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Mots-clés : sous-produits de chloration, trihalométhane, réseau de distribution d’eau potable, modèles prédic-
tifs, gestion préventive
Keywords: chlorination by-products, trihalomethane, drinking water distribution systems, predictive models,
preventive management
sous-produits de chloration proviennent de la réac- manière générale, les six paramètres suivants agissent
tion entre la matière humique présente naturellement sur le niveau de concentration en THM totaux
dans les eaux brutes (acides humiques en particulier) (TTHM) :
et un oxydant (l’acide hypochloreux et l’ion hypo- – température de l’eau ;
chlorite qui sont utilisés lors de l’étape de désinfec- – pH de l’eau ;
tion, ou le brome présent naturellement). Comme le – concentrations en ions bromures ;
montre le tableau I, parmi ces sous-produits de chlo- – type, dose, quantité résiduelle de désinfectant ;
ration, la majeure partie est constituée des THM – type, concentration et propriétés chimiques des
[DRESSMAN et al., 1979]. précurseurs (matière organique naturelle) ;
– temps de contact.
Plusieurs publications ont mis en évidence la varia-
Trihalométhanes (THM) 20,1 %
tion importante dans le système de distribution de
Acides haloacétiques (HAA) 10 %
l’eau potable de la concentration en sous-produits de
Acide bromochloroacétique 2,8 %
chloration [WILLIAMS et al., 1994 et 1995 ; LEBEL et
Haloacétonitriles 2% al., 1995 ; CHEN et WEISEL, 1998 ; MCCLELLAN
Hydrate de chloral 1,5 % et al., 1999 ; SINGER, 1999b ; UBER et al., 2000 ;
Chlorure de cyanogène 1% BARIBEAU et al., 2001]. Outre la qualité de l’eau en
Tableau I. Quantités relatives de sous-produits de désinfection sortie d’usine, plusieurs paramètres sont à l’origine
halogénés rapportées en pourcentage des halogènes organiques
totaux (TOX) dans l’eau potable chlorée issue d’une usine de trai- de cette évolution et conditionnent la qualité de l’eau
tement conventionnelle
dans le système de distribution. De manière générale,
les paramètres ayant un impact sur la formation
1.3. Les trihalométhanes des THM influencent également l’évolution de ces
Ainsi, la matière organique naturelle (identifiée molécules au sein du système de distribution.
comme un précurseur organique) réagit avec un
oxydant halogéné (à base de chlore Cl ou de brome 2. Contexte et objectifs
Br) selon un schéma de réaction similaire à celui
2.1. Réglementation
de la figure 1 pour aboutir à la formation de sous-
2.1.1. Les normes selon l’OMS
produits de chloration dont les THM. La figure 1
La présence de ces molécules dans les eaux de
schématise la réaction des acides hypochloreux et
consommation humaine est devenue un des risques
hypobromeux avec les précurseurs organiques.
chimiques majeurs d’après l’Organisation mondiale
Il est important de noter que les paramètres contrô-
de la santé (OMS). C’est pourquoi, depuis 1993,
lant la formation des sous-produits de chloration
l’OMS a choisi de fixer des valeurs guides [OMS,
peuvent être difficilement identifiables du fait
1993 et 2004] pour chacun des quatre THM cités
du comportement complexe des trihalométhanes.
précédemment :
Néanmoins, les études s’accordent pour dire que, de
– trichlorométhane : 200 µg/L ;
– dibromochlorométhane : 100 µg/L ;
– bromodichlorométhane : 60 µg/L ;
– tribromométhane : 100 µg/L.
De plus, la relation suivante permet de prendre en
compte l’effet combiné de ces quatre molécules (les
concentrations sont exprimées en µg/L).
