquer. La régression multiple permet d’étudier la
relation entre une variable à expliquer et plusieurs variables explicatives métriques,
alors que l’analyse conjointe permet d’étudier la structure des préférences entre
objets à partir d’attributs. L’analyse multivariée de la variance et de la covariance et
l’analyse canonique permettent d’analyser les données lorsqu’il y a plusieurs variables
à expliquer. L’analyse multivariée de la variance permet d’examiner les différences
entre groupes simultanément sur un ensemble de variables. Ces traitements statisti-
ques sont utilisés pour analyser les données issues de plans d’expérience. L’analyse
canonique étudie les relations entre deux ensembles de variables métriques, les unes
étant des variables à expliquer, les autres les variables explicatives.
98 MÉMENTOS – LE MARKETING
BIBLIOGRAPHIE
De la
connaissance
du marché
aux choix
stratégiques
Chapitre 5 La segmentation marketing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Chapitre 6 Le ciblage et le positionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
269. Le marché n’est pas toujours homogène. Face à un besoin identique, les consom-
mateurs n’ont pas tous les mêmes attentes, les mêmes motivations, les mêmes freins,
la même implication, les mêmes préférences, etc. Ils réagiront différemment à une
offre commerciale. La segmentation consiste à fractionner le marché afin de prendre
en compte la diversité des consommateurs.
270. Lorsque le marché est divisé en groupes de clients homogènes, il devient possible
de faire des choix et de se focaliser, éventuellement, sur un nombre restreint de cibles.
100 MÉMENTOS – LE MARKETING
L’offre sera ensuite positionnée en fonction des attentes de chaque cible retenue.
L’entreprise concentrera ses efforts et sa stratégie marketing à destination des cibles
les plus attractives ou de celles qui correspondent le mieux à son offre.
271. La segmentation, le ciblage et le positionnement constituent les étapes d’un
processus qui permet de tirer parti de la connaissance du marché pour déterminer la
stratégie marketing la mieux adaptée. La figure 1 représente l’enchaînement de ces
différentes étapes.
Figure 1 : L’articulation entre segmentation, ciblage et positionnement
——
1. Une niche est un segment étroit aux besoins spécifiques.
102 MÉMENTOS – LE MARKETING
280. Chaque segment peut être choisi comme cible à atteindre à l’aide d’un marke-
ting-mix spécifique. Alors que sur un marché, les attentes sont souvent multiples, sur
un segment, il n’existe qu’une seule attente. La segmentation marketing permet à
l’entreprise d’apporter une réponse plus adaptée aux besoins du consommateur. Si
elle est réussie, la segmentation se traduit par un accroissement du CA, mais l’impact
104 MÉMENTOS – LE MARKETING
——
2. Ce point a été abordé dans le Chapitre 3 consacré au comportement du consommateur.
106 MÉMENTOS – LE MARKETING
virtuel, alors que le pôle Sud concernait les consommateurs qui adoptent une stratégie
de vie personnelle plus réfléchie.
Figure 5.1 : Les styles de vie des Français selon le CCA en 2000
291. Les critères les plus discriminants sont souvent des variables qui interviennent
dans le processus de choix (attentes, attitudes, préférences, intention d’achat). Cepen-
dant, il est parfois difficile de trouver les moyens de communication qui permettront
de toucher efficacement les segments identifiés grâce à ces variables. Autant les
critères d’âge, de genre, de PCS ou de revenu permettent de cibler des supports
presse, TV, Internet ou radio spécifiques, autant ce sera difficile avec des variables
d’attentes, de préférence ou de style de vie.
a) La segmentation a priori
302. La segmentation a priori consiste à comparer un certain nombre de critères pour
chaque segment défini par le responsable marketing. Les critères retenus sont en prin-
cipe des critères sociodémographiques, géographiques ou de comportement. Par
exemple, si une banque souhaite segmenter sa clientèle en deux catégories (clients
fortement vs. faiblement consommateurs de services), une comparaison peut être
effectuée sur des critères tels que l’âge, le sexe, le revenu et la PCS afin de déterminer
le profil de chaque segment. Les critères peuvent être choisis sur la base d’une étude
documentaire, d’une étude qualitative ou tout simplement, à partir de l’intuition et du
bon sens du directeur marketing. Les tests de khi-2, pour les variables nominales et les
tests de comparaison de moyennes, pour les variables métriques, permettent de véri-
fier s’il existe bien des différences entre les segments et si elles sont statistiquement
significatives.
b) La segmentation exploratoire
303. La segmentation exploratoire suppose la mise en œuvre de méthodes spécifiques
de segmentation : l’analyse factorielle, l ’analyse typologique et l’analyse discriminante.
Cette démarche est pertinente si une segmentation par les avantages recherchés, par
le niveau d’expertise du consommateur ou par les styles de vie est envisagée. Par
exemple, depuis quelques années, la segmentation traditionnelle des consommateurs
de vins à partir de critères sociodémographiques s’est révélée peu efficace pour
comprendre leur comportement. Les segmentations à partir des styles de vie, de
l’implication ou de l’expertise donnent des résultats plus intéressants.
304. La phase d’enquête comporte deux étapes. Une phase qualitative, sous forme
d’entretiens et/ou de réunions de groupe, permet de mieux comprendre les motiva-
tions des consommateurs, leurs freins, leurs attentes, leurs attitudes et leurs comporte-
ments.
305. À partir des résultats de l’étude qualitative, un questionnaire destiné à un traite-
ment quantitatif est élaboré. Il comporte des questions relatives aux attentes, aux habi-
tudes de consommation des produits, aux attitudes, aux profils sociodémographiques
CHAPITRE 5 – La segmentation marketing 109
ou psychographiques, aux médias lus, regardés ou écoutés, etc. Les données sont
ensuite soumises à une analyse en composantes principales afin de faire émerger les
critères les plus importants. Dans un second temps, une analyse typologique mettra
en évidence les différents segments. Pour chaque segment mis au jour, il faut ensuite
établir un profil type (âge, genre, revenu, etc.). Le chargé d’étude attribue un nom à
chaque segment, en fonction du profil des consommateurs qui le composent.
306. L’analyse discriminante est couramment utilisée pour effectuer des segmenta-
tions. Cette analyse multivariée permet de prédire l’appartenance d’un individu à un
groupe, appelé classe, à partir de variables quantitatives qui ont été identifiées lors
d’une étude préalable (par exemple une analyse typologique). À titre d’exemple, une
banque peut recourir à l’analyse discriminante pour prédire l’appartenance d’un
nouveau client à un segment identifié au préalable. Cette approche est très utile pour
le management de la relation client.
307. Quelles que soient les méthodes retenues, la pertinence de la segmentation doit
être contrôlée régulièrement parce que le marché évolue.
BIBLIOGRAPHIE
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exploratoire des perceptions des consommateurs », Actes du XX e Congrès de l’AFM, 6 et
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Joffre P., Encyclopédie de Gestion, 1989, Economica, pp. 704-721.
------- ---------- ------- ------------- ----- ------- ------------- - ------- ------------- ----- ---
110 MÉMENTOS – LE MARKETING
------- ---------- ------- ------------- ----- ------- ------------- - ------- ------------- ----- ---
SHAPIRO (B. P.) et BONOMA (T. V.), La segmentation des marchés industriels, 1984, Harvard
L’Expansion, pp. 37-45.
STRATÉGOR, Stratégie, Structure, Décision et Identité, 1988, Interéditions.
CHAPITRE 6
Le ciblage
et le positionnement
310. Dès lors que l’entreprise dispose d’une bonne connaissance des différents
segments du marché, elle va devoir sélectionner les plus attractifs compte tenu de ses
propres ressources et de ses compétences. Plusieurs stratégies de ciblage s’offrent à
elle : opter pour la couverture totale du marché en adoptant une stratégie différenciée
pour chaque segment ou, au contraire, décider de concentrer ses efforts en se focali-
sant sur un seul ou quelques segments considérés comme stratégiques. Il est parfois
plus intéressant de se focaliser sur un segment attractif et compatible avec les objectifs
et les ressources de l’entreprise plutôt que de cibler l’ensemble des segments. Lorsque
ce choix est effectué, l’entreprise doit se positionner par rapport à l’offre des concur-
rents, tout en prenant en compte les attentes des consommateurs.
——
1. Pour une présentation détaillée de ces outils, le lecteur pourra consulter des ouvrages spécialisés en
stratégie d’entreprise (par exemple, Whittington et al., 2020).
112 MÉMENTOS – LE MARKETING
314. Quelle que soit la méthode retenue, le diagnostic devra faire ressortir certains
éléments cruciaux : l’attrait du segment, le potentiel de l’entreprise et les risques
engendrés par le choix d’un segment.
315. Une analyse multicritère est envisageable. Un coefficient de pondération est alors
fixé pour chaque indicateur, en fonction de son importance. Le responsable marketing
attribue ensuite une note par critère et pour chaque segment. Une telle démarche
permet de classer les segments et de sélectionner ensuite les plus pertinents compte
tenu des perspectives offertes et de la capacité de l’entreprise à y occuper une position
satisfaisante.
1) La stratégie indifférenciée
317. L’entreprise choisit d’ignorer les différents segments qui composent son marché.
Elle propose une offre unique et standard à l’ensemble des consommateurs. Cette
stratégie limite les risques financiers puisqu’il n’est pas nécessaire d’adapter le produit
CHAPITRE 6 – Le ciblage et le positionnement 113
319. Les réactions des firmes concurrentes constituent une deuxième catégorie de
risque. Il suffit qu’un concurrent segmente et cible de façon plus fine le marché pour
qu’il prenne des parts de marché à l’entreprise qui continue à offrir un produit
standard.
2) La stratégie concentrée
320. L’entreprise fait le choix de se focaliser sur un seul segment. Son offre est unique
mais destinée à satisfaire les attentes d’un segment bien délimité. Cette stratégie est
recommandée pour les petites et moyennes entreprises (PME) en raison de leurs
ressources limitées. Celles-ci peuvent bénéficier d’une compétence distinctive qu’il
sera plus facile de rentabiliser sur un segment de taille plus modeste.
321. L’inconvénient principal de cette stratégie est la concentration des risques sur un
seul segment de clients. En cas de dégradation de la situation conjoncturelle, l’entre-
prise qui a opté pour une telle stratégie sera vulnérable. De plus, les PME ne disposant
pas forcément des ressources financières nécessaires pour réaliser une véritable étude
114 MÉMENTOS – LE MARKETING
3) La stratégie différenciée
322. L’entreprise décide de répondre à chaque segment avec une offre adaptée, c’est-
à-dire avec un marketing-mix spécifique. Cette stratégie est coûteuse, mais l’augmen-
tation des coûts pourra être compensée par l’accroissement du CA, si la segmentation
a bien été effectuée. Cependant, la couverture globale du marché à travers une stra-
tégie différenciée n’est pas forcément plus rentable qu’une couverture partielle. Il
existe une stratégie intermédiaire qui consiste à retenir les segments qui offrent le
plus de synergies. La stratégie de Bic concernant le rasage illustre cette option. Les
consommateurs masculins peuvent être segmentés en fonction du type de rasoir
utilisé : rasoir jetable, rasoir mécanique et utilisation mixte des deux types de rasoirs.
Bic a concentré ses efforts sur le segment des rasoirs jetables, mais la marque cible
également les utilisateurs mixtes, c’est-à-dire les hommes qui utilisent à la fois des
rasoirs mécaniques et des rasoirs jetables.
A - Fondements et définition
325. Le positionnement se différencie de concepts voisins tels que l’image de marque.
Ces deux concepts étant liés, ils doivent être définis avec précision. Le positionnement
s’est rapidement imposé comme le point d’ancrage de la politique marketing sous
l’influence de plusieurs facteurs qui feront l’objet d’une présentation préalable.
1) Les fondements
326. L’importance accordée par les entreprises au positionnement de leurs marques
s’explique, en premier lieu, par l’encombrement des marchés et par la tendance à
CHAPITRE 6 – Le ciblage et le positionnement 115
l’imitation des marques entre elles. La multiplication des marques impose de les diffé-
rencier les unes des autres.
la marque qui guide son comportement. Il est donc important d’influencer, par le biais
d’un positionnement clair, les perceptions du consommateur. Il faut pour cela identifier
les croyances considérées comme déterminantes.
328. Enfin, le troisième facteur favorisant l’essor du positionnement de la marque est
pragmatique. Il résulte du développement des méthodes d’analyses multidimension-
nelles. Ces outils statistiques permettent de représenter, à l’aide de cartes, le position-
nement des marques concurrentes tel qu’il est perçu par les consommateurs.
1) La méthodologie du positionnement
333. Le positionnement doit être défini en fonction des produits concurrents et des
croyances des consommateurs. Cette stratégie implique la réalisation d’un diagnostic
dont l’objet est d’identifier les produits concurrents et leur position exacte par rapport
aux croyances déterminantes des consommateurs.
118 MÉMENTOS – LE MARKETING
338. L’utilisation de l’une ou l’autre de ces méthodes débouche sur une carte percep-
tuelle, représentant la position des différentes marques incluses dans l’ensemble de
considération. Une entreprise peut ainsi connaître la manière dont le consommateur
positionne sa marque par rapport aux marques concurrentes. L’étape suivante
permettra de savoir si le positionnement de l’entreprise correspond aux attentes des
consommateurs.
——
2. Pour une présentation détaillée de l’ensemble de ces méthodes, voir par exemple, Malhotra et al.
(2007).
120 MÉMENTOS – LE MARKETING
344. Une fois que les cibles et les positionnements ont été choisis, des objectifs
doivent être fixés. Un budget doit être élaboré en fonction des moyens d’action envi-
sagés. Il s’agit en réalité d’élaborer le marketing-mix et de répartir le budget entre les
différents éléments qui le composent. Le positionnement est en quelque sorte la clé de
voûte de la politique marketing (figure 6.3).
Figure 6.3 : Le positionnement, clé de voûte du marketing-mix
BIBLIOGRAPHIE
Le marketing-
mix
Chapitre 7 La politique de produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Chapitre 8 La politique de marque. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Chapitre 9 La politique de prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Chapitre 10 La politique de communication et de promotion . . . . . . . . . . . . . 195
Chapitre 11 La distribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
——
1. Grégory P., Lexique Marketing-publicité , 1994, Dalloz.
2. McCarthy J. E., Basic Marketing, 1960, Homewood, Irwin.
124 MÉMENTOS – LE MARKETING
350. Un produit est la réponse de l’entreprise à un besoin détecté sur le marché. Qu’il
soit destiné à un consommateur ou à une entreprise cliente, le produit est avant tout
la réponse à une attente ou à un besoin. C’est une promesse faite à l’acheteur : le
client achète le produit pour l’utilité, les bénéfices personnels et la satisfaction qu’il
espère en tirer. Si la politique de produit renvoie spontanément aux biens tangibles,
elle englobe aussi les services (banque/assurance, voyage, etc.). La notion élargie de
produit intègre, en outre, les personnes (célébrités, leaders politiques), les lieux
(France, Côte d’Azur, Brésil), les institutions (entreprises privées, administrations, asso-
ciations caritatives) et les idées (la sécurité routière, la lutte anti-contrefaçon, la santé).
351. Les décisions concernant le produit – entendu dans son acception large de
produit, service ou combinaison des deux – sont cruciales dans le sens où les erreurs
seront plus difficiles et plus coûteuses à corriger que pour les autres variables du
marketing-mix. Une véritable politique de gestion du produit doit être mise en
œuvre. La politique de produit regroupe l’ensemble des décisions relatives à la vie
d’un produit ou d’une famille de produits et relève des domaines suivants :
– la définition des caractéristiques du produit ;
– la gestion de la gamme selon les phases du cycle de vie ;
– le développement de produits nouveaux ;
– la définition du packaging.
353. En marketing, le produit est avant tout un panier d’attributs. Ceux-ci peuvent être
de nature tangible, reliés directement au produit (ce jus d’orange est 100 % pur jus)
ou non reliés au produit (la bouteille est en verre, des oranges figurent sur l’étiquette).
Un produit se définit également par des attributs symboliques comme le positionne-
ment et l’image (figure 7.2).
Figure 7.2 : Les dimensions du produit
CHAPITRE 7 – La politique de produit 127
355. Le pur produit est un produit tangible commercialisé sans service annexe
(figure 7.3). Le produit tangible peut être accompagné de plusieurs services. L’entre-
prise offre un produit central entouré de plusieurs services périphériques (constructeur
automobile qui vend, en plus du véhicule, une garantie, un service d’entretien, un
financement, une assurance, etc.). Les fabricants d’ordinateurs, comme IBM, se sont
orientés vers des activités de service en proposant, à leurs clients, des solutions
globales. Le produit-service comprend en partie égale une composante produit et une
composante service (restaurant). De la même manière, un service peut être
accompagné de produits. Par exemple, la prestation de transport aérien s’accompagne
de boissons, de nourriture, de journaux et magazines. Le pur service correspond au
service au sens étroit : assistance d’un avocat-conseil ou d’un expert-comptable.
——
1. IFOP, 2014, France.
2. Sondage Opinionway-districonnect, mars 2017.
3. https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/5215-barometre-les-francais-et-les-
nouvelles-technologies-2021.html
128 MÉMENTOS – LE MARKETING
A - La notion de gamme
358. Une gamme est un ensemble de produits liés entre eux parce qu’ils satisfont une
même catégorie de besoins génériques. Chaque produit se voit attribuer au sein de la
gamme une place unique liée à son positionnement. Au sein de l’entreprise Renault,
CHAPITRE 7 – La politique de produit 129
B - La structure de la gamme
360. Une gamme est structurée selon des dimensions quantifiables qui déterminent sa
taille (figure 7.4). Elle s’apprécie également à partir de critères qualitatifs comme la
cohérence globale du portefeuille de produits.
