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RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY


Année académique
UFR Mathématiques et Informatique 2019-2020

Laboratoire de Mathématiques et Applications N°438

MÉMOIRE DE MASTER
Présenté à
L’UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY COCODY
Pour obtenir le grade de Master
Spécialité : Mathématiques et Applications
Parcours : EDP, Analyse Numérique et Optimisation
par
TRA BI LIZIE
SUR LE THÈME :

CONCEPTS ET APPLICATIONS DU
CALCUL DIFFERENTIEL D’ORDRE
FRACTIONNAIRE

Soutenu publiquement le Lundi 11 janvier 2021.


Membres du Jury :

Président : M. COULIBALY ADAMA, Maître de Conférences à l’UFRMI

Directeur : M. DOSSO MOUHAMADOU, Maître de Conférences à l’UFRMI

Co-directeur : M. SAMASSI LASSANA, Maître-Assistant à l’UFRMI


Dédicace

Je dédie ce travail à mes parents et à mes amis.


Résumé
Dans ce travail, nous nous intéressons à l’étude du calcul différentiel d’ordre
fractionnaire c’est à dire aux dérivées et aux intégrales d’ordre fractionnaire
et à ses applications. Nous présentons d’abord les outils mathématiques né-
cessaires pour la bonne compréhension du calcul fractionnaire. Nous mettons
surtout l’accent sur la fonction Gamma un outil incontournable dans le concept
du calcul fractionnaire. Ensuite, nous donnons les différentes définitions de la
dérivée et de l’intégrale d’ordre fractionnaire notamment celles données par :
Grunwald-Letnikov, Riemann-Liouville et Caputo. Puis nous étudions la réso-
lution des Équations fractionnaires intégrales et Équations différentielles frac-
tionnaires. Enfin, nous présentons des applications du calcul fractionnaire.
Remerciements
Je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui
m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire.

Mes premiers mots de remerciements vont à l’endroit du Professeur DOSSO


Mouhamadou, Maître de Conférences à l’UFR-Mathématiques et Informatique
à l’Université Felix Houphouët-Boigny de Cocody et Directeur de mon mémoire
qui, par sa disponibilité, sa rigueur, son goût du travail bien fait, m’a appris
l’ardeur au travail.

Je tiens à remercier sincèrement le Docteur SAMASSI Lassana, Maître-


Assistant à l’UFR-Mathématiques et Informatique à l’Université Felix Houphouët-
Boigny de Cocody et Co-directeur de mon mémoire. Ses conseils, son appui
indéfectible et sa générosité ont été d’une grande importance pour l’accomplis-
sement de ce travail.

Je remercie également le Professeur COULIBALY Adama, Maître de Confé-


rences à l’UFR-Mathématiques et Informatique à l’Université Felix Houphouët-
Boigny de Cocody pour l’honneur qu’il me fait de présider le jury.

Je dis merci au Professeur ADJE Assohoun, Doyen de l’UFR Mathéma-


tiques et Informatique à l’Université Felix Houphouët-Boigny de Cocody, qui
s’est toujours battu pour donner un meilleur cadre d’étude à l’ensemble de ses
étudiants.

Je dis franchement merci à tout le corps enseignant et le personnel admi-


nistratif de l’UFR Mathematique et Informatique.

Je n’oublie pas mes parents pour leur soutien et leur patience.

Je ne saurai terminer sans remercier l’étudiant TOURE Sanga. Son soutien


sans faille, son encouragement ont permis de mener à bien ce travail. Enfin,
merci à mes proches, familles et ami(e)s qui ont également participé à leur
manière à la réalisation de ce mémoire.

Merci à tous.
TABLE DES MATIÈRES

1 Quelques notions de base 5


1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 La fonction Gamma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 .1 Propriétés(Lien avec la factorielle) . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 .2 La dérivée de la fonction Gamma . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 La fonction Bêta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 .1 Propriétés de la fonction Bêta . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 .2 La dérivée de la fonction Bêta . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3 .3 Fonction Bêta incomplète . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.4 Transformation et Convolution de Laplace . . . . . . . . . . . . 14
1.4 .1 Transformée de Laplace d’un signal retardé . . . . . . . . 15
1.4 .2 Transformée de Laplace d’un signal modulé . . . . . . . 15
1.4 .3 Transformation de Laplace de la primitive d’un signal . . 16
1.4 .4 Transformée de Laplace d’un produit de convolution . . 16
1.5 La fonction Mittag-Leffler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.6 La fonction Mellin-Ross . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

2 Concept du calcul fractionnaire 19


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 Dérivée de Grunwald-Letnikov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 .1 Propriétés de la dérivée de Grunwald-Letnikov . . . . . . 21
2.2 .2 Transformée de Laplace de la dérivée de Grunwald-Letnikov 26
2.3 Dérivée et intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville . . . . . 27
2.3 .1 Dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville . . . . . . . . 28
2.3 .2 Transformée de Laplace de la dérivée fractionnaire de
Riemann-Liouville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 .3 L’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville . . . . . . 33
2.4 Dérivée de Caputo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.4 .1 Propriétés de la dérivée de Caputo . . . . . . . . . . . . 40
2.4 .2 Propriété de la transformée de Laplace
de Caputo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5 Autres définition de la dérivée fractionnaire . . . . . . . . . . . . 46

1
TABLE DES MATIÈRES 2

2.5 .1 Définition de la main gauche et définition de la main droite 46


2.5 .2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.6 Relation entre intégrale fractionnaire Riemann-Liouville et dé-
rivée Caputo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.7 Interprétation du calcul fractionnaire . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.7 .1 Interprétation physique de l’intégrale fractionnaire de
Riemann-Liouville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.7 .2 Approximation numérique de la dérivation et de l’inté-
gration non entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

3 Équations fractionnaires 55
3.1 Équations fractionnaires intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.1 .1 Premier type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.1 .2 Deuxième type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.2 Équations différentielles fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . 57

4 Applications 60
4.1 Traitement des signaux : Application dans un planificateur AG(Algorithme
Génétique) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.2 Résistance à la traction et à la flexion des matériaux utilisés
dans les troubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.3 Découvrons le flux de chaleur sur une tige semi-infinie . . . . . . 62
4.3 .1 Donné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.3 .2 La transformation de cosinus dans l’équation différen-
tielle partielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.3 .3 Mise en œuvre de l’équation Fractionnaire Intégrale . . . 64
4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
NOTATIONS

 R L’ensemble des nombres réels.


 N L’ensemble des entiers naturels.
 C L’ensemble des nombres complexes.
Rb
 a f (x)dx L’intégrale de la fonction f sur l’intervalle [a, b].
b
X
 La somme de a à b.
a
0
 f La dérivée première de la fonction f .
 f 00 La dérivée deuxième de la fonction f .
 fn La dérivée nième de la fonction f .
 lim f (x)
x→a
La limite de f (x) lorsque x tend vers a.
 Γ(z) La fonction Gamma.
 β(p, q) La fonction Bêta.
 L{f (t)} La transformée de Laplace de f .
 Eα (z) La fonction de Mittag-Leffler.
C α
 a Dt f (t) La Dérivée de Caputo de f .
G α
 a Dt f (t) La dérivée de Grunwald-Letnikov de f .
RL α
 a Dt f (t) La dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville de f .
α
 a It f (t) L’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville de f .
 kk La norme euclidienne .
 π(z) La fonction π(z) = zΓ(z)

3
INTRODUCTION

Le calcul fractionnaire est une généralisation de la différenciation et de


l’intégration ordinaires à un ordre arbitraire non entier, avec cette définition,
de nombreuses questions intéressantes se poseront ; par exemple, si la dérivée
première d’une fonction vous donne la pente de la fonction, quelle est la signi-
fication géométrique de la demi-dérivée ?

L’histoire de cette question remonte à la naissance du calcul fractionnaire


n
vers la fin du 17e siècle, l’époque où Leibniz a présenté le symbole ddtnf pour
désigner la nième dérivée d’une fonction f . Quand il a annoncé dans une lettre
à l’Hôpital (apparemment avec l’hypothèse implicite que n ∈ N), l’Hôpital a
n
répondu : Que signifie ddtnf si n = 21 ? Cette lettre de l’Hôpital écrite en 1695,
a été l’élément déclencheur du concept de la dérivation d’ordre fractionnaire
et le fait que l’Hôpital a demandé spécifiquement pour n = 21 , a en fait donné
lieu au nom de cette partie des mathématiques.
A la suite de ce fait plusieurs définitions de la dérivée d’une fonction d’ordre
fractionnaire ont été présentées ; mais les plus connues sont celles de Grunwald-
Letnikov, Riemann-Liouville et Caputo.
La plupart des théories mathématiques applicables à l’étude du calcul frac-
tionnaire ont été développées avant le début du XX e siècle.
Cependant c’est au cours des 100 dernières années que les progrès les plus fas-
cinants en matière d’ingénierie et d’application scientifique ont été constatés.

Dans ce mémoire, nous parlerons d’abord de manière approfondie des dif-


férentes définitions et propriétés du calcul fractionnaire.
Ensuite, nous allons résoudre certaines équations fractionnaires intégrales et
équations différentielles fractionnaires.
Enfin, nous donnerons quelques applications mathématiques à l’étude du calcul
fractionnaire.

4
CHAPITRE 1
QUELQUES NOTIONS DE BASE

1.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons des définitions mathématiques néces-
saires pour la compréhension du concept du calcul fractionnaire. Il s’agit de
la fonction Gamma, la fonction Bêta, la transformée de Laplace, la fonction
Mittag-Leffler et la fonction Mellin-Ross.

1.2 La fonction Gamma


La fonction Gamma a été introduite par le mathématicien suisse Leonhard
Euler (1707-1783) pour généraliser la factorielle à des valeurs non entières.
Plus tard, en raison de sa grande importance, elle a été étudiée par d’autres
éminents mathématiciens comme Adrien-Marie Legendre (1752-1833), Joseph
Liouville (1809-1882), Charles Hermite (1822-1901) etc...
Elle est une fonction complexe notée généralement par la lettre grecque (Γ).
Définition 1.1. La fonction Gamma est intrinsèquement liée au calcul frac-
tionnaire et est définie comme suit :
pour tout nombre complexe z tel que Re(z) > 0 , on a :
Z ∞
Γ(z) = e−u uz−1 du, (1.1)
0

Cette intégrale impropre converge absolument sur le demi-plan complexe où


la partie réelle est strictement positive et par une intégration par parties, on
prouve que :
Γ(z + 1) = zΓ(z) (1.2)
R ∞ −u z R ∞ −u z−1
En effet, Γ(z + 1) = 0 e u du = [−e−u uz ]∞
0 +z 0 e u du = zΓ(z)

5
1.2. LA FONCTION GAMMA 6

Cette fonction peut être prolongée analytiquement en une fonction méromorphe


sur l’ensemble des nombres complexes, excepté pour z = 0, -1, -2, -3,..qui
sont des pôles. C’est ce prolongement qu’on appelle généralement "fonction
Gamma".

Figure 1.1 – Graphe de la fonction Gamma sur l’intervalle [-4,5]

Rappel 1.1. Une fonction méromorphe est une fonction holomorphe dans tout
le plan complexe, sauf éventuellement sur un ensemble de points isolés dont
chacun est un pôle pour la fonction.
Proposition 1.1. L’intégrale précédente (pour Re(z)>0) peut s’écrire sous les
formes suivantes :

Z +∞
2
Γ(z) = 2 u2z−1 e−u du (1.3)
0
Z 1
Γ(z) = (−lns)z−1 ds (1.4)
0

Preuve. Pour obtenir (1.3) à partir de (1.1), on considère le changement de


variable u = t2 ⇒ du = 2tdt, alors
Z +∞
2
Γ(z) = e−t t2(z−1) 2tdt
0
Z +∞
2
=2 e−t t2z−1 dt
0
Z +∞
2
=2 u2z−1 e−u du
0
1.2. LA FONCTION GAMMA 7

Pour obtenir (1.4) à partir de (1.3), on considère le changement de variable


2
s = e−u , on a :
2
u = [−ln(s)]1/2 et ds = −2ue−u du ⇐⇒ du = −2s[−ln(s)]ds
1/2 , alors

Z +∞
2
Γ(z) = 2 u2z−1 e−u du
0
Z 1
sds
= −2 [(−ln(s))1/2 ]2z−1
0 −2s[−ln(s)]1/2
Z 1
= (−ln(s))z−1/2−1/2 ds
0
Z 1
Γ(z) = (−ln(s))z−1 ds
0

D’autre part pour obtenir (1.4) à partir de (1.1), on effectue le changement


de variable suivant s = e−u ⇒ u = −ln(s) ⇒ du = −ds s
, alors
Z 0
−ds
Γ(z) = s(−ln(s))z−1 × (1.5)
1 s
Z 1
= (−ln(s))z−1 ds (1.6)
0

1.2 .1 Propriétés(Lien avec la factorielle)


De Γ(z + 1) = zΓ(z) et Γ(1) = 1,
on en déduit par récurrence que :
∀n ∈ N, Γ(n + 1) = n!
On interprète donc la fonction Gamma comme un prolongement de la fac-
torielle à l’ensemble des nombres complexes.
Une autre notation de la fonction Gamma est la fonction Π, introduite par
Gauss :

Π(z) = Γ(z + 1) = zΓ(z) (1.7)


et donc
Γ(z) = Π(z − 1) = Π(z)/z (1.8)
de telle façon que :
Π(n) = n!

1.2 .2 La dérivée de la fonction Gamma


La fonction Gamma est infiniment dérivable sur R∗+ (c’est-à-dire p fois dé-
rivable pour tout entier p positif).

