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Chapitre 1

Polynômes et Fractions Rationnelles

1 Polynômes :

1.1 Notions de base sur les polynômes :

1.1.1 Définition :
On appelle polynôme à coefficients dans K une expression de la forme :

P = a0 + a1 X + a2 X 2 + ... + ak X k + .... = ak X k
k=0

où (ak ) est une suite d’éléments de K nulle à partir d’un certaint rang :
∃ N ∈ N telle que ∀ k ≥ N ak = 0 .

• X est appelée une indéterminée .

• a0 , a1 ... , coefficients du polynôme P .

• L’ensemble des polynômes à coefficients dans K est noté K[X] .

• Si tous les coefficients ak sont nuls, P est appelé le polynôme nul, il est noté 0 .

• Un polynôme de la forme P = a0 avec a0 ∈ K est appelé un polynôme constant .

• Les polynômes comportant un seul terme non nul P = ak X k sont appelés monômes .

1.1.2 Opérations sur les polynômes :

∑ ∑
Soient P = ak X k et Q = bk X k deux polynômes à coefficients dans K .
k=0 k=0
Égalité. On dit que P et Q sont égaux et on note P = Q si
ak = bk pour tout k .

Addition. La somme de P et Q est le polynôme , noté P + Q , défini par :



P +Q = (ak + bk ) X k .
k=0

Multiplication. Le produit de P par Q est le polynôme , noté P × Q , défini par :


∑ ∑
k
P ×Q = ck X k
avec ck = aj bk−j .
k=0 j=0

Multiplication par un scalaire. Si λ ∈ K alors λ.P est le polyôme :



λ.P = (λ ak ) X k
k=0

1.1.3 Propriétés :
Soient P , Q et R des polynômes de K[X] alors :

1. (a) 0 + P = P .
(b) P + Q = Q + P .
(c) P + (Q + R) = (P + Q) + R .

2. (a) 1.P = P .
(b) P × Q = Q × P .
(c) P × (Q × R) = (P × Q) × R .

3. P × (Q + R) = P × Q + P × R .

4. (a) 0 × P = 0 .
(b) P × Q = 0 ⇔ P = 0 ou Q = 0 .

Exemple :

Soient P = 2X 4 − X 3 + 3X 2 + 1 , Q = 3X 3 − 2X 2 + 2 et R = −X 2 + X − 2. Calculer

P (Q − 2R) .
1.1.4 Définition : ( degré d’un polynôme )

Soit P = ak X k un polynôme non nul de K[X] . On appelle degré de P et on note
k=0

deg (P ) , le plus grand entier n tel que an ̸= 0 .


Pour le degré du polynôme nul on pose par convention deg (0) = −∞ .

Soit P = an X n + .... + a1 X + a0 . un polynôme de degré n .

• Le monôme an X n est appelé terme dominant de P .

• an coefficient dominant de P . Notation : coef dom(P ) .

• Si an = 1 on dit que P est un polynôme unitaire .

Exemples :

1. Le polynôme P = 2X 4 − 3X 3 + X − 1 est de degré 4 son terme dominant est 2X 4 et


son coefficient dominant est 2 .

2. Le polynôme P = X 7 + X 2 + 2 est unitaire et deg (P ) = 7 .

3. Le polynôme Pn = (1 − (−1)n )X 5 + X 3 − 2X 2 + X + 1 est unitaire de degé 3 si n est

paire et si n est impaire , P n’est pas unitaire et de degré 5 .

1.1.5 Proposition :
Soient P et Q deux polynômes de K[X] alors :

1. deg (P + Q) ≤ max (deg (P ) ; deg (Q) ) .

Si deg (P ) ̸= deg (Q) alors deg (P + Q) = max (deg (P ) ; deg (Q) ) .

2. deg (P Q) = deg (P )+ deg (Q) .

1.1.6 Définition :
Soint P = an X n + an−1 X n−1 + .... + a2 X 2 + a1 X + a0 un polynôme de K[X] .
on appelle dérivé de P le polynôme , noté P ′ , défini par :

P ′ = nan X n−1 + (n − 1)an−1 X n−2 + .... + 2a2 X + a1


• On définit par récurence le polynôme dérivé k−ième de P , noté P (k) , par :
( )′
P (k+1) = P (k)

Exemple :
Soit P = 2X 5 − 3X 4 + X 3 + 4X 2 − X + 2 alors
P ′ = 10X 4 −12X 3 +3X 2 +8X −1 , P ′′ = 40X 3 −36X 2 +6X +8 , P (3) = 120X 2 −72X +6
P (4) = 240X − 72 , P (5) = 240 et pour k ≥ 6 ; P (k) = 0 .

1.2 Arithmétique des polynômes :

1.2.1 Définition :
Soient A et B deux polynômes de K[X]. On dit que B divise A ou que B est un diviseur
de A ou que A est un multiple de B , s’il existe un polynôme Q de K[X] tel que :

A = B Q.

notation : B | A .

1.2.2 Proposition :
1. Si A ̸= 0 et B | A , alors deg (A) ≥ deg (B) .

2. Si B = b0 ̸= 0 est un polynôme constant, alors B divise tous polynômes A ∈ K[X] .

3. (a) B | A =⇒ B | A C
)
(b) (B | A et B | C alors B | (A + C) .

Preuve :

1. B | A ⇔ il existe un polynôme Q de K[X] tel que :

A = BQ

par suite
≥0
z }| {
deg A = deg (BQ) = deg B + degQ ≥ deg B .
Q
Bz}|{
z}|{ 1
2. On a : A = b0 ( A ) .
b0
3. (a)
(b) B | A ⇔ ∃ un polynôme Q1 de K[X] tel que A = Q1 B
B | C ⇔ ∃ un polynôme Q2 de K[X] tel que C = Q2 B
On aura donc A + C = BQ1 + BQ2 = B(Q1 + Q2 ) par suite B | (A + C) .

Exercice 1 : Montrer que si B | A et A | B alors ∃ une constante c ∈ K tel que A = c B.