1) La largeur de la gamme
361. À l’intérieur d’une gamme, on distingue différentes lignes de produits. Le nombre
de lignes détermine la largeur de la gamme. Ainsi, chez Renault, la gamme automobile
de tourisme comprend les lignes Twingo, Clio, Captur, Kangoo, Arkano Mégane,
Scenic, et Austral (remplaçant de l’Espace). À la gamme thermique s’ajoute la gamme
électrique (Zoe e-Tech, Mégane e-Tech et Twingo e-Tech). La gamme des véhicules
grand public de Renault s’étoffe par nécessité en raison de la fin prochaine des véhi-
cules thermiques, mais cela n’est pas sans conséquence sur les coûts de R&D, de
production, de marketing et de commercialisation.
2) La profondeur
362. Elle dépend du nombre de produits que comporte une ligne. Chaque ligne est
composée de plusieurs modèles généralement développés à partir d’un produit de
base. Enfin, chaque modèle peut être démultiplié par le jeu des options. Les gammes
des constructeurs automobiles généralistes sont en principe profondes car un même
modèle est décliné selon plusieurs motorisations et plusieurs « formats » (berline,
coupé, break, monospace).
3) La longueur
363. La longueur d’une gamme est le nombre total de tous les produits contenus dans
la gamme. Elle est donc égale à la somme des produits (ou modèles) de toutes les
lignes. Les séries spéciales ne sont pas comptabilisées pour définir la longueur de la
gamme, du fait de leur caractère éphémère. Il en va de même des différentes options
de couleur.
130 MÉMENTOS – LE MARKETING
4) La cohérence
364. La cohérence d’un assortiment fait référence à l’homogénéité, c’est-à-dire aux
liens qui peuvent exister entre les différentes gammes qui le composent. C’est un des
éléments de la cohérence de la gamme.
365. Le choix de la longueur de la gamme contribue également à la cohérence
d’ensemble d’une gamme. Ce choix résulte d’un compromis entre deux préoccupa-
tions contradictoires : couvrir le marché et maîtriser les coûts. La couverture du
marché se traduit par une gamme étendue. L’offre doit être adaptée aux différents
segments du marché. La volonté de maîtriser les coûts suppose, à l’opposé, une
gamme réduite et une stratégie de volume. En effet, certains coûts de fabrication, de
stockage, de distribution et, plus généralement, de marketing dépendent directement
de la taille de la gamme. La réduction de ces coûts passe par un élagage, en prenant
soin de ne pas éliminer un produit qui joue un rôle crucial dans l’offre.
366. Au sein de la gamme, certains produits remplissent des fonctions commerciales
spécifiques :
– le produit leader ou phare est celui qui fait le succès de la firme (la cocote minute
SEB) ;
– les produits tactiques complètent la gamme pour éviter que le consommateur
n’aille chercher le produit manquant chez le concurrent (bâtons de ski, Rossignol) ;
– les produits d’appel attirent la clientèle en raison de leur prix bas et sont chargés
de faire découvrir les autres produits de la gamme (iPad Mini) ;
– les produits d’image et les produits les plus perfectionnés ont pour rôle de tirer la
gamme vers le haut (Samsung Galaxy S).
CHAPITRE 7 – La politique de produit 131
a) La phase d’introduction
370. C’est une période de faible croissance qui correspond à la diffusion progressive
du produit sur le marché. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la lenteur de la crois-
sance :
– les délais dans la montée en puissance des facteurs de production ;
– les pénuries de matériaux et de composants ;
– des problèmes techniques ;
– des délais dans la distribution parfois liés aux réticences des distributeurs ;
– la résistance du consommateur qui ne souhaite pas modifier ses habitudes ;
– un risque perçu comme élevé par le client ;
132 MÉMENTOS – LE MARKETING
b) La phase de croissance
372. Elle est caractérisée par une pénétration rapide du marché et un accroissement
substantiel des bénéfices. De nouveaux consommateurs achètent le produit, influencés
par le bouche-à-oreille, les leaders d’opinion et la communication. Le produit est
perfectionné ou adapté pour s’attaquer à de nouveaux segments avec des complé-
ments et des extensions de gamme (cf. Chapitre 8). Les prix peuvent baisser légère-
ment. Les dépenses marketing sont maintenues ou augmentées, mais comme l’aug-
mentation des ventes est plus soutenue, le ratio « coût marketing/CA » diminue.
L’entreprise peut bénéficier de l’effet d’expérience ce qui se traduit par une baisse
des coûts de production. L’objectif de la publicité est la persuasion.
373. Au cours de cette phase, l’entreprise est confrontée à un dilemme PDM/marge
unitaire. Soit elle opte pour une stratégie de volume et elle baisse ses tarifs, soit elle
privilégie la marge unitaire et maintient les prix à un niveau élevé.
c) La phase de maturité
374. La croissance ralentit du fait que le produit est déjà bien présent sur le marché. Le
bénéfice est maximal puis commence à décroître en raison des dépenses marketing
engagées pour défendre le produit face à la concurrence. Cette phase dure en prin-
cipe plus longtemps que les précédentes.
375. Le ralentissement du taux de croissance se traduit par une surcapacité de produc-
tion dans la branche. Les concurrents les plus faibles disparaissent et le secteur se
limite à un petit nombre de firmes qui sont à la recherche d’avantages concurrentiels
pour défendre leur position. Au cours de cette phase, l’entreprise peut être amenée à
modifier le produit et le marketing-mix dans son ensemble :
– la qualité du produit peut être améliorée, de nouvelles propriétés peuvent lui être
ajoutées, l’attrait esthétique du produit peut être renforcé (recherche de style
« lifting, relookage ») ;
– le prix peut être baissé pour attirer de nouveaux clients ;
– de nouveaux circuits de distribution peuvent être mobilisés ;
– l’effort publicitaire peut être accru et le recours aux offres promotionnelles,
renforcé.
CHAPITRE 7 – La politique de produit 133
d) La phase de déclin
376. Les ventes ne cessent de diminuer ainsi que les bénéfices. Ce déclin peut être lent
(2CV, 4L) ou rapide (Pogues4 ). Plusieurs facteurs sont à l’origine du déclin d’un
produit comme l’apparition sur le marché de nouveaux produits de substitution ou les
modifications des goûts et des habitudes des consommateurs. Les firmes qui demeu-
rent sur le marché réduisent leur gamme et cessent de vendre aux segments margi-
naux, mais parfois, une entreprise ne souhaite pas abandonner un produit pour des
raisons sentimentales.
377. Selon le type de produit, la courbe du cycle de vie peut prendre différentes
formes et connaître des rebondissements. Des cycles spécifiques ont été mis en
évidence pour caractériser les phénomènes de mode (tableau 7.1).
Tableau 7.1 : Cycles de vie particuliers
378. Le concept de cycle de vie du produit est transposable aux biens industriels.
Cependant, il est peu adapté aux produits sur-mesure qui sont davantage liés au
cycle de vie de la technologie qu’au cycle de vie produit-marché (Malaval, 2001).
——
4. Jeu en vogue dans les cours de récréation au milieu des années 1990.
134 MÉMENTOS – LE MARKETING
représentent le potentiel futur de l’entreprise, alors que les produits en phase de matu-
rité procurent des profits immédiats et permettent de dégager des ressources qui
financent les produits plus jeunes. Il est donc nécessaire de réaliser un diagnostic du
portefeuille de produits afin de déceler d’éventuels déséquilibres. La gestion du porte-
feuille est une nécessité pour les entreprises diversifiées.
b) L’évolution de la gamme
382. Le diagnostic du portefeuille de produits peut conduire les dirigeants à prendre
un certain nombre de décisions concernant la gamme. L’évolution peut se faire selon
trois axes (figure 7.7). Le développement de la gamme peut prendre la forme d’un
complément de gamme, c’est-à-dire une variante du produit (nouvel arôme pour un
yaourt, par exemple) ou d’une extension de gamme correspondant à une nouvelle
ligne de produit (lancement en 2010 d’une ligne de parfum sous la marque Axe qui
s’ajoute à la ligne des déodorants). L’adaptation de la gamme se traduit par le
remplacement ou la modernisation d’un produit (lancement de l’iPhone 14, par
exemple). La réduction de la gamme se justifie pour des produits anciens sans
intérêt commercial, ni financier mais également pour des produits nouveaux que
l’entreprise n’a pas su mener sur la voie de la croissance. Apple avait d’abord réduit à
l’extrême sa gamme iPod puisque seul subsistait l’iPod Touch, avant d’annoncer son
arrêt le 10 mai 2022.
Figure 7.7 : L’évolution de la gamme
383. Une gamme peut ainsi être rajeunie par le retrait de produits obsolètes et/ou par
l’adjonction de nouveaux produits. De même, le diagnostic du portefeuille peut
amener l’entreprise à lancer une nouvelle gamme de produits. Le développement de
ces derniers nécessite de respecter différentes phases d’un long processus.
136 MÉMENTOS – LE MARKETING
387. Les véritables innovations sont plutôt rares. La plupart des produits dits
« nouveaux » sont en réalité de nouvelles versions, des adaptations ou des améliora-
tions de produits existants. Il s’agit d’innovations de différenciation (ou innovations
incrémentales) et non d’innovations de rupture, c’est-à-dire un produit entièrement
nouveau se traduisant par la création d’un nouveau marché. Par exemple, des produits
tels qu’Actimel ou LC1 ont donné naissance au marché des « alicaments ». En ce sens,
ils ont constitué de véritables innovations, lorsqu’ils ont été mis sur le marché.
En effet, le marketing défensif sur les produits anciens est très coûteux. Le soutien des
PDM se fait à coups de publicité et de baisse des prix. Les produits nouveaux sont
également coûteux mais les prix de ventes sont plus élevés. En périmant prématuré-
ment les produits possédés par les consommateurs, l’entreprise incite ces derniers à
un rachat anticipé. Les nouveaux produits dynamisent les ventes de l’entreprise.
Lancer régulièrement une nouvelle version d’un modèle de voiture (Golf I, II, III...) ou
de smartphone (iPhone X, 11, 12...) permet, par exemple, d’en accélérer le renouvel-
lement.
389. En matière de PGC, l’innovation est une réponse des producteurs à la concur-
rence de la grande distribution. Elle permet de maintenir un avantage compétitif
fondé sur la différenciation face aux MDD qui concernent quasiment toutes les catégo-
ries de produits. Cette pression concurrentielle se traduit par une course au lancement
de nouveaux produits.
390. La conséquence en est qu’il est parfois reproché aux gens du marketing d’être
passés d’un marketing de la demande à un marketing d’offre. Il y aurait une tendance
à inventer des produits qui ne correspondent à aucun besoin ressenti ou identifié. Un
marché serait ensuite construit pour ce produit. Face à certaines innovations, il est en
effet légitime de s’interroger sur l’existence a priori d’un besoin. A-t-on identifié un
besoin réel avant de lancer Milka Tuc, réunissant dans un seul produit le concept du
snacking sucré et salé ? Si la création ex nihilo de besoins n’est pas le rôle primitif du
marketing, le renouvellement des produits peut s’avérer nécessaire. On peut aussi
admettre que certaines innovations radicales ne répondent pas à un besoin conscient
du consommateur, mais elles finiront par le convaincre. À titre d’illustration, parmi la
multitude d’objets connectés imaginés et mis sur le marché, certains d’entre eux arri-
veront à créer un marché en raison de leur utilité perçue par le consommateur : ceux
qui facilitent la vie, ceux qui sont liés à la santé.
391. L’innovation peut être motivée par des facteurs externes à l’entreprise. Les préoc-
cupations environnementales des consommateurs et la réglementation incitent les
entreprises à imaginer des produits plus respectueux de l’environnement. C’est le cas
pour l’industrie automobile qui va devoir renoncer aux moteurs thermiques en quel-
ques années. Parfois, il n’est pas besoin d’une loi pour développer des produits plus
verts. L’image du surf est souvent celle d’un sport proche de la nature. Une planche
de surf traditionnelle n’en est pas moins un produit issu de la pétrochimie (la plupart
sont faites en polyuréthane). Notox, une entreprise fondée en 2010 à Anglet par deux
ingénieurs surfeurs, a développé des planches en lin, liège ou bambou. L’entreprise
privilégie la proximité pour les approvisionnements : le liège provient des Landes, le
lin du nord de la France. Seul le bambou arrive de Chine. Les trois quarts des maté-
riaux incorporés dans la planche sont recyclables.
1) La recherche d’opportunités
393. L’émergence d’idées nouvelles est rarement le fait du hasard et suppose la
recherche d’opportunités. Les idées feront ensuite l’objet d’une sélection.
a) La recherche d’idées
394. À partir de ses ressources et compétences distinctives, l’entreprise peut recher-
cher des marchés sur lequel elle pense pouvoir minimiser les coûts et maximiser les
revenus. Pour faciliter l’émergence des idées, l’entreprise a recours aux méthodes de
créativité (groupes de discussions avec des clients, des utilisateurs, des distributeurs,
des fournisseurs, des experts, etc.). Elle peut aussi s’appuyer sur les méthodes dévelop-
pées par les designers : le design thinking popularisé par David Kelley et Tim Brown.
L’étude des réactions de la clientèle aux produits actuels permet de trouver de
nouvelles idées. Il est également recommandé d’observer systématiquement ce qui se
passe ailleurs, c’est-à-dire à l ’étranger, dans les salons, chez les concurrents, chez les
chercheurs, au niveau des brevets déposés. Les entreprises doivent élaborer une véri-
table stratégie de veille.
Le design thinking
Le design thinking est un ensemble de méthodes et d’outils qui aident à résoudre un
problème en adoptant la démarche des designers. Cette méthode s’appuie sur un
processus de co-créativité impliquant des retours de l’utilisateur final. Cette démarche
rigoureuse permet de concilier trois contraintes présentes dans toute innovation
CHAPITRE 7 – La politique de produit 139
395. En BtoB, et notamment pour les entreprises industrielles de haute technologie, les
idées émanent bien souvent du service R&D. Leur intérêt commercial fait ensuite l’objet
d’une concertation entre les différents services concernés (marketing, qualité, finan-
cier, etc.). Cependant, le marché est également une source d’inspiration pour les
nouvelles idées. Les problèmes rencontrés par les clients industriels peuvent amener le
service R&D à rechercher de nouvelles solutions. On distingue, en principe, deux types
d’innovations : celles poussées par la technologie et celles poussées par le marché. Par
ailleurs, les clients participent parfois au développement de nouveaux produits. Ce
phénomène, relativement répandu en BtoB, a gagné plus récemment les marchés
grand public. On parle alors de consumer made.
Le consumer made
Le consumer made est le résultat de la mise en jeu des compétences d’un ou de certains
consommateurs afin de modifier ou d’améliorer l’offre des entreprises et d’arriver ainsi à
une création originale (Cova, 2008). Les pratiques relevant du consumer made sont variées.
La co-innovation implique certains consommateurs dès la conception des nouveaux
produits. Nikon et Canon s’inspirent, par exemple des communautés d’utilisateurs de leurs
appareils respectifs pour innover. Dans la co-détermination, l’entreprise exprime sa stratégie,
les consommateurs ce qu’ils désirent. Il y a quelques années, la banque Crédit Mutuel avait
demandé aux clients d’exprimer leur souhait, avec une campagne baptisée « Si j’étais
banquier ». Dans le cas de la co-promotion, le consommateur est incité à promouvoir la
marque ou le produit via des campagnes virales. Par exemple, Dove a diffusé quelques films
à vocation virale, comme « Onslaught » qui condamne les effets néfastes de l’image de la
femme dans la presse féminine et des industriels de la beauté. Enfin, la co-production, fait
référence, selon Cova (2008), au phénomène qui consiste, d’une part, à donner la possibilité
au consommateur de configurer un produit avant de l’acheter, souvent à l’aide de tool-kits
via Internet et, d’autre part, à faire partager ses expériences de consommation y compris les
détournements de produits. Les expériences issues de l’association détonante entre le Coca
Light et les bonbons Mentos ont fait l’objet de nombreuses vidéos.
Le consumer made n’est pas exempt de risques. La marque Dove en a fait les frais. Green-
peace a réalisé une parodie du film Onslaught, accusant Dove de participer activement à la
déforestation, ses produits contenant de l’huile de palme. Une autre limite est la sollicita-
tion trop importante du consommateur qui devient consommateur-travailleur (Dujarier,
2008). Cette confusion des rôles entre producteur/vendeur, d’une part, et client, d ’autre
part, peut se traduire par un phénomène de résistance. Enfin, une communauté de
clients très impliqués pourrait imposer son point de vue à la marque et limiter sa marge
de manœuvre, en l’empêchant par exemple, de modifier son logo comme cela a été le
cas pour GAP, en 2010.
140 MÉMENTOS – LE MARKETING
2) La validation de l’idée
397. L’idée retenue est traduite en concept qui fera l’objet de tests. Si elle réussit
l’épreuve des tests, elle sera consignée dans un cahier des charges destiné à la réalisa-
tion d’un prototype.
a) La création du concept
398. Un concept de nouveau produit est une idée travaillée et approfondie sous un
angle marketing. Il s’agit d’une description d’une idée qui détaille les principales carac-
téristiques du produit et les bénéfices consommateurs qu’il propose. Il s’agit de
répondre aux questions suivantes : par qui, quand, comment et pourquoi le nouveau
produit sera utilisé. Ceci implique de définir :
– la cible du nouveau produit, dans une perspective d’usage plutôt que d’achat (à qui
s’adresse le produit) ;
– la proposition faite aux clients (quand et comment) et les bénéfices qu’ils tireront du
produit (pourquoi), dans les termes employés par les clients eux-mêmes et non en
des termes techniques ;
– les attributs du produit qui fondent ces bénéfices.
399. Le concept est une description verbale et/ou visuelle d’un produit. Ce n’est pas
un prototype ni un produit-concept tel que les concepts-cars qui incarnent les
réflexions techniques et design les plus récentes d’un constructeur automobile ou
d’un industriel. Une même idée de départ peut donner naissance à plusieurs concepts,
selon les cibles, selon les occasions de consommation ou selon les bénéfices consom-
mateur.
b) Le test du concept
400. Le concept doit faire l’objet d’un test pour vérifier sa valeur auprès de la cible. Il
est présenté à un échantillon représentatif de la cible. Leurs réactions sont enregistrées
sur la base de l’attitude et/ou de l’intention d’achat. L’intention d’achat ne représente
pas une estimation des ventes réelles mais plutôt la taille maximale du marché.
