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EN CAS DE CRISE
Guide de communication de crise
pour les institutions pour personnes en situation de handicap
Table des matières
Les crises peuvent se développer de manière progressive et prévisible. En règle générale, elles
surviennent toutefois de manière totalement inattendue, provoquent le chaos et mettent
l’institution concernée en état d’urgence.
Les crises suscitent toujours un grand intérêt de la part du public. L’institution concernée subit ainsi
une forte pression en matière de décision et d’action: en situation de crise, les médias, les
autorités, les personnes concernées et leurs proches exigent une prise de position immédiate et
contraignent les responsables à réagir rapidement.
Les crises peuvent avoir de lourdes conséquences pour l’institution concernée (dégât d’image,
perte de crédibilité et de confiance, menace existentielle) et exigent des actions rapides et
réfléchies. La préparation de l’institution et la disponibilité des compétences nécessaires sont par
conséquent déterminantes pour une bonne gestion de la crise.
Il n’est pas rare que les institutions ne soient pas ou insuffisamment préparées à une crise.
Afin qu’une crise ne prenne pas une institution totalement au dépourvu, il s’agit d’identifier assez
tôt les événements (p.ex. accident, incendie, suspicion d’abus) susceptibles de conduire à une
situation critique ou à une crise. Une fois ceux-ci identifiés, l’institution peut développer des
scénarios correspondants ainsi qu’élaborer des check-lists, des messages clés et un catalogue
succinct de questions et réponses (liste de questions délicates et réponses correspondantes).
Il est important, pour l’institution, de mettre en évidence assez tôt une crise naissante et
d’éviter ainsi une escalade (prévention des crises). Cela implique que l’institution reste vigilante
face à des thèmes ou des événements délicats, et suive attentivement leur développement
(monitorage).
Pour qu’une institution puisse maîtriser une situation critique ou une crise rapidement et de
manière crédible, elle devrait s’y préparer dans les périodes calmes et définir à l’avance
l’organisation en cas de crise, les déroulements et les principaux groupes de référence. Ce travail
préparatoire est essentiel et simplifie, en cas de besoin, la gestion globale de la crise.
Une communication de crise ciblée permet à l’institution de calmer la situation, de prévenir les
rumeurs, d’éviter un dégât d’image et de protéger les victimes. Afin d’être bien préparé à la
communication de crise, il est recommandé de définir l’organisation et les déroulements dans
un concept de communication de crise (cf. page 4).
Vous pouvez également exercer la gestion professionnelle des situations critiques – par exemple
dans le cadre de formations professionnelles aux relations publiques ou au moyen
d’exercices pratiques.
Afin que l’institution conserve sa capacité d’action en cas de crise et qu’elle puisse communiquer
rapidement et de manière crédible, définissez aujourd’hui déjà les points ci-après et
communiquez-les à l’interne sous forme d’un concept de communication de crise (y c. check-
list).
¨ Quelles sont les tâches concrètes? Quand et dans quel ordre doivent-elles être
réalisées?
• Toutes les tâches (de la convocation de l’Etat-major de crise à l’information des
médias) et les déroulements sont-ils clairement définis quant à leur teneur et dans le
temps?
• Disposons-nous, pour cela, de check-lists compréhensibles (p.ex. pour les contacts
avec les médias ou l’information des proches/curateurs)?
En cas de crise, l’institution concernée subit une forte pression en matière de décision et
d’action. En l’absence de concept pratique de communication de crise (cf. page 4), cela peut
aggraver considérablement le chaos et compliquer encore la situation. Dans ce cas, il est
particulièrement important de garder son calme et d’agir de manière réfléchie. Ce n’est qu’ainsi
que vous pourrez communiquer rapidement, de manière transparente, crédible et globale.
Si une crise se prépare, ces principes vous aident à vous préparer à la crise concrète (p.ex.
élaborer un message, un catalogue de questions et réponses et un communiqué de presse).
Pas encore,
Oui Non mais bientôt
* Important: respectez dans la mesure du possible l’ordre proposé en page 6. Dans le stress de la crise,
l’accent est souvent mis sur les contacts avec les médias et on oublie les autres groupes de référence. Ceux-ci
doivent toutefois être informés prioritairement ou au moins en même temps que les médias.
ü Garder son calme: ce n’est qu’en gardant la tête froide que l’on parvient à communiquer
clairement. Parler et communiquer calmement est essentiel dans une situation de crise,
notamment face à des questions provocatrices ou suggestives des journalistes. Important:
calmer tous les acteurs et éviter toute agitation.
