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Introduction

L’oralité

L’oralité est un système de communication qui revalorise les cultures et civilisations


africaines restées longtemps enfuies dans la mémoire des hommes. Elle repose sur deux
modes qui sont : la rétention et la transmission. Ces dernières permettent la transmission
d’un patrimoine culturel d’une génération à une autre par le biais d’une mémoire
institutionnalisée. En Afrique traditionnelle, des personnes biens déterminées sont
chargées de véhiculer ce savoir par la parole. Ces personnes détiennent des connaissances
d’ordres culturelles et demeurent des érudits. C’est ce qui fait dire à Amadou Hampaté
Ba dans son vieux adage que :

 « En Afrique un vieillard qui meurt est comme une bibliothèque qui brule ».

La parole

Dès lors, la parole constitue un socle qui fait revivre les faits sociétaux pour assurer une
éthique et une déontologie des générations futur.

Pour ces personnes dont leur spécialité demeure la parole, sont très nombreuse et parmi
eux on peut en déduire les griots. Ces derniers sont les détenteurs du savoir et assurent
la transmission des messages. Ils forment un couple avec le roi et ils assurent la
communication au saint des sphères royales. Ces détenteurs de savoir jouent un rôle
incontestable dans la société africaine traditionnelle. Ils sont des acteurs et témoins des
faits de la guerre donc la communication est à leur portée sur tous les plans. Par la parole,
ils peuvent transformer une défaite à une victoire pour permettre à une société d’exister
donc leur parole est fondamentale. C’est dans ce contexte que Djibril Tamsir Niane
soutient dans la préface de son ouvrage que :

«  Nous sommes les sas à parole, nous sommes les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois
séculaires. L’art de parler n’a pas de secrets pour nous ; sans nous les noms des rois tomberaient
dans l’oubli, nous sommes la mémoire des hommes ; par la parole nous donnons vie aux faits et
gestes des rois devant les jeunes générations1 ».

1
NIANE Djibril Tamsir, Soundjata ou l’épopée mandingue, Présence Africaine, 1960, p.9

1
Dans cette préface, Niane nous livre la parole sacrée du griot. Ce dernier essaye de
communiquer avec sa société pour lui permettre de mieux connaitre leur origine et
d’avoir plus de considération sur leur culture.

La poésie traditionnelle

La communication qu’entretiennent ces détenteurs du savoir avec leur public est devenue
de plus en plus une parole embellie et merveilleusement livrées. Ces paroles sont parfois
accompagnées par des instruments de musique traditionnelle .elles deviennent donc une
œuvre d’art, un poème. Cette poésie est purement traditionnelle du fait qu’elle a vu le
jour dans la campagne. Dès lors, elle se différencie par ses concepts et parmi lesquelles
on peut en déduire la lutte qui demeure objet de notre étude.

L’Historique de la lutte

La lutte est jeu de distraction qui met à la prise deux adversaires. Dans le milieu
campagnard, après les durs travaux champêtres, les jeunes du village se réunissent à la
place publique pour que chacun puisse montrer sa suprématie et son bravoure. Ces jeux
étaient à l’origine de designer le champion du village et ils étaient dénommés mbapat2 et
à la cour de quel chaque lutteur est vêtu d’un pagne autour des reins et sont séparés avec
le publique par un cercle que les antagonistes ne doivent pas franchir au moment du jeu.