Certains groupes, habitués à développer de nombreux produits, ont fixé un seuil de
rejet de concept (50 % d’intention d’achat). S’il existe plusieurs concepts, l’entreprise
choisira celui qui entraîne la plus forte adhésion. La sélection est nécessaire à ce
niveau parce qu’ensuite le processus coûte plus cher.
401. Le test permet aussi d’identifier les freins et les motivations à l’achat, ainsi que
des pistes d’amélioration du concept. Une fois l’idée de produit validée, une étude de
faisabilité technique doit être conduite et un prototype réalisé.
CHAPITRE 7 – La politique de produit 141
411. En BtoC, le taux d’échec des nouveaux produits est élevé (environ 90 %). L’orien-
tation marché, définie comme « une culture d’entreprise qui crée [...] les
CHAPITRE 7 – La politique de produit 143
414. Il est possible de représenter cette répartition à l’aide d’une courbe. Ce n’est
qu’un modèle théorique qui n’est pas toujours respecté dans la réalité. Il ne s’applique
pas à tous les produits. Si l’on fait un parallèle avec le cycle de vie du produit, le cycle
de vie prend en compte le renouvellement contrairement à la courbe de diffusion qui
ne concerne que l’adoption (figure 7.9).
144 MÉMENTOS – LE MARKETING
4• LE PACKAGING
416. Les paragraphes précédents concernaient directement le produit. Le packaging
est un des attributs important du produit qui doit lui aussi faire l’objet de choix. La
consommation de masse et le développement du libre-service se sont traduits par la
nécessité de développer un véritable packaging du produit qui joue le rôle de
vendeur muet. Lendrevie, Lévy et Lindon (2009) définissent le packaging comme
« l’ensemble des éléments matériels qui, sans faire partie du produit lui-même, sont
vendus avec lui en vue de permettre ou de faciliter sa protection, son transport, son
stockage, sa présentation en linéaire, son identification et son utilisation par le
consommateur ».
CHAPITRE 7 – La politique de produit 145
——
5. CHR : Café Hôtel Restaurant
146 MÉMENTOS – LE MARKETING
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
————————————————————————————————————
• Information du consommateur Ingrédients, présence ou absence d’OGM, d’huile de palme,
etc.
Eau : étiquette comportant des informations sur la présence
d’oligoéléments ou d’impuretés (nitrates)
Modes d’emploi, recettes...
Numéro du service client
——
6. https://business.ladn.eu/experts-metiers/marketing-communication/marketing/etudes/yougov-etude-
marche-vrac-france-2021/
CHAPITRE 7 – La politique de produit 147
le gaspillage (50 %). Les principaux freins sont la nécessité de prévoir à l’avance des
contenants (44 %) et l’hygiène (34 %).
Figure 7.10 : Les trois niveaux du packaging
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mateurs ? Une étude netnographique », Décisions Marketing, 2016, 84, pp. 19-42.
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2018, Paris.
CHAPITRE 8
La politique de marque
420. La marque permet de créer des préférences et de fidéliser les clients. C’est un
élément clé de la stratégie de l’entreprise, car elle contribue à augmenter la valeur de
l’offre. Une marque est une promesse faite par le vendeur à l’acheteur. Elle a un
contenu symbolique complexe. « Marquer un produit revient donc à le projeter dans
un univers symbolique en l’associant à un ensemble de bénéfices tangibles et intangi-
bles mais aussi d’idées, d’émotions et de valeurs » (Heilbrunn, 1997).
Une marque est un nom, un terme, un signe, un symbole, un dessin ou toute combinaison
de ces éléments servant à identifier les biens ou services d’un vendeur ou d’un groupe de
vendeurs et à les différencier des concurrents.
1• DE L’IMAGE AU CAPITAL-MARQUE
423. L’image de marque est un concept qui a fait l’objet de nombreux développe-
ments dans la littérature depuis les années 1950. La marque est une représentation
mentale issue du produit, de l’expérience, de la communication et de l ’image de ceux
qui l’achètent. Dans son acception large, l’image de la marque est constituée de tout
ce que le consommateur lui associe. Il peut s’agir d’associations fonctionnelles, écono-
miques, sociales, psychologiques ou symboliques. La marque est source de différencia-
tion et se traduit par un positionnement spécifique dans l’esprit des consommateurs.
Les entreprises réalisent régulièrement des études d’image afin de déceler un éventuel
écart entre le positionnement souhaité et la perception qui en est faite par le
150 MÉMENTOS – LE MARKETING
consommateur. L’image de marque a longtemps été utilisée par les praticiens, dans le
cadre de la publicité, et a fait l’objet de nombreuses recherches sans que l’on puisse
parler d’un véritable consensus quant aux dimensions qui la composent. D’autres
concepts tels que l’identité de la marque et le capital-marque lui sont aujourd’hui
préférés.
A - L’identité de la marque
424. Dans les années 1980, les chercheurs et les praticiens se sont intéressés à l’iden-
tité de la marque, concept créé pour structurer la réflexion des responsables marketing
sur le fonctionnement d’une marque. L’identité correspond à la marque telle qu’elle
est souhaitée par les responsables marketing alors que l’image de marque correspond
à une représentation dans l’esprit du consommateur. L’identité d’une personne est
la réponse à la question « qui suis-je ? ». Il en va de même pour une marque, sauf
que la question et la réponse sont le fait des gestionnaires de marque Il existe plusieurs
conceptualisations de l’identité mais le modèle de Kapferer (1998), selon lequel la
marque s’organise autour d’un prisme à six facettes, est probablement le plus connu,
y compris hors de nos frontières (figure 8.1).
Figure 8.1 : Le prisme d’identité de la marque (Kapferer, 1998, p. 108)
1) La marque a un physique
425. Le physique est l’ensemble de caractéristiques objectives saillantes ou latentes. Le
physique correspond au savoir-faire, au positionnement classique. Il s’appuie sur
certains produits pivots ou certaines qualités de la marque. Par exemple, la petite
bouteille ronde rappelant une orange fait partie intégrante de l’identité physique de
CHAPITRE 8 – La politique de marque 151
B - Le capital-marque
432. Le capital-marque est défini comme la valeur ajoutée par le nom d’une marque et
récompensée par le marché sous forme de profits accrus ou de parts de marché plus
importantes. Cinq facteurs contribuent au capital-marque (Aaker, 1996) : la fidélité, la
qualité perçue, l’image de marque, la notoriété et la distribution.
1) La fidélité à la marque
433. Il est moins onéreux de conserver un client que d’en conquérir un nouveau. Les
consommateurs fidèles à une marque sont moins réceptifs aux offres attractives des
concurrents. Lorsqu’ils sont très satisfaits, ils jouent le rôle d’ambassadeur et parlent
favorablement des produits qu’ils ont l’habitude d’utiliser, participant ainsi à la
conquête de nouveaux clients sans que cela ne coûte à l’entreprise. L’éventail des
produits et services qu’ils achètent s’élargit grâce aux ventes croisées (cross selling) et
à la montée en gamme (up-selling). Ils sont donc plus rentables que les nouveaux
clients dont la conquête s’accompagne, bien souvent, de coûts d’acquisition très
élevés. La fidélité permet donc de réduire les coûts marketing.
4) La notoriété de la marque
436. La notoriété est le taux de reconnaissance d’une marque. C’est la capacité à asso-
cier une marque à une catégorie de produit Elle rend la marque plus familière. Elle
crée des associations durables dans le temps. La notoriété se mesure de différentes
façons (tableau 8.1).
Tableau 8.1 : Les mesures de la notoriété
Notoriété top La marque est citée au 1er rang de manière spontanée, au cours d’un test de notoriété
of mind spontanée.
La marque est présente à l’esprit du consommateur lorsqu’elle est associée à une
catégorie de produit.
Notoriété
On la mesure en posant la question : « Pour telle catégorie de produits, quelles sont les
spontanée
marques dont vous avez déjà entendu parler ? ».
La notoriété spontanée est considérée comme faible lorsqu’elle est inférieure à 15 %.
La marque est reconnue, par le consommateur, parmi un ensemble de marques qui lui
Notoriété sont proposées.
assistée Concrètement, il est demandé au consommateur d’indiquer les marques dont il a
entendu parler, dans une liste préétablie.
437. Il faut relativiser les résultats obtenus lors d’un test de notoriété. Les consomma-
teurs ont tendance à vouloir reconnaître un maximum de marques. Si on ajoute à la
liste des marques qui n’existent pas, on obtient souvent des scores de notoriété de 5
à 10 % pour ces marques fictives. Les résultats dépendent de la façon dont les ques-
tions sont posées. Les deux questions « Connaissez-vous la marque X ? » et « Avez-
vous déjà entendu parler de la marque X ? » n’entraîneront pas forcément le même
taux de notoriété. La première formulation est sujette à interprétation. La seconde
doit lui être préférée. Le taux de notoriété est influencé par les campagnes publicitaires
– pour la marque ou pour des concurrents – opérées au moment du test. Par exemple,
le taux de notoriété spontanée de la marque de sportwear Soöruz pourrait être sures-
timé si une telle étude était réalisée alors que la marque effectue une campagne d’affi-
chage 4 x 3.
154 MÉMENTOS – LE MARKETING
2• LA SIGNALÉTIQUE DE LA MARQUE
438. L’identité de la marque, telle qu’elle est souhaitée par les responsables marketing,
doit être communiquée à la cible. Les décideurs disposent pour cela d’un ensemble
d’éléments qui permettent de reconnaître la marque et que l’on qualifie de signalé-
tique de la marque. Il s’agit, pour l’essentiel, du nom, des emblèmes, du graphisme,
du packaging et du design (figure 8.2).
Figure 8.2 : Éléments de la signalétique de la marque
A - Le nom de marque
439. Le nom de marque peut prendre différentes formes. Il doit en outre présenter un
certain nombre de qualités qui faciliteront sa mémorisation par le consommateur.
a) Le patronyme
441. Il s’agit du nom d’un ou des fondateurs de l’entreprise (Renault, Vuitton, Bordas,
Bic, Mars). Les marques patronymiques sont relativement nombreuses en France,
comme à l’étranger. Elles sont présentes dans de nombreux secteurs d’activité (Nestlé
– agroalimentaire ; Dell – informatique ; Ford, Renault, Peugeot – industrie
CHAPITRE 8 – La politique de marque 155
b) Le sigle
442. Il résulte de la transformation d’une raison sociale en sigle, en ne retenant que la
première lettre des noms qui la composent. Le principal inconvénient d’un tel nom de
marque est une possible perte de sens et une faible propension à susciter des images
mentales, mais certaines entreprises ont su construire un véritable capital-marque à
partir d’un sigle (FNAC, IBM, KFC).
c) Le nom générique
443. Il peut s’agir d’un nom qui renvoie à une catégorie de produits qui existe déjà
(matériel informatique Microsoft) ou d’un nom qui devient, a posteriori , générique
car, dans l ’esprit des consommateurs, il est indissociable de la catégorie de produit
(Frigidaire, Caddie, Kleenex). Le droit français limite le dépôt de certains noms généri-
ques à titre de marque. Par exemple, le terme « cola » seul ne pourrait pas être déposé
comme marque, car c ’est un nom générique (la catégorie des colas = boissons à base
de cola), alors que rien ne s’oppose au dépôt de la marque Coca-Cola.
444. Lorsqu ’un nom de marque est créé pour une nouvelle catégorie de produits,
l’entreprise doit prendre un certain nombre de mesures pour éviter qu’elle ne devienne
un nom commun. Ainsi, la société 3M, propriétaire de la marque Post’it lutte pour
empêcher la déchéance pour dégénérescence de cette marque1. Un Post’it est une
« note repositionnable ».
445. Rappelons que la marque est un signe distinctif servant à désigner les produits
et services d’une entreprise et à informer le consommateur sur l’origine de ceux-ci.
Lorsqu’une marque devient un nom commun servant à désigner le produit ou service,
cette fonction n’est plus assumée. Le statut de marque peut alors être contesté par un
concurrent. À titre d’exemple, la marque SOPALIN, déposée à l’INPI en 1948 par la
Société du Papier-Linge, a fait l’objet d’un bras de fer juridique entre l’italien Sofidel
(actuel propriétaire) et l’américain Georgia-Pacific, qui réclamait sa dégénérescence.
En vain, le tribunal de grande instance de Paris avait confirmé son statut de marque,
par un jugement rendu le 18 novembre 2012. Le risque de dégénérescence est parti-
culièrement élevé lorsque deux conditions sont réunies :
– la marque est devenue la désignation usuelle du produit du fait des concurrents, des
consommateurs ou des médias ;
– cette utilisation résulte d’une faute imputable au titulaire de la marque qui n’a pas
protesté lorsque sa marque était utilisée de manière générique.
——
1. https://www.inpi.fr/valoriser-vos-actifs/le-mag/3m-company-empecher-la-degenerescence-de-marque
156 MÉMENTOS – LE MARKETING
d) Le nom de fantaisie
446. Le sens initial n’est ni rattaché au produit, ni au nom d’une personne, ni à une
promesse. À l’heure actuelle, les entreprises ont de plus en plus recours à des cabinets
spécialisés dans la création de noms de marque (cabinets de naming), comme Nomen,
qui est à l’origine des noms de marques Thales, Safran, ManoMano, Vélib’, Enedis...
Cette tendance à créer de nouveaux mots s’explique, en partie, par l’indisponibilité
des mots courts. Cette stratégie se traduit parfois par des phénomènes de mode :
noms en « ou » (Kangoo) et en « a » (Dalkia, Véolia) pout leur douceur, en « x » pour
leur pouvoir de différenciation étant donné la faible fréquence de la lettre « x » dans
notre langue (Natixis) ou un véritable engouement pour les noms gréco-latins (Kéolis,
Lactalis, Vivendi).
e) La promesse
447. Certains noms de marque reprennent la promesse attachée au produit. C’est le
cas de la marque de produits d’entretien Mr Propre. Cette pratique concerne égale-
ment des marques de service comme les hôtels Formule 1 ou des noms d’enseignes :
Cultura, enseigne associée aux loisirs culturels et aux arts plastiques, ou Cdiscount,
premier site de e-commerce français, dont le positionnement prix est discount.
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Le nom doit être disponible et protégeable ce qui suppose un certain nombre de
vérifications préalables notamment auprès de l’INPI (Institut national de la propriété
Disponible et industrielle). Par exemple, les indications géographiques protégées ne peuvent pas être
protégeable utilisées tels quels comme marque ou figurer dans un nom de marque. Ainsi, le terme
« Champagne » ne peut être utilisé comme nom de parfum et Yves Saint Laurent avait
dû renoncer à ce nom.
Exempt de Le nom ne doit pas être associé à des connotations négatives, dévalorisantes ou ridicules. Il
connotations existe cependant des marques comportant de telles connotations : Champagne Veuve
négatives Cliquot, bonbons Bêtises de Cambrai, le parfum Poison de Christian Dior, etc.
Le nom doit être distinctif. Il en est pour les noms de marque comme pour les prénoms
des personnes. Ils sont victimes de phénomènes de mode. Les noms en « ou et a »,
Distinctif
associés à la féminité et ceux en « is et x », renvoyant une image de sérieux et de
solidité ont eu la côte au début des années 2000.
Le nom de marque peut être suggestif, c’est-à-dire évoquer les bénéfices procurés par
Suggestif l’utilisation du produit (Post-it) ou rappeler la catégorie de produit (l’entreprise laitière
Besnier est devenue Lactalis).
D - Les emblèmes
455. Une marque peut s’appuyer sur plusieurs emblèmes pour construire son identité.
L’entreprise peut recourir à un jingle (identité sonore), un logo (identité visuelle), un
symbole (identité visuelle) et une signature. Lorsqu’il n’y a qu’un emblème, c’est le
logo, sorte de signature visuelle de la marque.
1) Le logo
456. Le logotype est le drapeau de la marque. Il facilite l’identification et favorise la
création d’associations à la marque. Il doit être unique et évoluer dans le temps sans
perturber les consommateurs. Par exemple, lorsque Rossignol, fabricant de skis, a
décidé de se repositionner vers les nouvelles glisses, à la fin des années 1990, le
nouveau logo – abandonné depuis – avait conservé la lettre R et la couleur rouge
mais, en même temps, il incorporait les nouvelles glisses puisque le R ressemblait à
une trace de snowboard dans la poudreuse. Certains changements de logo entraînent
des réactions mitigées de la part des consommateurs (cf. le changement de logo de
BlaBlaCar, ci-dessous). D’autres sont relativement bien acceptés : Deliveroo, dont le
symbole du kangourou est maintenant beaucoup plus stylisé, Instagram (on devine à
peine l’appareil photo) ou Uber (disparition du U). Les marques commettent parfois
des erreurs. Weight Watchers a souhaité un rebranding complet de sa marque en
2018. Le nom de marque n’est plus Weight Watchers mais Wellness that Works. Le
nouveau logo est composé de deux W, l’un au-dessus de l’autre. Le problème c’est
que ce changement de nom est peu connu des consommateurs qui ne reconnaissent
pas le logo.
Mais ce nouveau logo a aussi ses détracteurs. Le site Logo News en fait une analyse plutôt
critique. « Même si l’ancien logo était un peu disgracieux, il avait le mérite de dire immé-
diatement et simplement, par les couleurs et le décalage des premiers mots, la notion de
rencontre et d’échange. La nouvelle typographie ne dit rien, ressemble à beaucoup
d’autres. Utilisée seule, elle ne distingue plus la marque. Cette nouvelle identité repose
donc, comme beaucoup d’identités actuellement, sur un symbole : les guillemets. Ces guil-
lemets doivent absolument tout dire : reprendre la forme des “b” de BlaBlaCar, évoquer la
forme de sièges automobiles, se croiser pour signifier l’idée de rencontre. Résultat : on ne
comprend plus grand-chose. La seule symbolique de la conversation aurait suffi, si seule-
ment on comprenait mieux les guillemets ». L’auteur de ce billet lui trouve une ressem-
blance avec le logo de Paypal inversé. Au contraire de l’effet recherché, les couleurs
froides, la typographie, les formes géométriques créeraient une distance et une standardi-
sation graphique.
