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Chapitre Quatre

Polynômes et fractions rationnelles


à une indéterminée

ENSAM RABAT

1 Définitions
Dans ce chapitre, (K, +, ×) désigne un corps commutatif (pour nous ce sera R ou C).

Définition 1 : On appelle polynôme à coefficient dans K tout élément de la forme :



2 n n∈N
P = a0 + a1 X + a2 X + · · · + an X où
(a0 , a1 , . . . , an ) ∈ Kn appelés ”coefficients”

1. X est appelée l’indéterminée.


2. P est aussi parfois noté P (X).
3. L’ensemble des polynômes à coefficients dans K est noté K[X].

Remarque 1.
Par définition, l’écriture d’un polynôme sous la forme P = a0 + a1 X + a2 X 2 + · · · + an X n est unique.
Ainsi, on aura : P = 0 ⇐⇒ ∀k ∈ N, ak = 0.

Notation :
+∞
X
On pourra noter un polynôme sous la forme P = ai X i en sachant que les ai sont nuls à partir d’un certain rang.
i=0

Définition 2 : Lois de composition interne


+∞
X +∞
X
Soit A = ai X i et B = bi X i . On définit sur K[X], les deux lci ”+” et ”×” suivantes :
i=0 i=0

+∞
X +∞
X i
X
1. A + B = (ai + bi )X i 2. AB = ci X i où ci = ak bi−k
i=0 i=0 k=0

1
Les Polynômes

Théorème Fondamental 1 : L’anneau des polynômes



K[X], +, × est un anneau commutatif
L’élément neutre pour + est le polynôme P = 0 et l’élément neutre pour × est le polynôme P = 1.

Remarque . (K[X], +, ×) étant un anneau commutatif, on pourra utiliser la formule du binôme :


n  
∀(P, Q) ∈ K[X]2
 X
n n
, on a : (P + Q) = P k Qn−k
∀n ∈ N k
k=0

Définition 3 : Une autre lci : la composition des polynômes


n
X
Si P (X) = ak X k et Q ∈ K[X].
k=0
n
X
On définit P ◦ Q, le polynôme composé par la formule suivante : P ◦ Q = ak Q k .
k=0
Notation : P (X) = P ◦ X, P (−X) = P ◦ (−X), P (X 2 ) = P ◦ X 2 ...etc...

Proposition 2 : Opérations
Pour tout λ ∈ K, P , Q, R ∈ K[X] :

Distributivités à droite : Autres :

1. (P + λQ) ◦ R = P ◦ R + λQ ◦ R 3. (P ◦ Q) ◦ R = P ◦ (Q ◦ R)
2. (P Q) ◦ R = (P ◦ R).(Q ◦ R) 4. X ◦ P = P ◦ X = P

Définition 4 : Degré, terme dominant


Soit un polynôme P = a0 + a1 X + · · · + an X n avec an 6= 0.
1. L’entier n est appelé le degré du polynôme P et est noté deg P .
2. Par convention, le degré du polynôme nul vaut −∞
−∞.
3. Le coefficient an est appelé le coefficient dominant du polynôme P .
4. Lorsque an = 1, on dit que le polynôme P est unitaire
unitaire.
5. Le monôme an X n est appelé le terme dominant de P .

Théorème 3 : Degré d’un produit, d’une somme, d’une composée


 
1. deg P + Q ≤ max deg P, deg Q

2. deg P Q = deg P + deg Q formule valable même si P et/ou Q est nul.
3. deg(P ◦ Q) = deg P × deg Q formule valable uniquement si P 6= 0 et Q 6= 0.

Remarque .
1. La somme de polynômes de degré n peut être un polynôme de degré strictement inférieur à n si les termes
dominants s’annulent.

2. Lorsque deg P 6= deg Q, on a toujours deg(P + Q) = max(deg P, deg Q).

3. Le degré est un outil d’analyse performant dans la recherche de polynômes vérifiant une ou des conditions
données (analyse / synthèse).

2
Les Polynômes

Exemple 2. ∗ Déterminer tous les couples de polynômes ( P, Q) ∈ K[X]2 tels que Q2 = XP 2 .

∗ Déterminer les polynômes P ∈ R[X] vérifiant P ◦ P = P .