Figure 1. Mécanismes de réaction des précurseurs organiques Ces valeurs guides ont été obtenues en prenant en
« P » avec les acides hypochloreux et hypobromeux ainsi que
leurs bases conjuguées compte des études sur les animaux montrant les
effets sur la santé liés à une exposition à chaque 100 µg/L pour la somme des quatre THM au point
THM, un facteur d’incertitude de 1 000, un poids d’usage, des campagnes de prélèvement ont été
corporel humain moyen de 60 kg, une consomma- initiées afin de répondre à plusieurs objectifs.
tion quotidienne de 2 litres par jour d’eau potable, un
• Valider les connaissances sur la formation des tri-
facteur de présence dans l’eau de consommation de
halométhanes et leur devenir en réseau
0,50 pour le chloroforme et 0,20 pour le bromoforme
Il s’agit en particulier de valider les informations
et le dibromochlorométhane (DBCM).
concernant :
D’après les recommandations de l’OMS, ces valeurs
– les variations liées à l’exploitation du réseau : doses
limites doivent être contrôlées de manière fréquente,
de chlore, temps de contact, temps de séjour hydrau-
sur des points de prélèvement qui « doivent être choisis
lique (TSH) ;
avec soin, afin d'être représentatifs de l'ensemble du
– les variations temporelles telles que l’influence des
réseau » [OMS, 1993].
saisons (température, pH, matière organique,
2.1.2. La réglementation en Europe et en France bromures).
L’Europe impose, quant à elle, une valeur maximale • Compléter nos connaissances
admissible de 100 µg/L pour la somme des quatre Pour définir des recommandations aux exploitants
THM lors des prélèvements de contrôles ponctuels des installations, il est important de comprendre l’in-
(directive européenne n° 98/83/CE du 3 novembre fluence des rechlorations et l’influence de la présence
1998). Les THM doivent être analysés aux points de de réservoirs le long du réseau sur l’évolution des
conformité, c'est-à-dire aux robinets du consomma- concentrations en THM.
teur.
• Tester les modèles prédictifs de formation des tri-
En 2001, la France a transposé la directive euro-
halométhanes
péenne dans le code de la santé publique (CSP) et a
Après avoir identifié les modèles les plus pertinents
fixé une limite de qualité à 150 µg/L depuis 2003 et
parmi la trentaine de modèles répertoriés dans la lit-
à 100 µg/L depuis le 25 décembre 2008 (pour la
térature, des tests ont été réalisés à partir des données
somme des quatre THM). Depuis fin 2003 et jusqu’à
des campagnes de prélèvement afin de conseiller un
fin 2008, une concentration limite provisoire de
modèle prédictif aux exploitants.
150 µg/L a dû être respectée.
La réglementation française précise que la concentra-
tion en THM doit être la plus faible possible sans
3. Méthodes
pour autant nuire à la qualité microbiologique de 3.1. Campagnes de suivi
l’eau. En effet, dans le cadre de l’application du plan Afin de prendre en compte les variations occasion-
Vigipirate (circulaire DGS n° 524/DE n° 19-03 du nées lors des changements de saisons, plusieurs
7 novembre 2003), une teneur en chlore libre de campagnes ont été réalisées :
0,3 mg/L en sortie du réservoir et de 0,1 mg/L en tout – une première campagne de prélèvement pendant la
point du réseau est exigée dans les réseaux d’eau période estivale (juin-juillet 2008), afin d’évaluer
potable français [InVS, 2005]. Les exploitants notamment l’impact des températures élevées sur la
doivent gérer un compromis entre qualité microbio- formation de THM ;
logique et concentration en THM. – une seconde campagne à l’automne (octobre-
Afin de respecter ce niveau de concentration, une novembre 2008) quand la matière organique est
étude approfondie de ces polluants est nécessaire. souvent présente en quantité importante par rapport
aux autres saisons.
