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LÉON PRESSOUYRE.

- FOUILLES DE NOTRE-DAME-EN-VAUX 23

l'autre et datés tous deux de 1532, témoignent d'une égale


virtuosité et leurs rapports de style paraissent évidents. Leur
décor semble l'œuvre d'un même atelier. »
M. P. Jeulin, a. c. n., signale à Nantes une chapelle de
même style. Elle dépend de l'église de l'Oratoire qui abrite
aujourd'hui les Archives départementales. M. A. Chastel,
m. r., rapproche des monuments décrits par M. Vallery-Radot
la célèbre chapelle de Pagny (Côte-d'Or). La riche décora¬
tion de Fleurigny rappelle beaucoup également celle du
château de Chambord. M. M. François, m. r., remarque que
la ressemblance s'étend à la forme de l'initiale F sculptée
à Fleurigny.

M. Léon Pressouyre, a. c. n., rend compte des fouilles du


cloître de Notre-Dame-en-Vaux de Châlons-sur-Marne.
« Les recherches entreprises en 1963, à Châlons-sur-Marne,
par le Service des Monuments historiques, sur l'aire du cloître
disparu de la collégiale Notre-Dame-en-Vaux, ont été excep¬
tionnellement fructueuses1. Des fouilles ont été pratiquées
au nord de l'église, à l'emplacement actuellement occupé
par le presbytère, quelques constructions attenantes et
des jardins ; des traces des fondations du cloître, démoli au
xvme siècle, ont pu ainsi être retrouvées. Le démontage des
murs bâtis avec les matériaux de cette démolition, sur les
lieux mêmes, a restitué des éléments architectoniques et la
majeure partie du décor sculpté de ce cloître du « premier
« art gothique ».
« Une série de trouvailles fortuites avait précédé cette
exploration systématique. Peut-être ne faut-il pas suivre
l'érudit châlonnais L. Grignon2 lorsqu'il refuse toute réalité
à la découverte, signalée en 1833, de statues et de chapiteaux
devant le presbytère3. Dès 1852, en tout cas, lors des travaux
de restauration de l'église entrepris par l'abbé Champenois,

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2. L. Grignon, Description et historique de l'église Notre-Dame-en-Vaux de


Châlons, t. II, Châlons, ThouiUe, 1885, p. 23-26.
3. Annales de philosophie chrétienne, t. VII (1833), p. 328.
24 15 JANVIER 1964

on exhuma un grand nombre de fragments sculptés qui furent


déposés, en 1855, dans une des tribunes de Notre-Dame-
en-Vaux1. Tous ne proviennent pas du cloître, mais les trou¬
vailles furent particulièrement abondantes au nord de l'église,
comme en témoigne un plan inédit de Lassus, conservé
aux Archives des Monuments historiques 2 : la partie occi¬
dentale de l'aire du cloître y est appelée « cour des fragments ».
« La dernière en date des trouvailles fortuites eut lieu en
1937. En procédant à la réfection du mur qui limite au nord
le jardin du presbytère, les ouvriers découvrirent, remployés
dans le soubassement, des fragments de chapiteaux et de
statues-colonnes.
cueillir tous et l'onOnse négligea
débarrassa
malheureusement
délibérément desdeéléments
les re¬

de bases et de colonnes lisses3. Ce n'est qu'en 1961 que


M. Willibald Sauerländer fit connaître cette découverte, à
l'occasion du XXe Congrès international d'histoire de l'Art,
tenu à New-York4. Presque simultanément, Mme Paillard-
Prache y consacrait un article dans les Mémoires de la Société
d' Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de
la Marne5. Pour avoir eu connaissance, dès 1960, des sculp¬
tures châlonnaises et en avoir entrepris l'étude sous les
auspices du regretté Marcel Aubert, j'ai pu dire ici même,

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LÉON PRESSOUYRE. - FOUILLES DE NOTRE-DAME-EN-VAUX 25

le 20 mars dernier, l'intérêt qu'il y aurait à entreprendre une


fouille exhaustive dansCe les
Notre-Dame-en-Vaux. vœuparages
a été entendu.
du cloître
Ma disparu
reconnais¬
de

sance va à M. Perchet qui a bien voulu m'associer aux re¬


cherches, alors qu'il était directeur général de l'Architecture ;
j'exprime ma gratitude à M. l'inspecteur général Jacques
Dupont, à M. Paul Pillet, architecte en chef des Monuments
historiques, ainsi qu'à M. Jean Feray, inspecteur des Monu¬
ments historiques, pour l'attention particulière qu'ils ont
accordée à la campagne de travaux de Châlons.
« Une équipe spécialisée du Service des Monuments histo¬
riques, placée sous le contrôle de M. Pillet, a procédé au
démontage des murs construits avec les matériaux de la
démolition du cloître. Conduit avec une rigueur exemplaire,
ce travail particulièrement délicat a livré plus d'un millier
de fragments de bases, arcatures, chapiteaux et supports
— colonnes lisses, colonnes baguées, statues-colonnes, pi¬
liers sculptés. Les remplois du cloître se trouvaient exclu¬
sivement dans les fondations et dans les assises inférieures
des murs dont la partie supérieure n'était constituée que de
moellons de craie. L'aspect des fragments retrouvés est
d'abord décourageant. Il n'existe pratiquement pas d'élé¬
ment intact ; au reste, la place occupée par ces débris rem¬
ployés ne livre, en général, aucune indication sur leur posi¬
tion primitive : chaque pierre du cloître a été retaillée au
fur et à mesure des besoins des maçons ; les éclats ont été
utilisés, çà. et là, en fonction seulement de leur forme et de
leur grosseur.
« Brisés, épars, les éléments du cloître détruit de Notre-
Dame-en-Vaux peuvent cependant être reconstitués. Le
matériel considérable livré par la démolition des murs s'est
trouvé passablement réduit, car nombre de morceaux, d'appa¬
rence souvent insignifiante, s'ajustent entre eux. Les cassures
sont généralement nettes et franches ; les faces externes des
fragments facilitent ce jeu de puzzle : le décor sculpté des
chapiteaux et des statues-colonnes, les moulures des bases,
les traces d'appareillage des lits, les marques d'outils offrent
un nombre suffisant de repères pour garantir l'authenticité
de tous les raccords. Comme on pouvait s'y attendre, les

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