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: François Laruelle avec la présentation critique du livre d’Alain Badiou, Le concept de modèle par Franck V…
Chapitre
PRÉSENTATION
Le grand témoin de cette journée a été François Laruelle. Il avait déjà publié un 2
papier dans NSS sur les modèles et la modélisation dans le dossier Academos (2006)
et mis en relation modélisation et philosophie. Dans la même journée, Franck
Varenne a fait une analyse critique de la réédition de l’ouvrage de Badiou sur le
concept de modèle.
Le chapitre qui suit rendra compte de ces deux évènements et les complétera par
une 3
discussion critique à partir de l’ouvrage de François Laruelle, Anti-Badiou. Sur
l’introduction du maoïsme dans la philosophie, publié en 2012 en français et en 2013
en
anglais. Ce débat montrera les conséquences du refus ou de l’usage de modèle
dans
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Stade et seuil dans ma recherche, cette idée a pris plusieurs années d’élaboration.
J’ai 6
accentué de plus en plus l’aspect quantique ; ce type de science a paru adéquat
aussi
parce que ses objets ne sont pas des objets, mais des états ou des opérateurs. Il
s’agit
d’un passage à un autre ordre de catégories : le formalisme matérial, la
matérialité
d’une certaine forme algébrique. La philosophie non standard est sortie
en quelque
sorte de cette conférence [3].
normalisation
des études par la lecture et le commentaire sans pensée des
textes (héritage scolaire
de Hegel et de Heidegger) ;
–
le refus de l’envers de sa pratique universitaire, sa décadence
intellectuelle-médiatique et conversationnelle, sa chute dans une doxa sans
droiture, sa fameuse
oblicité s’épanouissant au mieux en transversalité, sa
« torsion » et ses contorsions,
sa marchandisation libérale, sa starisation de
reine déchue offerte à la concupiscence
prostitutionnelle de tous. Tous les
philosophes seraient-ils motivés à divers degrés
par cette nausée, au moins
autant que par l’étonnement ? Sans doute, mais ici on
persiste, maintenant
on insiste, on élabore les moyens d’analyse de ces symptômes.
Plutôt la
stellarisation de la philosophie que sa starisation, plutôt la philosophie
populaire que peopolaire, plutôt une discipline démocratique rigoureuse de
la
pensée que la soupe du « métissage » qui sert de fast-philosophy ; d’une
façon
générale, ni critique par soi de la philosophie ou sa déconstruction, ni
autoritarisme
et ascétisme par privation et soustraction, autocontrôle et
surveillance de soi. La
coupe de la critique ou du style critique a été remplie
à satiété par Derrida ; la
critique a une fonction trop policière en s’aidant de
la logique ou de l’axiomatique
classique, trop normative. Une science de la
philosophie est plus franche, directe et
maîtrise la philosophie non comme
une police interne, garde civile ou tribunal
critique, mais en vue d’en faire
un meilleur usage pour les humains et non pour elle-même. Il faut inventer
maintenant avec Deleuze et, au-delà, pratiquer une
ouverture dans la
philosophie pour la fiction comme pensée. La non-philosophie
utilise
beaucoup d’éléments critiques fournis par la déconstruction, Heidegger et
Deleuze, mais sa destination n’est pas là ; elle est dans l’invention d’une
science
humaine en-dernière-instance de la philosophie, le seul moyen
pour réactiver la
création philosophique, pas pour la tuer, au contraire, il
est nécessaire de détruire
l’autolimitation de la philosophie et de
l’émanciper elle-même. La philosophie a été
l’une des formes de pensée les
plus autosurveillées : cela se paie maintenant d’un
déballage et d’un laisser-
faire médiatique qui augmentent comme jamais son chiffre
d’affaires.