Proposition 1.2. La dérivée de la fonction Gamma est :


Z ∞
Γ0 (y) = e−x xy−1 ln(x)dx (1.9)
0
1.2. LA FONCTION GAMMA 8

Preuve.
0 d Z ∞ −x y−1 Z ∞
∂ −x y−1
Γ (y) = e x dx = (e x )dx (1.10)
dy 0 0 ∂y
0
Z ∞
∂(xy−1 )
Γ (y) = e−x dx (1.11)
0 ∂y
0
Z ∞
∂(e(y−1)lnx )
Γ (y) = e−x dx (1.12)
0 ∂(y)
Z ∞
Γ0 (y) = e−x xy−1 ln(x)dx (1.13)
0

Remarque 1.1. Plus généralement, sa dérivée p-ième possède sur R∗+ l’ex-
pression intégrale suivante :
Z +∞
Γ(p) (x) = (lnt)p tx−1 e−t dt (1.14)
0
Définition 1.2. La fonction digamma est définie comme suit :
d Γ0 (x)
ψ(x) = ln(Γ(x)) = (1.15)
dx Γ(x)
La fonction digamma est souvent désignée par ψ0 (x) ou ψ 0 (x).
Proposition 1.3. La fonction Gamma est reliée à la fonction ζ de Riemann
par :
Z ∞
xs−1
ζ(s)Γ(s) = dx ∀s > 1 (1.16)
0 ex − 1

n−s
X
où ζ(s) =
n=1

Preuve. Dans ce qui suit, on suppose que s > 1. Dans l’intégrale impropre dé-
finissant la fonction Gamma, nous allons effectuer un changement de variables.
Z ∞
Γ(s) = xs−1 e−x dx
0
Posons x = nu ⇒ dx = ndu et n ∈ N, n > 0.
Z ∞ Z ∞
Γ(s) = (nu)s−1 e−nu ndu = ns us−1 e−nu du (1.17)
0 0
Z ∞
n−s Γ(s) = us−1 e−nu du (1.18)
0
En prenant la somme on obtient :
∞ ∞ Z ∞ ∞
Z ∞ !
−s s−1 −nu s−1 −nu
X X X
n Γ(s) = u e du = u e du (1.19)
n=1 n=1 0 0 n=1
Z ∞ s−1 −u
u e
= du (1.20)
0 1 − e−u
Z ∞
us−1
Donc ζ(s)Γ(s) = du (1.21)
0 eu − 1
1.2. LA FONCTION GAMMA 9

Définition 1.3. La fonction êta de Dirichlet peut être définie par

η(s) = (1 − 21−s )ζ(s)


où ζ est la fonction zêta de Riemann.
Proposition 1.4. La fonction Gamma (Γ) est liée à la fonction êta (η) de
Dirichlet par :
Z ∞ s−1
x
Γ(s)η(s) = dx (1.22)
0 ex + 1

X (−1)n−1
où η(s) = , d’où son nom parfois donné de fonction zêta alternée.
n=1 ns
Preuve. Nous avons Z ∞
Γ(s) = xs−1 e−x dx
0

Posons x = nu ⇒ dx = ndu et n ∈ N, n > 0.


Z ∞ Z ∞
Γ(s) = (nu)s−1 e−nu ndu = ns us−1 e−nu du (1.23)
0 0
Z ∞
n−s Γ(s) = us−1 e−nu du (1.24)
0

∞ ∞ Z ∞
(−1)n−1 n−s Γ(s) = (−1)n−1 us−1 e−nu du
X X
(1.25)
n=1 n=1 0

Z ∞ !
s−1 n−1 −nu
X
= u (−1) e du (1.26)
0 n=1
Z ∞ s−1 −u
u e
= du (1.27)
0 1 + e−u
Z ∞
us−1
Donc Γ(s)η(s) = du (1.28)
0 eu + 1

Dans la définition de la fonction Gamma sous forme d’intégrale, les bornes


de l’intégrale sont fixées. La fonction Gamma incomplète est une fonction ob-
tenue en modifiant la borne inférieure ou la borne supérieure. Le logarithme de
la fonction Gamma est parfois appelé lngamma. Il intervient notamment dans
la résolution des problèmes de propagation d’ondes : l’équation fonctionnelle
de la fonction lngamma est :
lnΓ(z) = lnΓ(z + 1) − ln(z) (1.29)
Exemple 1.1. Cette partie indique quelques valeurs particulières de la fonc-
tion Gamma.

Nous avons : Γ(1/2) = π
1.2. LA FONCTION GAMMA 10

En effetR :
Γ(1/2) = 0∞ e−x x(1/2)−1 dx = 0∞ e−x x−1/2 dx, posons u = x1/2 ⇒ du = (1/2)x−1/2 dx,
R
R ∞ −u2 √
d’où Γ(1/2) = 2 0 e du = 2 2π

Donc Γ(1/2) = π
R ∞ −x2 √
π
Remarque 1.2. Montrons que 0 e dx = 2
R ∞ −x2
Soit I = 0 e dx
2 R ∞ −x
On sait que pour tout x ≥ 0, e−x ≤ e−x comme 0 e dx converge alors
R ∞ −x2
0 e dx converge

Donc cette intégrale est finie et déterminée.

Posons x = αy, α étant une constante strictement positive.

Z ∞
2 y2
I= e−α αdy
0

2
Multiplions par e−α et intégrons par rapport à α, de 0 à ∞.
Z ∞ Z ∞Z ∞
−α2 2 (1+y 2 )
I e dα = e−α αdydα (1.30)
0 0 0
2 2 #∞
e−α (1+y )
Z ∞ "
I2 = − dy (1.31)
0 2(1 + y 2 ) 0
Z ∞
dy
= (1.32)
0 2(1 + y 2 )
1
= [arctany]∞ 0 (1.33)
2
π
I2 = (1.34)
4

Z ∞
2 π
e−x dx = (1.35)
0 2

La valeur de l’intégrale de Gauss (Γ(1/2) = π) permet par récurrence de
déterminer les autres valeurs de la fonction Gamma pour les demi-entiers po-
sitifs :
√ √
π 3 π √
Γ(3/2) = , Γ(5/2) = , Γ(−1/2) = −2 π.
2 4
En effet

√ π
Γ(3/2) = Γ(1/2 + 1) = 1/2 × Γ(1/2) = 1/2 × π =
2
√ √
π 3 π
Γ(5/2) = Γ(3/2 + 1) = 3/2 × Γ(3/2) = 3/2 × =
2 4
0
Γ(n + 1) = nΓ(n), d où Γ(−1/2 + 1) = (−1/2)Γ(−1/2),
1.3. LA FONCTION BÊTA 11

alors √
Γ(−1/2) = (−2)Γ(1/2) ⇒ Γ(−1/2) = −2 π
Remarque 1.3. En utilisant la fonction Gamma, nous pouvons également
définir la fonction φ par :

tα−1
φα (t) = + (1.36)
Γ(α)

1.3 La fonction Bêta


La fonction Bêta a été étudiée par Euler et Legendre, et doit son nom à
Jacques Binet. Elle est en relation avec la fonction Gamma d’Euler.

Définition 1.4. La fonction Bêta est un type d’intégrale d’Euler définie par :
Z 1
B(p, q) = (1 − u)p−1 uq−1 du, avec p, q ∈ R+ (1.37)
0

Figure 1.2 – Graphe de la Fonction Bêta sur l’intervalle [0.2,10]×[0.2, 10]

1.3 .1 Propriétés de la fonction Bêta


A partir de sa définition, on remarque que en effectuant le changement de
variable u = 1 − t, on montre que la fonction Bêta est symétrique c’est à dire :

B(p, q) = B(q, p) (1.38)


1.3. LA FONCTION BÊTA 12

Elle peut prendre aussi les formes intégrales suivantes :


Z π/2
B(p, q) = 2 sin2p−1 θcos2q−1 θdθ (1.39)
0
(par le changement de variable u=sin2 θ)

Proposition 1.5. Soient p, q deux nombres réels positifs.


Il existe une relation entre la fonction Bêta et la fonction Gamma définie par
l’équation suivante :
Γ(p)Γ(q)
B(p, q) = (1.40)
Γ(p + q)
Preuve. On a :
Z ∞ Z ∞
−x p−1
Γ(p)Γ(q) = ( e x dx)( e−y xq−1 dy) (1.41)
Z 0Z 0

= xp−1 y q−1 e−(x+y) dxdy (1.42)


premier quadrant

Soit D le premier quadrant. Nous allons maintenant évaluer cette dernière in-
tégrale double en utilisant un changement de coordonnées.

Considérons les nouvelles coordonnées


(
u=x+y
v = x/(x + y)

Il est facile de vérifier que ceci est un changement de coordonnées pour les
points de D.
(
x = uv
Notons aussi que
y = u(1 − v)
!
∂(x,y)
v u
⇒ = =−uv − (1 − v)u = −u.

∂(u,v) (1 − v) −u

De même que le domaine D0 correspondant à D dans les

coordonnées u, v est D0 = {(u, v)/0 ≤ u, 0 ≤ v ≤ 1}.


Nous avons :
Z Z Z Z
p−1 q−1 −(x+y)
x y e dxdy = (uv)p−1 (u(1 − v))q−1 e−u | − u|dudv (1.43)
D Z Z D0

= up+q−1 v p−1 (1 − v)q−1 e−u dudv (1.44)


D0
Z ∞ Z 1 
= up+q−1 v p−1 (1 − v)q−1 e−u dv du (1.45)
0 0
Z ∞  Z 1 
p+q−1 −u p−1 q−1
= u e du v (1 − v) dv
0 0
(1.46)
Γ(p)Γ(q) = Γ(p + q)B(p, q) (1.47)
Γ(p)Γ(q)
Comme Γ(p + q) > 0, nous pouvons dire que B(p, q) = Γ(p+q)
1.3. LA FONCTION BÊTA 13

1.3 .2 La dérivée de la fonction Bêta


Proposition 1.6. La dérivée de la fonction Bêta est :

Γ0 (p) Γ0 (p + q)
!

B(p, q) = B(p, q) − = B(p, q) (ψ(p) − ψ(p + q)) (1.48)
∂p Γ(p) Γ(p + q)
où ψ est la fonction digamma définie en (1.15).
Preuve.
∂ ∂ Γ(p)Γ(q)
B(p, q) = (1.49)
∂p ∂p Γ(p + q)
Γ0 (p)Γ(p + q) − Γ(p)Γ0 (p + q)
!
= Γ(q) (1.50)
(Γ(p + q))2
Γ(q)Γ(p) Γ0 (p)Γ(p + q) − Γ(p)Γ0 (p + q)
!
= (1.51)
Γ(p + q) Γ(p)Γ(p + q)
0 0
!
Γ (p) Γ (p + q)
= B(p, q) − (1.52)
Γ(p) Γ(p + q)
= B(p, q) (ψ(p) − ψ(p + q)) (1.53)

1.3 .3 Fonction Bêta incomplète


Définition 1.5. La fonction Bêta incomplète est définie par :
Z p
B(p; a, b) = ta−1 (1 − t)b−1 dt (1.54)
0
et vérifie : B(p; a + 1, b) + B(p; a, b + 1) = B(p; a, b) et

pa (1 − p)b = aB(p; a, b + 1) − bB(p; a + 1, b).

Pour p=1, elle correspond à la fonction Bêta de paramètres a et b.

Définition 1.6. La fonction Bêta incomplète régularisée consiste à diviser la


fonction Bêta incomplète par la fonction Bêta complète :

B(p; a, b)
Ip (a, b) = (1.55)
B(a, b)
Alors on obtient les résultats suivants :
Proposition 1.7.

1) aIp (a + 1, b) + bIp (a, b + 1) = (a + b)Ip (a, b)


a+b
2) Ip (a, b + 1) − Ip (a + 1, b) = pa (1 − p)b abB(a,b)
1.4. TRANSFORMATION ET CONVOLUTION DE LAPLACE 14

Preuve.
1)
B(p; a + 1, b) B(p; a, b + 1)
aIp (a + 1, b) + bIp (a, b + 1) = a +b
B(a, b) B(a, b + 1)
aB(p; a + 1, b) × Γ(a + b + 1) bB(p; a, b + 1) × Γ(a + b + 1)
= +
Γ(a + 1) × Γ(b) Γ(a) × Γ(b + 1)
Γ(a + b + 1)[B(p; a + 1, b) + B(p; a, b + 1)]
=
Γ(a) × Γ(b)
Γ(a + b + 1)
= × B(p; a, b)
Γ(a) × Γ(b)
(a + b) × Γ(a + b)
= × B(p; a, b)
Γ(a) × Γ(b)
B(p; a, b)
aIp (a + 1, b) + bIp (a, b + 1) =
B(a, b)
2)
B(p; a, b + 1) B(p; a + 1, b)
Ip (a, b + 1) − Ip (a + 1, b) = −
B(a, b + 1) B(a + 1, b)
B(p; a, b + 1)Γ(a + b + 1) B(p; a + 1, b)Γ(a + b + 1)
= −
b × Γ(a) × Γ(b) a × Γ(a) × Γ(b)
Γ(a + b + 1)[aB(p; a, b + 1) − bB(p; a + 1, b)]
=
ab × Γ(a) × Γ(b)
Γ(a + b + 1)
= × pa (1 − p)b
ab × Γ(a) × Γ(b)
(a + b) × Γ(a + b)
= × pa (1 − p)b
ab × Γ(a) × Γ(b)
a+b
Ip (a, b + 1) − Ip (a + 1, b) = pa (1 − p)b
abB(a, b)

1.4 Transformation et Convolution de Laplace


La transformée de Laplace est très utilisée par les ingénieurs pour résoudre
des équations différentielles et déterminer la fonction de transfert ou trans-
mittance d’un système linéaire (c’est-à-dire le rapport entre la transformée de
Laplace de sa sortie et celle de son entrée, en considérant les conditions ini-
tiales nulles).
Définition 1.7. La définition formelle de la transformée de Laplace est donnée
par : Z ∞
L{f (t)}(s) = e−sx f (x)dx = f˜(s) = F (s) (1.56)
0

Remarque 1.4. La Transformée de Laplace de la fonction f (t) est une inté-


grale convergente.
1.4. TRANSFORMATION ET CONVOLUTION DE LAPLACE 15

Remarque 1.5. On peut reconstituer f à partir de sa transformée F à l’aide


de la transformée de Laplace inverse
−1 1 Z c+i∞ st
f (t) = L {F (s); t}(t) = e F (s)ds
2 c−i∞
où c = Re(s)
Propriété 1.1. (linéarité de la transformation de Laplace)
Soit f (t) et g(t) deux fonctions de R+ . On a alors :
L{f (t) + g(t)} = L{f (t)} + L{g(t)}
Preuve.
Z +∞ Z +∞
L{f (t) + g(t)} = (f (x) + g(x))e−px dx = (f (x)e−px + g(x)e−px )dx
0 0
Par linéarité de l’intégration, on a :
Z +∞ Z +∞
L{f (t) + g(t)} = f (x)e−px dx + g(x)e−px dx = L{f (t)} + L{g(t)}
0 0

Remarque 1.6. De façon général, pour tout α, β∈ R, on a :


L{α.f (t) + β.g(t)} = α.L{f (t)} + β.L{g(t)}

1.4 .1 Transformée de Laplace d’un signal retardé


Proposition 1.8. La transformation de Laplace du signal f (t) retardé de τ
est donnée par :

L(f (t − τ )) = exp(−p.τ ).F (p)


Preuve. Cette égalité se montre en faisant le changement de variable u = t − τ ,
du = dt, dans le calcul de la transformée de Laplace.