2) Le symbole
458. Un symbole peut être incorporé au logo ou constituer un élément complémen-
taire contribuant à l’identité de la marque. Il peut s’agir :
– de personnages réels (l’acteur Georges Clooney associé à la marque Nespresso) ou
fictifs (Crédito, le petit bonhomme vert associé à Cetelem) ;
– d’animaux (Poulain, Félix le chat, l’écureuil de la Caisse d’Épargne) ;
– de fruits (Apple) ou de végétaux (Lafuma, feuille de peuplier, souvent confondue
avec la feuille d’Érable), etc.
3) Le jingle
459. Le jingle désigne une « ritournelle publicitaire » et constitue l’identité sonore
permanente de la marque. Il se limite bien souvent à quelques notes de musique qui
peuvent être utilisées dans les publicités (Dim, MMA, Intel). Il peut s’agir d’une mélodie
ad hoc composée spécifiquement pour la marque (Nescafé, Open Up), de l’utilisation
de musiques déjà connues (Banque Populaire, Free de Stewie Wonder ; Crédit Agri-
cole, Imagine de John Lennon) ou de l’utilisation d’une œuvre musicale qui n’est pas
encore connue du grand public (utilisation de nombreux titres de l’album Play
160 MÉMENTOS – LE MARKETING
de Moby, au début des années 20002). L’utilisation de jingles est plus rare en ce qui
concerne les marques BtoB, mais Areva avait choisi Funky Town du groupe Lipps Inc,
un standard des années 1980, un choix extrêmement surprenant pour une marque
étroitement associée à l’énergie nucléaire.
4) La signature ou tagline
460. La signature est une phrase courte qui reprend la vocation de la marque. C’est la
version moderne de la devise. La formulation concise permet une meilleure mémorisa-
tion et sa répétition facilite l’association des produits ou services à la marque. La signa-
ture facilite en outre la mémorisation des valeurs de la marque ou de l’entreprise. La
signature doit être originale (elle doit marquer les esprits) ; juridiquement disponible
(une recherche d’antériorité est nécessaire) ; légitime (elle véhicule une promesse
crédible et durable) ; concise (de quatre à huit mots) ; claire (sans ambiguïté) et
mémorable (reconnaissable et facile à retenir).
461. La signature concerne aussi bien les marques destinées aux consommateurs que
les marques BtoB. Alors que la signature de la marque BtoC traduit l’esprit de la
marque, la signature BtoB traduit davantage l’esprit de l’entreprise. Les territoires en
tant que marque ont également créé des taglines : Paris, « Le monde entier est notre
invité » ; Lyon, « Only Lyon » (une belle anagramme).
——
2. Les morceaux de l’album « Play » auraient été utilisés dans plus de 200 spots publicitaires (Lewi,
2005).
CHAPITRE 8 – La politique de marque 161
1) La marque d’ entreprise
464. La marque d’entreprise est définie comme « une marque qui s’étend sur
l’ensemble de l’entreprise, qui communique des espérances sur ce qu’une firme va
offrir en termes de produits, services et expérience des clients » (Argenti et Drucken-
millier, 2004).
le groupe BSN Gervais Danone se recentrait sur trois métiers et optait pour le nom
de Danone. Une autre motivation est de créer du sens grâce à un nouveau nom : le
groupe laitier Besnier (du nom des fondateurs) a opté pour Lactalis. Or, le change-
ment de nom est une stratégie risquée. En effet, parmi les stratégies de marque, le
changement de nom est celle qui a le plus fort impact sur la cotation boursière
(Changeur, 2004).
2) La marque employeur
469. Confrontées aux difficultés de recrutement dans certains secteurs ou pour
certains métiers, les entreprises développent leur marque employeur. Celle-ci est
définie comme « l ’ensemble des bénéfices fonctionnels, économiques et psychologi-
ques inhérents à l’emploi et avec lesquels l’entreprise, à titre d’employeur, est identi-
fiée » (Ambler & Barrow, 1996, p. 187). Les bénéfices fonctionnels se traduisent par
l’attrait du travail ainsi que par les activités de développement (Berthon et al., 2005).
Les bénéfices économiques correspondent aux avantages matériels et/ou financiers,
tandis que les bénéfices psychologiques sont liés aux sentiments de contrôle et
d’appartenance ou à la valeur sociale liée à l’ambiance de travail.
470. De nombreuses recherches ont montré les effets bénéfiques d’une marque
employeur forte. Ces effets jouent tant en interne, auprès des salariés en poste,
qu’en externe, auprès des futurs salariés (Viot et Benraïss-Noailles, 2014).
471. En interne, une marque employeur forte permet d’obtenir un engagement supé-
rieur des salariés qui restent fidèles à l’entreprise. Les effets de la marque employeur
sur la rétention des salariés sont rarement directs et jouent via des médiateurs tels
que le fait de se sentir soutenu par sa hiérarchie ou le bien-être au travail. La marque
employeur est également source d’attractivité. Elle agit comme un signal à partir
duquel les jeunes diplômés ou les salariés des entreprises concurrentes se font une
idée de l’expérience qu’ils pourraient vivre en travaillant dans cette entreprise.
2) La marque-ombrelle
473. Elle regroupe un ensemble hétérogène de produits appartenant à des catégories
différentes bénéficiant chacune d’une promesse spécifique. Elle regroupe plusieurs
gammes de produits. La marque Tefal (groupe Seb) est utilisée à la fois pour l’univers
de la cuisine (casseroles, petit électroménager) mais aussi pour le soin de la personne
(pèse-personne, lisseur, épilation, etc.). La marque Yamaha est connue pour ses instru-
ments de musique, ses motos, ses moteurs de bateaux, ses voiturettes de golf, etc. La
marque ombrelle se distingue de la marque-caution du fait qu’elle se suffit à elle-
même et ne vient pas s’ajouter à une autre marque. Elle se différencie de la marque
gamme par la plus grande étendue de son territoire.
3) La marque-gamme
474. Elle associe à un nom un ensemble de produits ou de lignes de produits homo-
gènes. iPad, la marque de Apple dédiée aux tablettes tactiles, peut être considérée
comme une marque-gamme dont les lignes sont l’iPad mini, l’iPad et l’iPad pro.
475. De nombreuses marques-gammes tendent à devenir des marques ombrelles.
Ainsi, La Laitière – étendue vers les desserts glacés – et Andros – qui propose des jus
de fruits frais – sont devenues des marques-ombrelles.
4) La marque-ligne
476. Elle regroupe, sous un même nom, des produits complémentaires qui s’adressent
à une clientèle particulière et bénéficient d’une promesse spécifique. Ipad Pro est une
marque-ligne qui, comme son nom l’indique, s’adresse aux professionnels, du fait de
ses caractéristiques (aussi puissant ou plus qu’un ordinateur).
5) La marque-produit
477. Elle désigne un seul produit, ce qui est de plus en plus rare. À l’heure actuelle, les
entreprises préfèrent capitaliser sur quelques marques fortes qui sont étendues vers
une gamme ou de nouvelles catégories de produits plutôt que de multiplier les noms
de marque. D’autres groupes, à l’opposé, collectionnent les marques pour une même
catégorie de produits. C’est la stratégie adoptée par Procter & Gamble pour les lessives
avec Dash, Ariel et Lenor. Le groupe poursuit sa stratégie de marques multiples avec le
lancement, en 2022, de la marque de lessive La Recette Essentielle certifiée Ecolabel.
Le marché français constitue un test pour ce nouveau produit.
6) La griffe
478. Elle est la signature d’un créateur et est réservée aux produits de luxe (YSL, Louis
Vuitton, Christian Dior, Chanel). Elle constitue la plupart du temps une marque-
ombrelle déclinée sur un ensemble de produits : des accessoires de mode
164 MÉMENTOS – LE MARKETING
——
3. https://www.plmainternational.com/fr/industry-news/private-label-today
4. Source : Commission d’examen des pratiques commerciales.
CHAPITRE 8 – La politique de marque 165
3) Les marques-enseigne
482. L’enseigne engage son image de marque et sa réputation en associant étroite-
ment son nom à des produits (produits Carrefour, produits Auchan). Elle joue le rôle
de marque-caution au risque que le consommateur reporte sur l’enseigne ou le
magasin son insatisfaction à l ’égard des produits commercialisés sous son nom.
483. Historiquement ce sont les marques de fabricant qui ont dominé le marché puis
des détaillants importants ont développé leur marque propre (produits libres Carrefour
en 1976) et les MDD sont devenues un élément clé de la concurrence. Elles ne sont
pas pour autant une invention du XXe siècle. L’enseigne britannique Sainsbury proposait
les siennes dès 1869.
Le Label Rouge
Le Label Rouge est un label national qui représente la marque collective propriété du minis-
tère de l’Agriculture et de la Pêche. Il constitue une certification qui atteste qu’un produit
alimentaire répond à certains critères de qualité de production ou de fabrication supérieurs
à la norme. La différence de qualité doit être perceptible par le consommateur tant sur le
plan gustatif que de l’image.
——
5. https://interbrand.com/best-global-brands/
CHAPITRE 8 – La politique de marque 167
Elle inspire confiance aux consommateurs, aux prospects et aux distributeurs. Elle
constitue un atout dans la négociation avec les distributeurs car les marques les plus
connues doivent être référencées sous peine de voir les clients changer d’enseigne.
Grâce à la marque, le fabricant peut s’adresser directement au consommateur par le
biais de la publicité ou d’une communauté constituée autour de la marque.
489. En interne, la marque peut créer un sentiment d’appartenance et de fierté. La
marque peut susciter la confiance chez les investisseurs. Des chercheurs ont montré
que la valeur de la marque dans le classement Interbrand influence le cours boursier
à hauteur de 4 % : autrement dit, la valeur de la marque influence la valeur de la
firme (Dutordoir et al., 2015). Vis-à-vis des concurrents, la marque est un facteur de
différenciation qui détermine son territoire de compétence.
493. L’extension peut être directe ou indirecte. Elle est directe lorsqu’on attribue un nom
de marque existant à un nouveau produit sans aucune modification de ce dernier.
CHAPITRE 8 – La politique de marque 169
Elle est indirecte lorsque le nouveau produit porte une variante du nom de la marque
mère. Il peut s’agir d’une marque-caution associée à une marque-produit (Spécial K
de Kellogg’s) ou de l’utilisation de la marque-caution comme suffixe ou préfixe d’un
nouveau nom (Danette, Danao, Danacol ou Danio de Danone). La stratégie d’extension
directe est plus appropriée pour étendre la marque vers des catégories de produits assez
proches et avec des niveaux de prestige similaires. La stratégie d’extension indirecte
réduit les risques pour la marque, elle est donc plus adaptée pour des extensions vers
des catégories de produits plus éloignées. L’extension de marque présente un certain
nombre d’avantages et d’inconvénients (tableau 8.4).
Tableau 8.4 : Avantages et inconvénients des stratégies
d’extension de marque
Avantages Inconvénients
• Réduire les coûts de communication en mutualisant • Diluer le capital marque en cas d’échec :
les campagnes. nouveau produit qui déçoit et jette le discrédit
• Accroître la notoriété, renforcer le capital marque en sur toute la marque.
multipliant les supports pour la marque. • Créer une confusion quant au territoire de la
• Faciliter le référencement des produits lancés sous la marque (Lafuma : cartables, montagne,
marque-mère. camping, meuble de jardin, etc.). La marque
• Faciliter l’essai et l’adoption des nouveaux produits, pourrait ainsi perdre en crédibilité.
car le consommateur est rassuré par la notoriété de la
marque. Il transfère les croyances et les attitudes
envers la marque au nouveau produit.
• Redynamiser l’image et témoigner de la capacité
d’innovation de la marque.
C - La concession de licence
498. D’un point de vue juridique, le contrat de licence de marque est celui par lequel
le titulaire d’une marque confère à un tiers le droit d’apposer sa marque sur ses
propres produits et d’en faire un usage commercial. Historiquement, cette pratique
s’est développée dans l’habillement, avec les personnages de dessins animés. Aujour-
d’hui, tous les secteurs sont concernés : cinéma, dessin animé, bande dessinée, mode,
CHAPITRE 8 – La politique de marque 171
sport, art, célébrités, luxe, etc. En France, les personnages, héros et divertissements
représentent 60 % des licences.
3) Licence croisée
503. Une entreprise qui détient une marque connue peut trouver un avantage à
s’associer avec une autre marque pour co-signer certains produits, ce qui constitue
une stratégie de licence croisée. Une attention particulière doit être portée à la place
accordée à chaque marque et, notamment, à la façon dont les marques seront repré-
sentées sur les produits et les emballages ou sur une étiquette. Les licences croisées
posent les bases juridiques du co-branding.
504. Quelle que soit leur forme, les stratégies de licence présentent des avantages et
des inconvénients (tableau 8.6).
172 MÉMENTOS – LE MARKETING
1) Le développement partagé
506. Le développement partagé est l’alliance de deux ou plusieurs marques au stade
de la conception ou du processus de fabrication d’un produit. L’objectif est bien
souvent de regrouper deux savoir-faire. Le produit ainsi conçu peut porter un nom
nouveau différent des deux marques qui se sont associées (voiture Smart conçue par
Mercedes et Swatch) ou bien l’une des marques permet d’authentifier le produit.
2) Le co-marquage
507. « Le co-marquage est une alliance entre deux ou plusieurs marques fondée sur
une coopération dans la conception du produit, au plan fonctionnel ou symbolique et
la co-signature du produit par les marques partenaires sur le produit lui-même ou sur
ses éléments d’identification » (Cegarra et Michel, 2001). Certaines alliances de ce
type sont surprenantes. Google avait pour habitude de donner un nom de pâtisserie
à chaque nouvelle version de son système d’exploitation (Cup Cake, Donut, Jealy
Bean...) mais, en 2013, il a surpris tout le monde en concluant un partenariat avec la
marque KitKat (groupe Nestlé), apparemment la marque fétiche des employés
de Google. Ce co-marquage qui n’aurait pas donné lieu à une contrepartie financière,
CHAPITRE 8 – La politique de marque 173
aurait été dicté par l’envie de faire quelque chose d’amusant et d’inattendu. Durant ce
partenariat, le célèbre androïde était présent sur le packaging des non moins célèbres
barres croustillantes. Ce partenariat étonnant a permis à Nestlé de profiter de l’image
« cool » de Google. Pour l’entreprise de Mountain View, c’était l’occasion de faire le
buzz sur la nouvelle version d’Androïd.
3) La communication conjointe
508. Il y a communication conjointe lorsqu’une ou plusieurs marques s’associent pour
développer une campagne publicitaire (publicité conjointe) ou une campagne promo-
tionnelle commune (promotion conjointe). En règle générale, la publicité s’appuie sur
l’occasion de consommer le produit (alliance entre une marque de jus de fruit, Tropi-
cana, et une marque de céréales, Kellogg’s, pour le petit-déjeuner, par exemple), sur
une cible commune (les enfants) ou sur un ou plusieurs attributs communs aux deux
marques. La promotion conjointe, quant à elle, consiste à vendre, à un prix promo-
tionnel, un lot composé de deux produits ou services portant des marques différentes
(une bouteille de rhum Baccardi accompagnée d’une bouteille de Coca-Cola). L’accord
évoqué plus haut entre Nestlé et Google comportait également une opération de
promotion conjointe. Le packaging de KitKat invitait les consommateurs à se rendre
sur le site Androïd pour tenter de gagner des tablettes Google Nexus 7 ou des bons
d’achat sur Google Play et sur la boutique en ligne de Google. La dernière association
de ce type date de 2017 avec Androïd Oreo. Depuis, Google est revenu à une déno-
mination plus classique (Androïd 13, 2022).
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CHAPITRE 9
La politique de prix
512. Le prix est une variable clé du marketing. C’est un vecteur d’information qui
permet au consommateur d’inférer un niveau de qualité, de positionner un produit
ou de se forger une image d’un magasin ou d’une enseigne. Ce n’est pas un attribut
ordinaire, car il est l’expression monétaire de la valeur de toutes les caractéristiques du
produit y compris sa valeur d’usage et sa valeur d’estime.
513. Par rapport aux autres variables du marketing, le prix présente des caractéristi-
ques qui lui sont propres. Le prix est une variable :
– flexible, car il peut être changé à tout moment et peut être modulé selon les clients,
les quantités achetées ou la période (heures d’affluence, haute saison...) ;
– puissante, car il produit un effet direct sur les ventes, la PDM, le résultat net (lorsque
les marges sont faibles, une augmentation modérée du prix permet d’accroître
fortement le résultat) ;
– rapide, car contrairement aux autres variables du marketing, une modification du
prix produit des effets quasi immédiats ;
– sans investissement préalable, contrairement aux trois autres variables du mix ;
– risquée, parce qu’une mauvaise anticipation des réactions des clients ou de la
concurrence peut avoir des conséquences difficilement réparables.
514. La politique de prix concerne les décisions relatives à la fixation du ou des prix de
vente des produits de l’entreprise. En dépit de leur importance, les décisions concer-
nant le prix ne sont pas toujours optimisées. Bien souvent, encore, le prix de vente
est déterminé à partir du seul coût de revient sans prise en compte des autres variables
du marketing-mix. Le prix de vente résulte de l’influence de multiples facteurs. La
démarche retenue pour élaborer la politique de prix doit s’efforcer d’en tenir compte.
A - La demande
516. Pour fixer le prix de leurs produits et/ou de leurs services, les entreprises ont
besoin de connaître la sensibilité des clients vis-à-vis des prix. L’élasticité de la
demande par rapport aux prix est un concept issu de l’économie. Une vision plus
complète de la sensibilité aux prix nécessite la prise en compte de la psychologie du
consommateur, notamment en matière de perception du prix, mais aussi quant à la
relation qu’il peut établir entre le niveau de prix et la qualité perçue du produit.