Nombreux sont les philosophes qui ont essayé de dépasser le siècle de la
critique, de « fermer sa parenthèse » comme certains le disent un peu vite,
mais sans
se donner les moyens de sortir des objectifs classiques de ce type
de pensée, comme
si, du coup, la seule issue inévitable était finalement
l’abaissement médiatique et la
seule solution le raidissement de soi ;
à l’opposé, la libre création dans les pensées les plus proches de la philosophie
offre des modèles artistiques (musique sérielle et peinture abstraite pour
prendre les
plus anciennes) et scientifiques (la physique quantique) qui font
d’autant plus
regretter un certain conformisme philosophique. De là le
fantasme d’une libre
création de décisions philosophiques, l’« invention
philosophique », opposée à
l’interprétation et au ressassement des
« positions », à l’art des étiquettes et de la
présentation en rayons ;
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de la
science, de l’art et de la politique avec de la philosophie comme matériau.
L’identité
spécifique des projets théorique, politique, artistique, mystique
pourrait être assurée
par une dévalorisation globale mais contrôlée, une
blessure « chirurgicale »
administrée à la philosophie. C’était davantage que les
fameux « traumatismes » qui
avaient affecté l’homme comme centre du
monde, car cette fois-ci, c’était le monde
et la philosophie qui étaient mis en
cause. De là, les ressources possibles de la gnose,
mais abominées de l’Église.
On avait dès le début identifié la cause de-dernière-instance capable de cette
identité contre les divisions philosophiques sans pouvoir
clairement expliciter
sa nature, c’était l’Homme-en-personne (ou générique),
accompagné du sujet-
Étranger qui lui convient, mais avec lequel il ne se confond
pas. Il ne s’agissait
ni de nier la philosophie par positivisme scientiste ou même par
positivité
scientifique, ni d’admettre sa fin telle que pensée philosophiquement et
qui
par définition est stérile et « suffisante ». Par ailleurs, la confusion était
toujours
possible avec l’un de ces métissages bricolés auxquels la philosophie
se prête par
vocation, quand ce n’est pas avec une pop-philosophy de style
américano-libéral. Peu
nous importaient, d’ailleurs, la vie et la mort de la
philosophie, ces thèmes ne
faisaient pas partie de nos motivations ; une
science ni ne fait vivre ni ne fait mourir
ses objets, et de toute façon, la
philosophie toujours survit en consommant l’un
après l’autre ses servants, elle
est le modèle de la survie de la pensée en milieu hostile.
Mais ce sont justement
tous ces concepts que nous voulions changer, la pensée, le
milieu et l’hostilité.
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J’ai le droit de traiter des problèmes religieux dans cette problématique. Badiou 18
planifie les ordres de réalité, donc il exclut le religieux, en conservant une
hiérarchie
purement philosophique. Mais comme ici la philosophie est une zone
intermédiaire, elle effleure la science et la religion. Même en restant dans la
philosophie, on est obligé d’y inclure au moins par allusion, de manière modérée,
ses extrêmes. Mais il y a aussi deux niveaux : la philosophie se pense à peine
comme
intermédiaire, sauf quelques tentatives de suturer science et religion. La
philosophie est tournée soit vers la science, soit vers la religion, mais toujours dans
le cadre de la philosophie. C’est la non-philosophie qui la fait voir comme zone
intermédiaire et qui s’étend abusivement sur ses deux bords. L’art et la technologie
sont plus proches de l’activité philosophique elle-même. La science et la religion
sont des extrêmes. (Laruelle, 18 juin 2007.)
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Que dit l’ensemble de ce schéma ? Il s’agit de science et de religion, mais non pas 20
positives ou positivistes ; elles permettent une analyse de la philosophie dans ses
fonctions et dimensions principales. Ce n’est pas tout à fait une analyse, mais une
« dualyse », qui rapporte chacun des termes de la triangulation à une « dernière
instance » plus réelle et ne les combine plus à la façon d’une dialectique ou d’une
topologie, mais les conjugue dans une matrice. La non-philosophie générique n’est
pas une science positive ni une philosophie des sciences.
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La modélisation
La philosophie n’est plus modélisée par elle-même et pour elle-même, mais dans
des 27
relations construites avec une autre discipline, elle est « paramétrée », mais aussi
modélisée. Il s’agit d’introduire dans la philosophie un modèle scientifique, rendu
générique, ici, la quantique, qui permet de faire usage des notions de matrice (pour
traiter sciences et philosophie comme variables), de superposition (pour tenir
compte de l’ondulatoire comme hétérogénéité virtuelle de type algébrique), de non-
commutativité (pour rendre compte de l’ordre).