Rep ∗ ( P, Q) = ( 0, 0 )
∗ P = cte ou P = X
Exercice : 1 
P0 = 1
Soit ( Pn ) la suite de polynômes définie par la relation de récurrence : .
Pn+1 = 2XPn + X
Déterminer pour tout n le degré et le coefficient dominant de Pn .
.

Rep
deg Pn = n
a0 = 1 a n = 3. 2 n - 1 n ≥1

Théorème 4 : L’anneau des polynômes est intègre


Soient trois polynômes (P, Q, R) ∈ K[X]3 .
1. si P Q = 0, alors P = 0 ou Q = 0.
2. si P Q = P R, et si P 6= 0, alors Q = R.

Définition 5 : Espace des polynômes de degré inférieur à n

On note Kn [X] l’ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal à n.

2 Arithmétique des polynômes


2.1 La division euclidienne
Théorème Fondamental 6 : Division euclidienne
Soient A, B deux polynômes de K[X] tels que B 6= 0. 
A = BQ + R
Alors il existe un unique couple (Q, R) de polynômes vérifiant :
deg R < deg B

Réalisation pratique de la division euclidienne.

de A = X 5 + X 4 − X 3 + X − 1 Q = X2 − 1
 
Montrer qu’en effectuant la division euclidienne on obtient .
par B = X 3 + X 2 + 2 R = −X 2 + X + 1

Exemple 5.
− r [ b ].
∗ Soit a et b deux entiers naturels non nuls avec a ≥ b. On note a =
X a − 1 par X b − 1 est X d − 1.
r
Montrer,que le reste de la division euclidienne de

∗ Déterminer le reste de la division euclidienne de A = X 2000 − X 3 + 3X par B = X2− 1.

Rep
R = 2 X + 1.

3
Les Polynômes

Définition 6 : Divisibilité
Soient A, B deux polynômes de K[X] avec B 6= 0.
On dit que B divise A ssi il existe Q ∈ K[X] tel que A = BQ. (On pourra écrire B/A)

Remarque Dans ce cas, on dira aussi que A est multiple de B ou que l’on peut mettre en facteur le polynôme B
dans le polynôme A. Lorsque A 6= 0, ceci n’est possible que si deg B ≤ deg A.

Exercice : 2
Déterminer une CNS sur les réels λ et µ pour que X 2 + 2 divise X 4 + X 3 + λ.X 2 + µX + 2.

Rep λ= 3 µ = 2

Théorème 8 : Polynômes associés


Soient deux polynômes (P, Q) ∈ K[X] non-nuls.

(P/Q et Q/P ) ⇐⇒ (∃λ ∈ K \ {0} tq Q = λP )

On dit alors que les deux polynômes P et Q sont associés


associés.

2.2 PGCD et PPCM


Théorème 9 : Euclide 
A = B.Q + R
Soient deux polynômes non nuls A et B de K[X]. La division euclidienne donne : .
deg R < deg B
 
A B
Si D ∈ K[X], on a : D divise ⇐⇒ D divise
B R

Ce théorème permet, comme pour les entiers, de définir la notion de PGCD et de donner un algorithme pour le
déterminer.

Algorithme d’Euclide
Soient deux polynômes non nuls A et B de K[X].
1. En effectuant des divisions euclidiennes successives, on construit une suite (Rk ) de polynômes :
(a) R0 = A
(b) R1 = B
(c) R2 est le reste de la division euclidienne de R0 par R1 .
(d) et de façon générale : Rk est le reste de la division euclidienne de Rk−2 par Rk−1 .
2. (Rk ) est une suite de polynômes de degré strictement décroissant.
Il existe donc un premier entier n pour lequel Rn = 0.
3. Le polynôme Rn−1 est un diviseur commun à A et B.
4. Or, d’après le théorème d’Euclide, si D ∈ K[X] divise A et B, alors D division tous les Rk . Donc les
diviseurs communs à A et B sont exactement les diviseurs de Rn−1 .

Définition 7 : PGCD et PPCM


Soient deux polynômes A et B de K[X] dont l’un au moins est non nul. On appelle :
1. PGCD(A, B) tout diviseur commun à A et B de degré maximal.
On notera A ∧ B le seul PGCD de A et B unitaire.
2. PPCM(A, B) tout multiple commun à A et B de degré minimal.
On notera A ∨ B le seul PPCM de A et B unitaire.