1.4 .2 Transformée de Laplace d’un signal modulé


La transformée de Laplace du signal f (t), modulé par e−at , est donnée par :
L(e(−at) f (t)) = F (p + a)

Propriété 1.2. (Transformée de Laplace de la dérivée d’une fonction)


Soit f (t) une fonction dérivable de R+ et F (p) sa transformée de Laplace, on
a alors :
L{f 0 (t)} = −f (0) + p × F (p)

Cette propriété rend la transformation de Laplace utile pour la résolution d’équa-


tion différentielle.
1.4. TRANSFORMATION ET CONVOLUTION DE LAPLACE 16

Preuve. Z +∞
0
L{f } = f 0 (t)e−pt dt
0
Par intégration par parties, on a :
Z +∞ h i+∞ Z +∞
f 0 (t)e−pt dt = f (t)e−pt − f (t)(−p)e−pt dt
0 0 0
h i+∞ Z +∞
= f (t)e−pt +p f (t)e−pt dt
0 0

On sait que Z ∞
L{f (x)}(p) = e−pt f (t)dt
0

Donc L{f 0 (t)} = −f (0) + p × F (p)


Remarque 1.7. Plus généralement pour une fonction n fois dérivable, si
f ,f 0 ,f 00 ,...f (n−1) s’annulent en 0+ (on parle de conditions d’Heaviside), on a
alors :
dn f (t)
L{ } = pn × F (p)
dtn

1.4 .3 Transformation de Laplace de la primitive d’un signal


La transformée de Laplace de l’intégrale d’un signal est donnée par :
Z 1
1
L{ f (u).du} = .F (p)
0 p

1.4 .4 Transformée de Laplace d’un produit de convolution


Le produit de convolution de deux fonctions f (t) et g(t) est noté (f ∗ g)(t)
et définie par : Z +∞
(f ∗ g)(t) = f (t − τ )g(τ )dτ (1.57)
−∞

De plus on a :[12]

L{(f ∗ g)(t)}(s) = f˜(s)g̃(s) = F (s)G(s) (1.58)


Remarque 1.8. La transformée de Laplace transforme donc un produit de
convolution en un produit simple.
La transformation de Laplace d’une dérivée d’ordre n entier de la fonction
f (t) est donnée par :[14]

n−1 n−1
L{f (n) (t)} = sn f˜(s) − sn−k−1 f (k) (0) = sn f˜(s) − sk f (n−k−1) (0) (1.59)
X X

k=0 k=0
1.5. LA FONCTION MITTAG-LEFFLER 17

1.5 La fonction Mittag-Leffler


La fonction Mittag-Leffler est une fonction importante utilisée dans le monde
du calcul fractionnaire. Elle permet la résolution des équations différentielles
d’ordre non entier.
Elle tient son nom du mathématicien Gosta Mittag-Leffler en 1903.
Définition 1.8. La définition standard de la fonction de Mittag-Leffler est
donnée par :

X xk
Eα (x) = , pour tout x ∈ R , α > 0 (1.60)
k=0 Γ(αk + 1)

Remarque 1.9. On voit bien que E1 est l’exponentielle usuelle car :


∞ ∞
xk xk
= ex
X X
E1 (x) = =
k=0 Γ(k + 1) k=0 k!

Dans la théorie du calcul fractionnaire, la fonction de Mittag-Leffler à deux


paramètres, joue un rôle très important.
Définition 1.9. La fonction de Mittag-Leffler à deux paramètres est définie
par

X xk
Eα,β (x) = , pour tout x ∈ R et α, β > 0 (1.61)
k=0 Γ(αk + β)

Exemple 1.2.

∞ ∞
xk xk
= ex
X X
1.E1,1 (x) = =
k=0 Γ(k + 1) k=0 k!
∞ ∞
X xk 1X xk+1 ex − 1
2. E1,2 (x) = = =
k=0 Γ(k + 2) x k=0 (k + 1)! x
∞ ∞
X xk 1 X xk+2 ex − 1 − x
3. E1,3 (x) = = 2 =
k=0 Γ(k + 3) x k=0 (k + 2)! x2
1.6. LA FONCTION MELLIN-ROSS 18

Figure 1.3 – Graphe de la Fonction Mittag-Leffler à deux paramètres sur l’intervalle [0 ;2]

1.6 La fonction Mellin-Ross


La fonction Mellin-Ross Et (a, b) est définie par :

Et (a, b) = ta ebt Γ∗ (a, t),



∗ 1 Z t −x a−1
Γ (a, t) = e x dx, Re(a) > 0,
Γ(a)ta 0
Elle intervient dans la recherche de l’intégrale fractionnaire d’une fonction
exponentielle ebt et peut s’écrire aussi :

(bt)k
Et (a, b) = ta = ta E1,a+1 (bt).
X

k=0 Γ(k + a + 1)

où E1,a+1 (bt) est la fonction de Mittag-Leffler définie en (1.61).


CHAPITRE 2
CONCEPT DU CALCUL
FRACTIONNAIRE

2.1 Introduction
Le calcul fractionnaire est une généralisation de la dérivation et de l’inté-
gration ordinaires à un ordre arbitraire non entier.
Il existe plusieurs définitions de la dérivée et de l’intégrale d’ordre fraction-
naire.
Dans ce chapitre, nous parlerons des définitions les plus célèbres (Grunwald
Letnikov, Riemann-Liouville et Caputo) ainsi que leurs propriétés.

2.2 Dérivée de Grunwald-Letnikov


La dérivée de Grunwald-Letnikov est une extension de la dérivée d’ordre
entier naturel à la dérivée fractionnaire.
Elle a été introduite par Anton Karl Grunwald en 1867, puis par Aleksey Va-
silievich Letnikov en 1868.

Figure 2.1 – Letnikov

19
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 20

Figure 2.2 – Karl Grunwald

En rappel, la définition fondamentale de la dérivée est donnée par :


f (x + h) − f (x)
f 0 (x) = lim (2.1)
h→0 h
En appliquant à nouveau cette formule, on peut trouver la deuxième dérivée.
f 0 (x + h) − f 0 (x)
f 00 (x) = lim (2.2)
h→0 h
ou encore nous pouvons écrire que :
f (x + 2h) − 2f (x + h) + f (x)
f 00 (x) = lim (2.3)
h→0 h2
Pour la nième dérivée (n ∈ N∗ ), nous introduisons l’opérateur D(n) pour repré-
senter les n répétitions de la dérivée.
n
!
1 X n
Dx(n) f (x) = lim n (−1)j f (x − jh) (2.4)
h→0 h j
j=0

où !
n n!
=
j (n − j)!j!

Cette formule représente la dérivée d’ordre entier n si n est positif et l’intégrale


répétée −n fois si n est négatif ; en utilisant la fonction Gamma telle que :
Γ(n + 1) = nΓ(n), on obtient Γ(n + 1) = n! pour tout n entier positif ou nul.
Alors on peut écrire l’expression suivante généralisée aux cas entiers négatifs
ou nuls :
!
n −n(1 − n)(2 − n)....(j − n − 1)
(−1)j =
j j!
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 21

En remplaçant n par un réel α non entier on aura :


−α(1 − α)(2 − α)....(j − α − 1) Γ(j − α)
=
j! Γ(j + 1)Γ(−α)
On définit donc la dérivée d’ordre non entier α par les expressions suivantes
(voir [13]) :

G 1 X Γ(j − α)
D(α) f (x) = lim α
f (x − jh) (2.5)
j=0 Γ(j + 1)Γ(−α)
h→0 h

G 1 X Γ(j + α)
D(−α) f (x) = lim −α
f (x − jh) (2.6)
j=0 Γ(j + 1)Γ(α)
h→0 h

G (−α) 1 Zx
D f (x) = (x − τ )α−1 f (τ )dτ (2.7)
Γ(α) a
G (−α)
D f (x) = Ixα f (x) (2.8)
Alors la dérivée d’ordre non entier au sens de Grunwald-Letnikov est :
1 Zx
G
D (α)
f (x) = (x − τ )−α−1 f (τ )dτ (2.9)
Γ(−α) a
ou
G 1 Zx
D (−α)
f (x) = (x − τ )α−1 f (τ )dτ (2.10)
Γ(α) a
Si la dérivée f 0 (t) est continue dans [a, b], alors en intégrant par parties on
pourra écrire (2.10) sous la forme :

f (a)(x − a)α 1 Z x
G
D (−α)
f (x) = + (x − τ )α f 0 (τ )dτ (2.11)
Γ(α + 1) Γ(α + 1) a
et si la fonction f (t) est de classe C k+1 alors,

k−1
G f (j) (a)(x − a)j+α 1 Z x
(−α)
(x − τ )k+α−1 f (k) (τ )dτ
X
D f (x) = +
j=0 Γ(j + α + 1) Γ(k + α) a

(2.12)
k−1
G f (j) (a)(x − a)j−α 1 Z x
D(α) f (x) = (x − τ )k−α−1 f (k) (τ )dτ
X
+
j=0 Γ(j − α + 1) Γ(k − α) a

(2.13)
où k = [Re α] + 1

2.2 .1 Propriétés de la dérivée de Grunwald-Letnikov


Proposition 2.1. ([13])
1) Si q < 0 et p ∈ R alors :
G p G q p+q
a Dt (a Dt (f (t))) =G
a Dt f (t) (2.14)
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 22

2) Si 0 ≤ m − 1 < q < m et p < 0 alors :


G p G q p+q
a Dt (a Dt (f (t))) =G
a Dt f (t) (2.15)
seulement si f (k) (a) = 0 pour tout k = 0, 1, 2, ..., m − 2

3) Si 0 ≤ m − 1 < q < m et 0 ≤ n − 1 < p < n alors :


G p G q q G p G p+q
a Dt (a Dt (f (t))) =G
a Dt (a Dt (f (t))) = a Dt f (t) (2.16)
seulement si f (k) (a) = 0 pour tout k = 0, 1, 2, ..., r − 2 avec r = max(m, n)
Preuve. ([13])
1) Si q < 0 et p < 0 alors :

G p G q 1 Zt q
a Dt (a Dt (f (t))) = (t − s)−p−1 (Ga Dt f )(s)ds
Γ(−p) a
1 Z tZ s
= (t − s)−p−1 (s − τ )−q−1 f (τ )dτ ds
Γ(−p)Γ(−q) a a
en utilisant le théorème de Fubini, on pourra permuter l’ordre d’intégration
et on obtient :

G p G q 1 Z t Z t
a Dt (a Dt (f (t))) = f (τ )[ (t − s)−p−1 (s − τ )−q−1 ds]dτ
Γ(−p)Γ(−q) a τ

Le changement de variables s = τ + (t − τ )µ, nous donne

Z t Z 1
−p−1 −q−1 −p−q−1
(t − s) (s − τ ) ds = (t − τ ) (1 − µ)−p−1 µ−q−1 dµ
τ 0
Γ(−p)Γ(−q)
= (t − τ )−p−q−1
Γ(−p − q)
G p G q 1 Z t
p+q
D0 où a Dt (a Dt (f (t))) = f (τ )(t − τ )−p−q−1 dτ = G
a Dt f (t)
Γ(−(p + q)) a
Si q < 0 et 0 ≤ n − 1 < p < n on a p = n + (p − n) avec (p − n) < 0
alors :
G p G q dn G p−n G q
D (
t a Dt (f (t))) = { D (a Dt (f (t)))} (2.17)
a
dtn a t
dn G q+p−n
= n (a Dt (f (t))) (2.18)
dt
p+q
=Ga Dt (f (t)) (2.19)
2) Pour 0≤ m − 1 < q < m et p < 0 on a :
m−1
G q f (k) (a)(t − a)k−q 1 Z t
(t − τ )m−q−1 f (m) (τ )dτ
X
a Dt f (t) = +
k=0 Γ(k − q + 1) Γ(m − q) a
p G q
et (t − a)k−q ont des singularités non-intégrables donc G a Dt (a Dt (f (t))) n’existe
que si f (k) (a) = 0 pour tout k = 0, 1, 2, ..., m − 2 et dans ce cas on a :
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 23

G q f (m−1) (a)(t − a)m−1−q G q−m (m)


a Dt f (t) = + a Dt f (t)
Γ(m − q)
alors

G p G q f (m−1) (a)(t − a)m−1−q−p G p+q−m (m)


a Dt (a Dt f (t)) = +a Dt f (t)
Γ(m − q − p)

G p G q f (m−1) (a)(t − a)m−(q+p)−1


a Dt (a Dt f (t)) =
Γ(m − q − p)
1 Z t
+ (t − τ )m−(p+q)−1 f (m) (τ )dτ
Γ(m − (p + q)) a
G p G q G p+q
a Dt (a Dt f (t)) =a Dt f (t)
3) Pour 0 ≤ m − 1 < q < m et 0 ≤ n − 1 < p < n on a :
G p G q dn G p−n G q
a Dt (a Dt (f (t))) = { D (a Dt (f (t)))} (2.20)
dtn a t
Si f (k) (a) = 0 pour tout k = 0, 1, 2, .., m − 2 alors : (2.21)
G p−n G q G q+p−n
a Dt (a Dt (f (t))) = a Dt f (t) par suite : (2.22)
n
G p G q d G q+p−n
a Dt (a Dt (f (t))) = ( Dt
n a
(f (t))) (2.23)
dt
G p+q
= a Dt f (t) (2.24)

Exemple 2.1. ([13])


La dérivée d’une fonction constante au sens de Grunwald-Letnikov n’est pas
nulle, ni constante. Pour un ordre de dérivation non entier α la dérivée de la
fonction constante f (x) = C est donnée par :

k−1
X f (j) (a)(x − a)j−α
C
G
D(α) f (x) = (x − a)−α +
Γ(1 − α) j=1 Γ(j − α + 1)
1 Z x
+ (x − τ )k−α−1 f (k) (τ )dτ (2.25)
Γ(k − α) a

k−1
X f (j) (a)(x − a)j−α
=0
j=1 Γ(j − α + 1)
et
1 Z x
(x − τ )k−α−1 f (k) (τ )dτ = 0
Γ(k − α) a

Alors :
C
G
D(α) f (x) = (x − a)−α
Γ(1 − α)
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 24

Exemple 2.2. ([12])


La dérivée de Grunwald-Letnikov de la fonction
f (x) = (x − a)p à l’ordre α, est :

G p Γ(p + 1) Z x
D (α)
((x − a) ) = (x − τ )n−α−1 (τ − a)p−n dτ
Γ(n − α)Γ(p − n + 1) a
En effet, si α est un nombre non entier tel que : 0 ≤ n − 1 < α < n et
p > n − 1, les dérivées entières d’ordre k, pour k = 0, 1, 2, .., (n − 1) est
Γ(p+1)
f (k) (a) = 0 et la dérivée d’ordre n étant f (n) (τ ) = Γ(p−n+1) (τ − a)p−n ,
nous aurons :
G Γ(p + 1) Z x
D(α) ((x − a)p ) = (x − τ )n−α−1 (τ − a)p−n dτ.
Γ(n − α)Γ(p − n + 1) a
En procédant au changement de variable τ = a + (x − a)µ, on a :

Z x Z 1
(x − τ )n−α−1 (τ − a)p−n dτ = (x − a)p−α (1 − µ)n−α−1 µp−n dµ
a 0
Z 1
= (x − a)p−α (1 − µ)n−α−1 µp−n+1−1 dµ
0
Γ(n − α)Γ(p − n + 1)
= (x − a)p−α
Γ(p − α + 1)

G Γ(p + 1)(x − a)p−α Γ(n − α)Γ(p − n + 1)


D(α) ((x − a)p ) =
Γ(n − α)Γ(p − n + 1) Γ(p − α + 1)
Γ(p + 1)
= (x − a)p−α (2.26)
Γ(p − α + 1)
Pour α = 21 , a = 0, p = 1, on a :

G 1 Γ(2) √ 2 √
D( 2 ) (x) = 3 x= √ × x
Γ( 2 ) π
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 25

1
Figure 2.3 – Graphe de la dérivée d’ordre 2 de la fonction f (x) = x au sens de Grunwald-
Letnikov sur l’intervalle [0 ;2]

Proposition 2.2. La dérivée d’une fonction f (x) = ex au sens de Grunwald-


Letnikov est donnée par :
G
D(α) ex = x−α E1,1−α (x) (2.27)

Γ(p+1)
X xk
Preuve. D’après G D(α) xp = Γ(p−α+1)
xp−α et ex = , on a :
k=0 k!