On dit alors que les polynômes A et B sont associés .
Solution :
B | A ⇔ ∃ un polynôme Q de K[X] tel que A = Q B.
Il suffit de montrer que Q est un polynôme canstant ⇐⇒ deg (Q) = 0 .
On a : deg A = deg (BQ) = deg B+ deg Q .
d’autre part , B | A =⇒ deg (A) ≥ deg (B) et A | B =⇒ deg (B) ≥ deg (A) , par suite
deg (A) = deg (B) .
On en déduit que deg (Q) = 0 .
[Division Euclidienne]

1.2.3 Théorème ( Division Euclidienne ) :


Soient A et B deux polynômes de K[X] , B étant non nul .
Alors il existe un unique couple ( Q ; R ) de polynômes de K[X] , tels que :

A = BQ + R
et
deg (R) < deg(B)
Le polynôme Q s’appelle le quotient et le polynôme R reste de la division euclidienne de
A par B .

Preuve :
Existance :
on construit, par récurrence, une suite de couples de polynômes (Qn , Rn ) , on posons :

 Q0 = 0

R0 = A
et tant que deg Rn ≥ deg B :

 coef dom(Rn ) deg (Rn )−deg (B)

 Qn+1 = Qn + X
 coef domB



 Rn+1 = Rn − coef domRn X deg (Rn )−deg (B) B
coef domB

Le couple (Qn ; Rn ) vérifie toujours A = BQn + Rn et deg (Rn+1 ) < deg (Rn ) .
( )
Comme la suite des deg Rn n est strictement décroissante, l’algorithme s’arrête au bout
d’un nombre fini d’étapes avec deg Rn < deg B. On prend alors R = Rn et Q = Qn .

Unitité:
Supposons que nous ayons deux couples (Q1 , R1 ) et (Q2 , R2 ) de polynômes tels que :
A = BQ1 + R1 = BQ2 + R2 avec deg R1 < deg B et degR2 < deg B .
Alors
B(Q1 − Q2 ) = R2 − R1 .
Si Q1 ̸= Q2 , i.e. Q1 − Q2 ̸= 0 ⇒ deg (Q1 − Q2 ) ≥ 0 , on aura :
( )
deg B(Q1 − Q2 ) = deg (R2 − R1 ) ≤ max(deg R1 , deg R2 ) < deg B
( )
or deg B(Q1 − Q2 ) =deg B + deg (Q1 − Q2) par suite
deg B + deg (Q1 − Q2) < deg B
d’où une contradiction. On a donc Q1 = Q2 et par suite aussi R1 = R2 .

Exemple :
Division euclidienne de A = 4X 5 − 10X 4 + 6X 3 − 7X 2 + 10X − 3 par B = 2X 3 + X − 1
R0 = 4X 5 − 10X 4 + 6X 3 − 7X 2 + 10X − 3 2X 3 + X − 1
Q0 = 0

On a bien A = BQ0 + R0 , mais on a pas deg (R0 ) < deg (B). On définit alors Q1 et R1

4X 5 − 10X 4 + 6X 3 − 7X 2 + 10X − 3 2X 3 + X − 1

4X 5 + 2X 3 − 2X 2 Q1 = 2X 2
R1 = −10X 4 + 4X 3 − 5X 2 + 10X − 3

On a bien A = BQ1 + R1 , mais on a pas deg (R1 ) < deg (B). On définit alors Q2 et R2

4X 5 − 10X 4 + 6X 3 − 7X 2 + 10X − 3 2X 3 + X − 1

4X 5 + 2X 3 − 2X 2 Q2 = 2X 2 − 5X
− 10X 4 + 4X 3 − 5X 2 + 10X − 3

−10X 4 − 5X 2 + 5X
R2 = 4X 3 + 5X − 3

On a bien A = BQ2 + R2 , mais on a pas deg (R2 ) < deg (B). On définit alors Q3 et R3

4X 5 − 10X 4 + 6X 3 − 7X 2 + 10X − 3 2X 3 + X − 1

4X 5 + 2X 3 − 2X 2 Q3 = 2X 2 − 5X + 2
− 10X 4 + 4X 3 − 5X 2 + 10X −3

−10X 4 − 5X 2 + 5X
4X 3 + 5X −3

4X 3 + 2X −2
R3 = 3X −1

On a A = BQ3 + R3 et deg (R3 ) < deg (B). Le couple (Q3 ; R3 ) convient , par suite le
quotient et le reste de la division euclidienne de A par B sont respectivement les polynômes
Q = 2X 2 − 5X + 2 et R = 3X − 1 .
Exercice 2 : Déterminer le quotient et le reste de la division euclidienne de A par B :

1. A = X 5 − X 4 + 3X 3 − 2X 2 + 6X − 1 et B = X 2 + X + 2.
2. A = 2X 5 + 3X 4 + X 3 − 1 et B = X 2 + X + 1.

Solution :

1.
X 5 − X 4 + 3X 3 − 2X 2 + 6X − 1 X 2 + X + 2

X 5 + X 4 + 2X 3 X 3 − 2X 2 + 3X − 1
− 2X 4 + X 3 − 2X 2 + 6X − 1

−2X 4 − 2X 3 − 4X 2
3X 3 + 2X 2 + 6X − 1

3X 3 + 3X 2 + 6X
− X2 −1

−X 2 − X − 2
X +1

2.
2X 5 + 3X 4 + X 3 −1 X2 + X + 1
− 5 4
2X + 2X + 2X 3
2X 3 + X 2 − 2X + 1
X4 − X3 −1

X4 + X3 + X2
− 2X 3 − X 2 −1

−2X 3 − 2X 2 − 2X
X 2 + 2X − 1

X2 + X + 1
X −2

1.2.4 Proposition :

B diviseA ⇐⇒ le reste de la division euclidienne de A par B est nul.

Exercice 3 :
1. Montrer que le polynôme B = X + 1 divise le polynôme A = X 3 − X 2 − X + 1

2. Déterminer les réels a et b pour que A = X 3 +aX +b soit divisible par B = X 2 +3X −1.

Solution :

1. Effectuant la division euclidienne de A par B :

X3 − X2 − X +1 X +1

X3 + X2 X 2 − 2X + 1
− 2X 2 − X +1

−2X 2 − 2X
X +1

X +1
0

Le reste de la division euclidienne de A par B est nul , par suite B divise A .