Ces séances étaient rythmées et l’animation était assurée par les femmes qui chantaient et
applaudissaient à l’honneur des lutteurs. A la fin de ces jeux, le guerrier ou le champion
n’était pas primé mais un volontiers pourrait lui attribuer un cadeau et enfin il aura le
bénéfice d’être le champion de son village afin d’être le représentant de sa localité dans
les séances de lutte inter villageoise ou « làmb-Sarale 3»

La dimension artistique de la lutte

La lutte est en scène deux antagonistes. Ces derniers se mettent corps à corps autour du
cercle. Le lutteur peut s’emparer d’un tam-tam pour chercher un adversaire et celui qui

2
Lutte simple et sans frappe
3
CISSE Momar, «  Parole chantée et psalmodiée Wolof, collecte, typologie et analyse des procédés
argumentatifs de connivence associée aux fonctions discursives de satire et d’éloge », Thèse pour le
Doctorat d’Etat de Linguistique, soutenue en janvier 2006

2
renversa l’instrument deviendra le nouvel adversaire. Ainsi, le lutteur peut déclamer ses
propres exploits  (Bàkku) ou auto louage durant lesquelles il se chante lui-même et
pourrait transformer ses défaites en victoire. Cependant, ces personnes dont leur
spécialité est le chant gymnique sont appelés à accompagner les lutteurs par des chants
rythmés dans le but d’encourager et de glorifier les lutteurs avec l’appui du chœur et des
instruments de musique traditionnelle en l’occurrence le tam-tam. Ces chansons ou
(Bàkk) ou encore woyi làmb est en système de communication qu’entretient le chanteur
avec les lutteurs pour leurs procurer le courage. C’est dans cette logique que Abdoulaye
Keita déclare sur ces chansons de lutte que :

 « Ils sont dits par des griots ou griottes. Ils sont adressés à quelqu’un pour

l’interpeller.4 »

Dès lors, l’effet de ces chansons réveille chez le lutter la fibre patriotique durant laquelle
le lutteur dispose de certains sensibilités à s’irriter ou à s’émouvoir et parfois même
provocatrice de l’émotion. Mais aussi ces chants font sortir la force morale qui était
restée caché en faisant relatée la volonté et le courage qui fait que le lutteur fait braver les
obstacles ou supporter les malheurs ou les maux.et enfin les galvanisations par la
généalogie procure plus d’impulsion. Bref, ces acteurs qui ont été délectés pour chanter
les guerriers de la lutte qui se donnent corps et âmes pour la revalorisation de la culture
et tradition africaine, occupent une place très importante au sein de la lutte vue qu’ils sont
des acteurs de la lutte et surtout celle moderne.

Le statut actuel de la lutte

Avec la modernisation, la lutte n’est plus un jeu mais elle est considérée comme le sport
national du Sénégal. Dès lors, elle prend une nouvelle tournure et devient une entreprise
avec d’énormes bénéfices. Au début, elle était juste un simple qui permettait aux jeunes
d’oublier leur souffrance due aux travaux des champs. Mais maintenant nous constatons
le renversement de la situation qui fait que chaque lutte reçoit un cachet un prime pour
chaque combat. Ce qui fait qu’ils en font un métier et ils gagnent beaucoup d’argent. De
ce fait, le lutteur est devenu de plus en plus célèbre avec la médiatisation. Ainsi la lutte a
4
KEITA Abdoulaye, «  la poésie orale d’exhortation  : l’exemple des bàkku des lutteurs wolof (Sénégal) »,
Thèse pour l’obtention du grade de docteur des universités, 2008s

3
été décentralisée dans les villes avec l’exode rural et les stades deviennent maintenant les
nouveaux espaces appropries

La lutte a aussi changé de forme avec son aménagement du fait que les coups sont
autorisés, chaque lutteur aura son ménager qui l’encadre, ses fans club, le promoteur qui
devient le nouveau organisateur de ce sport, les lutteurs de même localité forment une
écurie ou une école de sport pour qu’ils puissent dérouler leur entrainement, des face à
face et des open presse sont organisés par le promoteur pour rendre le combat. Et aussi
les lutteurs ont les privilèges d’aller à l’extérieur pour mieux préparer leur combat. Mais
sans pour autant oublier le système maraboutique qui prend une grande ampleur dans la
lutte sénégalaise du fait que chaque lutteur aura ses marabouts qui l’accompagne et qui
leur assure une victoire

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