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Il faut une science de la philosophie, pas une simple théorie, ce qui implique 29
l’introduction d’un modèle scientifique pour cette science (mathématiques,
physique). La science comme modèle pour la philosophie n’est ni scientifique ni
philosophique : une science peut servir de modèle, mot assez incertain, le sens du
mot modèle est ambigu. La science peut fonctionner comme modèle de la
philosophie et non pas modèle corrélatif d’une science, c’est une zone intermédiaire,
modèle de science qui fonctionnerait comme modèle de type philosophique de la
philosophie. Le modèle est une forme des liens entre science et philosophie, il faut
qu’il y ait un milieu qui permette ce type de rapport, sinon, c’est rater l’essentiel de
la
philosophie. Mais il faut aussi dépasser ce stade intermédiaire, trouver une
matrice
qui permette de mettre en rapport réciproque la science et la philosophie
afin de
justifier qu’il y ait une prise scientifique sur la philosophie, sous peine de
réduction
positiviste de la philosophie. On est obligé de dépasser ce sens
intermédiaire de
modèle, mi-scientifique mi-philosophique, vers un milieu, un
élément, un plan,
fondé sur la coopération égale d’une science et de la philosophie.
Dans une matrice, les problèmes théoriques se traitent comme des propriétés de 30
phénomènes et des propriétés susceptibles d’entrer dans une matrice. Le principe de
ce traitement matriciel est qu’on suspend les rapports classiques de domination
entre les deux variables. Il ne s’agit ni de philosophie des sciences, ni de science
positive de la philosophie. Sciences et philosophies ne sont plus livrées à elles-
mêmes, à leur propre finalité respective, mais sont considérées comme de purs
moyens, ce sont des forces productives de la pensée. On « désuture » science et
philosophie, en tout cas leurs rapports classiques. La formule de la matrice
générique est élaborée à partir du modèle marxiste de la fusion des forces
productives et des rapports de production sous les rapports de production, mais elle
ne s’y réduit pas.
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La matrice générique, c’est une quantique qui a acquis une sorte de valeur 32
philosophique sans être une philosophie, et acquis une fonction quasi réflexive sans
sujet réflexif. Tout tient à la fusion, comme dit Marx. La philosophie y est un
contenu
représentationnel qui fait l’unité de tous les énoncés non positifs, mais ces
représentations sont neutralisées, elles ne sont plus codéterminantes du réel virtuel.
Le mascroscopique joue un rôle secondaire, juste celui d’une occasion. L’occasion
est
la forme de causalité qui met en relation les contenus du monde et le réel de la
Dernière Instance. Tout ce qui est extérieur à la philosophie agit comme une relance
ou activation de la dernière instance. Ce n’est pas la modélisation mais la
chiquenaude extérieure. Pour l’immanence radicale(onde), il faut ménager une
impulsion extérieure, conformément à la dualité onde/particule. La détermination-
en-dernière-instance est à peine une causalité, elle est plutôt une condition sous-
détermination, ce qui la distingue de Marx. Le « sous » de la sous-détermination,
chez Laruelle sans doute, vient de Marx : « sous les rapports de production » ; mais
le
« sous » est une surdétermination des forces productives et des rapports de
production par les rapports de production (sous l’idéologie, les rapports sociaux).
Tandis que chez Laruelle, le « sous » est un agir ou une détermination par la pensée
quantique, détermination qui enlève quelque chose à la surdétermination
philosophique. C’est l’unité de la science et de la philosophie sous les forces
productives, mais ce n’est pas un économisme, les forces productives (la quantique)
abaissent ou dépotentialisent les rapports de production (la philosophie). Le « sous »
est l’agir même de la détermination générique.