1) L’approche macroéconomique
517. La demande globale d’un bien ou d’un service est l’expression des intentions
d’achat de ce bien ou de ce service, destinées à satisfaire les besoins solvables des
différents agents économiques. Selon la théorie économique, il existe une relation
inverse entre le niveau de la demande et le niveau de prix. Lorsque le prix augmente,
les quantités demandées diminuent et réciproquement, pour un niveau de prix infé-
rieur, la demande est supposée augmenter (figure 9.2).
Figure 9.2 : La courbe de demande d’un bien
CHAPITRE 9 – La politique de prix 177
518. Cette théorie repose sur un certain nombre d’hypothèses. La première est celle
d’un comportement rationnel de l ’homo economicus. Or, face à la diversité de l’offre,
le consommateur ne fait pas toujours preuve de rationalité. La deuxième est celle d’un
accès total à l’information. Or, le consommateur n’a qu’une connaissance incomplète
de l’offre du marché bien qu’Internet ait réduit l’asymétrie d’information entre offreurs
et demandeurs. Enfin, la sensibilité aux prix est variable selon la nature des produits,
selon les consommateurs et selon les situations d’achat ou d’usage des biens. Un prix
élevé ou bas peut constituer un frein ou une motivation à l’achat selon les avantages
recherchés et les perceptions de l’acheteur. L’élasticité peut être calculée en fonction
des variations de revenus, du budget publicitaire ou en fonction du prix de biens
substituables ou complémentaires. Dans ce dernier cas, il s ’agit d’un calcul d’élasticité
croisée (élasticité du bien 1 par rapport aux variations de prix du bien 2).
La mesure de l’élasticité
% de variation de la demande dq/q
Élasticité = –————————————— = ————
% de variation de prix dp/p
q1 = quantité de biens 1
p2 = prix du bien 2
519. Dans certains cas, le principe selon lequel la demande augmente lorsque le prix
baisse n’est pas respecté. Le prix n’a aucun effet sur la demande ou bien la relation se
fait de façon inattendue. Un certain nombre d’effets atypiques ont été mis au jour par
les économistes et les sociologues.
520. De nombreux facteurs peuvent rendre les clients moins sensibles aux prix. Cela
peut tenir aux attributs du produit : produit associé à un avantage spécifique, produit
perçu comme un produit de qualité et de prestige, produit utilisé avec du matériel déjà
178 MÉMENTOS – LE MARKETING
acheté (cartouches d’encre pour imprimante, par exemple), produit qui ne peut être
stocké (électricité, gaz de ville), etc. D’autres raisons sont inhérentes au client lui-
même : il connaît mal les produits de substitution ou bien il peut difficilement
comparer les offres concurrentes du fait de l’hétérogénéité de l’offre. Enfin, le faible
poids des dépenses occasionnées par l’achat d’un bien donné dans le budget du
ménage peut aussi réduire la sensibilité aux prix. Internet a accru la sensibilité au prix
en facilitant les comparaisons immédiates entre différentes offres notamment à l’aide
des comparateurs.
——
1. Pour une présentation détaillée voir Desmet et Zollinger, 1997.
CHAPITRE 9 – La politique de prix 179
Malgré l’incertitude sur l’efficacité de ces pratiques, elles sont largement répandues. Par
exemple, Free, le fournisseur d’accès à Internet français, a proposé pendant de
nombreuses années, un forfait tout compris à 29,99 euros par mois.
c) Le prix de référence
524. La zone de prix acceptable est liée à l’existence d’un prix de référence défini
comme étant tout prix qui sert de point de comparaison pour évaluer les autres prix.
Il peut être externe s’il est établi à partir de l’observation de l’environnement (prix de
produits similaires, publicité, prix initial barré lors d’une vente promotionnelle ou de
soldes) ou interne s’il est stocké dans la mémoire du consommateur (dernier prix
payé, prix espéré, croyances du consommateur). Il est influencé par la familiarité du
consommateur avec la catégorie de produit et son degré d’expertise.
525. Lorsqu’il est face à un prix, le consommateur le compare au prix de référence
qu’il a en tête ou qui est disponible au moment de l’achat. Si l’écart de prix entre le
prix affiché et le prix de référence est perçu comme faible, le prix est dans la zone
d’acceptation (Figure 9.3).
180 MÉMENTOS – LE MARKETING
Figure 9.4 : Relation entre prix perçu, qualité perçue et valeur perçue
(adapté d’après Zeithaml, 1988)
531. Les études empiriques ont eu du mal à valider la relation prix-qualité. Ceci peut
s’expliquer par le fait que pour des achats peu courants, le consommateur recherche
d’autres informations que le prix pour se faire une idée de la qualité du produit. Il
utilise d’autres attributs comme la marque ou la réputation du vendeur. Le prix joue
un rôle crucial lorsqu’il est la seule information disponible. Dès qu’il dispose d’autres
182 MÉMENTOS – LE MARKETING
informations, telles que la marque, et qu’il a connu une expérience avec le produit, le
consommateur se fie moins au prix pour juger de la qualité (Dodds et al., 1991 ; Rao
et Monroe, 1987).
532. Dans le contexte Internet, de nombreux économistes prédisaient une plus faible
dispersion des prix et une baisse des prix liées à une plus grande transparence et à de
faibles coûts de recherche de l’information permettant aux internautes de comparer un
plus grand nombre d’offres. En définitive, les études empiriques fondées sur des
méthodes économétriques concluent à des résultats très contradictoires (voir Viot, 2011,
pour une présentation détaillée). Il semblerait que la bonne réputation du vendeur l’auto-
rise à pratiquer des prix plus élevés que ses concurrents (Luo et Chung, 2010).
536. Le prix fixé agit directement sur la marge unitaire. Plus le prix de vente est élevé,
plus la marge unitaire est importante. La marge unitaire accroît à son tour la rentabilité
du produit pour l’entreprise. Il ne faut cependant pas négliger les effets indirects.
Ceux-ci peuvent résulter d’effets économiques et d’effets psychologiques. Du point
de vue économique, un volume de vente élevé se traduit par des gains de productivité,
des économies d’échelle et des effets d’expérience qui peuvent réduire les coûts de
production et augmenter la marge unitaire. Du point de vue psychologique, le prix
représente un coût pour l’acheteur. Il peut constituer un frein à l’achat lorsqu’il est
trop élevé ou inciter à l’achat s’il est jugé acceptable. La relation prix-qualité perçue
ne doit pas être négligée. Le prix peut en outre jouer sur l’attitude des distributeurs.
Plutôt favorables aux promotions, ces derniers ne sont pas totalement neutres quant
aux volumes de produits vendus.
537. En vertu de ces deux effets, un prix bas affecte directement la marge unitaire,
mais cet effet négatif peut être compensé indirectement par l’augmentation du
volume des ventes et la diminution des coûts de production unitaires.
a) L’objectif de volume
539. En vertu de la courbe de demande, les quantités vendues connaissent une évolu-
tion inverse de celle du prix. Lorsque l’objectif est la maximisation du volume des
ventes ou la pénétration du marché, le prix doit être fixé à un niveau peu élevé.
L’entreprise sacrifie ses marges afin de conquérir une large PDM. Elle cherche à maxi-
miser son CA. Cette politique est justifiée si la demande est fortement élastique par
rapport au prix, si les coûts unitaires diminuent avec l’accroissement des quantités
produites et si l’entreprise dispose des capacités nécessaires pour répondre à une
forte demande.
c) L’objectif d’image
541. Un prix élevé peut avoir pour objectif le maintien ou la création d’une image
exclusive. Le prix conforte l’image de marque. Cette stratégie est justifiée pour
certaines catégories de produits notamment les produits élitistes. Le prix doit rester
cohérent avec le positionnement du produit ou de la marque.
184 MÉMENTOS – LE MARKETING
d) L’objectif de gamme
542. Une entreprise commercialise rarement un produit isolé. La fixation du prix d’un
produit peut avoir pour objectif d’optimiser les ventes des produits d’une gamme. Un
prix d’appel est pratiqué sur le produit permettant d’entraîner la vente des autres
produits. Cette stratégie présente un risque spécifique, la cannibalisation d’un produit
de la gamme par un autre.
543. Pour les produits liés, la pratique consiste à fixer un prix relativement bas sur le
produit de base et un prix élevé sur les fournitures destinées à engendrer l’essentiel
des bénéfices (rasoirs et lames ; consoles et jeux vidéo).
547. Les réglementations en matière de prix sont nombreuses et les exemples ci-dessus
ne sont pas exhaustifs. Les prix soldés, par exemple, font également l’objet de régle-
mentations spécifiques, afin d’éviter un gonflement artificiel du prix avant solde.
D - La concurrence
548. Les prix et les offres des concurrents constituent un quatrième pôle de référence
pour l’entreprise qui établit sa politique tarifaire. En effet, les clients effectuent des
comparaisons entre les alternatives du marché. Pour connaître les offres concurrentes,
l’entreprise doit faire des relevés de prix en magasin, analyser les tarifs catalogue, faire
des enquêtes auprès des consommateurs afin d’estimer le rapport prix/qualité perçue
pour chaque concurrent important. Cela suppose la mise en place d’une veille concur-
rentielle.
552. Après avoir déterminé l’objectif, évalué la demande, estimé les coûts et analysé la
concurrence, l’entreprise doit opter pour une méthode de tarification. Les plus
courantes consistent à fixer le prix en fonction du coût de revient, de la demande ou
de la concurrence, mais il existe des modes hybrides de tarification.
Coût unitaire
Prix =
(1 – Taux de marge)
555. Une autre variante de la fixation à partir du coût de revient consiste à déterminer
le prix en fonction du taux de rentabilité souhaité. Cette méthode revient à choisir le
prix qui permet d’obtenir un taux de retour sur investissement souhaité, compte tenu
du volume de vente attendu.
évitent de se battre sur les prix car la guerre des prix fait baisser la rentabilité. Si les
acteurs du marché déjà établis baissent leur prix pour gagner des PDM, un cercle
vicieux se met en place : un des concurrents baisse les prix, l’autre suit et ainsi de
suite jusqu’à l’érosion de la rentabilité. Les entreprises établies ont intérêt à ne pas
s’engager dans une stratégie agressive de baisse des prix. Une entente tacite de stabi-
lité serait préférable, mais, en vertu du droit européen, ces ententes sont illicites et les
condamnations régulières. À titre d’illustration, le 27 octobre 2016, la cour d’appel
de Paris confirmait le verdict rendu fin 2014 par l’Autorité de la concurrence contre
L’Oréal, Unilever, Procter & Gamble pour s’être concertés, entre 2003 et 2006, sur le
prix de leurs shampoings, gels douche, dentifrices, liquide-vaisselle, détachants...
L’amende, la plus élevée jamais prononcée par l’Autorité de la concurrence, approche
le milliard d’euros (948,9 millions d’euros).
1) Le prix à la valeur
561. Cette méthode consiste à proposer un tarif relativement bas pour un produit de
qualité : le « meilleur moins cher ». Certains fabricants (Procter & Gamble) ou distribu-
teurs (Wal-Mart) ont choisi de proposer des prix bas tous les jours (principe du every
day low price – EDLP) plutôt que des promotions à répétition qui peuvent entacher
l’image des produits (stratégie HIgh-LOw). En France, la grande distribution est plutôt
favorable aux prix promotionnels parce qu’ils permettent d’attirer le chaland
(cf. Chapitre 10).
2) Les enchères
562. Ce mode de fixation des prix se développe et se renforce notamment sur Internet
et peut concerner des produits très variés (appels d’offres de la grande distribution ou
industriels). Traditionnellement, les enchères étaient réservées au domaine de la vente,
mais Internet a donné naissance aux enchères à l’achat que l’on qualifie d’enchères
inversées.
563. Il existe deux formes d’enchères à la vente. Dans l’enchère anglaise, le vendeur
annonce une mise à prix qui correspond à son prix de réserve (prix le plus bas auquel
il souhaite vendre). Il s’agit d’un système d’enchère ascendante. Le produit est attribué
au plus offrant. Dans l’enchère hollandaise, le vendeur annonce un prix de départ qui
correspond à un prix plafond. Les enchères sont ensuite descendantes. Cette tech-
nique doit son nom aux producteurs de fleurs hollandais qui l’utilisent pour la vente
en gros de fleurs, marchandise périssable pour laquelle la rapidité est essentielle. Les
enchères inversées sont lancées à l’initiative de l’acheteur. Elles sont surtout répandues
en BtoB. L ’acheteur invite les candidats retenus à une séance d’enchères en ligne
190 MÉMENTOS – LE MARKETING
d’une durée relativement courte. Les fournisseurs font des offres dont le prix va en
diminuant au fur et à mesure que le temps s’écoule.
5) Le prix équitable
567. Dans un objectif de partage équitable de la valeur entre les producteurs, les
consommateurs et les distributeurs, plusieurs démarches ont vu le jour. Certaines ont
été initiées par des ONG dont l’objectif est le commerce équitable et plus générale-
ment une économie mondiale éthique et responsable (Max Havelaar, créée en 1996),
d’autres sont initiées par des consommateurs (« C’est qui le Patron ?! »®)
——
2. https://cestquilepatron.com
192 MÉMENTOS – LE MARKETING
568. Il existe plusieurs méthodes permettant d’estimer l’effet d’une variation de prix
sur la réponse des acheteurs (Simon et al., 1997). Elles peuvent être utilisées de façon
complémentaire. Certaines sont qualitatives (l’entretien d’experts) alors que d’autres
relèvent d’une démarche quantitative (les mesures conjointes, les tests de prix et l’ana-
lyse de données réelles du marché).
A - L’entretien d’experts
569. Le recours aux experts est adapté pour fixer le prix de nouveaux produits. Simon
et al. (1997) recommandent d’interroger entre 5 et 8 experts par combinaison de
produits-marchés à analyser. L’entretien porte sur la réaction des acheteurs, mais
aussi sur les ripostes possibles de la concurrence.
B - L’analyse conjointe
570. L’analyse conjointe permet de connaître la réaction des acheteurs à différentes
combinaisons d’attributs, pour un même produit. Les principaux avantages de cette
méthode résident dans le fait que les répondants ne sont pas interrogés directement
sur le prix et que l’attribut prix n’est pas isolé d’autres attributs du produit (marque,
performances techniques, nom du distributeur, etc.) qui influencent eux aussi la déci-
sion. Cette méthode permet de reproduire artificiellement une situation réelle, car le
prix intervient de manière implicite. D’un point de vue pratique, les sujets interrogés
doivent évaluer différentes paires de produits correspondant à différentes combinai-
sons des attributs retenus dans l’analyse. À partir d’une vingtaine de comparaisons, il
est possible de déduire la préférence du consommateur pour tel niveau de prix mais
l’effet du prix est combiné avec d’autres attributs.
D - L’économétrie
572. La variable prix se prête aisément aux études économétriques qui permettent
d’analyser des données réelles du marché. Les ventes et la PDM sont analysées a
CHAPITRE 9 – La politique de prix 193
BIBLIOGRAPHIE
574. Dans ce schéma, le message est l’idée que l’émetteur veut transmettre. C’est un
ensemble de signes qui produisent du sens. Le codage est la forme donnée par
l’émetteur à l’idée à transmettre (message verbal ou non verbal). Le canal constitue
tout moyen permettant de véhiculer le message jusqu’à la cible : mass media, Internet,
vendeurs, etc. Les bruits sont constitués de signes qui peuvent venir parasiter le signal
envoyé (BAO, publicité d’un concurrent). L’interprétation des signaux reçus par le
récepteur constitue le décodage. Ce modèle initial n’incorporait pas de feedback,
la communication intervenant à sens unique. Dans la communication commerciale, la
196 MÉMENTOS – LE MARKETING
source est l’annonceur. Le récepteur fait référence aux différents publics que l’annon-
ceur cherche à influencer. Ce sont les cibles de la communication.
575. La communication regroupe « l’ensemble des informations, des messages, des
signaux de toute nature que l’entreprise émet en direction de ses publics cibles »
(Lendrevie, Levy et Lindon, 2009). Elle emprunte de multiples canaux relevant des
mass media, du mécénat, du parrainage, du packaging, des promotions, du marketing
direct, etc. La répartition des investissements de communication révèle une prédomi-
nance du hors-média qui représentait, en 2017, près de 2/3 des dépenses de commu-
nication (tableau 10.1).
Tableau 10.1 : Investissements de communication en 2022
Baromètre Unifié du Marché Publicitaire Dépenses millions Évolution PDM
(BUMP) Sources : France Pub IREP Kantar d’Euros 2022 2022-2021 (%) (%)
Communication média
Télévision 4189 – 0,5 12,8
Total Presse 1727 – 0,4 5,3
Affichage 1317 + 16,2 4
Radio 808 +2 2,5
Cinéma 113 + 57,7 0,3
Sous total 5 médias 8154 + 2,7 24,9
Communication hors média
Marketing direct (2) 5645 – 4,8 17,2
Promotion (1) 5531 + 4,5 16,9
Relations publiques 1742 + 16,0 5,73
Salons et foires 1132 + 6,5 3,5
Parrainage 803 + 16,0 2,5
Annuaires (3) 471 –6 1,4
Mécénat culturel 246 + 14 0,7
Sous total Hors Média 15569 + 5,1 47,5
Communication digitale
Sous total Digital (4) 9024 + 9,7 27,6
Total Marché 32747 + 5,7 100
Notes : (1) PLV, cadeau par l’objet, couponing, jeux ; (2) Mailing, imprimés sans adresse (ISA) ;
marketing téléphonique ; (3) Imprimé et Internet ; (4) détail tableau 10.6.