2. Effectuant la division euclidienne de A par B :

X3 + aX+ b X 2 + 3X − 1

X 3 + 3X 2 − X+ 1 X −3
− 3X + (a + 1)X +
2
b

−3X 2 − 9 X+ 3
(a + 10)X + (b − 3)

Le reste de la division euclidienne de A par B est donc R = (a + 10)X + (b − 3)


par suite :

B | A ⇐⇒ R = (a + 10)X + (b − 3) = 0 ⇐⇒ (a + 10) = 0 et (b − 3) = 0 ⇐⇒ a = −10 et b = 3

1.2.5 Théorème ( Plus Grand Commun Diviseur ) :

Soient A et B deux polynômes de K[X] non tous deux nuls . Il existe un unique polynôme
unitaire D de plus grand degré qui divise A et B .
D est appelé plus grand commun diviseur de A et B.
notation : D = pgcd(A; B) ou D = A ∧ B .

1.2.6 Propriétés :

Soient A et B deux polynômes de K[X] non tous deux nuls .

1. pgcd ( λA ; B ) = pgcd( A ; B ) .
1
2. Si B | A et B ̸= 0 alors pgcd(A; B) = B où bn est le coéfficient dominant de B .
bn
1
En particulier pgcd(0; B) = B.
bn
3. Si A = BQ + R , alors pgcd(A; B) = pgcd(B; R) .

Ces propriétés justifies l’algorithme d’euclide :


Algorithme d’euclide :
( )
Soient A et B deux polynômes de K[X] deg (A) ≥ deg (B) , B étant non nul .
on construit, par récurrence, une suite de polynômes Rn .
On initialise l’algorithme avec R0 = A et R1 = B .
Le pas de récurrence est décrit par : Tant que Rn ̸= 0 on pose Rn+1 le reste de la division
euclidienne de Rn−1 par Rn . On a alors :
∀ n ; Rn+1 = Rn Qn+1 + Rn+1 et (Rn+1 ) < deg (Rn )
par suite
pgcd(A; B) = pgcd(R1 ; R2 ) = ... = pgcd(Rn ; Rn+1 )
La relation deg (Rn+1 ) < deg (Rn ) assure que ce processus prend fin en un nombre fini
d’étapes :
∃ N ∈ N∗ , tel que RN ̸= 0 et RN +1 = 0
0n a alors
1
pgcd(A; B) =pgcd(RN ; RN +1 ) =pgcd(RN ; 0) = RN
r
où r est le coéfficient dominant de RN .

Remarque:
Si dans l’algorithme d’euclide on trouve comme reste un polynôme constant non nul
alors pgcd(A; B) = 1 .

Exercice 4 : Déterminer le pgcd des polynômes A et B :

1. A = X 5 + X 4 + 2X 3 + X 2 + X + 2 et B = X 4 + 2X 3 + X 2 − 4

2. A = X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 3X 3 + 3X 2 − 2X et B = X 4 − 2X 3 + X 2 − X + 1

Solution :
1. 0n pose R0 = A et R1 = B . Puisque R1 ̸= 0 On cherche le polynôme R2 qui est le reste
de la division euclidienne de R0 = A par R1 = B :

X5 +X 4 +2X 3 +X 2 +X +2 X4 +2X 3 +X 2 −4
X5 +2X 4 +X 3 −4X X −1
−X 4 +X 3 +X 2 +5X +2
−X 4 −2X 3 −X 2 +4
3X 3 +2X 2 +5X −2
On a donc R2 = 3X 3 + 2X 2 + 5X − 2 et pgcd(A; B) =pgcd(B; R2 )
Puisque R2 ̸= 0 , On cherche alors le polynôme R3 qui est le reste de la division
euclidienne de R1 = B par R2 :

X4 +2X 3 +X 2 −4 3X 3 +2X 2 +5X −2


2 5 2 1 4
X4 + X3 + X2 − X X +
3 3 3 3 9
4 3 2 2 2
X − X + X −4
3 3 3
4 3 8 20 8
X + X2 + X −
3 9 9 9
14 2 14 28
− X − X −
9 9 9

14 2 14 28 14 ( 2 )
On a donc R3 = − X − X− =− X + X + 2 et
9 9 9 9
pgcd(A; B) = pgcd(R2 ; R3 ) = pgcd(R2 ; R̃3 = X 2 + X + 2)
Puisque R̃3 ̸= 0 , On cherche alors le polynôme R4 qui est le reste de la division
euclidienne de R2 par R̃3 :

3X 3 +2X 2 +5X −2 X 2 +X +2

3X 3 +3X 2 +6X 3X −1

−X 2 −X −2

−X 2 −X −2

On a donc R4 = 0 par suite :


pgcd(A; B) = pgcd(R̃3 ; R4 ) = pgcd(R̃3 ; 0) = R̃3 = X 2 + X + 2
car R̃3 est unitaire .
2. 0n pose R0 = A et R1 = B . Puisque R1 ̸= 0 On cherche le polynôme R2 qui est le reste
de la division euclidienne de R0 = A par R1 = B :
On trouve A = BQ2 + R2 avec Q2 = X 2 + 1 et R2 = X 2 − X − 1 .
Puisque R2 ̸= 0 , On cherche alors le polynôme R3 qui est le reste de la division
euclidienne de R1 = B par R2 :
On trouve R1 = R2 Q3 + R3 avec Q3 = X 2 − X + 1 et R3 = −X + 2 .
Puisque R3 ̸= 0 , On cherche alors le polynôme R4 qui est le reste de la division
euclidienne de R2 par R3 :
On trouve R2 = R3 Q4 + R4 avec Q4 = −X − 1 et R4 = 1 .
R4 est un polynôme constant non nul par , suite pgcd(A; B) = 1 .

1.2.7 Définition :

Soient A et B deux polynômes. On dit que A et B sont premier entre eux si

pgcd(A; B) = 1 .

1.2.8 Proposition :

Soient A et B deux polynômes. Soit D = pgcd(A; B) . Alors il existe deux polynôme A1


et B1 premier entre eux tels que :

A = D A1 et B = D B1 .

1.2.9 Théorème Bézout :

Soient A et B deux polynômes de K[X] non tous deux nuls . Alors il existe deux polynômes
U et V tels que :

A U + B V = pgcd(A; B) .
(U ; V ) est appelé un couple de Bézout .