L’interdisciplinarité
L’interdisciplinarité est de droit, mais assurée de manière complexe par la matrice 33
générique qui conjugue deux savoirs : elle n’est plus externe et positive comme dans
un laboratoire ou dans la « cité scientifique », ni interne comme dans l’auto-
philosophie. Elle suppose une combinaison du philosophique avec une science
particulière « sous » cette science. Cela suppose que chaque discipline se défasse de
ses prérogatives. Il ne s’agit plus de passer d’une discipline considérée comme
principale pour un problème à d’autres disciplines, comme on le fait habituellement
dans les schémas de pluri-, inter- ou transdisciplinarité, mais plutôt d’une
démocratie des disciplines, philosophie comprise, que l’on traite de façon
matricielle. La formule en serait la multiplication des concepts philosophiques et
des
concepts scientifiques comme propriétés d’un objet particulier = X, mais
affectée par
un nombre complexe ou imaginaire fondamental pour la quantique ; ou
encore si
l’on appréhende le « transcendantal » (T) comme concept spécifique ou
central de la
philosophie, et les connaissances scientifiques formalisées
quantiquement (K
comme Knowledge), comme T × K sous K. C’est une immersion
de la philosophie
dans les connaissances scientifiques, immersion qui intéresse
fondamentalement
les sujets comme humains.
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Introduction
« C’est parce qu’il est vraiment de son temps, les années 1960, que ce petit livre peut 42
être du nôtre. » L’avant-dernière phrase de la préface qu’Alain Badiou vient d’écrire
à
l’occasion de la réédition (2007) du Concept de modèle soutient une thèse forte et
provocante, celle de l’actualité persistante de cet ouvrage critique d’abord paru en
1969.
Par là, son auteur interpelle la communauté actuelle des modélisateurs et des 43
épistémologues des modèles et leur lance le défi de montrer que les accusations
d’idéologie qu’il déployait il y a presque quarante ans ne sont plus valables pour les
formes actuelles de modélisation. On y trouvait déjà notamment une forte critique
des approches interdisciplinaires fondées sur la modélisation. Or, à l’heure actuelle,
il est plus que jamais question d’approches mixtes, systémiques, interdisciplinaires,
cela du fait même de l’évolution des objets (systèmes complexes,
anthroposystèmes…), de l’évolution de la demande sociale et des problèmes qu’elle
soulève en priorité (coordination des expertises pour la résolution de problèmes
concrets, renouvellement corrélatif de la recherche-action…), mais aussi de la mise
à
disposition d’outils à fonction d’intégration (ordinateurs, langages de
multimodélisation ou métamodélisation, plates-formes informatiques…).
Cependant,
donc, dès 1969, Badiou semblait condamner de tels développements
futurs : que
doit-on en penser aujourd’hui ?
Mon objectif ici est limité et, en quelque sorte, préparatoire. Il est de revenir 44
essentiellement sur les arguments principaux de ce livre en permettant une
interrogation sur sa pertinence à l’heure où la pratique de modélisation se diversifie
encore et où certains de nos collègues manifestent un nouveau scepticisme, sans
doute en partie légitime, à l’égard de ce qui peut apparaître comme une tendance
au
« tout-modélisation » et à l’interdisciplinarité forcée. Pour ce faire, je reviendrai
d’abord succinctement sur le contexte dans lequel ce livre a vu le jour, puis je me
pencherai sur les thèses clés qu’il déploie.
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La théorie marxiste elle-même reste une pratique du tout social en tant qu’elle 49
travaille sur des concepts donnés par d’autres pratiques. À ce titre, elle s’affronte à
l’idéologie et tend en dernière instance à se substituer à elle comme véritable
idéologie. Concernant les modèles, Althusser affirmait ainsi que :
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Badiou entreprend de montrer que Quine, et avec lui toute forme d’alternative
à 53
Carnap, n’est que l’envers infiniment différencié de Carnap. En réalité, même si
je ne
peux le montrer ici, Badiou ne peut faire cette démonstration qu’en occultant
les
travaux antérieurs de Ernst Nagel, Max Black, Mary Hesse ou Peter Achinstein
qui,
loin de se réduire à l’approche globale et théorique de Quine, avaient tous
souligné –
et montré par d’innombrables exemples – le rôle éventuellement abusif
des modèles
en même temps que la grande variété de leurs fonctions épistémiques.