4
Les Polynômes

Remarque
1. Le dernier reste non nul obtenu dans l’alg. d’Euclide appliqué à A et B est donc un PGCD de A et de B.
On obtient alors LE PGCD en divisant ce polynôme par son coefficient dominant.
2. On peut, de la même façon, définir le PGCD et le PPCM de n polynômes A1 , . . . , An où n ∈ N∗ .
On note alors A1 ∧ · · · ∧ An le PGCD unitaire.

Corollaire 10 : Ensemble des diviseurs et des multiples communs


1. Les diviseurs communs à deux polynômes A et B (dont l’un est non nul) sont les diviseurs d’un PGCD.
2. Les multiples communs à deux polynômes A et B (dont l’un est non nul) sont les multiples d’un PPCM.

Corollaire 11 : Les PGCD et les PPCM de deux polynômes sont des polynômes associés.

A(X) = X 3 + 2X 2 − X − 2

Exemple 6. Déterminer le PGCD de en vous inspirant de l’algorithme d’Euclide.
B(X) = X 2 + 4X + 3

Exercice : 3
Soit a et b deux entiers naturels non nuls avec a ≥ b. On note d = a ∧ b.
d
Montrer, en utilisant l’algorithme d’Euclide que : (X a − 1) ∧ (X b − 1) = X d − 1. d

Théorème 13 : Relation entre PGCD et PPCM


Soient deux polynômes A et B de K[X] unitaires dont l’un est non nul.
Nous avons la relation suivante :
(A ∧ B)(A ∨ B) = A.B

Théorème 14 : Egalité de Bezout


Soient deux polynômes non nuls A et B de K[X] et D un PGCD. Alors :

Il existe deux polynômes (U, V ) ∈ K[X] tels que : AU + BV = D

Preuve 14 : Comme dans Z, on détermine les polynômes U et V grâce à l’algorithme d’Euclide.

Remarque . Le couple de polynômes (U, V ) n’est pas unique !

Pour déterminer U et V , on pourra :

• écrire les divisions euclidiennes successives et procéder par s ubstitution pour déterminer la relation voulue.

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Les Polynômes

Exemple 7. Déterminer une égalité de Bezout pour les polynômes :


A = X3 + X2 + 2 A = X 4 + X 3 − 2X + 1
 
1. 2 2. .
B =X +1 B = X2 + X + 1

2.3 Polynômes premiers entre eux


Définition 8 : Polynômes premiers entre eux
Soit A, B ∈ K[X] dont l’un est non nul.
Lorsque A ∧ B = 1, on dit que les polynômes A et B sont premiers entre eux.

Exemple 8. Lorsque a, b ∈ K avec a 6= b, les polynômes X − a et X − b sont premiers entre eux.

Théorème 15 : Théorème de Bezout (bis)


Soient deux polynômes non nuls A et B de K[X]. Alors :

A ∧ B = 1 ⇐⇒ il existe deux polynômes (U, V ) ∈ K[X] tels que AU + BV = 1

3 Fonctions polynômiales. Racines d’un polynôme


3.1 Définitions
Définition 10 : Fonction polynômiale
Soit un polynôme P = a0 + a1 X + · · · + an X n de K[X].
On définit à partir des coefficients de P , la fonction polynômiale associée :

P : K −→ K
x 7→ a0 + a1 x + · · · + an xn

On pourra noter K[x] l’ensemble des fonctions polynomiales sur K.

3.2 Racines d’un polynômes

Définition 12 : Racine d’un polynôme


Soit un polynôme P ∈ K[X].
On dit qu’un scalaire α ∈ K est une racine (ou un zéro) de P lorsque P (α) = 0.

Remarque. Les racines d’un polynôme de K[X] appartiennent au corps K.

Exemple 14. Soit P ∈ C[X] à coefficients réels et α ∈ C. Vérifier que : α racine de P ⇐⇒ ᾱ racine de P .