Exercice 5 : Déterminer le couple de Bézout des polynômes :


A = X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 3X 3 + 3X 2 − 2X et B = X 4 − 2X 3 + X 2 − X + 1
A = BQ2 + R2 (1)
avec Q2 = X 2 + 1 et R2 = X 2 − X − 1.
B = R2 Q3 + R3 (2)
avec Q3 = X 2 − X + 1 et R3 = −X + 2.
R2 = R3 Q4 + R4 (3)
avec Q4 = −X − 1 et R4 = 1 = pgcd(A; B).
Pour trouver les polynômes U et V il suffit de remonter l’algorithme d’euclide :

pgcd( A ; B ) = R4
(3)
z}|{
= R2 − R3 Q4
(2)
z}|{
= R2 − ( B − R2 Q3 ) Q4
1
z}|{ ( )
= ( A − B Q2 ) − B − ( A − B Q2 ) Q3 Q4

U V
}|
(z ){ (z }| ){
= A 1 + Q3 Q4 + B − Q2 − Q4 − Q2 Q3 Q4 .

On trouve U = −X 3 et V = X 5 + X 3 + X + 1.

1.2.10 Lemme de Gauss :


Soient A ,B et C trois polynômes .
Si A divise B C et A est premier avec B , alors A divise C .

1.3 Racines de Polynômes :

1.3.1 Définition :
Soit A = a0 + a1 X + ... + an X n un polynôme de K[X] .
Soit x0 ∈ K , on appelle valeur de A en x0 , le nombre , noté A(x0 ) , défini par :

A(x0 ) = a0 + a1 x0 + ... + an xn0

Exercice 1 : Soient A = 2 + 3X − X 2 + 5X 3 et B = 3iX 4 − 2X 3 + (1 + i)X 2 + X − 1.


Calculer A(0) , A(i) , B(−1) et B(−i) .
.) A(0) = 2
.) A(i) = 2 + 3i − (i)2 + 5(i)3 = 2 + 3i + 1 − 5i = 3 − 2i
.) B(−1) = 3i(−1)4 − 2(−1)3 + (1 + i)(−1)2 + (−1) − 1 = 3i + 2 + 1 + i − 1 − 1 = 1 + 4i
.) B(−i) = 3i(−i)4 − 2(−i)3 + (1 + i)(−i)2 + (−i) − 1 = 3i − 2i − 1 − i − i − 1 = −2 − i

1.3.2 Définition :
Soit A un polynôme de K[X] .

Un scalaire α ∈ K est dit racine ou zéro de A si A(α) = 0 .

Exemples :

1. Soit A ∈ K[X] un polynôme de degré 1 . A est donc de la forme : A = aX + b avec


b
a ∈ K∗ et b ∈ K . α est une racine de A ⇐⇒ A(α) = aα + b = 0 ⇐⇒ α = − . Un
a
polynôme de degé 1 admet donc une unique racine .

2. Un polynôme A ∈ R[X] de degé 2 admet deux racines si son discriminant ∆ > 0, une
unique racine si ∆ = 0 et n’admet pas de racine si ∆ < 0.

Un polynôme A ∈ C[X] de degé 2 admet deux racines si son discriminant ∆ ̸= 0 et


une unique racine si ∆ = 0

1.3.3 Proposition :
Soit A un polynôme de K[X] . On a l’équivalence suivante :

α est une racine de A ⇐⇒ (X − α) divise A ⇐⇒ A = (X − α) Q .

Preuve :
“ =⇒ “ Supposons que α est une racine de A. Soit Q et R le quotion et le reste de la
division euclidienne de A par (X − α) . On a donc deg R < deg(X − α) = 1 on en déduit
que R = c est un polynôme constant . d’autre part on a :
0 c
z }| { z }| {
A = (X − α)Q + R =⇒ 0 = A(α) = (α − α)Q(α) + R(α) = c .
le reste de la division euclidienne de A par (X − α) est donc nul par suite (X − α) divise
A.
“ ⇐= “ Si (X − α) divise A , alors A = (X − α) Q par suite A(α) = (α − α) Q(α) = 0
Exercice 2 :
Soit A = X 4 + 5X 3 + 9X 2 + 7X + 2.
1. Montrer que −1 est une racine de A .
2. Déterminer le polynôme Q tel que : A = (X + 1) Q .
3. Montrer que −1 est une racine de Q . En déduire que

A = (X + 1)3 (X + 2) .

Solution :
1. A(−1) = (−1)4 + 5(−1)3 + 9(−1)2 + 7(−1) + 2 = 1 − 5 + 9 − 7 + 2 = 0 . donc −1 est une
racine de A .
2. −1 est une racine de A, par suite il existe un polynôme Q tel que : A = (X + 1) Q .

Q est le quotient de la division euclidienne de A par (X + 1).

On trouve Q = X 3 + 4X 2 + 5X + 2 .
3. Q(−1) = (−1)3 + 4(−1)2 + 5(−1) + 2 = −1 + 4 − 5 + 2 = 0

donc −1 est une racine de Q, par suite il existe un polynôme Q1 tel que : Q = (X+1) Q1 .

Q1 est le quotient de la division euclidienne de Q par (X + 1).

On trouve Q1 = X 2 + 3X + 2 . Les racine de Q1 sont −1 et −2 d’ou Q1 = (X + 1) (X + 2)


Conclusion :
A = (X + 1)3 (X + 2) .
.

1.3.4 Définition :
Soient A un polynôme de K[X] et α ∈ K .
Soit k ∈ N∗ . On dit que α est une racine de A de multiplicité k si (X − α)k divise A et
(X − α)k+1 ne divise pas A .
Lorsque k = 1 on dit que α est une racine simple de A , si k = 2 on dit que α est une
racine double de A et lorsque k = 3 on dit que α est une racine triple de A ,.
Lorsque k ≥ 2 on dit que α est une racine multiple de A .

Exemple : −1 est une racine triple de A = X 4 + 5X 3 + 9X 2 + 7X + 2 .


1.3.5 Proposition :
Soient A un polynôme de K[X] et α ∈ K . Alors les assertions suivantes sont équivalentes :

1. α est une racine de A de multiplicité k .

2. Il existe un polynôme Q ∈ K[X] tel que A = (X − α)k Q et Q(α) ̸= 0 .

3. A(α) = A′ (α) = .... = A(k−1) (α) = 0 et Ak (α) ̸= 0 .

Remarque :

1. Soient A un polynôme de K[X] , α ∈ K une racine de A de multiplicité k et Q ∈ K[X]


tel que :
A = (X − α)k Q .

Alors les racines de A autre que α sont les racines de Q .

2. α est une racine multiple de A ⇐⇒ A(α) = A′ (α) = 0 .