G 1 G (α) k
D(α) ex =
X
× D x
k=0 k!

G 1 Γ(k + 1)
D(α) ex = × xk−α
X
×
k=0 k! Γ(k − α + 1)

G xk−α
D(α) ex =
X

k=0 Γ(k − α + 1)

xk
G (α) x
× x−α
X
D e =
k=0 Γ(k − α + 1)
G
D(α) ex = x−α E1,1−α (x)

Proposition 2.3. La dérivée d’une fonction f (x) = cos(x) au sens de Grunwald-


Letnikov est donnée par :
(ix)−α  
G α
a D cos(x) = E1,1−α (ix) + (−1)−α E1,1−α (−ix) (2.28)
2
2.2. DÉRIVÉE DE GRUNWALD-LETNIKOV 26

eix +e−ix
Preuve. A partir de cos(x) = 2
et (2.27) on obtient :
eix + e−ix
!
G α G α
a D cos(x) = aD
2
1 α −ix
= (G Dα eix + G aD e )
2 a
G α 1 −α −α

a D cos(x) = (ix) E 1,1−α (ix) + (−ix) E 1,1−α (−ix)
2
−α 
G α (ix) −α

a D cos(x) = E 1,1−α (ix) + (−1) E 1,1−α (−ix)
2

Proposition 2.4. La dérivée d’une fonction f (x) = sin(x) au sens de Grunwald-


Letnikov est donnée par :
−(ix)−α  
G α
a D sin(x) = i E1,1−α (ix) − (−1)−α E1,1−α (−ix) (2.29)
2
eix −e−ix
Preuve. A partir de sin(x) = 2i
et (2.27) on obtient :
eix − e−ix
!
G α G α
a D sin(x) = aD
2i
1 G α ix G α −ix
( D e −aD e )
=
2i a
G α −1  −α −α

a D sin(x) = i (ix) E 1,1−α (ix) − (−ix) E 1,1−α (−ix)
2
−α 
G α −(ix) −α

a D sin(x) = i E 1,1−α (ix) − (−1) E 1,1−α (−ix)
2

2.2 .2 Transformée de Laplace de la dérivée de Grunwald-Letnikov


Soit f une fonction qui possède la transformée de Laplace F (s).
Pour 0 ≤ p < 1 on a :

G p f (0)t−p 1 Z t
0 Dt f (t) = + (t − τ )−p f 0 (τ )dτ (2.30)
Γ(1 − p) Γ(1 − p) 0
alors on a :
f (0) 1
L[0G Dtp f (t)](s) = 1−p
+ 1−p [sF (s) − f (0)] (2.31)
s s
p
= s F (s) (2.32)
Pour p ≥ 1 il n’existe pas de transformée de Laplace dans le sens classique
mais dans le sens des distributions ainsi on a :
L[0G Dtp f (t)](s) = sp F (s), 0<α<1 (2.33)
où F (s) = L{f (t)} (2.34)
Z ∞
= e−sx f (x)dx (2.35)
0
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 27

2.3 Dérivée et intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville

Figure 2.4 – Georg Friedrich Bernhard Riemann

Figure 2.5 – Joseph Liouville


2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 28

2.3 .1 Dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville


La dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville proposée par Riemann en
1847 est définie comme suit :

RL α 1 d Zt f (x)
a Dt f (t) = ( )n dx (2.36)
Γ(n − α) dt a (t − x)α−n+1
d
= ( )n (I n−α f (t)) (2.37)
dt
RL α −α
a Dt f (t) = I f (t) pour n = 0 (2.38)
RL α G α
a Dt f (t) = D f (t) pour n = 0 (2.39)
où α > 0 ; cet opérateur est une extension de l’intégrale de Cauchy (due
au mathématicien Augustin Louis Cauchy) des nombres entiers naturels, aux
nombres réels.

Figure 2.6 – Augustin Louis Cauchy


2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 29

Remarque 2.1. L’intégrale de Cauchy est une intégrale qui fait le lien entre
l’intégrale de Riemann classique mais à variables réelles, et à variables com-
plexes.
Si 0 < α < 1 alors l’opérateur de Riemann-Liouville se réduit à :

RL α 1 d Z t f (x)
a Dt f (t) = dx (2.40)
Γ(1 − α) dt a (t − x)α
Ainsi RL, α, a et t sont les abréviations de la dérivée de Riemann-Liouville
d’ordre fractionnaire, a et t sont les bornes inférieures et supérieures de l’in-
tégrale ci-dessus respectivement.
Définition 2.1. ([12])(Dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville à gauche)

RL α 1 d Zt f (x)
∀t > a, a Dt f (t) = ( )n dx (2.41)
Γ(n − α) dt a (t − x)α−n+1

où n = [Re α] + 1
Définition 2.2. ([12])(Dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville à droite)

RL β 1 d nZ b f (x)
∀t < b, b Dt f (t)
= (− ) dx (2.42)
Γ(n − β) dt t (x − t)β−n+1

où n = [Re β] + 1
RL α RL β
Notons bien que f est une fonction telle que a Dt f (t) et b Dt f (t) sont
définies.
Proposition 2.5. Soient f1 et f2 deux fonctions définies sur [a, b], ainsi que
c1 ,c2 ∈ R, α > 0 et n > α. Nous avons les propositions suivantes :
1.Règles de linéarité :
RL α
a D (f1 + f2 ) =RL α RL α
a D f1 +a D f2

RL α
a D (c1 f1 ) = c1 RL α
a D (f1 )

2. En général,
RL α RL β
a D (a D f ) 6= RL β RL α
a D (a D f )
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 30

Preuve.
1.
1 d Z t (f1 + f2 )(x)
• RL α
a Dt (f1 + f2 ) = ( )n dx
Γ(n − α) dt a (t − x)α−n+1
" #
1 d n Zt f1 (x) Z t
f2 (x)
= ( ) dx + dx
Γ(n − α) dt a (t − x)α−n+1 a (t − x)α−n+1
RL α
a D (f1 + f2 ) = RL α RL α
a Dt (f1 ) + a Dt (f2 )

RL α 1 d n Z t (c1 f1 )(x)
• a Dt (c1 f1 )(t) = ( ) dx
Γ(n − α) dt a (t − x)α−n+1
" #
1 d nZ t f1 (x)
= c1 ( ) dx
Γ(n − α) dt a (t − x)α−n+1
RL α
a Dt (c1 f1 ) = c1 RL α
a D (f1 )

2. On a :
m h
RL α RL β
i t−α−k
= RL α+β
Dβ−k f (t)
X
a D (a D f (t)) a D f (t) −
t=0 Γ(−α − k + 1)
k=1

n h
RL β RL α
i t−β−k
= RL α+β
Dα−k f (t)
X
a D (a D f (t)) a D f (t) −
t=0 Γ(−β − k + 1)
k=1

Par suite les deux opérations de dérivations fractionnaires ne commutent que


si α = β et h i
Dα−k f (t) =0
t=0
pour tout k = 1, 2...n et h i
Dβ−k f (t)
t=0
pour tout k = 1, 2...m.
Exemple 2.3. [13] La dérivée non entière d’une fonction constante f (x) = C
au sens de Riemann-Liouville est :
C
RL α
a Dt f (t) = (t − a)−α
Γ(1 − α)
Exemple 2.4. [12] La dérivée d’une fonction f (t) = (t − a)p au sens de
Riemann-Liouville est donnée comme suit : Soit α un nombre non entier
0 ≤ n − 1 < α < n et p > −1

RL α 1 dn Z t
a Dt (t − a)p = (t − x)n−α−1 (x − a)p dx
Γ(n − α) dtn a
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 31

En faisant un changement de variable : x = a + s(t − a)


pour x = a s = 0
pour x = t s = 1

1 dn Z 1
• RL α p
a Dt (t − a) = (t − a)n+p−α
(1 − s)n−α−1 sp ds (2.43)
Γ(n − α) dtn 0
Γ(p + 1)Γ(n − α)Γ(n + p − α + 1)
= (t − a)p−α (2.44)
Γ(n − α)Γ(p − α + 1)Γ(n + p − α + 1)
Γ(p + 1)
= (t − a)p−α (2.45)
Γ(p − α + 1)
(2.46)

• P our α = 21 , a = 0, p = 0 :

1 1 Γ(1) −1/2 1
RL
D( 2 ) (x) 2 = x = √ x−1/2
Γ(1/2) π

1
Figure 2.7 – Graphe de la dérivée d’ordre 2 de la fonction f (x) = x1/2 au sens de Riemann-
Liouville sur l’intervalle [0 ;2]
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 32

Proposition 2.6. La dérivée d’une fonction f (t) = sin(t) au sens de Riemann-


Liouville est donnée par :
RL α −1 −α
a D f (t) = it (E1,1−α (it) − E1,1−α (−it)) (2.47)
2
eix −e−ix
Preuve. A partir de sin x = 2i
et (2.126) (RL α λt
a D e = t−α E1,1−α (λt)), on
a:
eit − e−it
!
RL α RL α
a D sin(t) = a D (2.48)
2i
1 RL α it RL α −it
( D e −a D e )
= (2.49)
2i a
RL α −1 −α
a D sin(t) = it (E1,1−α (it) − E1,1−α (−it)) (2.50)
2

Proposition 2.7. La dérivée d’une fonction f (t) = cos(t) au sens de Riemann-


Liouville est donnée par :
1
RL α
a D f (t) = t−α (E1,1−α (it) + E1,1−α (−it)) (2.51)
2
eix +e−ix
Preuve. A partir de cos x = 2
et (2.126) (RL α λt
a D e = t−α E1,1−α (λt)) on
obtient :
eit + e−it
!
RL α RL α
a D cos(t) = a D (2.52)
2
1 α −it
= (RL Dα eit + RL
a D e ) (2.53)
2 a
RL α 1 −α
a D cos(t) = t (E1,1−α (it) + E1,1−α (−it)) (2.54)
2

2.3 .2 Transformée de Laplace de la dérivée fractionnaire de Riemann-


Liouville
L’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville peut notamment s’écrit comme
le produit de convolution de la fonction g(t) = tα−1 et f (t).
1 Zt 1 α−1
I0α f (t) = (t − τ )α−1 f (τ )dτ = t ∗ f (t)
Γ(α) 0 Γ(α)
La transformée de Laplace de la fonction g(t) = tα−1 est donnée par :
G(s) = L{tα−1 } = s−α Γ(α)
Ainsi, en utilisant la formule de la transformée de Laplace de convolution,
on obtient la transformée de Laplace de l’intégrale fractionnaire de Riemann-
Liouville et Grunwald-Letnikov.
−α
L{I0α f (t)} = L{G α
0 Dt f (t)} = s F (s)
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 33

Pour obtenir la transformée de Laplace de la dérivée fractionnaire de Riemann-


Liouville de la fonction f (t), posons
RL α
0 Dt f (t) = g (n) (t),
ce qui entraine
RL −(n−α) 1 Z t
g(t) = 0 Dt f (t) = (t − τ )n−α−1 f (τ )dτ, n − 1 ≤ p < n.
Γ(n − α) 0
L’utilisation de la transformée de Laplace de la dérivation d’ordre entier
conduit à :
n−1
L{RL α α
sk g (n−k−1) (0)
X
0 Dt f (t)} = s G(s) − (2.55)
k=0

G(s) = s−(n−α) F (s) (2.56)
En utilisant la définition de la dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville,
il vient :

dn−k−1 RL −(n−α)
g (n−k−1) (t) = Dt f (t) = RL
0 Dt
α−k−1
f (t) (2.57)
dtn−k−1 0
Par substitution de (2.56) et (2.57) dans (2.55), nous obtenons l’expression
finale de la transformée de Laplace de la dérivée fractionnaire de Riemann-
Liouville,
n−1 h i
L{RL α α
sk RL α−k−1
X
a Dt f (t)} = s F (s) − a Dt f (t) , n−1≤α<n (2.58)
k=0

2.3 .3 L’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville


Il a été évoqué dans l’introduction que la formulation du concept d’intégrales
et de dérivées fractionnaires était une conséquence naturelle des intégrales et
dérivées d’ordre entier.
Cependant la formulation commune de l’intégrale fractionnaire peut être direc-
tement dérivée d’une expression traditionnelle de l’intégration répétée d’une
fonction. Cette approche est communément appelée approche de Riemann-
Liouville. La formule habituellement attribuée à Cauchy pour évaluer la nième
intégration de la fonction f (t) est définie comme suit voir [12] :

Commençons par rappeler le théorème de Fubini


Théorème de Fubini 2.1. Soit ∆ = [a, b] × [c, d] où a ≤ b ; c ≤ d sont des
réels. Soit f : ∆ → R une application
R R
continue alors f est intégrable sur ∆.
L’intégrale de f sur ∆ est notée ∆ f (x, y) dxdy et
Z Z Z b Z d
f (x, y) dxdy = ( f (x, y) dy)dx (2.59)
∆ a c
Z d Z b
= ( f (x, y) dx)dy (2.60)
c a
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 34

Considérons f : [a, b] → R (ou à valeurs vectorielles) une fonction continue.


b pouvant être fini ou infini.
Une primitive de f est donnée par l’expression
Z t
(Ia1 f )(t) = f (τ )dτ
a

Pour une primitive seconde on aura


Z t Z t Z s
(Ia2 f )(t) = (Ia1 f )(s)ds = ( f (t)dt)ds
a a a
En utilisant le théorème de Fubini, on peut écrire
Z t
(Ia2 f )(t) = (t − τ )f (τ )dτ
a

En itérant, on arrive à :