Je ne peux
que renvoyer ici à la recension critique qu’en fit Pierre Thuillier (1969)
dans la revue
Atomes et qui n’a aujourd’hui rien perdu de son actualité.
De cette généralisation, Badiou (1969, p. 48) tire en tout cas une thèse forte :
« Les 54
sciences forment un système discret de différences articulées », tandis que « les
idéologies [forment] une combinaison continue de variations ». La condamnation
de
l’interdisciplinarité en est une conséquence inévitable : elle ne peut être qu’une
invention d’épistémologue qui insère de l’idéologique néfaste dans du scientifique.
–
thèse 1. Le terme de « modèle » a deux instances épistémologiques : (1) c’est 57
une notion descriptive de l’activité scientifique ; (2) c’est un concept de la logique
mathématique. Or une notion est une unité du discours idéologique alors qu’un
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concept est une unité du discours scientifique. Quant à la catégorie, c’est une
unité
du discours philosophique ;
–
thèse 2. Quand l’instance (2) sert de support à (1), on a un recouvrement
idéologique de la science, c’est-à-dire une catégorie philosophique : celle de
modèle.
Reste à savoir si ce recouvrement idéologique favorise un rapport
bénéfique avec le
concept scientifique de modèle, ou bien, au contraire, si
l’épistémologie bourgeoise
de la science comme représentation et production de
représentations se fige
irrémédiablement dans cette pratique idéologique
qu’autorise la catégorie
philosophique ;
–
thèse 3. « La tâche de la philosophie » est de distinguer un usage asservi
(aliéné) et un usage « positif » qui se reconnaît à ce qu’il est investi dans LA
théorie
de l’histoire des sciences (la vraie : le matérialisme historique). Un usage
de la
catégorie est positif si le modèle y est comme un « adjuvant transitoire
destiné à son
propre démantèlement ». On a un « usage purement idéologique du
mot modèle »
(Badiou, 1969, chap. 4), en revanche, quand on affirme, comme
Lévi-Strauss
(1958), que la science est une « connaissance par modèles ». Ainsi,
« pour
l’épistémologie des modèles, la science n’est pas un procès de
transformation
pratique du réel, mais la fabrication d’une image plausible ».
Place est faite à
l’idéologie car, « image portative, le modèle unifie extérieurement
une politique
économique, la légitime et occulte sa cause comme sa règle »
(Badiou, 1969, p. 57).
D’où le lien avec le stade du miroir de Lacan (1949) où le réel se fait image et se
croit 58
déjà pris en vue – surpris – dans l’imaginaire et semble miraculeusement
incarné
dans le miroir :
figuration d’un rapport extérieur entre les sciences et le réel. Mais la distinction
syntaxe/sémantique fonctionne conceptuellement en théorie logique ou
mathématique
des modèles, alors qu’elle fonctionne seulement notionnellement en
épistémologie des
modèles. Là est précisément le lieu d’insertion de l’idéologique
dans
l’épistémologique : à savoir dans cet usage fallacieux d’une pratique
expérimentale et
conceptuelle monodisciplinaire ferme et établie pour se figurer la
pratique des
modèles dans les sciences non purement formelles.
Tout le travail du texte de Badiou va, à partir de là, consister à tâcher de bien
nous 62
rendre claire la nature interne et conceptuelle de ce rapport entre syntaxe et
sémantique dans le domaine de la théorie mathématique des modèles. Ce que ne
perçoivent pas les idéologues tenant des épistémologies des modèles, c’est « que les
critères de la syntaxe pertinente relativement à un modèle donné ne sont pas laissés
à l’arbitraire des ressemblances », et que « ce sont des propriétés théoriques »
(Badiou, 1969, p. 78) décidées en interne.
La didactique est orientée vers une sorte de propagande pour l’écriture formelle, 64
tenue pour la scène où se joue la vérité des concepts.
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Badiou utilise dans ce cadre la célèbre formule de Bachelard selon laquelle les 66
instruments scientifiques sont des « théories matérialisées » (Badiou, 1969, p. 125).