Théorème 20 : Factorisation par X − α


Soit un polynôme P ∈ K[X] et un scalaire α ∈ K. Alors :

α racine de P ⇐⇒ (X − α) divise P

Corollaire 21 : Factorisation par (X − α1 ) . . . (X − αn )


Soit un polynôme P ∈ K[X], n ∈ R∗ et (α1 , . . . , αn ) ∈ Kn deux à deux distincts.
Alors :
α1 , . . . , αn racines de P ⇐⇒ (X − α1 ) . . . (X − αn ) divise P

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Les Polynômes

Exemple 15. Soit un polynôme P à coefficients réels.


1. Montrer que si i est racine de P alors P peut se factoriser par X 2 + 1.
2. Montrer que, si j est racine de P alors P peut se factoriser par X 2 + X + 1.
En déduire que X 2 + X + 1 divise X 4 + X 2 + 1.

Exercice : 5
Détermination du reste de la division euclienne d’un polynôme à l’aide des racines.

1. Soit P ∈ C[X] et a ∈ C.
Déterminer l’expression du reste de la division euclidienne de P par (X − a).

2. Déterminer le reste de la division euclidienne de A = X 2000 − X 3 + X par B = X 2 + 1 à l’aide des racines.

Corollaire 22 : Polynôme ayant plus de racines que son degré


Soient P, Q ∈ Kn [X].
1. Si P admet au moins (n + 1) racines distinctes, alors P = 0.
2. Si P et Q coı̈ncident en au moins (n + 1) valeurs distinctes, alors P = Q

Remarque Ce théorème est très utilisé pour montrer des unicités. Il s’applique en particulier lorsqu’un polynôme
admet une infinité de r acines.

3.3 Racines multiples

Définition 13 : Ordre de multiplicité d’une racine


Soit un scalaire α ∈ K et k ∈ N∗ .
On dit que α est racine d’ordre au moins k de P lorsque (X − α)k divise P .
(X − α)k divise P

On dit que α est racine d’ordre k exactement de P lorsque .
(X − α)k+1 ne divise pas P
Si P (α) =
6 0, on dit que α est d’ordre de multiplicité 0.

Remarque .
1. On dira plus généralement que α est une racine multiple de P si son ordre de multiplicité est au moins 2.
2. Dans le cas où α est racine d’ordre k exactement de P , cela signifie que l’on peut mettre en facteur le polynôme
(X − α)k dans P , mais pas le polynôme (X − α)k+1 .

Théorème Fondamental 26 : Factorisation d’un polynôme


Soit P ∈ K[X] de racines distinctes α1 , . . . , αk d’ordre de multiplicité p1 , . . . , pk .
Il existe alors Q ∈ K[X] tel que le polynôme P se factorise sous la forme :
k
Y
P = (X − αi )pi .Q
i=1

Remarque .
Cela signifie en particulier que le degré du polynôme P est supérieur ou égal à la somme des ordres de multiplicité.

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Les Polynômes

4 Dérivation, formule de Taylor


Définition 14 : Dérivée des polynômes
p
X
Soit un polynôme P = a0 + a1 X + · · · + ap X p = ak X k .
k=0
On définit le polynôme dérivé de P par
p
X
P ′ = a1 + 2a2 X + · · · + pap X p−1 = k.ak X k−1
k=1

On définit ensuite les polynômes P ′′ , . . . , P (k) pour tout k ∈ N.

Remarque .
1. La dérivée d’un polynôme constant ou nul est le polynôme nul.
2. Le terme k.ak X k−1 a bien un sens, même pour k = 0.

• deg(P ′ ) = deg P − 1 si deg P ≥ 1


Proposition 27 : Soit P ∈ K[X]. On a alors : • deg(P (k) ) = deg P − k si deg P ≥ k
• P (k) = 0 si deg P < k

Exemple 17. Résoudre les équations suivantes :

1. P ′2 = 4P . 2. (X 2 + 1)P ′′ − 6P = 0.

Rep
2. P = a (X 3 + X) a∈K

Théorème 28 : Dérivée d’une combinaison linéaire, d’un produit et d’une composée de polynômes
Pour tout P, Q ∈ K[X] et λ, µ ∈ K, on a :

1. (λP + µQ)′ = λP ′ + µQ′ 2. (P Q)′ = P ′ Q + P Q′ . 3. (P ◦ Q)′ = P ′ ◦ Q.P ′ .