(t − τ )n−1
Z t
(Ian f )(t)
= f (τ )dτ
0 (n − 1)!
Alors l’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville est définie par :
1 Zt
Iaα f (t) = (t − τ )α−1 f (τ )dτ, α > 0, t > 0 (2.61)
Γ(α) a
Remarque 2.2. La formule (2.61) est une généralisation de la n-ième primi-
tive avec un ordre de primitivation α non entier.
Définition 2.3. ([12])(Intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville à gauche)
α 1 Zt
∀t > a, a It f (t) = (t − τ )α−1 f (τ )dτ
Γ(α) a
Définition 2.4. ([12])(Intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville à droite)
β 1 Zb
∀t < b, b It f (t) = (τ − t)β−1 f (τ )dτ
Γ(β) t
Proposition 2.8. ([12]) Soient α et β deux nombres réels et f ∈ C 0 ([a, b]).
Iaα (Iaβ f ) = Iaα+β f (2.62)

d α
(I f )(t) = (Iaα−1 f )(t) (2.63)
dt a

lim+ (Iaα f )(t) = f (t) (2.64)


α→0

Preuve. Pour la démonstration (2.62) on utilise la fonction Bêta d’Euler. En


effet :
α β 1 Zt
[Ia (Ia f )](t) = (t − s)α−1 (Iaβ f )(s)ds (2.65)
Γ(α) a
1 Z tZ s
[Iaα (Iaβ f )](t) = (t − s)α−1 (s − τ )β−1 f (τ )dτ ds (2.66)
Γ(α)Γ(β) a a
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 35

en utilisant le théorème de Fubini, on pourra permuter l’ordre d’intégration


et on obtient :
1 Z t Z t
[Iaα (Iaβ f )](t) = f (τ )[ (t − s)α−1 (s − τ )β−1 ds]dτ
Γ(α)Γ(β) a τ

Le changement de variables s = τ + (t − τ )µ, nous donne

Z t Z 1
α−1 β−1 α+β−1
(t − s) (s − τ ) ds = (t − τ ) (1 − µ)α−1 µβ−1 dµ. (2.67)
τ 0
Γ(α)Γ(β)
= (t − τ )α+β−1 (2.68)
Γ(α + β)
D’où
1 Z t
[Iaα (Iaβ f )](t) = f (τ )(t − τ )α+β−1 dτ = (Iaα+β f )(t)
Γ(α + β) a
Pour justifier (2.63) on utilise les théorèmes classiques de dérivation d’une
intégrale dépendant d’un paramètre et la relation fondamentale de la fonction
Gamma d’Euler : Γ(α) = (α − 1)Γ(α − 1)

Pour démontrer (2.64), on considère la fonction f ∈ C 0 ([a, b]), on a


1 Zt
Iaα f (t) = (t − τ )α−1 f (τ )dτ
Γ(α) a
On peut écrire :
(t − a)α
(Iaα 1)(t) = → 1 quand α → 0+
Γ(α + 1)

(t − a)α 1 Zt
Donc |(Iaα f )(t) − f (t)| = | (t − τ )α−1 f (τ )dτ
Γ(α + 1) Γ(α) a
1 Zt
− (t − τ )α−1 f (t)dτ |
Γ(α) a
1 Zt
≤ (t − τ )α−1 |f (τ ) − f (t)|dτ
Γ(α) a
1 Z t−δ
= (t − τ )α−1 |f (τ ) − f (t)|dτ
Γ(α) a
1 Zt
+ (t − τ )α−1 |f (τ ) − f (t)|dτ
Γ(α) t−δ
D’une part, on a f est continue sur [a, b] qui nous permet d’écrire
∀t, r ∈ [a, b], ∀ε > 0, ∃δ > 0 :| τ − t |< δ ⇒| f (τ ) − f (t) |< ε
Ce qui entraine
Z t Z t
εδ α
(t − τ )α−1 |f (τ ) − f (t)|dτ ≤ ε (t − τ )α−1 dτ =
t−δ t−δ α
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 36

D’autre part,
1 Z t−δ 1 Z t−δ
(t − τ )α−1 |f (τ ) − f (t)|dτ ≤ (t − τ )α−1 (|f (τ )| + |f (t)|)dτ
Γ(α) a Γ(α) a
(2.69)
Z t−δ
≤ 2 sup |f (ξ)| (t − τ )α−1 dτ, ∀t ∈ [a, b]
ξ∈[a,t] a
(2.70)
α α
(t − a) δ
= 2M ( − ), où M = sup |f (ξ)|.
α α ξ∈[a,t]
(2.71)
Alors on a :
(t − a)α 1
|(Iaα f )(t) − f (t)| ≤ [εδ α + 2M ((t − a)α − δ α )] (2.72)
Γ(α + 1) αΓ(α)
1
= [εδ α + 2M ((t − a)α − δ α )], (2.73)
Γ(α + 1)
En faisant tendre α vers 0+ , on obtient :
(t − a)α
lim+ |(Iaα f )(t) − f (t)| ≤ ε
α→0 Γ(α + 1)
Autrement dit :
| lim+ (Iaα f )(t) − f (t)| ≤ ε, ∀ ε > 0,
α→0

C’est-à-dire :
lim (Iaα f )(t) = f (t)
α→0+

Exemple 2.5. ([12]) L’intégrale fractionnaire d’une fonction f (t) = (t − a)β


où β > −1 est donnée comme suit :
1 Zt
Iaα (t − a)β = (t − τ )α−1 (τ − a)β dτ.
Γ(α) a
Pour évaluer cette intégrale on effectue le changement de variables
τ = a + (t − a)s
(t − a)β+α Z 1
Iaα (t − a)β = (1 − s)α−1 tβ dt (2.74)
Γ(α) 0

(t − a)β+α
= B(α, β + 1) (2.75)
Γ(α)
(t − a)β+α Γ(α)Γ(β + 1)
= × (2.76)
Γ(α) Γ(β + 1 + α)
Γ(β + 1)
= (t − a)β+α (2.77)
Γ(β + 1 + α)
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 37

Pour α = β = 1/2 et a = 0 on a :

1/2 1/2 Γ(3/2) π
I (x) = ×x= x
Γ(2) 2

Figure 2.8 – Graphe de l’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville de la fonction f (x) =


x1/2 d’ordre 1/2 sur l’intervalle [0; 2]

Proposition 2.9. [1] D’après l’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville,


nous pouvons en déduire la transformation de Laplace de l’intégrale d’ordre
fractionnaire de Riemann-Liouville qui est :

L{Itα f (t)} = s−α F (s) (2.78)


Preuve.
1 Zt
Itα f (t) = (t − τ )α−1 f (τ )dτ (2.79)
Γ(α) 0
1 α−1
Itα f (t) = [t ∗ f (t)] (2.80)
Γ(α)
1
L{Itα f (t)} = L{tα−1 }L{f (t)} (2.81)
Γ(α)
L{Itα f (t)} = s−α F (s) (2.82)
Z ∞
où F (s) = e−sx f (x)dx
0
2.3. DÉRIVÉE ET INTÉGRALE FRACTIONNAIRE DE RIEMANN-LIOUVILLE 38

Proposition 2.10. [1](Propriétés de commutativité)

Iam Ian f (x) = Ian Iam f (x) (2.83)


Remarque 2.3. ([1]) Une propriété supplémentaire de l’intégrale de Riemann-
Liouville apparait après l’introduction de la fonction φα par :

tα−1 Z t
(t − τ )α−1
+
φα (t) = ⇒ φα (t) ∗ f (t) = f (τ )dτ (2.84)
Γ(α) 0 Γ(α)
t+ indique que la fonction s’annule pour t ≤ 0.
D’après la définition de la Convolution de Laplace donnée, il en résulte que :

1 Zt
I α f (t) = φα (t) ∗ f (t) = (t − τ )α−1 f (τ )dτ (2.85)
Γ(α) 0
2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 39

2.4 Dérivée de Caputo


La dérivée fractionnaire de Riemann-Liouville a échoué dans la description
et la modélisation de certains phénomènes complexes. Pour éventuellement
pallier à cette situation, Caputo a proposé une nouvelle définition de la dérivée
fractionnaire qui porte d’ailleurs son nom. Elle a été introduite en 1967 et est
définie par :

C α 1 Z t
Dn f (τ )
a Dt f (t) = dτ (2.86)
Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
dn
= I n−α ( n f (t)) (2.87)
dt
C α −α
0 Dt f (t) = I f (t) pour n = 0 (2.88)
C α RL α
0 Dt f (t) = D f (t) pour n = 0 (2.89)
= G Dα f (t) pour n = 0 (2.90)

• Dn est la dérivée nième de l’opération
• C représente le mot Caputo.

On peut constater que la dérivée de Caputo est égale à l’intégrale de Riemann-


Liouville à la nième dérivée d’une fonction.
Il convient de noter à nouveau que :"le comportement de toutes les dérivées
fractionnaires, lorsque l’ordre est entier sont identiques, cependant il pourrait
être différent lorsque l’ordre est non entier". Par exemple, lorsque l’ordre est
non entier, la dérivée de Caputo d’une constante contrairement à la dérivée de
Riemann-Liouville est nulle. Il existe des dérivées plus fractionnaires pour des
informations plus détaillés.

Remarque 2.4. [12] L’avantage principal de l’approche de Caputo est que les
conditions initiales de la dérivée fractionnaire au sens de Caputo des équa-
tions différentielles fractionnaire prennent la même forme que dans le cas des
équations différentielles d’ordre entier.
Définition 2.5. ([12])(Dérivée fractionnaire de Caputo à gauche)
C α 1 Z t
Dn f (τ )
∀t > a, a Dt f (t)
= dτ (2.91)
Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
où n = [Re α] + 1
Définition 2.6. ([12])(Dérivée fractionnaire de Caputo à droite)
C β 1 n
Z b
Dn f (τ )
∀t < b, b Dt f (t)
= (−1) dτ (2.92)
Γ(n − β) t (τ − t)β−n+1

où n = [Re β] + 1
C β
Notons bien que f est une fonction telle que C α
a Dt f (t) et b Dt f (t) sont dé-
finies.
2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 40

Les opérateurs dont l’intégrale porte sur [a, t](respectivement [t, b]) seront qua-
lifiés d’opérateurs passés(respectivement opérateurs futurs).

2.4 .1 Propriétés de la dérivée de Caputo


Dans cette partie, nous abordons certaines propriétés fondamentales de la
dérivée de Caputo.

Proposition 2.11. Soit f une fonction suffisamment différentiable, c1 , c2 ∈ R


et n, α ∈ R. On a les assertions suivantes :
1. La dérivée de Caputo est l’inverse gauche de l’intégrale de Riemann-Liouville.
C
Daα Iaα f = f (2.93)
Mais pas l’inverse droite et on a :
m−1
Dk f (a)
Iaα C Daα f (x) (x − a)k
X
= f (x) − (2.94)
k=0 k!
2. La loi distributive sur la dérivée de Caputo.
C
Daα (c1 f1 + c2 f2 ) = c1 (C Daα f1 ) + c2 (C Daα f2 ) (2.95)
Preuve.
1.Pour la démonstration (2.93) on utilise la fonction Bêta d’Euler. En effet :
C 1 Z t
Daα (Iaα f )(t) = (t − s)n−α−1 Dn (Iaα f )(s)ds (2.96)
Γ(n − α) a
1 Z t
= (t − s)n−α−1 (Iaα−n f )(s)ds (2.97)
Γ(n − α) a
1 Z tZ s
= (t − s)n−α−1 (s − τ )α−n−1 f (τ )dτ ds
Γ(n − α)Γ(α − n) a a
(2.98)
en utilisant le théorème de Fubini, on pourra permuter l’ordre d’intégration et
on obtient :
C α α 1 Z t Z t
Da (Ia f )(t) = f (τ )[ (t − s)n−α−1 (s − τ )α−n−1 ds]dτ
Γ(n − α)Γ(α − n) a τ

Le changement de variables s = τ + (t − τ )µ, nous donne


Z t Z 1
n−α−1 α−n−1 −1
(t − s) (s − τ ) ds = (t − τ ) (1 − µ)n−α−1 µα−n−1 dµ. (2.99)
τ 0
= (t − τ )−1 B(n − α, α − n) (2.100)
Γ(n − α)Γ(α − n)
= (t − τ )−1 (2.101)
Γ(0)
D’où
1 Zt
C
Daα (Iaα f )(t)
= (t − τ )−1 f (τ )dτ (2.102)
Γ(0) a
C α α
Da (Ia f )(t) = lim+ (Iaα f )(t) = f (t) (2.103)
α→0
2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 41

Pour la démonstration de (2.94), on utilise la relation (2.109) qui suit :


m−1
C xk−α
Daα f (x) = RL α
f (k) (0)
X
a D f (x) −
k=0 Γ(k + 1 − α)
m−1
C (x − a)k−α k
Daα f (x) = RL α
X
a D f (x) − D f (a)
k=0 Γ(k + 1 − α)
(x − a) k−α
Ia−α (x
− a) k
or =
Γ(k + 1 − α) Γ(k + 1)
m−1
Ia−α (x − a)k k
d0 où C
Daα f (x) = RL α
X
a D f (x) − D f (a)
k=0 Γ(k + 1)
m−1
Iaα (Ia−α (x − a)k ) k
Iaα C Daα f (x) Iaα (RL α
X
= a D f (x)) − D f (a)
k=0 Γ(k + 1)
m−1 k
D f (a)
Donc Iaα C Daα f (x) = f (x) − (x − a)k
X

k=0 k!
2.
Z t n
C 1 D (c1 f1 + c2 f2 )(τ )
Daα (c1 f1 + c2 f2 )(t) = dτ
Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
Z t n
1 D (c1 f1 )(τ )
= dτ
Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
Z t n
1 D (c1 f1 )(τ )
+ dτ
Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
= C Daα (c1 f1 )(t) + C Daα (c2 f2 )(t)

Exemple 2.6. [12] Notons que la dérivée d’une fonction constante au sens de
Caputo est nulle C α
a Dt f (x) = 0 où f (x) = C avec C ∈ R

Exemple 2.7. [12] La dérivée d’une fonction f (x) = (x − a)p au sens Caputo
est, si α est un nombre non entier 0 ≤ n − 1 < α < n et p > n − 1 :

C α Γ(p + 1)
a Dt (t − a)p = (t − a)p−α
Γ(p − α + 1)
En effet,

C α p Γ(p + 1) Z t
a Dt (t − a) = (t − τ )n−α−1 (τ − a)p−n dτ,
Γ(n − α)Γ(p − α + 1) a
en effectuant le changement de variables τ = a + s(t − a) on obtient :
2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 42

C α p Γ(p + 1) Z t
a Dt (t − a) = (t − τ )n−α−1 (τ − a)p−n dτ (2.104)
Γ(n − α)Γ(p − n + 1) a
Γ(p + 1) p−α
Z 1
= (t − a) (1 − s)n−α−1 sp−α ds
Γ(n − α)Γ(p − n + 1) 0
(2.105)
Γ(p + 1)B(n − α, p − n + 1)
= (t − a)p−α (2.106)
Γ(n − α)Γ(p − n + 1)
Γ(p + 1)Γ(n − α)Γ(p − n + 1)
= (t − a)p−α (2.107)
Γ(n − α)Γ(p − n + 1)Γ(p − α + 1)
Γ(p + 1)
= (t − a)p−α (2.108)
Γ(p − α + 1)
−1
Pour p = 21 , α = 2
et a = 0 on a :

C −1/2 1/2 Γ(3/2) π
a Dt x = x= x
Γ(2) 2

−1
Figure 2.9 – Graphe de la dérivée d’ordre 2 de la fonction f (x) = x1/2 au sens de Caputo
sur l’intervalle [0 ;2]
2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 43

La proposition suivante fait le lien entre la Dérivée de Caputo et celle de


Riemann-Liouville.