Mais par un subtil glissement, il l’acclimate aux mathématiques. Ce qui revient à
dire que les systèmes formels axiomatiques sont, comme les instruments de la
physique, des théories mathématiques matérialisées. Ce faisant, il semble
s’accommoder fort bien d’un renversement du rapport formel/matériel en un
rapport matériel/formel assez semblable à celui dont il avait préalablement accusé
les empiristes logiques de s’y livrer subrepticement.
Comme ce fut le cas pour le signifiant tel que conçu par Lacan (même si Badiou se 67
départira de cette référence directe par la suite : cf. Badiou, p. 26-27), c’est dans
l’écriture mathématique, à savoir dans la matérialité de ces inscriptions
symboliques,
que Badiou affirme dans un deuxième temps reconnaître la matérialité
des marques de
l’instrument expérimental propre aux mathématiques. Pour Badiou,
en dernière
analyse, c’est cette matérialité de l’écriture réglée du système formel qui
la constitue de
fait en instruments, c’est-à-dire la fait entrer dans la catégorie
d’instrument : les
machines déductives matérielles que sont les ordinateurs en sont
l’illustration patente.
Une question demeure pour le lecteur : cette catégorie
transdisciplinaire
d’« instrument matériel » ne devient-elle pas à son tour le
symptôme d’un plaquage et
d’une extension indue, donc une simple notion
développant la mauvaise idéologie ?
pratiquée et
un rapport d’extériorité extérieurement imposé, car en partie
déterminé par des intérêts de classe. Ce rapport extérieurement imposé est
idéologiquement déterminé car
déterminé artificieusement à partir de figurations
naïves de la science puis du réel,
figurations non théoriquement déterminées ni
communément mises en pratiques ou
soumises à pratiques dans le cœur d’une
activité théorique contrôlée par des instruments à la matérialité avérée et vérifiante :
C’est parce qu’il est lui-même théorie matérialisée, résultat mathématique, que le 72
dispositif formel peut entrer dans le procès de production des connaissances
mathématiques ; et dans ce procès, le concept de modèle ne désigne pas un dehors
à formaliser, mais un matériau mathématique à éprouver. (Badiou, 1969, p. 133.)
Comme dans tous les iconoclasmes épistémologiques, c’est ici la pratique qui
finit 75
par être consacrante, puis consacrée (par l’épistémologue). Mais on peut dire
que
c’est une pratique fermée et exclusive. Ce n’est pas celle des pragmatismes
anglo-
saxons : pour Badiou, la pratique sécrète sa propre production et consacre
ensuite
rétroactivement ses propres produits pour créer des frontières, en toute
liberté, mais
à l’intérieur d’elle-même. Ce modèle de la liberté mathématique auquel
la préface
de 2007 (p. 20 et 22) rend encore hommage est celui d’une liberté très
surveillée,
résolument cartésienne en ce sens.
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Le débat entre ces deux philosophes concerne l’usage orienté politique des 81
mathématiques ou de la physique. Dans l’Anti-Badiou. Sur l’introduction du
maoïsme
dans la philosophie (2012 pour la version française et 2013 pour la version
anglaise),
Laruelle montre que Badiou fait des mathématiques un usage pour la
« rééducation »
de la philosophie. Cela tient au fait que le transfert de la théorie des
ensembles
comme ontologie dans la philosophie se fait tel quel, sans
transformation, dans un
usage autonyme.
Badiou choisit, comme les classiques, une théorie scientifique, la théorie des 82
ensembles dite ZF (l’axiomatique de Zermelo-Fraenkel), complétée par la méthode
de forcing de Paul Cohen, et la met en lieu et place de l’ontologie. La théorie des
ensembles est traitée comme un absolu. C’est une partie des mathématiques qui est
transférée dans la philosophie. Ce geste fait système avec l’idée que les modèles sont
extérieurs à la philosophie et que, s’ils ne sont pas des interprétations vraies des
systèmes formels, ils sont des représentations et de l’idéologie. C’est une pièce des
mathématiques qui va permettre d’éviter l’idéologie dans la philosophie.