576. Les investissements publicitaires sont repartis à la hausse depuis 2021, après les
années Covid. Si le marché des cinq médias est en hausse par rapport à 2021 (+ 2,7
%), il est toujours inférieur à celui de 2019, avant le Covid (– 4,5 %). La hausse de
2022 est principalement due à la publicité extérieure et au cinéma. Pour les autres
médias, le constat est encore plus marqué (+ 5,1 % par rapport à 2021 mais
– 15,7 % par rapport à 2019). Les investissements dans la communication en ligne
ont augmenté de 9,7 % par rapport à 2021.
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 197
577. La communication est souvent assimilée à la publicité dans les médias de masse
mais il existe d’autres formes de communication hors média. La promotion des ventes
relève également de la communication hors média. Un point spécifique lui sera
consacré, en fin de ce chapitre.
1• LA PUBLICITÉ
578. La publicité est une communication impersonnelle utilisant un support payant
pour le compte d’un émetteur identifié. L’objectif est de transmettre des messages
aux consommateurs afin d’agir sur leurs attitudes vis-à-vis des produits ou des
marques. La publicité n’agit qu’indirectement sur le comportement d’achat et les
ventes. Elle se voit, en priorité, affecter des objectifs d’attitude et, plus particulière-
ment, dans ses composantes cognitives et affectives.
579. Les objectifs les plus fréquents de la publicité sont :
– assurer la notoriété d’un produit ou d’une marque ;
– mettre en valeur un élément d’un produit ou d’une marque ;
– donner une image à un produit, une marque, une entreprise ;
– soutenir la commercialisation d’un produit ;
– soutenir les autres formes de communication ou de promotion.
580. La publicité est une communication partisane, ce qui la distingue de l’informa-
tion. Le but n’est pas d’informer mais de séduire, de persuader et de faire désirer un
produit. Elle n’est pas exclusivement marchande et peut prendre la forme de campa-
gnes d’intérêt général (sécurité routière, lutte anti-contrefaçon, maîtrise des dépenses
de santé, etc.).
581. Un premier point sera consacré aux acteurs du marché publicitaire. Il sera suivi de
la présentation de la stratégie publicitaire et de la création du message publicitaire. La
mesure de l’efficacité publicitaire sera ensuite abordée. La publicité sur internet fera
l’objet d’une partie spécifique. Enfin, cette première partie s’achèvera par la présenta-
tion succincte de la réglementation de la publicité.
1) Les annonceurs
583. Les annonceurs sont les entreprises clientes de la publicité. Elles sont très concen-
trées : 90 % des dépenses publicitaires sont réalisées par 10 % des annonceurs
(tableau 10.2).
198 MÉMENTOS – LE MARKETING
584. La grande distribution est en tête du top 10 des annonceurs. Cela peut s’expli-
quer par l’inflation. Deux marques font leur entrée dans le top 10 en 2022 : il s’agit
d’Amazon et de Carglass qui passent devant Peugeot et Citroën qui ne font plus
partie du top 10 des annonceurs.
2) Les agences
585. Il existe différents types d’agences de publicité en fonction de la mission qui leur
est impartie. Les agences conseil à service complet prennent en charge toutes les
étapes de la conception et de la réalisation d’une campagne. Il existe en outre des
agences de publicité, de marketing direct, de promotion des ventes, des agences
spécialisées dans la communication web (web agencies)... Ce secteur est très
concentré tant au niveau national qu’international.
Elle donne la possibilité d’adapter aux audiences les spots publicitaires diffusés sur une
même plage horaire.
B - La stratégie publicitaire
588. La stratégie publicitaire consiste à définir les cibles, les objectifs, le niveau de
communication et à déterminer le budget d’une campagne.
590. La cible doit être définie de façon qualitative et quantitative. D’un point de vue
quantitatif et en BtoC, la cible est définie à partir de critères sociodémographiques,
ce qui permet de faire un décompte précis des individus sur chacun de ces critères.
D’un point de vue qualitatif, la cible est définie à partir des attentes des consomma-
teurs en termes de bénéfices recherchés et de critères qui permettent d’expliquer
leurs attitudes et leurs comportements, comme les styles de vie, par exemple. Une
définition précise de la cible permettra de choisir les médias et supports les plus
adéquats et d’adapter le message à la cible.
les produits et les marques, elle modifie la perception des consommateurs et peut ainsi
influencer l’image de marque.
593. L’objectif de toute publicité est d’obtenir une réponse de la part des consomma-
teurs, de les faire réagir. Avant d’agir sur les comportements, la publicité agit sur les
croyances. La publicité cherche à modifier les perceptions des produits ou des
marques et à créer une préférence. Ce n’est qu’ensuite que la publicité pourra affecter
le comportement des consommateurs (figure 10.2). Cet effet hiérarchique peut se
résumer de manière simple : faire connaître, faire aimer puis, faire agir.
Figure 10.2 : Théorie de la hiérarchie des effets publicitaires
selon le modèle de Lavidge et Steiner
594. Il est généralement admis que le niveau conatif (intention d’achat) ne peut être
envisagé que si les objectifs cognitifs et affectifs ont été atteints.
595. Les objectifs de la publicité doivent être adaptés aux phases du cycle de vie du
produit. Lors du lancement, l’objectif de la publicité est d’informer en mettant en
avant les avantages du nouveau produit. En phase de croissance, l’objectif de la publi-
cité sera de persuader. La publicité persuasive est destinée à favoriser la demande pour
une marque particulière dans un univers très concurrentiel. En phase de maturité,
l’objectif de la publicité est de remémorer le nom de marque. La publicité de
« rappel » permet ainsi d’entretenir le niveau de la demande. Il n’y a pas de véritable
autre motif ou fait principal, selon la terminologie du modèle de la copie stratégie.
a) La communication corporate
597. La communication corporate s’est développée en France à partir des années
1980. Les entreprises ont souhaité donner d’elles-mêmes une image plus moderne,
plus responsable, plus éthique : une image d’entreprise citoyenne. La communication
corporate peut relever d’une communication institutionnelle (sur les valeurs et les
missions de l’entreprise) ou financière (sur les performances de l’entreprise).
598. Elle s’adresse à deux catégories de cibles. D’une part, elle est dirigée vers des
cibles non commerciales et a pour objet de promouvoir l’image auprès de publics très
ciblés, mais qui ne sont pas directement des clients, à savoir les parties prenantes –
pouvoirs publics, investisseurs, partenaires industriels, jeunes diplômés, talents, etc.
D’autre part, elle peut être dirigée vers des cibles commerciales notamment lorsque
les produits sont peu différenciés et que l’on souhaite communiquer sur certaines
valeurs comme l’environnement, le développement durable ou la responsabilité
sociale de l’entreprise. Au printemps 2018, la marque Lacoste jouait avec son logo
dans une campagne où le célèbre crocodile était remplacé par 10 espèces en voie de
disparition1. Cette opération, dévoilée pendant la Fashion Week de Paris, marquait le
lancement d’un partenariat de trois ans avec l’Union internationale pour la conserva-
tion de la nature (UICN).
b) La communication de marque
599. La communication de marque a pour objectif d’ajouter du sens à la marque qui
devient bien plus que la somme des attributs physiques et fonctionnels des produits
qui la portent. Une telle publicité utilise des mécanismes de projection et d’identifica-
tion. L’objectif est de créer une image de marque favorable dans l’esprit de la cible.
——
1. https://www.youtube.com/watch?time_continue=23&v=xTYcvxnKomo
202 MÉMENTOS – LE MARKETING
4) Déterminer le budget
601. La détermination du budget publicitaire dénote un certain pragmatisme quant
aux méthodes utilisées par les entreprises. Une première solution consiste à investir
« tout ce que l’entreprise peut se permettre », c’est-à-dire ce que les actionnaires auto-
risent ou ce qu’il reste lorsque les prévisions de profit sont respectées. Une seconde
méthode consiste à fixer le budget en fonction des ventes prévues. Les ventes à venir
sont estimées et un pourcentage leur est appliqué. Le budget publicitaire est donc égal
à un pourcentage des ventes prévues. Cette méthode fait dépendre les dépenses
publicitaires des ventes prévues alors qu’en toute logique, le CA devrait être une résul-
tante des investissements publicitaires. Une troisième méthode consiste à raisonner à
partir d’objectifs et de moyens : les objectifs sont définis et on évalue la nature et
l’importance des moyens de communication nécessaires pour les atteindre. Le
budget sera, par exemple, élevé si le message implique un nombre élevé de répéti-
tions. Enfin, le budget peut être établi par rapport à la concurrence. Les investisse-
ments du secteur sont estimés et la part de voix de la marque concernée est calculée.
Elle est égale au rapport des dépenses de communication de la marque sur les
dépenses totales du secteur. Si la marque a pour objectif d’accroître sa PDM de cinq
points, elle peut décider d’augmenter, dans la même proportion, sa part de voix.
602. Des facteurs qualitatifs sont également pris en compte pour déterminer le
budget. Il peut s’agir de la phase du cycle de vie du produit. La PDM et le nombre de
clients sont également des déterminants importants : une marque leader investit moins
qu’une marque qui cherche à progresser. La situation concurrentielle peut influencer le
budget : si le marché est encombré, il faut davantage communiquer. De même, si les
produits sont faiblement différenciés, les efforts de communication seront accrus.
sentiments et sur l’affectif. L’humour, l’amour et la joie sont des émotions positives
sollicitées dans la publicité, mais les émotions évoquées peuvent être négatives. La
peur est couramment utilisée dans les campagnes de la prévention routière. L’axe
éthique en appelle au sens moral de la cible. Les campagnes des ONG (organisations
non gouvernementales) et des associations caritatives utilisent cet axe.
La copie stratégie comporte également des instructions et contraintes qui peuvent être
liées aux médias, à la manière de présenter les produits, aux codes d’expression de la
marque (signature sonore, personnage), aux contraintes légales (mention obligatoire
dans toute publicité concernant l’alcool « l’abus d’alcool nuit à la santé » et dans les publi-
cités pour les produits de grignotage).
2) Le média planning
607. Le message ne pourra atteindre la cible que si elle y est effectivement exposée. Le
média planning est la combinaison optimale de médias et de supports qui, compte
tenu des moments de passage des messages, permet d’atteindre la majeure partie de
la cible visée au moindre coût, avec une dose suffisante de répétition. L’élaboration du
média planning suppose que la cible, le message et le budget soient connus. Le média
planning doit remplir trois objectifs principaux (tableau 10.3).
Tableau 10.3 : Les objectifs du média planning
Couverture de la Les médias et supports choisis doivent permettre de toucher la proportion la
cible plus élevée possible de personnes appartenant à la cible.
Les canaux doivent permettre de délivrer le message avec une fréquence
Répétition
suffisante pour qu’il puisse agir sur la cible.
Les canaux choisis doivent être adaptés au message à transmettre :
– une argumentation complexe exclut l’affichage ;
Qualité de la
– une présentation visuelle exclut la radio ;
communication
– une annonce pour un produit de luxe sera davantage mise en valeur sur un
papier glacé (revues Elle ou Vogue).
a) Le choix du média
608. Un média est un ensemble homogène de supports : télévision, cinéma, radio, affi-
ches, presse écrite et Internet (uniquement pour le display, à savoir l’affichage de
bannières, de vidéos suite à un achat d’espace sur un site support). Le choix dépend
des habitudes de la cible. Pour une cible BtoB, la presse professionnelle sera privilé-
giée. La nature du produit peut également influencer le choix du média. Les messages
concernant des produits techniques seront plus efficaces dans la presse spécialisée. La
nature du message et le coût respectif des médias sont également des facteurs à
prendre en considération. La télévision est le média le plus cher.
609. Le choix d’un média principal s’opère en plusieurs phases. Il convient d’éliminer
dans un premier temps les médias indisponibles. Il peut s’agir de médias interdits. Par
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 205
exemple, la publicité pour l’alcool est interdite à la télévision. Certains médias sont
indisponibles ou inadaptés compte tenu du budget alloué par l’annonceur. Une
campagne publicitaire télévisée, sur les chaînes à forte audience, suppose un budget
très élevé ce qui rend ce média quasi inaccessible aux PME PMI. Enfin, l’indisponibilité
peut provenir de la saturation des médias lorsqu’il n’y a pas d’espace disponible dans
le délai requis (quelques jours pour la radio, plusieurs mois pour l’affichage ou pour un
emplacement de qualité dans un magazine féminin).
610. Les médias possibles feront ensuite l ’objet d’une évaluation. Le choix du média
principal se fera en fonction de critères quantitatifs et qualitatifs tels que la couverture
de la cible, le pouvoir de répétition et l ’adéquation avec le message (tableau 10.4). Le
pouvoir de répétition est supérieur pour la radio, l’affichage et les quotidiens par
rapport à la presse mensuelle et au cinéma. Certains médias sont plus ou moins
aptes à véhiculer et valoriser le message.
Tableau 10.4 : Avantages et inconvénients des grands médias
Avantages Inconvénients
Télévision
– Puissance et couverture – Délai de réservation long
– Possibilité d’image, son et mouvement – Coût élevé
– Valorisation de la marque – Secteurs interdits
– Bonne qualité de reproduction – Encombrement publicitaire
– Bonne attention – Faible sélectivité
– Média dont on connaît le mieux les
audiences
Radio
– Moins onéreux que la télévision – Attention réduite
– Effets rapides : média du comportement – Communication éphémère
(création de trafic en magasin, promotion) – Encombrement publicitaire
– Délai de réservation court – Faible impact sur l’ image
– Possibilité de signature sonore
– Sélectivité géographique (décrochages
locaux) et démographique grâce à l’ audience
spécialisée des radios
Presse quotidienne
– Délai de réservation court – Caractère éphémère du message
– Possibilité de publicité informative – Couverture plutôt parisienne et masculine pour la
– Crédibilité presse quotidienne nationale
– Bonne sélectivité géographique pour la – Qualité de reproduction moyenne
presse quotidienne régionale (PQR) – Possibilités techniques limitées
– Liens privilégiés avec l’ audience pour la PQR – Faible impact sur l’ image
(média de proximité) – Coût élevé pour la PQR
Presse périodique (magazines)
– Bonne sélectivité de l’audience (média très – Coût de revient élevé
segmentant) – Délai de réservation
– Longue durée de vie du message – Encombrement publicitaire
– Crédibilité et prestige
– Qualité de reproduction
– Couverture importante de la cible
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206 MÉMENTOS – LE MARKETING
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Internet
– Créativité et qualité des messages avec le – Peu de sélectivité géographique
rich media – Représentativité encore incomplète de la population
– Bonne complémentarité avec la télévision française
– Sélectivité en fonction du profil des visiteurs – Phénomène de banner blindness dû à l ’encombrement
des sites supports (le regard évite les zones où sont supposées se trouver
– Coût très variable selon le site support les publicités)
Publicité extérieure
– Bonne sélectivité géographique – Peu d’ argumentations
– Longue durée de vie du message – Nécessité d’une répétition importante
– Coût raisonnable compte tenu de la durée – Encombrement/saturation
de vie du message – Faible attention
– Sélectivité limitée
Cinéma
– Bonne sélectivité géographique – Frais de production et de distribution élevés
– Bonne qualité de reproduction – Délai de réservation
– Bonne sélectivité (audience jeune, urbaine) – Couverture et répétition faibles
– Audience attentive et disponible
b) Le choix du support
612. Lorsque le média principal et d’éventuels médias secondaires ont été sélectionnés
et le budget réparti entre eux, il convient de sélectionner les supports et de décider du
nombre d’insertions et du calendrier. Un support est un élément choisi au sein d’un
média (une page dans Le Monde, un écran sur Arte, une plage horaire sur RTL2, la
page d’accueil du site lesechos.fr). Le choix se fait selon des critères quantitatifs et
qualitatifs.
613. Les critères quantitatifs relèvent des différentes mesures de l’audience et des
contacts (ODV = occasion de voir et ODE = occasion d’entendre). L’audience indique
le nombre de personnes en contact avec le support au cours d’une période de réfé-
rence. Pour la presse, on distingue l’audience, le tirage (nombre d’exemplaires
imprimés) et la diffusion (ventes en kiosque, abonnement et exemplaires gratuits).
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 207
614. Certains critères qualitatifs influencent, en outre, le choix des supports. Il s’agit de
la nature du message, de la cible, de la nature du produit ou des choix effectués par
les concurrents. Il est important d’être présent sur les mêmes supports que les concur-
rents.
c) Le choix de la période
615. Le choix de la période dépend de multiples facteurs. Pour un produit dont la
consommation est saisonnière, les efforts de communication seront concentrés sur la
période de forte consommation mais la campagne devra débuter avant la saison. Par
exemple, pour le lancement d’un nouveau soda, la campagne devrait idéalement
débuter au printemps. Pour les produits dont l’achat est plutôt impulsif comme le
snacking sucré ou salé, la communication doit être permanente. Enfin, dans la
mesure du possible, il conviendra d’éviter la période de la rentrée des classes car la
pression publicitaire y est très forte.
620. La pression publicitaire totale (Gross Rating Point) ou point de couverture brut
est le nombre moyen de contacts utiles qu’ont eu 100 individus avec le message. Il
permet de synthétiser le nombre de personnes touchées et le nombre de fois où ces
personnes ont été touchées par le message. Le GRP est un outil de comparaison de
l’efficacité de plusieurs plans médias envisagés. Les GRP venant de médias différents
ou de formats différents peuvent difficilement être comparés et additionnés.
622. L’efficacité publicitaire peut également se mesurer par son impact sur le volume
des ventes. L’hypothèse sous-jacente est que les investissements publicitaires influen-
cent la part de voix qui, à son tour, détermine la PDM. L’entreprise peut ainsi savoir si
elle investit trop ou pas assez en publicité. Une certaine efficacité a pu être mise en
évidence (Peckham, 1975), mais ce type de mesure est rarement utilisé dans les entre-
prises.
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 209
625. Les objectifs de la publicité sur Internet sont sensiblement les mêmes que ceux
d’une campagne classique : objectifs de branding (notoriété, réputation et image) et
objectifs de performance (incitations à l’action : visiter un site, acheter, remplir un
formulaire, s’abonner à une newsletter...). Cependant, l’incitation à l’action est plus
forte du fait du caractère interactif de la publicité en ligne et de l’usage de liens
renvoyant directement sur un site marchand.