2.2. Objectif de l’étude Afin d’obtenir des données représentatives des diffé-
D’après les données de la littérature sur l’évolution rents sites (filière de traitement et réseau de distribu-
des THM en réseau de distribution et faisant suite à tion), les campagnes ont été réalisées sur quatre sites
l’entrée en vigueur de la limite réglementaire de aux caractéristiques différentes (tableau II).
l’ordre de quelques heures à quelques jours selon le croissante, mais on observe également que pour des
paramétrage choisi. concentrations plus élevées (30 µg/L) dès la sortie
Epanet permet de calculer le débit dans chaque cana- d’usine (site D) on atteint un palier de formation des
lisation, la pression à chaque nœud, le niveau de l’eau THM.
dans les réservoirs. Il donne la possibilité de visuali-
4.2. Impact des rechlorations et des réser-
ser la circulation de l’eau dans le réseau. Une des
voirs traversés
possibilités du logiciel est le calcul du temps de
Les points suivants détaillent les principaux para-
séjour hydraulique (plages de TSH au nœud de
mètres et conclusions pour chaque site. Après un
consommation) en tout point du réseau.
schéma rappelant la localisation des points sur le
Le temps de contact entre le chlore et la matière réseau suivi, les tableaux de résultats présentent les
organique joue un rôle important dans la formation temps de séjour de chaque point, le nombre de
des THM. C’est pourquoi une augmentation du TSH rechlorations subies et de réservoirs traversés ainsi
s’accompagne d’un accroissement des concentrations que les résultats minimum, moyen et maximum pour
de THM. Lors de l’étude réalisée par l’INVS en 2006 les THM et le ratio de THM mesuré en réseau et à la
et 2007 sur le site de Sablé-sur-Sarthe, la variation sortie d’usine (pour n campagnes réalisées sur le site
spatiale des THM avait pu être mise en évidence : suivi).
celle-ci augmentait de manière importante (environ
• Site A
multipliée par 2) entre les points de prélèvements
effectués en sortie d’usine et la moyenne des points
en réseau.
Dans le cadre de notre suivi sur les quatre sites, on
retrouve bien une augmentation tout à fait significa-
tive des concentrations en THM entre l’usine et le
réseau. L’analyse statistique le confirme : les concen-
trations en THM en sortie d’usine et sur le réseau sont RC : rechloration.
Figure 3. Schématisation du réseau de distri-
significativement différentes. bution du site A
Site A (n = 3)
De plus, la figure 2 illustre l’évolution des THM en Usine 1 0 0 4 4 5 – – –
fonction du temps de séjour. Cette évolution est bien 2 22 1 1 5 9 14 1,0 2,2 3,2
3 25 1 1 8 9 12 0,9 1,5 2,2
4 36 1 1 9 11 14 1,1 1,9 2,9
TSH : temps de séjour hydraulique.
80 Tableau IV. Évolution aux différents points du réseau A des trihalométhanes
70
(THM) et des ratios réseau/usine
60
TTHM (µg/L)
Site C (n = 5)
Usine 1 0 0 3 5 9 – – –
2 6 0 0 0 12 24 0,0 2,3 3,3
3 100 0 1 15 21 24 2,6 4,4 7,3
4 105 1 1 21 24 26 2,9 5,0 8,1
5 180 1 2 26 32 35 3,8 7,0 12,7
6 195 2 2 26 30 31 3,6 6,3 10,0
7 280 2 3 41 47 54 4,8 10,6 19,2
Site D (n = 5)
Les sites B, C et D ont des filières de traitement simi-
Usine 1 0 0 17 30 43 – – – laires et des THM qui atteignent des valeurs maxi-
2 40 0 1 53 71 83 1,7 2,5 3,2
3 49 0 1 52 62 70 1,6 2,1 3,1
males entre 0 et 83 µg/L alors que le site A, avec une
4 61 0 1 69 69 69 1,8 1,8 1,8 filière haute performance, a des valeurs inférieures à
TSH : temps de séjour hydraulique. 15 µg/L. Dans tous les cas, les concentrations en
Tableau VII. Évolution aux différents points du réseau D des trihalométhanes
(THM) et des ratios réseau/usine THM sur chaque site sont toutes inférieures à la
limite de qualité.
Sur le réseau D, la charge organique un peu plus
élevée conduit à des concentrations en THM en 4.3. Qualité de l’eau
sortie d’usine déjà élevées par rapport aux autres sites.