Preuve 28 : Compte-tenu de ce que l’on sait sur la dérivée d’un produit de fonctions réelles ou complexes, on
remarque que pour tout x ∈ R, on a :

(λP + µQ)′ (x) = λP ′ (x) + µQ′ (x) et (P Q)′ (x) = P ′ (x)Q(x) + P (x)′ Q(x)

Or, deux polynômes qui coincident en un nombre infini de valeurs sont donc égaux.

′
Corollaire 29 : Si P ∈ K[X] et n ∈ N∗ , alors : Pn = nP n−1 P ′

Théorème 30 : Formule de Leibniz


Soient deux polynômes (P, Q) ∈ K[X]2 . On a la formule suivante pour la dérivée du polynôme produit :

n  
X n
(P Q)(n) = P (k) Q(n−k)
k
k=0

Preuve 30 : La démonstration est identique à la démonstration de la formule de Liebniz dans le cas de la


dérivée nième d’un produit de fonctions de classe C n .
On peut aussi vérifier la relation pour les fonctions polynômiales complexes à variable réelle associées et en
déduire l’égalité des polynômes.

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Les Polynômes

Lemme 31 : Dérivées de (X − a)n


Soit a ∈ K. On exprime pour p ∈ N, la dérivée pième du polynôme (X − a)n :

n!

 (X − a)n−p si p < n
(n − p)!
h i(p) 

(X − a)n =
n!
 si p = n
0K[X] si p > n

Preuve 31 : Récurrence simple dans le cas où p ≤ n. Le cas p > n est alors immédiat.

Théorème Fondamental 32 : Formule de Taylor


Soit un polynôme P ∈ Kn [X] et un scalaire a ∈ K
On obtient la décomposition du polynôme P

P (n) (a)
P (X) = P (a) + P ′ (a)(X − a) + · · · + (X − a)n
n!

Preuve 32 :
1. On montre en considérant Q = P ◦ (X + a) que P peut s’écrire sous la forme :
P = a0 + a1 (X − a) + · · · + an (X − a)n .
P (k) (a)
2. En dérivant k fois le polynôme P , on vérifie facilement que ak = k!

On peut également montrer que les 2 polynômes coı̈ncident en toutes les valeurs réelles.

Corollaire 33 : Formule de Mac Laurin


Soit un polynôme P ∈ Kn [X].

P (n) (0) n
P (X) = P (0) + P ′ (0)X + · · · + X
n!

Exemple 18. Déterminer sans calculs les valeurs de P (0), P ′ (0), P ′′ (0), et P (3) (0), lorsque P = 1 − 2X + 5X 2 − 3X 3 .

Corollaire 34 : Reste de la division euclidienne de P par (X − a)k

Le reste de la division euclidienne de P par (X − a)k est :

P (k−1) (a)
Rk (X) = P (a) + P ′ (a)(X − a) + · · · + (X − a)k−1
(k − 1)!

Preuve 34 : Pas de difficulté en utilisant la formule de Taylor.

Exemple 19. Trouver le reste de la division euclidienne du polynôme P = X n +1 (n ≥ 3) par le polynôme (X −1)3 .


k≥2
Lemme 35 : Soit k, r ∈ N avec et P ∈ K[X].
r≤k

1. Si a est racine multiple d’ordre k de P alors a est racine multiple d’ordre k − 1 de P ′ .


2. Si a est racine multiple d’ordre k de P alors a est racine multiple d’ordre k − r de P (r) .

Preuve 35 : On calcule P ′ et on généralise par récurrence.

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Les Polynômes

Théorème Fondamental 36 : Caractérisation des racines multiples d’ordre k


Soit un polynôme P ∈ K[X] et un scalaire α ∈ K.
On peut voir si α est une racine multiple de P en calculant les valeurs P (α), P ′ (α) . . . :

• Le scalaire α est racine de P d’ordre k au moins ⇐⇒ P (α) = P ′ (α) = · · · = P (k−1) (α) = 0K .