626. Grâce aux évolutions de la technologie et notamment au rich media et à la vidéo,
la publicité en ligne est devenue aussi créative que celle des autres médias. Cepen-
dant, si la technologie a permis d’améliorer la créativité publicitaire, elle est également
accusée de rendre la publicité plus intrusive. Les pop-up, les bannières étendues, les
transparents et les images flash qui se superposent à la page active viennent troubler
la navigation et constituent une source croissante de mécontentement chez les inter-
nautes. Les interstitiels, pages de publicité qui s’imposent aux Internautes lors de
l’arrivée sur la page d’accueil d’un site ou entre deux pages du site, ont également
tendance à s’imposer. De même, les techniques de reciblage publicitaire qui consistent
à afficher des bannières publicitaires, ou à envoyer des courriels, en relation avec les
sites visités, augmentent le sentiment d’intrusion dans la vie privée. Certaines de ces
techniques ne sont pas conformes au Règlement général sur la protection des
données (RGPD) entrée en vigueur le 25 mai 2018. Ce règlement renforce la protec-
tion des internautes et alourdit les sanctions encourues par les entreprises qui ne
respectent pas le texte.
210 MÉMENTOS – LE MARKETING
627. Plusieurs indicateurs de performance de la publicité en ligne ont été peu à peu
élaborés (pour une synthèse, voir Flores, 2016). Un premier indicateur, le PAP (Pages
Avec Publicité vues par site) mesure les pages vues sur lesquelles figure l’offre de
l’annonceur.
PAP = Nombre de fois où une page avec pub est téléchargée et comptabilisée dans
les fichiers log du serveur du site étudié
628. Le nombre de clics constatés mesure le nombre de fois où les visiteurs ont
cliqué sur la publicité.
630. Le CPM mesure le coût d’achat de l’espace publicitaire d’un site ramené à une
base de 1 000 pages avec publicités vues sur site.
F - La réglementation de la publicité
632. La publicité commerciale est en principe libre mais elle doit être conforme à
l’ordre public et aux bonnes mœ urs, respecter l’intérêt général et s’exercer dans le
cadre d’une concurrence loyale. Les principaux points de réglementation concernent
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 211
a) L’incrimination
634. L’incrimination de publicité mensongère intervient au stade de la présentation du
produit ou du service au public, indépendamment de toute acquisition. Il n’est pas
nécessaire que les allégations inexactes aient induit effectivement les consommateurs
en erreur. Le support publicitaire est indifférent. Il peut s’agir d’une publicité écrite,
audiovisuelle, etc. Certaines présentations ou emballages peuvent induire en erreur,
par exemple une bouteille de boisson au goût d’orange revêtue d’une étiquette
présentant une véritable orange. L’erreur n’a pas à être prouvée, sa possibilité suffit.
La mauvaise foi de l’annonceur – l’intention de tromper – n’est pas nécessaire. La
publicité hyperbolique échappe à la condamnation dès lors que l’exagération est telle
qu’elle ne peut tromper personne. À partir d’un certain degré, l’exagération n’est plus
une tromperie mais un jeu2 . L’auteur de la publicité incriminée peut être un non-
professionnel, par exemple, un particulier auteur d’une petite annonce pour vendre
une voiture d’occasion.
2) La publicité comparative
636. La publicité comparative est autorisée en France depuis la loi du 20 janvier 1992
(Loi Neiertz). La levée de l ’interdiction ne s’est pas traduite par un raz-de-marée de
publicités comparatives. Ces publicités mettent en comparaison des biens ou services
en utilisant la marque, l’enseigne, le nom commercial ou la raison sociale d’un concur-
rent. Les juges considèrent que la publicité est qualifiée de comparative même si
l’entreprise visée n’est pas nommément désignée, dès lors qu’elle est aisément identi-
fiable.
637. La publicité comparative ne doit pas constituer un acte de concurrence déloyale.
Elle doit être véridique et ne doit pas être de nature à induire en erreur le
——
2. Cass. crim., 21 mai 1984, affaire Samsonite : spot publicitaire où les valises Samsonites étaient maltrai-
tées par des bulldozers.
212 MÉMENTOS – LE MARKETING
consommateur. La comparaison doit être objective, c’est-à-dire porter sur des caracté-
ristiques essentielles et vérifiables. À titre d’exemple, la comparaison sur les prix doit
concerner des produits identiques, vendus dans les mêmes conditions. Le non-respect
de ces conditions engage la responsabilité civile de l’annonceur et l’expose à des sanc-
tions pénales.
——
3. L’ensemble de ces règles déontologiques peut être téléchargé sur le site Internet de l’ARPP
(https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/)
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 213
télévision jusqu’à une période récente, les distributeurs ont toujours privilégié la
communication hors média. Les magazines de consommation s’inscrivaient donc
parfaitement dans leur stratégie de communication. Les versions papier sont rempla-
cées par des lettres d’informations électroniques moins coûteuses et offrant davantage
d’interactivité.
C - La communication événementielle
644. Cette communication s’appuie sur un événement concernant l’entreprise, l’une
de ses marques ou l’un de ses produits. Cet événement, conçu et mis en scène par
l’entreprise elle-même, doit être susceptible d’avoir des retombées positives sur
l’image de l’entreprise, de la marque ou du produit concerné. Cet événement sera
d’autant plus efficace qu’il est relayé par les relations presse. Par exemple, la marque
Caprice des Dieux a profité de ses 60 ans en 2016 pour rediffuser, à la télévision, la
saga publicitaire qui n’est pas forcément connue des plus jeunes. La signature avait
été momentanément modifiée : « Depuis 60 ans, à deux c’est mieux » ; « Un amour
de fromage depuis 60 ans ». La marque faisait, en outre, coïncider son anniversaire
avec la Saint-Valentin 2016, un événement cohérent avec l’univers de la marque et sa
signature habituelle « Caprice à deux, caprice des dieux ». Les gains du jeu associé
étaient habilement choisis avec pour premier prix un week-end à deux à Venise.
internautes, via des plateformes Internet, autour d’un pôle d’intérêts communs
(marques, produits, valeurs), d’animer et de faire respecter les règles éthiques de la
communauté. Selon Éric Chauvin (2011), il est créateur de liens entre la marque et
les internautes et, par certains côtés, sa mission ressemble à celle d’un attaché de
presse, puisqu’il va s’appuyer sur les outils du web – là où l’attaché de presse
s’appuie sur son réseau de journalistes – pour diffuser des informations. Il s ’en
distingue parce que le community manager est au cœur d’une communication descen-
dante (marque vers internaute), ascendante (internaute vers marque) et horizontale
(internaute vers internaute). Il fédère autour d’une marque, écoute ce qui se dit au
sein des médias sociaux et de la communauté, fait remonter les informations vers le
service marketing et le service client, il crée du contenu et incite les internautes à
produire du contenu.
1) Le placement de marques
649. Le placement de marques est une pratique ancienne mais qui a connu un véri-
table essor à partir des années 1980. Le film de Steven Spielberg « Minority Report »
(2002) est un exemple du genre. Le héros justicier incarné par Tom Cruise boit une
Guinness, utilise sa carte American Express, conduit une Lexus, rentre dans une
boutique Gap, consulte sa montre Bulgari. Finalement, 17 marques ont fait l’objet
d’un placement dans ce film. Il existe différentes formes de placement des marques :
classique, institutionnel, évocateur ou furtif (Lehu, 2005).
650. Dans le placement classique, un contrat est signé lors de la pré-production et la
marque est clairement intégrée au scénario : dans le film « iRobot », la marque
Converse est omniprésente. Dans les films retraçant ses aventures, James Bond boit
de la vodka Martini et roule en Aston Martin.
651. Lorsque la marque apparaît dans le décor à l’aide d’un panneau publicitaire ou
d’un balayage de la caméra sur une enseigne ou lorsque son nom est prononcé par
un acteur sans que le produit apparaisse à l’écran, il s’agit d’un placement institu-
tionnel. Les souvenirs spontanés qu’ils suscitent chez les téléspectateurs ne sont pas
très importants, sauf si la scène est cruciale. Dans le film « Captain America : le soldat
de l’hiver », une scène importante se déroule, par exemple, dans un Apple Store.
652. Le placement est dit évocateur lorsque seul le produit est montré sans indication
verbale ou visuelle de sa marque. Ce type de placement est peu apprécié par les
annonceurs surtout si le contrôle du scénario est limité. Il est adapté aux produits
dont le design est suffisamment spécifique pour permettre une identification non équi-
voque (par exemple une canette de Coca-Cola).
216 MÉMENTOS – LE MARKETING
653. Enfin, le placement furtif ne se traduit pas par la mise en avant du produit. Il peut
s’agir, par exemple, du nom des créateurs qui habillent l’acteur ou l’actrice principale.
Il n’apparaît que dans le générique. C’est le placement le moins efficace. Dell était
partenaire du film « Minority Report » sans que l’on puisse clairement identifier la
marque dans le film.
654. Toute apparition de marque dans un film ne donne pas forcément lieu à un
contrat. La marque Apple est la plus présente dans les films américains ; pourtant,
elle est l’une des seules marques à ne jamais payer pour apparaître à l’écran. Le
système juridique qui régit le placement des marques dans les films diffère entre la
France et les États-Unis. Outre-Atlantique, un film est considéré comme une œuvre
commerciale. Dès qu’une marque apparaît de près ou de loin dans le cadre, la produc-
tion est en mesure de demander à la marque de payer. C’est le droit de clearance. En
France, un film est un travail artistique, appartenant à un auteur. Si la marque est
utilisée dans son contexte naturel, il ne s’agit pas d’un placement de produit.
655. Le placement de marques ne se limite pas au cinéma. En 2005, McDonald’s avait
demandé à des chanteurs de hip hop et de rap de citer la marque Big Mac. Les artistes
touchaient 1 à 5 dollars par diffusion radio. The Bulgari connection (L’affaire Bulgari)
est un roman issu d’une commande du célèbre joaillier. À plus grande échelle, les
marques sont également très présentes dans les jeux vidéo. Il s’agit soit de placements
institutionnels (enseigne d’un magasin, affiche 4 x 3) soit de placements classiques,
lorsqu’un objet – une voiture, par exemple – fait partie du jeu. Ce type de placement
permet de toucher une audience spécifique, celle des « gamers » plus difficile à
atteindre par les grands médias. L’immersion du joueur ne garantit pas, cependant,
une grande attention, lorsqu’il s’agit d’un simple placement institutionnel.
656. Certains annonceurs ont développé un jeu vidéo publicitaire dédié à l’univers de
leur marque (advergame). Un tel jeu vidéo permet d’insérer la marque dans un
contenu de divertissement. Il ne s’agit plus de placer un bandeau publicitaire pour
attirer l’attention sur les produits, mais bien de concevoir de véritables produits de
divertissement. En effet, le but recherché est de capter l’attention du joueur sur le
produit, chose qui n’est plus possible avec de simples bannières animées. Le jeu
« Fight for kisses » développé en 2007 par la marque Wilkinson constitue un cas
d’école de réussite. Dans ce jeu, l’internaute choisissait son personnage (le papa ou le
bébé). L’objectif était de faire plus de bisous que son adversaire à la maman. Le
message sous-jacent était que grâce à la qualité des rasoirs Wilkinson, les hommes
pouvaient avoir la peau aussi douce que celle des bébés. Ce format de communication
est aujourd’hui plus rare.
2) Le street marketing
657. Le street marketing est une technique qui utilise la rue et les lieux publics pour
promouvoir un événement, un produit ou une marque. L’expression regroupe donc
toutes les formes de communication dans la rue. L’intérêt est de surprendre le
consommateur en utilisant des supports inhabituels. L’importance de l’audience et
l’impact en termes d’image sont les principaux objectifs de cette technique. Lorsque
le street marketing possède une dimension événementielle, il peut également viser
l’obtention de retombées presse ou la création d’un phénomène de buzz sur Internet.
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 217
658. Le street marketing suscite la curiosité et la sympathie de la cible, parce qu’il est
fondé sur l’effet de surprise et le sentiment de proximité avec cette cible. La devise de
cette technique de communication pourrait être « surprendre pour séduire ». La
marque propose une image d’elle-même dynamique et innovante en pénétrant les
lieux de vie. En 2021, l’équipe marketing du groupe Casino avait « capturé » toutes
les trottinettes du 7e arrondissement de Paris pour les placer devant un nouveau
concept de magasin « Le Drugstore parisien », ouvert Rue du Bac. Cette action
ludique avait permis à Casino de toucher efficacement sa cible prioritaire : les urbains
actifs.
F - La communication BtoB
659. La communication BtoB poursuit des objectifs comparables au BtoC. Le plan de
communication doit être adapté car les cibles sont quelque peu différentes. La mise en
œuvre fait appel à des vecteurs de communication adaptés aux relations clients four-
nisseurs : les salons, la presse professionnelle et la force de vente (FV). La publicité
média est moins utilisée qu’en BtoC hormis la presse professionnelle. Comme en
BtoC, la communication BtoB peut concerner l’entreprise, la marque ou les produits.
(miptv), qui se déroule à Cannes, est l’occasion pour les chaînes d’acheter de
nouveaux programmes.
667. Avec Internet, une nouvelle forme de communication particulièrement adaptée
au contexte BtoB a vu le jour. Il s’agit de l’Inbound Marketing, une nouvelle approche
qui vise à séduire des clients en gagnant leur attention grâce à la diffusion sur le web
de contenus de qualité (livre blanc, webinaire, articles publiés sur les réseaux sociaux,
etc. L’objectif est l’attraction de prospects vers l ’offre de l’entreprise en leur proposant
des contenus ajustés à leurs problématiques, tout au long du parcours client (depuis le
premier contact avec la marque, jusqu’à leur conversion en client). La marque devient
son propre média (éditeur de contenus) pour attirer des visiteurs qualifiés. Les visiteurs
sont d’abord convertis en leads (contacts commerciaux) puis de leads en clients. En
effet, pour accéder aux contenus publiés, les prospects doivent dévoiler quelques
informations (identité, entreprise, adresse électronique).
674. Les réductions de prix sont simples, rapides et efficaces mais elles peuvent repré-
senter un manque à gagner pour la marque, car une part importante des achats aurait
eu lieu en l’absence de baisse de prix. Les ventes promotionnelles cannibalisent les
ventes normales, notamment celles réalisées auprès de consommateurs fidèles ayant
développé un véritable attachement à la marque. La réduction de prix est utilisée
pour accélérer la diffusion de nouveaux produits, pour accroître les ventes ou le taux
de rotation des stocks. Les modalités de la réduction des prix dépendent de l’objectif
(tableau 10.7).
Tableau 10.7 : Les modalités de réduction des prix et objectifs de la promotion
Inciter au premier achat Lever le frein lié au Réduction immédiate
prix Coupon de réduction sur premier achat
Une fois : coupon de réduction sur prochain achat
Faire ré-acheter le produit Plusieurs fois : réduction de prix sur collection de
points
Lots
Augmenter les quantités achetées
Formats spéciaux
675. Les réductions de prix sont soumises à des contraintes légales. Il existe une obli-
gation de double marquage : le consommateur doit pouvoir comparer le prix promo-
tionnel et le prix de référence. Le prix de référence est le prix le plus bas pratiqué
pendant les 30 derniers jours. Il est interdit de majorer un prix pour ensuite annoncer
une promotion. La réduction ne doit pas entraîner la revente à perte. En ce qui
concerne les ventes par lots, il doit y avoir possibilité d’achat individuel, sinon il s’agit
d’une vente forcée et le prix du lot ne doit pas être dérisoire, sinon il s’agit d’une
prime déguisée. Les promotions de nombreux PGC sont encadrées par les différentes
lois Egalim (cf. §. 545).
3) Les primes et cadeaux
676. Selon le Code de la consommation, une prime est un produit, un bien ou un
service, remis gratuitement à l’occasion de l’achat d’un produit ou d’une prestation
de service4. Les primes ne doivent pas fausser l’appréciation du consommateur. Sont
autorisés : les produits et biens identiques à ceux qui font l’objet de la vente, les pres-
tations gratuites de service après-vente et l’attribution de menus objets ou services de
faible valeur et d’échantillons.
677. L’objectif des primes peut être d’inciter au premier achat. Un objet est offert lors
de l’achat du produit. Dans ce cas, la prime est directe. Elle peut s’adresser au prescrip-
teur (figurine dans un paquet de céréales) ou à l’acheteur (plat offert lors de l’achat
d’un plat cuisiné). Les primes peuvent avoir pour objet d’inciter au ré-achat. La prime
est alors différée et suppose la collection de points. Enfin, l’objectif de la prime peut
être d’augmenter les quantités achetées s’il s’agit d’un produit identique. Les enfants
sont très friands de primes directes. Elles sont d’autant plus efficaces si elles font partie
d’une collection.
——
4. C. consom., art. L. 121-19, créé par l’ordonnance nº 2016-301 du 14 mars 2016.
222 MÉMENTOS – LE MARKETING
684. Il est fréquent de mêler plusieurs techniques promotionnelles. Il est, par exemple,
possible de combiner une promotion-prix avec un jeu afin d’améliorer l’efficacité de
l’opération.
691. Les effets des actions de promotion doivent faire l’objet d’un suivi. L’évaluation
des résultats peut se faire à partir des ventes réalisées ou de la rentabilité de l’opéra-
tion (tableau 10.8).
CHAPITRE 10 – La politique de communication et de promotion 225
692. Les panels sont des outils assez fiables pour mesurer l’effet des promotions, mais
le coût de l’abonnement peut être un frein et seuls les PGC font l’objet d’un suivi par
les sociétés de panel. Les programmes de fidélisation à carte permettent également de
mesurer la performance des opérations promotionnelles.