4.3.1. Matière organique et bromures
On observe une augmentation de ces concentrations
Sur les quatre sites suivis, deux sites ayant des valeurs
entre la sortie d’usine et le point 2 (dans un ratio de
de COT très variables, une hiérarchisation des sites
1,7 à 3,2 pour un TSH estimé de 40 h), puis ces
selon les valeurs de COT dans l’eau distribuée a été
concentrations stagnent sur les deux autres points en
réalisée pour la campagne estivale et comparée à la
réseau. Malgré l’augmentation du TSH entre les deux
campagne automnale.
points du réseau (estimée à environ 20 h), les
concentrations en THM n’augmentent plus. Cela peut Substances COT Substances
COT été
Sites humiques été automne humiques automne
s’expliquer par une formation des THM déjà bien (mg/L)
(eau brute, mg/L) (mg/L) (eau brute, mg/L)
avancée en sortie d’usine : il semblerait que l’on B 2,8 3,1 2,2 1,4
atteigne rapidement le potentiel maximal de forma- D 2,0 1,8 2,3 2,1
C 1,6 1,4 2,2 1,6
tion des THM (figure 2). A 1,2 <1 1,7 <1
Il est intéressant de noter que, dans le cas du site D, Tableau VIII. Évolution été/automne du carbone organique total (COT) moyen
plus la quantité de THM en sortie d’usine est impor- et des teneurs en substances humiques
réalisées sur quelques échantillons, les concentra- routine. Néanmoins, les quelques valeurs obtenues
tions en THM en sortie d’usine et les concentrations montrent une corrélation intéressante.
maximales en réseau ont été représentées en fonction Dans son rapport de 2009, l’INVS a souligné le be-
de la quantité de substances humiques. Il est intéres- soin d’améliorer les connaissances sur la formation
sant de remarquer que, lorsque la quantité de et l’évolution des sous-produits de désinfection par
substances humiques augmente, les concentrations une recherche approfondie des indicateurs de matière
en THM en sortie d’usine et les concentrations organique naturelle.
maximales en THM augmentent.
4.4. Effet des saisons
La proximité maritime du site D et les fortes concen-
trations en bromures se traduisent par des quantités
90
élevées de THM bromés : le pourcentage de bromo- 80
TTHM (µg/L)
50
sites : THM totaux moyens de 25 µg/L pour les sites Site A été Site B été Site C été Site D été
Site A automne Site B automne Site C automne Site D automne
A, B et C contre 53 µg/L pour le site D. De plus, les
THM bromés sont moins volatils. Cela confirme bien Figure 8. Évolution des trihalométhanes (THM) selon les saisons (THM moyen
par saison pour chaque site)
l’impact important des ions bromures dans la forma-
tion des THM.
Sur le site A, aucune variation des concentrations en
4.3.2. Absorbance UV THM n’est significative entre les périodes estivales et
automnales.
En revanche, lorsqu’on représente les concentrations
Sur le site B, la diminution significative des concen-
en THM maximales en réseau, en fonction de l’absor-
trations en THM en fin de réseau en automne pour-
bance UV à 254 nm, on observe que les deux para-
rait s’expliquer par une diminution du COT, mais
mètres évoluent dans le même sens (figure 7). La
surtout une forte baisse de l’absorbance UV et de
corrélation est significative (p < 0,05).
l’indice SUVA.
Cette analyse de l’absorbance UV (qui permet de Sur le site C, l’augmentation significative du COT en
détecter/quantifier la présence de matière organique automne ne se traduit pas par une variation des THM.
humique) reste spécifique et n’est pas réalisée en Cela pourrait être lié au fait que l’indice SUVA n’a
quant à lui pas évolué de manière importante entre
les deux saisons.
Enfin, sur le site D, malgré des valeurs en COT plus
élevées pendant la campagne automnale, les concen-
trations en THM ont très légèrement diminué (sur-
tout les valeurs maximales). Cela montre, comme
pour le site C, l’impact potentiel de l’absorbance UV
et de l’indice SUVA sur les THM.
