Introduction

I. Historique et contexte de l'oralité en Afrique

1. Origines de la tradition orale en Afrique.

a. Les premières formes d'expression orale.

b. L'évolution de l'oralité à travers les âges.

2. L'oralité comme mémoire collective et identitaire.

a. Le rôle des ancêtres et des anciens.

b. La transmission intergénérationnelle.

II. Les manifestations de l'oralité dans la culture africaine

1. Les contes et légendes.

a. Leurs fonctions éducatives et sociales.

b. Exemples notables de contes populaires.

2. La musique et les chants.

a. Les instruments traditionnels comme véhicules de l'oralité.

b. La chanson comme moyen de transmission d'histoires.

3. Les griots et conteurs.

a. Définition et rôle des griots dans la société.

b. Les griots comme historiens et mémorialistes.

III. L'oralité face aux défis contemporains

1. L'impact de la colonisation et de la modernisation.

a. L'écriture comme concurrence à l'oralité.

b. La diminution des conteurs traditionnels.

2. La revitalisation de l'oralité à l'ère numérique.

a. Les initiatives pour préserver l'oralité.

b. L'oralité dans les médias modernes : cinéma, musique contemporaine, etc.

Conclusion
 INTRODUCTION

"Lorsque les vieillards ne sont plus là pour raconter, les enfants meurent de froid", dit un
proverbe africain. Cette maxime souligne non seulement la valeur de la parole et des histoires
dans la culture africaine, mais aussi l'importance vitale de l'oralité en tant que lien entre les
générations. L'oralité, bien au-delà de la simple parole, constitue un pilier fondamental de
nombreuses civilisations, en particulier la civilisation africaine. Elle incarne la transmission des
connaissances, des valeurs, de l'histoire et de la sagesse d'une génération à l'autre. Dans une ère
dominée par l'écrit et la technologie, il est impératif de revisiter et de comprendre l'importance de
l'oralité dans la sauvegarde du patrimoine culturel. Au cours de cet exposé, nous explorerons
d'abord les origines et le contexte historique de l'oralité en Afrique. Ensuite, nous plongerons
dans ses diverses manifestations à travers les contes, la musique et le rôle des griots. Enfin, nous
aborderons les défis et les opportunités de l'oralité face à la modernité.

I. Historique et contexte de l'oralité en Afrique

Depuis la nuit des temps, le continent africain a vu naître des civilisations florissantes qui ont
donné vie à des traditions culturelles profondément ancrées dans l'oralité. L'art de la parole, dans
ces sociétés, n'était pas seulement un moyen de communication, mais un instrument puissant de
préservation de l'histoire, de transmission des connaissances et de consolidation des liens sociaux.

1. Origines de la tradition orale en Afrique

a. Les premières formes d'expression orale

Bien avant l'invention de l'écriture, nos ancêtres africains s'exprimaient à travers une panoplie de
modalités orales. Que ce soit autour du feu lors des nuits étoilées ou lors des cérémonies rituelles,
les histoires étaient racontées, les chansons étaient chantées et les danses exécutées. Ces
expressions étaient souvent accompagnées d'instruments musicaux rudimentaires, tels que les
tambours, qui ajoutaient une dimension rythmique à la narration. Cette tradition orale était
indispensable, car elle servait de mémoire collective, consignant les exploits des ancêtres, les
leçons des événements passés et les préceptes moraux de la société.

b. L'évolution de l'oralité à travers les âges

Avec le passage du temps, l'oralité en Afrique a subi de nombreuses métamorphoses tout en

conservant son essence fondamentale. L'avènement des royaumes et des empires a donné lieu à
l'émergence des griots, des conteurs professionnels dont la tâche était de louer les rois, de narrer
les grandes batailles et d'assurer la transmission de l'histoire dynastique. Avec la complexification
des sociétés, d'autres formes d'expression orale ont vu le jour, comme les épopées, qui narraient
les exploits héroïques, et les poésies, qui célébraient l'amour, la nature ou la philosophie. Même
face aux bouleversements tels que la colonisation et la globalisation, l'oralité a persisté, s'adaptant
et intégrant de nouveaux éléments tout en demeurant le reflet fidèle de l'âme africaine.
 2. L'oralité comme mémoire collective et identitaire

L'oralité en Afrique n'est pas une simple forme de communication ; elle est le cœur battant de la
mémoire collective et le miroir de l'identité africaine. Au-delà de raconter des histoires, l'oralité
conserve la sagesse ancestrale, renforce les liens sociaux et façonne l'identité culturelle.