Exercice 3 : Montrer que 2 est une racine multiple du polynôme

A = X 5 − 6X 4 + 13X 3 − 14X 2 + 12X − 8

En déduire toutes les racines de A dans K .

Solution :
A(2) = A′ (2) = A′′ (2) = 0 et A′′′ (2) = 30 ̸= 0 par suite 2 est une racine de A de multiplicité
3.
Il existe donc un polynôme Q ∈ R[X] tel que A = (X − 2)3 Q et Q(2) ̸= 0 .
Q est reste de la division euclidienne de A par (X − 2)3 = X 3 − 6X 2 + 12X − 8 . On trouve

Q = X2 + 1 .

Les racines du polyôme A autre que 2 sont les racines de Q , or Q n’admet pas de racines
sur R et admet i et −i comme racines simples dans C .
Conclusion :
2 est l’unique racine de A sur R et elle est de multiplicité 3 .
Les racines de A sur C sont 2 de multiplicité 3 , i et −i des racines simples .
1.3.6 Théorème : de d’Alembert Gauss
Tout polynôme à coefficients complexe de degré ≥ 1 a au moins une racine dans C .
Il admet exactememt n racines dans C , si on compte chaque racine avec multiplicité .

1.3.7 Proposition :
Soit A un polynôme de R[X] de degré ≥ 1 .
Si α = a + ib (b ̸= 0) est une racine complexe de A de multiplicité k , alors ᾱ est une racine
complexe de A de même multiplicité .
Il existe donc un polynôme Q de R[X] tel que :

( )k ( )k
A = (X − α) (X − ᾱ) Q =
k k
(X − α) (X − ᾱ) Q = X 2 − 2Rel(α) X + |α|2 Q
Exercice 4 :
On considère le polynôme A = X 6 − 4X 5 + 7X 4 − 4X 3 − 4X 2 + 8X − 4 .
1. Montrer que 1 + i est une racine de A et préciser son ordre de multiplicité .
2. En déduire que A = (X 2 − 2X + 2)2 Q , où Q est un polynôme de R[X] que l’on
déterminera .
Solution :
1. On a : (1 + i)2 = 2i , (1 + i)3 = −2 + 2i , (1 + i)4 = −4 , (1 + i)5 = −4 − 4i et
(1 + i)6 = −8i .
A((1 + i)) = −8i + 16 + 16i − 28 + 8 − 8i − 8i + 8 + 8i − 4 = 0
A′ = 6X 5 − 20X 4 + 28X 3 − 12X 2 − 8X + 8 par suite A′ ((1 + i)) = 0
A′′ = 30X 4 − 80X 3 + 84X 2 − 24X − 8 par suite A′′ ((1 + i)) = 8 − 16i ̸= 0
Donc 1 + i est une racine double de A .
2. A est un polynôme de R[X] donc 1 + i est aussi une racine double de A , il existe donc

un polynôme Q de R[X] tel que :


( )2 ( )2 ( )2
A = X − (1 + i) X − (1 + i) Q = = X 2 − 2 X + 2 Q
Q est le quotient de la division euclidienne de A par
( )2
X2 − 2 X + 2 = X 4 − 4X 3 + 8X 2 − 8X + 4 , on obtient :
Q = X2 − 1
1.3.8 Théorème :
Soit A un polynôme de K[X] de degré ≥ 1 . Alors A admet au plus n racines dans K .

1.3.9 Définition :
Un polynôme A de degré ≥ 1 est dit irréductible dans K[X] Si ses diviseurs sont les
polynômes canstants et les polynômes associés à A .

1.3.10 Proposition :
1. Les polynômes irréductibles de C[X] sont les polynômes de degé 1 .

2. Les polynômes irréductibles de R[X] sont les polynômes de degé 1 et les polynômes
de degé 2 à discriminant strictement négatif .

1.3.11 Théorème : Décomposition en facteurs irréductibles sur C[X]


Tout polynôme non constant A de C[X] s’écrit :

A = an (X − α1 )k1 (X − α2 )k2 ... (X − αr )kr

• an est le coefficient dominant de A .

• α1 , α2 ... αr les racines distinctes de A et k1 , k2 , ... kr sont leurs multiplicités

1.3.12 Théorème : Décomposition en facteurs irréductibles sur R[X]


Tout polynôme non constant A de R[X] s’écrit :
[ ][ ]
A = an (X − α1 )k1 ... (X − αr )kr (X 2 + βl1 X + γl1 )l1 ... (X 2 + βls X + γls )ls .

• an est le coefficient dominant de A .

• α1 , α2 ... αr les racines distinctes de A et k1 , k2 , ... kr sont leurs multiplicités

• X 2 + βli X + γli sont des polynômes a discriminants strictement négatif .


Exemple :
Le polynôme A = 2 X 2 (X − 1)3 (X 2 + X + 1)2 (X 2 + X − 2)2 n’est pas décomposé en
facteurs irréductiples dans R[X] car X 2 + X − 2 est réductible dans R[X], il admet 1 et
−2 comme racines réelles . X 2 + X + 1 est irréductible dans R[X] ses racines sont

2iπ 1+i 3
j=e 3 = et j̄ .
2
Par suite la décomposé de A en facteurs irréductiples s’écrit :

• dans R[X] : A = 2 X 2 (X − 1)3 (X − 1)2 (X + 2)2 (X 2 + X + 1)2 .

• dans C[X] : A = 2 X 2 (X − 1)3 (X − 1)2 (X + 2)2 (X − j)2 (X − j̄)2 .

Exercice 5 :
Trouver les nombres a , b et c pour que le polynôme

A = X 7 − 2X 6 + 2X 5 − 3X 4 + 3X 3 + aX 2 + bX + c

admette 1 comme racine triple, puis factoriser A dans R[X] puis dans R[X] .
Solution :

• 1 est une racine triple de A ⇐⇒ A(1) = A′ (1) = A′′ (1) = 0 et A′′′ (1) ̸= 0 .
A(1) = 1 + a + b + c .
A′ = 7X 6 − 12X 5 + 10X 4 − 12X 3 + 9X 2 + 2aX + b =⇒ A′ (1) = 2 + 2a + b .
A′′ = 42X 5 − 60X 4 + 40X 3 − 36X 2 + 18X + 2a =⇒ A′′ (1) = 4 + 2a .
A′′′ = 210X 4 − 240X 3 + 120X 2 − 72X + 18 =⇒ A′′′ (1) ̸= 0 .