83
L’évolution des sous-produits de désinfection en réseau d'eau potable
Test de modèle prédictif pour évaluer l’impact des systèmes de distribution sur le comportement des trihalométhanes
L’évolution des sous-produits de désinfection en réseau d'eau potable
Test de modèle prédictif pour évaluer l’impact des systèmes de distribution sur le comportement des trihalométhanes
inconvénients sont récapitulés dans le tableau IX : – l’impact des rechlorations semble relativement
– un modèle très simple permettant d’évaluer unique- faible sur le point situé juste en aval de l’injection de
ment un « potentiel » de formation des THM, soit chlore. Néanmoins, les rechlorations en réseau ont
une évaluation des ordres de grandeur de concentra- statistiquement une influence sur l’ensemble des
tions en THM susceptibles d’être retrouvés en bout points situés en aval ;
de réseau ; – l’impact des substances humiques : plus on élimine
– trois modèles plus complexes permettant d’évaluer cette fraction de matière organique au sein de l’usine
les concentrations en THM en chaque point du de traitement, plus on pourra limiter la formation des
réseau, à partir de données d’entrée plus nombreuses. THM. L’analyse de l’absorbance UV (moins précise,
Certaines données nécessitent un travail spécifique mais plus rapide que l’analyse directe des concentra-
pour les obtenir, notamment le temps de séjour tions en substances humiques) peut servir de premier
hydraulique ou les doses de chlore injectées en usine indicateur de la présence de cette fraction réactive de
(les chlorations étant pilotées au résiduel). la matière organique ;
Parmi ces trois modèles, on en privilégiera deux : – en ce qui concerne la présence des ions bromures,
– le modèle de Montgomery Watson, en l’absence de aucune action préventive ne peut être menée. Néan-
données sur les concentrations en THM en sortie moins, on peut considérer que les sites présentant de
d’usine ; fortes concentrations en ions bromures (supérieures
– le modèle de l’INVS en présence de données sur les à la limite de quantification LQ de 25 µg/L) avec des
concentrations en THM en sortie d’usine. concentrations significatives en matière organique
Néanmoins, il faut noter que ces modèles ne permettent (COT > 1 mg/L), sont des sites à risque.
d’expliquer que 60 % de la variabilité de nos obser-
Cette étude a également permis de retenir quatre
vations en THM. Ces modèles pourront faire l’objet
modèles intéressants, parmi ceux disponibles dans la
d’une validation supplémentaire lors de nouvelles
littérature, pour prédire les concentrations en THM
campagnes de mesures. L’objectif serait de pouvoir
en réseau.
atteindre des coefficients de corrélation R2 d’environ 0,8.
Ils peuvent néanmoins déjà être utilisés sur les sites Toutes les données accumulées au cours des cam-
disposant de toutes les données d’entrée, grâce à pagnes ont aussi permis de développer une première
quelques analyses supplémentaires non incluses ébauche d’un nouveau modèle (le cinquième), qui
actuellement dans les programmes de surveillance présenterait potentiellement des performances pré-
(absorbance UV et bromure notamment). dictives supérieures. Ainsi dans la suite de notre
étude, cinq modèles seront testés pour déterminer le
Conclusions plus pertinent vis-à-vis des données d’entrée et de la
justesse de la prédiction.
Ce travail avait pour objectif de mieux appréhender
l’évolution des THM en réseau, d’identifier les para- Afin de mieux appréhender le risque lié à ces molé-
mètres influents sur ces concentrations et de recom- cules, notamment dans le cadre de l’application des
mander un ou des modèles prédictifs utilisables par démarches de gestion et prévention des risques
les exploitants. sanitaires (méthode HACCP, Water Safety Plans de
En termes de facteurs de risque et d’actions préven- l’OMS, norme ISO 22000), trois solutions peuvent
tives sur la présence des THM dans l’eau, on pourra être utilisées, en parallèle :
retenir : – analyse des THM aux points les plus « à risque » du
– l’impact fort du temps de séjour hydraulique. Ainsi, réseau ;
plus les TSH en réseau sont importants, plus on s’ex- – utilisation des modèles prédictifs afin d’évaluer un
pose à un risque d’augmentation des concentrations ordre de grandeur des concentrations maximales
en THM. Cependant, plus la concentration en THM attendues en réseau ;
est élevée en sortie d’usine, moins elle augmente – identification des paramètres les plus influents sur
ensuite dans le réseau ; la formation des THM afin de piloter leur réduction.