a. Le rôle des ancêtres et des anciens

Les ancêtres et les anciens occupent une place prépondérante dans la culture africaine. Ils sont
vus comme le pont entre le monde physique et le monde spirituel, détenant la sagesse accumulée
des générations passées. L'oralité est l'instrument par lequel cette sagesse est partagée. Par
exemple, lors de cérémonies ou de rites initiatiques, les anciens transmettent des récits, des chants
et des prières qui encapsulent les valeurs, les croyances et les histoires de la communauté. Ces
récits oraux, souvent imprégnés de métaphores et de symboles, servent à guider les plus jeunes,
leur offrant des leçons de vie et des modèles à suivre. L'écoute respectueuse de la parole des
anciens est ainsi un acte d'hommage à la fois à la sagesse des ancêtres et à la richesse de la
tradition.

b. La transmission intergénérationnelle

L'essence même de l'oralité repose sur la transmission d'une génération à l'autre. Cette
transmission intergénérationnelle est fondamentale pour la préservation de l'identité culturelle et
la cohésion sociale. Les contes racontés aux enfants, par exemple, ne sont pas de simples
divertissements, mais des leçons de vie, des avertissements ou des rappels des valeurs
fondamentales de la communauté. De plus, la transmission orale renforce le lien entre les
générations, créant un sentiment d'appartenance et de continuité. Dans un monde en constante
évolution, où les traditions peuvent facilement se perdre, l'oralité se présente comme une ancre,
reliant le passé, le présent et l'avenir, assurant ainsi que la richesse de la culture africaine continue
de vivre et de prospérer.

II. Les manifestations de l'oralité dans la culture africaine

L'oralité en Afrique ne se limite pas à la parole. Elle s'exprime à travers une myriade de formes
artistiques et culturelles qui reflètent la richesse, la diversité et la profondeur de la culture
africaine.

1. Les contes et légendes

Les contes et légendes sont des éléments fondamentaux de l'oralité africaine. À travers eux, la
sagesse, l'histoire et les valeurs d'une communauté sont véhiculées de manière mémorable et
captivante.

a. Leurs fonctions éducatives et sociales

Les contes africains ont souvent une fonction éducative, servant de leçons morales pour les
jeunes. Ils traitent des thèmes universels tels que l'amour, la trahison, la jalousie, le courage et
l'amitié, tout en offrant des orientations sur la manière de naviguer dans les complexités de la vie.
Par exemple, un conte peut illustrer les conséquences de la tromperie ou mettre en valeur
l'importance de la solidarité communautaire.

En outre, ces contes renforcent les liens sociaux. Ils sont généralement racontés lors de
rassemblements communautaires, créant ainsi un sentiment d'appartenance et de partage d'une
culture et d'une histoire communes.

b. Exemples notables de contes populaires

 Le lièvre et l'éléphant : Ce conte, répandu dans de nombreuses régions d'Afrique,

raconte l'histoire du rusé lièvre qui réussit à tromper l'éléphant, souvent représenté comme
puissant mais crédule. Le message sous-jacent est que la ruse et l'intelligence peuvent
surpasser la force brute.

 Anansi l'araignée : Originaire de la région ashanti du Ghana, ce conte parle d'Anansi,

une araignée malicieuse qui utilise sa ruse pour surmonter des défis apparemment
insurmontables. Anansi est devenu un symbole de la résistance à l'oppression et de la
sagesse par la ruse.

 La tortue et le lézard : Dans ce conte d'Afrique de l'Ouest, la tortue utilise sa

perspicacité pour déjouer le lézard, souvent plus rapide et agile. Il enseigne la patience et
la réflexion avant d'agir.

Ces contes, parmi tant d'autres, illustrent la manière dont l'oralité africaine utilise des histoires
captivantes pour transmettre la sagesse, les valeurs et les enseignements d'une génération à
l'autre.

2. La musique et les chants

La musique et les chants occupent une place prépondérante dans l'oralité africaine, servant de
moyens puissants pour raconter des histoires, immortaliser des événements, exprimer des
émotions et transmettre la culture.

a. Les instruments traditionnels comme véhicules de l'oralité

Plusieurs instruments traditionnels africains portent en eux la mémoire d'un peuple, servant à la
fois de moyen de communication et d'expression artistique.

 Le Djembé : C'est un tambour africain dont le son résonne lors des cérémonies, fêtes et
rituels. Chaque battement peut raconter une histoire ou évoquer une émotion spécifique.
 La Kora : Instrument à cordes d'Afrique de l'Ouest, la kora est étroitement associée aux
griots qui l'utilisent pour accompagner leurs chants et récits.
 Le Balafon : Semblable à un xylophone, il résonne de mélodies qui accompagnent les
contes, les légendes et les épopées.
 b. La chanson comme moyen de transmission d'histoires

La chanson est un vecteur puissant de la tradition orale en Afrique. Les chansons racontent des
histoires d'amour, de bravoure, de trahison et d'héroïsme. Elles servent aussi à enseigner, à
avertir, à consoler ou à célébrer. De la berceuse au chant guerrier, chaque chanson a une fonction
et un message.