2) Les effets sur l’image
693. L’effet d’une opération promotionnelle sur l’image de marque ne doit pas être
négligé. Lorsque le bonus de la promotion est strictement financier, l’effet sur l’image
de marque est nul voire négatif. De telles promotions peuvent détériorer le capital-
marque. La communication entourant l’opération promotionnelle est cruciale. Par
exemple, lorsque Danone offre le remboursement de 15 jours de consommation de
ses yaourts Activia, la marque communique sur les bienfaits que cela représente pour
la santé du consommateur. La marque semble ainsi plus proche et plus à l’écoute de
ses clients. La communication se poursuit après l’opération promotionnelle sous forme
de témoignages de personnes qui ont profité de l’offre pour essayer gratuitement le
produit et qui confirment l’effet positif que cela a eu sur leur bien-être. Lorsque le
bonus offert est un cadeau, celui-ci doit également donner une image positive de la
marque. Offrir un produit prestigieux, original ou exclusif, permet d’améliorer l’image
de la marque. La valeur de la prime doit s’analyser du point de vue de la cible.
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Illinois Press, Urbanal Il.
CHAPITRE 11
La distribution
2) Le commerce indépendant
707. Il comprend des PME de détail s’approvisionnant auprès d’un fabricant ou d’un
grossiste sans aucun engagement particulier. Les points de vente sont la propriété de
commerçants indépendants qui ne participent à aucune structure collective. Il s’agit
essentiellement de grossistes et de détaillants. Leur poids s’est considérablement
réduit. Le commerce indépendant ne représenterait, aujourd ’hui, que 2 % du
commerce alimentaire.
708. Le législateur a en vain tenté de limiter le développement des grandes surfaces et
du commerce intégré (loi Royer de 1973 et loi Rafarin de 1996 qui décrétait le gel de
toute implantation ou extension supérieure à 300 m2). Cette dernière loi a surtout
profité aux plus grands en créant une situation de rente. Elle a favorisé les opérations
——
1. https://www.entreprises.coop/system/files/inline-files/top100-entreprises-coop-2020_2.pdf
CHAPITRE 11 – La distribution 231
La franchise
La franchise est une méthode de collaboration entre une entreprise (le franchiseur) et
plusieurs entreprises (les franchisés) pour exploiter un concept de franchise. Celui-ci est
composé d’au moins un des trois éléments suivants :
– le droit d’utiliser une marque et sa signalétique ;
– le partage d’une expérience et la mise à disposition d’un certain savoir-faire ;
– une collection de produits, de services ou de technologies.
C’est un contrat par lequel un franchiseur autorise une autre entreprise (le franchisé) à
bénéficier de sa marque, de son savoir-faire, d’une assistance technique ou commerciale
pour vendre un bien ou un service moyennant le paiement d’une redevance.
Le franchisé a deux obligations principales :
– le paiement de redevances ;
– le respect du cahier des charges (normes commerciales, techniques, règles de gestion à
utiliser).
Il peut aussi contribuer au budget communication du franchiseur.
A - La politique de distribution
714. Plusieurs questions se posent au producteur pour la distribution de ses produits :
– doit-il sous-traiter ou garder la maîtrise ?
– quels canaux et quelle longueur de circuit choisir ?
– quel degré de sélectivité de la distribution ?
1) Garder le contrôle ou sous-traiter ?
715. Dans un circuit de distribution, chaque intermédiaire prélève une marge. Plus le
circuit est long, plus le producteur perd la maîtrise du prix de vente au consommateur
final et plus la proximité décroît par rapport au consommateur. Il devient donc difficile
pour l ’entreprise de connaître les attentes ou la satisfaction de ce dernier. Ces incon-
vénients peuvent amener un producteur à intégrer, en aval, tout ou partie du circuit de
distribution. Garder la maîtrise totale de la distribution n’est pas toujours envisageable.
Cette stratégie peut s’avérer adaptée dans les relations BtoB. Elle est plus difficilement
tenable dans un contexte BtoC.
716. En fonction de quels critères prendre la décision ? Lorsque les clients sont
nombreux, il est difficile de garder le contrôle de la distribution. Lorsque l’image de
——
2. Grandes surfaces alimentaires.
CHAPITRE 11 – La distribution 233
marque est très forte ou élitiste, le circuit de distribution doit être cohérent et renforcer
cette image. Le meilleur moyen d’y parvenir est de garder le contrôle de la distribution
jusqu’à un point très avancé en aval. Un exemple régional illustrera cette politique.
L’entreprise vitivinicole Celliers des Templiers, située à Banyuls-sur-mer dans les Pyré-
nées-Orientales, produit des vins du Languedoc-Roussillon et, notamment, un vin
doux naturel, le Banyuls. Cette entreprise a fait le choix de commercialiser ses produits
exclusivement par le canal direct : vente directe à la propriété ou au domicile. Les
produits qu’elle distribue sont totalement absents de la grande distribution et cela
semble lui réussir.
2) Le choix d’un système de distribution : nombre de circuits retenus
717. La plupart des distributeurs utilisent différents canaux plus ou moins intégrés.
Cette question est devenue cruciale du fait que les consommateurs adoptent des
comportements cross-canaux. Ils utilisent plusieurs canaux pour effectuer un même
achat. Ils recherchent l’information en ligne et achètent en magasin (research online
purchase off line ou ROPO) ; réservent en ligne et effectuent l’achat en magasin (réser-
vation en ligne), recherchent en ligne et retirent la marchandise en magasin (click &
collect). Ces trois pratiques relèvent du web-to-store. Les clients peuvent aussi effec-
tuer des recherches sur les conditions de prix et de livraison chez les concurrents,
avec leur smartphone, depuis un magasin et commander en ligne sur le site de e-
commerce d’un concurrent (showrooming ). Ils peuvent aussi profiter d’un passage en
magasin pour commander sur Internet à partir d’une borne, d’un écran connecté (avec
ou sans l’aide d’un vendeur) et se faire livrer chez eux (store-to-web). Enfin, ils peuvent
acheter dans un magasin et se faire livrer dans un autre point de vente du même distri-
buteur plus pratique pour eux (store-to-store).
718. Le processus de choix d’un système de distribution comprend trois étapes princi-
pales. L’analyse des fonctions, l’identification des solutions possibles et le choix d’une
solution.
720. Si l’on prend l’exemple des stylos, les produits de la marque Bic sont disponibles
dans quasiment tous les points de vente (distribution intensive). En revanche, les stylos
Montblanc (marque du groupe Richemont, spécialisé dans le luxe) ne sont distribués
que chez quelques détaillants triés sur le volet et souvent spécialistes des accessoires
haut de gamme (distribution sélective) ou dans des boutiques Montblanc.
Les objectifs de l’entreprise doivent être compatibles avec ses ressources. La couverture
du marché, pour un PGC, suppose le référencement dans toutes les grandes enseignes.
Or cela nécessite des moyens financiers colossaux et du personnel compétent pour
négocier auprès des acheteurs de la grande distribution. Les ressources internes à
prendre en considération ne se limitent donc pas aux ressources financières et englobent
les ressources humaines et techniques.
2) Les caractéristiques du produit
723. Certains attributs du produit peuvent influencer le choix du canal de distribution.
Parmi les attributs intrinsèques, figurent, par exemple, la périssabilité du produit et son
degré de technicité. Des attributs extrinsèques tels que la valeur moyenne unitaire du
produit ou son image peuvent également orienter les choix du producteur. Enfin, la
réglementation attachée à certains produits comme les médicaments ou les cigarettes
impose un type de distributeur.
3) Les caractéristiques du client final
724. Le nombre, la localisation et la dispersion des consommateurs potentiels sont des
critères importants pour déterminer le système de distribution le plus approprié. La
vente à distance est parfois préférable, en cas de forte dispersion géographique de
consommateurs en nombre limité.
725. Le lieu où le consommateur effectue habituellement ses achats pour un type de
produit ne doit pas être négligé. Il ne trouvera pas forcément le produit s’il est
distribué par un canal inhabituel. Le besoin d’information et de conseil peut aussi
influencer le choix du canal de distribution.
4) Les caractéristiques des canaux de distribution
726. Le nombre et la répartition géographique d’un canal déterminent le degré de
couverture du marché. Ce sont des critères essentiels pour les PGC. Les compétences
techniques et commerciales, les équipements offerts par un canal sont également des
critères de choix importants (tableau 11.2).
236 MÉMENTOS – LE MARKETING
différence est appelée marge brute. Elle sert à couvrir les coûts supportés par les distri-
buteurs et les intermédiaires intervenant le long du canal ainsi que les bénéfices.
732. La marge brute, lorsqu’elle est calculée en pourcentage du prix de vente, est
appelée taux de marque et taux de marge lorsqu’elle est calculée en pourcentage
du prix d’achat.
Marge brute
Taux de marque = x 100
Prix de vente
(Prix de vente – Prix d’ achat)
ou Taux de marque = x 100
Prix de vente au public HT
Marge brute
Taux de marge = x 100
Prix d’achat
(Prix de vente – Prix d’achat)
ou Taux de marge =
Prix d’achat x 100
Prix d’achat
Prix de vente =
(1 – Taux de marque)
Prix de vente 1
Coefficient multiplicateur = =
Prix d’achat (1 – Taux de marque)
a) Le référencement
737. La relation débute par l’obtention d’un référencement. Les chances de référence-
ment d’un produit dépendent de la politique du distributeur et des arguments que le
producteur met en avant. Celui-ci doit souligner l’intérêt du produit pour le distribu-
teur et lui fournir des aides et des avantages divers.
738. Dans certains rayons, le paiement de droits de référencement élevés est devenu
la norme. Le produit devra faire ses preuves en quelques mois, sous peine d’être déré-
férencé. Les marques nationales sont désavantagées par rapport aux MDD qui ne sont
pas concernées par le référencement, puisqu’elles « jouent à domicile ».
b) Le suivi du produit
739. Ensuite, le producteur doit assurer le suivi du produit chez le distributeur. La FV
est chargée de cette tâche. Les vendeurs ont pour mission d’obtenir le renouvellement
des commandes et de vérifier le niveau des stocks. En outre, la FV est en contact direct
avec les chefs de rayons et participe au merchandising du produit, c’est-à-dire sa mise
en valeur dans le rayon. Elle vérifie que les linéaires accordés sont conformes aux
conditions définies, que les produits sont mis en valeur et le réassortiment régulier. Le
producteur met parfois à disposition du distributeur du matériel de vente spécifique
(présentoirs, publicité sur le lieu de vente, etc.). Les personnes chargées de cette
tâche sont des promoteurs-merchandisers.
740. Afin d’améliorer les relations avec ses distributeurs, l’entreprise peut avoir recours
au trade marketing. Le trade marketing regroupe des « opérations conçues pour
stimuler la coopération commerciale des distributeurs et stimuler les commandes
passées par les acheteurs des centrales d’achat des enseignes » (Lendrevie et
de Baynast, 2004).
240 MÉMENTOS – LE MARKETING
——
3. https://www.quechoisir.org/billet-du-president-relevement-du-seuil-de-revente-a-perte-stop-a-cette-
couteuse-anomalie-n101468/
CHAPITRE 11 – La distribution 241
4• LA FORCE DE VENTE
751. La FV regroupe les personnes qui ont pour mission de vendre les produits de
l’entreprise au moyen de contacts directs avec les clients potentiels, les distributeurs
ou les prescripteurs de ces produits (Lendrevie, Levy et Lindon, 2009). Le terme de
« vendeur » évoque souvent l ’image d’un beau parleur, ayant la poignée de main
facile et toujours une bonne histoire à raconter (Leclerc, 1986). En réalité le terme
regroupe plusieurs catégories. La norme X50-660 de l’AFNOR en recense 20 (Kotler,
Keller et Manceau, 2012). La FV est chargée de la mise en œuvre, sur le terrain, de la
politique marketing définie en amont. Son succès dépend de l’efficacité des vendeurs.
761. La rémunération dépend en partie du statut mais surtout des objectifs déterminés
par l’entreprise. Pour les vendeurs salariés, les intérêts de la direction de l’entreprise et
des commerciaux divergent. Les vendeurs souhaitent la sécurité financière alors que
l’entreprise cherche à maximiser son profit. La rémunération joue sur la fidélisation et
la motivation des vendeurs.
762. La structure de la rémunération est un moyen de satisfaire à la fois les attentes
des vendeurs et les objectifs de maîtrise des coûts de l’entreprise. La rémunération
comporte :
– une partie fixe, fonction de l’ancienneté et des diplômes, destinée à assurer une
certaine stabilité des vendeurs ;
– une partie variable dont le rôle est de motiver et de stimuler les vendeurs (commis-
sion sur le CA ou sur la marge, primes) ;
– le remboursement des frais qui permet au vendeur d’entreprendre les efforts de
vente qu’il juge nécessaire ;
– des avantages annexes tels que la mise à disposition d’une voiture de fonction ou
d’un smartphone assorti d’un forfait illimité qui assurent la sécurité matérielle et
augmentent l’attrait du poste.
CHAPITRE 11 – La distribution 245
763. Pour faciliter le recrutement, l’entreprise peut opter pour un niveau de rémunéra-
tion fixe élevé la première année et augmenter la part des commissions et primes la
seconde année. Certaines entreprises privilégient les quotas élevés au risque de décou-
rager la FV.
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Conclusion
766. Alors que la mise à jour de la huitième édition de cet ouvrage s’achève, trois
événements majeurs ont marqué ces dernières années : le Covid, la guerre en Ukraine
et l’accélération du réchauffement climatique (canicule et incendies gigantesques). Ces
« facteurs » ont mis en exergue nos fragilités. La pandémie, puis le conflit en Ukraine,
nous ont fait prendre conscience que la vie ne tient parfois qu’à un fil. Cet aspect
dramatique n’est pas la seule conséquence. Les systèmes de production, la « guerre »
autour des énergies fossiles (gaz et pétrole) et de l’eau, le commerce de proximité et le
commerce international se sont aussi grippés. Il s’ensuit une crise économique majeure
dont l’inflation galopante (+ 6,3 % sur les 12 derniers mois, en avril 2023) est un des
effets les plus visibles pour le consommateur, avec la disparition d’enseignes histori-
ques comme Camaïeu, Kookaï et San Marina. Il n’est point nécessaire d’être devin
pour présager que ces événements influenceront le marketing et la consommation de
manière durable.
767. Des changements sont déjà observables en ce qui concerne le comportement du
consommateur qui, parfois contraint et forcé, s’est tourné massivement vers le
commerce connecté (drive, drive piéton, click & collect, livraison à domicile, etc.).
Certains Français ont également privilégié les circuits courts pour les courses alimen-
taires. Le made in France, qui connaissait déjà un intérêt croissant avant la pandémie,
n’a jamais été autant recherché par les consommateurs et mis en avant par les
marques. D’ores et déjà, les chercheurs en sciences humaines et sociales se penchent
sur le sujet, mais il est encore tôt pour se prononcer sur le caractère conjoncturel ou
structurel des comportements adoptés en période de crise sanitaire. Dans ce contexte
incertain, les trois enjeux qui ponctuaient les précédentes éditions de cet ouvrage
demeurent pertinents. Ils comportent néanmoins de nouveaux défis.
La démarche marketing : un impératif pour comprendre le consommateur post-
pandémie
768. Plus que jamais, la démarche marketing importe. Les gens du marketing devront
scruter attentivement l’évolution des croyances, des attitudes, des comportements, des
attentes, des motivations et freins du consommateur post-pandémie pour définir une
proposition de valeur qui lui corresponde. Une approche marketing incite l’entreprise à
248 MÉMENTOS – LE MARKETING
——
4. https://www.pourlascience.fr/sd/environnement/le-vrai-cout-energetique-du-numerique-20490.php
5. https://www.lineaires.com/toute-l-actu/le-nutri-score-a-t-il-un-impact-sur-les-ventes
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254 MÉMENTOS – LE MARKETING
A Attribut
Achat – déterminant, 341
– compulsif, 135 – fonctionnel, 353
– familial, 88 – important, 342
– impliquant, 134 – saillant, 341
– impulsif, 135 – symbolique, 353
– industriel, 140 Attribution, 70
– processus, 121 Audience publicitaire, 613
– réfléchi, 135
B
– répété, 140 Bannière publicitaire, 608
ACP (analyse en composantes principales), 305 BAO (bouche-à-oreille), 92, 372
Advergame, 656 Base de sondage, 209
Âge, 102 BCG (matrice), 381
Agence de publicité, 585 Bénéfice consommateur, 605, 606
AIO (activités, intérêts, opinions), 84 Besoins, 56, 115, 117
Analyse Biais, 539, 540
– bivariée, 261 Big data, 164
– conjointe, 268 Brainstorming, 188
– de contenu, 200 Budget publicitaire, 601, 602
– discriminante, 267, 303, 306 Bulletins board, 186
– documentaire, 160 Buzz marketing, 97
– multi-dimensionnelle des similarités, 337 C
– multivariée, 266 Cahier des charges, 405
– typologique, 267 Canal de distribution, 699
– univariée, 260 Cannibalisation, 340, 542
Annonceur, 582, 583 Carré sémiotique, 195
Apprentissage automatique, 204 Carte perceptuelle, 337, 338
Architecture de marque, 497 Ciblage, 271, 310, 316, 322
Assimilation-contraste, 525 Cible
Attitude, 63, 70 – cœur, 589
256 MÉMENTOS – LE MARKETING
Le Marketing
Connaître le marché, analyser les besoins et les attentes des clients pour définir une offre
plus adaptée que celle des concurrents, tels sont les fondements de la démarche marketing.
Segmenter le marché et choisir les meilleures cibles constituent les facteurs clés de succès d’un
positionnement réussi. La mise en œuvre de stratégies marketing gagnantes en dépend.
Le marketing est au service des objectifs de l’entreprise, objectifs auxquels il contribue en incitant
les publics cibles à adopter un comportement souhaité.
Catherine Viot
est Professeur des Universités à l’UCBL au sein du département Techniques de commercialisation de
l'IUT Lyon 1. Elle est membre du Laboratoire de recherche SAF (Lyon 1) et associée à l’IRGO (Université de
Bordeaux).
Prix : 22,50 €
ISBN 978-2-297-22158-0
www.gualino.fr