L’utilisation des modèles prédictifs nécessitera quant choisir les points de prélèvements les plus adaptés et
à elle certaines analyses complémentaires de l’eau appliquer les modèles avec des données représen-
en sortie d’usine, notamment l’absorbance UV, ou
tatives du site. Cela nécessite la mise en place de
l’analyse des ions bromures.
Dans tous les cas, une bonne connaissance de l’hy- modèles hydrauliques (type Epanet, Piccolo…) sur
draulique des réseaux est indispensable pour pouvoir les réseaux.
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Résumé
S. GABORIT, D. LENES, L. GUICHOT, A. PONTHIEUX
L’évolution des sous-produits de désinfection en réseau d'eau potable. Test de modèle prédictif
pour évaluer l’impact des systèmes de distribution sur le comportement des trihalométhanes
Les campagnes d’analyses effectuées ont permis mesure de cette fraction (ou de l’absorbance UV)
de mettre en évidence quatre grandes conclusions renseigne sur les valeurs maximales en THM que
vis-à-vis de l’évolution des trihalométhanes (THM) l’on peut attendre en réseau. Ensuite, la quantité de
en réseau de distribution d’eau potable. Tout bromures peut influencer les concentrations et la
d’abord, l’impact important du temps de séjour en spéciation des THM. Pour finir, quatre modèles de
réseau sur la formation de THM. Cependant, plus la la littérature ont été sélectionnés, après des tests
concentration en THM est élevée en sortie d’usine sur les données des campagnes, pour prédire et
moins elle augmente ensuite dans le réseau. De piloter les concentrations en THM en réseau : un
plus, si les rechlorations étudiées ne montrent pas modèle très simple et trois modèles plus complexes.
d’impact important sur l’évolution des THM immé- Deux d’entre eux (Mongomery Watson, 1993 ; INVS,
diatement après la station de rechloration, une 2009) montrent les corrélations les plus perfor-
influence est identifiée sur l’ensemble des points en mantes, mais nécessitent un plus grand nombre de
aval. En ce qui concerne les réservoirs, l’impact des données d’entrée (carbone organique total, absor-
configurations par surverse reste à valider. Par bance UV, bromures, dose de chlore, temps de
ailleurs, une fraction de la matière organique joue séjour hydraulique, et, pour le modèle INVS,
un rôle crucial : celle des substances humiques. La concentrations en THM en sortie d’usine).
A b st ra c t
S. GABORIT, D. LENES, L. GUICHOT, A. PONTHIEUX
The evolution of disinfection by-products in drinking water networks. A predictive model
test to assess the impact of distribution systems on trihalomethanes
The monitoring campaigns carried out made it humic substances. The measurement of this frac-
possible to highlight four main conclusions relating tion (or UV absorbance) gives information about
to the evolution of the thrihalomethanes (THM) in the maximum THM values that can be expected in
drinking water distribution systems (DS). First of the network. Moreover, the quantity of bromides
all, the significant impact of the residence time in can influence the concentrations and the specia-
the DS on THM formation. However, the higher the tion of THM. And last but not least, four models
concentration of THM is at the plant outlet, the less were selected in the literature, after calibrating
its concentration increases in the water distribu- them with data generated during previous campai-
tion network. Even though the studied rechlora- gns, to predict and control THM concentrations in
tions do not show significant impacts on the evolu- distribution systems: one simple model and three
tion of the THM downstream of the rechloration more complex models. Two of them (Montgomery
station, an influence is identified on the overall Watson, 1993; INVS, 2009) show the highest per-
points downstream. Second, with regard to the formances but require more data (TOC, bromides,
tanks, the impact of the overflow configurations chlorine dose, UV absorbance, hydraulic residence
remains to be validated. Third, a fraction of the time while the INVS model requires THM concen-
organic matter plays a crucial role: that of the trations at the outlet of the plant).