Proposition 2.12. ([15]) Pour tout t ≥ 0, α ∈ R,


n − 1 < α < n ∈ N, nous avons :
n−1
C α tk−α
= RL α
f (k) (0)
X
a D f (t) a D f (t) − (2.109)
k=0 Γ(k + 1 − α)

Preuve. La formule de Taylor au voisinage de 0 nous donne :

0 t2 00 t3 000 tn−1
f (t) = f (0) + tf (0) + f (0) + f (0) + ... + f (n−1) (0) + Rn−1
2! 3! (n − 1)!
(2.110)
n−1
tk
f k (0) + Rn−1
X
= (2.111)
k=0 Γ(k + 1)

Avec
Z t
f (n) (τ )(t − τ )n−1
Rn−1 = dτ (2.112)
0 (n − 1)!
1 Z t (n)
= f (τ )(t − τ )n−1 dτ = I n f (n) (t) (2.113)
Γ(n) 0
Alors on a :

n−1
tk
!
RL α RL α
f (k) (0) + Rn−1
X
a D f (t) = a D (2.114)
k=0 Γ(k + 1
n−1
X RL α k
a D t
= f (k) (0) +RL α
a D Rn−1 (2.115)
k=0 Γ(k + 1)
n−1
Γ(k + 1) tk−α
f (k) (0) +RL α n (n)
X
= a D I f (t) (2.116)
k=0 Γ(k − α + 1) Γ(k + 1)
n−1
tk−α
f (k) (0) + I n−α f (n) (t)
X
= (2.117)
k=0 Γ(k − α + 1)
n−1
tk−α
f (k) (0) +C α
X
= a D f (t) (2.118)
k=0 Γ(k + −α + 1)

Donc
n−1
C α tk−α
= RL α
f (k) (0)
X
a D f (t) a D f (t) −
k=0 Γ(k + 1 − α)

La proposition ci-dessous donne une autre écriture de la dérivée de Caputo.


2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 44

Proposition 2.13. ([15]) La dérivée de Caputo peut être aussi définie par :

C α f (k) (0)
tk−α
X
a D f (t) = (2.119)
k=n Γ(k + 1 − α)
Preuve.
t2 00 t3
f (t) = f (0) + tf 0 (0) + f (0) + f 000 (0) + .. (2.120)
2! 3!

X f k (0) k
= t (2.121)
k=0 k!

C α
X f (k) (0) C α k
a D f (t) = ( D t ) (2.122)
k=0 k! a
∞ ∞
C α f (k) (0) Γ(k + 1) k−α X f (k) (0)
tk−α
X
a D f (t) = t = (2.123)
k=n k! Γ(k − α + 1) k=n Γ(k − α + 1)

Remarque 2.5. D’après (2.119) et (2.109) on a :



RL α f (k) (0)
tk−α
X
a D f (t) = (2.124)
k=0 Γ(k + 1 − α)
Proposition 2.14. ([15]) Pour tout α ∈ R, n − 1 < α < n, n ∈ N, λ ∈ C. La
dérivée de Caputo de la fonction exponentielle est :

C α λt λk+n tk+n−α
= λn tn−α E1,n−α+1 (λt)
X
aD e = (2.125)
k=0 Γ(k + 1 + n − α)

Preuve. D’après (2.124) on a


RL α λt
a D e = t−α E1,1−α (λt), (2.126)
d’autre part d’après (2.109) on a :

n−1
C α λt tk−α
=RL α λt
eλt(k) (0)
X
aD e a D e − (2.127)
k=0 Γ(k + 1 − α)
n−1
tk−α
C α λt
= t−α E1,1−α (λt) − λk
X
aD e (2.128)
k=0 Γ(k + 1 − α)

X λk tk−α
= (2.129)
k=n Γ(k + 1 − α)

X λk+n tk+n−α
= (2.130)
k=0 Γ(k + n + 1 − α)
= λn tn−α E1,n−α+1 (λt) (2.131)
2.4. DÉRIVÉE DE CAPUTO 45

Proposition 2.15. ([15]) Soit λ ∈ C, α ∈ R, n ∈ N, n − 1 < α < n, alors :


C α −1
a D sin(λt) = i(iλ)n tn−α (E1,n−α+1 (iλt) − (−1)n E1,n−α+1 (−iλt)) (2.132)
2
eiz −e−iz
Preuve. on a : sin z = 2i
, z ∈ C,

C α eiλt − e−iλt
a D sin(λt) =C α
aD ( ) (2.133)
2i
1 C α iλt C α −iλt
= ( D e −a D e ) (2.134)
2i a
1
= ((iλ)n tn−α E1,n−α+1 (iλt) − (−iλ)n tn−α E1,n−α+1 (−iλt))
2i
(2.135)
−1
= i(iλ)n tn−α (E1,n−α+1 (iλt) − (−1)n E1,n−α+1 (−iλt)) (2.136)
2

Remarque 2.6. D’après (2.132) et en posant λ = 1, on obtient :


C α −1
a D sin(t) = i(i)n tn−α (E1,n−α+1 (it) − (−1)n E1,n−α+1 (−it)) (2.137)
2
Proposition 2.16. ([15]) Soit λ ∈ C, α ∈ R, n ∈ N, n − 1 < α < n, alors :
C α 1
a D cos(λt) = (iλ)n tn−α (E1,n−α+1 (iλt) + (−1)n E1,n−α+1 (−iλt)) (2.138)
2
eiz +e−iz
Preuve. on a : cos z = 2
, z ∈ C,

C α eiλt + e−iλt
a D cos(λt) =C α
aD ( ) (2.139)
2
1 α −iλt
= (C Dα eiλt + C
aD e ) (2.140)
2 a
1
= ((iλ)n tn−α E1,n−α+1 (iλt) + (−iλ)n tn−α E1,n−α+1 (−iλt))
2
(2.141)
1
= (iλ)n tn−α (E1,n−α+1 (iλt) + (−1)n E1,n−α+1 (−iλt)) (2.142)
2

Remarque 2.7. D’après (2.138) et en posant λ = 1, on obtient :


C α 1
a D cos(t) = (i)n tn−α (E1,n−α+1 (it) + (−1)n E1,n−α+1 (−it)) (2.143)
2

2.4 .2 Propriété de la transformée de Laplace


de Caputo
Proposition 2.17. La transformation de Laplace de la dérivée d’ordre frac-
tionnaire de Caputo donné dans [12] est :
n−1
−as
L{C α α
sα−k−1 f (k) (a)
X
a Dt f (t)} = s L{f (t)} − e (2.144)
k=0
2.5. AUTRES DÉFINITION DE LA DÉRIVÉE FRACTIONNAIRE 46

Preuve. ([12])
f n (τ )
Z ∞ " #
C α −st 1 Z t
L{a Dt f (t)} = e dτ dt
0 Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
f n (τ )
Z ∞ " #
−st 1 Z t
= e dτ dt
0 Γ(n − α) 0 (t − τ )α−n+1
f n (τ )
Z ∞ " #
−st 1 Z 0
+ e dτ dt
0 Γ(n − α) a (t − τ )α−n+1
Z 0
(t − τ )n−1−α (n)
= sα−n L{f (n) (t)} + L{ }f (τ )dτ
a Γ(n − α)
Z 0
=s α−n
L{f (n)
(t)} + s α−n
e−sτ f (n) (τ )dτ (2.145)
a

Une intégration par parties, nous donne :

Z 0 Z 0
e−sτ f (n) (τ )dτ = se−sτ f (n−1) (τ )dτ + [e−sτ f (n−1) (τ )]0a
a a
Z 0
=s e−sτ f (n−1) (τ )dτ + f (n−1) (0) − e−as f (n−1) (a)
a

En intégrant encore une fois par parties, on obtient ;

Z 0 Z 0
e−sτ f (n) (τ )dτ = s2 e−sτ f (n−2) (τ )dτ + [sf (n−2) (0) + f (n−1) (0)]
a a
− e−as [sf (n−2) (a) + f (n−1) (a)]

ce que l’on généralise par la nième intégration par partie :


Z 0 Z 0
−sτ
e f (n)
(τ )dτ = s n
e−sτ f (τ )dτ + [sn−1 f (0) + ... + f (n−1) (0)]
a a
−as n−1
−e [s f (a) + ... + sn−1 f (n−1) (a)] (2.146)

Une combinaison de (2.145) et (2.146), en simplifiant les termes en f (k) (0), on


obtient finalement
n−1
−as
L{C α α
sα−k−1 f (k) (a)
X
a Dt f (t)} = s L{f (t)} − e
k=0

2.5 Autres définition de la dérivée fractionnaire


2.5 .1 Définition de la main gauche et définition de la main droite
La première définition est appelée définition de la main droite ou la dérivée
fractionnaire de Riemann-Liouville qui se présente sous sa forme mathéma-
tique suivante :
2.5. AUTRES DÉFINITION DE LA DÉRIVÉE FRACTIONNAIRE 47

 dm 1 Rt f (τ )
 dtm [ Γ(m−α) 0 (t−τ )α+1−m dτ ],
 m = [Re α] + 1
RL α
a D f (t) = (2.147)
 dm

dtm
f (t), α=m∈N
La deuxième définition est appelée définition de la main droite. Cette deuxième
définition, a été formulée à l’origine par Caputo et est donc communément
appelée dérivée fractionnaire de Caputo. Le résultat mathématique de cette
définition est :
 R t f (m) (τ )
1


 Γ(m−α) 0 (t−τ )α+1−m
dτ, m = [Re α] + 1
C α
a D f (t) = (2.148)
 dm

f (t), α=m∈N

dtm

2.5 .2 Propriétés
Il est facile de voir que dans certaines situations, la définition de la dérivée
fractionnaire de la main droite est, dans un sens, plus restrictives que celle
de la main gauche. Nous voyons que c’est le cas lorsque nous considérons les
restrictions à l’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville.
Pour la définition de la main gauche, tant que la fonction initiale de t satisfait
à cette condition, il est nécessaire que tous les autres entiers d’ordre α > 0,
le soient également, de sorte qu’aucun problème de ce type ne puisse surve-
nir. Cependant, pour la définition de la main droite, comme on différencie la
fonction f (t) par l’ordre m, il faut que non seulement f (0) = 0, mais aussi
f (1) (0) = f (2) (0) = .... = f (m) (0) = 0.

• En mathématique, la définition de la main droite est vulnérable et on


peut se demander pourquoi la définition de la main droite est nécessaire.
La réponse à cette question se trouve dans la résolution d’équations dif-
férentielles d’ordre non entier.
• Au sens mathématique, il est possible d’utiliser la définition de la main
gauche dans la résolution d’équations différentielles, si les conditions ini-
tiales sont justes.

Cependant, il se trouve que les conditions initiales requises pour la résolu-


tion des équations différentielles d’ordre fractionnaire soient elles-mêmes d’un
ordre non entier. En outre, la dérivée fractionnaire d’une constante selon la
définition de la main gauche n’est pas un 0, et est en fait égale à :

α Ct−α
D C=
Γ(1 − α)

En physique, ces propriétés de la définition de la main gauche posent un


problème important. Si aujourd’hui nous sommes bien familiers avec l’interpré-
tation physique dans les équations d’ordre entier, nous n’avons pas (actuelle-
ment) encore une bonne compréhension pratique des propriétés physiques des
2.6. RELATION ENTRE INTÉGRALE FRACTIONNAIRE RIEMANN-LIOUVILLE ET
DÉRIVÉE CAPUTO 48

équations d’ordre fractionnaire. Nos outils mathématiques vont au delà des


limites pratiques de notre compréhension.
Pourtant, dans la définition de la main droite(Caputo) , nous trouvons un lien
entre ce qui est possible et ce qui est pratique. La conséquence de la légère
réorganisation de la Droite est de permettre l’utilisation de conditions initiales
d’ordre entier dans la résolution de l’équation différentielle fractionnaire. En
outre,la dérivée fractionnaire de la définition de la main droite d’une constante
est 0.

2.6 Relation entre intégrale fractionnaire Riemann-Liouville


et dérivée Caputo
Dans cette partie, la relation entre l’intégrale fractionnelle et la dérivée
fractionnelle est étudiée. Il y’a plusieurs propriétés dans cette zone intégrale et
dérivée classique admises, ces propriétés ne sont pas toujours valables au sens
fractionnaire. Les opérateurs suivantes par exemple, sont presque les mêmes
dans le calcul classique.

dm
Dα = Dα−m Dm = I m−a (2.149)
dxm
dm m−α
Dα = Dm Dα−m = I (2.150)
dxm
Remarque 2.8. D’après (2.93), nous pouvons dire :"La dérivée de Caputo est
l’inverse gauche de l’intégrale Riemann-Liouville intégrale" et non l’inverse
droit, car on a :

n−1
|x − a|j j
(Iaα C Daα f )(x) = f (x) −
X
(f (x)|x=a )
j=0 j!