Selon Badiou, ce n’est pas la philosophie qui produit des vérités, mais quatre 83
procédures génériques, la science, les arts, la politique et l’amour. Ces procédures
sont génériques parce qu’elles partent des multiplicités, qui sont elles-mêmes
multiplicités de multiplicités, dépendantes de l’ensemble vide, et ne peuvent être
rassemblées dans une unité qu’arbitraire et contingente. Or la véritable histoire est
celle des vérités éternelles, qui se donnent comme évènements (et non comme faits).
Laruelle au contraire réduit les disciplines, les traite sous forme de variables, et
pour 84
cela les modélise, philosophie comprise. Chacune de ces variables a subi un
traitement. La philosophie ne se connaît pas elle-même, mais les théories
scientifiques ne seront pas utilisées comme fondement, transformées à leur manière
par les instruments de la philosophie. L’épistémologie change alors de régime, elle
doit se transformer en non-épistémologie ou épistémologie générique. Plutôt que de
faire un discours philosophique sur une science particulière, on en extrait des
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concepts fondamentaux que l’on réduit et réintroduit dans une autre logique
disciplinaire. C’est une procédure qui se trouve sous une première forme déjà chez
Kant, dans un court texte fondamental qui préfigure les Critiques, Essai pour
introduire en philosophie le concept de grandeur négative (1763), qui modifie très
profondément les parallélismes classiques entre science et philosophie. Cette
extraction de concept fait changer d’échelle l’épistémologie, car elle ne porte plus
directement sur les sciences. Extraire les concepts de superposition ou
d’idempotence ne consiste pas à avoir un discours sur la mécanique quantique ou
sur l’algèbre. Inversement, la connaissance d’un bout d’algèbre ou de quantique ne
vous garantit pas un concept de « science », comme on le suppose presque toujours
en épistémologie, en mettant une continuité entre épistémologie et histoire des
sciences, en raisonnant sur des exemples historiques. Le raisonnement que l’on peut
tirer de Laruelle est différent : il y a de l’épistémologie, il y a de l’histoire des
sciences,
et il est possible de construire des interactions riches entre elles qui ne font
pas de la
mécanique ou de la physique le fondement historique des sciences. Les
continuités
entre histoire et épistémologie ont été très importantes à un moment de
la
philosophie des sciences, il importe de construire de nouvelles relations entre
l’une
et l’autre en supposant que la seconde n’est pas dans la continuité de la
première. Ce
ne sont plus les exemples historiques qui sont itérés, mais les
disciplines comme
variables dans des dispositifs matriciels, itérations qui précisent
la connaissance des
disciplines par les autres.
Mais que la quantique soit modélisée et non pas transférée fait qu’elle garde
quelque 87
chose de contingent dans le dispositif. L’importance de la quantique est
qu’elle ne
porte plus sur des objets « naturels », mais sur des états et des opérateurs.
Le concept
de superposition permet de réarticuler les savoirs autrement que dans
des
continuités supposées données, l’idempotence de comprendre l’immanence sous
une forme autre que suffisante, et l’oscillation permise par le nombre imaginaire
font tenir ensemble les superpositions. Ce sont autant de transformations de la
philosophie des sciences et de l’épistémologie. Ces réarticulations donnent un tout
autre concept de l’interdisciplinarité. Plutôt que de prendre les conjonctions de
disciplines suffisantes, on peut superposer des matériaux de l’une des disciplines
réduite en modèles empiriques et les superposer à une autre. C’est ainsi que Laruelle
reconstruit par exemple l’« esthétique » dans Photo-fiction, une esthétique non-standard
(2013) ou par exemple comme « expériences de pensée » dans From
Decision to Heresy.
Experiments in Non-Standard Thought (Laruelle, 2012c).
