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Stratégies de la comparaison internationale | Michel
Lallement , Jan Spurk
Comparer les
systèmes
éducatifs : débats
et problèmes
1
méthodologiques
Anne West
p. 199-214
Texte intégral
1 Dans cette contribution, nous nous intéressons aux
débats et questions méthodologiques liés aux
comparaisons des systèmes éducatifs, notamment ceux
qui mettent en jeu des données quantitatives2.
L’utilisation des statistiques, et plus particulièrement le
choix des indicateurs dans le domaine de l’éducation,
exerce un attrait considérable, tant pour les
responsables politiques que pour les universitaires.
C’est dans la zone Europe et dans la recherche
comparative internationale sur l’éducation que ce
phénomène est le plus flagrant. Il y a deux raisons à
cela : premièrement, les indicateurs ont cette
particularité de faire paraître simples des données qui
sont en réalité complexes. Deuxièmement, ils permettent
de mener des comparaisons entre pays à un moment
donné.
2 Tout d’abord, il est important de définir la manière dont
on utilise les termes de « statistique » et d’« indicateur »,
ceux-ci étant souvent pris l’un pour l’autre. La
distinction est pourtant claire dans la mesure où la
statistique, à la différence des indicateurs, est purement
descriptive. Ainsi, le nombre total d’étudiants inscrits
dans une université fournit un exemple de statistique.
Les indicateurs sont, quant à eux, élaborés à partir d’un
critère de référence. Par exemple, le pourcentage d’une
cohorte particulière qui intègre l’enseignement
supérieur est un indicateur. Les indicateurs,
contrairement aux statistiques, permettent de
construire toutes sortes de comparaisons résultant d’un
critère commun (Nutall, 1992).
3 Les statistiques et/ou les indicateurs sont produits à
différents niveaux. Dans un volet de son étude parue
dans Regards sur l’éducation, l’OCDE (1998) a ainsi
élaboré des indicateurs relatifs aux systèmes éducatifs à
travers le monde (INES, indicateurs des systèmes
d’enseignement). Au plan européen, Eurostat produit
une série de statistiques et d’indicateurs qui mesurent
l’importance des inscriptions dans l’enseignement
supérieur, la participation, le champ des études, etc.
(Eurostat, 1998, 1999). Au niveau national, on assiste
également à un grand déploiement de données
statistiques relatives à l’éducation, et, dans une moindre
mesure, à la formation. Dans certains pays, comme la
France, l’on fabrique aussi des indicateurs sophistiqués
relatifs au fait éducatif. Étant donné la grande variété
des données produites, il est très important d’avoir à
l’esprit les énormes problèmes qui se font jour dès lors
que l’on tente de confronter entre eux les systèmes
éducatifs de différents pays.
4 La première partie de ce texte aborde précisément
certaines des difficultés liées à un travail de
comparaison. Elle inclut un examen des différentes
structures qui composent les systèmes éducatifs, ainsi
que l’analyse des problèmes liés aux définitions,
concepts et méthodes utilisés lors du recueil des
données. Partant toujours des problèmes
méthodologiques liés à la collecte de données
harmonisées, la deuxième partie explore les questions
associées à la prise en compte des différents types de
programmes éducatifs aux divers niveaux du système
scolaire. Dans la troisième partie, nous discuterons les
questions clés qui se dégagent de ce texte.
Notes
1. L’auteur aimerait remercier tous ceux qui lui ont fourni des
informations pour ce texte, en particulier Eurostat et le
département d’Éducation et Science en Irlande. Elle voudrait aussi
remercier A. Gueissaz, M. Lallement et les autres participants du
séminaire « Comparaisons internationales » qui s’est tenu à Paris
en mars 2000, ainsi qu’A. Edge pour ses précieux commentaires
d’une version antérieure et J. Wilkes pour son aide dans la
préparation de ce texte. La traduction de ce chapitre a été réalisée
par Y. Bensâadoune (GRIS, Rouen).
2. Il est important de préciser que la frontière est parfois poreuse
entre « éducation » et « formation ». Cette distinction s’avère
encore plus floue à l’heure de l’avènement d’une formation « tout
au long de la vie ». Dans ce texte, nous mettrons surtout l’accent sur
la dimension « éducation ».
3. Selon la classification internationale des types d’éducation (CITE)
de 1997, on trouve les définitions suivantes de l’enseignement
général, préprofessionnel ou prétechnique, et professionnel ou
technique :
Enseignement général – Enseignement spécifiquement conçu pour
fournir une compréhension approfondie d’un sujet, en particulier
dans la perspective de préparer les participants à un
enseignement plus poussé au même niveau ou à un niveau plus
élevé.
Enseignement préprofessionnel ou prétechnique – L’enseignement
est principalement conçu pour préparer les participants à intégrer
les programmes d’enseignement professionnel ou technique. Pour
qu’un programme entre dans cette catégorie, au moins 25 % de son
contenu doit être professionnel ou technique.
Enseignement professionnel ou technique – Enseignement
principalement conçu pour conduire les participants à acquérir
des compétences pratiques, des savoir-faire et une compréhension
nécessaires pour un emploi dans un secteur d’activités particulier,
ou dans un corps de métiers. La réussite complète conduit à une
qualification professionnelle adaptée et reconnue par les autorités
compétentes du pays dans lequel elle est obtenue.
4. Sur ce point, on pourra se reporter à l’article de cet ouvrage
signé par C. DUBAR , C. GADEA et C. ROLLE. Ces derniers présentent et
discutent des comparaisons raisonnées des systèmes de formation
professionnelle en Europe.
5. Notons que les problèmes se posent avec autant d’acuité quant à
l’usage du terme « groupes minoritaires » tel qu’il est employé au
sein de l’Union européenne.
6. L’Enquête communautaire sur les forces de travail recueille
également des informations sur la formation professionnelle. Pour
fabriquer son indicateur (voir tableau 9), Eurostat utilise la
variable pertinente, en rapport avec le plus haut niveau
d’éducation.
7. Ajoutons que la fin du niveau 2 de l’échelle CITE coïncide avec
celle de l’enseignement obligatoire au Danemark, en Irlande et en
Suède. Par ailleurs, aux Pays-Bas et en Allemagne, le système
scolaire « non académique » délivre des titres qui s’apparentent à
ceux proposés en Irlande et au Royaume-Uni dans des cursus
traditionnels. Ces deux types de formation peuvent se monnayer de
manière similaire sur le marché du travail.
Auteur
Anne West
© CNRS Éditions, 2003