 1 + a + b + c=0
Par suite 1 est une racine triple de A ⇐⇒ 2 + 2a + b =0 ⇐⇒ a = −2 , b = 2 et c = −1 .

4 + 2a =0
• 1 est une racine triple de A ⇐⇒ A = (X − 1)3 Q , où Q est le quotion de la division
euclidienne de A par (X −1)3 = X 3 −3X 2 +3X −1 On trouve Q = X 4 +X 3 +2X 2 +X +1 .
Par suite :
A = (X − 1)3 (X 4 + X 3 + 2X 2 + X + 1)
( )
= (X − 1)3 (X 4 + X 3 + X 2 ) + (X 2 + X + 1)
( )
= (X − 1)3 X 2 (X 2 + X + 1) + (X 2 + X + 1)
= (X − 1)3 (X 2 + 1)(X 2 + X + 1)
Les racines de X 2 + X + 1 sont j et j̄ et les racines de X 2 + 1 sont i et −i .
Donc la décomposé de A en facteurs irréductiples s’écrit :
• dans R[X] : A = (X − 1)3 (X 2 + 1) (X 2 + X + 1) .
• dans C[X] : A = (X − 1)3 (X − i) (X + i) (X − j) (X − j̄) .

Exercice 6 :
2iπ
Soit A = (X + 1)7 − X 7 − 1 . On note j = e 3 .

1. Montrer que j est une racine de A .

2. Trouver deux racines réelles évidentes de A .

3. Décomposer A en facteurs irréductibles dans C[X] et puis dans R[X] .

Solution :
On doit tout d’abord déterminer le degré du polynôme A et son coefficient dominant .
On utilisant la formule du binôme :

n
n!
n
(a + b) = Cnk ak bn−k ; Cnk =
k=0
k!(n − k)!

On aura :
A = (X + 1)7 − X 7 − 1

7
= C7k X k − X 7 − 1
k=0

= ( X 7 + 7X 6 + ... + 7X + 1 ) − X 7 − 1
= 7X 6 + ... + 7X .
Donc A est un polynôme de degré 6 et son coefficient dominant est 7 .

somme d′ une suite géométrique


3
( 2iπ )3 2iπ 2 z}|{ 1 − j3
1. On a j = e 3 = e = 1 par suite j + j + 1 = = 0.
1−j
Par suite
−j 2
z }| {
A(j) = (j + 1)7 − j 7 − 1

= (−j 2 )7 − j 7 − 1
= −j 14 − j 7 − 1

= −(j 3 )4 j 2 − (j 3 )2 j − 1

= −(j 2 + j + 1) = 0 ,
donc j est une racine de A . Cherchons sa multiplicité :
A′ = 7(X + 1)6 − 7X 6 donc A′ (j) = 7(j + 1)6 − 7j 6 = 7j 12 − 7j 6 = 7(j 3 )4 − 7(j 2 )3 = 0 .
A′′ = 42(X + 1)5 − 42X 5 donc A′′ (j) = 42(j + 1)5 − 42j 5 = −42j 10 − 42j 5 = 42 ̸= 0 .

j est donc une racine de A de multiplicité 2 . Le polynôme A est à coefficients réels par
suite j̄ est aussi une racine de A de multiplicité 2 .
2. On a : A(0) = 0 et A(−1) = 0 donc 0 et −1 sont des racines de A .
3. j et j̄ sont des racines double de A , 0 et 1 sont aussi racine , cela donne 6 racine , comme
deg(A) = 6 c’est sont donc toutes les racines de A dans C . D’autre part, le coefficient
dominant de A est 7 , par suite :

la décomposition en facteurs irréductibles de A dans C[X] s’écrit :


A = 7 X (X + 1) (X − j)2 (X − j̄)2

et la décomposition en facteurs irréductibles de A dans R[X] s’écrit :


A = 7 X (X + 1) (X 2 + X + 1)2

1.3.13 Remarque :
Le pgcd de deux polynômes peut être déduit à partir de leurs décomposés en facteurs
irréductibles .
1. Soient A = X 2 (X−1)4 (X 2 +X+1)3 (X 2 +1) et B = (X−1) (X+3)2 (X 2 +X+1)2 (X 2 +1) .

A et B sont décomposés en facteurs irréductibles, on en déduit que


pgcd(A, B) = (X − 1) (X 2 + X + 1)2 (X 2 + 1) .

2. Soient P = X 2 (X + 1)2 (X − 2)3 (X + 3) et B = X (X + 1)2 (X + 3)2 (X 2 + 1)2 .

.P et Q sont décomposés en facteurs irréductibles, on en déduit que


pgcd(P, Q) = X (X + 1)2 (X + 3) .

3.
2 Fractions Rationnelles :
A partir de Z, nous avons construit l’ensemble des nombres rationnelles Q. De la
même manière, nous pouvons construire à partir de K[X] l’ensemble K(X) des fractions
rationnelles. Le détail de la construction de K(X) n’est pas au programme.

2.1 Notions de base sur les fractions rationnelles :

2.1.1 Définition :
P
• Une fraction rationnelle sur K est notée F = où P et Q sont dans K[X], avec Q ̸= 0.
Q
P1 P2
• On définit l’égalité de deux fractions rationnelles par : = ⇐⇒ P1 Q2 = P2 Q1
Q1 Q2
P P
Si F = alors est appelé un représentant de F .
Q Q
On note K(X) l’ensemble des fractions rationnelles.

Exemples :
X 2X + i X2
F1 = , F 2 = et F 3 = .
X2 + 1 X + (1 + i)X − 1 X3 + X
F1 et F3 sont deux fractions rationnelles sur R qui repésentent la même fraction : F1 = F2
et F2 est une fractions rationnelles sur C .