P (α) = P ′ (α) = . . . = P (k−1) (α) = 0K



• le scalaire α est racine de P d’ordre k exactement ⇐⇒ .
P (k) (α) 6= 0K

Exemple 20. Pour tout n ∈ N∗ , justifier les divisibilités suivantes :

1. X 2 | (X + 1)n − nX − 1 . 2. (X − 1)3 | nX n+2 − (n + 2)X n+1 + (n + 2)X − n

5 Relations coefficients-racines pour les polynômes scindés


5.1 Le théorème de d’Alembert / Polynômes scindés

Définition 15 : Polynôme scindé


Soit P ∈ K[X] de degré n ∈ N∗ . On dit que P est scindé si P s’écrit :
n 
Y αi ∈ K sont les racines de P (éventuellement identiques)
P = an (X − αi ) où
an 6= 0 est le coefficient dominant du polynôme P
i=0

Remarque . Un polynôme constant de K[X] ne peut donc être scindé.

La principale différence entre les corps R et C concernant les polynômes provient du théorème suivant :

Théorème Fondamental 38 : Théorème de d’Alembert (admis)


Soit un polynôme P ∈ C[X] tel que deg P ≥ 1.
Alors P possède au moins une racine complexe α ∈ C.

Corollaire 39 :
1. Tout polynôme de C[X] est scindé.
2. Tout polynôme de C[X] de degré n ∈ N∗ admet n racines (éventuellement identiques).

6 Décomposition d’un polynôme en produit de facteurs irréductibles

6.1 Les polynômes irréductibles de C[X] et R[X]

Définition 17 : Polynômes irréductibles


Soit P ∈ K[X], un polynôme non constant.
On dit que P est irréductible ssi P = QH implique Q ∈ K ou H ∈ K.

Remarque .
1. En d’autres termes, on dira qu’un polynôme est réductible lorsqu’on peut le factoriser sous la forme d’un produit
de deux polynômes de degré au moins 1.
2. Les seuls diviseurs des polynômes P irréductibles sont donc les polynômes constants non nuls et les polynômes
non nuls proportionnels à P . Nous verrons que les polynômes irréductibles jouent un rôle analogue à celui des
nombres premiers en arithmétique.

Lemme 42 : Les polynômes de degré 1 sont irréductibles


Quel que soit le corps K, pour tout scalaire α ∈ K, le polynôme P = X − α est irréductible dans K[X].

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Les Polynômes

1. Dans C[X] : X − 2 et X + i sont irréductibles


Exemple 24. Exemples de polynômes irréductibles : 2. Dans R[X] : X − 2 et X 2 + 1 sont irréductibles
3. Dans Q[X] : X − 2, X 2 + 1 et X 2 − 2 sont irréductibles

Théorème 43 : Les polynômes irréductibles de C[X] et de R[X]

1. Les polynômes irréductibles unitaires de C[X] sont les polynômes : Pα (X) = X − α avec α∈C

2. Les polynômes irréductibles unitaires de R[X] sont :


(a) Les polynômes de degré 1 de la forme (X − α) avec α ∈ R.
2
(b) Les polynômes de degré 2 de la forme X + pX + q avec p2 − 4q < 0.

Remarque .
1. Dans R[X], tout polynôme de degré ≥ 3 est réductible ! !
2. Dans C[X], tout polynôme de degré ≥ 2 est réductible ! !

Théorème 45 : Décomposition d’un polynôme en facteurs irréductibles


Soit un polynôme P ∈ K[X] unitaire.
Alors P s’écrit de façon unique à l’ordre près comme produit de polynômes irréductibles unitaires et distincts
de K[X] :
P = P1α1 × · · · × Pnαn avec α1 , . . . , αn ∈ N∗

6.3 Décomposition en polynômes irréductibles dans C[X] et R[X].

Théorème 47 : Décomposition dans C[X]

Tout polynôme de C[X] s’écrit donc de façon unique (à l’ordre près) sous la forme :

P = λ(X − α1 )(X − α2 ) . . . (X − αn )

avec λ ∈ R le coefficient dominant de P .


Les complexes αi ne sont pas forcément distincts.

Proposition 48 : Soit n ∈ N∗ .
Dans C [X], le polynôme P = X n − 1 se décompose sous la forme :
n−1
2ikπ
Y
Xn − 1 = (X − e n )
k=0

Théorème 50 : Décomposition dans R[X]

Tout polynôme de R[X] s’écrit de façon unique (à l’ordre près) sous la forme :

P = λ(X − α1 ) . . . (X − αp )(X 2 + p1 X + q1 ) . . . (X 2 + pr X + qr )

où tous les facteurs sont irréductibles unitaires et λ ∈ R est le coefficient dominant de P .

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