2.7 Interprétation du calcul fractionnaire


Il existe une douzaine de suggestions pour l’interprétation du calcul fraction-
naire. Cependant, la plupart d’entre elles sont un peu abstraits et ne donnent
aucune intuition physique. Le cœur de ces interprétations est le concept de
mémoire. De l’autre coté, lorsque le système doit se souvenir des valeurs pré-
cédentes de l’entrée afin de déterminer la valeur actuelle de la sortie, de tels
systèmes sont dites systèmes sans mémoire, ou mémoire système. Les dérivées
et les intégrales d’ordre entier ont des interprétations physiques et géométriques
claires ce qui simplifie leur usage pour résoudre des problèmes appliqués dans
plusieurs champs de la science. Cependant, il a fallut plus de 300 ans au calcul
fractionnel pour avoir une interprétation physique et géométrique acceptable.
Le manque de ces interprétations a été reconnu dans plusieurs conférences in-
ternationales sur le calcul fractionnaire. La question restée sans réponse, était
2.7. INTERPRÉTATION DU CALCUL FRACTIONNAIRE 49

souvent incluse dans la liste des problèmes ouverts. L’intégration et la diffé-


renciation fractionnaires sont des généralisations de notions d’intégration et de
différenciation d’ordre entier, incluent les dérivées d’ordre n et les intégrations
répétées n fois comme cas particuliers. Pour ceci, il serait intéressant d’avoir
ces interprétations physiques et géométriques d’opérateurs d’ordre fraction-
naire qui fournissent un lien aux interprétations classiques de différenciation
et d’intégration d’ordre entier connues. L’interprétation physique de l’intégra-
tion et de la Différenciation fractionnaire repose sur l’utilisation de deux types
de temps : le temps cosmique et le temps individuel ; par contre l’ensemble
du calcul différentiel et d’intégral classique est basée sur l’utilisation du temps
mathématique (homogène, coulant uniformément).

2.7 .1 Interprétation physique de l’intégrale fractionnaire de Riemann-


Liouville
Pour donner l’interprétation physique de l’intégration non entier, nous consi-
dérons l’exemple d’un conducteur d’une voiture (voir dans [12]). Supposons que
la voiture est équipée de deux appareils de mesure, le compteur de vitesse qui
enregistre la vitesse du conducteur et l’horloge qui affiche le temps τ . Cepen-
dant le temps τ affiché par l’horloge est incorrect.
Nous supposons que la relation entre le temps incorrect τ , affiché par l’horloge
et dont le conducteur considéré comme le temps exact et le temps exact τ est
donnée par la fonction connue gt (t) telle que :

T = gt (t), (2.151)
1 α
et gt (τ ) = [t − (t − τ )α ] (2.152)
Γ(t)
Ceci signifie que si le conducteur mesure l’intervalle de temps dτ , le vrai inter-
valle de temps est dT = dgt (τ ).
Le conducteur A qui représente le conducteur de la voiture, ignorant l’erreur
de l’horloge, calcul la distance parcourue au moyen d’une intégrale classique :
Z t
SA (t) = v(τ )dτ (2.153)
0

Un observateur O, lui en connaissance de la mauvaise mesure de l’horloge


et de la fonction gt (τ ) reliant le temps incorrecte τ au temps exact, calcule la
distance réellement parcourue par la voiture :
Z t
S0 (t) = v(τ )dgt (τ ) = I α v(t) (2.154)
0
1 Zt
avec I α v(t) = (t − τ )α−1 v(τ )dτ (2.155)
Γ(t) 0
L’intégrale donnée par l’équation (2.153) peut être interprétée comme la
distance parcourue par un modèle pour lequel nous avons effectué deux me-
sures :

• Une mesure correcte de la vitesse


2.7. INTERPRÉTATION DU CALCUL FRACTIONNAIRE 50

• Une mesure incorrecte du temps.

L’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville donnée par l’équation


Z t
S0 (t) = v(τ )dgt (τ ) = I α v(t)
0
peut être interprétée comme la véritable distance parcourue par l’objet mobile,
pour lequel nous avons enregistré ses valeurs local de la vitesse v(τ ) (temps
individuel), sachant que la relation entre le temps enregistré localement et le
temps cosmique est donné par la fonction gt (τ ).
La fonction gt (τ ) décrit le temps échelle non homogène, qui dépend non seule-
ment de τ , mais aussi du paramètre t qui représente la dernière valeur mesuré
du temps individuel de l’objet mobile. Quand t change, l’intervalle de temps
cosmique change également.
La notion du temps cosmique est reliée au changement de la gravité dans l’es-
pace temps d’un corps en déplacement. En effet, quand un corps mobile change
sa position dans l’espace-temps, le champ de la gravité dans l’espace-temps tout
entier change également en raison de ce mouvement. Par conséquent, l’inter-
valle de temps cosmique, qui correspond à l’histoire du mouvement de l’objet
mobile, change. Ceci affecte le calcul de la vraie distance S0 (t) parcourue par
cet objet mobile.
En résumé, l’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville de la vitesse Indivi-
duel v(t), d’un objet mobile, pour lequel la relation entre son temps individuel
τ , et le temps cosmique T à chaque instant t est donnée par la fonction connue
T = gt (τ ), décrite par l’équation
1 α
gt (τ ) = [t − (t − τ )α ]
Γ(t)
représente la véritable distance S0 (t) parcourue par cet objet.

2.7 .2 Approximation numérique de la dérivation et de l’intégration


non entière
L’approche la plus connue pour l’approximation numérique de la dérivation
et de l’intégration non entière est celle de Grundwald-Leitnikov.
k
!
1 X α
D (α)
f (x) = lim α (−1)j f (x − jh)
h→0 h j
j=0

Pour une fonction causale f (x), et pour x = k.h :


• L’approximation de la dérivée d’ordre non entier α de la fonction f (x) est
donnée par :
k
1 X
D(α) f (kh) = α cα f (kh − jh)
h j=0 j
!
α
Les coefficients binomiaux cαj = (−1)j sont calculés par la formule de
j
récurrence suivante :
1+α α
cα0 = 1, cαj = (1 − )cj−1
j
2.7. INTERPRÉTATION DU CALCUL FRACTIONNAIRE 51

• L’approximation de l’intégrale d’ordre non entier β de la fonction f (x)


est donnée par :
k
−β
I (β) f (kh) = D(−β) f (kh) = hβ
X
cj f (kh − jh)
j=0

1 − β −β
Avec : c−β −β
0 = 1, cj = (1 − )cj−1
j

Figure 2.10 – Graphe de la dérivée d’ordre 12 , 3


4 et 1 de la fonction f (x) = cos(x) au sens
de Grunwald-Letnikov sur l’intervalle [0; 4π]
2.7. INTERPRÉTATION DU CALCUL FRACTIONNAIRE 52

Figure 2.11 – Graphe de la dérivée d’ordre 21 , 3


4 et 1 de la fonction f (x) = sin(x) au sens
de Grunwald-Letnikov sur l’intervalle [0; 4π]

Figure 2.12 – Graphe de la dérivée d’ordre 21 , 3


4 et 1 de la fonction f (x) = exp(x) au sens
de Grunwald-Letnikov sur l’intervalle [0 ;4]
2.7. INTERPRÉTATION DU CALCUL FRACTIONNAIRE 53

Figure 2.13 – Graphe de l’intégrale fractionnaire d’ordre 21 , 34 et 1 de la


fonction f (x) = cos(x) au sens de Riemann-Liouville sur l’intervalle [0; 4π]

Figure 2.14 – Graphe de l’intégrale fractionnaire d’ordre 21 , 34 et 1 de la


fonction f (x) = sin(x) au sens de Riemann-Liouville sur l’intervalle [0; 4π]
2.7. INTERPRÉTATION DU CALCUL FRACTIONNAIRE 54

Figure 2.15 – Graphe de l’intégrale fractionnaire d’ordre 21 , 34 et 1 de la


fonction f (x) = exp(x) au sens de Riemann-Liouville sur l’intervalle [0 ;4]
CHAPITRE 3
ÉQUATIONS FRACTIONNAIRES

3.1 Équations fractionnaires intégrales


3.1 .1 Premier type
La première forme de l’équation fractionnaire intégrale est donnée par l’équa-
tion suivante [1] :
1 Zt u(τ )
dτ = f (t), 0<α<1 (3.1)
Γ(α) 0 (t − τ )1−α
Cela peut également être écrit sous la forme

J α u(t) = f (t) (3.2)


La solution de ce type d’équation est simple et s’écrit :

u(t) = C Dα f (t) (3.3)

On peut tenter d’utiliser la définition de Caputo pour la dérivée fraction-


naire dans cette situation, de manière interchangeable avec la définition de la
main gauche, mais il faut souligner que D∗α J α f (t) = f (t) n’est pas utilisé dans
toutes les situations.
En fait, il sera montré ci-dessous qu’à partir d’une solution obtenue par l’uti-
lisation de la transformée de Laplace, un terme résiduel apparait lorsque la
définition de la main droite est utilisée pour résoudre l’équation (3.1).
Dans le domaine Laplacien, les équations intégrales du premier type prennent
la forme ci-dessous :

55
3.1. ÉQUATIONS FRACTIONNAIRES INTÉGRALES 56

J α u(t) = Φα (t) ∗ u(t)


ũ(s)
⇒ L{Φα (t) ∗ u(t)} = (3.4)


tα−1
φα (t) = + (3.5)
Γ(α)
Algébriquement, nous pouvons réorganiser le résultat de l’équation (3.4)
sous l’une des deux formes.

f˜(s)
ũ(s) = sα f˜(s) ⇒ ũ(s) = s[ ] (3.6)
s1−α
ũ(s) = sα f˜(s) (3.7)
1 f (0)
⇒ ũ(s) = 1−α [sf˜(s) − f (0)] + 1−α (3.8)
s s
En réinscrivant la première formule dans le domaine temporel, on obtient :

1 d Z t f (τ )
u(t) = dτ (3.9)
Γ(1 − α) dt 0 (t − τ )α
Ce qui équivaut à la solution de l’équation avec la définition de la main
gauche. La deuxième forme peut être inversée de la même façon pour donner :

1 Z t
f 0 (τ ) t−α
u(t) = dτ = f (t) + f (0) (3.10)
Γ(1 − α) 0 (t − τ )α Γ(1 − α)
Le premier élément de ce résultat est la définition de la main droite, mais
comme mentionné ci-dessous, il faut inclure un terme résiduel qui dépend de
la valeur de la fonction à 0.

3.1 .2 Deuxième type


Les équations fractionnaire intégrales du second type suivent la forme sui-
vante [1] :

!
λZt u(τ ) λZt • dτ
u(t) + dτ = f (t) ⇒ 1 + u(t) = f (t) (3.11)
α 0 (t − τ )1−α α 0 (t − τ )1−α

α 1
Z t
• dτ
Posons J (•) = α
, d’où l’équation (3.11) devient :
0 (t − τ )1−α
(1 + λJ α )u(t) = f (t)
3.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES FRACTIONNAIRES 57

La solution de l’équation fractionnaire intégrale du second type est :

u(t) = (1 + λJ α )−1 f (t) (3.12)



(−λ)n J αn )f (t)
X
u(t) = (1 + (3.13)
n=1

!
n
X
u(t) = f (t) + (−λ) Φαn ∗ f (t) (3.14)
n=1

On sait que :


(−λtα )k
Eα (−λtα ) =
X
(3.15)
k=0 Γ(αk + 1)

En prenant la première dérivée (3.15), on a éliminé le premier terme de l’ex-


pression Eα (−λtα ). Ainsi, la solution de l’équation intégrale du second type
peut être formellement écrite sous la forme :

d
u(t) = f (t) +[Eα (−λtα )] ∗ f (t) (3.16)
dt
La même solution peut être obtenue en utilisant la transformée de Laplace.
Commençons par prendre la transformée de Laplace de (3.11) :

" #
λ
L{(1 + λJ )u(t)} = L{f (t)} → 1 + α ũ(s) = f˜(s)
α
(3.17)
s
L’équation (3.17) peut être réarrangée de plusieurs façons, mais une en par-
ticulier nous ramené au résultat présenté en (3.16) :

sα−1
" #
ũ(s) = s α − 1 f˜(s) + f˜(s) (3.18)
s +λ
L’équation (3.18) est ensuite inversée pour revenir dans le domaine de la fonc-
tion normale. Pour ce faire, il faut comprendre la transformée de Laplace d’une
forme spéciale de la fonction de Mittag-Leffler, comme suit :

sα−1
L{Eα (−λtα )} = (3.19)
sα + λ

3.2 Équations différentielles fractionnaires


Dans l’EDO linéaire classiques, il existe généralement deux formes que l’on
peut considerer.
3.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES FRACTIONNAIRES 58

Soient les formes de relaxation et d’oscillation, présentées comme suit en (3.20)


et (3.21).

u0 (t) = −u(t) + q(t) (3.20)


u”(t) = −u(t) + q(t) (3.21)
D’après (3.20) et (3.21) on a :
1 1
q(t) = u00 (t) + u0 (t) + u(t)
2 2
Lorsque nous parlons de ces formulations, nous les désignons respectivement
comme étant d’ordre un et deux. Cette distinction peut également être faite
pour le calcul fractionnaire, appelé formes de relaxation fractionnaire et d’os-
cillation fractionnaire de l’EDO linéaire.
Dans le premier cas, l’ordre de l’EDO est 0 < α ≤ 1 et comme on peut s’y at-
tendre, l’ordre du second est 1 < α ≤ 2. Mais contrairement aux EDO d’ordre
entier, le comportement des solutions de premier et du second ordre ne sont
pas différentes, mais plutôt elles se confondent.
Il n’est pas nécessaire de faire une distinction spécifique entre ces deux cas.
Les EDO fractionnaires linéaires peuvent être représentées de manière concise
sous une forme comme suit.

m−1
X k
!
t (k)
D∗α u(t) = Dα u(t) − u (0) = −u(t)+q(t), m−1 < α ≤ m (3.22)
k=0 k!

Notons l’utilisation de la définition de la main droite dans cette définition.


