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Filière : Etudes françaises

Session : automne
Semestre :1
Groupes : 3+ 4
Module : 1.4 Initiation aux genres dramatiques
Professeur : M. Mohamed Amine Kharbouch

Séance 4

L’organisation du texte dramatique

Le texte dramatique présente une organisation dans laquelle le lecteur


est appelé à distinguer trois niveaux : celui de la fable, celui de l’action
et celui de l’intrigue. La fable renvoie à l’ensemble des événements qui
composent l’histoire racontée, l’action correspond à ce que la pièce
donne à voir sur scène, et l’intrigue désigne l’enchaînement particulier
des événements.

1- La fable :

Du latin « fabula » le terme désigne d’une manière générale, la suite


des faits qui constituent l’élément narratif d’une œuvre. C’est l’histoire
racontée par la pièce, remise à plat dans son déroulement
chronologique. Pour le lecteur qui cherche à savoir ce qu’un texte
raconte, la détermination de la fable constitue le point de départ
indispensable à l’analyse théâtrale. Il s’agit d’établir une chronologie
rigoureuse des événements à condition de distinguer ce qui constitue
véritablement l’action et ce qui renvoie aux sentiments et aux discours
des personnages.

2- L’Action :

L’action est constituée par l’ensemble des changements concernant les


personnages à partir d’une situation initiale et aboutissant à une
situation finale selon la logique d’un enchaînement de cause à effet.

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L’action dramatique est donc l’ensemble des événements montrés ou
racontés sur scène qui permettent de passer avec logique, d’une
situation initiale à une situation finale. Elle peut, entre autres :

 Représenter un conflit personnel, familial, politique…


 Raconter la destinée d’un personnage ou d’une famille…
 Montrer un personnage dans sa vie quotidienne…

2- 1. Le schéma actanciel.

Le conflit dramatique résulte de l’opposition de forces antagonistes.


Il met aux prises deux ou plusieurs personnages confrontés à une
même situation. L’action dramatique peut s’analyser à partir d’un
schéma dit « actanciel ». Ce schéma repose sur la notion d’actants,
éléments animés ou non qui influent sur l’action. Un actant peur être
un personnage ou un groupe de personnages, mais aussi une idée qui
représente une force agissante dans l’action. Selon ce schéma
actanciel, on distingue d’ordinaire six types d’actants : un sujet
(personnage ou groupe de personnages) recherche un objet (personne
ou valeur morale). Il rencontre dans sa quête des aides ou adjuvants
et des adversaires ou opposants. Le sujet est motivé et conditionné
par un ensemble d’éléments appelés destinateur qui peuvent être des
idées, des valeurs morales, des forces individuelles, religieuses,
sociales… etc. L’action est accomplie pour un destinataire qui peut être
le sujet lui-même, l’état, le genre humain… etc.

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Au-delà de toute considération psychologique, le schéma actanciel fait
apparaître des relations qui déterminent l’évolution de l’action
dramatique.

2- 2. Le personnage de théâtre.

Le mot personnage vient du latin « persona » qui signifie le masque,


c’est-à-dire le rôle tenu par l’acteur. Il désigne une personne fictive,
homme ou femme, mise en action dans un texte dramatique.

Le personnage théâtral est un être fictif. A la différence du


personnage du roman, il acquiert une présence physique effective, par
la chair et la voix d’un acteur qui lui prête un aspect et une consistance
qui l’apparentent à un individu. Il se construit dans l’imaginaire du
lecteur à partir des éléments constitutifs que le texte fournit.

2- 2.1 L’identité du personnage.

Le personnage est défini par les actes successifs qu’il est censé
accomplir. Son existence « virtuelle » se déduit de divers critères
individualisants (singuliers) qu’il convient de relever.

 Le nom.

Même s’il n’est pas une personne réelle, le personnage de théâtre


entretient des ressemblances avec la réalité. Le nom, qui dans l’espèce
humaine caractérise l’individu, constitue le premier élément
permettant d’établir son identité.

 L’état civil.

Les auteurs apportent parfois quelques précisions sur l’identité de


leurs personnages ; mais le plus souvent ils se montrent très discrets
à ce propos.

 La condition sociale.

Les informations concernant la condition sociale des personnages sont


souvent nombreuses. Dans le théâtre classique, la condition des
personnages les individualise de façon claire.

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 La caractérisation.

Les personnages sont dotés de traits caractéristiques qui les


individualisent. Il peut s’agir tout d’abord de caractérisations
physiques qui les singularisent et permettent de les identifier aussitôt.
L’apparence des personnages peut être complétée par des indications
sur leurs costumes, qui prennent une valeur symbolique. Nous
connaissons leur condition sociale et leur personnalité grâce aux
détails vestimentaires. A ces indications extérieures, les dramaturges
ajoutent un ensemble d’éléments caractérisant le tempérament, les
vices ou les qualités du personnage.

2- 2.2 Les relations entre les personnages.

La quantité des personnages dans une pièce théâtrale, varie en


fonction de considérations qui renvoient à la matérialité de la
représentation. Un personnage théâtral est rarement seul. Il
intervient par rapport à autrui et n’existe que par la confrontation
avec d’autres personnages qui lui donnent sa signification.

 Couples.

Très souvent les personnages procèdent par couples. Tout personnage


exige la complémentarité d’un partenaire. Cette réciprocité semble
nécessaire à son existence théâtrale. L’existence de chacun est
conditionnée par son statut au sein d’un couple que rien ne peut
dissocier.

 Constellations.