ü Eviter le stress chronophage: éviter de longs entretiens avec les médias durant la
première phase agitée. En lieu et place, recueillir les appels et les questions entrants,
proposer aimablement de rappeler plus tard et renvoyer au communiqué de presse qui
suivra. Rappeler après avoir envoyé le communiqué de presse. Cela permet d’assurer
l’égalité de traitement des médias ainsi qu’une communication homogène.
ü Ne pas se murer dans le silence: ne pas céder au « pas de commentaire ». Prendre les
critiques au sérieux. Se montrer ouvert et ne pas réagir aux questions des médias en se
fermant ou en les repoussant. Sinon, on court le risque de rumeurs, spéculations et
d’accentuer le scandale. Être conscient que les professionnels des médias ne sont pas vos
ennemis, mais pas non plus vous amis. Restez-en par conséquent aux messages convenus
et au catalogue de questions et réponses (cf. ci-dessous) face aux questions des médias et
ne vous mettez pas à bavarder en toute confiance.
ü Agir plutôt que réagir: informez rapidement et activement en cas de crise, même si tous
les faits et les détails ne sont pas encore connus. Cela prévient les rumeurs et montre que la
crise est reconnue et que sa maîtrise est en cours (cf. également schéma en page 5).
ü Crédibilité plutôt que phrases toutes faites: éviter les déclarations type RP et les
phrases toutes faites ; elles ne sonnent jamais juste. Privilégier une attitude crédible,
humaine et authentique, et communiquer de manière transparente, ouverte, globale et
calme.
ü Communiquer de manière unifiée: s’assurer que toutes les personnes parlant au nom de
l’institution transmettent le même message (parler d’une seule voix). Le catalogue de
questions et réponses (cf. ci-après) sert de base contraignante. Il vous permet de vous
préparer de manière ciblée aux questions des médias. Mieux vous êtes préparé, plus vous
pourrez transmettre vos messages principaux avec précision (cf. point suivant).
ü Définir les messages principaux: formulez les messages principaux de manière univoque
et dans un langage commun. Evitez les termes techniques. Contenu possible:
1. Se montrer consterné (tenir compte des émotions du public, p.ex. indignation,
colère, incompréhension, tristesse, etc. et les prendre au sérieux)
2. Mettre l’accent sur les faits / le cas (étendue des dommages, généralités sur les
victimes, mesures d’urgence et suite des investigations)
3. Regarder vers l’avenir (prochaines démarches)
Fondamentalement, formuler des messages orientés vers l’avenir, de manière orientée
action et solution (ne pas dire «Nous ne savons pas encore ce qui s’est passé», mais
«Nous mettons tout en œuvre pour avoir rapidement une vue d’ensemble de la situation et
comprendre ce qui s’est passé».)
ü Communiquer sur les médias sociaux: s’il existe un compte Facebook ou Twitter,
communiquer de manière proactive et assurer un monitorage.
ü Ligne d’appel directe: évaluer l’opportunité d’une telle ligne pour les victimes et leurs
proches, déterminer qui répond aux appels de collaborateurs*trices, personnes concernées,
proches, etc. inquiets.
ü Informer en continu: une crise ne se traverse jamais en un seul jour. Informer plusieurs
fois et en continu, à l’interne comme à l’externe. Ne pas oublier d’actualiser le site internet.
¨ Miser sur la crédibilité plutôt que sur des phrases toutes faites
¨ Evaluer l’opportunité d’une ligne d’appel directe pour les victimes et leurs proches
¨ Informer en continu
Après la crise est toujours aussi avant la crise. Vous pouvez apprendre de vos erreurs de
communication et les éviter de manière ciblée lors de la prochaine crise. Dans le cadre d’un
débriefing détaillé, il s’agit de discuter et de traiter ensemble les questions suivantes:
ü Qu’est-ce qui s’est bien passé? Et qu’est-ce qui doit être amélioré?
ü Le cercle des groupes de références doit-il être étendu (a-t-on oublié quelqu’un)?
Impressum
Le présent guide a été élaboré en novembre 2017 par INSOS Suisse, en collaboration avec l’expert
en communication de crise Roland Binz (www.rolandbinz.com). Ce dernier a conseillé et soutenu
les institutions bernoises concernées lors du cas d’abus H. S. (2011).