Comme il a été vu plus haut dans les propriétés de la définition de la main
droite et de la définition de la main gauche. Le choix d’utiliser cette définition
est basée sur la capacité à utiliser des conditions initiales d’ordre entier dans
la résolution de problèmes de ce type.
Le moyen le plus simple de résoudre (3.22) est d’utiliser la transformée de
Laplace. Il a été montré que l’équation (3.22) peut être réorganisé pour donner :

m−1 m−1
sα−k−1 (k) q̃(s)
sα ũ(s)− sα−k−1 u(k) (0) = −ũ(s)+ q̃(s) ⇒ ũ(s) =
X X
α
u (0)+ α
k=0 k=1 s + 1 s +1
(3.23)
Les termes à l’intérieur de la somme peuvent être réécrits

sα−k−1 1 sα−1
= = L{J k Eα (−tα )} (3.24)
sα + 1 sk sα + 1
Tout comme les termes précédents q̃(s)

sα−1
!
1 d
α
= − s α
− 1 = L{ [Eα (−tα )]} (3.25)
s +1 s +1 dt
3.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES FRACTIONNAIRES 59

Enfin, en utilisant à la fois (3.24) et (3.25) pour définir la transformation


de Laplace inverse, il est possible de transformer (3.23) en une expression pour
u(t) et donc de définir la solution de l’EDO d’ordre fractionnaire.

m−1
J k Eα (−tα )u(k) (0) − q(t) ∗ Eα0 (−tα )
X
u(t) = (3.26)
k=0
CHAPITRE 4
APPLICATIONS

4.1 Traitement des signaux : Application dans un pla-


nificateur AG(Algorithme Génétique)
Cette application a été traitée dans [1].
Nous donnerons un résumé de son contenu.
L’algorithme génétique est un autre outil des 20e et 21e siècles qui utilise un
concept très classique (celui de l’évolution darwinienne ou de l’évolution gé-
nérationnelle) pour résoudre des problèmes qui seraient autrement impossible
ou extrêmement difficiles. Les AG (Algorithme Génétique) fonctionnent mieux
pour résoudre des problèmes dans lesquels un nombre fini de variables indé-
pendantes ont plus de 1010 combinaisons possibles. Avec un nombre aussi élevé
de variables, il devient peu pratique de demander à un ordinateur d’essayer
toutes les combinaisons et d’évaluer ensuite celle qui donne le meilleur résultat.
Dans AG au lieu d’essayer une par une toutes les combinaisons possibles, on
fonctionne en choisissant au hasard une petite "population" de combinaisons
possibles. L’ordre et la composition de chacune de ces combinaisons sont main-
tenant appelées " gènes ", comme un gêne biologique car ils stockent tous deux
des informations codées (dans un ordinateur avec des 0 et des 1 plutôt que des
A,T,G et C) qui réalise une fonction.
Rappel 4.1. Notons que A, T, G et C signifie respectivement Adénosine, Thy-
midine, Guanosine, Cytosine et représentent les quatres nucléotides différents
de l’ADN. L’ADN est une molécule très longue, composée d’une succession de
nucléotides (brins) accrochés les uns aux autres par des liaisons phosphodiester.
Ainsi l’Adénine est toujours associée à la Thymine et la Guanine est toujours
associée à la Cytosine.
L’AG évalue la capacité de chacun de ces gènes les uns par rapport aux
autres, en déterminant ceux qui fournissent les meilleures réponses et ceux qui
fournissent les moins bonnes.

Cette capacité examine puis détermine lesquels des gènes sont choisi pour
"reproduction". Dans la phase de reproduction, deux choses se produisent gé-

60
4.2. RÉSISTANCE À LA TRACTION ET À LA FLEXION DES MATÉRIAUX
UTILISÉS DANS LES TROUBLES 61

néralement : la production croisée et la mutation. Dans la phase de croisement,


les gènes échangent les parts de leurs informations avec les autres gènes. Dans
la phase de mutation, une certaine probabilité est assignée en chaque 1 et 0
dans un gène qui sera inversé, précisément comme en gènes biologiques, il y’a
généralement une probabilité finie de changement d’une paire A-T ou G-C.
Après la phase de reproduction, une nouvelle génération est crée, construite
principalement à partir des pièces génétiques qui ont rendu la génération précé-
dente la plus forte. Le processus se répète jusqu’à ce que la population devienne
homogène et espère trouvé la meilleure solution universelle.
L’idée derrière ce processus (grossièrement expliquée ici) est que le concept de
sélection naturelle et de survie de l’aptitude est un bon processus, pas seule-
ment dans le monde naturel. Le caractère aléatoire de la première génération
permet à l’AG de tester une variété de voies différentes, et la mutation main-
tient ces combinaisons légèrement brouillées. Mais, avec les meilleurs gènes
échangeront continuellement leur code et s’amélioreront les uns les autres, ils
deviendront tous les mieux adaptés à leur environnement, tout comme dans la
nature.
Le sujet (Traitement des signaux) traite de l’effet des taux de mutation dans
un planificateur d’AG sur l’aptitude des populations qui en résultent. Tout
comme dans les exemples de surfaces fractales et de diffusion, le lien apparent
entre les occurrences aléatoires et les expressions physiques de ces occurrences
par des expressions d’ordre fractionnaire est trouvé par des auteurs.
En général, dans un AG, la probabilité de mutation est une probabilité fixe.
Dans le Traitement des signaux, le signal de bruit blanc de la probabilité de
mutation ajouté au système est l’effet que cela a eu sur l’aptitude moyen de
la population. Leur conclusion était, qu’entre l’entrée et la sortie, la fonction
de transfert d’ordre fractionnaire donnée fournissait une bonne prédiction de
la réaction de l’AG.
(s/a)α + 1
Gn (s) = k (4.1)
(s/b)β + 1
Dans leur conclusion, qui affirment :"Qu’il a été démontré que les modèles
d’ordre fractionnaire capturent des phénomènes et des propriétés que l’ordre
entier classique néglige tout simplement. De plus, pour le cas étudié, l’évolu-
tion des signaux de similarités avec ceux révélés par les systèmes chaotiques
confirme la nécessité de disposer d’outils mathématiques bien adaptés aux phé-
nomènes étudiés".

4.2 Résistance à la traction et à la flexion des matériaux


utilisés dans les troubles
Cette application a été proposée dans [1].
Les études sur la mécanique des solides portent notamment sur l’apparent "effet
de taille" qui se produit dans certains matériaux de construction, en particulier
ceux qui sont agrégats (c’est-à-dire réunion d’un ensemble massif d’éléments
hétérogènes) comme le béton.
Bien que la mécanique classique des solides dit que la résistance d’un maté-
riau est largement (sinon totalement) déterminée par les propriétés matérielles
4.3. DÉCOUVRONS LE FLUX DE CHALEUR SUR UNE TIGE SEMI-INFINIE 62

de ce matériau, et que l’échelle ne devrait pas présenter de changement de


résistance relative. L’effet de taille a toutefois démontré que la résistance des
matériaux agrégés, à savoir le béton, dépend effectivement de l’échelle de la
structure et ne suit donc pas les règles de la mécanique des solides classique
(peut être, d’ordre entier).
Certains auteurs expliquent comment la micro structure de ces matériaux
d’agrégats a été modélisée avec succès dans le passé par des ensembles fractales
plutôt que par des ensembles géométriques traditionnels. La dimension des
ensembles fractals utilisés pour modéliser ces structures est également d’une
importance capitale car elle détermine l’échelle et, en fin de compte, les effets
de dimensionnement pour ce matériau particulier.

Remarque 4.1. Ce terme «fractale» est un néologisme crée par le mathé-


maticien Benoit Mandelbrot en 1974 à partir de la racine latine fractus, qui
signifie brisé, irrégulier. Plus généralement, une fractale désigne des objets dont
la structure est invariante par changement d’échelle.
Remarque 4.2. Le calcul fractionnaire est jugé approprié et nécessaire pour
analyser la traction et la flexion d’une section de béton en 2D.
A partir des résultats de tests expérimentaux sur la composition et les ré-
actions de tension du béton, ils déterminent que la micro structure peut être
approchée par un ensemble de Cantor fractal de dimension α = 0.5 . Ils cal-
culent à l’aide du calcul fractionnaire la résistance à la traction et à la flexion
de leur échantillon, et trouvent en effet des dépendances liées à la dimension
fractale sur la taille qui ne correspondent tout simplement pas à une analyse
classique. Ces formules sont présentées ci-dessous :

σu∗ −(1−α)
(σu )tensile = b (4.2)
Γ !
21/α − 1
(σu )f lexural = 2 1/α (σu )tensile (4.3)
2 +1
Certains auteurs espèrent que leur étude sur la résistance des matériaux à
micro structures facilement approximées par des ensembles fractals ouvrira la
porte à une formulation plus rigoureuse sur le plan mathématique des rela-
tions entre contraintes et charges. Selon leurs propres termes, d’une part nous
démontrons une origine de la concentration des contraintes sur les ensembles
fractals, à savoir l’hétérogénéité des agrégats dans le béton. D’autre part, étant
donné l’existence de la concentration de la contrainte sur un ensemble fractal,
nous développons un moyen de faire les premiers calculs de principe des diffé-
rentes forces. Pour ce faire, nous utilisons le concept d’intégrale fractales.Nous
espérons qu’elles ouvriront la voie à un traitement plus général de ces ques-
tions.

4.3 Découvrons le flux de chaleur sur une tige semi-


infinie
Notons que cette dernière application a été faite dans [1].
4.3. DÉCOUVRONS LE FLUX DE CHALEUR SUR UNE TIGE SEMI-INFINIE 63

4.3 .1 Donné
Supposons que nous avons une tige semi-infinie de rayon inconnu qui s’étend
en longueur de x = 0 à x = ∞. La température dans la tige semi-infinie, donnée
par la fonction u(x; t) peut être exprimée par l’équation différentielle partielle
suivante.

∂u ∂ 2 u
− 2 =0 (4.4)
∂t ∂x
ut − uxx = 0 (4.5)

Pour cette application, nous supposons qu’à t = 0, u(x, 0) = 0 pour 0 < x < ∞.
x = 0 correspond à la limite au delà de laquelle la chaleur pénètre dans la tige
ou en sort.
Supposons que le changement de température par rapport à x dont la limite
est donnée par la fonction d’apport de chaleur P (t). Nous pouvons considérer
qu’il s’agit d’une extension de la loi de Fourier.
∂u ∂u
q = −k ⇒ = ux (x, t) = P (t) (4.6)
∂x ∂x
Finalement, nous supposons que la température et l’évolution de la tempé-
rature par rapport à x va de 0 à x = ∞ c’est à dire

lim u(x, t) = lim ux (x, t) = 0 (4.7)


x→∞ x→∞

4.3 .2 La transformation de cosinus dans l’équation différentielle


partielle
Le calcul fractionnaire ne se révèle utile dans ce problème qu’après qu’une
transformation appropriée ait été effectuée sur l’équation différentielle. L’ef-
fet de ce problème est de changer le style du problème de sa forme initiale
d’équation différentielle partielle à une forme ressemblant à celle de l’équation
Intégrale du Premier Type d’Abel.
Cette transformation sera brièvement décrite ici.
La transformée de Fourier en cosinus sur u(x, t)
s
2Z∞
uc (s, t) = u(x, t)cos(sx)dx (4.8)
π 0
où uxx (x, t) est tel que
s
2 2
uxxc (s, t) = −s uc (s, t) − ux (0, t) (4.9)
π
Compte tenu de ces transformations, nous pouvons réécrire l’équation dif-
férentielle partielle pour la température dans la tige comme
s
∂uc (s, t) 2
=− ∗ P (t) − s2 uc (s, t) (4.10)
∂t π
4.3. DÉCOUVRONS LE FLUX DE CHALEUR SUR UNE TIGE SEMI-INFINIE 64

La solution de cette équation différentielle partielle non linéaire du premier


ordre est donnée par :
s
2Zt 2
uc (s, t) = − P (τ )e−s (t−τ ) dτ (4.11)
π 0
uc (s, t) est inversé pour revenir au domaine x.

s
2Z∞
u(x, t) = uc (s, t)cos(sx)ds (4.12)
π 0
Z ∞
2Zt 2
u(x, t) = − P (τ )dτ e−s (t−τ ) cos(sx)ds (4.13)
π 0 0

Par rapport à la fonction de Green [6], la solution transformée devient


1 Z t P (τ ) −x2 /[4(t−τ )]
u(x, t) = − √ √ e dτ (4.14)
π 0 t−τ
Définition 4.1. (La fonction de Green)
Soit A une matrice de Rn×n (ou Cn×n ) une fonction matricielle G0 (t, A) =
G0 (t) définie pour tout t non nul, continue et continuellement différentiable
pour tout t non nul, est appelé matrice Green si les conditions suivantes sont
satisfaites :
(a) pour tout t non nul, l’équation différentielle suivante est vérifié :
d
G0 (t) = AG0 (t)
dt
(b) pour tout t = 0 la fonction matricielle G0 (t) a pour discontinuité de premier
type.
G0 (+0) − G0 (−0) = P
(c) La norme kG(t)k est bornée pour
−∞ ≤ t ≤ ∞
Théorème 4.1. Si une matrice A n’a pas de valeurs propres purement ima-
ginaires, alors il existe une matrice Green G0 (t, A)
Preuve. Voir [6]

4.3 .3 Mise en œuvre de l’équation Fractionnaire Intégrale


L’équation (4.14) donne la distribution de la température en fonction du
temps et de l’emplacement pour la barre semi-infinie, étant donné un flux de
chaleur connu à la limite x = 0 donné par P (t). Cependant grâce à l’introduc-
tion du calcul fractionnel, il est possible d’obtenir des mesures de température
données à la limite.
A la limite x = 0+ , la température peut être écrite sous la forme u(0+ , t) = φ(t).
Ainsi
1 Z t P (τ )
φ(t) = − √ √ dτ (4.15)
π 0 t−τ
4.4. CONCLUSION 65

Cette équation correspond à la forme de l’équation Intégrale d’Abel du Pre-


mier Type, et peut-être réécrit avec l’opérateur J comme intégrale fractionnaire
d’ordre 1/2. Il peut alors être résolu en différentiable par ordre 1/2. P (t) peut
alors être écrit directement en termes de φ(t).

J 1/2 P (t) = φ(t) (4.16)


P (t) = D1/2 φ(t) (4.17)
1 d Z t φ(τ )
P (t) = √ √ dτ (4.18)
π dt 0 t − τ
Bien que l’unicité de cet exemple particulier limite son utilité, la relation
d’ordre fractionnaire qui apparait démontre un potentiel d’utilisation du cal-
cul fractionnaire dans des problèmes similaires. Cet exemple montre que pour
une barre conductrice d’une longueur nettement supérieure à sa largeur, il est
possible, de déterminer à partir de mesures de température sur sa longueur’
de calculer le flux de chaleur à sa limite.

En utilisant le calcul fractionnaire pour exprimer cette relation, il est pos-


sible de réduire la complexité de la transformation de ces mesures de tem-
pérature en résultats utilisables. Il est assez facile de construire et d’utiliser
un solveur numérique dérivée/intégrale fractionnaire qui pour ce problème,
pourrait donner des résultats très rapidement.

4.4 Conclusion
Après avoir établir le cadre du problème, en définissant de nouvelles notions
de base et des définitions du calcul fractionnaire, nous avons présenté quelques
applications au concept du calcul différentiel d’ordre fractionnaire.
CONCLUSION

Dans ce mémoire, il a été question de l’étude des Concepts et applications


du calcul différentiel d’ordre fractionnaire. Cette étude a fait intervenir des
propriétés et propositions connus.

Nous avons commencé dans le premier chapitre par présenter quelques no-
tions de base en mathématique, utile pour la compréhension du calcul frac-
tionnaire. Dans le deuxième chapitre, nous avons donné des définitions qui
correspondent au concept d’ordre non entier, intégral ou dérivé. Ensuite dans
le troisième chapitre, nous avons donné la forme général des solutions aux
Équations fractionnaires intégrales (premier type et deuxième type) et aux
Équations différentielles fractionnaires. Dans le dernier chapitre nous avons
présenté des applications au concept du calcul fractionnaire.

Cependant ces applications et le contexte entourant le calcul fractionnaire


sont loin d’être achevés.

66
BIBLIOGRAPHIE

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engineer, Rapport Technique, 2004.

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Mentouri-Constantine(02/03/2009)

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