Tous les personnages s’inscrivent à l’intérieur d’un microcosme


structuré dont ils sont indépendants. L’individualité de chacun se
construit à partir des traits différentiels qui définissent ses relations
avec les autres. Il est toujours utile de repérer les caractères
pertinents et antithétiques qui les articulent. Les ressemblances et les
oppositions existant entre eux mettent en évidence l’organisation de
constellations, qui suggèrent la place de chacun à l’intérieur de la pièce.

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2- 2.3 Le personnage comme sujet d’un discours.

A la différence du héros du roman, qu’un auteur omniscient peut


décrire et expliquer dans le détail, le personnage de théâtre échappe
au commentaire explicatif ou descriptif. Le personnage n’est au départ
qu’un être de langage. Il existe seulement par et dans les mots. La
seule donnée objective qu’offre un personnage est constituée par
l’ensemble des discours qui sont regroupés sous son nom. On peut
définir chaque personnage comme sujet d’un discours. Le rôle est à
comprendre ici comme une partie du texte dramatique correspondant
aux paroles que doit dire sur scène un acteur dans une pièce de
théâtre.

 L’idiolecte du personnage.

Un idiolecte peut être défini comme étant l’ensemble des habitudes de


langage d’un individu ou ensemble des variantes d’une langue propres à
un individu donné ou un personnage de théâtre donné.

Le personnage se caractérise par son discours qui le rattache à une


classe sociale, ou à un groupe…

 Les niveaux de langue.

Si dans la tragédie classique, la recherche d’une certaine unité de ton


attenue les différenciations entre les personnages, dans la comédie,
l’individuation commence par la caractérisation des parlers. Jargons,
argots et langues étrangères plus ou moins déformées, les discours
des personnages indiquent leur origine géographique, sociale ou
professionnelle.

 Les codes linguistiques.

L’étude minutieuse du vocabulaire et de la syntaxe d’un personnage


apporte des renseignements à son sujet. Les champs lexicaux utilisés
par les personnages sont également révélateurs de leur signification
dramaturgique.

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 La situation d’énonciation.

On appelle situation d’énonciation la situation dans laquelle un énoncé


a été produit. Plusieurs éléments permettent de déterminer la
situation d’énonciation : celui qui parle, celui à qui l’énoncé s’adresse, le
moment de l’énonciation, le lieu de l’énonciation et enfin le sujet de
l’énonciation.

Les paroles d’un personnage, même les plus simples, sont inséparables
de la situation d’énonciation qui les fait surgir. Le discours théâtral est
toujours en situation. Tout énoncé est dépourvu de sens si on le
soustrait de la situation qui l’a produit. La situation est déterminée par
les conditions matérielles ou psychologiques des interlocuteurs.
L’interprétation théâtrale exige la définition des situations
d’énonciation de chaque personnage.

3- L’Intrigue

Ce terme signifie l’agencement des éléments et des événements qui


permettent à l’action d’avancer. Déterminer l’intrigue d’une pièce, c’est
repérer les mécanismes qui font progresser le conflit dramatique.

3- 1. La scène d’exposition.

Dans le théâtre, l’action se présente selon un enchaînement de causes


et d’effets. L’exposition est ce moment où l’auteur livre les éléments
indispensables à la compréhension de la situation. Au spectateur qui
ignore ce qu’il va voir, elle précise les données du conflit : évocation du
passé, présentation des protagonistes, état de la situation…

Selon les théoriciens une bonne scène d’exposition doit être à la fois
« entière, courte, claire, intéressante et vraisemblable ». Elle peut se
présenter sous la forme soit d’un dialogue entre un personnage
principal et un personnage secondaire, de deux personnages principaux
ou de deux personnages secondaires, soit du monologue d’un
personnage.

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3- 2. Le nœud dramatique.

Toute situation dramatique repose sur la nature des relations existant


entre les personnages d’une pièce. La situation dramatique prend
souvent, la forme d’un conflit, qui se caractérise par la rencontre des
forces antagonistes du drame. La façon dont s’articulent les obstacles
qui contrarient les désirs des personnages constitue ce qu’on appelle
le nœud dramatique. Celui-ci est donc l’ensemble des motifs qui
dérangent l’immobilité de la situation initiale et qui entament l’action.

3- 3. Les péripéties.

Sont des événements imprévus, créateurs de surprise et par-là elles


alimentent la tension dramatique. Une péripétie est un renversement
de situation provoqué par des éléments extérieurs, elle pousse les
personnages à prendre des décisions. Si ce renversement est brutal,
on parle de coup de théâtre, s’il sert seulement à relancer l’action, on
parle de rebondissement. Plus les péripéties sont nombreuses, plus
l’intrigue est complexe.

3- 4. Le dénouement.

La disparition des obstacles qui formaient le nœud amène la résolution


du conflit. Quand les contradictions sont effacées et que les
différents fils de l’intrigue sont enfin dénoués, le dénouement –
dernier moment de la pièce – peut survenir.

Pour le théâtre classique, le dénouement doit être à la fois nécessaire,


complet et rapide.

Nécessaire, cela implique qu’il découle logiquement de la situation et


qu’il apparaisse comme la seule issue possible du drame. « Le
dénouement de la pièce, écrit Racine, est tiré du fond même de la
pièce ».

Complet, le dénouement ne doit laisser aucun problème posé par la


pièce sans solution. Il ne tolère aucune incertitude sur le sort de tous
les personnages, « la tragédie étant l’imitation d’une action complète

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où plusieurs personnages concourent, cette action n’est point finie que
l’on ne sache en quelle situation elle laisse ces mêmes personnes »
Racine, préface de Britannicus.

Enfin le dénouement doit être rapide car comme le dit Corneille « le


spectateur est dans l’impatience de voir la fin ».

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