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–
la matrice de mise en jeu des disciplines au sein desquelles la philosophie tient 94
la
même place que les autres disciplines tout en étant indispensable à l’extraction
des
savoirs générés par la matrice ; la rencontre générique – et le bon moment de
la
rencontre. Les données génériques demandent une nouvelle biologie ;
–
la biologie générique ne pouvant exister, la série de disciplines de la biologie
ne
peut être liée par une autre discipline ou une nouvelle, la liaison se fait par le
milieu de la science générique. La philosophie à la fois alimente et contraint ce
milieu,
en posant une frontière et une exigence, et elle devient alors
indispensable et peut
soutenir le déroulé des implicites (la part de l’homme) qui
fondent en partie les
algorithmes et les modèles utilisés pour appréhender le
déluge de données ;
–
la modélisation, qui n’en peut plus de son statut d’outil pour les biologistes,
pourrait trouver sa véritable nature dans ce mi-lieu ou ce lieu.
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CONCLUSION
La vision d’une philosophie survolant les sciences ou parallèle à elles n’est plus 98
suffisante. Pour la prise en compte des sciences contemporaines, il y a maintenant
de nombreux essais philosophiques et épistémologiques qui changent la nature des
relations entre philosophies et sciences. Citons en français le livre de Léo Coutellec,
De la démocratie dans les sciences. Épistémologies, éthiques, pluralismes (2013). Mais la
revue Natures Sciences Sociétés a fait également le compte-rendu de trois colloques
(Atlanta, Hambourg, Denton et, à venir, Tübingen) du mouvement international
PIN (Philosophy of/as Interdisciplinarity Network, GeorgiaTech), engagé par
Robert
Frodeman, Michaël Hofmann et Jan C. Schmidt. Quel pourrait en effet être
le sens
d’une interdisciplinarité et d’une modélisation en philosophie ? Quel
changement de
régime philosophique pourraient-elles engager ? Une semblable
question a été posée
concernant l’interdisciplinarité en 2010, 2011 et 2012 par le
Philosophy of
Interdisciplinarity Network à Hambourg (Udo Keller Stiftung Forum
Humanun), à
Denton (North-Texas University) et à Tübingen (Udo Keller Stiftung
Forum
Humanum) : la philosophie de l’interdisciplinarité est-elle un commentaire
philosophique sur l’interdisciplinarité ou l’interdisciplinarité est-elle un régime de
nouvelles pratiques de la philosophie [9] ? De même, on peut imaginer un
commentaire philosophique sur la modélisation, cela existe sous plusieurs formes,
mais la modélisation a-t-elle un rôle dans la philosophie même ? Ces questions
témoignent du fait que la philosophie ne fonctionne plus toujours comme un
horizon pour les autres disciplines et qu’une sorte de redistribution est en train de
se
faire entre les sciences et les philosophies. Cette redistribution n’est pas encore
très
visible, elle se voit d’abord par une résistance aux pratiques classiques de la
philosophie en survol des sciences, mais si nous ne la postulons pas, bien des aspects
des philosophies et des sciences contemporaines ne sont plus compréhensibles, si ce
n’est dans des formes de relativisme dont on commence à voir les limites.
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Notes
[2] Il ne reste aucun enregistrement de cette journée, c’est pourquoi nous nous
appuyons sur les textes qui ont été
prononcés et des témoignages de participants.
[3] Deux ouvrages ont suivi le travail de cette journée : Introduction aux sciences
génériques (2008) et Philosophie non-standard. Générique, quantique, philo-fiction (2010).
[4] En cohérence avec cette déclaration, François Laruelle ne fait pas de citations dans
ses ouvrages. Lorsqu’il se réfère
à un auteur, c’est autour de formules synthétiques.
C’est pourquoi on ne verra pas dans ce chapitre des références
aux auteurs cités
par lui.
[7] C’est un terme de Robert King Merton, repris par Jean Gayon.
Plan
PRÉSENTATION
La modélisation
L’interdisciplinarité
Introduction
Le contexte : la critique de l’idéologie dans les sciences
La critique de l’empirisme logique
Les trois thèses centrales
Conséquences pour les modèles dans les sciences empiriques
Modèle et matérialisme en mathématiques : extériorité construite et extériorité plaquée
Bilan sur les modèles : adjuvants transitoires ou productions symboliques consacrées
Conclusion : à quoi Badiou a-t-il dit non ?
CONCLUSION
Bibliographie
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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donnés à l’ENS en
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Auteur
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Anne-Françoise Schmid
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