3. Les griots et conteurs

Les griots sont les gardiens de la mémoire orale en Afrique. Ce sont des artistes, des historiens,
des louangeurs et des conteurs qui jouent un rôle crucial dans la transmission de l'histoire, de la
culture et de la sagesse de génération en génération.

a. Définition et rôle des griots dans la société

Les griots sont traditionnellement des conteurs, des musiciens et des poètes. Ils ont la
responsabilité de conserver et de transmettre l'histoire orale de leur communauté. Leur rôle ne se
limite pas à raconter des histoires ; ils sont également des conseillers, des médiateurs et des
célébrants lors des cérémonies importantes. Ils sont respectés et honorés pour leur connaissance
approfondie de l'histoire, des traditions et des coutumes.

b. Les griots comme historiens et mémorialistes

Les griots sont souvent comparés à des "bibliothèques vivantes". Ils détiennent une connaissance
précieuse de l'histoire, des lignées familiales, des exploits, des batailles et des alliances. Leur
capacité à mémoriser et à réciter de longues épopées, généalogies et événements est remarquable.
En tant qu'historiens, ils assurent la continuité de la mémoire collective, garantissant que les
générations futures connaissent leurs racines, leurs histoires et leurs héritages.

III. L'oralité face aux défis contemporains

Alors que l'oralité a été pendant longtemps le principal moyen de transmission de la culture et de
l'histoire en Afrique, elle est aujourd'hui confrontée à de nombreux défis dus à la colonisation, à
la modernisation et à la numérisation. Cependant, loin d'être éteinte, l'oralité s'adapte, se
transforme et trouve de nouvelles manières de s'exprimer.

1. L'impact de la colonisation et de la modernisation

La colonisation et la modernisation ont profondément modifié la manière dont les cultures

africaines s'expriment et se souviennent.

a. L'écriture comme concurrence à l'oralité

Avec la colonisation est venue l'introduction massive de l'écriture comme principal mode de
communication. Les langues coloniales et l'éducation basée sur l'écrit ont souvent relégué les
traditions orales au second plan. Les textes écrits étaient considérés comme plus "fiables" ou
"officiels", ce qui a conduit à une marginalisation progressive des formes orales d'expression.

b. La diminution des conteurs traditionnels

Avec l'urbanisation rapide et l'évolution des modes de vie, le rôle des griots et des conteurs
traditionnels a diminué. Beaucoup de jeunes ont migré vers les villes, rompant ainsi le lien étroit
avec les traditions orales de leurs ancêtres. De plus, la scolarisation en langues étrangères a
contribué à éloigner davantage les jeunes générations de leurs racines orales.

2. La revitalisation de l'oralité à l'ère numérique

Malgré ces défis, l'oralité en Afrique est loin d'être en déclin. Elle se transforme et trouve de
nouvelles voies pour toucher les cœurs et les esprits.

a. Les initiatives pour préserver l'oralité

Plusieurs initiatives ont été lancées pour sauvegarder l'oralité africaine. Des projets de
documentation et d'archivage enregistrent les histoires, les contes et les chants pour les
générations futures. De plus, des festivals, ateliers et écoles sont dédiés à la formation de
nouveaux conteurs pour assurer la pérennité de cet art.

b. L'oralité dans les médias modernes : cinéma, musique contemporaine, etc.

L'oralité trouve sa voix dans les médias modernes. De nombreux films africains intègrent des
éléments de l'oralité, que ce soit à travers des narrateurs, des histoires basées sur des contes
traditionnels ou l'utilisation de la musique pour raconter des histoires. De même, de nombreux
musiciens contemporains s'inspirent de la riche tradition orale, fusionnant des rythmes, des
histoires et des chants traditionnels avec des genres musicaux modernes.

En conclusion, bien que l'oralité africaine soit confrontée à de nombreux défis dans le monde
contemporain, elle demeure résiliente, adaptative et pertinente. Elle continue d'être un pilier
fondamental de l'identité, de la culture et de la mémoire africaines.

CONCLUSION

L'oralité en Afrique est un pilier de mémoire, d'identité et de culture. Depuis les contes et
légendes jusqu'aux griots, elle a transmis sagesse et histoire de génération en génération. Bien
que la modernisation et la colonisation aient posé des défis, l'oralité montre sa capacité à
s'adapter, notamment à travers les médias modernes.
Il est essentiel de préserver cette richesse culturelle pour les générations futures. Elle est le reflet
de l'âme africaine. La protection et la valorisation de l'oralité doivent être une priorité pour tous,
garantissant ainsi la pérennité de ce patrimoine inestimable.