2.1.2 Proposition : ( représentant irréductible )


P A
Soit F = ∈ K(X) . Il existe un représentant de F avec pgcd (A, B) = 1 . Le couple
Q B
(A, B) est unique à une constante multiplicative non nulle près.
A
est alors appelé un (et pas ”le” ! !) représentant irréductible de F .
B
Preuve ( existance ) :
P
Soit F = ∈ K(X) et D = pgcd (P, Q) . D’après la proposition1.2.8 P = D A et Q = D B
Q
avec pgcd(A, B) = 1 par suite
P DA A
F = = =
Q DB B
A
est donc un représentant irréductible de F .
B
Exemple : Cherchons une forme irreductible de la fraction :

X5 − X3 − X2 + 1
F =
X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 2X 3 + X 2

Posons P = X 5 − X 3 − X 2 + 1 et Q = X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 2X 3 + X 2 et cherchons
D = pgcd(P, Q) . On peut déterminer D en utilisant l’alghorithme d’Euclide ou à
partir de la décomposition en facteurs irréductibles de P et Q .
1-mière méthode :
On applique l’alghorithme d’Euclide, on trouve :

D = pgcd(P, Q) = X 2 − 2X + 1

puis on effectue la division euclidienne de P et Q par D , on obtient :

P = (X 2 − 2X + 1)(X 3 + 2X 2 + 2X + 1) Q = (X 2 − 2X + 1)(X 4 + X 2 )

Donc un représentant irréductible de F est :

X 3 + 2X 2 + 2X + 1
F =
X4 + X2
2-ième méthode :
On cherche
( ) la décomposition en facteurs irréductibles dans R[X] des polynômes
D à partir de
P et Q Remarque 1.3.13 :

• On remarque que donc 1 et −1 sont deux racines évidentes de P , de multiplicité

respective 2 et 1 , par suite P s’écrit :

P = (X + 1) (X − 1)2 P1
P1 est le quotient de la division euclidienne de P par (X +1) (X −1)2 = X 3 −X 2 −X +1

on trouve P1 = X 2 + X + 1 , comme P1 est a discriminant strictement négatif il est donc

irréductible dans R[X] par suite la décomposition en facteurs irréductibles dans R[X]

de P s’écrit :
P = (X + 1) (X − 1)2 (X 2 + X + 1)
• On remarque que 0 et 1 sont deux racines évidentes de Q de multiplicité 2 , donc

Q = X 2 (X − 1)2 Q1

On trouve Q1 = X 2 + 1 qui est irréductible dans R[X] , par suite la décomposition en

facteurs irréductibles dans R[X] de Q s’écrit :

Q = X 2 (X − 1)2 (X 2 + 1) .

On peut aussi remarquer que :

Q = X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 2X 3 + X 2
= X 2 (X 4 − 2X 3 + 2X 2 − 2X + 1)
( )
= X 2 (X 4 − 2X 3 + X 2 ) + (X 2 − 2X + 1)
( )
= X 2 X 2 (X 2 − 2X + 1) + (X 2 − 2X + 1)
= X 2 (X 2 − 2X + 1) (X 2 + 1)
= X 2 (X − 1)2 (X 2 + 1) .

D’aprés les décompositions en facteurs irréductibles de P et Q :

pgcd(P, Q) = (X − 1)2 = X 2 − 2X + 1

et une forme irréductible de F est :


(X + 1) (X 2 + X + 1)
F =
X 2 (X 2 + 1)

2.1.3 Définition : ( Les Lois )


On définit sur K(X) la somme + , le produit × et la multiplication par un scalaire . par les
formules suivantes :
P1 P2
Soient F1 = ,F2 = ∈ K(X) et λ ∈ K :
Q1 Q2
P1 Q2 + P2 Q1 P1 P2 λP1
1. F1 + F2 = 2. F1 × F2 = 3. λF1 =
Q1 Q2 Q1 Q2 Q1
Remarque :
P
Tout P ∈ K[X] s’indentifie à la fraction et on peut donc considérer que K[X] ⊂ K(X) .
1
2.1.4 Définition : ( Degré d’une fraction rationnelle )

P
Soit F = une fraction rationnelle non nulle de K(X). On appelle degré de F , l’élément de
Q
Z défini par :
deg(F ) = deg(P ) − deg(Q)
Lorsque F = 0, deg(F ) = −∞ .
Exemple :
X 2 − 2X + 3 X 3 + 2X + 1 X2 − X + 1
Soient F = , G = et H = alors
X 5 + 2X 4 + X 3 − 2X 2 + X − 2 X2 − 1 X2 + X + 1
:

deg(f ) = −3 deg(G) = 1 deg(H) = 0

2.1.5 Proposition : ( Partie entière d’une fraction rationnelle )

P
Soit F = une fraction rationnelle de K(X) . F s’écrit de manière unique sous la forme
Q
partie entière partie f ractionnelle
z}|{ z}|{
F = E + G
où E est un polynôme et G une fraction rationnelle de degré strictement négatif.

• Le polynôme E est appelé la partie entière de F . C’est le quotien de la division eucli-


dienne de P par Q .
R
• La fraction G = est appelée la partie fractionnelle de F .
Q
)
( où R est le reste de la division euclidienne de P par Q .

Remarque : Si deg(F ) < 0 , alors la partie entière de F est le polynôme nul .


Exemple :

X 4 + 2X 3 − X 2 + X − 1
1. G = .
X2 − X − 2
La division euclidienne de X 4 + 2X 3 − X 2 + X − 1 par X 2 − X − 2 s’écrit :

X 4 + 2X 3 − X 2 + X − 1 = (X 2 + 3X + 4) (X 2 − X − 2) + (11X + 7)
Par suite la partie entière de G est le polynôme :

E = X 2 + 3X + 4

et sa partie fractionnelle est la fraction :


11X + 7
G=
X2 − X − 2

G s’écrit donc
11X + 7
G = X 2 + 3X + 4 + .
X2 − X − 2
X5 − X3 − X2 + 1
2. F = on a deg(F ) = −1 par suite E = 0 .
X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 2X 3 + X 2

2.1.6 Définition : ( Zéros, pôles d’une fraction rationnelle )

P
Soit F une fraction rationnelle et un représentante irréductible de F .
Q

• Les racines de P sont appelés zéro de F .

• Les racines de Q sont appelés pôles de F .

• Un pôle ( resp. zéro ) a ∈ K de la fraction F est dit de multiplicité k ∈ N, lorsque a


est une racine de multiplicité k du polynôme Q ( resp. P ) .

Exemple :
X5 − X3 − X2 + 1
Soient F = . Nous avons montré qu’une forme irréductible
X 6 − 2X 5 + 2X 4 − 2X 3 + X 2
de F est :
(X + 1)(X 2 + X + 1)
F =
X 2 (X 2 + 1)
Par suite

• −1 est l’unique zéro de F sur R , il est de multiplicité 1 .−1 , j et j̄ sont les zéro de F
sur C , ils sont de multiplicités 1 .

• 0 est l’unique pôle de F sur R , il est de multiplicité 2 . Les pôles de F sur C sont :
0 de multiplicités 2 et i et −i sont de multiplicités 1 .
2.1.7 Théorème : ( Décomposition en élements simples dans C[X] )

A
Soit F = ∈ C(X) une fraction rationnelle non nulle mise sous forme irréductible.
B
On note α1 , ... , αl , les pôles deux à deux distincts de F , k1 , ... , kl leurs ordres de multiplicité
( )
respectifs donc B = (X − α1 )k1 ... (X − αl )kl et par E sa partie entière .

Alors F s’écrit de manière unique sous la forme :

P artie pôlaire associe au pôle α1 P artie pôlaire associe au pôle αl


z }| { z }| {
(
λ1,1 λ1,2 λ1,k1 λl,1) (
λl,2 λl,kl )
F = E+ + + ... + +...+ + + ... +
(X − α1 ) (X − α1 )2 (X − α1 )k1 (X − αl ) (X − αl )2 (X − αl )kl

Où λi,j sont des nombres complexes tels que λi,ki ̸= 0 .

λ
• Les fractions sont appelées éléments simples de C(X) .
(X − α)j

Exemple :
(X + 1)(X 2 + X + 1) a b c d
F = = + 2+ +
X (X − i)(X + i)
2 X X X −i X +i

2.1.8 Théorème : ( Décomposition en élements simples dans R[X] )

A
Soit F = ∈ R(X) une fraction rationnelle non nulle mise sous forme irréductible.
B
On note α1 , ... , αl , les pôles deux à deux distincts de F , k1 , ... , kl leurs ordres de multiplicité
( )
respectifs donc B = (X − α1 )k1 ... (X − αl )kl (X 2 + β1 X + γ1 )s1 ...(X 2 + βp X + γp )sp et par
E sa partie entière .
Alors F s’écrit de manière unique sous la forme :
P artie pôlaire associe au pôle α1 P artie pôlaire associe au pôle αl
z }| { z }| {
( λ1,1 λ1,2 λ1,k1 ) (
λl,1 λl,2 λl,kl )
F = E+ + + ... + +...+ + + ... +
(X − α1 ) (X − α1 )2 (X − α1 )k1 (X − αl ) (X − αl )2 (X − αl )kl
( µ X +ν µ1,s1 X + ν1,s1 ) ( µ X +ν µp,sp X + νp,sp )
1,1 1,1 p,1 p,1
+ +...+ +...+ +...+
(X 2 + β1 X + γ1 ) (X 2 + β1 X + γ1 )s1 (X 2 + βp X + γp ) (X 2 + βp X + γp )sp
Où λi,j , µi,j et νi,j sont des nombres réels .
λ µX + ν
• Les fractions et sont appelées éléments simples de R(X) .
(X − α)j (X 2 + βX + γ)s

Exemples :

(X + 1)(X 2 + X + 1)
1. F = ce décompose en éléments simples de R(X) :
X 2 (X 2 + 1)
a b cX + d
F = + 2+ .
X X (X 2 + 1)
1
2. G = ce décompose en éléments simples de
(X − 1) (X + 2)4 (X 2 + 1) (X 2 + X + 1)3
R(X) :

a ( b b2 b3 b4 )
1
G= + ++ + +
(X − 1) (X + 2) (X + 2)2 (X + 2)3 (X + 2)4

cX + d ( e X +f e 2 X + f2 e 3 X + f3 )
1 1
+ + + +
(X 2 + 1) (X 2 + X + 1) (X 2 + X + 1)2 (X 2 + X + 1)3

2.1.9 Proposition :
Soit F une fraction rationnelle de K(X). Si α est un pôle de F de multiplicité k , on a donc :
P artie pôlaire associe au pôle α
z
( }| ){
a1 a2 ak
F = + + ... + +G
(X − α) (X − α)2 (X − α)k

Où G est une fraction rationnelle de K(X) qui n’admet pas α comme pôle .
Alors
ak = (X − α)k F |X=α .

Exemples :

(X + 1)(X 2 + X + 1)
1. F = ce décompose en éléments simples de R(X) :
X 2 (X 2 + 1)
a b cX + d
F = + 2+ 2 .
X X X +1
b =?
D’après la proposition précédante on a :

b = X 2 F |X=0 = 1

c =? , d =?

On peut utiliser la même méthode , on multiplie F dans les deux écritures par X 2 + 1

et on remplace X par une racine de X 2 + 1 . On aura :



(i + 1)(i2 + i + 1)
(X + 1) F X=i =⇒
2
= ci + d ⇐⇒ 1 − i = ci + d ⇐⇒ c = −1 et d = 1 .
i2
a =?
On calcule lim(X F ) en utilisant les deux écritures de la fraction F , on aura :
+∞

1 = a + c ⇐⇒ a = 2

Finalement

2 1 −X + 1
F = + 2+ 2 .
X X X +1
1
2. G = .
(X − 1) (X + 2)2 (X 2 + X + 1)

• G est sous forme irréductible : pgcd( 1 ; (X − 1) (X + 2)2 (X 2 + X + 1) = 1) .


• ses pôles sont 1 et −2 de multiplicités respectives 1 et 2 .
• deg(G) = −5 donc sa partie entière est nulle .

G se décompose donc en éléments simples de R(X) sous la forme :

a ( b b2 ) cX + d
1
G= + ++ +
(X − 1) (X + 2) (X + 2)2 2
(X + X + 1)

1
• a = (X − 1) G X=1 =
27

1
• b2 = (X + 2) G X=−2 = −
9
1 1
• cj + d = (X 2 + X + 1) G |X=j = =−
(j − 1) (j + 2) (j + 2) 3 (j + 2)
| {z }
=−3
1 1 1
⇔ (cj + d) (j + 2) = − ⇔ (c + d)j + (2d − c + ) = 0 ⇔ c + d = 0 et 2d − c + = 0
3 3 3
1 1
d’ou c = et d = − .
9 9
• reste à déterminer b1 , pour cela on calcule lim X G en utilisant les deux écritures
+∞
de la fraction G , on aura :

4
0 = a + b1 + c ⇔ b1 = −a − c = − .
27
Finalement
1( 1 ( 4 3 ) 3X − 3 )
G= − − +
27 (X − 1) (X + 2) (X + 2)2 (X 2 + X + 1)

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